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VAL DE SAONE Neuville Rédaction : 9 rue des Maraîchers, 69160 Tassin-la-Demi-Lune - 04 78 97 10 76 - [email protected] ; Publicité : 04 72 22 24 37 - [email protected] 22 n LE PROGRES - DIMANCHE 2 NOVEMBRE 2014 69G U n centre de traitement des déchets pourrait bientôt voir le jour dans la zone industrielle de Quin- cieux. L’enquête publique débute lundi, et le dossier inquiète déjà riverains et agri- culteurs situés à proximité (lire par ailleurs). Une plateforme de maturation de mâchefer Le Sytraival (Syndicat mixte d’élimination, de traitement et valorisation des déchets Beau- jolais-Dombes) souhaite implanter un centre de traite- ment des déchets sur le site de l’ancienne entreprise RKW Guial, située chemin du Crou- loup, une friche industrielle abandonnée depuis quelques années. Les locaux existants seront rasés, laissant la place à trois nouveaux bâtiments. Le premier d’entre eux sera une plateforme de maturation de mâchefers, qui constituera l’activité principale de ce centre. « Le mâchefer est le résiduel des déchets ménagers incinérés, explique Jean-Paul Chemarin, maire de Corcelles- en-Beaujolais et président du Sytraival. Une grosse partie de ces cendres est déjà triée à Vil- lefranche : il faut notamment enlever la ferraille. Nous emmènerons ce mâchefer à Quincieux, pour enlever les restes d’aluminium. » Une fois complètement trié, le mâche- fer subit une maturation pen- dant trois mois, temps pendant lequel on le laisse reposer. « Notre projet est de réaliser cette étape sous un bâtiment couvert, précise Jean-Paul Chemarin. Ce sera une premiè- re dans la région. Jusque-là, cette phase se faisait à l’air libre, à Bourgoin-Jallieu, où nous sous-traitons. Il n’y aura donc pas de désagréments pour les voisins. » Au bout de trois mois, ce matériau peut être utilisé en technique rou- tière, servir de sous-couche avant de poser un enrobé. Le second bâtiment servira de transfert des déchets ménagers issus du tri sélectif, comme les journaux et emballages. Les camions de collecte viendront vider les déchets recyclables à Quincieux. Ils seront chargés dans des semi-remorques pour être recyclés, notamment à Rillieux. Le troisième bâtiment serait une station de broyage des encombrants issus des déchetteries. « Chaises ou tables de jardin cassées seront broyées à Quincieux, puis transportées à Villefranche pour être incinérées et valori- sées en chauffage », précise Jean-Paul Chemarin. Mardi soir, le conseil municipal de Quincieux a accordé un avis favorable à l’enquête publique. Le sujet sera également suivi de près par Chasselay, la com- mune voisine. « Il faudra bien lire l’enquête publique, annon- ce Bruno Lassausaie, premier adjoint à Chasselay. Nous sommes concernés par le trafic potentiel des camions qui iront jusqu’au centre de gestion des déchets. Il faudra également être à l’écoute au niveau envi- ronnemental. » La commune de Chasselay donnera égale- ment son avis, lundi soir, au conseil municipal. Jean-Paul Chemarin espère, quant à lui, que ce centre quin- cerot devienne « un site exem- plaire ». n Élodie Castelli et Sophie Thierry QUINCIEUX QUINCIEUX Bientôt un centre de gestion Bientôt un centre de gestion des déchets dans la zone industrielle des déchets dans la zone industrielle n Habitants et agriculteurs s’inquiètent de l’installation de ce centre de gestion de déchets sur l’ancien site de l’entreprise RKW (en fond). Photo Élodie Castelli Environnement. Un centre destiné à la gestion des déchets devrait voir le jour début 2016. Une enquête publique démarre ce lundi. Repères Le projet en chiffres 2,3 ha : c’est la surface du terrain. Le premier bâtiment (5 800 m²), destiné à la maturation de mâche- fers aurait une capacité maximale de 25 000 tonnes/an. Le Sytrai- val en produit aujourd’hui 17 000. Le second bâtiment, de 1 400 m², serait une unité de transit de déchets ménagers recyclables pour 14 000 tonnes/an. Le troisième, de 1 400 m², serait une unité de transit de déchets encombrants pour 10 000 tonnes/an. Nombre de camions par jour : environ 50, dont 70 % de « petits » type camions bennes et 30 % de semi-remorques. Création de 5à7 emplois. Mise en exploitation possible fin 2015-début 2016. Le syndicat Sytraival représente aujourd’hui près de 200 commu- nes et 330 000 habitants. L’enquête publique démarre ce lundi L’enquête publique a lieu du 3 novembre au 3 décembre. Le