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Quel(s) remède(s) prescrire contre la prescription? Maîtres Claude SONNET & Daniel PRICKEN – Cabinet d’avocats ACTEO 1

Quel remède prescrire contre la prescription?s...essentiels de ces personnes publiques et intéresse, dès lors, l’ordre public (Gand, 5 février 2013, T.F.R. 2013, liv.451, p.929)

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Quel(s) remède(s) prescrire contre la prescription?

Maîtres Claude SONNET & Daniel PRICKEN – Cabinet d’avocats ACTEO1

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PLAN

I. Introduction1.1. Définition

1.2. Fondement

1.3. Limites de l’exposé

1.4. Déférences doctrinales

II. Rappel des règles générales régissant la prescription2.1. Effets

2.2. Règles d’ordre public ou d’ordre privé?

2.3. Computation des délais

III. Avatars des délais de prescription3.1. Interruption

3.2. Suspension

3.3. Prorogation

IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix4.1. Critères de distinction

4.2. Délais préfix – Applications 2

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PLAN

V. Les délais5.1. Délais de droit commun et principales exceptions résultant de lois particulières

5.2. Prescriptions de plus courte durée

VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS6.1. Prescription

6.2. Délais préfix

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I. Introduction

1.1. Définition : Art. 2219 C.civ.

« La prescription est un moyen [d’acquérir ou] de se libérer par un certain laps de temps, et sous les conditions déterminées par la loi »

« Mécanique libératoire » simple :

-> l’inaction du créancier pendant un certain temps l’empêche d’agir

-> en sens inverse, cette inaction offre au débiteur une défense pour repousser l’action

1.2. Fondement : Paix sociale

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I. Introduction1.3. Limites de l’exposé

Prescription

acquisitive

extinctive (libératoire)

des principales actions personnelles

liées à des droits de créances nés :• d’un contrat• d’un quasi-contrat• d’un quasi-délit

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I. Introduction1.4. Références doctrinales

C. EYBEN et J. ACOLTY, « La prescription extinctive en droit civil et commercial », in Laprescription (sous la direction de B. COMPAGNION), Coll. Jeune Barreau de Mons, Anthémis, Limal,2011, pp 9 à 114 ;

M. MARCHANDISE, [De Page] Traité de droit civil belge, Tome VI : « La prescription. Principesgénéraux et prescription libératoire », Bruxelles, Bruylant, 2014.

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

2.1. Effets :

Eteint l’action Fin de non-recevoir : irrecevabilité de la demande

Mais n’affecte pas l’existence du droit subsistance d’une obligation naturelle

Survie des exceptions ? (Adage « Quae temporalia sunt ad agendum, perpetua sunt adexcipiendum »)

Casus n°1 – « Quae Temporalia… »

Un vendeur, se sachant coupable d’un dol à l’encontre de l’acheteur, assigne ce dernier à l’extrêmelimite du délai de prescription afin d’obtenir sa condamnation au paiement du solde du prix.

L’acheteur, jusque là, s’était abstenu d’agir en nullité, précisément parce que le vendeur ne luiréclamait pas le solde du prix.

Le jour où l’affaire est introduite devant le Tribunal, le délai de prescription est échu.

Que peut encore faire l’acheteur ?7

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

2.1. Effets (suite)

L’adage « Quae temporalia… » est admis par la doctrine et la jurisprudence (équité).

Comme moyen de défense au fond le défendeur conclura au non-fondement de la demande.

L’adage s’applique à toutes les exceptions (déchéance, exception d’inexécution, garantie d’éviction,etc.) et pas seulement l’exception de nullité.

Illustration n°1:

Cass., 22 octobre 1987, R.C.J.B., 1991, p.258, note F. GLANSDORFF : Déchéance conventionnelle endroit des assurances.

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

2.2. Règles d’ordre public ou d’ordre privé? Prescription = institution d’ordre public

Mais qui concerne des intérêts privés

-> Art. 2220 C. civ. : les parties ne peuvent renoncer à l’avance à la prescription (mais on peutrenoncer à la prescription déjà acquise)

-> Art. 2224 C. civ. : la prescription peut être opposée « en tout état de cause » et même pour lapremière fois en degré d’appel MAIS pas devant la Cour de cassation (Pourquoi ?)

-> Art. 2223 C. civ. : le juge ne peut soulever d’office le moyen de la prescription SAUF si matièred’ordre public selon la loi (loi fiscale)

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

2.2. Règles d’ordre public ou d’ordre privé?

Illustrations n° 2, 3, 4 et 5

En vertu de l’article 2223 C. civ., les juges ne peuvent suppléer d’office le moyen résultant de laprescription. Le juge ne peut, dès lors, appliquer ce moyen que lorsqu’il est invoqué par l’intéressé,sauf dans les causes intéressant l’ordre public » (Cass. (1ère Ch.), R.G.C. 10.0401.N, 6 octobre 2011, Pas.2011, liv.10, p. 2143 qui casse un jugement du Juge de Paix du Canton de Brée statuant en dernierressort, lequel avait appliqué d’office le moyen résultant de la prescription dans une matière nerelevant pas de l’ordre public).

L’art.100, al.2, des lois coordonnées sur la comptabilité de l’état qui fixe la prescription (5 ans) desactions en paiement des créances contre l’Etat, les communautés et les régions, règle les intérêtsessentiels de ces personnes publiques et intéresse, dès lors, l’ordre public (Gand, 5 février 2013, T.F.R.2013, liv.451, p.929)

La disposition relative à la prescription (2 ans) de l’action en paiement de prestations de l’assurance soinde santé est d’ordre public, ce caractère résultant du libellé du texte légal concerné (art.106 de la loidu 9 août 1963 instituant et organisant un régime d’assurance obligatoire contre la maladie etl’invalidité) lequel précise qu’il ne peut être renoncé au bénéfice de cette prescription (Cass., R.G.S.95.17.F, 18 septembre 1995 (UNMS-LIERNEUX), Pas. 1995, I, p.824)

Les dispositions légales déterminant les délais de prescription relatifs à l’établissement et aurecouvrement de l’impôt, relèvent elles aussi de l’ordre public.

-> Art. 2223 C. civ. et art. 806 C. jud. : et quand le juge statue par défaut ?10

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

2.3. Computation des délais• Art. 2260 C. Civ. : « La prescription se compte par jours, et non par heures »

• Art 2261 C. civ. : « Elle est acquise lorsque le dernier jour du terme est accompli »

Par jour entier

Le Dies a quo n’entre pas dans le délai

Le Dies ad quem entre dans le délai

De minuit à minuit

Sans égard au nombre de jours dans le mois, selon le calendrier grégorien

De quantième à quantième ou de date à date

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II. Rappel des règles générales régissant la prescription

Casus n° 2 : Computation des délais

• Un acte de vente d’immeuble est signé le 10/08/2019 à 10h00 :

-> Délai de prescription de l’action en paiement du solde du prix ?

-> Premier jour pris en compte pour calculer le délai ?

-> Dernier jour utile pour assigner ?

-> Quand la prescription est-elle « acquise » ?

-> Et si jour de l’évènement qui fait courir le délai est le 29 février ?

-> Et si le dernier jour du délai est un samedi, un dimanche ou un jour férié ?

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Illustration n°6Ligne du temps

10/08/2009 11/08/2009 10/08/2019 11/08/2019

Minuit 0h01 minuit 0h01

Acte Vente

10h00

Dies a quo dies prescription(quantième) ad acquise

quem(quantième)

10 ans

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption

3.1.1. Fondement et définition

• Sorte de correctif à l’« inéquité » de la prescription

• Actes juridiques

• Émanant :– Soit du créancier qui manifeste sa volonté d’exercer son droit– Soit du débiteur qui admet l’existence de ce droit

Le cours de la prescription est brisé

• Sauf exception, aucune limite à la répétition des actes interruptifs

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.2. Causes d’interruption de la prescription (art. 2242 à 2250 C. civ.)

A. Interruption émanant du titulaire du droit (créanciers) :

– Citation au sens large (art. 2244, §1er C. Civ.)

– Commandement (art. 2244, §1er C. Civ.)

– Saisie (art. 2244, §1er C. Civ.)

– Mise en demeure spéciale par avocat, huissier de justice ou personne autorisée àester en justice en vertu de l’article 728, §3 C. jud. (art. 2244, § 2 C. Civ.)

– Convention des parties

B. Interruption émanant du débiteur :

– Reconnaissance du droit par le débiteur (art. 2248 C. civ.)

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.3 Focus sur trois causes d’interruption majeuresA. La citation (au sens large)

B. La mise en demeure spéciale

C. La reconnaissance

A. La citation en justice (au sens large)

A.1. Notion

La « citation » de l’art.2244, §1er C.civ. =

– «Tout acte introductif d’instance saisissant une juridiction d’une cause » (Cass.,9décembre 1996, JT, 1997, p.780) et plus précisément :

– « Toute demande d’une partie tendant à faire reconnaitre en justice l’existence d’undroit menacé » (Cass., 18 novembre 2010, R.G.D.C., 2013, p.398), et

– Exprimant clairement la volonté de faire valoir ce droit !

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.3 Focus sur trois causes d’interruption majeures

Casus n°3 – Notion de « citation »

Les actes suivants sont-ils assimilables d’une « citation » ?

- Une requête contradictoire

- Une demande d’assistance judiciaire

- Des conclusions formalisant une demande incidente

- Une requête unilatérale

- Un appel en conciliation (obligatoire – non obligatoire)

- Un procès-verbal de dires et difficultés dans les contestations nées à propos d’un partage judiciaire

- Le dépôt d’une plainte pénale

- La citation en déclaration de jugement commun

- La requête conjointe

- La citation en référé tendant à l’octroi de mesures provisoires

- Le référé-provision

- La déclaration de personne lésée (art. 5bis du Titre préliminaire C.proc.pén.)

- La constitution de partie civile17

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)A.2. Moment où se produit l’interruption

« Philosophie » de l’acte interruptif : l’effet interruptif de la citation résulte de la manifestation de lavolonté du créancier de faire valoir son droit

Donc, l’interruption se produit le jour de l’acte où cette volonté se manifeste

Moments auxquels se produit l’effet interruptif :

– Signification ?

– Dépôt au Greffe ?

– Prise de connaissance ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)A.3. Evènements procéduraux qui peuvent influer sur l’effet interruptif de la citation

a. La citation nulle interrompt-elle la prescription ?

(ex : irrégularité de l’identification de la partie citée [nom, prénom, domicile])

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)A.3. Evènements procéduraux qui peuvent influer sur l’effet interruptif de la citation

a. La citation nulle interrompt-elle la prescription ?(ex : irrégularité de l’identification de la partie citée [nom, prénom, domicile])

. Art. 2244, §1, al.2 C.civ. :

« Une citation en justice interrompt la prescription jusqu’au prononcé d’une décision définitive »

-> jusqu’au jugement qui statue sur la nullité.

