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1 Préparation à l'audition de naturalisation Ville d'Yverdon-les-Bains

Préparation à l'audition de naturalisation · assument à tour de rôle la Présidence de la Confédération pour un an. Si au cours de ces 4 ans, un conseiller fédéral démissionne,

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Préparation à l'audition de naturalisation

Ville d'Yverdon-les-Bains

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Pourquoi une audition ? Qui va m'auditionner ?

Réponse : La Commission de naturalisation du Conseil communal, formée de 9 membres, et un délégué de la Municipalité auditionnent les candidats conformément aux dispositions légales et réglementaires de la Confédération, du Canton et de la Commune qui sont les suivantes :

Loi fédérale, art. 14: Avant l'octroi de l'autorisation, on s'assurera de l'aptitude du requérant à la naturalisation. On examinera en particulier si le requérant : a) s'est intégré dans la communauté suisse; b) s'est accoutumé au mode de vie et aux usages suisses; c) se conforme à l'ordre juridique suisse; d) ne compromet pas la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse.

Loi cantonale, art. 5, chiffre 7: Pour demander la naturalisation vaudoise, l'étranger doit : - être intégré à la communauté vaudoise, notamment par sa connaissance de la langue française; manifester par son comportement son attachement à la Suisse et à ses institutions et son respect de l'ordre juridique suisse.

Règlement communal, art. 7: Dès que l'émolument est réglé, le candidat est convoqué pour être entendu sur son aptitude à la naturalisation. Cette audition a lieu devant la Commission du Conseil communal, ou une délégation chargée de l'examen des demandes de bourgeoisie et une délégation de la Municipalité. L'épouse et les enfants mineurs de plus de 14 ans révolus, inclus dans la demande, sont aussi convoqués à l'audience.

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L'audition n'est pas un examen, mais que va-t-on me demander?

! Réponse : La Commission de naturalisation et le délégué de la Municipalité engagent une discussion avec le candidat et lui posent des questions pour établir s'il remplit les conditions de naturalisation définies par les lois et règlement présentés à la page précédente et complétés par des directives du Service de l'intérieur. Directives du Service de l'intérieur, résumé de la circulaire no 1263/86 : ⇒ l’intégration sociale : l’étranger doit s’être adapté au monde

socioprofessionnel suisse. Son comportement dans la formation suivie ou dans l’exercice de sa profession est révélateur de son acclimatation au pays.

⇒ l’intégration culturelle : le candidat doit être accoutumé au mode

de vie et aux usages suisses, c’est-à-dire que, par son insertion dans la communauté suisse, il doit avoir adopté la manière de vivre et les habitudes du pays d’accueil sans pour autant devoir renoncer à ses propres liens culturels.

⇒ le respect de l’ordre juridique suisse : il implique pour le candidat la

reconnaissance des institutions démocratiques de la Suisse et la soumission aux lois qui les régissent dans l’exercice de ses droits et l’accomplissement de ses devoirs.

Il est regrettable et contraire à l’esprit et au but de la naturalisation que le candidat ou la Commission de naturalisation considère que l’on doive ″se préparer à l’examen de naturalisation″. En lieu et place de questions précises et répétitives sur des points d’histoire, de civisme et de géographie, la Commission de naturalisation s’assurera de l’attachement du candidat à notre pays, par un entretien moins scolaire et plus diversifié, portant principalement sur des particularités suisses et vaudoises, sans omettre de prendre en considération l’ensemble du dossier. Même si l'audition n'est pas un examen scolaire, le candidat a intérêt à avoir une bonne vision générale des institutions comme de l'histoire de la Suisse. La présente brochure peut l'aider à mieux comprendre ce qu'est notre pays.

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Comment obtient-on la naturalisation suisse ?

En Suisse, la naturalisation s'obtient avec l'accord de la Confédération et du canton concerné. Le candidat doit aussi obtenir l'accord d'une commune, en principe celle où il est domicilié. La procédure se déroule dans l'ordre chronologique suivant :

1. Confédération : l'autorisation fédérale de naturalisation 2. commune : la bourgeoisie (d'Yverdon-les-Bains, par exemple) 3. canton : le droit de cité vaudois. Cette procédure en trois temps s’explique par la nature de notre système politique qui donne une grande importance aux cantons et aux communes.

La Suisse est un Etat fédératif (comme les Etats-Unis d'Amérique et la République fédérale d'Allemagne). Cela signifie que la Suisse est un pays avec un Etat central qui gère les affaires d'importance nationale comme l'armée, les transports (chemins de fer - autoroutes) etc. et des Etats fédérés (les cantons) qui ont une souveraineté, c'est-à-dire le droit de se gouverner eux-mêmes, mais ne peuvent exercer cette souveraineté que dans les limites fixées par l’Etat central (par exemple l’organisation des écoles).

