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Publié par Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc. Hiver 2016 N o 127 3 $ INCLUS DANS LA COTISATION

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Au début de cette année 2016, Meilleurs Vœux à tous les membres de notre Association ainsi qu’à leurs familles. Nous formons une communion dans l’amitié et la prière, portant dans notre

cœur les joies et les soucis de tout un chacun. Nous faisons toujours mémoire aussi de ceux que le Seigneur a rappelés à Lui.

Je désire également remercier tous ceux et celles qui participent, collaborent et parfois donnent beaucoup de leur temps pour la bonne marche et le rayonnement de l’Association des Amis de Saint-Benoît. Comment ne pas mentionner en particulier tous les collaborateurs pour la réalisation de cette Revue. Au cours de l’année 2016, nous avons justement l’intention de donner plus largement l’occasion à tous les membres qui désirent participer ou apporter leur aide personnelle de diverses manières dans l’ensemble de l’Association, soit au niveau des régions, soit dans l’administration et la direction centrale, ou pour diverses initiatives. La prière, la réflexion, la formation permanente sont toujours au centre de nos activités qui se déroulent toutefois dans une ambiance de fraternité et d’amitié. Beaucoup d’activités finalement dans différentes régions du Québec. On pense aussi aux sessions de l’École abbatiale ; et il y a toujours, bien sûr, la participation à la fête de saint Benoît le 11 juillet. Enfin nous maintenons chaque année une activité du printemps, et surtout le traditionnel Forum-Amitié. Je remercie à nouveau ceux qui ont œuvré avec succès à la préparation de celui d’octobre dernier. Dans la foulée du Synode romain notre réflexion avait pour thème la famille et ses valeurs. Nous

attendons comme tout le peuple chrétien le document du Pape François en avril prochain. Entre temps le thème de la Miséricorde de l’Année Sainte en cours alimentera certainement notre réflexion, toujours en communion avec l’Église universelle.

En terminant, je me permets par ailleurs d’exprimer ma tristesse concernant beaucoup d’évènements malheureux qui se déroulent dans le monde : guerres, déplacements de population, violences et atrocités perpétrées. Notre imagination autrefois était frappée par les grandes persécutions des premiers temps de l’Église. C’est sous nos yeux maintenant que de nombreux chrétiens sont violentés. Nous avons à porter ensemble dans notre cœur et dans la prière cette tristesse, en souffrant avec ceux qui souffrent.

En toute chose cependant, bénissons le Seigneur.

Les Amis de Saint-Benoît-du-LacSaint-Benoît-du-Lac (Québec) J0B 2M0

Tél. : 819-843-4080 Fax : 819-868-1861Courriel : [email protected] Internet : http://amissbl.weebly.com/

---------------------

Présidente généraleMonique Bourassa

Vice-présidentYvan Cloutier

TrésorierJules Larivière

SecrétaireThérèse Cloutier

Présidente (ex officio)Louise Rankin

Responsable du bulletin Un Nouvel AmiMarielle Chicoine

Responsable du site WEBThérèse Cloutier

Conseiller monastiqueDom Dominique Minier

Les présidents ou responsables régionauxAndré Couture, Acton ValeLaurent Bilodeau, Saguenay-Lac Saint-JeanLouise Drapeau, DrummondvilleLouise Fiset Du Plessis, Rive-SudMireille Galipeau, QuébecMarie-Andrée Houde-Beaudoin, Bois-FrancsJules Larivière, OutaouaisRené Lupien, MauricieFrançois McCauley, SherbrookeDavid Pagé, MontréalJean Poitras, AsbestrieJean-Guy Toussaint, Kamouraska-L’Islet-Montmagny---------------------Comité de rédactionAndrée CastonguayJules LarivièreFrançois McCauleyLuc Lamontagne, o.s.b.Dominique Minier, o.s.b.Yvan Cloutier, directeur ---------------------GraphismeNicole Ouellet ---------------------CollaborationJacques Côté, o.s.b (photographies)---------------------- Dépôt légalBibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada ISSN : 0826-3884---------------------Postes Canada - Port payé à SherbrookePoste-publications - Enregistrement no 10748No de convention: #40019867

Mot de la présidente

Générosité, tendresse et miséricorde

Chères Amies et chers Amis,

Nous y voilà! L’année 2016 est commencée, de nombreux évènements viendront certainement

marquer notre histoire personnelle et celle de la société. Bien que le temps des Fêtes soit déjà du passé, permettez-moi de vous offrir quand même mes meilleurs vœux en ce début d’année : entre autres de la santé et de l’amour. Puissions-nous, en cette Année sainte, être touchés par la miséricorde jusqu’à en devenir de véritables témoins.

Nous chrétiens et chrétiennes, plus que jamais, nous allons devoir être solidaires, nous allons devoir sortir de notre individualisme, du chacun pour soi. Les évènements des temps présents nous offrent cette oppor-tunité d’ouvrir les bras et le cœur à l’autre, qui est aussi cet Autre vivant en chacun de nous. André Beauchamp nous rappelait dans le Prions de septembre 2015 : « Il n’y a pas de vraie vie humaine sans le souci du partage et de l’égalité. »

Grâce à notre Association, nous avons l’occasion d’approfondir notre vie intérieure par les ressourcements offerts au cours de l’année, nous pouvons conscientiser davantage nos responsabilités de fils et filles de Dieu. Je profite de cette occasion pour vous inviter à profiter de ces séjours à l’Abbaye. Visitez notre site internet des Amis-de-Saint-Benoît.

À vous, à votre famille et à nos chers moines de l’Abbaye, je souhaite une année remplie de générosité, de tendresse et de miséricorde.

DOM DOMINIQUE MINIER O.S.B.conseiller monastique

En couverture...Photographies:Dom Jacques Côté

Mot de l’animateur spirituel

En toute chose bénissons le Seigneur

MONIQUE BOURASSAprésidente

SOMMAIRE – No 127Mot de l’animateur spirituel ..................................... 2Mot de la présidente .................................................. 3Chronique de l’Abbaye ...........................................4-7Fête de saint Benoît .............................................. 8-12Année de la Miséricorde ......................................... 13Prochaines écoles abbatiales................................... 13Forum Amitié ....................................................... 14-20L’Abbaye et moi ......................................................... 21Lectures bénédictines ........................................ 22-23Entretien avec Dom Gagné ...............................24-25École abbatiale ..................................................... 26-27

LA VIE DE L’ASSOCIATION :Saguenay Lac-Saint-Jean ........................................... 28Sherbrooke ........................................................... 29-30Pensées et nécrologie .............................................. 31

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Chronique de l’AbbayeAvril à septembre 2015

4 avril: Samedi saint : Arrivée en matinée du Fr. Pacôme Tabbagh, moine de la Pierre-qui-Vire (France), étudiant à l’Insti-tut de formation humaine intégrale de Montréal. Il sera avec nous jusqu’au lundi de Pâques.

Vendredi 10 avril : Le Père Abbé s’envole pour la France. Il prendra part à So-lesmes au Chapitre général qui réunit tous les

trois ans les Abbés et prieurs conventuels de notre congrégation bénédictine.

Du 10 au 12 avril : Une session de spiritua-lité se tient à l’hôtellerie sur le thème suivant : Croire aujourd’hui. L’abbé André Tardif, prêtre du diocèse de Sherbrooke en est l’animateur. Trente-trois participant(e)s étaient inscrits.

Dimanche 12 avril : Lecture au réfectoire de la bulle d’indiction Misericordiae Vultus par laquelle le pape François annonce une Année Sainte consacrée à la Miséricorde divine du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016.

Samedi 18 avril : Une cinquantaine de pa-roissiens de Notre-Dame de Québec viennent faire un pèlerinage à l’abbaye.

Dimanche 19 avril : Notre ami l’abbé Jean-Marc Michaud prend la récréation du soir avec la commu-nauté. Atteint d’une leucémie grave, soumis à des traite-ments sévères, il doit suspendre le cycle si apprécié de ses conférences bibliques.

Vendredi 1er mai : Le Père Calixte Beaupré décède à 19h40 à l’hôpital de Magog où il avait été transféré il y a quelques jours. Il avait quatre-vingt-six ans. Sa santé, tou-

jours fragile, l’obligea pendant de nombreuses années à limiter ses activités et sa participation à la vie communau-taire. Il vécut cette longue épreuve avec un grand esprit de foi. Ses funérailles auront lieu lundi prochain et seront présidées par le Père Prieur en l’absence du Père Abbé. (Lire l’homélie parue dans le N° 126 de l’Ami, été 2015, p. 8).

Mardi 5 mai : Retour de France du Père Abbé. Il nous entretiendra prochainement du récent Chapitre général, de son déroulement et des questions qui y furent traitées.

Mercredi 6 mai : Le garage de réparation reçoit une toiture neuve et trois de ses portes sont remplacées.

Du 7 au 11 mai : Séjour parmi nous du P. Bernard-Marie van Caloen, trappiste de Notre-Dame du Mont-des-Cats (France). Ayant beaucoup voyagé au cours des derniers mois, il nous parlera à quelques reprises des monastères visités avec présentation de photos.

Du 12 au 15 mai : À l’abbaye des trappistines de Saint-Benoît-Labre, le Père Abbé prend part à titre d’invité à la Réunion régionale annuelle des Supérieur(e)s cisterciens et trappistes du Canada (Québec, Nouveau Brunswick et Manitoba).

Samedi 16 mai : Arrivée en après-midi du P. Jean-Paul Armanini moine de Saint-Wandrille et, pour quelques

semaines, chapelain des Bénédictines de Sainte-Marie des Deux-Montagnes. Il sera notre hôte jusqu’à jeudi pro-chain.

Du 22 au 24 mai : Dans le cadre des activités de l’École abbatiale se tient une session sur le thème : Foi et psychanalyse, une alliance est possible. Sœur Cécile Dionne, Ursuline, en est l’animatrice. Quarante-six auditeurs et auditrices sont présents.

24 mai. Dimanche de la Pentecôte ; À 15h30, à la mezzanine de l’hôtelle-rie, les Sœurs de la Villa - Sr Denise Charrier et Sr Priscilla Wafer - et les moines se réunissent pour une colla-tion et surtout pour fêter le 60e anni-versaire de Profession religieuse de Sr Céline Roy, qui a été directrice de la Villa pendant neuf ans et qui est venue de Saint-Hyacinthe pour la circonstance.

Lundi 25 mai : Présence à la Messe et au repas du Conseil provincial des Frères des Écoles Chrétiennes. Le Père Abbé les accueille et leur fait visiter les lieux.

Jeudi 28 mai : Trois de nos fromages sont au nombre des finalistes pour le grand prix Caseus qui sera décerné en septembre.

Lundi 1er juin : Ce soir, la communauté se rassemble pour un nouvel échange de points de vue sur l’avenir de la fromagerie.

Du 5 au 7 juin : Le Père Prieur et le Fr. Flageole pren-nent part au Grand Séminaire de Montréal au rassemble-ment des communautés religieuses en vue de faire connaî-tre la vie religieuse aux jeunes de 18 à 35 ans. Chacune dispose d’un kiosque pour fournir l’information pertinen-te sur son charisme propre.

Du 12 au 14 juin : Fin de semaine des Oblats et Oblates. Un programme de rencontres et d’entretiens a été préparé pour eux par leur directeur, le Père Gagné. Dimanche ils par-ticipent au chant de la Messe avec une vigueur et une fer-veur soutenues. Le repas est ensuite pris avec les moines dans la grande salle des hôtes.

Du 15 au 19 juin : Pré-sence parmi nous du P. Thierry Barbeau, sous-prieur et maître des novices à Solesmes. Il nous parlera en récréation de son monastère et du prieuré de Palendriai fondé en 1998 en Lituanie.

Jeudi 25 juin : M. Benoît Truax, ingénieur forestier, au cours des der-nières années, a beaucoup travaillé à reboiser notre forêt, il amène cet après-midi un groupe de ses étudiants visiter les plus importantes des plan-tations qu’il a effectuées.

Vendredi 26 juin : Le Père Mi-chel Grenier donne à l’hôtellerie une retraite d’une semaine aux cinq pos-tulants de la communauté des Mis-sionnaires de l’Évangile dont il est le fondateur.

Samedi 27 juin : Nous accueillons Mgr Jean-Cassien de Vicina, évêque auxiliaire pour le Canada de l’archi-diocèse roumain orthodoxe d’Améri-que et du Canada. Il nous entretient

ce soir de ses fonctions, de la situation de l’Église ortho-doxe et de sa liturgie.

Samedi 4 juillet : En notre église, à 14h, le « Festival Orford 2015 » présente un concert du Studio de musique ancienne de Montréal sous la direction de A. McAnerney.

Dimanche 5 juillet : En après-midi, arrivée d’une quinzaine de membres de la Fraternité monastique de Jérusalem établie à Montréal. Ils prennent la récréation du soir avec la communauté.

