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Mémoire de DEA Droit Public Fondamental FADESP / UAC
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R E P U B L I Q U E D U B E N I N
MIN ISTERE DE L ’EN SEIGN EMEN T SUPERIEUR ET DE L A RECHERCHE SCIENTIFIQUE
U N I V E R S I T E D ’ A B O M E Y - C A L A V I ( U A C )
Ecole Doctorale de la Faculté de Droit et de Sciences Politiques
Mémoire pour l’obtention du Diplôme
d’Etudes Approfondies (D.E.A)
OPTION : Droit Public Fondamental
Réalisé et soutenu publiquement par : Sous La direction de :
Alex ATIOUKPE Professeur Nicaise MEDE
Agrégé de Droit Public.
Université d’Abomey-Calavi
Année Académique 2009-2010
THEME :
LES POUVOIRS FINANCIERS DU PARLEMENT
AU BENIN DE 1990 A NOS JOURS
2
Introduction
Les attributions financières sont à l’origine du pouvoir des Parlements.1
Ceux-ci sont nés des finances publiques et du consentement à l'impôt entendu
comme l'un des fondements de la démocratie. L’article 14 de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) français du 26 août 1789 dispose :
« Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et
d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».
Le principe du consentement à l’impôt traduit les tentatives du Parlement
de s’affirmer face à l’Exécutif. Sa consécration en tant que droit naturel,
inaliénable et sacré2, « clef de voûte de la démocratie représentative »3 est l’affirmation
de la liberté politique4 dont la mise en œuvre est assurée aujourd’hui par l’examen
des lois de Finances.
La théorie financière classique héritée du constitutionnalisme occidental,
attribuait le pouvoir de décision en matière financière aux assemblées élues au
suffrage direct des citoyens. Ce principe de consentement à l’impôt, qui pose la
règle de l’exigence du peuple, à ne payer l’impôt qu’après l’avoir consenti au
travers de ses représentants, reste l’affirmation la plus nette des libertés politiques
et le fondement le plus essentiel des démocraties représentatives5. Mais, force est
de constater que les pouvoirs financiers des Parlements ont connu durant ce
dernier siècle de considérables restrictions.
1 P. PACTET, Institutions Politiques. Droit Constitutionnel, Paris, Armand Colin, 18è éd, 1999, p. 449.
2 P. BELTRAME, « Le consentement de l’impôt. Devenir d’un grand principe », in RFFP, n° 51, 1995, pp. 81-89.
3 X. CABANNES, « L’Etat, le Parlement et le consentement à l’impôt », in RFFP, n° 77, 2002, p. 227.
4 Id., « L’Etat, le Parlement et le consentement à l’impôt », ibid., p. 228.
5 K. SOMALI, «Le Parlement dans le nouveau Constitutionalisme en Afrique : Essai d’analyse comparée à partir des exemples du
Bénin, du Burkina Faso et du Togo » thèse de droit public soutenue à Lille en 2008, p. 273.
3
Au Bénin, ces pouvoirs souffrent d’une véritable visibilité depuis le retour
à la démocratie, aussi bien dans le droit que dans les faits; au point de conduire à
leur évanescence au sein du régime présidentiel établi, par la Constitution du 11
décembre 1990.
Au vu de l’usage des pouvoirs exceptionnels du Chef de l’Etat6 dans le
domaine de la loi de Finances et qui vide les articles 967 et 1108 de la Constitution
de leur substance, il est évident que, tant au niveau du domaine de la loi qu'au
niveau du contrôle que peut exercer le Parlement sur le Gouvernement, le
Parlement perd une partie de ses prérogatives9. Ce phénomène pourrait être un
des traits caractéristiques des systèmes politiques actuels dans lesquels l'Exécutif
tend à accroître ses prérogatives10 depuis le retour à la démocratie au Bénin.
Les liens entre le pouvoir financier et le pouvoir politique ne sont plus à
démontrer car, les phénomènes financiers publics sont avant tout des phénomènes
politiques11, les premiers étant étroitement imbriqués dans les seconds12. « Les
6 Voir article 68 de la Constitution béninoise du 11décembre 1990. « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de
la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacés de manière grave et immédiate
et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et constitutionnels est menacé ou interrompu, le Président de la République, après
consultation du Président de l’Assemblée nationale et du Président de la Cour constitutionnelle, prend en conseil des ministres des
mesures exceptionnelles exigées par les circonstances sans que les droits des citoyens garantis par la Constitution ne soient suspendus. Il
en informe la nation par un message. L’Assemblée nationale se réunit de plein droit en session extraordinaire. »
7 « L’Assemblée nationale vote la loi et consent l’impôt ».
8 « L’Assemblée nationale vote le budget en équilibre. Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée, à la date du 31 décembre, les
dispositions du projet de loi de Finances peuvent être mises en vigueur par Ordonnance.
Le Gouvernement saisit, pour ratification, l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai de quinze jours. Si
l’Assemblée nationale n’a pas voté le budget à la fin de cette session extraordinaire, le budget est établi définitivement par Ordonnance ».
9 En ce qui concerne les commissions d’enquête parlementaire, les parlementaires n’arrivent pas toujours à aller au bout de
leur mission de contrôle avec l’usage des dispositions de l’article 115 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
115. « Le dépôt d'une proposition de résolution tendant à la création d'une commission est notifié par le Président de l'Assemblée au
Garde des Sceaux, ministre de la justice. Si le garde des Sceaux fait connaître que des poursuites judiciaires sont en cours sur les faits
ayant motivé le dépôt de la proposition, celle-ci ne peut être mise en discussion. Si la discussion a déjà commencé, elle est immédiatement
interrompue.- Lorsqu'une information judiciaire est ouverte après la création de la commission, le Président de l'Assemblée nationale,
saisi par le Garde des Sceaux, en informe le Président de la commission. Celle-ci met immédiatement fin à ses travaux. Son usage à
chaque fois qu’une commission d’enquête parlementaire se met sur pied rend difficile l’exercice du pouvoir de contrôle ».
10 P. GEORGE, Droit Public, 10ième Ed. SIREY, 2010, p. 94.
11 M. BOUVIER, « Mutations des finances publiques et crise du pouvoir politique? », in RFFP, n° 79, 2002, p. 241.
4
finances publiques fondent la substance des pouvoirs politiques et constituent en cela un
instrument privilégié d’analyse et de création des institutions »13. Les rapports entre les
pouvoirs, traditionnellement présentés à travers l’Exécutif et le Législatif –
Gouvernement et Parlement –, s’analysent de manière satisfaisante dans les
mécanismes des finances publiques, et principalement la procédure budgétaire14.
Dans l’activité du Parlement, les problèmes financiers, au premier rang
desquels figure l’examen du budget de l’Etat, occupent une place de choix, qui
résulte essentiellement de l’évolution historique du rôle du Parlement15. « C’est en
brandissant le refus de l’impôt qu’on avait transformé des régimes, c’était en refusant
ouvertement qu’on avait fait des révolutions, c’était en associant politique et finances
publiques qu’on avait, non sans peine, construit les mécanismes de contrôle
parlementaire »16.
Le Parlement trouve ses origines en Grande-Bretagne avec la Grande
Charte (la Magna Carta) issue de la défaite des Bouvines 17 en 1215 et complétée
par le Bill of Rights de 168818 puis de la DDHC qui vient consacrer en son article 14,
12 Id., « Editorial : les décideurs politiques au cœur de la nouvelle gouvernance financière publique », in RFFP, n° 94, 2006, p.
3.
13 M. BOUVIER, R. HERTZOG, « Réforme des finances publiques : réforme de l’Etat », in RFFP, n° 73, 2001, p. 3.
14 J.-P. CAMBY, « Cavaliers », in L. FAVOREU, R. HERTZOG, A. ROUX (dir.), Constitution et Finances publiques, Etudes en
l’honneur de Loïc PHILIP, Paris, Economica, 2005, p. 319.
15 F. MENDEL et V. HERMAN « Les Parlements dans le monde » in Union Interparlementaire, PUF, 1977 p. 653.
16P. BELTRAME, « Le consentement de l’impôt. Devenir d’un grand principe », in RFFP, n° 51, 1995, p. 80.
17 F. CHOUVEL, Finances publiques 2007, Paris, 10e éd Gualino éditeur, 2007, p. 17.
18 JF. PICARD, Finances Publiques, Paris, éd Litec, 1989, pp. 3, 4. La Grande charte qui avait été imposée à Jean SANS TERRE
par ses barons révoltés pose le principe du consentement à l’impôt qui est la raison d’être initiale des premières assemblées
parlementaires : « aucun revenu ne sera levé dans le royaume si ce n’est par le conseil commun du royaume ». Après une série de
dissolution successive des Parlements qui n’ont pas voulu céder aux tentatives de la Couronne qui s’efforcera dès le début
de violer ou de détourner la règle du vote de l’impôt par les représentants de la nation, le troisième Parlement finira par
imposer au roi en 1628 la Petition of Right qui compléta la Grande Charte en étendant l’autorisation parlementaire à toutes
les recettes fiscales. Après sa dissolution, le conflit entre Parlement et roi se termina par l’exécution du roi en 1649. Ce
triomphe du Parlement lui permis en 1688 d’imposer à la nouvelle dynastie des Hanovre trois principes fondamentaux du
5
le principe du consentement à l’impôt comme un droit naturel, inaliénable et
sacré19 . C’est dans ce même esprit que le constituant béninois inscrit les articles 96
et 98 alinéa 720 de la Constitution et réaffirmé par la décision DCC 06-108 du 11
août 2006 de la Cour constitutionnelle du Bénin.
« Les Parlements disposent de compétences qui leur sont expressément conférées
par la Constitution. Ils exercent des attributions en matière législative, en matière
financière et de contrôle »21. L’étude des pouvoirs financiers du Parlement en
République du Bénin depuis 1990 peut se faire de plusieurs manières car, étant
située dans l’ancrage des finances publiques, elle peut être abordée sous différents
angles. Certains auteurs font une place importante à la sociologie (LALUMIERE),
d’autres traitent surtout d’économie publique ou de politique économique,
d’autres encore s’intéressent à l’histoire des finances publiques. Dans le cadre de
cette étude, seul l’angle juridique sera envisagé.
Sous cet angle, il s’avère inéluctable d’élucider les termes et expressions
constituant le thème de ce travail, à savoir : « les pouvoirs financiers du
Parlement ».
Que désigne le mot « pouvoir » ? Selon le Vocabulaire juridique publié sous
la direction de Gérard CORNU, le pouvoir s’entend au sens général comme étant,
« maîtrise de fait, force, puissance. Prérogative juridique (pouvoir de droit, fondé en droit).
Voire, fonction, mission, autorité, compétence, vocation, aptitude, capacité, investiture,
devoir, attribut ». Il s’entend au sens constitutionnel chez l’auteur comme
« l’ensemble des compétences juridiques et des capacités matérielles de l’Etat< ». C’est
droit budgétaire : l’autorisation des recettes, l’autorisation des dépenses ainsi que le renouvellement périodique de ces
autorisations.
19 P. BELTRAME, « Le consentement de l’impôt. Devenir d’un grand principe », ibid, pp. 81-89.
20« Sont du domaine de la loi les règles concernant : ... L'assiette, le taux et les modalités du recouvrement des impositions de toute
nature ...».
21 P. FOILLARD, Droit Constitutionnel et Institutions Politiques, éd, Paradigme, 2008, P. 299.
6
aussi, l’aptitude d’origine légale, judiciaire ou conventionnelle à exercer les droits
d’autrui et à agir pour le compte de cette personne dans les limites de l’investiture
reçue22.
Loin d’être à l’abri des controverses doctrinales, le pouvoir s’entend chez
Max WEBER, selon une perspective interactionniste comme « une relation qui se
caractérise par la mobilisation des ressources pour obtenir d’un tiers qu’il adopte un
comportement auquel il ne se serait pas résolu en dehors de cette relation ». Il résume sa
définition du pouvoir en ces termes : « Toute chance de faire triompher, au sein d’une
relation sociale, sa propre volonté, même contre des résistances »23.
Le Parlement, quant à lui, désigne une institution qui assure une fonction
décisive au sein d’un régime politique. Il s’inscrit dans une logique de
représentation. Qu’il s’agisse de permettre la confrontation d’opinions diverses en
vue d’obtenir, par un procédé délibératif, l’expression de la volonté générale ou
d’exprimer l’unité du peuple autour des dirigeants, l’imagination humaine n’a pas
encore trouvé d’autres solutions que celle d’une assemblée parlementaire24.
Considéré dans son sens générique, le Parlement désigne une instance
représentative composée d'individus à qui le peuple a confié la responsabilité de le
représenter en vue de définir le cadre légal dans lequel la société sera gouvernée et
de veiller à ce que ces prescriptions légales soient mises en œuvre de manière
responsable par le pouvoir Exécutif25 . Au sens moderne, « le Parlement vient
d’Angleterre où, dès le XIIIe siècle, il désigne les deux chambres qui affirment leur pouvoir
face au roi Jean SANS TERRE (Magna Carta, 1215)< Aujourd’hui, sous des noms
parfois différents, presque tous les Etats ont un Parlement, généralement composé de deux
22 Vocabulaire juridique, sous la direction de Gérard CORNU, Paris, PUF, 2007, pp, 614-615.
23 B. BADIE, G. HERMET, P. BIRNBAUM, P. BRAUD, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, éd,
Armand Colin, 1994, pp. 220-221.
24 Selon le dictionnaire constitutionnel d’Olivier DUHAMEL et d’Yves MENY.
25 A. COLY, « Diplomatie parlementaire », Mémoire de fin de Cycle Normal, ENA (Rabat), 2007, p. 6.
7
Chambres, dont l’une au moins (la Chambre basse ou Assemblée nationale) est élue au
suffrage universel direct< Dans la tradition française, reprise par de nombreux Etats, la
Chambre basse, seule élue au suffrage universel, était considérée comme dépositaire de la
souveraineté populaire et, à ce titre, investie du pouvoir d’imposer sa volonté en dernier
ressort en matière de loi, en tant qu’expression de la volonté générale »26.
Avec l’avènement de la Constitution française de la Vè République, le
Parlement devient un organe représentatif au même titre que le Président de la
République, autre organe de l’Etat issu du suffrage universel direct. Corollaire : les
textes qu’il adopte peuvent être déférés à un contrôle de constitutionnalité. Il est
investi d’une triple fonction : représenter le peuple et adopter le budget, élaborer
la loi et contrôler l’action de l’Exécutif. A cette triple fonction s’ajoute celle de
l’évaluation des politiques publiques. Ces compétences s’exercent selon les
modalités inhérentes à la nature du régime politique.
Dans les démocraties libérales actuelles, le Parlement, a une ou deux
chambres, (monocamérale ou bicamérale), conserve ses prérogatives
traditionnelles (vote de la loi et du budget, contrôle de l'Exécutif). Il porte
différentes terminologies selon les Etats: Aux Etats-Unis d'Amérique, c'est le
Congrès, au Japon la Diète, en Chine l'Assemblée populaire nationale et au Bénin,
l’Assemblée nationale.
Le Parlement s’entendra dans le cadre de ce travail comme étant « une
institution destinée par la Constitution à donner son accord à des mesures de politique
publique exécutoires, accord donné au nom d’une communauté politique qui va au-delà de
l’élite gouvernementale responsable de la formation de telles mesures. C’est le pouvoir de
donner son accord qui définit un Parlement »27. Les Parlements, sont des organismes
26 B. BADIE, G. HERMET, P. BRAUD, P. BIRNBAUM, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Armand
Colin, 1994, pp. 191-192.
27 P. NORTON, « La nature du contrôle parlementaire », in Pouvoirs, n°134, éd. seuil, 2010, p. 7.
8
aux fonctions multiples et fonctionnellement adaptables qui assurent plusieurs
tâches ou fonctions et, ces tâches peuvent évoluer dans le temps en réponse aux
changements constitutionnels et politiques.
L’expression « pouvoirs financiers du Parlement »28 est synonyme de « la
fonction financière du Parlement »29 chez Pierre ASTIE et consiste à voter tous les
ans le budget de l’Etat qui prévoit les recettes et les dépenses de celui-ci pour
l’année à venir. Elle s’entend chez Katia BLAIRON de la « Constitution financière
». Elle désigne l’ensemble des normes du bloc de constitutionnalité qui
s’appliquent aux finances publiques : les dispositions de la Constitution elle-
même, les préambules de 1946 et de 1958, la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen de 1789, l’ordonnance de 1959, les règles dégagées par la jurisprudence
du Conseil constitutionnel30. L’ordonnance de 195931, à laquelle a succédé la Loi
Organique relative aux Lois de Finances (LOLF)32, constitue ainsi un « pilier » du
parlementarisme rationalisé.33 La Constitution financière, dans un sens étroit, est
constituée par des dispositions du bloc de constitutionnalité qui ont un objet
financier. Elle concerne l’ensemble des finances publiques, qu’elles soient celles de
l’Etat, des collectivités locales ou de la sécurité sociale34. On retiendra dans le
contexte de cette étude que l’expression « les pouvoirs financiers du Parlement »
signifie la légitimité conférée par l’ensemble des normes juridiques permettant à
28 L. PHILIP, « Introduction », in L. PHILIP (dir.), L’exercice du pouvoir financier du Parlement. Théorie, pratique et évolution,
Paris, Aix-en-Provence, Economica, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 1996.
29 P. ASTIE, « La Constitution du 04 octobre 1958 et le système politique de la Ve République », in J. MOREAU, (dir), Droit
Public, Tome1, Economica, 3è éd., 1995, p. 159.
30 R. HERTZOG, « Une grande première : la réforme du droit budgétaire de l’Etat par le Parlement », in RFFP, n° 73, 2001,
p. 13.
31Ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de Finances.
32 Loi organique n° 2001-692 relative aux lois de Finances (« LOLF ») du 1er août 2001.
33 S. MAHIEUX, « La loi organique relative aux lois de Finances du 1er août 2001 », in RFFP, n° 76, 2001, pp. 33-50.
34 R. PELLET, « Réformer la Constitution financière : pour de nouveaux principes budgétaires », in RDP, N° ½, L.G.D.J,
2002, p. 313.
9
l’Assemblée nationale d’amender, de voter et de contrôler l’usage fait par le
Gouvernement des autorisations à lui accorder par la loi de Finances de l’année
(« l’expression synthétique et opérationnelle de l’ordre financier pour une année »35).
Au vu des diverses crises qui érodent le pouvoir législatif des Parlements
partout dans le monde comme le constatent de nombreux rapports de chercheurs
qui, depuis 1921 où Lord BRYCE écrivit Modern Democracies, « Le déclin des
Parlements », les Parlements africains n’ont pas échappé à ce problème et, c’est ce
qui justifie d’ailleurs l’intérêt scientifique et pratique de ce thème qui porte sur
l’examen des pouvoirs financiers du Parlement béninois à la lumière des
instruments juridiques qui les fondent et encadrent leur exercice. On est en droit
de se demander ce que deviennent les pouvoirs financiers du Parlement entre leur
affirmation et leur effectivité; de savoir ce que vaut encore ce pouvoir s’il arrivait
que l’Exécutif fasse recours à l’article 6836 pour la mise en exécution de la loi de
Finances de l’année par ordonnance. Que dire de la systématisation de l’usage de
l’article 115 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale à chaque fois qu’une
commission d’enquête parlementaire est mise sur pied? Serait-il devenu une
simple caisse de résonance de la République ? Que devient le principe du
consentement à l’impôt si on met à mal l’effectivité des articles 96 et 98 de la
Constitution ? Que reste t-il alors des pouvoirs financiers du Parlement ? Est-ce
désormais une notion devenue juste une fiction surannée?
Dans un environnement étatique marqué par les phénomènes de la
modernisation des finances publiques, inspirée par la doctrine du « new public
management »37 et du « parlementarisme rationalisé »38 qui affectent les pouvoirs
35 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général’ », in L. PHILIP (dir.), L’exercice du pouvoir financier du Parlement. Théorie, pratique et évolution, op. Cit.,
p. 136. 36 Cf. note 6.
37 J. MEKHANTAR, Finances Publiques de l’Etat, LA LOLF et le Nouveau droit Budgétaire de la France , Paris, éd Hachette
Supérieur, 2007, p. 5. Notion transdisciplinaire par essence, le New Public Management est un paradigme générique sous
lequel, les néo-zélandais et les britanniques rassemblent les aspects administratifs, financiers, organisationnels de la gestion
10
financiers des Parlements au point où Parlement et Gouvernement ne sont plus les
seuls à déterminer le contenu des finances publiques. Ils doivent désormais
prendre en compte une série de contraintes issues de normes externes ;
conséquence de leur participation à des organisations internationales dotées pour
certaines, d’un pouvoir contraignant en matière budgétaire et financière39 comme,
les directives communautaires40 de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) sur la transparence budgétaire et les directives encadrant les
processus budgétaires dans le cadre de la mise en œuvre du pacte de convergence,
de croissance et de stabilité dans la zone et les directives de l’UEMOA portant loi
organique de finances.
Le parlementarisme rationalisé semble « domestiquer » le Parlement en le
transformant en une chambre d’enregistrement des décisions financières du
Gouvernement. Mais, comme « c’est à l’aune de manœuvre constitutionnelle du
Parlement que se mesure sa capacité d’amender le texte initial du projet de loi de
Finances »41, ce travail nous permettra d’analyser les pouvoirs financiers de
l’Assemblée nationale du Bénin, de leur effectivité et de leur efficacité ; si besoin il
y a, les redéfinir afin de permettre au député et au Parlement, de mieux jouer
leurs rôles de « veille » dans le processus budgétaire.
Aussi fictifs qu’ils peuvent paraître, même si ces pouvoirs ne peuvent pas
s’exercer normalement et complètement, ils sont loin d’être devenus de simples
publique. Voir, N. MEDE, « Réflexion sur le cadre harmonise des finances publiques dans l’espace UEMOA » in Afrilex,
Juin 2012, p. 6
38 Cf. O. DUHAMEL et Y. MENY, Dictionnaire constitutionnel, expression, forgée par le doyen Boris MIRKINE-
GUETZEVITCH et qui désigne une modalité contemporaine apparue, en 1919, avec la Constitution allemande de Weimar
qui possédait, à cet égard, tout le confort moderne (J.-J. CHEVALLIER). De ce fait, le régime parlementaire s’y trouve
codifié, ses règles systématisées et des dispositions interprétées, en tant que de besoin<
39 M. BOUVIER, « Mutations des finances publiques et crise du pouvoir politique ? », ibid., p. 255. Ces contraintes résultent
aussi de la dépendance de l’Etat et des autres personnes publiques par rapport aux marchés financiers évoquée par R.
HERTZOG, « La mutation des finances publiques : manifeste pour une discipline rajeunie ! », in RFFP, n° 79, 2002, p. 270.
40 Code sur la transparence et des directives encadrant les processus budgétaires dans le cadre de la mise en œuvre du pacte
de convergence, de croissance et de stabilité dans la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine).
41 R. CHINAUD, « Quelle marge de manœuvre pour le Parlement ? », in Pouvoirs, n°64, 1993, p. 103.
11
formalités. « La soumission du budget au vote du Parlement reste ainsi une formule
privilégiée et irremplaçable de rapport et de dialogue entre les pouvoirs publics »42.
Pour répondre aux questions ci-dessus soulevées, ce travail essayera dans
sa première partie d’analyser la consécration des pouvoirs financiers du Parlement
dans le contexte juridique béninois (Partie I). Dans une deuxième partie, il paraît
idoine d’attirer l’attention sur l’abaissement du Parlement dans le droit et dans les
faits de ses pouvoirs financiers constitutionnellement reconnus (Partie II).
42 P. AMSELEK, « Le budget de l’Etat et le Parlement sous la Ve République », in RDP, n° 5/6, 1998, p. 1453.
12
PREMIERE PARTIE : LA CONSECRATION DU ROLE DU
PARLEMENT EN MATIERE FINANCIERE.
Si par hommage à un effet de mode, nombre de pays africains sont
redevenus d’inspiration libérale, depuis le 11 décembre 1990, l’Etat béninois
dispose d’une Constitution à l’instar des démocraties occidentales. Le régime
politique établi est le régime présidentiel, même si dans sa pratique il est
beaucoup plus assimilable au « présidentialisme »43, « caractéristique de la plupart
des Etats d’Amérique latine et d’Afrique noire »44. Longtemps ignoré et asservi,
relégué dans une position d’infériorité, le pouvoir législatif serait-il appelé à
assumer dans le cadre des nouvelles règles constitutionnelles élaborées au début
des années 1990 son rôle au point de devenir un véritable centre du pouvoir
politique en Afrique et plus particulièrement au Bénin?
Le souci majeur des pouvoirs constituants n’est plus essentiellement de
protéger le principe de consentement populaire à l’impôt, lequel devrait être
considéré comme un acquis démocratique. Ils leur semblent au contraire tout à fait
justifié de rompre avec le traumatisme des régimes précédents en encadrant les
pouvoirs des Parlements de manière à garantir l’efficacité budgétaire45. Les deux
43 Le présidentialisme demeure un régime autoritaire du fait que l’institution s’efface devant l’homme. Fondamentalement,
l’autoritarisme est le règne du chef. Sa forme la plus parfaite apparaît dans le cadre du pouvoir individualisé où,
précisément, tout l’ordre politique repose sur la volonté personnelle de l’individu qui gouverne. En ce sens, on peut dire
qu’il est dans l’esprit du régime autoritaire de tendre vers l’individualisation du pouvoir. Cependant, le pouvoir
institutionnalisé n’exclut pas nécessairement l’autoritarisme ; il existe des pouvoirs étatiques dont, l’exercice a été
historiquement, ou est encore, assuré selon la formule autoritaire. On distinguera trois catégories de régime autoritaire :
césarisme empirique (les gouvernements d’Amérique latine, le péronisme), le césarisme en Europe entre les deux guerres
(césarisme en Pologne selon la Constitution du 23 avril 1935, le césarisme monarchique institué par la Constitution
yougoslave du 6 janvier 1929), le césarisme dans le cadre formel du parlementarisme avec le régime politique de la Turquie
; dictature idéologique (Salazar et Franco) ; régime du pouvoir individualisé (HITLER et les régimes politiques africains
d’avant 1990, in Georges BURDEAU, Traité de Science politique, Tome V, Les régimes politiques, LGDJ, 1952, pp. 365-440.
44 C. LECLERCQ, Droit Constitutionnel et institutions politiques, éd, Litec, 9ème, 1995, p. 226.
45 Sous les Troisième et Quatrième Républiques, l’accroissement des pouvoirs de la Chambre des députés s’est traduit par
exemple, par un accroissement des prérogatives de la commission des finances, détentrice de moyens politiques et surtout
juridiques étendus pour limiter l’initiative budgétaire gouvernementale. Cette commission avait le droit et le pouvoir de
modifier substantiellement le projet de budget élaboré par le gouvernement. Léon SAY dénonçait à ce propos « une
commission agissant à la place de l’administration et préparant le budget elle-même au lieu de se contenter de le recevoir
tout préparé pour le contrôler ». Sur le sujet, voir la thèse de A. MAUCOUR-ISABELLE, La rénovation des pouvoirs
budgétaires du Parlement sous la Cinquième République, Dalloz, 2005, p. 7 et s.
13
premiers chapitres de la première partie de ce travail nous renseignent
respectivement sur la consécration avérée (Chapitre I) et l’atténuation des
pouvoirs financiers du Parlement béninois (Chapitre II) à travers son halo
normatif.
14
CHAPITRE I : UNE CONSECRATION AVEREE
Le cadre juridique béninois contient les textes qui encadrent généralement
la gestion des finances publiques, à savoir: la Constitution et ses dispositions
relatives aux finances publiques, la loi n° 86-021 du 26 septembre 1986 portant loi
organique relative aux lois de Finances, les directives et règlements
communautaires relatives aux finances publiques, les codes concernant
notamment les impôts, les douanes et les marchés publics et enfin les actes
réglementaires (décrets, arrêtés, circulaires et instructions). Ce corpus de textes
couvre le système de gestion des finances des organismes publics: l’Etat, les
Collectivités locales et les établissements publics nationaux ou locaux46. Même si la
recherche de leur effectivité peut conduire parfois à l’évanescence, les pouvoirs
financiers du Parlement sont de véritables affirmations dans le droit positif du
Bénin (section I), malgré, la rationalisation des mécanismes (section II) de mise en
œuvre dont ils sont sujets.
SECTION I : L’AFFIRMATION NORMATIVE DU ROLE DU PARLEMENT EN
MATIERE FINANCIERE
Le droit financier béninois comme celui de l’ensemble des pays de
l’UEMOA se trouve définit par la matrice composée des normes internes et des
normes conventionnelles et communautaires. La présente section nous renseigne
sur les fondements constitutionnels et conventionnels (paragraphe 1) des pouvoirs
financiers du Parlement de même que les dispositions législatives et
règlementaires (paragraphe 2) qui les soutiennent.
46 A. ACHOUR, S. BRIGNONEN et M. ZOUNON, Evaluation des finances publiques selon la méthodologie PEFA en
République du Bénin, Programme FED de l’Union Européenne pour le Bénin, Rapport final, 2007, p. 27.
15
Paragraphe 1 : Les pouvoirs financiers du Parlement dans la
Constitution et les conventions internationales
Les Etats africains d’expression française comme le Bénin ont tous hérité
après les indépendances, du système financier et budgétaire mis en place en
France par la Constitution de 1958 et l’ordonnance organique du 2 janvier 1959
relative aux lois de Finances47. Du fait de l’importance des finances publiques, aux
dispositifs constitutionnels (A) s’ajoutent les sources conventionnelles (B) qui
s’invitent dans les dispositifs normatifs de l’Etat béninois en matière budgétaire.
A- Des normes Constitutionnelles
Selon Jean-Michel BLANQUER, il faut distinguer dans l'ordre
constitutionnel, les normes constitutionnelles proprement dites, des normes "
déduites ". Cette distinction s'applique particulièrement en droit budgétaire
puisque, au bloc de constitutionnalité tel qu'il est défini par le Conseil
constitutionnel français s'est intégrée comme norme de référence la loi organique
relative aux lois de Finances48. Le Professeur Thierry DEBARD entend, par bloc de
constitutionnalité une expression doctrinale désignant l’ensemble des normes qui
fondent le contrôle de constitutionnalité opéré par le Conseil constitutionnel. Ce
« bloc » inclut naturellement le dispositif constitutionnel, mais englobe également
le préambule de la Constitution,<.. Dès sa décision des 17, 18 et 24 juin 1959
(«règlement de l’Assemblée nationale ») <. , il n’établit pas de hiérarchie entre les
47
Voir, S.T. BATOUN-BA-NGOUE, dans « Démocratisation et processus budgétaire dans les Etats de la communauté
économique et monétaire de l’Afrique centrale : le cas du Cameroun », il n’est nul besoin d’intenter une action en recherche de
paternité pour connaître l’origine française des lois organiques relative aux lois de Finances en Afrique , in Afrilex n°4, Les finances
publiques africaines, Bordeaux, 2005, p. 11. 48 J.-M. BLANQUER, « Bloc de Constitutionnalité ou ordre Constitutionnel », in Mélanges J. Robert, Paris, Montchrestien,
1998, p. 227.
