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Précis La réduction de la pauvreté dans les années 90 : La stratégie de la Banque mondiale C 'EST EN 1990, DANS SON RAPPORT SUR LE développement dans le monde, que la Banque a, pour la première fois, défini officiellemment sa stratégie de Tous ces facteurs ont compliqué la tâche de la Banque et de la communauté des institu- tions de développement au cours de la dernière décennie. Le volume global de l'aide publique a décliné (jusqu'au précédent exercice), au moment même où les objectifs de l'aide au développement devenaient plus complexes et plus ambitieux. La structure des projets de la Banque a été adaptée à l'évolution d'un environnement qui complique leur exécution. En même temps qu'elle accorde une plus haute priorité au développement institutionnel, la Banque a augmenté le réduction de la pauvreté. Les perspectives d'une réduction de la pauvreté dans le monde paraissaient alors prometteuses. Mais, depuis cette date, l'environnement économique international a changé de façon radicale. Certes, le pourcentage d'êtres humains vi- vant avec moins de un dollar par jour a légèrement diminué, mais le nombre absolu de pauvres a augmenté du fait d'une croissance démographique rapide et d'une croissance économique inférieure aux prévisions, aggravée par une répartition inégale de la croissance dans plusieurs régions. L'augmentation du nombre de pauvres a été accélérée par le processus de transition économique en Europe orientale et en Asie centrale, par la volatilité du marché financier — et son impact sur les économies de l'Asie du Sud vers la fin des années 90 —, par la pandémie du sida, par les guerres civiles et par une série de catastrophes naturelles notamment en Afrique subsaharienne et en Amérique latine. volume de ses prêts aux réformes de politiques et pour des investissements concernant l'ensemble d'un secteur. Renforcer l'efficacité du développement est devenu un souci majeur de l'institution. Tous ces changements vont dans la bonne direction, mais beaucoup reste encore à faire. Le développement d'une stratégie En 1990, l'évaluation de l'expérience mondiale a montré que l'efficacité de la lutte contre la pauvreté pouvait être BANQUE MONDIALE DÉPARTEMENT DE L'ÉVALUATION DES OPÉRATIONS AUTOMNE 2000 NUMÉRO 202

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PrécisLa réduction de la pauvretédans les années 90 :La stratégie de la Banque mondiale

C'EST EN 1990, DANS SON RAPPORT SUR LEdéveloppement dans le monde, que la Banque a, pour lapremière fois, défini officiellemment sa stratégie de

Tous ces facteurs ont compliqué la tâche dela Banque et de la communauté des institu-tions de développement au cours de ladernière décennie. Le volume global del'aide publique a décliné (jusqu'auprécédent exercice), au moment même oùles objectifs de l'aide au développementdevenaient plus complexes et plusambitieux. La structure des projets de laBanque a été adaptée à l'évolution d'unenvironnement qui complique leurexécution. En même temps qu'elle accordeune plus haute priorité au développementinstitutionnel, la Banque a augmenté le

réduction de la pauvreté. Les perspectives d'une réduction de lapauvreté dans le monde paraissaient alors prometteuses. Mais,depuis cette date, l'environnement économique international achangé de façon radicale. Certes, le pourcentage d'êtres humains vi-vant avec moins de un dollar par jour a légèrement diminué, maisle nombre absolu de pauvres a augmenté du fait d'une croissancedémographique rapide et d'une croissance économique inférieureaux prévisions, aggravée par une répartition inégale de lacroissance dans plusieurs régions. L'augmentation du nombre depauvres a été accélérée par le processus de transition économiqueen Europe orientale et en Asie centrale, par la volatilité du marchéfinancier — et son impact sur les économies de l'Asie du Sud versla fin des années 90 —, par la pandémie du sida, par les guerresciviles et par une série de catastrophes naturelles notamment enAfrique subsaharienne et en Amérique latine.

volume de ses prêts aux réformes depolitiques et pour des investissementsconcernant l'ensemble d'un secteur.Renforcer l'efficacité du développement estdevenu un souci majeur de l'institution.Tous ces changements vont dans la bonnedirection, mais beaucoup reste encore àfaire.