5La Confédération suisse est le terme utilisé pour désigner notre pays parce qu'il fut, durant très longtemps, une véritable confédération, c'est-à-dire une association de plusieurs Etats qui gardaient toute leur indépendance. La Confédération suisse était alors comparable à ce qu’est aujourd’hui l’Union européenne, qui unit un certain nombre d’Etats liés par des traités, mais n’a pas de gouvernement central. C’est seulement depuis 1848 que la Suisse n'est plus une confédération à proprement parler (bien qu’elle en ait gardé le nom !), mais un Etat fédératif (ou fédéral), avec de vraies autorités et notamment un gouvernement qui est le Conseil fédéral.

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Comment fonctionne une démocratie ?

En principe, une démocratie fonctionne comme une société (de chant, de tir etc.). Les membres de la société se réunissent périodiquement dans une assemblée qui prend les décisions importantes, fixe les cotisations, approuve les comptes, etc... Mais la société a besoin d’un comité qui applique (ou exécute) ces décisions, gère les finances et règle un certain nombre d’affaires plus particulières. C’est exactement ce qui se passe dans une petite commune de notre canton. L’assemblée qui réunit tous les citoyennes et citoyens qui veulent bien y participer s’appelle le Conseil général, et c’est la Municipalité qui joue le rôle du comité. Mais en pratique, au niveau d’une grande commune et surtout de notre canton et de la Suisse, il est impossible de réunir l’ensemble des citoyennes et des citoyens pour délibérer. C’est pourquoi, ceux-ci élisent des représentants qui, à leur place et en leur nom, prennent les décisions importantes. Pour une grande commune, ces représentants forment le Conseil communal et, pour le canton, le Grand Conseil. Au niveau d’un canton ou d’un pays, on dit souvent que ces représentants forment le parlement et exercent le pouvoir législatif (en effet, ce sont eux qui votent les lois). Et on appelle gouvernement ou pouvoir exécutif ceux qui exécutent les décisions prises par le parlement, et dirigent l’administration. Au niveau suisse ou fédéral, l’organisation du parlement est plus compliquée qu’au niveau cantonal. En effet, nous l’avons vu, la Suisse est un Etat fédératif (ou fédéral). Aussi le parlement fédéral est divisé en deux assemblées appelées chambres fédérales: • le Conseil des Etats qui représente (à raison de 2 députés par

canton) les Etats ou cantons qui forment la Confédération, et • le Conseil national, qui représente l’ensemble du peuple ou de

la nation suisse. Une décision n’est valable que si chacune des deux chambres fédérales l’accepte.

Dans une démocratie digne de ce nom, la justice doit être appliquée de façon indépendante. Aussi les tribunaux exercent-ils un pouvoir bien distinct des deux autres, le pouvoir judiciaire.

7Mais même indépendants, compétents et intègres, les juges ne sont pas infaillibles. Aussi ceux qui sont mécontents par exemple d’un jugement rendu par un tribunal d'arrondissement peuvent recourir au Tribunal cantonal qui peut modifier et même casser ce premier jugement. Et, s’ils ne sont pas encore satisfaits, ils peuvent aller jusqu’au Tribunal fédéral (qui siège à Lausanne).

La Constitution Toute démocratie a une constitution. C’est la loi fondamentale de l’Etat. Elle définit d’abord les institutions et les grandes lignes de leur fonctionnement (par exemple comment est composé le gouvernement ou est élu le parlement). Elle fixe aussi les droits et les devoirs de chacun : • ceux des gouvernants (leurs pouvoirs exacts, la nature des

impôts qu’ils peuvent prélever, leur obligation de respecter les règles démocratiques et juridiques, d’assurer l’ordre public et la défense du territoire etc.),

• et ceux des gouvernés (l’égalité devant la loi, la garantie de leurs libertés, la soumission au service militaire etc.).

Toute décision des autorités doit être conforme à la constitution. A l’étranger, la constitution est modifiée par le parlement. En Suisse, toute modification de la Constitution fédérale ou d’une Constitution cantonale doit faire l’objet d’une votation populaire.