16
divers éléments du bloc de constitutionnalité49. Au Bénin, le règlement intérieur de
l’Assemblée nationale fait partie du bloc de constitutionnalité.
Les normes constitutionnelles proprement dites
Aux termes de la loi n° 90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la
République du Bénin, il est établi la séparation des pouvoirs législatif, Exécutif et
judiciaire. Elle définit les matières relevant du domaine de la loi (articles 9650, 9851
au sujet, entre autres, de la fiscalité, de la monnaie, de la création des
établissements publics). Elle inclut les lois de règlement budgétaire comme le
dispose l’article 99 : «Les lois de Finances déterminent les recettes et les dépenses de
l’Etat. Les lois de règlement contrôlent l’exécution des lois de Finances, sous réserve de
l’apurement ultérieur des Comptes de la Nation par la Chambre des Comptes de la Cour
suprême. Les lois de programme fixent les objectifs de l’action économique et sociale de
l’Etat ». Elle consacre et fixe les principes généraux relatifs au pouvoir
d’amendement des députés aux articles 10352 et 10753. L’article 105
dispose : «L’initiative des lois appartient concurremment au Président de la République
et aux membres de l’Assemblée nationale. Les projets de loi sont délibérés en Conseil des
ministres, après avis motivé de la Cour suprême saisie conformément à l’article 132 de la
présente Constitution, et déposés sur le Bureau de l’Assemblée nationale. Les projets et
propositions de loi sont envoyés avant délibération en séance plénière, à la commission
compétente de l’Assemblée nationale pour examen. Le projet du budget de l’Assemblée
nationale peut être examiné en commission ou en séance plénière sans avoir été au
préalable soumis au Bureau de ladite Assemblée ».
49 T. DEBARD, Dictionnaire de droit Constitutionnel, 2ème édition, Ellipses, 2007, pp. 40-41.
50 « L’Assemblée nationale vote la loi et consent l'impôt ».
51 « Sont du domaine de la loi les règles concernant : ... l'assiette, le taux et les modalités du recouvrement des impositions de toute
nature< ».
52 « Les députés ont le droit d’amendement ».
53« Les propositions et amendements déposés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit
une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins qu’ils ne soient accompagnés
d’une proposition d’augmentation de recettes ou d’économies équivalentes ».
17
Elle détermine le contenu, le délai de dépôt et la procédure de vote du
projet de loi de Finances initiale en son article 109 : « l’Assemblée nationale vote le
projet de loi de Finances dans les conditions déterminées par la loi. L’Assemblée nationale
est saisie du projet de loi de Finances au plus tard une semaine avant l’ouverture de la
session d’octobre. Le projet de loi de Finances doit prévoir les recettes nécessaires à la
couverture intégrale des dépenses ». Elle détermine les circonstances particulières
d’établissement du budget par voie d’ordonnance ou d’autorisation de douzièmes
provisoires en ses articles 11054 et 11155. Elle fixe les règles concernant les moyens
Parlementaires de contrôler le Gouvernement et de règlementer les comptes de la
Nation avec l’assistance de la Chambre des Comptes de la Cour suprême aux
articles 11256, 11357 et 13158.
La loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de
Finances.
Elle est composée de 62 articles, répartis en cinq titres et en trois chapitres.
Elle détermine en son chapitre premier les ressources de l’Etat. Elle définit en ses
articles 1 et 2 la loi de Finances et les trois catégories de lois de Finances. Elle
énumère les ressources de l’Etat, affirme le principe de l’autorisation de la
54 « L’Assemblée nationale vote le budget en équilibre. Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée à la date du 31 décembre, les
dispositions du projet de loi de finances peuvent être mises en vigueur par ordonnance. Le Gouvernement saisit, pour ratifica tion,
l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai, de quinze jours. Si l’Assemblée nationale n’a pas voté le budget
à la fin de cette session extraordinaire, le budget est établi définitivement par ordonnance ».
55 « Si le projet de loi de finances n'a pu être déposé en temps utile pour être promulgué avant le début de l'exercice, le Président de la
République demande d'urgence à l'Assemblée nationale l'autorisation d'exécuter les recettes et les dépenses par douzièmes
provisoires. ».
56 «L’Assemblée nationale règle les comptes de la Nation selon les modalités prévues par la loi organique de finances. Elle est, à cet effet,
assistée de la Chambre des Comptes de la Cour suprême, qu’elle charge de toutes enquêtes et études se rapportant à l’exécution des
recettes et des dépenses publiques, ou à la gestion de la trésorerie nationale, des collectivités territoriales, des administrations ou
institutions relevant de l’Etat ou à son contrôle ».
57 « Le Gouvernement est tenu de fournir à l’Assemblée nationale toutes explications qui lui seront demandées sur sa gestion et sur ses
activités. Les moyens d’informations et de contrôle de l’Assemblée nationale sur l’action du gouvernement sont : l’interpellation
conformément à l’article 71 ; la question écrite ; la question orale avec ou sans débat, non suivie de vote ; la commission parlementaire
d’enquête. Ces moyens s’exercent dans les conditions déterminées par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ».
58 « La Cour suprême est la plus haute juridiction de l'Etat en matière administrative, judiciaire et des comptes de l’Etat. Elle est
également compétente en ce qui concerne le contentieux des élections locales. Les décisions de la Cour suprême ne sont susceptibles
d'aucun recours. Elles s'imposent au pouvoir Exécutif, au pouvoir Législatif, ainsi qu'à toutes les juridictions ».
18
perception des impôts par le consentement du peuple à travers ses représentants,
confirme le principe de l’annualité budgétaire, le principe de l’unité, le principe de
l’universalité, la règle de non affectation et la règle du produit brut et, le principe
de la spécialité. Elle détermine aussi la nomenclature du budget. Elle édicte les
règles applicables à la détermination des ressources et des charges de l’Etat, à la
présentation et au vote des projets de loi de Finances et pose les règles devant
régir leur gestion59. Elle statue sur l’élaboration et le vote des lois de Finances. Elle
limite les actions du Parlement dans un délai de soixante jours. A ces normes,
s’ajoutent la jurisprudence constitutionnelle sur les lois de Finances ainsi que la
jurisprudence de la Chambre des Comptes de la Cour suprême sans oublier le
règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Il est important d’observer que ces dispositions de la Constitution, de la loi
organique relative à la loi de Finances et « le règlement intérieur de l’Assemblée
nationale »60 de même que la jurisprudence constitutionnelle et financière fondent
la majeure partie des règles du droit budgétaire béninois auquel s’ajoutent
certaines normes conventionnelles.
B- Des normes conventionnelles.
L’internalisation des normes communautaires et internationales vient
s’ajouter au droit interne par sa transposition. Ainsi, au nombre des normes
juridiques encadrant les pouvoirs financiers du Parlement béninois au plan
interne, il y a certaines normes contraignantes comme celles issues des directives
59 Voir les articles 3 à 51 et 52 à 60 de loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances à l’annexe
n° 2.
60 La formule employée par les décisions de la Cour constitutionnelle est le plus souvent celle-ci : « les dispositions des
règlements qui ne sont pas l’application nécessaire d’une disposition constitutionnelle n’ont pas valeur constitutionnelle »
on peut citer comme exemple les décisions DCC 98-068 du 19/08/1998, DCC 00-058 du 10/10/00, DC 00-078 du 07/12/2000 in
Cour constitutionnelle du Bénin, Recueil des décisions et avis 1998, p. 333 et 2000, p. 287.
19
et règlements communautaires de l’UEMOA, de la Communauté Economique Des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), visant à harmoniser
la législation fiscale dans l’espace sous régional et régional. On peut aussi évoquer
les accords des institutions de Bretton Woods et la Déclaration de Paris en 2005
qui définissent les conditionnalités de l’aide publique au développement.
Les normes communautaires, dans le souci d’harmoniser au sein de leur
espace régional les normes juridiques afin de pouvoir mieux faire face aux enjeux
de l’internationalisation des marchés financiers, bon nombre de pays connaissaient
le développement du droit communautaire dans leur espace. C’est ainsi que les
Etats de l’Afrique de l’Ouest réunis au sein de l’UEMOA font de considérables
efforts pour améliorer et harmoniser leur législation fiscale et leur système de
gestion des finances publiques depuis les années 1994. C’est à ce titre que les
directives de l’UEMOA viennent s’intégrer au droit financier béninois.
Nous pouvons citer comme exemples: la directive n° 05/97/CM/UEMOA
du 16 décembre 1997 relative aux lois de Finances ; la directive n°
06/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant lois de Finances au sein de
l’UEMOA ; l’article 67 du Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine relatif à l’Harmonisation des législations et procédures budgétaires, des
lois de Finances et des comptabilités publiques ; la Déclaration de la conférence
des chefs d’Etat et de Gouvernement du 28 janvier 1999 sur le renforcement de la
convergence et l’accélération de la croissance économique dans les Etats membres
de l’UEMOA ; la directive n° 02/99/CM/UEMOA du 21 décembre 1999 portant
amendement de la directive n° 05/97/CM/UEMOA relative aux lois de Finances ; la
directive n° 06/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 portant Règlement Général
sur la Comptabilité Publique et la directive n° 05/99/CM/UEMOA du 21 décembre
1999 qui la modifie ; la directive n° 04/98/CM/UEMOA du 13 décembre 1998
portant nomenclature budgétaire de l’Etat ; la directive n° 05/98/CM/UEMOA du
20
22 décembre 1998 portant plan comptable de l’Etat (PCE UEMOA) ; la directive n°
06/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 portant Tableau des Opérations
Financières de l’Etat (TOFE UEMOA) ; la directive n° 02-2000/CM/UEMOA du 29
juin 2000 portant code de transparence dans la gestion des finances publiques au
sein de l’UEMOA.
La mondialisation et la définition de standard budgétaire par le Fonds
Monétaire International (FMI) dans le cadre de la surveillance multilatérale des
finances publiques justifient davantage l’importance d’acteurs externes à l’Etat
dont les exigences réduisent les pouvoirs financiers de l’Etat et plus
particulièrement des Parlements. On estimait que l’une des raisons de la seconde
guerre mondiale avait été le désordre monétaire international. C’est pourquoi, le
FMI a été créé pour surveiller les évolutions du système monétaire et prévenir les
éventuels problèmes qui pourraient se poser. On qualifie cette fonction du FMI de
surveillance multilatérale internationale.
Sa fonction initialement monétaire s’est étendue récemment à la surveillance
des procédures budgétaires des Etats. Cette nouvelle compétence s’inscrit dans ce
que l’on qualifie de la nouvelle gouvernance financière. Elle consiste à inciter les
Etats à mettre en place des dispositifs destinés à mieux gérer les finances
publiques, à être plus responsables en matière budgétaire et cela sur la base d’une
plus grande transparence des finances publiques. Le FMI se donne alors pour
projet de faire en sorte que les Etats réorganisent leur dispositif de gestion et va
jusqu’à leur proposer ce qu’il appelle un code de transparence budgétaire qui
regroupe un certain nombre de standard de bonne gestion budgétaire. Il a été
publié en 1998 et a été révisé en 2007. Il présente ce que l’on appelle « les
meilleures pratiques » qui sont utilisées en matière budgétaire dans différents
Etats. Sans ’’s’imposer aux Etats’’, le FMI leur propose de s’engager sur ce qu’il
appelle la charte de bonne conduite et ainsi, de transcrire dans leur législation les
préconisations qu’il développe dans son code qui, conditionne l’aide au
21
développement. La définition de la transparence61 des finances publiques constitue
la base du code du FMI. C’est un principe de garantie d’intégrité : ce principe
concerne la qualité des informations budgétaires, elles doivent être sincères. Ce
qui fait appel au principe de la sincérité budgétaire qui vient compléter les autres
principes. Les mécanismes de leur mise en application des pouvoirs financiers du
Parlement doublement consacré dans la Constitution et les conventions
internationales se trouvent contenus dans la loi et les règlements.
Paragraphe 2 : Les pouvoirs financiers du Parlement dans la loi et les
règlements
En l’absence des lois et des règlements, les pouvoirs financiers du
Parlement inscrits dans la Constitution et les conventions internationales ne
seraient que lettres mortes. Les dispositifs législatifs (A) et règlementaires (B)
constituent les véritables outils de leur mise en application.
A- Des dispositions législatives.
Il s’agit des lois telles que prévues par les articles 96 et 98 de la Constitution
et des ordonnances portant codes respectivement des impôts (loi n° 64-35 du 31
décembre 1964 et ordonnance n° 2/PR/MFAE de mars 1966), des douanes
(ordonnance n° 54/PR/MFAE du 21 novembre 1966) et des marchés publics (loi n°
2009-02 du 17 août 2009 portant code des Marchés Publiques en République du
61
Elle est définie : « la transparence, c’est l’information sans réserve du citoyen sur la structure et les fonctions des
administrations publiques, également sur les objectifs de la politique des finances publiques et sur les comptes du secteur
public. Cette transparence permet que le débat public ait lieu sur la base d’information fiable ». Il y a 4 grands principes de
base dans ce code : Une définition claire des fonctions et des responsabilités : cela signifie que doit exister une différence très
nette entre le secteur public et le secteur privé. Au sein du secteur public, la répartition des fonctions d’une part de décision
et d’autre part de gestion doit être clairement définie. Les procédures budgétaires doivent être parfaitement transparentes.
Les informations doivent être présentées de façon à faciliter l’analyse et les documents budgétaires doivent préciser les
objectifs de la politique budgétaire. Le public, le citoyen doivent avoir accès à l’information. Autrement dit, les informations
doivent être publiées.
22
Bénin), la loi n° 2008-07 du 28 février 2011 portant code de procédure civile,
commerciale, administrative, sociale et des comptes, l’ordonnance n° 69-5/PR/MF
du 13 février 1969 portant statut des comptables publics.
En ce qui concerne les établissements publics, ils sont régis par la loi n° 88-005
du 26 avril 1988 relative aux entreprises publiques et semi-publiques et la loi n°
94-009 du 28 juillet 1994 relative aux offices à caractère social, culturel et
scientifique qui sont gérés comme des établissements publics administratifs.
Bien que les dispositions des lois de finances de l’année n’aient pas la
même importance que les dispositions des autres lois ordinaires, elles font partie
des dispositions législatives fondant les pouvoirs financiers du Parlement. Ces
textes législatifs jouent un rôle très important dans le processus budgétaire au
Bénin. La loi de Finances de l’année vient souvent compléter le code général des
impôts qui est le document de référence dans lequel se trouvent définis les
différents impôts et taxes en vigueur. On peut relever, par exemple, que la loi de
Finances exercice 2010 a modifié et même abrogé certains articles du Code
Général des Impôts62 (CGI). L’aspect dynamique des finances publiques laisse une
marge de manœuvre par voie règlementaire au Gouvernement dans le droit
financier béninois.
B- Des dispositions règlementaires.
62
Modification des dispositions des articles 1016, 1029, et 1084-14 nouveau du CGI relatif au paiement de la Taxe
Professionnelle Unique (TPU), modifications des dispositions des articles 996 et 1038 du CGI en vue d’étendre la sanction
prévue à l’encontre des contribuables qui ne respectent pas leurs obligations de paiement des droits dus dans les délais
légaux aux redevables de la patente et de la contribution foncière des propriétés bâties et non bâties. Abrogation des
dispositions du CGI (articles 962-1 à 962-11) instituant la taxe de développement local (TDL) en tant qu’ impôt direct local
en vue de lui substituer une nouvelle TDL (articles 1084 quinter 1 à 1084 quinter 10) conçue comme un impôt indirect local
et modification des dispositions de l’article 10 de la loi portant régime financier des Communes en République du Bénin.
23
Les règles régissant la comptabilité publique sont fixées par voie
réglementaire: décrets, arrêtés et par suppléance des circulaires ou instructions
comportant des dispositions d’ordre réglementaire.
Les décrets portent sur la nomenclature budgétaire de l’Etat (décret n° 1999-
58 du 22 septembre 1999), le décret n° 2000-601 du 29 novembre 2000 portant sur
la réforme des procédures d’exécution du budget (décret n°2000-601 du 29
novembre 2000), sur le règlement général de la comptabilité publique (décret n°
2001-039 du 15 février 2001), sur les attributions, organisation et fonctionnement
de la Commission nationale de régulation des marchés publics (décret n° 2004-562
du 1er octobre 2004), de la direction nationale des marchés publics (décret n° 2004-
563 du 1er octobre 2004), des cellules de passation des marchés publics (décret n°
2004-564 du 1er octobre 2004) et sur les seuils de passation des marchés publics
ainsi que sur la limite de compétence des organes chargés de la passation des
marchés publics (décret n° 2004-565 du 1er octobre 2004).
Deux arrêtés portant l’un, sur la mise en vigueur du manuel de procédures
d’exécution des dépenses publiques et de la nomenclature des pièces justificatives
des dépenses de l’Etat (arrêté n° 1264/MF/DC/CTF du 30 décembre 1997) l’autre,
sur l’adoption du plan comptable de l’Etat (arrêté n° 2000/1430 du 29 décembre
2000).
Les circulaires et instructions qui sont les divers documents concernant la
préparation, l’exécution et le contrôle des lois de Finances et du budget général de
l’Etat comportant des dispositions de portée réglementaire.
Il en est ainsi de la circulaire de notification des crédits qui rappelle chaque
année les principales dispositions régissant l’exécution et la clôture des opérations
du budget général de l’Etat. C’est par le pouvoir règlementaire que l’Exécutif
assure une maîtrise du processus budgétaire. Par voie de règlement, il arrive à
opérer les modifications nécessaires et en temps utile, pour adapter la loi de
Finances de l’année aux influents du marché économique et des éventuelles
24
conjonctures. Le souci d’empêcher le blocage du fonctionnement de l’Etat a fini
par aboutir à la rationalisation des procédures budgétaires.
Section II : LA RATIONALISATION DES PROCEDURES BUDGETAIRES
L’encadrement juridique de l’exercice des pouvoirs financiers des
Parlements traduit la volonté des constituants originaires dans le nouveau
constitutionalisme africain de rationnaliser les fonctions légales de l’Assemblée
nationale. Ainsi, le chapitre II du titre IV de la Constitution béninoise par ses
dispositions vient encadrer la procédure budgétaire à travers les rapports qu’il
définit entre l’Assemblée nationale et le Gouvernement. Ne pouvant parler du
droit budgétaire sans évoquer ses principes sacro-saint, ce travail aborde
successivement les grands principes budgétaires (paragraphe 1) et la marge de
manœuvre laissée au député par le biais du droit d’amendement (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Du respect des grands principes budgétaires
Qualifiés de jus cogens budgétaire, c'est-à-dire, les normes impératives du
droit budgétaire général, acceptées et reconnues par la communauté des Etats
dans son ensemble63, « les principes budgétaires sont des principes juridiques de droit
public qui gouvernent la vie d’un budget pris au sens juridique du terme. Ils concernent
aussi bien l’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics
administratifs»64. Comme c’est « l’exception qui confirme la règle », les grands
principes budgétaires (A) admettent tous des limites pratiques(B).
A- Les grands principes budgétaires
63 Pour paraphraser l’article 53 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.
64 P. LOÏC, Dictionnaire encyclopédique de finances publiques, Economica, Paris, 1991.
25
Les principes d’annualité, d’universalité, d’unité et de spécialité, ont une
triple justification : définir les règles de présentation du budget de l’Etat, assurer
que les comptes soient établis avec rigueur et objectivité, rendre opérationnel le
contrôle du Parlement sur l’activité de l’Exécutif en garantissant la non-
dissimulation des opérations budgétaires. Mais, remis en cause par l’évolution des
structures économiques et surtout par les modalités de l’interventionnisme
étatique qui leur ont fait subir d’importants infléchissements, les principes
budgétaires sont loin d’être archaïques même s’ils connaissent des dérogations
importantes, destinées à prendre en compte les nécessités pratiques de la gestion
budgétaire axée sur les résultats en donnant à l’Administration une plus grande
souplesse de gestion. Le droit budgétaire béninois n’a pas su, ni voulu s’en
débarrasser et ils restent aujourd’hui encore inséparables des finances publiques
de l’Etat.
Le principe de l’annualité budgétaire
Il suppose que le budget est établi chaque année pour un an. Pour la majorité des
Etats d’Afrique de l’ouest dont le Bénin, la période d’exercice est l’année civile qui
court du 1er janvier au 31 décembre. L’article 4 de la directive n°
05/97/CM/UEMOA relative aux lois de Finances dispose : « la loi de Finances prévoit
et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat ».
Tout en restant obligatoire, le principe de l’annualité qui détermine la durée des
autorisations préalables à la perception des impôts et à l’engagement des dépenses
s’avère incompatible avec les exigences du bon fonctionnement de l’Etat et en
particulier, la programmation de ses activités, mais également avec le rôle des
finances publiques dans une économie moderne comme l’a souligné Paul
AMSELEK65. Pour permettre la continuité de la gestion des services, tout budget
élaboré annuellement s’exécute au- delà du cadre de l’année en raison de la
longueur du processus financier entre une décision et son exécution. Il est
65 P. AMSELEK, « Le budget de l’Etat et le Parlement sous la Ve République », ibid., p. 657.
26
pratiquement impossible d’imposer une date couperet au 31 décembre de chaque
année pour la clôture des comptes66 selon qu’il s’agisse de la règle dite de la
gestion67 ou celle dite de l’exercice68.
Le principe de l’unité budgétaire
Règle de forme et de présentation doublée d’impératifs à la fois technique et
politique, le principe de l’unité budgétaire implique la fusion dans un document
unique des prévisions des recettes et des dépenses. Ainsi, l’ensemble des recettes
et des dépenses figurent dans un document unique. Il interdit les dépenses et les
recettes hors budget ou la multiplication des budgets, et donc leur morcellement et
leur démembrement à des comptes séparés. Ce principe implique aussi, que tous
les programmes gouvernementaux soient soumis aux procédures budgétaires, que
toutes les dépenses et les recettes résultant des activités de l’Etat puissent figurer
au budget général. Selon Gaston JEZE69, cette présentation revêt l’intérêt pratique,
d’une part, d’obtenir le total des dépenses et des recettes en effectuant deux
additions, d’autre part, savoir si le budget est en équilibre, en excédant ou en
déficit, par une soustraction. Lors du vote du budget par le Parlement, ce principe
lui permet d’avoir une vision globale et complète des prévisions budgétaires. Les
aménagements au principe d’unité sont les budgets annexes et les Comptes
Spéciaux du Trésor70 (CST).
66 J. MEKHANTAR, Finances publiques de l’Etat. LA LOLF ET LE NOUVEAU DROIT BUDGETAIRE DE LA FRANCE, op. cit., p
16.
67 Selon ce système, on ne rattache au budget annuel que les opérations effectivement payées ou encaissées avant le 31
décembre de l’année considérée. Ce système est celui en vigueur dans l’UEMOA ; mais il est un peu hybride. Lire
L’ESSENTIEL SUR LE BUDGET GENERAL DE L’ETAT, Manuel à l’usage des députés, Cellule d’Analyse des Politiques de
développement de l’Assemblée nationale (CAPAN), page 20.
68 Avec le système de l’exercice, les opérations exécutées sont rattachées à l’exercice budgétaire pour lequel elles ont été
autorisées. Ces opérations peuvent être engagées jusqu’au 31 décembre et même au-delà.
69 G. JEZE, Traité de science des finances, V. Giard & E. Brière, 1910, p. 231.
70 Les budgets autonomes des collectivités locales et des entreprises quant à eux, de véritables dérogations au principe de
l’unité budgétaire. Ils sont les résultats des démembrements de l’Etat et qui se traduisent par une débudgétisation du
maximum des dépenses publiques. Cette débudgétisation n’est pas le seul apanage des Etats africains, mais selon les mots
de P. LALUMIERE, « Une tentation permanente à laquelle succombent tous les gouvernements » V. M. EL KACEM, Loi de
Finances au Maroc, Thèse de droit public, 1998, p. 220.
27
Le principe de l’universalité budgétaire
Comme le soulignent MM LLAU et GAUCHER, « Le principe d’universalité (ou
d’analyse), inspiré par la volonté de présenter une analyse exhaustive du budget, implique
que toutes les recettes et toutes les dépenses soient rassemblées au sein des documents
budgétaires dans leur intégralité, c’est-à-dire sans compensation comptable ». Ce principe
est exprimé dans l’article 18 de l’ordonnance du 2 janvier1959 : « Il est fait recette du
montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses.
L'ensemble des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses, toutes les recettes
et toutes les dépenses sont imputées à un compte unique, intitulé budget général »71.
Présentant devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, le
10 octobre 2000, le projet de loi de Finances pour 2001, le ministre béninois de
l’Economie et des Finances déclarait : « < nous nous sommes efforcés de faire des
budgets de vérité. L’universalité budgétaire avait été quelque peu mise à mal au cours des
années passées, en conséquence de quoi le budget reflétait de moins en moins la réalité des
recettes et des dépenses de l’Etat. C’est pourquoi, le Gouvernement a réintégré dans le
budget, qui retrouve ainsi clarté et transparence, un montant de recettes et de dépenses qui
en avait abusivement été soustrait de manière à minorer artificiellement les masses
budgétaires »72. Dans le prolongement de cette présentation du ministre et dans les
documents accompagnant le projet de loi de Finances, un paragraphe intitulé « des
mesures dans le sens d’un plus grand respect du principe de l’universalité budgétaire »,
s’ouvre ainsi qu’il suit : « toutes les recettes et toutes les dépenses doivent figurer au
budget de l’Etat »73. « Pour être complémentaires dans leurs finalités, les notions d’unité et
d’universalité n’en sont pas moins distinctes dans leur contenu »74. L’universalité et
71 Note de cours de finances publiques de R. FERRETTI, Université de Metz, année académique 2003-2004.
72 La Nation, hebdomadaire béninois d’information, 11 octobre 2000, p. 5.
73 Projet de loi de Finances, 2001.
74 J. MOLINIER, « L’universalité budgétaire », Les cahiers de la comptabilité publique, 2001, p. 50.
28
l’unité budgétaire sont parfois très difficiles à distinguer75. De ce principe
découlent deux règles importantes du droit budgétaire : la règle du produit brut et
la règle de la non affectation des recettes.
Le principe de spécialité budgétaire
La spécialisation des crédits permet de respecter l’autorisation détaillée donnée
par les Parlementaires. Elle facilite son contrôle. Supposons la situation inverse :
un Parlement qui donnerait une autorisation globale de dépenses sans aucune
précision sur la destination des dépenses ; les parlementaires n’auraient aucun
moyen de contrôle. Cela explique que très tôt le principe de la spécialisation des
crédits, notamment par chapitre a été consacré pour permettre un contrôle détaillé
de l’utilisation des crédits76. La règle de la spécialité est inscrite à l’article 7 de
l’ordonnance de 1959 relative à la loi de Finances. Le même principe a été retenu
par l’article 9 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA relative aux lois de Finances et
l’article 52 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 en précisant que
les crédits ouverts par les lois de Finances sont spécialisés par chapitre sous
réserve des dispositions de l’article 12 de la directive communautaire. Chaque
chapitre ne contient que des dépenses homogènes se rapportant à un objet
déterminé. La structure des chapitres est fixée par l’autorité budgétaire en fonction
de ses préoccupations. Ce principe restreint donc la portée de l’autorisation
budgétaire à chaque poste du budget et interdit qu’un crédit prévu pour une
75 Le risque de confusion est excusable puisque toutes les deux exigent que toutes les dépenses et toutes les recettes de l’Etat
figurent dans le même budget. Ils ont pour conséquence d’interdire la multiplicité des budgets et d’éviter que certaines
dépenses ou recettes de l’Etat ne soient faites hors budget et par là même soustraites à l’autorisation parlementaire. Le
principe de l’universalité est plus subtile, car elle vise le contenu même de l’autorisation parlementaire et implique que
chaque opération y soit prise en compte en tenant compte de sa fongible avec l’ensemble des autres. L’alinéa 1 de l’article
19 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA, relative aux lois de Finances dans les Etats de la communauté dispose : « il est fait
recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses. L’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses, toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées à un compte unique, intitulé budget général ».
76 Note de cours de finances publiques du Professeur Carole MONIOLLE, Maître de conférences à l’Université de Paris X,
2010-2011.
29
dépense soit employé pour un autre objet77. Grâce à la spécialité budgétaire, les
dépenses publiques doivent être examinées par les députés, non pas regroupées
par grandes masses, mais de façon détaillée. A cet effet, l’autorisation
parlementaire doit porter sur des unités relativement réduites de crédits
permettant un contrôle parlementaire efficace et accordant dans le même temps
une certaine latitude à l’Administration. Benjamin CONSTANT la présente
comme un instrument essentiel du contrôle Parlementaire et donc de l’équilibre
des pouvoirs. « Sans elle, la représentation nationale ne connaîtrait jamais l’emploi des
deniers publics »78.
Le principe de l’équilibre budgétaire.
Consacré doublement au Bénin, l’article 110 de la Constitution du 11 décembre
1990 dispose : « l’Assemblée nationale vote le budget en équilibre ». L’article 38 alinéa 1
de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances
dispose : « la première partie de la loi de Finances arrête les données générales de
l’équilibre financier ou budgétaire ». L’équilibre financier tel que définit par Maurice
DUVERGER est la clé de voûte des finances publiques. A la différence des autres
principes, la règle de l’équilibre budgétaire ne constitue pas une obligation
juridique même si la définition de la loi de Finances fait référence à cette règle :«
les lois de Finances déterminent la nature, le montant de l’affectation des ressources et des
charges de l’Etat compte tenu d’un équilibre économique et financier qu’elles définissent ».
Il découle de cette définition une conséquence importante qui consiste à
subordonner la discussion de la deuxième partie de la loi de Finances au vote de la
première qui autorise et évalue les recettes.
Cet équilibre économique et financier ne doit pas être assimilé à l’équilibre
budgétaire dans le sens strict. Effectivement la définition de la loi de Finances ne
77 La nouvelle approche des budgets programmes « suggère, pour chaque programme, l’identification d’un responsable et des
ressources affectées ; ce qui induit l’aménagement d’une double spécialité : une spécialité « institutionnelle » et une spécialité
financière ».
78 N. MEDE, « La nouvelle gestion budgétaire : l’expérience des budgets de programme au Bénin », in Afrilex, n° 04,
décembre 2004, p. 70.
30
prescrit pas l’équivalence entre les ressources et les charges. Mais, qu’il soit tenu
compte d’un équilibre d’ensemble économique et financier de manière à souligner
le lien entre politique budgétaire et politique de croissance79.
Le principe de la sincérité
Le principe de sincérité budgétaire est d’apparition plus récente et repose sur
l’idée que la sincérité des prévisions budgétaires, en recettes comme en dépenses,
conditionne le respect du principe du consentement à l’impôt inscrit à l’article 14
de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 178980.
