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Arnaud Alia, Yahia Bensouda, Victor Cabanes, Hugues Guinoiseau, Gaëtan Irrmann – Le solaire en Afrique en 2020 – décembre 2007 1 Observatoire du Management Alternatif Alternative Management Observatory __ Scénario Quel avenir pour le solaire en Afrique en 2020 ? Quatre discours de la Banque Africaine de Développement en 2020

Quel avenir pour le solaire en Afrique en 2020 ?

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Observatoire du Management Alternatif Alternative Management Observatory

__

Scénario

Quel avenir pour le solaire en Afrique

en 2020 ? Quatre discours de la Banque Africaine de

Développement en 2020

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Genèse du présent document

Ce travail a été réalisé dans le cadre du cours « Scenario Planning » donné par Karim Medjad

et Rafael Ramirez dans le cadre de la Majeure Alternative Management, spécialité de

troisième année du programme Grande Ecole à HEC Paris. La technique des scénarios

consiste à imaginer plusieurs futurs possibles afin notemment de vérifier en quoi et jusqu'à

quel point la politique suivie sur une question donnée est pertinente. Les commanditaires ou

« clients » des scénarios sont fictifs.

Origin of this document This work has been performed on the occasion of the “Scenario Planning” course taught by

Karim Medjad and Rafael Ramirez in the Alternative Management Major, a 3rd year

specialized track at HEC Paris. Scenarios tehnciques enable to devise several different

possible futures, against which is possible to test the extent to which a current strategy /

policy on a given matter is sutainable. The customers are fictitious.

Charte Ethique de l'Observatoire du Management Alternatif Les documents de l'Observatoire du Management Alternatif sont publiés sous licence Creative Commons http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/ pour promouvoir l'égalité de partage des ressources intellectuelles et le libre accès aux connaissances. L'exactitude, la fiabilité et la validité des renseignements ou opinions diffusés par l'Observatoire du Management Alternatif relèvent de la responsabilité exclusive de leurs auteurs.

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Avant-propos Principe de l’exercice scénario planning La méthode des scénarios est utilisée depuis quarante ans par les grandes entreprises et depuis plus longtemps encore par les militaires et les agences gouvernementales. Elle reste néanmoins assez méconnue et ce, pour diverses raisons qui tiennent autant au secret entretenu autour des scénarios militaires qu’au culte dont certains travaux prophétiques ont pu faire l’objet (notamment les scénarios élaborés par Shell qui envisageaient en 1972 l’éventualité du krach pétrolier de 1973). La méthode n’a pas pour objet de prédire ou de pronostiquer l’avenir. Elle sert à imaginer non pas un, mais plusieurs futurs possibles - les scénarios - afin notamment de tester la robustesse et l’adaptabilité d’une stratégie envisagée. Le processus fait autant appel à la créativité qu’à la rigueur. Chaque scénario décrit un paradigme cohérent, résultant d’un cheminement historique logique, lui-même construit à partir de l’analyse et de la combinaison de données quantitatives et qualitatives, à court et à long terme. L’exercice est par essence multidisciplinaire et permet, lorsqu’il est réussi, de remettre en cause certaines certitudes et le cas échéant, de repenser certaines orientations. Pour une entreprise, les scénarios sont un outil important de réflexion stratégique. Il s’agit aussi d’un exercice de travail de groupe, qui permet de valoriser les divergences éventuelles et de clarifier des objectifs communs au-delà des fonctions et priorités spécifiques des uns et des autres. L’objectif est d’aboutir à une position critique et constructive sur la façon dont l’entreprise a intégré les aléas de son marché et anticipé les mutations à venir. A-t-elle tiré les « bonnes » leçons du passé et s’est-elle bien préparée à faire face à l’avenir ? Si tel est le cas, sa stratégie actuelle doit être compatible (ou rapidement adaptable) à des situations potentiellement inédites. Bénéficiaire Les scénarios étant par définition relatifs, il est essentiel de les élaborer pour le compte d’un bénéficiaire précis, de clarifier la question posée et d’en fixer l’échéance. Par exemple, la question « quel avenir pour le téléphone mobile ? » n’a pas le même sens selon qu’elle est posée par Google, le gouvernement sénégalais, France Telecom, la CIA ou Nokia : l’angle, l’interrogation sous-jacente et l’échéance ne sont pas les mêmes. L’exercice scénario planning dans la Majeure Alternative Management Un exercice de scénario peut prendre de quelques jours à plusieurs mois, tout dépend des objectifs. Le scénario que vous allez lire est le résultat d’un travail réalisé par les étudiants de la Majeure. Il a été réalisé en trois jours. Dans ce cas, l’ambition se limite à la production de « mini-scénarios », permettant d’identifier et de décrire sommairement quelques futurs possibles et plausibles. Les clients (ou commanditaires) qui apparaissent dans les exercices sont fictifs. Le résultat de l'exercice se présente sous deux formes distinctes. D'une part, une version powerpoint offre une synthèse du contexte et du cheminement logique ayant conduit aux 3 ou 4 scénarios obtenus. D'autre part, une version word présente sous une forme narrative une description plus détaillée du paradigme auquel correspond chacun des scénarios.

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Le solaire comme facteur de développement en Afrique

Scenario

Karim MEDJAD

Rafael RAMIREZ

ALIAS

BENSOUDA

CABANES

GUINOISEAU

IRRMANN

Arnaud

Yahia

Victor

Hugues

Gaëtan

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Etat des lieux > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

���� L’énergie en Afrique aujourd’hui … Qui décide, qui p lanifie, qui finance?

� Moins de 10% de la population a accès à une source d’électricité

� Les programmes aujourd’hui sont lancés par la BAD , par l’ Agence Africaine pour l’énergie , la CEDEAO…

� Les objectifs sont fixés dans le cadre des objectifs millénaires pour le développement(OMD) ou dans le cadre de programme comme ‘‘East Africa Power Master Plan ’’l’interconnexion Rwanda – Burundi, l’interconnexion Ethiopie – Soudan – Egypte et celle entre le Rwanda, le Burundi et l’Est de la RD Congo.

� La BAD, les Etats Africains (sous forme de dons ou de prix préférentiels souvent ), l’U.E., la Chine, les Etats-Unis et quelques ONG sont les principaux bailleurs.

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2007 > Certitudes & Incertitudes > SEPTEL > Pert/Mat > Variables >

Scenario

CERTITUDES

� l’énergie� nécessité baisse facture pétrolière� énergie chère (générateur) dépend du prix du baril � source d’énergie universelle et abondante� pétrole-gaz : passé� nucléaire pas accessible� hydraulique pas possible

� la technologie� se substitue aux générateurs classiques en milieu rural� manque de formation� manque d’infrastructures au niveau macro

� le contexte économico-politique� pas de source de conflit pour le soleil� énergie pas chère est positif/indispensable pour le dvpt� énergie est une fonction essentielle/priorité de la BAD� solaire est plus « autonomisant »

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2007 > Certitudes & Incertitudes > SEPTEL > Pert/Mat > Variables >

Scenario

INCERTITUDES

� l’énergie� valeur ajoutée énergétique� dvpt d’énergies alternatives

� la technologie� succès du pari technologique� remontée de filière� transfert de compétence� existence d’un marché attractif pour l’entreprise (baisse des coûts)

� capacité d’entrainement� attractivité de l’Afrique pour les entreprises (offre) de pays plus développés� capacité à attirer investisseurs� rôle du lobby pétrolier� rapports BAD/gvts locaux (poids, influence)

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

60 - 90 90 - 00 2000

Social Multiplication des conflits interethniques Propagadation du sida Camps de réfugiés

Exode rural massif poussé par la pauvreté Génocide Rwandais Transition post-apartheid réussie en RSA

Montée de l'intégrisme religieux Dvpt des ONG AlterMd

Economy Pauvreté endémique Premières success stories africaines Croissance du continent supérieur à 6%

Banalisation de la corruption Retard avec les autres continuents Grameen Bank

1ers fonds d'invest en Afrique

Political Indépendance (Alg, Eg) Chute du communisme Objectifs du Millénaire

Instabilité, dictatures, coups d'Etat Apparition d'institutions africaines crédibles Stabilisation politique dans de nombreux pays

Décolonisation douloureuse Conflits : Nig, Cote d'Iv Subsistance de zones de tension

Technology Centrales thermiques Dvpt de l'énergie solaire Energies renouvelables

Infrastructures financés par pays dvpés Emergence de compagnies pétrolières africaines Transfert de technologie

Europe : nucléaire

Environment Désertification et progression du Sahel Inquiétude sur l'impact environmental du développement

Rio Hausee du cours des matières premières

Legal Kyoto Global Compact

Shell Nigeria Soft law africaine

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pertinence/Matérialité > Variables > Scenario

Pertinence

Matérialité de l’impact

pertinence technologique

compétitivité prix

effet entrainant du solaire pour l’Afrique

extension à la ville

attractivité Afrique

résistance lobby pétrolier

rapports BAD/Etats

stabilitégéopolitique

Corruption

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

pari technologique

pas avenir pari technologique pertinent

adoption de masse

2019 2011

Nous considérons que le cas pessimiste ici est celui où la technologie solaire n’est toujours pas adoptée en masse en Afrique en 2019. A l’inverse, la cas optimiste est celui où dès 2011 cette technologie y est effectivement adoptée en masse.

