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5/5/2014 RAGEMAG | Michael Shapiro : « Les bons journalistes existent depuis que quelqu'un a proclamé : « J'ai une histoire à raconter. » - RAGEMAG http://ragemag.fr/michael-shapiro-bons-journalistes-existent-histoire-raconter-75581/ 1/9 Publié le 5 mai 2014 à 10:06 par  Jul ie n C ad ot  et Arthur Scheuer  | Michael Shapiro est professeur de journalisme à la Columbia Journalism School. En plus de trente ans de métier, il a collaboré avec le New Yorker , Esquire , Sports Illustrated  ou encore le New York Times . Plus récemment, il a fondé le magazine numérique The Big Roundtable, qui a la particularité de fonctionner grâce à un comité de lecture rassemblant des lecteurs choisis par la rédaction. Optimiste, il est convaincu que les médias doivent faire le deuil de leur âge d’or et, plus que jamais, trouver de nouvelles voies pour survivre. Michael Shapiro. Est-ce qu’en tant que professeur de journalisme, votre métier a changé depuis que vous avez commencé à exercer ? C’est une excellente question. Mon travail a très certainement changé, oui. Je travaille à l’Université de Columbia depuis 1992, cela coïncide avec le début d’un changement à l’échelle mondiale. Quand je repense au moment où j’ai commencé à enseigner, les gens commençaient à travailler sur des ordinateurs, faisant d’eux un usage rudimentaire. Par rapport où nous en sommes maintenant… (il fait une pause)  Par exemple, mes étudiants finissent un travail de publication d’un e-book, qu’ils font en cours de design numérique qui doit être publié dans quelques semaines. é  

RAGEMAG _ Michael Shapiro _ « Les Bons Journalistes Existent Depuis Que Quelqu'Un a Proclamé _ « J'Ai Une Histoire à Raconter

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    http://ragemag.fr /michael-shapiro-bons-journalistes-existent-histoire-raconter-75581/ 1/9

    Publi le 5 mai 2014 10:06 parJul ien C adot et Arthur Scheuer|

    Michael Sh apiro est professeur de j ournalisme la Columbia Journalism School. En plus de trente ans de mtier, i l acollabor avec le New Yorker, Esquire , Sports I l lustratedou encore le New York Times . Plus rcemment, i l a fond lemagazine numrique The Big Roundtable, qui a la particu larit de fonctionner grce un comit de lecture rassemblantdes lecteurs choisis p ar la rdaction. Optimiste, i l est convaincu que les mdias doivent faire le deuil de leur ge dor et ,plus que jamais, trouver de nouvelles voies pour survivre.

    Michael Shapiro.

    Est-ce quen tant que professeur de journalisme, votre mtier a c hang depui s que vous avez commenc exercer ?

    Cest une excellente question. Mon travail a trs certainement chang, oui. Je travaille lUniversit de Columbia depuis 1992, cela concide avec le dbut dun

    changement lchelle mondiale. Quand je repense au moment o jai commenc enseigner, les gens commenaient travailler sur des ordinateurs, faisant

    deux un usage rudimentaire. Par rapport o nous en sommes maintenant(il fait une pause)Par exemple, mes tudiants finissent un travail de publication

    dun e-book, quils font en cours de design numrique qui doit tre publi dans quelques semaines.

    Mdias

    M i c h a e l S h a p i r o : L e s b o n s j o u r n a l i s t e s e x i s t e n t d e p u i s q u e q u e l q u ' u n a p r o c l a m :

    J ' a i u n e h i s t o i r e r a c o n t e r .

    http://ragemag.fr/politique/medias-politique/http://ragemag.fr/http://ragemag.fr/politique/medias-politique/
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    Couverture dEsquirede 1948.

    C e q u i m a n q u e a u x h i s t o i r e s q u i n e c a p t i v e n t p a s , c

    e s t

    l e t r a v a i l e s s e n t i e l d u r e p o r t e r , q u i e s t d e t r o u v e r d e

    l i n f o r m a t i o n o r i g i n a l e .

    Cet e-book raconte une semaine passe New York, avec comme angle, la

    musique. Le fait est quils ont beaucoup rflchi quelque chose qui ntait

    pas au centre des proccupations il y a peine quelques annes : qui est

    notre audience ? Comment la rencontrons-nous ? Comment parvenons-nous

    la conserver ? Comment mesurons-nous le succs ? Alors quand vous

    opposez tout cela simplement crire des articles et regarder ce que les gens

    en pensent Ce que je vois dans mes classes, cest vraiment une volont de

    comprendre comment toucher le lectorat.

