?r1artinia Tome 24 (3) Septembre 2008

Martinia, Tome 24, 2008 Revue scientifique de la Société française d'odonatologie

ISSN 0297-0902

Directeur de publication: Jean-Louis Dommanget

Comité de lecture M. Jean-Pierre BOUDOT, CNRS, Nancy M. Jean-Louis DOMMANGET, INRA/OPIE M. Samuel JOLIVET, OPIE Mme Annie KOHN, Paris M. Philippe MACHET, La Chapelle d'Andaine M. Maurice MASHAAL, Paris M. François MEURGEY, Muséum, Nantes M. Michel PAPAZIAN, Marseille

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Illustrations de couverture Page 1 de couverture: Aeshna mixta Latreille, 1805 (Photographie Bernard Duprez)

Page 1 de couverture, sigle: Création de Sarah Entzmann et dessin d'Alain Manach. Pages 1 et 4 de couverture : Etang de Brenne (Indre).

Page 4 de couverture: Portrait de René MARTIN (d'après Calvert, 1927), dessin de Robert Rousso.

Maquette et mise en page: J.-L & C. Dommanget. Textes et illustrations réalisés sous Word 2003 pour Windows.

Les opinions exprimées dans la revue n'engagent que leurs auteurs

© Société française d'Odonatologie, 2008 Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés

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Martinia Tome 24, fascicule 3, septembre 2008

Sommaire

V. TERNOIS, J .-L. LAMBERT et E. FRADIN. Oxygastra curtisii (Dale, 1834) en Champagne-Ardenne : premiers résultats du programme d'études 2007-

73

2009 (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). ...... ....................................... ....... 75

M. TESSIER, G. SFREDDO. Premier bilan d'inventaires d'Odonates dans le nord du département de l'Ariège. .. .... ...... ......... .... ... ...... ................ ... ... ...... ......... .... 89

B. ROCHELET. Première preuve de reproduction de Gomphus graslinii (Rambur, 1842) en Deux-Sèvres et observations odonatologiques en bord de Sèvre niortaise (Odonata, Anisoptera, Gomphidae). .......... ...................... 93

J.-L. LAMBERT et J.-c. LUMET. Une journée consacrée aux Odonates pour les agents de la délégation interrégionale de Metz de l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques. ...... ................ ................... .............. ........... 101

M. DUQUEF. Préparation des Odonates récoltés dans les pays tropicaux. .. .... .. .... 106

Brèves communications D. GRAND, A. GARCIA. Lestes sponsa (Hansemann, 1823) et Somatochlora

flavomaculata (Vander Linden, 1825) dans le Rhône. (Zygoptera, Lestidae ; Anisoptera, Corduliidae). ..... ... ... ........ .......... .. ... ... .... .. .... .... .............. .. 88

Note de la rédaction. .... .... .... ... ... ..... ..... ...... ....... ........ .. ................................ ... .............. 108 Illustration de Thomas Williams on ... .. ...... .... .... ..... ... .. .... ........ .. ....... ..... ... .... ..... .. .... ........... 105

Société française d'Odonatologie

74 Martinia

Martinia Volume 24, number 3, September 2008

Contents

V. TERNOIS, J.-L. LAMBERT et E. FRADIN. Oxygastra curtisii (Dale, 1834) in the Champagne-Ardenne region, NE France: first results (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). ................... .............................................. ............. 75

M. TESSIER, G. SFREDDO. First results of Odonata surveys in the northem part of the Ariège department. ...... ........ ... .... ............ .. ........ ..... ..... .. ..... .. .... .. .. ...... .. 89

B. ROCHELET. First breeding evidence for Gomphus graslinii (Rambur, 1842) in the Deux-Sèvres department and other records of Odonata on the Sèvre niortaise river (Odonata, Anisoptera, Gomphidae). ............ ............... ....... ... . 93

J.-L. LAMBERT et J.-c. LUMET. A information session dedicated to dragonflies study, for the National agency of water and aquatic environments (ONEMA) agents working throughout Champagne-ArdennelLorraine/ Alsace delegation.. ........................................................................................ 101

M. DUQUEF. Preservation of Odonata collected in tropical countries. ..... ...... ...... 106

Short communication D. GRAND, A. GARCIA. Lestes sponsa (Hansemann, 1823) and Somatochlora

flavomaculata (Vander Linden, 1825) in the Rhône department. (Zygoptera, Lestidae ; Anisoptera, Corduliidae). ...... .................. ...................... 88

Note of the editor .. .... ... ...... . ........ ....... ....... .. ..... .... ...... ...... ... ... .... ........................................ 94 Cartoons by Thomas Williamson .......... .. .... ............... .......... ...... ... ....... .. ... .. ... ................... .

Société française d'Odonato[ogie

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008

Oxygastra curtisii (Dale, 1834) en Champagne-Ardenne : premiers résultats du

programme d'études 2007-2009 (Odonata, Anisoptera, Corduliidae)

Par Vincent TERNOIS(l), Jean-Luc LAMBERT(2) et Emmanuelle FRADIN(l) (Coordinateurs)

(l )CPIE du Pays de Soulaines, Domaine de Saint-Victor, F-l 0200 Soulaines-Dhuys cpie. vincenUernois@wanadoo.fr

(2)ONEMA, Service départemental de la Marne, F-5l520 Veuve jean-luc.lambertI8@wanadoo.fr

Mots clés: ODONATES, FAUNISTIQUE, OXYGASTRACURTISII, CHAMPAGNE­ARDENNE Key words: ODONATA, FAUNISTICS, OXYGASTRA CURTISII, CHAMPAGNE­ARDENNE DEPARTMENT.

Résumé: Un programme d'études sur Oxygastra curtisii (Dale, 1834) a été lancé en 2007 en région Champagne-Ardenne. Le projet, piloté par le CPIE du Pays de Soulaines et l'ONEMA, vise à évaluer la répartition régionale de l'espèce, à confirmer sa reproduction au sein des gravières et à évaluer son statut de conservation. Les auteurs présentent les résultats obtenus au cours de la première année de recherche et dressent une nouvelle cartographie pour la Champagne-Ardenne.

Oxygastra curtisii (Dale, 1834) in the Champagne-Ardenne region, NE France: tirst results (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). Summary: A survey devoted Oxygastra curtisii (Dale, 1834) was initialled in 2007 in the Champagne-Ardenne region (NE France) to deterrnine the status of this species. It in managed both by the CPIE of the Pays de Soulaines and the ONEMA administration. The role of the gravel pits was particularly addressed. The authors give the first results (2007) of this rniddle-term program (2007-2009) and produce on updated distribution map of the species.

Préambule

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Oxygastra curtisii (Dale, 1834) est l'une des espèces de libellules les plus remarquables de Champagne-Ardenne et du nord de la France. Strictement protégée sur le territoire national et inscrite aux annexes II et IV de la directive Habitats, ses populations sont le plus souvent isolées et peu importantes. Dans la première synthèse cartographique régionale (COPPA, 1990), l'espèce est citée sur trois secteurs distribués sur la Vallée de l'Aisne (secteur Marne), sur la Vallée de la Meuse (secteur Haute-

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Marne) et sur la Vallée de la Chiers (Ardennes). Elle était inconnue du département de l'Aube.

Depuis le début des années 1990, les observations se sont multipliées sur l'ensemble de la région et tout particulièrement dans l'Aube [première donnée auboise collectée en 1991 par CaPPA (1992)]. Cette augmentation des données a conduit à la publication d'un premier article qui fait le point sur l'état des connaissances (répartition, biotopes, phénologie ... ) pour la Champagne-Ardenne (TERNOIS & BARANDE, 2005). Un second article fait suite à la découverte de nombreux individus sur les gravières alluvionnaires de la Plaine de Brienne, situées, pour une grande partie, au sein du Parc naturel régional de la Forêt d'Orient (PnrFO) (TERNOIS, 2006).

Les connaissances acquises restent toutefois fragmentaires . Les données ayant été collectées lors d'études ponctuelles ou d'investigations personnelles, nous ne possédons pas le recul suffisant pour évaluer le statut d'O. curtisii sur l'ensemble du département de l'Aube, et encore moins à l'échelle de la région. Pourtant, ces éléments s'avèrent aujourd'hui indispensables pour la prise en compte systématique de cette espèce patrimoniale dans les procédures d'aménagements du territoire (dossiers Natura 2000, arrêtés de protection de biotopes, Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et fIoristique, Réserves naturelles régionales, études d'impacts .. . ).

Afin d'évaluer au mieux la répartition et le statut de rareté d'O. curtisii en Champagne-Ardenne, le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement (CPIE) du Pays de Soulaines et la Délégation interrégionale de l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) ont initié la mise en place d'un programme de recherche pluriannuel sur les grands cours d'eau, leurs annexes et les systèmes de gravières de Champagne-Ardenne. Cette note présente les premiers résultats de cette étude.

Suivi des gravières de la Plaine de Brienne! Oxygastra curtisii se reproduit dans les canaux, les rivières et les grands cours

d'eau dont les rivages sont bordés d'une importante ripisylve et en particulier sur les secteurs les plus calmes (HEIDEMANN & SEIDENBUSCH, 2002 ; GRAND & BaUDOT, 2006). Les larves se développent au sein des chevelus racinaires des arbres riverains, notamment ceux formés par les aulnes et les saules (LEIPELT & SUHLING, 2001).

Dans la littérature, la reproduction de l'espèce dans les eaux stagnantes a été rapportée, notamment dans les étangs piscicoles, les lacs, les gravières ... (HEIDEMANN & SEIDENBUSCH, 2002) mais ceci n'a, semble-t-il, jamais été vérifié en Champagne-Ardenne et reste en fait peu documenté en France (HERB RECHT & DOMMANGET, 2006). Suite aux prospections menées en 2005, la reproduction de

1 Cette partie est extraite d'une note publiée dans le Courrier scientifique du Parc naturel régional de la Forêt d 'Orient - TERNOIS et al., 2007.

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l'espèce a été fortement suspectée au sein des gravières de la Plaine de Brienne (TERNOIS et al., 2005; TERNOIS, 2006). Malgré l'observation d'accouplements, de pontes et d'un nombre conséquent d'immatures fraîchement éclos, il n'avait pas été mis en évidence de preuve de reproduction fiable comme la découverte d'exuvies ou l'observation d'émergences. Nous avions privilégié à l'époque une certaine prudence quant à l'interprétation de ces données. Considérant la capacité de déplacement des imagos, il est possible que les individus observés proviennent des cours d'eau périphériques. En effet, ces gravières sont situées à moins de quatre kilomètres de la Voire et de l'Aube, deux cours d'eau sur lesquels la reproduction a été constatée (la Voire) ou très fortement suspectée (l'Aube). En 2006, les mêmes observations ont été faites sur d'anciennes gravières situées dans le sud du département de la Marne, sans toutefois que l'on puisse y prouver la reproduction de l'espèce.

L'un des objectifs du programme O. curtisii est de vérifier la reproduction de cette espèce au sein des gravières. Des recherches spécifiques ont donc été menées le 20 juin 2007 sur trois gravières: deux bassins voisins sur la commune de Lassicourt (en limite de la commune de Rosnay-l'Hôpital) et une gravière sur la commune de Saint-Léger-sous-Brienne. Il s'agit de sites où l'espèce avait été observée le 15 juin 2005 et sur lesquels une reproduction était supposée: 15 imagos au minimum sur les deux premiers sites (2 individus revus le 12 juin 2006, puis en 2007 : un immature le t er juin, 6 le 5, 4 au minimum le 15 puis 8 le 20) et 2 sur le troisième site (2 individus le 5 juin 2007).

Les prospections ont été effectuées depuis les berges par trois observateurs, accompagnés d'une équipe en canoë susceptible de prospecter les secteurs difficiles d'accès. Les recherches ont principalement été orientées vers les bouquets de saules et d' arbustes rivulaires potentiellement favorables à l'émergence. La confirmation de la reproduction de l'espèce n'a pas mis beaucoup de temps à venir puisque, avant même la mise à l'eau de l'embarcation et le lancement des investigations, une exuvie, d'O. curtisii pouvait être collectée sur un jeune frêne.

