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Ils pourraient disparaître... de Midi-Pyrénées

pourraient disparaître de Midi-Pyrénées

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Page 1: pourraient disparaître de Midi-Pyrénées

Ilspourraientdisparaître...de Midi-Pyrénées

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Prairie f eurie de Narcisses des poètes, Aubrac (12)

© G

.Pot

er

Liste rouge des amphibiens

et des reptilesde Midi-Pyrénées

Avis favorable du CSRPN : 18 avril 2014 Avis favorable de l’UICN : 5 juin 2014

Coordination :

Laurent Barthe, chef de projets à Nature Midi-Pyrénées Contact : [email protected]

Comité d’experts :

Sébastien Albinet (SHF, SSNTG, BE Biotope, coordinateur de l’inventaire 82)Laurent Barthe (SHF, président fondateur de l’AGERA, Nature Midi-Pyrénées)Olivier Calvez (SHF, CNRS Moulis, auteur d’un premier projet de Liste Rouge régionale)Pierre-Olivier Cochard (SHF, CSRPN de MP, Nature Midi-Pyrénées)Elodie Courtois (SHF, CNRS de Moulis, Nature Midi-Pyrénées)Jean Muratet (ECODIV, SHF, BE Biotope)Gilles Pottier (SHF, Nature Midi-Pyrénées, coordinateur de l’Atlas de répartition des reptiles et amphibiens de Midi-Pyrénées)Alexandre Riberon (CSRPN – CNRS/EDB de Paul Sabatier)

Evaluateurs neutres :

Aurélie Nars (chargée de mission espaces naturels - Nature Midi-Pyrénées)Lucienne Weber (chargée d’études SIG / BD - Nature Midi-Pyrénées)

Référence bibliographique à utiliser :

Barthe L. (Coord.), 2014. Liste rouge des amphibiens et des reptiles de Midi-Pyrénées. Nature Midi-Pyrénées. 12 p.

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Midi-Pyrénées est au carrefour de quatre unités biogéographiques (atlantique, montagnarde, continentale et méditerranéenne) et possède donc une grande diversité de milieux naturels (zones humides, aquatiques, milieux rocheux, forêts, pelouses sèches,...). Le relief s’étend de 90m environ à 3298m. On y rencontre plusieurs espèces en limite d’aire de répartition, ou en disjonction d’aire. Les espèces présentes à l’échelle de la région peuvent ainsi être rassemblées en 4 grands groupes :Cortège méridional : Pélobate cultripède, Rainette méridionale, Seps strié, Coronelle girondine, Lézard ocellé et Lézard catalan.

Cortège septentrional : Vipère péliade, Lézard agile, Sonneur à ventre jaune, Rainette verte, Lézard vivipare, Coronelle lisse et Grenouille rousse. Espèces endémiques des Pyrénées : Calotriton des

Pyrénées, Lézard du Val d’Aran, Lézard d’Aurelio, Lézard de Bonnal et Lézard agile de Garzón. Espèces en cœur d’aire : Lézard vert occidental, Lézard des murailles, Vipère aspic, Couleuvre verte et jaune, Crapaud accoucheur, Pélodyte ponctué, Crapaud calamite, Triton marbré, Triton palmé, Salamandre tachetée, Crapaud commun, Couleuvre à collier, Cistude d’Europe, Couleuvre d’Esculape et Couleuvre vipérine.

...La région Midi-Pyrénées, un territoire riche en amphibiens et en reptiles

Les objectifs de la Liste rouge consistent à :

Hiérarchiser les espèces en fonction de leur risque de disparition. Offrir un cadre de référence pour surveiller l’évolution

de leur situation. Sensibiliser sur l’urgence et l’importance des menaces

qui pèsent sur la biodiversité. Fournir des bases cohérentes pour orienter les politiques

publiques et identifier les priorités de conservation.

1

Afin d’estimer le degré de menaces que subissent ces espèces, Nature Midi-Pyrénées a souhaité utiliser la méthodologie développée et mise en œuvre par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

13 espèces

d’amphibiens et 19 espèces de

reptiles.