dossier est consultable par tous en mairie de Quin- cieux, aux horaires d’ouverture. Un commissaire enquêteur sera présent en mairie de Quincieux les 3, 13, 20, 25 novembre de 15 h 30 à 17 h 30 et le 3 décembre de 9 à 12 heures. n Pratique L’objectif du Sytraival est de maî- triser ses installations et de con- trôler les filières de valorisation. Le choix du site de Quincieux ne s’est pas fait par hasard. « Le terrain est dans une zone industrielle, il est proche de l’usine d’incinération de Villefranche, précise le président du Sytraival, Jean-Paul Chemarin. Quincieux, avant d’entrer dans le Grand Lyon, faisait partie du Sytraival. Les ordures ménagè- res de Quincieux sont toujours incinérées à Villefranche. » Le Sytraival sous-traitait jusque-là la maturation du mâchefer à Bourgoin. « Le faire à Quincieux limitera les transports. Nous avions un site de broyage des encombrants au nord de territoire, avec Quincieux cela nous permet- tra d’en avoir un au sud. » Pourquoi Quincieux ? « Il y a beaucoup de garanties » Pascal David Maire de Quincieux Je suis plutôt favorable à ce genre d’installation, l’entreprise est supervisée, il y a beaucoup de garanties. Ce ne sont pas des déchets toxiques. Cette installation permet d’utiliser la friche indus- trielle qui a tendance aujourd’hui à s’émietter. Je comprends l’inquié- tude des riverains, il faut que la gestion soit parfaite et on y veille- ra. Au niveau de la nappe phréati- que, il y a encore plus d’exigences que pour les agriculteurs, ils ont des normes à respecter. Nous avons donné un avis favorable au projet tel qu’il est présenté aujour- d’hui. Quincieux est entré dans le Grand Lyon et fonctionnera avec le Sytraival jusqu’à la fin de l’année. Pour les habitants, ça ne changera rien : ils devront juste aller dans les déchetteries du Grand Lyon. « C’ est en allant promener mon chien que j’ai vu l’affiche annonçant ce projet », raconte Yves Haltin- ner. Cet habitant dénonce le manque d’information. « Parmi les riverains et les entreprises situées à côté, per- sonne n’était au courant », ajoute-t-il. L’enquête publique ne démarre que lundi, mais plusieurs habitants grincent déjà des dents. « Nous crai- gnons que l’usine d’incinéra- tion de Villefranche ferme et qu’à terme, une usine s’installe ici à Quincieux », s’inquiète Yves Haltinner. Mais la réponse de Jean-Paul Chemarin, prési- dent du Sytraival, est catégori- que : « Il n’est pas question qu’elle ferme. L’usine de Ville- franche produit d’ailleurs du chauffage pour 3 000 loge- ments. Et il n’est pas prévu d’en construire une à Quincieux. » « C’est déjà infernal » Élisabeth Ierace, une riveraine, est également remontée. « Ce centre de déchets risque d’entraîner de mauvaises odeurs, et on se pose la ques- tion sur les problèmes de santé publique. Entre le chantier de construction de la liaison auto- routière et ce projet, notre maison pourrait être déva- luée. » L’ensemble des riverains interrogés craint également une augmentation du trafic routier lié au passage des camions. « C’est déjà infernal », témoigne Élisabeth Ierace. Des inquiétudes partagées par les agriculteurs de Quincieux et Chasselay. « Mon site d’exploi- tation agricole est à 200 mètres, lance Didier Lorchel, agriculteur et secrétaire du syn- dicat agricole de Quincieux. Je produis des légumes, j’ai des moutons. On essaie de valori- ser nos productions, mais on risque de perdre en qualité avec ce centre. Nous sommes en zone vulnérable, ce qui signifie que les agriculteurs ont certai- nes contraintes pour permettre la protection des zones de cap- tage d’eau potable. Ce n’est pas logique qu’un centre de gestion des déchets s’installe ici. » Jean-Paul Chemarin tient à ras- surer : « On sera sur un secteur étanche, nous aurons des citer- nes spécifiques pour récupérer les eaux, qui seront analysées. » Agriculteurs et habitants ne comptent pas en rester là. Ils devraient installer une bande- role pour alerter les automobi- listes, et se dirigent vers la créa- tion d’une association. Avant tout, ils ne manqueront pas de faire part de leurs remarques dans l’enquête publique. n E. C. Les habitants grincent des dents Les habitants grincent des dents Polémique. Situés à quelques centaines de mètres du futur centre de gestion des déchets, habitants et agriculteurs sont remontés. Odeurs, problèmes de circulation et respect de l’environnement sont au cœur de leurs préoccupations.