Mardi 7 juillet : Lecture au réfectoire de l’encyclique Laudato si’ du Saint-Père François sur l’écologie.

Jeudi 9 juillet : Au cours des prochains jours sera aménagé un patio relié à la salle de récréation et à la cui-sine. On y prendra la récréation du soir et, à l’occasion, le souper.

Samedi 11 juillet : Mgr Yvon-Joseph Moreau, o.c.s.o., évêque de Ste-Anne-de-la-Pocatière, a été invité par les

Fr. Pacôme Tabbagh

P. Jean-Paul Armanini, osb

P. Bernard-Marie van Caloen

Mgr Yvon-Joseph Moreau accompagné du Père Abbé et de Dom Garneau.

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Jacques Attali : Gandhi et l’éveil des humiliés. Fayard, 2007.

Olivier-Thomas Venard, o.p. : Terre de Dieu et des hommes. Éd. Artège, 2012.

Cardinal Robert Sarah et Nicolas Diat : Entretiens sur la foi. Fayard, 2015.

Guillaume Jedrzejezak, o.c.s.o. : Aimer la vie, désirer le bonheur. Un art de vivre à l’école de saint Benoît. Médiaspaul, 2015.

Dom Michel Pascal avec Charles Wright : À quoi servent les moines ? Dialogue entre un jeune homme et un homme de Dieu. Éd. François Bourin, 2011.

Mgr Yvon-Joseph Moreau, o.c.s.o.: Respirer Dieu. Médiaspaul, 2015.

Michel Quesnel : La sagesse chrétienne, un art de vivre. Desclée de Brouwer, 2005.

LIVRES LUS AU RÉFECTOIRE

jusqu’au Jour de l’Action de Grâce, le 11 octobre. 3 200 pommiers attendent les cueilleurs…

Mardi 15 septembre : Notre fromage Bleu bénédic-tin gagne le 1er prix Caseus dans sa catégorie.

Vendredi 18 septembre : Après le repas de midi, à l’invi-tation du Père Abbé, le Dr Claude Gravel de Magog vient rencontrer la c o m mu n a u t é pour une visite d’adieu avant de prendre sa re-traite. Pendant trente et un ans, il a été notre « médecin de famille ». Cette rencontre four-nit l’occasion de le remercier ch a l eu reu se -ment pour ses services profes-sionnels et son dévouement pendant ces trois décennies.

Lundi 21 septembre : D’importants travaux sont entrepris au sous-sol de l’hôtellerie. Les locaux jouxtant la cafétéria sont remis à neuf. Des infiltrations d’eau dans le plafond et les murs les avaient rendus insalubres et inu-tilisables.

Mardi 22 septembre : Aujourd’hui et les prochains jours, nous visionnons en différé à la TV (KTO) les diffé-rentes étapes du voyage apostolique du pape François à Cuba et aux États-Unis. Son discours à l’ONU sera lu au réfectoire.

Du 25 au 27 septembre : Faut-il sacrifier la justice à la miséricorde ? Tel est le thème de cette nouvelle session de l’École abbatiale. L’abbé Pierre-René Côté de Québec en est l’animateur.

D i m a n c h e 28 septem-bre : Après souper, récital de banjo par notre oblat amé ricain Way-ne Peabody.

Au cours des derniers six mois, le Père Bolduc a célé-bré le 1er juillet le 60e anniver-saire de son or-dination pres-bytérale et le Père Saint-Cyr le 50e le 7 août. Ces jubilés ont été fêtés dans la joie et l’action de grâce avec les rites festifs habituels.

« Amis de St-Benoît-du-Lac » à la célébration de la so-lennité de saint Benoît ; il préside l’Eucharistie et donne l’homélie. En après-midi il prononce une conférence très appréciée.

Mardi 14 juillet : Le P. Blanchet retourne prêter main-forte au prieuré de Séguéya (en Guinée). À cette jeune fondation bénédictine il apportera 17 000 $, fruit de la souscription organisée par les « Amis ».

Du 17 juillet au 3 août : Les employés prennent leurs vacances annuelles, pendant cette période la fro-magerie cesse donc ses activités et l’hôtellerie et la Villa Sainte-Scholastique sont fermées.

Vendredi 24 juillet : Parution chez la maison d’édi-tion ATMA d’un CD du P. Gagné : Festival au Grand Orgue.

Samedi 25 juil-let : À 15h00, William Porter, organiste de grand renom, donne en notre église un concert consacré à l’œuvre de Bach.

Du 3 au 9 août : Présence de Mgr Jean-Claude Bou-chard, o.m.i., évêque de Pala, au Tchad, depuis 38 ans. À deux reprises il nous parlera de son diocèse et de la situa-tion difficile de l’Église catholique en ce pays d’Afrique.

Du 4 au 7 août : Les Frères Lamontagne et Loubier participent à une session de liturgie à Québec.

Du 4 au 14 août : Le P. Ber-nard Peyrous, prê-tre français de la communauté de l’Emmanuel, fait des recherches en notre bibliothè-que, en vue de la publication d’un livre sur les per-sonnages du Qué-bec qui ont laissé une réputation de sainteté.

Mercredi 5 août : Le Père Abbé se rend au prieuré des Béné-

dictines de West-field, VT, et prési-de les funérailles de Sr Patricia Guilfoyle, décé-dée hier.

Jeudi 6 août : Madame Fatima Houda-Pépin, de religion musul-mane et pendant dix ans députée à l’Assemblée Na-tionale, donne cet avant-midi une conférence sur l’Islam, sur la si-tuation explosive au Moyen-Orient et ses répercus-sions au Canada et au Québec. Elle poursuivra son exposé de-main.

Du 7 au 10 août : Présence du Fr. Patrick Prétot, moi-ne bénédictin de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, professeur de liturgie à l’Institut catho-lique de Paris et à l’Institut supérieur de liturgie. Recon-nu pour son exceptionnelle compétence , les entretiens qu’il donne à la communauté sur la liturgie telle que vécue depuis Vatican II sont d’un grand intérêt.

Dimanche 16 août : Arrivée à l’hô-tellerie de six religieux de la communauté des Frères de Saint- Jean. Ils seront en retraite jusqu’à vendredi.

Mardi 1er septembre : Le Fr. Claude Ménard ren-tre définitivement après un séjour de quinze ans dans les monastères français de Kergonan et de Saint-Wandrille.

Samedi 5 septembre : Ouverture du verger pour l’autocueillette. Il le sera toutes les fins de semaine

Mgr Jean-Claude Bouchard

Père Bernard Peyrous

Mme Fatima Houda-Pépin

Dr. Claude Gravel

Wayne Peabody

Fr. Patrick Prétot

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11 juillet Fête de saint Benoît 11 juillet Fête de saint Benoît

Tout quitter pour suivre le ChristHomélie prononcée par Mgr Yvon Joseph Moreau, o.c.s.o., évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière à l’occasion de la solennité de saint Benoît

Sagesse 2, 1-9Éphésiens 4, 1-6Mathieu 19, 27-29

Tout quitter pour suivre le Christ, c’est le projet que nous offre l’Évangile, à la suite de l’apôtre Pierre et des pre-miers disciples. C’est aussi le projet que nous voyons se déployer dans la vie de notre père saint Benoît. Je suis bien conscient que je ne vous apprendrai rien de neuf, à vous, cher Père Abbé et chers frères bénédictins, ni à vous, Amis de Saint-Benoît-du-Lac, mais vous me per-mettrez de rappeler certains jalons qui ont marqué la vie de celui dont nous célébrons la fête avec reconnaissance aujourd’hui.

Benoît quitte tout pour se retrouver dans l’amour du Christ

Jeune encore, Benoît tourne le dos à la ville de Rome où il est étudiant :

quittant la demeure et les biens de son père, nous dit son bio-graphe le Pape saint Grégoire, à Dieu seul il veut plaire…

Dans la démarche qu’il vient d’initier, Benoît apprend sur-tout à se quitter lui-même, ce qui est en soi un travail beau-coup plus rude et qui se pro-longe durant toute la vie… À travers les tentations qui mon-

tent de sa nature blessée par le péché, à travers les épreuves qui lui viennent de la jalou-sie et de la méchanceté des hommes, il se montre fidè-le au combat spirituel afin de se dépouiller de ses appétits charnels et des ambitions plus ou moins conscientes de pou-voir ou de vaine gloire

qui se retrou-vent dans tout cœur humain. C’est à travers ces tentations et ces épreu-ves surmon-tées qu’il réus-sit à se quitter lui-même et qu’il progresse dans cette hu-milité qu’il en-seignera à ses frères moines comme le sup-port et le fondement de leur construction humaine et spirituelle. Benoît se quitte lui-même pour se retrouver en vérité dans l’amour du Christ, totalement recréé par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint, afin de parvenir à la charité parfaite de Dieu.

Après avoir vécu ces dépouillements successifs, Benoît parvient même à quitter par anticipation l’œuvre maté-rielle qu’il avait réalisée avec tout son cœur. Il prophétise lui-même que le monastère du Mont-Cassin sera détruit et livré aux païens.

Un regard transformé au contact du regard divinArrivé au terme de sa vie terrestre, il aura une vision que saint Grégoire nous décrit ainsi : le monde entier se ra-massa devant ses yeux comme un seul rayon de soleil… Saint Grégoire interprète cette vision en déclarant : Ravi en Dieu, il put sans difficulté voir tout ce qui est au-des-sous de Dieu […] Son esprit reçut une lumière intérieure qui ravit en Dieu son âme, et lui montra combien est bor-né tout ce qui n’est pas Dieu. Cette interprétation très juste du saint Pape, je la prolongerais en affirmant que : Benoît, avancé en âge et de plus en plus transfiguré par la charité qui dilate son cœur, était devenu capable de voir le monde dans la lumière de l’amour sauveur de notre

Dieu. Ce monde qu’il avait quitté, en ne voyant que les ténèbres de la Rome décadente, il était devenu capable de le voir avec des yeux neufs, les yeux du Dieu créateur et recréa-teur. Son regard s’était transformé au contact du regard divin contemplé dans la méditation aimante et la prière constante.

Dans sa belle Exhortation apostolique, Verbum Domini, le Pape Benoît XVI déclare : Chaque saint représente com-me un rayon de lumière qui jaillit de la Parole de Dieu (no 48). Pour nous moines, pour vous Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac, et pour tous les chercheurs de Dieu, la vie de notre père saint Benoît est vraiment ce « rayon de lumière » et elle vient illustrer admirablement ce qu’est une démarche spirituelle authentique dans la fidélité à l’Évangile.

Un contact intime avec le ChristUne telle démarche ne nous conduit pas à nous perdre dans un grand tout impersonnel, mais elle nous met en contact intime avec une personne, avec le Christ à qui nous avons choisi de donner la première place dans notre vie : Ne rien préférer à l’amour du Christ, affirme avec insistance saint Benoît… Repar-tir du Christ, nous rappelait saint Jean-Paul II au début du nouveau millénaire.

Ce choix que nous sommes ap-pelés à renouveler chaque jour dans la foi, nous fait entrer dans la communion trinitaire avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Nous découvrons que nous sommes la demeure du Dieu vivant, habités par son Esprit et capables de res-pirer en Lui…

Nous ne souffrons plus alors de ce vide que plusieurs personnali-tés ont signalé dans le film L’Heu-reux naufrage qui présente divers diagnostics sur notre société qualifiée de « post-chrétienne ».

Devenir solidaire de l’humanité en marcheCette démarche spirituelle, à l’ « école du service du Seigneur », voulue par saint Benoît, loin de nous isoler

de nos frères et de nos sœurs, dans la « mondialisation de l’indifférence » que dénonce si fortement notre Pape François, nous invite plutôt à devenir davantage solidai-res de toute l’humanité en marche, selon la grâce de nos talents et de nos vocations particulières. Cette démarche spirituelle affine notre cœur dans le souci de la justice pour tous et dans la compassion pour les souffrances du monde entier, surtout des plus petits et des plus faibles. Un souci et une compassion qui se concrétisent dans des gestes concrets de partage et dans une prière qui se fait intercession pour la vie et le salut de tous, reconnaissant, comme nous l’a rappelé saint Paul, qu’il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous, et en tous.

Entrer dans la paix et la joie de l’ÉvangileEnfin, cette démarche spirituelle révèle toute sa vérité par une entrée progressive dans la paix et la joie de l’Évangile. C’est cha-que jour que nous pouvons faire de nouveaux pas sur les seuls sentiers qui mènent au bonheur, ainsi que l’annonçait l’auteur du livre des Proverbes. C’est chaque jour que nous pouvons avancer en tenant notre regard fixé sur le Christ, dans l’espérance de « la vie éternelle en héritage », ainsi qu’il nous le promet dans l’Évan-gile… Cette « vie véritable et éternelle » que saint Benoît nous apprend à désirer avec toujours plus d’ardeur.