Ce qui est principalement recherché, c’est d’abord la clarté des documents
budgétaires afin que la prise de décision par les parlementaires soit fondée sur des
informations précises, exactes et en nombre suffisant. Le principe de la sincérité
budgétaire est un principe nouveau81 selon lequel les prévisions budgétaires
doivent être évaluées et présentées de façon sincère82. La nouvelle directive de
l'UEMOA relative aux lois de Finances83 consacre doublement l'introduction du
principe de sincérité. Dans son article 30, la directive érige la sincérité en principe
budgétaire en énonçant : « les prévisions des ressources et des charges de l'Etat doivent
être sincères » tandis que l'article 72 dispose dans son dernier alinéa que « elle [la
comptabilité générale de l'Etat] doit être sincère et refléter une image fidèle de la situation
79
Il y a lieu de distinguer les opérations à caractère définitif et les opérations à caractère temporaire qui donnent lieu à deux
soldes dont la signification est différente. Solde des opérations à caractère définitif, c'est-à-dire, équilibre de tout solde
donnant l’équilibre au dessus de la ligne. Lorsque le solde est négatif, on parle de déficit budgétaire et lorsqu’il est positif,
on parle d’excédent. Le solde des opérations retracé par la loi de finances (les opérations définitives et les opérations
temporaires) est appelé le grand équilibre en dessous de la ligne. Lorsque ce solde est négatif on utilise le terme d’impasse
budgétaire.
80 La doctrine considère parfois que l’origine du principe de sincérité se trouve, non pas dans l’ordonnance du 2 janvier
1959, mais dans l’article XIV de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Par exemple, Hélène
MANCIAUX, « De l’origine du principe de sincérité des lois de Finances et des lois de financement de la sécurité sociale »,
in Revue du droit public, n° 4-2005, pp. 979-989.
81 Dans sa décision n° 97-395 DC du 30 décembre 1997 sur la loi de Finances pour 1998, le Conseil constitutionnel français a
reconnu l’existence d’une atteinte à la sincérité de la loi de Finances.
82 J. MEKHANTAR, Finances publiques de l’Etat. LA LOLF ET LE NOUVEAU DROIT BUDGETAIRE DE LA FRANCE, op. Cit.,
p. 23.
83 Directive n° 06/2009/CM/UEMOA.
31
financière de l'Etat »84. Le principe de sincérité peut être défini comme l'obligation
de présenter des comptes ou un budget reflétant une image sincère et fidèle de la
situation et des perspectives économiques et patrimoniales nationales au regard
des informations dont dispose le Gouvernement au moment de leur élaboration. Il
interdit de sous-estimer les charges ou de surestimer les ressources présentées
dans la loi de Finances et fait obligation de ne pas dissimuler des éléments
financiers ou patrimoniaux. Deux corollaires s'attachent à ce principe : l'inclusion
effective de l'ensemble des ressources et des charges (en ce sens, le principe de
sincérité rejoint les obligations découlant du principe d'universalité85) au sein du
budget ou des comptes de l'Etat ainsi que la cohérence des informations fournies.
Pour ne pas devenir utopique et obsolète, ces grands principes budgétaires
admettent des limites pratiques.
B- Les limites pratiques aux principes budgétaires
Compte tenu de la complexité et de la technicité des finances publiques, de
nombreuses atténuations viennent pondérer chacun des principes budgétaires afin
qu’ils ne deviennent trop rigides et inopérants au vu de l’évolution des finances
publiques. Plus particulièrement au Bénin, depuis la mise en pratique des budgets
programmes86, on note de nombreuses inflexions aux principes budgétaires. Au
principe de l’annualité, les dérogations tiennent essentiellement aux raisons
économiques (les cycles croissance, récession). Il n’est point réaliste de s’en tenir à
la périodicité annuelle qui ne permet pas de juguler le court terme, encore moins
84
PNUD, Les notes du pole, « la rénovation des procédures budgétaires en zone UEMOA : Analyse des objectifs et des impacts de la
réforme de la directive relative aux lois de finances », Note n° 2, n o v e m b r e 2009.
85 Le respect du principe d'universalité impose de rassembler au sein d'un document unique l'ensemble des informations
relatives aux recettes et aux dépenses sans contraction (toutes les recettes et toutes les dépenses sont inscrites sans
compensation entre elles) ni affectation (toutes les recettes financent toutes les dépenses).
86 Voir Nicaise MEDE, « La nouvelle gestion budgétaire : l’expérience des budgets de programme au Bénin », in Afrilex n°
04. « La nouvelle approche budgétaire ne remet pas en cause formellement les règles et les techniques en vigueur, mais elle induit
l’infléchissement de l’annualité et l’inflexion de la spécialité ».
32
le moyen, ni le long terme. Tout en restant obligatoire, le principe de l’annualité,
qui détermine la durée des autorisations préalables à la perception des impôts et à
l’engagement des dépenses, s’avère incompatible avec les exigences du bon
fonctionnement de l’Etat et, en particulier, la programmation de ses activités, mais
également avec le rôle des finances publiques dans une économie moderne comme
l’a souligné Paul AMSELEK.
L’année n’est plus aujourd’hui le seul cadre de la prévision du budget. D’une
part, un retard dans la préparation du budget entraîne l’octroi immédiat des
crédits, soit sur les mêmes bases que l’année précédente, soit, sur des dispositions
totalement nouvelles, nécessaires à la continuité de l’action gouvernementale87. De
même, lorsque les prévisions budgétaires se révèlent insuffisantes ou sous-
évaluées, des crédits supplémentaires sont votés. D’autre part, les crédits inutilisés
peuvent être annulés ou les dépenses surévaluées révisées à la baisse. Le principe
d’annualité est très atténué en matière de dépenses d’investissement88.
Divers mécanismes financiers permettent d’échapper à la rigidité du cadre
annuel dans l’exécution des budgets publics. On peut citer comme exemples, les
reports de crédit89, les engagements par anticipation90, les ordonnances de l’article
110 de la Constitution du 11 décembre 1990, les lois de Finances rectificatives91, les
autorisations de programme et les modifications règlementaires émanant du
pouvoir règlementaire. Les modifications quantitatives (à la hausse ou à la baisse)
87 La douzième provisoire : possibilité prévue à l’article 39-5 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA relative aux lois de
Finances.
88 Il faut distinguer les autorisations de programme dont la validité s’étend au-delà de l’année et les crédits de paiement qui
permettent de réaliser effectivement le programme et qui ont eux une validité annuelle.
89Technique faisant exception à la règle de l'annualité budgétaire et permettant de prolonger, dans certains cas, la validité
d'un crédit budgétaire non consommé pendant l'exercice pour lequel il avait été voté. Une autorisation exceptionnelle
permettant d’utiliser l’année suivante, les crédits du budget de l’année précédente
90 Possibilité de décider une dépense en fin d’exercice et de la payer sur le budget l’année suivante.
91 Procédé législatif par lequel le Parlement vote des modifications du budget en cours d’année.
33
par deux types de décrets : décrets d’annulation de crédits et décrets d’avance92 et
les modifications de la nature des dépenses. Il existe deux instruments juridiques
que sont les décrets de transfert et les décrets de virement, qui consistent à
changer l’affectation des crédits, c’est-à-dire à les passer d’un programme à un
autre, et ceci au sein d’une même mission93.
Grâce au mécanisme des budgets annexes94, des CST95 et la
débudgétisation, le principe de l’unité budgétaire subit quelques atténuations. Au
Bénin, nous n’avons qu’un seul budget annexe qui est celui du Fonds National des
Retraités du Bénin ; en abrégé FNRB. Les budgets annexes96 , figurent
généralement dans la loi de Finances et sont donc autorisés par le Parlement.
« L’unité budgétaire est remise en cause lorsque l’Etat, en plus de ses fonctions
traditionnelles, entreprend, soit directement, soit par l’intermédiaire de services
concessionnaires, des activités à caractère industriel et commercial »97.
Les CST ont un caractère dérogatoire plus évident par rapport à la règle de
la non affectation. « Ils permettent de suivre une série d’opérations qui sont isolées du
budget général en raison des conditions particulières de leur financement ou de leur
92 Procédure d’urgence, en tant normal il n’a pas le droit. La situation d’urgence doit se justifier, le Conseil d'Etat en assure
le contrôle. Ces deux instruments sont utilisés à des fins de régulation budgétaire, c’est-à-dire pour intervenir rapidement
dans la conjoncture économique.
93 Une mission comprend un ensemble de programmes concourant à une politique publique définie. Seule une disposition
de loi de finances d’initiative gouvernementale peut créer une mission. En droit budgétaire français, c’est un ensemble de
programmes concourant à une politique publique définie. Elle regroupe un ensemble de crédits votés en loi de finances et
attribués à un ou plusieurs services d'un ou plusieurs ministères.
94 Article 22 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux lois de Finances : « les budgets annexes
comprennent, d’une part, les recettes et les dépenses d’exploitation, d’autre part, les dépenses d’investissements et les ressources
spéciales affectées à ces dépenses »<
95 Voir article 27 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986, article 24 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16
décembre 1997 relative aux lois de Finances et l’article 36 de la directive n° 06/2009/CM/UEMOA portant lois de Finances
au sein de L’UEMOA.
96 Entendus comme des documents retraçant à part, les dépenses et recettes de certains services de l’État qui disposent ainsi
d’une certaine personnalité financière et administrative sans avoir une autonomie juridique.
97 Lire L’ESSENTIEL SUR LE BUDGET GENERAL DE L’ETAT, Manuel à l’usage des députés, Cellule d’Analyse des
Politiques de Développement de l’Assemblée nationale, CAPAN, pp. 53-54.
34
caractère provisoire »98. Il existe actuellement aux termes de l’article 36 de la
directive n° 06/2009/CM/UEMOA portant lois de Finances au sein de l’UEMOA,
six CST et sept selon l’article 24 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16
décembre 1997 relative aux lois de Finances.
La débudgétisation est aussi un moyen de contournement du principe de
l’unité budgétaire. « Elle consiste pour l’Etat à reporter sur d’autres personnes morales le
financement de certaines actions qu’il assumait auparavant »99. Selon le Dictionnaire
encyclopédique de finances publiques, elle est une opération consistant à retirer
une dépense d'un budget public et à la mettre à la charge d'un organisme public
ou privé placé sous le contrôle d'une autorité publique. Le terme est surtout utilisé
à propos de dépenses de l'Etat. À ce niveau, la débudgétisation peut revêtir deux
formes: soit celle d'un transfert d’une dépense du budget général de l'État à un
budget annexe ou à un compte spécial, et, dans ce dernier cas, la dépense publique
reste inscrite dans la loi de Finances et demeure soumise au contrôle du Parlement
mais, elle n'est plus financée par des ressources fiscales ; soit le transfert s'opère
sur un autre budget public ou sur un organisme public.
Tout comme les deux précédents principes, le principe de l’universalité
budgétaire et ses deux règles (la règle du produit brut et la règle de la non
affectation) admettent quelques inflexions100. Au Bénin, selon le manuel à l’usage
des députés, L’ESSENTIEL SUR LE BUDGET GENERAL DE L’ETAT, le principe
de la spécialité budgétaire connaît quelques adoucissements dont les principaux
sont les crédits globaux et les virements de crédits. Logiquement, les transferts ne
peuvent entraîner une augmentation du volume des crédits globaux et exigent
qu’une contrepartie égale soit trouvée à l’inscription budgétaire nouvelle. En effet,
98 A. EUZEBY, J. ABEN, J. PERCEBOIS, Dictionnaire de finances publiques, op. Cit., p. 45.
99 J. MEKHANTAR, Finances publiques de l’Etat. LA LOLF ET LE NOUVEAU DROIT BUDGETAIRE DE LA FRANCE, op.
Cit, 2007, p. 19.
100 Certaines recettes peuvent être directement affectées à certaines dépenses. La majeure partie des affectations spéciales
prend la forme des budgets annexes et des CST. On peut aussi évoquer la question des fonds de concours, les taxes
parafiscales et la procédure de rétablissement des crédits.
35
les transferts opèrent un changement dans la répartition des crédits entre les
services. Suite, par exemple, à leur organisation, restructuration, il peut arriver
qu’ils modifient la nature des dépenses prévues originellement et même qu’ils
substituent une dépense nouvelle à une dépense autorisée ou bien une dépense
d’investissement à une dépense de fonctionnement101.
La relativité du principe de l’équilibre nous permet de justifier sa flexibilité.
La pratique du déficit budgétaire public est aujourd’hui systématiquement
condamnée pour être instrument de politique économique au mieux, inefficace au
pire, nuisible. Ce rejet du déficit participe, en effet, d’une vision ou l’Etat comme
tout ménage ne doit pas vivre au dessus de ses moyens. Cette analogie implique
que le décideur public doit veiller à l’instar d’un bon père de famille à la mise en
place d’une gestion saine des finances publiques qui assure la croissance et qui
n’hypothèque pas l’avenir des générations futures. Le rejet du déficit budgétaire
participe, en effet, d’une vision macroéconomique ou le marché possède un
caractère autorégulateur de sorte que les interventions de l’Etat constituent une
entrave au plein emploi des ressources, l’Etat doit être à l’ordre interne un Etat
gendarme chargé de la sécurité des biens et des citoyens.
Sur le plan économique, l’Etat doit être neutre et éviter que la libre
concurrence soit entravée. Or, le principe de l’équilibre s’inscrit dans le cadre de
l’équilibre budgétaire et apparaît comme le moyen de limitation du budget en
déficit. L’Etat ne devrait pas rechercher d’excédent budgétaire, qui pourrait
signifier que l’Etat possède plus d’argent qu’il ne lui est nécessaire pour accomplir
sa mission. Une telle situation peut conduire à accepter certaines dépenses dont
l’utilité est discutable. Cependant, avec le développement des missions de l’Etat,
le recours à l’emprunt pourrait apparaître comme ayant des effets positifs. Dans
ces conditions, le recours au déficit budgétaire pourrait être utilisé pour relancer
l’économie par l’augmentation des dépenses sans que la pression fiscale s’en
101 F. J. FABRE, Le contrôle des finances publiques, PUF, Paris, 1968, p. 69.
36
trouve augmentée. De la même manière, l’excédent budgétaire pourrait être utilisé
en phase d’expansion économique, épongeant ainsi les liquidités excédentaires.
Par cette manipulation du déficit et de l’excédent, le point de référence n’est plus
l’équilibre du budget, mais l’équilibre économique en général. Ainsi, on est passé
d’une notion purement comptable, voire, arithmétique à une vision plus globale et
à un ordre économique satisfaisant.
Selon Pierre LLAU, le concept de la sincérité se rapporte à la crédibilité,
pour les économistes, des politiques économiques des Etats. Il s’agit de savoir si
on peut croire ce qui est dans les projets de lois de Finances. Le véritable problème
de la sincérité provient de la prévision annuelle des budgets qui va en
contradiction selon les économistes avec les variances du marché économique.
Selon LLAU, une prévision économique sincère ne peut être qu’à court terme,
d’environ trois mois. « L’interdépendance entre les prévisions économiques et les
prévisions budgétaires est justement la source des difficultés que connaissent les lois de
finances lors de leur réalisation »102. Il ressort clairement des lois organiques qui
régissent le droit budgétaire béninois que, seul l’Exécutif est investi de la mission
de préparer les textes budgétaires. Le Parlement ne participe à son élaboration que
par le droit d’amendement.
Paragraphe 2 : Du pouvoir d’amendement des Parlementaires
Le pouvoir d’amendement des parlementaires est défini comme « une
proposition de modification d’un texte préexistant dont sont saisies les assemblées
parlementaires et qui est formulé par les titulaires du droit d’amendement désignés par la
Constitution ou les règlements des assemblées Parlementaires »103 . Ce pouvoir, englobe
dans les faits, de déposer des articles additionnels ou des sous-amendements au
102 P.LLAU, « Prévisions économiques et prévisions budgétaires », in L. PHILIP (dir.), L’exercice du pouvoir financier du
Parlement. Théorie, pratique et évolution, op. Cit., p. 15.
103 V. OGIER-BERNAUD, « L'évolution décisive de la jurisprudence constitutionnelle relative à l'exercice du droit
d'amendement en cours de navette parlementaire », in RFDC, 2006/3 n° 67, pp. 589-607.
37
projet de loi de Finances. Il revêt une importance particulière pour les députés.
Corollaire du pouvoir d’initiation en matière législative, le pouvoir d’amendement
des parlementaires traduit leur capacité à pouvoir modifier les textes des
propositions ou projets de lois qui lui sont soumis. L’initiative parlementaire en
matière législative s’exerce sous autre forme : le droit d’amendement. Il est « la
forme principale de l’initiative parlementaire »104. Ce droit permet aux membres du
Parlement, individuellement ou dans le cadre des commissions, non pas de
proposer des lois, mais de modifier les projets émanant du Gouvernement. Cette
initiative limitée ne s’exerce que dans le cadre d’un projet de loi. Par des
dispositions juridiques, l’exercice du droit d’amendement est doublement encadré
à travers la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale (A) et
fini par limiter la portée de ce droit (B).
A- Des encadrements du droit d’amendement
« Inspirés du concept du droit public français de parlementarisme rationalisé, les
pouvoirs du Parlement du Bénin, en matière budgétaire, subissent une double limitation
par la technique de l’amendement gagé et par l’habilitation constitutionnelle du Président
de la République à mettre en vigueur par ordonnance les textes portant loi de Finances de
l’année »105. La Constitution béninoise encadre l’exercice du droit d’amendement à
travers ses articles 104106 et 107107 qui définissent respectivement les conditions de
104 P. AVRIL, Droit parlementaire, Paris, Montchrestien, 2004, p. 182.
105 N. MEDE, « La Nouvelle Gestion Budgétaire : l’expérience des budgets de programme au Bénin », Ibid.
106 Les propositions, projets et amendements qui ne sont pas du domaine de la loi sont irrecevables. L'irrecevabilité est
prononcée par le Président de l'Assemblée nationale après délibération du Bureau. S'il apparaît que la proposition ou
l'amendement sont contraires à une délégation accordée en vertu de l'Article 102 de la présente Constitution, le
Gouvernement peut opposer l'irrecevabilité. En cas de contestation sur les alinéas 1 et 3 du présent article, la Cour
constitutionnelle, saisie par le Président de l'Assemblée nationale ou le Gouvernement, statue dans un délai de huit jours.
107 Voir note n° 51.
38
recevabilité des amendements. Ces dispositions sont complétées dans le règlement
intérieur de l’Assemblée nationale.
La phase d’examen des amendements suscite le plus d’intérêt aussi bien
chez les députés qui peuvent profiter de cette occasion pour imprimer leur
marque ou une nouvelle orientation économique au projet de budget en
discussion que chez les membres du Gouvernement qui, le plus souvent, usent de
leur majorité au Parlement pour rejeter certaines propositions venant des députés
de l’opposition. Le principe dans le droit budgétaire béninois, est la limitation du
droit d’amendement en matière budgétaire. Le régime juridique des irrecevabilités
financières est prévu par les textes constitutionnels eux-mêmes. Ces articles ont
incontestablement une portée politique. Ils concernent, en effet, toutes les formes
d’initiative législative lorsqu’elles mettent en cause les ressources et les charges
publiques, même s’il s’agit d’un texte de portée générale. Interprétés stricto sensu,
ils aboutissent à supprimer presque totalement l’initiative des parlementaires en
matière législative. Toutes réformes étant susceptibles d’aggraver les obligations
financières de l’Etat ou de diminuer ses ressources.
L’article 40 de la directive n° 05/1997/CM/UEMOA du 16 décembre 1997
relative aux lois de Finances dispose : « aucun article additionnel, aucun amendement
à un projet de loi de Finances ne peut être proposé par la représentation nationale, sauf s’il
tend à supprimer ou à accroître une recette. Tout article additionnel et tout amendement
doit être motivé et accompagné des développements des moyens qui le justifient ». Il
résulte de cette directive, une réglementation beaucoup plus rigoureuse du droit
d’amendement. L’article 59 de la nouvelle directive (directive n°
06/2009/CM/UEMOA portant lois de Finances au sein de l’UEMOA), dispose :
« les amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables quand
leur adoption aurait pour, conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit
la création ou l’aggravation d’une charge publique ». La marge de manœuvre est
étroite.
39
Toutefois, cette directive a considérablement élargi le droit d’amendement
des parlementaires108. En effet, si en matière de dépenses, les contraintes
demeurent strictes, en matière de recettes en revanche, les amendements
parlementaires sont généralement admis lorsqu’ils ne remettent pas en cause
l’équilibre général du budget. Tout dépend des rapports des forces politiques
représentés au sein de l’hémicycle et de la volonté d’ouverture et de dialogue du
Gouvernement dans ses rapports avec les députés, en particulier ceux de
l’opposition. On se souvient encore que lors du débat budgétaire pour l’exercice
2001 au Bénin, des amendements non négligeables ont été apportés au projet de loi
de Finances. On peut citer, entre autres, la réduction du taux de la taxe sur
l’assurance-vie à 1% au lieu de 6% prévu par le projet de loi de Finances du
Gouvernement et de celui de la taxe sur l’assurance maritime de 6% au lieu de 8%
; l’alourdissement des sanctions appliquées aux infractions commises dans le
domaine de la pêche maritime, la fixation du plafond de la cotisation minimale au
titre de l’impôt sur les sociétés à 500.000 FCFA au lieu de 1.000.000 FCFA.
Tout compte fait, les amendements proposés par les parlementaires et
acceptés par le Gouvernement restent exceptionnels, compte tenu des limitations
constitutionnelles et réglementaires, qui restreignent considérablement la marge
de manœuvre des parlementaires109 ainsi que nous le montre le tableau110.
108
L’application de l’article 59 est limitée aux missions. Par conséquent, le plafond de dépense de la mission ne peut pas
être dépassé. Mais, les parlementaires ont la possibilité de modifier les programmes à leur gré. Les parlementaires ont la
possibilité de transférer des crédits d’un programme à un autre programme s’il le juge utile. Ils peuvent aussi supprimer un
programme et de répartir les crédits de ce programme dans les autres programmes. Ils peuvent aussi utiliser les crédits des
autres programmes pour créer un nouveau programme. Cette possibilité d’amender le texte du Gouvernement n’est
possible qu’à l’intérieur d’une même mission. Il est interdit de transférer les crédits du programme d’une mission pour
augmenter les crédits d’une autre mission. On ne peut pas transférer les crédits de la mission vers une autre mission. C’est
un pouvoir énorme des parlementaires. Cependant, dans la pratique, les dispositions constitutionnelles et réglementaires
qui limitent le droit d’amendement des parlementaires dans le domaine financier sont appliquées avec une certaine
souplesse au Parlement.
109 Des voix s’élèvent de plus en plus aussi bien dans les parlements que dans la doctrine africaniste pour dénoncer le débat
budgétaire sous l’empire de la directive de l’UEMOA qui reprend l’ordonnance française de 1959. L’article 40 de cette
directive interdit aux parlementaires de proposer la création ou la majoration d’une charge publique. Le Professeur Fidèle
ENGOUANG MENGUE dans, « Le nouveau Parlement gabonais », Afrique juridique et politique, Janvier-juin 2002, pp. 5-28,
estime qu’à l’exemple de la France avec la loi organique du 1er août 2001, la directive ou en tout cas une nouvelle loi
40
B- Les limites du droit d’amendement
L’aspect législatif du projet de la loi de Finances n’existe plus. Le budget n’est
plus une loi, mais un instrument de l’action du Gouvernement. Son importance
« ne <vient pas de l’onction du Parlement, mais du fait qu’elle est l’expression
synthétique et opérationnelle de l’ordre financier pour une année »111. Traduit en termes
de coût financier, ce sont donc des politiques gouvernementales qui sont soumises
à l’approbation parlementaire et non plus véritablement une loi de Finances. Le
budget est une construction économique d’une telle complexité que, « déplacer un
seul chiffre et l’on va vers l’amoindrissement, déplacer un seul crédit et l’on voit la
structure s’effondrer »112. La loi de Finances est désormais comme une loi d’adhésion
où le Parlement a le choix de ratifier ou non ; il n’a pas le pouvoir d’amender. De
ce point de vue, il faut que tout rédacteur d’amendements soit averti suffisamment
tôt pour que les modifications qu’il apporte ne bouleversent pas la structure de la
loi. L’article 107 de la Constitution limite la capacité des parlementaires à formuler
des amendements recevables.
Interdiction est aussi faite aux cavaliers budgétaires113. Cette limitation s’est
imposée dès lors que les parlementaires, comme d’ailleurs le Gouvernement lui-
même, encouragés par la rapidité dans laquelle se passe l’adoption des lois de
Finances, ont pris l’habitude d’ajouter aux dispositions en discussion, des mesures
qui n’ont aucun caractère financier114. Ont été ainsi sanctionnés par le Conseil
financière doit autoriser en Afrique, une interprétation plus souple de l’article 40. « Le droit d’amendement des parlementaires,
dit-il, sera facilité par l’absence d’obligation pour eux de les assortir de recettes compensatrices ».
110 Voir l’annexe n° 3.
111 M. LASCOMBE, « Le Parlement et la loi de Finances », in Mélanges en l’honneur de Robert HERTZOG, Paris, Economica,
2011, p. 324.
112 Id., « Le Parlement et la loi de Finances «, ibid., p. 324.
113 L’interdiction des cavaliers budgétaires consiste à limiter le contenu des lois de Finances aux seules dispositions
financières, (Dictionnaire de Finances publiques)
114 En France, la pratique des cavaliers budgétaires a été interdite dès la Troisième République par une loi du 30 juillet 1913,
puis sous la Quatrième République par le texte de la Constitution et du décret du 19 juin 1956. Sous la Cinquième
41
constitutionnel comme présentant le caractère de cavalier budgétaire, des
amendements traitant des modalités de répartition d’une dotation entre les
communes, des modifications de la composition de la commission de la
concurrence, de l’organisation des règles spécifiques à la gestion des crédits de la
ville de Paris par les questeurs du conseil de cette ville, ou encore, des modalités
de couverture financière d’un régime de sécurité sociale115.
Ces limitations juridiques du pouvoir financier du Parlement ont un seul et
unique but : assurer la prééminence du Gouvernement dans le processus
d’adoption des lois de Finances. Elles sont d’ailleurs considérées aujourd’hui
comme incontournables même dans les régimes les plus démocratiques du monde
occidental. La technicité de plus en plus grande des questions financières
nationales et internationales et le peu d’intérêt que suscite le débat budgétaire
chez les parlementaires est aussi un facteur de limitation. Les limitations pratiques
du pouvoir financier du Parlement résultent essentiellement du faible intérêt que
portent les députés à la discussion budgétaire, mais aussi aux considérations
politiques qui entourent la pratique parlementaire du vote du budget et finissent
par « atténuer » ce pouvoir juridiquement consacré.
République, l’article 1er de l’ordonnance organique de 1959, précisé par ses articles 31 et 42 qui définit le domaine de la loi
de Finances aboutit à interdire les cavaliers, sous le contrôle bien entendu du Conseil constitutionnel.
115D. MEUNIER et J-P. CAMBY, Cavalier budgétaire, dictionnaire encyclopédique de finances publiques, 1991, p. 264.
42
CHAPITRE II : UNE CONSECRATION « ATTENUEE »
Nous vivons avec une contradiction fondamentale entre la doctrine de la
primauté du Parlement et l’infirmité naturelle des assemblées en matière de
finances publiques. L’Assemblée nationale ne détient plus l’essentiel du pouvoir
normatif en matière budgétaire. Les règles déterminant les recettes et les dépenses
sont fixées ailleurs. L’Assemblée nationale est mal armée pour examiner et
discuter des recettes et des dépenses, pour contrôler les documents budgétaires et
pour en proposer des améliorations judicieuses. Son infirmité structurelle en
matière de finances publiques le rend dépendant des informations qui lui sont
fournies par l’Exécutif.
La prééminence de l’Exécutif dans la procédure budgétaire a conduit au
dépérissement des pouvoirs proprement juridiques du Parlement dans la
détermination du régime des ressources et des dépenses de l’Etat. Les montants à
inscrire dans les budgets relèvent de moins en moins de la loi de Finances. Ce qui,
amène à constater lors des discussions de la loi de Finances que les députés n’ont
presque pas d’emprise sur les chiffres contenus dans les projets de lois de
Finances. Ce qui laisse entrevoir une atténuation des autorisations parlementaires
(section I) et réduit le rôle du Parlement en la matière au point de les rendre
utopique (section II).
SECTION I : LES AUTORISATIONS PARLEMENTAIRES COMME ELEMENTS
D’ATTENUATION DU ROLE DU PARLEMENT EN MATIERE FINANCIERE.
La loi de Finances votée est exécutoire : elle s’impose aux administrations.
Elle a une différence de portée s’agissant des charges pour lesquelles il y a
autorisation, mais non obligation de dépense ; des recettes pour lesquelles il y a
obligation de recouvrir. Il est important de souligner que les autres dispositions
43
non financières contenues dans la loi de Finances (mesures fiscales, demande
d’annexes explicatives) incluses dans les « dispositions d’ordre permanent » sont
exécutoires au même titre qu’une loi ordinaire. Un bon processus budgétaire
implique des freins et des contrepoids permettant de garantir l’intégrité du budget
et sa bonne exécution. Dans cette section, on essayera de voir, si dans la pratique,
le Parlement béninois détient réellement le pouvoir d’autorisation des recettes et
des dépenses de l’Etat malgré les multiples moyens laissés à l’Exécutif de modifier
par voie règlementaire et par la pratique le montant des recettes et des dépenses.
L’autorisation budgétaire donnée par le Parlement s’approche désormais de
l’approbation d’une déclaration de politique générale116 ; ce qui du reste justifie le
traitement particulier que cette loi reçoit dans la procédure législative. La faible
portée des autorisations des recettes et des dépenses (paragraphe 1) et l’efficacité
peu remarquable des contrôles institués (paragraphe 2) confirment, en partie, la
thèse de l’abaissement des pouvoirs financiers du Parlement.
Paragraphe 1 : Des recettes et des dépenses de l’Etat
La prise de décision définitive dans le processus d’élaboration du projet de loi
de Finances appartient traditionnellement au Parlement. Cette prise de décision
appelée ‘’autorisation’’ porte sur les dépenses et les recettes de l’Etat et constitue le
‘’feu vert‘’ donné au Gouvernement pour exécuter les dispositions financières
votées (pouvoir donné au Gouvernement de percevoir les recettes publiques et
d’effectuer les dépenses publiques). L’article 99 de la Constitution béninoise du 11
décembre 1990 dispose : « les lois de Finances déterminent les recettes et les dépenses de
l’Etat ». Les recettes et les dépenses de l’Etat font partie intégrante de la première
partie de la loi de Finances qui autorise la perception des ressources publiques et
116 Voir A. QUINT, L’autorisation de dépenses de l’Etat, une procédure du contrôle parlementaire, thèse Lille2, soutenue en octobre
2005. p. 127.
44
comporte les voies et moyens qui assurent l’équilibre financier puis fixe les
plafonds des grandes catégories de dépenses en tenant compte d’un équilibre
financier117. Ces autorisations induisent-elles une obligation pour l’Exécutif tant au
niveau des recettes de l’Etat (A) qu’au niveau de ses dépenses (B) ?
