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Présence d’un nouvel animal de compagnie (NAC) : gare aux salmonelloses !

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Page 1: Présence d’un nouvel animal de compagnie (NAC) : gare aux salmonelloses !

formation | synthèse

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La mode des NACOr, les reptiles « domestiques » sont des réservoirs de salmonelles et, de ce fait, représentent une éven-tuelle source de contamination pour l’homme. Des cas de salmonelloses transmis par ces animaux ont déjà été décrits dans divers pays, en particulier chez les enfants. Une analyse bibliographique concernant les salmonelloses en relation avec la présence de reptiles à domicile a retrouvé 23 publications euro-péennes, 16 américaines et 4 de diverses origines (Japon, Inde, Australie). Sur une vingtaine d’années, 871 cas ont été recensés Ces affections ont été des gastro-entérites, dont 2 cas mortels et des méningites chez des enfants de moins de 6 mois, ayant entraîné un décès et un retard psychomoteur. Les espèces de salmonelles incriminées étaient très variées : S. enterica surtout, mais aussi S. poona, S. houtenae, S. arizonae, S. diarizonae. Les reptiles responsables étaient des iguanes (24 cas) (figures 1 et 2), des tortues (23 cas) (figure 3), des serpents (16 cas) (figure 4) ou des lézards (13 cas) (figure 5). L’analyse des souches a souvent retrouvé l’identité entre la souche chez l’enfant et celle de l’animal en cause. Par ailleurs, plusieurs épidémies ont été rapportées aux Etats-Unis, liées à la présence de tortues. En conséquence, les tor-tues, ayant été considérées comme responsables de près de 20 % des cas de salmonellose aux Etats-Unis, leur vente a été interdite à partir de 1975.

Des serpents dans les chambresEn France, une enquête a été effectuée par l’Institut de veille sanitaire et le Centre national de références des salmonelles de l’Institut Pasteur. Ont été retenus l’âge des patients (enfants

de moins de 5 ans), la présence de reptiles à domicile, le sérotype de la souche (isolée et identifiée par des tests bio-chimiques puis par agglutination sur lame avec un antisérum), la symptomatologie et les comorbidités. Ainsi, sur 2 538 enfants ayant présenté une souche de sal-monelle reçue au CNR, seuls 333 répondaient aux critères d’inclusion, car 292 patients ayant effectué un voyage à l’étranger ont été écartés de l’étude pour ne garder que les salmonelloses autochtones. Au total, 41 patients seulement ont été retenus. Les reptiles en cause ont été des tortues aquatiques, des lézards, des serpents ou encore un iguane, en sachant qu’aucun de ces animaux n’a présenté de troubles cliniques. Différentes sous-espèces ont été identifiées comme appartenant au groupe Salmonella enterica (Anatum, Durham, Infantis, Nexport, Panama, Pomona, Tennessee, Uganda) ou

Présence d’un nouvel animal de compagnie (NAC) : gare aux salmonelloses !

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OptionBio | Mercredi 23 juillet 2014 | n° 512

La nouvelle mode consiste à adopter, comme nouvel animal de compagnie (ou NAC), des animaux considérés comme sauvages. Ainsi, en 2003, 3 % des familles possédaient un reptile, ce qui représente environ un million de reptiles en France et les enfants de moins de 1 an forment une population à risque élevé de contamination par des salmonelles au contact des « reptiles de compagnie ».

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encore aux sous-espèces salamae, arizonae, houtenae ou encore indica. Ces animaux « domestiqués » n’étaient jamais laissés en liberté, mais dans un terrarium, situé dans le salon, dans la cuisine, dans la chambre des parents ou dans celle d’un des enfants (figure 6) ou encore à l’exté-rieur de la maison. Lors du nettoyage des terrariums, les souillures étaient jetées à l’extérieur du domicile, dans les toilettes, dans la poubelle de la cuisine ou encore dans la baignoire. La manipulation de ces ani-maux (soins, nourriture, nettoyage) est une activité qui n’est pas sans risque, quand on sait qu’ils sont souvent porteurs de salmonelles dans leur tube digestif (dans 50 à 90 % des cas) mais sont rarement symptoma-tiques, ce qui ne permet pas d’attirer l’attention sur un comportement anormal.

Des formes neurologiquesPar ailleurs, les parents étaient très rarement conscients du risque de maladie transmissibles par ces animaux. Dans un cas de méningite, la même salmonelle a été retrouvée chez l’animal de compa-gnie (un lézard) et dans le LCR du nourrisson et dans d’autres cas, le même sérotype de Salmonella Duban était retrouvé chez le patient et les tortues de la mai-son. Une étude identique aux Etats-Unis entre 2001 et 2003 a clairement démontré que 12 % des salmonel-loses contractées par les enfants de moins de 5 ans étaient en rapport avec la présence d’un reptile dans leur entourage. Les vêtements et l’habitat des proprié-taires de reptiles peuvent être contaminés, les salmo-nelles survivant longtemps dans l’environnement, la transmission des salmonelles pouvant s’effectuer de façon indirecte.Aussi, est-il fortement déconseillé d’héberger des rep-tiles dans les familles comportant des jeunes enfants (consignes du Center for disease control aux Etats-Unis et du Health protection agency en Grande-Bretagne). En Suède, les informations largement diffusées sur ce sujet ont entraîné une baisse de 12 % à 6 % des cas de salmonelloses liées aux reptiles ». |Déclaration d’intérêt : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

PATRICE BOURÉEa,b, FRANCINE BISAROc, ALIREZA ENSAFd

a Laboratoire de parasitologie, Hôpital Cochin, Paris.b Consultation des maladies tropicales, Institut Fournier, Paris.

c Sciences du vivant, Université Paris VII. d HSF, Kremlin-Bicêtre.

sources

–  Colomb-Cotinat M, et coll. Salmonelloses chez des jeunes enfants et exposition aux reptiles domestiques. Bull Epid Hebd 2014;1-2:2-8.

–  Colomb-Cotinat M, et coll. Cas probables de salmonelloses chez des jeunes enfants secondaires à une exposition aux reptiles. Revue bibliographique 1993-2013. Bull Epid Hebd 2014;1-2;8-16.

OptionBio | Mercredi 23 juillet 2014 | n° 512 21

| Figure 1. Iguane en laisse.

| Figure 3. Enfant jouant avec une tortue.

| Figure 5. Lézard.

| Figure 6. Terrarium dans une chambre.

| Figure 2. Iguane en équilibre.

| Figure 4. Enfant jouant avec un serpent.

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