La technologie solaire aura-t-elle été pertinent en 2020 ? Il s’agira de prendre alors en compte le coût, l’efficacitéénergétique, son impact sur l’environnement, sa facilitéd’utilisation …

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

Energie solaire

Adoption de masse

pari gagnant

pas d’avenir

2019 2011

syndrome « MiniDisc »

Sun is shining

Afrique dans le noir

BAU

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

Energie solaire

Adoption de masse

pari gagnant

pas d’avenir

2019 2011

syndrome « MiniDisc »

Sun is shining

Afrique dans le noir

BAU

Fin des années 1990, le MiniDisc semble être promis à un bel avenir, notamment pour suppléer le CD et est alors adopté par un très grand nombre. L’explosion de l’Internet et de la technologie mp3 poussera rapidement le MD aux oubliettes. L’analogie ici est simple : voyant en la technologie solaire la manne d’avenir pour le développement, de nombreux territoires africains l’adoptent rapidement. Mais ensuite, celle-ci se révèle être un leurre.

Nous émettons l’hypothèse ici que seule la technologie solaire aurait permis à l’Afrique d’utiliser une telle manne énergétique pour se développer. Mais celle-ci se révèle ne pas être assez pertinente et les territoires locaux ne l’adoptent pas.

Cas le plus optimiste : la technologie solaire se révèle être la plus pertinente en terme de coût et de manne pour le développement. Et de plus, la plupart des territoires africains ont su en profiter àtemps.

Business As Usual : la technologie solaire est effectivement la plus pertinente. Pour preuve, elle est développée dans de nombreux territoires … mais toujours pas en Afrique.

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > ScenarioBAU

En 2019, la technologie solaire n’est toujours pas adoptée en masse en Afrique

La technologie solaire se révèle être un succès àtravers le monde

Entreprise électricité Organisation internationale

Projets solaires ruraux positifs

Pas de formation accompagnée

Une concentration moindre sur les autres secteurs

Entreprises pétrolières

Générateurs solaires : nvllegénération

JV, en ville moyenne

Succès ds les pays dvpés

Opportunités économiques : Espagne, Mx, Chine …

Pertinent pour conso perso

Pas de dvpt éco grâce àcette manne

Conflits ethniques

R&D

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > ScenarioBAU

� Former la main d’œuvre locale à la technologie solai re

� Inciter et accompagner les entrepreneurs locaux pou r utiliser au mieux cette manne

� Promouvoir des entreprises électriciennes régionale s

En 2019, la technologie solaire n’est toujours pas adoptée en masse en Afrique

La technologie solaire se révèle être un succès àtravers le monde

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > ScenarioAf. dans le noir

La technologie solaire se révèle être un échec

En 2019, la technologie solaire n’est toujours pas adoptée en masse en Afrique

ChinoisPressions lobby

pétrole

Formation de la main d oeuvre

Guerres, pendémies, risques divers…

Nationalisme africain

Investisseurs privésPas d’effets d’entraînementInvestissements initiaux

12 Milliards

Centrale nucléaireOléoduc et

prix pétrole préférentiel

Installations panneauxLimitée aux subventions

Non pertinence du solaire en Afrique

Tension sur offre panneaux solaires cardemande en occident

CorruptionPeu d’exemples fonctionnent

Pas de moyens definancement innovants

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > ScenarioAf. dans le noir

La technologie solaire se révèle être un échec

En 2019, la technologie solaire n’est toujours pas adoptée en masse en Afrique

� Approche bottom-up

� Association des puissances régionales au projet

� Investissements plus progressifs

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

Cours dissuasif et durable du pétrole

Pénurie d’ énergie (ménages…)

Intense activité RD

Nouvelle technologie porteuse

Scandale autour du solaire

Priorité humanitaire (ex : puits et ONG)

Maillage local dense

Abandon du solaire au profit de la nouvelle techno

Situation d’urgence

Fonds dégagés (banques, Etats…)

Afrique dotée d’une techno surannée, isolée

MD En 2011, la technologie solaire est adoptée en masse en Afrique

La technologie solaire se révèle être un échec

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > ScenarioMD En 2011, la technologie solaire est adoptée en masse en Afrique

La technologie solaire se révèle être un échec

� Investir dans différentes technologies (diversifier )

� Programme de prévention contre pénuries énergétique s

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

La technologie solaire se révèle être un succès àtravers le monde

En 2011, la technologie solaire est adoptée en masse en Afrique

Sun is shining

Hausse du prix du pétrole

Solution alternative pour sauver l’Afrique du noir

Allocation massivede fonds

Laboratoire de recherche et R&D pour énergie solaire

Progrès techniques Implantation de panneau solaireA grande échelle

Meilleure organisation et gain de productivité

Médiatisation et aura mondiale

Développement d’une économie moderne

Attraction d’entreprisesinternationalesSensibilisation massive par les ONG

Scolarisation et Alphabétisation

Meilleure hygiène

Baisse de la mortalitéinfantile

Hausse du PIBPar habitant

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2007 > (In)cert > SEPTEL > Pert/Mat > Variables > Scenario

La technologie solaire se révèle être un succès àtravers le monde

En 2011, la technologie solaire est adoptée en masse en Afrique

Sun is shining

� Mettre en œuvre des programmes de maîtrise de la cr oissance pour éviter une surexposition internationale et une ouve rture à outrance aux IDE (exemple : protectionnisme éducateur...)

� Intensifier les efforts de sensibilisation et les c ampagnes de communication

� Intégrer davantage la population africaine dans le processus de production et de distribution de l'énergie solaire

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Le Solaire en Afrique en 2020 – Quatre scenarii de discours

possibles par la BAD en 2020

Accroche présentant les points essentiels de l’article :

La rareté de l’électricité et la difficulté d’accès des populations africaines aux différentes

sources d’énergie sont parmi les principaux freins au développement des économies

africaines, notamment en milieu rural. Ce constat est d’autant plus paradoxal que l’Afrique

regorge de ressources énergétiques ; malheureusement ces dernières profitent davantage aux

multinationales étrangères, occidentales et depuis peu chinoises ou russes, qu’aux populations

africaines, soumises aux aléas politiques caractéristiques de l’Afrique, aux conflits

interethniques ou à la corruption des élites dirigeantes.

A titre d’exemple, en 2007, moins de 10% de la population africaine avait accès à

l’électricité. La situation énergétique de l’Afrique, avec l’augmentation du prix du pétrole,

risque de s’aggraver un peu plus et nécessite de repenser les moyens qui permettraient

d’inverser cette tendance.

Dans ce contexte, l’énergie solaire semble être une piste d’autant plus intéressante à étudier

que l’Afrique possède d’énormes ressources d’énergie solaire sur l’ensemble de son territoire.

Les capteurs photovoltaïques ont enregistré une réduction récente des coûts de production

grâce aux nouveaux procédés de fabrication, ce qui permettrait un rapide développement des

installations de panneaux solaires. Aujourd’hui, les pays africains pourraient se doter d’usines

de fabrication de capteurs photovoltaïques.

La Banque Africaine de Développement accorde une importance particulière à cette

problématique énergétique et nous avons imaginé un ensemble de quatre scénarios, ayant

2020 pour horizon, qui présenteraient à cette institution, incontournable lorsqu’il s’agit de

développement de l’Afrique, d’appréhender l’impact potentiel de l’énergie solaire sur les

économies africaines ainsi que les facteurs endogènes et exogènes qui pourraient faire varier

la pertinence de l’énergie solaire pour le développement macro-économique de l’Afrique.