Des recherches systématiques ont été menées sur le premier plan d'eau alors qu'elles ont été limitées à quelques secteurs favorables sur les deux autres gravières, en raison de la présence réduite de végétation arbustive rivulaire pour l'une et d'un taux de fermeture très important pour l'autre, empêchant les prospections depuis la berge et rendant difficiles les recherches en canoë.

A l'issue des prospections, des exuvies de huit espèces d'Anisoptères ont été identifiées sur les trois bassins (tableau 1). On notera que la collecte des exuvies n'a pas été systématique, en particulier lorsque celles-ci ne ressemblaient visiblement pas à l' espèce recherchée. Au final, 62 dépouilles larvaires ont été prélevées dont 40 correspondant à O. curtisii: 26 sur le premier bassin supposé au départ le plus favorable,4 sur le plan d'eau jugé moins favorable et 10 sur la gravière peu accessible et visiblement très dégradée.

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Point 1 1

Point 2 7 7 4 1 1 4

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Point 4 1 1 1 1 1 1

PointS 1

Point 6 2 1

Point 7 1 1 1

PointS 1 2

Point 10 1 1

Point 11 5 2 1 4 1

Point 12 1

Point 13 1

Point 14 2 1

Total 18 12 10 2 1 4 1 2 2 2 8

40

Tableau 1. Nombre d'exuvies collectées sur les trois gravières de la Plaine de Brienne (résultats du 20 juin 2007)

Les exuvies ont toutes été découvertes sur les bouquets de ligneux qui bordent les gravières avec une majorité collectée sur des saules, mais aussi sur du frêne (1 exuvie) et sur de la bourdaine (1 exuvie). Elles ont été prélevées à des hauteurs comprises entre 50 et 120 cm (majorité entre 50 et 80 cm) à l'aplomb ou en surplomb de l'eau (aucune exuvie n'a été trouvée à distance de l'eau). Ces observations sont conformes aux informations données par HEIDEMANN & SEIDENBUSCH (2002), qui précisent que la distance des exuvies du rivage ne dépasse pas un mètre. Dix-huit ont été collectées sur un seul bouquet de saules, alors qu'ailleurs les exemplaires étaient plutôt isolés. Ce site d'émergence avait pour caractéristique d'avoir un système racinaire immergé très fourni .

La distribution des exuvies sur le premier plan d'eau est disparate malgré une physionomie homogène de la gravière. Les exemplaires ont, pour la plupart, été collectés sur la rive sud du plan d'eau. li n'est pas impossible que les émergences

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aient lieu sur les secteurs les plus abrités des gravières, les autres rives étant soumises à un plus fort batillage.

Le pH, l'oxygène dissous, la température et la conductivité de l'eau ont été mesurés sur quatre gravières de la Plaine de Brienne (tableau 2), à savoir les trois plans d'eau sur lesquels des recherches d'exuvies ont été menées ainsi qu'un bassin situé sur la commune de Saint-Christophe-Dodinicourt sur lequel la reproduction est fortement suspectée (3 individus le 15 juin 2005 sur ce plan d'eau ainsi que 8 autres sur la gravière voisine distante de quelques centaines de mètres). Ces valeurs s'apparentent à celles mesurées sur une gravière alsacienne dans laquelle se reproduit O.curtisii (KLEIN & EXINGER, 1995 ; KLEIN & V ANDERPOORTEN, 1999).

Grav.l Grav.2 Grav.3 Grav.4

Lassicourt Lassicourt St-Leger-sous-B. St-Christophe-D.

Nb de prélevements 3 2 4 2

O2 (mg/l) 18,5 à 19,6 17,7 à 17,9 9,3 à 20,5 18 à 18,6

Température (CO) 19 à 19,4 20 16,7 à 17,3 19 à 20

pH 7à8 7 7 à 7,5 7 à 7,5

Conductivité 414à435 368 449 à 561 396 à 397

Ü1S/cm) Dureté (OF) 9 à 18 9 9 à27 18

NO]' (mg/l) inf. à 10 inf. à 10 inf. à 10 inf. à 10

Tableau 2. Paramètres physico-chimiques élémentaires des eaux de quatre gravières de la Plaine de Brienne (résultats du 20 juin 2007)

Prospections « Vallée de la Seine» Depuis la découverte des populations d'O. curtisii sur les gravières de la Plaine

de Brienne en 2005 et l'observation de deux individus sur une noue à Villemoyenne (TERNOIS, 2006; TERNOIS et al., 2005), il nous paraissait très plausible que l'espèce soit également présente sur les nombreuses gravières qui parsèment la vallée de la Se ine depuis Vaudes, au sud du PnrFO, jusqu'à la Bassée. Comme nous disposions déjà de quelques données historiques pour la vallée de l'Aube (données ZNIEFF en particulier), il a été décidé de prospecter prioritairement la vallée de la Seine. La rivière Aube et les autres cours d'eau potentiellement favorables feront l'objet de rec herches en 2008.

Méthodologie La compilation des données régionales permet de définir la période du 10 au 30

juin comme la plus favorable à la recherche de l'espèce, même si les premiers individus peuvent être observés dès la fin mai et que des imagos sont parfois notés

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dans la première décade d'août (TERNOIS, 2006). Autour du 10 juin, O. curtlsll émerge massivement. L'espèce, peu mobile, est alors facilement observable et identifiable sur les zones de recherches. Par contre, à compter du 30 juin, les individus observés sont, pour la plupart, adultes, très mobiles et craintifs. il devient alors difficile de les capturer et la plupart des déterminations doivent être effectuées à distance. La validité des données devient alors plus faible même avec une bonne connaissance de l'espèce.

Suite à l'expérience passée, il a été décidé de ne pas consacrer beaucoup de temps à chacun des sites mais bien d'échantillonner un maximum de milieux pour avoir une idée assez précise de la répartition actuelle d'O. curtisii sur la vallée de la Seine. O. curtisii est en réalité une espèce peu discrète à cette période de l'année et un œil averti repérera rapidement les imagos en chasse le long des cours d'eau ou perchés sur les buissons environnant les gravières. La surveillance de stations où l'espèce est connue depuis 2005 a montré qu'à cette période de l'année, il est plus facile de trouver les imagos près des haies qu'en bordure immédiate de l'eau.

On notera que la plupart des gravières et de nombreux cours d'eau sont inaccessibles à cause de leur statut de propriété privée ou tout simplement en raison de ripisylves trop denses. Cela n'a toutefois que peu d'incidence sur ce type de prospections puisque les imagos sont avant tout recherchés le long des haies et des buissons situés à plusieurs mètres en retrait des rives. Cette méthodologie qui peut paraître déroutante à certains odonatologues, plus habitués à prospecter les bords de plans d'eau, s'est cependant révélée fructueuse pour O. curtisii.

Les conditions climatiques du printemps et du début de l'été 2007 ont été particulièrement perturbantes pour la réalisation des relevés odonatologiques.

Le printemps très doux a favorisé une émergence précoce des imagos si bien qu'au 13 juin de nombreux individus étaient déjà adultes alors que, suite aux expériences passées, nous nous attendions à rencontrer une majorité d'immatures. Cela a certainement joué sur les résultats. L'observation des imagos et leur identification sont plus délicates lorsque l'on rencontre des adultes: forte mobilité, critères d'identification plus difficiles à discerner... Les imagos sont également moins nombreux en fin de saison: prédation, mortalité naturelle .. .

Les conditions météorologiques se sont fortement dégradées à partir du 19 juin, avec des précipitations quasi journalières et une baisse importante des températures. Entre le 22 et le 29 juin, les températures maximales ont difficilement atteint les 20°C (dont 3 journées avec des maximales à 16-17 oC), laissant peu de place aux activités entomologiques de terrain. Au cours de cette période, les fenêtres météorologiques favorables ont été rares. Ce contexte a certainement contribué à réduire la période de vol des imagos (aucun individu observé le 30 juin sur un secteur très favorable à la reproduction de l'espèce).

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o Observations 2007

• Sites échantillonnés en 2007

40 km

Source BD-Carthage, CORINE Land Cover, CPIE du Pays de Soulaines

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Figure 1. Bilan des observations d'Oxygastra curtisii effectuées en 2007 dans le cadre du progranune régional (CPIE/ONEMA)

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Commune Date Remarques Nb

sites

Département de l'Aube - 1 immature fraîchement émergé en bordure

Clérey 13/0612007 d'une gravière et 3 éJ immatures en chasse le long 2 d' un bois proche de gravières - 4 imagos dont} accouplement observés entre 2

Vaudes 13/0612007 gravières et observations d'immatures en chasse 3 en marge d'autres gravières (2 sites) - 2 imagos en chasse autour d' une gravière et }

Rumilly-les-Vaudes 17/0612007 imago en chasse le long d ' un chemin bordant une 2 gravière

Buchères 17/06/2007 - 2 imagos en chasse en marge de gravières (2

2 sites)

Bréviandes 17/0612007 - 1 immature en chasse en marge d'une gravière 1

Saint-Lyé 19/06/2007 - 1 éJ adulte en chasse en bordure d' un canal 1

Villacerf 19/06/2007 - 1 individu en chasse sur un ruisseau (proche

1 d' une gravière) - Plusieurs imagos avec comportements

Droupt -Saint-Basle 19/06/2007 territoriaux marqués sur rivière et un mâle adulte 5 en chasse dans une zone de gravières - Au moins 10 imagos dont adultes avec

Droupt-Sainte-19/0612007

comportements territoriaux marqués sur une 2

Marie gravière et 1 imago en chasse en bordure d' une seconde gravière

Méry-sur-Seine 19/0612007 - 1 éJ adulte en chasse en bordure d'un canal 1

Châtres 19/0612007 - 1 éJ adulte avec comportement territorial marqué

} sur une gravière/sablière

Romilly-sur-Seine 21/06/2007 - 1 imago en chasse en marge d'une gravière 1

DéI>artement de la Marne Saint -J uste-

21/06/2007 - 1 imago en chasse à proximité de gravières 1 Sauvage

Marcilly-sur-Seine 21/06/2007 - 1 imago en chasse en bordure d'un cana} }

Tableau 3. Bilan des observations d'Oxygastra curtisii effectuées sur la Vallée de la Seine en 2007 dans le cadre du programme régional (CPIE/ONEMA)

(Observateur: Vincent TERNOIS)

Résultats Six journées d' inventaire ont été organisées sur la vallée de la Seine au cours de

la saison 2007, à savoir les 13, 17, 18, 19,21 et 30 juin, ce qui a permis de couvrir le cours d'eau de l'amont à Mussy-sur-Seine jusqu'au Mériot en aval. 164 points de relevés ont ainsi été réalisés, dont 147 dans le département de l'Aube et 17 dans la

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Marne. Trois points supplémentaires ont également fait l'objet de prospections sur des espaces potentiellement favorables mais situés juste au-delà des limites administratives de la région Champagne-Ardenne : la Seine à Gomméville en Côte­d'Or et deux ruisseaux à Melz-sur-Seine en Seine-et-Marne. Sur les 164 relevés, O. curtisii a été noté à 24 reprises sur 12 communes auboises et deux communes marnaises (figure 1 et tableau 3).

La compilation des données confirme l'attachement de l'espèce aux systèmes de gravières. Bien que sa reproduction au sein de ces milieux n'ait pas été systématiquement vérifiée, comme sur les gravières de la Plaine de Brienne, elle y est très fortement suspectée en raison de l'observation d'individus fraîchement émergés (l immature le 13 juin à Clérey), d'un accouplement (le 13 juin à Vaudes), d'effectifs importants (minimum de 10 individus le 19 juin à Droupt-Sainte-Marie) et de la fréquence d'observation à proximité de ces milieux (15 données).