Quincieux 021114

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Page 1: Quincieux 021114

VAL DE SAONE NeuvilleRédaction : 9 rue des Maraîchers, 69160 Tassin­la­Demi­Lune ­ 04 78 97 10 76 ­ [email protected] ; Publicité : 04 72 22 24 37 ­ [email protected]

22 n LE PROGRES - DIMANCHE 2 NOVEMBRE 2014 69G

Un centre de traitementdes déchets pourraitbientôt voir le jour dans

la zone industrielle de Quin­cieux. L’enquête publiquedébute lundi, et le dossierinquiète déjà riverains et agri­culteurs situés à proximité (lirepar ailleurs).

UneplateformedematurationdemâcheferLe Sytraival (Syndicat mixted’élimination, de traitement etvalorisation des déchets Beau­j o l a i s ­D ombe s) souhai teimplanter un centre de traite­ment des déchets sur le site del’ancienne entreprise RKWGuial, située chemin du Crou­loup, une friche industrielleabandonnée depuis quelquesannées. Les locaux existantsseront rasés, laissant la place àtrois nouveaux bâtiments.Le premier d’entre eux sera

une plateforme de maturationde mâchefers, qui constitueral ’activité pr incipale de cecentre. « Le mâchefer est lerésiduel des déchets ménagersincinérés, explique Jean­PaulChemarin, maire de Corcelles­en­Beaujolais et président duSytraival. Une grosse partie deces cendres est déjà triée à Vil­lefranche : il faut notammentenlever la fer rai l le. Nousemmènerons ce mâchefer àQuincieux, pour enlever lesrestes d’aluminium. » Une foiscomplètement trié, le mâche­fer subit une maturation pen­dant trois mois, temps pendantlequel on le laisse reposer.« Notre projet est de réalisercette étape sous un bâtimentcouvert, précise Jean­PaulChemarin. Ce sera une premiè­re dans la région. Jusque­là,cette phase se faisait à l’airlibre, à Bourgoin­Jallieu, où

nous sous­traitons. Il n’y auradonc pas de désagrémentspour les voisins. » Au bout detrois mois, ce matériau peutêtre utilisé en technique rou­tière, servir de sous­coucheavant de poser un enrobé.Le second bâtiment servira detransfert des déchets ménagersissus du tri sélectif, comme lesjournaux et emballages. Lescamions de collecte viendrontvider les déchets recyclables àQuincieux. Ils seront chargésdans des semi­remorques pourêtre recyclés, notamment àRillieux. Le troisième bâtimentserait une station de broyagedes encombrants issus desdéchetteries. « Chaises outables de jardin cassées serontbroyées à Quincieux, puistransportées à Villefranchepour être incinérées et valori­sées en chauffage », précise

Jean­Paul Chemarin.Mardi soir, le conseil municipalde Quincieux a accordé un avisfavorable à l’enquête publique.Le sujet sera également suivide près par Chasselay, la com­mune voisine. « Il faudra bienlire l’enquête publique, annon­ce Bruno Lassausaie, premieradjoint à Chasselay. Noussommes concernés par le traficpotentiel des camions qui irontjusqu’au centre de gestion desdéchets. Il faudra égalementêtre à l’écoute au niveau envi­ronnemental. » La communede Chasselay donnera égale­ment son avis, lundi soir, auconseil municipal.Jean­Paul Chemarin espère,quant à lui, que ce centre quin­cerot devienne « un site exem­plaire ». n

Élodie Castelli etSophie Thierry

QUINCIEUXQUINCIEUX BientôtuncentredegestionBientôtuncentredegestiondesdéchets dans la zone industrielledesdéchets dans la zone industrielle

n Habitants et agriculteurs s’inquiètent de l’installation de ce centre de gestionde déchets sur l’ancien site de l’entreprise RKW (en fond). Photo Élodie Castelli

Environnement. Un centre destiné à la gestiondes déchets devrait voir le jour début 2016. Une enquêtepublique démarre ce lundi.

Repères

Le projet en chiffres2,3 ha : c’est la surface du terrain.Le premier bâtiment (5 800 m²),destiné à la maturation de mâche-fers aurait une capacité maximalede 25 000 tonnes/an. Le Sytrai-val en produit aujourd’hui 17 000.Le second bâtiment, de 1 400 m²,serait une unité de transitde déchets ménagers recyclablespour 14 000 tonnes/an.Le troisième, de 1 400 m², seraitune unité de transit de déchetsencombrants pour 10 000tonnes/an.Nombre de camions par jour :environ 50, dont 70 % de« petits » type camions benneset 30 % de semi-remorques.Création de 5 à 7 emplois.Mise en exploitation possiblefin 2015-début 2016.Le syndicat Sytraival représenteaujourd’hui près de 200 commu-nes et 330 000 habitants.

L’enquête publiquedémarre ce lundiL’enquête publique a lieu du3 novembre au 3 décembre.Le dossier est consultablepar tous en mairie de Quin-

cieux, aux horaires d’ouverture.Un commissaire enquêteur seraprésent en mairie de Quincieuxles 3, 13, 20, 25 novembrede 15 h 30 à 17 h 30 et le3 décembre de 9 à 12 heures.

