ANALYSE BUDGÉTAIRE

François Dupuis, vice-président et économiste en chef • Benoit P. Durocher, économiste principal

Desjardins, Études économiques : 514-281-2336 ou 1 866-866-7000, poste 5552336 • desjardins.economie@desjardins.com • desjardins.com/economie

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement des caisses Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement des caisses Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marchés. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement des caisses Desjardins. Copyright © 2017, Mouvement des caisses Desjardins. Tous droits réservés.

FAITS SAILLANTS

f L’exercice budgétaire 2016-2017 s’est soldé par un surplus budgétaire de 2,4 G$. Si l’on tient également compte du surplus de 2,2 G$ répertorié en 2015-2016, le gouvernement du Québec a engendré des excédents budgétaires de 4,6 G$ au cours des deux dernières années. Cette somme a entièrement été consacrée à une réserve de stabilisation.

f Le gouvernement annonce une réduction supplémentaire du fardeau fiscal des particuliers d’environ 1,1 G$ par année, soit une baisse du taux d’imposition de 16 % à 15 % sur les premiers dollars de revenu gagné ainsi que l’octroi d’un montant annuel de 100 $ par enfant pour l’achat de fournitures scolaires.

f Plusieurs dépenses additionnelles sont aussi annoncées en santé, en éducation et pour le développement des régions.

f L’équilibre budgétaire sera néanmoins maintenu au cours des prochains exercices grâce à l’utilisation partielle des sommes disponibles au sein de la réserve de stabilisation.

Québec : mise à jour économique et budgétaireLes surplus budgétaires retournés en partie aux Québécois!

ÉTUDES ÉCONOMIQUES | 21 NOVEMBRE 2017

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Des excédents budgétaires de 4,6 G$ en deux ansSelon les données dévoilées aujourd’hui par le ministère des Finances du Québec, l’exercice budgétaire 2016-2017 s’est soldé par un surplus budgétaire de 2,4 G$, soit un résultat nettement plus élevé que les 250 M$ projetés en mars dernier lors du dépôt du budget. Cette embellie est en grande partie attribuable à des conditions économiques plus favorables qu’attendu. Par exemple, une hausse du PIB réel de 1,7 % était prévue en mars dernier

pour l’année 2017, suivie d’un gain d’environ 1,5 % en 2018. Or, les dernières projections s’élèvent maintenant à près de 2,5 % pour 2017 et 2,0 % pour l’an prochain (graphique 1). La bonne tenue de l’économie québécoise, combinée aux effets de plus en plus marqués d’une rareté de la main-d’œuvre découlant du choc démographique, a également favorisé une croissance plus rapide du salaire horaire moyen au Québec qu’ailleurs au Canada (graphique 2).

GRAPHIQUE 1 La croissance économique est plus rapide que prévu initialement

Sources : Ministère des Finances du Québec et Desjardins, Études économiques

PIB réel prévu…

Variation annuelle en %

1,7 1,6

2,6

1,8 1,7 1,5

2,5

2,0

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

2017 2018 2017 2018

Prévisions du ministère des Finances du Québec Prévisions de Desjardins

…lors du budget de mars 2017 …lors de la mise à jour de

novembre 2017

GRAPHIQUE 2 Les salariés québécois profitent de la forte croissance économique

* Moyenne des dix premiers mois en 2017 par rapport à la même période en 2016. Sources : Statistique Canada et Desjardins, Études économiques

Salaire horaire moyen de l’ensemble des employés

Variation en %

2,8

2,1

1,5

2,1

2,8

3,1

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

2015 2016 2017*

Canada Québec

ÉTUDES ÉCONOMIQUES

221 NOVEMBRE 2017 | ANALYSE BUDGÉTAIRE

Cela s’est traduit par une progression plus soutenue des revenus provenant de l’impôt des particuliers, de l’impôt des sociétés ainsi que des taxes à la consommation. Cela dit, une croissance annuelle plus faible que prévu des dépenses de programmes, soit 2,9 % au lieu de 4,5 %, explique aussi les bons résultats de 2016-2017.

Si l’on tient également compte du surplus de 2,2 G$ répertorié en 2015-2016, le gouvernement du Québec a engendré des excédents budgétaires de 4,6 G$ au cours des deux dernières années. Cette somme a entièrement été consacrée à une réserve de stabilisation, qui est l’outil prévu par la Loi sur l’équilibre budgétaire, dont l’objectif est de faciliter la planification pluriannuelle du cadre financier du gouvernement du Québec. Cette réserve sera utilisée partiellement au cours des prochains exercices budgétaires pour financer les nouvelles initiatives annoncées aujourd’hui par le gouvernement du Québec, tout en maintenant l’équilibre budgétaire. Une somme de 1,8 G$ devrait cependant être maintenue dans la réserve de stabilisation à partir de 2020-2021, ce qui correspond à l’effet négatif qu’aurait une progression du PIB réel inférieure de 3 % par rapport aux attentes (graphique 3). En plus de la légère provision pour éventualités, cela procurera une bonne marge de manœuvre au gouvernement du Québec pour faire face aux incertitudes.