Dans un premier temps, les premiers capteurs seraient importés et installés en Afrique. Vu

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l’ampleur des réserves d’énergie solaire, il faudrait, à un moment, passer à l’industrialisation

locale, par des initiatives privées aussi bien que par des partenariats public/privé. A nos yeux

le succès de cette opération dépend de deux principaux facteurs :

la pertinence technologique du solaire par rapport aux autres sources d’énergie, en d’autres

termes, l’avantage comparatif de l’exploitation de l’énergie solaire,

la capacité de l’électricité solaire à doper les économies africaines et à initier un cercle

vertueux de développement économique.

Ces deux facteurs, qui sont en réalité deux inconnues, permettent de déterminer quatre

situations possibles. Voici un condensé de ses photographies «instantanées» du paysage

économique africain en 2020, grâce ou, selon les cas, à cause de la décision de la Banque

africaine de Développement de parier sur l’énergie solaire.

Le premier scénario, idéal, part de l’hypothèse que des innovations technologiques

couplées à une démocratisation progressive de l’énergie produite par les panneaux solaires ont

créé un cercle vertueux de progrès technique dans ce domaine. L’énergie solaire a

naturellement supplanté le pétrole, plus cher que jamais, comme source d’énergie dans les

foyers africains. Entreprises internationales et gouvernements locaux ont passé des accords

permettant une implantation de plus en plus large de panneaux solaires. La « solarisation » a

aussi bien touché les foyers que les entreprises, permettant ainsi de dégager des gains de

productivité significatifs qui ont pu être réinvestis et permis davantage de création de richesse.

Le solaire a permis d’approvisionner les campagnes: les écoles, les hôpitaux, les exploitations

agricoles, les foyers ont su profiter de cette technologie devenue fiable, adaptable partout

parce que nécessitant peu d’entretien et peu de frais de maintenance. Parallèlement, la

révolution solaire en Afrique a provoqué une forte médiatisation à l’échelle mondiale de la

success story d’une Afrique jouissant de ses propres ressources tant énergétiques

qu’humaines. Cette aura mondiale a pour effet d’attirer des entreprises internationales qui se

sont implantées dans ce marché jugé de plus en plus porteur, créant ainsi emplois et transferts

de technologie.

Le deuxième scénario, plus mitigé, suppose que dans contexte géopolitique turbulent

l’exploitation du solaire s’avère être un succès dans un premier temps seulement, en venant

compenser l’augmentation du prix du pétrole. Malheureusement le choix du solaire comme

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principal vecteur d'accès à l'énergie perd progressivement de sa pertinence et souffre de la

concurrence avec de nouvelles découvertes technologiques qui rendent notamment la

géothermie plus compétitive. Cette dernière s'avèrerait en effet plus rentable et

écologiquement plus performante. L'Afrique se retrouve ainsi dotée d'une technologie dont les

espoirs de progrès décisifs s'évanouissent à mesure que les fonds publics s'en détournent.

Dans un tel contexte, le solaire aura eu pour seul mérite d'approvisionner l'Afrique en énergie

pendant une période douloureuse, mais aura une fois de plus montré aux yeux du monde son

incapacité à faire les bons choix stratégiques et à prendre son destin en main.

Le troisième scénario ne remet pas en cause la pertinence technologique de l’électricité

solaire mais davantage l’incapacité des pouvoirs publiques africains. Plusieurs projets pilotes

ont été lancés avec succès en zones rurales. La BAD finance l’installation de panneaux

solaires dans ces villages, permettant ainsi une autosuffisance en matière de production et de

consommation d’électricité et, partant, le développement d’activités nécessitant cette énergie.

Malheureusement l’intensification nécessaire de cette technologie souffre de la difficulté à

coordonner tous les efforts, de la réticence des multinationales étrangères à s’investir dans un

projet qu’elles jugent trop peu rentables et des conflits interethniques qui perdurent.

Progressivement les nombreuses organisations internationales qui sont venus apporter leur

expertise en cellules photovoltaïques et autres business plans n’ont plus pris la peine

d’apporter financement et accompagnement pour permettre aux entrepreneurs locaux de

développer leur activité. Ainsi la technologie solaire n’a visiblement pas été cet élan moteur

nécessaire au « renouveau » du continent.

Le dernier scénario dresse un bilan catastrophique du projet visant à généraliser

l’exploitation et l’utilisation de l’électricité solaire. L’énergie solaire ne s’est développée que

de manière très sporadique dans certaines régions rurales largement récipiendaires des

nombreuses institutions de financement actives en Afrique. Les premiers résultats étaient

pourtant encourageants ; des investisseurs privés étrangers pariant sur le décollage des

économies rurales de ces pays se sont lancés dans l’aventure, avec le soutient de nombreuses

ONG, lesquelles ont, comme d’habitude de manière très chaotique, relayé la formation et

l’installation de panneaux solaires dans les zones délaissées par la BAD et le secteur privé.

Malheureusement, l’utilisation de l’électricité solaire ne s’est pas déployée en dehors de

certaines zones très reculées et n’a jamais été utilisée en agglomération. Les investisseurs

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privés ont préféré orienter leurs fonds vers les pays producteurs de pétrole et de gaz. Le prix

des panneaux photovoltaïques a été tiré vers le haut par une demande croissante en Europe et

les producteurs de panneaux se sont naturellement détournés du marché africain. L’énergie

solaire s’est révélée moins rentable que prévu et n’a pas eu l’effet d’entraînement économique

escompté. La problématique énergétique s’étant complexifiée avec la guerre silencieuse que

se livrent les Etats-Unis et la Chine, l’énergie solaire n’est plus une priorité pour personne et

la nécessité de sa mise en place a été occulté par la surenchère des occidentaux, des chinois et

même des russes pour s’approprier le droit d’exploiter les ressources naturelles africaines.

Mots-clés: Solaire, Energie, Afrique, Développement

The Solar Energy in Africa in 2020 – Four scenarios of possible speech by the African Development Bank in 2020

Abstract: The scarcity of electricity and the lack of access to energy sources are some of the

main problems faced by Africa, especially in rural society.

This is highly paradoxical since Africa abounds in energy resources; unfortunately those

abundant resources benefit western and, more recently, Chinese and Russian corporations,

rather than African people themselves; they seem to be, more than ever, victims of political

instability, interethnic conflicts and corruption.

In 2007, 10% only of African people had access to electricity. With increasing oil prices,

the situation is likely to worsen and makes it necessary to imagine alternatives that could

offset this dramatic tendency.

Solar energy is increasingly recognized as a potential solution. Solar electricity generators

became less expensive. Among other advantages they allow direct electricity production, even

on a very small scale and could be used both in rural areas and cities; they can easily be

expanded, have a very long life and operating reliability and are practically maintenance free.

The African Development Bank gives a particular attention to problems related to energy

and we designed a set of four scenarios, with 2020 as a horizon. The purpose of these

scenarios is to give the African Development Bank an idea of solar energy potential impact on

African economies and a clearer understanding of the endogenous and exogenous variables

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that could affect the efficiency of solar energy as a way of boosting African development.

Solar electricity generators would initially be imported to Africa and progressively be

produced locally via public/private partnerships and private initiatives.

We think that the success of such a project mainly depends on two factors:

- the technological comparative advantage of solar energy with respect to other

sources of energy,

- the capacity of solar electricity to boost African economies and to initiate a

virtuous circle of economic development.

Depending on those two factors, four scenarios describing the impact of solar electricity

can be imagined.

The first scenario is ideal and supposes that technological innovations combined with a

progressive generalization of solar electricity have created a virtuous circle of technical

progress. Solar energy substituted itself to oil as the main source of energy for households.

Foreign companies and local governments made agreements encouraging the implementation

of numerous solar generators. Both households and companies benefited from this success

and reinvested substantial amounts into the economy. Solar electricity is used to supply

schools, hospitals, farms and households. Everybody benefits from the fact solar energy has

become extremely reliable and maintenance free. This success is emphasised by Medias and

proves to the rest of the world that, for once, Africa is able to shape its future and to attract

international players, thus encouraging technology transfer.

The second scenario is less optimistic. It supposes that solar electricity is implemented in a

stormy geopolitical context. Initially, solar electricity compensates increasing oil prices but,

progressively, it loses its competitive advantage with respect to other more promising

renewable energies like geothermal energy. The latter, thanks to new discoveries, proved

itself more profitable and efficient. Africa finds itself with a technology that is already

obsolete. Investors are not interested anymore and, once more, Africa is viewed as incapable

of making the right strategic choices.