Oxygastra curtisii a été observé sur la plupart des grandes zones de gravières identifiées sur la Vallée de la Seine, à l'exception de la Bassée (secteur de Pont-sur­SeinelLe Mériot) et d'un tronçon potentiellement favorable entre Troyes et Droupt­Saint-Basle. Si pour la Bassée, l'absence de donnée peut être facilement reliée aux conditions météorologiques particulièrement exécrables de la fin juin (l'espèce y est connue depuis plusieurs années (TERNOIS & BARANDE, 2005 ; TERNOIS, 2006), le second secteur a été échantillonné lors de journées favorables . li est possible que le fort marnage observé au sein de ces gravières soit un facteur limitant à l'installation de l'espèce, qui dépend surtout des systèmes racinaires immergés. Des recherches complémentaires y seront effectuées en 2008.

Aucune observation n'a pu être effectuée sur la partie amont de la Seine, entre Mussy-sur-Seine et Chappes, malgré l'existence de biotopes favorables (nombreuses noues et retenues d'eau). Difficile cependant, après une seule journée de relevés, d'affirmer qu'O.curtisii est absent sur ce secteur. li est d' ailleurs fort probable que des individus issus des populations installées sur les gravières de Vaudes remontent le long du cours d'eau (erratisme, dispersion, chasse ... ). La poursuite des recherches sur ce secteur permettra de lever cette incertitude.

Prospections complémentaires La mise en place des prospections systématiques dans les départements de la

Marne, de la Haute-Marne et des Ardennes par les agents de l'ONEMA est initialement prévue pour 2008 mais des prospections préliminaires ont déjà été menées dès 2007.

Département de la Marne Les données d'O. curtisii pour le département de la Marne sont peu nombreuses.

L'espèce est historiquement connue sur le Marais de Saint Gond [COPPA, 1992, 1995 et 2004 - elle y a été confirmée à plusieurs reprises depuis (V. Chapuis, N. Galand et

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D. Zabinski, corn. pers.)], le secteur amont de la Vallée de l'Aisne (TERNOIS & BARANDE, 2005; G. Coppa, corn. pers.), le Lac du Der (CaPPA, 1996) ainsi que quelques secteurs de gravières de la vallée de la Marne (G. Coppa, corn. pers.) (figure 2). On notera qu'une dizaine d'individus ont été repérés le 21 juin 2006 sur un système de gravières à Matignicourt-Goncourt.

Les prospections ont été menées sur plusieurs gravières et milieux potentiellement favorables situés entre Sapignicourt et Vitry-le-François ainsi que quelques sites en aval de Châlons-en-Champagne. L'espèce a été observée sur deux des 20 sites échantillonnés, à savoir sur le système de gravières à Matignicourt­Goncourt identifié en 2006 et sur une gravière proche située sur la commune d'Ecriennes (tableau 4). La collecte d'exuvies sur ces gravières (1 exuvie le 19 juin pour Matignicourt-Goncourt et 2 exuvies pour Ecriennes) confirme la reproduction d'O. curtisii dans les gravières de la Vallée de la Marne.

Commune Date Remarques Nb sites

Département de la Marne

- 7 observations enregistrées sur d'anciennes Matignicourt- du 30/05/07 gravières avec un maximum de 10 imagos le

1 Goncourt au 17/07/07 05/06 (immatures et adultes) et découverte d'une

exuvie le 19/06

Ecriennes 17/07/2007 - 2 exuvies collectées sur une gravière 1

Tableau 4. Bilan des observations d'Oxygastra curtisii effectuées sur la Vallée de la Marne en 2007 dans le cadre du programme régional (CPIE/ONEMA) -

(Observateurs: Jean-Luc Lambert et Jean-Pierre Raulin)

Départements des Ardennes et de la Haute-Marne Oxygastra curtisii est signalé dans le département des Ardennes depuis 1988,

date à laquelle l'espèce a été découverte en marge de la Vallée de la Meuse (G. Coppa, corn. pers.). Depuis, elle a été identifiée sur la Vallée de l'Aisne, la Chiers, l'Aire et la Semoy (G. Coppa et A. Sauvage, corn. pers.)

Suite aux indications des biotopes jugés comme potentiellement favorables à la reproduction de l'espèce, des prospections ont été menées sur Il sites sur les communes de Bazeilles, Brévilly, Donchery, Douzy, Les Ayvelles, Lumes, Nohan, Remilly-Aillicourt, Thilay, Tournavaux et Villers-Semeuse. O. curtisii n'a pas été repéré sur ces différents sites, certainement en raison des dates tardives de prospection. Néanmoins, cette première approche des habitats permettra d'orienter les investigations futures.

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008

o plus de 10 ima90s

€) 2 à 10 imagos

1 imago

#b donnée à préciser

Souroe; BO-Carthage, CORINE Land CoYer. CP!EduPays de So!llaines

Figure 2. Synthèse des observations d'Oxygastra curtisii effectuées en Champagne­Ardenne de 1988 à 2007 - compilation des données transmises par les naturalistes, de données personnelles et des données collectées dans le cadre du programme régional

(CPIE/ONEMA)

85

Les données haute-marnaises d'O. curtisii sont rarissimes puisque l'espèce n'a été observée qu'à deux reprises dans ce département, à savoir sur la Vallée de la Meuse en 1989 (G. Coppa, corn. pers.) et sur le Lac du Der (COPPA, 1996). Cinq sites ont été échantillonnés en 2007 ; il s'agit de la Meuse sur le secteur de Bourmont, Goncourt et Harréville-les-Chanteurs où l'espèce est historiquement connue, ainsi que les secteurs de gravières particulièrement favorables de l'ouest du département, à savoir: les gravières de Marmesse situées au nord de Chateauvillain et celles de Silvarouvres et Gevrolles (Côte-d'Or). O. curtisii n'y a pas été observé.

86 Martinia

Conclusion

Cette première année de mise en place du programme d'études O. curtlsll en Champagne-Ardenne a été riche en enseignements. Les hypothèses émises en 2005 (TERNOIS, 2006) ont été vérifiées, à savoir que l'espèce est reproductrice au sein des gravières de la Plaine de Brienne et qu'elle est bien implantée sur l'ensemble de la Vallée de la Seine. Ces observations, bien que limitées dans l'espace, modifient aujourd'hui la vision que nous avions vis-à-vis de cette libellule. Considérée comme erratique en 1990 par CaPPA, l'espèce semble aujourd'hui régulière sur les grandes vallées alluviales. TI reste encore un gros travail pour confirmer sa reproduction sur une majorité de ces espaces. Cependant, la découverte d'exuvies sur deux gravières de la Vallée de la Marne ainsi que la fréquence d'observation d'imagos à proximité immédiate des plans d'eau laissent penser qu ' O. curtisii peut être une espèce assez commune sur ce type de milieux, en particulier sur les gravières âgées d'une trentaine d'années, peu ou pas entretenues et offrant toutes les conditions d'habitats nécessaires au cycle complet de développement de l'espèce.

La poursuite des investigations sur les grands cours d'eau de Champagne­Ardenne devrait rapidement nous permettre de fixer la distribution de l'espèce dans la région et évaluer plus précisément son statut de conservation. Si, au premier abord, O. curtisii est nettement mieux distribué en Champagne-Ardenne qu'en Lorraine (BaUDOT & JACQUEMIN, 2002), cette situation paraît plutôt favorable, mais elle ne doit pas occulter la fragilité de l'espèce dans ses milieux originels. Ainsi, sur les cours d'eau, la préservation des ripisylves et des annexes hydrauliques reste un élément fondamental pour sa conservation. En effet, la perte de ses habitats naturels de reproduction cantonnerait O. curtisii dans ces milieux de substitution que sont les gravières, affectant la dynamique de ses populations: effectifs réduits, répartition géographique restreinte, affaiblissement de la connectivité entre les sites ...

Remerciements Nous tenons à remercier Laëticia Poulet, Sylvain Arnrein, Patrick Collavini (ONEMA­

SDlO), Jean-Pierre Raulin (ONEMA-SD51), Didier Druart (ONEMA-SD52) et Alain Gérard (ONEMA-SD08) pour leurs contributions à l'étude des gravières de la Plaine de Brienne et à la mise en place des premières investigations sur le terrain. Nous y associerons bien évidemment Nadou Cadic, Délégué interrégional de l'ONEMA, et les différents chefs des services départementaux sans qui l'organisation de ce travail aurait été impossible.

Cette compilation n'aurait pas la même portée sans l'aide des naturalistes qui ont bien voulu transmettre leurs données. De vifs remerciements à Gennaro Coppa, Serge Barande, Frédéric Archaux, Christophe Bernier, Vincent Chapuis, Aurélien Deschatres, Nicolas Galand, Cédric Girard, Aymeric Mionnet, Alain Sauvage, Laurent Spanneut, Dominique Zabinski. Merci également à Guillaume Widiez (Diren Champagne-Ardenne) pour avoir transmis les données ZNIEFF, Benoît Prioul et Jean-Louis Dommanget (Sfonat) pour l'extraction des données INVOD ainsi que Jean-Pierre Baudot (correspondant de la Sfonat pour la Lorraine) pour son aide.

Tome 24,fascicule 3, septembre 2008 87

Merci à Thierry Tournebize, Pascale Larmande et Caroline Najean de la Cellule « Zones humides» du PnrFO pour leur contribution à l'étude des gravières de la Plaine de Brienne, sans oublier les propriétaires des gravières prospectées, pour nous avoir ouvert leurs portes.

Nous n'oublierons pas l'Agence de l'eau Seine-Normandie, la Région Champagne­Ardenne, la DIREN Champagne-Ardenne et la Fondation Nature et Découvertes pour leurs soutiens financiers.

Travaux cités BaUDOT J.-P. & JACQUEMIN G., 2002. Inventaire et statut des Libellules de Lorraine. Société

Lorraine d'Entomologie, 68 pp. CaPPA G., 1990. Éléments cartographiques et écologiques sur les Odonates de Champagne­

Ardenne. AGURNA (Troyes). 92 pp + annexes. CaPPA G. , 1992. Espèces peu courantes en Champagne-Ardenne: année 1991. Martinia 18

(3): 61-64. CaPPA G., 1995. Contribution à la connaissance de la faune du marais de Saint-Gond: les

Odonates (département de la Marne). Martinia Il (4) : 89-94. CaPPA G., 1996. Odonates du réservoir Marne (Départements de la Marne et de la Haute­

Marne). Martinia 12 (3) : 65-67. CaPPA G., 2004 in DIREN. Orientations régionales pour la Gestion de la Faune Sauvage et de

l'Amélioration de la qualité de ses Habitats. Annexes Insectes. DIREN Champagne­Ardenne: 29-36.

GRAND D. & BaUDOT J.-P., 2006. Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze, (Collection Parthénope), 480 pp.

HEIDEMANN H. et SEIDENBUSCH R., 2002. Larves et exuvies des libellules de France et d'Allemagne (sauf de Corse). Société française d ' Odonatologie, Bois-d 'Arcy. 416 pp.

HERBRECHT F. & DOMMANGET J.-L., 2006. Sur le développement larvaire d'Oxygastra curtisii (Dale, 1834) dans les eaux stagnantes (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). Martinia 22 (2): 89-94.

KLEIN J.-P. & EXINGER A., 1995. Oxygastra curtisii (Dale, 1834), une espèce d'Odonate nouvelle pour l'Alsace. Bull. Ass. Phil. Als. Lorr. 31 : 93-96.

KLEIN J .-P. & V ANDERPOORTEN A., 1999. Étude écosystémique d'une gravière de l'ancien lit majeur du Rhin (Krafft-Erstein, Bas-Rhin, France). Martinia 15 (1) : 3-13.

LEIPELT K. G. & SUHLING F., 200l. Habitat selection of larval Gomphus graslinii and Oxygastra curtisii (Odonata : Gomphidae, Corduliidae). International Journal of Odonatology 4 (1) : 23-34.