. Art. 700 C.jud. :

« A peine de nullité les demandes principales sont portées devant le juge au moyen d’une citation… Lesactes déclarés nuls pour contravention à la présente disposition interrompent la prescription »

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)A.3. Evènements procéduraux qui peuvent influer sur l’effet interruptif de la citation

b. La citation devant un Juge incompétent interrompt-elle la prescription ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)A.3. Evènements procéduraux qui peuvent influer sur l’effet interruptif de la citation

b. La citation devant un Juge incompétent interrompt-elle la prescription ?

. Art. 2246 C.civ. :

« La citation en justice, donnée même devant un Juge incompétent, interrompt la prescription »

. Et en application de l’art. 2244, §1, al.2, l’interruption de la prescription se prolonge jusque :

- Soit le moment où la décision du juge qui se déclare incompétent devient définitive;

- Soit le moment où la décision du juge compétent auquel la cause a été renvoyée devient définitive.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

c. La citation nulle pour contravention à la loi du 15 juin 1935 concernant l’emploi des languesinterrompt-elle la prescription ?

(ex : citation en français devant le Tribunal de l’entreprise de Leuven)

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

c. La citation nulle pour contravention à la loi du 15 juin 1935 concernant l’emploi des languesinterrompt-elle la prescription ?(ex : citation en français devant le Tribunal de l’entreprise de Leuven)

. art.40, alinéa 3 de la loi :

« les actes déclarés nuls pour contravention à la présente loi interrompent la prescription »

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

d. L’acte de procédure non recevable pour défaut d’inscription à la BCE interrompt-il la prescription ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

d. L’acte de procédure non recevable pour défaut d’inscription à la BCE interrompt-il la prescription ?

. art. III.27 CDE prévoit que la prescription est interrompue par les actes de procédure déclarés non-recevables pour défaut d’inscription à la BCE.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

e. L’omission du rôle ou la radiation ont-elles une influence sur l’interruption ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

e. L’omission du rôle ou la radiation ont-elles une influence sur l’interruption ?

- Lorsqu’une cause est introduite, l’omission du rôle n’a pas d’incidence sur l’interruption, qui se poursuit.

- La radiation d’une cause éteint l’instance et met un terme à l’effet interruptif, au jour où elle a lieu.

- Art.730, §3 C. jud :

« L’omission d’une cause n’éteint ni le droit ni l’instance. La radiation éteint l’instance ».

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

f. L’action civile formalisée devant le Juge pénal qui se déclare incompétent interrompt-elle laprescription ?

- En principe : si le Juge pénal (saisi d’une constitution de partie civile) se déclare incompétent pourconnaître d’une action civile, l’effet interruptif se prolonge jusqu’au jugement d’incompétence. Ainsi,par exemple, si le juge pénal devient incompétent pour connaitre de l’action civile en raison du décès duprévenu, ce qui éteint l’action publique,

- MAIS la Cour de cassation décide que lorsque le Juge pénal considère que le délit n’est pas prouvé et sedéclare par conséquent incompétent pour connaître de l’action civile, il rejette la demande, au sens del’article 2247, al.2 C.Civ. (Cass., 27 mai 2010, R.G. n°C.09.0103.N, Juridat)

- Dans cette hypothèse, l’interruption doit être considérée comme « non avenue » (art. 2247 C. civ.)

- Par exemple, la victime d’un accident survenu dans le rayon d’un grand magasin où une bouteille d’huiles’est renversée, qui ne parviendrait pas à convaincre le juge pénal que le grand magasin doit êtrecondamné pour des coups et blessures involontaires subis, ne pourra plus, après l’acquittement prononcé,bénéficier de l’effet interruptif de sa constitution de partie civile si elle envisage ensuite d’introduire sonaction sur base de l’art.1384, al.1er C. civ. devant le juge civil. 29

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

f. L’action civile formalisée devant le Juge pénal qui se déclare incompétent interrompt-elle laprescription ?

- Cette solution est largement critiquée (car la partie lésée a indubitablement exprimé sa volonté d’êtreindemnisée), mais elle est certaine, compte tenu de la jurisprudence de la Cour de cassation

Si le Juge pénal rejette l’action civile au motif que les faits mis à charge du prévenu ne sont pasprouvés ou à défaut de lien causal entre les faits prouvés et le dommage subi par la partie civile, ilrejette définitivement la demande de la partie civile fondée sur l’infraction : l’interruption estconsidérée comme non-avenue.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

g. Hypothèses où l’interruption résultant de la citation est considérée comme « non avenue »(art.2247 C.civ)

« Si le demandeur se désiste de sa demande,ou si sa demande est rejetée,l’interruption est regardée comme non-avenue »

1) Le « désistement » rend l’interruption non avenue

- Il s’agit du désistement d’instance et non du désistement d’action (qui éteint le droit d’agir)

- Par exception, l’art.826 C. jud. prévoit que le désistement ne rend pas l’interruption non avenue :

- Art.826, alinéa 2, C.jud. : « … Le désistement d’instance ne rend pas l’interruption de laprescription non avenue lorsqu’il est motivé par l’incompétence du juge saisi et est suivi,d’un même contexte de la citation devant le Juge compétent ».

- Toutefois, il ne faut pas se fier à ce texte dont la formulation est défectueuse : pourconserver l’effet interruptif de la citation faite devant le juge incompétent, la nouvellecitation devant le juge compétent doit être faite au plus tard au moment du désistement (etnon après-celui-ci) !! 31

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

2) Le « rejet » de la demande rend l’interruption non avenue

- La citation perd son effet interruptif si la demande est « rejetée »

- Pas d’impact lorsque la demande est rejetée, définitivement, au fond (dans ce cas la question de laprescription n’a plus d’intérêt)

- Uniquement d’application dans les hypothèses où le rejet est fondé sur un défaut de qualité dudemandeur, une fin de non-recevoir ou de non-procéder, ou un défaut d’autorisation

Illustration n°7:

- Le mandat qui a pour objet la réalisation de travaux sur un terrain et leur promotion commerciale ainsique la finalisation des contrats de vente ne permet pas au mandataire, promoteur immobilier, d’agir enjustice au nom et pour le compte des propriétaires de ce terrain.

L’absence de qualité débouche sur l’irrecevabilité de la demande.

(Liège (20ème Ch.), 26 janvier 2012, J.L.M.B., 2014, Liv.4, p.156)

- L’action dirigée contre une personne morale existante, qui n’a jamais été l’employeur du travailleurdemandeur, est irrecevable à défaut de qualité dans le chef de la partie citée.

(C. trav. Liège, 13 février 2018, JTT 2018, Liv.1313, p.299) 32

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)A. La citation en justice (au sens large) (suite)

A.4. Durée de l’interruption

Art.2244, §1er, alinéa 2 C.Civ. : « Une citation en justice interrompt la prescription jusqu’au prononcéd’une décision définitive ».

Modification législative de 2008 intervenue pour couler dans les textes législatifs la jurisprudence de laCour de cassation

La rédaction du texte légal est maladroite : « … Jusqu’au prononcé d’une décision définitive » doits’entendre comme : « pendant toute l’instance, c’est-à-dire jusqu’à la prononciation du jugement oude l’arrêt mettant fin au litige » (Cass., 30 juin 1997, Pas.1997, I, p.309) ou « jusqu’à ce qu’unedécision définitive met un terme à l’instance » (Cass., 16 mars 2010, RG n° P.09.1519.N, Juridat)

Ainsi, à suivre la Cour de cassation, l’interruption se poursuit tant que dure l’action, soit jusqu’àl’extrême fin du procès ouvert par la citation.

L’effet interruptif cesse le jour où toutes les voies de recours sont épuisées ou écartées (parécoulement d’un délai de signification, par acquiescement …). C’est ce jour-là qu’il faut considérerqu’une décision définitive a été prononcée et que la période d’interruption prend fin.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)B. La mise en demeure spéciale

Notion

L’article 2244, §2, C. civ. (loi du 23 mai 2013) attribue un effet interruptif de la prescription àla lettre de mise en demeure de l’avocat, de l’huissier de justice ou de la personne qui peutester en justice en vertu de l’article 728, §3, C.jud.

Formalité obligatoire : lettre recommandée avec accusé de réception

Mentions obligatoires : renvoi au texte art.2244, §2, C.civ.

Limite territoriale : ne vaut que si le débiteur est domicilié en Belgique

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)B. La mise en demeure spéciale

B.1. Moment de l’interruption

Art.2244, §2, al.3 : au moment de l’envoi de la mise en demeure par LR avec accusé de

réception = moment où le pli contenant la mise en demeure est confié aux services postaux =

dies a quo.

B.2. Pas de réitération possible:

Contrairement aux autres hypothèses d’interruption, l’interruption par une mise en demeure

spéciale ne peut avoir lieu qu’une seule fois.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)B. La mise en demeure spéciale

B.3. Effet – Durée du nouveau délai

La mise en demeure fait courir un nouveau délai d’un an,

Sans que la prescription puisse être acquise avant l’échéance du délai initial

Si le délai de prescription initial est inférieur à un an, la durée de l’interruption est identique àcelle du délai de prescription

Casus n°4 - Mise en demeure spéciale

Considérons une prescription de courte durée fondée sur l’art. 2277 C.civ. dont le délai a commencéà courir le 01/03/2015 et qui vient à expiration le 01/03/2020; une mise en demeure spéciale estadressée par LR le 01/11/2018 (date de remise du pli à la poste).

– Jusqu’à quelle date l’interruption initiée par la mise en demeure spéciale court-elle ?

– Quelle est l’incidence de l’interruption provoquée par la mise en demeure spéciale sur ledélai initial ?

– A quelle date la prescription sera-elle acquise ?36

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

B. La mise en demeure spéciale

B.3. Effet – Durée du nouveau délai

Casus n°4 - Mise en demeure spéciale

L’interruption produite par la mise en demeure spéciale court jusqu’au 01/11/2019 (1 an).

La prescription se poursuivra dès lors jusqu’à l’échéance du délai initial du 01/03/2020.

La prescription sera acquise le 02/03/2020.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

B. La mise en demeure spéciale

B.3. Effet – Durée du nouveau délai

Casus n°5 - Mise en demeure spéciale

En raison du non-respect d’une interdiction judiciaire, une astreinte est encourue à compter du31/01/2019, date de la signification du jugement qui condamne au paiement de l’astreinte. Unemise en demeure d’avocat est adressée au débiteur par LR le 15/07/2019.

- A quelle date l’astreinte sera-t-elle prescrite (délai de 6 mois selon l’art.1385, octies,C. jud.) ?

- Quel est l’influence de l’envoi de la lettre de mise en demeure sur le délai de prescription ?

- A quelle date la prescription sera-t-elle acquise ?38

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

B. La mise en demeure spéciale

B.3. Effet – Durée du nouveau délai

Casus n°5 - Mise en demeure spéciale

L’astreinte sera prescrite le 31/07/2019 (délai de 6 mois).

La mise en demeure par LR prorogera le délai jusqu’au 15/01/2020.

