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Présentation du Projet associatif 2015 / 2020
Présentation du
Projet associatif
2015 / 2020
Assemblée générale du 27 juin 2015 à Montredon-Labessonnié
Présentation du Projet associatif 2015 / 2020
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Editorial du Président : Projet associatif ?
Le dictionnaire nous permet de retrouver le sens originel du mot projet : du latin « pro » = en avant +
« jactare » = lancer
Avant de se lancer, il est indispensable d’assurer une base de départ.
Pour faire un bref historique de l’APAJH dans le Tarn nous pouvons dire que, comme dans toute vie, tout
commence avec l’enfance. L’APAJH est née dans le Tarn en 1972.
Il y a 40 ans, aucun établissement médico-social n'existait dans le sud du Tarn. A la douleur du handicap
s'ajoutait la séparation précoce avec l'enfant en situation de handicap. Pour les enfants de Castres et de
sa région, cela signifiait l'internat, dès l'âge de 6 ans. Deux ou trois familles aidées par deux enseignants
ont alors inventé les « classes intégrées », qui pour la première fois permettaient à des enfants en
situation de handicap de venir à l'école de tous et d'y être accueillis par un enseignant spécialisé aidé
par un éducateur et, quelques années plus tard, par tous les personnels paramédicaux nécessaires. De
plus, cette invention permettait aux enfants de continuer à vivre en famille.
Par un travail acharné des bénévoles aidés par les professionnels, au cours des années, l’association a
été amenée à ouvrir de nouveaux Etablissements ou Services correspondant à l'avancée en âge des
Personnes en Situation de Handicap (PSH), au point d'arriver à couvrir aujourd'hui tous les âges et
presque toutes les situations de vie. De plus, elle a réussi à se déployer sur l’ensemble du territoire
tarnais, offrant aux PSH et à leurs familles plus de 20 établissements et services dans notre
département. Et nous n'avons pas fini d'évoluer... mais pour cela, il faudra définir la méthode.
Les 30 premières années de notre association (1972 / 2002) se sont calquées sur les besoins en évolution
des enfants qu’elle accompagnait. Ces 30 années de construction ont tenu compte de leur croissance,
de leur passage à l’âge adulte, de leur orientation dans un autre établissement médico-social souvent à
créer, de leur entrée possible pour certains dans le monde du travail adapté ou protégé, de leurs
besoins de protection juridique. Pas de projet précis donc, mais le fil de la vie, tout simplement.
Première réflexion, premier projet associatif : 2002 - 2007. Il s’agissait déjà, entre autres de « prendre en
compte l’histoire et l’expérience, d’intégrer les mutations, d’engager une réflexion prospective ».
Depuis 2013, notre association réfléchit et travaille à son nouveau projet pour 2015-2020. Sa version
définitive sera présentée à notre assemblée générale du 27 juin 2015. A cette occasion, nous en
débattrons, nous l’amenderons si nécessaire, puis nous le voterons.
A quelles mutations politiques, culturelles et sociales devons-nous faire face ?
Mutations politiques
Depuis 2010, les Agences Régionales de Santé (ARS) gèrent l’enfance et la partie santé du médico-social,
chacune dans son territoire. Aucune création d’Etablissement nouveau ne peut se faire si l’une de ces
agences n’a pas au préalable lancé un appel à projet. Il nous incombe d’être assez forts, seuls ou
regroupés, d’abord au sein de notre Fédération, pour être le plus présents possible dans les instances
qui recensent les besoins et décident des implantations d’Etablissements ou de services nouveaux.
Nous devons rester en veille et nous tenir prêts à répondre, dans des délais très courts, aux appels à
projets. Le Conseil départemental, qui finance les hébergements pour adultes, travaille lui aussi par
appels à projets.
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« A l’état solidaire se substitue l’état stratège s’organisant autour de la gestion de la rareté des
ressources publiques et faisant de l’usage rationnel des ressources le fondement du développement
des politiques publiques et des formes de soutien s’y rapportant » (Revue Reliance - article de Serge
Ebelsold - juin 2005 : « L’inclusion : du modèle social au modèle managérial ? »)
Nous devons en être conscients, ces évolutions sont dictées par la rationalisation des dépenses. La
réalité économique se traduit dans des choix politiques. Les fonds publics que nous utilisons nous
imposent l’acceptation de cette politique, acceptation en tension constante avec nos convictions.
Notre association, au sein de sa Fédération, militera toujours pour l’accompagnement au plus près du
parcours de vie de la Personne en situation de handicap, de perte d’autonomie ou de difficultés
sociales, en faveur de la proximité du lieu de décision, ainsi que pour la primauté absolue de la
Personne sur les objectifs économiques.
Association à la fois gestionnaire responsable, et militante forgée par nos convictions, comment nous
positionner ? Quel projet associatif pour éclairer notre route ?
Notre projet doit nous fournir des balises, par exemple : où être présents, dans quelles instances, avec
qui ? A quel prix ? Répondre à quels appels à projet ?