TERNOIS V., 2006. Sur la présence d'Oxygastra curtisii (Dale, 1834) dans le Parc naturel régional de la Forêt d'Orient et le département de l'Aube (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). Martinia 22 (3) : 99-107.

TERNOIS V. & BARANDE S., 2005. Oxygastra curtisii (Dale, 1834) en région Champagne­Ardenne (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). Martinia, 21 (1) : 17-30.

TERNOIS V. , FRADIN E. & GAUTIER C., 2005. Atlas préliminaire des odonates du Parc naturel régional de la Forêt d'Orient (1998-2005). Cour. scient. du PnrFO, 28. 84pp.

TERNOIS V., LAMBERT J.-L. & FRADIN E. (coord.), 2007. La Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii (Dale, 1834) : état des connaissances pour le Parc naturel régional de la Forêt d'Orient. (Odonata, Anisoptera, Corduliidae). Cour. scient. du PnrFO, 31 : 77-87.

88 Martinia

Brève communication

Lestes sponsa (Hansemann, 1823) et Somatochlora flavomaculata (Vander Linden, 1825)

dans le Rhône (Zygoptera, Lestidae ; Anisoptera, Corduliidae)

Par Daniel GRAND 1 et Antony GARCIA 2

1 Impasse de la Voûte, F-69270 Saint-Romain-au-Mont-d'Or 2 Haute Giraudière, F-69690 Brussieu

Signalé de Lyon depuis le début du XXème siècle par un spécimen figurant dans une collection du Centre de conservation du Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon (GRAND, 1998 : Ma rtinia, 14 (3) : 85-93) rebaptisé récemment «Musée des Confluences », L. sponsa est connu de manière sporadique du département du Rhône, le long de la vallée de la Saône, au nord de Villefranche-sur-Saône (GRAND, 1992: Martinia 8 (1) : 15-28 ; GRAND, 2004: Muséum, Lyon, 255 pp. ; GRAND & al., 2001 , Martinia 17 (3) : 107-110). Malgré des prospections assez régulières sur ce secteur, la reproduction de l'espèce n'y a jamais pu y être confirmée. Les petites populations de L. sponsa qui sont observées sporadiquement sur les communes de Saint­Georges-de-Reneins et d'Arnas proviennent probablement de la Dombes voisine où l'espèce est bien distribuée sans toutefois être vraiment abondante. De même, un 0 erratique de S. flavomaculata avait été vu sur un marécage bordant le ruisseau du Rizan à Meyzieu dans le parc de Miribel-Jonage. Mais depuis, aucune autre observation de ce Corduliidae n'a été rapportée du département (GRAND, 2004, op. cit.).

A l'occasion d'une visite réalisée le 13 juin 2007 sur le marécage forestier des Grands Vernes à Vaulx-en-Velin, une commune orientale de la Communauté Urbaine de Lyon, nous avons observé une petite population de L. sponsa, formée de quelques individus adultes et d'imagos fraîchement émergés, ainsi que trois 0 territoriaux de S. flavomaculata qui survolaient une cariçaie inondée, en lisière du boisement riverain. Ce marécage qui correspond à ce qu'il reste d'un ancien bras du Rhône, possède une riche faune odonatologique qui, outre les deux espèces précitées, se compose de Chalcolestes viridis, Sympecma fusca, Platycnemis pennipes, Coenagrion pueUa, Enallagma cyathigerum, Erythromma lindenii, E. viridulum, Ischnura elegans, Pyrrhosoma nymphula, Aeshna cyanea, A. mixta, Anax imperator, A. parthenope, Crocothemis erythraea, Libellula depressa, L. fulva, L. quadrimaculata, Orthetrum albistylum, 0. brunneum, O. cancellatum, Sympetrum fonscolombii, S. meridionale, S. sanguineum et S. striolatum.

Il est probable que L. sponsa et S. flavomaculata soient autochtones dans le parc de Miribel-Jonage, ce que confirmeront sans doute des prospections ultérieures. Le cortège odonatologique recensé sur les 57 communes de la Communauté Urbaine de Lyon, plus connue sous le label «Le Grand Lyon », est de 54 espèces dont 50 ont été observées au moins une fois depuis 1985. En effet, Platycnemis latipes, Gomphus flavipes, G. simillimus et Sympetrum depressiusculum sont considérés comme disparus de l'agglomération lyonnaise depuis probablement le premier quart du XXème siècle, voire bien avant pour certaines.

Martinia, 24 (3) septembre 2008 : 88. Manuscrit reçu le 2 mars 2008.

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008

Premier bilan d'inventaires d'Odonates dans le nord du département de l'Ariège

par Marc TESSIER 1 et Guillaume SFREDD02

162 chemin dei prat, 31320, Auzeville-Tolosane. E-mail: marc.tessier3@free.fr 24 rue Jean-Jacques Rousseau, 38000 Grenoble

Mots-clés: ODONATES, ARIEGE, COENAGRION MERCURIALE, OXYGASTRA

CURT/SIl

Key-words : ODONATA, ARIEGE DEPARTMENT, COENAGRION MERCURIALE,

OXYGASTRA CURT/SIl

Résumé: Ce travail dresse un premier bilan des peuplements d'Odonates présents dans la partie nord du département de l'Ariège, entre les rivières Ariège et Hers Vif. Les travaux d'inventaires ont été l'occasion de mettre en évidence une population importante de Coenagrion mercuriale en plaine d'Ariège et de repérer la présence de Oxygastra curtisii sur la rivière Hers Vif.

First results of odonata surveys in the northern part of the Ariege department Summary : This paper presents the tirst results of Odonata surveys in the northern part of the Ariege department, between the Ariege and Hers Vif rivers. During these surveys, a large population of Coenagrion mercuriale was recorded in the "Ariege plain" and few individuals of Oxygastra curtisii were seen on the Hers Vif river.

Introduction

89

En Ariège, des inventaires menés par Maurette (1995) avait permis de mettre en évidence l'existence d'un grand nombre de cortèges originaux, liés à la diversité des habitats et des climats de ce département. Par ailleurs, quelques études sur les départements pyrénéens ont permis de faire de nombreuses observations intéressantes aussi bien en montagne que dans les zones basses environnantes (BOUDOT & JACQUEMIN, 1987 ; NOBLECOURT, 1994; LECONTE et al., 2002). Nous présentons ici une synthèse de quelques inventaires réalisés récemment dans le secteur du nord du département, compris entre les rivières Ariège et Hers Vif. Les auteurs ont réalisé les principaux inventaires dans le cadre d'une étude sur la biodiversité de la plaine d'Ariège au sein de l'ANA-CPIE de l'Ariège (TESSIER & SFREDDO, 2006).

La zone d'inventaire est incluse dans un triangle dont les pointes sont constituées approximativement par les villes de Foix, Mirepoix et Mazères et dont les altitudes vont approximativement de 200 à 300 mètres. Les principaux habitats aquatiques

Martinia , 24 (3) septembre 2008 : 89-92. Manuscrit reçu le 9juin 2008.

90 Martinia

prospectés sont les suivants: petits ruisseaux et grandes rivières (Hers Vif et Ariège) provenant de la chaîne pyrénéenne, fossés de drainage, bois humides avec sources, mares et gravières (peu accessibles et peu nombreuses). La zone est à un carrefour entre les zones méditerranéenne et atlantique, mais reste peu influencée par le climat montagnard. Une quinzaine de jours d'inventaires ont été consacrés au total è cette étude.

Résultats et discussion Vingt neuf espèces d'Odonates ont pu être inventoriées sur la zone concernée,

avec une relativement grande proportion d'espèces liées aux cours d'eau (tableau 1). Plus précisément, en suivant la classification de GRAND & BOUDOT (2006), les cortèges liés aux sources et aux petits et moyens cours d'eau apparaissent nettement avec 3 espèces de Calopteryx, Coenagrion mercuriale, Orthetrum brunneum, Gomphus vulgatissimus et Boyeria irene. En fait, dans beaucoup de cas les individus ont été recensés dans des fossés de drainage. Au niveau biogéographique, toujours selon GRAND & BOUDOT (2006), un certain nombre de taxons observés sont caractéristiques des zones ibéro-atlantique et ouest-méditerranéenne avec Calopteryx virgo meridionalis, Calopteryx xanthos toma, Calopteryx haemorrhoidalis, Coenagrion mercuriale et Oxygastra curtisii. On peut aussi rajouter Trithemis annulata que nous n'avons pas observé personnellement mais qui a été photographié par Julien Verne en 2004 dans une carrière et est ainsi nouvelle pour le département.

Plus généralement, nous avons des peuplements typiques des zones de plaines ou de collines du sud de la France.

Deux espèces ont un statut de protection et/ou sont rares. Elles sont traitées ci­après.

Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840) Cette espèce protégée et inscrite sur la liste de la directive Habitats était notée en

un seul point du département, dans le Plantaurel, bien à l'ouest de la zone d'étude (MAURETTE, 1995). Elle a été observée la première fois en 2003 sur la zone d'étude par des membres du Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées (CREN Midi-Pyrénées, 2003) dans des bois humides sur la commune du Vernet­d'Ariège. Finalement, nous l'avons notée à 13 reprises et avec des effectifs significatifs dans les fossés de drainage de la plaine d'Ariège, y compris dans des secteurs de cultures intensives. Compte tenu de l'abondance des fossés dans ce secteur (plusieurs centaines de kilomètres), la population totale est très probablement importante. Cet Odonate a aussi été observé à une reprise sur la rivière Hers Vif à Mirepoix.

Oxygatra curtisii (Dale, 1834) Cette espèce n'est mentionnée en Ariège d'un étang anegeois au nord de

Mirepoix, à la frontière avec l'Aude que par MAURETTE (1995). Elle est présente également dans les départements voisins (NOBLECOURT, 1994; VACHER, 2001 ; GRAND & BOUDOT, 2006). Nous l'avons observée près de Mazères sur la rivière Hers Vif avec William Arial.

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 91

Conclusion L'Ariège reste un département rural qui a conservé de nombreux habitats naturels

ou semi-naturels favorables à l'entomofaune. Ainsi les populations d'Odonates sont encore prospères dans la zone de basse altitude que nous avons étudiée, et ce malgré une certaine intensification de l'agriculture. Des espèces relativement rares ou en régression à l'échelle européenne restent néanmoins à surveiller. Ainsi, la population d'Oxygatra curtisii sur la rivière Hers Vif n'est sans doute pas très importante et pourrait être relativement vulnérable. Heureusement, la plupart de ses habitats sont couverts par le réseau Natura 2000. A noter que cette espèce pourrait être présente sur la rivière Ariège car les habitats y sont favorables (malheureusement le lit majeur est à cet endroit hors Natura 2000 !). Elle y serait à rechercher activement. Si les populations de Coenagrion mercuriale sont importantes, cette espèce semble néanmoins assez vulnérable car bien souvent située dans des zones agricoles où se côtoient agricultures intensives et traditionnelles. Son avenir dépend donc de l'évolution -des politiques agricoles' qui, compte tenu, des besoins alimentaires et énergétiques futurs, pourraient tendre encore vers une nouvelle intensification de ces pratiques qui lui serait plutôt défavorables.

Remerciements: nous remercions particulièrement William Arial pour son aide sur l' identification des Odonates.

Travaux cités [CREN MIDI-PYRENEES, 2003. Diagnostic écologique d'un bois humide sur la commune du

Vernet-d'Ariège. Rapport du Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi­Pyrénées (CREN MP) : 7 pp.]

BOUDOT J.-P. & JACQUEMIN G., 1987. Somatochlora arctica (ZeU.) new for the French Pyrenees and for the southern French Alps, with further records of sorne rare Odonata in France. Notulae Odonatologicae, 2 (9): 150-152.

GRAND D. & BOUDOT J.-P ., 2006. Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze, (collection Parthénope), 480 pp.