La prescription sera acquise le 16/01/2020.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)B. La mise en demeure spéciale

B.4. En pratique et en conclusion

La combinaison de ces règles implique que la mise en demeure spéciale ne présente un intérêtque si elle est envoyée à un moment qui est proche de l’échéance du délai de prescriptionqu’elle doit interrompre : si elle est adressée plus d’une année avant la fin du délai (et si cedélai est plus grand ou égal à 1 an), son effet interruptif propre est inexistant.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. InterruptionC. La reconnaissance par le débiteur du droit du créancier

C.1. Principe (art.2248 C.civ.)

Le débiteur admet l’existence de sa dette le créancier peut se dispenser d’interrompre.

C.2. Nature juridique de la reconnaissance

Acte juridique unilatéral, aveu ; donc :

− Aucune acceptation du créancier n’est nécessaire;

− Peut être destiné directement au créancier;

− Peut être adressé à un tiers ou formulé dans un acte étranger au créancier (ex. : déclarationde succession)

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. InterruptionC. La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrit

C.3. Formes de la reconnaissance

a. Expresse :

− Par voie directe (ex.: via la correspondance entre le débiteur et son créancier);

− Par voie indirecte (déclaration de succession, inscription au bilan d’une société, mentionsdans une requête en RCD ou en réorganisation judiciaire, etc.).

b. Tacite :

− i.e. pouvant être induite d’une manière certaine des actes ou agissements du débiteur;

− Interprétation selon les circonstances :

42

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III. Avatars des délais de prescription3.1. InterruptionC. La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrit

C.3. Formes de la reconnaissance

Casus n°6 : Reconnaissance tacite

o un paiement partiel ? Au profit d’un particulier ? Au profit du SPF FINANCES ?

o le paiement d’intérêts ?

o une proposition de règlement faite « sous réserve de tous droits » ?

o une discussion portant sur le montant de la dette ?

o une reconnaissance de responsabilité ?

o des paiements partiels, le montant de la dette étant par ailleurs contesté?

o la conduite de négociations ?

o la nomination conventionnelle d’un expert en vue de déterminer l’importance du dommage àréparer ?

o la participation indirecte à une procédure de taxation sous l’égide de l’Ordre des avocats ?

o une déclaration de tiers saisi en cas de saisie-arrêt ?

o la lettre d’un avocat écrivant à son adversaire qu’il ferait tout pour que son client paie la dette ?43

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. InterruptionC. La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrit

C.4. Effets de la reconnaissance

a. Moment de l’interruption : celui de la reconnaissance par le débiteur et non celui où le créancieren a connaissance (ex: délai entre l’envoi et la réception d’une lettre).

Casus n°7 – Effets de la reconnaissance

Le débiteur d’un prêt personnel à tempérament conteste le montant de la dette qui lui est réclaméeen justice par l’organisme prêteur, mais a opéré, avec irrégularité, des paiements partiels.

Plus précisément, l’emprunt a été souscrit le 21/12/1987 et le débiteur a opéré certains paiementsau cours de l’année 1990 puis de 1992 à 1997.

Le dernier paiement intervenu remonte au 07/02/1997.

L’organisme prêteur a lancé citation le 23/02/2006.

Le délai de prescription est de 5 ans (art.2277 C. civ. : dette payable par termes périodiques etcontenant à la fois un élément d’amortissement et un élément de rente).

La prescription a-t-elle été interrompue ? Si oui, quand l’a-t-elle été pour la dernière fois ?

Comment se calcule le nouveau délai de prescription ?

Le jour de la citation, la prescription était-elle acquise ?

Que doit-il advenir de l’action de l’organisme prêteur ?

(Liège (7ème Ch.), 22 nov.2007, J.T. 2008, liv. 6311, p. 336)

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. InterruptionC. La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrit

C.4. Effets de la reconnaissance

b. Prise de cours et computation du nouveau délai

Conformément à la computation usuelle du délai de prescription, le dies « a quo » étant le jour où lareconnaissance ou l’acte valant reconnaissance a lieu.

NB : On lira souvent, dans la jurisprudence, que le délai de prescription recommence à courir lelendemain du dernier acte interruptif, ce qui n’est pas faux, tout étant question de vocabulaire …(Voy. Liège, 7ème Ch., 22 novembre 2007, JLMB 2008, pp 1755 à 1757).

Par exemple, dans l’arrêt du 22 novembre 2007, on lira : « Le dernier paiement intervenu remonteau 07/02/1997, de sorte que le délai de prescription a recommencé à courir le 08/02/1997 pourexpirer le 08/02/2002 ».

Une autre manière de le dire est : le dernier acte interruptif remonte au 07/02/1997, si bien que lecréancier pouvait agir du 07/02/1997 au 07/02/2002, la prescription étant acquise le 08/02/2002.

Mais le résultat est identique : l’action est prescrite le 08/02/2002.

c. Effets d’une reconnaissance portant sur le principe d’une créance, mais pas sur son montant ?

Effet interruptif complet !45

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruption

A. Principes

Le temps passé ne compte plus, est perdu. Une nouvelle prescription prend cours.

B. Effets quant aux demandes et aux actions

B.1. Sauf exceptions prévues par la loi : effet relatif par référence à l’objet et à la cause de la demande ou de l’action.

B.2. Concrètement : en cas d’action judiciaire, l’effet interruptif de l’acte introductif d’instance (ex.: citation) s’étend-il à une action reconventionnelle ou incidente et/ou à toute demande nouvelle ou additionnelle du demandeur originaire ?

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III. Avatars des délais de prescription3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruptionIllustration n°8

Cass. (3ème Ch), 3 mars 2003, Pas.2003, Liv. 3, p.445Cass., 12 janvier 2010, RGDC 2010, p.402C. trav. Mons (2ème Ch), 7 mai 2012, JLMB 2013, Liv. 23, p.1207 :

« Conformément à l’article 2244 du Code civil, la prescription est interrompue par une citation enjustice.

L’introduction de la demande principale n’interrompt pas la prescription de la demandereconventionnelle (…). C’est le dépôt des conclusions contenant la demande reconventionnelle qui apour effet d’interrompre la prescription (Cass., 17 septembre 1990, R.D.S., 1990, p.435).

Lorsque la cause, l’objet et la qualité des parties sont différents pour chaque action, l’interruptionde la prescription d’une des actions est, en principe, sans influence sur l’autre.

Si la citation n’a pas pour effet d’interrompre la prescription d’autres dettes que la demandequ’elle introduit, elle interrompt cependant la prescription des demandes qui y sont «virtuellementcomprises » (…). C’est-à-dire celles qui sont implicitement comprises dans l’objet de la demandeoriginaire (…).

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruption

La demande originaire dont la prescription a été interrompue par la citation est déterminée par sonobjet par sa cause.

En l’espèce, l’objet de la demande originaire est la qualification du droit concret de Mme F. [droittiré d’un accord transactionnel, prétendument inexécuté, avec son ex-employeur, la SA TB]; parcontre, il faut entendre par cause de la demande les faits juridiques et/ou les actes juridiques surlesquels la demande est fondée.

Dans le cadre du présent litige (…) Mme F. a développé différents chefs de demande (prime unique,arriérés de rémunération, de prime de fin d’année et de pécules de vacances) alors que, de soncôté, la SA TB [ex-employeur] a formé devant le premier juge une demande reconventionnelle auxtermes de laquelle elle a sollicité la condamnation de Mme F. à lui verser la somme provisionnellede 25.000 € à titre d’indemnisation pour cause de concurrence déloyale.

Il s’agit incontestablement d’actes et de faits juridiques distincts et, dès lors, de deux demandesdistinctes.

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruption

La demande reconventionnelle étant foncièrement distincte de la demande principale, elle ne

pouvait constituer un simple moyen de défense contre la demande principale, de sorte que la

demande de la SA TB était soumise au champ d’application de l’article 15 de la loi du 3 juillet 1978

[délai de prescription] et n’a pu bénéficier de l’effet interruptif de la prescription assuré par la

citation en justice de Mme F. (…)

Dès lors que la SA TB a formé une demande reconventionnelle devant le premier juge par conclusions

déposées au greffe le 12 juillet 2002, soit plus d’une année après la rupture des relations

contractuelles cette demande reconventionnelle doit théoriquement être déclarée prescrite en

application de l’article 15 de la loi du 3 juillet 1978 ».

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruption

B. Effets quant aux demandes et aux actions

B.3. L’acte introductif d’instance interrompt la prescription pour la demande qu’elle introduit et

« pour celles qui y sont virtuellement comprises » (Cass., 29-11-1990, Pas.91, I, p.321).

« Est virtuellement comprise dans la demande introduite initialement, toute demande

fondée sur le complexe de faits initialement invoqué et dont l’objet entretient avec celui

de la demande principale une relation si étroite et évidente que le défendeur devait

immanquablement s’attendre, à la lecture de l’acte introductif, à ce qu’elle soit

ultérieurement formulée ».

(M.MARCHANDISE, La prescription, op.cit., p.211)

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruption

B. Effet quant aux demandes et aux actions

B.4. Applications

Casus n°8 - demandes virtuellement comprises dans la demande initiale

La demande de paiement d’une somme principale interrompt-elle la prescription pour les intérêtsconventionnels ?

La demande en paiement des intérêts interrompt-elle la prescription de l’action en paiement ducapital ? (et l’inverse ? Liège (3ème Ch), 19 septembre 2011, JLMB 2013, liv.17, p.936 qui cite C.BIQUET MATHIEU)

La demande relative au paiement provisionnel d’une partie d’une créance plus importanteinterrompt-elle la prescription pour toute la créance ?

La demande du travailleur qui opte pour l’exécution du contrat le liant à son employeur et pourla résolution de ce contrat au cas où l’employeur n’exécuterait pas ses obligations dans un délaidéterminé comprend-elle la demande en paiement d’une indemnité compensatoire de préavis ?

Une demande d’allocation d’aggravation fondée sur la loi du 10 avril 1971 sur les accidents dutravail entraîne-t-elle l’interruption de la prescription d’une demande de remboursement deséances de kinésithérapie, formulée à la suite du même accident de travail ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruption

B. Effet quant aux demandes et aux actions

Suite Casus n°8

La demande fondée sur l’inexécution partielle d’un contrat est-elle comprise virtuellementdans la demande de dommages et intérêts pour inexécution totale ?

La demande de répétibilité des honoraires d’avocats introduite par voie de conclusions au-delàdu délai de prescription de l’action principale en responsabilité bénéficie-t-elle de l’effetinterruptif de la citation introductive signifiée, elle, dans le délai ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruptionC. Effet quant aux personnes

C.1. Sauf si la loi en dispose autrement, effet relatif de l’interruption :

- Elle profite uniquement à l’auteur de l’acte interruptif même s’il existe plusieurscréanciers;

- Elle ne nuit qu’au seul débiteur visé par l’acte interruptif (par exemple par une citation)même s’il existe plusieurs débiteurs.

Illustration n°9

La citation lancée par un entrepreneur contre son sous-traitant n’interrompt pas la prescriptionde l’action du maître de l’ouvrage contre ledit sous-traitant, même si l’action du maître del’ouvrage repose sur les mêmes faits et les mêmes griefs que ceux qui fondent la citationoriginaire de l’entrepreneur (Cass., 09-06-2006,J.L.M.B. 2006, p.1619; R.G.D.C. 2008, note P.WERY).

