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PREMIER CONGRES du RESEAU ASIE
Enseignants, Chercheurs, Experts francophones sur l’Asie orientale, centrale, méridionale, péninsulaire et insulaire,
24-25 sept 2003 au Centre de Conférences Internationales du Ministère des Affaires Etrangères
Comité scientifique : 1. Evelyne DOURILLE-FEER, économie , Asie orientale 2. Vincent FOURNIAU, histoire, Asie centrale 3. Pierre GENTELLE géographie, Chine 4. Roberte HAMAYON, ethno - anthropologie, sciences religieuses, Mongolie-Sibérie 5. Christian HENRIOT, histoire, Asie orientale 6. Marc HUMBERT, économie, Asie Orientale 7. Marc KALINOWSKI, sinologie classique 8. François MACE, littérature, Japon 9. Denis MATRINGE, littérature, Inde, Asie du Sud 10. Michel PICARD, sociologie, ethnologie, Asie du Sud-Est insulaire 11. Jean-Luc RACINE, géographie, géo - politique, géo - économique, Inde, Pakistan, Asie du Sud 12. Marielle SANTONI, archéologie, Asie de Sud-Est, Pakistan 13. Eric SEIZELET, droit, sciences politiques, Japon, 14. Serge TCHERKEZOFF, ethnologie, Océanie 15. Hugues TERTRAIS, histoire, Asie du Sud-Est continentale Comité d’organisation :
- Jean-François HUCHET, économie, Université Rennes 2 - Claude MEYER, économie, Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne - Jean-François SABOURET, sociologie, CNRS-Université Paris V, directeur du Réseau Asie - Hugues TERTRAIS, histoire, Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne - Jean-Claude THIVOLLE, chargé de mission Europe-Asie, Maison des Sciences de l’Homme - Jeanne GOFFINET, chargée de mission, secrétaire générale du Réseau Asie, Maison des Sciences de
l’Homme
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.1
Programme scientifique
11 thématiques
I - Histoire des sciences et des techniques : Ateliers 1-3 II - Pouvoir et société : Ateliers 4-7 III - Art : Ateliers 8-9 IV - Contestation et violences : Ateliers 10-13 V - Rapports au corps et à l’environnement : Ateliers 14-19 VI - Politique et religion : Ateliers 20-22 VII - Tensions internationales et équilibres régionaux : Ateliers 23-29 VIII - Mondialisation et systèmes économiques : Ateliers 30-35 IX - Rapports à l’histoire : Ateliers 36-39 X - Transformations urbaines : Ateliers 40-44 XI - Langues, éducation : Ateliers 45-46
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.2
11 THEMATIQUES 2
I- HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES 10
1. L'HISTOIRE ET L'ANTHROPOLOGIE DES TECHNIQUES ORDINAIRES DANS LE MONDE CHINOIS 10
Coordinatrices : 10
- Françoise SABBAN, Directrice d'études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Centre d'études sur la Chine
moderne et contemporaine (CECMC, UMR 8561) 10
- Caroline BODOLEC, Post-doc., Centre National de la Recherche Scientifique, Centre d'Etudes sur la Chine Moderne et
Contemporaine (UMR 8561 CECMC-EHESS) 10
Intervenants : MAU Chuan-Hui, Camille SCHMITT, ZHAO Bing, Stéphane VACCA 10
2. HISTOIRE DES SCIENCES EN ASIE 12
Coordinatrice : Karine CHEMLA, Directeur de recherche, Recherches Epistémologiques et Historiques sur les Sciences Exactes et
les Institutions Scientifiques (REHSEIS, CNRS-Université Paris 7) 12
Intervenants : Annick HORIUCHI, Florence BRETELLE-ESTABLET, Agathe KELLER 12
3. LES CONTRIBUTIONS CONJOINTES DES TECHNIQUES DE LA REPRESENTATION ET DES SCIENCES
HUMAINES A L’ETUDE DE LA CHINE ET DE L’ASIE CENTRALE 14
Coordinateur : Philippe FORET, Fonds national suisse de la recherche scientifique et Ecole polytechnique fédérale de Zurich 14
Intervenants : Svetlana GORSCHENINA, Andreas KAPLONY 14
II- POUVOIR ET SOCIETE 15
4. ‘SUPPLICE CHINOIS’ : APPROCHE METHODOLOGIQUE PLURIDISCIPLINAIRE D'UNE REPRESENTATION
EXOTIQUE 15
Coordinatrice : Muriel DETRIE, Littérature comparée, Université de la Sorbonne Nouvelle (Univ. Paris III), responsable de
l'équipe de recherche ‘Littérature et Extrême-Orient’ (CERC Paris III-CRLC Paris IV) 15
Intervenants : Jérôme BOURGON, Claire MARGAT, Maria PIA DI BELLA 15
5. LES ÉLITES DANS LES SOCIÉTÉS ASIATIQUES CONTEMPORAINES : RENOUVELLEMENT ET
RECONVERSIONS 17
Coordinatrice : Marie-Orange RIVE-LASAN, doctorante, Centre de Recherches sur la Corée (CRC-EHESS), membre du
Laboratoire Études coréennes (CNRS) 17
Intervenants : Gilles GUIHEUX, Mathieu SALOMON, Aurore MERLE, Romain BERTRAND 17
6. POUVOIR ET SOCIETE DANS LES PAYS COMMUNISTES D'ASIE 19
Coordinateur : Jean-Louis MARGOLIN, Maître de Conférences en Histoire, Université de Provence; Chercheur, IRSEA/CNRS 19
Intervenants : Jean-Philippe BEJA, Michel BONNIN, Pierre RIGOULOT 19
7. DROITS ET INSTITUTIONS EN ASIE: GLOBALISATION ET DEMOCRATISATION 21
Coordinateurs : 21
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.3
- Jean-Pierre CABESTAN, Directeur du Centre d'Etudes Français sur la Chine contemporaine (CEFC) 21
- Leïla CHOUKROUNE, Doctorante en droit international, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) 21
Intervenants : Mesmin Saint-Hubert, Eric Seizelet 21
III- ART 25
8. MUSIQUE ET RITUEL EN ASIE 25
Coordinateur : François PICARD, professeur d'ethnomusicologie, Chine (la fête du Sacré Coeur de Jésus en l¹église du Beitang,
Pékin, 1772-2002), responsable du DEA Histoire de la musique et musicologie, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV) 25
Intervenants : Fabrice CONTRI, Véronique JACOB DE LAVENERE, Bruno MESSINA, William TALOTTE, Laurence
QUICHAUD 25
9. ASPECTS DE LA RECHERCHE EN ARCHEOLOGIE ET EN HISTOIRE DE L'ART EN INDE ET EN ASIE DU SUD-
EST 28
Coordinateur : Michel JACQ-HERGOUALC’H, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (Section 33,
CNRS), Archéologue et historien de l'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est indianisée 28
Intervenants: Anne-May CHEW, Hedwige MULTZER O’NAGHTEN, Bérénice BELLINA, Catherine RAYMOND 28
IV- CONTESTATION ET VIOLENCES 30
10. INEGALITES, SOLIDARITES ET VIOLENCES DANS LES VILLES ASIATIQUES 30
Coordinatrice : Laurence ROULLEAU-BERGER, Chargée de recherches au CNRS, Groupe de recherche sur la socialisation,
Université Louis Lumière Lyon 2, Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines 30
Intervenants : Djallal HEUZE, MA Li, SHI Lu, Kazuhiko YATABE 30
11. ORDRE ET DESORDRES URBAINS DANS LA CHINE REPUBLICAINE 32
Coordinateur : Christian HENRIOT, Institut d’Asie Orientale (UMR 5062) ; Professeur d’Université ; Directeur Scientifique
Adjoint, Département SHS-CNRS 32
Intervenants : Aglaia DE ANGELI, Xavier PAULES 32
12. FIGURES DE LA CONTESTATION, DE L’ASIE DU SUD A L’ASIE ORIENTALE, A&B 34
PANEL A : SOCIETE CIVILE ET ESPACES DE CONTESTATION EN ASIE DU SUD 34
Coordinatrice : Aminah MOHAMMAD-ARIF, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre d’Etudes de l’Inde et
de l’Asie du Sud (CEIAS) 34
Intervenants : Philippe RAMIREZ, Stéphanie TAWA-LAMA, Nicolas JAOUL 34
13. FIGURES DE LA CONTESTATION, DE L’ASIE DU SUD A L’ASIE ORIENTALE : A&B 36
Panel B : LES NOUVELLES FORMES DE LA CRITIQUE SOCIALE EN ASIE DE L’EST ET DU SUD EST: ARMES DES
FAIBLES, FORTES ARMES ? 36
Coordinateur : Paul JOBIN, Maître de conférences, Université Michel de Montaigne (Univ. Bordeaux 3), chargé de cours, Institut
National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), sociologie du Japon ; chercheur associé Institut National de la Santé et
de la Recherche Médicale - Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (INSERM-EHESS) 36
Intervenants : David MALINAS, Éric SAUTEDE, Antoine KERNEN 36
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.4
V- RAPPORTS AU CORPS ET A L’ENVIRONNEMENT 39
14. REPRESENTATIONS DU MILIEU NATUREL 39
Coordinatrice : Jane COBBI, Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Civilisation japonaise39
Intervenants : ÐINH Trong Hiêu, Sophie HOUDART, Marie-Claude MAHIAS, BUI Thi Mai, Michel GIRARD 39
15. CHAMANISMES ET GESTION DES MAUX (SIBERIE, MONGOLIE) 41
Coordinatrice : Virginie VATE, Doctorante Centre d’Etudes Mongoles et Sibériennes – EPHE Ve Section / Siberian Studies Center
– Max Planck Institute for Social Anthropology - Halle, Allemagne 41
Modératrice: Roberte HAMAYON, Directrice d’Etudes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) 41
Intervenants : Jean-Luc LAMBERT, Alexandra LAVRILLIER, Laetitia MERLI 41
16. POSTER : LE PORT DU SARI ET LA FEMME INDIENNE: DECODAGE D'UNE APPARENCE ET D'UNE
GESTUELLE, PARTICIPATION DANS LA CONSTRUCTION DE LA PERSONNE ET REPRESENTATIONS DU CORPS
42
Sylvie SANSEAU : doctorante en ethnologie et anthropologie sociale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ;
travaille sur l'Inde 42
17. MEDECINES DE CHINE, MEDECINE D'EUROPE : RENCONTRES, CONFLITS, INFLUENCES CROISEES 43
Coordinateur : Frédéric OBRINGER, chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre d'Études
sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC, UMR 8561 CNRS/EHESS) 43
Intervenants : Lucia CANDELISE, Isabelle LANDRY-DERON 43
18. CONSTITUTION DES ESPACES THERAPEUTIQUES EN ASIE DU SUD-EST. ETAT DES LIEUX, INTER-
RELATIONS ENTRE THERAPEUTES, COMPARAISON REGIONALE 45
Coordinatrice : Anne Y. GUILLOU, Docteur en ethnologie, Chargée de recherche ADDRAS, Chargée de cours, Université de
Haute Bretagne (Univ. Rennes II ) 45
Intervenants : Claire CHAUVET, Annick GUENEL, HSIEH Ting-Chih, Jean-François PAPET, Laurent PORDIE 45
19. LES PERCEPTIONS DE L'ENVIRONNEMENT CHEZ LES NOMADES ET LES SEDENTAIRES D'ASIE CENTRALE
ET ORIENTALE 47
Coordinatrice : Gaëlle LACAZE, Anthropologie aire culturelle turco-mongole (Mongolie-Kazakhstan), Centre d'Études Mongoles
et Sibériennes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) 47
Modérateur: Jacques LEGRAND : Professeur de langue et civilisation mongoles, (INALCO-Langues’O). 47
Intervenants : Alexandra MAROIS, Laurent QUISEFIT, Gregory DELAPLACE, Bertrand GUILLON 47
VI- POLITIQUE ET RELIGION 49
20. LIENS ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX : A&B 49
A : VERS LE LIEN SYMBIOTIQUE ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX 49
Coordinateurs : 49
Yannick BRUNETON, Post-doctorant, Laboratoire d’Etudes Coréennes 49
Nathalie LUCA, Chargée de recherche, Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux, membre associée du Laboratoire
d’Etudes Coréennes 49
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.5
Intervenants : Evelyne CHEREL-RIQUIER, Arnaud BROTONS, Nathalie KOUAME, Jean-Pierre BERTHON 49
21. LIENS ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX : A&B 51
B : VERS UN LIEN D’EXCLUSION ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX 51
Coordinatrice : Nathalie LUCA, Chargée de recherche, Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux, membre associée du
Laboratoire d’Etudes Coréennes 51
Intervenants : Fabienne DUTEIL-OGATA, Vincent GOOSSAERT, Jérémy JAMMES, Charles MACODNALD 51
22. APPROCHE POLITIQUE COMPAREE DES CULTES aux DIEUX DU SOL DANS L’AIRE SINO-INDIENNE 52
Coordinateur : Grégoire SCHLEMMER, Doctorant en ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X) 52
Intervenants : Vanina BOUTE, Stéphane GROS, Emma GUEGAN, Raphaël ROUSSELEAU 52
VII - TENSIONS INTERNATIONALES ET EQUILIBRES REGIONAUX 54
23. LA QUESTION DES FRONTIERES 54
Coordinateur : Jean-Luc RACINE, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Membre du
Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et Responsable du
Programme international d'études avancées, Maison des Sciences de l’Homme 54
Intervenants : Sébastien COLIN, Nathalie FAU, Florence TOIX, Laurence HENRY 54
Discutant: Michel BRUNEAU, Directeur de recherche au CNRS 54
24. ENJEUX GEOPOLITIQUES DANS LES MERS D'ASIE ORIENTALE 59
Coordinateur : Philippe PELLETIER, Professeur de géographie, Université Lumière (Univ. Lyon II) 59
Intervenants: LI Jin-Mieung, Eric DENECE, Eric FRECON 59
25. REFLEXIONS PLURIDISCIPLINAIRES SUR LA NOTION DE LIMITES ET FRONTIERES EN ASIE CENTRALE 61
Coordinateurs : 61
- Vincent FOURNIAU, Maître de conférences, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), ex-directeur, Institut
français d’Etudes sur l’Asie centrale (IFEAC) 61
- Catherine POUJOL, Professeur, Institut National Des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) 61
Intervenants: Marlène LARUELLE, Isabelle OHAYON, Carole FERRET, Seïtkassym AOUELBEKOV 61
26. RELATIONS INTERNATIONALES ET INTEGRATION REGIONALE EN ASIE ORIENTALE 66
Coordinateur : Hugues TERTRAIS, Maître de conférences, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) 66
Intervenants : Sophie BOISSEAU DU ROCHER, Stephen DUSO-BAUDUIN, Isabelle SAINT-MEZARD, Guy FAURE, Karine
DELAYE 66
27. NOUVELLES ORGANISATIONS REGIONALES EN ASIE ORIENTALE 69
Coordinatrice : Manuelle FRANCK, Maître de conférences, Institut national des Langes et Civilisations orientales (INALCO) ;
Membre du Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA) 69
Intervenants: 69
- Philippe PELLETIER, Professeur de géographie, Université Louis Lumière (Univ. Lyon II) 69
- Christian TAILLARD, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Laboratoire sur l’Asie du
Sud-Est et le Monde Austronésien (LASEMA), 69
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.6
- François DURAND-DASTES : Professeur émérite, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII), 69
- Jean-Luc DOMENACH : Directeur de recherche, Fondation nationale des Sciences Politiques-Centre d’Etudes et de Recherches
Scientifique (FNSP-CERI) ; Responsable de l’antenne franco-chinoise de Sciences humaines et sociales de Pékin 69
Discutant: Hugues TERTRAIS, Maître de conférences, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) ; Président de l'Association
française pour la Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE) ; Membre du bureau de l'European Association for South-East Asian
69
28. MIGRATIONS INTERIEURES EN CHINE : DEFIS AUX INSTITUTIONS SOCIALES ET INNOVATIONS 70
Coordinatrices : 70
- Marianne BASTID, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS) 70
- Isabelle THIREAU-MAK, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre d’Etudes sur la
Chine moderne et contemporaine (CECMC) 70
Intervenants : Christine NGUYEN, Jacqueline NIVARD, Martine RAIBAUD, HU Xinyu, HUA Linshan 70
29. LES TRAVAILLEURS MIGRANTS EN ASIE DU SUD-EST CONTINENTALE ET INSULAIRE : ESCLAVES DU
MONDE MODERNE 72
Coordinateur : Guy LUBEIGT, Chargé de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Equipe PACIFICA,
Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Laboratoire PRODIG (Pôle de Recherche pour l’Organisation et la Diffusion de
l’Information géographique). 72
Intervenants : Marie-Eve BLANC, Laurence HUSSON, Grace SWE ZIN HTAIK 72
VIII- MONDIALISATION ET EVOLUTION DES SYSTEMES ECONOMIQUES 75
30. LA CRISE ASIATIQUE : LA DIVERSITE DES TRAJECTOIRES DES PAYS ASIATIQUES (Atelier AnnulE) 75
Coordinateur: Robert BOYER, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Régulation,
ressources humaines et économie publique, (CEPREMAP), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) 75
Intervenants : Sébastien LECHEVALIER, Wooseok OK, Irène HORS 75
31. OUVERTURE ECONOMIQUE ET STRATEGIES D'ENTREPRISES EN ASIE 76
Coordinateur : Gilles GUIHEUX, Chercheur, Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine - Hong Kong (CEFC-Hong
Kong) 76
Intervenants : Xavier RICHET, Joël RUET, Jean-François HUCHET, Marc HUMBERT, Marc LAUTIER, Jean ESMEIN 76
32. CRISES FINANCIERES, CONSOLIDATION BANCAIRE ET RESTRUCTURATIONS DES ENTREPRISES EN ASIE
79
Coordinateur : Christian MILELLI, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS - Forum Globalization-Innovation-Firm-
Territory - Nanterre) 79
Intervenants : Cyril ANDRIEU-LACU, Françoise NICOLAS, Anne ANDROUAIS 79
33. LES MUTATIONS DE L’APPAREIL INDUSTRIEL DES PAYS ASIATIQUES APRES LA CRISE 81
Coordinatrice : Diana HOCHRAICH, Forum Globalisation-Innovation-Firm-Territory (Forum Gift-Nanterre), Centre national de la
Recherche scientifique (CNRS) 81
Intervenants : Françoise HAY, Evelyne DOURILLE-FEER, Yveline LECLER 81
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.7
34. MICROFINANCE ET PROBLEMATIQUE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE 81
Coordinatrice : Kamala MARIUS-GNANOU : Maître de conférences en géographie à l’Université de Bordeaux 3 et enseignante-
chercheure à l’UMR ADES (CNRS-Université Bordeaux3) 81
Intervenants : Jean-Michel SERVET, Isabelle GUERIN, François DOLIGEZ, Thierry PAIRAULT, Jane PALIER 81
35. GESTION DU SECTEUR PETROLIER ET INSTITUTIONS POLITIQUES, UNE ANALYSE COMPARATIVE ENTRE
LE KAZAKHSTAN ET LE VIET-NAM 84
Coordinateur : Gérard DUCHENE, Professeur, Directeur de Réformes et Ouverture des systèmes économiques post-socialistes
(ROSES), Université Panthéon-Sorbonne (Univ. ParisI) 84
Intervenants : TRAN Thi Anh Dao, CAO Xuan Dung, Ferhat ESEN, Gaël RABALLAND 84
IX- RAPPORTS A L’HISTOIRE 85
36. MEMOIRE ET IDENTITE. QUELQUES EXEMPLES EN ASIE DANS LES TEMPS MODERNES 85
Coordinateur: Jean-Louis BACQUE-GRAMONT, directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS),
Centre Georges Dumézil d'Etudes Comparatives sur le Caucase 85
Intervenants : Hartmund O. ROTERMUND, Anne VERGATI, Jean CALMARD, Sabine TREBINJAC, UEHARA Mayuko 85
37. ENTRE LOYAUTE ET DELOYAUTE : LA COMPLEXITE DU CHOIX EN CONTEXTE COLONIAL EN
INDOCHINE 88
Coordinateur : Christopher E. GOSCHA, chercheur, Institut d’Asie Orientale (IAO), Maître de conférences, Université Louis
Lumière (Univ. Lyon II) 88
Intervenants : Agathe LARCHER-GOSCHA, Gilles DE GANTES, Claire TRAN THI LIEN 88
IX - RAPPORTS A L’HISTOIRE 93
39. LES MUTATIONS DE L'ETAT CHINOIS 93
Coordinateurs : 93
- Yves CHEVRIER, Directeur du Centre d’Etudes de la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC), Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales (EHESS) 93
- Christian LAMOUROUX, Directeur d’études, Centre d’Etudes sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC), Ecole des
Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) 93
Président de séance: Pierre-Etienne WILL, Professeur, Collège de France 93
Intervenants : Jérôme KERLOUEGAN, Luca GABBIANI, Xiaohong XIAO-PLANES, Emilie TRAN 93
X- TRANSFORMATIONS URBAINES 96
40. LES GRANDS HOTELS ET LA VILLE EN ASIE ORIENTALE 96
Coordinateurs : 96
- Valérie GELEZEAU, Maître de conférences, Université de Marne-la-Vallée 96
- Thierry SANJUAN, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) 96
Intervenants : Nicolas FIEVE, Françoise GED, Sylvie GUICHARD-ANGUIS 96
41. VILLES, MOBILITES et NTIC, REGARDS CROISES EN INDE, CHINE ET AUSTRALIE 97
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.8
Coordinatrice : Blandine RIPERT, ethno-géographe, Chargée de recherche, Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS),
Equipe 'Circulation et Territoire', Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) 97
Intervenants : Jean-François DOULET, Eric LECLERC, Patrick PONCET 97
Discutant: Frédéric LANDY 97
42. LA REFONDATION MEGAPOLITAINE AUX DEUX BOUTS DE L'ASIE 101
Coordinateur : Philippe HAERINGER, Directeur de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Professeur
associé, Université de Nanterre (Univ. Paris X) 101
Intervenants : CHI Faï Lam, Marie-Hélène ORSAY, NGUYEN Duc Nhuan, Laurence NGUYEN, Gholam Reza SHOKRANI,
Tazagol CHEMAGHA 101
43. DYNAMIQUES FONCIERES ET MUTATIONS URBAINES EN ASIE 103
Coordinatrice : Natacha AVELINE, chercheur, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut d'Asie Orientale
(IAO) 103
Intervenants : Marie-Hélène FABRE, Valérie GELEZEAU, Adeline CARRIER, Xavier GUILLOT 103
44. L’ARCHITECTURE DE LA VILLE EN ASIE 105
Coordinateurs : 105
- Philippe BONNIN, Anthropologue, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Architecture-
Urbanisme-Sociétés (UMR AUS) 105
- Nathalie LANCRET, Architecte, Chargée de recherche, CNRS, Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien
(LASEMA, UPR 297-CNRS) 105
Intervenants : Emmanuel CERISE, Sophie CLEMENT, Hélène NJOTO-FEILLARD, Christian PEDELAHORE DE LODDIS,
Thomas BEAUFILS 105
XI- LANGUES, EDUCATION 108
45. LANGUES EN CONTACT 108
Coordinatrice : Claire SAILLARD, Maître de conférences en linguistique, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII) 108
Intervenants : Annie MONTAUT, Jean-Michel CHARPENTIER 108
46. EDUCATION EN ASIE : CONDITIONS D’EXISTENCE DES MODELES EDUCATIFS ET FORMATIFS, ET DE
LEURS SYSTEMES DE TRANSMISSION ; TRANSMISSION DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES 109
Coordinateur : Jean-Marc DE GRAVE, Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA), Bureau de
l’Association Française de Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE) 109
Intervenants : Natacha COLLOMB, David GIBEAULT, Stéphane RENNESSON, Samuel BERTHET, Didier BERTRAND, Odette
LESCARRET, TRAN Thu Huong, KRUY Kim Hourn 109
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.9
I- Histoire des sciences et des techniques 1. L'HISTOIRE ET L'ANTHROPOLOGIE DES TECHNIQUES ORDINAIRES DANS LE MONDE CHINOIS Coordinatrices :
- Françoise SABBAN, Directrice d'études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Centre
d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC, UMR 8561)
- Caroline BODOLEC, Post-doc., Centre National de la Recherche Scientifique, Centre d'Etudes sur la Chine
Moderne et Contemporaine (UMR 8561 CECMC-EHESS)
Intervenants : MAU Chuan-Hui, Camille SCHMITT, ZHAO Bing, Stéphane VACCA
L’anthropologie historique des techniques ordinaires s’entend comme l’étude des pratiques et des connaissances mises
en œuvre dans l’organisation matérielle de la vie humaine. Elle se fonde sur un mode d’approche du monde chinois par
l’identification du fait matériel dans son interaction entre empirique et idéel. Cette approche conjugue des recherches
textuelles et philologiques à un travail de terrain fondé sur l’observation des pratiques, l'identification des gestes, la
collecte des objets, dans leurs contextes d’usage et d’application. Ces recherches, qui portent sur un champ assez peu
exploré des études sinologiques, visent à mettre en évidence des configurations techniques et à l’exploration des
imaginaires liés aux pratiques dites « matérielles ».
Caroline BODOLEC : Post-doctorante CNRS, Centre d'Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine
(UMR 8561 CECMC-EHESS)
La construction chinoise : entre architecture savante et architecture populaire
Cette communication a pour objectif la présentation des méthodes de travail concernant l’histoire de la construction
chinoise. L’étude est centrée sur les liens entre l’architecture savante (c’est-à-dire dans laquelle l’État et les institutions
sont partie prenantes et génèrent des écrits) et l’habitat populaire aux savoirs vernaculaires.
Dans une première partie, je présente le sujet de recherche et les différentes problématiques qui ont sous-tendu la
réflexion sur l’histoire de la forme en voûte dans l’architecture chinoise. Ce travail a permis de mettre en lumière des
implications plus générales sur les transmissions de techniques entre l’administration et l’artisanat privé.
Dans une seconde partie, je souhaite présenter la méthodologie d’une recherche impliquant la comparaison entre
sources et études de terrain. Ces recherches ont des implications contemporaines sur la compréhension des
transmissions de techniques artisanales dans le domaine de l’architecture populaire et de la restauration de bâtiments
anciens.
Cette communication s’appuie sur des exemples précis et des illustrations de bâtiments et de chantiers de construction.
MAU Chuan-Hui : Post-doctorant en Histoire, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS),
équipe de Pierre-Etienne Will.
La soie : fond de la civilisation chinoise et moteur d'échanges
Le présent papier est le résultat d’un travail de synthèse qui a pour objectif de souligner l’importance des études sur la
soie pour une meilleure compréhension de la culture chinoise et de son histoire. Des documents anciens en chinois et en
langues étrangères, notamment en français, et des objets (soieries et outils du travail de la soie) constituent un corpus
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.10
important pour cette recherche. Elle est également alimentée par des découvertes archéologies et des études récentes
concernant les techniques de la soie et les échanges entre la Chine et l’étranger.
Cette étude comporte trois parties :
I. Les techniques de la soie et l’évolution géographique de la production : présentation des essentiels du travail de la soie
et des subtilités pour une production de belle qualité.
II. La soie, fonds de la culture chinoise : la soie occupait une place économique centrale dans la société chinoise. Elle
jouait aussi un rôle culturel considérable, comme en témoignent les éléments idéologiques qu’ont développés autour
d’elle les lettrés, ou les croyances et les célébrations populaires. Largement utilisée dans les différentes couches de la
société traditionnelle, elle apparaît comme un fonds de la culture chinoise.
III La soie, moteur des échanges : la grande valeur marchande de la soie poussa des hommes à braver des difficultés
pour son commerce. Ils cherchaient aussi à percer les secrets des techniques de fabrication chinois pour les introduire
dans leurs pays. Des découvertes effectuées sur la route de la soie maritime témoignent d’échanges très anciens entre la
Chine et l’étranger. La confrontation de documents écrits et d’objets permet d’apprécier les multiplicités des domaines
concernés par les échanges grâce au commerce de la soie.
Camille SCHMITT : Docteur en Histoire de l’Art (thèse soutenue en décembre 2002), Post-doctorat au
Centre de recherche sur l’extrême-orient de Paris Sorbonne (CREOPS- Paris IV), dirigé par Flora Blanchon.
Histoire de l'art du montage et de la restauration
Dans la présente intervention, nous nous pencherons sur l’étude de l’art du montage et de la restauration des œuvres
graphiques, c’est-à-dire des peintures et des calligraphies sur soie et papier. Par montage, nous entendons la mise en
valeur des œuvres neuves par un assemblage de soie et des renforts de papier, et nous désignons sous le terme de
restauration le processus complexe suivi par l’artisan pour assainir et consolider les œuvres anciennes, souvent abîmées
ou parfois complètement mutilées, a des fins conservatoires. En Chine, le montage et la restauration sont une seule
technique pratiquée par le même artisan, à la fois monteur et restaurateur.
Il se trouve que les œuvres d’art se sont généralement concentrées dans les mains d’une élite, mais leur montage est
confié à des artisans ou ateliers d’artisans, aussi cette technique particulière se rattache-t-elle aux techniques ordinaires
dans la mesure où les œuvres sont nombreuses, et qu’il est nécessaire de les restaurer fréquemment.
ZHAO Bing : Post-doctorant, Civilisation chinoise (UMR 8583, CNRS-EPHE), équipe de Éric Trombert.
L'artisanat de la céramique à l'époque des Song (Xe-XIIIe siècles) : dialectiques des fours impériaux et des fours
privés.
Le monde des artisans, peu mentionné dans les sources historiques traditionnelles, échappe aux investigations des
historiens. Nous proposons ici d’étudier la céramique produite dans les ateliers privés et importée à la cour des Song du
Nord (960-1127) en tant que tribut local. Cette étude a pour objectif d’examiner les relations entre le milieu des artisans
potiers privés et l’administration chinoise d’une part, et de déterminer le rôle qu’a joué cette dernière dans l’essor des
ateliers privés aux Xe-XIIe siècles d’autre part. Nous la divisons en trois parties principales : les travaux effectués, puis
les principales caractéristiques de la céramique envoyée à la cour des Song du Nord, enfin sa répercussion sur l’artisanat
céramique privé des Xe-XIIe siècles.
Stéphane VACCA : Ingénieur chimiste ; agrégé de chimie ; ancien élève, Ecole Normale Supérieur-
Cachan (ENS-Cachan) ; enseignant de chimie depuis 1992, Université Paris-Sud (Univ. Paris XI) ; Etudiant de
chinois sur les procédés chimiques et la terminologie technique sous les Ming, Institut National des Langues
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et Civilisations Orientales (INALCO) ; Etudiant sur les procédés de fabrication des médicaments minéraux
des pharmacopées Ming, Centre de Recherche de la Médecine chinoise, Centre d’histoire de la Médecine-
Pékin
Préparations et usages de l'alun blanc (baifan) dans la Chine de la fin des Ming
La préparation de l’alun blanc est avérée en Chine sous la dynastie des Han mais il est probable qu’elle soit bien
antérieure. Ses utilisations couvrent à la fois les domaines de la vie courante et d’occupations spécialisées. Sa
préparation consiste en un grillage de l’alunite empilée en couches alternatives avec du charbon. Le produit obtenu est
ensuite recristallisé dans l’eau bouillante. L’alun sec (kufan) est préparé par un chauffage sévère de l’alun blanc. L’alun
blanc est utilisé comme mordant dans la teinture des textiles. Par dépôt d’alumine, il donne une teinture plus uniforme et
plus résistante ; par formation de complexes, il peut également donner de nouvelles teintes. Selon la médecine chinoise
l’alun blanc a les propriétés d’assécher et d’obturer les sources de liquides. Pour ce qui est du traitement des affections
banales, ses usages principaux se trouvent dans les domaines de l’hygiène buccale et des soins dentaires, du traitement
des blessures occasionnées par les morsures d’animaux et enfin dans celui d’affections dermatologiques.
2. HISTOIRE DES SCIENCES EN ASIE Coordinatrice : Karine CHEMLA, Directeur de recherche, Recherches Epistémologiques et Historiques sur les
Sciences Exactes et les Institutions Scientifiques (REHSEIS, CNRS-Université Paris 7)
Intervenants : Annick HORIUCHI, Florence BRETELLE-ESTABLET, Agathe KELLER
Cet atelier visait non pas à permettre de présenter des travaux pointus en histoire des sciences, mais plutôt à examiner
par plusieurs biais la manière dont les études sur les sciences pourraient interagir avec les travaux autres sur l’Asie. C’est
pourquoi il a fait l’objet d’exposés portant sur des époques, des régions et des sujets les plus variés.
Il y a été question de la manière dont le Japon découvre les savoirs venant d’Occident à travers le hollandais au 18e
siècle et de l’impact de ce mouvement sur la société de l’époque (A. Horiuchi). Dans un tout autre ordre d’idées, nous y
avons examiné les liens entre savoirs et institutions médicales, d’une part, politique, d’autre part, à travers le cas de
régions périphériques de l’Empire chinois (F. Bretelle-Establet), au moment même où l’Etat s’engage dans un processus
de modernisation. Enfin, nous nous sommes tournées sur la manière dont les discours politiques de l’Inde post-coloniale
se nourrissent de représentations relatives à l’histoire des sciences (A. Keller).
Ce parcours, par sa variété, voulait permettre d’amorcer une discussion générale sur les rapports qui pourraient se
nouer, dans les recherches sur l’Asie, entre études sur les sciences et travaux d’historiens, de sociologues ou
d’anthropologues.
Annick HORIUCHI : Université Paris 7-Denis Diderot, UMR « Civilisation japonaise » CNRS/EPHE
L’apprentissage du regard « hollandais » au Japon au tournant du XIXe siècle
Peu d’études ont été consacrées jusqu’ici aux transformations intervenues dans la représentation du monde sous l’effet
des ouvrages produits par les spécialistes de sciences hollandaises (rangaku) dans les dernières décennies du XVIIIe. Le
présent article a pour objet de faire entrevoir la méthode qui pourrait être employée pour une telle recherche, sachant que
pour la mener à bien il faudra non seulement examiner les textes proprement scientifiques mais aussi les ouvrages de
vulgarisation ou les textes ne mentionnant ces savoirs que de manière incidente. Nous entreprenons ici cette recherche
pour un thème précis : la représentation du monde céleste. Pour ce faire, nous examinons deux types d’ouvrages
distincts : les ouvrages de Shiba Kôkan, considérés comme ayant popularisé la cosmologie copernicienne, et celui d’un
interprète de Nagasaki, Shizuki Tadao, dont le propos est relativement proche des sources occidentales. On montrera
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.12
que les deux types de textes se rejoignent dans leur effort de construire ou de définir un regard particulier, caractérisé par
ses capacités de prise de distance, de hauteur et sa réflexivité.
Florence BRETELLE-ESTABLET : Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Recherches
Epistémologiques et Historiques sur les Sciences Exactes et les Institutions Scientifiques (REHSEIS, CNRS-
Univ. Paris 7)
Les acteurs de la santé en Chine du Sud à la fin de l’empire et au début de la république : étude préalable à une
histoire de la médecine en Chine
Cette contribution tendra à montrer comment les travaux en histoire sociale peuvent interagir avec les travaux en histoire
des sciences. Précisément ce qu’un travail sur la santé - sur les traditions individuelles et collectives, les institutions, les
politiques sanitaires, les thérapeutes-, peut apporter à l’histoire de la médecine. L’histoire d’une science ne peut
s’entreprendre sans que soit étudié aussi le champ institutionnel dans lequel elle s’élabore et qui peut jouer un rôle
important dans la normalisation des savoirs et des pratiques scientifiques ; sans que soit étudié l’environnement
extérieur –technique, sanitaire- qui peut la mobiliser ; et enfin sans que soient étudiés les milieux socioculturels qui la
produisent.
Ceci est vrai pour l’histoire des sciences dans les sociétés contemporaines où les sciences paraissent pourtant bien
structurées par des cursus universitaires normalisés et où les scientifiques paraissent appartenir à des corps sociaux bien
définis. Ce travail préalable ou concomitant est peut être encore plus indispensable lorsqu’il s’agit d’étudier l’histoire des
sciences dans des sociétés « pré modernes », ou tout au moins dans celles où la transmission des savoirs se fait hors
institution et où l’élaboration des savoirs scientifiques et parfois leur pratique ne sont soumis à aucun contrôle
bureaucratique.
C’est le cas de la médecine en Chine jusqu’en 1928 : hormis l’infime élite formée régulièrement par le Taiyiyuan,
Académie de Médecine impériale, du VIe au début du XXe siècle, mais attachée principalement à la Cour et aux
Yamens, la formation et la pratique médicales échappent au contrôle de l’Etat.
Dans le cadre de cette communication, je vais me limiter à présenter ce qu’une étude sociologique menée sur les
médecins, ou les « experts en l’art de soigner » dans le cadre particulier de la Chine du Sud à la fin de l’empire et au
début de la république, laisse entrevoir sur l’histoire de la médecine en Chine.
Agathe KELLER : Recherches Epistémologiques et Historiques sur les Sciences Exactes et les
Institutions Scientifiques (REHSEIS, CNRS-Univ. Paris VII)
Enjeux multiples de l’histoire des sciences en Inde
Dans cette communication nous verrons comment des groupes associatifs et politiques utilisent l'idée de « sciences
traditionnelles » en Inde pour promouvoir des politiques de recherche et d'enseignement. À travers un cas particulier,
celui des « mathématiques védiques », nous nous interrogerons sur l’origine de cette pratique mathématique en tentant
d’évaluer comment une certaine histoire des sciences indiennes a constitué un élément important dans la construction
d'une identité post-coloniale en Inde.
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3. LES CONTRIBUTIONS CONJOINTES DES TECHNIQUES DE LA REPRESENTATION ET DES SCIENCES HUMAINES A L’ETUDE DE LA CHINE ET DE L’ASIE CENTRALE Coordinateur : Philippe FORET, Fonds national suisse de la recherche scientifique et Ecole polytechnique
fédérale de Zurich
Intervenants : Svetlana GORSCHENINA, Andreas KAPLONY
L’idée directrice est d’étudier certaines des méthodologies suivies en aires culturelles. Nous voulons expliquer comment
au cours du XXe siècle une problématique commune à plusieurs disciplines et techniques s’est élaborée autour de la
carte et de l’image. L'originalité de l’atelier est de partir des représentations de l’espace et des populations que proposent
la cartographie, la photographie et la peinture pour analyser les mécanismes de collaboration qui mettent en rapport
écoles, institutions et cadres nationaux de référence. L’archéologie, la géographie, l’ethnographie, l’histoire de l’art et
l’histoire des sciences sont les domaines privilégiés de notre réflexion. Les parties musulmanes et russophones de
l’ouest chinois et de l’Asie centrale prennent pour nous valeur d’exemples, bien que nous nous situions au delà des
particularismes régionaux.
Pays concernés :
Asie centrale musulmane, Chine (Xinjiang, Nei Menggu), Mongolie, Turquie, Turkestan russe, URSS
Andreas KAPLONY : Université de Zurich
La complémentarité de la carte et du texte dans la géographie arabe de l’Asie centrale pendant le Moyen-Age
Pendant des siècles, la Route de la Soie et celle des Indes ont uni les péninsules de l’Eurasie. L’Asie centrale doit son
importance à sa localisation au centre du réseau qui met en communication la Chine, l’Inde, le Moyen Orient, la
Méditerranée et la Russie. L’histoire du commerce transcontinental s’étudie notamment à partir des sources arabes du
Moyen-Age, dont la richesse est remarquable. Dans ce vaste corpus, Andreas Kaplony trouve les éléments nécessaires
à l’analyse de la fonction des cartes et à l’élargissement de la définition de la cartographie. Les trois questions principales
qui retiennent son attention sont celle de la relation des symboles cartographiques au texte, celle des éclaircissements
que le texte fournit à la carte, et celle des échanges entre les écoles arabe, turque et chinoise de cartographie.
Philippe FORET : Fonds national suisse de la recherche scientifique et Ecole polytechnique fédérale de
Zurich
La place de la cartographie dans les expéditions scientifiques en Mongolie intérieure et au Xinjiang
Philippe Forêt compare deux périodes dans l’histoire des expéditions scientifiques dans l’ouest chinois : les campagnes
que le géographe suédois Sven Hedin mène de 1893 à 1908 et les reconnaissances faites par les missions chinoises,
sino-suédoises et sino-soviétiques à partir de 1927. Le but de ces expéditions demeure le même puisqu’elles continuent
à compiler les informations topographiques, à dresser des cartes, et à rassembler de la documentation photographique.
Les méthodes de travail se modifient toutefois quand s’organise la mission scientifique sino-suédoise pour les provinces
nord-ouest de la Chine. Des équipes internationales et interdisciplinaires remplacent l’explorateur du début du XXe
siècle, qui était un héros solitaire et un savant omniscient. Philippe Forêt explique comment la cartographie a provoqué
ces changements radicaux, rappelle quels ont été les débats épistémologiques de l’époque, et s’interroge sur ce qu’ils
ont signifié pour les sciences humaines.
Svetlana GORSHENINA : Université de Lausanne
L'Orient que crée l’Orient : l'orientalisme en Asie centrale russe, soviétique et post-soviétique
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.14
L’art de l’Asie centrale moderne est resté mal connu en Europe et en Amérique. La re-écriture des histoires nationales
des républiques ex-soviétiques décourage en outre l’étude de l’orientalisme de l’époque coloniale. L’analyse de
l’orientalisme russe au sein de l’art centre-asiatique peut cependant enrichir la compréhension de l’orientalisme comme
l’expression d’un phénomène universel. Svetlana Gorshenina propose donc l’examen des images de l’Orient
ethnographique des peintres-voyageurs, de l’Orient imaginaire des voyages d’atelier et de l’Orient stéréotypé (images de
rapts de femmes et de fumeurs d’opium). Sa communication porte sur quatre thèmes : la quête identitaire, la synthèse
des styles européens et leur adaptation à l’Orient, l’ethnographisme du réalisme socialiste, et le romantisme historicisant
que les découvertes archéologiques inspire de 1930 à 1970. Les capacités de l’orientalisme centre-asiatique à
renouveler la perception de l’Orient peuvent être ainsi mieux appréciées.
II- Pouvoir et société 4. ‘SUPPLICE CHINOIS’ : APPROCHE METHODOLOGIQUE PLURIDISCIPLINAIRE D'UNE REPRESENTATION EXOTIQUE Coordinatrice : Muriel DETRIE, Littérature comparée, Université de la Sorbonne Nouvelle (Univ. Paris III),
responsable de l'équipe de recherche ‘Littérature et Extrême-Orient’ (CERC Paris III-CRLC Paris IV)
Intervenants : Jérôme BOURGON, Claire MARGAT, Maria PIA DI BELLA Un groupe de recherche a été créé à l'ISH (Lyon) en décembre 2002 dans le cadre du projet ACI (Action Concertée Incitative financée par le Ministère de la Recherche) : ‘Supplices chinois ; approche iconographique, historique et littéraire d'une représentation exotique’, par Jérôme Bourgon, IAO, Lyon. L'équipe inclut des chercheurs de plusieurs institutions représentant des disciplines variées (sinologie, histoire, histoire de l'art, littérature, littérature comparée, philosophie, esthétique). Dans le cadre du projet, leurs travaux se partageront entre la recherche, la réalisation d'une banque de données et la publication sur le Web. La partie centrale du projet est en effet la constitution d'un site internet regroupant une grande variété d'informations et de recherches concernant le thème général du supplice chinois. Le champ de la recherche s'étend de la réalité au fantasme, depuis les données factuelles relatives au droit pénal chinois et à son application, jusqu'aux discours philosophiques ou esthétiques inspirés par le sujet en Occident en passant par les récits de voyage ou les oeuvres de fiction, voire les oeuvres d'art (picturales, cinématographiques, etc) occidentales mais aussi chinoises. Le thème étant intimement lié aux représentations figurées, l'axe central de la recherche sera constitué par la collecte de documents iconographiques, l'analyse de leurs sources et des discours qui les accompagnent, l'étude de leur diffusion et de leur réception, etc. Dans l'atelier que nous proposons ici, il s'agira de présenter les approches méthodologiques propres à plusieurs des disciplines représentées dans le projet. Chaque discipline a en effet son mode de fonctionnement dans la recherche, défini à la fois par la nature du matériel étudié et par l'histoire de la discipline elle-même. La confrontation des présentations cherchera à la fois à mettre en valeur les spécificités de chaque discipline, mais aussi à montrer comment, en s'appliquant à un même objet d'étude, les approches se complètent et s'éclairent mutuellement.
Jérôme BOURGON : Droit chinois, Institut d’Asie Orientale (IAO-Lyon), pour la présentation des différents
niveaux d'analyse
‘Supplice chinois’ : construire le cadre d'analyse d'une représentation complexe.
Le groupe de recherche interdisciplinaire sur la représentation du ‘supplice chinois’ qui vient de se créer s'est donné pour
objectif de comprendre comment et pourquoi une réputation de "cruauté subtile et raffinée" s'est attachée à la Chine,
plutôt qu'à bien d'autres pays qui ont pratiqué des peines ou des tortures analogues. Par son ampleur, sa durée, la
diversité des formes sous lesquelles elle a essaimé dans les récits de voyage, les ouvrages à prétention historique ou
ethnologique, le roman, l'opéra, le théâtre, la peinture..., cette représentation complexe défie les méthodes d'analyse
courantes dans les divers domaines de spécialité. Ainsi la position de l'historien pour qui la recherche s'arrête en 1905,
date de l'abolition des supplices, ne permet-elle pas de rendre compte de la masse de photos de supplices et tortures qui
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.15
ont circulé à partir des années 1910. D'où l'idée de mettre en place un cadre d'analyse qui intègre les approches
spécialisées autour de la critique des sources à trois niveaux :
1. Analyse des documents visuels : que montrent-ils (temps, lieu, personnes) ?
2. Analyse des faits : que disent les textes attachés de près ou de loin à ces sources visuelles (légendes de photos, récits
de témoins oculaires, commentaires journalistiques) ; et que nous disent les sources chinoises sur les mêmes faits
(archives judiciaires, recueils de cas, journaux officiels) ?
3. Analyse des représentations : que ‘fait-on dire’ à telle photo, simplement en en modifiant la date ? Que veut-on dire en
décrivant une scène de supplice ou de torture dans un récit de fiction ou de pseudo-témoin oculaire ; ou en spéculant sur
les états d'âme et l'ultime sensation d'un condamné à l'agonie ?
Articuler ces différents niveaux permet d'intégrer faits et représentations à la construction historique de ce cliché et de
comprendre comment cet événement majeur que fut l'abolition des ‘supplices chinois’ a pu être durablement occulté.
Maria PIA DI BELLA : Centre de Recherches Sur les Arts et le Langage (CRAL-EHESS)
Voir le Christ en Chine: les sources chrétiennes des représentations du Lingchi
Dans le but d'éclairer la vogue des représentations du supplice chinois (le lingchi en particulier) en Europe -du milieu du
XIXe au début du XXe siècle- mon intervention portera d'abord sur ma propre recherche, c'est-à-dire sur le réconfort
donné par les compagnies italiennes spécialisées dans le sauvetage des âmes des condamnés à mort (surtout les
Bianchi de Palerme, 1541-1820) pour préparer ces derniers à une mort "christique". Les supplices que les condamnés à
mort siciliens devaient endurer sans protester étaient très durs (ils étaient tenaillés avec des fers chauds; on leur coupait
la main droite; on leur brûlait les pieds; ils pouvaient aussi être traînés liés, presque nus, sur une table attachée à la
queue d'un cheval pour être écartelés vivants ou semi-vivants, etc.). Ces supplices ont contribué à susciter des
sentiments populaires de piété face à la théâtralisation de la justice, donnant lieu -à partir de la fin du XVIIIe siècle- à la
"sanctification populaire" des criminels exécutés. Ensuite, mon intervention illustrera les différents modes d'exécution
utilisés en Europe -pendaison,
décapitation, étouffement, roue, etc.- du Moyen-âge jusqu'au XVIIIe siècle, dans le but de proposer une typologie
susceptible de nous aider dans la recherche d'une filiation entre supplices du monde chrétien et supplices chinois.
L'hypothèse sous-jacente à cette approche est que la Passion du Christ conditionnait les représentations des supplices
en Europe et que cette tradition a, par la suite, exercé son influence sur les
représentations des supplices chinois commanditées en grande partie par les voyageurs européens en Chine.
Muriel DETRIE : Littérature comparée, Université de la Sorbonne Nouvelle (Univ. Paris III), pour l'analyse des
descriptions fournies par les récits de voyage
Approche imagologique des récits de voyage ; à propos du topos des ‘supplices chinois’
Au sein des études de Littérature comparée, l'imagologie, qui se définit comme l'étude des représentations de l'étranger
dans la littérature, s'intéresse tout particulièrement aux récits de voyage dans la mesure où ils contribuent à la formation
des "images" de l'autre tout en participant de l'imaginaire social qui fonde ces "images".
A partir de la fin du XIXe siècle, le thème des "supplices chinois" devient un véritable topos des récits de voyage en
Chine. Il appartient à la critique historique de déterminer ses rapports avec la réalité, mais selon l'approche imagologique,
il n'est pas tant reflet ou reproduction de la réalité que recréation ou invention culturelle. A ce titre, il relève des méthodes
d'analyse littéraire. Le comparatiste s'attachera donc à dégager dans les textes les structures, les grandes oppositions
thématiques, les stratégie narratives ou discursives et les champs lexicaux dans lesquels s'insère le topos. Il mettra aussi
en évidence l'articulation du topos avec les textes antérieurs auxquels il fait écho (intertextualité) et en particulier ses
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rapports avec les textes de fiction dont il se nourrit mais qu'il nourrit aussi en leur apportant la caution de sa référentialité.
Il s'agira enfin de déterminer sa place et sa fonction dans le discours idéologique contemporain, "l'image" de l'autre
n'étant le plus souvent qu'une représentation idéalisée ou fantasmée de soi-même. L'approche imagologique du "supplice
chinois" rejoint ainsi les études historiques et sociologiques sur l'imaginaire social qui nous apprennent comment une
communauté à une époque donnée pense son identité.
Claire MARGAT : Philosophie et esthétique, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I), pour la réception
littéraire et artistique
Etude de la réception littéraire et artistique de l'image du supplicié chinois
La réception d'une image n'est pas une question matérielle, elle met en oeuvre une réflexion sur les interprétations qu'on
peut en faire et sur les malentendus qu'elles peuvent ou ont pu susciter. Il faut réfléchir à la relation des images au texte,
et dégager le discours que cette relation produit.
Le rapport de la violence à la représentation engage des considérations théoriques portant sur un champ déterminé dont
il s’agit de produire une histoire, en étudiant comment, à partir de l'émergence des représentations de supplices chinois,
s'est construit un discours complexe :
- comment s'est mise en place, puis diffusée une esthétique de l'horreur dont le "supplice chinois" est l'emblème dans la
construction romanesque d'Octave Mirbeau, Le Jardin des supplices (1899),dans le récit de Louis Carpeaux Pékin qui
s'en va (1913), etc.
- quel rôle a joué le topos du supplice chinois dans l'oeuvre de Georges Bataille
- enfin, comment il s'est réfléchi - au sens du jeu de miroir – dans l'oeuvre de l'artiste taiwanais Chen Chieh-jen dont le
film intitulé "Echoes of a historical photography" a été présenté en 2002 à la FIAC.
Comment est-on passé de l'esthétisation d'un document à la production d'une légende ? Pourquoi s'est mise en place au
cours du XXe siècle, à travers la représentation de la Chine cruelle, une esthétique de l'horreur ?
La communication cherchera à retracer les étapes d'un questionnement qui intéresse à la fois l'histoire littéraire, la
philosophie et l'esthétique, et s'interrogera sur la manière dont il a pu en croiser d'autres.