En M

idi-Pyrénées

Vipère aspic de Zinniker © G.Poter Sonneur à ventre jaune © L.Barthe

Etang de l’Astarac (Gers) © G.Poter Massif du Néouvielle (Hautes-Pyrénées) © G.Poter

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Lézard d'Aurelio Iberolacerta aurelioi CRLézard du Val d'Aran Iberolacerta aranica CRCistude d'Europe Emys orbicularis ENLézard agile Lacerta agilis ENLézard de Bonnal Iberolacerta bonnali ENLézard ocellé Timon lepidus ENSeps strié Chalcides striatus ENVipère péliade Vipera berus ENLézard catalan Podarcis liolepis VUVipère aspic Vipera aspis VUCoronelle girondine Coronella girondica NTCoronelle lisse Coronella austriaca NTCouleuvre d'Esculape Zamenis longissimus NTLézard vert occidental Lacerta bilineata NTLézard vivipare Zootoca vivipara NTOrvet fragile Anguis fragilis NTCouleuvre à collier Natrix natrix LCCouleuvre verte et jaune Hierophis viridiflavus LCCouleuvre vipérine Natrix maura LCLézard des murailles Podarcis muralis LC

Lézard agile sous-espèce garzoni Lacerta agilis garzoni CRLézard agile sous-espèce agilis Lacerta agilis agilis ENLézard vivipare sous-espèce vivipara Zootoca vivipara vivipara ENVipère aspic sous-espèce zinnikeri Vipera aspis zinnikeri VULézard vivipare sous-espèce louislantzi Zootoca vivipara louislantzi NTVipère sous-espèce aspic aspis Vipera aspis aspis NT

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Sous-espèces reptiles

Espèces reptiles

Seps strié © L.Barthe

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Pélobate cultripède Pelobates cultripes CRAlyte accoucheur, Crapaud accoucheur Alytes obstetricans ENRainette verte Hyla arborea ENSonneur à ventre jaune Bombina variegata ENCalotriton des Pyrénées Calotriton asper VUTriton marbré Triturus marmoratus VUCrapaud calamite Bufo calamita LCCrapaud épineux Bufo spinosus LCGrenouille agile Rana dalmatina LCGrenouille rousse Rana temporaria LCPélodyte ponctué Pelodytes punctatus LCRainette méridionale Hyla meridionalis LCSalamandre tachetée Salamandra salamandra LCTriton palmé Lissotriton helveticus LCGrenouille de Graf Pelophylax kl. grafi DDGrenouille de Lessona Pelophylax lessonae DDGrenouille de Perez Pelophylax perezi DDGrenouille verte, Grenouille comestible Pelophylax kl. esculentus DD

Salamandre tachetée sous-espèce fastuosa Salamandra salamandra fastuosa NTSalamandre tachetée sous-espèce terrestris Salamandra salamandra terrestris LC

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Espèces amphibiens

Sous-espèces amphibiens

Pélodyte ponctué © L.Barthe

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La Cistude d’Europe est la seule tortue d’eau douce autochtone de Midi-Pyrénées. Elle est connue dans la région uniquement dans l’ouest du département du Gers et au nord des Hautes-Pyrénées. L’état de conservation des populations est très variable d’un territoire à l’autre. Au nord-ouest du Gers, si le nombre d’animaux présents peut atteindre plusieurs centaines d’individus, les sites de reproduction sont de plus en plus rares et la structure des populations est nettement déséquilibrée en

faveur des adultes. L’inquiétude de voir ces fortes densités chuter brutalement par manque de renouvellement est très forte. Dans le reste du territoire, les différents habitats

qu’elle utilise sont soumis à de lourdes pressions anthropiques (agriculture et urbanisation notamment) : asséchement et comblement des zones humides

(mares, fossés,...), disparition et altération des zones de pontes, prélèvement d’individus...

Les populations sont fortement fragmentées et de nombreuses populations sont isolées les unes des autres par manque de connexions

aquatiques et terrestres.Cette espèce a déjà disparu de nombreux pays d’Europe. A l’échelle

de la région, nous constatons régulièrement un déclin de son habitat et notamment des réseaux de mares qui sont détruits par abandon ou comblement. Des témoignages d’éleveurs et de naturalistes attestent régulièrement de disparitions de populations.

Il s’agit de trois espèces de petite taille strictement endémiques des Pyrénées, circonscrites aux ceintures subalpine et alpine de la partie centrale de la chaîne. Leurs aires de répartition, très restreintes et non chevauchantes, constituent donc un bel exemple d’ « insularité continentale ».