A- Des recettes de l’Etat
Le budget de l’Etat béninois est essentiellement fiscal. Ses ressources
proviennent pour la grande partie des recettes fiscales et parafiscales. La
détermination des ressources de l’Etat fait l’objet du titre II de la loi organique n°
86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances. Elles comprennent
conformément à son article 3, les impôts et taxes, le produit des amendes, les
rémunérations des services rendus, les redevances, les fonds de concours, les dons
et legs, les revenus de domaines et des participations financières, la part de l’Etat
dans les bénéfices des entreprises nationales et aux cas prévus par leurs statuts, les
établissements publics et les produits divers, les remboursements des prêts et
avances, toutes autres ressources spéciales118, accidentelles ou exceptionnelles.
Les recettes de l’Etat font l’objet d’une autorisation donnée par le Parlement
au Gouvernement d’appliquer un régime fiscal tel qu’il est prévu par une loi de
Finances. Si dans la Constitution du 11 décembre 1990, l’article 98 dispose : « sont
du domaine de la loi, les règles concernant : l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toute nature ; le régime de la monnaie<. », il n’en est
pas de même dans la réalité. On ne peut pas donner l’impression de croire que la
législation fiscale émane effectivement du Parlement alors que les textes sont
rédigés par les services administratifs en charge des finances de l’Etat.
L’autorisation des recettes se donne chaque année. Par cette autorisation, le
117 Article 38 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances, article 45 de la directive n°
06/2009/CM/UEMOA portant loi de Finances au sein de L’UEMOA.
118 L’article 4 de la même loi définit les ressources spéciales de l’Etat. Elles sont : les prêts et dons des gouvernements
étrangers ; les prêts et dons des organisations internationales qui participent à l’aide au développement.
45
Parlement se prononce sur le système fiscal à faire prévaloir en votant la loi de
Finances, donnant ainsi au Gouvernement le droit de percevoir les impôts
correspondant au barème fiscal prévu dans la loi de Finances. Les recettes
autorisées n’ont qu’un caractère estimatif et varient selon la conjoncture
économique. Concrètement, ce que vote le Parlement, c’est l’autorisation
d’appliquer le barème fiscal, tout prélèvement et toute exonération autres que
ceux prévus par la loi de Finances, sont formellement interdits.
Les prévisions de recettes budgétaires sont faites à l’aide du Modèle de
Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques (MOSARE). Le MOSARE est
un modèle de type keynésien. Il est destiné au cadrage macroéconomique de la loi
de Finances. C'est un instrument au service des techniciens de l'Administration
qui leur permet de mieux éclairer les choix des décideurs. La fonction essentielle
de cet outil statistique est de réaliser des projections à court terme (de un à trois
ans) de l’économie béninoise de manière à établir un programme soutenable de
dépenses et de recettes. Pour réaliser les projections, le modèle utilise plusieurs
types d’hypothèses dont notamment : les hypothèses de la conjoncture
internationale (le cours du pétrole, du coton, du dollar, etc.), les hypothèses de la
conjoncture sous-régionale (taux de croissance du Nigeria et des pays de la zone
UEMOA), les hypothèses de la conjoncture nationale et de politique économique
(production cotonnière, taux d’imposition apparents, etc.).
Le calcul des recettes de l’Etat s’effectue en appliquant un taux d’imposition
apparent sur l’assiette correspondante. Les assiettes réelles ne sont pas
disponibles dans un modèle aussi agrégé que le MOSARE. On utilise donc des
assiettes de substitution, c’est-à-dire des variables dont les variations sont
supposées proches de celles de l’assiette réelle. Les assiettes de substitution sont
projetées par le modèle sur la base des hypothèses émises. Toutefois, il faut
souligner que les projections du MOSARE ne tiennent pas compte des recettes
additionnelles dues aux nouvelles mesures. Ces recettes viennent donc en
46
complément de ce qui est projeté par le modèle. Les évaluations de recettes font
l’objet d’un vote d’ensemble pour le budget général. « Les autorisations peuvent
toutefois subir des modifications par voie règlementaire par décret d’application. Le taux
des taxes parafiscales à caractère économique est fixé par voie règlementaire par décret pris
sur le rapport du ministre chargé des finances et du ministre intéressé »119. Il en est de
même pour les recettes issues de la rémunération des services rendus par l’Etat
qui ne peuvent être établies et perçues que si elle est instituée par décret pris sur
le rapport du ministre chargé des finances et du ministre intéressé120. Par ailleurs,
la disposition qui, dans chaque loi de Finances autorise le Gouvernement à
procéder à l’émission d’emprunts n’implique pas une obligation, mais une simple
habilitation du Gouvernement à lancer, s’il l’estime nécessaire, un emprunt au
moment qu’il juge opportun et selon un montant qui n’est pas indiqué dans la loi
de Finances.
Compte tenu de la sensibilité de l’Etat aux variations des conjonctures
économiques et financières, la précision dans la prévision dans le domaine de
l’assiette économique des impôts de l’Etat devient difficile. L’autorisation
parlementaire des recettes publiques reste simplement évaluative121 ; juste des
estimations. Les autorisations de dépenses quant à elles ont aussi une portée
limitée.
119 Article 5 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances, article 6 de la directive n°
05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux lois de Finances.
120 Article 6 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances, article 7 de la directive n°
05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux lois de Finances.
121 C. BIGAUT, Finances publiques droit budgétaire, le budget de l’Etat, ellipses, 1995, p. 149.
47
B- Des dépenses publiques
Les dispositions contenues dans la Constitution financière du Bénin et qui
restreignent le pouvoir d’amendement du Parlement ne constituent pas l’obstacle
majeur à son intervention plus active dans le chiffrage des dépenses. Ils tiennent à
la nature même de l’opération. Les crédits sont une évaluation des besoins des
administrations, assimilables, dans une forte proportion, à des dépenses
obligatoires122. Incapables de mesurer exactement les besoins, les élus ont les plus
grandes difficultés à trouver des économies que l’on pourrait faire. C’est avec les
yeux presque fermés que les élus autorisent les dépenses publiques.
L’autorisation de dépenses n’est pas une obligation de dépenses, mais
plutôt une permission. « Autoriser ne veut pas dire obliger : les ministres peuvent ne pas
épuiser la totalité des crédits qui leur sont alloués »123. Il ne fait aucun doute que la
complexité du Budget des dépenses incite les parlementaires et même les
ministres à éviter d’en faire une analyse en profondeur régulière124. La
nomenclature budgétaire en vigueur prescrit que les dépenses soient classées par
destination (ministère ou institution) et par nature (dépenses de personnel,
dépenses de fonctionnement, dépenses en capital <). Elles sont regroupées en
sept (7) titres et les titres sont ventilés en sections125, chapitres126 et articles127. Les
dépenses de l’Etat sont ses charges telles que définies par l’article 10 de la loi
organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances. Les
122 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général’ », ibid., p. 130.
123 A. MAURIN, Droit public, Sirey, 1995, p. 171.
124 A. DAVID, « Le Parlement et l’examen des dépenses publiques : acteurs et gendarmes », Revue parlementaire canadienne,
printemps 2005, p. 20.
125 La section identifie le ministère ou l’institution destinataire ou gestionnaire de la dépense.
126 Le chapitre identifie le service destinataire pour les dépenses ordinaires et le programme en ce qui concerne les dépenses
en capital.
127 L’article et le paragraphe identifient la nature de la dépense.
48
charges permanentes de l’Etat comprennent : la dette publique128 ; les dépenses
ordinaires ; les dépenses en capital ; les prêts et avances. En matière de dépenses,
les contraintes résultent du principe de la spécialité et du caractère limitatif des
crédits inscrits à un chapitre129. Une dépense doit être engagée et ordonnancée
seulement dans la limite des crédits autorisés par la loi de Finances de l’année. Les
crédits évaluatifs130 qui servent à acquitter des dettes de l’Etat de nature
particulière comme les frais de justice, les comptes d’avance aux collectivités
locales s’imputent, au besoin, au-delà du chiffre indiqué dans le chapitre
(l’ autorisation porte sur la nature de la dépense et non sur son montant) tout
comme les crédits prévisionnels131 dont le montant des dépenses ne peut être
exactement chiffré (secours d’urgence en faveur des victimes de calamités
publiques) en sont des exceptions132.
L’autorisation des dépenses est spéciale, limitative, temporaire et n’entraîne
pas l’obligation de dépenser. Elle est spéciale parce qu’elle est donnée au cours
d’une dépense déterminée ou au niveau du chapitre qui constitue l’unité de base.
Cette règle de spécialisation est introduite de sorte à ce que les crédits ouverts ne
soient pas globalisés, mais répartis par division ou subdivision dans le budget. Les
crédits affectés à un chapitre ne peuvent pas être affectés à d’autres chapitres, sauf
autorisation préalable du Parlement. L’autorisation est temporaire, car les crédits
128 La dette publique est constituée par la charge des emprunts éventuellement contractés au titre des dépenses ordinaires
ou des dépenses en capital, ainsi que la dette viagère et les dépenses en atténuation de recettes.
129 C. BIGAUT, Finances publiques droit budgétaire, le budget de l’Etat, op. Cit., p. 149.
130 Les crédits évaluatifs servent à acquitter les dettes de l’Etat résultant de dispositions législatives spéciales ou de
conventions permanentes approuvées par la loi. Ils s’appliquent à la dette publique, à la dette viagère, aux frais de justice et
aux restitutions ainsi qu’aux dépenses imputables sur les chapitres dont l’énumération figure à un état spécial annexé à la
loi de Finances. Les dépenses auxquelles s’appliquent les crédits évaluatifs s’imputent, au besoin, au-delà de la dotation
inscrite aux chapitres qui les concernent.
131 Les crédits sont dits provisionnels lorsqu’ils s’appliquent aux dépenses dont le montant ne peut correspondre exactement
à la dotation inscrite dans la loi de Finances parce que les dépenses afférentes à ces crédits sont engagées en vertu d’une loi
ou d’un décret<
132 A. MAURIN, Droit public, op. Cit., p. 171.
49
accordés doivent être consommés pendant la période durant laquelle ils ont été
votés. L’autorisation est limitative, le Gouvernement n’a pas le droit de modifier la
dépense des crédits qui lui sont alloués, sauf autorisation préalable du Parlement
excepté dans le cadre d’une loi de Finances rectificative. L’autorisation n’entraîne
pas l’obligation de dépenser ; si, le Gouvernement peut faire des économies, il est
libre de supprimer les dépenses devenues inutiles. Certains crédits peuvent être
annulés au cours de l’année par un arrêté du ministre des finances après accord du
ministre concerné133.
En vertu même du droit budgétaire, le Gouvernement échappe pour une large
part à l’obligation de se conformer aux dispositions votées. Il bénéficie de
nombreux procédés pour modifier par voie règlementaire les autorisations
figurant dans les lois de Finances ( transferts, virements, reports, décrets
d’avances, etc ), sans compter le caractère de simples prévisions des chiffres de
recettes ainsi que d’importants volumes de dépenses figurant dans les chapitres à
crédits évaluatifs134.
Le pouvoir du Parlement d’autorisation des recettes et des dépenses de l’Etat
lui donne deux occasions principales de demander des comptes au Gouvernement
concernant ses orientations et ses performances budgétaires. Tout d’abord, par le
contrôle préalable qui consiste à examiner les projets de dépenses et de recettes
soumis par le Gouvernement lors de l’étape législative du processus budgétaire et
l’examen a posteriori qui porte sur l’exécution du budget à la lumière des
conclusions de la vérification. Là, le but est de déterminer si le budget tel
qu’approuvé par le Parlement a été bien exécuté et si le contribuable « en a eu pour
133 ZBADI, Cours d’Economie des Finances Publiques, Université HASSAN II 2006, p. 13.
134 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général’ », ibid., p. 133.
50
son argent »135 . Le vote par le Parlement de la loi de Finances lui donne le droit de
contrôler l’usage que l’Exécutif fait de son autorisation.
Paragraphe 2 : Des contrôles institués
C’est un véritable truisme que de dire du terme « contrôle » qu’il est
protéiforme. Comme l’indiquait Didier MIGAUD, « ce terme de contrôle est ambigu,
car il recoupe, en réalité, deux fonctions distinctes, comme l’a souligné, devant le groupe de
travail, M. Loïc PHILIP, Professeur de droit public. Il renvoie, d’une part, à un exercice de
suivi des crédits budgétaires, afin de contrôler la régularité et l’effectivité de la dépense
publique. Il ouvre la voie, d’autre part, à un exercice d’évaluation de la dépense publique,
afin de déterminer si celle-ci a atteint les objectifs qui lui étaient assignés et, dans
l’affirmative, s’il est possible d’obtenir des résultats identiques à un moindre coût *...+
L’évaluation se différencie des diverses formes existantes de contrôle et de l’audit
organisationnel, par le type de point de vue adopté pour apprécier l’action publique. Le
contrôle et l’audit se réfèrent à des normes internes au système analysé (règles comptables,
juridiques ou normes fonctionnelles), tandis que l’évaluation essaye d’appréhender d’un
point de vue principalement externe les effets et/ou la valeur de l’action considérée »136.
Le contrôle est pour le Parlement au cœur même de son existence, de sa légitimité
et de sa vocation de représentation des citoyens. Il est, sous cet angle, l’instrument
démocratique d’un contre-pouvoir d’autant plus indispensable dans le domaine
financier que l’intervention législative du Parlement consiste principalement à
déléguer des moyens à un Gouvernement et, de fait, à des administrations, qui
135 J. WEHNER, W. BYANYIMA, Parlement, budget et genre, Guide pratique à l’usage des parlementaires, n° 6, SADAG S.A,
France, 2004, p. 46.
136 Rapport du Groupe de travail sur l’efficacité de la dépense publique et le contrôle parlementaire, Président, M. Laurent
FABIUS, rapporteur, M. Didier MIGAUD, Contrôler réellement, pour dépenser mieux et prélever moins, janvier 1999.
51
disposent de très larges marges de manœuvre dans leur utilisation137. Comme le
note le Professeur R. HERTZOG, « le Parlement pourrait donc sauver son pouvoir en
matière financière par sa fonction de contrôle, qui est sans doute la moins contestable de ses
missions et celle dont on s’accorde à considérer qu’elle a la plus grande vocation à être
développée et améliorée »138.
Le droit financier du Bénin dispose, à cet effet, de plusieurs mécanismes
afin de permettre à son Parlement d’assumer sa fonction de contrôle. Les contrôles
peuvent être appliqués a priori, en cours d’exécution (A) comme a postériori (B). Ce
qui manque à l’Assemblée nationale, ce ne sont pas les pouvoirs, mais les députés
pour les exercer‛139.
A- Les contrôles en cours d’exécution.
« La fourniture d’une masse de documents à l’appui du projet de loi de Finances n’est
pas, par elle-même, garante de l’exercice d’un contrôle, car l’essentiel n’est pas ce qui se dit
ou s’écrit, mais ce que l’on fait des observations »140. Doctrine et praticiens sont à
l’unisson convaincus que le véritable pouvoir du Parlement n’est pas de décider,
mais plutôt de contrôler141. La notion de contrôle est au cœur même du
fonctionnement de l’État : la multiplication des structures d’évaluation
indépendantes, parallèlement aux structures traditionnelles de contrôle, atteste de
la nécessité d’une expertise extérieure et critique. Aussi, de manière à ne pas être
137 M. LASCOMBE et X. VANDENDRIESSCHE, « La loi organique relative aux lois de Finances (LOLF) et le contrôle des
finances publiques », in RFAP, 2006/1 n° 117, pp. 131-148.
138 R. HERTZOG, « Les pouvoirs financiers du Parlement », in RDP., n° 1-2, numéro spécial : La Vie République, 2002, p. 311.
139 P. AVRIL, « L’introuvable contrôle parlementaire », in Jus Politicum - Autour de la notion de Constitution - n° 3 – 2009,
p.1.
140 R. HERTZOG, « Les pouvoirs financiers du Parlement », ibid., p. 311.
141 Id., « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du ‘gouvernement général’
», ibid., p. 130.
52
tributaire de l’information dispensée par le Gouvernement, les Assemblées
parlementaires ont acquis le droit de mener des enquêtes142. Pour avoir de
véritables informations pouvant leur permettre un contrôle, les parlementaires
disposent de manière légale de toute une variété de moyens pouvant leur
permettre d’obtenir les informations qui leur sont nécessaires en dehors de
l’examen des lois de Finances initiales et rectificatives. L’exercice du contrôle sur
les finances publiques s’exprime, d’abord, par l’information des parlementaires.
Le contrôle par l’information des parlementaires garanti un meilleur contrôle du
Parlement et à l’essor des pouvoirs reconnus aux commissions des finances. « Le
contrôle parlementaire sur les finances publiques est une ardente obligation sans laquelle
les fonctions du Parlement ne sauraient être réellement exercées »143.
Les commissions d’enquête et de contrôle parlementaire bien qu’étant le reflet
de la rationalisation du Parlement144– dont l’appellation a été unifiée sous le seul
vocable de commission d’enquête par la loi n° 91-698 du 20 juillet 1991145,
répondent au souci d’effectivité du contrôle qu’exerce le peuple, par ses
représentants, sur le Gouvernement, son administration et l’ensemble des
questions intéressant la Nation. Elles diffèrent également des missions
d’informations qui émanent des commissions permanentes et sont dépourvues des
142 E VALLET, « Les commissions d'enquête parlementaires sous la Cinquième République », in RFDC, 2003/2 n° 54, pp.
249-278. L’assise des premières commissions d’enquêtes était purement coutumière : c’est sur ce fondement qu’est mise sur
pied la première commission d’enquête parlementaire sur le régime des sucres en 1828, de même que pour la commission
créée en 1832 sur l’affaire du déficit Kesner. La loi du 23 mars 1914 relative aux témoignages reçus par les commissions
d’enquête parlementaires vient remédier à cet état de fait sans parvenir à définir un cadre précis.
143 A. LAMBERT, Rapport d’information n° 37 (2000-2001), fait au nom de la commission des finances du Sénat, déposé le 19
octobre 2000.
144 E. VALLET, « Les commissions d'enquête parlementaires sous la Cinquième République », op.cit, pp. 249-278.
145 JORF, 23 juillet 1991, p. 9727. Une appellation unifiée permet d’éviter de longs – et stériles – débats sur la qualification
(enquête ou contrôle) à employer, comme par exemple dans le cas de la discussion de la proposition de résolution tendant à
créer une commission de contrôle de l’ensemble des services publics qui ont eu ou qui ont à connaître des événement s
intervenus en Nouvelle-Calédonie. Voir sur ce point P. AVRIL et J. GICQUEL, « Chronique Constitutionnelle », Pouvoirs, n°
32, 1985, p. 55.
53
moyens coercitifs des commissions d’enquête146. Elles sont en cela le fer de lance
de la fonction de contrôle du Parlement.
A l’occasion de la discussion de la loi de Finances initiale et de la loi de
Finances rectificative, les parlementaires multiplient la recherche des sources
d’informations afin de porter en toute connaissance de cause un jugement sur le
projet de loi de Finances. En dehors des documents de présentation des budgets
sectoriels des institutions, les parlementaires ont à cette occasion, la possibilité de
commettre des experts en la matière afin d’obtenir des informations savantes sur
le budget de chaque institution de la République.
Le Parlement dispose, en outre, de quatre grands moyens d’information que
sont : la situation des dépenses engagées, la gestion des autorisations budgétaires,
les travaux des commissions ad’ hoc et l’assistance de la Cour des comptes. Le
contrôle politique des finances publiques s’exerce en cours d’exécution par le biais
des commissions parlementaires et notamment par les commissions de finances147
à travers les rapporteurs spéciaux et le rapporteur général. Elles disposent pour
cela de moyens d’information comme : demander la réalisation d’enquêtes par la
Chambre des comptes ; les rapports des contrôleurs financiers.
Quoiqu’insuffisantes à divers points de vue, les informations souvent incomplètes
des commissions et leur contrôle souvent limité sur les opérations de recettes et de
trésorerie concernant surtout l’exécution du budget de l’Etat reste malgré tout un
instrument important pour le Parlement148. S’il est, certes affaibli par le fait
majoritaire, il existe néanmoins. Même si le contrôle a posteriori est aussi affaibli, il
ne reste pas inopérant.
B- des contrôles a postériori
146 Les auditions ne se font pas sous serment et les rapporteurs n’ont pas la possibilité de contraindre leurs interlocuteurs à
leur remettre les pièces nécessaires au contrôle. Voir J.-C. VIDELIN, La mission d’information parlementaire, n° 40, 1999, pp.
699-723.
147 B. PLAGNET, Droit public droit financier, droit fiscal, Paris, Dalloz-Sirey, 1992, p. 143.
148 Id., Droit public droit financier, droit fiscal, op. Cit, p. 143.
54
L’alternative consiste à clairement admettre que le Parlement dispose
essentiellement d’une fonction de contrôle, qui ne peut, pour l’essentiel, être
valablement mise en œuvre qu’a posteriori149. En matière budgétaire, « le besoin de
disposer d’un bras séculier pour récolter, analyser et *<+ communiquer l’information
nécessaire »150 fait que, le Parlement s’appuie principalement sur la Chambre des
Comptes de la Cour suprême bien que le profil des magistrats de cette Chambre
souffre parfois de certaines carences comme le souligne le Professeur MEDE151 .
Les parlementaires se désintéressent de plus en plus du contrôle a postériori
pour des raisons de l’augmentation croissante des prérogatives de l’Exécutif en
matière budgétaire et de la complexité croissante des questions budgétaires.
L’autre raison qui semble justifier le manque d’intérêt des Parlementaires est
relative au délai souvent long, voire, parfois trop long qui s’écoule entre la fin
d’une gestion budgétaire et le vote de la loi de règlement152. Le contrôle a postériori
se révèle inefficace parce qu’il conduit le plus souvent à discuter du règlement
d’un budget voté souvent par un Gouvernement autre que celui qui le règle par la
suite153. Bien que la directive n° 05/97/CM/UEMOA relative aux lois de Finances
dispose en son article 44 que « < Les projets de lois de Finances initiales à venir ne
pourraient être soumis au Parlement tant que le projet de loi de règlement en cause n’aura
149 X. VANDENDRIESSCHE, « Le Parlement entre déclin et modernité », in Pouvoirs, n° 99, 2001/4, pp. 59-70.
150 C. BAZY-MALAURIE, « Les rapports de la Cour des comptes au Parlement : synthèse », in RFFP, n° 99, septembre 2007,
p. 55.
151 « Le profil du magistrat financier n’est pas le même que celui du juge administratif ou du juge judiciaire. Le premier valorise le savoir
et le savoir-faire en finances publiques, en comptabilité et en gestion ; ce qui, dans les offres de formation des magistrats de l’ordre
judiciaire ou administratif, au mieux des matières résiduelles, au pire, des matières inexistantes ». Voir le Professeur Nicaise MEDE
dans les actes du Colloque International sur le thème : le contrôle des finances publiques dans les pays de l’UEMOA : quelle
contribution pour la juridiction financière ?, « rapport introductif : la juridiction financière d’hier à demain et <après demain », in
R.B.S.J.A. n° 24, 2011, p. 12.
152 R. ADJAHO, La faillite du contrôle des finances publiques au Bénin (1960-1990), Ed, Flamboyant, 1991, p. 166.
153 L. SAÏDJ, « La loi de règlement et le développement du contrôle parlementaire de la restauration à nos jours », in RFFP,
n° 51, 1995.
55
pas été déposé », ce n’est qu’en 2009 que l’Assemblée nationale a voté les lois de
règlement des exercices budgétaires 2001, 2002 et 2003.
Au demeurant, les parlementaires ont peu le goût de contrôler l’exécution
régulière du budget, ainsi que le montre leur intérêt assez tiède et variable pour
les lois de règlement154. Les moyens propres au Parlement (questions écrites ou
orales, avec ou sans débat, commissions d’enquêtes) adaptés à l’examen d’affaires
ponctuelles, malgré leur quelque peu de succès ne permettent pas de conduire une
analyse approfondie de la politique budgétaire suivie par l’Etat. Si le contrôle est
juridiquement possible, force est de reconnaître qu’il est resté longtemps inadapté
et en réalité peu efficace155.
Le Parlement n’a pas un réel pouvoir de sanction dans le système financier
du Bénin. Sur la base de fondement juridique, la loi de règlement vise six finalités
fondamentales à savoir : le contrôle de l’exécution de la loi de Finances ; la
constatation et l’arrêté du montant définitif des réalisations de recettes et de
dépenses se rapportant à sa gestion ; la constatation et la ratification des
ouvertures complémentaires de crédits par décrets d’avances ; l’approbation des
dépassements de crédits ; la constatation des disponibilités de crédits et
l’autorisation des annulations ou reports de crédits et l’autorisation du transfert
du résultat de l’année financière au compte permanent des découverts du Trésor.
A travers ces finalités, elle répond à trois catégories de préoccupations que sont le
contrôle de l’action gouvernementale, la constatation de l’arrêté comptable des
montants des réalisations des recettes et des dépenses et la ratification des
ouvertures complémentaires de crédits par décrets d’avances156.
154 Selon Robert HERTZOG, malgré les moyens d’information presque illimités dont disposent notamment les commissions
des finances, on constate « un intérêt réduit des parlementaires pour le contrôle en cours d’exécution ».
155 J. MEKHANTAR, Finances publiques de l’Etat. LA LOLF ET LE NOUVEAU DROIT BUDGETAIRE DE LA FRANCE, op.
Cit., p. 182.
156 UNACEB, Guide de procédures, de lecture et d’analyse des projets de lois de Finances, document de travail à l’usage des
députés, novembre 2008, p. 26.
56
Le Parlement n’étant guère outillé pour faire lui-même des investigations, se
fie aux rapports de la Chambre des Comptes de la Cour suprême qui l’assiste
dans le domaine de la loi de règlement conformément à l’article 112 de la
Constitution de 1990 qui dispose : « l’Assemblée nationale règle les comptes de la
nation selon les modalités prévues par la loi organique des finances. Elle est, à cet effet,
assistée de la Chambre des Comptes de la Cour suprême, qu’elle charge de toutes enquêtes
et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques, ou à la gestion
de la trésorerie nationale, des collectivités territoriales, des administrations ou institutions
relevant de l’Etat ou soumises à son contrôle ». C’est généralement dans un hémicycle
à moitié vide et sans grand enthousiasme que les députés votent, voire
« expédient » la loi de règlement au point de rendre « utopique » la portée des
autorisations parlementaires.
SECTION II : L’UTOPIE DES AUTORISATIONS PARLEMENTAIRES
Le vote du budget est le substrat des autorisations parlementaires. Les
phases préparatoires du vote relèvent plus d’un formalisme juridique que d’autre
chose. Le caractère marchand des autorisations parlementaires accordées au
Gouvernement tend à résumer les débats budgétaires en un théâtre des
parlementaires (paragraphe 1) mise en scène par un Exécutif omnipotent dans la
procédure d’adoption des lois de Finances (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le théâtre des Parlementaires et les débats budgétaires
« La marchandisation et la monétarisation »157 du débat budgétaire tendent à le
vider de sa substance dans la pratique parlementaire béninoise. La discussion et
l’adoption du budget sont de bons révélateurs des rapports de forces entre la
157 J. F. AÏVO, « Parlement béninois sous le renouveau démocratique : Réussites et échecs », in 50 ans de vie parlementaire au
Bénin, CAPAN, Assemblée nationale, Juin 2011, p. 159.
57
majorité et l’opposition et également entre le Gouvernement et sa majorité. Elle se
manifeste lors de la discussion en commission du projet de loi de Finances (A) et
de sa discussion en assemblée plénière (B).
A- La discussion en commission du projet de loi de Finances
Au Bénin, l’usage établi depuis la première législature est que le projet de
loi de Finances et les Programmes d’Investissements Publics (PIP) soient affectés à
la commission des finances et des échanges quant au fond et à la commission du
plan, de l’équipement et de la production pour avis. Les deux commissions
examinent ensemble le projet de loi de Finances et font un rapport conjoint
qu’elles soutiennent en séance plénière. Chargée d’examiner en premier le projet
de loi de Finances, mais aussi d’en contrôler l’application, la commission des
finances désigne en son sein un rapporteur général assisté de plusieurs
rapporteurs spéciaux, choisis dans la majorité comme dans l’opposition
conformément aux dispositions de l’Article 31158 du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale. Leurs pouvoirs sont importants. Ces rapporteurs peuvent
mener des investigations sur pièces et sur place, dans les ministères et obtenir des
informations sur la situation économique et financière de l’Etat. Ils peuvent
interroger directement le ministre chargé du budget et faire appel à des
organismes publics de prévision et solliciter l’assistance de la Chambre des
Comptes si nécessaire. Au cours des discussions en commission, le ministre des
finances et les autres ministres sont entendus.
158 Chaque groupe parlementaire présente au Bureau la liste de ses candidats aux différentes commissions en veillant à ce
qu'elle soit proportionnelle à la représentativité du groupe au sein de l'Assemblée. Les députés non inscrits présentent au
Bureau, leur candidature à la commission de leur choix. Le Bureau établit la liste définitive après consultation des
Présidents de groupe. La liste ainsi établie est soumise à la ratification de l'Assemblée. La liste des membres des
commissions est publiée au Journal Officiel.
L'inscription dans les commissions permanentes est obligatoire pour tous les députés sous réserve des dispositions de
l'alinéa5.
58
L’examen du projet de loi de Finances se déroule en deux phases à savoir :
l’audition des ministres et des Présidents des institutions ayant un budget
autonome lors de la présentation de leur budget sectoriel et la rédaction d’un
rapport permettant au rapporteur spécial de présenter en plénière les observations
et recommandations faites par les membres de sa commission. Les amendements
sont déposés à la commission de finances pour examen. La discussion en
commission n’est pas publique. La commission des finances et des échanges, ainsi
que les rapporteurs spéciaux qu’elle désigne pour chaque département ministériel
ou institution, sont les organes privilégiés de la conduite des enquêtes et du
contrôle de l’exécution du budget.
Conformément à l’article 119.1 du règlement intérieur, les documents et les
renseignements destinés à permettre l’exercice du contrôle du budget général de
l’État et des budgets autonomes ou la vérification des comptes des entreprises
publiques et des sociétés d’économie mixte sont communiqués par les autorités
compétentes au Président de l’Assemblée nationale, à l’attention du Président de
la commission des finances et du rapporteur spécial désigné. En son alinéa 3, les
travaux des rapporteurs sont utilisés dans le cadre des rapports des commissions
sur la loi de Finances. Les commissions ont un pouvoir élargi sur « toute question
relative aux finances publiques » ; à cet effet, elle est informée au préalable des
décrets d’avance ou d’annulation de crédits, des virements et transferts de crédits
pris par le Gouvernement. Aujourd’hui, la préparation du budget de l’Etat fait
intervenir des éléments de calcul économique qui rendent la tâche du
parlementaire délicate. Car un contrôle efficace suppose une maîtrise des données
économiques utilisées par le Gouvernement. Ce handicap des parlementaires est
perceptible lors des débats économiques. Ces services fournissent au Parlement les
59
renseignements dont il a besoin sur la gestion administrative, comme le souligne
Pierre LALUMIERE ‘’le contrôlé renseigne le contrôleur‚159.