5. LES ÉLITES DANS LES SOCIÉTÉS ASIATIQUES CONTEMPORAINES : RENOUVELLEMENT ET RECONVERSIONS Coordinatrice : Marie-Orange RIVE-LASAN, doctorante, Centre de Recherches sur la Corée (CRC-EHESS),
membre du Laboratoire Études coréennes (CNRS)
Intervenants : Gilles GUIHEUX, Mathieu SALOMON, Aurore MERLE, Romain BERTRAND Les élites asiatiques contemporaines sont plus que jamais au cœur de l'effervescence des sociétés asiatiques. Ouverture en Chine ou au Vietnam, croissance économique rapide, démocratisation en Corée du Sud ou à Taiwan, transition vers des régimes civils comme en Corée du Sud ou en Indonésie, sont autant de contextes qui induisent une transformation de l'espace social, et un renouvellement des élites. Les questions sont multiples : qui sont les nouvelles élites ? Que deviennent les élites évincées, en particulier lorsqu'il s'agit d'élites dirigeantes ? Qu'en est-il de leurs éventuelles reconversions ? Quels rapports entretiennent entre elles anciennes et nouvelles élites ? Quels rôles jouent ces élites dans l'intégration économique, mais aussi politique et culturelle au reste du monde ? Histoire sociale ou sociologie des élites, anthropologie ou sociologie politique permettent d’aborder ces questions.
Gilles GUIHEUX : Chercheur, Centre d'Études français sur la Chine contemporaine (CEFC)
Les élites économiques chinoises
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Celles-ci sont au coeur de l'actualité économique et politique de la Chine populaire. Les autorités chinoises attendent du
secteur privé qu'il crée l'essentiel des emplois nouveaux, et appellent ses dirigeants à participer, plus nombreux, aux
responsabilités politiques. Les entrepreneurs privés sont-ils pour autant un groupe social nouveau ? Ils entretiennent de
fait des liens complexes avec les élites du temps de l'économie planifiée. Et constituent-ils une bourgeoisie revendiquant
son autonomie ? Rien n'est moins sûr. Comparer la bourgeoisie naissante chinoise à l'histoire récente de ses voisins
asiatiques contribuera à élaborer une réponse pertinente.
Marie-Orange RIVE-LASAN : Doctorante en histoire, Centre de Recherches sur la Corée (CRC-EHESS) ;
membre du Laboratoire Études coréennes (CNRS)
Les reconversions des ex-élites dirigeantes sud-coréennes au pouvoir de 1961 à 1992 : l'après-pouvoir des élites
pro-militaires à l'épreuve de la démocratisation
Que sont devenues les élites d'origine militaire ou civile au pouvoir pendant les trente années de dictature militaire en
Corée du Sud ? Coups d'État et élections ont permis le renouvellement de ces élites. Les ex-élites dirigeantes à la tête de
l'État ont dû s'adapter au changement pacifique vers un régime civil dans les années 1990. Optant pour le soutien du
régime en place ou de l'opposition, certains ont obtenu une autre forme de pouvoir politique, en devenant députés par
exemple. D'autres ont quitté définitivement les sphères du pouvoir politique et semblent opérer une véritable reconversion
professionnelle.
Mathieu SALOMON : Doctorant, Sciences-Po ; rattaché au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales
(CERI), Lauréat du Programme Vent d'Est (2001-2003) (MAE-Ambassade de France au Vietnam)
L’Assemblée nationale : ‘lieu’ de renouvellement des élites politiques vietnamiennes ?
Depuis le lancement du renouveau du communisme vietnamien (doi moi) et afin de satisfaire leur quête de légitimité, les
dirigeants communistes vietnamiens affichent une volonté d’ouverture et de renouvellement des élites politiques du
régime. Ainsi, notamment en réponse à la nouvelle donne économique, les postes de responsabilités deviendraient plus
accessibles à des non membres du Parti. Il s’agit notamment de promouvoir des experts, bureaucrates et personnalités
spécialisés dans certains domaines (gestion économique, droit…), issus de milieux et secteurs socioprofessionnels
différents (monde de l’entreprise…), mais aussi des représentants de « minorités politiques » (femmes, minorités
ethniques, jeunes…). Le « lieu politique » principal par lequel le régime communiste vietnamien tente d’intégrer, de
coopter, d’attirer de nouvelles élites est l’Assemblée nationale. Ainsi, le processus électoral a été réformé et s’est «
ouvert » : autorisation des candidatures indépendantes, revalorisation de la prise en compte des qualifications des
candidats (vs. critères politiques), politique de « quotas »…
Néanmoins les interrogations sur la réalité de ce phénomène sont multiples : qu’en est il vraiment de l’ouverture du
processus électoral ? Quelles évolutions réelles des profils socio-économiques des députés peut-on observer ? Peut-on
caractériser un groupe cohérent de nouvelles élites ? In fine la logique profonde de promotion/élection des représentants
du peuple vietnamien a-t-elle évolué depuis le lancement des réformes ? Et si oui dans quel sens?
Aurore MERLE : Doctorante en sociologie, Institut d’Asie Orientale (IAO), Université Lumière (Univ. Lyon II,
Glysi-safa)
Elites, classes sociales, stratification sociale : comment les sociologues chinois analysent leurs élites?
Les années 1990 voient se développer un nouveau champ de recherche dans les sciences sociales chinoises consacré à
la question de la stratification sociale : enquêtes statistiques sur la nouvelle stratification sociale issue des réformes,
études sur les couches sociales défavorisées (paysans, xia gang...), sur les entrepreneurs privés...Que nous apprennent
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ces recherches ? Comment est abordée la question des élites ? Que nous révèlent-elles sur l’attitude des sociologues à
l’égard des élites dirigeantes ? Si le questionnement sur les élites apparaît de manière indirecte et a tendance à se
focaliser sur l’apparition d’une nouvelle élite économique, il est pourtant au cœur de la réflexion sur la polarisation de la
société chinoise. Le balancement entre un discours de gestionnaire, préoccupé par la stabilité sociale, et la critique de la
reproduction d’une élite politico-économique montre les difficultés des sociologues, et plus fondamentalement des
intellectuels chinois, à se positionner à l’égard du pouvoir.
Romain BERTRAND : Chercheur, Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI)
Le personnel politique de la Reformasi indonésienne : entre inertie sociologique et innovation idéologique
Cinq années après le début de la période de changement politique connue sous le nom de Reformasi, et tandis que
l'archipel se prépare à la tenue d'un nouveau scrutin législatif, force est de constater que la question du personnel et du
travail parlementaires est la grande absente des travaux de sociologie politique consacrés à l'Indonésie. L'attention des
chercheurs et des experts s'est presque exclusivement tournée vers ces temps forts de la vie politique nationale que sont
les manifestations de rue, les campagnes électorales et les chutes de gouvernement. L'analyse statistique du vote et la
biographie de dirigeants sont devenus les genres privilégiés du récit politologique, aux dépens d'une interrogation sur les
routines du métier politique, et notamment du travail parlementaire. On ne sait donc presque rien, ou si peu, du personnel
politique de la Reformasi, c'est-à-dire de l'origine sociale et du parcours professionnel des membres des assemblées
élues, de l'organisation pratique du travail législatif, de la perception sociale des députés. A partir de l'étude d'une série
de nouvelles dispositions législatives et réglementaires concernant le rôle des députés et de deux séries d'entretiens
(l'une menée en mai-juin 1998 avec une quarantaine de secrétaires-généraux et de membres des comités exécutifs de
nouveaux partis politiques, l'autre en avril 2002 avec une quinzaine de députés et les présidents des différentes
commissions parlementaires) on se propose ici de réfléchir sur les pratiques parlementaires indonésiennes.
6. POUVOIR ET SOCIETE DANS LES PAYS COMMUNISTES D'ASIE Coordinateur : Jean-Louis MARGOLIN, Maître de Conférences en Histoire, Université de Provence; Chercheur,
IRSEA/CNRS
Intervenants : Jean-Philippe BEJA, Michel BONNIN, Pierre RIGOULOT
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.19
Les régimes communistes asiatiques (Chine, Corée du Nord, Vietnam, Laos, Cambodge, Mongolie) ont eu pour projet déclaré une transformation de la société, qui s'est traduite de manière primordiale par le développement de mécanismes de domination, à peine dissimulés sous le discours émancipateur. L'objet de cet atelier est de les mettre en lumière, dans leur logique implacable, mais aussi dans leurs limites. On s'interrogera en particulier sur la réalité d'un contrôle total des groupes sociaux (ou autres...) et des individus, souvent approché, mais peut-être jamais réalisé. L'analyse comparative permettra de faire la part de la persistance d'un projet unique - dans l'espace et dans le temps -, mais aussi du poids des inflexions chronologiques et de la diversité des inscriptions nationales. Des interventions portant sur une seule expérience nationale, voire locale, mais coordonnées dans leur thématique seront la source principale de cette perspective comparatiste trop peu présente dans les études sur le communisme. Jean-Philippe BEJA : politiste, Directeur de recherches, Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI, CNRS) La résistance sociale en République populaire de Chine: 1949-2000 Malgré la tentative d’imposition par le parti d’un contrôle total sur tous les champs de l’activité humaine entre 1949 et 1976, et surtout à partir du lancement du Grand bond en avant de 1958, la société n’a pas cessé de résister. Les informations manquent notamment sur la manière dont les classes populaires, paysans et ouvriers, ont mis en œuvre la résistance passive. On étudiera donc la manière dont les intellectuels ont exprimé leur opposition lorsque les occasions leur en ont été fournies par l’aggravation des luttes au sommet du Parti. On cherchera d’isoler les traits communs aux divers épisodes de résistance avant et après la mort de Mao Zedong, de la critique exprimée par Hu Feng en 1955 au mouvement pour la démocratie du printemps 1989.
Michel BONNIN : sinologue, Maître de conférences, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Les métamorphoses du totalitarisme en Chine
Depuis le lancement des réformes, il y a plus de 20 ans, la Chine a connu de profonds changements économiques et
sociaux. Elle fonctionne partiellement sur un mode « capitaliste ». Pourtant, de façon surprenante, son régime politique
est resté fondamentalement le même. Le Parti communiste dirige toujours la Chine, selon des méthodes héritées de
Lénine, Staline et Mao Zedong, mais adaptées par Deng Xiaoping, à la fin des années 1970. Pour des raisons d'efficacité
économique, le pouvoir a alors laissé plus d'initiative aux acteurs sociaux et, n'ayant plus la prétention utopique de former
«l'homme nouveau», il s'est en partie retiré de la vie privée des citoyens.
Il a également accordé un peu plus de liberté aux intellectuels, aux écrivains et aux artistes. Il a cependant conservé
l'essentiel des institutions existantes de contrôle des idées, des personnes et des groupeso: propagande, censure,
certificat de résidence, dossier personnel, prise en charge complète de chacun par son unité de travail, etc. Si le pouvoir
ne cherche plus à surveiller ce que chacun pense ou dit en privé, s'il laisse une assez grande marge de manoeuvre aux
entrepreneurs privés, il continue à vouloir contrôler totalement l'espace public. Se concentrant sur l'essentiel, il persiste à
régner sur l'information, la communication et, surtout, l'organisation politique et sociale. Son refus d'accepter l'existence
de toute organisation sociale autonome (association, syndicat, église, parti politique ou autre) le distingue nettement d'un
banal autoritarisme. On pourrait définir ce type de pouvoir comme un totalitarisme « replié ». En effet, s'il laisse subsister
des zones d'indifférence dans lesquelles sa présence ne se fait pas directement sentir, c'est qu'il s'est replié sur un noyau
dur du totalitarisme (symbolisé par les Quatre principes fondamentaux de Deng Xiaoping). À partir de ce noyau, l'État -
Parti peut à tout moment, si besoin est, se déplier et frapper toute personne ou toute force sociale considérée comme
dangereuse. C'est ce qu'a montré, par exemple, la répression de la « secte » Falungong. Quant aux changements
intervenus dans l'idéologie (renforcement du nationalisme), et dans les rapports du Parti avec les différentes couches
sociales (abandon des ouvriers au profit des entrepreneurs et de la classe moyenne), ils témoignent d'une intégration par
le régime d'éléments de type fasciste, beaucoup plus que d'une orientation vers un système libéral et démocratique.
Jean-Louis MARGOLIN : Maître de Conférences en Histoire, Université de Provence (Univ. Aix-Marseille I);
Chercheur, Institut de Recherche sur le Sud-Est Asiatique (IRSEA, CNRS)
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.20
Le Cambodge des Khmers Rouges dans l'histoire du communisme asiatique: paroxysme ou anomalie?
Il y a un "air de famille" entre le polpotisme et les autres variantes du communisme asiatique: idéologie volontariste
ultramaoiste, brouillage des repères entre Etat, parti et société, négation extrême du droit, manipulation de la jeunesse et
des déclassés en tout genre, recours au nationalisme comme facteur privilégié de mobilisation, réorganisation sociétale
sur la base de castes de type nouveau. Néanmoins ce n'est qu'au Cambodge qu'un véritable génocide a eu lieu, dans
une fuite en avant finalement suicidaire à court terme. Cas-limite, caricature proprement ubuesque de tout ce que le
communisme de pouvoir peut offrir de pire, le Cambodge pose donc aussi de façon aïgue le problème de l'inévitable
localisation (dans l'espace, le temps, la culture, l'ethnicité) du phénomène communiste, surtout après la conquête du
pouvoir.
Pierre RIGOULOT : historien ; Directeur de l'Institut d'Histoire Sociale-Nanterre (IHS-Nanterre)
Politique et ethnicité en Corée, du Nord au Sud
Quel est le poids du facteur ethnique, voire racial, dans les événements politiques actuels de la péninsule coréenne?
Au Nord "communiste", la "bonne" et la "mauvaise" origines, transmises héréditairement, mais aussi certaines mesures
eugéniques comme la mise en place d'une "dynastie" au sommet de la hiérarchie, soulignent l'importance du facteur
biologique.
Au Sud, l'écho favorable rencontré par la Sunshine policy et sa récente avalisation par l'élection de Roh Moo-hyun, ne
sauraient se comprendre sans la conscience aiguë d'une unité, sinon d'une unicité ethnique et raciale de tous les
Coréens, de part et d'autre du 38 ème parallèle. C'est cette donnée, nécessaire à toute analyse en profondeur des
tensions vécues dans et autour de la péninsule coréenne, son importance comme ses limites, que nous voudrions mettre
en évidence.
7. DROITS ET INSTITUTIONS EN ASIE: GLOBALISATION ET DEMOCRATISATION Coordinateurs :
- Jean-Pierre CABESTAN, Directeur du Centre d'Etudes Français sur la Chine contemporaine (CEFC)
- Leïla CHOUKROUNE, Doctorante en droit international, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Intervenants : Mesmin Saint-Hubert, Eric Seizelet En 1993, lors de la Conférence de Vienne sur les droits de l’homme, Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire général des Nations Unies, résumait par ces quelques lignes son idée de la démocratie : « La démocratie n’appartient à personne. Elle peut être et doit être assimilée par toutes les cultures. La démocratie n’est pas un modèle à copier sur certains Etats, mais un objectif à atteindre par tous les peuples ! Elle est l’expression politique de notre patrimoine commun ». On se souvient également que la remise en cause de l’universalité des idées démocratiques et des droits de l’homme venait à l’époque d’Asie avec l’apparition du concept de « valeurs asiatiques » dont Lee Kuan Yew, Premier ministre de Singapour de 1959 à 1990, et Mohamad Mahatir bin Mohamad alors Premier ministre de Malaisie, étaient les deux principaux exégètes. Une décennie plus tard, l’Asie de la globalisation économique, de la crise de 1997, de la transition politique, de la régionalisation et des mouvements d’autodétermination, ne remet plus en cause aussi massivement l’universalité des droits de l’homme ou d’Etat de droit. Bien au contraire, devenue plus nettement plurielle, l’Asie fonde aujourd’hui plus nettement son développement économique (Chine), ses réformes institutionnelles (Japon, Chine, Inde) et sa stabilité sociale (Inde, Chine) sur la mise en place d’un Etat de droit, quelles que soient l’ambiguïté de la définition qui est parfois donnée de ce concept ou l’approche encore souvent utilitariste qui en est privilégiée. Ces incertitudes tiennent au fait que l’idée démocratique, qui a séduit Taiwan et la Corée du Sud, ne fait pas partout l’unanimité. La diversité de l’Asie n’en est ici que plus grande. Démocratie la plus peuplée de la planète, l’Inde n’a pas su exporter ce modèle à son voisin chinois alors que le Japon semble s’enliser dans une crise institutionnelle et politique sans précédent. Les spécificités des droits et des modèles politiques
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asiatiques n’en rendent pas moins nécessaire l’identification de concepts communs seuls capables de fournir une grille de lecture pertinente. Alors que les institutions japonaises se trouvent aujourd’hui à un tournant de leur histoire, Eric Seizelet se propose d’explorer les causes du dysfonctionnement du pouvoir législatif nippon et de monter pourquoi la rénovation de la Diète participe non seulement de la restructuration de l’Etat et du ré-équilibrage des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif mais aussi, de la nécessaire redistribution des rapports de force entre majorité et opposition. C’est également le thème de la rénovation du parlementarisme qui occupera Jean-Pierre Cabestan puisque celui-ci a choisi de mettre en lumière le rôle nouveau joué par l’Assemblée populaire nationale chinoise dans le contrôle de l’exécutif et l’émergence progressive bien que limitée d’un véritable droit constitutionnel. En Chine toujours, Leïla Choukroune posera la question de savoir si l’internationalisation et la rationalisation du droit réalisées notamment au travers d’une accession à l’Organisation mondiale du commerce qui visait entre autres à construire le socle d’un futur Etat de droit, seront capables d’enclencher les réformes nécessaires à l’établissement d’une démocratie pluraliste et respectueuse de la personne humaine. En Inde enfin, Mesmin Saint-Hubert montrera pourquoi le mécanisme de contrôle de constitutionnalité a su emprunter aux modèles américain et kelsenien en mettant en place un contrôle diffus et un contrôle concentré, tout en adaptant un concept classique tel que celui de « due process of law ». Tandis que l’avenir politique et économique de l’Asie ne pourra se faire sans ces trois grandes puissances que sont le Japon, la Chine et l’Inde, ces pays seront-ils capables de tracer pour le reste de la région la ou les voies institutionnelles et juridiques qui lui permettront de réussir son adaptation à la globalisation et au besoin de démocratie et de justice que l’on perçoit de plus en plus nettement dans cette partie du monde ?
Jean-Pierre CABESTAN : Directeur de Recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ;
Directeur du Centre d’Etude Français sur la Chine contemporaine-Hong Kong (CEFC-Hong Kong)
La montée en puissance de l'Assemblée populaire nationale : vers l'émergence d'un droit constitutionnel en Chine?
Depuis le début des réformes économiques en Chine, l'Assemblée populaire nationale (APN) a vu son influence
s'accroître. Il est clair que cette institution reste sous la tutelle du Parti communiste qui continue d'exercer un rôle
politique dirigeant. Cependant, la volonté de mettre en place un "Etat de droit", le rôle notable joué par l'APN en matière
législative, son ambition de mieux contrôler l'action du gouvernement et le plus grand pluralisme des débats qui s'y
déroulent ont renforcé la position institutionnelle de cette instance. L'APN est-elle pour autant en mesure de favoriser
l'émergence d'un véritable droit constitutionnel ? Tandis que les procédures formelles énoncées par la Loi fondamentale
chinoise sont mieux respectées, le droit constitutionnel éprouve de réelles difficultés à s'affirmer. Et surtout, le contrôle de
la constitutionalité des lois reste aujourd'hui embryonnaire.
Leïla CHOUKROUNE : Doctorante en droit international, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) ;
Ancienne boursière de recherche, Centre d’Etude Français sur la Chine contemporaine-Hong Kong (CEFC-
Hong Kong)
L’internationalisation du droit chinois participe-t-elle à la démocratisation du régime ?
Il y tout juste un an, la Chine devenait le 143ème membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’un des
espoirs suscités par cette accession reposait sur la possibilité de mettre en place un Etat de droit fondé sur
l’internationalisation des normes chinoises. Les amendements apportés aux statuts du Parti communiste chinois, lors de
son XVIe Congrès, participent en apparence de cette même logique puisque la mission qui a été confiée par Jiang Zemin
à son successeur, Hu Jintao, est de construire « une démocratie socialiste » gouvernée en toute complémentarité par
« le droit » (yifa zhiguo) et « la vertu » (yide zhiguo).
Mais à quel Etat de droit avons-nous aujourd’hui à faire en Chine ? Tout laisse penser qu’il s’agit en réalité d’un Etat de
droit sui generis incapable de s’affranchir du leadership du Parti et que l’on pourrait qualifier, comme certains n’ont pas
hésiter à le faire en dépit des problèmes posés par une telle qualification, « d’Etat de droit économique ». Reste à savoir
si cette juridicisation du régime chinois pourrait à terme concourir à sa démocratisation.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.22
Si l’histoire récente du droit chinois est celle d’une internationalisation des normes —pour ne pas dire occidentalisation—,
ce processus prend tout son sens avec la révolution juridique qui a été entreprise pour mettre la législation chinoise en
conformité avec le droit OMC. C’est ainsi près de 1500 textes de lois et de règlements nationaux et locaux qui ont dû ou
doivent encore, pour une grande partie d’entre eux, être abolis, amendés ou reformulés. Cette entreprise sans précédent
touche virtuellement tous les aspects du droit chinois des affaires.
Au cœur du processus d’internationalisation du droit chinois, l’accession à l’OMC n’est pas sa seule composante. Cette
évolution encore inachevée prend en effet sa source dès la première moitié du XXe siècle avec une première vague de
modernisation. Il faudra cependant attendre le début des années 1990 pour voir la Chine retranscrire en droit interne les
évolutions du droit international. Nous prêterons donc une attention particulière à cette pratique à partir de l’étude de cas
relatifs à différents aspects du droit chinois (affaire, civil, pénal), mais en tenant compte également de la participation de
la RPC aux travaux d ‘organisations internationales à vocations régionales ou universelles.
L’internationalisation du droit chinois et l’hyper activité législative qui en découle ne sont donc pas inédites. Elles
soulignent avec d’autant plus de force les difficultés auxquelles est confrontée la Chine en matière d’effectivité alors que
seule l’abrogation par désuétude sert à réguler les excès législatifs.
L’accession de la Chine à l’OMC était l’occasion d’initier une phase de rationalisation du droit chinois en conformité avec
les principes d’application uniforme, de transparence, et de contrôle juridictionnel des actes administratifs consignés dans
son Protocole d’accession. L’ensemble de ces transformations visait à construire le socle d’un futur Etat de droit lui-
même nécessaire à l’établissement d’une démocratie pluraliste et respectueuse de la personne humaine.
Or, il nous semble que l’accession de la Chine à l’OMC a eu pour effet pervers d’alimenter la confusion qui règne
aujourd’hui autour de la définition de l’Etat de droit.
Fondé sur le principe de la légalité et son contrôle juridictionnel, l’Etat de droit vise en quelque sorte à circonscrire la
puissance de l’Etat par le droit et à garantir la protection des droits de l’Homme. L’Etat de droit se caractérise également
par la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’existence d’un contrôle de constitutionalité et d’un contrôle
juridictionnel des actes administratifs.
Aucune de ces conditions n’est aujourd’hui réunie en Chine en dépit des efforts méritoires déployés afin de réformer
l’appareil judiciaire. De plus, comme nous aurons l’occasion de le montrer, l’Etat de droit tel qu’il est défini aujourd’hui par
Pékin ne vise à rien d’autre qu’à renforcer la main mise du Parti sur l’Etat en juridicisant son action. Il est d’autre part
volontairement limité aux aspects économiques d’un droit au service de la croissance et donc de la stabilité sociale. En
ce sens, il n’est en rien l’un des piliers d’un futur régime démocratique.
Eric SEIZELET : Directeur de recherche, Institut d’Asie Orientale (IAO, CNRS) ; professeur, Institut National
des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Réforme de l’Etat et rénovation de l’institution parlementaire au Japon
Les institutions politiques japonaises se trouvent dorénavant placées à un tournant de leur histoire. La Diète japonaise a
adopté en 1999 un train de mesures visant, à travers la réorganisation des administrations centrales, à restaurer la
prééminence du politique sur la bureaucratie et à renforcer les pouvoirs du Premier ministre. La même année, deux
commissions d’investigation constitutionnelle ont été installées dans chacune des deux chambres du parlement nippon
afin d’explorer les voies d’une réorganisation d’ensemble de l’architecture des institutions de 1946. Pour autant, si ces
évolutions sont connues, il en est d’autres qui, pour l’être moins, sont tout aussi importantes car elles touchent au pouvoir
législatif. Le Japon souffre en effet, comme dans la plupart des pays avancés, d’une crise de la représentation liée à
l’autonomisation progressive de la société civile et à la concurrence de formes alternatives d’association et de
mobilisation citoyennes. A cela s’ajoutent le discrédit de la classe parlementaire engluée dans de multiples scandales
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.23
politico-financiers et la soumission de fait de la Diète à la technocratie. Le constat d’un « déclin du parlement » longtemps
considéré comme une simple chambre d’enregistrement par le parti libéral-démocrate au pouvoir, s’est longtemps imposé
dans la littérature politique.
Pour autant, depuis le milieu des années 1990, de multiples rapports se sont succédé sur les bureaux des présidents des
deux chambres, visant à la réactivation des débats parlementaires, à augmenter les capacités législatives des élus, à
instaurer davantage de transparence dans la gestion des fonds et des personnels mis à la disposition des parlementaires
pour accomplir leur mission, à renforcer l’éthique des élus et à mettre fin aux négociations de couloir afin de restaurer le
rôle de l’hémicycle en tant qu’espace public de discussion. Dans le même temps, la Diète japonaise ne devrait pas
échapper à une réorganisation des services des chambres souvent jugés pléthoriques et peu efficaces, aux yeux mêmes
des membres de la Diète.
La présente communication se propose ainsi d’explorer les causes de dysfonctionnement de l’institution parlementaire
japonaise, de faire la synthèse des propositions de réforme effectuées et d’en évaluer la faisabilité, à la lueur, en
particulier du nouveau contexte politique des gouvernements de coalition et des fluctuations du paysage politique nippon.
Si certaines des mesures proposées appellent sans doute des dispositions législatives appropriées, d’autres visent
surtout à réformer les pratiques parlementaires en vigueur. La rénovation de la Diète participe certes d’une prise de
conscience salutaire de la faiblesse du pouvoir législatif japonais au moment même où la problématique de leadership
politique est au cœur des réflexions sur la restructuration de l’Etat. Elle peut tout aussi bien s’enliser dans les méandres
des intérêts partisans, car au delà même des interactions entre le législatif et l’exécutif, elle appelle également à une
redistributions des rapports de forces traditionnels entre majorité et opposition. afin d’éclairer le point de vue propre à la
société concernée, lequel doit servir de base à une comparaison portant sur le contexte asiatique envisagé dans son
ensemble.
Mesmin SAINT-HUBERT : Doctorant, Centre d’Etude Français sur la Chine contemporaine-Hong Kong (CEFC-
Hong Kong)
Le contrôle de constitutionalité en Inde
L’indépendance acquise, aussitôt les nouveaux dirigeants de l’Inde entreprirent de doter ce nouvel Etat d’une
Constitution démocratique. La ‘Résolution sur les buts objectifs’ présentée par J. NEHRU et adoptée à l’unanimité par
l’Assemblée constituante posait les grands principes que la future Constitution devaient consacrer :’Une République
indépendante et souveraine dans laquelle tout le pouvoir et l’autorité des organes institués et gouvernementaux sont
issus du peuple et dans laquelle seront garantis à tout le peuple de l’Inde la justice sociale, économique et politique,
l’égalité de statut, l’égalité d’opportunité et l’égalité devant la loi, la liberté d’expression, de croyance, de foi, de culte…
Ce discours démocratique sera immédiatement suivi d’une réflexion sur les différentes techniques juridiques permettant
d’atteindre ces ‘buts et objectifs’.
Formés par les plus prestigieuses universités anglaises, les rédacteurs de la Constitution vont doter l’Inde de
mécanismes constitutionnels inspirés du système juridique anglo-saxon. L’Inde a ainsi hérité de la Grande Bretagne le
régime parlementaire et le gouvernement du modèle de Westminster. Et des Etats-Unis, elle s’est inspirée du principe
fédératif, d’une déclaration des droits, du contrôle de constitutionnalité et d’une Cour suprême au sommet de la hiérarchie
judiciaire.
Ces emprunts à des systèmes juridiques étrangers auraient pu être source de difficultés dans leur application à une
réalité sociale très différente de leur terrain d’origine. Malgré tout, l’analyse de la vie politique indienne de ces 50 années
montre que la greffe démocratique a réussi. On peut attribuer une partie de ce succès à la Cour suprême indienne qui a
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.24
su ne pas rester prisonnière du cadre juridique anglo-saxon en l’adaptant aux réalités socio-économiques et culturelles
de l’Inde.
Le mécanisme de contrôle de constitutionnalité mis en place par la Constitution indienne illustre parfaitement ces deux
points : emprunt et adaptation. En effet, la Constitution de 1950 a retenu à la fois le modèle américain et le modèle
kelsenien du contrôle de constitutionnalité en mettant en place un contrôle diffus (article 226) et un contrôle concentré
(article 32) (Partie I). Toutefois, ce contrôle assuré par les tribunaux a suscité des réactions hostiles de la part du
législateur et a nécessité qu’un concept classique tel que celui de ‘due process of law’ soit adapté progressivement à la
situation indienne (II).
III- Art 8. MUSIQUE ET RITUEL EN ASIE Coordinateur : François PICARD, professeur d'ethnomusicologie, Chine (la fête du Sacré Coeur de Jésus en
l¹église du Beitang, Pékin, 1772-2002), responsable du DEA Histoire de la musique et musicologie, Université
Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV)
Intervenants : Fabrice CONTRI, Véronique JACOB DE LAVENERE, Bruno MESSINA, William TALOTTE, Laurence
QUICHAUD 'La liturgie parle sans faire de discours' Paul De Clerck On ne peut aujourd'hui rendre compte des musiques traditionnelles, d'ici ou d’ailleurs, en s'en tenant aux concepts périmés et imposés de l’extérieur qui opposent savant et populaire, de tradition orale ou relevant de l'écrit, ou encore tradition et modernité. L'analyse en fonction ‹ du lieu : dans le temple, dans sa cour ou aux alentours, dans la cité, par les rues, les chemins, ou encore dans les maisons ‹ du temps : temps prescrit, calendérique, temps familial, social, régulier, occasionnel ‹ de la fonction des acteurs : officiants d’un culte, spécialistes, associations, professionnels ‹ rend mieux compte de la diversité des situations, des enjeux, en particulier esthétiques, et, en premier lieu, des vitesses différentes d'évolution. Le manuscrit, l'imprimé, l’enregistré, le reproduit s’inscrivent bien dans ces différentes vitesses. De son côté, le rituel, au-delà des résultats acquis par l'analyse formelle ou génétique (historique), montre souvent non seulement la place accordée à ce qu’il est convenu, ici ou là, d'appeler 'la musique', mais que son organisation même est structurée par le sonore ; la musique y intervient de manière particulière ‹ on pense ici aux instruments à hauteurs distinctives (mélodiques) ‹ mais aussi comme composition générale où lectures, récitatifs, psalmodies, cloches et tambours, à sons indéterminés, chants donnent une lecture claire du déroulement. On pourra ici reprendre la vieille analogie entre rituel/messe et tragédie/opéra, en faisant toutefois l’économie du délire d’interprétation. Il se trouve que les méthodes (analyses paradigmatiques et synoptiques) d’analyse musicale et d’analyse structurale des rituels sont les mêmes, et qu'au-delà du concept flou de performance la notion d'acteur, dans son espace et dans son temps, commune aux deux domaines, apporte une vision neuve, au-delà des fantasmes la place de la croyance ou sur la sincérité dans l'efficacité symbolique.
François PICARD : Professeur d'ethnomusicologie, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Centre de
Recherches Langages Musicaux et Groupe de Sociologie de la Religion et de la Laïcité
La fête du Sacré Coeur de Jésus en l’église du Beitang, Pékin, 1772-2002,
Le Père Louis Le Comte écrivait en 1692 : « Il faut aux Chinois, même en manière de dévotion, quelque chose qui frappe
les sens. Les ornements magnifiques, le chant, les processions, le bruit des cloches et des instruments, les cérémonies
de l’Eglise, tout cela est de leur goût et les attire au culte divin. » Après avoir reconstitué les musiques de la messe des
jésuites de Pékin, le travail en cours vise à les restituer aux fidèles d’aujourd’hui ; enjeu de mémoire, d’histoire,
expérience d’ethnomusicologie expérimentale.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.25
Fabrice CONTRI : Doctorant, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Centre de Recherches Langages
Musicaux
Le Bhadrakâli-Thiyattu, un rituel domestique du Kerala
Le rituel Bhadrakâli-Thiyattu – ‘danse du dieu’ ou ‘danse du feu’ – est dédié, comme nombre des rituels du Kerala, à la
déesse-mère Kâli. Réalisé dans l'enceinte du temple ou parfois dans la maison, il se présente comme l'alliance de
plusieurs formes d'expression artistique : le dessin (le kal am à base de poudres colorées), la musique (récitations et
chants à Kâli), le théâtre (narration vocale et gestuelle du combat de la déesse Kâl i avec le démon Dârikkan) et la danse.
Cérémonie ‘domestique’, commanditée par un dévot, une famille ou un village, le Bhadrakâli-Thiyattu est interprétée par
un seul acteur, initié et membre d'une famille qui possède l'exclusivité de son exécution. L'action, concentrée dans un
espace et un temps réduits, atteint, du fait même de ces limites, une rare efficacité. Bien qu’il possède de nombreux liens
avec les autres formes dramatiques du Kerala, le Thiyattu se caractérise néanmoins par un répertoire musical, un
instrumentarium, certaines techniques chorégraphiques spécifiques.
Cette communication visera dans un premier temps à comprendre de quelle manière s'articulent, au sein de ce rituel,
musique et scénographie. A partir de cette analyse, le propos s'attachera à mettre en valeur l'aspect synthétique du
Bhadrakâli-Thiyattu : synthèse des arts, synthèse des rituels dramatiques et religieux du Kerala.
Cette recherche apparaît comme le fruit de rencontres avec le monde du Kathakali et du chant du Gîtâ-Govinda ainsi que
de recherches effectuées sur différentes formes musicales et rituelles du Kerala. J'étudie également dans cet état de
l'Inde du Sud auprès de maîtres ‘classiques’ en tant que musicien mais aussi dans le cadre de ma thèse qui aborde les
processus de la composition dans la musique carnatique.
Véronique JACOB DE LAVENERE : doctorante, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Centre de
Recherches Langages Musicaux
La Musique d’Orgue à bouche au cœur de rituels Hmong et Lolo :Les funérailles Hmong et le Nouvel an Lolo (Laos)
L’Orgue à bouche, instrument emblématique d’un grand nombre de populations du Laos, se révèle comme un instrument
paradoxal, à la fois profane et rituel, occupant une place toute particulière dans les pratiques religieuses.
L’analyse comparative de deux rituels (les funérailles Hmong et le nouvel an Lolo), leur organisation sonore, les critères
de bon fonctionnement et d’efficacité prêtés à leur musique, permettront de soulever la question de « la spécificité »
d’une musique rituelle – par le caractère unique d’une musique propre à un rituel – et des « similitudes » - par la
présence de traits musicaux communs aux rituels de deux populations pourtant bien différentes- .
Bruno MESSINA : doctorant, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Centre de Recherches Langages
Musicaux
Une messe catholique à Java
S'il est vrai qu'à Java le catholicisme ne s'est pas véritablement développé avant le début du XX° siècle et qu'il a surtout
participé à la diffusion de la culture occidentale, on peut noter que paradoxalement, dans son ensemble, la minorité
catholique javanaise est restée attachée à la science kejawen et a préservé dans l'église quelques éléments forts de la
culture javanaise.
Ainsi, encore aujourd'hui, on peut voir -et entendre- des offices catholiques chantés en javanais par des officiants vêtus
de batik traditionnels et accompagnés des instruments du gamelan.
À l'appui des documents collectés lors de messes catholiques dans les principales églises de Java Central (ainsi qu'à
Jakarta) ces dix dernières années nous présenterons quelques aspects singuliers du rituel catholique ainsi adapté.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.26
William TALLOTTE : doctorant, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Centre de Recherches Langages
Musicaux
Musique et rituel en pays tamil
Conques, cloches, chant, musique instrumentale et récitation védique interviennent aujourd'hui lors des rituels (pûjâ) des
temples brahmaniques du pays tamoul. Simples sons ou musique en tant que telle, leurs rôles diffèrent : les conques et
les cloches jouent comme signaux, le chant et la musique instrumentale comme offrandes et la récitation védique comme
‘actes de voix’, indissociables des actes rituels (gestes, manipulations...) ; dans tous les cas ils soulignent la structure du
rituel. A différents niveaux, musique et rituel fonctionnent donc de paire.
A travers l'analyse d'une pièce instrumentale jouée - en lieu et en temps - par les sonneurs et les batteurs du periya
mêlam nous tenterons 1/ de préciser ce lien, 2/ de montrer combien la structure d'une pièce est elle-même dépendante
de son contexte et, au delà 3/ de voir s'il y a écho entre structures musicales et structures rituelles.
Laurence QUICHAUD : post-doctorante, Université Paris-Vincennes (Univ. Paris 8)
Le dixi du Guizhou ou la danse des dieux, Chine
Le dixi du Guizhou est un ‘théâtre’ rural d’origine rituelle qui a lieu deux fois par an, dans les environs de Anshun, dans la
province du Guizhou, au sud-ouest de la Chine. La présentation de ces pratiques, qui a suscité l’écriture d’une thèse, doit
se comprendre dans une perspective ethnoscénologique. Elle ne se veut ni un travail anthropologique ni une étude
sinologique traditionnelle. L’anthropologie, en effet, ne permettrait pas de prendre en compte ‘le noyau de sens’ de la
performance mais l’apprécierait comme une particularité des fêtes ou des rites auxquelles elle est liée. Considérée
comme un avatar d’autres comportements, elle perdrait son intégrité et ne serait pas envisagée pour elle-même, du
moment qu’elle appartient à une autre sphère culturelle. Saisir les pratiques performatives dans leur dynamique, dans
leur processus d’élaboration, comprendre comment elles se réalisent nécessitent à la fois de les ‘isoler’ au sens chimique
du terme ou du moins de ne pas les voir comme une dégénérescence des rites ou un mime de la réalité. En effet, si
pratiques performatives et religion se recoupent souvent, pourquoi ne pas les considérer pour elles-mêmes et en elles-
mêmes et non comme une ‘illustration’ d’une cérémonie religieuse ou rituelle. L’ethnoscénologie permet en ce sens de
redonner toute leur intégrité aux pratiques performatives. Nous essaierons ici d’aborder les pratiques de dixi dans leur
dimension performative en tenant compte du contexte culturel dans lequel elles s’inscrivent, à partir d’une expérience de
terrain.
Après avoir brièvement retracé l’histoire du dixi forgé par les tunbao, soldats laboureurs établis dans le Guizhou sous le
règne de Zhu Yuanzhang (1328-1398), nous exposerons l’origine rituelle du dixi. En effet, le dixi entretient des liens
étroits le nuoxi, théâtre d’exorcisme, dont le Rituel des Zhou (Zhouli) de l’époque confucéenne ou les Entretiens de
Confucius (Lunyu) nous ont légué quelques descriptions. Dans les rituels de nuoxi comme dans les représentations de
dixi, l’accent est mis sur les déplacements et la gestuelle des acteurs-paysans, la puissance des chants et de la musique
d’accompagnement ainsi que sur le port des masques. L’énergie dégagée doit alors expulser les pestilences (zhuyi) et
ouvrir la porte des richesses (kai caimen) afin d’aborder la saison à venir sous des auspices favorables.
Dans un deuxième temps, nous parlerons des caractéristiques du dixi, en particulier du déroulement des spectacles qui
débutent par l’ouverture de la malle (kai xiang) dans laquelle se trouve les masques et le balayage de la scène (saoshou
chang).
La prépondérance des gestes et leurs liens avec les rituels antiques s’illustrera par une présentation du pas de Yu et
quelques danses des villages Zhengjia tun ou Penglai. Ensuite, nous étudierons plus en détails les types de
personnages, matérialisés par des masques en bois sculptés. Ceci nous donnera l’occasion de parler un peu du
répertoire constitué en majorité d’épisodes du Roman des Trois royaumes (Sanguo yanyi). Nous terminerons cette partie
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.27
en présentant la déclamation et la façon de chanter spécifique des acteurs accompagnés par le gong et le tambour,
instruments traditionnels des rituels.
Enfin, nous conclurons par l’importance du dixi au sein de la communauté villageoise à l’heure actuelle avant de
rapporter quelques témoignages d’acteurs-paysans de Zhengjia tun et Jin guan.
9. ASPECTS DE LA RECHERCHE EN ARCHEOLOGIE ET EN HISTOIRE DE L'ART EN INDE ET EN ASIE DU SUD-EST Coordinateur : Michel JACQ-HERGOUALC’H, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche
Scientifique (Section 33, CNRS), Archéologue et historien de l'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est indianisée
Intervenants: Anne-May CHEW, Hedwige MULTZER O’NAGHTEN, Bérénice BELLINA, Catherine RAYMOND Je souhaite constituer cet atelier, quelque peu informel, parce que je considère que la recherche en archéologie et en histoire de l'art sur le domaine géographique qui est le mien est aujourd'hui totalement sinistrée par l'incapacité des institutions en place (CNRS, EFEO, Université) à recruter des jeunes chercheurs récemment formés. Il n'en a pas toujours été ainsi. Le CNRS, comme l'EFEO, ont eu autrefois de nombreux chercheurs dans ces disciplines, et sur ce domaine, qui ont largement contribué à faire progresser la connaissance sur les civilisations de cette partie du monde. Quant à l'Université, elle est tout aussi frileuse, le seul poste de professeur en titre sur ces sujets et sur ces domaines étant celui du Professeur Bruno Dagens à Paris III. C'est donc un cri d'alarme que je souhaite pousser en donnant la parole à quelques-unes des personnes qui pourraient constituer la relève française dans ces disciplines. Anne-May CHEW : Docteur ; Chercheur associé, Laboratoire Péninsule Les temples rupestres de Po Win Taung. Un site archéologique d'une grande importance Située dans la zone sèche en Birmanie centrale, Po Win Taung, ou Colline de Po Win, est un site archéologique qui recèle environ huit cents grottes excavées dans la roche gréseuse, sur plusieurs niveaux. Les façades de ces grottes, qui vont de la simple pièce de méditation à l'imposant temple-sanctuaire, sont décorées de motifs ornementaux en bas et hauts reliefs, avec certaines entrées encadrées de sculptures, humaines ou animalières, en ronde-bosse. A l'intérieur, de nombreuses images de Budha sont sculptées directement dans le rocher. Le nombre de sculptures s'élèverait à environ 3 500. Une centaine de grottes-sanctuaires ont leurs parois ornées de peintures murales illustrant des scènes bouddhiques traditionnelles (les 28 Buddha du Passé, les vies antérieures (jatakas) du Buddha Gautama, et la vie du Buddha historique) ainsi que des scènes de la vie quotidienne. Les oeuvres de Po Win Taung permettent, d'une part, de saisir sa richesse artistique et, d'autre part, d'identifier les diverses influences étrangères (chinoise, indienne, portugaise, siamoise, musulmane et européenne) qui s'y sont excercées. Les productions artistiques de Po Win Taung datent surtout de la seconde période d'Ava (du XVIe au XVIIIe siècle) et de la période coloniale (du dernier quart du XIXe siècle au milieu du XXe siècle). Le style d'Ava est communément désigné en Birmanie sous le nom de Nyaung Yan. Ce nom est celui d'un roi qui a régné pendant une courte période (de 1597 à 1606). Quant à la période dite coloniale, elle représente la continuité du style de Mandalay que l'on peut qualifier d'art birmano-colonial.
Hedwige MULTZER O’NAGHTEN : Doctorante, Université de la Sorbonne nouvelle ( Univ. Paris III)
La géographie divine du royaume de Jayavarman VII, Cambodge, fin du XIIe siècle-début du XIIIe siècle A.D., les
modes d'aménagement du territoire
Plus qu'aucun autre souverain khmer, Jayavarman VII, souverain de la fin du XIIème siècle et du début du XIIIème, a
multiplié les fondations, couvrant son royaume d'images et d'édifices de différentes catégories. En cela il n'a fait qu'obéir
à la tradition khmère aux termes de laquelle le souverain est tout à la fois le protecteur, mais aussi le possesseur du sol
qu'il se doit de marquer de son empreinte comme d'un sceau.
Cependant, il se distingue de ses prédécesseurs par la diversité des moyens mis en œuvre et leur nombre
impressionnant à l'échelle d'un territoire extrêmement vaste. Les inscriptions de Ta Prohm et Preah Khan attestent
effectivement de l'existence de programmes de construction ambitieux - sanctuaires nouveaux, refondation, diffusion
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.28
d'images divines - et mentionnent des toponymes, pas tous identifiés de nos jours, mais qui permettent cependant de se
faire une idée des réseaux mis en place.
Certaines de ces fondations ont particulièrement retenu l'attention des chercheurs par leurs spécificités architecturales et
iconographiques ; s'appuyant sur des modèles définis par le pouvoir, elles se caractérisent notamment par leur aspect
répétitif et systématique.
Nous ne nous attarderons pas plus que nécessaire sur les éléments typologiques de ces différentes catégories, rappelant
simplement les caractéristiques les plus évidentes - architecturales et iconographiques - qui permettent au premier coup
d'œil de les identifier comme datant du règne de Jayavaman VII.
Ce qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui, dans le cadre de nos recherches, c'est la manière dont ces outils
ont été utilisés au niveau de l'organisation du territoire, ainsi que les différentes interprétations - historique, religieuse,
socio-économique - que l'on peut en tirer.
A travers une analyse d'ensemble du territoire de Jayavarman VII, basée sur des investigations récemment menées sur
le terrain, nous souhaitons mettre en lumière les critères fondamentaux ayant présidé à l'aménagement de l'espace et,
par extension, en dégager les fondements des grandes orientations du règne.
Cette approche devrait nous amener à proposer de nouvelles interprétations concernant les spécificités du règne de
Jayavarman VII.
Bérénice BELLINA : Docteur associée, Langues, Textes, Histoire et Civilisations du Monde indien (laboratoire
UPRES-A 7019)
La vision des échanges dans la Baie du Bengale au XXème siècle
La vision des échanges entre les deux ensembles régionaux que sont l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est, a varié tout au
long du XXème siècle. Selon le contexte politique et les régions concernées, les archéologues et historiens ont favorisé
l'hypothèse de la colonisation indienne, celle de l'influence culturelle indienne impliquant une plus ou moins forte
acculturation, celle d'une acquisition d'éléments indiens réélaborés localement ou, enfin, celle d'une évolution sud-est
asiatique indépendante. Cet exposé présentera les grandes étapes de l’historiographie du sujet et l’état de la question en
ce début du XXIème siècle.
Catherine Raymond, Associate Professor, Southeast Asian Art History, Director, Center for Burma Studies,
Adams Hall Rm. 410, Northern Illinois University:
Nouvelles recherches et mise en valeur du patrimoine au Laos: Les peintures murales de Vat Sisaket à Vientiane.
Les peintures murales dans l’enceinte des monastères appartiennent aux traditions des pays bouddhistes d’Asie du Sud-
Est. Les histoires racontées sont généralement très populaires et jouent un rôle didactique.
Au Laos, les thèmes privilégiés sont généralement la vie du Bouddha et les dix derniers existences du futur Bouddha,
avec une préférence pour le Phavet, dernier des jâtaka où le prince Vessantara fait l’expérience du don ultime. Mais au
XIXe siècle, pour ce nouveau monastère royal construit au centre de l'ancienne cité, le roi en décida autrement et fit
représenter le Balasankhya jâtaka, ayant pour héros le prince Pookkharabat et son éventail magique, texte extra
canonique très populaire entre le XVIIe et le XIXe siècle au Lanna et au Laos.
Le Vat Satasahatsârâma, plus connu de nos jours sous le nom de Vat Sisaket, est certainement l'un des monuments les
plus emblématiques de la capitale lao. Il est l'unique joyau architectural attribué à Chao Anouvong, dernier roi de
Vientiane, qui l'embellit entre 1819 et 1824 , peu de temps avant la mise à sac de la ville par les Siamois. Seul ensemble
architectural religieux du XIXe siecle de l’ancienne cité royale, il est un des plus importants monuments historiques du
patrimoine lao.
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C’est au cours de l’étude menée depuis 2001 au Vat Sisaket par le projet d'inventaire iconographique lao, PIIL, dans le
cadre d’un accord de coopération entre l’INALCO et le département des Musées et de l’Archéologie du Ministère de
l’Information et de la Culture Lao, que fut découverte la signification des peintures murales du site. Suite à cette étude, sa
mise en valeur a été entreprise.
IV- Contestation et violences 10. INEGALITES, SOLIDARITES ET VIOLENCES DANS LES VILLES ASIATIQUES Coordinatrice : Laurence ROULLEAU-BERGER, Chargée de recherches au CNRS, Groupe de recherche sur la
socialisation, Université Louis Lumière Lyon 2, Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines
Intervenants : Djallal HEUZE, MA Li, SHI Lu, Kazuhiko YATABE Les villes asiatiques en Inde, au Japon et en Chine continentale sont aujourd'hui traversées par des processus ségrégation urbaine, de différenciation sociale et d'éviction économique. Comme d'autres ‘villes globales’ elles mettent à jour le phénomène de croissance des inégalités et de développement d'un individualisme de marché qui produisent aussi de nouvelles formes de solidarités, de résistances et de violences collectives. Ces contextes urbains révèlent comment des sociétés en transition se pluralisent en produisant des phénomènes de redéfinition et de fragmentation identitaire qui font émerger des figures d'individus comme ce que Robert Castel a appelé ‘l'individu par excès’ et ‘l'individu par défaut’, mais aussi des formes de mobilisation collective qu'il conviendra d'analyser. On regardera alors comment rentrent en conflit différents ordres de reconnaissance dans des sociétés différentes et quels types de relations à l'Autre ils génèrent.
Djallal HEUZE : Chargé de recherche, Centre d'Anthropologie de Toulouse, Centre National de la Recherche
Scientifique (CNRS)
Délinquance, communautarisme, expulsions et liens de proximité à Mumbai
Mumbai, la plus importante métropole d’Asie du Sud a derrière elle une longue histoire de violences qui frappent par leur
variété: grèves, émeutes interconfessionnelles, émeutes de subsistance, conflits de voisinage et linguistiques, affirmation
régionaliste, conflits de caste et last but not least, répression policière puisque les forces de l’ordre ne sont pas équipées
pour juguler les fortes tensions sans user d’armes à feu et que l’assassinat légal fait partie des politiques usuelles.
L’exemple des grandes émeutes et des attentats de 1992-1993, qui ont fait 1200 morts (dont 470 tués par la police),
6000 blessés graves, deux cent mille déplacés et cinquante mille maisons brulées dans le cadre d’un conflit opposant
des hindous et des musulmans est particulièrement intéressant. Il se présente comme la résultante sur le long terme de
facteurs divers, qui ont fini par se conjuguer. Il y eut d’abord les violences policières de l’état d’urgence (1975-1977)
période d’exception qui mit pourtant en place des protections populistes des habitants défavorisés et des migrants. Elles
seront ensuite l’objet de campagnes très dures d’opposition de la part des nouvelles couches dominantes. Ensuite, après
une vague de grèves marquée des rivalités brutales et de fusillades, mais ou l’espoir restait de mise, l’échec total du
terrible conflit des cotonniers (260 000 grèvistes sur un an et demi) a débouché sur la déstructuration à long terme du
mouvement ouvrier qui faisait rempart au communautarisme et à certains types de délinquance. La précarisation du
travail et les licenciements ont marqué toutes les années 1990, pendant que les émeutes interconfessionelles
exprimaient en langage crû le passage, sur la scène publique, de considérations de salaires et de la perspective de
progrès dans le cadre de ‘relations industrielles’ à une lutte acharnée pour l’espace et le droit de rester dans la ville,
exprimée par une chaine de conflit pour le contrôle d’un bien rare et de statuts dans la cité. Les politiques engagées dès
1981 par le Parti hégémonique du Congrès, visant à expulser les habitants du trottoir puis les résidents en bidonvilles
illégaux (30% de la population) avant de commencer à viser les résidents de bidonvilles légaux (18% env) et les habitants
de taudis anciens légaux (15%) se sont traduites par des millions d’évictions et un climat de plus en plus délétère,
marqué par le surgissement de délinquants spécialisés dans les expulsions, assez nombreux pour former une couche
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sociale. Les changements au sein des classes dominantes plus que le tournant néo libéral du gouvernement, expliquent
la tendance. Cette dernière s’est vue freinée durant les campagnes électorales (de 1991 à 1995) qui ont chassé le
Congrès pour placer au pouvoir régional (important en Inde) la Shiv Sena et le BJP (nationalistes hindous) qui ont su
capitaliser la peur des émeutes et le sentiment d’instabilité des mal-lotis, expulsés, incrustés (protégés) et autres
malmenés des politiques urbaines. Quand leur coalition a pris le pouvoir en 1995 elle s’est cependant distinguée en
reniant ses engagements en faveur des mal logés, échouant à mettre en place ses programmes de construction, pillant
les deniers publics, faisant de la surenchère sur les polémiques sécuritaires lancées par les couches aisées, usant de la
répression policière et jetant vers des camps de relogements, des zones lointaines arides ou des marécages une
nouvelle population de plus d’un million de personnes. La construction d’hôtels de luxe de bureaux et de grandes tours a
continué changeant l’aspect des quartiers populaires, les nouveaux arrivants vivant protégés par des gardes et des murs
dans des milieux ou la solidarité locale ont été et demeurent encore très fortes, dans le cadre d’une vie de proximité
particulièrement intense. Ce sont ces dernières, avec le maintien des familles comme unités de socialisation qui
empêchent de nouveaux accès de fièvre mais Mumbai demeure une marmite de tensions, ce que sa forme géographique
ne fait d’ailleurs qu’accentuer.