Elles sont composées d’une constellation de petites populations peu ou pas connexes, résultat conjugué des glaciations passées, de l’orientation des

versants et de la distribution des habitats favorables. La région Midi-Pyrénées détient environ 50% de l’aire de répartition mondiale

des trois espèces, également présentes en Espagne / Andorre et pratiquement 100% de leur aire de répartition française (I. bonnali est également présent en Aquitaine). La

responsabilité conservatoire de la région est donc très élevée. Ces espèces sont principalement menacées par l’intensification anthropique du réchauffement climatique post-glaciaire (réponse évolutive très incertaine compte-tenu de la rapidité du processus) et par divers aménagements en altitude, lesquels requièrent donc des études d’impact rigoureuses.

Lézard d’Aurelio © C.Delmas

4

© L.Barthe

Lézard du Val d’Aran © G.Poter Lézard d’Aurelio © G.Poter Lézard de Bonnal © R.Datcharry

Les lézards des Pyrénées

Lézard du Val d’Aran Iberolacerta aranica

Lézard d’Aurelio Iberolacerta aurelioi

Lézard de Bonnal Iberolacerta bonnali EN

Cistude d’Europe

Emys orbicularis EN

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On peut aisément le reconnaître à ses yeux globuleux positionnés sur le dessus de la tête et à ses pupilles en forme de cœur ou triangulaires. Son dos d’aspect terreux lui confère un excellent camouflage. Sa principale caractéristique est néanmoins sa face ventrale jaune agrémentée de taches noires plus ou moins bleutées.Un peu moins d’une dizaine de stations étaient connues au cours des années 1990 à 2000. Toutes ont été revisitées au cours des 3 dernières années mais pratiquement aucun sonneur n’a été retrouvé sur ces mêmes sites. Les causes de réduction ne sont parfois pas connues, dans certains cas il y a simplement eu destruction ou altération des habitats de l’espèce.La zone d’occurrence et la qualité des habitats se réduit donc. L’évolution des pratiques agricoles (intensification, captage des sources, mise en étangs, etc.) permet de croire à une évolution future encore défavorable. Les dégradations seront pour une grande partie difficilement réversibles.Au sein de la zone d’occurrence, la zone d’occupation est très morcelée et montre une très forte fragmentation. Il s’agit d’une réalité, ainsi que l’ont prouvé les 3 années de recherches de terrain sur cette espèce coordonnées par Nature Midi-Pyrénées.

Relativement discret puisqu’il passe une grande partie de son activité dissimulé sous des cailloux ou enfoui dans un sol meuble, l’Alyte est pourtant connu du grand public. C’est ce petit amphibien qui émet un chant particulier consistant en un bref éclat de flûte (« tou ») inlassablement répété à intervalles variables. Autre particularité, le mâle prend soin des œufs pendant les quelques semaines d’incubation, les protégeant contre les prédateurs et procurant aux embryons les meilleures conditions de développement possibles. Ils sont fixés aux pattes arrière.L’espèce a une répartition assez homogène à l’échelle de la région. Pourtant, le risque très élevé dans les Pyrénées d’épidémies mortelles de chydride associé à un constat unanime de baisse des effectifs en plaine font que cette espèce est en danger d’extinction. L’Alyte accoucheur est très sensible à la chytridiomycose surtout les populations d’altitude pour le moment. Les épidémies mortelles de chytride concernent les populations des Hautes-Pyrénées mais aussi , plus à l’ouest, celles des Pyrénées-Atlantiques en région Aquitaine.

Ce petit amphibien à l’allure boulotte est très localisé en Midi-Pyrénées. Il affectionne les zones ouvertes sans couvert végétal dense, voire nues :

pelouses pâturées, étendues sableuses, garrigues dégradées… Les seules populations reproductrices connues concernent les stations

situées dans deux communes d’Aveyron sur le Causse du Larzac. Ces populations sont peu connues et les densités semblent très faibles. Des individus ont également été observés à Toulouse mais aucun élément ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’une population reproductrice est présente. L’habitat de l’espèce étant en déprise, les zones ouvertes et son habitat aquatique se referment. L’espèce est donc en situation précaire à l’échelle

de la région et le fait que les populations présentes soient très fragmentées entraine un risque de disparition.