Chers frères et chères sœurs, tout au long de cette eucharis-tie, que nos esprits et nos cœurs soient unis dans la reconnaissan-ce envers ce « rayon de lumière jailli de la Parole de Dieu » qu’est notre père saint Benoît, pour chacun et chacune de nous et pour l’Église entière !

« Cette démarche spirituelle affine notre cœur dans le souci

de la justice pour tous et dans la compassion pour les souffrances

du monde [...]. »

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11 juillet Fête de saint Benoît 11 juillet Fête de saint BenoîtRespirer Dieu pour offrir DieuEntretien de Mgr Moreau, évêque de Sainte-Anne-de- La-Pocatière, dans l’église abbatiale, en la fête de saint Benoit, 11 juillet 2015

Le Révérend Père Abbé André Laberge nous a présenté Mgr Moreau. Prêtre séculier à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ensei-gnant en philosophie à Managua (Nicaragua) pendant 3 ans, diplômé en service social (Université Laval), Mgr Moreau est entré à l’abbaye d’Oka en 1984. Après quelques années, il a été élu Abbé, succédant à Dom Fidèle. Il a présidé au démé-nagement du monastère vers Val-Notre-Dame (Lanaudière). Le pape Benoit XVI l’a appelé à l’épiscopat le 18 octobre 2008 et il a reçu la consécration épiscopale le 27 décembre. Mgr Moreau a publié deux livres (Offrir Dieu et Respirer Dieu) qui rassemblent des billets spirituels pleins d’humour écrits en diverses occasions pour ses moines ou ses diocé-sains.

« Offrir Dieu, nous dit Mgr Moreau, n’est-ce pas préten-tieux? Qui peut offrir Dieu sinon Dieu lui-même? ». Cette expression est venue à Mgr Moreau d’un fait vécu par une dame qui disait à sa fille mourante : « Si seulement j’avais pu t’offrir Dieu! » Parole inspirante qui nous invite à partager autour de nous ce Dieu qui est source per-manente de vie et nous rend capables de vaincre la mort. Nous voulons le partager avec l’humilité de ceux (celles) qui ont reçu la foi comme un don immérité. Nul n’épuise Dieu. Il est toujours plus grand que nous. Comment offrir Dieu? Comment être capables de parler de lui « sans le défigurer, le trahir ou être indignes de lui » ? Comment le proposer à nos contemporains en sachant qu’il nous faudra aussi savoir nous taire souvent pour ne laisser par-ler que son amour à travers notre charité et le respect des personnes et des cheminements, en témoins de sa compassion?

Quatre expériences fondamentalesMgr Moreau nous parle de quatre expériences fondatri-ces et fondamentales de sa découverte et de sa relation avec Dieu.

Treizième d’une famille de treize, sa maman nous dit-il, lui parlait de « Notre-Seigneur et de ses miracles ». Cependant elle ne présentait pas ceux-ci comme « des démonstrations de puissance, mais comme des gestes de

bonté envers les hommes ». Aussi, continue Mgr Moreau, « à 4 ou 5 ans je voulais faire un « Notre-Seigneur »!

Vers 19 ou 20 ans la lecture de « La Peste » de Camus le fait se questionner sur la souffrance injuste des enfants. « Je me demandais si je croyais encore ». Puis il a lu une série de volumes sur la vie des convertis du XXe siècle. Celle de Charles de Foucauld l’a impressionné. Après une vie dissolue, il n’a plus voulu que vivre pour Dieu. « Dieu est un Absolu qui est digne qu’on lui consacre toute sa vie » a été la boussole de Charles de Foucauld. Cela fut exaltant pour le jeune Moreau plein d’idéal!

Comme prêtre diocésain, Mgr Moreau s’est posé des questions sur la foi pour finalement en arriver à la certi-tude que « si Dieu est Dieu, il ne peut être qu’amour et que lui-même, simple homme, simple prêtre, était aimé par l’Amour ». C’est à la lumière de cette certitude qu’il essaye de témoigner de Dieu, « un Dieu désirable, totale-ment amour ».

Devenu moine, le cha-pitre 4 de la Règle l’a aidé dans sa découverte de « qui est Dieu ». Ce chapitre, c’est le « coffre à outils du moine ». Il se conclut par la phrase de saint Benoît : « sur-tout ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu ». Si Dieu ne désespère jamais de nous, nous n’avons pas le droit de désespérer de nous-mêmes, d’autrui ou du mon-de! Nous sommes invités à une pastorale de l’espérance.

Parler à Dieu avant de parler de DieuPour parler de Dieu aux hommes, il faut d’abord par-ler à Dieu dans la prière et l’écouter nous parler. Trop souvent nous obligeons Dieu à se taire parce que nous parlons trop alors « qu’il est celui qui nous précède dans le rendez-vous » de la prière, dit saint Bernard. La prière est un travail de longue haleine. Nous sommes toujours des débutants, des apprentis de la prière et de la relation avec Dieu, dit saint Paul (Rm 8, 26) : Nous ne savons pas prier comme il faut; nous ne savons pas demander ce qu’il faut. Mais nous ne devons pas nous décourager car l’Esprit-Saint vient au secours de notre pauvre prière afin que nous puissions dire « Abba! » (Ga 4, 6). Pour fonder une parole sur Dieu qui soit efficace pour les hommes, il faut nous situer devant le « buisson ardent de la prière » en enle-vant humblement nos deux « sandales », la sandale de nos peurs devant Dieu et la sandale de nos préjugés contre la prière, tentations de croire qu’elle est « inutile pour la transformation du monde », « une fuite devant nos res-ponsabilités » et « un opium qui endort la nécessité de lutter pour la justice ».

« La prière est inutile », nous chante-t-on sur tous les tons! Heureusement! « Il est utile qu’il y ait des gens inuti-les et des activités improductives », nous dit Mgr Moreau, surtout dans notre monde qui mesure tout à l’efficacité

et à la performance. C’est en nous plaçant « inutile-ment » devant Dieu que no-

tre cœur pourra devenir lui-même un buisson ardent de l’amour de Dieu

et de l’Esprit-Saint pour autrui.

Mon chemine-ment de prièreQuel type de prière Mgr Moreau utilise-t-il pour entrer dans l’inti-

mité avec le Seigneur? Chaque expérience est personnelle et on ne peut en faire une voie obligatoire pour autrui. À cha-que personne de trouver son chemin d’épanouissement spiri-

tuel et de fécondité. C’est un don de Dieu. L’important est de cultiver « sa » voie qui aide à vivre, dans la foi, la rencontre avec le Dieu vivant. Mgr Moreau a la convic-tion que la prière – peu importe la forme – est aussi essentielle pour la vie spirituelle que la respiration pour la vie physique et qu’elle est fondamentalement l’œuvre de Dieu en nous, si nous le laissons agir.

La prière qui rejoint plus particulièrement Mgr Moreau – sans être exclusive – appartient à la tradition ortho-doxe : c’est « la prière du cœur », au simple rythme de la respiration. Cette prière n’a pas besoin de beaucoup de mots. Elle n’est pas une « technique à maîtriser » qui nous rendrait « performants » car il n’y a pas d’olympiques de la prière! Elle est accueil de l’Esprit divin qui finit par animer notre esprit humain comme une seconde nature.

Afin de nourrir cette « respiration », il s’adonne aussi à la lectio divina en laissant un mot, une phrase de la Parole de Dieu « ruminer en lui », voyager dans son esprit et son cœur, revenir dans son quotidien et nourrir sa louange. La « prière du cœur » est au-delà du « mental », mais elle n’est pas une « autosuggestion », un repli sur soi ou une indifférence face aux besoins des hommes. Elle nourrit le désir de Dieu, désir de sa bonté, de sa justice, de sa paix, de sa miséricorde et de son humilité. Elle lais- se l’Esprit de Dieu le rejoindre et le pacifier dans le silence afin de mieux le centrer (ou le recentrer) sur Dieu et sur les autres, mais à la manière dont Dieu lui-même les voit, dans la compassion, l’amour, la patience, l’espérance.

Du centre à la périphérieLa prière authentique nous centre sur Dieu pour nous envoyer à la périphérie vers ceux et celles qui – souvent sans trop le savoir – l’attendent et l’espèrent. C’est une prière qui nous change nous-mêmes en nous rappelant que nous avons la vocation baptismale d’être témoins de la bonté de Dieu. La prière – peu importe notre « mé-thode » et pourvu qu’on soit constant - éduque notre cœur à la bonté et à la patience de Dieu qui ne veut perdre aucun des siens. Elle fait lentement de nous « une coupe que Dieu va remplir de sa paix » pour que nous devenions artisans de paix.

François Mc Cauley, oblat SBL et ami

« Témoigner de Dieu, “ un Dieu désirable,

totalement amour ” »

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11 juillet Fête de saint BenoîtDes gens de Saguenay Lac-Saint-Jean

L’accueil des nouveaux membres

Deux anciens présidents: Roland Quintal et Bertrand Saint-CyrCocktail de l’amitié

sur le parvis de l’église

Les membres ont à cœur leur association

Dom André Laberge

s’adresse aux Amis

À la demande de Mgr Luc Cyr, archevêque de Sherbrooke, un moine sera présent à la basilique-cathédrale chaque 2e vendredi de chaque mois, de 13 h à 16 h. Des Ami(e)s et des oblat(e)s de Saint-Benoît-du-Lac seront présents à l’accueil.

• 8 janvier 2016 : Père Dominique MINIER

• 12 février 2016 : Père Richard GAGNÉ

• 11 mars 2016 : Père Pierre DELORME

• 8 avril 2016 : Père Guy HUBERT

• 13 mai 2016 : Père Dominique MINIER

• 10 juin 2016 : Père Jacques CÔTÉ

• 8 juillet 2016 : Père Richard GAGNÉ

• 12 août 2016 : Père Pierre DELORME

• 9 septembre 2016 : Père Guy HUBERT

• 14 octobre 2016 : Père Jacques CÔTÉ

• 11 novembre 2016 : Père Dominique MINIER

À noter qu’il pourrait y avoir des changements de confes-seur. En outre, l’horaire d’été (à partir de juin 2016) est susceptible d’être modifié (vérifier à diosher.org à l’onglet Jubilé de la Misé-ricorde).

En outre, l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac a été dé-signée comme un des lieux d’accueil dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde.

L’Année de la Miséricorde

Des moines présents à la basilique cathédrale de Sherbrooke pour le sacrement de la réconciliation

8 au 10 avril 2016«Foi chrétienne, foi musulmane, au-delà des affrontements»P. Normand Provencher, o.m.i.

3 au 5 juin 2016« La Nouvelle évangélisation : «Jésus, guide de plénitude» : De l’ordinaire de la vie à l’abondance, voilà la promesse du Christ. Mme Jacinthe St-Onge, anthropologue spirituelle.

Prochaines Écoles abbatiales 2016

Pour informations :

Thérèse Cloutier, 450-532-4062 [email protected]

Louise Drapeau, 819-445-4054, [email protected]

Louise Savoie, 418-653-7563, [email protected]

Dom Minier : 819-843-4080, [email protected]

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Présence de DieuLa deuxième partie de son exposé avait pour titre « Pré-sence de Dieu » ? Elle s’est d’abord demandé où est la vie spirituelle dans tout ce qui se vit en famille. Quelles va-leurs, par exemple comme le respect, la générosité, le don de soi, on porte dans ce qu’on vit ? Est-ce que Dieu habite chez nous ? Oui, sans doute, mais il est aussi présent entre nous, entre deux personnes qui s’accueillent. On recon-naît Dieu dans l’autre. Pour une bonne majorité des gens, Dieu n’existe pas. Pour certains on l’ignore parce qu’on a une dent contre lui. Pour d’autres c’est simplement parce qu’on n’en a pas besoin dans sa vie quotidienne. Ça n’em-pêche pas pour autant ces personnes de mener une vie pleine de belles valeurs.

La spiritualité touche les valeurs, les convictions, ce qui nous tient en vie, ce qui nous anime, ce qui est la source de notre espérance. Chez les jeunes aujourd’hui il y a une quête de quelque chose, mais le vocabulaire est perdu, la tradition n’est plus connue. Il n’y a même plus de formes, de cadres ou de repères pour dire de quoi il s’agit.