Le développement d'unestratégieEn 1990, l'évaluation de l'expériencemondiale a montré que l'efficacité de lalutte contre la pauvreté pouvait être

B A N Q U E M O N D I A L E D É P A R T E M E N T D E L ' É V A L U A T I O N D E S O P É R A T I O N S A U T O M N E 2 0 0 0 N U M É R O 2 0 2

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2 Banque mondiale, Département de l’évaluation des opérations

renforcée par la mise en œuvre d'une stratégie comportanttrois principales composantes : 1) la promotion d'un typede croissance stimulant l'emploi productif de la main-d'œuvre — la plus abondante des ressources dontdisposent les pauvres — au moyen de politiquescombinant les incitations du mécanisme du marché, ledéveloppement des institutions politiques et sociales,l'expansion des infrastructures et le développementtechnologique ; 2) un meilleur accès à l'éducation, à lanutrition, à la santé et aux services sociaux, en vue d'uneamélioration immédiate de la condition des pauvres etpour renforcer leur capacité de profiter des opportunitésde croissance diversifiée ; et 3) des programmes bienciblés de transferts et de protection sociale au profit deshabitants des régions éloignées et déshéritées et degroupes sociaux directement affectés par la transitionéconomique.

Cette stratégie a-t-elle réussi ?L'évaluation par l'OED de la stratégie de 1990 s'inscritdans le cadre d'une révision générale des conceptions dela Banque en matière de réduction de la pauvreté.L'étude a conclu que d'importants progrès avaient étéréalisés et a noté une amélioration significative desindicateurs sociaux dans la plupart des Régions. Lastratégie a joué son rôle qui était d'attirer l'attention surl'importance d'une croissance diversifiée et d'un accèséquitable aux services sociaux. Elle a égalementcontribué à une réforme de la structure des aides de laBanque et des priorités des autres agences dedéveloppement. Enfin, elle a favorisé une améliorationsensible des connaissances de base sur la pauvreté dontle bénéfice a été étendu à l'ensemble de la communautédes institutions de développement. De meilleuresÉvaluations de la pauvreté et la combinaison deplusieurs méthodes pour la collecte de donnéesnationales et internationales comparables ont permis àla Banque d'améliorer son analyse des problèmes depauvreté et sa connaissance des priorités des pauvres.

Mais tout ceci ne raconte qu'une partie d'unehistoire plus complexe. Parce que le suivi des résultatsobtenus est insuffisant, plusieurs interrogations sur lescoûts et les bénéfices de la plupart des activités de la

Banque sont restées sans réponse.L'application des principalescomposantes de la stratégie neprogresse que lentement ; certes lastratégie de 1990 représente une étapeimportante, mais toutes les pièces dupuzzle n'ont pas encore été assemblées.

Le pays au centre du débatLes Stratégies d'assistance aux pays— le document de base pour laplanification des activités de la Banque— définissent les objectifs de l'aide dela Banque. L'étude a choisi et évalué unéchantillon de stratégies de pays de lapériode 1994 - 1999 ; l'évaluationmontre que ces documents deviennentplus pertinents et accordent plusd'importance aux problèmes depauvreté, surtout depuis 1996 ; enoutre, les stratégies les plus récentess'intéressent de plus en plus auxproblèmes connexes de gouvernance, dedéveloppement des institutions et de par-

ticipation des pauvres et des autres institutions.Priorité à la croissanceLa croissance est le principal objectif de toutes lesstratégies de pays, qui en outre traitent abondammentdu problème des services sociaux. Mais la Banque a en-core du mal à passer des commentaires très générauxde la stratégie de 1990 à des recommandationsconcrètes et spécifiques, bien adaptées à la situation dechaque pays et destinées à attaquer des problèmessociaux et structurels précis. Plus de 90 % desstratégies de pays évaluées par l'étude proposent lamême stratégie de croissance : stabilité macro-économique, libéralisation, réforme de laréglementation du commerce et du système tarifaire.Les liens entre la diversification de la croissance et lapauvreté ne sont pas toujours clairement indiqués et lesstratégies de pays définissent rarement les priorités etles options de politiques, ainsi que l'impact probable deces choix sur la condition des pauvres. Nombreuses

Encadré 1 : Les objectifs internationauxde développement seront-ils réalisés ?