© L.Barthe

© L.Barthe

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Alyte accoucheur

Alytes obstetricans EN

Pélobate cultripède

Pelobates cultripes

Sonneur à ventre jaune

Bombina variegata EN

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La complexité du phénomène d’hybridation entre les grenouilles du genre Pelophylax rend difficile l’appréhension de leur conservation, notamment pour ce qui est de l’application des statuts de protection. Ainsi, notre base de données

ne rassemble quasiment que des observations du « complexe des Grenouilles vertes ». Toutefois, grace à quelques experts, nous savons qu’en Midi-Pyrénées nous sommes succeptibles

d’avoir 4 espèces (plus ou moins présentes).Les experts s’entendent sur le fait que globalement, les populations de Grenouilles

vertes sont en net déclin : disparition ou dégradation de leurs biotopes, apparition d’espèces exogènes. Toutefois, vu le manque de données, ils s’accordent à

évaluer l’espèce en DD.La mise en place d’études génétiques devient une véritable nécessité et sera indispensable si nous souhaitons pouvoir attribuer (lors d’une actualisation future de la Liste rouge régionale) une catégorie UICN plus pertinente et plus représentative de leur statut que la catégorie DD.

© G.Pot er

Endémique des Pyrénées, cet urodèle est peu suivi en France et nous disposons de peu de données pour évaluer son état de conservation. Néanmoins, une étude menée en Espagne a montré que les populations de Calotriton pouvaient varier de façon très importante

suite à des épisodes de pluies intenses. L’espèce est sensible aux modifications de son milieu en raison des apports de salmonidés, plus

ponctuellement l’activité de canyoning impacte son habitat (vasque naturelle).

Les zones d’occurrence et d’occupation du Calotriton des Pyrénées sont relativement étendues en Midi-Pyrénées et ne devraient pas subir de

variations la décennie à venir. Néanmoins l’impact du changement climatique sur l’occurrence et l’occupation de cette espèce strictement monticole n’est pas

connu. De plus, une étude génétique récente a montré que les tailles de population de Calotriton asper étaient généralement faibles et que cette espèce possédait une

faculté de dispersion réduite, ce qui la rendrait vulnérable à des modifications rapides du climat ou de son environnement.

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© R.Datcharry

Inconfondable, le Lézard ocellé est le plus gros lézard de France. Malgré sa taille et de vives couleurs, il est très discret. La connaissance de cette espèce en Midi-Pyrénées, encore hétérogène, ne cesse de s’affiner chaque année.Les principaux habitats du Lézard ocellé sont les milieux ensoleillés secs et ouverts, à végétation rase comme par exemple : les pelouses sèches, les affleurements rocheux, les landes ouvertes, les causses...De nombreuses populations de la région sont localisées et précaires. Il est essentiellement menacé par la disparition de ses habitats (pelouses, landes) et en particulier par la fermeture des milieux secs due en partie à la déprise pastorale.

Calotriton des Pyrénées

Calotriton asper

Le complexe des Grenouilles vertes

Pelophylax sp.

Pelophylax kl. esculentus

Pelophylax kl. grafi

Pelophylax lessonae

Pelophylax perezi

Lézard ocellé

Timon lepidus EN

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D’après les données morphologiques et moléculaires disponibles sur les vipères, Midi-Pyrénées est occupée par la sous-espèce V. a. zinnikeri, taxon endémique du quart sud-ouest de la France et du nord-est de l’Espagne. L’aspect externe des animaux du nord de l’Aveyron (plateau de l’Aubrac), parfois très proche de la sous-espèce nominative V. a. aspis, fait cependant supposer un peuplement différent pour cette zone restreinte. Cette sous-espèce est extrêmement variable et se subdivise en peuplements plus ou moins différenciés, liés à des entités bioclimatiques particulières. Ce phénomène s’observe à l’échelle même de la région Midi-Pyrénées où, par exemple, les animaux des causses lotois et aveyronnais présentent un aspect très différent des animaux pyrénéens. Midi-Pyrénées revêt donc vis à vis de ce taxon une responsabilité conservatoire très élevée, à deux niveaux : La diversité climatique et écologique de la région fait qu’on y rencontre plusieurs écotypes de cette sous-espèce,

adaptés à des contextes macro- ou micro-climatiques particuliers. On peut, dans les faits, distinguer deux écotypes cardinaux : un écotype sub-méditerranéen de grande taille, à motif dorsal étroit et robe plutôt pâle, lié aux ambiances caussenardes ; un écotype montagnard-atlantique de petite taille, à motif dorsal très large et robe plutôt foncée, lié aux vallées et massifs des Pyrénées centrales. En d’autres termes, Midi-Pyrénées héberge un panel de réponses adaptatives aux changements environnementaux futurs. Les populations les plus différenciées de ce taxon (par rapport aux autres sous-

espèces connues) sont situées en Midi-Pyrénées, dans les trois départements pyrénéens. Enfin, le taxon est manifestement très sensible à certaines évolutions paysagères et supporte mal, notamment, l’intensification des pratiques agricoles. Elle est aujourd’hui quasiment éteinte dans le Gers, où elle était commune jusque dans les années 1960.