The third scenario does not question solar electricity comparative advantage but rather

local governments’ capacity to coordinate the implementation of solar electricity. A few

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projects have been launched successfully in rural areas and the AfDB initially financed the

installation of solar generators in isolated villages. Unfortunately the phenomenon does not

generalise itself. Foreign companies are reluctant to invest in a project that they consider

unprofitable and interethnic conflicts slow down the process. Nothing is done to accompany

local entrepreneurs and it becomes clear that solar electricity will not be responsible for

Africa expected renewal.

The last scenario is the most pessimistic one. Solar electricity only developed in a few

isolated areas, mainly because of massive subventions. Initially, the project had encouraging

results, with private investors and NGOs committing themselves into the process. But solar

electricity remains in isolated areas only and does not expand to major cities. Institutional

investors still prefer investing in oil countries. Because of an increasing demand in Europe,

solar generators become unaffordable and solar generators suppliers keep away from Africa.

Solar energy is less profitable than expected and does not generate a new economical

paradigm. The rise of new tensions between the US and China and the competition between

western countries, China and Russia to get the right to exploit African natural resources

explain why solar energy is not viewed as a priority anymore.

Key words: Africa, Solar, Energy, Development

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Table des matières

1. Le solaire en Afrique : quatre scenarii............................................................................. 20

1.1. Et la lumière fut …................................................................................................... 20 1.2. Bilan mitigé du solaire en Afrique selon la B.A.D. ................................................. 22 1.3. L’Afrique dans le noir .............................................................................................. 25 1.4. Comme d’habitude ................................................................................................... 32

2. Références ....................................................................................................................... 36

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1. Le solaire en Afrique : quatre scenarii

1.1. Et la lumière fut …

Lorsque les cours du brut se sont envolés après 2005, les projections des conséquences

pour l’Afrique étaient claires : on courait droit à la catastrophe. Mais aujourd’hui les cours du

pétrole sont au plus haut, et l’Afrique continue sur sa lancée : depuis 15 ans nous progressons,

et nous progressons sensiblement. A croire que la hausse du cours du brut n’a pas eu que des

effets négatifs sur les économies africaines. A croire que, malgré nos handicaps, les obstacles,

nos retards technologiques, nous avons fini par relever le défi, le grand défi du 21è siècle :

l’énergie.

La marche vers le soleil : entre sensibilisation et progrès technique

L’objectif était devenu donc clair dès la fin de l’année 2008 : trouver une solution

alternative afin réduire la facture énergétique de plus en plus insoutenable pour des pays

africains dont les économies étaient à la fois fragilisées mais aussi dépendantes du cours du

pétrole.

Il fallait éviter que la lumière ne s’éteigne sur l’Afrique. C’est dans cette perspective qu’un

grand nombre d’organisations internationales d’aides au développement telles que la BAD

(Banque Africaine de Développement) ont oeuvré pour trouver une solution à cette équation

énergétique. Aussi faut-il rappeler que l’énergie solaire connaissait simultanément un succès

grandissant (surtout depuis les années 90) du fait des progrès tant écologiques

qu’économiques qu’a provoqués cette source d’énergie renouvelable.

Par voie de conséquence, ces organisations internationales ont alloué des sommes

considérables au profit du développement de l’énergie solaire au sens large tant d’un point de

vue de la recherche que d’un point de vue communicationnel et ce via des ONG. En effet, ces

organisations non gouvernementales ont sensibilisé massivement les populations africaines

afin de leur faire prendre conscience du bien fondé de cette énergie. Parallèlement, les

entreprises ont intensifié leurs efforts de recherche et développement. Même les entreprises

liées au pétrole telles que Total se sont diversifiées et se sont orientées vers les énergies

renouvelables au sens large et au solaire en particulier prévoyant la flambée de la hausse du

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cours du brut.

Résultat des courses, des innovations technologiques allant de pair avec une

démocratisation progressive du KWH produit par des panneaux solaires ont créé un cercle

vertueux de progrès technique dans ce domaine. Le remplacement progressif de la silice

(composant à 60% des panneaux solaires avec cellules photovoltaïques) qui est polluant tant

dans son contenu que dans sa fabrication par la airlice qui est un composant quasiment non

polluant et dont la synthèse est bien moins coûteuse en terme environnemental et financier a

constitué une des avancées phares de l’énergie solaire. Mais l’avantage le plus notable des

panneaux solaires de l’airlice est sans doute le fait que ces panneaux nécessitent très peu

d’entretien et de services de maintenance du fait de leur grande fiabilité.

Diffusion en Afrique : du Sahara vers le reste du continent

D’un KWH à 50 centimes vers la fin de l’année 2008 à 5 centimes en 2010 et à 3 centimes

en 2015, l’énergie solaire a naturellement supplanté le pétrole comme source d’énergie dans

les foyers. Entreprises internationales et gouvernements locaux ont passé des accords dans la

finalité d’implanter des centrales thermiques à concentration au Sahara, dans lesquelles des

miroirs font converger la lumière du soleil. L’innovation majeure réside dans le fait que

l’énergie solaire emmagasinée pendant la journée est stockée et peut être restituée pendant la

nuit. L’énergie est ensuite transportée et acheminée vers les différents pays d’Afrique car

malgré quelques pertes d’énergie dans le transport, l’irradiation solaire au Sahara est telle que

le procédé demeure le plus rentable.

La révolution solaire : révolution industrielle made in Africa

Avec un coût moindre du KWH et une sensibilisation progressive des populations locales,

l’énergie solaire s’est avérée être l’élément déclencheur d’un grand nombre de mécanismes

caractéristiques du développement. En effet, la démocratisation et la généralisation de cette

source d’énergie dans les foyers africains ont eu des effets d’entraînement considérables à

l’instar de la vapeur durant la première révolution industrielle. La « solarisation » n’a pas

touché que les foyers africains mais aussi les entreprises au sens large permettant ainsi de

dégager des gains de productivité significatifs qui ont pu être réinvestis et permis davantage

de création de richesse. Les villes africaines ont attiré de plus en plus la population rurale

offrant des opportunités d’emploi de plus en plus intéressantes. L’exode rural a continué mais

est devenu plus raisonnable et les capacités d’accueil des villes ont enfin pu être renforcées.

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Pourquoi ?

Le solaire a permis d’approvisionner les campagnes: les écoles, les hôpitaux, les

exploitations agricoles, les foyers ont su profiter de cette technologie devenue fiable,

adaptable partout parce que nécessitant peu d’entretien et quasi aucun frais de maintenance.

La qualité de vie à la campagne s’est améliorée, indéniablement. Et celle des villes également,

enfin ! L’action conjuguée du ralentissement de l’exode rural et du développement du solaire

en ville qui a permis de traiter l’eau, d’implanter des industries… ont rééquilibré la donne,

conduit à un métabolisme territorial raisonnable.

Parallèlement, la révolution solaire en Afrique a provoqué une forte médiatisation à

l’échelle mondiale rendant compte de la success story d’une Afrique jouissant de ses propres

ressources tant énergétiques qu’humaines. Cette aura mondiale a eu pour effet d’attirer des

entreprises internationales qui se sont implantées dans ce marché jugé de plus en plus porteur

créant ainsi emplois et transferts de technologie. L’énergie solaire a constitué un levier de

développement pour l’Afrique. Ainsi, les gains de productivité permis par cette source

révolutionnaire d’énergie ont permis d’accroître le PIB par habitant ainsi que les recettes des

Etats. Ces derniers ont investi massivement dans la construction d’écoles et le financement de

l’enseignement afin de lutter contre l’analphabétisme, la qualité des soins hospitaliers…

Parce que nous Africains étions au pied du mur, parce que nos associations citoyennes ont

su travailler avec les ONG internationales et les gouvernements, nous avons pu assurer une

gestion africaine du projet et contrôler l’usage des fonds et la corruption. Gestion africaine

locale, contrôle de la corruption, transferts de technologies, effets d’entrainement et

collaboration de l’Occident à nos projets : la nouvelle martingale de notre développement ?