Si nous croyons que Dieu habite en nous et/ou avec nous, comment peut-on réussir à partager ou à transmettre ce qu’on croit ? De nos jours se développe une mentalité selon laquelle le religieux, avec tout ce qui concerne la spiritualité, est strictement du domaine privé, même pas du domaine familial. Est-ce qu’on peut transmettre la foi ? On peut la proposer, en témoigner, en parler, mais on ne peut pas la donner. Avoir la foi, c’est une expérience que je peux raconter, expliquer, mais que je ne peux donner. On peut raconter les choses de sa vie, les expériences vécues, les évènements marquants, mais est-ce qu’on peut y re-connaître la présence de Dieu dans le quotidien ? Ce n’est pas facile de transmettre à une autre génération dont les valeurs sont très différentes des nôtres. Les jeunes sont souvent curieux de connaître notre vécu, nos expérien-ces, par exemple comment on a réussi à passer au travers d’une situation difficile, mais ils ne veulent pas cependant avoir de conseils ou de suggestions. Ils ne veulent souvent qu’avoir un modèle.

Quand on lit dans la Bible certains récits de famille pas tellement édifiants, on peut se demander qu’est-ce que

Vie familiale et présence de DieuRésumé de l’entretien de Madame Élaine Champagne*

Qu’est-ce qui peut se révéler de bon et de juste et qui dit quelque chose de la foi dans la vie familiale ? C’est à cette question que la conférencière a voulu répondre, et ce, en faisant appel au vécu de son auditoire.

Regards sur la familleDans une première partie qu’elle avait intitulée REGARDS, elle a d’abord invité les participants à qualifier par un seul mot, leur vie de famille. On a alors entendu tendresse, amour, accueil, respect, gratifiante, joie, simplicité, dialogue, liberté et confiance. On voit bien par cette nomenclature que la famille ce n’est donc pas qu’un problème, c’est aussi une richesse. Le vécu que nous avons en famille est coloré de toutes sortes de couleurs, c’est un peu comme un arc-en-ciel. Mais oui, parfois c’est aussi sombre ou plutôt gris. On entend souvent que «la famille, c’est une cellule fonda-trice de la société», mais une fois qu’on a dit cela, ça veut dire quoi concrètement.

La famille, c’est un lieu d’identité. C’est là que nous nous construisons, indépendamment de notre âge. Toute notre vie notre identité se construit à partir de nos expériences, d’abord dans la famille, mais

aussi dans d’autres milieux où on vit. Quotidiennement on côtoie des gens

qui se construisent en même temps que nous. C’est aussi le lieu de nos origines,

de notre filiation. On vient tous de

quelqu’un. C’est aussi un lieu de relations incondi-tionnelles : même si parfois je sou-haiterais que ce soit différent, mes parents sont mes parents, mes frè-res et mes sœurs sont mes frères et mes sœurs. On ne les choisit pas. La vie familiale se nourrit de toutes les interactions relationnelles qui s’y vivent : marques d’affections, discussions, malentendus, tensions, disputes mêmes, taquineries, blagues, etc. C’est aussi un lieu d’intimité : amour, tendresse, respect. C’est de tout cela que se nourrit la vie familiale, pour le meilleur et pour le pire. La famille c’est aussi un lieu de sécurité, de refuge : on ne peut pas se cacher grand-chose en famille. C’est aussi un espace de croissance.

La famille, ça se vit aussi dans le temps. Elle est sans cesse en mouvance : le temps est toujours en mouvement, tout change (par exemple, chaque enfant qui arrive change les choses pour tous les membres de la famille), on change de travail, la santé change selon les âges de la vie, etc. C’est aussi un laboratoire d’expériences de vie et d’apprentissa-ges : par exemple, le pardon, l’espoir. C’est finalement un ensemble de petites choses qui se vivent au quotidien en toute simplicité.

N.D.LR. Le Pape François a invité non seulement les évêques du monde, mais aussi tous les fidèles à un exceptionnel exercice d’écoute réciproque sur « La vocation et la mission de la famille dans l’Église et le monde contemporain ». Il a insisté sur la liberté de pensée et le respect des opinions dans la confiance à l’assistance de l’Esprit Saint.

François, de qui relève le service de l’unité dans l’Église, présentera, possiblement dans une exhortation apostolique, ce que seront les positions de l’Église dans ce grand chantier pastoral. Nous serons alors invités à l’obéissance.

En organisant ce Forum Amitié, les Amis de Saint-Benoît-du-Lac ont tout simple-ment donné suite à l’invitation du Pape François.

Yvan Cloutier

* Professeure à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, elle est Docteure en théologie pratique sur la vie spirituelle des enfants. Elle est aussi titulaire de la chaire de leadership en enseignement en théologie spirituelle et spiritualités depuis 2014. Auparavant, elle a travaillé comme intervenante en soins spirituels

pédiatriques puis comme professeure régulier à l’Institut de pastorale des Dominicains à Montréal. Ses recherches portent entre autres sur la vie spirituelle des enfants, la spiritualité contemporaine et les spiritualités chrétiennes.

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que peuvent susciter chez différentes personnes, la

rencontre de ces familles non traditionnelles.

Selon lui, l’Église a beaucoup parlé et écrit sur la famille.

Le Synode des évê-ques de l’an dernier et

celui de cette année en sont un bel exemple. Et on peut déjà prévoir qu’un texte ve-nant du Pape François sera

publié suite au Synode de cette année. Déjà en 1981 le Pape Jean-Paul II écrivait dans Familiaris Consortio que «le mariage et la famille constituent l’un des biens les plus précieux de l’humanité». Il est intéressant de noter que Jean-Paul II associe le sacrement du mariage et la fa-mille. Mais est-ce le meilleur point de départ pour notre réflexion ? Si, sociologiquement, il n’allait plus nécessaire-ment de soi ce lien ? Ou si ce lien était important, mais pas nécessairement comme on le reçoit sans y réfléchir! Au niveau de l’Église, tant ad intra qu’ad extra, on cherche à dire autrement ce qu’on vit et ce dont on vit. On sent et on entend que le discours « traditionnel » requiert expli-cation, ajustement… Alors on cherche…. La question est ouverte. Et elle est pas mal plus compliquée qu’on peut ou qu’on veut l’imaginer.

La famille a toujours occupé une place importante dans la vie québécoise, à preuve les nombreux téléromans où la famille était présente. Les Histoires des Pays d’en-haut, c’est des histoires de familles, Le Survenant, c’est l’histoire d’un gars qui vient chambouler une famille, Quelle famille, c’est la famille québécoise-type de l’époque alors que les repères sociologiques (souvent paysans) sont ébranlés par la vie en ville, Watatatow, ce sont des ados qui chialent contre leurs parents qui ne comprennent pas toujours et Les Parents, c’est finalement Quelle famille 40 ans plus tard avec un script différent. Dans toutes ces émissions, on ne parle pas de mariage : les parents sont mariés, c’est réglé. C’est la vie en famille qui intéresse. Si on a tant carburé à ces émissions, c’est parce qu’on s’y retrouvait, ces émis-sions présentant des familles qui étaient structurantes : ouvraient ou exploraient des avenues possibles ; offraient une « justification » ou une quasi-validation pour certains. Quand on compare nos téléromans avec les « soap » américains ou les émissions européennes du même genre, on est dans des mondes très différents.

Un point de vue historique sur la famille québécoisePour comprendre pourquoi on s’est tant regardé vivre, il y a lieu de faire un retour historique sur l’évolution de la famille québécoise.

Quelques amorces pour une réflexion qui devrait être approfondie :Il faut d’abord se rappeler qu’on est, pour une large part, descendants de colons français qui se sont retrouvés à un moment ou l’autre sur une ferme où on avait besoin de bras pour cultiver la terre pour se nourrir. On avait également besoin de familles nombreuses pour occuper le territoire afin que les « Anglais » ne prennent pas le dessus. L’Église encourageait fortement ces familles nom-breuses en s’assurant pastoralement et socialement qu’on en ferait tous des petits franco-catholiques.

À partir de la Première Guerre mondiale, on commence à noter une transformation graduelle d’une société rurale vers une société urbaine, alors que de plus en plus de gens quittent les campagnes pour venir travailler à Montréal. Mais il y a moins d’espace dans les logements et on y a moins besoin de bras ou ils sont utiles, utilisés autrement. On fait donc moins d’enfants. On assiste alors à des chan-gements de valeurs pour des raisons liées à l’économie et à l’espace. Les changements se poursuivront avec la Deuxième Guerre mondiale qui aura deux importantes conséquences : d’abord, suite à la conscription, les femmes commenceront à travailler à l’extérieur de la maison de façon à faire fonctionner les manufactures pendant que les hommes sont à la guerre ou encore dans les séminaires, parce que la deuxième conséquence de la guerre est un important foisonnement des vocations, l’entrée au sémi-naire permettant justement d’éviter la conscription. Après la guerre, on remarque le développement des banlieues avec leurs quartiers de bungalows, un nouveau phénomè-ne social qui s’accompagne de nouveaux discours visant – chez certains groupes – à faire revenir les femmes à la maison. Les familles étant maintenant moins nombreuses, on voit se développer un nouveau modèle familial (maison individuelle où y vit une petite famille).

Pendant la colonisation et jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Église accorde beaucoup de dispenses de mariage, favo-rise le remariage des veufs avec (plusieurs) enfants pour former une nouvelle famille avec la nouvelle épouse ce qui n’alla pas sans problème (Aurore l’enfant martyr a beau-coup marqué l’imaginaire).

Il faudrait regarder de plus près l’ampleur du phénomè-ne des « orphelins » au Québec - pour ne rien dire des « crèches » - et ce de ce que cela permettrait de com-prendre sur la famille, etc..

Une histoire de l’infidélité devrait aussi être faite, car cela révélerait des éléments occultés par les discours officiels (sociaux et ecclésiastiques) sur la famille...

C’est donc une grande et rapide transformation de socié-té que le Québec a connue… Certainement plus rapide que dans bien des sociétés européennes.

De “Quelle famille” à “Quelles familles!”Résumé des entretiens du Fr. Maxime Allard, o.p.*

À la fois philosophe et théologien, conférencier expérimenté et pédago-gue assuré avec un sens de l’humour particulier, le Frère Maxime Allard, dominicain, a su soutenir l’intérêt de son auditoire durant ses trois entretiens de la fin de semaine. C’est à partir de constats, de situations réelles vécues au « ras des pâqueret-tes », comme il le répè-te souvent, qu’il nous a invités à se questionner personnellement sur les nouvelles formes de vie familiale qu’on retrouve aujourd’hui autour de nous. Sans faire la promo-tion de quoi que ce soit, sans juger une situation plus qu’une autre, sans favoriser une solution plus qu’une autre, il a voulu ouvrir des pistes

pastorales de réflexion sur ce que d’aucuns qualifient de « familles au pluriel », tout en tenant compte des réactions

des histoires pareilles peuvent nous inspirer ? C’est une relecture croyante pour nous montrer que Dieu est pré-sent dans des situations où on ne l’imaginerait pas pré-sent. En bout de ligne, tous les gestes de bonté, d’amour, de tendresse, de tolérance, d’accueil, de réconfort, de sécurité ou de respect qu’on a mentionnés, n’est-ce pas là autant de signes de la présence de Dieu. Chaque fois qu’il se vit quelque chose de soutenant dans notre vie, est-ce que ce n’est pas un signe de la présence de Dieu ?

L’œuvre partagéeDans la troisième partie de son exposé, « L’œuvre parta-gée », elle nous a présenté une expression qu’on a enten-due de plus en plus lors du dernier Synode, à savoir la « pédagogie divine ». C’est la mise en relation : nous som-mes là parce qu’à chaque instant le souffle de vie nous est donné et nous sommes ainsi libres de participer à la créa-

tion et la partager. Comment entrer dans ce souffle, c’est cela la pédagogie divine : ce n’est pas ce que Dieu veut, mais c’est comment je peux me rendre participant, acquiescer à cette création d’amour, en étant en relation les uns avec les autres. Pour les personnes intéressées à développer cet aspect, elle recommande l’ouvrage suivant : Jean-Louis Souletie, « L’Acte créateur comme pédagogie divine », in Catherine Fino éd., Pédagogie divine. L’action de Dieu dans la diversité des familles, Paris, Bayard, 2015, pp. 131-152.

En conclusion elle invite son auditoire à se demander «De quelle manière est-ce que Dieu était présent dans notre vie familiale hier et aujourd’hui ? Nous pouvons nous en réjouir en rendant grâce.