LECONTE M ., ILBERT N., LAPALISSE J. & LAPORTE T., 2002. Le point sur les connaissances relatives aux Odonates rares des pays de l'Adour (Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées) . Martinia 18 (2): 39-65.

[MAURETTE J., 1995. Les Odonates dans le département de l'Ariège. Rapport de l'Association des Naturalistes de l'Ariège.]

NOBLECOURT T., 1994. Contribution à l'inventaire des Odonates du département de l'Aude. Martinia 10 (2) : 37.

[TESSIER M., SFREDDO G., 2006. Étude de la biodiversité en milieu agricole. État des lieux et perspectives de gestion en plaine d'Ariège. Rapport intermédiaire. ANA-CPIE de l'Ariège (étude financée par le Conseil régional de Midi-Pyrénées), 20 pp.]

VACHER J.P., 2001. Nouvelles observations d'Oxygastra curtisii (Dale, 1834) dans le département de la Haute-Garonne (Odonata, Corduliidae). Martinia, 17 (2) : 67-68.

92 Martinia

Tableau 1

Espèces et sous-espèces Fossés et Hers Vif Carrières ruisseaux et Ariège et mares

Zygoptères

Ca/ootervx haemorrhoidalis (Vander Linden, 1825) X X

Ca/optervx v. meridionalis Selys, 1873 X

Caloptervx xanthos toma (Charpentier, 1825) X X

Ceriagrion tenel/um (de Villers, 1789) X X

Cha/co/estes viridis (Vander Linden, 1825) X

Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840) X X

Coenagrion puel/a (L. , 1758) X

Enal/agma cvath(qerum (Charpentier, 1840) X X X

Ervthromma lindenii (Selys, 1840) X X X

Ervthromma viridu/um (Charpentier, 1840) X

/schnura elegans (Vander Linden, 1820) X X X

Ischnura pumilio (Charpentier, 1825) X X

Platvcnemis acutipennis Selys, 1841 X

P/atvcnemis pennipes (pallas, 1771) X

Pvrrhosoma nvmphu/a (Sulzer, 1776) X X X

An isoptères

Anax imperatorLeach , 1815 X X X

Boveria irene (Fonscolombe, 1838) X

Crocothemis ervthraea (Brullé, 1832) X X

Gomphus simillimus Selys, 1840 X

Gomphus vul.qatissimus (L., 1758) X

Libel/u/a depressa L., 1758 X X X

Libel/u/a fu/va Müller, 1764 X X

Onvchogomphus forcipatus (L., 1758) X

Orthetrum brunneum (Fonscolombe, 1837) X

Orthetrum coeru/escens (F., 1798) X

Orthetrum cancel/atum (L. , 1758) X

Oxvgastra curtisii (Dale, 1834) X

Svmpetrum fonsc%mbii (Selys, 1840) X

Trithemis annu/ata (Palisot de Beauvois, 1807)' X

" observé par d'autres auteurs que ceux concernés par ce travaIl.

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008

Première preuve de reproduction de Gomphus graslinii Rambur, 1842

en Deux -Sèvres et observations odonatologiques en bord de Sèvre niortaise

(Odonata, Anisoptera, Gomphidae)

Par Benoît ROCHELET 19, rue des Allards F-7921O Usseau

Mots-clés: FAUNISTIQUE, GOMPHUS GRASLINJ/, SEVRE NIORTAISE, DEUX­SEVRES. Key-words : FAUNISTIC, GOMPHUS GRASLlNll, SEVRE NIORTAISE, DEUX­SÈVRES DEPARTMENT.

Résumé: Quelques visites en bord de Sèvre niortaise ont permis de mettre en évidence la première preuve de reproduction de Gomphus graslinii (Rambur, 1842) pour le département des Deux-Sèvres. Cet article apporte quelques informations sur cette observation et rappelle le statut de l'espèce dans le centre-ouest de la France. L'odonatofaune connue de cette portion de la Sèvre niortaise est également présentée.

First breeding evidence for Gomphus graslinii (Rambur, 1842) in the Deux Sèvres department and other records of Odonata on the sèvre niortaise river. Summary : Field research of Odonata on the Sèvre niortaise river allowed us to demonstrate the reproduction og Gomphus graslinii in the Deux­Sèvres department (W France). The status of the species in W central France is dealt with and the Odonata fauna of the stretch of the river investigated is listed.

Introduction

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Durant l'été 2007, quelques prospections odonatologiques sur un linéaire d'environ quatre kilomètres du cours moyen de la Sèvre niortaise, l'une des deux « Sèvres» ayant donné le nom au département l'autre étant la Sèvre nantaise m'ont permis d'enrichir la liste des espèces connues de ce secteur et d'observer quelques espèces remarquables pour le département des Deux-Sèvres.

La Sèvre niortaise est l'une des principales rivières du sud du département. Elle le parcourt d'est en ouest, traversant en particulier la ville de Niort et le Marais Poitevin dont elle constitue l'exutoire principal. Elle prend sa source à Sepvret (79) et se jette dans l'Atlantique au niveau de la Baie de l'Aiguillon, entre Charente-

Martinia , 24 (3) septembre 2008 : 93-100. MnY/lJ('r r;t r p rlJ /p R mnr(' ?flnR

94 Martinia

Maritime et Vendée, après un parcours d'environ 160 km. Elle draine un bassin­versant d'environ 3 650 km2

.

De ses sources à Niort, la rivière présente un cours sinueux, assez peu modifié par l'homme si ce n' est la présence de chaussées de quelques anciens moulins; en revanche, de l'aval de Niort à son embouchure, sa traversée du Marais Poitevin a été canalisée au cours des siècles derniers dans le cadre de l'aménagement hydraulique et agricole du marais.

Le secteur de la Sèvre niortaise étudié ici se localise à l'amont immédiat de Niort (entre la commune de Sciecq et Niort).

Lors de ces prospections, l'observation la plus marquante a eu lieu le 18 juin 2007. Elle concerne la découverte, en rive gauche de la Sèvre, dans le secteur de Surimeau (commune de Niort), d'une exuvie de Gomphus graslinii Rambur, 18422

. Il s'agit de la première preuve de reproduction de cette espèce dans le département. Une seule exuvie a été identifiée sur le tronçon prospecté, malgré plusieurs visites, et aucun immature ni aucun imago n'a été observé.

Loca6satioR du secteur itudié (* ! sitè d'observation de l'cxuVie de G: graslinil)

(Source: IGN, 1Q04)

2 Identification confirmée par la Sfonat le 30 août 2008 (J.-L. Dommanget dét.).

LaSèvre niottalse

'Tronçon prospecté

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 95

Conditions stationnelles Entre Sciecq et Surimeau, la Sèvre s'écoule, lentement, dans une vallée de

largeur variable selon les variations topographiques (la vallée atteint environ 170 m de large dans le secteur de Tesson - Salboeuf). Le paysage local est dominé par l'alternance de coteaux pentus, donnant un aspect encaissé à la vallée, et de secteurs au relief beaucoup moins marqué permettant l'expansion des crues.

Sur le secteur étudié, la rivière est bordée d'une ripisylve, le plus souvent étroite « 2 m de large), dominée par le frêne commun (Fraxinus excelsior) (parfois traité en têtard) et l'aulne glutineux (Alnus glutinosa), ou plus localement de formations à iris des marais (Iris pseudacorus).

Cette portion de la rivière est caractérisée par la présence d'une chaussée empierrée d'un ancien moulin, comme il en existe plusieurs sur le cours moyen de la Sèvre, aménagement qui participe au contexte écologique local en modifiant la vitesse du courant en aval. Les conditions stationnelles sont variées sur ce secteur, ce qui explique en grande partie la diversité odonatologique observée (voir ci-après: compléments aux connaissances de l'odonatofaune de la vallée de la Sèvre niortaise).

Les habitats naturels occupant cette portion de la vallée sont dominés par des boisements de pente à érables (Acer campestre et Acer pseudoplatanus), frêne (Fraxinus excelsior) et chêne (Quercus robur) sur les versants pentus, et par des formations de prairies pâturées par des bovins, des peupleraies et des mégaphorbiaies dans les zones inondables de la vallée.

La Sèvre mortaise à Tesson (Surimeau)

L'exuvie de G. graslinii a été découverte en rive gauche (rive exposée au nord), dans le secteur de Tesson, où la topographie permet l'expansion des crues de la rivière. Elle était accrochée, quasiment au niveau du sol, à la végétation herbacée riveraine, en haut de berge, au pied de la ripisylve. La surface de l'eau était, lors de la découverte, à quelques dizaines de centimètres au-dessous du haut de berge.

Des éléments d'informations récents ont été publiés par l'Agence de l'Eau Loire­Bretagne (AQUASCOP, 2007) concernant la qualité physico-chimique de la Sèvre niortaise en amont de Niort. Ainsi, de manière simplifiée, la rivière présente une

96 Martinia

relativement bonne qualité pour la plupart des paramètres mesurés [(matières azotées, matières phosphorées, pesticides (dans l'eau)], hormis pour les nitrates où la classe de qualité définie est médiocre (entre 25 et 50 mgr l

) [stations de mesures au niveau de Sainte-Pezenne, sauf pour les pesticides (pont de Surimeau)].

Statut de Gomphus graslinii en Deux-Sèvres et dans les régions et départements voisins

Gomphus graslinii est une espèce ibéro-atlantique qui figure aux Annexes II et N de la directive «Habitats-Faune-Flore» et est protégée à l'échelle nationale. Elle relève de la catégorie NT sur la liste rouge mondiale de l'VICN. De par sa répartition mondiale, les différents départements français accueillant l'espèce ont un rôle important dans sa conservation.

En France, G. graslinii est présent dans le sud et le sud-ouest, et il remonte le long de la façade atlantique jusque dans la Sarthe (HUBERT, 1999) en passant par la région Centre. li fréquente généralement les grandes rivières calmes, mais on l'observe également sur des ruisseaux de taille plus modeste (GRAND & BOUDOT, 2006). li est aussi cité comme assez fréquent dans le sud-ouest du pays, en revanche il se raréfie nettement lorque l'on se rapproche de sa limite nord de répartition.

Dans le centre et l'ouest de la France, l'espèce est connue de la région Centre (départements de l'Indre-et-Loire, du Cher et de l'Indre), où ses populations sont, semble-t-il, réduites et localisées (BOUDIER & LEVASSEUR, 1990 ; CLOUPEAU et al., 2000 ; DOMMANGET et al., 2002 ; LETT et al., 2001), de la région Aquitaine où elle est notamment citée comme très rare en Gironde mais plus répandue en Dordogne (DOMMANGET et al., 2002 ; V AN HALDER et al., 2002) et de la région Poitou­Charentes (cf. ci-dessous). L'espèce n'est, en revanche, pas connue des départements de Vendée (GOYAUD, 2001), Maine-et-Loire (DOMMANGET et al., 2002) et Loire­Atlantique (MEURGEY et al., 2000), et elle n'a pas été récemment citée de la région Limousin (GUERBAA, 2002 ; SOCIETE LIMOUSINE D'ODONATOLOGIE, 2003, 2006).

En Poitou-Charentes, région à laquelle appartient le département des Deux­Sèvres, l'espèce est présente dans les quatre départements, mais elle reste localisée (présente dans 7 % des communes prospectées). Elle est considérée comme vulnérable dans la récente liste rouge des Odonates de la région (COTREL et al., 2007). Elle se reproduit sur les principales grandes rivières régionales [Charente (codes départements: 16, 17), Vienne (16, 86), Creuse (86), Anglin (86), Gartempe (86), Clain (86), Boutonne (17, 79 ?), Dronne (17), Sèvre niortaise depuis peu (79) et sur certains de leurs affluents]. Le plus souvent localisée, elle sait parfois se montrer assez abondante, sur la Dronne notamment (rivière du sud du département de Charente-Maritime) (COTREL et al., 2007; JOURDE, 2005; PRUD'HOMME & GAILLEDRAT, 2006 ; PRUD'HOMME & PRECIGOUT, 2007).