1.2. Bilan mitigé du solaire en Afrique selon la B.A.D.

Le 23 avril 2020, de notre envoyé spécial à Tunis

C’est sous un ciel pluvieux que le président de la Banque Africaine de Développement a

dressé un bilan pour le moins mitigé de l’opération “Afrique 2020”, lancée il y a plus de 10

ans, en pleine crise économique et énergétique. La Banque avait à l’époque profité de la grave

crise énergétique qui secouait l’économie mondiale, et l’Afrique plus particulièrement, pour

lancer un grand programme d’urgence énergétique, censé poser les bases d’un accès durable à

une énergie propre et à bas coût en dotant de nombreux villages africains de panneaux

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solaires. Si le programme d’installation s’est déroulé comme prévu, certains analystes

n’hésitent pas à souligner l’échec d’ “Afrique 2020”, tant les effets d’entraînement escomptés

tardent à se manifester.

Un rapide retour sur les évènements permet d’expliquer le peu de développement que ces

technologies ont su générer. A la fin de la décennie précédente, la B.A.D. décide de lancer son

programme. A partir de 2008, l’armée américaine commence à lancer des raids aériens contre

les installations stratégiques iraniennes. Le régime de Téhéran réplique en bombardant le

détroit d’Hormuz, plaque tournante du pétrole du Golfe. Le cours du pétrole s’envole comme

jamais auparavant et atteint bientôt, et durablement, les 200 $ le baril. S’ouvrent alors deux

années terribles pour l’économie mondiales. L’Afrique subit de plein fouet les conséquences

de ce nouveau choc pétrolier. Le prix du baril est dissuasif et beaucoup de pays africains s’en

remettent aux perfusions libyennes, que son omniprésident ne manque pas d’utiliser comme

une arme politique. Las, il ne viendra pas longtemps à leur secours et son projet panafricain

ne tardera pas à exploser en raison de l’embargo que les Etats-Unis ont lancé contre Tripoli,

accusée de soutenir Téhéran.

Au-delà des répercussions géopolitiques, c’est le sort de millions d’Africains qui se

détériore à cette occasion. Hormis quelques pays comme le Nigéria ou l’Angola, tous les pays

africains ont eu à faire face à une pénurie massive de pétrole, empêchant ainsi l’alimentation

des générateurs. Les conséquences furent dramatiques, dans les hôpitaux notamment. Face à

cette situation d’urgence, la Banque Africaine de Développement décide de lancer son

programme, conjointement à bon nombre de bâilleurs de fonds, au premier rang desquels

l’Union Européenne, à travers son fonds ECHO. Vite épaulés, sur le terrain, par les O.N.G.

Celles-ci ont vite compris les dangers que pouvait représenter une sous alimentation

énergétique durable en Afrique. Elles ont pour cela profité de leur expérience dans la

construction de puits et de leur connaissance des populations pour répondre de façon réactive

et cohérente, n’oubliant pas, notamment, de dispenser, parallèlement à l’installation de

panneaux solaires, des formations techniques pour l’utilisation et l’entretien desdits panneaux.

De ce point de vue, on peut penser que le programme d’installation des panneaux et de

distribution de l’énergie a été un succès. Le maillage local est assez dense, l’exploitation est

efficace et le prix de l’énergie a atteint des niveaux abordables et stables. La mission

d’urgence a indubitablement porté ses fruits, évitant en cela une grave crise humanitaire en

Afrique.

Cependant, le projet de la B.A.D était plus ambitieux que cela. Son but avoué, et les

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Arnaud Alia, Yahia Bensouda, Victor Cabanes, Hugues Guinoiseau, Gaëtan Irrmann – Le solaire en Afrique en 2020 – décembre 2007

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espoirs qu’il avait suscité, étaient d’enclencher un cercle vertueux en facilitant l’accès à une

énergie propre et peu coûteuse, ainsi que l’avaient prédit les Ministres en charge de l’énergie

des 15 Etats Membres de la CEDEAO dans le sommet dédié à l’état de l’accès aux services

énergétiques, à Lomé en novembre 2007. Hélas, les tissus économiques locaux n’ont pu

profiter à plein des bénéfices à en retirer. Le choix du solaire comme principal vecteur d’accès

à l’énergie perd en effet de sa pertinence quand on sait que cette technologie est vite passée de

mode, la privant par là-même des fonds indispensables à son développement. Les raisons de

cet échec sont multiples et pour la plupart étrangères à l’Afrique.

Les effets simultanés de divers scandales liés au solaire et d’innovations en matière de

géothermie (50% des investissements dans la recherche sur les énergies renouvelables en

2019) lui auront porté un coup sévère. Souvent présentée, à l’époque, comme une énergie

entièrement verte, l’énergie solaire s’obtient grâce au silice, dont l’empreinte écologique est

catastrophique. A la fin des années 2000, caractérisées par la pénétration de l’idée de

révolution verte dans les opinions publiques, le moindre doute quant à la “durabilité” d’une

technologie provoque, chez les écologistes, des levées de boucliers. Le solaire ne faisant pas

l’unanimité dans les milieux scientifiques, les fonds ont plus largement été alloués à une

technologie naissante, la géothermie, qui s’est rapidement avérée très rentable et

écologiquement performante. C’est cette technologie, très répandue aux Etats-Unis

notamment, qui a connu les innovations les plus décisives et récolté le plus de suffrages.

L’Afrique se retrouve ainsi dotée d’une technologie dont les espoirs de progrès décisifs

s’évanouissent à mesure que les fonds publics s’en détournent. Des investissements massifs

sont donc à prévoir, au moins dans les grandes villes, qui supporteront moins longtemps que

les villages ces infrastructures quasi surannées. En matière d’effets d’entraînement: peut

mieux faire !

L’opération de la Banque Africaine de développement aura au moins eu le mérite

d’approvisionner l’Afrique en énergie pendant une période douloureuse. On pourra tout de

même regretter que l’Afrique soit, une fois de plus, la victime de mauvais choix stratégiques

dont les enjeux se sont joués bien loin de chez elle...

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1.3. L’Afrique dans le noir

Les dossiers de Jeune Afrique

Le 1er décembre 2020, la mégalopole nigériane accueillera le « Congrès du Siècle »

organisé par la Banque Africaine du Développement. L’intelligentsia africaine sera au rendez-

vous ainsi que les représentants des principaux acteurs internationaux ayant des visées sur le

continent. La présence massive de représentants chinois témoignera de l’importance accrue de

la République Démocratique chinoise en Afrique.

Les débats promettent d’être particulièrement virulents compte tenu de l’intensification des

conflits intra étatiques survenus au cours de la dernière décennie et de l’accroissement

dramatique des inégalités sociales dans la plupart des pays africains mais également entre les

pays riches en énergie fossile et ceux dépendant des ressources de leur puissants voisins. La

Banque Africaine sera certainement tancée pour s’être révélée incapable de coordonner la

question énergétique pourtant si cruciale pour le développement et la stabilisation politique de

l’Afrique. Au coeur des débats, un constat d’échec : l’énergie solaire, malgré les financements

colossaux engagés par la BAD, ne s’est pas imposée comme nouvelle source d’énergie et n’a

pu compenser les facteurs déstabilisants inhérents à l’exploitation du pétrole.

Initialement, la volonté de la BAD de favoriser le développement de l’énergie solaire sur le

continent procédait d’un constat relativement simple.

En 2007, bien qu’étant parmi les premiers producteurs mondiaux d’hydrocarbures, le

continent affichait un bilan énergétique particulièrement déséquilibré. L’Agence

internationale de l’énergie venait de publier un important rapport sur la situation énergétique

mondiale comparant les principales ressources actuellement disponibles - pétrole, gaz,

charbon, nucléaire notamment - en fonction d’une multitude de paramètres : l’offre, la

demande, le prix, les conséquences sur le réchauffement climatique, etc. Remontant au début

des années 1990, le texte situait pour la première l’Afrique sur l’échiquier énergétique

mondial.

Toutes énergies confondues, l’Afrique avait consommé 435 millions de tonnes équivalent

pétrole (tep) en 2004. Une quantité qui lui conférait le ratio par habitant le plus faible de la

planète, avec 0,5 tep par an, contre 1,2 tep en moyenne sur la planète. Alors que le continent

abritait 13,7 % de la population mondiale, il ne consommait que 5,7 % de l’énergie disponible

sur le globe ! Les projections faites pat l’AIE étaient inquiétantes : on estimait qu’à l’horizon

2030, l’Africain moyen devrait voir sa consommation énergétique continuer à baisser (en

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passant à 0,47 tep par an) en raison de la croissance démographique particulièrement forte sur

le continent (+ 1,9 % par an, contre + 1 % au niveau mondial). La consommation totale de

l’Afrique devait, elle, passer à 687 millions de tep répartis entre 1,5 milliard d’individus (soit

5,9 % de la consommation mondiale pour 17,6 % de la population de la planète).