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruptionC.2. Exceptions :

o Solidarité passive : interruption opérée contre l’un des débiteurs solidaires nuit aux autres (art.1206et 2249, al.1er C.civ.);

N.B.1 : cette exception reçoit elle-même exception en ce qui concerne les héritiers des débiteurssolidaires car lesdits héritiers, eux, ne sont pas solidaires.

N.B.2 : cette exception ne s’étend pas à la responsabilité in solidum.

o Solidarité active : interruption émanant de l’un des créanciers solidaires profite aux autres (art.1199C.civ.).

o Indivisibilité ;

o Caution : l’interpellation faite au débiteur principal ou sa reconnaissance interrompt la prescriptioncontre la caution (art.2250 C.civ.);

o Art.89, § 4 de la loi du 4 avril 2014 relative aux assurances : l’interruption (ou la suspension) del’action de la personne lésée contre un assuré entraîne l’interruption (ou la suspension) de laprescription de son action contre l’assureur et inversement !

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruption

D. Computation du nouveau délai après interruption

a. Principe

Computation conforme à celle du délai de prescription originaire.

b. Point de départ

Le dies a quo est celui du jour de l’acte interruptif, c’est-à-dire :

o En cas de saisie, le jour du dernier acte de procédure accompli en exécution de la saisie;

o En cas de commandement, le jour même dudit commandement;

o En cas de reconnaissance par le débiteur, le jour de cette reconnaissance;

o En cas de mise en demeure spéciale : le jour du dépôt postal.

o En cas de citation : par l’effet de l’article 2244, al.2, l’effet interruptif perdure jusqu’àla « décision définitive » (entendre jusqu’à la fin du procès, toutes voies de recoursétant épuisées). Le dies a quo est dès lors celui du dernier acte de procédure (celui quimet fin au procès). 55

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)3.1.4. Effets de l’interruption

Casus n°9 – Computation du délai après interruption par citation

Le 12 mars 2005, A. vend son portefeuille d’assurances à B.

Le contrat contient une clause de non-concurrence d’une durée de 5 ans et une clause d’arbitrage.

Dans le courant de l’année 2009, B. accuse A. de la violation de la clause de non-concurrence. Despourparlers se nouent entre les paries mais n’aboutissent pas.

Le 13 septembre 2013, B. assigne A. devant le Tribunal de commerce. A. invoque la clause d’arbitrage etconclut à l’irrecevabilité de la demande.

Par jugement du 14 juin 2014, le Tribunal se déclare sans juridiction, càd incompétent.

B. acquiesce au jugement par un courrier officiel de son conseil du 25 juin 2014.

Quand la prescription a-t-elle été interrompue ?

Quant a-t-elle recommencé à courir ?

De quel délai dispose encore B. afin de réintroduire son affaire devant le Tribunal arbitral ?

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruption

D. Computation du nouveau délai après interruption

c. Durée du nouveau délai de prescription

o Règle : délai identique au délai de prescription initial (ex.: art.2277);

o Exceptions :

− Art.2244, § 2 C.civ. (mise en demeure spéciale);

− Interversion de la prescription en cas de prononcé d’un jugement (actio judicati) : renvoià l’examen des délais, point V ci-après.

57

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III. Avatars des délais de prescription

3.1. Interruption (suite)

3.1.4. Effets de l’interruption

D. Computation du nouveau délai après interruption

d. Application – Casus n°10 – Computation après interruption (mise en demeure spéciale)

Le 12 mars 1990, A. cause fautivement un dommage à B. (préjudice corporel).

Des pourparlers se nouent entre parties à l’intermédiaire de leurs conseils, et ce sous le sceau de laconfidentialité. Dans le même temps, elles s’engagent dans une expertise médicale amiable « tous droitssaufs et sans reconnaissance préjudiciable ».

A l’issue de cette expertise, les pourparlers relatifs à l’indemnisation de B. n’aboutissent pas.

Le 14 avril 1994, le conseil de B. adresse à A. (avec copie à son propre conseil) une mise en demeureconforme à l’art.2244, §2 C.civ. dans laquelle il évalue, à la lumière de l’expertise médicale amiable, sonpréjudice corporel auquel il ajoute ses frais médicaux et ses frais de défense.

Ni A., ni son conseil n’y réservent suite, mais le 6 janvier 1995, A. procède au règlement, au profit de B.du montant des frais médicaux réclamés en portant en communication de son virement : « Règlement desfrais médicaux ».

Le 15 mai 1995, B. lance citation contre A. devant le juge compétent afin d’obtenir indemnisation dusolde de son préjudice corporel.

Son action est-elle recevable ? 58

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription

3.2.1. Principes

Article 2251 C.civ. : La prescription court contre toutes personnes, à moins qu’elles ne soient dansquelque exception établie par une loi,

-> Portée restrictive du texte

-> En principe donc, il ne suffit pas d’être simplement empêché d’agir

3.2.2. Causes légales de suspension

A. Minorité et incapacité (art.2252 C.civ)

Utilité ? Car :

- S’opposer à la prescription = acte conservatoire;

- Il existe des représentants et administrateurs légaux.

Exceptions ?

• Art.2278 C.civ. : les prescriptions d’une durée égales ou inférieurs à 5 ans, prévues par le code civil,courent contre les mineurs et les incapables.

• Autres exceptions marginales et inusitées 59

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.2. Causes légales de suspension

B. Entre époux (art.2253 C.civ.)

La suspension dure jusqu’au jour de la première demande en divorce pour autant qu’elle aboutisse.

L’article 2253 ne crée par de discrimination entre gens mariés et non mariés, selon la Courconstitutionnelle (arrêt du 14 septembre 2006).

C. Créances non exigibles (art.2257 C.Civ.)

a) À l’égard des créances conditionnelles, jusqu’à ce que la condition se produise

b) À l’égard des créances à jour fixe, jusqu’à ce que ce jour soit arrivé

NB : A dire vrai, la prescription n’est pas suspendue, elle n’a tout simplement pas commencé à courir…

D. L’héritier bénéficiaire (art.2258, al.1er)

En cas d’acceptation ou sous bénéfice d’inventaire, la prescription ne court par contre l’héritier en cequi concerne les créances dont il est titulaire contre la succession.

60

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.2. Causes légales de suspension

E. Action née d’une infraction (art.26 du titre préliminaire du Code de procédure pénale)

Se prescrit selon les règles du Code civil ou des lois particulières (ex : art.L4145-43 du Code wallon de ladémocratie locale et de la décentralisation : la poursuite des crimes et délits prévus par ce code etl’action civile sont « prescrites après six mois révolus » à partir du jour où les crimes et délits ont étécommis), mais sans pouvoir se prescrire avant l’action publique.

-> les causes de suspension (et d’interruption) du Code civil sont donc également applicables à l’actioncivile résultant d’une infraction civile.

-> applicable devant les juridictions civiles et les juridictions pénales saisies de l’action civile.

F. Astreintes (art.1385 octies C.jud.)

L’astreinte se prescrit par l’expiration d’un délai de 6 mois à compter de la date à laquelle elle estencourue.

Suspendent cette prescription :

- La faillite et toute autre cause d’empêchement légale à l’exécution de l’astreinte;

- L’ignorance légitime par le bénéficiaire de l’astreinte que celle-ci est acquise.61

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.2. Causes légales de suspension

G. Médiation extra-judiciaire (art.1730, §3 et 1731, §3 C.jud.)

a) Proposition de médiation :

Si contient réclamation d’un droit et expédiée par recommandé :

-> suspension de l’action liée à ce droit pendant un mois

b) Signature d’un protocole de médiation :

Si conditions de forme respectées (art.1731, §2 C.jud.) :

-> suspend le cours de la prescription durant la médiation,

-> la suspension prend fin un mois après notification par recommandé (par l’une des parties oupar le médiateur) de sa volonté d’y mettre fin.

62

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.3. Causes de suspension non expressément prévues par la loi

A. Impossibilité d’agir

a) Questions

Cause de suspension générale ?

Sur base de l’adage « Contra non valentem agere non currit praescriptio » ?

Sur base de l’article 2251 du Code civil ?

b) Réponses

A la lumière de la jurisprudence (et notamment Cass., 30 juin 2006, JLMB 2006, p.1622) et de ladoctrine (M. MARCHANDISE, op.cit., p,260) :

- La prescription n’est pas suspendue au profit de quiconque se trouve confronté à quelconqueobstacle l’empêchant d’agir;

- La prescription est suspendue pendant tout le temps où un obstacle résultant de la loi empêche lapersonne contre qui la prescription court, d’agir;

- En ce sens, une sorte de « fusion » s’opère entre l’adage « Contra non valentem » … et l’article 2251C. civ.

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.3. Causes de suspension non expressément prévues par la loi

A. Impossibilité d’agir

c) En pratique ?

La force majeure, l’erreur invincible, le principe « le criminel tient le civil en l’état » :

-> ne sont pas des causes de suspension de la prescription de l’action que ces événements empêchentd’exercer.

La faillite (art. XX.118 CDE et art.2251 C. civ.)

Le RCD (art.1675/7, §2 C. jud. et art.2251 C. civ.)

-> sont des causes de suspension de la prescription de l’action des créanciers contre le failli ou le débiteur.

NB : la suspension prend fin avec l’impossibilité pour lesdits créanciers d’exercer leurs droits librement(clôture de la faillite ou, par exemple, décision de révocation du RCD).

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.3. Causes de suspension non expressément prévues par la loi

A. Impossibilité d’agir

d) Impact de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 7 juillet 2009, à laquelle l’arrêt de la Cour de cassation du 30 juin 2006, précité, a été déféré ?

Illustration n°10 : Cour eur. D.H., STAGNO c. BELGIQUE, J.T. 2009, p.499 ; J.L.M.B. 2010, p.680, notes

« L’application rigide d’un délai de prescription, qui ne tient pas compte des circonstances particulièresempêchant les personnes concernées de faire usage d’un recours en principe disponible »

peut conduire à une violation de l’article 6, §1er de la Convention européenne des droits de l’homme.

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.4. Effets de la suspension

A. Relativité

La suspension est propre à une personne et ne peut s’étendre à une autre, même en cas de solidarité.

Une seule exception : en cas d’indivisibilité, mais seulement au profit des co-titulaires du droit dont l’action est suspendue (et non au détriment de tous les débiteurs).

B. Effet temporel

La suspension prolonge le délai de prescription d’une durée déterminée égale à celle de la cause de suspension.

En pratique, le mode de computation le plus aisé est le suivant :

– D’abord calculer le délai de prescription sans tenir compte de la suspension,

– Ensuite ajouter la durée de la suspension,

– En comptant tant le jour de début que le jour de fin.

En effet, selon M. MARCHANDISE (Op.cit., p.113, note 394), puisque la prescription se compte par jours entiers, tant le jour de début que le jour de fin de la période de suspension sont des jours pendant laquelle la prescription n’a pas pu courir. 66

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.4. Effets de la suspension

B. Effet temporel

Casus n°11 – Computation suspension

Une prescription doit en principe être acquise le 10 janvier 2015.