C’est le seul gecko présent en Midi-Pyrénées. Il est impossible à confondre : pupilles verticales, pas de paupière, lamelles adhésives aux doigts et des écailles épineuses sur la queue.Il est difficile de statuer sur l’origine de sa présence en Midi-Pyrénées. On ne peut pas exclure l’indigénat. Il est possible que l’agglomération Toulousaine, pour laquelle nous disposons de données depuis la fin des années 1980, ait été très proche de l’aire de répartition de l’espèce durant une période favorable. Cependant, compte-tenu des capacités adhésives, de la faculté à se glisser dans des interstices et de son caractère anthropophile, la circulation de marchandises depuis les départements méditerranéen explique plus sûrement la présence de ce gecko à Toulouse. Manquant de certitude sur son indigénat ou sur la période à laquelle l’espèce serait arrivée à Toulouse, elle n’a pu être évaluée dans le cadre de cette méthodologie. Elle est donc classée en NA.

© C.Delmas

Vipère aspic Vipera aspisVipera aspis zinnikeriVipera aspis aspis

7NA (Non Applicable)

A une échelle régionale, certaines espèces ne doivent pas être soumises au processus d’évaluation. Il s’agit des espèces introduites et des espèces erratiques pour lesquelles la méthodologie n’est pas applicable. De manière générale, il est recommandé de considérer les espèces introduites après 1500 comme non indigènes. Toutefois, pour certains groupes taxonomiques, les experts peuvent s’accorder sur d’autres principes analogues si la situation

le justifie. Pour la Tarente de Maurétanie, les premières données remontent à la fin des années 1980.

Tarente de Maurétanie

Tarentola mauritanica

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Territorialisation des enjeux

Du fait même de la diversité de ses sols, de ses climats et de ses pratiques agricoles, Midi-Pyrénées présente des enjeux environnementaux très variés, en fonction des régions ou pays naturels concernés. On peut schématiquement distinguer quatre catégories de paysages et types d’évolution paysagère :

Causses, coteaux secs et milieux xériques affiliés

Il s’agit de pelouses, landes et bois clairs établis sur roche mère drainante (calcaires, schistes ...) et présentant de fortes affinités méditerranéennes (séries subméditerranéennes du Chêne vert et du Chêne pubescent). On les rencontre en divers endroits de la région mais les entités les plus étendues se trouvent sur la bordure sud-ouest du Massif central (Causses du Lot et de l’Aveyron, versants abrupts de diverses vallées...) et les pré-Pyrénées (Plantaurel, Petites Pyrénées et «quiés ariégeois»). Traditionnellement pâturées de façon extensive par des brebis ou chèvres (plus rarement chevaux ou vaches), ces zones connaissent actuellement deux types bien distincts d’évolution défavorable aux reptiles et amphibiens : 1) abandon du pâturage avec reforestation progressive et disparition des mares-abreuvoirs et 2) mise en culture. Localement, l’abandon de la viticulture ou son intensification constituent également une évolution préjudiciable.

Zones de cultures planitiaires

Elles sont surtout concentrées au centre de la région (arc de la Garonne et section inférieure de ses affluents), sous forme d’«openfields» voués aux céréales et oléagineux (maïs, blé, colza et tournesol, principalement). Localement, l’arboriculture prend le relais (plaine de Montauban). L’intensification des pratiques entraîne un appauvrissement des écosystèmes agraires : molécules biocides, engrais chimiques, suppression des zones refuges et des corridors (bosquets, haies, mares...).

Zones collinéennes et montagnardes d’élevage

Il s’agit des zones d’élevage du Massif central (Aubrac, Carladez, Viadène, Levézou, Ségala ...) et des avant-monts pyrénéens, principalement consacrées aux bovins-viande et lait. Traditionnellement favorables aux reptiles et aux amphibiens (mares abreuvoirs, haies, bosquets, murets de pierres ...), elles ont évolué de façon préjudiciable (prairies artificielles amendées, remplacement des mares par des systèmes d’abreuvement hors sol, arrachage des haies ...). En outre, les zones de landes et de tourbières y ont souvent été converties en cultures (après drainage, chaulage et amendement) ou plantations de résineux exotiques (Sapins de Douglas ...). Inversement,

dans plusieurs vallées des Pyrénées et du Massif central, on a assisté à un exode rural qui s’est soldé par une installation de la forêt au détriment de milieux anthropiques favorables aux reptiles et aux amphibiens (jardins en terrasses avec murets de soutènement, typiquement).