SI LA PRÉVISION D'UN TAUX DE CROISSANCE DE4 % par an pour les pays en développement jusqu'en 2015 estréalisée et s'accompagne d'un faible niveau d'inégalité, il serafacile d'atteindre l'objectif international d'une réduction demoitié de la pauvreté absolue et le taux de pauvreté devraitdiminuer de moitié dès 2006. Si, au contraire, la croissances'accompagne d'un haut niveau d'inégalité, l'objectif ne serapas atteint. Une accélération de la croissance améliorerait lasituation, mais seulement de façon modeste. Le passage d'unmode de croissance à forte inégalité à une situation de faibleinégalité est beaucoup plus important pour la réduction de lapauvreté que l'addition d'un point de croissance économique.Pour réduire les inégalités, les pays doivent concevoir desstratégies qui permettent une croissance proportionnellementplus rapide des revenus des plus pauvres ou organisent une re-distribution des revenus par l'impôt.Source : L.Hammer et F.Naschold : Est-il possible d'atteindre les objectifsinternationaux de développement ? Un Rapport préliminaire(Londres : Institut du développement international, 1999)

Photo de National Geographic.

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Précis 2023

sont encore les stratégies de pays qui ont institué desmécanismes inadéquats pour le suivi et l'évaluation desprogrès réalisés, pourtant essentiels pour analyser lesrésultats de la lutte contre la pauvreté. Jusqu'à une daterécente, la question des systèmes de protection socialeétait traitée de façon superficielle : à peine plus de50 % des stratégies de pays (20 % seulement en Asie del'Est) proposaient des systèmes de ce type pour lespopulations les plus pauvres et les groupes les plusvulnérables. Quand le sujet était évoqué, l'analyse étaitgénéralement limitée aux catégories sociales affectéespar la réforme du secteur public.

Les effets diffus de l'inégalitéDes données récentes montrent que l'inégalité desrevenus est un obstacle à la croissance et à la réductionde la pauvreté. En outre, l'amélioration des indicateurssociaux ne se traduit pas toujours par l'augmentation durevenu des pauvres. Ces données n'affectent pas les basesde la stratégie de la Banque, mais elles montrent qu'uneattaque frontale contre les inégalités structurelles est unélément essentiel de toute stratégie à long terme dedéveloppement durable et de réduction de la pauvreté.Sans cette nouvelle orientation, les objectifs 2015 deréduction de la pauvreté ne seront vraisemblablementpas atteints (voir encadré 1).

Inégalités dans la répartition despatrimoines : analyse de deux paysLa Stratégie d'assistance au Malawi pour l'exercice 99notait la persistance d'un haut niveau de pauvreté (entermes de revenus), la croissance rapide de la popula-tion, les inégalités dans la répartition des ressources et leralentissement des réformes structurelles. L'un desprincipaux problèmes identifiés dans la stratégie étaitl'élasticité relativement faible de la pauvreté par rapportà la croissance. Une analyse des données relatives à larépartition des revenus des ménages montrait une faiblecorrélation entre l'évolution du revenu moyen et lesniveaux de pauvreté, qu'expliquaient l'ampleur de lapauvreté et les inégalités — entre les pauvres et le restede la population, entre les femmes et les hommes — ence qui concerne l'accès à la terre, à l'éducation et àd'autres ressources. Pour attaquer ce problème, lastratégie proposait de compléter des mesuresd'accélération de la croissance par des investissements etdes politiques visant à améliorer la répartition desrevenus, notamment des programmes d'alphabétisation,l'accès au crédit et à l'information commerciale pour lesmicroentreprises, et des politiques visant à accroître laproductivité du travail, à stimuler des exportations àhaute intensité de main-d'œuvre, à distribuer la terre defaçon plus équitable et à mobiliser la participation descommunautés.