Elle est suspendue du 5 au 20 mars 2011, soit pendant 16 jours.

Elle sera donc acquise finalement le 26 janvier 2015, puisque 16 jours ajoutés au 10 janvier 2015conduisent au 26 janvier 2015.

67

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.4. Effets de la suspension

B. Effet temporel

Casus n°12 – Suspension d’une action civile née d’une infraction

(emprunté à M. MARCHANDISE, Op.cit., p.281)

A. est victime de coups et blessures volontaires (dont l’auteur lui est connu) le 6 juin 2013, mais n’agitaucunement sur le plan civil.

Par contre, une enquête pénale est diligentée, le dernier acte interruptif de prescription pénaleintervenant le 12 mai 2017, de sorte que l’action publique sera en principe prescrite le 11 mai 2022 àminuit (et ce en vertu de l’art.26 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale).

Mais A. décède le 17 janvier 2020, laissant pour seul héritier son fils mineur B.

Quand l’action civile sera-t-elle prescrite? Le 11 mai 2022, ou faut-il prolonger le délai de prescription au-delà de cette date, d’une durée équivalente à celle qui s’écoulée entre le décès de A et la majorité de B?

Dès lors qu’au moment où est survenu le décès de A, le délai originaire de l’action civile (5ans) étaitexpiré, il faut considérer que l’action civile sera prescrite en même temps que l’action pénale (art.26 du T.prél. C. proc. pén).

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III. Avatars des délais de prescription

3.2. Suspension de la prescription (suite)

3.2.4. Effets de la suspension

B. Effet temporel

Casus n°12 – Suspension d’une action civile née d’une infraction (suite)

(emprunté à M. MARCHANDISE, Op.cit., p.281)

En effet, la portée de l’art. 26 est seulement de reporter l’échéance de la prescription de l’action civile,qui ne peut intervenir avant celle de l’action publique, et non d’étirer (de modifier) le délai deprescription de l’action civile. Par conséquent, une cause de suspension (ou d’interruption) de l’actioncivile ne pourra produire d’effet après l’expiration du délai originaire de prescription de celle-ci.

69

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IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix

4.1. Critères de distinction

4.1.1 Pas de définition légale

4.1.2. Délai « plus énergique, plus fatidique » que la prescription

« Il arrive que la loi, le juge ou la convention accordent un droit qui ne peut s’exercer souspeine de déchéance, que dans un certain délai »

(M. MARCHANDISE, op.cit., pp 41 et 43)

Tableau comparatif :

D. Prescription D. Préfix

Interruption universelle qui frappe également et indistinctement tous les

droits subjectifs

Sanction civile particulière qui ne tend qu’à hâter l’accomplissement de certains

actes

Eteint l’action Oui Oui

Eteint le droit Non Oui

Laisse subsister une obligation naturelle Oui Non

Exception « » Quaetemporalia Oui Non

Interruption Oui Non70

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IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix4.1. Critères de distinction4.1.3. Tableau comparatif (suite):

MAIS, la loi ne contient pas un critère sûr pour distinguer le délai de prescription et le délai préfix

Au cas par cas, se demander quel caractère la loi ou les parties ont voulu conférer au délai

D. Prescription D. Préfix

Suspension Oui Non

Prorogation F.M. Non Oui

Peut être soulevé la 1ère

fois en degré d’appel Oui Oui

Computation quantième à quantième Oui Oui

Juge ne peut soulever d’office Sauf OP Oui Oui

Mais OP fréquent

Parties peuvent renoncerSi acquise et ≠ OP Oui Oui

Mais OP fréquent

Aménagement conventionnel Oui Oui

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IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix

4.2. Délais préfix – Catégories

4.2.1. Délais > Loi pour accomplir une formalité ou pour l’exercice d’une faculté

Demande d’aide adressée au Fonds des victimes d’actes de violence (art. 31bis, §1er Loi du 1er

août 1985)

Baux commerciaux (art. 7, al. 2 et 4 – art. 10, al. 3 – art. 12, al. 1Er – art. 14, al. 1er)

Délai de recours : délai d’appel, d’opposition, de tierce opposition, de pourvoi en cassation

4.2.2 Délais de recevabilité d’une action en justice

Rescision pour lésion – art. 1676 C. civ. (2 ans)

Garantie des vices cachés – art. 1648 C. civ. (bref délai)

Action en paiement de l’indemnité d’éviction - art. 28 de la loi sur le baux commerciaux (1 an)

Actions possessoires – art. 1370 C. jud.(moins d’un an après la dépossession)

Action en révision du loyer d’un bail commercial – Art. 6 de la loi sur le baux commerciaux (3derniers mois du triennat)

Garantie décennale de l’architecte et des entrepreneurs - Art. 1792 C. civ. et 2270 C. civ. (10ans) 72

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IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix

4.2. Délais préfix – Applications4.2.3. Délais > Convention

Licite

Quelle est la volonté des parties?

Cf. art. 1649quater, §2 C. civ. (délai convenu dans lequel l’acheteur doit informer le vendeurdu défaut de conformité – pas moins de 2 mois) et 1660 C. civ. (faculté de rachat d’unimmeuble – pas plus de 5 ans)

4.2.4. Focus sur l’art. 1648 C. civ.

Appréciation souveraine du juge

En tenant compte de toutes les circonstances (Cass. 23/03/1984, Pass. 1984, I, p. 867) :

– Nature de la marchandise– Nature du vice– Usages– Qualité des parties– Actes extrajudiciaires accomplis

Appréciation du bref délai par le juge si pourparlers, expertise judiciaire, laissant espérersérieusement un arrangement amiable

≠ Suspension73

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IV. Distinction entre les délais de prescription et les délais préfix

4.2. Délais préfix – Applications

4.2.5. Focus sur art. 1792 et 2270 C. civ.

Bien que l’article 2270 C. civ. soit rangé dans le titre « de la prescription », il s’agit d’un délaipréfix

Par exception, on admet que le délai peut être « interrompu » par une reconnaissance certaineet non équivoque du constructeur.

Le délai court à partir de l’agréation des travaux (i.e. La réception définitive, selon la Cour decassation, sauf si par convention, les parties ont donné à la réception provisoire un effetd’agréation).

74

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DELAIS DE PRESCRIPTION DES ACTIONS PERSONNELLES

I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles

A.1. Régime ordinaire (art.2262 bis, §1, al.1 C. civ.)

A.2. Régime particulier

- Action en nullité

- Actio judicati

- Le lien d’instance

A.3. Régime dérogatoire

– Contrat de vente

– Contrat d’entreprise

– Contrat d’assurance

B. Actions quasi-délictuelles (art.2262 bis, §1, al.2 C.civ.)

C. Actions en réparation d’un dommage causé par une infraction

D. Actions quasi-contractuelles75

V. Délais

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DELAIS DE PRESCRIPTION DES ACTIONS PERSONNELLES

II. QUELQUES PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREE

A. Actions en responsabilité contre les avocatsB. Actions en recouvrement des dettes périodiquesC. Astreintes

76

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuellesA.1. Régime ordinaire

1) Délai : 10 ans

art.2262 bis, §1, al.1 C. civ. : « Toutes les actions personnelles sont prescrites par 10 ans ».

2) Applications

Toute action qui trouve sa source dans un contrat (sauf exceptions prévues par la loi comme par exemple l’action née du contrat de travail qui se prescrit par 1 an – art. 15 L. 3 juillet 1978) :

Ex:- Action en paiement d’un prix de vente- Action en résolution judiciaire d’un contrat- Action tendant à obtenir la réparation d’une faute commise par un mandataire dans le cadre

de l’exécution de sa mission- Etc.

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.1. Régime ordinaire

3) Point de départ du délai

Le jour où l’obligation devient exigible

Le contenu de l’obligation détermine le jour de l’exigibilité :

– Action en paiement du prix de vente : le jour où le prix doit être payé– Action en exécution forcée contre l’entrepreneur : le jour où la prestation doit être réalisée– Action tendant au remboursement d’une somme prêtée : le jour où la somme doit être

remboursée au prêteur– Action en remboursement de la garantie locative : le jour où la location prend fin– Action en garantie de l’acheteur à l’encontre du vendeur : le jour où l’éviction a lieu

(art.2257, al.3, C. civ.)

Si l’obligation est conditionnelle, la prescription ne court pas jusqu’à ce que la condition seréalise (art.2257 C.civ.). 78

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.1. Régime ordinaire

3) Point de départ du délai (suite)

Pendant le délai d’attente, le créancier a un droit, mais pas d’action :

– Action en paiement du prix d’une vente réalisée sous la condition suspensive de l’octroi d’unprêt se prescrit à partir du moment où le prêt est accordé

– Action en restitution d’une chose donnée en gage se prescrit à compter du jour du paiementde la dette garantie

Pour les obligations à terme, l’action se prescrit à compter du jour fixé par la convention ou parla loi (art.2257 C. civ) :

– L’action en paiement d’un capital remboursable en plusieurs années après la date du prêt seprescrit à compter du jour fixé pour le remboursement

– L’action en nullité d’un contrat lésionnaire passé par un mineur se prescrit à compter dujour de sa majorité (art.1304 C. civ. in fine)

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.1. Régime ordinaire

4) Remarques

L’exception d’inexécution n’est soumise à aucun délai puisqu’elle ne nécessite pas la mise enœuvre d’une action juridictionnelle

Particularité de l’action en responsabilité contractuelle : le délai de prescription de l’action enpaiement de dommages et intérêts court lorsque ses conditions d’application sont remplies, càdlorsque le fait générateur (inexécution contractuelle) et le dommage existent tous deux.

La prescription pourrait être acquise sans que la victime ait connu la possibilité d’agir. Lasituation est différente en matière de responsabilité extracontractuelle : le délai ne court pastant que la victime n’a pas connaissance du dommage.

80

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.1. Action en nullité

1) Délai : 10 ans

Combinaison de l’art.2262 bis, §1er, al.1 C. civ. et art.1304, al.1 C. civ. :

« Dans tous les cas où l’action en nullité ou en rescision d’une convention n’est pas limitéeà un moindre temps par une loi particulière, cette action dure 10 ans ».

Le délai de 10 ans s’applique aux nullités relatives (visées par l’art.1304 C. civ.), mais aussi auxnullités absolues (nullités prononcées pour contravention à l’Ordre public).