Malgré cela, les discussions en commission du projet de loi de Finances
exercice 2010 ont fait l’objet de 106 questions posées aux membres du
Gouvernement selon le rapport général de la commission. Au Bénin, tout finit par
se monnayer en argent ou en promesse politique et la discussion en commission
prend fin par l’approbation du budget sectoriel du ministère ou de l’institution.
La discussion en commission s’achève avec l’adoption des rapports spéciaux
établis sur la base des documents déposés par le Gouvernement et par les
institutions. Ils font le compte rendu des débats qui ont eu lieu en commission. La
discussion se poursuit en plénière sur la base des rapports spéciaux et du rapport
général du rapporteur de la commission des finances et des échanges.
B- La discussion en plénière du projet de la loi de Finances
Dès que la commission des finances a achevé son travail d’examen du
projet de loi de Finances, son rapport, est soumis à la discussion de l’Assemblée
nationale. Le rapporteur général de la commission des finances élabore un rapport
qui, comme les rapports spéciaux, est d’abord discuté puis adopté en commission,
puis imprimé et remis au Président de l’Assemblée nationale aux fins de
multiplication et de distribution aux députés pour les discussions en séance
plénière. Le rapport de la commission comporte en général cinq points : le premier
point restitue le projet de loi de Finances dans son contexte économique, national,
régional et international ; le deuxième point retrace les grandes orientations en
matière de politique de développement et les objectifs généraux du budget ; quant
au troisième point, il examine les contraintes d’ordre économique et institutionnel
159 Sur ce point on peut convenir avec André PAYSANT que : « l’adoption du budget n’est plus un moyen pour le Parlement de
contraindre le Gouvernement à mériter sa confiance, mais de plus en plus un moyen pour le Gouvernement de contraindre le Parlement
à lui accorder sa confiance’’, Finances publiques, Armand COLIN, 5e édition, 1999, p. 169.
60
qui ont sous-tendu l’élaboration du budget et enfin les quatrième et cinquième
points sont consacrés aux deux parties du projet de loi de Finances et au débat
général qui a eu lieu en commission entre le Gouvernement, les représentants des
institutions et les Parlementaires ayant pris part aux travaux en commission. Ce
débat a pour objet de permettre aux différentes parties en présence
(Gouvernement, Présidents et rapporteurs de commissions saisies au fond et pour
avis, groupes politiques), de faire connaître leurs positions et arguments respectifs
et d’éclairer ainsi le futur vote des parlementaires.
La séance plénière s’ouvre, en général, par le discours du ministre des
finances et par la lecture du rapport de la commission. La discussion du projet de
loi de Finances, portée devant l’Assemblée nationale, se fait sur la base du texte
amendé. La dimension technique de la loi de Finances pèse lourdement sur le
débat budgétaire. Seuls quelques députés, spécialistes des questions financières
prennent part aux débats. Beaucoup d’entre eux, lorsqu’ils sont présents, jouent
simplement un rôle de figurants et sont souvent pris dans la tourmente des
chiffres et autres difficultés qui entourent l’examen du projet de loi de Finances.
Même les députés qui prennent part aux débats, limitent souvent leur intervention
à des points de détail du projet de loi de Finances, à certaines corrections
sémantiques ou lexicales, au "pourquoi" ou au "comment" de telle ou telle ligne
budgétaire. A cet effet, Moctar TALL a écrit: « le débat ne dépasse pas souvent certains
points de rapport du ministre des finances, en faisant prévaloir parfois des intérêts
personnels ou ceux de certains groupes de pression fortunés défendant leurs privilèges
irraisonnables »160. Le débat budgétaire bien plus que le débat législatif classique,
reste le plus contesté de tous les débats parlementaires. Sa longueur, sa
concentration sur une courte période, sa monotonie, le désemparement des
députés face à ce grand document fait de tableaux chiffrés et de termes
160 M. TALL, Le Parlement dans les Etats d’Afrique noire francophone. Essai sur le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo,
Thèse droit public, Poitiers, 1986 p. 234.
61
économiques et financiers difficilement maîtrisables, se font chaque année et d’une
façon tout aussi rituelle que son déroulement, fait l’objet de critiques répétées qui,
à défaut de renouveler l’analyse, confortent ses détracteurs.
Personne ou presque ne remet en cause le bien fondé de l’existence dans les
Constitutions africaines de l’autorisation budgétaire, première raison d’être des
Parlements. Mais, chacun s’accorde à reconnaître que la formule déjà ancienne et
célèbre d’Edgar FAURE, « liturgie, léthargie, litanie », trouve bien son terrain de
prédilection au Bénin et colle fort bien avec la réalité béninoise pour apparaître
aujourd’hui dépassée. « La discussion budgétaire, écrivait le Président Edgar
FAURE en 1975, est devenue, au fil des années, un acte de routine qui se déroule selon
une procédure désuète »161. Le jour de l’examen et du vote en séance publique, de
part son intensité, sa généralité et sa médiatisation, le débat budgétaire de l’année
attire dans l’opinion publique nationale, une attention particulière.
Les interventions du ministre des finances et celles des principaux orateurs
des groupes politiques tant de la majorité que de l’opposition représentés à
l’Assemblée nationale sont retransmises sur les chaînes de télévision. La
discussion prend l’allure d’un grand spectacle où règnent les tensions
idéologiques et des conflits d’intérêts. Majorité et opposition utilisent donc la
tribune de la discussion budgétaire pour exposer leurs choix politiques,
l’opposition critiquant la politique économique et financière du Gouvernement, la
majorité, soutenant le projet présenté par le Gouvernement. C’est ce que souligne
Gilbert ORSONI, lorsqu’il affirme : « le travail en séance plénière est plus spectaculaire
que l’obscur travail en commission, car, elle revêt en réalité, une importance formelle où
l’apparence constitue l’essentiel »162. Le débat budgétaire s’illustre bien par Jean
Pierre FOURCADE quand il déclarait en 1989 que « nous devons à la vérité de dire
161 M. BOUVIER, M-C ESCLASSAN, J-P LASSALE, Finances publiques, LGDJ, 6ème édition, 2002, p. 309.
162 G. ORSONI, Finances publiques, Paris, Ed, Publisud, 1989, p. 159.
62
que la discussion budgétaire est devenue un rite annuel »163. Jean Claude MARTINEZ et
Pierre Di MALTA pour leur part, estimaient dans leur manuel commun de droit
budgétaire que « la discussion budgétaire tient plus du sacrifice à une mystique que
d’une institution ayant une réelle portée pratique »164 du fait de l’omnipotence de
l’Exécutif.
Paragraphe 2 : L’omnipotence de l’Exécutif dans la procédure d’adoption
des lois de finances
Le Gouvernement domine toutes les phases de l’élaboration de la loi de
Finances, de la phase de préparation administrative à celle de l’adoption définitive
par le Parlement. Cette prépondérance non contestée de l’Exécutif (A) trouve son
fondement dans le droit budgétaire béninois et conduit à l’évanescence des
pouvoirs financiers du Parlement (B).
A- Une prépondérance non contestée de l’Exécutif
Il ressort clairement des lois organiques qui régissent le droit budgétaire en
Afrique et la directive de l’UEMOA que seul l’Exécutif est investi de la mission de
préparer les textes budgétaires. La Cour constitutionnelle du Bénin, tirant les
enseignements de la jurisprudence du Conseil constitutionnel français a estimé,
dans une décision DCC 30-94 du 1er octobre 1994 que « les lois de finances ne
peuvent être présentées que par le Gouvernement».
Bien plus qu'un simple instrument technique de présentation des recettes et
des dépenses de l'Etat, le budget est le plus important texte d'orientation annuel
du Gouvernement. Il reflète les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent les
grands choix politiques du Gouvernement et traduit les vues de celui-ci sur la
163M. BOUVIER, M-C ESCLASSAN, J-P LASSALE, Finances publiques, op. Cit., p. 309.
.
164 J-C. MARTINEZ et P. DI MALTA, Droit budgétaire, 3ème édition, 1999, p. 254.
63
situation socio-économique de la nation. Il est une véritable déclaration des
objectifs du Gouvernement en matière budgétaire, financière et économique. Il est
donc légitime qu’il élabore ce texte. Le Gouvernement grâce à sa technostructure
et avec l’appui décisionnel du Chef de l’Etat influence toute la procédure
d’élaboration des lois de Finances depuis la phase des évaluations administratives
jusqu’au calendrier budgétaire. Le travail préliminaire à l’élaboration de la loi de
Finances, se fait par les services administratifs chargés de l’élaboration du
budget.
La Rationalisation des Choix Budgétaires (RCB) apparaît comme un des
éléments essentiels de la multitude de moyens dont dispose un Gouvernement
pour connaître plus scientifiquement les objectifs qu’il s’est fixé. Aujourd’hui plus
qu’hier, dans la logique de la nouvelle gouvernance financière et de gestion
budgétaire axée sur les résultats, MOSARE est devenu un outil indispensable
pendant la phase de l’élaboration des budgets. Les procédures d’élaboration des
projets de loi de Finances de l’année et de la loi de Finances rectificative sont
identiques165.
Dans le processus de son élaboration, le travail repose essentiellement sur la
Direction Générale du Budget (DGB) et le ministre des finances. De la lettre de
cadrage jusqu’au décret de transmission, le Parlement n’a pas son mot à dire.
Le cadre macroéconomique qui sous-tend les prévisions budgétaires ne fait
l’objet d’aucun débat avec la représentation nationale. Or, les agrégats
macroéconomiques comme le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB),
l’hypothèse sur le déficit budgétaire souhaité et soutenable, la pression fiscale à
atteindre, les projections commerciales et la balance de paiement courant, la
gestion de la dette publique pour ne citer que ceux-là ne font l’objet d’aucun
examen de la part du Parlement. Ce n’est qu’après être saisi conformément aux
165 UNACEB, Guide de procédures, de lecture et d’analyse des projets de lois de Finances, op. Cit, p. 15.
64
dispositions de l’article 109 de la Constitution166 pour examiner le texte de la loi de
Finances que commence le travail parlementaire. De façon schématique, le
calendrier de préparation du projet de loi de Finances de la gestion de l’année N se
présente comme le décrit le tableau présenté à l’annexe n° 4. Tel que présenté, ce
tableau ne fait figure de l’intervention du Parlement qu’au mois d’octobre.
L’essentiel de la loi de Finances se déroule pendant la phase préparatoire du
projet. L’absence du Parlement le long de cette phase tend à affirmer la négation
de ses pouvoirs financiers du moment où le droit d’amendement et le pouvoir de
contrôle sont fortement endigués.
B- L’introuvable pouvoir financier du Parlement
« Le Parlement n’est plus le lieu où s’écrit le droit financier ni celui où se décident les
contenus des budgets. S’il ne l’a jamais été complètement, il l’a certainement été davantage
dans le passé »167. Techniquement, il n’est pas évident pour les parlementaires de
remettre en cause les choix de politique économique retenus par le Gouvernement.
Aujourd’hui, il faut bien convenir qu’avec l’interdépendance des économies, les
impératifs de développement économique, la recherche d’une stabilité
économique et financière voire politique, rendent difficile le rôle du Parlement. De
plus, il faut reconnaître que le Gouvernement a pour lui l’avantage de posséder la
technostructure (grandes administrations en charge des questions économiques et
financières) lui permettant de s’affirmer tout le long de la procédure budgétaire.
Le contenu des lois de Finances est donc l’une des raisons du déclin du rôle du
Parlement (technicité du budget). L’appui technique aux membres de la
Commission des Finances se résume à l’assistance de la Cellule d’Analyse des
166 « <.L’Assemblée nationale est saisie du projet de loi de Finances au plus tard une semaine avant l’ouverture de la session
d’octobre< »
167 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général», ibid., p. 121.
65
Politiques de développement de l’Assemblée nationale (CAPAN), de l’Unité
d’Analyse de Contrôle et d’Evaluation du Budget de l’Etat (UNACEB) et les
assistants de la commission permanente des finances et des échanges ne suffisent
pas pour les parlementaires à mener un débat de fond sur les questions concernant
les finances publiques. Malgré ces appuis techniques, le pouvoir de modification
des parlementaires ne change pas pour autant. Les débats techniques sur la
question budgétaire échappent, en grande partie, aux députés à cause de leur
confort intellectuel dans la matière. Ils n’ont aucune appréhension sur le budget
économique. Les agrégats macroéconomiques, la production des normes fiscales
(les assiettes et les taux d’imposition sont élaborées et fixées par l’Exécutif)
n’offrent pas souvent une grande place de manœuvre aux amendements des
députés : ils l’adoptent ou le rejettent.
La loi de Finances étant la traduction chiffrée de la politique du
Gouvernement pour une année, il peut arriver que le Chef de l’Etat le prenne par
ordonnance lorsqu’à la date du 31 décembre, le Parlement ne se prononce pas sur
celle-ci. Lorsqu’on arrive à cette mesure, le projet de loi de Finances est mis en
application tel transmis au Parlement sans prendre en compte les observations,
recommandations et amendements proposés par les députés lors de son étude.
L’usage de cette possibilité combiné avec les encadrements restrictifs des
pouvoirs financiers du Parlement semblent conforter les thèses de son
abaissement, en matière financière.
66
DEUXIEME PARTIE : L’ABAISSEMENT DU ROLE DU PARLEMENT
EN MATIERE FINANCIERE.
Quelque soit le régime politique considéré, la préparation du projet de loi
de Finances relève presque toujours au pouvoir Exécutif. Les Etats africains ne
dérogent pas à cette règle. Au Bénin, plusieurs éléments justifient ce monopole de
l’Exécutif.
D’abord, la nouvelle Constitution adoptée le 11 décembre 1990 ne fait
référence qu’aux projets de loi de Finances et ne parlent jamais de propositions de
lois pour désigner son origine. Ensuite, des éléments jurisprudentiels sont venus
corroborer la mainmise du Gouvernement sur la préparation des lois de Finances.
La Cour constitutionnelle du Bénin, tirant les enseignements de la jurisprudence
du Conseil constitutionnel français, a estimé dans une décision CC 30-94 du 1er
octobre 1994 que « les lois de Finances ne peuvent être présentées que par le
Gouvernement ».
Enfin, les lois de Finances sont la traduction financière de la politique du
Gouvernement qui, par ailleurs, assume seul la responsabilité de son exécution.
Instrument technique de présentation des recettes et des dépenses de l'Etat, le
budget est le plus important texte d'orientation annuel du Gouvernement. Il
reflète les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent les grands choix
politiques du Gouvernement et traduit les vues de celui-ci sur la situation socio-
économique de la Nation. Il est subséquemment normal qu’il prépare ce texte. Le
fait majoritaire, souvent en faveur du l’Exécutif atrophie le fonctionnement de
l’institution parlementaire en mettant à mal l’exercice des fonctions à lui dévoué
par la Constitution. L’effacement du Parlement dans la procédure budgétaire
(chapitre I) et la mauvaise exploitation faite par le Parlement de sa fonction de
contrôleur en matière financière (chapitre II) semblent corroborer la thèse de
l’abaissement de son rôle en la matière.
67
CHAPITRE I : L’EFFACEMENT DU PARLEMENT DANS LA
PROCEDURE BUDGETAIRE
La transposition dans les Constitutions des techniques du parlementarisme
rationalisé, la fonction législative ordinaire des Parlements se voit claustrée dans
d’étroites limites : les Parlements ne maîtrisent plus le domaine de la loi, pas plus
que tout le processus d’élaboration et d’adoption des lois et plus particulièrement
les lois de Finances. La pratique politique en limite davantage les fonctions du
l’Assemblée nationale. La volonté de plus en plus affirmée des autorités en place
d’instrumentaliser la représentation nationale ainsi que toutes les autres
institutions en vue d’avoir un pouvoir absolu participent aussi à ce processus de
dilution des pouvoirs financiers du Parlement. L’emprise du Gouvernement aussi
bien dans la phase de préparation, de discussion que du vote final des projets de
lois de Finances justifie la primauté de l’Exécutif dans la procédure budgétaire
(section I) et la perte par le Parlement de ses pouvoirs fiscaux (section II).
SECTION I : LA PRIMAUTE DE L’EXECUTIF DANS LA PROCEDURE
BUDGETAIRE
Sous l’autorité du Chef du Gouvernement, le ministre des finances prépare
en liaison avec les autres ministres, les projets de loi de Finances qui sont arrêtés
en conseil des ministres. Les seules limitations restent aujourd’hui pour le
Gouvernement, le respect des délais constitutionnels pour le dépôt du projet de loi
de Finances. Il est apparu dans les Constitutions des Etats modernes qu’au cours
des discussions et des votes du projet de loi de Finances, le Gouvernement
disposait de multiples procédures lui permettant de guider le débat budgétaire
affirmant ainsi le monopôle de l’Exécutif en matière financière (paragraphe 1) par
rapport au Parlement devenu un acteur secondaire voire facultatif (paragraphe 2).
68
La rationalisation du débat budgétaire conduit à la maîtrise par le Gouvernement
du processus parlementaire168.
Paragraphe 1 : Le monopôle non contesté de l’Exécutif en matière
financière.
L’analyse des textes régissant le droit financier béninois montre que, grâce à la
technostructure de l’Exécutif et l’appui décisionnel du Chef de l’Etat, toute la
procédure d’élaboration des lois de Finances depuis la phase initiative (A)
jusqu’au calendrier de débats budgétaires (B) sont dominés par le Gouvernement.
A- L’initiative budgétaire, la chasse gardée de l’Exécutif.
Le pouvoir Exécutif exerce deux fonctions de première importance dans la
procédure budgétaire. Tout d’abord, il lui appartient d’élaborer chaque année un
projet de loi de Finances. Pour respecter le principe de stabilité, ce projet doit
s’insérer dans le cadre d’une stratégie à moyen terme cohérente pour les finances
publiques. Ensuite, l’Exécutif est responsable de l’exécution de la loi de Finances
annuelle et doit rendre compte au législateur des conditions d’application et des
résultats. Le projet de loi de Finances de l’année est arrêté par le Gouvernement en
Conseil des ministres. Et dans toutes ses dispositions, la Constitution financière du
Bénin fait état de projet de loi de Finances et non de proposition. En effet, l’article
20 de la Constitution française et l’article 54 de la Constitution béninoise du 11
décembre 1990 sont très significatifs. Ce n’est pas le Parlement qui détermine la
politique nationale, mais le Gouvernement (le Chef de l’Etat, Chef du
Gouvernement) politiquement responsable devant lui. Cela signifie très clairement
que le Parlement a perdu sa faculté d’initiative au profit du Chef du
168 En France par exemple ; Articles 40, 42, 44 alinéa 2 et 3, 49 alinéa 3 de la Constitution de 1958 ((limitation du droit
d’amendement, système du vote bloqué, mécanisme de la question de confiance) et article 42 de l’ordonnance du 2 janvier
1959 (limitation du droit d’amendement). Ces deux textes ont toujours inspiré la pratique béninoise en la matière.
69
Gouvernement, le Chef de l’Etat, seul à même par la capacité d’expertise dont il
est porteur, de fixer les grandes lignes d’une politique que le Parlement se
contentera d’approuver169. Ces dispositions portent en germe toutes les difficultés
du Parlement sous la Ve République en France et sous le renouveau démocratique
au Bénin, car tous les instruments du « Parlementarisme rationalisé » n’en sont
que la conséquence directe.
Il faut donc en tirer toutes les conséquences en admettant que le rôle
essentiel du Parlement moderne n’est plus de légiférer, mais de porter une
appréciation éclairée dans la mesure du possible sur les conditions mêmes de mise
en œuvre des politiques déterminées par le Gouvernement. « Si l’on s’émeut des
restrictions apportées, par exemple, aux pouvoirs des commissions parlementaires, à
l’exercice du droit d’amendement ou à la capacité de proposition législative, on oublie trop
souvent que ces mécanismes ne sont que la conséquence de cette capacité confiée au
Gouvernement responsable de concevoir la politique nationale. Techniquement, cette
mission s’exprime, pour l’essentiel, par l’élaboration des projets de loi dont il est alors
parfaitement logique d’exiger qu’ils puissent être inscrits prioritairement à l’ordre du jour,
et surtout discutés et adoptés sans être fondamentalement modifiés, au risque de mettre en
péril la politique voulue par le Gouvernement avec l’accord de sa majorité »170.
La phase parlementaire qui permettra à l’Assemblée nationale d’adopter les
dépenses et les recettes qui seront ultérieurement exécutées, ne verra pas l’Exécutif
être écarté, loin s’en faut, il y jouera même un rôle prépondérant.
169 X. VANDENDRIESSCHE, « Le Parlement entre déclin et modernité », ibid., pp. 59-70. 170 Idem.
70
B- La perte par le Parlement du calendrier du débat budgétaire.
En rationalisant les procédures budgétaires on a vassalisé le Parlement à
l’Exécutif. L’inscription à l’ordre du jour du projet de loi de Finances se fait
conformément à la disposition de l’article 94171 du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale. Conformément à l’article 35 de son règlement intérieur, le
Chef de l’Etat a le droit d’information sur l’ordre du jour de l’Assemblée. Cet
article dispose : « Le Président de la République doit être tenu informé de l'ordre du jour
des travaux des commissions de l'Assemblée nationale. Cet ordre du jour lui est
communiqué en principe deux jours au moins avant la réunion des commissions. Les
membres du Gouvernement sont entendus par les commissions sur la demande de ces
dernières; ils peuvent se faire assister ou représenter ». Le calendrier budgétaire
n’appartient pas au Parlement, il est défini dans la loi. Il court de l’ouverture de la
session d’octobre au 31 décembre de l’année. L’inscription de l’examen du projet
de loi de Finances à l’ordre du jour des Assemblées obéit à des conditions
particulières. L’article 84 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose :
« Les projets et les propositions de lois sont inscrits à l'ordre du jour de l'Assemblée dans
les conditions fixées par l'article 38172 du présent règlement intérieur. Les demandes
d'inscription prioritaires du Gouvernement sont adressées au Président de l'Assemblée
nationale qui en informe les Présidents des commissions compétentes et les transmet pour
avis à la plus prochaine conférence des Présidents. Si, à titre exceptionnel, le
Gouvernement demande une modification de l'ordre du jour par adjonction, retrait ou
inversion d'un ou de plusieurs textes prioritaires, le Président en donne immédiatement
connaissance à l'Assemblée. Les demandes d'inscription d'une proposition complémentaire
171 « <. Le dépôt du projet sur le bureau de l'Assemblée et son inscription à l'ordre du jour sont fixés par les dispositions des articles 77
et suivants du présent règlement intérieur ».
172 La Conférence des Présidents émet un avis sur l'ordre du jour des travaux de l'Assemblée nationale proposé par son Président. Elle
peut être consultée sur tout autre sujet par tout membre de ladite Conférence.
71
à l'ordre du jour sont adressées au Président de l'Assemblée nationale par le Président de
la commission saisie au fond ou par un Président de groupe parlementaire ».
Le temps consacré par le Parlement à la discussion du projet de loi de Finances
est encadré. En France comme au Bénin, il est restreint par des dispositions
normatives. S’il n’est pas respecté, « les dispositions du projet peuvent être mises en
vigueur par ordonnance »173, ce qui représente une forte sanction du Parlement, bien
qu’elle ne soit qu’une simple faculté laissée au Gouvernement. Elle découle
cependant de la nécessité d’assurer la continuité de la vie nationale. On ne compte
plus les propositions ou projets visant à assurer une « revalorisation » du rôle du
Parlement qui serait devenu "le parent pauvre de nos institutions démocratiques" ;
reléguant ainsi l’institution au rang d’un acteur secondaire dans le processus
budgétaire.
Paragraphe 2 : Le Parlement, un acteur secondaire ou facultatif
Même s’il a été peu de fois utilisé, les ordonnances de l’article 68 de la
Constitution, en matière financière tendent à minimiser l’importance du vote par
le Parlement de la loi de Finances. Cet état de chose laisse penser dans l’opinion
comme dans la doctrine que le Parlement serait devenu un acteur secondaire (A)
dans le processus budgétaire. Mais, sa place, quoique facultatif, reste nécessaire
(B) dans le bon fonctionnement d’un Etat de droit.
173 Article 110 de la Constitution du 11 décembre 1990 dispose : « <. Si l'Assemblée nationale ne s'est pas prononcée, à la date du
31 décembre, les dispositions du projet de loi de Finances peuvent être mises en vigueur par ordonnance. Le Gouvernement saisit pour
ratification, l'Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai de quinze jours. Si l'Assemblée nationale n'a pas
voté le budget à la fin de cette session extraordinaire, le budget est établi définitivement par ordonnance ».
72
A- Un acteur secondaire
Tous les Etat démocratiques font figurer dans leur législation le principe de
la suprématie budgétaire du Parlement, prévoyant notamment, que seule la loi
(c’est-à-dire le législateur) peut autoriser l’impôt ou la dépense publique ; mais, le
degré d’intervention de la loi dans les autres aspects de la procédure budgétaire
varie en fonction notamment de l’importance accordée au fondement légal des
divers stades d’approbation de la loi de Finances174. Si c’est seulement aux
représentants du peuple et à eux seuls que revient le pouvoir de donner au
Gouvernement l’autorisation pour percevoir des recettes et effectuer des dépenses
nécessaires pour le bon fonctionnement de l’Etat et de ses services, il n’est donc
pas possible pour le Gouvernement de procéder à des perceptions d’une recette ou
à la réalisation d’une dépense qui n’a pas été préalablement admise par la loi de
Finances votée par le Parlement. Tout le problème est de savoir si les Parlements
disposent vraiment de marge de manœuvre suffisante dans la production du
consentement.
Les conditions de recevabilité175 et de discussion176 des amendements, les
manœuvres politiques, le délai de la discussion du projet de loi de Finances et les
possibilités d’ordonnance qu’offrent les articles 68 et 110 de la Constitution
tendent à confirmer le rôle secondaire du Parlement dans le processus. Déjà qu’il
174 Revue de l’OCDE sur la gestion budgétaire – « Le cadre juridique des systèmes budgétaires : une comparaison
internationale », volume 4 – numéro 3, OCDE 2004, p. 71.
175 Tout article ou amendement contenant des dispositions autres que celles prévues par la loi organique de finances doit
être retiré du projet de la loi de Finances et faire l'objet d'un débat distinct, si la commission permanente qui aurait été
compétente pour en connaître au fond, le demande, et si le président ou le rapporteur ou un membre du bureau de la
commission des finances spécialement désigné à cet effet l'accepte. Ce débat est inscrit d'office à l'ordre du jour de
l'Assemblée à la suite de la discussion du projet de la loi de Finances, s'il s'agit d'un article de ce projet de loi. Les articles
additionnels et amendements contraires aux dispositions de la loi organique des finances sont déclarés irrecevables dans les
conditions fixées par les articles 107 de la Constitution et 74 du règlement intérieur.
176 La discussion des projets de lois de Finances s'effectue conformément aux dispositions particulières de la Constitution,
notamment des articles 96, 99, 109, 110 et 112, des lois applicables et à la procédure relative aux lois de Finances du présent
règlement intérieur.
73
n’est pas associé à la phase de la rédaction des articles du projet de la loi de
Finances, les marges de manœuvre dont il dispose peuvent être mises à mal par la
possibilité d’ordonnance. Le délai global de 60 jours dont il dispose pour se
prononcer sur le budget est insuffisant par rapport au volume du travail que
représente l’étude du projet de la loi de Finances ; en cas de non respect, le
Gouvernement peut user de l’article 110 de la Constitution pour mettre en
exécution son budget. Les possibilités laissées au Gouvernement de pouvoir
contourner l’avis du Parlement dans le processus budgétaire démontre que son
rôle dans le processus budgétaire tient plus d’une symbolique que d’un réel
pouvoir. Mais, cette position de l’institution ne lui ôte pas son rôle d’acteur
indispensable, nécessaire pour le bon fonctionnement d’une démocratie, même si
ce rôle peut s’apparenter à une comédie tragique.
B- Un acteur facultatif, mais nécessaire.
Si le Gouvernement dispose d’une suprématie incontestable en matière
budgétaire sur le Parlement pour plusieurs raisons, ce dernier, bien que parfois
« concurrencé », n’est pas pour autant exclu du processus budgétaire. Au contraire
: le constituant a tenté d’élaborer un compromis entre la nécessaire et l’efficacité de
l’action politique, qui tend à maximiser les pouvoirs et les compétences du
Gouvernement, et l’indispensable légitimité qui doit porter cette action : le Chef
du Gouvernement détermine, mais avec l’accord du Parlement représentant de la
Nation177. Le rôle du Parlement demeure essentiel : représentant la nation et les
contribuables, il consent toujours à l’impôt, mais dans le cadre particulier fixé par
la Constitution. Même si les textes ôtent au Parlement toute maîtrise du processus
budgétaire qui revient principalement au Gouvernement, dont l’ensemble de la
préparation du budget, le Parlement est encore cité en exemple malgré ses
177 X. VANDENDRISSCHE, « Le Parlement entre déclin et modernité », ibid., p. 61.
74
difficultés comme un acteur essentiel dans le jeu démocratique car , son
importance n’est pas due à son rôle de législateur, mais à sa nouvelle capacité
d’orientation et de contrôle de l’activité gouvernementale dans le sens voulu par
l’opinion nationale178. De manière plus spécifique, la Constitution limite le pouvoir
du Parlement de deux points de vue : d’une part, elle impose des contraintes de
délais très strictes ; d’autre part, le droit d’amendement des parlementaires au
projet de loi de Finances est encadré. Le Parlement doit, d’abord, attendre le dépôt
du projet de loi de Finances qui ne peut être une proposition : seul le
Gouvernement en a l’initiative avant qu’il ne joue sa "partition", bémolisé pendant
la phase législative.
L’inutilisation de certaines procédures de contrôle qui peuvent s’effectuer
pendant la phase législative de la loi de Finances179, participe au renforcement de
la thèse de son « déclin », voire, de « inutilité ». Mais, cela ne veut pas dire que ces
pouvoirs sont pour autant insignifiants. Il ne faut pas mélanger le fond même des
compétences budgétaires des assemblées avec la façon dont elles sont exercées en
pratique180.
Loin d’être devenue de "simple formalité", la soumission du budget au vote
du Parlement reste une formule privilégiée et irremplaçable de rapport et de
dialogue entre les pouvoirs publics181. Les assemblées ayant toujours une mission
de protection des intérêts des contribuables et bien que donnant chaque année leur
consentement, ce dernier est, cependant, devenu « automatique » car, « entre la
pérennité de l’Etat et le droit de refuser la perception de l’impôt, les parlementaires n’ont
178 G. BURDEAU, Traité de science politique, Tome 9, p. 173.
179 Il s’agit des contrôles sur place et sur pièce que peuvent effectuer les différentes commissions spéciales lors de l’audition
des présentations des budgets sectoriels des différentes institutions de la République.
180 P. AMSELEK, « Le budget de l’Etat et le Parlement sous la Ve République », ibid., p. 1453.
181 Ibidem., p. 1458.
75
pas, dans les faits, de liberté de choix »182. Son incapacité à influencer les agrégats
financiers de l’Etat semble fonder la perte de ses pouvoirs fiscaux.