L'Équateur est lui aussi un pays où la richesse estrépartie de façon très inégale. La pauvreté est partout,surtout dans les zones rurales. La Stratégie d'assistanceau pays pour l'exercice 96 proposait une stratégie axéesur la réforme du secteur social et le développement desinfrastructures de base. À l'inverse du document sur leMalawi, la stratégie pour l'Équateur passait rapidementsur le lien entre la croissance, l'inégalité et la pauvretéet sur ses implications pour une politique de croissance.L'Évaluation de la pauvreté pour l'Équateur (1996)montre clairement que le problème d'accès à la terre estun facteur déterminant de la pauvreté rurale ; elle estimequ'il faut stimuler le développement du marché foncier

informel existant et organiser la distribution de titres depropriété aux nombreuses exploitations non enregistrées,premier pas vers le développement d'un marché foncierofficiel. Mais le document de stratégie n'aborde pas leproblème de la distribution des terres, mettant surtoutl'accent sur le rôle de l'éducation et de la santé dans lacréation de meilleures opportunités de développementpour les pauvres ruraux.

Le défi des Stratégies d'assistance aux paysMoins de 50 % des stratégies de pays qui ont étéévaluées recommandent des mesures stimulant lacroissance telles que la réforme de systèmes de taxationinéquitables, l'élimination d'obstacles au développementdu secteur informel et l'amélioration du cadreréglementaire applicable aux petites et moyennesentreprises, toutes des mesures favorables aux pauvres.Vingt pourcent seulement des stratégies traitentexplicitement des contraintes microéconomiques et desproblèmes d'équité qui affectent l'accès des pauvres auxressources physiques et aux principaux marchés ; enfin,peu de stratégies évoquent explicitement les corrélationsentre les stratégies de croissance diversifiée et l'évolutionde l'inégalité des sexes. Un traitement efficace de cesproblèmes aurait le double avantage d'éliminer desdistorsions macroéconomiques et sectorielles etd'accélèrer la croissance et la réduction de la pauvreté,notamment en zones rurales (encadré 2). Un mode decroissance basé sur le développement rural influence defaçon sensible les niveaux de pauvreté dans l'ensembledu pays.

La structure des opérations de prêtsDans l'ensemble, la structure des prêts de la Banque estconforme aux objectifs opérationnels de la stratégie de1990. La part des opérations d'ajustement axées sur lapauvreté a nettement augmmenté, surtout en ce quiconcerne les crédits de l'Association pour ledéveloppement international (IDA), qui sont destinés aux

S'IL EST VRAI QUE LE DÉVELOPPEMENTéconomique des zones où vivent les pauvres et des secteurs danslesquels ils travaillent est compatible avec un mode decroissance à haute intensité de main-d'œuvre, ce phénomènepeut aussi se traduire par l'augmentation, le déclin ou lastabilisation des inégalités de revenus. En Éthiopie, parexemple, les réformes macroéconomiques paraissentprometteuses et les premiers signes apparaissent d'un net déclinde la pauvreté rurale depuis le changement de gouvernement en1992. Cependant, ceux qui ont profité de cette évolution sontceux qui ont des ressources — terres, traction animale,éducation et des équipements publics tels que les routes. Lesménages ruraux manquant de ressources ont vu leurs revenusdiminuer. C'est surtout l'inégalité des ressources qui expliquel'aggravation des inégalités en mileu rural. Des recherches enInde sur un mode de croissance favorable à la réduction de lapauvreté montrent que de 1973 à 1989 la croissance a surtoutfavorisé les pauvres dans l'État d'Andra Pradesh, mais les adéfavorisés dans l'État d'Uttar Pradesh. Dans les deux États, lesniveaux de pauvreté ont décliné, au profit des pauvres ruraux,mais, dans l'Uttar Pradesh, l'incidence de cette réduction de lapauvreté a été nettement affectée par l'aggravation del'inégalité des revenus.