MA Li : Chargée de cours, Université de Technologie de Troyes ; Chercheur associé, Institut d’Asie
Orientale-Lyon (IAO-Lyon)
Crises de légitimité, inégalités, et dissensions collectives violentes dans les villes chinoises
Depuis la mise en oeuvre des réformes, la légitimité du régime chinois a évolué, et repose maintenant bien moins sur
l’idéologie que sur un soutien spécifique lié à ses performances. Mais les réformes économiques ont également produit
une autre dynamique, qui commence à ronger le soutien du régime et qui alimente une crise de légitimité : les fruits du
développement sont très inégalement répartis. Les inégalités se creusent, ce qui génère un fort sentiment d’insatisfaction
parmi les plus modestes, qui forment la grande majorité de la population. Cette insatisfaction, ces griefs, cette colère des
exclus, génèrent et alimentent de nombreux mouvements sociaux, quelquefois violents. Les mouvements sociaux
urbains (grèves, manifestations) sont très nombreux, et sont principalement liés aux restructurations en cours : faillites
d’entreprises d’état, grands retards de paiement de salaires, retraites dérisoires ou non payées, licenciements,
dénonciation des conditions de travail. Après l’entrée de la Chine dans l’Organisation du Commerce Mondial en
novembre 2001, ces mouvements vont certainement s’amplifier. Des manifestations visent également à dénoncer des
problèmes structurels, tels que la corruption, la pollution, ou les réformes du système de sécurité sociale. Nous
considérons ici les liens entre les inégalités et les dissensions collectives, le mécanisme de leur déclenchement dans une
société en crise de légitimité, et leur place dans le régime chinois actuel. Dans le cadre de l’hypothèse de la " mobilisation
des ressources " appliquée aux mouvements sociaux dans les villes chinoises, nous considérons la façon dont ces
mouvements de dissensions collectives mobilisent et organisent leurs ressources, définissent leurs buts collectifs, et sont
interprétés et traités par le régime chinois. Ainsi, par exemple, les mouvements urbains sont relativement mal organisés
et ont surtout des buts à court terme d’ordre économique. L’étude des ressources, des objectifs et de la fragmentation de
ces mouvements permet finalement d’étudier pourquoi ceux-ci n‚ont pas mené à des révoltes de grande ampleur, malgré
leur nombre.
Laurence ROULLEAU-BERGER : Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique
(CNRS), Groupe de recherche sur la socialisation
SHI Lu : Maître de conférences, Université Jean Moulin (Univ. Lyon III) ; Membre associée à l'Institut d'Asie
orientale (IAO)
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Inégalités, disqualification sociale et violences symboliques à Shanghai
Les villes chinoises, comme Shanghaï, sont traversées aujourd'hui à la fois par des processus de précarisation
économique et de ségrégation urbaine qui touchent tout particulièrement les provinciaux récemment installés et victimes
de situations de grande paupérisation. Comme d'autres villes globales elles mettent à jour le phénomène de croissance
des inégalités en Chine; en effet les provinciaux chinois sont immédiatement confrontés à leur arrivée en ville à des
situations de disqualification économique et sociale; ils apparaissent comme une population flottante, invisible
économiquement et très précarisée. La question posée est alors de comprendre comment ils passent du statut d'invisible
au statut de visible dans l’espace public, où et comment se fait l'accès à l'emploi, sur quels statuts et dans quels secteurs
d'activités en fonction du parcours migratoire et des types de mobilisation des ressources économiques, sociales,
culturelles et symboliques acquises dans les villages ou villes d'origine. L'accès aux marchés du travail urbain apparaît
très hiérarchisé en ce qui concerne ces populations migrantes, on peut alors parler "d'entrée segmentée" dans le sens où
on assiste à une véritable différenciation et hiérarchisation des segments du marché de l'emploi urbain en fonction des
régions d'origine des provinciaux qui se trouvent engagés tantôt dans des processus aléatoires et réversibles
d'intégration économique tantôt dans des processus de relégation sociale dans les villes chinoises. Ces migrants se
trouvent alors sans cesse confrontés au mépris social, objets de violences institutionnelles et symboliques; et c'est autour
de la distribution de biens économiques mais aussi de biens moraux que se réorganisent les concurrences et les
inégalités dans la Chine urbaine.
Kazuhiko YATABE : Maître de conférences, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII)
La ville japonaise et la modernité : Intégration, différenciation, réflexivité
Construire une société intégrée et intégratrice, tel a été le souci majeur des dirigeants japonais, que ce soit après 1868,
date de l’ouverture du pays à l’Occident, ou après la défaite de 1945. Pourtant, les efforts pour maintenir l’archipel
comme un tout cohérent ne parviennent plus, depuis une dizaine d’années, à masquer les effets du processus de
différenciation à l’œuvre dans la modernité japonaise. L’écart grandissant entre la définition courante de l’identité et de la
culture japonaises, d’une part, et la réalité telle qu’elle est vécue par les individus, d’autre part, s’avère propice à
l’émergence d’une pluralité de points de vue, de prises de position, de comportements. La multiplication des pratiques et
des visions du monde, plus ou moins conscientes, plus ou moins discursives, proposées par les Japonais d’aujourd’hui
mettent à l’épreuve la reproduction routinière d’un ensemble de dispositifs institutionnalisés — que l’on a appelé le
“ modèle japonais ” — mis en place durant la période de forte croissance économique. Dans ce contexte, la ville joue un
rôle majeur. C’est l’espace par excellence où s’expérimentent les nouvelles façon d’être, où les individus, et en particulier
les jeunes générations, tentent de d’aménager avec plus ou moins de bonheur des lieux de “ relocalisation ”, pour
reprendre l’expression du sociologue Anthony Giddens.
11. ORDRE ET DESORDRES URBAINS DANS LA CHINE REPUBLICAINE
Coordinateur : Christian HENRIOT, Institut d’Asie Orientale (UMR 5062) ; Professeur d’Université ; Directeur
Scientifique Adjoint, Département SHS-CNRS
Intervenants : Aglaia DE ANGELI, Xavier PAULES La recherche historique sur la société urbaine dans la Chine de la fin de l’empire et de la République s’est déplacée progressivement de l’étude des ‘grands groupes sociaux’ (bourgeoisie, prolétariat) à celle du petit peuple, des marges sociales, des exclus, en opérant dans le même temps un recentrage sur la culture populaire et la ‘rue’. L’ambition de cet atelier est d’apporter un éclairage sur divers aspects de ce qui constitue des formes diverses de ‘rupture’ de l’ordre établi ou des usages sociaux dans les villes de la Chine
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.32
républicaine. Les quatre aspects retenus sont la consommation de l’opium, la criminalité, la population flottante et les réfugiés, et la contestation ouvrière spontanée. Xavier PAULES : Doctorant, Institut d’Asie Orientale-Lyon (IAO-Lyon) La vie des fumeries d’opium de Canton dans les années 1920-1930 La recherche historique a jusqu’à présent négligé l’étude des fumeries d’opium de la Chine de la fin des Qing et de la République. Cela est d’autant plus dommageable à la juste appréciation de leur nature que les témoignages généralement cités à leur sujet, et auxquels on les réduit donc, décrivent presque toujours des bouges sordides peuplés d’opiomanes misérables et faméliques. Je vais tenter de montrer, à partir de l’exemple de la ville de Canton, qui compte sous la République plusieurs centaines de fumeries, que, s’il est exact que des fumeries de ce genre existent, lieux dédiés à la consommation au moindre coût par une clientèle extrêmement populaire et parfois interlope, d’un opium de très mauvaise qualité, elles ne constituent néanmoins qu’une partie de l’ensemble des fumeries cantonaises. En effet, d’autres fumeries sont au contraire de véritables lieux de sociabilité, agréablement aménagés, où les clients viennent autant pour se rencontrer, boire le thé, manger des douceurs, discuter que pour fumer la drogue. Ma communication serait donc centrée sur la richesse de cette vie, qui rapproche les fumeries des maisons de thé et des lupanars, c’est à dire des lieux dont la vocation première (la consommation d’opium dans le cas des fumeries), ne recouvre qu’imparfaitement la variété des fonctions qu’ils assurent dans une ville où l’espace domestique privé à la disposition de la grande majorité de la population est réduit à sa plus simple expression.
Aglaia DE ANGELI : doctorante, Institut d’Asie Orientale (IAO)
Crime et châtiment: les institutions et l’ordre public
Shanghai a vu pendant la période républicaine s'enraciner et s'étendre la criminalité organisée et la diffusion de la
délinquance ordinaire. Le cadre politique, assez transformé comme le reste du pays, n'a pas fait obstacle à la mise en
place de nombreuses institutions modernes par les autorités locales. En même temps, la présence des concessions et
des institutions à elles liées faisaient de la ville un contexte international singulier.
Les années vingt et trente, qui sont particulièrement marquées par une augmentation du taux de croissance du crime,
offrent l'opportunité d'analyser la politique des autorités grâce à l'ouverture de nouvelles structures d’enquête et
judiciaires, la modernisation du corps de la police et enfin la réforme du code.
Les concessions et le droit d'extraterritorialité dont jouissaient les étrangers résidant à Shanghai (sauf pour les Russes et
les Allemands) créent d’une part un terrain privilégié pour l'expansion du crime organisé. De l'autre, ils posent le
problème de la façon dont pouvaient être réglées les questions judiciaires avec les Chinois résidant dans ces territoires.
L'ouverture de la Courte Mixte a donc été le fruit de la collaboration entre les autorités chinoises et les autorités
étrangères de deux concessions, soit pour arrêter les trafics du crime organisé, soit pour ouvrir un dialogue entre les
parties et régler les cas dits internationaux en évitant les moyens diplomatiques et en plaçant toutes les parties au même
niveau. Une analyse détaillée des institutions chinoises et de leur collaboration avec les institutions étrangères, en plus
de la Cour Mixte, permettra d’offrir une vision de ce qu'était le concept d'ordre public et ses transgressions dans le
contexte de la ville multiethnique et polycentrée qu’était Shanghai.
Christian HENRIOT : Institut d’Asie Orientale (IAO, UMR 5062) ; professeur d’Université ; Directeur
Scientifique Adjoint, Département SHS-CNRS
Réfugiés et population flottante à Shanghai dans les années 1930-1940
Les villes chinoises ont connu, à partir du milieu du 19e siècle, un accroissement des flux de population liés à la force
d’attraction des nouveaux marchés du travail et aux ravages des campagnes à l’occasion des grandes rébellions
paysannes. Shanghai représente l’archétype de la ville qui offre un nouvel espace économique vers lequel converge en
masse des travailleurs de tout le pays et constitue dans le même temps un havre de sécurité et de protection face aux
cataclysmes humains et naturels qui secouent le pays. Au 20e siècle, ces processus se sont doublés d’événements intra-
urbains (conflits armés) qui ont entraîné la ruine et départ en hâte de la population des quartiers sous administration
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chinoise. A chaque calamité naturelle ou humaine, des vagues entières de réfugiés – ou de résidents devenus réfugiés –
ont submergé la ville et placé les institutions publiques et privées aux limites de leurs capacités de gestion et d’accueil de
ces populations déplacées. L’afflux de migrants temporaires ou de réfugiés par dizaines voire centaines de milliers,
entassés dans des habitations précaires, des camps de fortune ou tout simplement dans les rues, mettait en cause tant
l’ordre social, qu’économique ou les conditions sanitaires. Ce papier cherchera à montrer ce que représente le
phénomène de population flottante et de réfugiés et ses effets sur le contrôle social dans le Shanghai des années 1930
et 1940.
12. FIGURES DE LA CONTESTATION, DE L’ASIE DU SUD A L’ASIE ORIENTALE, A&B De l’Asie du Sud à l’Asie de l’Est et du Sud-Est, ce sont différentes figures de la contestation sociale, économique et politique que nous voudrions aborder au sein d’un grand atelier articulé en deux-fois-cinq interventions. Tandis que le panel autour de l’Asie du sud (Inde, Népal, Pakistan et diaspora) aborde des formes de contestation qui semblent spécifiques au temps long de l’histoire et de la société du sous-continent indien, les expressions contestataires décrites dans le panel sur la Thaïlande, la Chine, et le Japon s’inscrivent davantage dans le temps court de la « mondialisation ». Une interrogation commune sur le politique traverse cependant nos observations respectives qu’il s’agisse des mouvements féministes en Inde et au Pakistan, des mouvements dalits, des « maoistes » népalais ou des diasporas indiennes et pakistanaises, du mouvement paysan en Thaïlande, du mouvement ouvrier et des cybernautes en Chine, des syndicalistes et des sans abri au Japon. Bien que nos projets initiaux soient nés séparément et dans une perspective différente, nous voudrions essayer de les confronter, moins pour établir des comparaisons entre ces vastes ensembles géopolitiques que pour nous interroger ensemble autour de ce que contester veut dire.
PANEL A : SOCIETE CIVILE ET ESPACES DE CONTESTATION EN ASIE DU SUD Coordinatrice : Aminah MOHAMMAD-ARIF, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre
d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS)
Intervenants : Philippe RAMIREZ, Stéphanie TAWA-LAMA, Nicolas JAOUL
Les pays d’Asie du Sud, Inde, Pakistan, Bangladesh, Népal, Sri Lanka…, ont chacun adopté des régimes politiques différents (démocratie, monarchie, dictature militaire…), mais tous sont traversés par des mouvements (ultra)-nationalistes, fondamentalistes, etc. Ils sont en outre soumis, l’Inde et le Pakistan en particulier, à des tensions croissantes tant intérieures qu’extérieures (émeutes inter-communautaires, détérioration des relations entre New Delhi et Islamabad, etc.). Sur le plan social, de graves déséquilibres continuent de marquer les relations entre individus au sein de ces Etats, en fonction de leur sexe, de leur caste, de leur religion, etc. Face à ce paysage, la contestation s’organise, témoignage d’une société civile dynamique. Nous nous intéresserons donc à ces espaces de la contestation (nationaux et transnationaux) qui (dé)structurent les sociétés du sous-continent indien, en privilégiant quatre axes particuliers : les mouvements socio-radicaux, les mouvements féministes, les mouvements des intouchables (Dalits) et les espaces diasporiques.
Philippe RAMIREZ : Chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
La lutte pour les symboles dans quelques insurrections d'Asie du Sud
Les insurrections ne peuvent être réduites ni aux actions militaires par lesquelles elles attirent l'attention, ni aux étiquettes
« maoïstes » ou « ethniques » par lesquelles elles sont conventionnellement cataloguées. Car ces mouvements
développent des efforts notables pour construire et imposer, à l'intérieur autant qu'à l'extérieur, des édifices sémantiques
qui non seulement contestent l'état des relations ethniques ou économiques existantes, mais qui visent aussi une
régénération profonde du corps social. L'étude de ces corpus donne accès à la fois aux mécanismes de la lutte
symbolique dans le domaine politique et à la mutation des représentations du monde dans les sociétés d'Asie du Sud.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.34
Stéphanie TAWA-LAMA : Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ;
rattachée au Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS)
La difficile conversion politique du mouvement indien des femmes
Le positionnement du mouvement indien des femmes vis-à-vis de la scène politique a évolué depuis un siècle à travers
de spectaculaires revirements : né au sein du mouvement pour l'indépendance de l'Inde, le mouvement des femmes est
d'abord intimement associé à la politique du Congrès ; il connaît une « deuxième vague », plus radicale, dans les années
1970 à la faveur des mouvements de contestation, souvent violents, qui marquent les années précédant l'imposition de
l'état d'urgence par Indira Gandhi. Depuis les années 1980, le mouvement des femmes revient progressivement à la
scène politique « classique » (les partis, les élections), à travers sa longue campagne en faveur de quotas féminins à
tous les niveaux de la vie politique. Pour comprendre cette relation fluctuante entre le mouvement des femmes et la
scène politique, j'explorerai plusieurs facteurs : la composition sociologique du leadership du mouvement, ses ressources
matérielles et symboliques, ses choix stratégiques, enfin la difficile légitimation du genre comme catégorie politique (y
compris par et pour les féministes indiennes).
Nicolas JAOUL : doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Le mouvement Dalit Panther et la contestation de la jeunesse Dalit à Kanpur (Uttar Pradesh)
Le mouvement Dalit Panther, inspiré à l’origine des US Black Panthers, s’est implanté à Kanpur à la fin des années 1970
au sein de la jeunesse scolarisée des milieux ouvriers intouchables. La contestation a été alimentée par la frustration et
le castéisme auxquels se heurtent ces jeunes, autant que par leur identification à la lutte du leader Dalit Ambedkar. Je
propose de revenir sur l’histoire locale de ce mouvement et de son leadership, en montrant notamment comment la fibre
révolutionnaire des débuts s’est heurtée à la réaction violente de la police et des dominants ruraux, puis muée en une
stratégie de cooptation des hauts fonctionnaires Dalits. L’organisation locale, plaçant ses jeunes militants en position de
leaders au sein de leurs milieux d’origine, dirige sa voix contestataire non seulement contre l’hégémonie des hautes
castes mais aussi contre les dérives opportunistes du parti des Dalits (BSP), dont l’alliance avec le parti Nationaliste
Hindou (BJP) est dénoncée comme une tentative plus générale de cooptation des Dalits.
Aminah MOHAMMAD-ARIF : chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ;
rattachée au Centre d’Etudes sur l’Inde et l’Asie du Sud (CEIAS)
Espaces alternatifs en diaspora: les mouvements contestataires des Indo-Pakistanais d’Angleterre et des Etats-Unis
Un nombre croissant d’Indo-Pakistanais se sont solidement implantés en Angleterre et aux Etats-Unis depuis la fin de la
deuxième guerre mondiale et les années 1960 respectivement. La plupart d’entre eux ont conservé des liens solides
avec leur pays d’origine (visites régulières, envois d’argent, etc.). A cela s’ajoute un attachement émotionnel. Certes,
chez nombre d’entre eux cet attachement a tendu à déboucher sur un nationalisme exacerbé. Ils se sentent en d’autres
termes plus Indiens ou Pakistanais dans la diaspora qu’ils ne sentaient dans leur pays d’origine. De tels sentiments ne
facilitent pas forcément les rapprochements inter-communautaires, contribuant même au contraire à élargir le fossé entre
communautés. Néanmoins, un certain nombre d’Indo-Pakistanais, se composant notamment de femmes et de membres
de la deuxième génération, ont construit en diaspora des espaces alternatifs dans lesquels s’expriment des
revendications multiples. Celles-ci peuvent revêtir une couleur purement locale (défense des femmes battues, défense
des droits des homosexuels, etc.) ou largement empiéter sur des préoccupations plus transnationales (harmonie inter-
communautaire en Inde, amélioration des relations entre l’Inde et le Pakistan, etc.). On s’interrogera donc sur les
modalités et l’impact de ces mouvements progressistes, voire contestataires, sur les populations migrantes comme sur la
société d’origine.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.35
13. FIGURES DE LA CONTESTATION, DE L’ASIE DU SUD A L’ASIE ORIENTALE : A&B De l’Asie du Sud à l’Asie de l’Est et du Sud-Est, ce sont différentes figures de la contestation sociale, économique et politique que nous voudrions aborder au sein d’un grand atelier articulé en deux-fois-cinq interventions. Tandis que le panel autour de l’Asie du sud (Inde, Népal, Pakistan et diaspora) aborde des formes de contestation qui semblent spécifiques au temps long de l’histoire et de la société du sous-continent indien, les expressions contestataires décrites dans le panel sur la Thaïlande, la Chine, et le Japon s’inscrivent davantage dans le temps court de la « mondialisation ». Une interrogation commune sur le politique traverse cependant nos observations respectives qu’il s’agisse des mouvements féministes en Inde et au Pakistan, des mouvements dalits, des « maoistes » népalais ou des diasporas indiennes et pakistanaises, du mouvement paysan en Thaïlande, du mouvement ouvrier et des cybernautes en Chine, des syndicalistes et des sans abri au Japon. Bien que nos projets initiaux soient nés séparément et dans une perspective différente, nous voudrions essayer de les confronter, moins pour établir des comparaisons entre ces vastes ensembles géopolitiques que pour nous interroger ensemble autour de ce que contester veut dire.
PANEL B : LES NOUVELLES FORMES DE LA CRITIQUE SOCIALE EN ASIE DE L’EST ET DU SUD EST: ARMES DES FAIBLES, FORTES ARMES ?
Coordinateur : Paul JOBIN, Maître de conférences, Université Michel de Montaigne (Univ. Bordeaux 3), chargé de
cours, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), sociologie du Japon ; chercheur
associé Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale - Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(INSERM-EHESS)
Intervenants : David MALINAS, Éric SAUTEDE, Antoine KERNEN
Au Japon, malgré son incapacité à réguler la crise économique, le Parti Libéral Démocrate et ses partis satellites peuvent continuer d’ignorer les voix discordantes des associations et des syndicats trop minoritaires pour menacer son emprise sur la vie sociale et politique. A Taiwan et en Corée du sud, les syndicats ouvriers et le mouvement écologique sont amers à l’égard des démocrates qu’ils avaient contribué à porter au pouvoir. En Chine, la répression sans appel de toute voix dissidente, en particulier des militants syndicaux et des représentants du mouvement religieux falungong, est encore la règle générale. Si, à l’image de la Thaïlande, les pays d’Asie du sud est ne sont pas le théâtre d’une telle répression, la collusion entre politiciens et milieux d’affaire ainsi qu’une position de faiblesse à l’égard des investisseurs étrangers depuis la crise de 1997-1998 fragilisent de nouveau le processus de démocratisation. Ces observations peuvent néanmoins s’interpréter de manière plus optimiste si on considère l’originalité, d’un point de vue européen, des formes de critique sociale qui continuent d’éclore et de mûrir en Asie orientale et méridionale. Il s’agit souvent de mouvements interstitiels qui, à l’instar de leurs homologues européens de l’anti-globalisation, trouvent dans l’organisation en réseau les moyens de pousser les pouvoirs en place dans leurs contradictions. Dans un contexte où la croissance économique accélérée n’a cessé de légitimer le « sacrifice » ou « l’exclusion » d’un petit nombre au profit du plus grand nombre, au point de finir par exclure le plus grand nombre au profit d’une infime minorité, comme c’est le cas en Chine, ils optent résolument pour « le droit des exclus » et une critique radicale du tout économique. Malgré des situations diverses et contrastées et bien qu’ils opèrent dans des régimes leur faisant « une violence » différenciée, plus symbolique au Japon, à Taiwan, en Corée et en Thaïlande, plus « physique » en Chine, ces mouvements puisent l’essentiel de leur énergie dans une position de résistance à la primauté de l’économique sur le politique.
Paul JOBIN : Maître de conférences, Université Michel de Montaigne (Univ. Bordeaux 3) ; chargé de cours,
Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), sociologie du Japon ; chercheur associé,
Institut National de la Santé et de la Recherche Médical-Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(INSERM-EHESS)
Minoritaires et fiers de l’être : perspectives et limites des nouveaux syndicats ouvriers au Japon
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.36
Dans la foulée de l’agitation étudiante, du mouvement antipollution et du mouvement contre la guerre du Vietnam du
milieu des années soixante au milieu des années soixante-dix, les syndicalistes réfractaires au « coopérationnisme » ont
réussi à développer une nouvelle forme d’organisation syndicale intitulée community union. Par la diversité de leurs
engagements, de la lutte pour la reconnaissance syndicale à la lutte contre les accidents du travail et maladies
professionnelles, en passant par le soutien à d’autres « minorités sociales discriminées » (victimes de la pollution
industrielle, « travailleurs étrangers », « gens des hameaux », …) ou les bourgeons de syndicalisme ou de mouvements
écologiques en Asie, ces syndicats sont fidèles à « l’esprit de 68 » qui les avait fait naître. Parce qu’ils ont été contraints
de sortir la critique des confins de l’usine et de l’ouvriérisme, ils offrent aujourd’hui des pistes intéressantes pour le
renouvellement du syndicalisme ouvrier dans d’autres pays industrialisés, de façon comparable à ce que la
Confédération Paysanne en France ou le Mouvement des Sans Terre au Brésil ont fait pour restaurer le prestige
symbolique des paysans. Ils puisent leur énergie « spirituelle » dans leur position minoritaire et marginale pour résister au
« nouvel esprit du capitalisme » né lui aussi de 1968. C’est ainsi qu’ils renouvellent la culture de masse critique des
grandes fédérations syndicales japonaises des années cinquante (Sôhyô). Ils travaillent les institutions existantes comme
leurs homologues en France (AC !, DAL, ATTAC…), de manière peut-être moins polémique, en tout cas jamais au-delà
du légalement autorisé. Mais leurs facultés d’innovation contraste de plus en plus avec leur extrême faiblesse numérique
et leur absence quasi complète de la scène médiatique, surtout si on les compare à leurs confrères d’autres pays
asiatiques comme les Philippines ou la Corée du sud. Bien installés idéologiquement dans leur position minoritaire, ils
risquent de renoncer à transformer en force politique l’essai syndical qu’ils ont su marquer, au risque de disparaître et de
laisser le champ complètement libre au « consensus » du Parti Libéral Démocrate.
David MALINAS : doctorant en sciences politiques, Université Hitotsubashi (Tokyo) ; Boursier du Monbusho
(ministère de l’Education du Japon)
Politiques de la misère au Japon : « exclusion » et reconversion des savoirs
Au début des années 1990, les sans-abri japonais ont fait apparition dans les grandes villes japonaises. Le phénomène a
surpris à la fois les politiques mais aussi les associations qui sont restés dans un premier temps sans réponse. Les
chercheurs peinent également à définir cette pauvreté qui s’écarte des schémas traditionnels. De sorte que cette
population marginale est encore stigmatisée par l’opinion publique. Il importe à la fois de rapprocher et de distinguer les
sans abris japonais des travailleurs journaliers résidant dans les yoseba, ces ghettos qui sont une particularité en voie de
disparition du capitalisme japonais. Tout d’abord parce que de nombreux sans abris proviennent des yoseba, notamment
à Osaka. Ensuite parce que d’un point de vue plus théorique, il s’agit pour les journaliers des années de croissance du
Japon comme pour les sans abris des années de dépression d’une même pauvreté d’ « exclusion ». En d’autres termes
le journalier du yoseba et le sans abri sont des figures de la chute sociale. Enfin parce que les membres des associations
de défense de sans abris ont commencé leur engagement auprès des travailleurs journaliers. Longtemps passifs, l’Etat et
les collectivités publiques ont laissé se développer les yoseba en abandonnant le contrôle de ces quartiers à la pègre, et
la défense de ces ouvriers journaliers aux rares associations et syndicats qui osaient s’y aventurer. Aujourd’hui, ces
mêmes associations se battent auprès des sans abris pour assurer la reconnaissance de leurs droits et leur réinsertion.
Par leur travail de lobbying, elles ont également obligé l’attitude des pouvoirs publics à évoluer et s’engager dans une
nouvelle politique sociale. Cependant, cette politique comporte de nombreuses limites en terme de couverture sociale et
elle ne diminue en rien la discrimination subie par les sans abris.
Éric SAUTEDE : Rédacteur en chef de la Revue Perspectives chinoises ; Chercheur, Centre d’Etudes
Français sur la Chine contemporaine à Hong Kong (CEFC, Hong-Kong)
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.37
Les leurres de la modernité Internet, information et crise du « SRAS » en Chine
Depuis plus de vingt ans déjà, le régime communiste chinois a fait le pari que sa survie dépendait du développement
économique et de la course effrénée à la croissance : l’« économie socialiste de marché » est devenu le maître mot d’un
« national économisme » en lieu et place d’un communisme aux caractéristiques chinoises déjà fortement teinté de
patriotisme. Nul doute que la croissance économique enregistrée dans les années 1980 et 1990 et l’ouverture à l’étranger
qui l’a accompagnée ont eu de profondes conséquences structurelles sur cette Chine qui a enfin rejoint partiellement le
« temps libéral du monde ». Cependant, ces profondes transformations économiques ont eu un coût social
particulièrement lourd : en même temps que la nation chinoise s’enrichissait globalement, les écarts de revenus se
creusaient et le statut de ceux qui étaient hier le « moteur de l’histoire », ouvriers d’Etat et paysans, se dégradait. Plus
encore, ces réformes économiques n’ont été accompagnées d’aucune forme de libéralisation politique, ni d’aucune
tolérance à l’égard de la critique des autorités en place : le massacre du 4 juin sur la place Tiananmen constitue toujours
un horizon politique indépassable. Avec l’irruption des communications modernes, l’Internet en particulier, beaucoup ont
cru, dans la seconde moitié des années 1990, que la démocratie était « au bout du clavier ». C’était ignorer un principe
essentiel d’un régime communiste : l’impossibilité de voir son monopole sur l’information disputé. Cela relevait également
d’une vue de l’esprit s’agissant de l’Internet : la communication en réseau n’est qu’un support, un moyen, et non une fin
en soi. L’euphorie électronique passée, l’on s’est bien vite aperçu que les autorités chinoises avaient été promptes à
placer l’Internet dans « une cage dorée » et plus récemment à s’en servir comme d’un redoutable instrument de
propagande et de « filtrage » des ressources qu’elles jugent indésirables sur les autoroutes de l’Intranet national chinois.
L’usage politique de l’Internet continue d’être une pratique rare et riche de sanctions particulièrement sévères à l’égard
des impétrants. S’agissant de la critique sociale — sur les questions d’exclusion, de discrimination, de négligence, de
manquement des pouvoirs publics, etc. —, l’état des lieux est plus « positif » : plus encore, sa présence, directe ou
indirecte, nous apparaît comme l’élément quasi-exclusif d’une forme de liberté d’expression sur le net chinois. Parce que
le régime de Pékin ne tolère aucune organisation alternative autonome et qu’il se donne les moyens de cette intolérance,
les formes traditionnelles de la protestation ont encore récemment montré leurs limites, comme on l’a constaté avec la
violente répression dont est victime le Falungong depuis juillet 1999 ou la dissolution par étouffement imposée aux
grandes manifestations ouvrières de Daqing et Liaoyang de mars 2002. Sur le net, les communautés se font et se défont,
et le gouvernement peut même s’approprier des idées et recueillir des informations alternatives sans que cela vienne
remettre en cause son pouvoir monopolistique. Avec l’entrée de la Chine dans l’OMC, ces critiques se font plus
nombreuses et plus vives. Reste à savoir quel est le seuil de tolérance des membres du Bureau politique du Parti
communiste chinois : la gronde sociale peut bien vite se muer en « désordre social », cette peur obsessionnelle de toute
dynastie régnante.
Antoine KERNEN : maître de conférences en sociologie politique, Université de Lausanne ; chargé de cours
de civilisation chinoise, Université de Genève
Vers une mise en réseau de la contestation ouvrière en Chine ?
Les manifestations ouvrières sont de plus en plus fréquentes en Chine depuis quelques années. Les « dépôts de pétition
collective » (jiti shangfang) sont quotidiens dans les villes du Nord-Est, mais aussi dans les provinces du Henan, du
Hunan, du Hebei, du Hubei, du Shanxi, du Shaanxi ou du Sichuan. Les caractéristiques de ces mobilisations sont
aujourd’hui mieux connues : elles sont généralement limitées aux employés d’une même entreprises et ne soulèvent que
des revendications particularistes. L’atomisation de la contestation et la faible organisation de ces mouvements est à
l’évidence la conséquence d’une « structure d’opportunité » (S. Tarrow) très fermée. C’est seulement dans ce cadre très
limité que le pouvoir les tolère. Si l’organisation de ces mouvements repose essentiellement sur les liens interpersonnels
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.38
qui traversent les entreprises, il convient de s’intéresser à leur « mise en réseau », car on ne peut pas manquer de
remarquer que de plus en plus de manifestants ont une connaissance assez précise d’autres conflits similaires ayant eu
lieu ailleurs dans le pays. De cette meilleure connaissance découle un processus d’ « apprentissage » dans les modalités
de la contestation. Il serait sans doute faux d’y voir les ramifications souterraines d’un quelconque syndicat clandestin.
Cette « mise en réseau » de la contestation ouvrière se structure autrement. Elle s’appuie d’une part sur le travail de
récolte d’information fournie par certaines ONG basées à Hong Kong, et surtout sur le rôle de relais joué par certains
centres récents de consultation juridique. Bien sûr ces centres ont des ambitions plus larges mais ils facilitent une
meilleure connaissance des procédures juridiques et informent parfois les intéressés sur d’autres procédures similaires
ayant eu lieu ailleurs dans le pays. Dans cette communication, nous nous efforcerons d’abord de rendre compte de
l’évolution récente de la contestation ouvrière, en cherchant à mettre en évidence les processus d’apprentissage entre
ces mouvements. Dans un deuxième temps, nous analyserons les structures très lâches de la mise en réseau de la
contestation ouvrière.
V- Rapports au corps et à l’environnement 14. REPRESENTATIONS DU MILIEU NATUREL Coordinatrice : Jane COBBI, Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS),
Civilisation japonaise
Intervenants : ÐINH Trong Hiêu, Sophie HOUDART, Marie-Claude MAHIAS, BUI Thi Mai, Michel GIRARD
L'Asie est une partie du monde où les hommes ne se considèrent généralement pas comme les maîtres de la nature. Ils se voient plutôt comme faisant partie d'un vaste ensemble, parmi d'autres êtres vivants (animaux, végétaux...). Cette conception se retrouve, à divers niveaux selon les régions, les groupes sociaux ou les domaines d'activités, dans bien des spécificités culturelles relevant des représentations collectives, dans les modes de perception et d'utilisation de l’environnement, et notamment dans le degré de considération réservé aux animaux et aux végétaux. Faute de pouvoir faire, dans ce vaste continent habité par des populations diverses à systèmes de langues différenciés, une étude comparative qui réunisse suffisamment d’éléments significatifs, nous pouvons du moins essayer de comprendre la relation avec l'environnement naturel par des rapprochements, voire une mise en regard de cultures très éloignées de cette région. Ainsi il a paru utile de confronter, dans un premier temps, des données récentes et des interrogations suscitées par les formes particulières de représentations collectives sur l'environnement naturel, qu'il s'agisse de le redécouvrir ou le construire par le media d'une exposition (Houdart), de le protéger ou le préserver par des modes d'action endogènes (Dinh), de le reconstituer par une démarche archéologique (Bui), enfin de cerner les limites posées à son utilisation par des prescriptions positives ou négatives (Cobbi, Mahias). Ces différentes approches groupées en un même atelier ont suscité des questions et des commentaires qui ont souligné l'articulation entre les sujets traités et les convergences de perspective ; et il semble plus qu'utile de prolonger cet échange pour reprendre la discussion que les limites du temps imparti nous ont obligés à interrompre, et pour engager une action concertée. On notera néanmoins que chacun des textes réunis ici est indépendant de tous les autres, et n'engage que son auteur.
DINH Trong Hiêu : Chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ; ethno-
botaniste, Techniques et cultures, Musée National d’Histoire Naturelle (MNHN)
Quelques modèles asiatiques de protection de la nature et de préservation biodiversitaire
Les "modèles" de protection de la nature et/ou du biodiversitaire préconisés ("Parcs", "Réserves", etc.) sont-
ils universellement valables ? N'y a-t-il pas des "lieux" en Asie où, de fait, ces protections existent déjà? L'expérience de
terrain montre que les autochtones disposent souvent de structures de conceptualisation et d'action analogues, et qu'il
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.39
est vain de plaquer des modèles qui, même quand ils sont justifiés, n'en sont pas moins exogènes. L'un des rôles de
l'ethnologue travaillant sur l'Asie est d'attirer l'attention sur cette existence, non pour que cela serve comme "exemples"
universaux, mais pour démontrer qu'une réelle articulation entre le global et le local est nécessaire (d'où l'apport de
l'école française d'ethnologie).
Sophie HOUDART : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (CNRS-UMR 7535)
Exposer la nature d'hier, construire la nature de demain
Une Exposition Internationale prévue en 2005 au Japon (Aichi), intitulée "Au delà du développement : la redécouverte de
la sagesse de la nature", a pour propos de reconsidérer les rapports de l'homme à la nature en cette période où les
problemes liés à l'environnement (pollution, renouvellement des énergies, etc.) deviennent symptomatiques d'une
modernité mal gérée ou dépassée. Ce qui ne se fait pas sans contestations (association pour la protection de la nature,
etc.). Le concept de départ est le SATOYAMA, type paysager japonais que l'on veut rendre universel (pour ses propriétés
de sagesse, notamment). On a donc deux types de représentation de ce qu'est le satoyama et surtout de ce à quoi il doit
servir.
Jane COBBI : Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ; Civilisation
japonaise (Collège de France-Ecole Pratique des Hautes Etudes-EPHE)
Nature interdite, nature prescrite
Les représentations sur le milieu naturel apparaissent de façon particulièrement évidente dans le domaine des pratiques
alimentaires. Il s'agit en effet d'un domaine particulièrement sensible puisque l'homme doit incorporer -à la fois
mentalement et physiquement- des éléments de son environnement. Ce qui engage non seulement des représentations
du rapport à la nature mais aussi des conceptions implicites du rapport aux autres, à la vie et au surnaturel.
Nous proposons d'étudier et de confronter les formes particulières que ces représentations peuvent prendre dans le
domaine des prescriptions et des interdits de consommation (notamment du végétal), car il est intéressant de constater
qu'elles peuvent être radicalement opposées de part et d'autre du continent asiatique (de l'Inde au Japon). En nous
occupant d'alimentation, nous effleurons aussi certaines des questions soulevées par une actualité brûlante, notamment
depuis l'apparition de la vache folle
Marie-Claude MAHIAS : Chargée de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ; Centre
d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS-EHESS)
Le végétarisme des Jains ou la nature animée
En Inde, Marie-Claude Mahias considérera le cas des Jains, qui allient une puissance financière indéniable à un
végétarisme strict. Elle montrera comment le régime alimentaire, en particulier ses prescriptions négatives telles qu'elles
s'expriment dans les prohibitions et les jeûnes, révèle une représentation du monde, une classification des êtres vivants
dans laquelle l'homme a sa place. Mais cette place n'est que transitoire puisque l'âme peut se réincarner dans des corps
divers. L'homme ne peut donc pas s'opposer à un monde naturel dont il serait fondamentalement différent.
BUI Thi Mai : Laboratoire de Palynologie Centre d'Etudes Préhistoire, Antiquité, Moyen Age
GIRARD Michel : Laboratoire de Palynologie Centre d'Etudes Préhistoire, Antiquité, Moyen Age
Paysage végétal de l'Holocène final à Oc Eo (civilisation du Fu Nan) dans le Sud Vietnam
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.40
Les premiers résultats de l'étude pollinique du site archéologique Oc Eo (civilisation du Funan) localisé au Viet Nam
dans le Delta du Mékong ont permis d'enregistrer deux ensembles différents de végétation : l'un très riche en arbres de la
mangrove, l'autre composé essentiellement d'herbacées et de Ptéridophytes.
Cette succession d' associations végétales a ainsi permis de mettre en évidence un recul de la mer. En effet, la
mangrove dominée surtout par les Rhizophoracées croissant dans les eaux saumâtres (Bruguiera, Rhizophora,
Ceriops) est remplacée au cours du temps par une formation marécageuse en eau douce (limons de débordement)
constituée principalement d'herbacées (Poacées, Chénopodiacées..) , de plantes hygrophiles (Cypéracées, Joncacées,
Sparganium, Lemna, Ceratopteris ) et des spores de Stenochlena palustris.
Les atterrissements alluviaux ont permis à l'homme de s'implanter dans la région.
15. CHAMANISMES ET GESTION DES MAUX (SIBERIE, MONGOLIE) Coordinatrice : Virginie VATE, Doctorante Centre d’Etudes Mongoles et Sibériennes – EPHE Ve Section / Siberian
Studies Center – Max Planck Institute for Social Anthropology - Halle, Allemagne
Modératrice: Roberte HAMAYON, Directrice d’Etudes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE)
Intervenants : Jean-Luc LAMBERT, Alexandra LAVRILLIER, Laetitia MERLI
Jean-Luc LAMBERT : Docteur en Ethnologie, Centre des Etudes Mongoles et Sibériennes
Les deux conceptions nganassanes de la maladie
Dans le chamanisme nganassane traditionnel, les maladies sont imputées soit aux ombres des morts (namterü’), soit à
des moitiés d’homme impersonnelles (barusi), elles aussi associées aux morts. Si l’ombre du mort vole l’ombre du vivant
dont elle prend la place, la moitié d’homme dérobe de la même manière la vitalité symbolisée par le souffle. Dans ce
dernier cas, la cure consiste à aller dans le monde des défunts reprendre le souffle du malade, le chamane des vivants
affronte alors celui des morts. Comme ces deux grands types de conceptions de la maladie semblent attestés dans de
nombreuses autres sociétés sibériennes, et plus largement asiatiques, cette communication essaiera également
d’envisager quelques unes de leurs variations.
Alexandra LAVRILLIER : Doctorante en ethnologie, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), Section des
Sciences religieuses
Les formes actuelles de chamanisme chez les Evenks et les Iakoutes de Iakoutie et région de l’Amour
La christianisation au XIXe siècle et plus de 70 ans de politique d’athéisme militant durant la période communiste ont
conduit à une disparition presque totale des chamanes de Sibérie. Cependant, chez les Evenks, quelques uns d’entre
eux ont pu, en cachette des autorités, continuer leurs pratiques rituelles. De plus, face au manque de chamane, les
guérisseurs traditionnels se sont multipliés dans les milieux nomades. Enfin, depuis la déclaration de la souveraineté de
la République de Iakoutie, ce nouveau gouvernement a envisagé de faire du chamanisme une religion d’Etat en même
temps qu’il s’engageait dans une politique nationaliste de retour à la tradition. Poussés par cette politique et influencé par
les courants New-Age occidentaux, de nouveaux chamanes urbains ont créé une association de chamanes et des
centres de consultations. Ainsi, dans cette région, chez les Iakoutes et les Evenks, peuples en contacts depuis plusieurs
siècles, on constate la coexistence de différentes formes de chamanisme : un chamanisme typique des sociétés
nomades de chasseurs et d’éleveurs, un « chamanisme métisse » entre tradition et concepts New-Age qui correspond
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.41
aux besoins des populations villageoises et un chamanisme urbain. Dans chacune de ces formes de chamanisme, qui
correspondent aux formes d’organisation sociale de ces groupes, le rôle, les fonctions et la figure du chamane varient.
Laetitia MERLI : Doctorante en Anthropologie Sociale et Culturelle, Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS)
Chinggis Khan et le renouveau du chamanisme en Mongolie
Dans le courant des années 90, de nombreux centres chamaniques se sont ouverts à Oulan Bator, capitale de la
Mongolie. Ces centres sont des lieux de visite où l’on va consulter les chamanes pour résoudre des problèmes de toutes
sortes et où sont organisés des rituels chamaniques. Le plus souvent liés à des associations de défense et de promotion
de la culture mongole, ils sont aussi devenus pour certains, des lieux de rassemblement d’organisations nationalistes
plus préoccupées par des questions de reconstruction identitaire et culturelle, que par des questions de gestion
individuelle du malheur. Nous verrons, dans cet article, au travers d’exemples de rituels qui se sont récemment déroulés
dans la capitale, comment Chinggis Khan et les chamanes d’aujourd’hui jouent un rôle dans la reconstruction d’une
culture, longtemps bafouée par le régime d’obédience soviétique.
Virginie VATE, Doctorante Centre d’Etudes Mongoles et Sibériennes – EPHE Ve Section / Siberian Studies
Center – Max Planck Institute for Social Anthropology - Halle, Allemagne
Rituels de chasse et rituels d’élevage chez les Tchouktches: deux approches du chamanisme? (Nord-Est sibérien)
Les Tchouktches se divisent traditionnellement en deux groupes en fonction de leur activité économique : une partie vit
de l’élevage de rennes et nomadise dans la toundra selon les besoins du troupeau, tandis que l’autre, sédentarisée dans
les villages du littoral, pratique la chasse aux mammifères marins. Cette dichotomie se reflète dans les pratiques rituelles.
Cette présentation se propose d’effectuer une analyse contrastive entre le chamanisme des Tchouktches chasseurs et
celui des Tchouktches éleveurs, tout en comparant la situation actuelle de l’un et de l’autre.
16. POSTER : LE PORT DU SARI ET LA FEMME INDIENNE: DECODAGE D'UNE APPARENCE ET D'UNE GESTUELLE, PARTICIPATION DANS LA CONSTRUCTION DE LA PERSONNE ET REPRESENTATIONS DU CORPS
Sylvie SANSEAU : doctorante en ethnologie et anthropologie sociale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS) ; travaille sur l'Inde
L'étude part d'une monographie de onze mois dans un village de 1000 habitants, Puru, et dans une petite ville de 20 000 habitants, dans le Chhattisgarh, dans le centre de l'Inde, de 1998 à 2002. Elle vise à décrire et analyser un port de vêtement féminin, le sari, tout en le comparant au vêtement masculin dans un environnement et un contexte définis. L'atelier a pour objectifs: remettre en valeur un thème quelque peu délaissé en ethnologie: le vêtement développer le thème du corps en relation avec le vêtement et la personne présenter une étude sur le vêtement: le sari, drapé porté par la femme indienne, dans une petite ville et un village du Chhattisgarh: Le sari, vêtement drapé porté par la femme indienne, est étudié dans ses pratiques et ses usages, dans un environnement rural et semi-urbain du Chhattisgarh afin de définir et d'analyser des systèmes de représentations du corps et de la personne en Inde. Il s'agit de présenter les divers modes de port recensés au cours du travail de terrain dans le village et la ville, en partant d'un type régional, le sari dit 'chhattisgarhi' jusqu'au sari de type urbain, en passant par les types transitoires et spécifiques. Chaque mode de port est mis en contexte, sur des femmes de caste, génération, statut marital et social divers, dans des activités, des lieux, des moments différents et comparé aux vêtements
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masculins. De là, des critères de reconnaissance, de distinction et d'appartenance de la femme indienne sont dégagés et comparés. L'étude présente la participation du port du sari dans la construction de la personne féminine, dans le temps (cycle de vie, l'année) et l'espace (la maison, les lieux de travail et de culte). Elle insiste sur les rites de passage (puberté, mariage, mort, naissance), les moments de transition (entre les saisons, les mois, les semaines) et les échanges (intérieur, extérieur du foyer), incluant les codes de conduite en matière de pureté et de hiérarchie. Le drapé féminin, comparé à celui ou ceux de l'homme, est présenté tout au long de l'étude comme un espace, comprenant des polarités (haut/bas, devant/dos, droite/gauche) et se situant lui-même dans un espace, orienté par les points cardinaux. La gestuelle attribuée au sari, dans sa mise en place, son maintien et son utilisation est fortement codifiée selon des règles s'intégrant dans les valeurs de la pureté, l'impureté et la hiérarchie, au sein et à l'extérieur de la caste en Inde. Le sari, et de façon plus large, le vêtement, est indépendant du corps et de la personne. Il est appréhendé comme un indicateur non verbal de significations. Décrit dans des contextes familiaux, sociaux et religieux, s'intégrant dans les réseaux d'échanges et de relations, il permet de définir des systèmes de représentations culturels. En second lieu, l'étude présente la participation du port du sari dans la construction de la personne féminine, dans le temps (le cycle de vie et l'année)et l'espace (la maison, les lieux de travail et de culte). Elle insiste sur les rites de passage (puberté, mariage, mort, naissance), les moments de transition (entre les saisons, les mois, les semaines)et les échanges (intérieur, extérieur du foyer), incluant les codes de conduite en matière de pureté et hiérarchie. En dernier lieu, le sari, présenté comme un espace sur le corps de la femme indienne est décrit dans sa mise en place et son maintien, en termes de polarités et de directions. Il est comparé aux vêtements que portent les hommes et à divers éléments (le cordon sacré) et actes (orientations dans les rituels). De là seront dégagées des représentations du corps et leur intégration dans les valeurs culturelles indiennes. Le port du sari est abordé comme un moyen d'échanges, de relations et de communications dans des contextes sociaux et culturels. Il est considéré comme un médiateur, un indicateur non verbal de significations que l'ethnologue décode afin de comprendre le système de relations et de représentations convergentes qui est établi autour de la femme indienne.
17. MEDECINES DE CHINE, MEDECINE D'EUROPE : RENCONTRES, CONFLITS, INFLUENCES CROISEES Coordinateur : Frédéric OBRINGER, chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS),
Centre d'Études sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC, UMR 8561 CNRS/EHESS)
Intervenants : Lucia CANDELISE, Isabelle LANDRY-DERON
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Les connaissances médicales, les conceptions nosologiques, les pratiques diagnostiques et thérapeutiques intriguèrent à des degrés divers les jésuites portugais qui atteignirent le Japon dès le XVIe siècle, puis les jésuites des Missions de Chine et les médecins de la Compagnie des Indes Néerlandaises aux XVIIe et XVIIIe siècles, et enfin les savants et les autres visiteurs de l'Extrême-Orient au XIXe siècle. De ces contacts résultèrent de nombreux textes de présentation des divers aspects de la médecine, textes dont la nature, le statut et l'ampleur varièrent considérablement selon les informateurs et selon l'époque. Parallèlement, un certain nombre d'ouvrages, spécialisés ou plus généraux, furent rédigés en chinois, en premier lieu par les missionnaires, qui exposaient des conceptions occidentales concernant le corps humain et la maladie (XVII-XVIIIe s.) ; des pratiques médicales nouvelles commencèrent également à s'introduire en Chine à partir du XIXe s. La réception en Occident de la « médecine chinoise », comme celle, en Chine, de la vulgate médicale occidentale, furent conditionnées par de multiples facteurs : état du savoir à un moment donné, qui permettait ou non l'intégration de concepts ou de pratiques dans des représentations taxinomiques différentes, problèmes de terminologie et de traduction, statut et objectifs des informateurs et des rédacteurs, forme de la démarche intellectuelle (curiosité, dénonciation...), enjeux pratiques et sociaux. Il s'agira toujours de replacer cette « confrontation » dans le contexte historique, en mettant en lumière les attitudes intellectuelles de résistance, de transformation, d'incompréhension, ou plus simplement de tâtonnement, sans perdre de vue les résonances idéologiques, politiques ou encore marchandes presque toujours sous-jacentes aux discours ou aux actes sur le terrain. Les quelques études de cas présentées par les intervenants permettront, grâce à leur diversité, de proposer quelques jalons pour une archéologie à faire de cette rencontre croisée.
Lucia CANDELISE : Doctorante, Centre d'Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC, UMR
8561, CNRS/EHESS)
L'acupuncture dans les structures publiques de santé
Le propos de notre exposé sera de présenter les résultats du travail de terrain mené en 2003 dans des hôpitaux français
(deux à Paris et deux à Strasbourg) où l'acupuncture est proposée dans les consultations médicales. Depuis une dizaine
d'années cette pratique médicale "hétérodoxe" tend de fait à s'insérer d'une manière capillaire dans les prestations
médicales des hôpitaux français.