Propos recueillis et résumés par Hélène et Jules Larivière

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* Président du Collège universitaire dominicain d’Ottawa, il y est aussi professeur titulaire à la Faculté de philosophie ainsi qu’à la Faculté de théologie. Docteur en théologie de l’Université Laval, son enseignement s’est principalement dirigé dans les domaines de l’éthique, de l’anthropologie théologique et de la théologie morale fondamentale

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Plus près de nous maintenant, au cours des 30 ou 40 der-nières années, les couples se sont sentis et dits libérés d’un carcan, d’un modèle qui ne correspondait pas du tout, plus tout à fait à ce qui était vécu. On n’avait plus à penser et à vivre selon le modèle imposé. Pour rappel, à la fin du 19e siècle les évêques québécois avaient obtenu que Rome inscrive la fête de La Sainte Famille au calendrier liturgique. Mais qui était cette Sainte Famille qu’on voulait proposer comme modèle ? Une vierge tombée enceinte hors mariage, promise à un homme beaucoup plus âgé qu’elle et dont l’enfant fera une fugue à l’adolescence et qui finira plutôt mal ! L’écart entre la famille célébrée et proposée comme modèle évangélique et la réalité fami-liale vécue quotidiennement par les couples était énor-me. Il faut relire les sermons des curés de l’époque qui étaient obligés de faire de la gymnastique rhétorique en proposant ce modèle aux couples en même temps qu’en les encourageant à continuer à avoir beaucoup d’enfants. Dans les années 60/70, des catholiques - pratiquants ou pas - commencent à se dire qu’on n’a plus à suivre ce modèle et qu’il y a peut-être des modèles alternatifs. Peut-être qu’on n’est plus obligé de faire tant d’enfants, de les élever tel qu’on l’avait été, etc. !

Depuis, on voit apparaître une gamme complexe d’émo-tions liées à la façon dont on réagit aux changements : joie chez certaines personnes, tristesse chez ceux qui ne sont pas d’accord, colère chez d’autres parce qu’ils n’ap-prouvent pas des comportements comme l’avortement, le divorce, le remariage, les couples gais, etc. On remarque enfin aussi, chez plusieurs, une indifférence au discours ec-clésial. On dit être rendu ailleurs quant à la vie familiale et l’éducation des enfants. On se soucie de nos enfants d’une autre façon et l’amour parental se manifeste d’une autre manière d’une génération à l’autre, le quotidien de la vie familiale prend des allures inédites (louées ou blâmées).

Dans ce contexte de transformations des rapports fami-liaux apparaissent certains discours ecclésiaux et sociaux affirmant qu’on ne peut plus tolérer cela. Mais, le confé-rencier souligne ici que, dans ces discours on ne retrouve peu ou pas d’arguments pastoraux enracinés dans une théologie, mais plutôt une pléthore d’arguments relevant de la psychologie (par exemple, l’importance de la stabilité du couple pour le bien du développement et du bonheur de l’enfant, argument qui n’est pas vérifiable dans les faits). Pastoralement la psychologie est importante, mais elle ne donne pas un discours chrétien normatif qui permet de dire « Voici comment vous devez faire ça ». C’est d’un autre ordre.

Il faut donc se demander : y a-t-il, dans les textes sacrés, des raisons proprement chrétiennes pour maintenir cet écart entre le modèle proposé (père et mère biologi-ques et enfants) et la réalité vécue dans les « familles »

actuelles ? Il n’y en a pas, à l’exception de l’indissolubilité du sacrement du mariage ! Et l’indissolubilité du mariage – en elle-même – n’éclaire guère sur le concret, le quotidien de la vie familiale. Elle importe en tant qu’affirmation relevant de la dogmatique et reposant sur une certaine image de l’Église et du Christ.

On peut aussi se demander : comment réagir à l’ensemble de nouvelles situations familiales ? Quelles émotions sont ressenties – et pourquoi - par exemple, la première fois qu’on rencontre un couple gai ou de lesbiennes avec des enfants épanouis ou une famille « recomposée » ?

C’est quoi une famille?Posons donc la question : c’est quoi, au juste, une « fa-mille» ? Le mot vient du latin « familia » qui signifie « ce qui se vit sous un toit », donc un groupe qui a une forme de vie sous un toit, dans un endroit fini, repérable. Une famille : c’est un régime d’interactions (c.-à-d. des types de rapports définis) qui donnent lieu à des actions possibles précises. Ce n’est donc pas nécessairement un père, une mère et des enfants biologiquement reliés, engagés et liés par un sacrement. C’est d’abord un groupe. L’humanité a vécu des siècles sans la structure familiale qu’on connaît aujourd’hui. Aujourd’hui, il semble que, du côté de cer-tains groupes chrétiens, on est tenté de trop s’enfermer dans une approche biologique de la famille. Avec les cou-ples qu’on retrouve aujourd’hui qu’ils soient traditionnels, reconstitués ou homosexuels, on n’est plus dans la biolo-gie, on est dans des régimes d’interactions, soutenus par d’autres imaginaires, reconnus différemment de par la loi, mais qui pourraient bien, dans le quotidien, dans les gestes concrets et les situations de vie, se ressembler beaucoup plus que certains aimeraient le croire.

Laissons donc de côté le parcours de transformation qu’on a connu et regardons plutôt simplement sous des toits où se retrouvent des individus de générations dif-férentes ayant des interactions les uns avec les autres et vivant dans un certain régime où il est question de relations de confiance, de respect et de sécurité, où il est question d’apprentissages et d’éducation. Sous ces toits, du désir circule, de l’amour, des plaisirs, des haines, des es-pérances, des peurs. Sous ces toits, des décisions doivent être prises, des choix assumés, des situations consenties. Pour ne rien dire des violences possibles, des désordres, des échecs… Demandons-nous comment, à travers tout ça, peut apparaître quelque chose de l’Évangile, comment

s’y découvre une vie de foi, d’espérance et de charité? Demandons-nous ce qu’il peut y avoir d’humanisant et de déshumanisant ? Peut-être, alors, pourra-t-on bâtir d’autres discours et d’autres pistes pastorales pour com-prendre les familles !

Trois discours de l’ÉgliseÀ cette fin, le Père Allard propose d’examiner trois types de discours dans l’Église. D’abord, le discours magistériel : c’est celui qui s’adresse à tous, partout, et qui a la préten-tion d’être de tous les temps et qui vient de loin. Il est organisé avec un certain type d’argumentation et avec un certain langage. Il est enraciné dans une certaine tradition. Tous ne peuvent le tenir. De son côté, le discours minis-tériel est celui qui tout en étant à l’écoute du discours magistériel, doit trouver les mots et les attitudes pour une communauté donnée durant une période donnée. Il est assumé par d’autres personnes que le premier. Quant au discours fraternel, c’est celui que va tenir un prêtre ou quiconque de la communauté qui écoute quelqu’un qui vit une grande joie ou qui a à soutenir une personne qui vit une grande peine. Pastoralement on n’ira pas faire la lecture d’une encyclique à ces personnes ! Ces discours ne s’opposent pas. Ils se complètent (dans l’espace et le temps) et permettent de couvrir l’ensemble du champ des inter actions ecclésiales. Ils ne bougent – et ne peuvent le faire – au même rythme ! Tenir un discours universel, le rendre audible, cela prend du temps ; plus de temps que de consoler une personne.

Partons du discours fraternel pour remettre la famille dans un cadre plus large. Pensons, sous un même toit à diverses possibilités : un mariage religieux chrétien d’un homme et d’une femme engagés dans l’Église, avec ou sans enfants ; un couple hétérosexuel qui ne croit pas, mais qui s’efforce de faire de leur mieux pour mener une bonne vie humanisante dans le respect mutuel ; un couple homo-sexuel, avec ou sans enfants et qui ont une vie chrétienne forte ; finalement, une famille reconstituée suite à des divorces. Qu’on soit dans un modèle familial traditionnel ou non conventionnel, mais sous un même toit, les mêmes choses vont se jouer. Quel que soit le couple qui va être formé, quand on décide de vivre ensemble et de bâtir un projet à long terme, il y a un apprentissage à faire, et ce en fonction des âges de la vie. Il faudra parfois réapprendre à vivre ensemble. Par exemple, lorsque les enfants arrivent, peu importe la façon qu’ils arrivent, il faut recommencer l’apprentissage d’une vie de couple, découvrir les modali-tés d’un début de vie « familiale » au-delà du couple initial.

Au-delà des idées qu’on peut se faire de la famille ou des opinions personnelles qu’on peut avoir de certaines familles, la confiance, l’amour, l’accueil, le respect, la joie de vivre, tout ça se retrouve sous le même toit. Et un dis-cours fraternel est de mise. Et de plus, quand on regarde

les signes, les traces ou les appels de la présence de Dieu – dont parlait Élaine Champagne -, la différence quant à la composition « sexuelle » du couple ne compte plus pour grand-chose.

C’est quoi finalement cette famille quand on la regarde vivre ?La famille, quelle que soit sa configuration, c’est le lieu où les choses arrivent : c’est le premier lieu où on apprend à être nommé, où on nous a offert une place et où on doit prendre et se faire une place. C’est aussi dans la famille où on apprend à se reconnaître, à être reconnu et à être reconnaissant. La famille c’est aussi le premier lieu où on donne des pistes pour explorer la possibilité de faire des choix par l’apprentissage de la liberté. Mais ce n’est pas le seul lieu : il y a aussi l’école, le milieu de travail, les groupes sociaux, chacun de ces lieux fonctionnant selon un régime d’interactions, mais qui ne sont pas les mêmes, les règles pour la liberté ou la reconnaissance ou encore pour pren-dre sa place étant différentes. Il faut donc réapprendre. Souvent les discours sur la famille la présentent comme si c’était le seul lieu de vie, alors que la famille n’est qu’un milieu de vie parmi d’autres.

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L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

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Un point de vue théologiqueQu’en-est-il du point de vue théologique ? D’abord dans la Bible les personnages n’y sont pas toujours très édi-fiants. Il y a beaucoup d’histoires pas trop jolies, même avec Abraham et Jacob. Les modèles de la famille dans la Bible ne correspondent pas avec ceux qu’on retrouve à certaines autres époques. Dans notre propre histoire ecclésiale on n’a pas toujours eu le même modèle et les mêmes attentes. Pourquoi donc l’Église d’aujourd’hui ne ferait pas tout simplement avec ce qui est « correct » ? Si on prend au sérieux le Pape Jean-Paul II quand il parle dans Familiaris Consortio de « L’Amour de Dieu jusqu’au mépris de soi », que vous soyez gai, lesbienne, divorcé ou remarié, vous aurez à travailler pour être, devenir et vous épanouir en famille. La Parole de Dieu est adressée à tous, l’offre de salut c’est pour toute l’humanité. La Parole de Dieu prend les gens là où ils sont. Malheureusement, la Parole de Dieu, la parole de miséricorde et de pardon réconciliateur arri-vent parfois trop tard comme celle, joyeuse, d’action de grâce! Elle aura été retardée en chemin par des obstacles ecclésiastiques ou sociaux ! Un enfant aura été refusé au baptême parce que ses parents sont gais ou divorcés re-mariés! Cela aura causé de l’amertume ou de la colère… un autre prêtre acceptera de le baptiser… Des choix sont à faire de manière responsable… Avoir des réactions vis-cérales, c’est une chose, laisser ces réactions dicter les choix pastoraux en est une autre ! Les laisser empêcher la réflexion en est une autre aussi…

Essayons de penser un peu plus loin : prenons un couple qui désire faire baptiser leur enfant, que le couple soit hétérosexuel, homosexuel, reconstitué, etc. Demandons-nous maintenant au nom de quoi quelqu’un est-il baptisé ? Ce n’est pas au nom de la foi ou de la morale des parents ou des parrains. C’est au nom de la foi de l’Église qu’on est

baptisé. Ce n’est donc pas seulement aux parents d’édu-quer l’enfant dans la foi, c’est aussi la responsabilité de la communauté.

Il ne s’agit pas ici d’inventer une théologie farfelue, mais bien de prendre la tradition de l’Église et de l’appliquer en sortant du fantasme. À un couple de divorcés rema-riés, a-t-on songé à proposer le processus menant à une déclaration de nullité ? Le Pape François y travaille. Par le passé, les « grands » ne s’en sont jamais privés. Mais c’est le peuple qui n’en n’avait pas les moyens de s’en servir qui en fut privé. On a là une machine qui existe déjà et qui pourrait aider à revoir le questionnement pastoral sur les familles recomposées des couples divorcés.

Si on regarde comme il faut quelle est notre théologie et quel est notre droit ecclésial et comment du côté de l’Égli-se on le pratique et le propose aux gens du point de vue du ministère ou qu’on accueille les demandes, sans néces-sairement dire oui à tout, on peut voir qu’il y a des moyens de juger prudemment et pastoralement cas par cas, sans toucher à aucun principe… parce que la vie sacramentelle ne se laisse pas reconduire à une « récompense » pour une vie morale ajustée soit aux valeurs sociales ou chrétiennes ou aux mœurs d’un groupe. Pour les problèmes de vie morale, pour les péchés (quels que soient les pécheurs), il y a l’accompagnement à la conversion menant, à répétition (soyons réalistes), au sacrement de la réconciliation, de cette réconciliation menant à l’eucharistie ! Tous et toutes ont besoin. Si on partait de là pour envisager toutes les formes de vie familiale… et pas de « modèles » de famille, peut-être aurions-nous des surprises pastorales, ministé-rielles, magistérielles et fraternelles!