Une réduction additionnelle du fardeau fiscal et des nouveaux investissementsLa mise à jour dévoilée aujourd’hui comporte plusieurs nouvelles mesures financées à partir des surplus budgétaires des dernières années. Au total, les dépenses additionnelles cumulatives s’élèveront à 11,1 G$ d’ici le 31 mars 2023. Cette somme dépasse légèrement le coût financier cumulatif des mesures annoncées

GRAPHIQUE 3 Évolution de la réserve de stabilisation

Sources : Ministère des Finances du Québec et Desjardins, Études économiques

Valeur projetée de la réserve de stabilisation au 31 mars

En M$

0

2 191

4 552 4 302

2 895

2 144 1 800 1 800 1 800

0500

1 0001 5002 0002 5003 0003 5004 0004 5005 000

2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Prévisions du ministère des Finances du Québec

RÉEL

2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022 2022-2023

Revenus autonomes 82 728 83 677 86 255 89 189 92 005 94 847 97 542Variation (%) 1,8 1,1 3,1 3,4 3,2 3,1 2,8

Transferts fédéraux 20 179 22 793 22 391 23 220 23 669 24 290 24 953Variation (%) 6,8 13,0 -1,8 3,7 1,9 2,6 2,7

Revenus budgétaires totaux 102 907 106 470 108 646 112 409 115 674 119 137 122 495Variation (%) 2,8 3,5 2,0 3,5 2,9 3,0 2,8

Dépenses de programmes -89 018 -94 662 -97 628 -100 276 -102 436 -104 837 -107 501Variation (%) 2,9 6,3 3,1 2,7 2,2 2,3 2,5

Frais de la dette -9 527 -9 508 -9 613 -9 753 -10 017 -10 193 -10 469Variation (%) -4,8 -0,2 1,1 1,5 2,7 1,8 2,7

Provisions pour éventualités --- -100 -100 -100 -100 -200 -200Solde 4 362 2 200 1 305 2 280 3 121 3 907 4 325

Fonds des générations -2 001 -2 450 -2 712 -3 031 -3 465 -3 907 -4 325Solde budgétaire au sens de la Loi 2 361 -250 -1 407 -751 -344 0 0Utilisation de la réserve de stabilisation -2 361 250 1 407 751 344 0 0Solde budgétaire au sens de la Loi après réserve

0 0 0 0 0 0 0

Dette brute 203 490 207 015 213 113 213 485 214 717 215 124 ---Variation (%) 0,1 1,7 2,9 0,2 0,6 0,2 ---En % du PIB 51,9 50,9 50,7 49,2 47,9 46,7 ---

Dette représentant les déficits cumulés 117 401 114 951 112 239 109 208 105 743 101 836 ---Variation (%) -2,3 -2,1 -2,4 -2,7 -3,2 -3,7 ---En % du PIB 29,9 28,3 26,7 25,1 23,6 22,1 ---

TABLEAU 1Sommaire des opérations

PROJECTIONS

Source : Ministère des Finances du Québec

EN M$ (SAUF SI INDIQUÉ)

321 NOVEMBRE 2017 | ANALYSE BUDGÉTAIRE

ÉTUDES ÉCONOMIQUES

lors du dernier budget, qui s’élevait à 10,7 G$. Voici un résumé des principales nouvelles initiatives de la mise à jour :

f Une réduction supplémentaire du fardeau fiscal des particuliers d’environ 1,1 G$ par année dès 2017 :

• Une réduction du taux d’imposition de 16 % à 15 % sur les premiers dollars de revenu gagné, soit jusqu’à 42 705 $. Cette baisse d’impôt représentera une réduction additionnelle du fardeau fiscal de près de 1 G$ par année à compter de 2017-2018. La réduction s’applique de manière rétroactive à compter du 1er janvier 2017.

• Un montant de 100 $ par enfant sera versé au début de chaque année scolaire aux familles pour l’achat de fournitures scolaires, et ce, dès l’année scolaire 2017 avec le versement d’un premier montant en janvier 2018.

f Un plan de lutte pour sortir plus de 100 000 personnes de la pauvreté avec des investissements additionnels de 2,6 G$ qui permettront de bonifier les prestations d’aide financière de dernier recours et du programme Objectif emploi, de favoriser l’incitation au travail et de faciliter l’inclusion sociale des personnes en situation de faible revenu.

f Des investissements additionnels pour améliorer les services, soit près de 1,1 G$ sur six ans (0,6 G$ pour la santé et 0,4 G$ pour l’éducation, l’enfance et l’enseignement supérieur).

f Un appui à l’économie des régions avec des investissements de plus de 660 M$ sur six ans :

• 367 M$ pour déployer des infrastructures numériques performantes et accessibles dans toutes les régions du Québec.

• 300 M$ pour appuyer le développement économique de toutes les régions.

Un effet d’entraînement favorableLa réduction du fardeau fiscal et l’augmentation du revenu disponible des Québécois auront des conséquences positives sur l’économie du Québec. Selon les simulations du ministère des Finances, l’allègement de près de 1 G$ par année du fardeau fiscal des contribuables annoncé aujourd’hui pourrait se traduire à long terme par une augmentation d’environ 1,5 G$ du PIB de la province grâce à une progression plus soutenue des dépenses de consommation des ménages et des investissements des entreprises.

La réduction du fardeau fiscal des travailleurs devrait aussi être un incitatif additionnel à prendre part activement au marché du travail. Il s’agit d’une bonne chose dans le contexte du vieillissement de la population en âge de travailler, ce qui pourrait éventuellement contribuer à limiter la baisse du potentiel de croissance de l’économie québécoise.

À terme, cette croissance économique plus rapide devrait aussi avoir des conséquences positives sur la situation future des finances publiques de la province. Ainsi, force est de constater que l’assainissement des finances publiques des dernières années a amené un effet d’entraînement favorable non seulement pour l’économie du Québec, mais aussi pour l’évolution des finances publiques au cours des prochaines années. Tout cela en maintenant une certaine marge de manœuvre grâce à la réserve de stabilisation et en engrangeant un bon pactole au sein du Fonds des générations, qui devrait s’élever à près de 13 G$ au 31 mars 2018.