Centrée sur la pratique de l'acupuncture en milieu public notre présentation sera caractérisée par une approche
comparative qui mettra en relation les résultats obtenus dans l'étude des situations hospitalières françaises avec ceux
observés dans des situations analogues en Italie.
Grâce aux enquêtes de terrain menées en participant aux consultations et grâce aux entretiens avec les praticiens et les
responsables des centres choisis on montrera la spécificité de chaque consultation. Les quatre exemples nous
permettrons de dévoiler sous quelle forme se concrétise la coexistence de l'acupuncture avec des pratiques médicales
officielles en montrant comment, avec quels objectifs et grâce à quels acteurs l'acupuncture trouve des moyens
d'intégration et d'échanges avec les techniques médicales conventionnelles.
L'étude de ces centres ou structures publics qui accueillent le travail des acupuncteurs nous permettra une description
des situations-types que l'on rencontre de plus en plus fréquemment en France où une médecine sans une véritable
reconnaissance institutionnelle est néanmoins considérée digne d'occuper une place dans un contexte de soin
publiquement reconnu.
Cette analyse nous permettra de dessiner un champ de rencontre culturelle et sociale où les données de deux tradition
médicales cherchent et trouvent une forme de mélange et de compromis dans la pratique qui donne preuve de son
efficacité, et en même temps qui est acceptée par l'institution et demandée par le public. Cela nous conduira à nous
interroger aussi bien sur les motivations passées que sur les aspirations futures rattachées à cet exemple d'échange
culturel.
Notre travail aura donc comme but d'amorcer une série de questions concernant le statut de la médecine chinoise en
Europe, l'attitude des praticiens confrontés aux pathologie courantes liées à la douleur et, plus largement, la confrontation
sur le terrain de la santé de deux systèmes souvent très différents de représentations du corps et de la maladie.
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Isabelle LANDRY-DERON : Post-doctorante associée, Centre d’Etudes sur la Chine moderne et
contemporaine (CECMC)
Les premiers rudiments d’information sur la médecine chinoise en France au XVIIIe siècle
Frédéric Obringer : Chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ; Centre
d'Études sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC, UMR 8561 CNRS/EHESS)
Les lettrés chinois et le cerveau de Galien
Nous aborderons les questions soulevées par l'irruption dans le champ intellectuel chinois de certaines conceptions
occidentales ayant trait à l'anatomie et à la physiologie du corps humain telles qu'elles apparurent dans quelques
ouvrages composés par les missionnaires dans un but apologétique, à un moment correspondant à la transition Ming-
Qing. Nous nous intéresserons tout particulièrement à la réception par des lettrés comme Fang Yizhi ou des médecins
comme Wang Ang ou, plus tardivement, comme Wang Qingren, des développements concernant le système nerveux et
le cerveau, ainsi que le rôle essentiel de celui-ci en tant que siège de la mémoire. C'est ainsi par exemple que quelques
années avant l'arrivée de Fang Yizhi à Pékin (en 1635-1636), Adam Schall von Bell (1592-1666) avait composé un
ouvrage de prosélytisme, le Zhuzhi qunzheng (Preuve que toutes choses sont dirigées par Dieu), traduction chinoise du
De providentia Numinis de Leonard Lessius, paru à Antwerpen en 1613. Ce traité donne quinze arguments (rationes) en
faveur de la divine providence. Or il se trouve que certains passages ayant trait au cerveau sont cités par Fang Yizhi
dans son Wuli xiaoshi, puis repris en partie par d'autres auteurs. Il s'agira de repérer et de tenter de comprendre, en les
replaçant dans un contexte plus large, les attitudes de curiosité ou de résistance suscitées par de telles informations.
18. CONSTITUTION DES ESPACES THERAPEUTIQUES EN ASIE DU SUD-EST. ETAT DES LIEUX, INTER-RELATIONS ENTRE THERAPEUTES, COMPARAISON REGIONALE Coordinatrice : Anne Y. GUILLOU, Docteur en ethnologie, Chargée de recherche ADDRAS, Chargée de cours,
Université de Haute Bretagne (Univ. Rennes II )
Intervenants : Claire CHAUVET, Annick GUENEL, HSIEH Ting-Chih, Jean-François PAPET, Laurent PORDIE Il faut entendre par ‘espaces thérapeutiques’ la coexistence de praticiens différents au sein d'une même unité sociale et territoriale et les relations (concurrence, évitement, collaboration, emprunts mutuels, etc) qu'ils entretiennent; relations structurées par un grand nombre de facteurs (symboliques, historiques, politiques, économiques, sociaux) pour chaque société. De multiples acteurs interviennent en effet dans les espaces thérapeutiques ainsi définis, auprès de publics variés, dans des circonstances diverses et suivant des modalités particulières – autant de variations dans lesquelles on peut repérer, à l'intérieur d'une même société, des similitudes et des différences entre thérapeutes. Ces dernières décennies, la ‘modernisation’ des sociétés traditionnelles et leur ouverture (plus grande) sur les sociétés globales nationales voire internationales, a induit de nombreux changements dans l'organisation des systèmes traditionnels de soins. L'objectif de l'atelier est la mise en commun et la comparaison de matériaux ethnologiques couvrant l'ensemble de l'Asie du Sud-Est, à partir d'un renouvellement des problématiques (dépasser les problématiques ‘symboliques du corps’ et ‘pluralisme médical’), en abordant les thérapeutes dans leur interaction (avec les patients, les autres thérapeutes, les pouvoirs publics), dans leurs pratiques quotidienne et non plus dans leur seule dimension cognitive (car la pratique fonde parfois aussi la connaissance). Cet atelier s'inscrit dans la démarche plus large d'une opération de recherche lancée en octobre 2002, à laquelle une dizaine de chercheurs environ ont répondu jusqu'à présent.
Claire CHAUVET : Doctorante en ethnologie, ATER, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Représentations des maladies et pratiques thérapeutiques de médiums viet (Hà Noi, Viet Nam)
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Parmi les nombreux cultes existant au Viet Nam, le culte des Quatre Palais est caractérisé par la possession de médiums
par des esprits. Sans en constituer l'élément essentiel, une part du culte tourne autour de la maladie. La relation établie
entre les médiums et les entités spirituelles permet ainsi d'énoncer l'existence de certaines maladies et de mettre en
place des pratiques rituelles à visée thérapeutique, qui doivent être envisagées dans leurs interactions avec d'autres
thérapeutes.
Laurent PORDIE : Chercheur allocataire, Institut Français de Pondichéry ; Membre associé, Laboratoire
d'Ecologie Humaine et d'Anthropologie (LEHA), Université de droit, d’économie et des sciences (Univ. Aix-
Marseille III)
Les usages détournés de la propriété intellectuelle: Comprendre la construction sociale et politique de la médecine
tibétaine au Ladakh, Inde
En Inde, le mouvement national contre le biopiratage et les reccherches pharmaceutiques trouvent un écho dans chaque
région du pays, y compris auprès des minorités ethniques (scheduled tribes). Au Ladakh de la même façon, les
protagonistes locaux suivent officiellement les directives nationales mais, en réalité, redéfinissent le sens et les objectifs
de celles-ci afin de servir leurs propres intérêts, tant au niveau local que national. Cette communication explorera de ce
fait les usages politiques et sociaux de la "bioprospection" et des droits de propriété intellectuelle (DPI), en allant au-delà
des aspects juridiques et développementaux qui sont les seuls habituellement traités.
L'ethnographie de plusieurs institutions médicales relevant de la médecine tibétaine montrera comment les individus
utilisent les DPI comme un nouvel objet du champ médical, pour renforcer leur statut social tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur de leur groupe. De plus, les DPI apparaissent comme une tribune pour des revendications identitaires
ethniques et médicales, qui révèlent des stratégies collectives en lien étroit avec le contexte politique global du Ladakh.
Les DPI peuvent potentiellement nourrir les revendications d'autonomie régionales et s'en inspirer. En fin de compte, ces
"manipulateurs" locaux nous aideront à comprendre comment un système médical s'appropprie de nouveaux thèmes et
intègre des arguments rhétoriques venus de l'extérieur dans le but de générer sa propre dynamique sociale et, de ce fait,
de redéfinir son propre espace thérapeutique.
Annick GUENEL : Ingénieur d'Etude, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ; Laboratoire Asie
du Sud-Est et Monde Austronésien, (LASEMA-CNRS)
Transformations des pratiques, évolutions des espaces et des pouvoirs : quelques données sur l'histoire des
thérapeutes traditionnels et de la santé publique en Asie du Sud-Est dans la première moitié du 20 ème siècle
Sans que les systèmes traditionnels de soin en Asie du Sud-Est aient connu un réel déclin au contact de la médecine
occidentale dans la première moitié du 20ème siècle, des transformations dans les pratiques sont assez tôt visibles. Elles
concernent aussi bien les méthodes ou les ‘remèdes’ utilisés que les rapports économiques du thérapeute à la société
dans laquelle il opère... Le Viêt-nam servira d'illustration à ce métissage des pratiques ainsi qu'à l'évolution du statut des
thérapeutes traditionnels. Tout en étant ‘tolérés’ par les pouvoirs coloniaux, ceux-ci sont remis en cause par la nouvelle
élite locale, formée à la médecine occidentale. Néanmoins, avant même la date de l'indépendance, deux facteurs au
moins interviennent pour revaloriser leur rôle : la montée du nationalisme et la direction prise par les organismes
internationaux vers le développement de la médecine rurale.
HSIEH Ting-Chih : Chargée de formation, Association pour la Communication Interculturelle Eurasie (ACIE)
Une explication du Sida par un praticien/acupuncteur chinois ou le Sida sans virus
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Le Sida, c'est l'appellation moderne, à la mode, de l'affection connue depuis fort longtemps en Chine sous le nom
‘d'affection froidure aux reins’, ou encore plus précisément ‘atteinte directe de froidure perverse’. Description du
processus morbide et du rétablissement thérapeutique. (résumé d'un article intitulé ‘le Sida’, écrit par le Père Paul Wang,
Paris, août 2002, traduit par HSIEH Ting-Chih et Jean François PAPET).
Jean-François PAPET : Chargé de formation, Association pour la Communication Interculturelle Eurasie
(ACIE)
Un itinéraire thérapeutique laotien: le cas de S., 55 ans, fonctionnaire au cadastre
S., malade, cherche à ‘résoudre sa maladie’, chez un médecin d'Etat, une médium, un guérisseur herbaliste, une clinique
chinoise pratiquant l'acupuncture, 2 guérisseurs exorcistes, l'hôpital, un médecin vietnamien (extraits de notes de terrain
au Laos, janvier 99).
19. LES PERCEPTIONS DE L'ENVIRONNEMENT CHEZ LES NOMADES ET LES SEDENTAIRES D'ASIE CENTRALE ET ORIENTALE Coordinatrice : Gaëlle LACAZE, Anthropologie aire culturelle turco-mongole (Mongolie-Kazakhstan), Centre
d'Études Mongoles et Sibériennes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE)
Modérateur: Jacques LEGRAND : Professeur de langue et civilisation mongoles, (INALCO-Langues’O).
Intervenants : Alexandra MAROIS, Laurent QUISEFIT, Gregory DELAPLACE, Bertrand GUILLON Les perceptions de l’environnement conditionnent les représentations de l’espace qu’une société construit en l’occupant. Si l’occupation de l’espace est une manifestation sociale, l’expression d’une société donnée, les perceptions qu’elle s’en fait relèvent de catégories, à la fois, culturelles sociales et individuelles. Perceptions de l’environnement, modes d’occupation de l’espace et utilisation des sens du corps constituent donc des perspectives de recherche distinctes, respectivement situées au niveau culturel, social et individuel, mais complémentaires. L’utilisation des sens déterminent les perceptions de l’environnement mais elle n’est pas uniforme et change en fonction de l’utilisation de l’espace d’une société déterminée. Nomades et sédentaires possèdent ainsi des perceptions distinctes d’un même espace, souvent complémentaires mais, parfois aussi, contradictoires. La comparaison des perceptions de l’environnement de peuples différents dans un même écosystème ou de peuples d’une même aire culturelle dans des environnements différents offre donc des thèmes riches à l’analyse transversale de l’anthropologie et de l’archéologie. L’aire de peuplement mongol (Mongolie, Sibérie méridionale, Chine septentrionale) accueille des populations, à la fois, turques et mongoles, nomades et sédentaires, chasseurs, pasteurs et agriculteurs. Russifiées, mongolisées ou sinisées, ces populations turco-mongoles sont souvent voisines, mutuellement acculturées et locutrices de toutes les langues locales. Cette perspective de recherche comparative et transversale reste localisée dans une aire géographique suffisamment homogène pour permettre une réelle exhaustivité de la démarche.
Laurent QUISEFIT : Doctorant en Etudes de l’Extrême-Orient, spécialisation Corée, Université Denis Diderot
(Univ. Paris VII) ; Ancien élève des langues orientales, diplômé de coréen et de mongol
Nomades et sédentaires : considérations culturelles sur les campagnes mongoles en Corée
Les campagnes mongoles en Corée ont d’une manière générale, dans l‘historiographie internationale, été sacrifiées au
profit d’autres théâtres d’opérations, plus prestigieux, tels que la campagne contre la Chine du Nord, la campagne de
Transoxiane (1220-1221) ou les campagnes d’Europe et du Proche-Orient.
Souvent ignorée, délaissée au profit des invasions de la Chine, du Moyen-Orient et de Russie, la Corée apparent trop
souvent comme un théâtre d’opérations périphérique, et par là même, anecdotique, alors qu’elle offre de nombreux traits
originaux par rapport aux autres campagnes mongoles que nous connaissons, et offre, par là-même, de nouveaux angles
d’interprétation.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.47
La Corée a réussi à résister aux Mongols durant plus de quarante ans et malgré sa soumission totale en 1259, la
pacification complète n'intervint pas avant 1274. Les Mongols n'occupèrent jamais totalement la Corée, mais se
contentèrent, après 1232, d'opérer des raids destructeurs destinés principalement à faire pression sur le gouvernement
qui s'était réfugié sur l'île de Kanghwa, à l'ouest de Séoul.
A la fin de la période, les Mongols s’adapteront, et opéreront des débarquement dans plusieurs îles pour menacer les
refuges insulaires.
Mon propos est ici de restituer le mécanisme qui conduit à la guerre, et surtout, de réfléchir sur les conditions mêmes
dans lesquelles s’inscrivent ces campagnes, en tentant d’évacuer tout le référentiel sentimental qui transparaît aussi bien
dans les chroniques médiévales coréennes que dans les études historiques plus récentes.
Dans cette optique, je souhaite confronter différents aspects culturels coréens et mongols, afin de trouver de nouvelles
clefs d’explication.
Alexandra MAROIS : Doctorante, Laboratoire d’Ethnologie et Sociologie comparative, Université de Nanterre
(Univ. Paris X), Aire culturelle sino-mongole (RAMI)
Perception et gestion de l'espace domestique chez les éleveurs nomades de Mongolie Intérieure à travers le passage
de la yourte au bâtiment en dur
L'adoption d'une forme d'habitat fixe en contexte de steppe auprès de groupes d'éleveurs mobiles pose un ensemble de
questions quant aux transformations que subissent les modes d'habiter de groupes caractéristiques pour leur nomadisme
et leur utilisation de la tente mobile. Il apparait qu'à défaut d'une sédentarisation présupposée, les manières qu'ont les
éleveurs mobiles d'investir l'habitat en dur présentent des particularités disctinctives permettant de mettre en évidence
certains fondements de leur rapport à l'espace, imprégné d'une nécéssité de mouvement et de flexibilité. A travers l'étude
du rapport à l'espace domestique et environnant, des modes de protection sensitifs et matériels de soi et de ses biens
précieux, nous montrerons comment des principes fondamentaux perdurent, mutent et s'adaptent au changements
contemporains.
Gaëlle LACAZE, Anthropologie aire culturelle turco-mongole (Mongolie-Kazakhstan), Centre d'Études
Mongoles et Sibériennes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE)
Les perceptions de l’environnement : comparaison nomades-sédentaires
L’étude transversale et comparée de dessins d’enfant, de la proxémie et des sens corporels utilisés dans les conceptions
de l’environnement révèlent des différences fondamentales entre les Mongols orientaux, nomades, et les populations
turco-mongoles de la Mongolie occidentale, sédentarisés, transhumants ou migrants. Ces différentes modalités
d’utilisation et de construction de l’espace renvoient à des perceptions de l’environnement distinctes. L’analyse
comparative de la proxémie des Mongols et des Kazakhs, des nomades et des transhumants, des pasteurs et des
citadins, permet de poser l’hypothèse d’une diminution de la place de l’odorat et de l’ouïe au profit de la vue. La notion de
déplacement, l’orientation relative ou absolue du corps dans l’espace changent également en fonction des contextes. Il
s’agira alors d’analyser l’utilisation cognitive des sens en fonction de l’occupation de l’espace et de la proxémie d’un
groupe donné.
Grégory DELAPLACE : Doctorant, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE)
Le crapaud, les tortues et les canards (Sur la pratique du fengshui à Ulaanbaatar)
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Et Bertrand GUILLON : doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), spécialisé sur
l’ésotérisme chinois.
Le Feng Shui mongol ou le new-âge des nomades sédentarisés
Depuis peu un centre de Feng shui vient d’ouvrir ses portes à Ulaanbaatar. Contre toute attente, il déchaîne passion et
engouement ; la queue est longue et les heures d’attente ne découragent pas les citadins venus pour rendre propices les
augures de voyages d’affaires, d’entreprises et de constructions diverses. Or, malgré la proximité avec la Chine, le Feng
shui introduit en Mongolie est une version new-âge d’origine anglo-saxonne. Les principes et les pratiques du Feng shui
utilisé en Mongolie révèlent, cependant, une représentation déterminée du monde environnant : celle des citadins
mongols et des « Nouveaux riches ». Ils témoignent de processus de sédentarisation aboutis et de mouvements
d’acculturation en cours chez les Mongols. La sinisation relative des Mongols pourrait ainsi permettre l’émergence de
quelques éléments originaux par rapport au new-âge occidentalisé qui a été importé. En ce sens, principes et pratiques
du new-âge mongol caractériseraient une vision moderne et post-socialiste des rapports aux mondes, à la fois, social et
naturel, de peuples de tradition nomade sédentarisés.
VI- Politique et religion 20. LIENS ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX : A&B
A : VERS LE LIEN SYMBIOTIQUE ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX Coordinateurs :
Yannick BRUNETON, Post-doctorant, Laboratoire d’Etudes Coréennes
Nathalie LUCA, Chargée de recherche, Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux, membre associée
du Laboratoire d’Etudes Coréennes
Intervenants : Evelyne CHEREL-RIQUIER, Arnaud BROTONS, Nathalie KOUAME, Jean-Pierre BERTHON
Comment, à l’intérieur de la société, le politique et le religieux se construisent-ils mutuellement ? Historiens, sociologues et anthropologues, spécialistes de la Chine, de la Corée du sud ou du Japon, les participants des deux panels proposés ci-dessous ont en commun de s’intéresser aux types de liens existant entre le religieux et le politique. Il leur a semblé possible d’en déterminer quatre (d’ordre idéal-typique) susceptibles de concerner leur terrain : le lien symbiotique, où l’Etat et sa religion semblent indissociables ; le lien hiérarchique, lorsque l’Etat se place autoritairement au dessus de la (des) religion(s) et régule celle(s)-ci ; le lien d’autonomie réciproque, lorsque la religion apparaît comme un interlocuteur parmi d’autres de l’Etat ; et le lien d’exclusion, quand l’Etat tente de repousser l’influence des religions dans la stricte sphère privée. La détermination de ces quatre types de lien – toujours relatifs dans les faits - pose la question de la régulation institutionnelle : quelles sont les conditions de l’acceptation politique de la visibilité sociale du religieux (suppose-t-elle sa participation au système politique dominant ? Jusqu’à quel point le religieux peut-il faire entendre une voix politique discordante ?) ; et quels sont les modes de reconnaissance de cette visibilité (procédures administrative, éducative, juridique ou autres qui créent éventuellement un lien économique entre l’Etat et l’institution religieuse). C’est selon la spécificité tant du terrain que des outils conceptuels de chacun que les participants situeront leur objet dans cette problématique. Il est d’ores et déjà apparu qu’ils pouvaient se diviser en deux groupes : le premier constatant plutôt des liens, certes mouvants, mais s’orientant vers le type symbiotique ; le second traitant au contraire de situations également évolutives, mais se rapprochant davantage du lien d’exclusion. C’est donc séparés en deux panels distincts mais extrêmement complémentaires que les participants se demanderont : Comment, à l’intérieur de la société, le politique et le religieux se construisent-ils mutuellement ?
Yannick BRUNETON : Post-doctorant, Laboratoire d’Etudes Coréennes ; boursier, Centre National de le
Recherche Scientifique (CNRS)
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.49
Apports du bouddhisme dans la construction de l'État de Koryò (918-1392) : les institutions hors code
Dans la Corée médiévale (Xe-XIVe siècles), au cours de la dynastie de Koryò (918-1392), État et bouddhisme ont
interagi dans le cadre d'une administration de type confucéen organisée sur le modèle chinois des Tang. Le statut de
religion d'État du bouddhisme et le rôle socio-politique joué par le clergé monastique expliquent la mise en place
d'organismes spécifiques hors code : trésors inépuisables po, conseils temporaires togam, offices saek... Ces institutions,
qui tiraient vraisemblament leur origine des pratiques de la dynastie précédente de Silla, se caractérisaient par la
collégialité de leurs membres et associaient moines et fonctionnaires séculiers.
Evelyne CHEREL-RIQUIER : Maître de conférences, Université de la Rochelle ; membre associé du
Laboratoire d’Etudes Coréennes (CNRS - ESA 8033), Jeune Equipe SEAMAN (ULR - CNRS)
Les Eglises chrétiennes et l'Etat en Corée du Sud (1945-1950) : naissance d'un lien de type symbiotique
s’interrogera sur la collaboration entre l’Eglise catholique coréenne et le pouvoir politique dans la construction de l’Etat
sud-coréen (1945-1948). En cette période, le politique entre dans une période de bouleversements et de profondes
interrogations, devant assumer la mise en place d’une structure étatique succédant au système colonial japonais. Elle
cherchera les modalités qui ont conduit l’institution catholique coréenne à s’allier avec certaines forces politiques afin de
devenir l’une des forces fondatrices de la République de Corée.
Arnaud BROTONS : ATER, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Les pèlerinages impériaux à Kumano à la lumière de la théorie de l’interdépendance de la Loi royale et de la Loi
bouddhique au Japon
réfléchira sur la place des pèlerinages lointains des empereurs après leur abdication, dans la tentative de reconstruction
du pouvoir impérial. Ces pèlerinages apparaissent en effet comme un des aspects majeurs de la vie politique et
religieuse au Japon entre la fin du XIe siècle et le XIIIe siècle.
Nathalie KOUAME : Maître de conférences, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
L’état des Tokugawa et la religion, entre intransigeance et tolérance (XVIIe-XIXe siècle)
constate pour sa part que, pendant toute la période de leur installation au pouvoir, au XVIIe siècle, les shôgun du clan
Tokugawa ont mené une active politique religieuse à l’échelle de l’archipel tout entier. A la même époque, quelques
seigneurs féodaux du Japon ont également engagé des réformes religieuses dans leur fief. Elle se demandera donc
jusqu’où les uns et les autres ont voulu ou ont pu intervenir dans la vie religieuse des Japonais.
Jean-Pierre BERTHON : Chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre
de Recherche sur le Japon (CRJ)
Les nouvelles religions sous l‘État impérial japonais : résistance et adaptation
Après le processus de « shintoïsation » de la religion qui se met en place à partir de la Restauration de Meiji (1868) sous
l’influence du shintô d’État, les conflits se multiplient entre l’Etat et les divers mouvements religieux existants. La place
que ces mouvements occupent et les stratégies qu’ils élaborent pour continuer à se développer au cours de cette
période, montrent à la fois, le dynamisme de ce nouveau courant religieux, mais aussi les compromis nécessaires à son
maintien. Résistances et processus adaptatifs, face à l’idéologie impériale, sont les deux principales tendances à partir
desquelles s’appuiera notre réflexion.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.50
21. LIENS ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX : A&B
B : VERS UN LIEN D’EXCLUSION ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX Coordinatrice : Nathalie LUCA, Chargée de recherche, Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux,
membre associée du Laboratoire d’Etudes Coréennes
Intervenants : Fabienne DUTEIL-OGATA, Vincent GOOSSAERT, Jérémy JAMMES, Charles MACODNALD Comment, à l’intérieur de la société, le politique et le religieux se construisent-ils mutuellement ? Historiens, sociologues et anthropologues, spécialistes de la Chine, de la Corée du sud ou du Japon, les participants des deux panels proposés ci-dessous ont en commun de s’intéresser aux types de liens existant entre le religieux et le politique. Il leur a semblé possible d’en déterminer quatre (d’ordre idéal-typique) susceptibles de concerner leur terrain : le lien symbiotique, où l’Etat et sa religion semblent indissociables ; le lien hiérarchique, lorsque l’Etat se place autoritairement au dessus de la (des) religion(s) et régule celle(s)-ci ; le lien d’autonomie réciproque, lorsque la religion apparaît comme un interlocuteur parmi d’autres de l’Etat ; et le lien d’exclusion, quand l’Etat tente de repousser l’influence des religions dans la stricte sphère privée. La détermination de ces quatre types de lien – toujours relatifs dans les faits - pose la question de la régulation institutionnelle : quelles sont les conditions de l’acceptation politique de la visibilité sociale du religieux (suppose-t-elle sa participation au système politique dominant ? Jusqu’à quel point le religieux peut-il faire entendre une voix politique discordante ?) ; et quels sont les modes de reconnaissance de cette visibilité (procédures administrative, éducative, juridique ou autres qui créent éventuellement un lien économique entre l’Etat et l’institution religieuse). C’est selon la spécificité tant du terrain que des outils conceptuels de chacun que les participants situeront leur objet dans cette problématique. Il est d’ores et déjà apparu qu’ils pouvaient se diviser en deux groupes : le premier constatant plutôt des liens, certes mouvants, mais s’orientant vers le type symbiotique ; le second traitant au contraire de situations également évolutives, mais se rapprochant davantage du lien d’exclusion. C’est donc séparés en deux panels distincts mais extrêmement complémentaires que les participants se demanderont : Comment, à l’intérieur de la société, le politique et le religieux se construisent-ils mutuellement ?
Charles MACDONALD : Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Maison
de l'Asie et du Pacifique (UMS-MAP)
Polythéisme et messianisme en Asie : le cas du christianisme aux Philippines
Dans une première partie de cette communication, je m’interrogerai sur la nature du christianisme dans cet archipel, en
tant que religion populaire. Je montrerai qu’il s’agit fondamentalement d’un polythéisme et j’en tirerai les conclusions qui
s’imposent. L’une d’elles est que les cultes populaires ne sont pas en rupture idéologique aussi complète qu’on le pensait
par rapport aux anciennes représentations sur lesquelles se fondaient des pratiques chamaniques et médiumniques.
Il a été démontré d’autre part que les mouvements populaires de révolte et de contestation politique étaient d’origine
chrétienne et s’inspiraient du texte de la Passion (Ileto). Mais dans ce domaine la nature polythéiste ou les antécédents
préhispaniques de la religion sont-ils déterminants ? En quoi le christianisme est-il responsable des soulèvements
populaires en Asie ? Pour répondre à cette question, je comparerai brièvement des mouvements messianiques aux
Philippines (et la Révolution de 1896 en fut un) à des phénomènes de même nature ailleurs en Asie, particulièrement la
rébellion de Shimabara, au Japon en 1638, menée par le « Messie » Amakusa Shiro.
Jérémy JAMMES : Doctorant, Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie comparative, Université de Nanterre
(Univ. Paris X)
Cao Dai Tay Ninh - Nationalisme culturel et religion nationale
Je propose ici de m’arrêter sur la religion vietnamienne Cao Dai, et notamment sur son premier Saint Siège historique
(dans la province de Tay Ninh, au Sud du Vietnam). J’entamerai une réflexion sur les rapports de celui-ci depuis le début
du siècle avec les différents gouvernements en place (français, japonais, communiste). Cette intervention tentera de
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cerner les différentes stratégies d’action (ou de réaction), politiques et religieuses, mises en œuvre par cette communauté
caodaïste depuis ses origines.
Vincent GOOSSAERT : Chargé de recherche, Groupe de Sociologie de la Religion et de la Laïcité
Religion et Etat en Chine au 20e siecle: Separation, controle et reinvention
constate pour sa part que le rapport Etat-Religion en Chine est totalement reconstruit au cours des premières années du
XXe siècle, puisque l’Empire qui se donnait un fondement religieux est renversé par une République qui se veut laïque ;
la gestion législative et politique des institutions religieuses est alors réinventée. L’entreprise de destruction de la religion
chinoise, perçue par les élites politiques comme un obstacle à la modernité, avait en fait commencé dès avant la
révolution républicaine ; en même temps et sous l’influence occidentale, la notion de « religion » se forme, et la Chine
cherche si elle a une religion, et laquelle. Confucianisme, bouddhisme et taoïsme cherchent à s’ériger en religion
autonome sur les décombres de la religion chinoise. La période 1890-1930 en Chine apparaît donc non seulement
comme un immense bouleversement mais aussi comme un laboratoire ou toutes les formes de relations Etat-religion sont
mises à l’épreuve.
Fabienne DUTEIL-OGATA : Post-doctorante en ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Dispositifs législatifs actuels portant sur la religion et réalité sociale : étude de cas : la vie religieuse d'un quartier de
Tôkyô
Depuis 1946, la Constitution japonaise garantie la liberté religieuse et la séparation de l'État et de la religion. De même, la
loi de 1951 sur les personnes juridiques religieuses régule de nos jours les organisations religieuses. Comment
actuellement ces dispositifs législatifs sont-ils concrètement appliqués dans un quartier de Tôkyô? Pourquoi existe-t-il un
décalage entre cette législation et les pratiques des différents acteurs locaux impliqués dans la vie religieuse du quartier
(mairie, association de voisinage, association des fidèles du sanctuaire shintô, associations des paroissiens des
monastères bouddhiques et résidents du quartier)?
Nathalie LUCA : Chargée de recherche, Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux ; membre
associé du Laboratoire d’Etudes Coréennes
Religion et Etat en Chine au 20e siècle: Séparation, contrôle et réinvention
fera une étude comparative des motifs d’hostilité et des types de réactions des Etats chinois, japonais et coréen
confrontés à certains groupes qu’ils jugent en contradiction avec les valeurs de la société. Elle s’arrêtera notamment sur
l’exemple du Falungong en Chine, sur celui d’Aum Shinrikiô, au Japon, et sur la différence de traitement que l’Etat
accorde, en Corée du Sud, aux groupes protestants intramondains et extramondains. Elle s’interrogera donc sur ce
qu’est, pour les trois Etats, un religieux inacceptable.
22. APPROCHE POLITIQUE COMPAREE DES CULTES AUX DIEUX DU SOL DANS L’AIRE SINO-INDIENNE Coordinateur : Grégoire SCHLEMMER, Doctorant en ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Intervenants : Vanina BOUTE, Stéphane GROS, Emma GUEGAN, Raphaël ROUSSELEAU Ce panel consistera en la présentation des cultes communément appelés ‘aux dieux du sol’ en marge des formations étatiques des mondes indien et sud-est asiatique. Cette approche trans-frontalière veut poser une identité commune des minorités ethniques, quelque soit leur famille linguistique, qui tient justement à leur
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statut ‘d’habitants des marges’. En dépit des importantes différences culturelles, cette position d’inféodalisation à des entités politiques plus puissantes force l’ensemble de ces groupes à se poser et à s’opposer, bref à se définir par rapport à cette ‘prise en tenaille’ des civilisations étatiques rizicoles des plaines à ‘grandes religions’. Dans une telle perspective, l’approche des cultes aux dieux du sol est particulièrement féconde. Parce qu’ils mettent en jeu un rapport au territoire, source de subsistance des groupes, ils sont le lieu de cristallisation de nombreux enjeux imbriqués : celui de la définition et de la légitimation de ce territoire, mais aussi des instances, temporelles et spirituelles qui en sont les maîtres et les gestionnaires. On essayera donc d’analyser en détail l’articulation de ces cultes, tant avec la question du foncier qu’avec le pouvoir politique, interne au groupe ou englobant ces populations, qui se présentent alors souvent comme ‘autochtones’. Les travaux se baseront sur des études menée en Inde, Népal, Chine, Thaïlande et Laos.
Raphaël ROUSSELEAU : Doctorant en anthropologie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(EHESS)
Les Joria Poraja (Orissa, Inde) ont-ils une déesse-terre? Hundi devata entre le village et le royaume
Cet article s'intéresse au culte d'une divinité généralement représentée par une pierre ou un petit monticule de terre,
hundi devata, qui est honorée notamment dans les villages d'une communauté agricole du Sud de l'Orissa, les Joria
Poraja (Scheduled Tribe). Cette divinité était généralement qualifiée de 'déesse-terre' et/ou 'déesse de village' par les
anciens ethnologues. L'étude des rituels de fondation et l'examen de la fête printanière de Chaitra révèlent une entité
plus complexe, reflétant la situation politique et culturelle des Joria Poraja, combinant règles ancestrales et valeurs pan-
hindoues.
Grégoire SCHLEMMER : Doctorant en ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Ancêtres du lieu, alliés de la forêt et pouvoir politique : les cultes aux dieux du sol chez les Kulung, Népal
Les cultes au territoire des Kulung Rai des collines du Népal oriental, longtemps restés en marge de la centralisation
étatique, offrent une configuration originale. Alors que partout au Népal, ce culte est lié au chef de clan défricheur et/ou
aux chefs de village délégués du pouvoir royal, chez les Kulung, cette fonction reste ouverte à tous. Le représentant du
culte est en effet tiré au sort parmi des anciens représentant l’ensemble des clans du village. On peut lire, derrière ce
système d’élection original, la permanence d’un système politico-religieux ancien à tendance acéphale. Ce phénomène
n’est pas anodin quand on connaît les enjeux politiques et identitaires qui se joue au travers de ces cultes au Népal. On
examinera en détail le fonctionnement de ce culte, que l’on mettra en parallèle avec un autre culte, qui lui légitime
individuellement la relation à un être aquatique fondateur de la tribu, et l’on présentera quelques autres exemples de
culte chez des populations voisines, de sorte à en montrer les modalités de variations.
Stéphane GROS : Doctorant en ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Sacrifice et culte aux montagnes. Espaces et principes du politique dans les marches tibétanisées du Yunnan (Chine)
L’exposé prendra comme point de départ l’analyse de deux pratiques rituelles, le sacrifice de bovin et le culte aux
montagnes, telles qu’elles coexistaient autrefois chez les tibéto-birmans Drung. Nous questionnerons alors les liens entre
ces deux pratiques, leurs implications politiques respectives. Si dans le sacrifice se dessinait un enjeu de prestige qui
semble être au fondement du principe politique qui prévalait au sein de cette société et dans ses rapports avec les
sociétés voisines, le culte aux montagnes ne semble avoir de son côté aucune implication politique. Cependant, sa
réalisation implique une délimitation symbolique des limites du territoire, territoire qui correspond à l’extension
géographique de ce culte et concorde avec l’ancien espace politique qui prévalait dans la vallée du temps où les Drung
versaient un tribut à des chefs Tibétains considérés comme maîtres du lieu. Nous nous interrogerons alors sur l’éventuel
rapport entre le culte aux montagnes et la relation politique qui liait les Drung à ces chefs Tibétains.
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Emma GUEGAN : Doctorante en Ethnologie, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Spécificités et implications rituelles de la relation entre autochtones et esprits du sol (Thaïlande)
Les populations austro-asiatiques sont généralement reconnues par leurs voisins, notamment de langue tai, comme étant
les autochtones de la région. De ce fait, un lien particulier les unissant aux esprits du sol leur est attribué. Nous tâcherons
de spécifier la nature de ce type de relation à travers l’étude de groupes austro-asiatiques (T'in et Khmu') et de leurs
voisins Tai dans la province de Nan. On verra que cette relation authochtone/dominant s’exprime avant tout à travers des
coopérations rituelles. Lorsque la province de Nan était encore une principauté tai, des représentants des autochtones
étaient sollicités pour mener des rituels à la cour. Actuellement, il est fréquent que des villageois ou des villages d'autres
ethnies, dont des Tai, fassent appel aux services d'un spécialiste religieux austro-asiatique afin qu'il rende un culte aux
esprits du territoire. Nous présenterons ces différents types de coopération rituelles interethniques pour tenter de mieux
saisir les modes de relations unissant les autochtones et les Tai par le biais de la relation entretenue par les deux aux
esprits du sol.
Vanina BOUTE : Doctorante en ethnologie, Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde Austronésien
(LASEMA), Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Centralisation politique et cadastrage foncier : tribulations d’un culte aux divinités du sol dans le Nord Laos
Partant du constat que les transformations du système religieux phounoy sont indissociables de l’évolution des rapports
que ces montagnards ont entretenus avec la société globale, nous analyserons les différentes étapes du processus de
transformation du culte aux divinités du sol Phounoy, en relation avec les changements politiques, administratifs et
fonciers des pouvoirs dominants (Tai lü, royaume de Luang Prabang, puis Etat lao). Le processus d’évolution de ce culte
révèle une volonté des Phounoy de se démarquer des autres groupes montagnards de la région et d’asseoir une position
de ‘dominants parmi les dominés’. Cependant, contrairement à ce qui a été observé pour d’autres sociétés dans un
contexte identique, la centralisation politique ne s’est pas doublée d’un processus de centralisation des cultes et l’on
assiste au contraire à un éclatement des fonctions religieuses. Nous essayerons de comprendre ce phénomène en le
mettant en parallèle avec la parcellisation des terres et la segmentation des clans en petites unités exogames.
VII - Tensions internationales et équilibres régionaux 23. LA QUESTION DES FRONTIERES Coordinateur : Jean-Luc RACINE, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS),
Membre du Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(EHESS) et Responsable du Programme international d'études avancées, Maison des Sciences de l’Homme
Intervenants : Sébastien COLIN, Nathalie FAU, Florence TOIX, Laurence HENRY
Discutant: Michel BRUNEAU, Directeur de recherche au CNRS
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L’atelier s’est donné un triple but. En premier lieu, aborder la question des frontières en Asie de façon à offrir quelques cas représentatifs d’une typologie que l’on sait très diverse : frontières effectives, frontières contestées, frontières amenuisées par les dynamiques de coopération régionalse, espaces transfrontaliers, zones grises frontalières où les autorités étatiques de tutelle n'opèrent pas un plein contrôle, etc... On espère ainsi enrichir une réflexion théorique sur le concept de la frontière, susceptible d'éclairer la dialectique actuelle entre Etats nations, réseaux transfrontaliers et mondialisation. En second lieu, l’atelier a voulu regrouper dans une même session des études sortant du cadre sub-régional fréquemment privilégié, spécialisation oblige, pour aborder au contraire, dans un esprit trans-asiatique, aussi bien l’Asie du Nord-Est (frontière Chine-Corée du Nord, Mer de Chine du Nord), l’Asie du Sud-Est (lesdynamiques transfrontalières dans le détroit de Malacca) que l’Asie du Sud (la frontière Pakistan-Afghanistan. Enfin, l’atelier a voulu privilégier les jeunes chercheurs, doctorants à divers stades de leur thèse, tant pour faire connaître de nouveaux thèmes d’études que pour donner à ces jeunes chercheurs, encadrés par l’organisateur et soumis à la critique de l’invité, l’opportunité de s’exprimer devant un large public divers : l’auditoire de l’atelier (une quarantaine de personnes), comprenait aussi bien de jeunes chercheurs et des universitaires confirmés que des experts, des diplomates, des journalistes.
Nathalie FAU : Doctorante, Université de Nanterre (Univ. Paris X) ; détachée au Laboratoire d’Asie du
Sud-est et du monde Austronésien (LASEMA UPR 297 du CNRS)
Les espaces transfrontaliers dans le détroit de Malacca
Le détroit de Malacca est l'une des routes maritimes les plus fréquentées et les plus stratégiques du monde. Il est la
principale voie maritime entre l’Océan Indien et la Chine. Le détroit de Malacca est non seulement la route la plus courte
entre le golfe persique et l’Asie Orientale mais il est également une mer intérieure entre Sumatra (Indonésie) et la
péninsule malaise et Singapour. La mise en application du régime de passage en transit défini par la Conférence des
Nations Unies de 1982 impose aux états riverains de coopérer afin de prendre en charge la sécurité de la navigation
dans le détroit et de préserver l’environnement maritime. D’autres formes de coopération existent cependant. En dépit de
la frontière, les deux rives du détroit ont toujours maintenu des flux intenses : ressources naturelles, capitaux, migrants,
légaux ou non et contrebande. Le détroit de Malacca est également divisé en deux « triangles de croissance », des
zones infra-régionales de coopération qui n’intègrent pas la totalité des territoires nationaux, mais des régions limitrophes
disposant de capacités et de ressources complémentaires. Le premier triangle de croissance, qui a pris un essor rapide
au début des années 1990, réunit Singapour, Johore (Malaisie) et Riau (Indonésie). Le second, développé plus
tardivement et dénommé le triangle de croissance nord, relie le nord de Sumatra à Penang/Kedah/Perlis/Perak (Malaisie)
et le sud de la Thailande. Cette contribution examine ces coopérations transfrontalières et les différents flux unissant les
deux rives et évalue le rôle du détroit de Malacca dans la formation d’une région transnationale.
Articles déjà publiés ou en cours de publication sur le thème de la frontière :
FAU N. et NUR Y. (1998) : “ Le pari des triangles de croissance SIJORI et IMT-GT ”, Hérodote, n°88, pp. 124-140.
1999 :“ Le triangle nord (Indonesie-Malaisie-Thaïlande): quelle réalité ? ” Actes du Colloque d’Arras sur les Méditerranées
dans le monde, pp. 135-149.
FAU N., 1999. “ Hong Kong et Singapour, des métropoles transfrontalières ”, Espaces Géographiques, n° 3 : 241-255.
FAU N. (2000) : “ D'une rive à l'autre : les migrations entre l'Indonésie et la Malaisie dans le détroit de Malacca ”, Revue
Européenne de Migrations Internationales, Vol. 16, n° 1, pp. 151-183.
2002 : conseiller scientifique pour un reportage sur “ la frontière entre Hong Kong et la Chine méridionale ” au CNDP,
série “ Frontières ”.
2002/2003 : “ Enjeux et organisations spatiales du détroit de Malacca”, publication du groupe NORAO (Nouvelles
Organisations Régionales en Asie Orientale) sous les directions de CH. Taillard et Ph. Pelletier.
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2002/2003 : “ Etre Malais de part et d’autre du détroit de Malacca ”, publication dans un ouvrage collectif placé sous la
direction de Bénédicte BRAC DE LA PERRIERE, Yves GOUDINEAU et Michel PICARD sur “ Identité, ethnicité, religion et
intégration nationale ”
Sébastien COLIN : doctorant en géopolitique, Institut Français de Géopolitique, Université Paris VIII
Ouvertures et coopérations frontalières en Chine du Nord-Est : état des lieux, enjeux et perspectives
Sujet de thèse de doctorat : La politique frontalière chinoise en Asie du Nord-Est : géopolitique et coopération
économique au carrefour Chine, Corée du Nord et Russie d'Extrême-Orient.
La frontière entre la Chine et la Corée est une des plus anciennes frontières d'Asie. Les deux pays ont très tôt considéré
les fleuves Yalu et Tumen comme leur frontière commune, même s'ils n'ont, au début, jamais trouvé utile de la délimiter
formellement. Il faut attendre les tensions géopolitiques des années 1950 (guerre de Corée, rupture sino-soviétique, etc.)
pour que les deux Etats, qui sont alors la République populaire de Chine et la République Populaire Démocratique de
Corée (ou Corée du Nord), décident de renégocier le tracé de leur frontière. Après de multiples négociations, le traité
concernant la délimitation frontalière est finalement signé en 1962. D'autres traités annexes sont ensuite signés durant
les années 1960 et 1970.
Suite à ces signatures, la frontière entre la Chine et la Corée du Nord se ferme complètement. Seul le doublet frontalier
Dandong-Sinuiju, situé à l'extrémité sud de la frontière, est ouvert aux flux officiels (commerce, visites officielles, etc.).
La situation change au début des années 1990, lorsque les autorités chinoises et nord-coréennes se lancent dans une
politique d'ouverture de leur frontière. Ces politiques provoquent l'apparition de nouvelles dynamiques frontalières
caractérisées par la connexion des réseaux de transports, la renaissance du commerce frontalier – qu’il soit légal, illégal,
officiel ou informel -, et l'accroissement des flux de personnes. Malgré leur faiblesse, en raison notamment de la situation
économique désastreuse dans laquelle se trouve la Corée du Nord et de son imprévisible comportement politique, ces
nouvelles dynamiques n'en sont pas moins intéressantes à étudier dans la mesure où elles permettent de présenter les
politiques frontalières des deux Etats.
Cette communication présentera la frontière entre la Chine et la Corée d'un point de vue géographique, bien sûr, mais
aussi historique et géopolitique.
Dans un premier temps, une analyse géohistorique du tracé, décrivant l'évolution du tracé et la délimitation de la
frontière, sera effectuée. Elle permettra de se faire une première idée sur les politiques frontalières d'alors des deux Etats
et de présenter les caractéristiques historiques et géographiques de la frontière.
Un second point sera consacré à une analyse géographique présente du tracé dans laquelle les politiques d'ouverture de
la frontière sino-coréenne et les nouvelles dynamiques qu'elles provoquent seront étudiées. Cette analyse permettra de
présenter une géographie précise de la frontière et de localiser deux grands sous ensembles transfrontaliers, l'un
organisé autour du fleuve Tumen, au nord, l'autre autour du fleuve Yalu, au sud, où la structure et l’intensité des flux
frontaliers diffèrent. Cette division de la frontière en deux sous-ensembles trouve sa cause dans les politiques des deux
Etats. En effet, dotés de caractéristiques géographiques et historiques différentes, (lesquelles auront été étudiées dans le
premier point), les sous-ensembles transfrontaliers du Tumen et du Yalu ne posent pas les mêmes enjeux géopolitiques
aux deux gouvernements, qui ne leur accordent donc pas les mêmes politiques.
Ces différents enjeux seront étudiés dans une analyse géopolitique de la frontière. Ils sont tout à la fois des enjeux
géopolitiques internes aux deux Etats et des enjeux géopolitiques externes, qui les touchent au premier chef, comme la
question de la réunification coréenne. Ainsi, cette analyse géopolitique reviendra à s'interroger sur la place et le rôle de
l'ouverture de la frontière entre la Chine et la Corée du Nord dans le processus de la réunification de la péninsule.
Articles déjà publiés ou en cours de publication :
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.56
Articles déjà publiés :
COLIN Sébastien (2000) : ‘Ambitieuse tentative de coopération en Asie du Nord-Est : la zone de développement
économique du fleuve Tumen’, Hérodote, n° 97, deuxième trimestre, pp. 88-106.
(2002) : ‘Confins sino-russes’, in Asies nouvelles, sous la direction de M. Foucher, Paris, Belin, pp. 331-335.
À paraître :
(2003) : ‘Difficile coopération régionale en Asie orientale : progrès, problèmes et enjeux du programme Tumen’, in
Nouvelles organisations régionales en Asie orientale, sous les directions de Ch. Taillard et Ph. Pelletier, Paris, CNRS
Éditions, vol. 2.
(2003) : ‘Géopolitique d'une région frontalière en Chine du Nord-Est : la préfecture autonome des Coréens de Yanbian’, à
paraître dans la revue Perspectives chinoises.
(2003) : ‘Coopérations frontalières entre la Chine et la Russie’, à paraître dans Les études du CERI.
Florence TOIX : Doctorante en géopolitique, Institut Français de Géopolitique, Université Paris VIII
Territoire, Nation et Djihad. La frontière afghano-pakistanaise
De la Chine à l’Iran, la très poreuse et montagneuse frontière afghano-pakistanaise, longue de 2432 Km, constitue l’une
des frontières internationales issues du processus de colonisation. La présence d’une zone tribale semi autonome
(Agences Tribales sous Administration Fédérale, FATA), bordant la frontière côté pakistanais, demeure plus que jamais
un legs colonial problématique. Dans la période post-coloniale, marquée par la création du Pakistan en 1947, cette zone
frontalière majoritairement pachtoune et coupée par une ligne ‘ artificielle ’ sur le plan ethnique donna lieu ans un premier
temps à un litige territorial avec l’Afghanistan, s’appuyant sur la revendication de l’élite pachtoune de Kaboul et de
Peshawar au droit des peuples à l’autodétermination pour les Pachtounes du Pakistan (les Pathans). Puis, elle devint
une ligne de front dans le contexte de la Guerre Froide, en intersection avec la stratégie militaire pakistanaise pro
djihadiste et pro pachtoune, recherchant une « profondeur stratégique » en Afghanistan, en réaction à la menace
indienne. Aujourd’hui, avec la traque menée par les Américains à l’échelle mondiale contre « le terrorisme » et depuis la
chute des Talibans, la frontière constitue l’un des points très « chauds » de la géopolitique internationale. Elle soulève de
nombreuses questions relatives à la capacité de contrôle des zones tribales de la part du Pakistan, à l’arrivée au pouvoir
d’une coalition d’islamistes à Peshawar et au difficile processus de normalisation frontalière en cours des deux côtés de
cette ligne poreuse. Ce partant, cette étude se propose, dans un premier temps, de présenter les différentes stratégies
transfrontalières, souvent opaques, ayant utilisé les territoires de la Province Frontière du Nord-Ouest pakistanaise
(NWFP), de la zone tribale (FATA) et la Ligne Durand qui les borde, émanant tant du Pakistan, que de l’Afghanistan et
d’acteurs non étatiques, et ce, spécialement depuis l’invasion soviétique de 1979. Dans un second temps, elle analyse
les effets géopolitiques locaux de ces stratégies frontalières, tout en ayant le souci de contribuer à éclairer la signification
identitaire et politique de cette frontière floue.
Laurence HENRY : Doctorante en droit public international, Université de droit, d’économie et des sciences
(Univ. Aix-Marseille III), Centre d’Etudes et de Recherches Internationales et Communautaires (CERIC, CNRS
UMR 6108)
Délimitations territoriales et maritimes dans la Pacifique du nord-ouest, entre revendications et coopération
Le Japon s’oppose à ses voisins, la Corée, la Chine et la Russie relativement à la possession de trois groupes d’îles,
respectivement Takeshima/Tokdo, Senkaku/Diaoyutai et les Kouriles, situées dans le Pacifique du Nord-ouest. Ces
différends territoriaux trouvent leur origine dans l’invocation de titres historiques parfois très anciens. L’incertitude quant à
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l’appartenance de ses îles a été accentuée par les actes des alliés lors de la Seconde guerre mondiale, et non résolue
par les accords de paix subséquents. De plus, l’évolution du droit de la mer ces cinquante dernières années a permis aux
États de revendiquer des zones de juridiction en mer, que ce soit la mer territoriale, la zone économique exclusive ou le
plateau continental. Or, ces zones se chevauchent souvent, notamment parce qu’elles sont calculées à partir de
territoires revendiqués par les différents États de la région. Ces droits maritimes ont dans un premier temps exacerbé les
revendications territoriales concurrentes, comme en témoignent les législations nationales japonaises, coréennes,
chinoises et soviétiques puis russes. Néanmoins, si les controverses territoriales restent des sujets politiquement très
sensibles, une approche plus fonctionnelle de la souveraineté a résulté de ce nouveau droit de la mer, tel que codifié par
la convention de Montégo Bay en 1982. Les États concernés ont donc développé des accords de coopération maritime
bilatérale, que ce soit en matière de pêcheries ou d’exploitation des ressources hydrocarbures offshore. Ainsi, alors qu’il
n’existe aucune Organisation régionale entre ces pays, généralement considérée comme le moteur de la coopération,
voire à l’intégration d’États d’une même région, ces traités font figure de précurseurs dans ce domaine.
Publications
- Laurence Henry, « L’accès de la Chine à l’OMC, réformes ou révolution ? », L’Observateur des Nations Unies,
Printemps 2002, n°12, pp. 147-177.
- Laurence Henry, « L’administration des Nations Unies sur un territoire : démocratisation et respect de la souveraineté
ou le paradoxe de l’histoire juridique internationale », La contribution des Nations Unies à la démocratisation de l’État, R.