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L'organisation politique en Suisse

Pour mémoriser facilement l'organisation politique de la Suisse, il faut garder à l'esprit les 2 éléments suivants : 1. il y a 3 pouvoirs : le pouvoir législatif (la décision) le pouvoir exécutif ( l'exécution) le pouvoir judiciaire ( la justice ) 2. il y a 3 niveaux de gestion : la Confédération le canton la commune

Le pouvoir législatif :

Confédération

Canton (Vaud)

Commune (exemple :

Yverdon-les-Bains)

Conseil national 200 conseillers nationaux

Conseil des Etats 46 conseillers aux Etats

Grand Conseil

180 députés

Conseil communal

100 conseillers communaux

Le pouvoir exécutif :

Confédération

Canton (Vaud)

Commune (Yverdon-les-Bains)

Conseil fédéral

7 conseillers fédéraux

Conseil d'Etat

7 conseillers d'Etat

Municipalité

7 municipaux

Le pouvoir judiciaire :

Confédération

Canton (Vaud)

Arrondissement

Tribunal fédéral

30 juges fédéraux

Tribunal cantonal 15 juges cantonaux

Tribunal administratif 5 juges

Le territoire vaudois est

divisé en 4 arrondissements

judiciaires ayant chacun leur Tribunal,

9NB. Une nouvelle constitution vaudoise est en préparation ; elle pourra amener des modifications, notamment pour le nombre des députés et l'organisation du Conseil d'Etat.

Elections des Autorités fédérales

Elections par le peuple :

Tous les 4 ans, le peuple élit : • Le Conseil des Etats, soit 46 conseillers aux Etats (2 représentants

par canton); • Le Conseil national, soit 200 conseillers nationaux (répartition par

cantons proportionnelle à la population. Vaud : 17 représentants)

Elections par l'Assemblée fédérale :

Pour certaines élections, les 2 chambres (Conseil national et Conseil des Etats) siègent ensemble en Assemblée fédérale. L'Assemblée fédérale élit : • Tous les 4 ans, le Conseil fédéral, soit 7 conseillers fédéraux qui

assument à tour de rôle la Présidence de la Confédération pour un an. Si au cours de ces 4 ans, un conseiller fédéral démissionne, l’Assemblée fédérale élit aussitôt son successeur;

• Le Tribunal fédéral (tous les 6 ans).

Election des Autorités cantonales

Election par le peuple :

Tous les 4 ans, le peuple élit : • Le Grand Conseil, soit 180 Députés dont 9 pour l'arrondissement

électoral d'Yverdon (qui correspond au district); • Le Conseil d'Etat, soit 7 conseillers d'Etat.

Election des Autorités communales

Election par le peuple (exemple d’Yverdon les-Bains) : Tous les 4 ans, le peuple élit : • Le Conseil communal, soit 100 conseillers; • La Municipalité, soit 7 municipaux; • Le syndic (un des sept municipaux).

10Ce qui concerne l’élection des autorités cantonales et communales sera peut-être modifié par la nouvelle constitution vaudoise laquelle sera soumise au peuple dans les premières années du XXIème siècle.

Votations

Dans la plupart des démocraties européennes, le rôle des citoyennes et des citoyens se limite à élire leurs représentants. C’est très exceptionnellement que, dans certains Etats, le peuple est consulté sur une question d’importance nationale. En Suisse, au contraire, où les droits démocratiques sont beaucoup plus étendus qu’ailleurs, les citoyennes et les citoyens ont le privilège d’être appelés plusieurs fois par an à voter sur des objets fédéraux, cantonaux et parfois communaux comme le montrent les tableaux suivants :

Votations fédérales :

Au niveau fédéral, le peuple est appelé à se prononcer : • sur toute modification de la Constitution fédérale (la majorité du

peuple et des cantons est alors requise); il peut s'agir d'une modification votée par les chambres ou demandée par une initiative populaire (100'000 signatures au minimum);

• sur une loi votée par les chambres, lorsque des citoyens opposés à cette loi demandent un référendum (50'000 signatures exigées).

Votations cantonales :

Au niveau cantonal, le peuple est appelé à se prononcer sur les objets suivants : • sur toute modification de la Constitution vaudoise; • sur une loi ou un décret votés par le Grand Conseil lorsque

12’000 citoyennes et citoyens au minimum demandent un référendum à son propos;

• sur une proposition de loi présentée par une initiative populaire (là aussi, un minimum de 12'000 signatures est nécessaire).

Votations communales :

Au niveau communal, le peuple est appelé à voter sur une décision du Conseil communal (sauf les admissions à la bourgeoisie, le budget et les emprunts) si le Conseil lui-même le décide ou si 1/5 des électeurs le demandent.

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Abrégé d'histoire

Préambule Comme les autres thèmes de cette brochure, l'abrégé d'histoire est présenté en 3 volets : 1. la Confédération suisse; 2. le Canton de Vaud; 3. la Commune d'Yverdon-les-Bains.

Le candidat à la naturalisation n'est pas censé connaître par cœur toutes les dates et tous les événements relatés ci-après ! Il doit cependant pouvoir décrire le processus historique qui a contribué à former le pays dans lequel nous vivons aujourd'hui, en citant quelques faits déterminants.