Mutations sociales
Les Personnes en situation de handicap voient leur espérance de vie se rapprocher de celles qui ne sont
pas dans cette situation. Comment adapter nos établissements, ou entrer dans des appels à projet pour
personnes handicapées vieillissantes et, ensuite âgées ?
Quelles conditions de vie pour les travailleurs en ESAT retraités ?
Mutations culturelles
L’individuel est la règle, celle-ci étant traduite dans la loi de 2002 rénovant l’action sociale et médico-
sociale qui a institué, entre autres, le Projet de vie, le Projet personnel, le document individuel
d’accompagnement, etc…
La « culture » et la loi évoluent de concert, entrainant pour le plus grand nombre le refus de l’internat, la
vie en milieu ordinaire le plus possible, le plus longtemps possible…
Mais pour être « avec les autres, comme les autres », les accompagnements, les compensations sont
nécessaires. Comment notre association fera-t-elle évoluer ses établissements et services dans cet
accompagnement individualisé ?
Projet associatif, projet de vie, projet d’une société inclusive, voilà l’idéal qui nous anime.
Alain Delpi,
Président de l’APAJH du Tarn
15 juin 2015
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Société inclusive, laïque et républicaine
Voici les trois revendications sociétales de l’APAJH.
Société inclusive : pourquoi mettre un nouveau mot à la place de « intégration » ?
On parle beaucoup d’intégration pour les personnes d’origine étrangère vivant en France. Elles sont
venues, elles ou leurs parents, d’ailleurs, elles n’étaient pas à l’origine incluses dans la société française.
Il leur a fallu, il leur faut toujours s’adapter, apprendre la langue, acquérir de nouveaux comportements
sociaux, faire des efforts pour s’intégrer. L’ « étranger », « le différent », qui arrive a le devoir de
s’intégrer, de s’insérer dans un moule préexistant où rien n’a été prévu ni conçu pour lui.
La notion d’inclusion se différencie et même s’oppose à celle d’intégration. Inclusion signifie que l’on
fait partie du corps social dès l’origine, quelle que soit notre situation particulière. Appliquée à la
situation de handicap, cette notion d’inclusion oblige notre société à concevoir son espace public et ses
services, dès l’origine, dès le travail d’élaboration des architectes et des urbanistes, à concevoir donc
une société inclusive parce qu’accessible à tous.
Cette accessibilité dès la conception implique pour nous, APAJH, première Fédération tous handicaps en
France, l’accessibilité universelle, l’accès à tout pour tous, quel que soit le type de handicap.
Le vocable de « situation de handicap » décentre le handicap de la Personne, plus ou moins stigmatisée,
du moins désignée comme « handicapée », vers la société. C’est en effet la société qui porte la
responsabilité de la situation de handicap si cette société ne se conçoit pas dès l’origine comme
inclusive, c’est-à-dire adaptée à toute forme de difficulté dans l’accès à l’espace public et aux services.
C’est là le combat de nos associations. Nous ne sommes pas seulement revendicatifs, catégoriels ou
corporatistes. « Ce qui est utile pour le handicap l’est pour la société toute entière ».
Nous désirons contribuer à construire une société universellement accessible, c’est-à-dire inclusive.
Société laïque
L’association affirme la laïcité, l’ouverture et le pluralisme. Elle est respectueuse des valeurs, des
croyances, des religions et des philosophies des personnes et de leur famille.
Le projet associatif fédéral adopté au Congrès de Lyon en juin 2011 rappelle que « notre conception de
la laïcité permet l’expression du respect de l’autre en tant que personne dans ses convictions
philosophiques, politiques, morales ou religieuses. Chaque personne accueillie, chaque adhérent,
chaque membre du personnel a droit à ce respect et a réciproquement le devoir de reconnaître ce droit
aux autres. »
Les établissements et services gérés par l’association continueront à appliquer la charte des Droits et
des Libertés de la Personne accueillie, garantis par la loi de 2002-2, article 11 - Droit à la pratique
religieuse. « Les conditions de la pratique religieuse y compris la visite de représentants des différentes
confessions doivent être facilitées, sans que celles-ci puissent faire obstacle aux missions des
établissements ou services. Les personnels et les bénéficiaires s’obligent à un respect mutuel des
croyances, convictions et opinions. Ce droit à la pratique religieuse s’exerce dans le respect de la liberté
d’autrui et sous réserve que son exercice ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements
et services. »
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Les équipes de direction recevront tout le soutien nécessaire de l’association face à toute demande
particulière qui pourrait perturber le fonctionnement ordinaire de l’établissement ou du service.
L’association départementale s’appuiera sur les réflexions et éventuellement les préconisations émises
dans le cadre fédéral.
Quelques points sur ces réflexions :
Respect des personnes : connaissance des souhaits (en cas de décès notamment), de la
personne, de la famille.
L’Association est une structure privée rendant un service public. A ce titre, elle applique la
notion de neutralité de ses bénévoles autant que de ses salariés.
Les règlements intérieurs des Etablissements préciseront cette obligation, à inscrire dans le
contrat de travail.