En 2004, 58 % de l’énergie consommée par l’africain moyen provenait de la biomasse et

du bois de chauffe. Une proportion qui selon les projections aurait du s’élever à 47 % en

2030. Le pétrole brut ne représentait, lui, que 25 % de la consommation énergétique africaine,

mais son coût pesait davantage sur la vie des populations urbaines. Quant aux énergies

renouvelables (eau, vent, soleil) - dont l’Afrique a toujours disposé en quantité -, elles en

représentaient à peine 2 %. Il s’agissait d’hydroélectricité la plupart du temps. Sans

d’importants investissements, l’AIE estimait que cette proportion ne pourrait pas dépasser les

3 % à l’horizon 2030.

Face à un tel constat, la prestigieuse institution décidait d’inciter les Etats à réorienter leur

politique énergétique en faveur des énergies renouvelables. Alors que 10% de la population

avait accès à une source d’électricité en 2008, la BAD se fixait pour objectif de faire en sorte

que 50% de la population y ait accès à horizon 2020. La BAD inscrivait dans ses priorités le

financement de projets liés à l’énergie solaire et faisait le pari que la banalisation de

l’utilisation de l’énergie solaire permettrait de doper les économies africaines en densifiant le

maillage industriel dans les zones rurales et en réduisant leur dépendance énergétique vis-à-

vis de pays tels que le Nigéria, la Lybie, l’Algérie ou l’Angola, généralement davantage

enclins à exporter leur ressources pétrolières vers les pays les plus riches, seuls capables de

s’aligner sur la hausse du prix du baril.

Aujourd’hui, les pays producteurs de pétrole sont plus riches que jamais et malgré des

investissements colossaux, la BAD n’a su imposer l’énergie solaire. 16% de la population

seulement a accès à l’électricité. Les raisons de cet échec sont multiples et complexes. Bien

des raisons sont exogènes au champ d’intervention de la BAD et leur explication nécessite un

bref portrait de l’évolution des problématiques énergétiques au cours des 15 dernières années.

Situation énergétique en 2020

En 2019, le continent produit, en moyenne, 15 millions de barils de brut par jour (b/j). Les

deux tiers proviennent de trois États : le Nigeria, la Libye et l’Algérie. 70% de la production

est exportée, ce qui représente une recette brute de 1029 millions de dollars par jour - soit 375

milliards de dollars par an -, grâce au cours moyen du baril qui s’élève à 150 dollars en

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2019.

Le développement des capacités de production et de livraison du gaz naturel africain a été

rendu possible par des investissements de plusieurs centaines de milliards de dollars et sa

production a cru en moyenne de 4,5% par an depuis 2007. La consommation locale a doublé

(elle est passée de 76 à 160 milliards de m3/an) et les exportations ont triplé (de 70 à 210

milliards de m3/an). L’essentiel des exportations se fait désormais à destination de l’Europe

via des gazoducs (de 66 milliards de m3/an en 2005, elle s’élève à 160 milliards de m3/an en

2019), le reste allant aux États-Unis par méthaniers (de 4 milliards de m3/an en 2004, les

ventes sont passées à 45 milliards de m3/an).

La technologie nucléaire s’est développée dans les pays africains les plus riches. La

centrale nucléaire sud-africaine à Koeberg, près du Cap, a vu le jour. Cette dernière utilise la

technologie relativement récente avec galets d’uranium du consortium PBMR réunissant la

firme sud-africaine Eskom et les sociétés américaine Exelon et britannique British Nuclear

Fuel. La Lybie, plus que jamais aux mains de la dynastie Kadhafi, s’est également pourvue

d’une centrale en 2018, après dix ans de travaux pharaoniques, y voyant un moyen de

signifier sa puissance à ses voisins. L’énergie produite par cette centrale, largement supérieure

aux besoins de sa population, est exportée vers l’Italie, désireuse de moins dépendre de

l’électricité française et vers les pays limitrophes. Le Nigeria s’est également lancé dans

d’importants projets nucléaires, lesquels une fois aboutis renforceront considérablement sa

mainmise sur l’Afrique de l’Ouest et faciliteront la distribution d’électricité aux 20 millions

d’habitants de Lagos.

Le charbon reste la ressource énergétique la plus abondante. Avec 5 % des réserves

mondiales de charbon, l’Afrique du Sud arrive au sixième rang des pays qui en sont le plus

pourvus. Si la part de ce combustible dans la consommation africaine est limitée (4 %), il

reste cependant l’une des sources de production électrique privilégiées : en 2004, il était déjà

à l’origine de 24 % de la production de courant et l’est encore en 2020 à hauteur de 34 %.

Comme pour le pétrole et le gaz, la production africaine de charbon est excédentaire : le

continent en produit 344 millions de tonnes, pour une consommation de seulement 270

millions.

Les bioénergies se sont faiblement développées. En 2019, l’éthanol représente 7 % de la

consommation mondiale de carburants (150 millions de tep). Le continent africain utilise ces

nouvelles énergies (depuis 2010 seulement) à hauteur de 3,5 millions de tep en 2019, soit 0,5

% de la consommation totale. Même si l’Afrique dispose des ressources nécessaires, le

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modèle brésilien, où l’éthanol représente désormais 70 % des carburants, s’est révélé être

difficilement transposable, le continent ne bénéficiant pas des conditions climatiques qui lui

permettraient d’obtenir des récoltes suffisamment importantes pour jouer un rôle dans la

production de ce type de carburant.

L’énergie solaire : genèse d’un échec

L’énergie solaire, quant à elle, ne s’est développée que de manière très sporadique dans

certaines régions rurales largement récipiendaires des nombreuses institutions de financement

actives en Afrique. Les 12 milliards d’euros investis par la BAD en 2008 étaient initialement

destinés à la formation de la main d’oeuvre locale aux technologies associées au solaire et à

l’installation de panneaux. Les stratèges de la BAD ont collaboré avec les Etats concernés

pour choisir les zones rurales expérimentales et y ont envoyé des instructeurs spécialisés. La

BAD espérait à la fois contribuer au développement économique des zones les plus reculées

et faire émerger une économie autour de l’énergie solaire. A cet investissement initial, se sont

ajoutées plusieurs tranches de plusieurs milliards d’euros échelonnées sur 10 ans. Les

premiers résultats étaient encourageants et certains investisseurs privés étrangers pariant sur le

décollage des économies rurales de ces pays se sont lancés dans l’aventure, investissant aussi

bien dans l’installation de panneaux solaires, la production d’énergie solaire et la distribution.

De nombreuses ONG y ont vu le salut de l’Afrique et se sont lancées dans des projets de

grande ampleur, comme d’habitude de manière très chaotique, pour relayer la formation et

l’installation de panneaux solaires dans les zones délaissées par la BAD et le secteur privé. En

2012, la chaîne BBC réalisait un reportage largement diffusé sur une petite région du Mali,

dans laquelle tous les espoirs associés à l’énergie solaire semblaient porter leur fruit. Les

paysans locaux s’étaient habitués à cette nouvelle source d’électricité et leur productivité

s’était considérablement améliorée. Les villages, structurés autour d’imposant panneaux

photovoltaïques, avaient vu l’apparition de commerces et de petites agences bancaires. La

BAD commençait à réfléchir à des moyens d’étendre l’énergie solaire aux zones urbaines.

Mais en

2015, une équipe de PWC, spécialisée en énergie renouvelable et mandatée par la BAD

pour auditer ses investissements dans l’énergie solaire, dressait un constat alarmant. Sur les

49 milliards d’euros investis par la BAD dans des projets liés au solaire, elle estimait qu’au

moins 19 milliards de dollars auraient été détournées par les autorités locales (souvent

utilisées comme intermédiaire lors des opérations de financement). L’énergie solaire est alors

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vécue comme un échec par la BAD. L’impact de l’énergie solaire dans la plupart des zones où

elle s’est diffusée semble limité. La BAD réalise que certaines données statistiques fournies

par les gouvernements concernés étaient sciemment exagérées pour prolonger l’apport de

capitaux, souvent détournés sur des comptes en Suisse. L’utilisation de l’électricité solaire ne

s’est pas déployée en dehors de certaines zones très reculées et n’a jamais été utilisé en

agglomération. Les investisseurs privés ont préféré orienter leurs fonds vers les pays

producteurs de pétrole et de gaz, dont la croissance du PIB (11% en moyenne en Angola et

9% au Nigeria) est généralement plus prometteuse en termes de débouchés économiques. Le

prix des panneaux photovoltaïques a été tiré vers le haut par une demande croissante en

Europe et les producteurs de panneaux se sont naturellement détournés du marché africain.