1. LA SUISSE La Suisse des 3 cantons On considère traditionnellement que le Pacte conclu en 1291 entre les communautés d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald marque le début de la Confédération (la fête nationale du 1er août rappelle cet événement); les liens entre ces communautés vont se resserrer au fur et à mesure que croîtront les menaces dues à la puissante Maison des Habsbourg. La Suisse des 8 cantons De 1332 à 1353, 5 cantons entrent dans la Confédération : Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug, et Berne. La Suisse des 13 cantons De 1481 à 1513, 5 autres cantons, Fribourg, Soleure, Bâle, Schaffhouse et Appenzell, entrent dans la Confédération, suite notamment aux guerres de Bourgogne (batailles de Grandson, Morat et Nancy). La Suisse des 13 cantons durera jusqu’en 1798.

12Un ensemble assez compliqué La Confédération des 8, puis des 13 cantons était un ensemble assez compliqué. D’abord, la Diète où siègent les représentants des cantons n’est pas un gouvernement ou un parlement, mais plutôt une réunion d’ambassadeurs qui trop souvent ont bien de la peine à se mettre d’accord et même n’y parviennent pas ! Ensuite, de nombreux alliés comme les Grisons, le Valais, Genève, Saint-Gall et même Mulhouse s’ajoutaient aux cantons, et certains d’entre eux envoyaient aussi des représentants à la Diète ! Enfin, dans la plupart des cantons, l’égalité n’existait pas et il y avait des maîtres et des sujets. Par exemple, les Vaudois (incorporés au canton de Berne dès 1536) dépendaient de l’autorité de « Leurs Excellences », c’est-à-dire d’une caste de « patriciens bernois » formée d’aristocrates et de bourgeois privilégiés ; cette autorité s’exerçait par l’intermédiaire des baillis (l’un d’eux résidait à Yverdon). Ajoutons qu’il y avait aussi des régions sujettes de deux ou plusieurs cantons à la fois. Il s’agissait des bailliages communs. Par exemple, Echallens, Orbe, Grandson, Morat et leurs environs constituaient des bailliages communs à Berne et Fribourg. L’ensemble de tous ces territoires (les 13 cantons, leurs alliés et leurs bailliages communs) couvrait une superficie supérieure à celle de la Suisse actuelle ! Le traité de Westphalie En 1648, les puissances européennes reconnaissent solennellement l'indépendance de la Confédération, lors du traité de Westphalie. Auparavant, les Suisses faisaient encore partie du Saint Empire romain germanique et dépendaient théoriquement de l’autorité de son chef, même s’ils n’en faisaient qu’à leur tête ! La République helvétique La révolution française de 1789 mena à de grands bouleversements en Europe. En 1798, les armées françaises envahissent la Suisse et imposent le régime de la République helvétique. La Suisse devient un Etat unitaire avec un pouvoir central comme la France; les cantons y perdent leur souveraineté et ne sont en fait que de simples départements administrés par un préfet. Il n’y a plus ni maîtres, ni sujets, mais le pays ne connaît pas de véritable indépendance par rapport à la France.

13L'Acte de Médiation (Confédération des 19 cantons) La République helvétique connut de graves dissensions, et finalement la guerre civile. Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, réunit à Paris quelques dizaines de députés représentant les cantons et les partis rivaux. L’action de Bonaparte aboutit à l’Acte de Médiation de 1803. Les cantons forment à nouveau une Confédération et ils ont chacun leur propre constitution. Six nouveaux cantons sont ajoutés aux 13 anciens cantons : ce sont d’anciens alliés (Grisons, Saint-Gall) ou d’anciens sujets (Argovie, Tessin, Thurgovie, Vaud) La Diète est à nouveau l’organe central de la Confédération. Le Congrès de Vienne Le Congrès de Vienne se réunit en 1814 et en 1815 pour décider du sort de l'Europe après la chute de Napoléon Ier; les puissances européennes reconnaissent la neutralité de la Suisse et maintiennent son statut de confédération d'Etats (le régime de l'Acte de Médiation s'est effondré avec la défaite de l'Empereur). Genève, Neuchâtel et le Valais, qui avaient été annexés à la France, entrent dans la Confédération qui compte désormais 22 cantons. Comme auparavant, les cantons envoient leurs représentants à la Diète, mais celle-ci a des pouvoirs plus étendus que durant les siècles précédents. La Suisse de 1815 à la guerre du Sonderbund (1847) Après la chute de Napoléon, la plupart des cantons revinrent à une politique conservatrice et même rétrograde. Souvent c’étaient les anciens privilégiés qui reprenaient le pouvoir, les droits démocratiques étaient restreints, on ne reconnaissait pas la liberté religieuse. Dans bien des régions se développa un mouvement libéral qui d’abord voulait un régime de démocratie et de libertés. Et comme d’une part le développement de l’industrie et du commerce était entravé par les barrières cantonales (douanes intérieures, péages, diversité des taxes, des mesures, voire des monnaies) et que, d’autre part, la Confédération dut subir à plusieurs reprises les pressions et même les menaces de l’étranger, les libéraux désiraient également que la Suisse devienne un véritable Etat, plus unifié et plus fort. Les plus ardents d’entre eux, les radicaux, préconisaient même l’usage de la force pour atteindre cet objectif. A partir de 1830, les libéraux et les radicaux prennent le pouvoir dans la majorité des cantons. Mais ils se heurtent à l’opposition des