Encadré 2 : Les liens entre l'inégalitéet la croissance

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4 Banque mondiale, Département de l’évaluation des opérations

pays les plus pauvres. La Banque finance de plus en plusdes secteurs très importants pour les pauvres — les infra-structures rurales et urbaines, l'enseignement primaire etsecondaire, la santé de base, la protection sociale et lesmicrocrédits. Les prêts aux trois principaux secteurssociaux — éducation, santé/nutrition/population et pro-tection sociale — représentent aujourd'hui 20 % du totaldes prêts de la Banque, contre seulement 5 % au débutdes années 80 (graphique 1).

Quelques prêts d'ajustement ciblés sur la lutte contrela pauvreté ont eu des effets favorables grâce à la dimi-nution de l'inflation et à la protection des dépensessociales. Moins nombreuses sont les mesures prises pouréliminer les distorsions économiques néfastes auxpauvres, augmenter en valeur réelle les ressourcesaffectées aux services de base et développer desprogrammes ciblés de protection sociale.

Notons en outre que les résultats obtenus dans ledomaine des prêts d'investissement sont inégaux. Certes,la Banque a augmenté ses interventions dans les secteurssociaux, mais elle n'a pas fait assez pour vérifier que lesprêts aux secteurs sociaux sont à l'avantage des pauvres.Les prêts d'investissement ont souffert de leur fragmenta-tion et la Banque n'a pas toujours su saisir les occasionsde stimuler un mode de croissance favorable auxpauvres grâce à des investissements complémentairespour la promotion du secteur privé, notamment dans desdomaines tels que les infrastructures de base où lessecteurs public et privé opèrent côte à côte.

Les projets inclus dans le Programme d'interventionsciblées, un mécanisme de suivi lancé en 1992, ont dansl'ensemble mieux réussi que les autres projets dans lesmêmes secteurs, en raison surtout de la priorité accordéeà la participation des communautés et des bénéficiairesà la conception et à l'exécution des opérations et d'uneattention particulière au suivi de la performance. Dansl'ensemble, la performance des prêts pour des projetscommunautaires, tels que les fonds sociaux, a étésatisfaisante — 81 % des projets de ce type approuvésdepuis l'exercice 87 ont donné des résultats satisfaisants.Néanmoins l'inclusion d'un projet dans le Programmed'interventions ciblées n'est pas une garantie que sesbénéfices iront directement aux pauvres.

Dans les années 90, les financements de la Banqueont privilégié les pays dont la performance et les

capacités institutionnelles sont fortes et qui font desérieux efforts pour réduire la pauvreté. Des donnéesrécentes sur les programmes de réduction de la pauvretémontrent qu'au cours de la période 1997-99, la Banquea prêté davantage aux pays les plus efficaces dans lalutte contre la pauvreté (suivi attentif de la situation,programmes ciblés sur la pauvreté et protection sociale).Néanmoins, des progrès doivent encore être faits dans ladéfinition de critères et la sélection des pays sur la based'une évaluation des efforts entrepris pour réduire lapauvreté.

Assistance non financièreÉvaluations de la pauvretéComme la Banque lie plus étroitement ses stratégies depays avec son analyse des situations de pauvreté, ildevient plus important de collecter dans les pays desdonnées adéquates sur la pauvreté et d'améliorer laqualité des Évaluations de la pauvreté. Les fonctionnairesde la Banque et les bénéficiaires reconnaissent ensembleque, grâce à la combinaison de méthodes qualitatives etquantitatives, les Évaluations de la pauvreté ontbeaucoup amélioré la connaissance de la pauvreté etl'analyse de problèmes connexes de politiques.L'importance d'analyses de qualité sur les problèmes depauvreté est confirmée par l'identification d'une fortecorrélation entre la pertinence des stratégies de la Banqueet les diagnostics de pauvreté proposés dans les documentsde Stratégies d'assistance aux pays. La qualité desÉvaluations de la pauvreté affecte également leur influ-ence sur les clients et les autres institutions concernées.Des données récentes sur les Évaluations participatives depauvreté montrent que celles-ci non seulement permettentd'analyser des dimensions de la pauvreté indépendantesdu niveau de revenu, mais encore peuvent devenir des in-struments puissants du dialogue de politiques avec lespays et d'une appropriation des programmes par les insti-tutions nationales.