Laïcité, ouverture, pluralisme et respect, valeurs à préserver dans nos établissements, font aussi
partie de projet de société pour lequel nous militons.
Société républicaine
République = chose publique
Notre société républicaine, née en 1792 s’est construite en rejetant l’hégémonie d’un groupe restreint
sur l’ensemble du corps social. Elle a rejeté ainsi la monarchie non seulement comme domination d’un
individu sur le groupe social, mais aussi « l’apartheid social » qui considérait qu’un groupe restreint, une
élite, possédait seule de par sa naissance les qualités requises pour gouverner.
République = égalité et participation.
Transposée à notre problématique du handicap, cette notion de société républicaine signifie pour nous
que tout individu, quelle que soit son origine, quelle que soit sa situation de santé physique ou mentale,
a le droit de participer entièrement à l’ensemble de la vie sociale et prioritairement aux décisions qui le
concernent. L’ensemble de la vie sociale est en lien direct avec notre revendication d’accessibilité
universelle.
Quant aux décisions qui le concernent, la pratique du projet de vie, introduite par la loi de 2005, a rendu
à la Personne, quel que soit son handicap, la place de sujet et de premier acteur.
Déjà, la loi de 2002 avait rendu obligatoire le projet individualisé et le Conseil à la Vie Sociale, pour ne
citer que deux obligations parmi les sept que comporte la loi. Nous pouvons observer la mise en œuvre
de cette loi dans les Etablissements et Services gérés par l’APAJH : co-construction du Projet
personnalisé (Usager et / ou Représentant légal + Professionnels), Conseil à la Vie sociale, Comité des
Travailleurs d’ESAT apparenté au Comité d’Entreprise, comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions
de Travail. Ces instances fonctionnent avec tous les accompagnements éducatifs nécessaires pour que
chaque usager soit réellement en mesure d’exercer sa citoyenneté.
La société républicaine que nous défendons doit être prioritairement incarnée dans
l’accompagnement médico-social des personnes qui nous sont adressées ou qui viennent vers
nous. Dans notre engagement associatif, dans les actes professionnels, dans notre volonté de
défendre un projet social, nous militons pour une société inclusive, laïque et républicaine.
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Les 5 axes du projet associatif
1. Transcrire les valeurs et les buts associatifs dans les accompagnements
Définir le sens de l'accompagnement personnalisé par l'APAJH du Tarn
et veiller à la continuité du parcours des usagers.
Promouvoir la citoyenneté des PSH et garantir son effectivité
en développant l'accessibilité universelle.
Promouvoir et défendre un idéal de laïcité pour une société inclusive.
Définir une éthique APAJH. En référence aux travaux fédéraux et à l'ANESM.
Garantir la compatibilité des projets d'établissements avec les valeurs associatives.
Développer de nouveaux services, de nouvelles réponses à l'évolution des publics.
Garantir la qualité des prestations au regard des objectifs de l'accompagnement
et soutenir la démarche d'amélioration continue du service rendu.
Définir un projet social : garantir le développement des compétences des salariés
et promouvoir un management bienveillant.
Gérer l'ensemble des moyens au plus près des intérêts des usagers
dans le cadre des budgets et orientations associatives.
2. Optimiser la gouvernance démocratique de l’association
Garantir l'efficience des instances.
Garantir la pluralité des dirigeants.
Définir le partage des responsabilités.
Garantir le respect des obligations légales, administratives
et réglementaires de l'association.
Evaluer régulièrement la gouvernance et le projet associatif.
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3. Faire connaitre l'action associative
Renforcer et rendre attractive la vie associative.
Engager des réflexions inter- associatives.
Renforcer l’association.
Favoriser l'implication des usagers et des familles.
Définir et faire vivre des commissions internes.
Préparer le renouvellement des générations de dirigeants.
Aller chercher des budgets complémentaires aux moyens alloués
aux établissements et services.
4. Inscrire durablement l’APAJH du Tarn dans son environnement
Renforcer les modes d'interpellation politique.
Actionner les politiques européennes et internationales
pour influencer les politiques nationales.
Développer un partenariat actif avec la Fédération des APAJH
pour renforcer « L'APAJH dans le Tarn ».
Contribuer au rayonnement de l'APAJH en région.
Développer des relations, des coopérations, avec les autres opérateurs sociaux,
médico-sociaux et sanitaires dans le Tarn.
Intégrer ou s'intégrer à des mouvements associatifs ou citoyens
poursuivant un ou plusieurs buts similaires.
Maintenir et renforcer la participation de l'APAJH au sein des instances officielles.
5. Adapter les dispositifs aux évolutions législatives, règlementaires et
économiques
Prendre la mesure de la loi (1) Loi « Hôpital, patients, santé, territoires » du 15 juillet 2009
et de ses conséquences pour nos établissements médico-sociaux.
Gérer dans une période de fortes contraintes économiques.
Définir le modèle économique voulu par l'APAJH du Tarn.
S'inscrire dans une politique environnementale et de développement durable.