Propos recueillis et résumés par Hélène et Jules Larivière

L’abbaye et moi L’expérience de Saint-Benoît-du-Lac

Quarante ans plus tard...Je suis allé à Saint-Benoît-du-Lac pour la première fois en 1975. Comme j’ai quitté le Québec en 1997 pour aller vivre en France, je n’y étais pas retourné depuis une bonne vingtaine d’années. L’été dernier, lors d’un séjour d’environ six semaines en terre natale, j’ai eu le bonheur d’y passer quelques heures. C’était le dimanche 12 juillet et, en entrant dans l’abbaye, j’ai tout de suite pu apprécier l’accueil assuré par deux dames faisant partie des Amis de Saint-Benoît.

Cet accueil m’a rappelé celui que m’avait fait, il y a quarante ans, le Père hôtelier d’alors, Dom Vidal, qui avait insisté pour apporter lui-même ma valise jusqu’à ma chambre, en me disant: « Saint Benoît nous dit que quand un visiteur arrive chez nous, c’est le Christ lui-même que nous recevons ». Je n’ai jamais oublié cette phrase qui m’a beaucoup marqué.

À cette époque, âgé de 30 ans et vivant un moment difficile, un ami, qui avait commencé à me parler du Christ, m’avait proposé de m’amener à Saint-Benoît-du-Lac. Je lui avais répondu que je n’étais pas particulièrement intéressé par les extra terrestres, mais j’ai quand même accepté sa proposition! Une fois rendu sur place, il m’a demandé si j’accepterais malgré tout de rencontrer un être d’une autre planète! J’ai alors eu la chance de pouvoir raconter mon parcours de vie à Dom Yvon Sabourin, dans le petit parloir situé juste en face de l’actuel magasin, où je me suis fait photographier cet été.

Je me suis souvenu que Dom Yvon m’avait laissé parler longuement et, à un moment, il m’avait dit: « Je vais vous donner l’absolution ». J’ai été surpris, car je n’avais pas l’impression d’être en train de me confesser. Puis il a ajouté: « Pour nous, saint Benoît ou notre tradition monastique (je ne me souviens plus bien) nous dit que, quand nous nettoyons une vieille marmite qui n’a pas été nettoyée depuis longtemps, il ne faut pas gratter trop fort de peur d’égratigner les parois ». C’est ainsi qu’après plusieurs années d’éloignement, j’ai redécouvert le sacrement de la réconciliation et, en même temps, son sens profond de manifestation de la miséricorde de Dieu. J’ai dès lors réalisé que les moines étaient loin d’être déconnectés de la réalité et qu’ils connaissaient parfaitement bien la condition et la psychologie de l’être humain; mes préjugés sont tombés sur le champ !

Par la suite, j’ai fait plusieurs séjours à l’abbaye où j’ai aussi vécu une ou deux montées pascales, dont celle de 1977 qui marquait pour moi une transition très importante dans mon parcours professionnel. Le mardi de Pâques de cette année-là, je commençais une carrière de vingt ans de professeur de français aux immigrants arrivant au Québec qui m’a permis d’exprimer ma foi par l’accueil de l’étranger. Vingt ans plus tard, je suis devenu immigrant et accueilli à mon tour, en France.

Saint-Benoît-du-Lac m’a permis de découvrir la longue tradition monastique de l’Église à laquelle je suis maintenant profondément attachée et que je continue de côtoyer en me rendant dans des abbayes françaises comme Saint-Benoît-sur-Loire, La Pierre qui vire, Solesmes... Depuis de nombreuses années, la plupart de mes journées commencent par l’audition d’un CD de chant grégorien., dont certains enregistrés par le chœur des moines de Saint-Benoît-du-Lac dirigé par Dom André Saint-Cyr, comme « Pax », « Un calendrier grégorien », etc.

Michel [email protected]

FORUM AMITIÉ 2015

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L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

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Apprivoiser la Règle de saint Benoît sur votre vélo stationnaire ou en conduisant en plein trafic…

La spiritualité bénédictine comme art de vivre et d’être heureux

Écoute… la Règle de saint Benoît

Commentée par Dom Jean-Pierre Longeat, abbé,

lue par des moines de l’abbaye Saint-Martin de

Ligugé.

Présentée par Dom Guillaume Jedrejczak.

Suivie de la Vie de saint Benoît, de Grégoire

le Grand,lue par Étienne Dahler.

CD MP/3 (durée totale 13h30)

Saint-Léger Productions, 2013

Dom Longeat a relevé tout un défi : démys-tifier la Règle de saint Benoît. Ce texte aride et rebutant à cer-tains égards devient compréhensible et accessible à tous.

La longue expérience de l’auteur comme abbé commen-tateur de la Règle nous la rend très vivante et surtout très collée à la vie, même celle des chrétiens au cœur du monde. La solide formation et l’expérience de Dom Lon-geat comme musicien (hautboïste) teintent son propos : nuances, légèreté, finesse de l’analyse.

La lecture de la Règle devient l’occasion de revisiter des lieux communs de notre culture. Ainsi, dans son com-mentaire de 4, 22 de la Règle (« Ne jamais se mettre en colère »), il met en cause l’acceptabilité de la colère en lui opposant la fermeté. La colère a une composante destruc-trice ; la charité doit primer.

Le Prologue et les soixante-treize chapitres sont répartis de manière à être médités trois fois par année. Le texte du jour est lu par un moine, suivi par le commentaire ; le cycle se termine par un extrait d’un chant grégo-rien.

Ce merveilleux petit outil est un complément du commentaire de la Règle publié par Dom Guillaume Jedrzejczak, livre lu et relu par de nombreux Amis et oblats et intitulé Sur un chemin de liberté : commentai-res de la Règle de saint Benoît jour après jour (Anne Sigier). Dom Guillaume nous propose une analyse rigoureuse et plus systématique des notions por-teuses de la Règle ; je pense à la section qu’il consacre au travail.

En bonus, l’éditeur du CD nous propose une lecture complète de la vie de saint Benoît par saint Grégoire le Grand.

La vie spirituelle a trop souvent été associée à des prati-ques ascétiques, au renoncement, aux mortifications, etc. Le bonheur était réservé à la vie éternelle et il relevait de l’espérance. Pensons aux neuf premiers vendredis du mois, au chapelet en famille à genoux, à l’abstinence du Carême, aux jeûnes, aux mortifications corporelles contrôlées (cilices, camisoles, bracelets), aux humiliations. La fameuse « pénitence » - programmée dans l’horaire de la communauté - consistait pour un moine à se flagel-ler en récitant le psaume Miserere. On y voyait une par-ticipation à la rédemption du Christ en portant sa croix, une manière d’aimer à la manière du Christ. Saint Benoît avait la sagesse de limiter les excès en exigeant du moine qu’il soumette « à son abbé ce qu’il se propose d’offrir à Dieu » comme observance du Carême (chapitre 49, 8-10).

Les trois premiers chapitres abordent la question de la vocation – propos qui s’adressent davantage à des moi-nes bien qu’ils puissent référer à la vie chrétienne et au mariage – comme d’un don qui appelle à un discernement afin de discerner les faux signes et les déformations qui découlent d’un manque de vigilance quant aux désirs d’être reconnu, de jouir et de posséder. Pour saint Benoît la question est celle de l’amour de la vie et le goût du bonheur (26). Est-ce que le moine cherche vraiment Dieu ou une sécurité ou une valorisation ou une vie facile dans sa bulle monastique.

Le chapitre 8 aborde la question du « désir de bonheur » et la soif d’être heureux. Pour l’auteur, la vie chrétienne est essentiellement une « invitation au bonheur » (64). Le chrétien est habité par un désir sans fin, par une insatis-faction positive. Il écrit que « la spiritualité chrétienne est fondée sur l’excessus, cet excès qui refuse de se contenter de ce qui est accessible » (101). Dans la tradition monas-tique, il ne s’agit pas de tuer le désir, mais de l’attiser et surtout de le canaliser, d’où une pédagogie du désir. Pour vérifier ce désir, j’ai besoin d’un autre ou d’une commu-nauté.

Dom Guillaume consacre plusieurs chapitres à la prise de conscience de la dynamique des désirs en soi. Il tire de

la Règle de Benoît une méthode qui comporte trois éléments : le doute, l’altérité et le temps.

Il nous présente une vision simple et très positive des vœux de pauvreté, d’obéissance, de la chasteté. Il voit dans le vœu de la conversion des mœurs « la traduction concrète de ce choix préférentiel pour la bonté, dans toutes les circonstances de la vie » (175).

Le dernier chapitre propose une nouvelle béatitude « Heureux les insatisfaits » (186). « La vie religieuse sup-pose […] de cultiver à la fois une lucide insatisfaction et un goût de l’expérimentation et de l’aventure. Elle suppo-se donc de lutter contre deux vices qui menacent chacun de nous : mon petit domaine à moi et le principe intangi-ble du « on a toujours fait ça » (190).

Certains propos vont sembler moins pertinents ou moins bien intégrés, entre autres – la gestion sociale du désir (chapitre XI), la parabole de la cellule (chapitre V). Le livre est possiblement la transcription d’une retraite donnée à des moines. Il a conservé sa forme orale, d’où des réfé-rences absentes.

Yvan Cloutier

L ectures bénédictinesL ectures bénédictines

Dom Guillaume

Jedrejczak.

Aimer la vie. Désirer le bonheur.

Un art de vivre à

l’école de saint Benoît.

Mediaspaul,

2015

Excellent choix de livres à la Boutique de l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac

Vous trouverez un excellent choix de livres sur la spiritualité bénédictine, mais aussi sur la prière, le deuil, la maladie et les écrits des grands auteurs spirituels de notre temps. Nous devons ce service

de grande qualité au dévouement de Dom Gilbert Garand osb.

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Festival au Grand-Orgue

Un entretien avec Dom Richard Gagné organiste et maître de chœurPROPOS RECUEILLIS PAR YVAN CLOUTIER

Q - La première question qui me vient à l’esprit est pourquoi avoir choisi ce titre « Festival au grand orgue » ? La notion de festival désigne un événement rassembleur festif.

Je vous répondrai en citant l’introduction des notes de ce disque : ce programme d’orgue comporte des œuvres d’époques et d’auteurs différents : un répertoire pour tous genres de formations, adapté ou transcrit pour l’orgue « l’Instrument aux mille voix ». Il s’agit donc en quelque sorte d’une manifestation festive du grand orgue de Saint-Benoît-du-Lac !

Q - Décrivez-nous le cheminement du projet ?

Le programme musical de ce disque s’inspire de ceux des concerts d’été que j’ai donnés les dimanches après-midi, ici à l’Abbaye, à partir de 2012. L’idée m’était alors venue de faire entendre des transcriptions et des arrangements d’œuvres d’auteurs célèbres. J’ai donc constitué dans ce but un répertoire que j’ai « rodé » à l’occasion de ces récitals.

Q - Quel public avez-vous ciblé ?

Lors des concerts d’été, comme il vient d’en être question, je souhaitais avant tout, rejoindre l’auditoire qui s’y présentait, c’est-à-dire, un public de passants, pas nécessairement constitué d’amateurs de musique classique et particulièrement de musique d’orgue. Avec ce CD, j’ai poursuivi le même but, c’est à dire, faire un disque qui soit accessible à tout le monde, car ordinairement, les enregistrements de musique d’orgue, entre autres, s’adressent plutôt à des connaisseurs ou à des mélomanes avertis. J’en ai fait l’expérience avec le disque des œuvres d’orgue de Saint-Saëns que j’ai enregistré en 1992.

Q - Quelles sont vos attentes concernant la réception de cette production ?

J’ai poursuivi trois buts en réalisant ce disque. Le premier, il

vient d’en être question : rejoindre un plus vaste public, faire découvrir et aimer l’orgue et la musique classique en général. Le deuxième : faire entendre à l’orgue des œuvres qui font partie d’un répertoire plus élargi : œuvres pour tous genres de formations, d’époques et d’auteurs différents.

Le troisième : mettre en valeur la richesse des timbres de l’orgue de l’Abbaye et sa capacité de traduire la musique de toutes les époques. Bien sûr, il a fallu faire des compromis au niveau de la registration, mais en général, le but que je m’étais fixé de faire entendre « l’Instrument aux mille voix » semble avoir été atteint.

Q - Quelle est la réception (compte rendu et commentaires) ?

En ce qui a trait aux commentaires, on parle d’éventail de timbres, de crescendo de surprises ! Quant au répertoire et aux auteurs choisis, on en souligne la variété et l’on remarque une certaine gradation qui conduit jusqu’à Souza et Scott Joplin ! Et là, « l’orgue sort de ses gongs », selon l’expression même d’un commentateur.

Q - L’orgue a été associé en grande partie à la musique religieuse. Qu’en est-il de ce répertoire dans le contexte de déconfessionnalisation ?