Les Deux-Sèvres sont de loin le département le moins bien pourvu en données concernant cette espèce. L'observation en question constitue en effet la troisième mention départementale pour cette espèce, qui n'était jusqu'à présent connue que de la forêt de l'Hermitain (20 km à l'est de Niort) où un èS avait été capturé le 20 juillet 1909 par LACROIX (1912), et de la Boutonne (rivière du sud du département, affluent

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de la Charente), où une ~ avait été observée le 29 juin 2003. Aucune recherche d'exuvies n'avait alors été réalisée (PRUD'HOMME & GAlLLEDRAT, 2006), et malgré des recherches d'imagos effectuée les années suivantes, l'espèce n'avait pas été revue sur ce secteur. La question de son autochtonie se posait donc. G. graslinii est en revanche connue de plusieurs stations de la partie charentaise maritime de la Boutonne (en aval de Saint-Jean-d'Angély essentiellement) (JOURDE, 2005).

L'observation réalisée sur la Sèvre niortaise constitue donc la première mention de reproduction de cette espèce dans les Deux-Sèvres, et un bond de quelques dizaines de kilomètres au nord ou à l'ouest par rapport aux données antérieures. Sa reproduction avérée sur la Sèvre niortaise, à Niort, constitue un accroissement de sa distribution régionale. Cette récente découverte ouvre la porte à de nouvelles investigations, en particulier sur le cours moyen de la Sèvre niortaise (à l'amont de Niort) et la Boutonne, qui présentent des habitats favorables à G. graslinii (DOMMANGET, 1987; HEIDEMANN & SEIDENBUSCH, 2002; GRAND & BOUDOT, 2006). Quant à savoir s'il s'agit d'une arrivée récente de l'espèce jusqu'aux portes de Niort, il est difficile de se prononcer, bien que cette portion de la vallée de la Sèvre ait été prospectée à plusieurs reprises ces dernières années (COTREL & BRACCO, 2006).

Compléments aux connaissances de l' odonatofaune de la vallée de la Sèvre niortaise

Lors de ces quelques sorties de terrain, 26 espèces ont été répertoriées sur ce tronçon de la vallée, qui comprend la rivière elle-même et ses annexes hydrauliques (quelques fossés et mares prairiales attenants). Si l'on compare ces résultats avec les 35 espèces déjà connues du secteur par des prospections récentes (1999 à 2005) (COTREL & BRACCO, 2006), nous arrivons à 41 espèces sur les 58 espèces actuellement connues des Deux-Sèvres (COTREL et al., 2007), soit environ 70 % de la faune odonatologique du département et près de 60 % du peuplement odonatologique régional (COTREL et al., 2007).

Ci-dessous sont listées les espèces observées entre Siecq et Niort :

Zygoptères : Calopteryx splendens (Harris, 1780) Calopteryx virgo (L., 1758) Lestes barbarus (Fabricius, 1798) Lestes virens (Charpentier, 1825) Chalcolestes viridis (Vander Linden, 1825) Sympecma fusca (Vander Linden, 1820) Platycnemis pennipes (Pallas, 1771) Platycnemis latipes Rambur, 1842 Platycnemis acutipennis Selys, 1841 Coenagrion puella (L., 1758) Enallagma cyathigerum (Charpentier, 1840) Ischnura elegans (Vander Linden, 1820) Erythromma lindenii (Selys, 1840)

98 Martinia

Erythromma viridulum (Charpentier, 1840) Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776) Ceriagrion tenellum (de Villers, 1789)

Anisoptères :

Aeshna affinis Van der Linden, 1820 Aeshna mixta Latreille, 1805 Aeshna cyanea (Müller, 1764) Boyeria irene (Fonscolombe, 1838) Anax imperator Leach, 1815 Anax parthenope (Selys, 1839) Gomphus pulchellus Selys, 1840 Gomphus simillimus Selys, 1840 Gomphus graslinii Rambur, 1842 Onychogomphus forcipatus (L., 1758) Onychogomphus uncatus (Charpentier, 1840) Cordulegaster boltonii (Donovan, 1807) Somatochlora metallica (Vander Linden, 1825) Oxygastra curtisii (Dale, 1834) Libellula depressa L., 1758 Libellulafulva Müller, 1764 Orthetrum cancellatum (L., 1758) Orthetrum albistylum (Selys, 1848) Orthetrum brunneum (Fonscolombe, 1837) Orthetrum coerulescens (Fabricius, 1798) Crocothemis erythraea (Brullé, 1832) Sympetrum sanguineum (Müller, 1764) Sympetrum striolatum (Charpentier, 1840) Sympetrum meridionale (Selys, 1841) Sympetrumfonscolombii (Selys, 1840)

Note: en gras figurent les espèces observées lors des prospections réalisées du 18 juin au 17 août 2007 - en gras souligné figurent les espèces nouvelles pour cette portion de la vallée de la Sèvre.

Hormis Gomphus graslinii, deux espèces observées durant l'été 2007 méritent un commentaire :

- tout d'abord Oxygastra curtisii (Dale, 1834), dont la belle population occupant cette portion du cours de la Sèvre niortaise a été confirmée. L'espèce était déjà citée comme commune par GELIN en 1908 sur la Sèvre niortaise, jusqu'au Marais Poitevin. Dans lajoumée du 20 juin 2007, une douzaine d'imagos et d'immatures en chasse ou posés au soleil, dans les prairies et friches bordant la Sèvre ou le long des haies du secteur, a été observée. Des individus ont également été notés chassant au-dessus des cultures quelques centaines de mètres en retrait de la rivière.

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 99

Une recherche d'exuvies, par places discontinues sur les berges, a permis la récolte d'une quinzaine d'échantillons répartis tout au long de la section prospectée. Celles-ci ont été trouvées sur des supports divers, confirmant bien le peu de sélectivité des supports d'émergence dont fait preuve cette espèce (HEIDEMANN & SEIDENBUSCH, 2002 ; JOURDE, 2005) on trouve en effet les exuvies à même le sol, sur la végétation riveraine (graminées, iris des marais, ... ), sur les racines des arbres de la ripisylve, sous un pont. Elles étaient toutes en position verticale ou subverticale, à des hauteurs variables allant de quelques centimètres au-dessus de l'eau à environ 2 m de hauteur sur les montants d'un pont.

- et Gomphus simillimus Selys, 1840, dont une ~ a été capturée le 20 juin 2007 alors qu'elle voletait au soleil le long d'une haie un peu en retrait de la Sèvre près du lieu-dit «Salboeuf ». Cette observation constitue la seconde mention de l'espèce sur la Sèvre niortaise [première observation plus en amont entre la Crèche et Saint­Maixent-l'Ecole en 2005 (DUCEPT, 2006)] et la sixième seulement des Deux-Sèvres. Ce Gomphe n'avait alors été observé que sur la Dive du nord (2003), le Thouet (2005), la Boutonne (1998) et la Bellesbonne (2005) (DUCEPT, 2006).

Conclusion Bien que pour le moment la reproduction de G. graslinii ne soit attestée que par

la découverte d'une seule et unique exuvie, cette observation constitue une bonne surprise pour le département des Deux-Sèvres et de futures prospections viendront probablement, dans les prochaines années, confirmer l'installation de cette espèce, au moins dans la moitié sud du département.

Ces quelques visites sur la vallée de la Sèvre niortaise en amont de Niort viennent également confirmer la richesse odonatologique de cette rivière, et il est possible que certaines autres espèces soient encore à découvrir comme Coenagrion scitulum, Gomphus vulgatissimus ou Libellula quadrimaculata.

Remerciements Merci à Miguel GAILLEDRAT (Vienne Nature) pour la confumation de la détermination de

l'exuvie de Gomphus graslinii.

Travaux cités [AQUASCOP, 2007. La qualité des rivières dans votre département - Les Deux-Sèvres et la

Charente-Maritime pour le bassin Loire-Bretagne entre 2003 et 2005. Agence de l'Eau Loire-Bretagne. 111 pp.]

BOUDIER F. & LEVASSEUR M., 1990. Les Odonates du bassin versant de la Claise tourangelle (France: Indre-et-Loire). Martinia, numéro hors-série 1 : 1-96.

CLOUPEAU R., BOUDIER F., LEVASSEUR M. et COCQUEMPOT c., 2000. Les Odonates de Touraine (Département d'Indre-et-Loire, France) Bilan de l'inventaire en cours. Martinia, 16 (4): 153-170.

[COTREL N. et BRACCO S., 2006. Synthèse des enjeux biologiques (Mammifères, Amphibiens, Reptiles, Odonates) sur le tracé de la rocade nord de Niort. Deux Sèvres Nature Environnement. 9 pp. + annexes].

100 Martinia

[COTREL N., GAILLEDRAT M., JOURDE P ., PRECIGOUT L. & PRUD'HoMME E., 2007. Liste rouge des Libellules menacées du Poitou-Charentes. Statut de conservation des Odonates et priorités d 'actions. Juin 2007. Poitou-Charentes Nature, Fontaine-le-Comte. 48 pp.]

COTREL N. , ROUILLER P. & BmSSINOT A , 2007. Atlas commenté des Odonates des Deux­Sèvres. Nature entre Deux-Sèvres, n01 : 56-76.

DOMMANGET J.-L., 1987. Étude faunistique et bibliographique des Odonates de France . Collection Inventaires de Faune et Flore, fasc. 36 - Secrétariat FaunelFlore, Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 283 pp.

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GELIN H., 1908. Catalogue des Orthoptères et Libellules observés dans l'ouest de la France (zone littorale océanique d'altitude à 300 mètres). Clouzot, Niort : 35-57.

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(saufla Corse) . Société française d ' Odonatologie, Bois d'Arcy, France. 416 pp. HUBERT S., 1999. Présence de Gomphus graslinii Rambur, 1842 dans le département de la

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LACROIX J., 1912. Contribution à l'étude des Névroptères de France (Première li ste). Feuille des Jeunes Naturalistes (5) 42 (496) : 43-49.

LETI J.-M., CLOUPEAU R., PRATZ J.-L. & MALE-MALHERBE E ., 2001 . Liste commentée des Odonates de la région Centre (départements du Cher, de l'Eure-et-Loir, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret). Martinia, 17 (4) : 123-168.

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PRUD'HOMME & GAILLEDRAT M., 2006. Bulletin de liaison du groupe odonates de Poitou­Charentes Nature. Année 2006. La Libelluline, n03 : 1-28.

PRUD'HOMME E. & PRECIGOUT L., 2007. Bilan de l'inventaire régional des Odonates en Charente 2002-2005. Charente Nature, 246, spécial PICA n024 : 25-39.

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Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 101

Une journée consacrée aux Odonates pour les agents de la Délégation interrégionale de

Metz de l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques

Par Jean-Luc LAMBERT(l) et Jean-Claude LUMET(2) ( 1) ONEMA, Service Départemental de la Marne - sd51 @onema.fr

(2) ONEMA, Délégation inter Régionale de Metz - jean-ciaude.Iumet@onema.fr

Mots-clés: JOURNEE DE FORMATION, ODONATES, ONEMA, MOSELLE. Key-words: TRAINING WORKSHOP, ODONATA, ONEMA, MOSELLE DEPARTMENT

Résumé: Les auteurs présentent le déroulement et le bilan d'une journée d'information et de formation odonatologique pour les agents ayant suivi les stages de formation sur les odonates ou impliqués dans le programme inter régional d'étude sur Oxygastra curtisii (Dale, 1834). Cette journée a été marquée par la prospection d'un site où Ophiogomphus cecilia (Geoffroy in Fourcroy, 1785) a pu être observé.

A information session dedicated to dragonflies study, for the National agency of water and aquatic environments (ONEMA) agents working throughout Champagne-ArdennelLorraine/ Alsace delegation. Summary : The authors present the process and results of a general information session about dragonflies (Odonata), for the agents who have taken part in the odonatology training course, and those involved in the inter regional specifie study of the Oxygastra curtisii (Dale, 1834) species. This session was highlighted by prospecting a site where Ophiogomphus cecilia (Geoffroy in Fourcroy, 1785) was observed.