14conservateurs, et surtout à celle des 7 cantons catholiques (Uri, Schwytz, Unterwald, Lucerne, Zoug, Fribourg et le Valais) qui, pour des raisons à la fois politiques et confessionnelles, craignent d’être minorisés et ne veulent pas entendre parler d’un Etat central. Finalement, ces 7 cantons forment une alliance séparée, le Sonderbund. La Diète ordonne la dissolution du Sonderbund, qui résiste par les armes, mais le général Dufour en vient rapidement à bout lors d’une campagne de moins d’un mois, et, heureusement, avec des pertes minimes (automne 1847). Heureusement aussi, les vainqueurs font preuve de modération et comprennent que la conciliation est préférable à l’intransigeance. Ils n’accablent pas les vaincus et, tout en créant un Etat fédéral, ils respectent largement la souveraineté des cantons. La Constitution de 1848 A la suite de la guerre du Sonderbund, qui a amené la victoire des radicaux sur les conservateurs, les cantons acceptent donc d’ abandonner certains pouvoirs à la Confédération; ils adoptent la nouvelle constitution de 1848 qui fait de la Suisse un Etat fédératif. Pour la première fois de son histoire (si l’on excepte la République helvétique), la Suisse se dote d'un gouvernement (le Conseil fédéral), d'un parlement (le Conseil des Etats et le Conseil national) et d'une instance judiciaire (le Tribunal fédéral). Cette constitution généralise le suffrage universel masculin, supprime les douanes intérieures, unifie la monnaie et les postes ; les relations avec l’étranger sont du seul ressort de la Confédération. Toute modification de la constitution fédérale doit être acceptée par la majorité du peuple et des cantons. La Constitution de 1874 En 1874, le peuple et les cantons acceptent une nouvelle constitution qui augmente les pouvoirs de l’État central, notamment en matière militaire, sociale et économique. Elle donne aussi au peuple le droit de référendum (facultatif) sur les lois votées par les Chambres fédérales (cette extension des droits populaires sera complétée en 1891 par le droit d’initiative constitutionnelle). Mais les fondements de la constitution de 1848 ne sont pas modifiés. Alors que tous nos voisins ont changé plusieurs fois de régime depuis le milieu du siècle passé, nos institutions de base elles, sont restées les mêmes. Les changements constitutionnels de 1874 à 1999

15Durant 125 ans, la Suisse a été régie par la Constitution de 1874. Cependant, durant cette longue période, cette constitution a été l’objet de 140 révisions partielles, les unes de portée mineure, d’autres beaucoup plus importantes. Une des plus importantes a été sans doute l’octroi aux femmes, en 1971, des mêmes droits politiques en matière fédérale que ceux des hommes (droit de vote, mais aussi possibilité d’accéder aux plus hautes fonctions, comme être membre du gouvernement). Quelle que soit leur valeur, ces nombreuses modifications ont amené un certain désordre dans notre charte fondamentale et rendu sa lecture difficile : on avait besoin d’un texte plus clair et plus simple. D’autre part, vu l’évolution de la vie publique et des mentalités, vu l’apparition également de conditions et d’exigences nouvelles, il a semblé nécessaire d’opérer une mise à jour et de préciser un certain nombre de droits, notamment de droits sociaux. D’où la nouvelle Constitution fédérale adoptée par le peuple et les cantons le 18 avril 1999. Mais rien d’essentiel n’a été changé dans nos institutions et l’organisation politique de la Suisse est restée la même. La création du canton du Jura le Jura devient le 23ème canton de la Suisse en 1979. C'est ainsi qu'il y a actuellement 20 cantons et 6 demi-cantons (Unterwald, Bâle et Appenzell sont constitués chacun par deux demi-cantons). La Suisse et l’Europe Le développement de l’Union européenne, formée en 1998 de 15 Etats (dont tous les voisins de la Suisse, qui, elle, n’en fait pas partie), pose à notre pays des problèmes difficiles. En 1992, la participation de la Suisse à un Espace économique européen ou EEE (qui devait comprendre l’Union Européenne, forte alors de 12 Etats, et quelques autres pays) a été refusée par une très courte majorité du peuple suisse, mais par la quasi totalité des cantons alémaniques (alors que les grandes villes et les cantons romands l’acceptaient). Aujourd’hui, nos relations extérieures doivent-elles être améliorées par une entrée de la Confédération dans l’Union européenne ou seulement par des traités (dits « bilatéraux ») avec cette Union ? Les Suisses restent très divisés sur cette question.