81

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.1. Action en nullité

2) Point de départ du délai

Actions en nullité relative, selon l’art.1304, al.2 C. civ. :

- En cas de violence, à compter du jour où la violence a cessé- En cas d’erreur ou de dol, à compter du jour où ils ont été découverts

Actions en nullité absolue, actions en nullité relative non visée à l’art.1304, al.2 et actions en rescision :

- A compter du jour de la conclusion du contrat entaché d’un vice.82

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.1. Action en nullité

3) Exemples d’actions en nullité relative et en nullité absolue :

- Action en nullité du contrat en raison de son absence de cause, ou de l’indétermination de son objet (nullité relative)

- Action en nullité du contrat d’assurance pour inexistence du risque (nullité relative)

- Action en nullité du contrat d’entreprise souscrit avec un entrepreneur ne bénéficiant pas de l’accès à la profession (nullité absolue en raison de la contrariété à l’Ordre public)

- Action en nullité d’une convention reposant sur une cause illicite, car contraire aux bonnes mœurs (nullité absolue en raison de la contrariété à l’Ordre public)

- Action en nullité d’une clause de non-concurrence d’une durée de 5 ans jugée trop longue et inhabituelle (nullité absolue car contraire à l’Ordre public – Décret d’Allarde) 83

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.1. Action en nullité

4) Remarques

Certaines actions ne sont pas soumises au délai prévu par l’art.1304 C. civ. : action en nullité du mariage (art.181 C. civ.), action en rescision d’une vente pour cause de lésion (art.1676 C. civ.)

A noter que l’art.1304 C. civ. ne concerne que le dol principal – le dol incident ouvre une action en responsabilité soumise à l’art.2262 bis, §1er, al.2 : le dol incident ne peut être réparé que par l’octroi de dommages et intérêts en application des principes de la faute quasi-délictuelle, les dommages et intérêts étant destinés à réparer les conséquences dommageables d’un fait précédant la conclusion de la convention (Cass., 2 octobre 2009, Pas. 2009, liv.10, 2107)

Rappel : l’action en nullité est prescriptible, l’exception de nullité est perpétuelle (adage « Quaetemporalia… »

84

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.2. Actio judicati

1) Délai : 10 ans ou 5 ans

Référence au délai ordinaire de l’art.2262 bis, §1er, al.1 C. civ.

Par exception, le délai quinquennal de l’art.2277 C. civ. est applicable pour les créances viséespar cet article.

Art.2277 C. civ :

« Les arrérages de rentes perpétuelles et viagères, les créances pour la fourniture de biens etde services via des réseaux de distribution… se prescrivent par 5 ans.Les créances de frais extraordinaires visés à l’art.203 bis, §3.Ceux des pensions alimentaires, les loyers des maisons et le prix de ferme des biens ruraux,les intérêts des sommes prêtées et généralement tout ce qui est payable par année, ou à destermes périodiques plus courts, se prescrivent par 5 ans ». 85

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.2. Actio judicati

1) Délai : 10 ans ou 5 ans (suite)

Combinaison des deux délais de 10 et 5 ans : si un même jugement contient une condamnationau paiement d’une somme déterminée pour les pensions alimentaires échues avant son prononcéet condamne par ailleurs au paiement d’une pension alimentaire pour l’avenir :

- Prescription d’une durée de 5 ans pour les pensions alimentaires à échoir- Prescription d’une durée de 10 ans pour le montant représentant les pensions échues

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.2. Actio judicati

2) Mécanisme

Les condamnations se prescrivent comme les actions

Le jugement de condamnation a un effet novatoire et opère interversion de la prescription : ledélai de prescription n’est plus celui de l’action, mais celui du jugement, soit 10 ans la plupartdu temps et 5 ans, dans certaines hypothèses

-> En raison de l’interversion, l’action qui a pour objet l’exécution du jugement se prescrit par10 ans même si le délai de prescription de la créance initiale était différent (1 an ou 5 ans parexemple)

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.2. Actio judicati

3) Point de départ

Le point de départ de la prescription est la date du jugement à exécuter

Pas de difficulté si le jugement est exécutoire par provision ou rendu en degré d’appel

La modification de l’art.1397 C. jud. par la loi du 22 octobre 2015 simplifie la donne puisque,sauf exceptions prévues par la loi ou si le juge en décide autrement, les jugements définitifs sontexécutoires par provision

4) Computation du délai

L’actio judicati suit les règles habituelles pour ce qui concerne la computation du délai, ainsi queles causes d’interruption, et notamment l’interruption par la signification – commandement.

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.3. Le lien d’instance est-il prescriptible ?

1) Délai : 10 ans ?

Art.2262 bis, §1er, al.1 C. civ.

« Toutes les actions personnelles sont prescrites par 10 ans »

Art.2244, §1er, al.2 :

« Une citation en justice interrompt la prescription jusqu’au prononcé d’une décisiondéfinitive »

Le lien d’instance est imprescriptible

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.2. Délais relevant du régime ordinaire mais présentant des particularités

A.2.3. Le lien d’instance est-il prescriptible ?

2) Intérêt de la question

L’art.2244 C. civ., adapté en 2008, prévoit que la citation en justice interrompt la prescriptionjusqu’au prononcé d’une décision définitive

Nonobstant le libellé clair de ce texte, une partie de la doctrine et de la jurisprudenceconsidérait que l’instance introduite par citation devait se prescrire par 10 ans si elle n’étaitinterrompue par des actes de procédure

La Cour de cassation (Cass., 18 mars 2013, JLMB 2013, p.922), puis la Cour constitutionnelle(arrêt n°107/2019 du 3 juillet 2019) ont mis un terme à la controverse : le lien d’instance estimprescriptible

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.1. Contrat de vente : action de l’acheteur consommateur en garantie d’un défaut deconformité

1) Délai : 1 an (sans pouvoir excéder la fin du délai de 2 ans visé à l’art.1649 quater, §1er)

Art.1649 quater, §3 et §1 C. civ.

L’action du consommateur se prescrit dans un délai d’un an à compter du jour où il constate ledéfaut de conformité sans que ce délai puisse expirer avant la fin du délai de deux ans durantlequel le vendeur répond de tout défaut de conformité, à compter de la délivrance

2) Point de départ du délai

Le jour où le consommateur constate le défaut de conformité 91

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.1. Contrat de vente : action de l’acheteur consommateur en garantie d’un défaut deconformité (suite)

3) Illustration n°11

A. achète une machine à café chez Médiamarkt le 10/01/2010.

- A. dispose d’une garantie d’une durée de 2 ans, qui s’étend jusqu’au 10/01/2012,

- A. découvre un défaut le 15/03/2010. Son action est normalement prescrite après 1 ans, soitle 15/03/2011,

- MAIS, la prescription de l’action de A. ne peut intervenir avant le délai de 2 ans. Le délai deprescription est donc reporté au 10/01/2012,

- Si A. découvre un défaut de conformité le 01/12/2011, son action sera prescrite le01/12/2013 (soit au-delà du délai de garantie initial de 2 ans). 92

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.2. Contrat de vente : action en garantie des vices cachés

1) Délai : bref délai

Art.1648 C. civ

L’action doit être intentée dans un « bref délai » suivant la nature des vices rédhibitoires et l’usage dulieu ou la vente a été faite

2) Point de départ

Le jour de la délivrance du bien si l’usage qu’on en fait permet de déceler le vice à ce moment et, dansle cas contraire, le moment de la découverte du vice par l’acquéreur (jurisprudence dominante)

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.2. Contrat de vente : action en garantie des vices cachés

3) Remarques

Il s’agit d’un délai préfix

Doctrine et jurisprudence admettent qu’une demande d’expertise judiciaire ou des pourparlerslaissant sérieusement espérer un arrangement amiable devront être pris en compte pourapprécier le bref délai. Il ne s’agit toutefois pas d’une suspension comparable à celle d’un délaide prescription mais plutôt un critère permettant au juge d’apprécier « l’étendue » du brefdélai

Le délai de prescription de 10 ans de droit commun reste applicable à l’action contractuelle del’acheteur contre le vendeur, à partir de l’agréation. Par conséquent, l’action de l’acheteur estsoumise à un double délai : la garantie des vices cachés n’est pas due au-delà du délai de droitcommun de 10 ans.

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.3. Contrat d’entreprise : action en responsabilité décennale

1) Délai : 10 ans

Art.1792 : « Si l’édifice construit à prix fait, péri en tout ou en partie par le vice de laconstruction, même par le vice du sol, les architecte et entrepreneur en sont responsablespendant 10 ans ».

Art.2270 C. civ. : « Après 10 ans, l’architecte et les entrepreneurs sont déchargés de la garantiedes gros ouvrages qu’ils ont faits ou dirigés ».

2) Point de départ du délai

A compter de l’agréation des travaux, en sachant que les parties peuvent convenir d’attacher uneffet d’agréation à la réception provisoire, plutôt qu’à la réception définitive. 95

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.3. Contrat d’entreprise : action en responsabilité décennale

3) Remarques

Il s’agit d’un délai préfix !

Il est admis que le délai que le délai est « interrompu » (plus exactement prolongé) par unereconnaissance certaine et non équivoque de la part de l’édificateur

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.4. Le contrat d’entreprise : action en responsabilité pour vice caché véniel (après la réception –agréation)

1) Double délai : en temps utile (délai de procédure - 10 ans (droit commun))

Art.2262 bis, §1er, al.1 C. civ.

En matière de contrat d’entreprise, la demande résultant de vices cachés doit être formée « entemps utile » (Cass., 8 avril 1988, Pas. 1988, I, p.921; Cass., 15 septembre 1994, J.L.M.B. 1995,p.1068)

Comme toute action personnelle, l’action du maître de l’ouvrage est soumise au délai de 10 ans

2) Point de départ

A partir du moment où le maître de l’ouvrage découvre le vice 97

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.4. Le contrat d’entreprise : action en responsabilité pour vice caché véniel (après la réception –agréation)

3) Remarques

Selon la Cour de cassation, le juge apprécie en fait et souverainement si la demande résultant de vicecaché véniel a été formée en temps utile. L’art.1648 qui impose à l’acheteur l’intentement de l’action« dans un bref délai » n’est pas applicable au contrat d’entreprise (Cass., 8 avril 1988, Pas.1988, I, 921et Cass., 15 septembre 1994, JLMB 1995, 1068)

La réception de l’ouvrage par le maître de l’ouvrage n’exonère pas l’architecte de sa responsabilitépour les vices cachés véniels, même si ceux-ci n’affectent pas la solidité du bâtiment ou un de seséléments essentiels (couverts par la garantie décennale) (Cass., 15 septembre 1994, Op.cit)

L’action en responsabilité pour vice caché véniel reste soumise au délai de prescription de 10 ans (droitcommun), qui prend cours lors de la réception agréation. L’action pour vice caché véniel est dès lorssoumise à un double délai.

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.5. Le contrat d’entreprise – action directe du sous-traitant contre le maître de l’ouvrage

1) Délai : 10 ans

Art.2262 bis, §1, al.1 C. civ.

Art.1798 C. civ. :« Les maçons, charpentiers, ouvriers, artisans et sous-traitants qui ont été employés à laconstruction d’un bâtiment où d’autres ouvrages faits à l’entreprise ont une action directe contre lemaître de l’ouvrage jusqu’à concurrence de ce dont, celui-ci se trouve débiteur enversl’entrepreneur au moment où leur action est intentée »

2) Point de départ

A partir du jour où l’action peut être exercée, ce qui suppose que tant la créance du sous-traitantenvers l’entrepreneur principal que la créance de l’entrepreneur principal envers le maître de l’ouvragesoient exigibles. 99

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.5. Le contrat d’entreprise – action directe du sous-traitant contre le maître de l’ouvrage

3) Remarques

L’exercice de l’action directe du sous-traitant contre le maître de l’ouvrage n’est soumis àaucune condition de forme

Le maître de l’ouvrage peut opposer au sous-traitant toutes les exceptions qu’il peut faire valoirà l’encontre de l’entrepreneur principal, en ce compris la prescription de la créance de cedernier. Cela revient en fait à permettre au maître de l’ouvrage d’opposer à l’action directe lesexceptions de prescription liées à chacune des deux actions.