La musique religieuse peut être considérée comme œuvre d’art à l’égal de toutes les autres musiques et elle l’est pratiquement. Et il en est ainsi de la musique d’orgue. En effet, on n’est jamais gêné de faire entendre en concert des chorals de J.S. Bach, des offices de Tournemire etc. Et personne ne rejette les Requiem de Mozart ou de Fauré ou la Missa Solemnis de Beethoven parce que c’est de la musique à caractère religieux ! Et que dire des Cantates de J.S. Bach, des Passions et des Oratorios ? Il en est de même pour la musique d’orgue qui d’ailleurs entre progressivement dans les salles de concert. Je songe ici aux nouvelles orgues du Palais Montcalm de Québec et bien sûr de la Maison Symphonique de Montréal.

Dans cet enregistrement, il n’y a pas beaucoup de musique religieuse, mais le fait qu’elle soit jouée dans le cadre d’une Abbaye par un de ses moines l’informe sans doute d’une dimension qui se rapporte aux personnes, au style de vie et aux lieux qu’ils habitent.

Q - Avez-vous un autre projet en chantier ?

Je n’ai pas d’autre projet pour le moment.

Discographie : Hommage à Joseph Bonnet (1984). Œuvres de J. Bonnet interprétées sur son orgue : en collaboration avec Dom André Laberge. Société Métropolitaine du disque SBL 214-1.

Improvisation en l’honneur de Notre-Dame (1987), sur des mélodies grégoriennes Mariales, orgue de Sainte-Amélie de Baie-Comeau Qc. Société Métropolitaine du disque SBL 213-1.

Camille Saint-Saëns : Œuvre pour orgue, (1992) orgue de la Maison Provinciale des Frères Maristes, Iberville, Qc. Société Métropolitaine du disque SBL 212-1.

À la Venue de Noël : Improvisations à l’orgue de Saint-Benoît-du-Lac, 2 CD, (2003) Atma ACD 2 2264.

Et pour le chant grégorien :

Solesmes : Épiphanie & Présentation : Chœur des Moines de l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Direction : Dom Richard Gagné. (1998). Association Jean Bougler S 840.

Solesmes : Chants Populaires de la Liturgie Latine, Vol 1. Chœur des Moines de l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Direction : Dom Richard Gagné. (2000), S 844.

Solesmes : Chants Populaires de la Liturgie Latine, Vol 2. Chœur des Moines de l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Direction : Dom Richard Gagné. (2002), S 845.

Ces deux derniers titres ont été réédités en un seul coffret intitulé : Liturgie Latine (je crois)

Parcours de Dom Richard GagnéDom Richard Gagné a fait ses études musicales au Conservatoire de musique de Québec de 1969 à 1976 et il y obtint ses premiers prix d’orgue, d’harmonie, d’histoire de la musique et de musicologie. Il y a complété de 1987 à 1990 sa formation en écriture, en composition et en analyse musicale. Il reçut des prix de contrepoint et de fugue.

Entré à l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac en 1976, il y fut ordonné prêtre en 1984. Tout en faisant sa formation monastique et théologique, il se perfectionna, pour l’orgue auprès de Dom André Laberge, et il reçut l’essentiel de sa formation d’improvisateur auprès de Raymond Daveluy.

Dom Gagné s’est fait entendre à plusieurs reprises en concert à travers le Québec. Radio-Canada a diffusé un bon nombre de ses improvisations. En 1991 et 1994, il fut invité, à titre de professeur d’improvisation, à la session de Musique Sacrée d’Épinal, en France. Enfin, Dom Richard Gagné a succédé à Dom Jean Claire, comme maître de chœur à l’abbaye de Solesmes, poste qu’il a occupé de 1996 à 2003, tout en étant organiste titulaire de cette même abbaye à partir de 1998. Il est présentement maître de chœur et organiste à l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac.

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L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

Je t’ai choisi pour être à Moi ! dit YHWH à Moïse, et utilisant ce dernier comme transmetteur. Il nous le dit encore à nous et nous offre son alliance, c’est ce que nous trans-met la Bible dans le livre l’Exode. En fait, Dieu ne parle pas uniquement à Moïse et aux Hébreux morts depuis des siècles, mais il s’adresse à tous ceux qui veulent l’enten-dre. Moïse, et ses frères et sœurs hébreux, c’est le peuple chrétien qui doit se libérer de l’emprise du mauvais pharaon, appelons-le Crackpot (comme l’a nommé le Père Côté).

Ce pharaon est la métaphore d’un seigneur qui recher-chait et recherche toujours la gloire et la puissance de ce monde, il veut asservir, transformer l’humain en simple outil à son service. Moïse, un Hébreu, adopté par Crack-pot, avait vu l’injustice et il a tué un gardien égyptien qui maltraitait un Hébreu. Il a dû s’enfuir, mais Dieu YHWH l’a invité à retourner en Égypte pour y libérer son peuple.

Moïse s’estimait incapable de réussir cette mission ; il bégayait. Va, je suis avec toi ! lui répondit YHWH. Moïse était comme nous, imparfait, pécheur, il avait besoin d’aide, comme nous en avons besoin. Moïse, le prophète, malgré ses faiblesses, va réussir sa mission.

Nous, les Hébreux d’aujourd’hui, avons droit nous aussi à une relation avec Dieu par l’intermédiaire du Fils, et de l’Esprit. Nous sommes imparfaits, nous voulons faire le bien, mais succombons aussi au mal, même sans le vou-loir... Mais si nous acceptons l’aide d’en haut, nous pou-vons vivre la rédemption.

Dieu nous désire, il veut que nous soyons heureux, il ne veut pas nous juger et nous punir, mais nous laisse le choix de nous libérer de l’esclavage. Va et ne pêche plus ! dit Jésus

à la Samaritaine. Souvenons-nous toutefois que personne « ne mérite » la miséricorde de Dieu, elle est là ; Dieu n’est pas à vendre !

La justice des hommes existe, elle s’occupe des tyrans, des meurtriers de ce monde, mais en tant que chrétiens notre rôle est de porter le message d’amour de Dieu au monde, y compris le pardon. Certains chrétiens ont pu y perdre la vie, comme Jésus, mais la souffrance n’est pas le but, c’est l’amour. Apprendre la justice et la miséricorde, c’est aussi apprendre à se tenir debout ! Simonne Chartrand, Simone de Beauvoir sont des modèles de personnes qui furent au service des autres, elles n’étaient pas nécessairement chrétiennes, mais le Christ a agi par elles : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger... (Mt 25, 31-46).

Dans le courant de notre vie, nous tous sommes suscep-tibles de subir des injustices. Le Christ nous invite à par-donner ; à libérer le criminel, et ainsi à se libérer soi-mê-me : je le libère et ça me libère. Le Christ nous demande-t-il d’embrasser le meurtrier de notre enfant ? Pas forcément, de la même façon que tout le monde ne peut devenir le meilleur ami de tout le monde, il ne nous demande pas d’être masochiste, mais de pardonner.

Propos résumés par Marc Lacroix, ami et oblat de l’Abbaye St-Benoit-du-Lac

Faut-il sacrifier la justice à la miséricorde ?Avec Pierre-René CôtéOblat bénédictin et prêtre du diocèse de Québec

Les régions et la structure organisationnelle des Amis de Saint-Benoît-du-LacLors de sa réunion du 18 octobre 2015, le conseil d’ad-ministration a décidé de poursuivre sa réflexion sur les régions et la structure organisationnelle. Il convoquera, à cet effet, une rencontre du conseil et de personnes ayant un intérêt particulier pour l’association le 23 avril 2016 à 13h30 à l’Abbaye. Des amendements aux règlements pourraient éventuellement être présentés à l’assemblée générale le 11 juillet prochain. Le Comité exécutif privi-légie l’abolition de la structure de représentation régio-nale. Le texte qui suit présente la recommandation que le Comité exécutif privilégie.

Il était une fois…Dès le départ, les régions ont été le pivot de l’organisation des Amis de Saint-Benoît. Il y eut près d’une vingtaine de régions. Dom Mathys recrutait des têtes de réseaux (po-litique, milieu d’affaires, professionnels de la santé, etc.). La répartition en régions ne s’est pas faite en fonction d’un découpage territorial systématique de la province en régions. L’enracinement dans les diverses régions allait de soi dans le Québec des années 50 et 60. Pensons au Club Richelieu et aux mouvements de l’Action catholique.

Qu’en est-il maintenant ?Les associations religieuses et caritatives sont en très forte régression. Les personnes s’associent de manière individuelle à des œuvres sans nécessairement participer à des activités de groupe. Le WEB et les publications im-primées servent de réseautage.

Les Amis ont le bonheur d’avoir maintenu un membership important. Entre 10 et 20 nouveaux membres se joignent à l’association annuellement. Nous comptons aussi une très bonne participation à l’assemblée générale annuelle et à la fête de Saint-Benoît le 11 juillet.

Les Amis comptent très peu de régions organisées et actives. Le leadership vieillit. Il n’est pas facile pour les membres du conseil d’administration - qui représentent des régions - d’assumer cette fonction. Très attachés à l’Abbaye et aux Amis, ils ne parviennent pas à constituer une équipe et, s’il y a une équipe, il leur est difficile d’atti-rer des gens à des activités.

Que faire maintenant ?Miser sur les indices positifs• L’Abbaye demeure un lieu significatif et très fréquenté.• Les Amis parviennent à maintenir un bon nombre de

membres.• Les activités organisées à l’Abbaye attirent encore une

bonne participation • L’École abbatiale a permis à l’Abbaye de redevenir un

lieu de ressourcement pour les laïcs québécois.• Les projets de l’accueil des jeunes donnent de très

beaux fruits (nombre de jeunes) et sont une semence pour les années à venir.

Le Comité exécutif recommande de modifier la structure actuelle :• D’abolir la structure de représentation par régions au

conseil d’administration.• De faire appel à des gens en fonction de ce qu’ils peu-

vent apporter aux Amis par leur bagage spirituel ou professionnel, cela, peu importe la région de ces per-sonnes. Toutefois, une attention devrait être portée afin que plusieurs régions du Québec soient présentes au conseil.

• De valoriser et appuyer concrètement les activités dans les régions, là où cela fonctionne.

Yvan Cloutier au nom du Comité exécutif

Vieillissement et désir de bonheur : quelle est la part de la spiritualité ?

Forum-amitié 2016

Le vieillissement est associé à des aspects positifs, telle l’expérience de vie qui permet une certaine sagesse et une dis-ponibilité pour des projets nouveaux et pour les personnes qui nous sont chères. Le vieillissement est aussi un temps

de pertes et de deuils : retraite, handicaps, maladies chroniques, morts de proches, etc.).Qu’est que la vie spirituelle peut apporter pour mieux vivre dans le bonheur cette période d’adaptation ?

Information à venir dans le bulletin le Nouvel Ami du printemps.

DU DIMANCHE 30 OCTOBRE AU MARDI LE 1ER NOVEMBRE 2016AU CENTRE REGIMBAL, GRANBY

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L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

L’Ami de Saint-Benoît-du-LacHiver 2016 - No 127

Sherbrooke La vie de l’associationLa vie de l’associationSaguenay Lac-Saint-JeanDéjeuner-causerie du 11 septembre 2015

La joie de l’Évangile par le partage avec les pauvresSœur Éveline Fournier, F.C.S.C.J.

Comment partager notre foi avec nos enfants et petits-enfants?

Sœur Fournier est entrée chez les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus à 18 ans, en 1952 et a fait sa profes-sion religieuse en 1954. Elle a enseigné 11 ans au primaire, a travaillé deux ans à l’Action catholique du diocèse de Sherbrooke, puis a été directrice d’école 17 ans. Elle a en-suite œuvré 10 ans (1985-95) au « Service de l’éducation de la foi » (Sherbrooke) et a été 9 ans membre du conseil provincial de sa communauté. Depuis 2000, elle s’occupe des « associé(e)s laïcs » des f.c.s.c.j. dont elle est présiden-te depuis 2004. Durant plusieurs années, elle et quelques compagnes ont eu charge d’un foyer d’accueil pour les « enfants de la DPJ ». Elle anime des retraites en paroisse et des formations aux novices malgaches. Nous recevons une femme de foi, de bon sens, d’humour et d’expérience que nous remercions de sa disponibilité.