2. LE PAYS DE VAUD Les Helvètes et les Romains

16On ne sait pas exactement depuis quand la plus grande partie du canton de Vaud actuel, comme l’ensemble du Plateau suisse, ont été peuplés par les Helvètes. Ensuite, ce peuple d’origine celtique voulut émigrer vers des régions plus méridionales, mais il en fut empêché par Jules César, qui les vainquit en 58 avant Jésus-Christ et les obligea à regagner leur territoire. Leur pays est progressivement intégré à l’Empire romain. Avenches (Vaud) devient la capitale de l’Helvétie romaine et les Helvètes adoptent peu à peu la langue latine ainsi que le droit et les dieux romains. Les invasions germaniques Dès le IIIème siècle de notre ère, avec le déclin de l’Empire romain, plusieurs incursions des Alamans dévastèrent l’Helvétie jusque dans nos régions. Au Vème siècle, un peuple lui aussi d’origine nordique, mais déjà christianisé, les Burgondes, s’établit dans l’actuelle Suisse romande et la Savoie, ainsi que dans une bonne partie des bassins de la Saône et du Rhône. Les Burgondes s’assimilent assez facilement aux anciens habitants et adoptent leur langue (le latin vulgaire). Ils fondent « le premier royaume de Bourgogne » qui, après quelques dizaines d’années, est soumis aux Francs. Le « second royaume de Bourgogne » Charlemagne, le plus grand des rois francs, couronné empereur en 800, se trouvait à la tête d’un vaste empire dont faisait partie notre région. Mais après sa mort, son empire se désagrégea et plusieurs royaumes se constituèrent sur ses ruines. Parmi eux, dès 888, le « second royaume de Bourgogne », dont les frontières furent très variables, mais dont le centre fut toujours la Suisse romande. Quand la dynastie de ses rois s’éteignit (1032), sa couronne tomba aux mains du chef du Saint Empire romain germanique. La période savoyarde Dès la fin du XIIème siècle, les comtes de Savoie établissent progressivement leur domination sur le Pays de Vaud. En 1260, Pierre de Savoie construit le château d’Yverdon. A cette époque, il réussit à grouper sous son autorité la plus grande partie des terres vaudoises. L’arrivée des Suisses En 1475, le territoire vaudois est envahi par les Confédérés au cours des guerres de Bourgogne (batailles de Grandson en février 1476, de Morat en juin 1476 et de Nancy en janvier 1477). Le Pays

17de Vaud tombe sous l’influence croissante de Berne et de Fribourg et les deux villes s’approprient déjà certains territoires (bailliages communs d’Echallens et de Grandson et, pour Berne seule, Aigle et les Ormonts). L’époque bernoise En 1536, les Bernois lancèrent une expédition pour secourir Genève, ville réformée menacée par la Savoie et ses partisans. Ils en profitèrent pour conquérir la plus grande partie du Pays de Vaud et l’annexèrent au canton de Berne (d’autres territoires alors vaudois, comme Romont, Châtel Saint-Denis, Estavayer tombèrent aux mains des Fribourgeois et sont restés fribourgeois jusqu’à aujourd’hui !). Là où ils sont les maîtres, les Bernois imposent le protestantisme et interdisent le culte catholique. Le major Davel En 1723, un officier vaudois, le major Davel, critique l'administration bernoise et revendique l'indépendance des Vaudois. Trahi par les notables lausannois qu'il n'a pas convaincus, il est arrêté, jugé et décapité. Le major Davel deviendra plus tard le symbole de la volonté d'indépendance vaudoise, une volonté dont il fut longtemps le seul dépositaire. Exécuté 75 ans avant la révolution vaudoise, le major Davel est mort pour avoir eu raison trop tôt. La révolution vaudoise Le 24 janvier 1798, avec l'appui des troupes françaises prêtes à intervenir, Vaud se proclame République lémanique mais, dès les semaines suivantes, cette République lémanique disparaîtra pour être incorporée à la République helvétique, instituée avec l’aide des baïonnettes françaises. La première réunion du Grand Conseil vaudois Le 14 avril 1803 a lieu la première réunion du Grand Conseil du nouveau canton de Vaud, 19ème de la Confédération. C'est l'Acte de Médiation, imposé par Bonaparte, qui a décidé du sort des Vaudois en leur attribuant le statut de canton confédéré. Les révolutions de 1830 et de 1845 En 1830, les libéraux prennent le pouvoir. En 1845, une insurrection radicale met en place un gouvernement provisoire présidé par Henri Druey. Les radicaux font accepter par le peuple une nouvelle constitution cantonale qui étend assez largement les droits démocratiques ; mais, en même temps, les nouvelles autorités restreignent les libertés et surtout la liberté religieuse.