Mehdi (dir.), Actes des Dixième rencontres internationales d’Aix-en-Provence, Pedone, 2002, pp. 161-188.
- Laurence Henry, « La démocratisation en Afrique subsaharienne : une problématique de l’État », L’Observateur des
Nations Unies, Hiver 2000, n°9, pp. 1-17.
- Laurence Henry, « Participation au Premier Congrès du Réseau Asie, Enseignements, recherches et expertises sur
l’Asie, 24 et 25 septembre 2003, dans le panel dirigé par Jean-Luc Racine, « La question des frontières », ‘Délimitations
territoriales et maritimes dans la Pacifique du nord-ouest, entre revendications et coopération’.
- Laurence Henry, « Commentaire des arrêts de la Cour internationale de justice dans les Affaires Pulau Sipadan et
Pulau Ligitan (Malaisie contre Indonésie), Arrêt Requête aux fin d’intervention de Philippines, 23 octobre 2001 et Arrêt au
fond, 16 décembre 2003 », L’Observateur des Nations Unies, n° spécial « Asie », automne-hiver 2003, à paraître
Traductions :
- F. Snyder, « Gouverner la mondialisation économique : pluralisme juridique mondial et droit européen », L’Observateur
des Nations Unies, automne-hiver 2002, n°13, pp. 3-63 et dans Droit et Société, n°54/2003,.pp. 435-490.
- F. Snyder, « Ethique, OMC et pluralisme juridique mondial : Réflexions sur la Gouvernance de la mondialisation, in Yves
Nauder (dir.), Mondilisation et éthique des échanges, Presse de l’Université d’Aix-Marseille, 2003, pp. 117-156.
Travaux de recherche en cours :
- Participation à un programme de recherche dirigé par le Professeur Rostane Mehdi, CERIC, sur le thème : « Une
société internationale en mutation : quels acteurs pour quelle gouvernance ? », démarré début 2002. Etude sur le
discours de la Banque mondiale sur le secteur informel en Afrique, publication chez Bruylant en 2004
- Revue conjointe de deux ouvrages, G. Distefano, L’ordre international entre légalité et effectivité, Pedone, 2002, 584pp.
et J. Castellino and S. Allen, Title to Territory in International Law. A Temporal Analysis, Ashgate, 2003, 265pp.,
European Journal of International Law, Printemps 2004, à paraître
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.58
24. ENJEUX GEOPOLITIQUES DANS LES MERS D'ASIE ORIENTALE Coordinateur : Philippe PELLETIER, Professeur de géographie, Université Lumière (Univ. Lyon II)
Intervenants: LI Jin-Mieung, Eric DENECE, Eric FRECON La façade Pacifique de l'Eurasie, appelée ici 'Asie orientale' par commodité et par communauté croissante d'espace, forme une zone aux terres morcelées et dispersées dans un espace à dominante océanique, péninsulaire, insulaire et surinsulaire. Elle dispose d'une situation géographique exceptionnelle entre les océans Pacifique et Indien. L'accroissement des échanges internationaux par voie de mer lui confère une importance considérable. C'est l'un des principaux carrefours mondiaux de la circulation maritime et l'une des artères majeures de l’approvisionnement énergétique du Japon et de la Russie. Les ressources halieutiques, naturellement importantes, sont convoitées par des pêcheries très actives, mais à l'évolution différente selon les pays : la concurrence et les risques de surpêche sont considérables. Des gisements d'hydrocarbures ont été découverts ça et là, surtout en mers de Chine. La délimitation des ZEE (Zones économiques exclusives) au milieu des années 1990 a réactivé les tensions à propos des litiges territoriaux maritimes et insulaires, chaque terre émergée comptant pour le tracé de la ligne de base droite et des ZEE. S'ajoute en effet une recrudescence de la piraterie, des activités clandestines et des incidents militaires. L'histoire et la géographie sont appelées à la rescousse pour résoudre ces différents litiges, ce qui ne va pas sans problèmes d'interprétation que l'atelier veut exposer.
Eric DENECE : Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R)
La liberté de navigation et l'importance des routes maritimes en Asie du Sud-Est à l'ère de l'hyperterrorisme
Deux aspects font des mers d' Asie du Sud-Est une zone d'intervention majeure pour la sécurité internationale : les
communications maritimes et la délimitation des espaces océaniques en mer de Chine méridionale. La dynamique
terroriste opérant autour d'Al-Qaeda a déjà envisagé de s'en prendre aux artères stratégiques est-asiatiques, véritables
poumons de l'économie mondiale occidentalisée.
Par ailleurs, la découverte d'hydrocarbures dans le sous-sol de la mer de Chine méridionale a définitivement consacré
celle-ci comme l'un des espaces les plus convoités de la planète. Car elle est parsemée d'une myriade d'archipels qui
sont autant de terres susceptibles de servir de bases à des revendications maritimes. Les disputes sur ces îles,
réclamées en partie ou en totalité par sept Etats (Chine populaire, Taïwan, Viêt-nam, Malaysia, Indonésie, Philippines,
Brunei), reviennent périodiquement sous les projecteurs de l'actualité. Malgré l'entrée en vigueur de la Convention de
l'ONU de 1982 sur le droit de la mer, ces litiges mal maîtrisés pourraient facilement dégénérer en confrontations navales
ou en conflits pour le contrôle de zones d'un intérêt économique incertain. Ces aspects essentiels de la géostratégie de
l'Asie du Sud-Est confèrent au théâtre de la mer de Chine méridionale tous les attributs d'une zone maritime à risque. La
région se caractérise en effet par la montée en puissance des ambitions stratégiques chinoises et le glissement
progressif des antagonismes régionaux du continent asiatique vers les espaces océaniques voisins.
Compte tenu du morcellement des terres qui la caractérise, l'Asie du Sud-Est présente la particularité d'offrir une
multiplicité de voies de communication transocéaniques. Les flux maritimes qui traversent la région, dopés par
l'accroissement des échanges internationaux par voie de mer, lui ont conféré une importance considérable. Le Sud-Est
asiatique contrôle aujourd'hui plusieurs des grandes artères mondiales de la circulation maritime. Mais ces voies de
navigation sont tributaires de nombreux détroits afin de traverser la région. Cette originalité fait d'elle un espace propice
au développement d'opérations d'interdiction maritime.
Or, la montée en puissance de l'islamisme wahhabite dans le Sud-Est asiatique, et sa détermination à conduire des
actions violentes, représente un danger nouveau pour la circulation maritime internationale. En effet, dans cet espace
archipélagique, les possibilités d'action pour perturber ou interrompre le trafic maritime sont nombreuses, d'autant que
pirates, criminels et terroristes peuvent facilement trouver refuge dans le dédale insulaire qui caractérise la région. Ce qui
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.59
n'était qu'une hypothèse d'état-major, avant le 11 septembre 2001, a pris une nouvelle dimension depuis les attentats de
Bali (octobre 2002) et de Djakarta (août 2003).
Les menaces qui pèsent sur les communications maritimes sont de deux types. Le premier correspond à la piraterie
endémique qui ne cesse de s'accroître dans la région. Le second concerne les diverses formes d'interdiction violente du
trafic maritime : minage, sabordage ou attentat. Tous les deux revêtent une acuité nouvelle en raison de la montée en
puissance des groupes islamistes locaux et de leur détermination à lancer des actions spectaculaires.
Les hypothèses d'actions terroristes en mer, visant à perturber le trafic maritime périasiatique, sont prises très au sérieux
par les Occidentaux. Mais quelle que soit la nature des menaces qui pèsent sur la navigation, il paraît quasiment
impossible d'interrompre la totalité des communications maritimes entre le Pacifique et l'océan Indien, en raison de la
multiplicité des passages transocéaniques. C'est là l'une des grandes originalités de la région.
LI Jin-Mieung : Professeur de langue et civilisation coréennes, Université Jean-Moulin (Univ. Lyon III)
Mer de l'Est / Mer du Japon, pour rectifier une injustice de l'Histoire ?
La Corée du Sud et le Japon s'affrontent par l'Organisation Hydrographique Internationale (OHI) interposée, qui doit
publier prochainement sa 4e édition des ‘Limites des océans et des mers’ (S-23). La parution de ce fascicule a été
repoussée plusieurs fois en raison de multiples revendications des pays membres.La Corée du Sud réclame l'inscription
d'un nom double ‘Mer de l'Est / Mer du Japon’ sur le fascicule S-23 de l'OHI en arguant que le toponyme ‘Mer du Japon’
avait été adopté officiellement par cet organisme en 1929 alors qu'elle se trouvait sous le joug colonial du Japon. Mais ce
dernier s'en défend, pour que seul le nom ‘Mer du Japon’ y soit maintenu comme dans la précédente version datant de
1953 car, selon lui, cette appellation avait été adoptée et fixée dès le début du XIXe siècle. Depuis une quinzaine
d'année, les autorités sud-coréennes ont été très actives auprès des différentes instances internationales pour proposer
son changement de nom. Jusqu'à très récemment, les autorités japonaises se sont montrées indifférentes à la question.
Mais depuis l'été 2002 des rebondissements ont lieu, avec, comme épicentre, le rôle de l'OHI. Dans ce tumulte, ce qui est
clair, c'est que les Coréens ne veulent pas entendre dire qu'ils vivent au bord de la ‘Mer du Japon’, tandis que les
Japonais sont déterminés à défendre à tout prix l'acquis historique de ce toponyme. Notre intention n'est pas de
départager qui a raison ou qui a tort. C'est d'ailleurs impossible. Mais dans le cadre de cette communication, nous
pouvons examiner l'origine, l'évolution et le symbole du toponyme de cette mer du point de vue historique et de
géographie humaine, au vu des arguments invoqués par les deux pays protagonistes.
Philippe PELLETIER : Professeur de géographie, Université Louis Lumière (Univ. Lyon II)
Le rôle de la cartographie européenne (XVe-XIXe s.) dans la dénomination de la mer entre Japon, Corée et Sibérie
La tradition cartographique sinisée dans les cultures chinoise, coréenne et japonaise n'a pas cherché à dénommer les
mers de façon, préférant le vide toponymique ou bien de simple appellations générales. Cette habitude a été prise sous
l'influence de la cartographie européenne à partir du XVIe siècle. Les Européens ont apporté avec succès en Asie
orientale leurs connaissances géographiques et scientifiques, après, notamment, la découverte du Nouveau monde. Le
crédit qu'ils ont obtenu auprès des élites est-orientales n'ont cependant pas effacé l'acquis géographique que celles-ci
avaient de leur zone, d'où l'originalité du premier planisphère sino-européen de Matteo Ricci (1602).La découverte des
mers du Monde et la confirmation de la sphéricité terrestre ont posé des problème à la fois techniques et géopolitiques
pour les différentes écoles de cartographie européennes (ibérique, italienne, hollando-flamande, germanique, française,
anglaise, russe, jésuite…) : comment, dans un contexte de rivalités coloniales outremer et d'élaboration du droit
international maritime (mare librum versus mare clausum), dénommer les mers ? Quel nom choisir, où le placer, jusqu'où
l'étendre ? Deux approches techniques se sont opposées.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.60
Par ailleurs, attribuer plusieurs noms pour un même espace maritime n'avait rien de choquant, ce qui fut le cas pour la
mer entre Japon, Corée et Sibérie. Une analyse attentive révèle que le choix toponymique localisé (échelle micro)
dépend aussi, sinon largement, des choix qui ont été faits pour l'ensemble (échelle macro). Le fait que le ‘quart nord-est’
de l'Eurasie soit l'un des derniers endroits au monde à être connu précisément mais avec des erreurs, complique une
situation que les conflits de la période contemporaine vont aggraver jusqu'à nos jours, rendant très délicate tout recours à
la cartographie historique.
Eric FRECON : Chargé d’études, Centre d’Enseignement Supérieur de la Marine (Ecole militaire) ; Membre de
l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC) ; Doctorant à Sciences Po Paris sous
la direction de Jean-Luc Domenach
Réalité de la menace pirate de l’Indochine à l’Insulinde :un défi à la sociabilité interne et externe en Asie orientale
(1991-2003)
Nous sommes en 2003 après J.-C., au lendemain de la Guerre froide. Toutes les mers du globe obéissent aux règles
d’un nouvel ordre mondialisé et enfin pacifié. Toutes? Non ! Les détroits d’Insulinde peuplés d’irréductibles pirates sont le
théâtre d’une violence transnationale et non-militaire depuis les années 90. Du détroit de Malacca aux côtes des Sulu, la
littérature du Bureau Maritime International se démarque nettement des récits de Joseph Conrad. Chaque jour, les
rapports du centre de Kuala Lumpur font état d’abordages et parfois de navires transformés en « bateau fantôme ». Les
records datent des années 2000, avec 469 abordages recensés, et 1998, avec 78 morts, précisément au lendemain de la
crise de 1997. Face à ce réveil d’un fléau millénaire, symbolique des périodes de chaos et de transition, il est temps
d’éliminer les idées reçues - à défaut des pirates - en s’appuyant sur les témoignages recueillis auprès des forces de
l’ordre et des lointains héritiers de Raga, Koxinga et Madame Ching.
Reflet des problématiques post-Guerre froide - coming anarchy (Kaplan), nouveaux barbares (Rufin), menaces
asymétriques (Quesnot)… - la piraterie propose une lecture originale des enjeux sécuritaires et maritimes en Asie
orientale. Cette menace longtemps abandonnée aux seuls romanciers permet d’insister sur les causes socio-
économiques (coexistence des bénéficiaires et oubliés de la croissance), voire géopolitiques (départ des marines
américaines et soviétiques) qui, conjuguées au contexte géographique propice à toutes les formes de guérillas maritimes,
expliquent le réveil de la piraterie. Parmi les principaux risques notons : l’idée d’une catastrophe écologique suite à
l’échouage d’un pétrolier, la prise en otage des SLOC (Sea La(i)nes of Communication) ou les manipulations diplomatico-
stratégiques de la part de l’Inde et du Japon.
L’enjeu ultime touche sans doute la stabilité de la région et des Etats dépossédés de leur monopole de la violence
(Weber). En s’interrogeant sur les dispositifs répressifs mis en place par les gouvernements et organisations régionales,
sur le rôle des grandes puissances ainsi que sur l’attitude des Etats a priori instables et déliquescents, il sera peut-être
possible de trouver des raisons de baisser à l’avenir le pavillon noir.
25. REFLEXIONS PLURIDISCIPLINAIRES SUR LA NOTION DE LIMITES ET FRONTIERES EN ASIE CENTRALE Coordinateurs :
- Vincent FOURNIAU, Maître de conférences, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), ex-
directeur, Institut français d’Etudes sur l’Asie centrale (IFEAC)
- Catherine POUJOL, Professeur, Institut National Des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Intervenants: Marlène LARUELLE, Isabelle OHAYON, Carole FERRET, Seïtkassym AOUELBEKOV
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.61
L’Asie centrale est une aire culturelle et historique organisée et traversée de frontières visibles et invisibles. Une réflexion pluridisciplinaire entre historiens, historiens des religions, philosophes politiques, sociologues et anthropologues doit pouvoir permettre d’affiner et diversifier les outils nécessaires pour progresser dans l’analyse des rédéfinitions politiques, économiques, sociales et identitaires que traverse cette aire. L’Asie centrale est la moins bien connue des grandes aires culturelles de l’Asie dans la recherche occidentale. Elle prend une importance accrue à nos yeux depuis 1991. Cependant, la complexité d’une histoire riche comme peut l’être celle d’une zone placée au cœur du plus grand des continents, le manque d’outils méthodologiques qui s’appuieraient sur des études de cas menées en Asie centrale même, la difficulté d’accès aux sources et l’enchevêtrement des grilles de lecture, endogènes et exogènes, pour les interpréter, tels sont les éléments avec lesquels doit compter le développement des études d’Asie centrale. Il est donc nécessaire de régulièrement réunir les chercheurs de disciplines complémentaires pour se pencher sur l’objet d’étude et confronter les approches, où les certitudes sont vraiment rares. L’angle proposé ici pour cet échange indispensable est celui des frontières et limites spatiale et chronologique, visible et invisible, et de leur perception selon les méthodologies suivies et les outils mobilisés pour « fabriquer des connaissances » sur l’Asie centrale. Avec l’ouverture de cette zone à des échanges suivis, il se constitue pour la première fois dans l’histoire de l’étude de l’Asie centrale, une véritable génération de jeunes chercheurs. On atteint enfin un seuil de connaissance et d’expériences de terrain suffisamment diversifiées, cependant que la mise en place des connaissances générales sur la région se fait lentement. Les limites chronologiques de cet atelier sont inscrites dans le long terme, tout en privilégiant les périodes de ruptures : fin XIXè siècle - XXè siècle, fin de la période soviétique- première décennie d’indépendance des Etats d’Asie centrale.
Vincent FOURNIAU : Maître de conférences, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ; ex-
directeur, Institut français d’Etudes sur l’Asie centrale (IFEAC)
Quelques réflexions sur l’histoire des frontières en Asie centrale
Une réflexion pluridisciplinaire sur la notion de frontières et de limites dans la zone de l’Asie centrale est suffisamment
importante pour susciter la formation d’un atelier qui soit consacré à quelques uns des aspects que ces notions peuvent
recouvrir dans cette aire culturelle.
Située au coeur du plus grand des continents et contiguë de certains des plus importants ensembles historiques de
l’Asie, l’Asie centrale fut marquée par l’expansion du bouddhisme, de l’islam, par des migrations de peuples, en
particulier les peuples turcophones, par l’implantation du communisme dans des sociétés pré-industrielles, etc...
Elle fut au cours de son histoire une région carrefour reliant entre elles différentes grandes aires culturelles de l’Asie. Sa
position de point de rencontre de domaines ethno-linguistiques et religieux majeurs et d’intérêts géo-politiques et
économiques considérables en a fait une zone de fracture, instable sur la longue durée, mais dont la profondeur
historique est exceptionnelle.
L’Asie centrale n’a jamais formé un seul Etat. Cette aire s’est constituée sur la longue durée au travers de processus de
rencontre entre des facteurs monde et facteur locaux. Ces processus constituent un terrain d’interprétations multiples, qui
d’ailleurs, dominent la construction de l’objet d’études « Asie centrale ».
L’une des particularités de l’Asie centrale est d’être à la fois une notion géographique et une aire culturelle, mais une aire
culturelle qui ne porte pas la marque de l’existence dans le passé d’un Etat qui en aurait rassemblé les différentes parties
en une seule entité politique dont il resterait une sorte d’ensemble culturel.
Monde indien, monde ottoman, monde chinois : les continuités culturelles propres à chacun d’eux ont été accompagnées,
voire structurées, par l’existence d’un Etat, d’un empire rassemblant dans ses frontières pour une longue période la
majorité des régions ou pays qui constituent ces mondes. Ces derniers forment dans l’histoire à la fois des empires et
des aires, aux frontières variables mais définies. L’Asie centrale ne tient pas son unité, profonde cependant, de ce type
d’héritage car elle n’a jamais constitué un seul Etat et c’est là une des raisons de la diversité des approches qui en sont
proposées et de la lenteur de sa construction comme objet d’études.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.62
En conséquence, l’expression Asie centrale définit un vaste ensemble historique articulé en plusieurs sous-unités et
recouvre une quantité de situations politiques et économiques, de communautés ethniques et de processus identitaires.
Ces domaines ont eu des limites, variables dans le temps, dont l’histoire constitue un domaine d’études encore très peu
exploré, y compris les plus facilement identifiables d’entre eux dans l’Asie centrale pré-coloniale : ses entités politiques.
Durant l’aire coloniale, puis à la période soviétique, l’Asie centrale a été l’objet de nouvelles délimitations territoriales qui
demeurent aujourd’hui. Avec la nouvelle culture de l’indépendance qui se développe dans chacun des pays qui la
compose, un nouveau regard est porté sur l’histoire de ces pays et sur leur génèse.
Cette communication proposera quelques réflexions sur l’histoire des limites dans l’Asie centrale, en particulier des
limites de ses entités politiques pré-coloniales et les échos qu’elles trouvent dans les découpages territoriaux ultérieurs.
Catherine POUJOL : Professeur, Institut National Des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Les frontières du possible : quelques aspects du licite et de l’illicite dans la Ferghana post-soviétique
Les sociétés urbaines et rurales d’Asie centrale post-soviétiques sont encore fortement normatives malgré les ruptures
brutales que leur ont imposées la modernité russe, l’idéologie soviétique, la « post-modernité de l’indépendance ». Elles
sont régies par une étiquette stricte qui varie selon les régions (anciennement nomades, sédentaires), les milieux
(intelligentsia, grandes familles, « émigrés de l’intérieur »), les affiliations religieuses (majorité musulmane, minorités
chrétiennes, juives). Elles sont aujourd’hui inscrites dans les frontières d’Etats-nations formés à l’époque précédente
mais qui ont toujours centré leur identité sur la religion, l’ascendance patrilinéaire et le terroir, par delà de nombreuses
pressions idéologiques visant à « réorganiser autrement ». Ainsi, le code du comportement licite ouzbek ou tadjik diffère-
t-il quelque peu de celui en usage chez les Kazakhs et les Kirghizes, notamment dans les pratiques sociales
(matrimoniales, funéraires, culinaires), même si le XX siècle a œuvré pour la fabrication d’une strate commune dont la
trace persiste malgré la disparition du principal référent.
Aujourd’hui, dans un contexte de transformations brutales, d’ouverture volontaire ou subie au monde extérieur, il est
intéressant d’étudier les contours du licite et de l’illicite dans des sociétés qui cherchent obstinément à se démarquer les
unes des autres, afin de retrouver une hypothétique étiquette validée rétrospectivement par sa simple antériorité au fait
soviétique. La situation actuelle, bien qu’en pleine mutation depuis une quinzaine d’années, est encore le reflet d’une
combinaison d’éléments fortement antagonistes : reconstruction d’une morale islamique à partir de fragments résiduels
issus de la norme musulmane pré-existante, persistance d’un comportement soviétique issu de la norme socialiste plus
ou moins intégrée selon les milieux et les générations. Le tout se produit dans un contexte d’acculturation dû aux
pressions des acteurs extérieurs (bailleurs de fond occidentaux, idéologues islamistes), de volontarisme étatique
d’imposer une nouvelle norme, de perte des repères et de désespérance sociale. Une telle approche permet de mesurer
le degré de stabilité et de persistance de sociétés soumises à de nouveaux sursauts de l’histoire.
Marlène LARUELLE : Docteur, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) ; affiliée au
Centre du monde russe-Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ; chercheur associée,
Institut français d’Etudes sur l’Asie centrale (IFEAC)
Faire le deuil de l'empire. Les enjeux de mémoire autour de la frontière russo-kazakhe
Les cinq républiques post-soviétiques d'Asie centrale ont à construire de nouvelles identités étatiques et doivent, à ce
titre, légitimer et matérialiser leurs frontières nationales. Les problèmes de frontières peuvent être bien réels (maîtrise des
flux de population, de biens, de drogue ou d'armes), mais ils sont également imaginaires. Construire un Etat-nation,
comme le revendiquent les pouvoirs en place, signifie en effet créer un discours permettant de se dissocier du voisin et
de revendiquer son appartenance à une certaine aire culturelle. Il faut donc réaménager les événements dits fondateurs,
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.63
opérer un tri parmi ce qu'il convient de dire et de se souvenir : il ne peut exister de conscience communautaire sans mise
en œuvre d'un travail d'auto-définition.
L'histoire de la steppe en tant que frontière entre les mondes russe et turcique avait déjà été, tout au long de la période
soviétique, un enjeu de lutte historiographique. Depuis la perestroïka et l'indépendance de 1991, le discours historique
kazakh dénonçant la Russie comme une puissance coloniale s'étant appropriée des territoires étrangers n'a fait que
s'amplifier. La minorité russe du pays (30% de la population au recensement de 1999) s'est sentie tout particulièrement
visée par cette nouvelle historiographie officielle, qu'elle interprète comme un réquisitoire contre sa propre mémoire de la
steppe.
Cette opposition pour l'appropriation narrative de la steppe s'est focalisée sur la frontière Nord et Nord-Est du pays : les
Kazakhs estiment qu'elle reflète la réalité historique de l'étendue géographique du peuplement kazakh, les Russes
considèrent qu'elle était vierge de toute présence nomade régulière avant leur arrivée au 18e siècle. Le fait que cette
région frontalière ait appartenu pendant longtemps (jusqu'à la fin du 19e siècle, voire pour certaines de ses parties
jusqu'en 1920) à l'entité administrative sibérienne (préfigurant la Russie) et non à celle des steppes (préfigurant le
Kazakhstan), sert d'argument historique central dans la tentative de légitimation des Russes. Est donc en jeu l'idée qu'il
existe une frontière ‘vraie’ et ‘naturelle’ entre les deux mondes et que celle-ci se doit de concorder avec les frontières
politiques contemporaines. Ces polémiques contribuent ainsi à renforcer chez les Russes un fort mythe du pionnier :
comme chez les colons nord-américains ou pieds-noirs, c'est le noble travail de la terre qui donnerait le droit de propriété.
La frontière, en tant qu'inscription dans le sol du souvenir collectif, se révèle donc un enjeu fondamental pour les élites
des deux peuples concernés. Entre le mythe d'une nation inchangée depuis un millénaire et celui de la création, de toute
pièces, par le pionnier russe, d'un nouveau pays, aucun compromis discursif ne semble possible. L'importance accordée
à ces polémiques frontalières révèle néanmoins toute la difficulté du travail de deuil du territoire qui est aujourd'hui en
cours chez l'ancienne puissance coloniale.
Isabelle OHAYON : Doctorante, Institut des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Fronts et frontières de la sédentarisation des Kazakhs (XIXè-XXè siècles)
On attribue souvent la sédentarisation des Kazakhs aux mesures soviétiques concomitantes à la collectivisation forcée.
Pourtant, en 1928, à la veille de cette violente campagne, seul un quart des Kazakhs menait une vie complètement
nomade, la moitié avait une résidence d’hiver fixe et permanente, tandis que le dernier quart était devenu sédentaire.
Cette situation résulte en effet d’un long processus qui commence au début du XIXème siècle et qui s’accélère à la
période soviétique. On peut dégager de l’étude de la progression de la sédentarisation, les logiques territoriales qui y ont
présidé et proposer ainsi une analyse de ses limites.
Le premier front de colonisation matérialisé par les lignes de fortifications établies au nord de la steppe au cours de la
première moitié du XVIIIème siècle ne coïncide pas avec un front de sédentarisation. Les entraves à la mobilité
qu’engendre l’installation des cantonnements cosaques n’entraînent qu’une modification des itinéraires pastoraux. La
consolidation du pouvoir russe dans les steppes qui amène une construction administrative rigoureuse du territoire
conquis est seule à l’origine des premières vagues de sédentarisation. Le peuplement exogène –en particulier slave,
limité par une interdiction légale jusqu’au début du XXème siècle ne constitue pas quant à lui un facteur déterminant pour
expliquer ce phénomène.
La réforme administrative réorganise à partir de 1867-68 le territoire de façon à circonscrire les populations dans de
petites unités, à inscrire les représentants du pouvoir local recrutés parmi les élites traditionnelles sur le territoire des
chefs-lieux de districts, tout en assignant aux groupes claniques, aux aouls, une domiciliation territoriale et administrative.
Les frontières d’une sédentarisation partielle ou totale qui touche la moitié de la population kazakhe sont alors fonction de
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.64
la force du pouvoir impérial, inégalement réparti sur le territoire des steppes, dessinant un front nord et un front sud. Les
nombreux bouleversements socio-économiques (paupérisation, dégradation du statut des autorités coutumières,
développement de l’agriculture céréalière et du commerce, etc.) provoqués par la colonisation contribuent à accentuer ce
passage à la sédentarité.
Le pastoralisme nomade se trouve dès lors relégué aux régions les plus arides du Kazakhstan (Kazakhstan central et
péninsule du Manguychlak) impropres à l’agriculture. Mais, le projet soviétique de sédentarisation totale transgressera les
limites agro-climatiques. La volonté de transformation radicale de la société kazakhe qui passait à la fois par la
destruction des élites traditionnelles, stigmates d’un système pensé comme « féodalo-clanique », et par la
sédentarisation totale des éleveurs s’appliqua à l’ensemble du territoire du Kazakhstan. A l’issu du programme de
sédentarisation forcée, achevé vers 1936 et soldé par une catastrophe démographique sans précédent, l’espace kazakh
est « dénomadisé ». Des formes marginales de semi-nomadisme subsisteront dans le Manguychlak et dans certaines
régions de piémont et de steppe. L’éventail des diverses pratiques pastorales pose dès lors la question de la frontière
entre semi-nomadisme et transhumance.
Seïtkassym AOUELBEKOV : Collectif de Recherches sur l’Asie Centrale (CRAC- INALCO)
Découpage de l’espace et normes de comportement chez les Kazakhs
La vision du monde traditionnelle des Kazakhs divise le milieu naturel habité entre un espace domestiqué, c’est-à-dire
socialisé, et un espace vierge, sauvage. L’espace domestiqué, que l’homme s’est approprié, se décompose lui-même en
cinq éléments concentriques.
La iourte s’y trouve au centre. C’est là que se règlent les questions importantes, et qu’on prend les décisions « entre
soi ». Dans la iourte ou dans le campement (aoul), les conflits s’apaisent et trouvent une issue judiciaire favorable. Mais,
quand les dissensions ne peuvent se résoudre, elles doivent se déplacer, sortir de l’espace socialisé, afin de trouver une
solution à sa marge, dans cet espace que les Kazakhs nomment adyr. Le vol du bétail (barymta), érigé en institution chez
les Kazakhs, permet de lever tous les griefs, par l’application d’une loi « naturelle », « sauvage » : celle du plus fort.
La conduite des hommes est strictement réglementée à l’intérieur de l’aoul. Les normes du comportement des étrangers
pénétrant dans ce territoire notamment sont codifiées en détail, surtout quand ils sont à cheval.
La limite extérieure de l’aoul représente en même temps la frontière symbolique des terres vierges, que les Kazakhs
nomment adyr « désert ». L’adyr est ambivalent. C’est une terre sacrée. Et en même temps, c’est un espace où les
signes + et – perdent de leur netteté, où le positif et le négatif tendent à se confondre. C’est pourquoi les normes
culturelles peuvent s’y trouver transformées. C’est le terrain de la mouvance, de l’imprévision et de l’instabilité, où le
voyageur est le héros principal.
L’adyr est une masse de nature sauvage qui sépare « nous » et « les autres ». Le secteur de l’espace où se trouvent
« les autres » est à la périphérie, tandis que « nous » sommes au centre. Les règles du jeu de l’adyr régissent donc la
conduite et les interactions avec autrui.
Carole FERRET : Collectif de Recherches sur l’Asie Centrale (CRAC- INALCO)
Les discontinuités pastorales de l’espace altaïque
Comment concevoir une frontière dans la steppe centrasiatique parcourue par des nomades ? La notion de frontière
implique le découpage stable de l'espace en zones dotées d'une homogénéité interne et hétérogènes entre elles. Où
trouver de l'hétérogène dans un espace steppique apparemment parfaitement continu et homogène ? Comment concilier
la stabilité de la frontière avec la mouvance du nomadisme ? L'activité traditionnelle des peuples turco-mongols de
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.65
Sibérie et d'Asie centrale, à savoir le pastoralisme, a créé des discontinuités qui ont structuré cet espace apparemment
continu.
Marquant les territoires par des repères naturels et artificiels, les éleveurs mesurent l'espace à l'aune de leur bétail.
Nombre de leurs unités de mesure spatiale se fondent sur la mobilité du bétail, appréciée, soit selon la longueur de
l'étape journalière, la vitesse de déplacement, ou encore la distance susceptible d'être parcourue d'une traite. A la
relativité de l'appréciation des distances s'oppose l'absoluité des catégories d'orientation spatiale, où les points cardinaux
prennent le pas sur la latéralité, malgré une définition originale de la droite et de la gauche, toujours déterminées à partir
d'un point de référence interne à l'objet, même inanimé comme une iourte.
Par leurs parcours de migration stables et leurs cycles de nomadisation répétés, les éleveurs découpent l'espace en
quatre classes de pâtures saisonnières, appréciant la qualité des terres en fonction des besoins du bétail et relativement
à une saison donnée. Tout ouvert qu'il soit, l'espace altaïque n'est donc pas indifférencié. Et l'absence de propriété privée
des terres n'empêche pas leur appropriation clanique ou familiale, l'usage dressant dans l'espace des barrières invisibles
presqu'aussi tangibles que de véritables clôtures. Une brève analyse du fonctionnement des différentes formes de
pastoralisme nomade au tournant des XIXe et XXe siècles, du Turkménistan à la Iakoutie, suffit néanmoins à révéler
l'insuffisance de ce schéma classificatoire en pâtures saisonnières. Ces classes ne sont en effet ni équivalentes ni
exclusives ni homogènes. Basée sur une fine connaissance du milieu naturel, l'activité pastorale structure l'espace de
manière bien plus complexe.
Autre idée reçue méritant d'être questionnée, le lien entre la mobilité des hommes et la composition spécifique des
troupeaux se relâche à l'examen, aussi bien synchronique que diachronique. Il ne peut être analysé indépendamment du
statut symbolique des différentes espèces de bétail, partagées par des dichotomies opposant le mobile à l'immobile,
l'extérieur à l'intérieur, le masculin au féminin, le blanc au noir, etc., qui conduisent à célébrer le cheval, animal rapide
permettant de grands déplacements, et à honnir le boeuf, qui s'accommode mal au mode de vie nomade.
26. RELATIONS INTERNATIONALES ET INTEGRATION REGIONALE EN ASIE ORIENTALE Coordinateur : Hugues TERTRAIS, Maître de conférences, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Intervenants : Sophie BOISSEAU DU ROCHER, Stephen DUSO-BAUDUIN, Isabelle SAINT-MEZARD, Guy FAURE,
Karine DELAYE Atelier consacré aux relations régionales et internationales en Asie : rôle et jeu des puissances dans l’histoire récente (Royaume-Uni, France) et dans la situation actuelle (Etats-Unis, Japon, Chine, Inde) ; lieux de rencontre, de coopération et/ou de rivalité (Asie du Sud-Est notamment) ; modalités d’intégration régionale.
Guy Faure : Chargé de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut d'Asie
Orientale (IAO)
Le rôle du Japon dans le programme de développement de la sous-région du « grand Mékong »
La question centrale qui est posée est celle des initiatives et du leadership japonais dans le développement de la région
indochinoise. Bien que le Japon soit le premier donneur d’aide en Asie du Sud-Est, économiquement puissant et
politiquement influent, il lui reste à démontrer plus ouvertement ses capacités à orchestrer un projet de développement
transfrontalier de l’ampleur de celui de la Sous-Région du Grand Mékong (Greater Mekong Subregion), qui réunit cinq
pays (la Birmanie, le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, et le Vietnam) et une région chinoise, le Yunnan. Au cours de la
décade passée, l’Indochine est devenu un des terrains de prédilection de la diplomatie japonaise. Le gouvernement
japonais a accordé une priorité particulière à l’aide à l’Indochine constatant que la région du Mékong serait appelée à
devenir une nouvelle frontière de développement.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.66
Cependant, quelques années après la crise asiatique, le Japon semble avoir perdu la main en matières d’initiatives
politiques en Asie du Sud-Est. De plus sa politique d’aide arrive à un tournant avec des coupes budgétaires
programmées. Pendant ce temps, la Chine se fait de plus en plus présente y compris de le domaine de l’aide publique au
développement, et prend des initiatives qui oblige le Japon à réagir (accord de libre échange avec l’ASEAN de 2001).
Ainsi, les grands programmes de développement dans la région du Mékong constituent une bonne étude de cas sur les
dispositions du Japon à jouer un rôle moteur sur le plan politique à l’étranger. Nous tenterons de répondre aux deux
questions suivantes : Quel pays influence le plus le développement de ce projet pharaonique de la Sous-Région du
Grand Mékong, par Banque Asiatique de Développement interposée ? Il s’agit d’évaluer l’influence aujourd’hui du Japon
dans cette organisation internationale. La seconde question sera : Le Japon a t-il encore la volonté de jouer un rôle
central dans cette partie du monde, ou s’accommode t-il d’une place plus modeste au sein du triangle Chine-Japon-
Etats-Unis?
Isabelle SAINT-MEZARD : Post-doctorante, Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI- Sciences
Po), China-India Project, Centre of Asian Studies, The University of Hong Kong, Hong Kong SAR
Les relations sino-indiennes depuis la fin des années 1990 : entre coopération et rivalité en Asie
En dépit des initiatives bilatérales lancées depuis la fin des années 1980 pour rétablir un climat de confiance, les relations
sino-indiennes sont restées assez chaotiques. Celles-ci ont de nouveau touché le fond lorsque l’Inde a invoqué la
menace que la Chine posait sur sa sécurité pour justifier ses essais nucléaires de mai 1998. Pourtant, la politique de fait
accompli de l’Inde semble avoir forcé les décideurs chinois à composer : depuis 1999, les relations sino-indiennes n’ont
jamais été aussi intenses et diversifiées. Les deux Etats savent l’intérêt qu’ils ont à améliorer leurs relations bilatérales,
une période de paix leur permettant de se consolider économiquement... et militairement. Une certaine rivalité continue
en fait d’opposer l’Inde et la Chine, car dans la perception traditionnelle qu’elles ont chacune de leur sphère d’influence
respective, les chevauchements sont nombreux, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale, dans l’océan Indien et dans le
massif himalayen. A ce titre, la Chine voit d’un mauvais oeil l’Inde affirmer ses ambitions en Asie. Celle-ci s’attache en
effet à intensifier ses relations avec les Etats asiatiques qui, comme elle, nourrissent certaines inquiétudes à l’égard de
leur immense voisin. Surtout, depuis 1999, l’Inde est parvenu à redresser ses relations avec les Etats-Unis au point de se
positionner comme un partenaire potentiel pour la paix et la stabilité en Asie, ce qui n’est pas sans provoquer une
certaine nervosité à Pékin. Les rapports entre l’Inde et la Chine apparaissent donc comme un aspect important de la
future distribution de la puissance en Asie.
Stephen DUSO-BAUDUIN : Maître de conférences à Sciences Po (IEP-Paris) ; Professeur Associé à ESM
Saint-Cyr Coëtquidan et Chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS-CIRPES) et au
CRD-CDES.
Les tensions autour de la Chine et le rôle des Etats-Unis dans cet espace régional
La Chine devient la puissance économique régionale, avec un taux de croissance qui est officiellement de 8% en 2002 et
la tendance semble se maintenir dans le même ordre d’idée, contrairement au ralentissement qui continue au Japon.
Mais cette situation de leader économique régional(surtout grâce à ses exportations de produits manufacturés) va de pair
avec un certain nombre de dépendances, en particulier énergétiques, la consommation d’énergie de la Chine ayant
augmenté de plus de 250% depuis 1980(développement industriel et de l’automobile). Ces dépendances ont un certain
nombre de conséquences géopolitiques primordiales. En outre, la Chine n’entend pas être limitée au rôle de puissance
économique régionale, elle aspire à devenir dans le même temps la puissance militaire et politique régionale, voire
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.67
mondiale, rival possible des Etats-Unis à moyen terme. Ces deux facteurs entraînent des tensions régionales avec les
voisins d’Asie Orientale, Japon, Taiwan, Philippines, Vietnam, Indonésie. Nous nous centrerons en particulier sur les
deux questions majeures, sources de conflits potentiels, celle de Taiwan et celle des revendications chinoises en mer de
Chine du Sud(îles Spratley…). Nous développerons particulièrement le rôle crucial des Etats-Unis comme tiers dans ce
jeu de puissance et nous interrogerons sur les facteurs de stabilité, sur le rôle par exemple des réseaux économiques
dans cette zone. Notre analyse complètera bien les problématiques des autres intervenants prévus dans cet atelier, sur
le Japon, les relations sino-indiennes ou sur le développement des autoroutes de l’information.
Sophie BOISSEAU DU ROCHER : Maître de conférences, Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP),
Chercheur au Centre Asie IFRI
La crise de l’ASEAN et du régionalisme en Asie du Sud-Est
L’ASEAN traverse de grandes difficultés, en partie antérieures à la crise économique de 1997 (élargissement,
mécanismes et pratiques diplomatiques), en partie accentuées par celle-ci (anachronisme des modes de coopération,
absence de mécanismes de solidarité, concurrence de la Chine). Il n’est pas certain que dans un contexte en pleine
recomposition et marqué d’incertitudes majeures (internes et externes), l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est
parvienne à redonner l’impulsion nécessaire pour regagner une crédibilité et une légitimité éprouvées. Il n’est pas non
plus certain que les acteurs qui marquent l’espace d’Asie orientale (Chine et Etats-Unis en priorité) soutiennent les
initiatives ASEAN ; à l’inverse, une ASEAN affaiblie pourrait favoriser leurs desseins.
Karine DELAYE : Doctorante à l'EHESS, membre correspondant de l'Institut de recherches sur l’Asie du Sud-
est (IRSEA)
Coopération coloniale et construction régionale : les relations franco-anglaises en Asie du Sud-Est (1860-1922)
Renouvelant l'approche souvent univoque des puissances coloniales en termes de rivalités impérialistes ou l'étude
traditionnelle des rapports métropole/colonies, mon travail porte sur l'analyse des relations intercoloniales
qu'entretiennent les possessions britanniques d'Asie du Sud-Est (Birmanie et British Malaya) et l'Indochine française
(vers 1860-1920).
Le thème de la coopération coloniale franco-britannique durant cette période est à ce sujet particulièrement éclairant. A
travers cet axe de lecture original de l'histoire coloniale asiatique, cette communication aura aussi plus largement pour
objet d'apporter quelques éléments permettant d'évaluer la contribution coloniale à la construction régionale en Asie du
Sud-Est.
Ainsi, au delà des réseaux traditionnels qui préexistaient à la domination coloniale, dans quelle mesure les relations intra-
régionales ont-elles pu être encouragées par la situation coloniale ? Celle-ci a-t-elle représenté une rupture consistant à
couper les pays colonisés de leur environnement régional? Ou a-t-elle, au contraire, permis de développer de nouvelles
dynamiques tout en intégrant cet espace dans une perspective internationale ?
Afin de répondre à ces interrogations, j'étudierai en particulier l'organisation progressive d'une collaboration policière face
à la préoccupation commune que constitue alors la lutte contre la piraterie et la contrebande. Les accords établis
concernant la recherche et l'interpellation des criminels, la police de la navigation et les procédures d'extradition seront
ainsi précisés. Quelques exemples de soutien de plus en plus étroits ou d'opérations militaires conjointes dans la région
pourront aussi être évoquées. Mais l'accent sera surtout mis sur le développement d'une coopération scientifique et
culturelle aux dimensions aussi bien régionale qu'internationale. En effet, que ce soient à travers les multiples
informations que s'échangent les autorités coloniales sur la situation sanitaire de leurs possessions, ou la mise en
commun de recherches médicales et agronomiques aux applications régionales extensibles, une véritable coopération se
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met alors en place dans tous les domaines scientifiques intéressant le développement des colonies. Des collaborations
s'engagent aussi dans des directions plus improbables comme l'orientalisme, par le truchement d'institutions aux
ramifications régionales, comme l'EFEO, ou encore l'enseignement, grâce au rôle actif des missionnaires français
présents en Birmanie et Malaisie britanniques. Suivant les thématiques retenues, cette communication pourrait aussi
s'adapter et s'intégrer dans différents ateliers concernant aussi bien les nouvelles approches de l'histoire coloniale que la
mise en perspective sur le long terme de la construction régionale.
27. NOUVELLES ORGANISATIONS REGIONALES EN ASIE ORIENTALE Coordinatrice : Manuelle FRANCK, Maître de conférences, Institut national des Langes et Civilisations orientales
(INALCO) ; Membre du Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA)
Intervenants:
- Philippe PELLETIER, Professeur de géographie, Université Louis Lumière (Univ. Lyon II)
- Christian TAILLARD, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Laboratoire
sur l’Asie du Sud-Est et le Monde Austronésien (LASEMA),
- François DURAND-DASTES : Professeur émérite, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII),
- Jean-Luc DOMENACH : Directeur de recherche, Fondation nationale des Sciences Politiques-Centre d’Etudes et
de Recherches Scientifique (FNSP-CERI) ; Responsable de l’antenne franco-chinoise de Sciences humaines et
sociales de Pékin
Discutant: Hugues TERTRAIS, Maître de conférences, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) ; Président
de l'Association française pour la Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE) ; Membre du bureau de l'European
Association for South-East Asian Le groupe de travail Norao s'est réuni pendant quatre ans, lors de rencontres régulières tenues dans le cadre général du GDR Libergéo, autour du thème des nouvelles organisations régionales et des dynamiques spatiales macro-régionales et trans-nationales en Asie orientale. Issu des réflexions qui avaient animé la rédaction des deux volumes Chine-Japon-Corée et Asie du Sud-Est, Océanie de la Géographie Universelle coordonnée par Roger Brunet dans le cadre du GIP-Reclus, le groupe s'est élargi dans une optique résolument pluridisciplinaire. Abandonnant l’échelle nationale qui était celle de la Géographie universelle, il s’est concentré sur les espaces qui constituent les axes centraux et les ensembles majeurs, ainsi que sur les acteurs dominants de cette régionalisation en devenir. Il en résulte deux volumes, à paraître en 2003 aux éditions des Indes Savantes, dont les contributions ont été longuement et librement discutées. Le premier se concentre sur les modèles et les identités qui ont structuré les espaces d'Asie orientale et sud-orientale : héritages pré-coloniaux, héritages coloniaux, les redéfinitions asiatiques et asiatistes, les organisations politiques macro-régionales. Le second volume privilégie l'analyse des dynamiques spatiales intra-régionales : l'intégration régionale par les réseaux et les flux, par l'industrialisation et la grande distribution, la question des mers, des îles et des détroits, celle des espaces transfrontaliers et transnationaux. Les deux coordinateurs de l'ouvrage, tous deux géographes, Christian Taillard, Directeur de recherche au Lasema/CNRS et Philippe Pelletier, Professeur à l'Université Lumière Lyon 2, ont exposé la problématique et les principales conclusions des ouvrages. Deux discutants et un modérateur ont donné leur analyse avant de donner la parole à la salle.
Groupe NORAO :
Nicolas BAUTES (géographe) ; Thomas BEAUFILS (anthropologue) ; Sophie BOISSEAU DU ROCHER (politologue) ;
Yves BOUGON (historien) ; Pierre BROCHEUX (historien) ; Michel BRUNEAU (géographe) ; Philippe CADENE
(géographe) ; Jean-Raphaël CHAPONNIERE (économiste) ; Muriel CHARRAS (géographe) ; Sébastien COLIN
(géographe) ; Patrice COSAERT (géographe) ; Philippe DEBROUX (économiste) ; Eric DENECE (géographe) ; Olivier
DEHORNE (géographe) ; Alain DELISSEN (historien-géographe) ; Frédéric DURAND (géographe) ; Nathalie FAU
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.69
(géographe) ; Guy FAURE (politologue) ; Manuelle FRANCK (géographe) ; Antoine FREMONT (géographe) ; Pierre
GENTELLE (géographe) ; François GIPOULOUX (économiste) ; Eric GUERASSIMOFF (sociologue) ; Gilles GUIHEUX
(géographe) ; Jean HEFFER (historien) ; David HOYRUP (économiste) ; Laurence HUSSON (sociologue) ; Doryane
KERMEL-TORRES (géographe); Yveline LECLER (économiste) ; Pierre-Yves MANGUIN (historien); Jean-Louis
MARGOLIN (historien); Louis MARROU (géographe) ; Philippe PELLETIER (géographe) ; Carine PINA-
GUERASSIMOFF(sociologue) ; Karoline POSTEL-VINAY (politologue) ; Thierry SANJUAN (géographe) ; Jean-
Christophe SIMON (économiste) ; Christian TAILLARD (géographe) ; Hugues TERTRAIS (historien) ; Anne de TINGUY
(politologue).
28. MIGRATIONS INTERIEURES EN CHINE : DEFIS AUX INSTITUTIONS SOCIALES ET INNOVATIONS Coordinatrices :
- Marianne BASTID, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS)
- Isabelle THIREAU-MAK, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre
d’Etudes sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC)
Intervenants : Christine NGUYEN, Jacqueline NIVARD, Martine RAIBAUD, HU Xinyu, HUA Linshan Les participants à ce panel sont membres de l’axe de recherche du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine intitulé ‘Appartenances et mécanismes sociaux dans la Chine d’aujourd’hui’. Les historiens et sociologues spécialistes de la Chine et participant à ce panel ont entamé depuis un an une réflexion commune sur le développement de flux migratoires extrêmement complexes, remettant en cause les modalités de contrôle social, les droits assignés aux citoyens chinois en fonction de leur lieu de résidence officielle, les liens entre locaux et « étrangers », le droit du travail mais aussi le marché du travail, l’accès à l’éducation mais aussi le marché de l’éducation. Sans prétendre ici dresser un tableau exhaustif de la situation, il s’agit d’engager une discussion prenant appui sur des études proposant des approches distinctes mais complémentaires de la mobilité géographique, des raisons qui la motivent, des obstacles qu’elle rencontre mais aussi des transformations institutionnelles qu’elle suscite, des effets non anticipés qu’elle induit parfois et des initiatives qui tentent alors d’y remédier. Ces études sont ancrées dans différentes régions de Chine. Elles évoquent des flux migratoires intérieurs très variés, de plus ou moins grande distance, certaines d’entre elles évoquant également le cas des migrations internationales.
Marianne BASTID : Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS)
L’accroissement de l’illétrisme à la suite des migrations
Les déplacements de population en Chine sont à l’origine d’une recrudescence de l’analphabétisme en ville, notamment
dans les métropoles les plus développées où la scolarité obligatoire avait pourtant été généralisée depuis des années. Le
phénomène tient en partie à ce que l’accès à l’école est lié au hukou, le lieu de résidence légal. Il échappe largement aux
statistiques officielles de l’éducation, fondées sur la résidence légale des enfants. On essaiera d’évaluer son ampleur et
sa distribution. On examinera aussi les moyens mis en oeuvre pour tenter d’y remédier, du moins en ce qui concerne
l’éducation de base.
Christine NGUYEN : Maître de conférences, Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO)
Education et mobilité : migrations internes et écoles privées en République Populaire de Chine
Si les toutes premières « écoles privées » sont apparues en Chine peu après le lancement des réformes soit dès les
années quatre-vingt, leur création s’est multipliée depuis le début des années quatre-vingt dix. Tous les niveaux de
l’enseignement sont concernés, de la maternelle (et même du jardin d’enfants) au supérieur. Les conséquences d’un tel
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phénomène sont multiples. Dans cet exposé, je voudrais m’arrêter sur les « mouvements » humains qu’il suscite :
montrer comment les demandeurs, parents et enfants, sont prêts à aller chercher au loin ce qu’ils n’arrivent pas à trouver
sur place ; comment ceux qui souhaitent investir dans l’éducation sont prêts à prospecter à travers tout le pays pour
obtenir les meilleurs « rendements » ; et finalement comment la privatisation de l’éducation, comme bien d’autres
mesures accompagnant les réformes, peut conduire à amener les Chinois à se déplacer à travers tout le pays (pas
seulement pour des études supérieures comme par le passé), mais aussi à l’étranger.
Jacqueline NIVARD : Rédactrice de la Revue Bibliographique de Sinologie
Migration et condition féminine en Chine
L’étude menée porte sur les liens entre migration et condition féminine en Chine à travers la lecture de Nongjianü
baishitong, une revue destinée aux paysannes. Après avoir établi un corpus portant sur les années 2002-2003, il s’agit
d’identifier les principaux thèmes abordés et d’analyser si les informations recueillies permettent d’identifier une
spécificité du parcours migratoire des femmes. Existe-t-il des différences entre hommes et femmes sur le plan des
raisons ayant conduit à la migration et des stratégies élaborées ? Quelles sont les conditions de vie des femmes
migrantes dans le lieu d’accueil, et celles-ci diffèrent-elles selon les régions et les secteurs d’activité ? Quels liens les
femmes migrantes entretiennent-elles avec leur village d’origine ? Quel est le rôle de la Fédération des femmes dans ces
parcours de migration ?