SECTION II : LA PERTE DES POUVOIRS FISCAUX DU PARLEMENT
Les pratiques politico-administratives ont conduits au contournement des
pouvoirs fiscaux du Parlement par l'Exécutif, et à l'abdication par le Parlement de
ses propres pouvoirs. L’institution parlementaire est concurrencée par l’Exécutif,
les élus locaux et les contraintes extérieures liées à des obligations
communautaires ou internationales, le poids des droits acquis et des engagements
pris, (dette, accords issus des discussions avec les représentants syndicaux)
réduisent le champ de la discussion des dispositions fiscales du budget et rendent
étroite la marge de manœuvre des députés183. Ainsi, le principe du consentement à
l’impôt et les limites de manœuvre du Parlement (paragraphe 1) semblent
restreindre la portée réelle d’un principe traditionnellement consacré dans le droit
budgétaire. A ces restrictions s’ajoutent celles dues au développement du droit
communautaire en matière fiscale (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Du principe du consentement à l’impôt et des limites du
Parlement
Historiquement fondateur de l’institution parlementaire, force est de
constater, de nos jours la régression palpable des pouvoirs fiscaux des Parlements
au regard de ce qu’ils furent. Par la proclamation de l’article 14 de la DDHC, il est
affirmé solennellement le principe du consentement à l’impôt comme source du
182 X. CABANNES, « L’Etat, le Parlement et le consentement à l’impôt », in RFFP, n° 77, 2002, pp. 240-242.
183 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général», in L. PHILIP (dir.), L’exercice du pouvoir financier du Parlement. Théorie, pratique et évolution, op. Cit.,
p. 136, J.L. PAIN, « La politique budgétaire : un degré de flexibilité », in RFFP, n° 46, 1994, p. 65.
76
pouvoir fiscal du Parlement184. Pas plus que naguère le pouvoir fiscal royal ne fut
absolu, pas plus celui du Parlement ne semble absolu. L’examen du principe
juridique (A) du consentement à l’impôt laisse apparaître des limites pratiques (B)
montrent que le pouvoir fiscal du Parlement contrebalance le pouvoir fiscal du
Gouvernement en occurrence celui de son chef.
A- Du principe juridique
La théorie financière classique héritée du constitutionnalisme occidental,
attribuait le pouvoir de décision en matière financière aux assemblées élues au
suffrage direct des citoyens. Les nouvelles Constitutions africaines retiennent
également le principe du consentement populaire à l’impôt.
La légalité de ce principe résulte de deux sources : la Constitution et la
DDHC. L’article 96 dispose : « l’Assemblée nationale vote la loi et consent l’impôt » et
l’article 98 énonce : « la loi fixe les règles relatives à l’assiette, au taux, et aux modalités
de recouvrement des impositions de toute nature ». Quant à l’article 110, il dispose : «
l’Assemblée nationale vote le projet de loi de Finances dans les conditions prévues par la loi
organique ». L’article 14 de la DDHC prévoit : « tous les citoyens ont le droit de
constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution
publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité,
l’assiette, le recouvrement et la durée ». Le principe clé est celui du consentement de
l’impôt par les citoyens ou par leurs représentants.
Pour être légitime, l’impôt doit avoir été consenti par les citoyens ou leurs
représentants. Ce principe de consentement de l’impôt exprimé dans la DDHC est
le fondement du principe de légalité de l’impôt. Par conséquent, le principe de
légalité exige, d’une part, une compétence du législateur dans la création des
184 P. M. GAUDEMET, « Le pouvoir fiscal du Parlement », in L. PHILIP (dir.), L’exercice du pouvoir financier du Parlement.
Théorie, pratique et évolution, op. Cit., p. 41.
77
normes fiscales, non seulement, exclusives, mais aussi, extrêmement étendues.
D’autre part, cette compétence exclusive et étendue du législateur n’interdit pas le
démembrement du pouvoir fiscal ou son partage entre l’Etat et les collectivités
territoriales. Les collectivités territoriales ont le droit de lever leurs propres
impôts, cependant elles n’ont ni la compétence nécessaire à la création de leurs
propres impôts, ni pour la détermination de l’assiette, du mode de recouvrement
et du taux des impôts. Le partage de compétence signifie que normalement seul le
Parlement est compétent pour la création de normes fiscales contenant les règles
de création de l’impôt et de fixation des modalités de recouvrement, de l’assiette et
du taux de l’impôt. Pourtant, le régime de vastes secteurs de dépenses échappe au
Parlement, soit parce que celui-ci y a perdu toute compétence, soit en raison des
conditions dans lesquelles il s’exerce185.
En ce qui concerne par exemple, les dépenses sociales, les droits concrets
qui, donnent leurs mesures effectives figurent dans des décrets, arrêtés et
instructions ministériels186. Les rémunérations versées aux agents publics ne
relèvent de la loi que pour des principes forts généraux. Dans la réalité, toutes les
dispositions qui se traduisent par des dépenses figurent dans des actes
administratifs souvent pris par l’Exécutif après concertation avec les organisations
syndicales représentatives. Le Parlement n’a pratiquement aucune prise sur cette
masse de dépenses obligatoires et automatiques187. Il en est de même en ce qui
concerne la dette publique, car le régime juridique des emprunts est contenu dans
les décrets et arrêtés. La limitation des pouvoirs financiers du Parlement se traduit
par le souci des constituants à préserver l’Exécutif des crises financières pouvant
provenir du refus du Parlement à autoriser certaines dépenses et certaines recettes
185R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général», ibid., p. 125.
186 Idem.
187 Il suffit de se rappeler des grèves des fonctionnaires de l’Etat qui ont fini par déboucher sur des accords qui ont conduit
le Gouvernement à prendre des décrets accordant des augmentations de salaires ou des indemnités liées à la fonction.
78
inéluctables. Une large manœuvre est laissée à l’Exécutif principalement au chef
de l’Etat et au ministre en charge des finances et de l’économie de pouvoir, par
voie règlementaire, modifier selon les effets de la conjoncture certaines
dispositions de la loi de Finances.
Le consentement à l’impôt se caractérise par l’autorisation donnée par le vote
du Parlement de la loi de Finances, et traduit son accord par rapport à toutes les
mesures fiscales contenues dans la loi. Par voie règlementaire, le Gouvernement
peut modifier des taux d’imposition, voire, même annuler certains impôts,
certaines recettes budgétaires ayant un caractère fiscal et consenties par le
Parlement. Ce qui frappe à l’œil c’est l’usage que le Parlement fait de son droit de
consentir à l’impôt. Le problème ne vient pas du fait que ce droit est entamé ou
non, mais plutôt de ce qu’il est exercé avec bénignité. De manière
prèsqu’axiomatique « le Parlement consent aux augmentations d’impôt avec une
étonnante facilité, avec une extraordinaire facilité »188 et qui justifie le fait que le Bénin
fasse partie des Etats ayant le plus grand nombre d’impôts. « Le consentement à
l’impôt est devenu une sorte de fiction malmenée par les nécessités des finances publiques,
malmenée par certaines formes de brutalité gouvernementale, malmenée encore par
l’aliénation d’une majorité parlementaire au nom de la solidarité politique »189 et de la
discipline du groupe pour finir par limiter pratiquement la portée du principe.
b- Des limites pratiques
En matière fiscale, les faits dominent la fiction juridique. Pour le projet de
loi de Finances de 2010, le rapport général de la commission
des finances et des échanges faisait état des propositions de la Direction Générale
188 R. HERTZOG, « L’avenir du pouvoir financier du Parlement : miroir des ombres ou garant de l’équilibre du
‘gouvernement général’ », ibid., p. 45.
189 Idem.
79
des Douanes et Droits Indirects (DGDDI) comportant des mesures reconduites et
de nouvelles mesures. Parmi les mesures reconduites, il y a les exonérations sur
le matériel informatique190, les exonérations sur les bus neufs, l’exonération des
droits et taxes de douane sur les équipements des stations services191.
Parmi les nouvelles mesures, nous avons d’abord la réduction de la taxe
spéciale de réexportation à 4%, mesure qui intervient pour lutter contre le
détournement du trafic à destination du Nigéria vers les pays de l’hinterland qui
eux, bénéficient de la suspension de la perception de la taxe de voirie (TV) et les
mesures édictées par la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID)
telles que la modification de l’article 6, paragraphe 4 du CGI en vue de préciser les
conditions générales des charges. Ensuite, nous avons la modification des articles
47 alinéa 3 du CGI en vue d’apporter les précisions sur l’immatriculation des
entreprises au sujet de l’acompte sur impôts assis sur les bénéfices (AIB) ; la
modification de l’article 47 quater II nouveau du CGI en vue de mettre en
conformité les taux de l’impôt BIC des prestataires étrangers à ceux des
prestataires nationaux. Cette modification traduit l’égalité de tous devant l’impôt ;
la modification des dispositions de l’article 226 du CGI afin de légitimer la
particularité à propos de leur imposition à la TVA faite aux Agences de voyages ;
la modification des dispositions de l’article 246 nouveau paragraphe 4 du CGI en
vue de garantir la neutralité de la TVA béninoise (l’article comportait 4 alinéas. Un
5è alinéa a été donc ajouté pour permettre aux bénéficiaires de remboursement de
TVA de recevoir 75% de leur prétention dans les quinze jours après le dépôt de
190 Lire le rapport général de la commission des finances et des échanges de 2009, pour le budget 2010. « L’exonération sur le
matériel informatique concerne également les logiciels, les imprimantes et pièces détachées même présentés isolément.
Cette mesure, instaurée depuis la loi de Finances 2000, vise à promouvoir au Bénin les nouvelles technologies de
l’information et l’utilisation des ordinateurs. Elle est reconduite selon le Gouvernement eu égard à ses effets bénéfiques sur le
développement des entreprises ».
191 Lire le rapport général de la commission des finances et des échanges. Cette mesure déjà contenue dans la loi de
Finances, gestion 2009 a été reconduite pour l’année 2010 en vue de l’éradication définitive du trafic illicite des produits
pétroliers.
80
leur réclamation) ; la modification des dispositions des articles 335, 337, 390, 397 à
399 et 404 à 409, 470 et 472 à 475 du CGI en vue de faciliter la mise en œuvre des
révisions de tarifs sur les droits d’enregistrement par la loi de Finances 2007 ; la
modification de l’article 525 du CGI afin de le rendre conforme aux réalités
économiques actuelles (les droits des années 60 qui étaient de 100F, 50F et 1000F
ont été multipliés par 5 en tenant compte de l’érosion monétaire) ; la modification
des dispositions des articles 326 et 573 du CGI afin d’assujettir les marchés relatifs
aux prestations de services à la formalité de l’enregistrement.
Enfin, nous avons l’abrogation des dispositions du CGI (articles 962-1 à 962-
11) instituant la taxe de développement local (TDL) en tant que impôt direct local
en vue de lui substituer une nouvelle TDL (articles 1084 quinter 1 à 1084 quinter
10) conçue comme un impôt indirect local et modification des dispositions de
l’article 10 de la loi portant régime financier des Communes en République du
Bénin ; la modification des dispositions des articles 996 et 1038 du CGI en vue
d’étendre la sanction prévue à l’encontre des contribuables qui ne respectent pas
leurs obligations de paiement des droits dus dans les délais légaux aux redevables
de la patente et de la contribution foncière des propriétés bâties et non bâties ; la
modification des articles 251, 255, 256, 1018 et 1084-16 du CGI afin de les rendre
conformes au décret 2006-201 du 08 mai 2006 portant création d’un numéro
d’identifiant unique et de répertoire des personnes, institutions et associations192 ;
la modification des dispositions des articles 1016, 1029, et 1084-14 nouveau du CGI
relatif au paiement de la Taxe Professionnelle Unique (TPU).
La technicité fiscale qui échappe à la majeure partie des députés les rend
impuissants devant les connaissances ‘’savantes’’ des technostructures chargées de
l’élaboration du CGI. Même si la majorité le voulait, et si l’opposition le pouvait,
ni l’une, ni l’autre n’a en réalité le pouvoir Constitutionnel, la volonté politique et
192 Il s’agit d’une mise en conformité au décret n° 2006-201 du 08 mai 2006 portant création d’un numéro d’identifiant fiscal
unique.
81
surtout la connaissance technique pour influer sur les choix budgétaires du
Gouvernement dans le sens de la défense des intérêts globaux des populations
dont ils sont les représentants. Bien souvent, face aux argumentations denses et
solides ponctuées de références chiffrées tirées de l’environnement économique
national et international présentées par les ministres qui défilent devant le
Parlement pour soutenir leurs enveloppes budgétaires, les députés sont contraints
à la démission intellectuelle, les seules observations Parlementaires possibles ont
généralement trait à l’orthographe de tel ou tel mot, au pourquoi ou au comment
de telle ou telle ligne budgétaire. Face à ce « pugilat intellectuel et politique » entre
membres du Gouvernement et membres du Parlement, le déséquilibre est
perceptible dès la phase administrative de l’élaboration des lois de Finances193.
Jusqu’à son examen et adoption, le consentement à l’impôt serait devenu
un consentement « par ‘défaut’ »194, « négatif » ou un « consensus apparent »195.
L’apparence témoignerait davantage des « difficultés à formuler une critique »
envers le Gouvernement, ne pouvant « argumenter à armes égales »196. La durée des
débats parlementaires ou la date d’adoption du budget font donc parfois l’objet de
contraintes particulières qui limitent l’analyse des documents budgétaires à une
analyse superficielle. Par ailleurs, dans la pratique parlementaire au Bénin, la
période d’étude et d’adoption du projet de loi de Finances correspond à la période
de soixante jours de manipulation politique de l’Exécutif conforté par sa majorité
parlementaire tendant à détourner l’attention des députés du projet de loi. Cette
période correspond aussi à celle qui fait apparaître de nombreux accords à ratifier
ou de lois querellées par l’opposition à voter.
193 K. SOMALI, Le Parlement dans le nouveau constitutionnalisme en Afrique : Essai d’analyse comparée à partir des exemples du
Bénin, du Burkina Faso et du Togo, op. Cit, p. 273.
194 P. ROSANVALLON, La contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance, Paris, Ed. Seuil, 2006, p. 187.
195 Ibidem., p. 188. 196 Ibidem., p. 189.
82
Il est aujourd’hui impossible de parler des facteurs limitant des pouvoirs
financiers des Parlements sans faire allusion à l’environnement international et
plus spécifiquement au développement du droit communautaire.
Paragraphe 2 : Des limitations dues au développement du droit
communautaire en matière fiscale
La souveraineté du Parlement dans la création des normes fiscales n’est pas
aussi effective que pourrait laisser le supposer la lecture des articles 96 et 98. Deux
types de limites viennent atténuer ce principe de souveraineté : d’une part, les
limites externes, d’autre part, les limites internes. Le pouvoir financier s’est établi
au niveau de l’Etat central, entre pouvoir législatif et Exécutif, pour se « prolonger
» dans la décentralisation territoriale et fonctionnelle (les finances sociales)197. Cette
dernière en particulier met en présence des acteurs de plus en plus nombreux et
divers, publics, mais également issus de la société civile (partenaires sociaux par
exemple). Les limites externes résultent du développement d’un droit externe en
matière fiscale. Il s’agit notamment du développement des conventions fiscales
internationales (A) et du développement du droit communautaire (B).
A- Le développement des conventions fiscales internationales
Les règles établies dans la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 et la
loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances n’ont
pas pour autant amoindri le rôle politique du Parlement dans les débats
budgétaires qui demeure toujours aussi essentiel. Les deux corps de règles,
constitutionnelles et organiques, sont cependant confrontés aux enjeux et
pressions externes à leur ordre juridique. Les conventions fiscales internationales
sont des accords ou traités bilatéraux entre des Etats. Ces accords ont un objet
197 R. HERTZOG, « Une grande première : la réforme du droit budgétaire de l’Etat par le Parlement », in RFFP, n°73, 2001, p.
17.
83
précis : éviter le phénomène de double imposition (par exemple une entreprise qui
a plusieurs domiciles dans des Etats différents). Le droit fiscal ignore la nationalité
du contribuable qui est taxé automatiquement dès lors qu’il se trouve sur le
territoire national ; par conséquent une personne peut être soumise aux exigences
fiscales de plusieurs Etats simultanément, et un de ces Etats devra consentir à un
abandon de créance pour éviter le phénomène de double imposition. Parlement et
Gouvernement ne sont plus seuls à déterminer le contenu des finances publiques
et doivent prendre en compte une série de contraintes et de normes externes. Il
s’agit le plus souvent de la conséquence de leur participation à des organisations
internationales (UE, FMI, OCDE, CEDEAO, UA, UEMOA, OHADA) dotées pour
certaines d’un pouvoir contraignant en matière budgétaire et financière198.
Le droit fiscal béninois se trouve confronté avec des normes provenant non
pas du Parlement, mais de sources extérieures résultant du développement des
conventions fiscales internationales et du droit communautaire en matière fiscale.
La discipline budgétaire étant à l’ordre du jour dans les systèmes financiers des
Etats africains199, les conventions internationales restreignent donc le pouvoir du
Parlement. Dans le cas des conventions, le Parlement ne conserve qu’un rôle
formel en ratifiant le traité. Son pouvoir d’appréciation effectif est limité car il n’est
pas à l’origine de la convention qui a été conçue de Gouvernement à
Gouvernement, et il ne peut pratiquement pas refuser de ratifier le traité (pour la
sécurité des relations internationales). Dans le contexte de la hiérarchie des
normes, et selon le principe établissant que les dispositions internationales
résultant d’un traité ratifié ont une valeur supérieure au droit interne, les
198 M. BOUVIER, « Mutations des finances publiques et crise du pouvoir politique ? », ibid., p. 255. Ces contraintes résultent
aussi de la dépendance de l’Etat et des autres personnes publiques par rapport aux marchés financiers évoquée par R.
HERTZOG, « La mutation des finances publiques : manifeste pour une discipline rajeunie ! », ibid., p. 270.
199 S. YONABA, « Le système financier des Etats africains francophones à l’épreuve de l’impératif de « discipline
budgétaire » », in Mélange en l’honneur de Robert HERTZOG, Réformes des finances publiques et modernisation de
l’administration, Economica, 2011, p. 621.
84
conventions supplanteront les normes fiscales internes, restreignant ainsi le rôle
du Parlement.
B- Le développement du droit communautaire en matière fiscale
Le droit fiscal communautaire ne concerne pas tous les impôts. Le
processus d’harmonisation fiscale communautaire ne concerne pour l’instant que
ceux inscrits au Tarif Extérieur Commun (T.E.C). L’objectif de cette harmonisation
est de rapprocher les législations nationales en matière de Droit de douane, de
redevance statistique, de prélèvement communautaire de solidarité, de la taxe
conjoncturelle à l’importation, de la taxe dégressive de protection, pour faciliter la
libre concurrence à l’échelle régionale, et en réduisant les disparités entre les Etats
en matière de règles d’assiette et de taux d’imposition en matière d’importation.
L’harmonisation ne signifie pas l’uniformisation des législations nationales. Le
droit fiscal communautaire se matérialise par la transposition de directives de
l’UEMOA dans les législations internes des Etats membres. Le Gouvernement par
voie législative va donc transposer une directive qu’il n’a pas élaborée lui même :
les grandes lignes lui ont été imposées. En matière du T.E.C, les règles relatives au
taux et à l’assiette résultent des obligations établies par les directives.
Au plan interne, le Parlement, même s’il est officiellement souverain en
matière fiscale, ne l’est souvent que formellement : c’est le phénomène d’« érosion
de la fonction législative ». On peut déceler dans le contenu des lois fiscales aussi
bien que dans leur origine que le Parlement n’est que formellement leur créateur.
Dans le système constitutionnel, l’Exécutif a un droit d’initiative en matière
législative (projets de loi). L’initiative en matière législative est partagée entre
l’Exécutif et le Législatif, sauf en matière budgétaire (le budget de l’Etat est une loi
réservée à la compétence du Gouvernement). Compte tenu du phénomène
majoritaire, les projets de loi ont toutes les chances d’être approuvés par le
85
Parlement. La rédaction des projets de loi en matière fiscale provient la plupart du
temps de l’administration fiscale. Les normes fiscales se caractérisent par un
contenu souvent extrêmement général. Le contenu très général de la loi fiscale
permet au pouvoir réglementaire de se déployer très largement.
L’« opposabilité de la doctrine administrative en droit fiscal » représente un
cas extrême dans lequel le Parlement a renoncé à ce que la loi soit la norme
supérieure en matière fiscale. La « doctrine administrative » est ici un
commentaire des textes par l’administration fiscale à l’intention de ses agents et
des contribuables. Les contribuables peuvent se conformer à la doctrine
administrative ; ce qui pose un problème dans le cas où un agent de
l’administration fiscale interprète la loi de manière différente.
L’harmonisation des politiques économiques de la communauté
européenne postule une limitation ou un transfert de la compétence normative
nationale200. La politique agricole commune repose sur le principe de l’unité de
prix, par produit, dans l’ensemble de la communauté. Cette tendance de l’Union
Européenne et de l’UEMOA conduit à la déduction d’une inévitable réduction des
pouvoirs financiers des Parlements des Etats. Les objectifs à long terme de
l’UEMOA, de la CEDEAO, de l’OHADA et de l’UA sont des facteurs de réduction
des pouvoirs financiers du Parlement béninois.
Au nombre de tous ces facteurs, il vient s’ajouter, dans les pratiques
parlementaires le phénomène du fait majoritaire qui, à son tour vient mettre à mal
l’exploitation par le Parlement de sa fonction de contrôleur financier.
200 D.LINOTTE et R. ROMI, Services publics et droit public économique, Paris, Litec, 2001, p. 102.
86
CHAPITRE II : LE CONTROLE PARLEMENTAIRE EN MATIERE FINANCIERE,
L’ULTIME POUVOIR MAL EXPLOITE DU PARLEMENT.
Si les pouvoirs de contrôle des parlementaires sont certes limités, ils n’en
demeurent pas moins réels. Mais, il faudra d’abord voir si dans
l’institutionnalisation des mécanismes de contrôle, aussi bien sur l’activité du
Gouvernement que, sur la gestion des finances publiques, on note une évolution
significative du rôle des assemblées parlementaires africaines et en particulier
celui du Bénin à l’instar de ce qui se passe dans certains pays occidentaux où le
contrôle est plus ou moins effectif. On peut en douter pour plusieurs raisons. En
réalité, bien que les nouveaux textes constitutionnels qui régissent le
fonctionnement des Etats en Afrique depuis 1990, ouvrent formellement, pour la
première fois depuis les indépendances, la voie à ce type de contrôle, sa portée
réelle est considérablement réduite du fait d’une rationalisation excessive ainsi
qu’à une absence totale de volonté politique qui trouve sa source dans une culture
politique qui accorde plus d’importance au pouvoir Exécutif qu’aux représentants
du peuple. C’est dans cet environnement miné par le fait majoritaire que
s’exercice le contrôle politique de l’exécution des finances publiques (section I)
complètement annihilé par des entraves politiques, techniques et au musèlement
du rôle de l’opposition parlementaire (section II) qui rendent difficile la mise en
jeu de la responsabilité politique du Chef de l’Etat et de son Gouvernement.
87
SECTION I : DU CONTROLE POLITIQUE ET LE FAIT MAJORITAIRE
Depuis que Lord BRYCE a écrit Modern Democraties, « le déclin des
Parlements », les positions n’ont plus cessé dans la doctrine de stigmatiser les
Parlements qui seraient devenus vassaux de l’Exécutif à cause du fait majoritaire.
Le souci de la rénovation des Parlements tend à rechercher une opposition au sein
des institutions parlementaires pour réellement assumer le rôle du contrôleur que
devrait être celui des Parlements au sein desquels les commissions d’enquête sont
enrhumées par le fait majoritaire (paragraphe 1) et où le règlement des comptes de
l’Etat (paragraphe 2) se fait de manière désintéressé.
Paragraphe 1 : Des commissions d’enquête Parlementaire et le fait
majoritaire
Si les commissions d’enquête parlementaire ont des pouvoirs étendus, le
fait majoritaire, s’il n’arrive à l’annuler entame au moins ses pouvoirs. Le fait
majoritaire se manifeste aussi bien au sein de la commission des finances (A) que
des commissions d’enquête parlementaire (B).
A- La Commission des Finances et le fait majoritaire.
Les commissions permanentes examinent les budgets sectoriels des
départements relevant de leur compétence. Les différentes commissions font leurs
rapports à la commission mère, qui est la commission des finances et des échanges
de l’Assemblée nationale. Elles peuvent également enquêter sur tout problème.
Les commissions permanentes constituent les structures de base de l’organisation
parlementaire. La coopération de la commission des finances est une nécessité,
pour tout ministre des finances désireux d’assurer l’adoption de son budget. Cette
commission joue ainsi un rôle très important dans la procédure budgétaire et
même pendant l’examen de la loi de règlement qui permet à l’Assemblée nationale
88
de s’assurer de l’exécution du budget voté par elle201. Le contrôle budgétaire
s’appuie sur les pouvoirs propres des rapporteurs spéciaux des commissions des
finances qui peuvent faire des contrôles sur pièces et sur place202. La commission
des finances et des échanges exerce le contrôle parlementaire des finances
publiques et le contrôle parlementaire de l’action gouvernementale. Le pouvoir de
contrôle des finances publiques reconnu à l’Assemblée nationale fait, du Président
de la commission des finances et de son rapporteur, les agents de renseignement
du Parlement sur la gestion budgétaire de l’Etat. Conscient de cela, dès la mise
sur pied de ces commissions, la majorité soutenant les actions du Gouvernement
s’arrange pour ne pas laisser les places importantes de ces commissions aux
députés de l’opposition.
Le fait majoritaire poserait surtout le problème de la collaboration entre
parlementaires : il demeurerait très difficile de dépasser les clivages partisans,
alors même que le contrôle et l’évaluation devraient être accomplis en commun
par l’ensemble des élus203. Malgré son pouvoir d’investigation et de contrôle
poussé de l’action gouvernementale, la commission des finances n’est pas non
plus à l’abri du fait majoritaire, rendant plus délicate la mission du « rapporteur
spécial, en particulier s’il appartient à la majorité » qui « doit assumer politiquement
les difficultés que son contrôle peut soulever »204. L’attribution de la présidence de la
commission des finances de l’Assemblée nationale à un membre de l’opposition
est, à cet égard, intéressante. Elle permettra d’améliorer l’accès à l’information de
201 G. NINGATA, Député, 1er Vice-président de l’Assemblée nationale de la République Centrafricaine, « Rôle et
fonctionnement des Parlements en Afrique », Symposium international de Bamako, 2001, p. 86.
202 A. DELCAMP, « La perception du contrôle parlementaire. Comment le rendre plus attractif ? », in Pouvoirs n° 134, 2010,
p. 112.
203 J. GICQUEL, « Le contrôle parlementaire », in Séminaire du Groupe d’Etudes sur la vie et les institutions parlementaires
(GEVIPAR), lundi 11 octobre 2010, p.3.
204 Ph. DAUTRY, Ph. LAMY, « Le contrôle de la gestion publique par la Cour des comptes et par le Parlement : concurrence
ou complémentarité ? », in RFFP, n° 80, décembre 2002, p. 138.
89
l’opposition afin de mieux jouer son rôle face à la majorité et au gouvernement, en
renforçant le contrôle de ce dernier205.
Le fait majoritaire tel qu’il est pratiqué au Bénin constitue l’une des
meilleures garanties de la stabilité de notre jeune démocratie. Il convient donc
d’imaginer un système qui puisse combiner les indéniables avantages du fait
majoritaire et le respect dû à l’opposition parlementaire, facteur, quelle que soit sa
couleur, de vitalité des Assemblées. Ce mariage dit « de la carpe et du lapin » peut
être envisagé au sein du Parlement et en particulier au sein de la commission des
finances pour ne pas faire de la démocratie, la dictature de la majorité206. « La
majorité parlementaire peut être une majorité au Parlement, mais être opposition par
rapport à la mouvance présidentielle ; de même la minorité parlementaire peut être dans la
mouvance présidentielle ; la distinction majorité/minorité doit donc être comprise « intra
muros » c’est-à-dire au sein de l’Assemblée nationale sans contingence ni lien avec
l’Exécutif »207. Il est donc facile de déterminer la majorité et la minorité au sein
d’une Assemblée, par le comportement et le vote des députés. Une fois identifié, il
deviendra aisé d’en tenir compte dans la constitution des commissions d’enquête
parlementaire au fin du respect du principe à valeur constitutionnelle de la
représentation proportionnelle consacré par la Cour Robert DOSSOU dans sa
décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011208. Ainsi, les commissions d’enquête
parlementaires, dans leurs missions, se conforment dans leur composition au
respect du principe de la représentation proportionnelle.
205 P. AVRIL, « L’improbable statut de l’opposition », in LPA 2006, n° 138, p. 7.
206 K. SOMALI, Le parlement dans le nouveau Constitutionnalisme en Afrique : Essai d’analyse comparée à partir des exemples du
Bénin, du Burkina Faso et du Togo, op. Cit, p. 306.
207 A. KPODAR, « DECISION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE. DCC 09-002 du 08 janvier 2009. « Une bonne année à
la démocratie pluraliste » », sur http://www.ddata.over-blog.cour/xxxyyy/1/35/48/78/Benin/commentaire-KPODAR-DCC-
09-002doc, consulté en juillet 2011 (7 p.)
208 H. AKEREKORO, « Entrer dans la joie de la démocratie libérale, à propos de la décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011 de
la Cour constitutionnelle du Bénin », commentaire de décision, in droit & lois, Revue Trimestrielle d’Information Juridiques et
Judiciaires, n° 28, p. 81.
90
B- Des commissions d’enquête Parlementaire
La création d’une commission d’enquête est une opération difficile. Cette
difficulté ne tient pas à l’initiative de cette opération puisqu’un ou plusieurs
députés peuvent demander par le biais d’une résolution, la création d’une
commission d’enquête209. La vraie difficulté réside dans l’ordre procédural de mise
en œuvre de ce procédé d’information. Les textes en vigueur soumettent la
création et la composition des commissions d’enquête ou de contrôle à la stricte
règle de la majorité. Ainsi, toute initiative d’enquête se trouve rejetée si elle n’est
pas cautionnée par la majorité parlementaire. La configuration politique des
commissions et le Bureau de l’Assemblée nationale qui participe à la conférence
des Présidents est déterminant. Au sein de ces organes, la majorité parlementaire
soutenant l’action gouvernementale écrase l’opposition et l’empêche de
déclencher à sa guise, tout processus d’enquête qui ne jouit pas de l’approbation
de la majorité.
Le fait majoritaire pourrait empêcher l’opposition d’abuser de cette
procédure, mais elle ne doit pas pour autant constituer une entrave dirimante à la
faculté de contrôler le Gouvernement et sacrifier les droits de l’opposition. Le
règlement intérieur de l’Assemblée nationale retient la procédure minutieuse et
solennelle des propositions de résolution pour les décisions de création des
commissions d’enquête. La proposition est, d’abord, examinée par une
commission compétente qui doit déposer son rapport dans le mois de la session
ordinaire suivant l’affectation de cette proposition210 ; ensuite, ont lieu la
discussion en séance plénière et le vote. Le Gouvernement a dans la pratique une
maîtrise de l’ordre du jour par le biais du soutien des fidèles alliés qu’il dispose au
209 114 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin.