De l’eau de mer à l’eau bénite!Dans son enfance de « petite fille tannante qui aimait jouer », sœur Fournier n’était pas une « rongeuse de ba-lustre »! Sa famille (15 enfants) vivait en Gaspésie à 15 miles de l’église et ne pouvait y aller souvent. Mais sa mère animait « la prière du dimanche et m’a transmis le sens du sacré et la confiance en Dieu ». Sœur Éveline n’a connu les religieuses que lorsque sa famille est déménagée en Estrie et qu’elle a étudié chez les Ursulines. Elle a fait deux ans d’école normale chez les F.C.S.C.J. qu’elle trouvait « bien fines, mais bien mal habillées dans leur costume pas très élégant ». C’est une « vieille sœur » qui lui a dit un jour : « Avez-vous déjà pensé à la vie religieuse? » Elle n’y avait jamais songé. « Mais j’ai été séduite, nous dit-elle, par cette communauté qui enseignait dans les campagnes, par leurs prières joyeuses et, surtout, par le vœu spécial (s’ajoutant aux trois vœux traditionnels) de servir Jésus Christ dans la personne des pauvres », de même que par leur spiri-tualité qui est « de contempler le cœur du Christ pour faire comme Lui ». « Ayez une spiritualité aimable, disait notre fondateur, et fixez votre vie sur le cœur du Christ pour vous revêtir de sa douceur ». De plus sœur Éveline souligne que sa communauté, loin d’exiger des religieuses qu’elles entrent toutes dans un même moule, a toujours respecté la diversité des personnalités.

Être le cœur et les mains de Jésus pour les plus mal-pris! La spiritualité des F.C.S.C.J. « m’a guidé toute ma vie, nous dit Sœur Fournier. J’ai tou-jours cherché, dans mes activités, à faire aux plus petits ce que j’aurais voulu faire pour Jésus. Je me suis toujours demandé comment je pouvais m’occu-per des enfants et des adultes pri-sonniers de leurs misères pour faire en sorte qu’ils s’en sortent, pour les rendre aptes à prendre des déci-sions libres et des responsabilités. Je travaillais avec eux, je partageais avec eux, mais sans tomber dans l’apitoiement qui stérilise l’effort. Sœur Éveline se définit comme une accompagnatrice qui ne faisait pas tout le travail, mais qui aidait les gens à découvrir leur potentiel afin de les ame-ner à briser leur isolement, leurs échecs ou leur margi-nalité, « en s’adaptant à ce qui arrivait, aux besoins qui se présentaient. »

Avec quelques compagnes, pendant 14 ans, dans des fonc-tions de « mères suppléantes » de 84 « enfants de la DPJ » (reçus pour quelques jours ou pour plusieurs années), il fallait soutenir ceux-ci à travers « leurs peines, leurs maladies, leurs joies, leurs angoisses, leurs nuits blanches, leurs problèmes scolaires, leurs bouderies et colères qui cachaient autre chose », essayant de répondre à leur si-tuation et à les rendre heureux avec ce qu’ils avaient. Il

C’est le mercredi 14 octobre 2015 que les Ami(e)s de Saint-Benoît-du-Lac se sont rencontrés à l’Hôtel La Saguenéenne de Chicoutimi pour leur activité de ressourcement automnale. Les Amis étaient contents de se revoir pour fraterniser et prier ensemble. M. Jocelyn Girard qui fait partie de l’équipe diocésaine de pastorale était notre personne-ressource.

Comment transmettre notre foi, comment la partager avec nos enfants et petits-enfants? Tel était le thème de notre rencontre. Voici deux extraits de l’entretien de Jocelyn Girard qui résument bien notre rencontre.

« Il y a un proverbe africain qui s’énonce ainsi : Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. C’est l’impression que nous avons devant la désaffection accélérée de l’Église d’ici. S’il faut encore soutenir d’une main l’arbre qui tombe, c’est-à-dire de continuer à entretenir la foi de ceux et celles qui l’ont reçue par héritage et qui la vivent par tradition, l’autre main doit s’occuper de la forêt qui pousse, de cette

multitude de chercheurs et chercheuses de Dieu hors des circuits de l’Église. »

« Mon espérance repose sur le caractère relativement vierge de la nouvelle génération, cette nouvelle pousse qui est en quête d’un sens à sa vie. Je vois des jeunes qui approchent la vingtaine et qui font preuve d’une belle curiosité pour le témoignage de croyants comme moi. Je suis convaincu plus que jamais que Jésus est le chemin à leur proposer, sans jamais l’imposer, mais en montrant combien ce chemin est source de croissance et de joie réelle pour ceux et celles qui l’empruntent. Il suffit de peu pour que les yeux s’illuminent et que les cœurs se réchauffent. Mais ce peu repose aussi sur nous, croyants fidèles, car c’est à nous, guidés par l’Esprit, qu’il revient d’en témoigner dans leurs réseaux. »

Les échanges avec Jocelyn Girard nous ont permis de comprendre que, même si parfois nous ressentons une certaine culpabilité face à notre devoir de transmettre la foi, nous devons continuer à vivre notre foi en Jésus Ressuscité. Notre exemple et notre témoignage valent mieux que de longues discussions avec nos enfants et petits-enfants.

Laurent Bilodeau, ami de Saint-Benoît-du-Lac

De gauche à droite: Francine Gaudreault, Clément Tremblay, Laurent Bilodeau, Gabrielle Bouchard, Jocelyn Girard et Michel Desbiens

Eveline Fournier, fcscj

En avant: Rita Bolduc et Rosaire Minier. À l’arrière: Monique Lévesque et Laurent Bilodeau

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Le Père Abbé, les moines et les Amis de Saint-Benoît-du-Lac unissent leurs prières pour

demander au Seigneur d’accueillir dans son amour ceux et celles de nos amis qu’il est venu chercher.

Puissent les familles ressentir la présence réconfortantedu Seigneur qui est Résurrection et Vie.

In memoriam Pensées« [P]salmodier c’est ne faire qu’un avec la parole, se fondre en elle. Nous récitons des paroles qui nous sont données. Mais tandis que nous les récitons, nous devenons un avec elles, nous les faisons sortir de notre cœur tout en nous laissant conduire par elles jusqu’au mystère le plus intime de notre cœur et jusqu’au mystère de Dieu lui-même. »

Anselm Grün, Le murmure des anges : psalmodie et contemplation, Cerf, 2015, p. 50-51.

« Tenir pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde »

(Règle de saint Benoît : 4, 49)

« Peut-être que nous pourrions passer de la métaphore de la surveillance divine à celui de l’accompagnement di-vin. Le Christ est à nos côtés pour chaque moment de no-tre voyage monastique. Jésus est l’Emmanuel : Dieu-avec-nous. Bien que nous soyons loin de lui, il n’est jamais loin de nous, surtout dans les moments difficiles. La vie mo-nastique est un entraînement à vivre dans la présence de Dieu. [...] Que nous soyons assis, en train de marcher, ou debout, nous devrions savoir avec certitude que le Christ est avec nous, réconfortant et stimulant, ce qui rend pos-sible ce qui était autrement impossible. »

Michael Casey ocso, Seventy-Four Tools for Good Living : Reflections on the Fourth Chapter of Benedict’s Rule.

Liturgical Press, 2014, p. 165-166.

« Nous sommes, en collaboration avec Dieu, les façon-neurs et les artisans de notre vie, et de toute vie qui est en relation avec nous. Nous devons être uniquement ce qui est exprimé dans le symbole de l’incarnation : en attente vigilante, nous devons être inconditionnellement ouverts et réceptifs : cueillir la parole, le logos, du silence et nous laisser féconder ; laisser le silence du logos se déployer et agir, nous laisser transformer ; et (quand le temps est mûr) accoucher d’une nouvelle vie divine.»

Raimon Panikkar, Mystique, plénitude de vie, Les Éditions du Cerf, 2012, p. 152.

Roland Auger, oblat, et époux de Monique Plamondon, oblate

Québec

rThérèse Auger, mère de Monique Bourassa, présidente

Sorel-Tracy

rPauline Bélisle, oblate

Magog

rMarthe Carette, soeur de Dom Raymond Carette OSB

Laval

rAndré Garon, oblat

Sherbrooke

rLucille GiassonSt-Jean-Port-Joli

rGuy LavoieMontréal

rYvon Michaud, oblat

Sherbrooke

rJean PerrasMontréal

rL’abbé Daniel Pichette

Sherbrooke

rMichel Rousseau, frère de Claire Rousseau et

époux de Claire DemersSaint-Romuald

rAbbé Robert Roy

Québec

rMadame Isabel Smith Blanchet, mère de Dom André

Blanchet OSB

Nouvelle adhésion Renouvellement Membre à vie Contribution volontaire

Je renouvelle pour 1 an 2 ans 3 ans 4 ans

Nom du membre : __________________________________ Nom du conjoint : _________________________________

Adresse : ______________________________________________________________________

Ville : _____________________________ Province : ____________ Code postal : _____________

Téléphone : ________________________ Courriel : ____________________________________

Montant supplémentaire à titre de don : Don à l’Abbaye __________ Fonds Relève-Jeunesse __________

Un reçu pour fins d’impôt sera émis et posté à votre attention pour tout don supérieur à 20 $.Veuillez faire parvenir le carton d’adhésion et votre chèque dans une enveloppe adressée à :Le secrétariat Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Abbaye Saint-Benoît, Saint-Benoît-du-Lac QC J0B 2M0

ADHÉSION / RENOUVELLEMENT FICHE D’INSCRIPTION 2016COÛT ANNUEL INCLUANT LA REVUE : 25 $

Sherbrooke La vie de l’association

s’agissait, nous dit-elle, de les mettre enfants en « situation de succès plutôt qu’en situation d’échec en dédramatisant les difficultés plutôt que de les accabler avec elles ».

Il fallait aussi accompagner avec délicatesse les parents qui vivaient l’immense détresse de se voir retirer la garde de leur(s) enfant(s), avec tout ce que cela comporte de perte d’estime de soi face à la famille, aux voisins, aux fonction-naires gouvernementaux, etc.

La pastorale a de l’avenir!Sœur Éveline consacre maintenant beaucoup de temps à accompagner les jeunes (dont de jeunes adultes) pour les aider à découvrir la foi, car nous sommes face à « deux ou trois générations qui ignorent à peu près tout de Jésus » et de son message. Plusieurs jeunes veulent connaître Dieu et approfondir leur relation au Christ, mais ne savent pas comment. Les mots et les expériences leur manquent. « Je veux les mettre en confiance et leur montrer que l’Évan-gile est déjà présent dans leur vie par de belles valeurs, qu’ils vivent de façons différentes des adultes. Souvent ils ne savent pas que Jésus est déjà là-dedans », car il n’est pas toujours facile de le nommer et le reconnaître.

Sœur Fournier nous invite surtout à être des « chrétiens heureux et des gens d’espérance », car Jésus reste celui « qui est doux et humble de cœur » et qu’il donne à ses amis la force et les lumières de son Esprit pour continuer d’aller de l’avant dans l’aujourd’hui de la foi sans nostalgie du passé et sans regret.

François Mc Cauley, oblat

ACTIVITÉS 2016Déjeuner à 9h (précédé de la prière du matin) au restaurant Omni Bouffe, 680 rue Bowen sud, Sherbrooke.

Familles, Chemins d’Amour et de Miséricorde

11 janvier M. Georges Dugas, psychologue Recherche d’amour sur un

chemin semé de souffrances.

11 février Sr Claudette Martin, f.c.s.c.j. Foyer d’accueil - Amour et

Miséricorde pour enfants blessés.

11 mars Assemblée générale Mme Ghislaine Rigolt-Beaudoin,

responsable diocésaine pour la famille Rencontre des familles à Philadelphie. 11 avril Mme Micheline Gagnon, théologienne Soyons resplendissants de l’Amour

de Dieu et de la Miséricorde. 14 mai MONTÉE à l’Abbaye. Causerie

par le Père Abbé Dom A. Laberge (samedi) Amour et miséricorde pour sa communauté.

10 juin Mme Jocelyne Benoît Mon cheminement comme divorcée,

remariée, heureuse.

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L’AMI DE SAINT-BENOÎT-DU-LAC

Publié deux fois par année, en juillet et en décem-bre par les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc., la revue se fait l’écho, depuis 1962, des activités de l’association et veut contribuer au ressourcement spirituel des Amis par la reproduction d’homélies, de conférences et d’écrits variés.

Y trouvent également place des renseignements sur la vie des moines bénédictins de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac : chronique courante, histo-riques, événements notables, etc.

L’Association des Amisde Saint-Benoît-du-Lac

L’Association des Amis de Saint-Benoît-du-Lac est une association à but non lucratif fondée en mars 1952. Son but est de grouper toutes les per-sonnes désireuses de faire connaître le message de saint Benoît, la vie bénédictine à l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac et les activités de l’Association. La cotisation annuelle est de 25 $, payable au pre-mier janvier de l’année. Chaque membre reçoit la revue L’Ami de Saint-Benoît. Un reçu pour fins d’impôt est émis pour tout don dont le montant est supérieur à 20 $.

Poste-publication Convention # 40019867

Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Inc.Saint-Benoît-du-Lac, QC, Canada, J0B 2M0

http://amissbl.weebly.com/ [email protected]él.: 819-580-3449 (boîte vocale)