Contexte Dans le cadre d'une connaissance plus fine des invertébrés dépendant des

milieux aquatiques et des zones humides, des stages de formation consacrés aux Odonates ont été mis en place en 2004 par le Conseil Supérieur de la Pêche (établissement public transformé en ONEMA en 2007). Depuis 2006, ces stages sont particulièrement axés sur la détermination et la biologie des espèces protégées et patrimoniales.

Une quinzaine d'agents de la Délégation interrégionale de Metz (regroupant les dix services départementaux des régions Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace) de l'ONEMA a déjà suivi cette formation et certains ont commencé à prospecter leur département ou leur secteur en utilisant les connaissances acquises. Un début de

Martinia , 24 (3) septembre 2008: 101-105. MnnlHr rit r pf'1I ' p 1)" r!Pf'pmhrp ?nn7

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réseau régional s'est mis en place, facilité par la présence des deux principaux formateurs du stag~ Odonates dans des services départementaux de cette Délégation interrégionale. Ces formateurs, en lien avec les correspondants régionaux de la SFOnat, assurent la transmission des données et la cohérence des actions avec les activités odonatologiques locales, régionales et nationales.

Grâce à ces « vocations naissantes» et à la forte motivation de nombreux agents, la DiR de Metz participe activement depuis 2007 à un programme de recherche sur Oxygastra curtisii (Dale, 1834) (TERNOIS et al., en préparation), un cordulide protégé au niveau national et inscrit aux annexes II et IV de la Directive Habitat. Cette espèce figure également sur la Liste Rouge mondiale de l'UICN. L'étude, pilotée par le Centre Permanent d' Initiatives pour l'Environnement (CPIE) du Pays de Soulaines basé dans l'Aube, impliquera plusieurs agents de notre Délégation interrégionale pour 3 années.

Le maintien et l'approfondissement des connaissances acquises en formation dépendent grandement de mises en applications concrètes sur le terrain et d'échanges suffisamment nombreux et variés avec les personnes et structures concernées par les problématiques liées aux Odonates. Une journée technique par an portant sur les Odonates a donc été mise en place au sein de la DiR de Metz. Elle s'adresse aux agents ayant suivi les stages de formation ou impliqués dans le programme d 'étude sur O. curtisii (ce sont souvent les mêmes !) Les agents du (des) service(s) départe­mental(aux) concerné(s) par le site où se déroule cette journée ont été également conviés.

Pour tous, une telle journée doit être l'occasion d' échanger avec des odonatologues d'autres structures invités à intervenir pour nous présenter leurs actions et leurs problématiques (spécialistes dépendant de collectivités territoriales ou de bureaux d'études, correspondants régionaux de la SFOnat, etc.)

Thématiques de la journée Cette première «journée Odonates de la DiR de Metz» a eu lieu le 22 août

2007, dans le pays de Bitche (Moselle) situé dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. En effet, une population d'Ophiogomphus cecilia (Geoffroy in Fourcroy, 1785), gomphide protégé au niveau national et présent aux annexes II et IV de la Directive Habitat, occupe de petits cours d'eau gréseux du PNR. Cette population est suivie depuis plusieurs années par Sébastien Morelle (MORELLE, 2001 , 2002), chargé de mission «NATURA 2000 et biodiversité » au PNR des Vosges du Nord. Cet odonatologue averti et par ailleurs fort sympathique, a bien voulu nous guider tout au long de cette journée pour nous faire découvrir cette espèce exceptionnelle, ainsi que les peuplements odonatologiques particuliers de différents milieux du pays de Bitche (tourbière, marais et étangs tourbeux, ruisseaux gréseux ... ).

Sébastien Morelle était accompagné de Thomas Roussel du Bureau d'Etudes BIOTOPE et de Raynald Moratin de l'association alsacienne IMAGO. Gilles Neveu, formateur en hydrobiologie à l'ONEMA, Jean-Luc Lambert et Renaud Millard, agents

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techniques de l'ONEMA et formateurs du stage «les Odonates de France métropolitaine », encadraient également cette journée technique sur le terrain.

L'organisation et la logistique ont été assurées en amont par Jean-Luc Lambert et Jean-Claude Lumet, coordinateur police à l'ONEMA.

Déroulement de la journée Première station: Étang tourbière du Kobert haut à Sturzelbronn, Moselle

(9 h 30-11 h). Sébastien Morelle, secondé de Dominique Marmillot (Technicien de la forêt

privée Pimodan) et de Bernard Woerly (Responsable de l'Unité Territoriale de Bitche à l'ONF), font une présentation générale de la Réserve Naturelle nationale des rochers et tourbières du pays de Bitche et décrivent plus particulièrement l'étang tourbière du Kobert haut. Le temps incertain et froid privilégie la recherche de larves et d'exuvies. Trois groupes se forment pour prospecter des milieux différents : tourbière, rives et queue d'étang, cours d'eau récepteur, mares .. .

Résultats: sept espèces sont observées dont 2 seulement au stade imaginai: Ischnura elegans (Vander Linden, 1820) et Sympetrum vulgatum (L., 1758). Ces prospections ont cependant permis de retrouver sur ce site plusieurs larves d'Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825), une espèce patrimoniale dite «localisée» (statut 3b) (BaUDOT & JACQUEMIN, 2002) et non revue sur le secteur depuis 1984.

Deuxième station: Étangs tourbières du Biesenberg à Eguelshardt, Moselle (11 h 30-14 h 30)

Sébastien Morelle présente l'étang et sa gestion. 3 équipes se déploient autour de ce plan d'eau ainsi que sur ses annexes pour rechercher des exuvies ou des larves. Le soleil étant revenu timidement, une prospection des adultes peut enfin se faire !

Résultats: quinze espèces sont capturées dont 11 observées à l'état imaginaI, parmi lesquelles un imago de Sympetrum danae (Sulzer, 1776), une espèce tyrphophile dite localisée en Lorraine (statut 3b) (BaUDOT & JACQUEMIN, 2002), des exuvies d'Aeshna grandis (L., 1758), espèce protégée en région lle-de-France, figurant sur certaines Listes Rouges Régionales, et plusieurs individus de Sympecma fusca (Vander Linden, 1820), seul genre d'Odonate de France métropolitaine capable de passer l'hiver à l'état imaginaI.

Troisième station: Rivière le Schwartzbach, à Windstein (15 h-17 h). Sébastien Morelle décrit le site ainsi que les recherches et suivis menés sur O.

cecilia. Le Schwartzbach est une rivière gréseuse et mésotrophe, bordée en partie de friches humides para-tourbeuses. L'exploration se fait depuis le cours d'eau en waders ou en berge le long des rives. L'équipe se déploie sur l'ensemble du cours d'eau et son vallon à la recherche d'exuvies et d'adultes volants.

Résultats: cinq espèces sont identifiées sur ce dernier site. Malgré le temps froid entrecoupé de très courtes éclaircies, toutes ont pu être vues au stade imaginaI dont O. cecilia, grâce à l'observation d'un individu mal dégagé de son exuvie et incapable de voler ... La récupération des exuvies de cette espèce tout le long du cours d'eau porte rapidement ses fruits grâce aux indications de Sébastien Morelle. A noter également

104 Martinia

sur ce site, l'observation de Calopteryx splendens (Harris, 1780) et C. virgo (L., 1758), sans oublier l'impressionnant Cordulegaster boltonii (Donovan, 1807) pour les quelques chanceux qui l'ont vu patrouiller quelques instants sur le cours d'eau!

Alors que nous nous apprêtons à partir, Aeshna mixta Latreille, 1805 se laisse capturer par Thomas Roussel. Tous les participants peuvent alors observer cette belle espèce de fin de saison. Ce sera la dernière observée au cours de cette journée où, malgré une météo très défavorable, nous avons pu rencontrer 23 espèces.

Étang-tourbière Étang-tourbière Vallée du du Kobert haut du Biesenberg Schwarzbach à à Sturzelbronn à Eguelshardt

Espèces (57) (57)

Calopteryx splendens (Harris, 1780) L Calopteryx virgo (L., 1758) Sympecmafusca (Vander Linden, 1820) 1 Chalcolestes viridis (Vander Linden, 1825) IL

Lestes 5ponsa (Hansemann, 1823) 1

Coenagrion puella (L. 1758) 1 EnallaJjma cyathigerum (Charpentier, 1840) 1 Erythromma naias (Hansemann, 1823) IL Ischnura eleRans (Vander Linden, 1820) 1 1 Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776) L

iAeshna cyanea (Müller, 1764) 1 iA eslma grandis (L. , 1758) Ex iAeshna mixla Latreille, 1805 iAnax imperator Leach, 1815 Ex Ophiogomphus cecilia (Geoffroy in Fourcroy, 1785) CorduleRaster boltonii (Donovan, 1807) L Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825) L Cordulia aenea (L., 1758) L L Somatochlora metallica metallica (Vander

1 Linden, 1825) Libellula quadrimaculata L., 1758 L Sympetrum danae (Sulzer, 1776) 1 Sympetrum sanguineum (Müller, 1764) 1 ~mjJetrum vulgatum (L., 1758) 1

Légende : L = larve; 1 = imago ; Ex = exuvie

Liste des espèces observées le 22 août 2007 dans le Pays de Bitche (PNR des Vosges du Nord)

Bilan de la journée

Windstein (67)

1 1

1

Exl

Exl

Le nombre total de participants a été de 22 agents de l'ONEMA, venant de 8 services départementaux différents. Deux agents de l'ONF du secteur ont aussi participé à cette journée, ainsi qu'un agent de la police municipale de Bitche, Jean­Marc Wey. Les aspects réglementaires, les enjeux de conservation, les techniques de

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 105

SUIVIS ainsi que l'évaluation du bon état écologique dans le contexte de la DCE (Directive Cadre européenne sur l'Eau) ont été des sujets récurrents.

Malgré des conditions atmosphériques très peu propices à l'observation des imagos d'Odonates, le bilan est plus que positif. Les personnes présentes ont fortement apprécié cet échange et la reconduction d'une telle journée est déjà prévue pour 2008.

Ces rencontres permettent de répondre à certaines attentes des agents de l'ONEMA, de lever de nombreuses interrogations et, bien sûr, d'approfondir durablement les connaissances acquises.

Le but de cette initiative est également de poursuivre la mise en place d'un réseau d'agents de l'ONEMA spécialistes de cet ordre d'invertébrés, capables de faire remonter le maximum d'informations fiables au sein de l'établissement et des structures locales et régionales intéressées par ces données. A terme, le réseau doit permettre d'alimenter les bases de données nationales et de relayer sur le terrain les programmes nationaux de suivis d'espèces (CILIF, SONEP, etc., pilotés par la SFOnat), que ce soit dans le cadre professionnel ou à titre personnel.

Les invertébrés font partie des indicateurs permettant l'évaluation du bon état écologique des cours d'eau (Directive Cadre européenne sur l'Eau). Dans cette optique, cette journée correspond à une formation spécifique des agents de l'ONEMA.

Travaux cités BaUDOT J.-P. & JACQUEMIN G., 2002. Inventaire et statut des Libellules de Lorraine. Société

Lorraine d'Entomologie, Nancy, 68 pp.

TERNOIS V., LAMBERT J.-L. & FRADIN E. (Coord.), 2008. Sur la présence de la Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii (Dale, 1834) en Champagne-Ardenne : Bilan préliminaire du programme d'étude 2007-2009. CPIE du Pays de Soulaine/ONEMA, à paraître.

[MORELLE S., 2001. Étude complémentaire Natura 2000: cours d'eau sur grès: le gomphe serpentin Ophiogomphus cecilia. SYCOPARC].