210 L’article 114-2 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin.
91
sein des commissions et de la conférence des Présidents. Il s’en suit que la
procédure retenue pour la création des commissions d’enquête ou de contrôle
ressemble fort bien à une course d’obstacles où les nerfs des opposants sont mis à
rudes épreuves. Le règlement intérieur de l’Assemblée donne à l’Exécutif les
moyens de s’opposer à une curiosité excessive des parlementaires. En premier
lieu, l’enquête ne doit porter que sur des faits. Cette notion de « faits » reste
incertaine puisqu’on n’exige pas que ces faits soient des faits matériels. En
deuxième lieu, le déclenchement de poursuites judiciaires limite un peu plus les
pouvoirs d’investigation des commissions.
Lorsque la justice est saisie, ni la commission d’enquête parlementaire, ni le
Gouvernement ne doit troubler ses investigations ou empiéter sur la mission de la
justice. Le pouvoir Exécutif, notamment le Garde des Sceaux, ministre de la justice
se sert de cette règle de la séparation des pouvoirs pour juguler la création des
commissions d’enquête aussitôt qu’une commission est créée au Parlement pour
faire la lumière sur une affaire de mauvaise gestion ou de corruption. Le même
problème est déféré à la justice par l’Exécutif. La commission devient alors
caduque, parce que considérée comme sub judice.
S’agissant de la création des commissions d’enquête ou de contrôle, les
pouvoirs du Parlement en la matière sont juridiquement limités dans leur objet. Et
si la commission arrive à franchir ses différentes étapes minées d’obstacles, elle va
s’organiser, faire les investigations nécessaires et établir un rapport. Là encore, le
couple Exécutif-majorité peut bloquer sérieusement l’exercice du pouvoir de
contrôle en refusant d’accorder aux commissions les moyens dont elles ont besoin
dans l’exercice de leurs missions.
Le déroulement de l’enquête reste largement tributaire de la bonne volonté
du Gouvernement. C’est ce dernier qui est en position de force par rapport au
contrôleur. On aboutit ainsi à une « investigation dépendance ». « Sentinelle de
l’orthodoxie et de la transparence des politiques publiques », les commissions
d’enquête parlementaire font état d’une inefficacité dans les mécanismes de
92
contrôle du Parlement. Des 34 commissions parlementaires d'information,
d'enquête et de contrôle créées de la première législature à la cinquième, très peu
ont vu leur rapport aboutir211. Le fait majoritaire et le contrôle parlementaire qui a
fait l’objet du colloque régional sur le Parlement et la bonne gouvernance dans
l’espace UEMOA, a montré que le fait majoritaire empêche le pouvoir législatif
d’exercer son rôle de contrôleur. Le député sénégalais Seydou DIOUF, rapporteur
général de la commission de l’Economie générale, des Finances, du Plan et de la
Coopération note que les députés de la majorité parlementaire flétrissent souvent
la prégnance des partis politiques sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale.
« La réalité des majorités confortables acquises sous la bannière des partis politiques, la
personnalisation du pouvoir exacerbée par les médias, tendent à promouvoir la primauté
présidentielle sur toutes les autres institutions ». Cette situation affaiblit selon lui
l’institution parlementaire qui peine à s’affranchir du diktat de l’Exécutif qui, au
terme de la Constitution est pourtant comptable de ses actes devant les députés.
Si, le contrôle parlementaire n’est effectivement jamais spectaculaire,
l’ensemble des procédures de contrôle ou d’évaluation, une fois mises bout à bout,
constitueraient tout de même une contribution considérable aux politiques
publiques. Le rôle de l’opposition est évidemment fondamental, parce qu’une
majorité est toujours encline à soutenir le Gouvernement. Au Bénin comme sur le
continent africain, l’information parlementaire est largement insuffisante puisque,
d’une part, le Gouvernement répond aux demandes d’information quand il veut,
d’autre part, le processus des commissions d’enquête et de contrôle se déroule
sous le poids de « l’impérialisme majoritaire »212 qui cherche à étouffer tout ce qui
pourrait nuire à l’action du pouvoir Exécutif.
Le contrôle parlementaire des finances publiques serait incomplet sans
l’assurance que le budget tel qu’approuvé a été correctement exécuté. A cette fin,
211 Voir annexe n° 1
212 C. BIDEGARAY et C. EMERI, « Le contrôle parlementaire », in RDP, 1973, p. 1719.
93
un organisme national, au Bénin la Chambre des Compte de la Cour suprême est
chargée de vérifier et d’informer le Parlement sur la sincérité des comptes ainsi
que sur l’efficience et l’efficacité des dépenses publiques. Sans cette vérification
finale dans le processus du contrôle financier, les organismes dépensiers ne
seraient pas incités à se conformer aux souhaits du Parlement tels qu’exprimés
dans le budget approuvé.
Paragraphe 2 : Le règlement des comptes de l’Etat par le Parlement
Le contrôle du pouvoir est inhérent au système démocratique parce qu’il
permet de modérer le pouvoir en vue d’éviter l’arbitraire. La préoccupation
d’aménager des modalités de l’exercice du contrôle se retrouve dans tous les
domaines de la vie institutionnelle des Etats modernes et demeure encadrée et
régie par le droit. A l’exigence de l’exercice du contrôle financier considérée
comme fondamentale au point que les auteurs de la DDHC du 26 août 1789 l’ont
proclamé à l’article 14 de ladite Déclaration : « les citoyens ont le droit de
constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la
contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en
déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée », s’ajoute des
dispositions juridiques interne et communautaire qui font de cette affirmation la
nécessité de vérification de la mobilisation et de l’emploi des ressources publiques,
l’un des principes fondateurs des finances publiques modernes.
Autrefois appelé « loi des comptes » en France, la loi de règlement du
budget et des comptes de l’Etat a été instituée par la loi du 15 mai 1818 qui
l’instaure comme « le principe de l’apurement législatif des comptes budgétaires
de l’Etat ». Si, une place importante est faite pour les instances suprêmes de
contrôle comme la Chambre des comptes de la Cour suprême du Bénin, le rôle
primordial incombe à l’Assemblée nationale qui constitutionnellement règle les
94
comptes de l’Etat. Le retard traditionnellement observé dans le vote des lois de
règlement (A) montre quelle est une modalité de contrôle négligée (B) par l’Etat
béninois.
A- De La loi de règlement.
L'article 2 de l'ordonnance organique française de 1959 donne à la loi de
règlement le caractère de loi de Finances. Il en est de même dans la disposition de
l’article 48213 de la loi organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois
de Finances au Bénin. Elle a un double objet : constater les résultats (...) et
approuver les différences entre les résultats et les prévisions (...). Texte de
constatation et d'ajustement, le projet de loi de règlement se distingue
radicalement des autres projets de loi de Finances, qui sont des textes de prévision
et d'autorisation. Le processus administratif d’élaboration de la loi de règlement
débute dès l’arrêté définitif des comptes. Les comptes de gestion des comptables
principaux de l’Etat sont déposés in fine à la Chambre des Comptes pour son
contrôle juridictionnel. Il est accompagné d’un rapport de présentation, qui
indique notamment les changements des méthodes et des règles comptables
appliquées au cours de l’exercice. La discussion du projet de loi de règlement est
l’occasion pour le Parlement d’apprécier la portée des autorisations budgétaires
par rapport aux réalisations constatées. Dans l’appréciation des résultats généraux
de l’exécution de la loi de Finances, les rapports de la Chambre des Comptes
décèlent souvent un catalogue d’infractions à la réglementation comptable mais,
l’aspect politique des choses qui à considérablement contribué à affadir l’éclat de
l’Assemblée nationale et par là celui des pouvoirs financiers qu’elle détient214
conduit à approuver mécaniquement les lois de règlement au Bénin. Le projet de
213 Voir annexe n° 2
214 J.F. AÏVO, « Parlement béninois sous le renouveau démocratique : Réussites et échecs », in 50 ans de vie parlementaire au
Bénin, op. Cit., p. 159.
95
loi de règlement est préparé, à partir des données du Compte Général de l’Etat et
des comptes certifiés des ministres. L’ensemble (projet de loi de règlement plus les
données du Compte Général de l’Etat) est ensuite transmis à la Chambre des
Comptes qui a une double mission : procéder à la certification des comptes et
produire son rapport annuel sur l’exécution des lois de Finances. Le Projet de loi
de règlement est ensuite validé en Conseil des ministres puis transmis au
Parlement. La directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux
lois de Finances dispose en son article 44 : « le projet de loi de règlement doit être
déposé et distribué au plus tard à la fin de l’année d’exécution du budget ». En outre, ce
même article interdit de mettre en discussion le Projet de loi de Finances de
l’année n+1 devant l’Assemblée nationale avant le vote par celle-ci, du projet de
loi de règlement de l’année n-1. Le texte de la loi de règlement devrait être
examiné au cours de l'année qui suit l'exécution du budget. Par son vote,
l’Assemblée nationale donne quitus au Gouvernement pour la gestion de
l’exercice budgétaire concerné, avalise les écarts constatés entre les encaissements
des recettes et les ordonnancements des dépenses et autorise le report du déficit
ou de l’excédent constaté sur l’exercice suivant.
Pour ce faire, elle est aidée par la Chambre des Comptes qui produit à
l’appui du projet de loi de règlement, d’une part, la déclaration générale de
conformité entre les comptes individuels des comptables et le compte de
l’ordonnateur, d’autre part, un rapport sur l’exécution de la loi des Finances
concernée. Les députés devraient se garder de le voter mécaniquement. Il est l’une
des phases des contrôles de l’exécution du budget ; c’est l’ultime étape de la
procédure budgétaire et comptable qui permet d’apprécier l’action
gouvernementale et les résultats des prévisions. La loi de règlement apparaît selon
le propos de Moussa ZAKI comme un « instrument de révélation de la vérité
budgétaire ». Ses résultats sont importants pour l’appréciation de l’action
gouvernementale sur le plan financier et comptable. Après avoir procédé à toutes
96
ses investigations et vérifications des actes de la comptabilité publique, le
Parlement doit exercer une double mission de règlement des comptes et de
règlement rétroactif du budget. La loi de règlement permet au Parlement de
modifier les comptes en procédant à des régularisations des irrégularités ou à les
sanctionner par un vote négatif. Le vote de la loi de règlement a ainsi pour finalité
comptable de délivrer un quitus à la gestion des opérations budgétaires et de
régulariser des opérations budgétaires qui n’ont pas été respectueuses de la
légalité budgétaire en couvrant leurs responsables. C’est pour cela que F.J. FABRE
écrit : « les lois de règlement couvrent (<) de leur autorité l’ensemble des actes
d’exécution du budget, soustrayant ceux-ci à tout contrôle contentieux ». Ce qui veut
dire qu’a contrario, le refus de voter la loi de règlement pourrait constituer la base
juridique d’actions en justice visant à l’annulation des opérations de dépenses et
de recettes exécutées au titre de la loi de Finances de l’année et des lois de finances
rectificatives. Le refus du vote de la loi de règlement expose les agents
responsables de l’exécution (ordonnateurs et les comptables) du budget à des
poursuites devant les juridictions compétentes. La loi de règlement se vote
conformément à l’article 99215 de la Constitution, des articles 48 et 49 de la loi
organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances et aux
articles 44 et 90 de la directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997.
Le Parlement ne peut pas et ne doit pas renoncer à exercer son contrôle
politique à l’occasion du vote de la loi de règlement, qui est et demeure le seul vrai
instrument lui permettant d’apprécier à partir des informations financières vrais «
instruments de mesure » selon la formule Paul Marie GAUDEMET de l’action du
Gouvernement dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.
L’importance du contrôle politique s’explique par la nature de l’organe habilité à
cet effet : « le Parlement, incarnation de la représentation nationale, qui exerce en
215 …. « Les lois de règlement contrôlent l'exécution des lois de finances, sous réserve de l'apurement ultérieur des comptes de la
Nation par la Chambre des Comptes de la Cour suprême».
97
l’occurrence un contrôle démocratique de la gestion des finances publiques. Contrôle dont
l’effectivité correspond à l’idéal démocratique ayant présidé à la naissance de l’esprit du
droit budgétaire qui postule la perception des impôts et la réalisation des dépenses dans le
sens de l’autorisation des représentants du peuple ». Pour l’auteur Luc SAÏDJ « ce
contrôle devrait être le plus important car l’autorité délibérante serait la première
intéressée à l’exécution du budget qu’elle a voté et son contrôle émanant d’une autorité
politique, peut porter sur tous les aspects y compris l’opportunité de la gestion ainsi que
sur toute personne participant aux opérations financières ». Le vote de la loi de
règlement est une sorte de sanction pouvant être positive ou négative. Le vote
positif consiste en une ratification de la gestion budgétaire du Parlement alors que
le vote négatif est une désapprobation de la gestion budgétaire et un désaveu de la
politique du Gouvernement. La loi de règlement constitue une modalité
importante de contrôle de l’exécution du budget négligée dans la pratique et que
les textes communautaires essayent de réhabiliter.
B- Une modalité de contrôle négligée en voie de réhabilitation
Même si l’importance du contrôle parlementaire a posteriori de l’exécution
du budget est avérée dans le droit financier béninois, force est de constater dans la
pratique qu’il s’agit d’une modalité de contrôle négligée. Sous la houlette de
l’émergence de nouvelles exigences financières exprimées tant au niveau national
qu’au niveau communautaire et international, des initiatives normatives et
pratiques ont été prises dans le sens de la réhabilitation de la loi de règlement. Il
paraît trivial que de rappeler que l’espoir placé au contrôle parlementaire de
l’exécution du budget n’est pas à la hauteur des résultats souhaités. Le premier
constat qui s’impose dans les systèmes financiers africains en général et dans le
droit financier béninois en particulier est que le contrôle par la loi de règlement a
une portée pratique faible voire inexistante. Les facteurs d’explication sont
nombreux mais peuvent se ramener essentiellement à deux : le caractère technique
98
marqué du contenu de la loi de règlement et le grand retard qui s’observe entre la
fin d’un exercice budgétaire et sa loi de règlement.
Par son contenu, la loi de règlement est un document technique comportant
des concepts, des chiffres et tableaux dont la compréhension n’est pas toujours
laissée à la portée de la connaissance de nos parlementaires dont le confort
intellectuel en matière financière fait douter l’opinion publique sur leur capacité à
pouvoir réellement apprécier le contenu. Raymond MUZELLEC écrit dans ce sens
: « le caractère technique du contrôle est indiscuté ». La lecture des lois de règlements
montre un contenu empreint d’une forte aridité et d’une complexité comptables.
La préparation du projet de loi de règlement par le ministre des finances fait que le
projet porte la marque du ministère des finances. Même l’exposé des motifs, censé
être en général une présentation simplifiée des dispositifs d’une loi, est en
l’occurrence chiffré. La technicité inhérente, pour l’essentiel, aux lois de Finances
contribue à diminuer l’intérêt des parlementaires pour les questions financières
dont le traitement demeure pour une large part l’affaire des adeptes.
Il est donc difficile aux parlementaires non initiés d’apprécier les
informations contenues dans la loi de règlement et donc d’exercer un contrôle
dominé finalement par une logique financière et comptable tant occulte que
rébarbative. La technicité de la loi de règlement serait donc la première cause de
son délaissement par les parlementaires dépourvus de l’assistance d’experts
pouvant leur expliquer les questions de finances publiques. Le contrôle effectué
par le juge des comptes étant essentiellement un contrôle de stricte régularité
budgétaire avec une argumentation purement comptable n’est pas susceptible
d’éclairer les délibérations et décisions des parlementaires préoccupés par
l’exercice d’un contrôle de nature politique qui transcende les éléments d’ordre
comptable pour embrasser des aspects d’efficacité et d’équité.
Il est évident qu’à travers le rapport sur l’exécution de la loi de Finances et
la déclaration de conformité, la Chambre des Comptes joue un rôle d’ «
informateur du Parlement ». La pratique montre que désarmés face à l’arsenal
99
d’explications comptables et financières contenues dans le projet de loi de
règlement, confortées par les rapports de la Chambre des Comptes, les
parlementaires ne peuvent que se fier qu’à la présentation censée plus simplifiée
que dresse à leur intention la Chambre des Comptes dont les connaissances en
matière de finances publiques laisse à désirer.
Par ailleurs, les rapports élaborés par la commission des finances de
l’Assemblée nationale sont rarement critiques et se bornent plutôt à reprendre de
façon furtive dans leurs grandes lignes l’économie générale des projets de loi de
règlement tels qu’ils arrivent du ministère de l’économie et des finances. Les
parlementaires adoptent à l’unanimité et sans réserve les lois de règlement en
faisant totalement confiance au juge des comptes qui leur fait savoir
traditionnellement par une formule qui outrepasse, que « rien ne s’oppose au vote
de la loi de règlement ».
L’examen très décalé dans le temps du projet de loi de règlement par les
députés lui fait perdre tout son intérêt et toute sa pertinence. Le contrôle perd en
actualité et en portée pratique car un tel contrôle ne peut être efficace que s’il
intervient dans un laps de temps suffisamment rapproché de l’exécution du
budget concerné. Mais intervenant à des années d’intervalle du budget dont il est
chargé d’apurer les comptes, la loi de règlement perd son actualité et de sa portée
car les données financières dont il est question ont perdu leur fraîcheur et leur
pertinence. Raymond MUZELLEC écrit fort justement à ce propos : « un budget
réglé dix ans après la réalisation de ses recettes et ses dépenses n’est qu’un passe temps
inoffensif. Seuls les savants peuvent y prendre plaisir mais autant s’intéresser à quelque
tombeau mégalithique ». Ce contrôle posthume s’avère d’autant plus inefficace qu’il
ne fait pas l’objet de débats et de sanctions si nécessaire et annihile l’impact de la
loi de règlement sur l’amélioration de la gestion budgétaire. Cette renonciation des
parlementaires à leur pouvoir de contrôle disqualifie la portée de l’autorisation
budgétaire et montre à merveille que le Parlement n’est plus le titulaire du
pouvoir financier obvenu dans la pratique budgétaire contemporaine à l’Exécutif.
100
Bien que la directive n° 05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux lois
de Finances, procède à une définition claire de la loi de règlement et, met fin à
l’incertitude liée au délai de dépôt du projet de loi de règlement des comptes en
prévoyant en son article 44 alinéa 1er que « le projet de loi de règlement est déposé au
plus tard à la fin de l’année qui suit l’année d’exécution du budget », on constate encore
du retard dans le vote des lois de règlement. De ce fait, il s’avère donc important
de renforcer le rôle de l’opposition parlementaire au sein de l’institution afin de lui
permettre pendant l’étude des autres lois de Finances elle puisse contribuer à
l’amélioration de nos finances publiques.
SECTION II : LE ROLE DE L’OPPOSITION PARLEMENTAIRE DANS LE
CONTROLE PARLEMENTAIRE
A l’ouverture de la session budgétaire, le Président de l’Assemblée
nationale du Bénin reconnaît la constitution récente d’une majorité parlementaire
soutenant l’action gouvernementale à travers le groupe parlementaire « Le
renouveau ». Tout en félicitant les collègues restés dans l’opposition malgré,
ajoutera-t-il, « le vent du large qui pousse imperceptiblement aux délices supposés du
pouvoir, qui ne sert en réalité que les rivages du monolithisme », il adresse
subrepticement une critique au Gouvernement en évoquant les questions de
politique économique216. Cette reconnaissance du rôle de l’opposition dans le
contrôle financier de l’Etat est une preuve qui témoigne que l’assainissement des
finances publiques et, le véritable contrôle parlementaire ne peuvent se faire sans
la participation de l’opposition dans les organes directeurs de l’Assemblée
nationale et dans la commission des finances (paragraphe 1). Une telle
216 F. AKINDES, et V. TOPANOU, « Le contrôle parlementaire de l’action gouvernementale en République du Bénin :
Une lecture sociologique », Démocratie, gouvernance et droits de l’homme, Document du programme no. 18 octobre
2005, p. 30.
101
organisation pourrait contribuer à une meilleure participation du Parlement dans
la procédure des contrôles budgétaires (paragraphe 2) au Bénin.
Paragraphe 1 : Du rôle de l’opposition dans les organes directeurs de
l'Assemblée nationale et dans les commissions des finances.
S’il est vrai que les organes directeurs du Parlement ne sont pas à
proprement parler des organes de contrôle, il n’en demeure pas moins qu’ils
peuvent influencer, voire orienter les travaux au sein des instances de travail de
l’Assemblée nationale en fonction des proportions qu’occupe la majorité/minorité
(mouvance ou opposition) en leur sein. En matière du contrôle financier, une place
importante est faite à la commission des finances et des échanges en particulier, à
son Président, à son Rapporteur Général, à ses rapporteurs spéciaux ainsi qu’à ses
assistants. Une forte présence de l’opposition dans ces instances pourrait
contribuer à la rénovation du Parlement qui semble souffrir d’une anorexie en
matière du contrôle des finances publiques. Pour ce faire, la redistribution des
postes dans les organes directeurs de l’Assemblée nationale (A) et la commission
des finances (B) entre mouvance et opposition s’avère indispensable.
A- Dans les organes directeurs de l'Assemblée nationale.
Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale encadre juridiquement la
formation et le fonctionnement des organes directeurs du Parlement béninois. Son
article 14 dispose : « L'Assemblée nationale est dirigée par un Président assisté d'un
Bureau. Le Bureau de l'Assemblée nationale, outre le Président se compose de : un premier
Vice-président · un deuxième Vice-Président · un premier Questeur · un deuxième
Questeur · un premier Secrétaire parlementaire · un deuxième Secrétaire parlementaire ».
102
« Le Président dirige l'Assemblée nationale »217. « Il préside les séances plénières de
l'Assemblée nationale, les réunions du Bureau et de la conférence des Présidents. Il a la
haute direction des débats. Il est le chef de l'administration de l'Assemblée nationale et
l'ordonnateur du budget »218. « Il prononce l'irrecevabilité des projets, propositions de loi
et amendements qui ne sont pas du domaine de la loi, après délibération du
Bureau »219. « Le Bureau de l'Assemblée nationale assiste le Président dans sa fonction de
direction de l'Assemblée »220. « Il délibère sur l'irrecevabilité des projets et propositions de
loi, d'amendements qui ne sont pas du domaine de la loi »221. « Il fixe l'ordre du jour de
l'Assemblée nationale, en tenant compte des dispositions de l'article 76.2 du présent
règlement intérieur »222. L’article 19.2 dispose que « le Bureau organise les travaux de
l'Assemblée nationale et de ses commissions. A cet effet, il détermine notamment: · l'ordre
du jour de chaque session, sur proposition de son Président, après consultation de la
Conférence des Présidents;· la durée de chaque session ; · la durée des interventions, la
limitation du nombre des orateurs, leur répartition entre différents groupes et le temps de
parole attribué à chacun d'eux ; · la constitution de groupes de travail s'il y a lieu ».
Conformément à l’article 15 alinéa 2 b du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale, l’élection des deux vice-présidents, des deux questeurs et
des deux secrétaires parlementaires tient compte autant que possible de la
nécessité de reproduire au sein du Bureau la configuration politique de
l’institution parlementaire. La présence de l’opposition au sein du Bureau de
l’Assemblée nationale est une simple faculté et les parlementaires béninois, toutes
tendances confondues, n’acceptent généralement pas que des élus d’une autre
217 Article17.1-a du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
218 Article17.1-c du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
219 Article17.1-i du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
220 Article17.2-a du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
221 Article17.2-d du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
222 Article17.2-e du règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Bénin
103
tendance siègent au sein du Bureau avec ceux qui ont remporté les élections
législatives. La pratique avait été plutôt, à chaque fois, de partager les postes de
responsabilité au sein du Bureau de l’Assemblée nationale entre les différents
partis appartenant, selon les résultats de l’élection, au groupe majoritaire qui est,
tantôt la majorité présidentielle, tantôt, l’opposition non encore déclarée. Pour
mettre fin à cet état de chose, la Cour constitutionnelle a érigé en principe à valeur
constitutionnelle la représentation proportionnelle majorité-minorité au sein des
organes de gestion ou d’autres institutions de l’Etat où les députés sont appelés à
siéger223. La « Cour Robert DOSSOU » dans sa décision DCC 11-047 du 21 juillet
2011 « oblige l’Assemblée nationale à s’y conformer dans le cadre de l’élection tant des
membres du Bureau de l’Assemblée nationale que des membres des Bureaux des
commissions permanentes »224. Ainsi, la Cour considère que la composition du
Bureau de l’Assemblée nationale élu le 21 mai 2011 « reflète autant que possible la
configuration politique de l’Assemblée nationale »225, mais que celui des quatre autres
membres des Bureaux des commissions permanentes « ne reflètent pas la
configuration politique de l’Assemblée nationale<que ces élections sont contraires à la
Constitution et doivent être reprises sans délai selon le principe à valeur constitutionnelle
de la représentation proportionnelle majorité/minorité »226.
La place de l’opposition doit, être préservée dans le cadre d’un Parlement
aux pouvoirs encadrés, qu’il s’agisse des fonctions législatives et de contrôle, par
la rationalisation des mécanismes de fonctionnement, voulus par les constituants
et amplifiés par le fait majoritaire dans les démocraties pluralises « fondées
223 Voir décision DCC 09-002 du 08 janvier 2009. Cette position de la Cour constitutionnelle a été confirmée dans la décision
DCC 11-047 du 21 juillet 2011. Lire, H. AKEREKORO, « Entrer dans la joie de la démocratie libérale, à propos de la décision
DCC 11-047 du 21 juillet 2011 de la Cour constitutionnelle du Bénin », ibid., pp. 78-84.
224 H. AKEREKORO, « Entrer dans la joie de la démocratie libérale, à propos de la décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011 de
la Cour constitutionnelle du Bénin », ibid., p. 81.
225 Cf. le dix-septième Considérant de la Décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011, ibid., p. 10.
226 Cf. le vingt-et-unième Considérant de la Décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011, ibidem.
104
essentiellement sur la philosophie politique de la dialectique constructive affublée par la
doctrine juridique et science politiste »227. À l’Assemblée nationale, l’exercice de la
fonction d’information et de contrôle se fait plus par les élus de l’opposition dans
les structures de l’Assemblée. Ainsi, l’opposition participant, par le biais de son ou
ses groupes politiques, aux structures et au fonctionnement de l’Assemblée joue sa
partition au sein de l’institution. Sans toujours réussir à surmonter son caractère
minoritaire, trouver une place au sein du bureau politique de l’Assemblée lui
permettra, au fil des législatures, d’améliorer sa position dans le cadre du contrôle
de l’action du Gouvernement. Si la place de la présidence du Bureau revenait à
l’opposition parlementaire, on pourrait peut être voir moins apparaître l’idée
négative d’un Parlement vassalisé à l’Exécutif. Au vu de la pratique parlementaire
au Bénin, il s’avère indispensable d’associer l’opposition à la détermination de
l’ordre du jour de l’Assemblée et aux activés des commissions. La présence
effective de l’opposition « rationalisée » est souhaitable dans le contexte politique
béninois au sein des organes directeurs de l’Assemblée nationale. Au vu des
prérogatives ci-dessus énoncées du Président et du Bureau, cet organe principal,
est le lieu où se jouent tous les enjeux des pouvoirs du Parlement. L’appartenance
de la majorité de ses membres à la majorité parlementaire soutenant l’action du
Gouvernement, facilite le phagocytage des pouvoirs financiers du Parlement par
l’Exécutif ce qui justifie le souhait de faire participer l’opposition dans les
structures fonctionnelles de la commission des finances.
227 A. KPODAR, « DECISION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE. DCC 09-002 du 08 janvier 2009. « Une bonne année à
la démocratie pluraliste » », sur http://www.ddata.over-blog.cour/xxxyyy/1/35/48/78/Benin/commentaire-KPODAR-DCC-
09-002doc, consulté en juillet 2011 (7 p.), p. 2.
105
B- Dans les commissions des finances.
La commission des finances est cheville ouvrière du contrôle financier de
l’Etat par l’Assemblée nationale. La preuve est qu’en 2009, pendant la période de
l’examen de la loi de Finances de 2010, le Rapporteur Général de la commission
des finances faisait noter dans le rapport qu’au total, au 30 juin 2009, les
réalisations de recettes du budget général de l’Etat sont de 372 993,3 millions de
FCFA sur une prévision révisée de 1 102 891 millions de FCFA correspondant à un
taux de réalisation de 33,8% or ; il n’y avait pas eu de collectif budgétaire au cours
de l’année 2009. Les dépenses quant à elles ont été engagées à hauteur de 446 103
millions de FCFA sur une prévision annuelle de 1 076 786 millions de FCFA, soit
un taux d’engagement de 41,4 %, ce qui fait douter de la sincérité des prévisions
de l’année. Selon le Gouvernement, la cause fondamentale des difficultés
économiques que connaît notre pays est la crise financière et économique
internationale. Or, le rapporteur notait qu’il était aisé de constater que des
dépenses improductives ont été engagées sur le budget national ; le non respect de
l’orthodoxie budgétaire à travers une fréquence élevée de dépenses
extrabudgétaires, un recours exagéré aux Ordres de Paiement (OP) et aux
décharges provisoires à régulariser, ont affecté les finances publiques ;
d’importantes subventions et exonérations fiscales et douanières allant jusqu’en
2010 ont été octroyées souvent anormalement au détriment du Trésor Public.
Toutes ces observations contenues dans son rapport montrent son
importance et le rôle primordial qu’est celui du Rapporteur Général de la
commission des finances. Sur la base de ce travail de la commission, le poids de
l’opposition parlementaire a permis de rejeter le projet de loi de Finances exercice
2010. En réalité, le véritable travail d’analyse du projet de loi de Finances se ferait
au sein de la commission des finances si le fait majoritaire le permettait et que
l’opposition pouvait. C’est à l’intérieur des commissions que les partis politiques,
106
par l’entremise de leurs groupes tentent d’influer sur le travail législatif. Après
l’examen en commission, le texte est soumis en séance publique pour discussion.
A ce niveau, le Gouvernement sur sa propre initiative ou par l’entremise de sa
majorité oriente le débat dans le sens qu’il veut, soit par des moyens juridiques
tirés de la Constitution, soit par des moyens partisans dont le fondement principal
doit être recherché dans la pression morale qu’exerce le Chef de l’Etat sur les
parlementaires. C’est dans cette commission que la loi de Finances s’examine
dans le fond. C’est elle qui mène, étudie, critique, discute et amende le texte du
projet de loi ; place doit être faite à l’opposition au sein de cette commission. Le
poids des critiques de l’opposition ont été déterminantes lors du débat budgétaire
de 2009 et a conduit au rejet par l’Assemblée du budget général de l’Etat exercice
2010. Ce rejet n’aurait pas eu lieu si les parlementaires de l’opposition n’avaient
pas joué pleinement leur partition dans la procédure budgétaire.