Martine RAIBAUD : Maître de conférences, Université de la Rochelle
HU Xinyu : Doctorante, Université Lyon II ; Ater de Chinois, Université de la Rochelle
Les migrations intra-provinciales : le cas de la province du Guangxi
La migration rurale est souvent analysée en privilégiant les flux de longue distance et, notamment, les migrations dites
« aveugles » des paysans vers les grandes villes côtières. Il s’agit ici de montrer l’importance et la nature des migrations
s’effectuant sur une plus petite distance, et plus particulièrement, des migrations intra-provinciales. En prenant pour
exemple le cas de la province du Guangxi, le processus d’élaboration des projets migratoires et le choix de la localité
d’accueil seront étudiés, ainsi que les liens entre migration à courte et à longue distance et l’influence des chaînes
migratoires.
Isabelle THIREAU-MAK : Directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
HUA Linshan: Chercheur associé, Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC)
Entre le local et le national : migrations et citoyenneté au lendemain des réformes
Il s’agit d’analyser la diversité du groupe social désigné par le terme de « paysans-ouvriers », en prenant appui sur une
enquête menée dans les villes de Pékin, Nankin, Tianjin, Wuhan, Xian, Changchun et Shenzhen, et en distinguant les
situations selon la distance géographique parcourue, la nature de la migration –individuelle ou familiale-, la mobilité
professionnelle et les liens établis avec ouvriers non migrants.
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29. LES TRAVAILLEURS MIGRANTS EN ASIE DU SUD-EST CONTINENTALE ET INSULAIRE : ESCLAVES DU MONDE MODERNE Coordinateur : Guy LUBEIGT, Chargé de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Equipe
PACIFICA, Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Laboratoire PRODIG (Pôle de Recherche pour
l’Organisation et la Diffusion de l’Information géographique).
Intervenants : Marie-Eve BLANC, Laurence HUSSON, Grace SWE ZIN HTAIK Les flux de l’Asie du Sud-Est Continentale et Insulaire L’Asie du Sud-Est Continentale et Insulaire est caractérisé par une instabilité qui, endogène ou exogène, donne naissance à des flux économiques, financiers et humains. L’étude de ces courants, et des territoires qu’ils irriguent, insiste sur les réseaux, lignes de fracture et liens verticaux qui relient les différentes composantes de cet espace. L’approche dynamique, qui insiste sur les continuités existant entre les composantes de l’Asie du Sud-Est continentale et péninsulaire, permet de lire autrement cet espace. L’observation du flux des travailleurs migrants, permet d’illustrer cette dynamique spatiale, dont l’étude pourrait être étendue aux divers flux (licites et illicites) qui irriguent divers secteurs des économies de la région. Le flux des travailleurs migrants en Asie du Sud-Est continentale et péninsulaire Les travailleurs migrants en Asie du Sud-Est continentale et insulaire représentent, toutes catégories et nationalités confondues, plusieurs millions de personnes. Leur présence dans les pays de l’Asie du Sud-Est, généralement discrète, se révèle parfois avec acuité au cours des crises sporadiques qui secouent périodiquement la région. Ces travailleurs participent aux flux de migrations internationales engendrées par divers facteurs (pauvreté, guerres, épidémies, famines, catastrophes naturelles) parmi lesquels la surpopulation joue un rôle qu’on ne peut ignorer. D'un côté on enregistre des déficits de main-d’œuvre que les États s'efforcent de pallier en important les travailleurs dont ils ont besoin pour leur économie, et de l’autre des excédents de main-d’œuvre qu’il faut exporter pour réduire le potentiel revendicatif qu’ils représentent afin de garantir la stabilité nécessaire au fonctionnement politico-économique des Etats. L’existence d’une masse de travailleurs migrants dans l’Asie du Sud-Est Continentale et Insulaire suscite une série d’interrogations aussi bien sur leurs nombre, origine géographique et raisons qui les poussent à migrer, que sur les conséquences de leur présence sur les économies locales. Quels regards les pays d’accueil portent-ils sur ces hommes, femmes et enfants qui peuvent être à la fois source d'instabilité et de profits licites ou illégaux ? Le trafic des êtres humains Les travailleurs migrants sont à la fois une ressource (naturelle, humaine), tant pour les pays de départ que pour les pays d'accueil. Ils peuvent aussi devenir un enjeu (économique, politique) lorsque les flux les ont conduit loin de leur lieu de naissance. On pourrait les qualifier de « travailleurs-marchandises » : ils ne coûtent rien à produire, le coût de leur entretien est nul et ils peuvent rapporter gros à ceux (entrepreneurs privés, agences de recrutement, profiteurs et escrocs en tous genres, et Etats) qui les emploient ou les exploitent après les avoir intégrés dans le flux des travailleurs migrants. Les conditions de vie des travailleurs migrants dans leurs pays d’accueil suscitent de nombreuses interrogations. Il s’y ajoute un questionnement sur la nature des relations qu’entretiennent les Etats avec leurs propres concitoyens-travailleurs : ceux qui vivent dans leur pays comme ceux qui sont expatriés. Quelles sont les responsabilités des Etats, dont la politique socio-économique permet d’alimenter les flux de travailleurs migrants, envers leur main-d’œuvre nationale ? Que deviennent ces travailleurs quand cessent les conditions favorables à leur emploi : quelles sont les modalités de leur sortie des circuits du travail migrant ?
Marie-Eve BLANC : Docteur en Sociologie, Membre associée à l´Institut de recherche sur le sud-est asiatique
(IRSEA), Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), Université de Provence (Univ. Aix-Marseille I) ;
Post-doctorante au Département d´Histoire de l´Université de Montréal, Centre d´Etudes de l´Asie de l´Est
(CETASE).
Les stratégies d'intégration des migrants vietnamiens en France
Cet article est le résultat d’une longue enquête dans la communauté vietnamienne en France dans les années 1990.
Cette étude correspond à un défi pour un non-vietnamien que de pénétrer dans cette communauté d’apparence fermée
et en même temps sans problème au regard de la question de l’intégration des migrants à la société française. Notre
approche n’est pas uniquement basée sur une analyse de l’identité, mais se propose d’étudier les réseaux associatifs
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communautaires comme l’anti-chambre de l’intégration à la société française, ou bien comme une sorte de sas entre la
communauté d’origine et la société d’accueil. A travers un échantillon de 125 jeunes âgés de 11 à 24 ans fréquentant les
associations de la communauté, nous montrons l’éventail des stratégies d’intégration mises en œuvre par ces jeunes,
révélant parfois une ambivalence des comportements entre un fort investissement pour la réussite scolaire dans le
modèle éducatif français et une revitalisation constante des valeurs familiales traditionnelles. Cette étude nous révèle une
identité vietnamienne multi-faces.
Laurence HUSSON : Institut de recherche sur le sud-est asiatique (IRSEA), Centre National de Recherche
Scientifique (CNRS), Université de Provence (Univ. Aix-Marseille I)
Bonne ou prostituée ? La féminisation des exportations de main-d’œuvre indonésienne et philippine
Depuis une quarantaine d’années, les flux de main-d’œuvre asiatique n’ont cessé de croître et de se diversifier en
direction des Emirats arabes unis et des nouveaux pays industrialisés d’Asie Orientale. Dès les années 1980-1990, les
experts notent une « féminisation » croissante de ces flux. Cette féminisation est désormais largement confirmée,
puisque, en Indonésie et aux Philippines par exemple, les femmes sont désormais plus nombreuses à migrer que les
hommes. Ces femmes, âgées de 20 à 45 ans, qu’elles soient célibataires ou mariées, avec ou sans enfants, partent,
généralement munies d’un contrat de travail, via des agences de recrutement gouvernementales ou privées, pour
occuper un emploi dans le secteur des services, lui-même en plein essor. La crise financière de 1997 a davantage
affecté les flux de main-d’œuvre masculine que féminine. Leur migration est dite circulaire du fait que les pays d’accueil
n’autorisent pas le regroupement familial, ni ne permettent de s’établir de façon permanente. Ces jeunes femmes partent
donc seules, passent quelques années à l’étranger et rentrent chez elles à l’expiration de leur contrat. Il s’agira de
présenter les caractéristiques générales de ces flux de main-d’œuvre féminine en comparant les deux grands pays du
sud-est asiatique exportateurs de main-d’œuvre féminine 1 : l’Indonésie et les Philippines.
Parallèlement à ces migrations officielles, des femmes migrent clandestinement. Le BIT estime leur nombre à 700 000.
Par ailleurs, le Bureau international du travail, l’OMI et l’Unicef dénoncent le trafic et la quasi-mise en esclavage de plus
de 300 000 femmes et enfants dans les pays du Mékong en l’an 2000.
Ces femmes sont triplement vulnérabilisées et exposées à de possibles formes d’exploitation, tant dans le pays d’accueil
qu’à leur retour dans leur pays d’origine, du fait de leur sexe, à cause de leur statut de migrantes, ainsi que par le métier
qu’elles exercent : bonne ou entraîneuse dans la grande majorité des cas.
Guy LUBEIGT : Chargé de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Equipe PACIFICA,
Université Paris-Sorbonne (Univ. Paris IV), Laboratoire Pôle de Recherche pour l’Organisation et la Diffusion
de l’Information de la géographie (Laboratoire PRODIG)
Les esclaves du monde moderne
Les travailleurs migrants en Asie du Sud-Est continentale et insulaire sont nombreux. Leur présence dans les pays de la
zone Asie-pacifique, généralement discrète, pose cependant de nombreuses interrogations. Ces travailleurs participent
aux flux des migrations internationales qui sont engendrés d'un côté par des surplus (hommes, marchandises) et de
l'autre par des déficits que les États s'efforcent de rééquilibrer. Il convient donc d'étudier ces courants d'échanges afin de
1 Nous ne traitons pas de l’Asie du Sud et donc pas du Sri Lanka qui est pourtant un autre gros exportateur de main-
d’œuvre féminine vers les Emirats arabes unis (80 % des 1,2 millions de Sri Lankais qui travaillent à l’étranger sont des
femmes).
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comprendre comment et pourquoi les êtres humains qui les constituent sont intégrés à ces flux. On doit s'interroger sur
leur nombre, sur leur origine géographique, et sur les raisons qui les poussent à migrer.
Les travailleurs migrants sont à la fois une ressource (naturelle, humaine) aussi bien pour les pays de départ que pour les
pays d'accueil, et un enjeu (économique, politique). Quels regards ces pays portent-ils sur ces hommes, femmes et
enfants qui peuvent être à la fois source d'instabilité et de profits licites ou illégaux ? Ceci conduit à s'interroger sur la
responsabilité des États qui alimentent ces mouvements de populations.’
Grace SWE ZIN HTAIK : Diplômée en droit de l'Université de Rangoun et de l' Alliance française de Rangoun ;
Chargée de communication d’une ONG américaine (PSI = Population Services International ) en Birmanie ;
Actrice dans plus 200 films.
Access of health messages on hiv/aids for migrant workers in Burma
Le PNB de la Birmanie est un des plus bas du monde. La détérioration continuelle de l’économie provoque une inflation
permanente et la baisse incessante du niveau de vie de l’ensemble de la population. La pauvreté conduit ainsi une partie
des surplus de main-d’œuvre à s’expatrier pour tenter d’obtenir des conditions de vie décentes. La communication traite
essentiellement des travailleurs migrants employés à l’intérieur du pays dans les exploitations forestières, les mines, les
pêcheries et le petit commerce.
L’OMS estime que le nombre des personnes atteintes par le virus HIV est compris entre 180.000 et 400.000 personnes,
alors que le régime ne reconnaît que 31.453 porteurs du virus, 4.472 cas de SIDA (1998-2000) et 1834 morts de cette
maladie. Le « Plan d’action conjoint » (2001-2002) de l’ONU recommande un partenariat entre les organisations
internationales et les ONG pour lutter contre ce fléau. Le but est de changer les comportements à risques dans la
population, notamment masculine, car la situation de la santé publique en Birmanie peut avoir des conséquences
sérieuses sur les relations économiques et sociales de l’Union avec ses voisins.
La culture birmane est principalement basée sur les enseignements du bouddhisme. La plupart des chefs religieux
soutiennent publiquement le mariage, l’abstinence et la monogamie. La femme, qui n’a aucun contrôle sur son propre
corps, a pour seule responsabilité de se soumettre aux désirs du mari. Ceci lui garantit une renaissance comme mari
dans sa vie future.
L’industrie du sexe est illégale. Selon certaines études le nombre des travailleurs employés dans cette activité atteindrait
150.000 personnes. La prostitution se dissimule sous diverses enseignes : bordels, boîtes de nuit, hôtels, restaurants,
massages, etc. Les revenus de ces personnes vulnérables s’élèvent entre 200 et 15.000 kyats la passe [1 dollar = 900
kyats]. Il existe 22 ONG, dont PSI, qui travaillent sur cette question en Birmanie. La stratégie de PSI est fondée sur deux
volets : la vente à perte de produits préservatifs afin d’atteindre les plus pauvres dans les régions les plus exposées ; et
la communication de messages d’information diffusés par tous les moyens médiatiques, notamment la vidéo (6,34 postes
de TV pour 1000 habitants et 20.696 salles de vidéos) et le théâtre, pour atteindre un public maximum. PSI possède
également 3 bateaux (baptisés « Love Boat ») et deux camions pour accéder aux régions minières.
En conclusion l’auteur souligne le caractère fondamental d’un partenariat (organisations internationales, gouvernement et
ONG) de longue durée pour fournir une éducation et une information spécifiques indispensables à une modification du
comportement sexuel et à une amélioration de la qualité de vie de ses concitoyens.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.74
VIII- Mondialisation et évolution des systèmes économiques
30. LA CRISE ASIATIQUE : LA DIVERSITE DES TRAJECTOIRES DES PAYS ASIATIQUES (ATELIER ANNULE) Coordinateur: Robert BOYER, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS),
Régulation, ressources humaines et économie publique, (CEPREMAP), Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS)
Intervenants : Sébastien LECHEVALIER, Wooseok OK, Irène HORS
La ligne directrice générale de cet atelier est la suivante. Depuis plus de 10 ans, l’histoire des économies du Sud-Est
asiatique a été marquée par une série de déceptions, qui ont été d’autant plus fortes, que l’on vantait précédemment leur
mérite. En effet, l’éloge de ces économies par les observateurs extérieurs a précédé de peu leur entrée en crise. Ainsi la
crise japonaise éclate en 1992, quelques années après qu’on a parlé de japonisation du monde ; les crises asiatiques
éclatent en 1997, quatre ans après le fameux rapport de la Banque mondiale (1993), qui érigeait ces économies en
modèle de développement. Par réaction, on a eu alors tendance à souligner les limites de tels modèles, qui s’étaient en
partie inspirés de l’exemple japonais, et de leur mauvaise adaptation commune aux nouvelles exigences de la
mondialisation.
Mais, au vu de la divergence des trajectoires depuis la fin des années 1990, il apparaît qu’il faut au contraire souligner la
diversité des crises asiatiques et des modèles qui supportaient la croissance de ces économies. Cette diversité
n’empêche pas cependant d’envisager de façon très réaliste un processus de régionalisation, dont les lignes restent à
définir. C’est le mérite d’une approche macroéconomique et institutionnelle de ces crises que de pouvoir analyser ces
trajectoires.
Cette ligne directrice serait déclinée en 4 interventions.
Sébastien LECHEVALIER : CEPREMAP – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
La crise japonaise dans un contexte asiatique
La crise japonaise fait encore aujourd’hui l’objet de plusieurs débats sur sa nature et ses causes (demande/offre ;
finance/économie réelle ; crise interne/chocs externes ; erreurs de politique économique/problèmes structurels, etc.) ainsi
que sur les solutions pour en sortir. Cette contribution adopte une autre perspective qui met l’accent sur la chronologie de
la longue crise japonaise, dont on montre ainsi la singularité.
Si des enchaînements singuliers font que la crise japonaise est fondamentalement différente des crises asiatiques, il n’en
est pas moins vrai qu’elle ne peut pas être comprise sans référence à son contexte mondial et surtout régional. On
s’attache donc dans un deuxième temps à analyser les interactions entre la crise japonaise et le reste de l’Asie.
Enfin, on soutient qu’on ne peut envisager une sortie de crise et qu’on ne peut définir le modèle d’après crise que par la
prise en compte du contexte asiatique et du processus de régionalisation, au sein duquel on analyse la place du Japon,
qui reste à déterminer.
Wooseok OK : Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
La Corée – un nouveau modèle d’après - crise ?
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.75
Il y a une large unanimité parmi les économistes sur le fait que la crise financière en 1997 a révélé les faiblesses du
modèle coréen de développement économique, qui étaient passées inaperçues dans l’euphorie de la réussite des
années antérieures. En revanche, le modèle qui a commencé à se former après la crise n’a fait que rarement l’objet
d’une analyse. Ce projet de communication vise d’abord à repérer des éléments d’un nouveau régime à partir des
réponses spécifiques de la Corée du sud à la crise. On mettra en particulier l’accent sur les changements dans le
système d’entreprise et l’insertion dans l’économie internationale. Ces nouveaux éléments pourraient être en suite
comparés avec le modèle d’avant la crise, ce qui permettra de s’interroger sur la viabilité de ce « nouveau » régime à
long terme.
Irène Hors : Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
Le cas de Taïwan
Alors que Taiwan avait plutôt bien résisté à la crise financière de 1997 - 1999 (gardant un taux de croissance de l'ordre
de 5%), ce pays a connu un taux de croissance négatif en 2001 et est fortement marqué par la récession mondiale.
L'objectif de cette intervention est de montrer en quoi la prédominance des PMEs dans l'économie taiwanaise a
déterminé son évolution récente.
Robert BOYER : Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Régulation, ressources
humaines et économie publique, CEPREMAP – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
L’intégration régionale comme réponse aux crises asiatiques
La communication se propose d’insister d’abord sur la diversité des trajectoires des pays asiatiques à partir de la
comparaison du Japon, de la Corée et de Taïwan depuis le début des années quatre-vingt-dix. On développe ensuite une
comparaison du processus d’intégration européenne et des tentatives de constitution d’un fond monétaire asiatique
comme réponse aux crises ouvertes à partir de 1997. Si l’accord politique et la construction institutionnelle sont
caractéristiques de l’intégration européenne, c’est l’investissement direct et le commerce qui constituent les forces de
l’intégration asiatique. Il ressort de plus que la mobilité financière internationale affecte la possibilité de l’intégration
asiatique. On se propose d’esquisser une stratégie tenant compte de ces deux différences par rapport à l’intégration
européenne.
31. OUVERTURE ECONOMIQUE ET STRATEGIES D'ENTREPRISES EN ASIE Coordinateur : Gilles GUIHEUX, Chercheur, Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine - Hong Kong
(CEFC-Hong Kong)
Intervenants : Xavier RICHET, Joël RUET, Jean-François HUCHET, Marc HUMBERT, Marc LAUTIER, Jean ESMEIN
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.76
Au cours des 20 dernières années, l'Asie a vu sa situation dans l'économie mondiale se transformer. Le Japon, la Corée et Taiwan avaient fondé leur réussite économique sur la puissance de leurs exportations. Ces économies ont dû s'ouvrir aux importations étrangères, et se caractérisent aujourd'hui par une forte extraversion. La Chine, le Vietnam, l'Inde étaient auparavant des économies largement fermées sur l'extérieur. Suivant des chronologies qui leur sont propres, elles se sont tour à tour ouvertes, misant sur l'investissement étranger comme source de financement de la croissance et comme moyen d'acquisition de technologies modernes. Aujourd'hui, la Chine, dont les rythmes de croissance se maintiennent à un niveau élevé, constitue l'un des pôles de la croissance mondiale, alors que l'économie japonaise peine à redémarrer. Quels rôles ont joué les investissements internationaux dans l'insertion des économies asiatiques à l'économie mondiale? Quelle est la part des flux économiques intra- et extra-asiatiques ? Dans quelle mesure l'Asie constitue-t-elle ou non un espace économique ? Les entreprises de l'Asie en développement se contentent-elles de produire pour des donneurs d'ordre étrangers ou ont-elles développé des capacités de créer (et de vendre) leurs propres produits sur les marchés internationaux ? Quels rôles ont joués les Etats et les politiques économiques dans cette dynamique d'insertion à l'économie mondiale ? Les intervenants au panel fourniront des réponses à ces questions à l'échelle d'un pays ou d'un secteur d'activité.
Gilles GUIHEUX : Chercheur, Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine (CEFC-Honk Kong)
Les industries de l'information à Taiwan : le défi continental
Un faisceau de facteurs contribue à expliquer la spécialisation de l'économie taiwanaise dans le secteur des industries de
l'information : la détermination de l'Etat à financer à partir du début des années 1980 (en particulier via la recherche), le
retour d'ingénieurs diplômés des universités américaines, l'intensité des liens scientifiques et humains entre Taiwan et la
Californie. Ce secteur est aujourd'hui confronté à un nouveau défi : les investissements massifs en Chine continentale.
Quelles implications pour l'avenir de ce secteur ? Quel positionnement de Taiwan dans la chaîne mondiale de
production? Quel rôle peut aujourd'hui jouer la puissance publique ?
Xavier RICHET : Professeur, Centre Interuniversitaire d’Etudes hongroises (CIEH), Université de la Sorbonne
nouvelle (Univ. Paris III)
Nouvelles formes d’entreprises au Vietnam
Depuis maintenant près de deux décennies, l’économie vietnamienne est en cours de transformation à la suite des
réformes introduites au cours des années quatre-vingt. Les réformes introduites de manière récurrente et discontinues
ont, jusqu’ici eu des effets limités en termes de productivité et de performance globale. L’ouverture aux investissements
étrangers n’a pas joué le rôle de catalyseur qu’il a rempli dans d’autres pays, notamment en Chine. Le Vietnam est le
seul pays de la région a avoir enregistré un retrait massif des investisseurs étrangers au cours des années quatre-vingt
dix.
Face à la montée en puissance de la Chine comme partenaire régional, face aux stratégies de sortie de crise qui a frappé
la région à la suite de la crise financière de 1997-98, comment les firmes vietnamiennes s’ajustent, comment
l’environnement concurrentiel affecte ces comportements. ? La reprise récente de l’IDE, le développement rapide de
l’entrepreneuriat et du secteur privé peuvent-t-ils conduire à de novelles formes de concurrence et à la spécialisation de
l’économie vietnamienne dans le nouvel environnement asiatique.
Joël RUET : Chercheur, Centre de Recherche en Sciences Humaines à Delhi
La réponse des groupes industriels indiens à l'ouverture à la concurrence des services publics
Les firmes de Technologies de l’Information (TI) tirent l’émergence de l’Inde, non seulement compte tenu de leur rôle
exportateur, mais également en tant que nouveau modèle de croissance pour le privé et peut-être en termes de
développement, en conjonction avec l’Etat. Les firmes de biotechnologies (BT), en tout cas celles du ‘secteur des
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.77
biotechnologies modernes’ (définies comme articulant l’analyse, la cartographie, la manipulation, ou la modification du
patrimoine génétique).
L’article décrit l’émergence de ces deux secteurs industriels en Inde, ainsi que leurs récents progrès technologiques et
leur ‘remontée dans la chaîne de création de valeur’ (section 1). Il analyse ensuite la spécificité des actifs des deux
secteurs, afin d’explorer deux questions d’économie industrielle:
- En quoi les diverses spécificités d’actifs expliquent les divers arrangements contractuels au sein de ces secteurs,
ainsi que les divers degrés de partenariats et de quasi-intégration avec d’autres firmes ou laboratoires (section 2)?
- Puis, dans une perspective où la globalisation de ces firmes est définie comme la ‘mise en place de stratégies
globales pour intégrer et optimiser à l’échelle mondiale leurs ressources techniques et académiques’, comment peut-on
analyser le degré d globalisation des firmes indiennes en fonction de leurs spécificités d’actifs (section 3)?
Concernant ces deux derniers aspects, l’article montre en particulier que, la spécificité d’actifs étant plus forte pour les
biotechnologies que pour les TI, les partenariats avec les groupes industriels classiques sont d’autant plus nécessaires.
Dès lors, et de fait, peu de firmes sont réellement devenues globales dans les TI, et aucune dans les BT.
Marc HUMBERT : Professeur d’économie, Université de Rennes I
Jean ESMEIN : Centre de Recherches sur la Culture Japonaise de Rennes (CRCJR)
Les firmes manufacturières japonaises et l'investissement extérieur
Les firmes japonaises ont inauguré dans les années soixante des comportements d'investissement extérieur qui ont
dénoté par rapport aux pratiques occidentales et théorisées (KOJIMA), leurs modes de fonctionnement sur leur sol
national les amenant en particulier à retarder leur mouvement d'internationalisation vers leurs territoires d'exportation
(PERRAULT). En revanche elles ont eu des relations plus précoces et aussi vite originales vis-à-vis des voisins
asiatiques. En ce qui concerne la Chine on peut noter une spécificité permanente au contenu perpétuellement réajusté
qui donne une saveur originale aux modes de coopération-concurrence entre les industries japonaises et chinoises. La
lecture des expériences passées devrait nous permettre de s'essayer à décrypter les voies qui risquent d'être explorées
dans les années qui viennent.
Marc LAUTIER : Maître de conférences, Université de Rouen, Centre d’Analyse et de Recherche en Economie
(Laboratoire CARE)
De l’ouverture sur le monde à l’ouverture au monde : l’ultime modernisation de Korea Inc ?
Auparavant l’une des économies capitalistes d’Asie les plus fermées, la Corée est devenue en quelques années l’une
des plus ouvertes aux IDE. L’évolution de la position de l’Etat vis-à-vis des investisseurs étrangers marque un
changement de paradigme d’ouverture qui s’articule à la transformation du régime de concurrence. Pour réformer le
système industriel et les modes de gouvernance, une alliance Etat/IDE tend à se substituer à la traditionnelle coalition
Etat/groupes face aux firmes étrangères. L’articulation entre concurrence interne et externe est ainsi modifiée. Le
précédent régime oligopolistique qui combinait protection des chaebols de la concurrence externe et rivalité intense entre
les chaebols au niveau domestique est remis en cause au profit d’un schéma fondé sur la consolidation des groupes et
une plus large ouverture à la concurrence internationale. La Corée passe d’une ouverture sur le monde à une ouverture
au monde.
Il s’agit probablement de l’ultime paradoxe de Korea Inc. En effet, le modèle industriel coréen s’est construit et développé
avec succès sur la base d’une coalition nationale forte articulant l’Etat, les banques et les groupes. Or, ce modèle fondé
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.78
sur un nationalisme étroit ne pouvait être réellement reformé de l’intérieur. Sa modernisation nécessite au contraire une
ouverture élargie et durable de l’économie aux entreprises et aux investisseurs étrangers.
32. CRISES FINANCIERES, CONSOLIDATION BANCAIRE ET RESTRUCTURATIONS DES ENTREPRISES EN ASIE Coordinateur : Christian MILELLI, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS - Forum Globalization-
Innovation-Firm-Territory - Nanterre)
Intervenants : Cyril ANDRIEU-LACU, Françoise NICOLAS, Anne ANDROUAIS
L’atelier se propose de revenir sur les relations étroites entre crises financières régionale ou nationale, consolidation
bancaire et restructurations des entreprises en Asie. Dans un premier temps, seront rappelées les diverses mesures de
consolidation bancaire et de restructuration des entreprises menées dans les pays affectés par la crise financière
régionale de 1997-98. Une attention particulière sera portée au cas coréen. Dans un deuxième temps, la situation
japonaise caractérisée depuis 1991 par une crise financière inédite sera abordée.
Christian MILELLI, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS - Forum Globalization-Innovation-
Firm-Territory - Nanterre)
L’ambivalence de la restructuration bancaire après la crise financière régionale
La crise a mis en évidence la relation étroite entre les banques et les entreprises dans des pays asiatiques qui
s’ouvraient aux marchés financiers internationaux. Elle a été pointée comme l’une des principales causes des
déséquilibres financiers qui ont conduit à une situation de crise en 1997 et 1998. Partant de là, ces pays ont dû prendre
des mesures soit sous la contrainte des institutions internationales, soit de leur propre initiative : il s’agissait de lutter en
priorité contre des effets, comme le risque d’illiquidité pour l’ensemble du système bancaire, particulièrement
préjudiciables pour l’économie nationale. Il s’agissait aussi dans le cadre de la restructuration obligée des banques et de
la dette des entreprises nationales d’introduire de nouvelles règles du jeu. Toutefois, les programmes mis en œuvre ont
rapidement buté sur un certain nombre de limites.
Françoise NICOLAS : Institut Français des Relations Internationales, Paris
La restructuration du secteur financier en Corée du Sud
La crise a mis en lumière les fragilités du système bancaire national dans le cadre de l’ouverture internationale (rôle de
l’Etat, poids des structures conglomérales, insuffisance de la supervision et des règles prudentielles). Les autorités sont
rapidement venues à l’aide du secteur bancaire et ont joué un rôle actif dans sa consolidation. Mais l’absence de
régulation des autres sociétés financières a entraîné un gonflement du marché obligataire privé et au financement
d’entreprises surendettées, comme le troisième chaebol, le groupe Daewoo, acculé à la faillite en 1999. Toutefois,
l’entrée significative d’investisseurs étrangers dans le capital social de grandes banques commerciales constitue à terme
un levier de changement pour un système bancaire, qui reste encore marqué par de nombreux liens avec les structures
conglomérales.
Cyrille ANDRIEU-LACU : Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales, Paris
Du bon usage de la politique macro-économique en déflation : le cas de la crise japonaise
Le Japon est entré en déflation en 1991. Enclenché par l’effondrement des marchés d’actifs suite à l’éclatement de la
« bulle » c’est un processus dynamique qui a déréglé avec une vitesse croissante tous les rouages de l’économie
nationale. Le comportement des autorités à juguler un tel phénomène, et plus précisément leur promptitude à rétablir la
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.79
confiance, à restaurer les chaînes d’engagement financiers et à soutenir l’économie dans sa phase d’assainissement a
été un échec : la croissance économique sur la période 1990-2000 a été en moyenne de 0,5 % et quasiment nulle si est
exclut l’année exceptionnelle de 1996.
Anne ANDROUAIS : Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS-Forum, Nanterre)
Les relations économiques japonaises en Asie et la répartition des devises
* Le yen et la répartition des devises en Asie
L’Asie de L’Est a le statut de partenaire privilégié au regard de l’économie du Japon, mais pour l’Asie de l’Est, le Japon
n’est qu’un des partenaires; les pays d’Asie de l’Est effectuent leurs transactions commerciales en dollar avec les Etats-
Unis, mais préfèrent également le dollar dans le commerce intra-zone, ainis la devise en yen est assez peu utilisée car
considérée comme une monnaie locale.
Grâce à la hausse rapide du yen et donc la baisse du dollar depuis 1985 (accords de Plaza), les pays asiatiques ont
effectué un développement économique remarquable jusqu’au milieu des années 1990. Ces pays ont eu un taux de
croissance élevé en grande partie due aux investissements japonais. L’industrie manufacturière japonaise a reçu un choc
avec la hausse rapide du yen et, pour retrouver une compétitivité des prix, le Japon a accru ses investissements directs
extérieurs en Asie: dans les NPI d’Asie, l’ASEAN et la Chine ; ceci a eu pour résultat de reconquérir les marchés dans la
région. Et les économies asiatiques se sont renforcées grâce à l’augmentation des exportations des NPI asiatiques dans
le monde.
* Effets de complémentarités et dynamiques sectorielles par les IDE
Le processus déjà engagé doit maintenant mieux répondre aux exigences de ses partenaires immédiats : le Japon et les
pays de l’ASEAN, en ce qui concerne notamment les réallocations de ressources, l’intensification des IDE en Chine et les
exigences de l’OMC. Par les zones ou foyers de développement économique et technologique, la logique transfrontalière
est de faire jouer des effets de complémentarités dus à la mobilité du travail et surtout du capital entre les territoires.
Ceux-ci engendrent des dynamiques économiques en attirant les IDE, vecteurs de transfert technologique, provoquant
ainsi la diffusion de relations sectorielles en réduisant les coûts de transactions. Ainsi, des autorités locales décident
d’accroître des zones économiques concurrentielles situées chacune dans un espace frontalier et industriel plus
développé. Ainsi, elles augmentent par la même, des relations complémentaires créant un environnement favorable à
l’IDE japonais.
* La transformation d’un processus productif de l’innovation et la position concurrentielle de l’économie du Japon
La problématique des liaisons marché – concurrence - innovation en Asie porte sur l’étude de l’innovation accroissant la
position concurrentielle des entreprises dans les pôles technologiques formés par les zones transfrontalières, encore
nommés : étapes intermédiaires du développement de la coopération intra-régionale. Le problème se pose quant à la
stimulation de l’innovation, créant un effet de diffusion dans les économies des pôles dominants de la région, dont les
industries s’orientent vers une plus haute technologie.
Les vagues technologiques ont entraîné des réductions dans les coûts de production, du secteur textile à celui de
l’électronique et des externalités sont apparues engendrant des effets d’extension caractérisés ; ainsi, les NPI asiatiques
paraissent menacés non seulement par les pays de l’ASEAN, mais aussi par la Chine.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.80
33. LES MUTATIONS DE L’APPAREIL INDUSTRIEL DES PAYS ASIATIQUES APRES LA CRISE Coordinatrice : Diana HOCHRAICH, Forum Globalisation-Innovation-Firm-Territory (Forum Gift-Nanterre), Centre
national de la Recherche scientifique (CNRS)
Intervenants : Françoise HAY, Evelyne DOURILLE-FEER, Yveline LECLER Cet atelier se propose d’examiner les conséquences de la crise asiatique sur les stratégies des firmes multinationales en Asie et sur la spécialisation des systèmes productifs nationaux. Ce problème sera abordé sous deux angles : macro-économique (D I T en Asie, cadrage des IDE et évolution des stratégies d’IDE manufacturiers japonais) et micro-économiques (motivations des délocalisations japonaises en Asie dans le secteur de l’automobile et de l’électronique). L’interrogation centrale de cet ensemble de contributions est posée au niveau de l’évolution de la D.I.T en Asie et des changements de rapports entre les firmes. Diana HOCHRAICH : Forum Globalization-Innovation-Firm-Territory (Forum Gift-Nanterre), Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) La nouvelle D.I.T en Asie La crise asiatique a souligné la perte de compétitivité des pays asiatique émergents. Par ailleurs l’entrée de la Chine à l’O.M.C a intensifié son rôle d’atelier du monde par le biais des délocalisations d’entreprises étrangères sur son sol. L’afflux massifs d’IDE (asiatiques, européens et américains) en Chine bouleverse la DIT asiatique et mondiale. Pour les firmes asiatiques, se pose la question de la finalité de la production en Chine : solution aux problèmes de compétitivité ou fuite en avant ?
Françoise HAY : Université de Rennes I
L’impact de la crise sur les IDE en Asie
La présentation s'attachera à montrer comment les réceptions et les émissions d'IDE asiatiques ont évolué suite à la crise
dans leur contexte de réalisation, dans leurs montants, et dans leurs destinations géographiques.
Les évolutions observées ont été inégales selon les pays. Certes, la dynamique des IDE ayant prévalu dans la région
dans les années antérieures s'est globalement trouvée perturbée, mais la crise a aussi favorisé des ouvertures nouvelles
dans certains pays d'accueil et elle a donné l'opportunité à certains investisseurs de restructurer leurs opérations en Asie.
Evelyne DOURILLE-FEER : Centre d’Etudes Prospectives et d’informations internationales (CEPII)
L’évolution des stratégies d’IDE manufacturiers japonais en Asie
Avant la crise asiatique, les stratégies d’implantations des firmes japonaises en Asie ont été guidées dans l’ensemble par
l’exploitation de leurs avantages compétitifs, tout en intégrant certains avantages comparatifs des pays. L’après crise est
marqué par une accentuation des spécialisations des investissements japonais par pays, le renforcement des
dynamiques d’échanges et d’investissements intra-régionaux, notamment de l’axe Japon-Chine.
Yveline LECLER : Institut d’Etudes Politiques de Lyon, Institut d’Asie orientale (IAO)
La division du travail des firmes japonaises en Asie : le cas de l’électronique et de l’automobile
A travers l’analyse de l’évolution des réseaux d’approvisionnement des entreprises japonaises des deux secteurs
considérés, la présentation a pour but de montrer comment depuis la crise asiatique, mais aussi la libéralisation des
échanges…, leur division du travail, restée relativement nationale dans chacun des pays investis, tend aujourd’hui à
intégrer l’ensemble de la zone dans une dynamique de spécialisation hiérarchique des espaces.
34. MICROFINANCE ET PROBLEMATIQUE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE Coordinatrice : Kamala MARIUS-GNANOU : Maître de conférences en géographie à l’Université de Bordeaux 3 et
enseignante-chercheure à l’UMR ADES (CNRS-Université Bordeaux3)
Intervenants : Jean-Michel SERVET, Isabelle GUERIN, François DOLIGEZ, Thierry PAIRAULT, Jane PALIER
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.81
La microfinance recouvre un ensemble très diversifié de dispositifs offrant des capacités d'épargne, de prêt ou d'assurance à de larges fractions de populations rurales et urbains n'ayant pas accès aux services financiers des établissements soumis à des contraintes de rentabilité immédiate. Dans de nombreux pays la microfinance est présentée comme une branche devant se développer comme un secteur financier en tant que tel et parvenir progressivement à dégager des ressources assurant la viabilité et pérennité des institutions mis en place, et on observe souvent l'abandon d'un objectif prioritaire de lutte contre la pauvreté par la microfinance. A l'inverse, l'Inde maintien un lien explicite fort entre microfinance et lutte contre la pauvreté, avec intervention des pouvoirs publics. La présente proposition d'atelier souhaite analyser quelques causes de ce choix politique indien et l'impact réel en ce domaine des actions des organisations de la société civile développant des programmes de microfinance. Des comparaisons avec d'autres pays asiatiques (Bangladesh, Vietnam, Laos) sont prévues .Cibler les ‘pauvres’ en tant que tels par la microfinance permet-il, au delà des ressources financières nouvelles apportées, de lutter le plus efficacement contre les processus d'exclusion et les situations de marginalité sociale.
Kamala MARIUS-GNANOU : Kamala MARIUS-GNANOU : Maître de conférences en géographie à l’Université
de Bordeaux 3 et enseignante-chercheure à l’UMR ADES (CNRS-Université Bordeaux3)
Jane PALIER, Doctorante en sciences économiques, allocataire de recherche au Centre Walras, Université
Louis Lumière Lyon 2, et boursière de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) rattachée à
l'Institut Français de Pondichéry (IFP).
Le rôle innovant des Self-help groupes féminins au-delà de la lutte contre la pauvreté en Inde
Les SHG (groupes solidaires) forment le pivot des programmes de microfinance en Inde. La simplicité du processus
d’adhésion et le rôle fondamental de l’Etat indien comme financier et interlocuteur majeur de ces programmes, explique
le développement rapide de ces SHG en Inde. La NABARD (banque nationale de développement rural) fortement
impliqué dans le développement des liens SHG-Banques, estime que d’ici 2008, seraient crée un million de SHGs
rassemblant 17 millions de femmes . Ces groupes de 15 à 20 femmes empruntent en leur nom auprès d'une agence
bancaire ou d'une institution de microfinance et se chargent de répartir les montants prêtés, de décider des taux
appliqués et des modalités de remboursement en fonction des besoins des femmes impliquées. Le fonctionnement en
groupe est considéré comme un moyen de renforcement des capacités (capacity-building). Dans le SHG, on retrouve
aussi un potentiel pour l’accumulation de capital social : l’action collective des SHG s’apparente à une mise en commun
des ressources (économiques, financières, culturelles,…) qui va permettre d’atteindre des objectifs communs - lutte
contre la pauvreté, viabilité financière et empowerment - lesquels seraient inaccessibles de manière individuelle. Ces
SHG sont une occasion pour ces femmes d’exprimer leur volonté de créer des lieux de parole, d'action collective et de
bâtir ainsi des espaces d'autonomie et de négociation. Plus que la microfinance, ce sont ces SHG qui peuvent impulser
des changements positifs dans la perception du rôle des femmes tant au niveau individuel qu’au sein du foyer et de la
communauté.
Jean-Michel SERVET : Directeur de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), en
détachement à l'Institut Français de Pondichéry (IFP) ; Professeur de sciences économiques, Université
Lumière (Univ. Lyon II)
Modèles comparés de microfinance à partir d’expériences indiennes
La mise à disposition de services financiers d’épargne, de prêt et d’assurance de faibles montants pour des populations à
faibles revenus et en situation de marginalité sociale connaît en Inde un développement important depuis plus de dix
ans. Celui ci est encouragé par les pouvoirs publics, en particulier grâce à la mise en place de self help groups. Ces
petits groupes locaux, ayant moins de vingt membres sont en contact direct avec un établissement financier ou le sont
par l’intermédiaire d’une ong. L’article présente les principaux dispositifs de microfinance existant. Il compare le modèle
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.82
dominant des self help groups à celui de la Grameen Bank du Bangladesh et analyse les raisons de sa prévalence en
Inde.
Isabelle GUERIN : Chargée de recherche, Institut de Recherche pou le Développement (IRD), Laboratoire
Population Environnement Développement (LPED)
La servitude pour dette. L’exemple du Bengladesh
La servitude pour dette est une des multiples facettes de la pauvreté : les familles sont amenées travailler pour
rembourser un prêt, souvent dans des conditions de travail médiocres, et pour une durée indéterminée : elles sont prises
dans un cercle vicieux de surendettement et d’exploitation du fait de taux d’intérêt très élevés et/ou de salaires
insuffisants voire nuls qui les obligent à ré-emprunter régulièrement. Dans un pays comme le Bangladesh, même si la
servitude pour dette est moins prononcée qu’en Inde, au Pakistan ou au Népal, ce type de situation existe. Deux
organisations de microfinance (Society for Social Services, Tangail District ; et Thengamara Mohila Sabuj Sangha,
Serajganj District), soutenues par un programme du Bureau international du travail, ont décidé d’utiliser la microfinance
comme mode de prévention de la servitude pour dette en s’adressant à trois types de population : familles d’agriculteurs,
de tisserands et prostituées. A partir d’enquêtes de terrain réalisées en décembre 2002, nous proposons de décrire leur
action et d’en analyser à la fois les potentialités et les limites.
François DOLIGEZ : Chargé de programme, Institut de recherches et d'application des méthodes de
développement (IRAM)
La microfinance rurale au Laos : contexte, expériences, contraintes de développement
Le Laos est un des rares pays d'Asie où la microfinance connait un développement très limité. La communication
analysera cette situation : caractéristiques du milieu rural, politiques macro-économiques et poids de la ‘répression
financière’. Cependant, différentes expériences de caisses villageoises et de coopératives de crédit ont pu se développer
dans le cadre d'interventions localisées. Elles illustrent le potentiel de ce secteur en termes de contribution au
développement rural, mais aussi les limites du cadre institutionnel au niveau national. Leur analyse, à partir d'études
d'appui spécifiques et des enquêtes d'impact menées sur le terrain, permettra d'esquisser un certain nombre de
perspectives pour construire un ‘agenda’ de politique publique destiné à promouvoir le secteur et à orienter son
développement
Thierry PAIRAULT : Directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Centre
Chine, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Institut National des Langues et Civilisations
Orientales (INALCO)
La résurgence de la finance informelle en Chine populaire
Quand le Parti communiste chinois accède au pouvoir en 1949, il identifie sans ambiguïté aucune toute forme de finance
informelle à de l’usure. Cela a été la position officielle jusqu’à la fin des années 1980 quand commencèrent à apparaître
partout en Chine des structures autonomes d’épargne et de crédit, des officines de crédit, de prêt sur gage exerçant à
titre privé, semi-privé, voire même sous couverture officielle. Après plus de vingt années de discussion, de lutte et de
marchandage certaines de ces résurgences ont été admises, d’autres ne sont seulement que tolérées, d’autres encore
ont été l’objet d’une réglementation s’imposant à tous les acteurs économiques. C’est ainsi que nous avons déjà abordé
l’étude des maisons de prêt sur gage ( Les habits neufs des maisons de prêt sur gage chinoises », Mondes en
développement, 2002, n°118) dont la renaissance exprime d’une certaine façon le pouvoir croissant de la société civile
en Chine de nos jours. Ce que nous nous proposons d’entreprendre est un élargissement de la démarche antérieure et
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.83
de produire, dans le cadre du premier congrès du Réseau Asie, un état général du secteur de la microfinance en Chine
ainsi que de présenter les diverses expériences entreprises dans la région de Wenzhou (province du Zhejiang) qui a
toujours bénéficié depuis les années 1980 d’une grande liberté de manœuvre pour expérimenter des solutions encore
interdites ailleurs.
35. GESTION DU SECTEUR PETROLIER ET INSTITUTIONS POLITIQUES, UNE ANALYSE COMPARATIVE ENTRE LE KAZAKHSTAN ET LE VIET-NAM Coordinateur : Gérard DUCHENE, Professeur, Directeur de Réformes et Ouverture des systèmes économiques
post-socialistes (ROSES), Université Panthéon-Sorbonne (Univ. ParisI)
Intervenants : TRAN Thi Anh Dao, CAO Xuan Dung, Ferhat ESEN, Gaël RABALLAND Terry Lynn Karl (2000) explique qu'au regard des expériences au Moyen-Orient et en Amérique latine qu'il est indispensable que de véritables institutions politiques et sociales aient été mises en place avant qu'un boom pétrolier n'intervienne. A l'heure où les pays du bassin Caspien commencent à retirer les profits liés à l'exploitation des hydrocarbures, cette question semble capitale. Les institutions influencent-elles la gestion des secteurs rentiers ? A l'opposé, comment l'existence d'importantes ressources à l'exportation provoque un retard de développement des institutions ? Dans le cas des pays du bassin Caspien, il apparaît que le type d'exploitation des hydrocarbures est intimement lié à la situation politique. Luong et Weinthal (2001) expliquent que les stratégies de développement des hydrocarbures sont fonction de deux éléments : la possibilité ou non de se procurer des ressources alternatives à l'exploitation des hydrocarbures et le niveau de la contestation politique. Ainsi, en Ouzbékistan et au Turkménistan, l'agriculture (et notamment le coton) fournit d'importants revenus aux budgets nationaux si bien que le pouvoir a préféré un engagement assez limité des entreprises étrangères et conserver aux mains de l'Etat le secteur pétrolier et gazier pour pérenniser le statu quo hérité de la période soviétique. L'Azerbaïdjan a hérité, à l'indépendance, d'un appareil économique dépendant économiquement des hydrocarbures et avec des ressources nationales de financement faibles. Aussi, a-t-elle dû faire appel aux entreprises étrangères tout en conservant la mainmise sur ce secteur en maintenant dans le secteur public la compagnie pétrolière nationale. La gestion de la rente est corrélée à la force des institutions. Or, on peut douter de l'efficacité économique des institutions politiques aujourd'hui dans le bassin Caspien. Von Hirschhausen et Waelde (2001) décrivent l'Etat dans les économies du bassin Caspien comme étant autocratique, dominé par des structures de clan…, [pays] où il n'existe pas de séparation entre Etat et économie. L'Etat est devenu source de profit car le secteur privé reste assez faible et vulnérable lorsqu'il n'est pas lié au pouvoir. L'objectif de cette étude, dans le cadre du réseau Asie, est d'analyser plus précisément, le niveau du développement institutionnel et les interactions institutions/secteur rentier dans un cadre comparatif. Le ROSES possède une expertise reconnue sur les économies en transition. En conséquence, les applications de ces recherches théoriques seront faites sur les pays du bassin Caspien ainsi que le Viêt-Nam. Même si le pétrole n'a pas la même importance dans les exportations vietnamiennes que dans les exportations kazakhes ou turkmènes, Hanoi a des exportations concentrées sur des secteurs intensifs en ressources naturelles, notamment le pétrole. L'intérêt de comparer les pays d'Asie centrale au Viêt-Nam réside aussi dans le fait que, ce sont tous des économies en transition, mais avec un développement institutionnel différent. En outre, la gestion des rentes semble elle-même différente selon les pays. Aussi, la question de savoir si le niveau de corrélation entre institutions et secteurs rentiers est capital pour le futur développement économique de ces Etats.
Gérard DUCHENE : Professeur, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) ; Directeur de Réformes et
Ouverture des systèmes économiques post-socialistes (ROSES)
La justification d'une analyse comparative Kazakhstan/Viêt-Nam dans la gestion du secteur pétrolier et le niveau de
développement institutionnel
TRAN Thi Anh Dao : Maître de Conférences, CEPN-UMR 7115 et ROSES-UMR 8055, Université Paris Nord
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.84
CAO Xuan Dung : Doctorante, Réformes et Ouverture des systèmes économiques post-socialistes (ROSES-
UMR 8055), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Maison des sciences économiques
Gestion du secteur pétrolier et développement institutionnel. Le cas du Vietnam.
Après avoir établi le bilan plutôt encourageant d’une décennie de développement du secteur pétrolier, nous nous
proposons d’examiner les caractéristiques institutionnelles de ce secteur, lesquelles nous apparaissent comme facteurs
déterminants de son dynamisme. L’obsession du contrôle du processus de transition pousse les dirigeants vietnamiens à
adopter une approche pragmatique à un double niveau : d’une part, la décentralisation de la gestion économique est
encadrée par une centralisation des pouvoirs de décision via les conglomérats d’Etat ; d’autre part, l’Etat opère une
libéralisation sélective et contrôlée du secteur pétrolier, privilégiant une extension horizontale et une concurrence interne
aux entreprises d’Etat. Cependant, l’orientation socialiste d’un mode de gestion bousculé de plus en plus par les règles
du marché commence à manifester ses effets contradictoires : du côté des provinces, la politique de décentralisation se
heurte à une dépendance budgétaire qui continue de modeler les relations entre l’Etat et les autorités locales ; du côté
des entreprises, l’autonomie de gestion est refrénée par une dépendance de décision qui entrave le dynamisme
entrepreneurial.
Mots clés : transition, socialisme de marché, revenu pétrolier, conditions institutionnelles
Gaël RABALLAND : Doctorant en économie, Réformes et Ouverture des systèmes économiques post-
socialistes (ROSES), Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Ferhat ESEN : Doctorant en économie, Réformes et Ouverture des systèmes économiques post-socialistes
(ROSES), Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I) ; Stagiaire, Institut Français du Pétrole (IFP)
Gestion du secteur pétrolier et développement institutionnel. Le cas du Kazakhstan
Depuis l'indépendance du Kazakhstan, la gestion du secteur pétrolier a été très politique. Le pétrole est au centre des
relations de pouvoir dans la mesure où l'argent de la rente sert de plus en plus à une consolidation du pouvoir par une
redistribution sélective.
En quoi cette gestion rentière est-elle influencée par le niveau de développement institutionnel du Kazakhstan ? Il semble
que ces deux mécanismes soient liés. Du fait de la faiblesse originelle de l'Etat kazakhstanais, il y eut un consensus pour
adopter, à l'indépendance, un Etat de type unitaire (où la centralisation était très forte contre la sécession). Mais ce
régime fort se transformera graduellement en régime autoritaire avec comme outil la redistribution de la rente pétrolière.
IX- Rapports à l’histoire 36. MEMOIRE ET IDENTITE. QUELQUES EXEMPLES EN ASIE DANS LES TEMPS MODERNES Coordinateur: Jean-Louis BACQUE-GRAMONT, directeur de recherche, Centre national de la Recherche
scientifique (CNRS), Centre Georges Dumézil d'Etudes Comparatives sur le Caucase
Intervenants : Hartmund O. ROTERMUND, Anne VERGATI, Jean CALMARD, Sabine TREBINJAC, UEHARA
Mayuko A travers quatre cas significatifs, choisis en divers points de l’Asie, les auteurs esquissent, par des voies diverses, une approche de l’idée et du vécu de l’identité dans des sociétés fort différents les unes des autres du fait de leur histoire, de leurs structures et de leurs traditions, depuis la veille de la flambée des nationalismes jusqu’à nos jours. En situant ruptures et continuités des mémoires, ils tenteront de comparer ce qui peut l’être dans un cadre largement intersectoriel et interdisciplinaire, en s’assurant de la présence dans l’auditoire de collègues sinisants et arabisants pouvant éclairer le débat, mais qu’il était pas possible d’intégrer
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dans une équipe de quatre orateurs principaux. D’autre part, l’Iran et la Turquie ne faisant pas partie de l’aire ‘Asie’ considérée ici, au contraire de l’Asie Centrale et de la Haute Asie, les exposés deJ. Calmard et J.-L. Bacqué-Grammont s’attacheront, en un bref contrepoint, à souligner l’impact de ces dernières, comme négatifs par lequel se définit l’identité iranienne dans un cas, en tant que porteuses d’images identitaires turquesidéales dans l’autre.