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L’objectif du Sytraival est de maî-triser ses installations et de con-trôler les filières de valorisation. Lechoix du site de Quincieux ne s’estpas fait par hasard. « Le terrain estdans une zone industrielle, il estproche de l’usine d’incinération deVillefranche, précise le présidentdu Sytraival, Jean-Paul Chemarin.Quincieux, avant d’entrer dansle Grand Lyon, faisait partie

du Sytraival. Les ordures ménagè-res de Quincieux sont toujoursincinérées à Villefranche. »Le Sytraival sous-traitait jusque-làla maturation du mâcheferà Bourgoin. « Le faire à Quincieuxlimitera les transports. Nousavions un site de broyage desencombrants au nord de territoire,avec Quincieux cela nous permet-tra d’en avoir un au sud. »

Pourquoi Quincieux ?

« Il y a beaucoupde garanties »Pascal David Maire de Quincieux

Je suis plutôt favorable à ce genred’installation, l’entreprise estsupervisée, il y a beaucoupde garanties. Ce ne sont pas desdéchets toxiques. Cette installationpermet d’utiliser la friche indus-trielle qui a tendance aujourd’huià s’émietter. Je comprends l’inquié-tude des riverains, il faut que lagestion soit parfaite et on y veille-ra. Au niveau de la nappe phréati-que, il y a encore plus d’exigencesque pour les agriculteurs, ils ontdes normes à respecter. Nousavons donné un avis favorable auprojet tel qu’il est présenté aujour-d’hui. Quincieux est entré dans leGrand Lyon et fonctionnera avec leSytraival jusqu’à la fin de l’année.Pour les habitants, ça ne changerarien : ils devront juste aller dansles déchetteries du Grand Lyon.

« C’est en allantp r o m e n e rm o n c h i e n

que j’ai vu l’affiche annonçantce projet », raconte Yves Haltin­ner.C e t h a b i t a n t d é n o n c e l em a n q u e d ’ i n f o r m a t i o n .« Parmi les riverains et lesentreprises situées à côté, per­sonne n’était au courant »,ajoute­t­il. L’enquête publiquene démarre que lundi, maisplusieurs habitants grincentdéjà des dents. « Nous crai­gnons que l’usine d’incinéra­tion de Villefranche ferme etqu’à terme, une usine s’installeici à Quincieux », s’inquièteYves Haltinner. Mais la réponse

de Jean­Paul Chemarin, prési­dent du Sytraival, est catégori­que : « Il n’est pas questionqu’elle ferme. L’usine de Ville­franche produit d’ailleurs duchauffage pour 3 000 loge­ments. Et il n’est pas prévu d’enconstruire une à Quincieux. »

« C’estdéjàinfernal »Élisabeth Ierace, une riveraine,est également remontée. « Cec e n t r e d e d é c h et s r i s qu ed’entraîner de mauvaisesodeurs, et on se pose la ques­tion sur les problèmes de santépublique. Entre le chantier deconstruction de la liaison auto­routière et ce projet, notremaison pourrait être déva­

luée. » L’ensemble des riverainsinterrogés craint égalementune augmentation du traficroutier l ié au passage descamions. « C’est déjà infernal »,témoigne Élisabeth Ierace. Desinquiétudes partagées par lesagriculteurs de Quincieux etChasselay. « Mon site d’exploi­t a t i o n a g r i c o l e e s t à 2 0 0mètres, lance Didier Lorchel,agriculteuretsecrétairedusyn­dicat agricole de Quincieux. Jeproduis des légumes, j’ai desmoutons. On essaie de valori­ser nos productions, mais onrisque de perdre en qualité avecce centre. Nous sommes enzone vulnérable, ce qui signifieque les agriculteurs ont certai­

nes contraintes pour permettrela protection des zones de cap­tage d’eau potable. Ce n’est paslogique qu’un centre de gestiondes déchets s’installe ici. »Jean­Paul Chemarin tient à ras­surer : « On sera sur un secteurétanche, nous aurons des citer­nes spécifiques pour récupérerles eaux, qui seront analysées. »Agriculteurs et habitants necomptent pas en rester là. Ilsdevraient installer une bande­role pour alerter les automobi­listes, et se dirigent vers la créa­tion d’une association. Avanttout, ils ne manqueront pas defaire part de leurs remarquesdans l’enquête publique. n

E. C.

Les habitants grincent des dentsLes habitants grincent des dentsPolémique. Situés à quelques centaines demètres du futur centre de gestion des déchets, habitants et agriculteurssont remontés. Odeurs, problèmes de circulation et respect de l’environnement sont au cœur de leurs préoccupations.