Paragraphe 2 : Pour une meilleure participation du Parlement dans la
procédure des contrôles budgétaires.
Au vu de la pratique du fait majoritaire soutenant l’action du
Gouvernement, les députés qui s’alignent derrière l’action gouvernementale
n’usent plus souvent de leur pouvoir de contrôle. La persistance de ces pratiques
pousse à considérer le législatif comme un organe de « décor » chargé d’entériner
simplement leurs décisions et non comme un interlocuteur valable. Déjà que les
parlementaires manquent d’audace politique et psychologique pour assumer
pleinement leurs fonctions de législateur. Politiquement, leur statut et les
conditions de leurs élections, leur interdisent d’observer une attitude critique et
encore moins de contester l’action du Gouvernement qu’épousent certains.
Psychologiquement, la crainte de l’exclusion ou du non renouvellement du
mandat et par conséquent la perte des avantages et privilèges qui s’y rattachent,
les poussent à la complaisance et à l’abandon des missions pour lesquelles ils sont
107
élus. Les espoirs de la rénovation des pouvoirs financiers de nos Parlements
semblent être dans les mains de l’opposition. Ce qui laisse penser que pour une
meilleure participation du Parlement dans les procédures des contrôles financiers,
il faudrait, d’une part, revaloriser l’opposition parlementaire à l’Assemblée
nationale (A), d’autre part, réviser les normes fondatrices des pouvoirs financiers
du Parlement (B).
A- la revalorisation de l’opposition Parlementaire à l’Assemblée
nationale.
La volonté d’accorder des droits spécifiques à l’opposition bute d’abord sur
sa définition. Selon le dictionnaire du droit constitutionnel, il existe plusieurs sortes
d’oppositions : opposition au régime, opposition à l’ensemble des forces
politiques, opposition au pouvoir en place228. La loi n° 2001-36 du 14 octobre 2002
portant Statut de l’opposition au Bénin définit en son article 2 que « L’opposition
est constituée de l’ensemble des partis, alliances de partis ou groupes de partis politiques
qui, dans le cadre juridique existant, ont choisi de professer pour l’essentiel, des opinions
différentes de celles du Gouvernement en place et de donner une expression concrète à
leurs idées dans la perspective d’une alternance démocratique ». La loi portant statut de
l’opposition fait référence aux « critères d’appartenance à l’opposition » et non aux
critères d’appartenance à la minorité ou à la majorité parlementaire. L’opposition
ici est analysée par rapport à l’Exécutif. Pour peut être plus d’efficacité, la majorité
parlementaire doit pouvoir être soumise au respect de principes supérieurs qui
incarnent le consensus national approuvé par le peuple lors de la conférence des
forces vives de la nation.
Renforcer le rôle de l’institution parlementaire passe aujourd’hui par un
substantiel accroissement des droits et prérogatives reconnus à l’opposition, tant
228 M. DE VILLIERS, Dictionnaire du Droit Constitutionnel, Armand Colin, 2005.
108
en matière législative que dans le domaine du contrôle. Il serait par conséquent
souhaitable que l’opposition puisse bénéficier d’une partie de l’ordre du jour
parlementaire, voire même déterminer l’ordre du jour de la plénière, ceci ne
manquerait pas de concourir à l’amélioration du débat démocratique. Il apparaît
nécessaire de permettre à l’opposition parlementaire de susciter la création de
commissions d’enquête sans que les membres de l’organe principal directeur de
l’Assemblée ne s’y opposent. L’opposition peut apparaître ici comme le porte-
parole de l’institution parlementaire elle-même en suscitant un développement de
ses instruments de contrôle.
En l’état actuel du droit, à quelques exceptions près, les organes internes
aux Assemblées représentent la composition politique de l’Assemblée elle-même.
Par conséquent, la conférence des Présidents, le bureau ou les commissions
permanentes, en un mot les organes directeurs des Parlements sont le reflet de la
majorité parlementaire. Ces organes ne sont donc pas naturellement portés à faire
vivre l’institution parlementaire contre le Gouvernement. Il conviendrait dès lors
d’y associer statutairement l’opposition en envisageant, une présidence tournante.
Dans la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, l’alignement de la
majorité Parlementaire derrière l’Exécutif écarte l’opposition parlementaire de
l’information régulière et légitime sur l’exécution du budget. Compte tenu du
caractère instable de l’opposition parlementaire et de la transhumance politique au
Bénin, il serait intéressant de mener une réflexion approfondie sur le statut que
devra avoir l’opposition parlementaire pour mieux exercer les pouvoirs financiers
du Parlement. Il faudrait bien réfléchir à trouver dans quel couvert présenter ce
menu où « renard et cigogne » se trouvent convier. La réponse à une telle énigme
ouvre la porte à révision de certaines normes fondant les pouvoirs financiers du
Parlement.
109
B- La révision des normes fondant les pouvoirs financiers du Parlement.
L’intérêt du débat budgétaire, il faut le reconnaître, s’est érodé au fil du
temps. Son formalisme excessif le fait bien souvent sombrer dans la routine. La
nouvelle loi organique relative aux lois de Finances pourrait contribuer à
redynamiser la discussion du projet de loi de Finances en lui donnant un caractère
contradictoire229. Cette loi devra également permettre au Parlement de participer
aux débats d’orientation budgétaire ou aux débats sur les prélèvements fiscaux
afin de permettre une meilleure évaluation par le Parlement du cap fixé par le
Chef du Gouvernement et qui, est traduit dans la loi de Finances. Offrir au
Parlement la possibilité de créer des programmes, de faire des arbitrages entre
programmes relevant d’une même mission, romprerait avec l’examen actuel des
textes budgétaires enferré dans une nomenclature et procédure bridant à l’excès
l’initiative des parlementaires. Ainsi, le Parlement pourra faire valoir sa vision des
priorités de l’action publique, sans que cette liberté à lui offerte, ne conduise à
remettre en cause le principe fondamental sur lequel repose l’architecture de nos
institutions, et selon lequel, le Chef du Gouvernement, le Chef de l’Etat détermine
et conduit la politique de la nation.
Redonner vie au débat budgétaire, mieux contrôler la dépense publique et
mieux évaluer les politiques, tels devront être les deux axes d’une reforme
capitale, qu’il nous faudra mettre en œuvre230. La réussite d’une telle entreprise
suppose que l’Assemblée nationale soit pleinement associée en amont à la
définition des missions, des programmes et des indicateurs de performance. La
qualité du travail de chaque parlementaire est en jeu et celle des relations entre
l’Exécutif et le législatif, en cause. La définition des missions, des programmes et
des indicateurs ne doit pas être un exercice technique consistant à reconduire, à
229 J-L DEBRE, « Une reforme capitale à mettre en œuvre », in RFFP n° 82, juin 2003, p. 14.
230 Idem
110
peu de chose près, les agrégats budgétaires et indicateurs actuels. Dans ce cas,
l’esprit de la nouvelle loi organique serait à l’évidence compromise231.
Un autre axe de la réforme qui serait souhaitable dans la nouvelle loi
organique concerne l’évaluation et le contrôle qui, jusqu’ici, occuperait une place
centrale dans l’activité du Parlement. En contrepartie d’une plus grande souplesse
qu’on devra accorder au Gouvernement dans la gestion de la dépense publique,
gage d’une efficacité accrue, le contrôle exercé par la représentation nationale doit
être renforcé. Il devra pouvoir déboucher sur des sanctions aussi bien pénale,
civile, qu’administrative des responsables identifiés, auteurs de la faute.
Bien que les prérogatives actuelles dont disposent le Président de la
commission des finances, son rapporteur général et les rapporteurs spéciaux
constituent un atout majeur dans leurs mains pour assurer au plus près le contrôle
de la dépense publique, il est encore possible d’aller plus loin à la double
condition de conforter la place des rapporteurs spéciaux qui, au-delà du rôle qu’ils
jouent pendant la durée de l’examen du projet de loi de Finances, qu’ils soient
investis d’une mission de contrôle permanente des administrations, et de
développer une collaboration plus étroite entre la Chambre des Comptes ou la
Cour des Comptes et l’Assemblée nationale. Le Parlement aurait tout à gagner en
s’investissant dans l’évaluation des politiques publiques en créant une
commission permanente qui servira de mission permanente d’évaluation et de
contrôle des politiques publiques. Cette nouvelle commission devra avoir à sa tête
un député de l’opposition parlementaire, place qu’il perdra s’il devenait membre
de la majorité/minorité parlementaire soutenant l’action gouvernementale.
Le rééquilibrage des pouvoirs financiers du Parlement passe
nécessairement par une rénovation du droit d’amendement. Pour le faire, on
pourrait donner une place importante à l’article 103 de la Constitution qui dispose
que « les députés ont droit d'amendement » et ne faire aucune restriction comme le
231Ibidem., p 20.
111
fait la disposition de l’article 107 de la Constitution. Il faudrait aussi peut être
pensé à revoir le contexte de l’article 54 de la Constitution qui dispose que « le
Président de la République est le détenteur du pouvoir Exécutif. Il est le chef du
Gouvernement, et à ce titre, il détermine et conduit la politique de la Nation ». Il faudra
aussi empêcher le Chef de l’Etat d’user de ses pouvoirs exceptionnels dans le
domaine des finances publiques.
112
CONCLUSION
Les facteurs expliquant le déclin des pouvoirs financiers du Parlement sont
le poids des contraintes normatives, le développement du droit communautaire, la
complexité et la technicité du budget, l’interdépendance du budget et de
l’économie, la pratique mercantiliste des députés. Sinon, loin d’être dépourvu de
pouvoirs en matière budgétaire, le fait majoritaire a poussé le Parlement à
renoncer à l’usage de ses pouvoirs. Les députés de l’opposition malgré leur
volonté de jouer pleinement leur rôle dans le processus budgétaire, sont
confrontés de leur côté au jeu politique et aux influences du pouvoir de l’argent.
Entre autre, le mandat du député devrait être considéré comme un « job à temps
plein » et non comme un « job à temps partiel », telle que la pratique de la chaise
vide souvent constatée dans l’hémicycle la montre. Cet état de chose peut se
justifier par le confort intellectuel des élus qui les tiennent à carreaux du caractère
technique que revêtent les discussions sur les projets de loi de Finances. Malgré
l’assistance technique que peuvent lui apporter, la Chambre des Comptes, la
CAPAN, l’UNACEB, et les assistants de la commission des finances et des
échanges, le Parlement ne se retrouve pas au même pied d’égalité avec l’Exécutif
en matière budgétaire.
La technostructure dont émane le projet de loi de Finances est loin d’être
concurrencée par les appuis techniques que peuvent apporter les structures ci-
dessus citées au Parlement. La délocalisation de la production normative due au
fait du développement du droit communautaire est un facteur justificatif de la
perte du pouvoir fiscal des Assemblées nationales. Pour bon nombre de pays en
voie de développement comme le Bénin, l’Exécutif et le Législatif ne sont plus les
seules matrices des finances publiques. La mondialisation et l’interdépendance des
marchés économiques accroissent de plus en plus l’intervention des acteurs
nouveaux dans la sphère financière de l’Etat. Les objectifs d’éradication de la
pauvreté dans ces pays posent souvent la problématique des réformes budgétaires
113
et par là, des Etats. Les aides au développement sont désormais conditionnées par
la modernisation des processus budgétaires, l’harmonisation régionale ou sous-
régionale du droit budgétaire. Le pacte de convergence de l’UEMOA, la
déclaration de Paris de 2005, le consensus de Washington, sont autant
d’instruments qui influent sur les finances publiques de nos Etats. La dépendance
de nos Etats aux aides au développement, tend à lier les mains du Gouvernement
et du Parlement en matière financière.
Par ailleurs, le fait majoritaire a contribué dans une large mesure à
l’abaissement des pouvoirs financiers du Parlement qui, déjà, n’avait aucune
emprise sur le contenu chiffré des projets de lois de Finances. Son droit
d’amendement, rigidement encadré aussi bien dans la Constitution que dans le
règlement intérieur de l’Assemblée, ne lui laissait plus que la possibilité d’un
contrôle a priori et a postériori à travers les commissions d’enquête parlementaires
aussi vicié par le fait majoritaire. Le fait majoritaire tend à rendre obsolète ce
contrôle qui, a proprement parler, est le seul pouvoir non érodé de nos Parlements
malgré l’efficacité peu probant de ce dernier. La discipline du groupe et la
configuration politique des commissions d’enquête tend à les résumer en des
miroirs aux alouettes.
Les députés de la majorité soutenant l’action gouvernementale, au nom de
la discipline du groupe, ont du mal à jouer pleinement leur rôle de contrôle de
l’action gouvernementale et de l’évaluation des politiques publiques, obstruant
ainsi les conclusions des commissions d’enquête où ils sont majoritairement
représentés. La rénovation des pouvoirs financiers du Parlement passe
nécessairement par la participation de l’opposition parlementaire à toutes les
structures de décisions ayant rapport avec le processus budgétaire. Cette place de
choix à l’opposition serait un gage de redynamisation du débat budgétaire au
Bénin. Il serait important d’envisager la possibilité d’un contrôle ex ante du
Parlement dans le processus d’élaboration de la loi de Finances. Le concept de la
gestion axée sur les résultats, pour prendre corps, nécessite la révision de la loi
114
organique n° 86-021 du 26 septembre 1986 relative aux lois de Finances. Il faudra
désormais intégrer à la nouvelle loi organique, les dispositions permettant la
création de la Cour des Comptes, la philosophie de la gestion axée sur les résultats
contenue dans le décret n°2005-789 du 29 décembre 2005, portant approbation du
Cadre de Réforme de la Gestion Budgétaire Axée sur les Résultats (Car-GBAR) au
Bénin, donner plus de flexibilité au pouvoir d’amendement des élus, mettre à jour
les grands principes budgétaires en y ajoutant le principe de la sincérité de
l’évaluation des recettes et des dépenses (les prévisions budgétaires). Renforcer si
possible les droits de l’opposition parlementaire contenus dans la loi portant statut
de l’opposition au Bénin et, assurer leur effectivité afin que les critiques et les
observations de ses députés puissent participer à l’amélioration de la gestion
financière de l’Etat. Elle doit participer en temps que membre permanent aux
travaux de la commission des finances et des échanges afin d’avoir un regard
continu sur les documents financiers que le ministère des finances communique
tout le long de l’année à cette commission. La démocratie est essentiellement un
système de surveillance et de contrôle et, c'est précisément sur cette fonction de
contrôle que doivent se recentrer les pouvoirs financiers élargis d'un Parlement
rénové. Les pouvoirs financiers du Parlement retrouveront tout leur éclat si le
confort intellectuel des députés s’améliorait en matière financière et qu’il y avait
des députés capables de jouer pleinement leur rôle juridiquement consacré dans le
droit financier béninois.
115
ANNEXES
Annexe n°1 : CRÉATION DE COMMISSIONS PARLEMENTAIRES
D'INFORMATION, D'ENQUETE ET DE CONTROLE.
Première, deuxième, troisième, quatrième et
cinquième législatures
Première législature (1991-1995)
1-Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur la gestion et les activités du Président de l'Assemblée nationale
(23 décembre 1992), Président : Théophile PAOLETI
Deuxième législature (1995-1999)
1- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur les activités du Port Autonome de Cotonou PAC (09/07/1996),
Président : Abdoulaye Malam IDI
2- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur le projet "SANTE et POPULATION" (23/01/1997), Président : Albert
SINATOKO
3- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur l'organisation du 6ème Sommet de la Francophonie (24/01/1997),
Président : Rémy AHOUADI.
4- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur la rénovation de l'hôpital de Porto-Novo (24/01/1997), Emile
AHOUANGONOU.
116
5- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur les tentatives vivant a empêcher la proclamation des résultats des
élections présidentielles de mars 2006 (24/01/1997) finalement annulée par les
mêmes députés ;
6- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur la zone sanitaire de la région Nord de l'Atacora (27/01/1997),
Président : Félix ESSOU DANSOU.
7- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur les prêts relatifs a la construction et l'aménagement des routes et
pistes de desserte rurale accordes à la République du Benin (27/01/1997),
Président :
8- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur la SONAPRA (27/01/1997), Président : Roger OROU GARBA.
Troisième législature (1999-2003)
1- Création d’une commission parlementaire d’information, d’enquête et de
contrôle suite à l’incident du 15 novembre 1999 dont est victime le
Président de l’Assemblée nationale (19/11/1999), Président :
2- Création d’une commission parlementaire d’information, d’enquête et de
contrôle pour connaître l’affaire de véhicule d’occasion (02/12/1999,
Président : Candide AZANNAÏ.
3- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur le Cabinet BETA (21/02/2000), Président :
4- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle relative à l'organisation des écoutes téléphoniques au Bénin
(21/02/2000), Président : Ismaël TIDJANI SERPOS
117
5- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur les logements sociaux (10/07/2000), Président : Léopold FAÏZOUN
6- Création d'une commission parlementaire d'information, d'enquête et de
contrôle sur le point des entreprises d'Etat dénationalisées (10/07/2000), Président :
Quatrième législature (2003 – 2007)
1- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur
l'acquisition d'une centrale électrique à Tacoradi (créée le 14/07/2004), Président :
Ismaël TIDJANI SERPOS; rapport examiné le 10/02/2005) ;
2- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur la
gestion et la survie du commerce de véhicules d'occasion de l'escorte de ces
véhicules ainsi que l'impact de la filière sur la vie socio-économique et
environnementale de la République du Bénin (créée le 14/07/2004), rapport
examiné les 08 et 10/02/2005) ; Président : Isidore TOSSOU ;
3- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur le
pèlerinage marial a la grotte Arigbo de Dassa-Zoumè (14/07/2004), rapport
examiné le 03/02/2006), Président : Théophile NATA .
4- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur le
guichet unique au Port Autonome de Cotonou (14/07/2004), rapport examiné les
04 et 07/04/2005Président : Domonique HOUNGNINOU.
5- Commission d'information relative aux déclarations de l'ex-Ministre chargé des
relations avec les institutions, la société civile et les béninois de l'extérieur sur la
réalisation et la confection de la LEPI. (23/12/2004), Rapport examiné le
18/04/2006) ; Président : Bernard DAVO ;
118
6- Mission d'information sur l'interaction de monsieur Isidore K. TOSSOU,
député à l'Assemblée nationale, avec certains agents de la Brigade anti-criminalité
(dossier confié à la C5), rapport examiné le 04/08/2005) ; Président Bernard DAVO
7- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur les
problèmes liés à la sous filière intrants agricoles (28/02/2005), rapport examiné le
02/05/2006 ; Président : Daouda TAKPARA.
8- Sept (07) Commissions parlementaires spéciales et temporaires chargées de
contrôler les comptes de l'Assemblée nationale des budgets 1999 à 2005 (créées le
10/07/2006 et examiné les 05 et 06 février 2007), Président :
9- Commission parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur le
complexe cimentier d'Onigbolo (rapport examiné le 08/02/2007), Président : André
DASSOUNDO.
Cinquième législature (2007-2011)
1- Proposition de résolution tendant à la Constitution d'une commission
parlementaire d'enquête sur la situation qui prévaut dans les CAR et URCAR et
les actions concrètes que mène le Gouvernement pour la relance de la filière
palmier à huile( crée le 12/01/09) ; rapport déposé non examiné; Président : Jean-
Baptiste EDAYE
2- Proposition de résolution tendant à la Constitution d'une commission
parlementaire d'enquête relative à la destitution d'un Président de la CENA (mise
en place de la commission attendue) ;
3- Mission d'information envoyée à Tchaourou suite au drame survenu dans
certains villages ayant pour cause l'intoxication alimentaire des populations ; le
point a été fait par le Député Dominique SOHOUHLOUE lors d’une séance
plénière.
119
4-Mission d'information parlementaire en direction des personnes et structures
impliquées dans le démantèlement des populations d'Agla Zone "C", Président :
Epiphane QUENUM.
5-Commission parlementaire d’enquête chargée de vérifier les activités et la
gestion du Président de l’Assemblée nationale (00/00/09) rapport déposé non
examiné ; Président : Ismaël TIDJANI SERPOS.
6- Commission parlementaire d’enquête chargée de vérifier la gestion des
microcrédits aux plus pauvres (23/01/09), rapport non déposé Président : Jude
LODJOU.
7-Commission parlementaire d’information, d’enquête susceptible de déboucher
sur l’adoption d’un projet de loi portant création, organisation et fonctionnement
des Offices à caractères social, culturel et scientifique (30/01/09),rapport non
déposé ; Président : André DASSOUNDO.
8-Commission parlementaire d’information, d’enquête et de contrôle sur la gestion
de l’escorte des véhicules d’occasion (26/05/09), rapport non déposé ; Président :
9-Examen du rapport relatif à la mise en place d’une commission spéciale et
temporaire sur le contrôle annuel de l’examen du budget 2007 de l’Assemblée
nationale (rapport examiné le 12/06/09).
10-Examen du rapport relatif à la mise en place d’une commission spéciale et
temporaire sur le contrôle annuel de l’examen du budget 2008 de l’Assemblée
nationale (rapport examiné le 12/06/09.
Porto-Novo, le 15 octobre 2009
Source : Service des séances et questions, Transcription et rédaction.
120
Annexe n° 2 : Loi Organique n° 86-021 du 26 Septembre 1986 relative aux
lois de Finances.
121
122
123
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126
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130
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133
134
Annexe n° 3 : Tableau des amendements (2002-2010)
Assemblée nationale du Bénin.
Années
Nombre
d’amendements
déposés
Nombre
d’amendements
acceptés
Nombre
d’amendements adoptés
2002 60 4 3
2003 45 3 3
2004 50 1 1
2005 40 4 4
2006 Pas disponible
2007 Pas disponible
2008 Pas disponible
2009 64 7 4
2010 38 9 0 (loi rejetée)
Source : Commission des Finances de l’Assemblée nationale du Bénin
135
Annexe n° 4 : Tableau du déroulement des grandes phases
préparatoires du projet des lois de Finances
PERIODE TRAVAUX A EXECUTER
Début Avril N-1 Demande des propositions budgétaires des ministères, institutions de l’Etat et
organismes autonomes (demande contenue dans la lettre de cadrage).
Mai et Juin N-1 - Réception des propositions budgétaires des ministères, institutions et
organismes autonomes ;
- Discussions des prévisions de recettes avec les règles financières.
Juillet Août N-1 Dépouillement, centralisation et synthèse des propositions budgétaires.
Septembre N-1 - Discussions budgétaires avec les ministères, les institutions de l’Etat et
organismes autonomes à la Direction Générale du Budget ;
- Conférences budgétaires ;
- Présentation de l’avant-projet de loi de Finances au Gouvernement par le
ministre chargé des finances, pour adoption.
Octobre N-1 Transmission du projet de loi de Finances au Conseil Economique et Social
pour avis consultatif puis à l’Assemblée nationale pour examen et vote.
Source : Guide de procédures, de lecture et d’analyse des projets de lois de Finances, document de travail à l’usage des députés, novembre 2008, p.25 .
136
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2002, 227 p.
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III- TEXTES JURIDIQUES
- Constitution du 11 décembre 1990
- Loi organique n°86-021 du 26 Septembre 1986 relative aux lois de Finances
- Loi organique n° 2001-692 relative aux lois de Finances (« LOLF ») du 1er août 2001.
- Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale
- Ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
Finances
- Directive n°05/97/CM/UEMOA, relative aux lois de Finances
- Directive n°06/2009/CM/UEMOA relative aux lois de Finances
141
IV- Jurisprudence constitutionnelle
Décision DCC 06-108 du 11 août 2006
DC 00-078 du 07/12/2000 in Cour constitutionnelle du Bénin, Recueil des décisions et
avis 1998, p. 333 et 2000, p. 287
DCC 00-058 du 10/10/00
DCC 98-068 du 19/08/1998
V- Commentaire de la Jurisprudence constitutionnelle
A. KPODAR, « DECISION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE. DCC 09-002 du
08 janvier 2009. « Une bonne année à la démocratie pluraliste » », sur
http://www.ddata.over-blog.cour/xxxyyy/1/35/48/78/Benin/commentaire-KPODAR-
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H. AKEREKORO, « Entrer dans la joie de la démocratie libérale, à propos de la
décision DCC 11-047 du 21 juillet 2011 de la Cour constitutionnelle du Bénin »,
commentaire de décision, in droit & lois, Revue Trimestrielle d’Information Juridiques et
Judiciaires, n° 28, pp. 78-84.
VI- RAPPORTS
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budget 2010, Assemblée nationale.
A. ACHOUR, S. BRIGNONEN et M. ZOUNON, Evaluation des finances publiques
selon la méthodologie PEFA en République du Bénin, Programme FED de l’Union
Européenne pour le Bénin, Rapport final, 2007.
142
TABLE DES MATIERES
Introduction ..........................................................................................................................2
PREMIERE PARTIE : LA CONSECRATION DU ROLE DU PARLEMENT EN
MATIERE FINANCIERE. ................................................................................................... 12
SECTION I : L’AFFIRMATION NORMATIVE DU ROLE DU PARLEMENT EN
MATIERE FINANCIERE ................................................................................................. 14
Paragraphe 1 : Les pouvoirs financiers du Parlement dans la
Constitution et les conventions internationales ...................................... 15
A- Des normes Constitutionnelles ............................................................ 15
B- Des normes conventionnelles. .............................................................. 18
Paragraphe 2 : Les pouvoirs financiers du Parlement dans la loi et
les règlements ............................................................................................................... 21
A- Des dispositions législatives................................................................... 21
B- Des dispositions règlementaires........................................................... 22
Section II : LA RATIONALISATION DES PROCEDURES BUDGETAIRES . 24
Paragraphe 1 : Du respect des grands principes budgétaires ............. 24
A- Les grands principes budgétaires ........................................................ 24
B- Les limites pratiques aux principes budgétaires........................... 31
Paragraphe 2 : Du pouvoir d’amendement des Parlementaires ............ 36
143
A- Des encadrements du droit d’amendement ...................................... 37
B- Les limites du droit d’amendement ........................................................ 40
CHAPITRE II : UNE CONSECRATION « ATTENUEE » ........................................... 42
SECTION I : LES AUTORISATIONS PARLEMENTAIRES COMME
ELEMENTS D’ATTENUATION DU ROLE DU PARLEMENT EN MATIERE
FINANCIERE. .................................................................................................................... 42
Paragraphe 1 : Des recettes et des dépenses de l’Etat ........................... 43
A- Des recettes de l’Etat ................................................................................ 44
B- Des dépenses publiques .............................................................................. 47
Paragraphe 2 : Des contrôles institués ........................................................... 50
A- Les contrôles en cours d’exécution. .................................................. 51
B- des contrôles a postériori ....................................................................... 53
SECTION II : L’UTOPIE DES AUTORISATIONS PARLEMENTAIRES ........... 56
Paragraphe 1 : Le théâtre des Parlementaires et les débats
budgétaires ...................................................................................................................... 56
A- La discussion en commission du projet de loi de Finances ....... 57
B- La discussion en plénière du projet de la loi de Finances ............ 59
Paragraphe 2 : L’omnipotence de l’Exécutif dans la procédure
d’adoption des lois de finances ............................................................................. 62
A- Une prépondérance non contestée de l’Exécutif ........................ 62
144
B- L’introuvable pouvoir financier du Parlement ............................ 64
DEUXIEME PARTIE : L’ABAISSEMENT DU ROLE DU PARLEMENT EN
MATIERE FINANCIERE. ................................................................................................... 66
CHAPITRE I : L’EFFACEMENT DU PARLEMENT DANS LA PROCEDURE
BUDGETAIRE........................................................................................................................ 67
SECTION I : LA PRIMAUTE DE L’EXECUTIF DANS LA PROCEDURE
BUDGETAIRE .................................................................................................................... 67
Paragraphe 1 : Le monopôle non contesté de l’Exécutif en matière
financière. ........................................................................................................................ 68
A- L’initiative budgétaire, la chasse gardée de l’Exécutif. ........... 68
B- La perte par le Parlement du calendrier du débat
budgétaire. ................................................................................................................... 70
Paragraphe 2 : Le Parlement, un acteur secondaire ou facultatif .. 71
A- Un acteur secondaire ................................................................................. 72
B- Un acteur facultatif, mais nécessaire............................................... 73
SECTION II : LA PERTE DES POUVOIRS FISCAUX DU PARLEMENT ........ 75
Paragraphe 1 : Du principe du consentement à l’impôt et des limites
du Parlement................................................................................................................... 75
A- Du principe juridique................................................................................... 76
145
b- Des limites pratiques ....................................................................................... 78
Paragraphe 2 : Des limitations dues au développement du droit
communautaire en matière fiscale ...................................................................... 82
A- Le développement des conventions fiscales internationales .
................................................................................................................................. 82
B- Le développement du droit communautaire en matière fiscale
................................................................................................................................. 84
CHAPITRE II : LE CONTROLE PARLEMENTAIRE EN MATIERE
FINANCIERE, L’ULTIME POUVOIR MAL EXPLOITE DU PARLEMENT. ........ 86
SECTION I : DU CONTROLE POLITIQUE ET LE FAIT MAJORITAIRE.......... 87
Paragraphe 1 : Des commissions d’enquête Parlementaire et le fait
majoritaire ....................................................................................................................... 87
A- La Commission des Finances et le fait majoritaire. ..................... 87
B- Des commissions d’enquête Parlementaire ...................................... 90
Paragraphe 2 : Le règlement des comptes de l’Etat par le
Parlement ......................................................................................................................... 93
A- De La loi de règlement. ............................................................................... 94
B- Une modalité de contrôle négligée en voie de réhabilitation
97
146
SECTION II : LE ROLE DE L’OPPOSITION PARLEMENTAIRE DANS LE
CONTROLE PARLEMENTAIRE ................................................................................... 100
Paragraphe 1 : Du rôle de l’opposition dans les organes directeurs
de l'Assemblée nationale et dans les commissions des finances. ..... 101
A- Dans les organes directeurs de l'Assemblée nationale. ....... 101
B- Dans les commissions des finances. ................................................... 105
Paragraphe 2 : Pour une meilleure participation du Parlement dans
la procédure des contrôles budgétaires. .................................................... 106
A- la revalorisation de l’opposition Parlementaire à
l’Assemblée nationale. ........................................................................................ 107
B- La révision des normes fondant les pouvoirs financiers du
Parlement. .................................................................................................................. 109
CONCLUSION ..................................................................................................................... 112
ANNEXES ............................................................................................................................. 115
Annexe n°1 : CRÉATION DE COMMISSIONS PARLEMENTAIRES
D'INFORMATION, D'ENQUETE ET DE CONTROLE. ........................................ 115
Annexe n° 2 : Loi Organique n° 86-021 du 26 Septembre 1986 relative
aux lois de Finances. ................................................................................................. 120
Annexe n° 3 : Tableau des amendements (2002-2010) ............................... 134
147
Annexe n° 4 : Tableau du déroulement des grandes phases
préparatoires du projet des lois de Finances ............................................. 135
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................ 136
TABLE DES MATIERES ................................................................................................... 142