L’énergie solaire s’est révélée moins rentable que prévu et n’a pas eu l’effet d’entraînement

économique escompté.

De fait, la mise en place d’une économie africaine en phase avec l’utilisation de l’énergie

solaire aurait nécessité une plus grande coordination entre les politiques énergétiques des

Etats africains, mais cette coordination a été rendue quasiment impossible par les volontés

hégémoniques des Etats les plus puissants.

L’énergie solaire à l’ombre des tensions géopolitiques

La manne pétrolière, en effet, a favorisé l’émergence de puissances régionales, à l’image

du Nigeria, de l’Algérie et de la Libye. Ces pays ont crée de véritable zones d’influences où

elles ont pris en charge la distribution et le transport de pétrole et de gaz. Les pays limitrophes

se sont vassalisés, les gouvernements étant d’autant plus faibles que leur propre pays restaient

souvent en proie à des guerres interethniques et à des épidémies redoutables et variées. Il

semblerait que le Nigéria par exemple ait poussé le gouvernement du Niger en 2014 à

financer un oléoduc avec des fonds initialement prévus pour des projets d’électricité solaire.

La Libye pour sécuriser ses frontières et pour compenser le peu d’habitants qu’elle a par

rapport à ses voisins, à noué des alliances stratégiques avec l’Egypte et les pays limitrophes

au sud en leur garantissant un apport à prix préférentiel en énergie. Depuis 2014, la Libye est

sorti de l’Opep ; elle peut ainsi librement choisir ses prix et tisser des liens privilégiés avec les

pays qu’elle a choisi. Ces pays alliés ont rapidement abandonné l’idée de développer l’énergie

solaire trop coûteuse par rapport à l’énergie libyenne. La Libye a crée sa propre banque de

développement qui interfère souvent avec la BAD, cette dernière étant présentant dans la

rhétorique de Kadhafi comme étant l’émanation de l’impérialisme occidentale et chrétien.

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De plus, la problématique énergétique s’est complexifiée avec la guerre silencieuse que se

livrent les Etats-Unis et la Chine. Le continent - avec vingt pays producteurs -, s’est imposé

comme le premier fournisseur des Etats-Unis et de la Chine et les pays africains producteurs

ont tiré parti de la modification des rapports de force internationaux sur un marché confronté à

la montée en puissance de la Chine et au repli stratégique des pays du Golfe. Malgré des

réserves qui en 2010 était 2,3 fois inférieures à celles de l’Arabie Saoudite, l’Afrique a gagné

un poids grandissant et est devenu le point focal de la géopolitique contemporaine.

Progressivement, l’énergie solaire n’était plus une priorité pour personne et la nécessité de sa

mise en place a été occultée par la volonté des principaux acteurs de mettre la main sur les

ressources pétrolières et gazières africaines.

Du nord au sud, de l’Algérie à l’Angola, l’Afrique fournit en 2020 un peu plus de 30 % des

besoins des États-Unis. En 2006, l’Afrique subsaharienne - Nigeria, Angola, Tchad,

Guinée équatoriale, Gabon, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Cameroun et RD Congo –

livrait déjà 18 % du pétrole brut acheté à l’étranger par les Américains (déjà autant que le

Canada ou le Mexique et davantage que l’Arabie Saoudite ou le Venezuela) et cette

proportion est passée à

27%. L’Algérie s’est imposée en quelques années comme l’un des principaux partenaires

africains des américains.

La Chine a littéralement fait irruption sur l’échiquier pétrolier international et, plus

particulièrement, africain. Le continent fournit désormais plus de la moitié des importations

pétrolières chinoises. Selon la Banque mondiale, elles se sont élevées en 2005 à 13,2 milliards

de dollars contre 3,6 milliards cinq ans plus tôt, et depuis ont augmenté chaque année de 30

%. La montée en puissance chinoise a inquiété les Américains, obsédés par la sécurisation des

flux pétroliers, et ce d’autant plus que Pékin a déployé une stratégie qui a heurté de front leurs

intérêts. La présence chinoise s’est amplifiée au Nigéria et en Angola, qui exporte désormais

plus de pétrole vers la Chine que vers les États- Unis. La stratégie pétrolière chinoise en

Afrique a pris à revers les orientations politiques du bloc occidental. C’est le cas du Soudan,

pays mis au ban de la communauté internationale depuis plus de deux décennies, où la Chine

produit et achète l’essentiel du pétrole. Les entreprises chinoises y ont financé la construction

d’un pipeline de plus de 1 000 kilomètres pour 15 milliards de dollars et Pékin est resté le seul

protecteur du Soudan malgré les massacres perpétrés dans la région du Darfour dans les

années 10. Avec la Chine, la donne a changé. Il n’y a plus de condition politique au

partenariat, la méthode affirmée est la suivante: financement et prêts contre pétrole. C’est ce

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qu’a fait Pékin, notamment, en accordant un premier prêt de 2 milliards de dollars de crédit à

l’Angola en 2005 et un deuxième prêt colossal de 7 milliards de dollars en 2017. La Chine

s’est toujours désintéressée du potentiel énergétique du solaire et ses partenaires africains se

sont alignés.

La surenchère des occidentaux, des chinois et même des russes pour s’approprier le droit

d’exploiter les ressources naturelles africaines a occulté les problématiques de développement

économique. Certes la demande internationale directe, qu’elle émane de la Chine ou des

États-Unis, a alimenté significativement la croissance des pays pétroliers africains. Tout

comme elle l’a fait indirectement, en tirant le prix du baril vers des sommets. Mais ces gains

n’ont pas été équitablement partagés et n’ont pas profité aux populations de la plupart des

pays pétroliers africains, où les profits ont essentiellement enrichi les élites. Les pays africains

ne se sont pas engagés vers une plus grande transparence.

Certes, en achetant des matières premières à des prix élevés et en vendant des biens de

consommation à des prix bas, la Chine a contribué au développement de certains pays, mais

les pays pauvre en énergie fossile laissés de côté sont pour la plupart plus pauvres que jamais.

C’est précisément ce que la BAD voulait éviter en incitant ces pays à développer l’énergie

solaire, mais son influence s’est progressivement marginalisée au profit des enjeux

impérialistes des chinois et des américains. Sa capacité de coordination s’est effritée au fur et

à mesure que certains pays soutenus par la Chine se sont soustraits aux conditions imposées

par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Alors que la rente pétrolière

aurait pu être une source extraordinaire de développement, elle s’est avérée être un facteur

d’instabilité. Le volume élevé de ressources tirées du pétrole a crée de fortes distorsions, a

favorisé la corruption et entraîné l’incapacité des gouvernements ou leur absence de volonté

d’enclencher des politiques pour un développement harmonieux, équilibré et durable. En bref,

l’énergie solaire a été occultée au profit d’enjeux à court terme.

Ce constat d’échec devrait inciter la BAD, lors du prochain congrès, à repenser son rôle

dans un contexte géopolitique radicalement différent. L’insuccès de l’énergie solaire témoigne

des difficultés à coordonner une politique de développement durable ayant un impacte à très

long terme dans un contexte où les tensions géopolitiques limitent considérablement l’horizon

temporel. Encore une fois l’Afrique, en dehors de certains pays, est la grande perdante.

L’énergie solaire semblait pourtant pleine de promesses lorsque la BAD décidait en 2008 de

se lancer dans l’aventure. Encore une fois, les africains n’ont pas eu leur avenir entre leurs

mains et ont fait le jeu de l’impérialisme. Peut-être, à l’image de ce que nous expliquait un

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dirigeant de la BAD sous couvert d’anonymat, la BAD aurait-elle davantage dû permettre aux

ruraux africains de s’approprier l’énergie solaire plutôt que de leur imposer artificiellement

l’utilisation de cette énergie par le biais de subventions ?