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.6. Le contrat d’assurance – Toute action dérivant du contrat

1) Délai : 3 ans – maximum 5 ans

Art.88, §1er, de la loi du 4 avril 2014 :

« Le délai de prescription de toute action dérivant du contrat d’assurance est de 3 ans …Le délai court à partir du jour de l’évènement qui donne ouverture à l’action. Toutefois,lorsque celui à qui appartient l’action prouve qu’il n’a eu connaissance de cet évènement qu’àune date ultérieure, le délai ne commence qu’à courir qu’à cette date, sans pouvoir excéder 5ans à dater de l’évènement, le cas de fraude excepté ».

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V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.6. Le contrat d’assurance – Toute action dérivant du contrat

2) Point de départ

Le jour de l’évènement qui donne ouverture à l’action (par ex: l’accident, l’incendie, le vol…)

Si le bénéficiaire de l’assurance n’a connaissance de l’évènement qu’à une date ultérieure, lepoint de départ du délai est retardé (par ex: vol survenu en 2015, dont l’assuré n’a pu prendreconnaissance qu’en 2018)

Le point de départ ne peut être retardé de plus de 5 ans, à compter de l’évènement.

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.6. Le contrat d’assurance – Toute action dérivant du contrat

3) Remarques

La demande de l’assureur tendant à obtenir le remboursement d’une indemnité indument payéen’est pas soumise au délai de prescription de 3 ans, mais au délai de droit commun prévu parl’art.2262 bis, §1er C. civ. Il s’agit en effet d’une action relative à un paiement indu et non d’uneaction qui dérive du contrat d’assurance (Cass., 9 octobre 2009, RDC 2011, p.116 : indemnitépayée à la suite du vol d’un véhicule – demande de remboursement de l’assureur qui conteste laréalité du vol)

La nullité du contrat d’assurance pour inexactitude intentionnelle dans le chef de l’assuré àl’occasion de la déclaration du risque peut encore être invoquée même si l’assureur a résilié lecontrat après sinistre pour un autre motif. L’assureur peut récupérer les sommes qu’il a payéespour un sinistre antérieur. La prescription est celle d’une action en répétition de l’indu (Mons(13ème Ch.), 8 février 2016, Bull.Ass.2017, Liv.III, 308) 103

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.6. Le contrat d’assurance – Toute action dérivant du contrat

3) Remarques

Il faut avoir égard aux causes particulières de suspension et d’interruption de la prescription visées àl’art.89 de la loi :

- La prescription contre les mineurs ne court pas jusqu’au jour de leur majorité (suspension)

- La prescription ne court pas contre l’assuré, le bénéficiaire ou la personne lésée qui se trouve dansl’impossibilité d’agir dans les délais prescrits en raison d’un cas de force majeure (suspension)

- Lorsque la déclaration de sinistre a été faite en temps utile, la prescription est interrompuejusqu’au moment où l’assureur a fait connaitre à l’assuré, par écrit, sa décision

- La prescription de l’action directe de la victime à l’égard de l’assureur est interrompue dès quel’assureur est informé de la personne lésée d’obtenir indemnisation de son préjudice. Cetteinterruption cesse au moment où l’assureur fait connaitre par écrit, à la personne lésée, sadécision d’indemnisation ou son refus

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.6. Le contrat d’assurance – Toute action dérivant du contrat

3) Remarques

L’interruption ou la suspension de la prescription de l’action de la personne lésée contre unassuré entraîne l’interruption ou la suspension de la prescription de l’action contre l’assureur(sans qu’il y ait donc besoin de le mettre à la cause) et à l’inverse l’interruption ou la suspensionde la prescription contre l’assureur entraine l’interruption ou la suspension de la prescriptioncontre l’assuré (Art.89, §4)

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.7. Contrat d’assurance : action récursoire de l’assureur contre l’assuré ou de l’assurécontre l’assureur

1) Délai : 3 ans

Art.88, §1er :« Le délai de prescription de toute action dérivant du contrat d’assurance est de 3 ans »

2) Point de départ du délai

En matière d’assurance de la responsabilité, le délai de 3 ans court, en ce qui concerne l’actionrécursoire de l’assuré contre l’assureur, à partir de la demande en justice de la personne léséecontre l’assuré

L’action récursoire de l’assureur contre l’assuré se prescrit par 3 ans à compter du jour dupaiement fait par l’assureur à la personne lésée, le cas de fraude excepté 106

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.8. Le contrat d’assurance : action directe de la personne lésée contre l’assureur

1) Délai : 5 ans – maximum 10 ans

Art.88, §2 de la loi sur les assurances :« Sous réserve de dispositions légales particulières, l’action résultant du droit propre que lapersonne lésée possède contre l’assureur en vertu de l’article 150 se prescrit par 5 ans àcompter du fait générateur du dommage ou, s’il y a infraction pénale à compter du jour oùcelle-ci a été commise.

Toutefois, lorsque la personne lésée prouve qu’elle n’a eu connaissance de son droit enversl’assureur qu’à une date ultérieure, le délai ne commence qu’à courir qu’à cette date, sanspouvoir excéder 10 ans à compter du fait générateur du dommage ou, s’il y a infractionpénale, du jour où celle-ci a été commise » 107

V. Délais

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A. Actions contractuelles (suite)A.3. Principales exceptions au régime de prescription ordinaire

A.3.8. Le contrat d’assurance : action directe de la personne lésée contre l’assureur

2) Point de départ du délai

5 ans à compter du fait générateur du dommage ou de l’infraction pénale

Ou éventuellement à compter de la date où la personne lésée a eu connaissance de son droitenvers l’assureur sans que le délai puisse excéder 10 ans à compter du fait générateur dudommage ou de l’infraction pénale

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles

B.1. Régime ordinaire

1) Délai : 5 ans – Maximum 20 ans

Art.2262 bis, §1er, al.2 et 3 :« Par dérogation à l’alinéa 1er, toute action en réparation d’un dommage fondée sur uneresponsabilité extracontractuelle se prescrit par 5 ans à partir du jour qui suit celui où lapersonne lésée a eu connaissance du dommage ou de son agravation et de l’identité de lapersonne responsable. Les actions visées à l’alinéa 2 se prescrivent en tout cas par vingt ans àpartir du jour qui suit celui où s’est produit le fait qui a provoqué le dommage »

2) Point de départ du délai

Le jour qui suit celui où la personne lésée a eu connaissance du dommage ou de son aggravationet de l’identité de la personne responsable (conditions cumulatives)

Mais maximum 20 ans à partir du jour qui suit le fait dommageable 109

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles (suite)

B.1. Régime ordinaire

3) Applications

La « responsabilité extracontractuelle » vise, de manière large, tous les cas d’agissementsfautifs, qui reposent sur la violation d’une norme légale ou du devoir général de prudence.L’article 2262 bis, §1er, al.2, s’applique dès lors :

– Aux actions en réparation fondées sur la responsabilité du fait personnel (art.1382 – 1383 C.civ.).On y assimile les actions fondées sur la culpa in contrahendo.

- Aux demandes de réparation fondées sur la responsabilité du fait d’autrui (art.1384 C.civ.)

- Aux demandes de réparation fondées sur la responsabilité du fait des choses, soit laresponsabilité du gardien pour le dommage causé par la chose affectée d’un vice (art.1384,al.1er C. civ.), soit la responsabilité du gardien pour les dommages causés par les animaux(art.1385 C.civ.) ou la responsabilité du propriétaire pour les dommages causés par la ruinedes bâtiments (art.1386 C. civ.) 110

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles (suite)

B.1. Régime ordinaire

3) Applications (suite)

– Aux demandes de réparation fondées sur les régimes de responsabilité objective ou sansfaute qui reposent sur la théorie du risque. Ainsi, la Cour de cassation a considéré quel’action de la victime d’un trouble de voisinage, fondée sur l’article 544 C. civ., tendant àobtenir une juste et adéquate compensation est une action fondée sur une responsabilitéextracontractuelle au sens de l’article 2262 bis, §1er, al.2 C. civ. (Cass., 20 janvier 2011,Pas.2011, I, 229).

4) Remarques

Le concept de « connaissance du dommage » signifie que la victime doit être en possession detous les éléments nécessaires pour introduire sa demande et que la victime dispose ou soit enmesure de disposer des informations suffisantes qui enlèvent tout doute quant à l’identité de lapersonne responsable. Il n’est pas requis que la victime ait connaissance de l’étendue dudommage. 111

V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles (suite)

B.1. Régime ordinaire

4) Remarque (suite)

L’action en réparation du dommage et l’action en réparation de l’aggravation du dommage initialsont distinctes par leur objet, et sont donc soumises à un délai qui demeure autonome et secalcule de façon indépendante. Ainsi, il se peut que la victime dont l’action en réparation dudommage initial serait prescrite puisse agir valablement en réparation de l’aggravation de cedommage (délai prenant cours le jour qui suit celui où la victime à connaissance del’aggravation)

Cela explique aussi que la victime agissant en réparation de son aggravation ne peut se voiropposer l’autorité de chose jugée de la décision coulée en force de chose jugée statuant surson dommage initial.

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles (suite)

B.2. Demande tendant à faire statuer sur l’objet des réserves accordées par un jugement

1) Délai : 20 ans

Art.2262 bis, §2 :« si une décision passée en force de chose jugée sur une action en réparation d’un dommageadmet des réserves, la demande tendant à faire statuer sur leur objet sera recevable pendantvingt ans à partir du prononcé »

2) Point de départ du délai

La date du prononcé de la décision passée en force de chose jugée qui a admis des réserves

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

B. Actions quasi-délictuelles (suite)

B.2. Demande tendant à faire statuer sur l’objet des réserves accordées par un jugement

3) Remarque

Ce délai est susceptible de subir les causes générales d’interruption et de suspension

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

C. Actions en réparation d’un dommage causé par une infraction

1) Délai : 5 ans – maximum 20 ans

Art.26 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale :« L’action civile résultant d’une infraction se prescrit selon les règles du Code civil ou des loisparticulières qui sont applicables à l’action en dommages et intérêts. Toutefois, celle-ci nepeut se prescrire avant l’action publique ».

Il s’agit donc du double délai de prescription prévu à l’art.2262 bis, §1er, al.2 C. civ.