Zones d’estives des Pyrénées

Elles ont peu évolué, étant situées à des altitudes (>2000m) où la rigueur climatique empêche à la fois la reforestation (l’étage alpin est naturellement dépourvu de végétaux ligneux) et la mise en culture (le sol y est en outre pauvre et superficiel). Elles restent favorables à de nombreuses espèces plus ou moins spécialisées (dont plusieurs endémiques pyrénéennes) mais, localement, quelques aménagements préjudiciables ont eu lieu (grands barrages, stations de sports d’hiver...). Notons que les espèces strictement monticoles, liées à des climats froids et aux écosystèmes associés, sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique.

Perspectives

La Liste rouge des amphibiens et des reptiles de Midi-Pyrénées nous montre qu’il est urgent de mettre en œuvre une stratégie de conservation de ces espèces. Le réseau existant des structures œuvrant dans la préservation du patrimoine naturel est un parfait support de travail.

Coteaux du Gers ©L.Barthe

Enjeux de conservation en Midi-Pyrénées

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Rougiers de Camarès (Aveyron) © R.Datcharry

Page 11: pourraient disparaître de Midi-Pyrénées

Coteaux du Gers ©L.Barthe

La Liste rouge n’a pas de valeur règlementaire mais elle constitue un outil précieux pour mettre en place des actions ou des programmes de conservation. Elle peut contribuer à orienter rationnellement des politiques publiques et l’établissement de priorités d’intervention à l’échelle de notre région.

Les principales actions à promouvoir :

Améliorer l’état de connaissance

- On ne peut préserver que ce que l’on connait… Il est donc indispensable de mieux connaitre la répartition des espèces sur le territoire. Or nous manquons d’informations standardisées sur les tendances de la plupart d’entre elles. Pour certaines, nous sommes encore en déficit de connaissances pour ce qui concerne leur biologie : les lézards des Pyrénées, le Seps strié, la Coronelle girondine… Pour d’autres, comme le complexe des Grenouilles vertes (Pelophylax) nous sommes dans l’incapacité de disposer en 2014 d’un état des lieux des espèces présentes par département. Dans la même problématique nous manquons d’informations sur la présence de la Rainette verte, de la Rainette de Moller et du Pélobate cultripède.- De même, nous avons encore de nombreuses carences sur les pathologies des amphibiens et sur le fonctionnement des populations. Il est important de mieux cerner ces éléments pour proposer des actions efficaces.

Assurer la conservation des populations

Les Plan Nationaux d’Actions (PNA) permettent d’engager des mesures de conservation pour une partie des espèces menacées. Toutefois d’autres espèces d’amphibiens et de reptiles ne sont pas concernées ! Certaines de ces espèces méritent pourtant également une attention particulière en Midi-Pyrénées :Amphibiens : Pélobate cultripède (CR), Alyte accoucheur (EN), Euprocte des Pyrénées (VU) et Triton marbré (VU).Reptiles : Lézard agile (EN), Seps strié (EN), Vipère péliade (EN) et Vipère aspic (VU).

Disposer d’outil d’évaluation à moyen et long terme

L’amélioration continue des connaissances, par le biais de suivis et d’inventaires complémentaires, permettra de multiplier les indicateurs quantitatifs concernant la tendance des populations et des aires de répartition. Notre perception du statut conservatoire de l’herpétofaune ne pourra donc que s’affiner dans le futur, d’autant que nous disposerons de référents temporels de plus en plus nombreux. Ces outils de suivi à moyen et long terme sont des moyens supplémentaires pour les scientifiques mais aussi pour les gestionnaires et les services de l’état.

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Avec le soutien financier de :

En partenariat avec :

Cartographie : Lucienne Weber, Nature Midi-Pyrénées, Conception graphique : Camille Dyrda, Nature Midi-Pyrénées, 2015.

Lézard d’Aurelio, (Auzat, Ariège, altitude 2360m) © G.Poter