18En novembre 1845, indignés de la mainmise du pouvoir politique sur l’Église et de la façon dont sont traités certains d’entre eux, la grande majorité des pasteurs démissionnent. Une petite quarantaine se ravisent ; la plupart quittent l’Eglise nationale pour fonder l’Eglise libre, dont les premiers fidèles se recrutent surtout parmi les adversaire des radicaux. Il faudra attendre 1966 pour que les deux Églises soient réunies et forment l’actuelle Église évangélique réformée vaudoise. La Constitution vaudoise de 1885 Le 1er mars 1885, les citoyens vaudois acceptent la nouvelle Constitution vaudoise qui est toujours en vigueur, bien que souvent modifiée (par exemple, l’élection du Conseil d’Etat par le peuple en 1917, et l’introduction de la représentation proportionnelle pour le Grand Conseil après la Seconde Guerre mondiale). Précisons qu’en 1999, une Assemblée constituante a été élue pour préparer une nouvelle Constitution pour notre canton. Les mouvements ouvriers En 1887, l'aile gauche du parti radical fonde la section vaudoise du Grutli qui milite pour la défense des ouvriers. Le socialisme vaudois naît d'une rupture entre le Grutli et le parti radical qui, dès 1892, fait alliance avec le parti libéral (entente bourgeoise) pour faire face à la montée de la gauche. Les Vaudoises d'abord En 1959, le canton de Vaud est le premier en Suisse à accorder le droit de vote aux femmes sur le plan cantonal (le droit de vote sur le plan fédéral suivra en 1971). Les Expositions nationales En 1964, Lausanne accueille l'Exposition nationale. A cette occasion, le premier tronçon d'autoroute reliant deux villes suisses est ouvert entre Lausanne et Genève. Au début du 3ème millénaire, ce sera au tour d'Yverdon-les-Bains d'accueillir l'Exposition nationale, conjointement avec les Villes de Neuchâtel, Bienne et Morat.

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3. YVERDON-LES- BAINS Outre un rapide aperçu des origines d'Yverdon-les-Bains, nous vous présentons ci-après 3 édifices symbolisant les différents régimes qui se sont succédé et dont notre ville a dépendu au cours de son évolution. Cette présentation est complétée par la mention de 3 personnalités qui ont marqué leur époque et laissé une empreinte dans notre ville. Pour le reste, la vie d'Yverdon a été rythmée par les événements qui ont marqué l'histoire de la Confédération et du canton (voir les 2 chapitres précédents). Les origines : la région d’Yverdon jusqu’à l’aube de l’histoire Dès 7000 en tout cas, les humains ont laissé des traces dans le Nord vaudois en utilisant des abris sous roche. Mais ce furent surtout des populations déjà organisées qui, de 4000 à 800 environ, s’installèrent sur les bords de notre lac. On les a appelées les « lacustres ». Ces « lacustres » habitant sur les rivages du lac ont laissé de nombreux vestiges, dont de véritables champs de pilotis, ainsi qu’une masse d’objets divers de pierre, de terre cuite, puis de métal. Les dizaines de menhirs qu’on peut voir près du début de la route d’Yvonand ont peut-être été érigés par eux. D’autres populations leur succédèrent, établies surtout à des altitudes plus élevées, puis dans la plaine et sur le territoire même d’Yverdon. L’arrivée des Helvètes marqua ce territoire : ils y construisirent une place forte qui remonte au moins à 80 avant Jésus-Christ, soit avant leur tentative d’émigrer et leur défaite face à Jules César. Le Castrum Dû probablement aux menaces venues du nord et aux incursions des Alamans, le Castrum a été édifié par les Romains plus tôt qu’on l’a cru longtemps, soit déjà dans la première moitié du IVème siècle après Jésus-Christ. C'était un camp, fortifié par d'énormes remparts et 15 tours en maçonnerie, construit pour accueillir une garnison militaire. Ses ruines sont visibles au nord du cimetière. Le Château