[MORELLE S., 2002. Étude complémentaire Natura 2000: Sauer et Steinbach: le gomphe serpentin Ophiogomphus cecilia. SYCOPARC].

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Préparation des Odonates récoltés dans les pays tropicaux

par Maurice DUQUEF 25 rue Paul Baroux, Blangy-Tronville, F-80440 Boves

Mots-clés: PA YS TROPICAUX, PREPARATION DES SPECIMENS, COLLECTION

Key-words: TROPICAL COUNTRIES, SPECIMENS PREPARATION,

COLLECTION.

Résumé: A partir de l'expérience acquise en Guyane, l'auteur détaille une méthode de conservation en milieux tropicaux des spécimens d'Odonates destinés à la collection de référence.

Preservation of Odonata collected in tropical countries. Summary: Basing on its French Guiana experience to preserve collected local specimens of Odonata, the auteur details a methodology taking the tropical climate constraints into account. This would allow the building of tropical reference collections.

Depuis l'an 2000 nous nous sommes rendus neuf fois en Guyane françai se, avec plusieurs collègues, afin de participer à l'inventaire des Odonates de ce merveilleux pays, le plus riche, et de loin, en entomofaune des Dom-Tom.

Logés parfois dans des conditions très sommaires (un hamac dans un carbet en pleine forêt) , il est impossible de préparer, comme en métropole, ses captures le soir même ou le lendemain des prospections. De toutes façons la collection ainsi réalisée prendrait trop de place dans l'avion, sans parler de sa fragilité.

En adaptant aux régions tropicales les travaux de LAJONQUIERE (1959) et de DOMMANGET (1999), nous proposons aux lecteurs de Martinia la méthode suivante:

Premier impératif : les insectes récoltés doivent être mis dans des boîtes hermétiques, sinon ils feront très vite le repas de centaines de petites fourmis affamées et présentes partout. D'autre part le taux d'humidité de la forêt guyanaise étant souvent voisin de 90 %, les Odonates vont moisir et pourrir rapidement s'ils ne sont pas séchés le plus vite possible: lors d'un séjour en forêt particulièrement arrosé nous avons même vu nos vêtements de rechange commencer à moisir et chaque soir nous devions les sécher sur un feu de bois.

Capturées sur le terrain, de préférence avec un filet muni d'un long manche, les libellules sont mises vivantes en papillotes, afin de vider leurs tubes digestifs, le lendemain elles seront tuées au flacon à cyanure (si elles ne sont pas déjà mortes) ; il faut agir de suite après la mort car la chaleur, souvent supérieure à 30°, active la dégradation des couleurs et la putréfaction.

Martinia, 24 (3) septembre 2008: 106-108. Mnnll('rr;f r prll Ir; 1" Apromhrp ?nn7

Tome 24, fascicule 3, septembre 2008 107

Les papillotes, munies des références de captures écrites au crayon, seront mises dans une grande boîte en matière plastique (résistante aux diluants) bien fermée remplie d'acétone incolore, afin de stopper l'action des graisses sur les pigments des corps des Odonates, il faut les y laisser plusieurs jours, une semaine au moins. Lors de notre dernière mission nous avons laissé nos papillotes dans l'acétone pendant toute la durée du séjour (17 jours) et il semble que les couleurs rouges aient été mieux préservées.

Nous avons toujours trouvé de l'acétone dans les grandes villes de Guyane, sauf une fois et nous avons alors remplacé ce produit par de l'alcool à 90° (c'était au moins un moyen de déshydrater et de stériliser nos captures) . Dans certains pays d'Amérique du sud, l'acétone est interdite à la vente car elle est employée pour préparer la cocaïne (notre ami Jean-François Delasalle en a fait l'expérience en Equateur.)

Le matin du départ pour l'aéroport, la boîte qui a servi pour traiter nos libellules sera vidée (attention: le rejet d'acétone dans la nature est polluant !), les papillotes seront bien égouttées et remises dans cette boîte. Nos insectes sont alors très fragiles et, malheureusement, les bagages sont souvent brutalisés par les employés du fret et quelques recollages seront parfois nécessaires.

Au retour en métropole nous allons devoir étaler nos Odonates pour mise en collection (certains collègues les gardent en papillotes), afin de pouvoir mieux les admirer et surtout les étudier, ainsi qu'éventuellement les photographier; hélas nos échantillons sont devenus très cassants et il faut alors les ramollir.

Nous conseillons alors de mettre les papillotes dans une boite hermétique, avec un fond de sable humidifié, il faut éviter le contact avec ce sable en intercalant un grillage ou un plastique perforé. Ne pas oublier d'y mettre un produit contre les moisissures (voir les produits disponibles et autorisés en France chez les fournisseurs de matériels entomologiques). Le lendemain nous pourrons sortir les libellules et les manœuvrer sans risques de casse. Si vous êtes adroits vous pouvez supprimer ce préramollissage.

Nous utilisons alors une seringue de Pravaz remplie d'ammoniaque acheté chez n'importe quel droguiste (attention ce produit est très dangereux, surtout pour les yeux !) et remplissons le thorax jusqu'à saturation. Attendre deux à trois minutes (profitez-en pour rédiger l'étiquette de référence, épingler l'animal et découper les bandes de papier cristal qui serviront à l'étalage).

Dans la plupart des cas les ailes retrouvent leur souplesse, comme par miracle, et peuvent être étalées aussi facilement que si l'insecte était frais . Le sujet sera alors piqué à l'envers dans une plaque d'émalène ou de polystyrène, après y avoir fait un avant trou pour y enfoncer la tête de l'épingle sur environ un centimètre.

Ensuite il suffira d'y étaler la libellule avec du papier cristal et des épingles à tête d'émail comme d'habitude. Quarante huit heures après (mais vous pouvez attendre davantage par précaution) le spécimen sec pourra rejoindre la collection. Si par malheur la tête ou un morceau d'abdomen s'était détaché pendant ces opérations, se servir de vernis à ongle incolore pour recoller les différentes parties.

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Bien sûr si en métropole ou ailleurs vous avez attrapé des Odonates que vous n'avez pu étaler de suite, cette méthode à l'ammoniaque est aussi valable! Précisons aussi que cette technique de ramollis sage d'insectes est utilisée depuis longtemps par les lépidoptéristes (dont nous sommes aussi).

Travaux cités DOMMANGET J.-L., 1999. La conservation des couleurs et la préparation des libellules destinées

à la collection de référence. Insectes, 114: 25-28. LAJONQUIERE Y. de, 1959. Procédé de ramollissage et de préparation des papillons secs.

Alexanor, 1 (1-4) : 99-102.

Note de la rédaction

Depuis 1995, en dehors de la relecture de l'ensemble des textes, l'un des membres du Comité de lecture assure inlassablement et minutieusement les traductions en anglais des résumés français des articles et des titres de ces mêmes articles mais aussi des brèves communications. Aujourd'hui Maurice Mashaal désire faire une pause dans ce travail assez contraignant, pour des raisons absolument justifiées.

Aussi, c'est avec les « moyens du bord» que ces traductions ont été faites dans le présent fascicule, le lecteur anglophone ne manquera pas de relever quelques imperfections; nous en sommes profondément désolés.

Nous lançons donc un appel urgent à toute personne disposant d'un peu de temps et susceptible d'assurer les traductions en anglais des résumés et des titres des articles et brèves communications des quatre fascicules annuels de la revue Martinia.

Au nom de la Sfo, nous tenons à remercier très chaleureusement Maurice Mashaal pour sa gentillesse et l'aide qu'il a bien voulu nous donner tout au long de ces années.

En ce qui concerne les manuscrits disponibles et suite aux précédents appels, nous avons reçu quelques articles et plusieurs brèves communications qui permettent d'assurer l'édition du présent fascicule et d'une partie de celui de décembre. Nous remercions très sincèrement tous ces auteurs pour leur aide.

Quelques autres articles sont aussi annoncés, mais nous maintenons cependant notre appel auprès de tous les abonnés «rédacteurs» afin de pouvoir assurer le fascicule de décembre et disposer d'une réserve de textes afin de pallier éventuellement à une nouvelle pénurie d'articles ou, pourquoi pas, si le nombre de textes est important, d'augmenter le nombre de pages des fascicules.

Nous vous en remercions par avance.

La rédaction

Imprimé par la Société GRAPfllC TRAPPES, 6 avenue Jean d'Alembert - Zone de Pissaloup - F-78l90 Trappes-en-Yvelines Dépôt légal: 3' trimestre 2008

Recommandations aux auteurs

Tout abonné, à jour de sa cotisation, peut publier dans la revue, dans la mesure où son texte aura été accepté par le Directeur de publication et par l'un des membres du Comité de lecture. Il peut s'associer à un ou plusieurs auteurs non abonnés; dans ce cas, il devra être le premier auteur.

Le fait de proposer un article à publier dans Martinia implique l'adaptation du texte en question à la ligne éditoriale de la revue.

Tous les textes (articles et brèves communications) doivent être envoyés au Directeur de la Publication à l'adresse électronique martinia@libellules.org ou par courrier postal.

Présentation des textes

- Pour la présentation générale de leur texte, les auteurs se reporteront à un numéro récent de la revue.

- Sauf cas particulier, les articles ne devront pas dépasser 10 à 15 pages au format de la revue (soit environ 35 000 signes). Les brèves communications sont limitées à une seule page (moins de 3200 signes).

- Les textes devront être présentés de la manière la plus simple afin qu'ils puissent être rapidement mis en page pour la revue. Il n'est donc pas utile de réaliser les enrichissements tels que gras, souligné, grandes et petites capitales, corps des caractères, têtes de paragraphes, etc. Utiliser un corps de Il points (taille du caractère) avec un alignement à gauche.

- Par convention, les noms scientifiques de genres et d'espèces sont accordés au masculin. La mention des noms français d'espèces doit être évitée.

- Mots-clés, Résumés et Abstracts : Ces informations ne figurent que pour les articles (les brèves (textes de moins de signes) ne sont pas concernées). Si vous ne pouvez pas réaliser le résumé anglais, faites-le nous savoir.

- Les illustrations (dessins, croquis, photographies en noir et blanc, etc.) doivent être d'excellente qualité et bien contrastées. Le format et les légendes doivent tenir compte de la réduction à supporter. Les frais correspondant à la réalisation d'articles illustrés par des photographies ou des planches en couleurs sont à la charge de leur auteur.

- Les tableaux doivent être réalisés en tenant compte du format définitif de la revue (13,5 cm de large et 20 cm de hauteur). Ils doivent être bien lisibles.

- Les références bibliographiques des auteurs cités en cours d'article devront être regroupées en fin d'article, (et uniquement ceux cités dans le texte), dans l'ordre alphabétique, avec toutes les informations nécessaires (se reporter aux articles récents de la revue). Pour diverses raisons légales et pratiques, il est utile de distinguer clairement les rapports d'études et autres textes qui ne font pas l'objet d'un dépôt légal à la Bibliothèque Nationale et qui ne sont pas considérés comme publications (ces dernières étant référencées par un ISSN ou un ISBN).). Ces derniers sont alors placés entre crochets [Auteur, titre, revue, pagination].

Le texte est retourné à l'auteur (ou au 1" auteur, dans le cas de plusieurs auteurs) par l'un des membres du Comité de lecture seulement lorsque des modifications importantes ou une mise à jour sont nécessaires.

Avant publication, les dernières épreuves seront communiquées à l'auteur (ou au te' auteur) pour accord; aucune modification importante du texte ou des illustrations n'est alors possible.

Pour toute question relative à la présentation des textes, adressez-vous au siège de la Sfonat ou bien à l'adresse électronique info@libellules.org.

René Martin (1846-1925), naturaliste passionné, s'intéressa à plusieurs groupes de vertébrés, principalement dans le département de l'Indre. n fut également un odonatologue compétent et réputé dans le monde entier. Il réalisa de nombreux travaux scientifiques sur ce sujet. C'est en son souvenir que nous lui avons dédié ce bulletin consacré aux libellules.