Hartmund O. ROTERMUND : Directeur d'Etudes, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EHESS), Ve section
Le Japon et l'Ere Meiji face à l'Occident: repli et ouverture dans le domaine de l'éducation
Au terme de la révision des ‘traités inégaux’, l’Empire japonais se trouvait dans l’obligation de consentir aux nations
signataires une ouverture totale du pays, donnant aux étrangers le droit de circuler librement à l’intérieur de l’archipel, d’y
élire domicile, d’y faire du commerce, d’y exercer des activités missionnaires, etc.
La perspective d’un brusque afflux d’Occidentaux déclencha alors la publication d’un nombre considérable de ‘discours
sur la préparation à la cohabitation [avec les étrangers}'’. L’examen de ces textes, véritables cris d’alarme, nous fait non
seulement comprendre la crainte inspirée par les multiples influences qu’excerceraient les étrangers dans tous les
domaines de la vie de la nation (éthique, religion, éducation, famille, langue, droit, économie, mœurs et coutumes) mais il
permet aussi de brosser un tableau des occidentaux vus à travers le prisme de l’imaginaire japonais exaspéré de cette
époque.
L’exposé aura pour but d’analyser quelques-uns des thèmes traités par nos documents :
- l’impact présumé de la coexistence avec les étrangers dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement. La
fréquentation d’une école gérée par les occidentaux ne ferait-elle pas perdre aux petits Japonais, côtoyant des
ressortissants d’autres pays, leur identité nationale ?
- l’éducation envisagée comme un moyen de combattre l’insularisme’ qui marquerait l’esprit japonais ;
le nécessaire tri à faire entre la civilisation matérielle -à accueillir- et la civilisation spirituelle –à rejeter ;
- l’enjeu d’une meilleure éducation des femmes, etc.
UEHARA Mayuko : Phd. Student, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
La quête de l'identité japonaise au temps de la modernisation : le cas des philosophes
Le Japon a connu l'introduction des valeurs scientifiques et culturelles de l'Occident à l'époque de Meiji. L'émergence de
la subjectivité individuelle fait partie de cette occidentalisation. Mais la réaction nationaliste, tendance générale dans
différents domaines, commence vers les annés 1910 et va être renforcée jusqu'à la défaite de la Seconde Guerre
mondiale. Cette étude se bornera à la quête de la notion de sujet
ou individu effectuée par des philosophes (Nishida Kitaro, Watsuji Tetsuro, Miki Kiyoshi, entre autres), qui ont essaye de
dépasser la limite des notions de sujet occidentales. la spécificité japonaise de ‘sujet’ consiste grosso modo en le rapport
dialectique entre le sujet et son lieu ou environnement. on exposera certaines des théories des philosophes japonais
choisis, afin de caractériser la probleématique d'une nouvelle identité japonaise dans le contexte historique de la montée
du nationalisme et même de l'ultra-nationalisme.
Anne VERGATI : Directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), Laboratoire
d'ethnologie et de sociologie comparative (CNRS-UMR 7535), Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Identité, mémoire et histoire locale. Quelques exemples en Inde du Nord (Rajasthan)
Dans le contexte indien, il est souvent question d’identité religieuse : les études récentes ont souvent insisté sur celle-ci
au niveau national, et on a cherché l’unité nationale à partir d’une certaine ‘unité’ religieuse dans l’hindouisme. Ce qui
donne l’identité d’une région, et aussi d’une communauté, est le panthéon local différent du grand panthéon hindou. Les
‘histoires’ de ces divinités locales sont construites à partir d’un savoir local (local knowledge, cf C. Geertz), et dans ces
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histoires, le fonds historiques -j’entends, les dates précises- a peu d’importance et change souvent. Dans l’Ouest du
Rajasthan, la littérature orale épique a joué un rôle important dans la construction d’une telle identité sociale et religieuse.
Sabine TREBINJAC : Chargée de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS),
Laboratoire d’ethnologie et sociologie comparative (CNRS-UMR 7535), Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Comment conserver sa mémoire et son identité : l’exemple des Ouïgours du Xinjiang (Chine)
Il est tout à fait frappant de constater que les Ouïgours appartenant depuis des millénaires à la sphère géopolitique
chinoise ont su conserver une mémoire et une identité propres malgré les changements culturels qui leur ont été imposés
par la force politique dominante. En effet, comment garder sa culture quand, en un siècle, on doit utiliser alternativement
l’alphabet cyrillique, les lettres latines, les caractères chinois ou les lettres arabes ? Comment se reconnaître ? Nous
proposerons au travers de plusieurs exemples tant ethnonymiques que linguistiques pris dans l’histoire des Ouïgours du
XXe siècle voire même de l’aube du XXIe siècle (avec un édit de janvier 2003) une analyse de ce savant savoir-faire
centrasiatique.
Jean CALMARD : Directeur de recherche honoraire, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
Littératures épiques et sentiment national en Iran
Ecrit autour de l’an mille par Ferdowsi, le Shâh Nameh (Livre des rois) constitue pour la société de l’Iran islamique la
principale source de connaissance-ou pour le moins de perception- de son prestigieux passé. Dépassant largement les
limites de la vie littéraire, cet ouvrage comporte des implications tant sur le plan de l’idéologie royale (à laquelle
s‘assimilent les souverains turcs et mongols iranisés) que celui de la mythologie et de la métaphysique. Ferdowsi s’écarte
de la structure linéaire de l’historiographie, alors d’expression arabe ; il donne à sa conception du passé iranien un
mouvement cyclique, au centre duquel l’Iran maintient ses valeurs culturelles, malgré les vicissitudes des revers ou des
défaites. Cela permet de valoriser, dans un sens tout autant dynastique que mystique, la conquête d’Alexandre le Grand.
Malgré les sentiments fortement anti-arabes qu’il exprime, Ferdowsi valorise, du moins implicitement, l’Islam iranien
auquel il adhérait dans sa composante chiite.
La grande impulsion donnée par Ferdowsi au cycle épique entraîna, après lui, la composition de nombreuses épopées
dites secondaires, exposant avec plus d’emphase et , souvent, d’exagérations invraisemblables, les exploits héroïques.
les récitations épiques, tant à la cour des grands que dans les lieux publics, furent concurrencées, à partir de l’époque
seljoukide (Xie-XIIe siècles), par les séances de déploration du martyre de l’Imam Hoseyn et des siens à Karbalâ (Iraq,
680). Comme dans le cas d’Alexandre le Grand, Hoseyn fut iranisé par la fiction de son mariage avec une princesse
sassanide dont descendraient tous les Imam. Fonctionnant comme un récit épique, la déploration des héros vengeurs,
comporte une forte charge émotive. Le ’paradigme de Karbalâ‘ fut systématiquement utilisé dans la dernière phase
révolutionnaire islamique d’Iran (1978-1979).
Nous tenterons de déterminer, dans une perspective historique, l’impact respectif de ces littératures épiques et épico-
religieuses sur les mentalités en Iran. Notre analyse portera aussi sur des aspects régionaux du sentiment national, où
ces littératures sont utilisées avec des adaptations ou des variantes.
Jean-Louis BACQUE-GRAMONT : directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique
(CNRS), Centre Georges Dumézil d'Etudes Comparatives sur le Caucase (UPRESA 8003)
Occultation, résurgence et développement de la mémoire altaïque en Turquie
A la suite de leur mainmise, au XI ème siècle, sur le califat abbasside et la majeure partie de l’Asie Mineure, les Turs
Seljoukides adhérèrent rapidement à la civilisation islamique, en particulier par l’intermédiaire de la forme iranienne de
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celle-ci. Dès lors, sans l’oublier dans l’usage parlé, les élites turques abandonnèrent pour longtemps leur propre langue
et la riche littérature qu’elle véhiculait aux ‘Turkmènes’ ou plus simplement, ‘Turcs’, nomades obstinément attachés à
leurs traditions anciennes. Il fallut attendre le XV ème siècle pour que le turc, rendu apte à noter de subtiles nuances de
la pense grâce à des emprunts massifs au persan et à l’arabe, accédât au rôle de principale langue de culture d’un
empire devenu immense. De manière parallèle, les racines identitaires furent recherchées davantage dans un passé
islamique tendant au fabuleux et ethniquement assez indifférencié que dans des souvenirs centre-asiatiques, d’autant
plus que le dernier en date de ces derniers correspondait à l’écrasement de Bajazet ‘la Foudre’ par Tamerlan en 1402.
Ce ne fut qu’à la fin du XIX ème siècle que parmi les nombreuses composantes ethno-religieuses du monde ottoman et
surtout sous l’influence de Tatars de Russie qui avaient élaboré une conception de leur ‘turcité’ en opposition avec le
nationalisme de l’Empire des tsars, les Turcs prirent conscience du fait qu’au-delà de l’appartenance à l’islam, leur
identité propre était différente de celles d’autres coreligionnaires, eux-mêmes en train de définir la leur en opposition avec
le pouvoir d’Istanbul et de leurs représentants.
On tentera de tracer les grandes lignes et de marquer les temps forts de ce processus d’occultation-redécouverte-
exaltation de l’identité turque, jusqu’à son intégration dans la vision kémaliste d’une Turquie à la fois resourcée en Haute-
Asie et tournée vers l’Occident
37. ENTRE LOYAUTE ET DELOYAUTE : LA COMPLEXITE DU CHOIX EN CONTEXTE COLONIAL EN INDOCHINE Coordinateur : Christopher E. GOSCHA, chercheur, Institut d’Asie Orientale (IAO), Maître de conférences,
Université Louis Lumière (Univ. Lyon II)
Intervenants : Agathe LARCHER-GOSCHA, Gilles DE GANTES, Claire TRAN THI LIEN Choisir son camp, revendiquer telle appartenance communautaire plutôt qu’une autre, refuser les comportements majoritaires et rompre les rangs, ces questions que tout homme se pose un jour ou l’autre dans sa vie revêtent en contexte colonial une gravité décuplée. Elles se posent alors en terme de ‘ loyauté ’ et de ‘ déloyauté ’ vis-à-vis de l’autorité dominante, mais aussi vis-à-vis de sa patrie, de sa famille, de son village ou de sa région d’origine, de ses amis et fréquentions. Dans un monde où tous les repères traditionnels se fissurent ou se transforment rapidement, comment se positionner dans la société, quelle fidélité garder ou rompre, envers qui afficher son loyalisme ? Les historiographies officielles, coloniales ou nationalistes, ne se sont pas embarrassées de la question du choix. Il est évident et irrécusable, facile à adopter puisque le bon s’impose de lui-même. On est ‘ loyaliste ’ ou ‘ rebelle ’, Français ou ‘ anti-Français ’, ‘ colonialiste ’ ou ‘ nationaliste ’, ‘ patriotes’ ou ‘ traîtres ’. La réalité est bien sûr autrement complexe et sinueuse, aussi obscure que l’intimité d’une décision peut l’être. C’est précisément la difficulté du positionnement entre loyauté et déloyauté, fidélité et infidélité, qui saisit différentes catégories de Vietnamiens durant la période coloniale et post-coloniale. Pour pénétrer dans ces zones obscures de la loyauté/déloyauté, cet atelier dégagera quatre thèmes majeurs qui couvrent la période de la colonisation et de la décolonisation en Indochine : la question du ‘ ralliement ’ des Vietnamiens qui ont décidé de marcher avec la France ; la question du ‘ métissage ’ et la complexité d’une loyauté et une déloyauté raciales ; le choix religieux et la guerre de libération ; et, enfin, la question épineuse de la ‘ désertion ’. Les deux premiers sujets se consacrent à la question de la loyauté pendant la période coloniale, lorsque la force française était à son apogée, tandis que les deux derniers sujets traitent la déloyauté pendant la guerre, lorsque la puissance française était contestée et que de nouveaux choix se présentaient. Non seulement ces quatre sujets se complètent sur le plan problématique et chronologique, mais ils comportent chacun forcément des aspects pluridisciplinaires, tant anthropologiques, sociologiques que politiques et historiques. Telle est la complexité du choix entre loyauté et déloyauté, que nous nous proposons d’explorer .
Agathe LARCHER-GOSCHA : Chercheur associé, Institut d’Asie Orientale-Lyon (IAO-Lyon)
Entre loyauté coloniale et déloyauté patriotique : Les partisans vietnamiens de la conquête et de la pacification
française en Indochine (1858-1914)
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Depuis le milieu du XIXe siècle, face à l’invasion du pays par des troupes d’occupation étrangère, la monarchie et la
population vietnamienne furent contraintes de réagir pour défendre leurs intérêts et préserver leur identité nationale
menacée. Les choix qu’elles durent assumer ne furent pour autant jamais simples et nettement définis une fois pour
toute. Bien au contraire, de multiples stratégies furent mises en œuvre pour freiner la progression des empiètements
territoriaux et politiques des Français, eux-mêmes longtemps hésitants et indéterminés dans leurs projets de conquête.
La négociation, l’attentisme, la fermeté et l’appel à la résistance populaire furent tour à tour, voire simultanément,
envisagés par l’Empire vietnamien pour préserver l’intégrité du royaume.
L’histoire de cette conquête n’a pas échappé à une vision manichéenne, que ses différents protagonistes ont
pareillement soutenue dans le but de légitimer leurs causes. Ainsi beaucoup de récits français de la période coloniale ont
mis en avant la relative facilité de la conquête de l’Indochine pour appuyer l’idée qu’elle se faisait dans un esprit
pacificateur (au Laos et au Cambodge, particulièrement) et civilisateur, bien compris par les populations locales. Au
contraire, l’historiographie nationaliste vietnamienne depuis la décolonisation mit en avant l’élan de résistance à la
conquête française, menée par d’authentiques figures héroïques, comme si la question du choix ne pouvait justement
pas se poser alors.
Cette communication se propose d’étudier les itinéraires singuliers, mais pas moins significatifs, d’auxiliaires vietnamiens
de la conquête et de la pacification coloniales, d’hommes qui choisirent, parfois au péril de leurs vies, de se montrer
“ loyaux ’ envers l’occupant sans pour autant se penser nécessairement “ traîtres ’ à leur patrie. Certains ne se posèrent
même pas la question en faisant ‘ leurs soumissions ’ qui s’avéraient parfois réversibles, transitoires, opportunistes.
Leurs cas illustrent la complexité des choix qui s’offrirent alors aux lettrés comme aux simples paysans dans ces périodes
si troublées de l’histoire. Dès 1860, des ralliements à l’armée coloniale se produisent en Cochinchine, bientôt suivis
d’autres en Annam et au Tonkin vers 1880-1890. Nous suivrons en particulier les pas de ces fonctionnaires vietnamiens
(Tran Ba Loc en Cochinchine, Nguyên Than en Annam, Hoang Cao Khai et Lê Hoan au Tonkin) qui formèrent des
colonnes de miliciens pour pourchasser les ‘ pirates ’ et ‘ rebelles ’ à l’autorité française. Nous chercherons à comprendre
les motivations diverses —familiales, religieuses, honorifiques, financières, politiques, conjoncturelles— qui les animaient.
Notre propos n’est pas de saluer le courage de ces hommes ou de jeter l’opprobre sur eux, mais de montrer comment et
pourquoi un noyau de Vietnamiens influents refusèrent contre toute attente de s’opposer aux Français pour préférer
collaborer avec eux dans leurs entreprises colonisatrices, quitte à composer avec leurs perceptions du ‘ loyalisme ’ et de
la ‘ fidélité ’ à la Patrie.
Gilles DE GANTES : Chercheur associé, Institut de Recherche sur le Sud-Est asiatique (IRSEA)
‘Dau ga, dit vit’ La place improbable des métis franco-vietnamiens en situation coloniale
Dans son principe, la colonisation telle qu’elle fut pratiquée par les pays européens aux 19ème et 20ème siècle, entraîne
une inégalité radicale : d’un côté les colonisateur, de l’autre les colonisés. Dans la mesure où l’inégalité radicale était
difficile à justifier et impossible à pratiquer, les colonialistes ont eu tendance à la sur-affirmer, ignorant plus ou moins
volontairement les groupes sociaux dont l’existence contredisait le modèle dominant : juifs du Maghreb, soldats
sénégalais en garnison en AEF, fonctionnaires vietnamiens dirigeant des contribuables khmers et bien d’autres. Parmi
ces groupes intersticiaires, dont la loyauté est partagée entre les dominants et les dominés, les métis ont une place
particulière puisqu’ils sont prédestinés à la nécessité du choix.
Le cas des métis franco-vietnamiens est original si on le compare à celui des métis d’autres colonies françaises et à celui
des métis franco-khmers ou franco-lao. Ils sont très nombreux (30% des enfants français dont la naissance est déclarée
dans les années 1930 en Indochine sont des métis). Beaucoup sont déclarés Français et n’ont aucun doute sur leur
communauté d’appartenance, d’autant plus que celle-ci est plus valorisante et qu’ils sont souvent rejetés par la
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communauté vietnamienne. Les mères d’enfants métis qui n’ont pas été reconnus cherchent d’ailleurs souvent à les faire
reconnaître Français, ce q’une loi de 1927 autorisa à la seule condition que l’aspect physique du candidat à la nationalité
française laisse penser qu’il avait un géniteur européen.
J’envisage de développer trois points concernant la place des métis dans le système colonial indochinois :
La représentation que s’en font les colonisateurs. La littérature et la presse véhiculent des stéréotypes racistes et/ou
sociaux (beaucoup de ces métis sont des enfants illégitimes) excluant nettement les métis du groupe dominant. Ces
représentations sont traduites dans la réalité par le fait que les métis n’accèdent jamais avant les années 1930 à des
postes de responsabilité dans l’administration.
Cependant, rapidement, des voix s’élèvent, notamment au sein des Sociétés (privées) des métis abandonnées, pour
défendre la place des métis. Les motivations exprimées sont diverses : philanthropie pure, volonté ethnocentriste de ne
pas abandonner un descendant de blanc à la culture vietnamienne, volonté politique de pérenniser la présence française
en Asie au moyen de l’existence d’une communauté franco-vietnamienne.
Les réponses des métis à ces attentes sont diverses naturellement. Ceux qui avaient été reconnus et élevés à
l’européenne s’intègrent totalement (du moins autant que le permettait le racisme diffus de l’administration), au niveau
social qui était le leur : le fils du sous-officier chez les enfants de troupes, les enfants de colons aisés dans la bonne
société. La question de la loyauté ne se pose pas pour eux. Ces intégrations dont les exemples sont nombreux sont
souvent sous-estimées. Le problème était plus compliqué pour les métis abandonnés, pour des raisons sociales autant
que pour des raisons raciales. Beaucoup parvinrent à s’intégrer moyennant une participation active au projet colonial, en
servant d’intermédiaires grâce à leurs connaissances linguistiques
TRAN Thi Liên : Chercheure indépendante, Centre d’histoire du XX e s. (CHEVS – IEP Paris) Quelle loyauté et déloyauté ?Le cas des catholiques vietnamiens pendant la période coloniale et post coloniale Nous nous pencherons sur la question essentielle qui s’est posée aux catholiques vietnamiens, de la double loyauté à leur foi, et à leur patrie. Cette question n’est certes pas spécifique aux catholiques vietnamiens et se pose à tout croyant. Ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est de décrire la complexité des choix politiques des catholiques vietnamiens au lendemain de la guerre d’indépendance. Pour cela, nous évoquerons la situation difficile de la communauté catholique, sur laquelle pesait le soupçon de collaboration avec les colonisateurs depuis la conquête française. Nous reviendrons aussi sur la période cruciale de la guerre d’indépendance pendant laquelle un grand nombre de catholiques, soucieux de mettre fin à ce soupçon, s’engagèrent de manière déterminée dans le combat pour l’indépendance, mais furent très vite confrontés au dilemme suivant : collaborer ou non avec les communistes, les combattants les plus intransigeants contre les occupants Français. Au moment de l’indépendance, une majorité de catholiques fit clairement le choix d’une voie opposée à celles des communistes, convaincus que seule la solution politique non communiste au Sud Vietnam pouvait leur permettre la double loyauté à leur patrie et à leur foi. Certains catholiques, qui avaient combattus aux côtés des communistes pendant la Résistance contre les Français et qui craignaient une dépendance américaine funeste, firent un choix politique plus complexe. Soucieux à la fois de leur fidélité à leur religion, et de l’unité de leur pays, certains aspiraient à terme à un avenir commun avec leurs frères du Nord. Nous évoquerons donc la complexité de ce choix, certes peu représentatif, mais significatif néanmoins. Nous parlerons en particulier du cas de Pham Ngoc Thao : catholique issu de la riche bourgeoisie cochinchinoise francisée, entré dans la résistance communiste contre les Français, il rallia le régime de Diem et accéda à de hautes fonctions militaires. Impliqué dans plusieurs complots, il mourut sous la torture à Saigon en février 1965, lors d’un complot raté contre le général au pouvoir, Nguyên Khanh. Il est actuellement considéré comme l’un des espions les plus remarquables de la RDVN au coeur même des plus hautes instances militaires de la RVN. Christopher E. GOSCHA, chercheur, Institut d’Asie Orientale (IAO), Maître de conférences, Université Louis Lumière (Univ. Lyon II) Ambiguïté et loyauté dans une guerre de décolonisation : le cas des déserteurs vietnamiens et européens durant la guerre d’Indochine Par sa nature même, la question de la « désertion » pose d’emblée le problème de la « loyauté » et de la « déloyauté ». Déserter une armée veut dire trahir la Nation et ses enfants – les camarades en armes. Plus
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qu’autrefois, le « Mythe de l’expérience de guerre » et la « sacralisation » de la guerre au 20ème siècle, pour reprendre les expressions du grand historien Georges Mosse, ont transformé tout déserteur en une aberration nationale, un fléau à bannir à jamais de la mémoire de la Nation moderne. Les cas des déserteurs de la Première Guerre Mondiale en donnent un très bon exemple : c’est seulement en 1998 que Lionel Jospin a pu commémorer publiquement et au nom de la Nation les âmes des jeunes soldats qui avaient déserté la France lors des attaques suicidaires au Chemin des Dames. Et on sait que le film de Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire, qui traite justement ce sujet, fut longtemps interdit en France, surtout pendant la guerre d’Algérie. Tout au long du 20ème siècle, la glorification nationaliste de la guerre se répandit à travers le monde, surtout lors des guerres de libération nationale opposant colonisateurs et colonisés. De la même façon que les nationalistes européens au début du 20ème siècle, les nouveaux nationalistes de la deuxième moitié du 20ème siècle mettront en avant la Nation et ses soldats en armes dans leurs luttes pour l’indépendance nationale. La guerre est de nouveau sacralisée au nom de la Mère patrie. Or, si les historiens des deux guerres mondiales ont commencé à explorer de leurs côtés l’ambiguïté de la désertion, on cherche toujours en vain des études semblables concernant les guerres de décolonisation en Asie et en Afrique. Et pourtant l’ambiguïté de la désertion était à son sommet lors de ces guerres de « libération nationales ». Du point de vue des soldats engagés dans ces conflits, les buts et les justifications de la violence n’étaient pas toujours si claires et les contours de la loyauté loin d’être nets. Ce fut même le cas pour des milliers de soldats vietnamiens qui quitteront les rangs du gouvernement de Ho Chi Minh pour se rallier aux Français ou à son Etat vietnamien associé. Cette communication aborde le sujet de la loyauté et de la déloyauté en examinant et comparant les cas des déserteurs européens et vietnamiens. Nous nous intéresserons d’abord aux soldats européens qui ont quitté l’armée française pour se rallier à la cause nationale du gouvernement de Ho Chi Minh, aussi bien qu’aux transfuges vietnamiens qui ont déserté ce même gouvernement pour se rallier aux Français. Dans les deux cas, nous nous bornerons à montrer que les choix et les loyautés étaient divers, complexes et surtout ambigus. La question de la loyauté se posait, ainsi que celle du nationalisme, mais pas forcément là où l’on pourrait l’attendre, ni chez les Vietnamiens, ni chez les Européens. Les mythes héroïques entourant la guerre « moderne » ont occulté bien des choix difficiles et ont simplifié bien de loyautés obscures au nom de la Nation. La guerre d’Indochine ne fait pas d’exception … 38. LES FABRICATIONS DU PASSE EN ASIE (ASIE DU SUD-EST, CHINE, INDE) : IMAGES, HISTOIRES, RITUELS Coordinateur : Yves GOUDINEAU, Chargé de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO), chargé de conférences, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), Université de Nanterre (Univ. Paris X), Vice-Président, Association française pour la Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE) Intervenants : Bénédicte BRAC DE LA PERRIERE, Denis VIDAL, Stéphane DOVERT Que le passé fasse l’objet d’une continuelle ré-élaboration est une idée triviale, sur laquelle s’accordent aujourd’hui sans peine le praticien comme l’épistémologue de l’histoire. Mais l’une des conséquences en est que l’historiographie comme l’anthropologie des “ prismes ”, formant et déformant, de l’écriture et de l’imagerie du passé devient un élément essentiel à sa compréhension. L’Asie est à cet égard exemplaire qui, généralement soucieuse d’abord de l’efficacité du prisme plutôt que de la quête d’une éventuelle objectivité, multiplie sans états d’âme apparents les fabrications du passé et les révisions successives - et souvent radicales - de l’histoire. L’intérêt est dès lors l’analyse, tout autant que de leurs raisons, des supports variés de ces “ fabriques ” du passé, qui utilisent l’image comme l’écrit , l’invention “ folklorique ” comme la ré-élaboration rituelle, et qui mobilisent l’archéologue ou l’ethnographe au même titre que le danseur ou l’artiste peintre. Le prisme qui sera ici particulièrement discuté est celui du nationalisme (plutôt que celui du religieux, ou du patriotique dans la guerre, etc .) où interviennent presque inéluctablement deux “ démons ” familiers, celui des origines et celui de l’intégrité (et/ou de l’antiquité) culturelle. Là encore ce sont les variations qui importent, et les propositions - pour l’instant limitée à trois, mais d’autres collègues nous ont signalé leur intérêt –s’attacheront à des contextes différents en Chine, en Inde et en Asie du Sud-Est.
Yves GOUDINEAU : Chargé de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Ecole
française d’Extrême-Orient (EFEO); Chargé de conférences, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE),
Université de Nanterre (Univ. Paris X) ; Vice-Président, Association française pour la Recherche sur l’Asie du
Sud-Est (AFRASE)
Ethnographie et ré-écriture de l’histoire ancienne de la péninsule indochinoise
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Linguistiques et archéologues s’accordent pour dire que les populations austroasiatiques sont, de toutes celles occupant
aujourd’hui la péninsule indochinoise, les plus anciennement installées dans cette région. Longtemps admise sans
objection, cette perspective, reconnaissant de fait l’autochtonie de nombreuses minorités ethniques austroasiatiques, fait
actuellement l’objet d’un re-traitement local, visant à dénier toute ‘indigénéité’ particulière à ces populations et à affirmer –
parfois contre toute évidence - la haute antiquité de la présence des populations majoritaires sur le territoire national.
C’est en fait toute une fabrication de l’histoire régionale de l’ethnicité qui est en cours, et l’on montrera que, si ses biais
diffèrent sensiblement d’un pays à l’autre, par exemple du Viêt-Nam à la Thaïlande, elle entend partout s’adjoindre
l’ethnographie, dont elle commande largement les modes d’investigation comme elle régit la présentation écrite ou
muséographique de ses ‘ données ” (mythologiques, rituelles, etc.).
Béatrice David, Maître de conférences à Paris VIII, Chargée d’enseignement à l’Université de Hong Kong
Narration historique postcoloniale. Débats autour de l’exposition ‘Histoire de Hong Kong’.
En été 2001, le Musée d’histoire de Hong Kong inaugurait dans ses nouveaux bâtiments une exposition intitulée
‘L’histoire de Hong Kong’ (The Hong Kong story). Nous proposons d’examiner, à travers son analyse, le rôle tenu par
l’institution muséographique pour accompagner le processus politique à l’œuvre dans l’ancienne colonie britannique
instituée ‘Région Administrative Spéciale de la République Populaire de Chine’ depuis le premier juillet 1997. Nous
verrons notamment comment, se désolidarisant de la narration historique coloniale incarnée par le mythe du rocher
inculte, cette exposition construit une nouvelle narration qui s’efforce d’essentialiser le lien de Hong Kong à la Chine et
propose une vision folklorisée des éléments constitutifs d’une identité locale à laquelle est niée toute signification
politique.
Bénédicte BRAC DE LA PERRIERE : Chargée de recherche, Centre national de la Recherche scientifique
(CNRS), Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA) ; Chargée de cours,
Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Retour à Sambya: de la pagode des dockers à celle du gouvernement, histoire d’une ré-écriture de l’histoire
En Birmanie, les années quatre-vingt-dix ont été marquées par un réinvestissement par le gouvernement de la position
de patron du bouddhisme. Cela s’est traduit par de vastes programmes de rénovation de pagodes et de fondations
religieuses visant d’abord à assurer la légitimation du pouvoir. Ces programmes s’inscrivent cependant aussi dans
l’énergique réorganisation de l’espace urbain initiée par l’ouverture d’immenses nouvelles villes aux portes des
anciennes. L’examen des rénovations de pagodes - notamment des peintures murales et des adjonctions d’éléments
symboliques- montre qu’elles sont l’occasion de ré-écritures de l’histoire contribuant d’une part à transformer les
nouveaux espaces urbains en espaces bouddhisés, d’autre part à inscrire les nouvelles pagodes dans l’histoire d’un
bouddhisme birman qui permette au gouvernement de se les approprier. L’examen se fera à partir de l’exemple de
Yanmyôaung, pagode qui date de la fin des années cinquante et qui a récemment fait l’objet d’aménagements
importants.
Denis VIDAL : Chargé de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Centre d’Etudes de
l’Inde et de l’Asie du sud (CEIAS); Chargé de conférences, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(EHESS), Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO)
La quête de l'Orient dans la peinture moderne indienne, du XIXème siècle à nos jours
Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, en Inde, l'imagerie sous ses différentes formes a joué un rôle
particulièrement central dans les nombreuses tentatives qui ont été faites pour renouer avec le sens du passé, aussi bien
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sur le plan historique que sur un plan culturel. Cette quête s'est exprimée, notamment au début du XXème siècle, par la
volonté d'en revenir aux origines supposées d'une esthétique purement ‘ orientale ’ qui non seulement se distinguerait de
la culture occidentale mais qui, en outre, transcenderait les différences pouvant exister entre les diverses régions de
l'Asie. Le cas indien offre un point de départ privilégié, surtout dans le domaine pictural, pour analyser certaines de ces
tentatives poursuivies depuis un peu plus d’un siècle aux fins de matérialiser le sens d'un passé commun à toutes les
cultures d'Asie.
Stéphane DOVERT : Directeur de l’Institut de Recherche l'Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC)
La réécriture des histoires nationales et la construction politique régionale
Pour s’affranchir des colonisations, pour invoquer la nécessité d’une unité dans le cadre forgé par l’occupant occidental
ou tout simplement pour galvaniser leurs citoyens, les nationalistes du Sud-Est asiatique ont procédé à une réécriture de
leur histoire précoloniale et de celle des conditions de leur accession à l’indépendance. Ils ont ainsi défini des « âges
d’or » et des « modèles glorieux » conçus comme des outils de légitimation de leur autorité, non seulement sur leur
espace national actuel, mais également sur une partie de ce qui est aujourd’hui devenu celui de leur voisin. A l’heure des
constructions régionales, l’histoire doit être à nouveau revisitée afin de substituer l’idée d’unité à celle de domination. On
entend ici, à travers les exemples indonésien, cambodgien, vietnamien ou thaïlandais, mesurer en quoi les discours
nationalistes du passé et les évènements auxquels ils ont donné lieu, ont laissé des traces qui constituent aujourd’hui un
handicap à une régionalisation conçue comme un symbole de modernité politique.
IX - Rapports à l’histoire 39. LES MUTATIONS DE L'ETAT CHINOIS Coordinateurs :
- Yves CHEVRIER, Directeur du Centre d’Etudes de la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC), Ecole des
Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
- Christian LAMOUROUX, Directeur d’études, Centre d’Etudes sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC),
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Président de séance: Pierre-Etienne WILL, Professeur, Collège de France
Intervenants : Jérôme KERLOUEGAN, Luca GABBIANI, Xiaohong XIAO-PLANES, Emilie TRAN L'objectif de cet atelier est de mettre en valeur des travaux ayant pour thème commun l'histoire de l'Etat chinois et de ses mutations. Par Etat il faut entendre ici non une entité abstraite, mais des dispositifs concrets, des pratiques de pouvoir, des ‘acteurs’ (administratifs, politiques, civils, militaires, etc.), des savoirs, des normes et des symboles, sans oublier les relations de l'Etat avec les acteurs sociaux. Les interventions ont été choisies afin d'illustrer les transformations de l'Etat au cours de la longue durée (des Ming au temps présent). Par là, il nous a semblé qu'il serait possible non tant d'insister sur la continuité de l'Etat impérial et post-impérial en Chine que sur son historicité. Ce faisant, il sera possible de confronter les questions que se posent les historiens des périodes et configurations successives de l'Etat chinois. Nous souhaitons également que ces problématiques chinoises s'ouvrent en direction de celles qui ressortissent à l'histoire des formations étatiques dans d'autres aires historico-culturelles. L'idée de cet atelier résulte de l'entrée en résonance de recherches réparties sur la longue durée qui ont lieu au Collège de France (Pierre-Etienne Will) ainsi qu'à l'EHESS (Yves Chevrier, Christian Lamouroux, Xiaohong Xiao-Planes). Mais un autre objectif de l'atelier est de mettre en avant des travaux récents ou en gestation, autrement dit des recherches doctorales. Ainsi, dans trois cas sur quatre, les intervenants sont des doctorants. L'atelier sera placé sous la présidence de P.-E. Will. L'Etat chinois en mutation sera étudié à partir de quatre périodes charnières : la fin des Ming, la fin des Qing, l'incertaine modernisation républicaine et les transformations de l'ère post-maoïste. Chaque intervenant
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approchera la question des mutations de l'Etat en éclairant une des missions que celui-ci a toujours assumées comme une partie intégrante de son dispositif de légitimation en même temps que de sa sphère d'activité et de contrôle : l'organisation militaire (dans la société de la fin des Ming), la gestion de la sécurité et de l'organisation sanitaire dans la ville capitale (à la fin des Qing), le système éducatif et le rôle des élites dans une province réputée pour ses traditions intellectuelles (de la fin des Qing à la République), le contrôle de l'économie et de la société et les moyens politiques et sociaux de ce contrôle (à travers l'étude des domaines de désengagement et de réengagement de l'Etat post-maoïste à Shanghai).
Jérôme KERLOUEGAN : Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Minbing et minzhuang sous les Ming
La communication porte sur la milice sous les Ming. Le terme générique de minbing (« troupes civiles », par opposition
aux troupes professionnelles héréditaires du système des garnisons, le weisuo) englobe celui de minzhuang
(« milicien »), bien que les deux mots soient parfois employés indifféremment dans la littérature. Le besoin de lever des
milices s’est fait sentir dès le XVe siècle pour pallier les insuffisances qualitatives et quantitatives du weisuo (désertions
aux causes multiples, vieillissement des effectifs, rigidités du système, maillage géographique pas assez serré). Les
minzhuang sont institutionnalisés par la loi de 1494, qui fait du service dans la milice une corvée rattachée au système du
lijia (financement local par l’impôt). Ils obtiendront parfois de probants succès, notamment dans la lutte contre les
soulèvements de minorités dans le Sud ou contre les pirates japonais au milieu du XVIe siècle, même s’ils ne demeurent
jamais qu’une force d’appoint. Néanmoins, les incessantes tentatives pour redynamiser les minzhuang au XVIe siècle
confirme que le système a vite souffert des mêmes maux que le weisuo : laxisme dans la tenue des registres (tâche
déléguée aux commis et donc vaste système de corruption), relâchement de la discipline et de l’entraînement, désertions
(avec des causes similaires), dégradation de la qualité des miliciens (vauriens dangereux pour la sécurité). La
commutation de la corvée en un paiement monétaire n’a fait qu’accélérer le phénomène tout en introduisant
progressivement un troisième système, le mercenariat (mubing). Enfin, les minzhuang ont été détournés de leur mission
première : ils ont fini par devenir de simples commis de yamen qui ne remplissaient plus aucun rôle de défense. Ces
évolutions étaient prédictibles car les minzhuang ont été progressivement assimilés au système weisuo (même caractère
obligatoire et universel, même encadrement, même organisation). Le vieil idéal du « peuple en armes » est resté un vœu
pieux. Toutefois, il faut garder en mémoire le fait que les milices ont été utilisées jusqu’à la fin des Ming, en même temps
que les soldats du weisuo et les mercenaires : le schéma d’évolution chronologique weisuo-minbing-mubing est
simplificateur.
Luca GABBIANI : Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Mutations et permanences : réformes et gestion urbaine à Pékin à la fin de la dynastie des Qing
La période xinzheng (1901-1911) a été à juste titre considérée comme charnière dans l’histoire de la fin des Qing. Cette
communication l’illustre en s’appuyant sur le cas de la gestion locale de Pékin, capitale de l’empire chinois. Dans un
premier temps, nous nous intéresserons à la façon dont les réformes lancées au cours de ces années là ont transformé
le dispositif traditionnel de gestion locale sur le plan institutionnel d’abord, mais aussi du point de vue des sphères de
compétence des autorités et des outils de travail administratif. Ces divers aspects témoignent du caractère effectif des
réformes et documentent l’affirmation d’un pouvoir civil sur le plan local, mutation majeure en regard du dispositif
antérieur de prise en charge de la ville.
La deuxième partie est consacrée aux problèmes auxquels les nouvelles mesures ont été confrontées. Les sources
d’archives de l’époque permettent en effet de les étudier dans le détail. Nous verrons ainsi que les capacités financières
du gouvernement ont entravé le bon déroulement du processus de réforme. Nous aborderons aussi les difficultés posées
par le personnel administratif, largement composé d’individus qui avaient occupé des fonctions dans les organismes
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antérieurs. Sans remettre en cause les acquis des réformes, ces deux aspects permettent de rendre plus adéquatement
compte de leur mise en œuvre en illustrant les contraintes que leur a imposé l’héritage du passé.
Xiaohong XIAO-PLANES : Maître de conférences, Université de Nanterre (Univ. Paris X), Centre d’Etudes sur
la Chine moderne et contemporaine (CECMC), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Nouvelle mission de l'Etat : moderniser l'éducation dans la Chine de la première moitié du XXe siècle
La modernisation du secteur éducatif constitue un élément fondamental du processus de construction de l'État-nation. La
nouvelle mission attribuée à l'État consiste à vulgariser l'enseignement pour toute la population, à former des
enseignants, des pédagogues et des administrateurs spécialisés, et à adapter les programmes et cursus scolaires aux
besoins socio-économiques du pays. L'État des Qing jette les premières bases d'un système d'enseignement moderne
grâce au concours des élites nationalistes et progressistes. Ces dernières, rejointes par une génération de diplômés
rentrés d'Occident ou du Japon, s'efforcent de prendre le relais de l'État lorsque le pouvoir central se disloque à l'ère
républicaine. D'un côté, ces élites ont innové en matière de réforme de la langue et de ‘Nouvelle Culture’. De l'autre, elles
ont développé l'enseignement technique et professionnel. Portée par le souci de l'intérêt public, la collaboration de l'élite
réformatrice avec l'État s'inscrit dans la tradition politique chinoise. Mais le nouveau système d'enseignement a du mal à
retrouver son rôle d'intégrateur social et politique, en raison de la dichotomie entre ville et campagne, du pluralisme des
valeurs et des ressources culturelles, ou encore de l'archaïsme des relations entre l'État et la société.
Emilie TRAN : Doctorante, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Les multiples facettes de l’Etat chinois à l’ère des réformes
Lorsque la Chine s’est engagée sur la voie des réformes et de l’ouverture, l’on prédisait la fin du communisme et partant
celle du Parti-Etat dans un scénario à la soviétique. Or, un quart de siècle plus tard, le constat est celui de la stabilité de
l’Etat central chinois. Après de multiples et profondes réformes qui ont donné naissance à une nouvelle société chinoise
— et aux problématiques inédites que ces mutations sous-tendent —, il s’avère non seulement que l’appareil du Parti-
Etat est toujours en place, mais aussi et surtout que le Parti communiste chinois (PCC) est plus vigoureux que jamais, à
en juger d’une part par sa capacité à renouveler ses élites dirigeantes, comme l’a montré la transition de la troisième à la
quatrième génération de dirigeants et d’autre part, par la croissance du nombre de ses adhérents qui s’élève aujourd’hui
à 63 millions de membres.
S’il est inamovible, le Parti-Etat chinois n’en est pas pour autant immuable.
En effet, dans les années 1980 et 1990, on lui a attribué divers rôles, le qualifiant tour à tour d’entrepreneur et
développementaliste, ou alors dans une vision plus négative, de clientéliste, prédateur, ou encore néo-autoritaire voire
néo-totalitaire. Cela étant, au regard de l’immensité du pays et donc de la diversité des contextes locaux, aggravée par
les priorités qu’a fixées la politique des réformes et d’ouverture, il n’y a pas un seul modèle d’Etat chinois mais bien la
coexistence de plusieurs modèles ou même de tous à la fois.
Plus récemment, puisque la politique de transition du plan vers le marché ne parvient pas — ou n’est pas encore
parvenue — à déstabiliser l’Etat chinois, certains chercheurs, ont mis en lumière une autre facette du Parti-Etat à l’ère
des réformes, celui de sa capacité étatique. Cette dernière notion englobe à la fois la légitimité, les aptitudes à la
négociation, à la réglementation et les ressources pour sa mise en application, ainsi que celles au contrôle et à
l’apprentissage. Car le ralliement des élites politiques et économiques ainsi que celui de la classe moyenne émergente et
même des paysans qui, dans leurs révoltes contre les gouvernements locaux, persistent à voir un Etat central vertueux,
ou encore la présence accrue de la Chine sur la scène internationale, sont autant de signes qui témoignent d’une
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capacité étatique renforcée en dépit ou grâce aux réformes. Se pose dès lors la question suivante : quelle (nouvelle)
méthode d’analyse peut-on adopter pour comprendre l’évolution du Parti-Etat qui gouverne la République populaire de
Chine depuis le plénum de décembre 1978 ?
C’est une question que l’on laisse ouverte au débat avec les participants de l’atelier. Et afin de préparer le terrain à la
réflexion, on se propose ici de retracer l’évolution de l’Etat chinois au cours des vingt-cinq dernières années par une mise
en perspective historiographique.
X- Transformations urbaines 40. LES GRANDS HOTELS ET LA VILLE EN ASIE ORIENTALE Coordinateurs :
- Valérie GELEZEAU, Maître de conférences, Université de Marne-la-Vallée
- Thierry SANJUAN, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Intervenants : Nicolas FIEVE, Françoise GED, Sylvie GUICHARD-ANGUIS A travers des exemples chinois, coréens et japonais, cet atelier se propose de réfléchir sur la spécificité des liens entre le grand hôtel de luxe et la ville en Asie Orientale. Objets parfois standards à l’échelle internationale dans la mesure où ils répondent aux normes de confort de l’hôtellerie cinq étoiles, les grands hôtels des métropoles asiatiques apparaissent comme des marqueurs urbains particuliers, par leur architecture, leur taille et le luxe qu’ils affichent. Apparue dans la deuxième moitié du XIXe siècle, cette hôtellerie de luxe a d’ailleurs joué un rôle important dans la diffusion d’une modernité urbaine et architecturale, tout en participant de l’ouverture à l’Occident. Encore aujourd’hui, ces hôtels sont des lieux de contacts avec l’étranger et de transmission de la modernité. De plus, au-delà même de la fonction d’hébergement temporaire qui est la leur, ils apparaissent comme des espaces de sociabilité importants, notamment à destinations des bourgeoisies locales. Les participants de l’atelier se proposent de développer ces aspects selon trois axes problématiques : 1. émergence des grands hôtels et temporalités urbaines ; 2. fonctions du grand hôtel et inscription dans l’espace urbain ; 3. images et usages sociaux du grand hôtel.
Nicolas FIEVE : Chargé de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
Pouvoir politique, modernité architecturale et paysage urbain dans le Japon de l’ère Meiji : l’hôtel Impérial de Tôkyô
L'Hôtel Impérial de Tôkyô (1890) a été le lieu de sociabilités nouvelles dont avait besoin le Japon de l'ère Meiji (1868-
1912) et fut conçu comme un maillon nécessaire à la mise en place d’une infrastructure industrielle moderne. Son
fonction première était d'assurer un continuum de luxe et de modernité entre les capitales occidentales et la Japon. À
l’échelle de la ville, l'Hôtel se situait sur un nœud urbain entre les lieux du pouvoir et le réseau de communication
nationales et internationales. L’édifice reposait sur les modèles architecturaux du grand hôtel européen et son
architecture monumentale était celle des lieux du pouvoir de l'empereur Meiji.
Françoise GED : Observatoire de l’architecture de la Chine contemporaine
L’hôtel emblème de la modernité urbaine et sociale : une permanence shanghaïenne ?
Valérie GELEZEAU : Maître de conférences, Université de Marne-la-Vallée
Les cinq étoiles à Séoul : dynamiques urbaines et usages sociaux
A Séoul, les grands hôtels, véritables complexes urbains de commerces et de services de luxe, se situent au cœur des
dynamiques métropolitaines en participant activement à la fonction de transmission qui est l’apanage des grandes
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métropoles mondiales. Pour la bourgeoisie locale, ces hôtels constituent par ailleurs un des lieux privilégiés d'une
consommation de caractère ostentatoire liée à la nécessité d'affirmer son rang social. L'hôtel moderne et luxueux est
aussi le lieu où l'on va pour se donner l'impression de voyager et pour être en contact avec l'Occident. Lieu du contact
symbolique et réel avec l'Occident, le microcosme que constitue le grand hôtel fournit à la bourgeoisie locale un des
espaces privilégiés de la mise en scène de son rang social.
Sylvie GUICHARD-ANGUIS : Chargée de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS),
Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris IV), Laboratoire Espace et Culture
L’exception japonaise et la coexistence de deux modes d’hébergement de luxe : grands hôtels et « ryôkan »
Dans cette communication nous nous proposons de souligner le caractère exceptionnel d'une singularité japonaise, soit
la coexistence de deux modes d'hébergements. Le premier se situe dans le prolongement d'un type apparu dans
l'archipel et qui s'est modelé progressivement au cours des siècles pour devenir les «ryôkan» ou «Nihon no yado»
(auberges japonaises) de l'époque contemporaine. Le second apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle est
directement associé à la modernité d'origine occidentale et donne naissance aux grands hôtels. Comment et à quels
besoins répondent ces deux catégories qui poursuivent leur propre évolution et s'influencent réciproquement, telles
seront les questions auxquelles nous tenterons de répondre.
Thierry SANJUAN : Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Grands hôtels et sociétés urbaines en Asie Orientale
Productions occidentales de la première moitié du XIXe siècle, les grands hôtels jouent un rôle important dans la
modernisation urbaine des grandes villes de l’Asie orientale, dès l’époque Meiji au Japon, dans les villes chinoises
ouvertes aux étrangers à la fin de l’Empire puis lors de l’ouverture contemporaine, depuis notamment les années 1970 à
Séoul. Si les grands hôtels apparaissent comme un lieu de contact avec une modernité architecturale, technologique,
économique et culturelle importée, ils répondent surtout à des besoins nouveaux de sociabilité venant des populations
urbaines locales. En cela, ils s’inscrivent dans une temporalité de la ville asiatique, mais aussi dans ses aspirations à
produire localement des espaces internationaux signifiant des lieux de l’ailleurs culturel.
41. VILLES, MOBILITES ET NTIC, REGARDS CROISES EN INDE, CHINE ET AUSTRALIE Coordinatrice : Blandine RIPERT, ethno-géographe, Chargée de recherche, Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie
du Sud (CEIAS), Equipe 'Circulation et Territoire', Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
Intervenants : Jean-François DOULET, Eric LECLERC, Patrick PONCET
Discutant: Frédéric LANDY
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Les travaux présentés dans cet atelier s’inscrivent dans le cadre de deux groupes distinctes de recherche : l’un constitue une équipe du CEIAS, réfléchissant sur des questions de circulation et de territoire dans le monde indien contemporain, l’autre rassemble quatre chercheurs au sein d’une Action Concertée Incitative 'Ville et NTIC', réfléchissant à de nouvelles clés de lecture des stratégies spatiales proprement urbaines, enrichies de nouveaux facteurs explicatifs intégrants l’évolution des moyens techniques de communication. Cet atelier propose de réfléchir sur les questions de mobilités liées au développement des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication (NTIC) dans les métropoles chinoises, indiennes et australiennes. L’Inde et la Chine, comparables pour leur taille et leur population dépassant le milliard d’hommes, n’en sont pas moins très différentes à divers points de vue. La Chine urbaine fait aujourd’hui l’expérience du changement social ; les mobilités, refreinées durant la période maoïste, émergent pour participer à la reconfiguration des pratiques sociales et spatiales. Dans ce contexte, les NTIC apparaissent comme des techniques dont la socialisation contribue à la formation de la ville dite 'post-maoïste'. En Inde, la libéralisation économique de 1990 a notamment permis une très forte expansion d’un secteur de pointe, celui de l’informatique et des NTIC, parallèlement à une métropolisation plus rapide de certaines de ses régions. L’Inde et l’Australie posent le problème en référence à une urbanité particulière, combinant des extrêmes, mais dans des contextes sociaux très différents. Une société de type occidental et techniquement développée, surtout en ce qui concerne les NTIC en Australie ; la société traditionnelle segmentée et hiérarchisée par le système des castes, et aux rapports complexes avec les valeurs occidentales (à l’époque coloniale et par la constitution actuelle d’une classe moyenne occidentalisée) en Inde. Ainsi, malgré des territoires nationaux comparables en taille pour l’Inde et l’Australie, les deux pays se situent chacun à une extrémité de l’échelle des populations, des densités (globales, rurales, et urbaines), mais aussi de l’urbanisation (80 % en Australie, 25 % en Inde), et dans une moindre mesure de la métropolisation, ou encore de l’équipement technologique et des télécommunications. Les exposés de cet atelier analyseront les transformations observées dans les mobilités urbaines au sein de quelques aires métropolitaines, en prenant en compte le rôle joué par le développement des NTIC, qu’il s’agisse de leur usage par les particuliers, du rôle qu’elles peuvent avoir dans les nouveaux projets d’aménagement ou comme source d’une mobilité des professionnels des nouvelles technologies intra et inter urbaine, voir même internationale. Les comparaisons menées entre Mumbay et Sydney dans les deux derniers exposés, résultats d’une recherche collective, devraient permettre de réexaminer la portée et les limites des grands découpages du Monde en 'aires culturelles'.
Jean-François DOULET : géographe-aménagement ; Maître de conférences, Sciences-Po
Villes, mobilités et NTIC en Chine, Eléments de problématique
L’approche proposée pour cette intervention sera générale ; elle aura pour objectif de mettre en perspective l’usage des
NTIC dans les métropoles chinoises dans un contexte du changement social en Chine depuis les réformes de la fin des
années 1970. Cette notion de 'changement social' est particulièrement développée par la recherche anglo-saxonne et
trouve un écho dans les méthodes d’analyse des instituts d’études marketing qui tentent d’appréhender les valeurs et les
pratiques des consommateurs chinois.
Ainsi, l’intervention sera articulée autour de plusieurs points :
1. Le contexte socioéconomique : la reprise des mobilités en Chine et le rôle des NTIC dans le projet de ville moderne
(dans cette partie seront analysées les principales caractéristiques de la ville 'post maoïste' en gestation et la façon dont
les NTIC prennent sens) ;
2. La production du savoir sur les mobilités : le 'changement social' en Chine est essentiellement lié à l’idée d’un
'nouveau contrat social' fondé sur l’épanouissement de la société de consommation (dans cette partie, on verra les
approches et les points de vue défendus à la fois par des études académiques et des études marketing qui participent à
associer les NTIC aux nouvelles pratiques de consommation et aux nouvelles valeurs) ;
3. Les principaux apports des approches développées : les NTIC révèlent en Chine un nouveau rapport à la ville, à la
société et au monde. Des questions de types prospectifs peuvent être posées (dans cette partie, on s’interrogera sur la
capacité des villes chinoises à intégrer les NTIC et à les employer pour produire des configurations sociales et spatiales
inédites).