1.4. Comme d’habitude

Jeudi 23 avril 2020

Tunis, Tunisie

de notre envoyé spécial, Mahamadou Ndiata

Depuis lundi se tenait à Tunis, le sommet organisé au siège de la Banque Africaine de

Développement à propos du plan Afrique 2020. Ce plan lancé en avril 2010 lançait un

programme de mise en place généralisée de la technologie photovoltaïque permettant de

transformer localement l’énergie solaire en électricité. Cette manne énergétique à moindre

coût, comparé aujourd’hui à l’énergie fossile, devait alors être un « moteur nouveau de

développement économique » pour le continent…

C’est l’heure du bilan à Tunis. Dans le cadre du plan Afrique 2020, se tient depuis lundi un

sommet organisé par la BAD, la Banque Africaine de Développement. Le plan Afrique 2020,

lancé en avril 2010 visait à faire du solaire photovoltaïque le « moteur nouveau de

développement économique ». Le constat initial paraissait pourtant plein de bon sens :

l’Afrique a du soleil, les prix des énergies fossiles commençaient à flamber, la technologie

photovoltaïque commençait à très bien fonctionner en Europe : électrifions l’Afrique au

solaire pour la sortir du sous-développement.

Un ciel radieux, 29°C à l’ombre, bord de mer. Le décor est idéal pour accueillir

l’assemblée générale de la Banque Africaine de le Développement (BAD). D’éminents chefs

d’Etat africains sont présents ; l’ONU via les représentants du PNUD (Programme des

Nations Unies pour le Développement) est là aussi. Les cortèges des plus puissantes

personnalités politiques et économiques concourent à celui qui sera le plus impressionnant :

les présidents des Etats-Unis et de Chine, la présidente de l’Union Européenne, celle d’Inde,

les PD-G de General Electric et d’EDF-Total entre autres. Tout le monde se salue, sourie,

s’embrasse. Une bien belle photo de famille … en apparence.

Car le ton du discours inaugural de Lassana Diarra, président de la BAD, évite d’emblée la

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langue de bois : « Si nous sommes tous réunis ici, c’est pour comprendre, analyser et rebondir

sur les résultats du plan Afrique 2020 que nous avions lancé il y a plus de dix ans. Force est

de constater que les résultats ne sont pas là. » Pour mémoire, ce plan « Afrique 2020 » avait

lancé en 2009 et mené à bien par la BAD. Celle-ci se devait de combiner et coordonner les

actions des Etats africains et des diverses institutions internationales, des entreprises

multinationales à même d’investir sur le continent, et enfin des différents ONG et

organisations civiles ou commerciales locales. Le principe premier de ce plan était de relancer

le développement de notre continent, qui était déjà en retard par rapport aux autres,

notamment à travers l’apport d’énergie via la technologie solaire. Le constat est consternant :

l’Afrique reste le continent le plus pauvre du monde, l’IDH y reste en moyenne largement

inférieur à 0,5. La faute à avoir voulu trop insister sur le rôle supposé moteur du

développement d’une infrastructure électrique grâce au solaire ? Pas si simple.

Comme le rappelle fort justement M. Diarra, l’aventure semblait pourtant bien partie. Le

succès de la récente génération de technologie solaire dès 2009 promettait un avenir radieux.

Plusieurs projets pilotes avaient été lancés avec succès en zones rurales. La théorie – et alors

la pratique – semblaient simples : la BAD finançait l’installation de panneaux solaires dans

ces villages, ce qui permettait une autosuffisance en matière de production et de

consommation d’électricité et, partant, le développement d’activités nécessitant cette énergie.

Les succès étaient alors nombreux : Sénégal, Mauritanie, Namibie … Mais les diverses

tentatives d’expansion de ce modèle à de moyennes villes furent autant d’échecs.

L’intervention du colonel Kadhafi, bien que provocante, pourrait éclairer le sujet. S’en

prenant aux représentants des multinationales de l’énergie, il leur reproche de ne pas s’être

impliquées autant que ce à quoi elles s’étaient engagées une décennie auparavant. En effet, «

la technologie solaire est un succès. Vous implantez des foyers de panneaux solaires par

centaines, par milliers en Asie, en Amérique, en Europe, en Océanie. Et ici ? Je vous le

demande ? … Votre silence est évocateur. Et bien moi, Mesdames, Messieurs, moi, je vous le

dis. Tout simplement parce qu’à l’identique de vos grands-parents qui n’installèrent pas

l’infrastructure électrique lors de la colonisation de notre continent, et bien, vous, à

l’identique et en désaccord total avec vos engagements du plan Afrique 2020, avez trouvé

toutes les excuses du monde pour ne pas développer cette nouvelle technologie ici. Et

pourquoi ? Parce que, malgré tous vos discours sur la place de l’homme dans l’économie, tout

ce qui vous intéresse reste le profit capitaliste. Parce que le développement économique et

humain de plus d’un milliard d’êtres humains est en réalité loin de vos préoccupations. »

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Brouhaha et applaudissements, scandale et ferveur. Christine Lagarde, P-DG d’EDF-Total,

prend alors la parole. Et avant tout, reproche au leader libyen de ne pas venir nourrir le débat

et de n’apporter aucun point constructif. Mme Lagarde reconnaît certes que le retour sur

investissement est plus avantageux en Californie qu’en Angola. « Mais rien ni personne ne

nous forçait il y a dix ans à nous lancer dans ce projet […] Il est cependant indéniable que la

formation technique est plus poussée à San Francisco que dans la plupart des régions

africaines. » Raison suffisante ? Malhonnêteté intellectuelle ? La réalité est effectivement là :

une étude indépendante de la BAD révèle que 7 panneaux solaires sur 10 étaient défectueux

au bout de 3 ans d’installation. La faute à qui ?

« Ajoutons à cela les nombreuses crises géopolitiques que nous avons dû affronter »,

renchérit-elle alors. Nous comprenons par là non pas tellement des zones telles que la corne

est du continent par exemple, où peu de multinationales ont osé s’installer. Mais il s’agit

surtout des nombreux affrontements de clans, présents dans nombre de nos villes, et qui se

sont effectivement opposés pour le contrôle de cette nouvelle manne.

Là encore, brouhaha, scandale. Et ce n’est qu’après une multitude de prises de parole par

tel chef d’Etat ou par tel directeur de compagnie, qu’intervient Blaise Sakolo, porte-parole du

collectif Africa2020, regroupant de très nombreuses associations civiles ou commerciales à

envergue locale. « Mesdames, Messieurs. Tous vos discours sont bien loin de la réalité du

terrain. Celle que nous rencontrons est celle du quotidien. Comment voulez-vous que l’on

s’improvise technicien électricien, dans un pays où avant ce plan le peu d’électricité que nous

usions venaient généralement de générateurs au pétrole ? Comment voulez-vous que l’on

développe notre économie grâce à une électricité désormais quelques fois plus accessibles

alors que notre économie justement stagnait jusque là parce que justement ne se fondant pas

principalement sur l’utilisation intensive d’électricité ? […] Les nombreuses organisations

internationales qui sont venus apporter leur expertise en cellules photovoltaïques et autres

business plans n’ont non plus pris la peine d’apporter financement et accompagnement pour

permettre à nos nombreux entrepreneurs locaux de développer leur activité. »

Le sentiment final reste bien pessimiste. L’effort – plus ou moins important selon les

différentes voix – consenti à développer la technologie solaire n’a visiblement par été un élan

moteur pour le « renouveau » de notre continent pour reprendre les termes de M. Sarkozy,

président français lors du lancement du plan. Certes, cette manne a au moins permis

l’approvisionnement en électricité de plus nombreux foyers. Mais peut-être au détriment

d’une utilisation de cette manne pour l’industrie, les services.

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Enfin, le sentiment le plus triste au sortir de ce nième grand sommet au sujet de l’Afrique

est celui d’une constance : le retard de l’Afrique. Comme il y a dix ans, l’Afrique est en retard

technologiquement et économiquement par rapport aux autres continents. Comme il y a dix

ans, chefs d’Etat et de multinationales globales apportent surtout de beaux discours. Et

comme il y a dix ans, ce sont au final les populations qui pâtissent des querelles de sommets

et s’activent, elles, à faire vivre l’Afrique de la base ■

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2. Références

Guy Marboeuf (2003). Les expérience d’EDF et de ses partenaires en matière de SSD au Mali. EDF, programme Access Banque Africaine de Développement (2004). Infrastructures Régionales : Expérience, tendances et challenges – le cas de l’énergie www.afdb.org/ site de la B.A.D. http://www.iea.org/ site de l’Agence Internationale de l’Energie http://www.infinitefutures.com/ site académique sur les scenarii