20Pour favoriser sa politique d'occupation progressive du Pays de Vaud, Pierre de Savoie fonda vers 1260 la ville neuve d’Yverdon, entourée d’eau, fermée par des murailles et défendue par un château qui existe encore aujourd’hui. Le château a été la résidence des représentants de la Maison de Savoie jusqu'en 1536, puis des gouverneurs bernois (les baillis) jusqu'en 1798. De 1805 à 1825, le pédagogue Henri Pestalozzi dirige son institut installé dans le château que la ville d'Yverdon a acheté pour le recevoir. L'Hôtel de Ville Construit en 1769 par les Bernois qui occupaient alors le Pays de Vaud, cet édifice est le siège des autorités communales. La Municipalité y tient séance chaque semaine et le Conseil communal une dizaine de fois par année. Jean-Jacques Rousseau En 1762, le célèbre philosophe séjourne un mois à Yverdon-les-Bains chez M. Roguin. Dans "les confessions", il écrit à ce propos : "Je me trouvais si bien du séjour d'Yverdon que je pris la résolution d'y rester, à la vive sollicitation de M. Roguin et de toute sa famille". Toutefois, l'intolérance des autorités bernoises, irritées par les idées de Rousseau, l'oblige à quitter précipitamment notre ville. Fortuné-Barthélémy de Félice Professeur de philosophie, de physique et de mathématiques, F.-B. de Félice s'établit dans notre ville pour y fonder une maison d'édition et une imprimerie ; il édite notamment, de 1760 à 1780, 3000 exemplaires d'une encyclopédie de 58 volumes, concurrente de celle de Diderot et d'Alembert. Henri Pestalozzi L'homme que la ville d'Yverdon-les-Bains honore par une statue sur la place qui porte son nom est, sans doute, l'un des plus grands pédagogues de tous les temps. Répondant à une aimable invitation des autorités de notre ville, Pestalozzi arrive à Yverdon en 1804. Au château, il tient pendant 20 ans un institut pour jeunes garçons de 7 à 15 ans; celui-ci compte jusqu'à 150 élèves, riches ou pauvres, de religions et langues mélangées. On y parle français, allemand, anglais, italien et espagnol dans une grande communauté fraternelle. En 1806, Pestalozzi crée à côté de l'Hôtel de Ville un institut séparé pour les jeunes filles dont le but est de former des éducatrices pour

21la petite enfance. Ces 2 instituts sont complétés par un Séminaire ou Ecole normale, institution très nouvelle en ce temps-là. En 1813, avec l'aide de l'un de ses collaborateurs, Johann-Conrad Naef, il ouvre un institut pour enfants sourds-muets, le premier en Suisse. En 1818, il crée et anime une école pour enfants pauvres à Clendy. Intéressés, des visiteurs parfois illustres accourent à Yverdon de toute l'Europe et même d'Amérique. Aujourd'hui, Yverdon-les-Bains entretient des relations d'amitié avec la ville de Kagamino, au Japon, qui vient d'ouvrir un centre pédagogique basé sur la méthode Pestalozzi. Le XXème siècle Dès le XIXème siècle déjà, la Suisse connaît un important développement industriel qui engendre une forte urbanisation. Yverdon est une bonne démonstration de cette évolution puisque, de 5700 habitants en 1870, notre ville passe à 8700 habitants en 1920 pour atteindre environ 24'000 habitants aujourd'hui. La fabrique de cigarettes Vautier et la fabrique de machines à écrire Hermes Précisa, qui occupaient plusieurs milliers d'employés, ferment leurs portes dans les années 70. Face à cette situation, l'autorité communale prend des mesures efficaces pour relancer l'activité économique de notre ville. Depuis quelques années, le Parc Scientifique et Technologique s'active à favoriser la création de nouvelles entreprises orientées vers les techniques de pointe, tandis qu'un certain nombre de petites industries, déjà actives dans ce domaine, confirment la nouvelle vocation d'Yverdon. La réouverture du Centre thermal en 1977 et du Grand Hôtel des Bains en 1989, la création d'un office du tourisme, la construction de la salle de la Marive et la rénovation des salons de la villa d'Entremonts permettent de développer le tourisme thermal et la réunion de congrès. Yverdon a pris d'ailleurs, depuis quelques années, le nom d'Yverdon-les-Bains. Le XXIème siècle L'exposition nationale dite Expo.01, actuellement en préparation, est sans conteste l'événement qui marquera l'histoire d'Yverdon-les-Bains au début du prochain millénaire. Cette manifestation et l'ouverture de l'autoroute A1 en direction de Berne promettent d'ores et déjà d'intéressantes synergies pour le développement futur d'Yverdon-les-Bains.

Géographie - Economie

22 Même si les candidats à la naturalisation sont fréquemment interrogés sur ces 2 sujets, nous n'avons pas jugé utile de les aborder dans la présente brochure car, pour la géographie, la petite taille de notre pays permet de le parcourir et de le découvrir facilement, tandis que l'actualité économique est abondamment commentée par la presse écrite, la radio et la télévision.

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Yverdon-les-Bains, octobre 1999