En dépit de réels efforts, la qualité des Évaluations dela pauvreté a progressé de façon modeste et variable àl'intérieur de la Banque. Certes, les analyses qualitativeset les évaluations participatives font désormais partie despratiques courantes de la Banque, mais la structuregénérale des Évaluations de la pauvreté reste basée sur ladéfinition, en termes monétaires, d'un seuil de pauvreté,

Graphique 2 : Les prêts de la Banque et lesefforts des pays pour la réduction de la pauvreté

Graphique 1 : Réorientation des opérations versles secteurs sociaux

0

2

4

6

8

10

1980–84 1985–89 1990–94 1995–99

Pourcentage du total des prêts

Éducation

Santé, nutrition,population

Protection sociale

Eau/Assainissement

Année

9798

99

Faible

Moyenne

Forte

0

100

200

300

400

500

600

Moyenne des prêts par pays(en millions de USD, par catégorie de pays)

Exercice : Composantepauvretédu CPIA/CPR

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Précis 2025

réduisant ainsi la portée des recommandationsstratégiques du document. La dissémination des donnéessur la pauvreté est insuffisante, les analyses figurant dansles Évaluations de la pauvreté ne sont pas toujoursadéquates et la Banque ne fait pas assez pour renforcer lacapacité des emprunteurs dans l'utilisation des donnéesquantitatives et qualitatives sur la pauvreté. Le manqued'information sur la pauvreté reste un obstacle réel dansbeaucoup de pays, notamment en Afrique et en Amériquelatine, même si la Banque a mieux réussi à résoudre ceproblème en Asie du Sud et de l'Est.

L'OED estime que près de la moitié des Évaluationsde la pauvreté qu'il a revues n'étudient pas de façonadéquate les différents facteurs qui influencent la diversitédu mode de croissance, l'accès aux services sociaux et lessystèmes de protection sociale, et ne tentent pas de justi-fier l'importance relative de chacun de ces facteurs dansles recommandations stratégiques formulées dans le docu-ment. La plupart des Évaluations n'analysent pasl'influence sur la pauvreté des politiquesmacroéconomiques et des évolutions globales et n'étudientpas de façon détaillée des problèmes sectoriels clés, telsque le rôle prépondérant des politiques vivrières et dedéveloppement rural dans la réduction de la pauvreté.Trente pour cent des répondants à l'enquête auprès desintéressés n'étaient pas satisfaits du traitement desproblèmes de pauvreté dans les Évaluations. L'étuderécente de l'OED sur l'exécution de la stratégie dedéveloppement rural de la Banque — De la vision àl'action — note une forte corrélation entre la qualité desanalyses, notamment celles relatives à la pauvreté rurale,et l'efficacité des interventions de la Banque dans lesecteur du développement rural.

Les Revues des dépenses publiquesUn instrument complémentaire — les Revues desdépenses publiques (RDP) — évalue l'efficacité, l'équitéet la rigueur de la gestion des dépenses publiquesaffectant la situation des pauvres. Pour autant qu'ellesconcentrent leur analyse sur les choix intersectoriels, surl'efficacité des dépenses et sur le rapport coût-efficacitédes programmes ciblés et des systèmes de protectionsociale, les RDP peuvent faciliter le dialogue depolitiques et la formulation de stratégies d'assistanceaxées sur la pauvreté. Toutefois, jusqu'à présent, lesproblèmes de dépenses publiques ne sont pas assezintégrés dans les stratégies de pays ; seules 15 des 42stratégies revues par l'OED se réfèrent explicitement auxconclusions des RDP. Cette lacune s'explique en partiepar deux facteurs : l'absence d'une revue des dépensespubliques dans certains pays et la qualité inégale del'analyse des problèmes de pauvreté dans les RDPdisponibles.