2) Point de départ du délai

Même solution que pour les actions quasi-délictuelles : le jour qui suit le jour où la personnelésée a eu connaissance du dommage ou de son aggravation et de l’identité de la personneresponsable, avec un délai maximum de 20 ans à compter du dommage

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

C. Actions en réparation d’un dommage causé par une infraction

3) Remarques

Le régime sera en principe identique, que l’action civile soit introduite devant les juridictionspénales ou devant les juridictions civiles

La solution n’est toutefois pas tout à fait la même, puisque l’action de la victime d’uneinfraction ne peut être déclarée prescrite « avant l’action publique », ce qui peut avoird’importantes conséquences pratiques puisque la durée des délais de prescription de l’actionpublique varient de 20 à 6 mois (voir art.21 du Titre préliminaire du Code de procédure pénal).

La prescription de l’action civile ainsi introduite pourra par ailleurs être retardée en applicationdes nombreuses causes d’interruption et de suspension qui sont propres au droit pénal.

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

D. Actions quasi-contractuelles

Soit les actions fondées sur d’autres sources d’obligation que les contrats ou le quasi-délit (quasi-contrats, engagement unilatéral de volonté et apparence)

1) Délai : 10 ans ou 5 ans

Soit art.2262 bis, §1, al.1 (10 ans), soit art.2262 bis, §1, al.2 (5 ans et au plus 20 ans)

Le Professeur P. WERY et J. ACOLTY considèrent qu’il convient d’appliquer à ces autres sourcesd’obligations :

- Le délai de droit commun de la prescription décennale pour toute action visant à obtenirune « réparation en nature », que ce soit par application du mandat apparent ou del’engagement par déclaration de volonté unilatérale

- Le délai de 5 ans de l’action en réparation du dommage fondé sur une responsabilitéextracontractuelle lorsque l’action vise à la condamnation du débiteur à des dommages etintérêts, au motif que celle-ci procède bien d’hypothèses de « responsabilitéextracontractuelle »

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

D. Actions quasi-contractuelles (suite)

2) Point de départ du délai

Si délai de 10 ans : le jour où l’obligation devient exigible, càd le jour de la naissance de l’action

Si délai de 5 ans : le jour qui suit celui où la personne lésée a eu connaissance du dommage et del’identité de la personne responsable, et au plus tard 20 ans à partir du jour qui suit celui où lefait qui a provoqué le dommage s’est produit

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V. Délais

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I. DELAIS DE DROIT COMMUN ET PRINCIPALES EXCEPTIONS RESULTANT DE LOISPARTICULIERES

D. Actions quasi-contractuelles (suite)

3) Applications

Exemple d’action soumise au délai de la responsabilité extracontractuelle (5 ans) :

- action en responsabilité dirigée contre le gérant d’affaires sur base de l’art.1374, al.2 C. civ.

Exemples d’actions soumises au délai de droit commun (10 ans) :

– action tendant à obtenir l’exécution d’un engagement par déclaration de volontéunilatérale, comme une offre d’achat d’acquérir un immeuble

– Action en répétition de l’indu

– Action dirigée contre le mandant, engagé sur le fondement d’un mandat apparent si lacroyance du tiers à l’étendue des pouvoirs du mandataire est légitime.

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V. Délais

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II. PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREEA. Actions en responsabilité contre les avocats

1) Délai : 5 ans

Art.2276 bis, §1er C. civ. :

« Les avocats sont déchargés de leur responsabilité professionnelle et de la conservation despièces 5 ans après l’achèvement de leur mission »

2) Point de départ du délai

« Après l’achèvement de leur mission », c’est-à-dire, selon la Cour de cassation, à compter du jour où il est mis fin de façon non équivoque au mandat de l’avocat »

3) Remarque

La responsabilité quasi-délictuelle de l’avocat reste soumise à la prescription de droit communde l’art.2262 bis, §1er, al.2.

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V. Délais

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II. PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREEB. Actions en recouvrement des dettes périodiques

1) Délai : 5 ans

Art.2277 C. civ. :

« Les arrérages de rentes perpétuelles et viagères.

Les créances pour la fourniture de biens et de services via des réseaux de distribution d’eau,de gaz ou d’électricité ou la fourniture de services de communications électroniques ou deservices de radiotransmission ou de radio-et télédiffusion via des réseaux de communicationsélectroniques se prescrivent par 5 ans,

Les créances de frais extraordinaires visées à l’article 203 bis, §3,

Ceux des pensions alimentaires,

Les loyers des maisons, et le prix de ferme des biens ruraux,

Les intérêts des sommes prêtées, et généralement tout ce qui est payable par année ou à destermes périodiques plus courts,

Se prescrivent par 5 ans ». 121

V. Délais

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II. PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREEB. Actions en recouvrement des dettes périodiques (suite)

2) Prise de cours du délai

La date d’exigibilité de chaque créance périodique

La date d’échéance de la facture pour ce qui concerne les consommations d’énergie etcommunications électroniques

3) Remarques

Le seul critère à prendre en considération est celui de la périodicité de la dette à l’exclusion dela nature de celle-ci, sous peine de créer une discrimination entre les débiteurs de dettespériodiques

S’agissant des intérêts, une distinction doit être faite entre les intérêts compensatoires etmoratoires échus, qui se prescrivent par 10 ans et les intérêts moratoires conventionnels à échoirqui se prescrivent par 5 ans en application de l’art.2277 C. civ.

En effet, les intérêts compensatoires et moratoires échus constituent, selon la Cour decassation, une « indemnité complémentaire destinée à compenser le préjudice né de l’érosionmonétaire et du retard de l’indemnisation » (Cass., 22 octobre 2003, RGAR 2004, n°13885); cesintérêts forment un tout avec la somme principale allouée (Cass., 6 octobre 1999, Pas. 1999, I,p.515)

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V. Délais

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II. PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREEB. Astreintes

1) Délai : 6 mois

Art.1385 bis, al.3 octies C. jud. :

« L’astreinte se prescrit par l’expiration d’un délai de 6 mois à partir de la date à laquelle elleest encourue ».

2) Prise de cours du délai

Le jour où le fait qui justifie le paiement de l’astreinte s’est produit et pour autant que lejugement ait été signifié puisque l’astreinte ne peut être encourue avant la signification dujugement qui l’a prononcée (art.1385 bis, al.3 C. jud.)

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V. Délais

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II. PRESCRIPTIONS DE PLUS COURTE DUREEB. Astreintes

3) Remarques

La faillite du débiteur, ainsi que toute autre cause d’empêchement légal à l’exécution del’astreinte emportent suspension de la prescription (art.1385 octies, al.2)

La prescription est également suspendue aussi longtemps que celui qui a obtenu la condamnationne pouvait raisonnablement savoir que l’astreinte était acquise (art.1385 octies, al.3)

Lorsque la prescription de l’astreinte est interrompue par un commandement, les effets del’interruption se prolongent pendant tout le cours de l’instance de l’opposition qui a été faite aucommandement d’un délai de 6 mois (Cass., 7 décembre 1995, Pas., p.1131)

La matière de l’astreinte étant d’ordre public, le moyen déduit de sa prescription doit êtresoulevé d’office par le juge (exception à l’art.2223 C.civ.)

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V. Délais

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6.1. Prescription

6.1.1. Rappel

- Prescription = institution d’ordre public, mais- Les avantages qui en résultent concernent des intérêts privés.

6.1.2. Conséquences

A. Renonciation

– Les parties ne peuvent renoncer d’avance à la prescription,

– Mais elles peuvent renoncer à une prescription acquise (art.2220 C. civ.)

B. Prolongation conventionnelle du délai

- On ne peut renoncer par avance à la prescription, donc on ne peut pas non plus enaugmenter les délais, ni directement, ni indirectement (par ex, en différant leur point dedépart),

- Donc renonciation partielle = renonciation totale -> prohibition 125

VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS

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6.1. Prescription

6.1.2. Conséquences (suite)

C. Abréviation conventionnelle du délai

- Doctrine et jurisprudence majoritaires admettent la validité des clauses abréviatives de délai,

- Sauf si l’ordre public l’empêche (Cass., 22 février 1982, Pas.1982, I, p.766 : « Les dispositionsrelatives à la prescription de l’action en paiement d’une indemnité à la suite d’un accident dutravail sont d’ordre public; un accord des parties sur le point de départ du délai de prescriptionne peut être pris en considération »)

- Sous cette réserve, la clause contractuelle prenant comme point de départ de la prescription unfait ou une date antérieure à l’évènement visée par la loi (ce qui, indirectement, réduit le délaide prescription) est également valide.

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VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS

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6.1. Prescription

6.1.3. Aménagement conventionnel de l’interruption de la prescription

A. Les parties peuvent concevoir des actes interruptifs que la loi ne prévoit pas (par ex : conférerun effet interruptif à une mise en demeure ordinaire).

B. Les parties peuvent de même réduire le nombre des causes d’interruption, sans toutefois pouvoirles supprimer toutes.

6.1.4. Aménagement conventionnel de la suspension de la prescription

A. Les parties ne peuvent renoncer aux causes de suspension légale, en raison de leur rôleprotecteur.

B. Les parties peuvent par contre convenir que certains actes auront un effet suspensif (despourparlers par exemple, ainsi qu’une expertise amiable).

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VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS

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6.2. Délais préfix

6.2.1. Principes

– Rien n’empêche en principe certains aménagements conventionnels,

– Sauf si le délai concerné est d’ordre public, ce qui, la plupart du temps est le cas,

– Mais ne l’est pas lorsque le délai prévu à peine de déchéance résulte d’un contrat, oulorsque la loi le prévoit (ex : art.1649 quater, §2 C. civ. : Le vendeur et le consommateurpeuvent convenir d’un délai pendant lequel le consommateur est tenu d’informer le vendeurde l’existence du défaut de conformité sans que ce délai soit inférieur à 2 mois à compter dujour où le consommateur a constaté le défaut.

6.2.2. Conséquences

A. Renonciation

Sous réserve de l’ordre public, rien n’interdit au bénéficiaire d’un délai préfix déjà écoulé d’yrenoncer (puisque ce sont ses intérêts privés qui sont concernés), en particulier s’il s’agit d’unedéchéance conventionnelle.

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VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS

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6.2. Délais préfix

6.2.2. Conséquences

B. Réduction ou allongement des délais

Toujours sous réserve de l’ordre public, les principes qui valent pour la prescription valent aussipour la forclusion.

Cependant : à propos du délai décennal des art.2270 et 1792 C. civ. (délai d’ordre public), on lit,en doctrine, qu’il pourrait être allongé conventionnellement mais pas abrégé (J-F et L-OHENROTTE, L’ARCHITECTE (contraintes actuelles et statut de la profession en droit belge),Larcier, Bruxelles 2013, p.434).

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VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS

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6.2. Délais préfix

6.2.3. Interruption – suspension - prorogation

Les délais préfix ne peuvent en principe être ni interrompus ni suspendus

Ils peuvent être prorogés, cependant, en raison de la Force Majeure, même s’ils sont d’OP

On pourrait concevoir, dès lors, que par convention, les parties prévoient expressément quecertaines situations (assimilables à la force majeure ou constituant une impossibilité d’agir)prorogeront le délai (par exemple celui de l’art.2270 C. civ.) pendant le temps que dureral’impossibilité d’agir.

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VI. AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES DELAIS ET DE LEURS AVATARS