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.98
Finalement, cette intervention se propose d’utiliser les réflexions sur l’usage des NTIC pour porter un regard nouveau sur
les enjeux du développement urbain en Chine.
Eric LECLERC : Géographe ; Maître de conférences, Université de Rouen
Mobilité induite par les hautes technologies : le cas des professionnels des technologies de l’information à Hyderabad
(A.P. Inde)
Contrairement aux prédictions de Marshall Mac Luhan ou Alvin Toffler, l’évolution des technologies de l’information et de
la communication n’a pas aboli les distances, ni dissout les villes. Les métriques réticulaires se sont renforcées dans tous
les systèmes de production, a fortiori dans les activités liées directement à la nouvelle économie, fabrication d’ordinateurs
ou production de logiciels. Une nouvelle géographie des technologies de l’information se met en place sous nos yeux,
avec la dissémination à l’échelle mondiale des entreprises du secteur, autorisée par des flux de produits toujours plus
nombreux et plus rapides. L’Inde est devenu un acteur majeur dans la production de logiciels en recevant une part
toujours grandissante des délocalisations en provenance des pays innovateurs.
A travers l’exemple précis des entreprises de production de logiciels et de services informatiques installées dans la ville
d’Hyderabad (Andhra Pradesh – Inde), nous analyserons un aspect des rapports entre NTIC et mobilités urbaines : la
mobilité professionnelle des acteurs de cette nouvelle économie. Nous aborderons dans notre intervention les mobilités
induites directement par la mise en place de ce système productif à deux échelles et suivant deux orientations
complémentaires :
La mobilité pour l’emploi : Les conditions de la mobilité sont abordées en étudiant l’impact de l’implantation des
entreprises de production de logiciels sur les migrations à destination d’une métropole indienne en cours d’émergence à
l’échelle mondiale, Hyderabad. L’étude de ces flux migratoires à l’échelle nationale débouche sur l’identification de
nouveaux comportements migratoires.
La mobilité dans l’emploi : Le dispositif technologique de ces mobilités est ensuite observé dans les déplacements de
longue distance au sein de l’entreprise. L’échelle est ici mondiale puisqu’il s’agit d’entreprises exportatrices de logiciels.
La comparaison de ces déplacements professionnels avec les mouvements de retour de certains informaticiens indiens
dans leur pays montre la complexité des systèmes de mobilité au sein de ces entreprises.
Les différents angles de vues proposés sur les mobilités professionnelles des producteurs de NTIC mettent en évidence
les modalités d’intégration d’Hyderabad au réseau urbain mondial.
Patrick PONCET : Géographe, Monde-Itinéraires-Territoires (MIT), Université Denis Diderot (Univ. Paris VII)
Blandine RIPERT : Ethno-géographe ; Chargée de recherche, Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud
(CEIAS), Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
Mumbai et Sydney, villes d’Asie ? Les “aires culturelles”, de la nomenclature au concept
S’appuyant à la fois sur une approche géographique, partiellement théorique, et sur des enquêtes de terrain menées en
Australie pendant l’été 2002 par Patrick Poncet, comparées en particulier à celles menées à Mumbai dans l’hiver 2003
par Blandine Ripert, cette double intervention se propose de montrer comment les changements en cours dans la
mobilité et la télécommunication incitent à réexaminer les stratégies spatiales dans la ville et les processus
d’urbanisation, mais permet également de réfléchir à la portée et aux limites des grands découpages du Monde.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.99
L’agglomération de Mumbai compte presque autant d’urbains que l’Australie, et quatre fois plus d’habitants que
l’agglomération de Sydney, tout en étant deux fois moins étendue. Avant même de recourir à des différenciations d’ordre
culturel, ces simples chiffres (qui seront complétés par d’autres analyses) incitent donc à penser que la ville n’y est pas la
même dans les deux cas. Cependant, c’est aussi là une approche de l’urbanité qui insiste sur la coprésence, à laquelle la
mobilité et la télécommunication seraient subordonnées. Or, à une époque où l’évolution des sociétés conduit à la prise
d’importance de ces deux types de relation, multipliant les échelles de vie, il est légitime de s’interroger sur ce que leur
meilleure prise en compte change dans notre manière d’appréhender l’urbanité, et par conséquent la culture, en
particulier celle qui structurerait une 'civilisation urbaine'.
À l’échelle du fuseau australo-asiatique, deux phénomènes, en interaction l’un avec l’autre, contribuent à lier l’Australie à
l’Asie : les migrations d’établissement durable ou d’études et le tourisme. Dans le contexte d’un pays occidental
d’immigration et de tourisme, ces mobilités individuelles s’ajoutent aux liens économiques et culturels déjà serrés que
l’Australie a tissés avec ses voisins asiatiques. Elles sont en outre productrices de lieux urbains, mais sur un modèle
plutôt moins diversifié (outre la décoration) que ne le sont les formes urbaines des différentes aires culturelles à l’échelle
du Monde. La mobilité accrue des hommes rime-t-elle donc avec la mobilité des villes, leur évolution vers un modèle
unique ?
Ainsi, à l’échelle des villes, la mobilité est un indicateur à prendre en compte pour compléter une approche
morphologique dont la tendance 'naturelle' est au différentialisme. Alors, outre le contexte culturel, il faut se demander si
la métropolisation et le rang mondial de villes comme Mumbai et Sydney correspondent à une convergence de leurs
modèles urbains. Réciproquement, se pose ainsi plus profondément la question de la relation entre culture locale et ville
mondiale.
Enfin, si la télécommunication est une composante ancienne de l’urbanité, la prise en compte de ses mutations récentes
(complexification par diversification et amélioration) renforce l’intérêt des interrogations portant sur les mobilités aux deux
échelles évoquées. Autrement dit, il s’agit de poser sous un angle géographique la question des relations entre technique
et culture dans le contexte urbain. En d’autres termes, il faut dégager les convergences et les divergences médiologiques
que génère l’articulation entre urbanité, mobilité, et télécommunication.
Ainsi, l’Asie, qui a d’abord été pensée depuis l’Europe à la fois comme un 'ailleurs' et comme un 'au-delà', une sorte de
périphérie largement autonome, profitable mais difficilement contrôlable, verrait probablement sa définition enrichie si on
la considérait dans une perspective plus équilibrée, moins unilatérale et homogène. La Géographie, tout en intégrant la
dimension culturelle des sociétés, y compris dans sa diversité, lui offre alors des outils et des concepts pour penser
l’articulation aujourd’hui fluide et réticulaire de ses centres et de ses périphéries.
Frédéric LANDY, Maître de conférences, Université de Nanterre (Univ. Paris X), Département de géographie
Résumé de la discussion
Les NTIC peuvent être considérées de deux façons, soit comme des facteurs, soit comme des vecteurs de
mobilité. Dans le premier cas, il s’agit d’une approche en termes de production technologique : il ne faut pas alors être
surpris de la relative banalité des résultats quant à la géographie de cette activité. Dans le second cas, il s’agit d’analyser
les déplacements de l’information, et par là même l’impact de ces technologies sur les mobilités des hommes : celles-ci
apparaissent alors tout à la fois freinées et accélérées par les NTIC. Encore faut-il ensuite distinguer les différentes
formes de mobilité : se découvrent alors des clivages socio-économiques entre les groupes d’utilisateurs (et de non-
utilisateurs). Au total, une partie des communications de cet atelier prend le parti de renverser la perspective habituelle
de la théorie des « villes mondiales », et d’insister sur l’ancrage local de ces métropoles.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.100
42. LA REFONDATION MEGAPOLITAINE AUX DEUX BOUTS DE L'ASIE Coordinateur : Philippe HAERINGER, Directeur de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD),
Professeur associé, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Intervenants : CHI Faï Lam, Marie-Hélène ORSAY, NGUYEN Duc Nhuan, Laurence NGUYEN, Gholam Reza
SHOKRANI, Tazagol CHEMAGHA On s'était habitué à considérer que l'utopie urbaine n'avait plus prise, au mieux, que sur des fragments de ville. Depuis que la ‘mégapolisation’ s'était emparée du monde entier, même la planification au jour le jour de la ‘fabrique’ urbaine paraissait être vouée à un épuisant rattrapage. Or voici que, dans la récente inflexion du siècle, quelques-unes des métropoles les plus considérables semblent avoir abordé de nouveaux rivages, où les inversions refondatrices les plus folles paraissent à nouveau jouables. Ces perspectives sont-elles illusoires ? Sinon, quelles perversions cachent-elles ? Quels dangers ? Quels bonheurs ? ... Telle est l'amorce d'un ouvrage récemment publié par le Centre de prospective et de veille scientifique du Ministère de l'Equipement, en collaboration avec l'Institut de recherche pour le développement (IRD) : La refondation mégapolitaine, une nouvelle phase de l'histoire urbaine ? (Ph. Haeringer, dir.), tome 1 : l'Eurasie post-communiste, tome 2 à paraître : L'Orient méditerranéen et persique. Le présent atelier n'aura pas l'ambition de refaire tout ce parcours, mais de souligner les liens qui unissent, contre toute attente, les bouleversements urbains que connaissent l'Asie orientale et l'Asie occidentale. Aux emblématiques chantiers de la Chine, consécutifs à la confirmation de son ouverture économique dans les années 90, répondent les mutations moins connues, moins radicales, mais tout aussi significatives, enregistrées dans le même temps par les deux plus grandes villes d'Iran. Le cas vietnamien, avec son concept de ‘tournant urbain’, confirmera par de nombreux paramètres le processus chinois, tout en s'en démarquant par d'autres. On complétera cet atelier par l'évocation d'un cas de figure propre à l'Asie centrale ex-soviétique où, par la volonté d'un ‘bashi’ autoproclamé, une capitale se voit imposer les signes d'une refondation de pantomime. Les études présentées ici*, issues de programmes différents, ne montreront peut-être pas d'emblée tous les parallélismes qu'une analyse comparative aurait pu révéler. Elles mettront davantage en valeur l'extraordinaire diversité des contextes : comme toujours, les pulsions mondiales se déclinent sur chaque terrain d'une façon singulière. On en apprendra néanmoins assez pour se convaincre de l'ampleur partagée, sur le continent asiatique, du renouvellement urbain engagé dans les dernières années du siècle échu. (*) Le présent recueil n'est pas, à ce jour, complet ni définitif.
Philippe HAERINGER : Directeur de recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ;
Professeur associé, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Une nouvelle phase de l'histoire urbaine ?
La simultanéité, dans des contextes nationaux extrêmement différents, d'un phénomène d'inversion brutale des modèles
urbains, semble devoir être reliée au séisme issu de la ‘chute du Mur’. La fin de la bipolarisation idéologique a renversé
des politiques urbaines traditionnellement fondées sur des conceptions étatiques, non seulement dans les pays de
l'ancien bloc communiste, mais aussi dans les pays du glacis méridional de ce bloc. Comme après une trop longue
attente, la libéralisation du foncier et de l'immobilier s'est exprimée par une formidable flambée qui, malgré d'inévitables
crises (bulles), semble devoir marquer dans la durée la destinée des villes. Les liens évidents avec les enjeux
économiques de la ‘mondialisation’ exacerbent ce scénario dans les métropoles majeures, accentuant la polarisation
mégapolitaine. Mais la reproduction mimétique gagne de nombreuses villes plus modestes.
Chi Faï LAM : Architecte, Agence Orsay-Lam, Paris
Marie-Hélène ORSAY : Architecte et Urbaniste, Office des HLM du Mans et Agence Orsay-Lam, Paris
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.101
Le pari risqué des villes chinoises
A partir de quelques exemples concrets pris dans diverses villes de la Chine du Sud, on illustrera la tension existant entre
les effets de vitrine et la satisfaction des besoins quotidiens. La dureté des conditions faites aux habitants ‘bousculés’ par
des recompositions urbaines drastiques ne semble pourtant pas altérer leur adhésion au pari moderniste. Cependant, à
force de ‘regarder devant’, peuples et gouvernants paraissent ne pas mesurer ce qu'ils laissent derrière eux. Nul ne sait
ce que peut leur réserver, pour l'avenir, la perte d'un lien social traditionnellement fondé sur la proximité, et que la
nouvelle échelle des villes a rompu.
NGUYEN Duc Nhuan : Chargé de recherche, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS),
Laboratoire Sociétés en développement, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII)
Laurence NGUYEN : Laboratoire Théories des mutations urbaines, Institut français d'urbanisme (IFU),
Université Paris-Vincennes (Univ. Paris VIII)
Le Vietnam et le tournant urbain
Le dôi moi dô thi, ou renouveau urbain du Vietnam, est un phénomène majeur. Depuis 1989, il porte les grandes
transformations du pays. En dix ans, la population des cinq grandes villes du pays a doublé, alors qu'elle avait diminué
précédemment. Cet urban turn n'est pas seulement quantitatif. Il est marqué par une dé-monopolisation du pouvoir
étatique, par une intervention de plus en plus active des habitants et de nombreux acteurs internationaux dans les
affaires du pays. La cosmopolitisation de la société vietnamienne lui permet de s'ouvrir aux grands sujets mondiaux (dans
les domaines des droits de l'homme, de l'environnement, etc) et d'alimenter un vrai débat public. Mais cette intégration
mondiale par la métropolisation dépasse les limites de la grande ville. Elle s'étend au monde paysan qui, par ses
centaines de ‘villages de métiers’ et ses bourgs-marchés, alimente un va-et-vient incessant au profit partagé de la grande
ville et d'une campagne virtuellement urbanisée.
Gholam Reza SHOKRANI : Maître de conférences, Université Azadi (Téhéran) ; Doctorant, Université de
Nanterre (Univ. Paris X)
Les dimensions culturelles de la refondation urbaine en Iran
Le tournant thermidorien de la révolution iranienne, après la mort de Khomeiny et la fin de la guerre avec l'Irak, a permis
au nouveau maire de Téhéran de faire commerce de permis de construire en hauteur. Cela a eu deux conséquences : 1.
la croissance exponentielle des ressources de la ville a financé son redéploiement dans des directions inédites, qui ont
remis en cause les gradients sociaux ; 2. l'abandon du modèle de la maison familiale (jusque-là partagé par toutes les
couches sociales) au profit de l'appartement d'immeuble a profondément changé les données de la vie citadine,
notamment pour les femmes des nouvelles classes moyennes. Des observations similaires peuvent être faites dans la
deuxième ville du pays, Machad (proche de la frontière afghane), où l'économie de pélerinage tient le premier rôle.
Tazagol CHEMAGHA : Politologue ; Doctorante, Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Un simulacre de refondation urbaine à Achkhabad ou Ubu-roi au Turkménistan
Symbolisant jusqu'à l'outrance la figure de l'aparatchik soviétique mué, à l'occasion de l'indépendance, en potentat
nationaliste et mégalomane, le ‘turkmènbashi’* Saparmourad Nyasov, président de la république turkmène, a entrepris de
refonder sa capitale. Sur le flan le plus noble de la ville, il a fait table rase des quartiers existants au profit des nouveaux
emblèmes du pouvoir et du culte du chef. Dans une mise en scène géante, le thème de l'eau, par exemple, si fort en
pays désertique, est décliné en une myriade de fontaines et de jeux d'eau, voire de ‘tours d'eau’. Dans la ville réelle,
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.102
cependant, l'eau manque comme beaucoup d'autres choses, comme le gaz en dépit d'une importante production
nationale. La démonstration urbaine ne fait que relayer un comportement qui s'exprime sur tous les plans, y compris sur
un calendrier recomposé à la gloire de la famille Nyasov.
(*) ou ‘leader’ des Turkmènes.
43. DYNAMIQUES FONCIERES ET MUTATIONS URBAINES EN ASIE Coordinatrice : Natacha AVELINE, chercheur, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut
d'Asie Orientale (IAO)
Intervenants : Marie-Hélène FABRE, Valérie GELEZEAU, Adeline CARRIER, Xavier GUILLOT L’exceptionnelle croissance économique en Asie au cours des deux dernières décennies a opéré de profondes mutations spatiales dans les grandes métropoles. Des cycles de grande envergure affectant les marchés fonciers ont induit des dysfonctionnements dans l’allocation des sols et pénalisé l’accès au logement pour les catégories les plus défavorisées. Les pays en transition du socialisme vers l’économie de marché n’ont pas été épargnés par ces mécanismes de cycle, comme l’atteste la spectaculaire « bulle » immobilière de Shanghai. Nous nous proposons, dans le cadre de cet atelier, d’étudier les déterminants des mutations urbaines dans différentes villes d’Asie, en mettant l’accent sur la mobilisation de la ressource en sol, les politiques foncières et les modes opératoires des acteurs de l’immobilier. Marie-Hélène FABRE : Doctorante, Ecole nationale des ponts et chaussées, Laboratoire Théorie des mutations urbaines (UMR CNRS - ex FRE 2408) Les mutations urbaines au cours des deux dernières décennies dans la région de Séoul La région métropolitaine de Séoul a connu, ces deux dernières décennies, de profondes mutations urbaines amorcées dès le début des années 1960 avec la politique volontariste de développement économique de la Corée du Sud. Ces transformations, lisibles aussi bien dans les secteurs du foncier et de l'immobilier qu'à travers les outils et modes même de fabrication de la ville, étaient arrivées à une sorte de maturité à l'aube des années 1990. Après les grands travaux de rénovation et d'extension de Séoul et de ses environs (avec la création de villes nouvelles, notamment) menés dans une logique de tabula rasa, suivirent des projets d'ordre plus symbolique, visant à reconstruire une identité par le biais, entre autres, d'action sur le patrimoine architectural et urbain. Cependant, la crise asiatique qui toucha la Corée du Sud en 1997 a conduit à des réformes économiques aux effets certains sur l'aménagement urbain, par l'ouverture des marchés fonciers et immobiliers aux investisseurs étrangers, d'une part et, d'autre part, par la réorientation du pays vers les industries de technologie avancée. En outre, le temps de la réflexion (et de la mondialisation) s'imposant, la notion de développement durable prise dans autant de sens possibles s'infiltre dans la pensée urbanistique et politique. On assiste ainsi aujourd'hui à une recomposition du territoire au gré de projets de villes nouvelles ou de pôles urbains technologiques, aux impératifs économiques comme environnementaux, menés par des collectivités fortes de leur autonomie acquise il y a moins de dix ans. Qu'en est-il de cette deuxième génération de villes nouvelles émergeant tandis que les premières ne sont pas encore affranchies ? Comment les initiatives locales tissent-elles le réseau urbain à venir d'une région métropolitaine comptant déjà près de la moitié de la population coréenne ? Celle-ci est-elle en train de réaliser un rêve ouvertement affiché : devenir à elle seule le hub de l'Asie de l'Est, avec pour principales composantes l'aéroport international Inch'òn, la technopole Songdo Inpia associée au nouveau port d'Inch'òn et la ville-centre Séoul, reliée à Pusan (port international, situé au sud de la péninsule) en deux heures grâce à une ligne TGV bientôt achevée ? C'est ce que nous tenterons d'éclaircir à travers notre exposé, composé d'une analyse globale appuyée par des cas concrets.
Valérie GELEZEAU : Maître de conférences, Université de Marne-la-Vallée
Grands ensembles d’appartements et processus de maîtrise foncière à Séoul : Les ap’at’ŭ tanji : une spécificité
foncière séoulienne ?
A Séoul, la part des grands ensembles d’appartements (ap’at’ŭ tanji) dans le parc de logements est passé de 4% à
environ 50% des unités entre 1970 et 2000, signalant de profondes mutations urbaines et paysagères. Dans un contexte
de vive pression foncière, le développement de ces grands ensembles a été porté par l’orientation résolue de la politique
du logement vers le logement de masse. Cette communication se propose d’analyser certains des outils les plus
importants de la mise en œuvre de cette politique à Séoul, en lien avec l’action des acteurs principaux de la production
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.103
du logement. L’analyse sera centrée sur les modes de mobilisation des ressources foncières (processus de
remembrement, de rénovation urbaine et de reconstruction des tanji vétustes) fournissant un cadre aux acteurs de la
production du logement. A terme, l’article souligne les deux éléments qui ont caractérisé la question foncière à Séoul
entre 1970 et 2000 : 1. le problème du manque de temps (plus que du manque d’espace) pour aménager et 2. le
problème de la propriété foncière dans les quartiers de squatters urbains.
Natacha AVELINE : chercheur, Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut d'Asie Orientale
(IAO)
Cycle foncier et aménagement à Tôkyô
Au cours des deux dernières décennies, Tôkyô a connu des fluctuations spectaculaires sur les marchés fonciers. Une
première période, de 1985 à 1990, a été caractérisée par une envolée des prix des terrains, dans un contexte de rareté
de l’offre de grandes parcelles nécessaires à la construction d’immeubles de bureaux aux normes internationales.
L’obstacle du mortellement parcellaire et de l’enchevêtrement des droits de propriété a pu néanmoins être levé au prix de
longues négociations dans des périmètres de remembrement. Il en a résulté une surproduction immobilière, et, par suite,
le déclenchement d’une phase descendante du cycle foncier. L’érosion des valeurs foncières, qui se poursuit aujourd’hui,
s’accompagne d’une surabondance de grandes parcelles à Tôkyô, phénomène totalement impensable deux décennies
auparavant. La problématique des politiques foncières s’est donc inversée : il ne s’agit plus, désormais, de lutter contre la
spéculation mais d’enrayer la baisse des prix fonciers. Dans ce nouveau contexte, totalement inédit, les nouvelles
opérations d’aménagement urbain diffèrent considérablement de celles de la période précédente, tant en terme de
localisation que de programme. Nous examinerons donc les effets des différentes phases du cycle foncier sur les
recompositions spatiales à Tôkyô
Adeline CARRIER : Doctorante, Laboratoire Théorie et mutation urbaine, Institut français d’Urbanisme (IFU)
Les ‘marqueurs de propriété’ et leurs interactions dans la relation espace urbain/habitat à Phnom Penh
L’évolution même de la fonction du logement au sein d’un contexte de reconstruction urbaine illustre à bien des égards
les transformations des comportements résidentiels.
Du refuge provisoire à l’acquisition définitive, l’habitat constitue un témoin clé rappelant les phases successives
d’accession au sol (occupation de principe sous le régime socialiste puis privatisation du parc foncier et ouverture au
marché spéculatif).
La notion de propriété privée se trouve alors en porte-à-faux entre une autorisation de principe héritée du socialisme et
légitimant l’occupation spontanée et la réglementation foncière récemment véhiculée. Ce paradoxe lisible fait apparaître
des espaces de non-droit qui mettent en exergue la difficulté de cerner les limites espace privé/espace public. Cette
confrontation entre les usages de l’espace et la ‘norme urbaine’ est d’autant plus visible qu’elle rend compte de divers
modes ‘d’accès à la ville’
Afin de saisir cette ambiguïté de sens, l’approche des interstices (ces lieux de litiges ou la distinction entre privé et public
est incertaine) me paraît rendre compte de ces contradictions paysagères. A ce titre, les clôtures et autres délimitations
spatiales témoignent, à l’image des écriteaux scellés sur les portes phtĕah mi∋n m∋-cah (la maison a un propriétaire), de
la nécessité d’affirmer la possession.
Xavier GUILLOT : Laboratoire Théorie des mutations urbaines, Institut français d’urbanisme (IFU), Université
Paris-Vincennes (Univ. Paris VIII)
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.104
L’étude des dynamiques foncières et des mutations urbaines en Asie sera abordée au travers de l’évolution des
politiques du logement à Singapour
Depuis la création de la cité-Etat en 1960, le logement public a constitué la principale offre de logement en accession à la
propriété pour la population singapourienne. Simultanément, la production de logement a été un levier essentiel du
développement économique du pays.
Or, depuis les années 1990, on assiste à une nouvelle orientation de cette politique avec la montée en puissance de
nouveaux acteurs et de nouveaux modèles, comme en atteste le « boom » dans la construction des condominiums
financés par la promotion privée. En dépit de l’essor du secteur privé de l’immobilier, Singapour n’en demeure pas moins
« fidèle » à ses principes fondateurs en matière de plannification urbaine, notamment caractérisés par un « hyper
contrôle » de son foncier et une gestion méticuleuse de son stock de logement
Comment Singapour a t-elle « géré » cette mutation, quels en sont les principaux acteurs institutionnels et privés ; quels
ont été les mécanismes réglementaires mis en place et ses conséquences sur l’aménagement du territoire, telles sont
les questions principales que j’envisage de développer dans ma communication.
44. L’ARCHITECTURE DE LA VILLE EN ASIE Coordinateurs :
- Philippe BONNIN, Anthropologue, Directeur de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS),
Architecture-Urbanisme-Sociétés (UMR AUS)
- Nathalie LANCRET, Architecte, Chargée de recherche, CNRS, Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde
austronésien (LASEMA, UPR 297-CNRS)
Intervenants : Emmanuel CERISE, Sophie CLEMENT, Hélène NJOTO-FEILLARD, Christian PEDELAHORE DE
LODDIS, Thomas BEAUFILS ‘L'architecture de la ville en Asie’ regroupe des chercheurs et des doctorants de différentes disciplines intéressés aux questions architecturales et urbaines. Les périodes de transition politique et économique (ouverture et internationalisation des économies) que traversent plusieurs pays d’Asie du Nord-Est et du Sud-Est, continentale et insulaire, ne sont pas sans provoquer des bouleversements rapides et profonds des structures architecturales et urbaines existantes. L’accélération des taux d’urbanisation, l’ampleur et la rapidité de la croissance urbaine, les changements d’échelle et de nature des projets architecturaux amènent à renouveler les interrogations et à croiser les points de vue. Dans cette perspective, les villes asiatiques en tant qu’objet de recherche se chargent de significations particulières en raison : - de la présence persistante de formes architecturales et urbaines anciennes et de modes d’organisation de l’espace traditionnels ; - de la montée en puissance du développement urbain et de l’introduction de modèles exogènes dans la conception et la mise en œuvre de nouveaux projets urbains, mais également dans les pratiques habitantes, les ‘ manières de faire’ des usagers de la ville. Notre intérêt porte sur la formation et les transformations des villes, considérées sous un angle historique et dynamique. Il nous conduit à la lecture et à l’analyse des phénomènes contemporains et à leur mise en perspective pour tenter d’appréhender leur genèse et les formes du changement, dans la confrontation de modèles fondateurs établis sur la longue durée et d’expressions architecturales et urbaines importées, copiés et/ou appropriées. Nos interrogations portent principalement sur les villes de taille moyenne où une grande variété de situations urbaines concrètes peuvent être observées in situ.
Philippe BONNIN : Architecte ; Anthropologue ; Directeur de recherche, Centre national de la Recherche
scientifique (CNRS), Architecture-Urbanisme-Sociétés (UMR AUS)
Esthétique ordinaire de la ville japonaise
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.105
Ce que révèle l’observation de la mégapole tôkyôïte actuelle, des grandes villes mais aussi des villages, répond-il le
moins du monde de l’axiologie classique de l’esthétique nippone ? A vaste échelle au moins, il semble y avoir disjonction
entre les principes esthétiques traditionnels et la production actuelle de la ville. L’observation de la dégradation du
paysage urbain d’une ville comme Kyôto tend à accréditer l’idée de l’abolition du système de l’esthétique traditionnel, de
son ignorance, voire de sa transformation (l’expression d’autres valeurs, telles que la modernité, la fascination pro-
occidentale, le profit économique, l’inaliénable liberté du propriétaire).
Il faut toutefois prendre garde ici aux échelles d’observation : ces faits sont les plus massifs et les plus patents dans
certains lieux urbains, mais ils ne doivent pas masquer les pratiques quotidiennes (ou festives) plus modestes : la
floraison des devants de maisons, l’arrosage de la chaussée, les décorations festives d’un côté, tout autant que les
aspects négatifs tels que les débordements, les manifestations d’indifférence au voisinage qui eussent été impensables
avant Meiji. C’est cet ordinaire de l’esthétique urbaine que l’on interrogera.
Thomas BEAUFILS : Maître de conférences, Département d'études néerlandaises, Université Marc Bloch
(Strasbourg)
L’architecture néerlandaise à Batavia de 1910 à 1940 : Etat des lieux
Jakarta a mauvaise presse et l'opinion générale prétend qu'il n'existe plus de patrimoine architectural de valeur dans la
ville. A première vue en effet, aucun bâtiment ne frappe véritablement l’œil. Et pourtant, la cité est un extraordinaire
musée en plein air. Ce gigantesque livre ouvert raconte l’histoire de l’architecture néerlandaise et son adaptation au
climat des Indes depuis le XVIIe siècle. Des architectes néerlandais renommés ont visité, puis se sont installés à Java.
Berlage y a fait un voyage en 1923, Dudok en 1927. Tous deux ont influencé plusieurs générations de bâtisseurs aux
Indes. Ce ne furent pas les seuls. Aujourd’hui, il y a urgence, car nombre de ces édifices se dégradent ou sont menacés
de disparition. Cette communication sera l’occasion de présenter, à travers des photos anciennes et récentes, plusieurs
de ces trésors oubliés et de raconter les voyages de ces architectes. Une préférence sera donnée à l’architecture de
Batavia des années 1920 à 1940, où l’on retrouve un goût prononcé pour les volumes emboîtés, les beffrois, et les
surfaces rectilignes, égayées parfois par des lignes galbées. Ce travail fera également allusion à Rem Koolhaas, qui a
séjourné dans sa jeunesse en Indonésie de 1952 à 1956, et à Jaya Ibrahim, un architecte indonésien, également
contemporain.
Emmanuel CERISE : Architecte ; doctorant, Université Paris-Vincennes (Univ. Paris VIII), Institut parisien de
recherche : architecture, urbanistique, société (IPRAUS, UMR 7543-CNRS)
Transformation du tissu urbain à Hanoi : la rue De La Thanh
L’évolution urbaine de Hanoi, capitale du Vietnam, connaît une accélération depuis la politique de renouveau
économique (Doi Moi) en 1986, et surtout suite à la levée de l’embargo économique en 1994. Les mutations urbaines
ainsi engendrées voient le jour dans le contexte d’un développement urbain marqué par la confrontation, sur le terrain,
des pratiques habitantes spontanées et d’une planification étatique. Si les deux systèmes semblent s’ignorer, suivant
chacun leur propre circuit, certaines situations obligent à la rencontre ou au détournement, notamment dans les projets
de restructuration viaire.
L’ancienne route-digue De La Thanh est actuellement l’objet d’un grand chantier du ministère de la Construction
vietnamien : élargissement, percée, remembrement parcellaire... Cette voie planifiée est, dans le même temps, le théâtre
d’une urbanisation spontanée de la ville : processus de densification vertical et horizontal, découpages territoriaux,
recomposition du bâti existant, introduction de nouveaux modèles, alignement de boutiques sur la rue, organisation
pragmatique du quartier...
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Au travers de l’analyse des transformations de la rue De La Thanh, nous tenterons de comprendre comment les modes
de production de la ville de Hanoi jouent de ce double système de production des formes architecturales et urbaines.
Sophie CLEMENT : Architecte-ethnologue ; Ingénieur de recherche, Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS), Groupe de géographie sociale et d’études urbaines
Naissance et formation de deux capitales, Phnom Penh et Vientiane, de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1930
Les Français, en arrivant au Cambodge et au Laos au début de la période coloniale, eurent à créer des villes pour
asseoir leur autorité. Quelle a été leur perception des sites qu'ils ont décidé d'ériger en capitale de ces états ? L'un
abritait une bourgade, l'autre les ruines d'une ancienne capitale dévastée et inhabitée depuis plusieurs décennies. Pour
fonder ces capitales, ils ont dû adapter leurs modèles de ville occidentale à des contextes très différents. En s'implantant
dans ces villes indigènes, ils ont réorganisé l'espace en tenant compte des repères existants. Les conceptions de
l'espace khmer ou lao se sont fondues dans l'organisation d'une ville répondant à d'autres critères. Faisant preuve de
pragmatisme, les autorités coloniales ont dû trouver des réponses à des difficultés de tous ordres, en particulier
techniques. Ils ont dû adapter les principes urbanistiques de la métropole à la réalité du terrain, notamment dans le tracé
des rues.
Hélène NJOTO-FEILLARD : Historienne de l’Art ; Doctorante, Université Panthéon-Sorbonne (Univ. Paris I)
Notes sur l’identité des modèles architecturaux du Taman sari de Yogyakarta (1758-1765)
Le jardin palatin de la ville de Yogyakarta, le Taman Sari ou “jardin odorant” (1758) demeure jusqu’au XIXe s. le jardin
javanais le plus considérable, en Indonésie. Distribués sur douze hectares, les cinquante neuf constructions ainsi que les
nombreux bassins parcourus par des passages subaquatiques et alimentés par un ingénieux réseau hydraulique firent
grande impression sur ses visiteurs européens dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe
siècle. Le parc, dans un état de délabrement, fait l’objet d’un chantier de restauration suite à son classement parmi les
cent sites les plus menacés du Fonds du Patrimoine Mondial. L’identification architecturale et stylistique des pavillons du
Taman Sari demeure néanmoins incomplète et son étude n’est toujours pas envisagée. Nous voulons remettre en
question l’opinion répandue d’une intervention portugaise, qui semble ignorer le contexte urbain et paysager javanais,
chinois et néerlandais à Java, contemporains au Taman sari. Nous interrogerons également les enjeux de la commande
ainsi que la destination du jardin, afin de mieux saisir leur impact dans les choix architecturaux et ornementaux.
Nathalie LANCRET : Architecte ; Chargée de recherche, Centre national de la Recherche scientifique (CNRS),
Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et du Monde austronésien (LASEMA, UPR 297-CNRS)
La formation d’une rue marchande et son impact sur les tissus urbains à Bali, Indonésie : le cas de la rue Hasanudin,
ancien axe fondateur de la capitale royale de Denpasar.
Quelles sont les configurations spatiales et les expressions architecturales qui interviennent dans les extensions
contemporaines de la ville de Vientiane, aujourd’hui fortement marquée par un contexte de métropolisation et
d’internationalisation ? Aménagements du réseau de voirie, reconversion progressive des terres agricoles, agrégation
et/ou découpages des parcelles, renouvellement des fronts bâtis, introduction de nouvelles formes architecturales et
urbaines, recomposition des modèles hérités, extensions, densification et/ou reconstruction des groupements anciens,
effacement de pans entiers du bâti, etc.
Nos questionnements porteront sur la « rue marchande » de Dongpalane, figure urbaine récurrente des villes d’Asie,
caractérisée par la juxtaposition de parcelles oblongues bâties de compartiments. Inscrite dans des ensembles urbains
différenciés, tant dans la ville de fondation coloniale que dans les nouvelles extensions urbaines, ses fronts bâtis
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manifestent une certaine homologie des trames et tissus urbains, des modèles et expressions architecturales. Faisant
l’hypothèse qu’il existe des rapports opérants entre la rue, les tissus et le bâti, on s’interrogera sur les modes de
formation et de transformation du paysage urbain actuel.
Si la « rue marchande » demeure une figure génératrice de la ville sud-est asiatique contemporaine, il s’agit d’observer
ce vers quoi elle tend à Vientiane, depuis les moments inauguraux de refondation coloniale aux projets urbains
contemporains.
Christian PEDELAHORE DE LODDIS : Architecte ; Enseignant, Ecole d’architecture de Paris La Villette
Hanoi, syncrétisme architectural et pluralité urbaine (1873-2000) Métamorphoses et dialogique des modèles
Du point de vue de l'analyse des modèles, des types et des formes architecturales étudiées dans leurs transformations
temporelles et leurs interactions, la ville de Hanoi constitue à la fois un corpus inépuisable et un cas exemplaire à plus
d'un titre.
Ville agrégative et feuilletée, Hanoi associe, mélange et tresse ainsi, sur plus d'un siècle, à la fois la continuité des
villages urbains et la rupture rêvée d’une cité-jardin cosmopolite ; les types génériques et organisateurs de l'habiter
oriental et occidental que sont le compartiment et la villa ; les schèmes de la cité végétale asiatique et le carroyage d’un
urbanisme colonial pragmatique et contextuel.
Évolutive, marquée par de très fortes continuités anthropologiques et culturelles, Hanoi synthétise un savoir-faire
historique de l'appariement dans une dialectique millénaire de l'appropriation et de la transformation inventive des
modèles exogènes.
Hanoi est, également, lieu de projection sur les espaces urbains et domestiques d'un rapport spécifique et séculaire à la
modernité et à l'externalité qui constitue la pointe inventive de ses transformations, fondation d'une spécificité souterraine,
sociale et culturelle.
Par l'élaboration et la création continues de types et de modèles architecturaux syncrétiques et hybrides, cette ville
constitue, depuis une épaisseur d'observation privilégiée -tant historique que comparative- le substrat quasi
archéologique permettant d'étudier les mutations urbaines contemporaines induites par une métropolisation et une
globalisation asymptotiques.
XI- Langues, Education 45. LANGUES EN CONTACT Coordinatrice : Claire SAILLARD, Maître de conférences en linguistique, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII)
Intervenants : Annie MONTAUT, Jean-Michel CHARPENTIER Cet atelier rassemblera des linguistes étudiant le contact des langues dans diverses régions d'Asie. Il s'agira de mettre en lumière les divers modes de contacts entre les langues dans des ensembles historiquement, géographiquement ou socialement cohérents, ainsi que les phénomènes engendrés par ces contacts entre langues apparentées ou non : influences des contacts sur la structure des langues elles-mêmes, sur les comportements langagiers de leurs locuteurs, sur le statut des langues en société...
Annie MONTAUT : Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS), Institut national des Langues et
Civilisations orientales (INALCO), Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales (EHESS)
Contact de langues en contexte multilingue : l’exemple de l’Asie du Sud
Les nombreuses langues qui se perpétuent depuis des siècles en situation de diaspora dans le sous-continent indien
(dont la dakkhini hindi/ourdou en milieu dravidien) font état d’un maintien linguistique remarquable. Il est sans doute dû
au multilinguisme généralisé. Le plurilinguisme indien relève d’un multilinguisme organique et stratificationnel, l’usage des
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divers segments du répertoire étant régi par l’hétérogénéité fonctionnelle, traditionnellement non compétitif. En
comparant la sociologie des usages (variétés hautes et basses) en situation de diglossie ou bi-dialectalisme avec la
situation de bilinguisme dans les communautés en diaspora, on s’explique mieux les changements formels qui
interviennent dans les langues diasporisées. Ces changements partagent nombre de traits avec les processus de
convergence liés au contact, parfois proche de la créolisation, et peuvent éclairer la dynamique du changement
linguistique en milieu multilingue.
Claire SAILLARD : Maître de conférences en linguistique, Université Denis Diderot (Univ. Paris VII)
Les langues chinoises en contact : quelles conséquences fonctionnelles
Je m'attacherai à montrer quels phénomènes sociolinguistiques récurrents ou isolés sont à l'oeuvre dans les situations de
contact entre les langues chinoises entre elles d'une part (contacts entre topolectes et langues standard en Chine), et
avec d'autres langues (contact entre langues chinoises et langues austronésiennes à Taiwan, contacts entre langues
chinoises et français en France dans les situations de migration.
L'optique adoptée sera tout autant macro-sociolinguistique, s'intéressant à l'évolution des fonctions et statut des langues
en contact, que micro-sociolinguistique, abordant par exemple la question de la construction du répertoire plurilingue des
locuteurs.
Jean-Michel CHARPENTIER : Chargé de recherche, Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO),
Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
Concurrence entre superstrat et substrat dans le pidgin Bislama du Vanuatu (Pacifique sud)
La Mélanésie et plus particulièrement le Vanuatu se distinguent par la multiplicité et la dimension des langues qui y sont
parlées. Ce multilinguisme vieux de plusieurs millénaires ne se perpétuait que grâce à un équilibre économique,
démographique imposé par les lois coutumières. Chaque groupe, jaloux de ses spécificités linguistiques, cultivait les
différences. La colonisation initiée par les missionnaires, poursuivie par les colons et les administrateurs allait détruire les
équilibres anciens, privilégiant certaines langues vernaculaires, faisant émerger des langues véhiculaires comme le
pidgin bichelamar. Aujourd’hui, l’omniprésence de l’anglais met à mal l’autonomie du pidgin, la concurrence
anglophonie/francophonie héritée du système condominial perdure, l’influence réciproque du pidgin et des langues
locales est occultée par la créolisation rampante du bichelamar à laquelle beaucoup s’opposent. Dans le contexte
sociolinguistique actuel, à l’ordre ancien a succédé une situation riche en conflits divers. Ceci a rendu impossible jusqu’à
ce jour toute élaboration d’un système d’enseignement assurant une place aux différents types langagiers.
46. EDUCATION EN ASIE : CONDITIONS D’EXISTENCE DES MODELES EDUCATIFS ET FORMATIFS, ET DE LEURS SYSTEMES DE TRANSMISSION ; TRANSMISSION DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES Coordinateur : Jean-Marc DE GRAVE, Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA),
Bureau de l’Association Française de Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE)
Intervenants : Natacha COLLOMB, David GIBEAULT, Stéphane RENNESSON, Samuel BERTHET, Didier
BERTRAND, Odette LESCARRET, TRAN Thu Huong, KRUY Kim Hourn La mise en place en Asie d’une économie de marché fondée sur la productivité industrielle, et de systèmes politiques centralisés, s’accompagne de la formation d’un système éducatif concomitant fondé sur la scolarisation, la tradition linguistique écrite, la formalisation extrême et l’uniformisation du système de transmission. Ce système éducatif qui s’impose comme étant référentiel dans les sociétés industrielles
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occidentales, oriente de façon quasi-univoque le rapport au monde et à l’existence et les systèmes socio-relationnels concernés, subordonnant parfois les formes éducatives de proximité telles que les relations de parenté et de voisinage, ou les liens à la culture d’origine. Il semble que l’on puisse ainsi considérer deux orientations en matière d’éducation et de transmission des savoirs et des pratiques. Là où les mythes, les rituels et les philosophies existentielles dépassent le simple cadre du séjour terrestre comme référence ultime des relations sociales, les modes de transmission sont progressifs et en quelque façon liés au perfectionnement du comportement social, ce qui veut dire qu’ils sont souvent posés comme s’étalant sur l’ensemble de l’existence humaine. Les modèles plus laïques et plus formels se caractérisent par un système de formation plus dichotomique dont la forme dualiste la plus marquée est celle du modèle occidental : « période de formation/période de vie active » qui implique la subordination explicite de toute activité hors cadre « vie active ». De façon globale, quelle a été la politique des nations asiatiques, au moment de leur formation, en matière d’éducation ? Y a-t-il eu acceptation en bloc d’un système scolaire de type occidental ? Y a-t-il eu établissement ou tentative d’établissement d’un système national approprié au(x) contexte(s) socio-culturel(s) concerné(s) ? Si oui, suivant quelles modalités et quelles caractéristiques ? En parallèle à la politique nationale en matière d’éducation, comment se sont développés jusqu’à aujourd’hui les modes éducatifs non institutionnels et les activités traditionnelles de formation du caractère et d’apprentissage ? Comment s’est organisé le registre non formel d’éducation ? Quelles activités concerne-t-il ? Que nous apprend la valorisation de ces activités sur la nature du lien social et des valeurs internes, sur le rapport au monde, les registres d’action en cause et le système de relations sociales ? Les présentations pourront s’appuyer sur un type précis d’activité en insistant notamment sur les modes de transmission qui entrent en jeu pour la perpétuation du savoir ou du savoir-faire en cause. Elles pourront tout aussi bien s’appuyer sur un modèle éducatif particulier, qu’il soit local ou national, traditionnel, non-formalisé ou formalisé. Il s’agira alors de se rattacher d’une façon ou d’une autre à la problématique qui se résume en quelque sorte à la compréhension interne de modèles d’éducation, de formation ou de transmission, et aux contingences d’existence et de maintien de ces modèles. L’atelier s’efforcera ainsi d’initier une approche pluridisciplinaire du phénomène, notamment au travers des disciplines ethnologique, historique et psychologique.
Natacha COLLOMB : Doctorante, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7535-CNRS),
Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Transmettre et apprendre chez les Taï Dam du Nord-Laos. Quelques pistes de réflexion.
Comment, dans une société de riziculteurs non bouddhisés du Nord Laos, les Taï Dam, un nouveau-né devient peu à
peu, pendant les premières années de sa vie et au cours d’un long et progressif processus de transmission et
d’acquisition de savoirs (savoir être, savoir se comporter, savoir faire), une personne à la fois résolument humaine et
résolument taï dam. Anthropologie du quotidien, cette recherche s’intéresse en premier lieu aux faits d’apprentissage qui
n’entrent pas dans un cadre défini par un temps et un lieu précis et désigné par le discours (rites de passage, d’initiation,
éducation formelle), mais passent autant par la pratique et le geste que par la parole.
L’apprentissage continue à évoquer pour les ethnologues un champ privilégié de la recherche en psychologie. Ce faisant,
l’apport particulier que l’ethnologie est susceptible d’apporter en ce domaine, notamment par le biais d’un
questionnement systématique des universaux en matière de fonctionnement humain, est négligé. À l’inverse de la
psychologie du développement, qui s’intéresse plutôt à un processus pensé comme interne et universel, une
anthropologie de l’apprentissage se doit de mettre à jour des catégories locales de pensée : comment est pensée,
localement, cette relation entre le naturel et l’appris, comment la terminologie en témoigne-t-elle, comment s’expriment et
sont marqués les âges et les étapes de la vie ?
David GIBEAULT : Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales (EHESS)
Les Maîtres de chants: les paroles de la totalité en contexte moderne
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Cet exposé présentera dans ses grandes lignes en quoi consiste le statut de ‘Maître de chants’ dans un village chinois.
Plusieurs des activités habituellement associées aux prêtres taoïstes sont dans la région étudiée accomplies par des
hommes ayant acquis la maîtrise, par une série de participations à des fêtes et des échanges, d'un corpus original de
chants. Ce corpus témoigne dans chaque cas d'une participation active à des fêtes anciennes: la parole vient ici en
résultat des relations sociales (et non l'inverse). Mais la transformation de ces activités dans les années maoïstes puis
libérales (au sens économique) remet grandement en question la valeur accordée à cette socialité. De nouvelles
expériences sont toutefois tentées pour valoriser dans un cadre nouveau le savoir des Maîtres de chants: l'établissement
d'un ‘maison de la tradition orale’, patronnée par le gouvernement local. Il sera fait état de cette innovation et de la
conception du savoir traditionnel comme 'culture', séparée des relations sociales dont les chants étaient la voix, qui la
sous-tend.
Stéphane RENNESSON : Doctorant, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7535-
CNRS), Université de Nanterre (Univ. Paris X)
Le corps comme outil et matériau du processus pédagogique du muay thai
Il s’agit de mettre au jour la relation entre la boxe thaïe et la culture thaïlandaise ainsi que les manières dont ce sport
national est conçu et pratiqué. La boxe thaïlandaise occasionne des comportements d'extériorisation des passions chez
les spectateurs et les parieurs. Ces attitudes tranchent singulièrement avec les dehors sereins que les Thaïlandais
impriment aux interactions sociales dans la vie quotidienne. Or, la valorisation d'une telle pratique, apparemment violente,
peut a priori sembler contradictoire avec les manifestations de l'idéologie dominante. Cette dernière est imprégnée du
dogme bouddhiste et valorise la non-violence, l'évitement comme moyen de gérer les pressions sociales et, plus
généralement, la non-manifestation de ses émotions en public.
Mon travail de rédaction se structure autour de l’hypothèse selon laquelle la boxe thaïe, par son caractère agonistique,
constitue une situation paroxystique de la mise à l'épreuve des qualités morales de l'individu. La boxe thaïe cristallise des
valeurs fondamentales de la société thaïlandaise. Du boxeur au promoteur, chacun y trouve la matière symbolique, et les
rapports sociaux qui la matérialise, pour se projeter, mais aussi pour se construire en tant que personne, en tant que
‘ destin ’ pour reprendre une terminologie plus locale.
Samuel BERTHET : Post-doctorant, Centre de Recherche et d'Histoire du Monde Atlantique (CRHMA) ;
membre de la Société Anglo-indienne et Histoire de l'Inde Britannique et contemporaine (SAHIB) ; Chercheur
invité au Centre des Sciences Humaines de New Delhi.
Le système éducatif indien: entre utopie villageoise et pression sociale
La volonté des fondateurs de l’Inde contemporaine telles que Tagore et Gandhi de renouer avec l’Inde ‘ authentique ’,
des villages, par opposition à celle du Raj et des villes, s’est traduite par une volonté de retour à la langue maternelle ou
de recours à la langue nationale.
Afin de donner une réalité à cette volonté politique, l’école et l’éducation représentaient bien entendu des enjeux majeurs.
En dehors des divergences internes entre les grandes figures fondatrices de la nation indienne, les stratégies politiques
et les réalités économiques rattrapèrent les rêves initiaux et finalement il semble que ce soit plutôt les desseins
de Macaulay, grand instigateur de la diffusion de la langue par l’enseignement comme instrument de colonisation, qui
s’imposent avec toujours plus de force.
L’école : lieu où se dessine l’identité des nations par le biais de la langue donc, de l’éducation en général, mais aussi de
l’idéologie et de la formation des élites ; nœud du pouvoir et du devenir des nations.
Programme en français_1er congrès 2003 RESEAU ASIE <[email protected]> p.111
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Didier BERTRAND : Ethnopsychologue ; Chercheur associé, Institut de Recherche sur le Sud-Est Asiatique-
Marseille (IRSEA), Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) ; chargé d’enseignements en
Psychologie, Université de Toulouse le Mirail (Univ. Toulouse II)
Odette LESCARRET : Professeure de Psychologie du développement, Université Paul Valéry (Univ.
Montpellier III), Laboratoire Personnalisation et Changements Sociaux
TRAN Thu Huong : Enseignante-chercheure en psychologie, Université des Sciences Sociales et Humaines
de Hanoi, Vietnam
KRUY Kim Hourn : Enseignante-chercheure en psychologie, Université Royale de Phnom Penh, Cambodge
Education et socialisation de l'enfant au Viêtnam et au Cambodge : analyse comparative des ethnothéories
parentales et de l'intégration de modèles ethnoscientifiques
Les systèmes de représentations des adultes concernant le développement et les problèmes des enfants, interagissent
en permanence avec leurs pratiques effectives d'éducation et de soins en situation familiale ou professionnelle. Ces
théories implicites connues parfois sous le nom d'ethnothéories, une fois formalisées par des ethnologues ou des
anthropologues, se distinguent de théories plus formelles faisant référence à des modèles dits scientifiques développés
notamment dans la pédiatrie, la sociologie ou la psychologie dans le monde occidental essentiellement : les
ethnothéories scientifiques. Les parents ne sont toutefois pas à l'abri de ces influences car les différents savoirs sont de
moins en moins étanches. En outre, en Asie du Sud Est des modèles sensiblement différents pourraient être comparés
(confucéen, theravadin, animiste). Différentes théories relatives à l'enfance et à l'éducation sont en oeuvre dans les
systèmes de représentations des adultes intégrant ces apports allogènes.
La psychologie cherche maintenant au travers de ses avancées cognitivistes à mieux connaître et investir finement ces
phénomènes, quitte à reconsidérer ses propres théories. Nous proposons aussi dans cet atelier de réfléchir à la
complémentarité entre les approches des psychologues et des ethnologues.
Jean-Marc DE GRAVE : Laboratoire sur l’Asie du Sud-Est et le Monde austronésien (LASEMA), Bureau de
l’Association Française de Recherche sur l’Asie du Sud-Est (AFRASE)
Profil de l’éducation indonésienne. Perspective renouvelée sur les dimensions formelle et non formelle de l’éducation
en Asie
Avant et après la déclaration d’indépendance de 1945, les fondateurs de l’éducation indonésienne – sous l’égide du
mouvement éducatif nationaliste Taman Siswa – avaient formulé les bases d’une éducation dans laquelle les activités
corporelles et artistiques seraient transmises de façon équilibrée avec les activités intellectuelles, selon un système de
transmission de type tutorat. Qu’est-il advenu de cet idéal éducatif qui s’opposait à celui, élitiste et spécialisé, du système
scolaire colonial hollandais ? Quelle est la place des pratiques corporelles (arts martiaux, danse) dans la conception
éducative javano-indonésienne ?