La relation entre les activités non financières et lesstratégies de pays semble indiquer que la Banque adéveloppé ses analyses/diagnostics des problèmes depauvreté; néanmoins, ces travaux ne sont pas toujoursdisponibles, leur qualité est inégale et la Banque n'a pastoujours exploité de façon optimale les informationsrecueillies.

Perspectives d'avenirDes progrès significatifs ont été faits dans le sens d'uneconcentration des stratégies et des opérations de laBanque sur les problèmes de pauvreté. Les efforts

continuent. Pour l'avenir, le problème est d'accroîtrel'efficacité de l'exécution de cette politique :■ En donnant un contenu opérationnel à la stratégie de

réduction de la pauvreté de 2001, sur la base de con-sultations adéquates avec les représentants de lasociété civile, du secteur privé et des partenaires dedéveloppement de la Banque. Il s'agit d'établir desindicateurs clairs et vérifiables permettant d'évaluerl'efficacité des mesures d'exécution.

■ En dépassant le stade des projets dispersés, pourmettre l'accent sur l'intégration des interventionsmacro et microéconomiques.

■ Par une meilleure intégration des donnéesquantitatives et qualitatives sur la diversité des situa-tions de pauvreté — notamment la conditionféminine, les populations indigènes, les exclus et lessystèmes informels de protection sociale — et par unemeilleure analyse a priori de l'impact social probabledes réformes envisagées.

■ Au moyen de directives et de programmes de forma-tion reflétant la priorité accordée aux problèmes depauvreté et les nouvelles orientations des stratégies etdes opérations. Ces mesures devraient être complétéspar la dissémination systématique de l'informationsur le suivi et la mise en œuvre des stratégies deréduction de la pauvreté et par des formations offerteségalement au personnel des pays emprunteurs.

■ Par la mise au point d'un cadre stratégiqued'évaluation des impacts sur la pauvreté reflétant lesnouvelles politiques. Ce cadre comprendrait desstratégies régionales visant à améliorer le stock dedonnées permettant d'évaluer les corrélations entrel'aide de la Banque et les résultats obtenus etidentifiant des critères pour la définition d'unprogramme d'auto-évaluations visant à accélérerl'apprentissage des méthodes de réduction de lapauvreté.

■ En appuyant des programmes variés dedéveloppement des capacités — pour les servicespublics et pour d'autres institutions — en matière depréparation, de mise en œuvre et d'évaluation desstratégies nationales de réduction de la pauvreté. Cesprogrammes devront être basés sur des processusparticipatifs et des consultations intensives. Beaucoupde souplesse et de sensibilité seront nécessaires pourne pas gêner l'appropriation par les institutionslocales.

En dernière analyse, l'impact des stratégies de luttecontre la pauvreté ne dépend pas seulement de la perfor-mance de la Banque ; elle dépend aussi de la performancedes emprunteurs et d'autres partenaires de développementet de facteurs exogènes. Le défi de la pauvreté estmultisectoriel et a plusieurs dimensions. C'est l'interactionde toutes les politiques qui assurera la durabilité du pro-cessus de croissance, augmentera le stock et améliorera larépartition du capital humain, freinera la corruption,accroîtra les ressources physiques et sociales accessiblesaux pauvres et transformera leur condition. Donner uncontenu opérationnel au Rapport sur le développementdans le monde, 2000 sera pour la Banque une occasionunique d'apprendre les leçons de l'expérience etd'améliorer l'impact de ses opérations sur la réduction dela pauvreté.

Ce Précis est basé sur un rapport intitulé La réduction de la pauvreté dans les années 90 : Une évaluation de la stratégieet des performances par Alison Evans. Ce rapport est à la disposition des administrateurs et du personnel de la Banquemondiale par l'intermédiaire de l'Unité des documents internes et des centres régionaux d'information. Le public peut aussi letrouver à l'InfoShop de la Banque mondiale. www.worldbank.org/html/oed