    Pensez-vous alors que cest l essence du journalisme qui achang, ou simplement les moyens de transmettre

    linformation ?

    Cest trs intressant. Je pense que pour rpondre, il faut peut-tre que je

    parle de mon autre activit, au-del de lenseignement : jai cr un mdia

    pour publier du journalisme long format sur internet, nomm The Big

    Roundtable.Ce mdia participe, aussi bien que mon activit de professeur,

    la dfinition de mon travail.

    Ce qui est devenu de plus en plus clair, pour moi et mes collgues, cest

    quaprs avoir accept des formules comme la plateforme est reine, nous

    avons compris que ce qui comptait, ctait le contenu. Javais une excellente

    amie qui nous a malheureusement quitt il y a quelques annes, Lisa

    Gubernick, qui travaillait pour Forbeset le Wall Street Journalet qui

    commenait chacune de ses conversations, personnelles ou professionnelles,

    par la mme question : Whats new and interesting ? Cest trs intressant

    dans le contexte du journalisme.

    Deux choses qui sarticulent entre elles sont prendre en compte dans la

    profession : la premire est bien entendu un changement dans les moyens de

    transmettre linformation. La deuxime, dans le mme temps, est quelque

    chose qui na pas chang : les gens veulent toujours savoir ce qui est nouveau

    et ce qui est intressant. Je dis dsormais mes tudiants la chose suivante :

    Si vous arrivez produire quelque chose de nouveau et dintressant, vous tes sur la bonne voie. Si vous avez juste du nouveau ou de lintressant, cest pas

    mal. Si vous navez ni lun ni lautre, recommencez .

    Jal lai s vou s dem an der que l le t ai t la ch ose la pl us imp orta nt e qu e vous es say iez de tr an sme tt re vos t udi an ts pourqui ls soient de bons journalistes

    Tous les professeurs ici sont des journalistes en activit. Du coup, nous sommes constamment en train de nous poser des questions comme c omment vais-

    je amliorer mon travail ? ou comment puis-je tre sr de ce que je dois faire ? Je suis journaliste depuis 38 ans. Cest une longue priode et une chose estdevenue claire mes yeux : ce qui rend notre travail plaisant et intressant, ce nest pas la manire dont nous racontons nos histoires, mais la manire dont

    nous enqutons.

    Et je le vois, au contact de mes tudiants et travers ce que lon publie

    sur The Big Roundtable : il y a une diffrence entre les histoires qui

    captivent les gens et les histoires qui ny parviennent pas, quel que soit

    le mdia. Et la diffrence est tnue de loin, toutes ces histoires

    peuvent se ressembler : elles sont bien racontes, elles sont bien

    crites, mais ce qui manque celles qui ne captivent pas, cest le travail essentiel du reporter, qui est de trouver de linformation originale.

    Quand ce travail est accompli, mme sur un sujet qui ne vous intresse pas a priori, vous le ressentez. Au dbut du semestre, jai dit mes tudiants : Mon

    travail ici, avant toute chose, cest de vous faire tomber amoureux du reportage. crire vous fera vieillir, enquter vous fera rester jeune. Le sentiment de la dcouverte,

    cette chose qui vous empche de dormir, qui vous prend aux tripes parce que vous navez pas encore dinformation, cest une chose fantastique. Et en ce sens,

    notre travail na jamais chang.

    Est-ce quelque ch ose que vous avez appris en p ratiquant le journalisme ou en faisant de la recherche ?

    Jai chang, en tant que journaliste. Et cest une trs bonne chose. Je ne suis plus le journaliste que jtais il y a vingt ans, pas mme celui que jtais il y a dix ans.

    Jai appris, de trois manires. Dabord, par mon travail professionnel, en tant quauteur et journaliste. Ensuite, en tant que professeur et enfin, en tant

    quditeur de presse. Ce qui rend un travail intressant, ce qui me donne envie de lire ou de publier, cest quand quelquun a uvr pour savoir quelque

    chose.

    Le journaliste qui russira dans ce monde en mouvement est celui qui portera en lui ce besoin dclairer les choses. Ma femme est journaliste, ma fille est

    journaliste et nos amis nous disaient parfois : Vous tes fous ! Pourquoi laissez-vous votre fille faire du journalisme ? Cest terriblement difficile aujourdhui ! Ce

    quoi je rpondais que ma fille adorait le terrain et lenqute et que mon fils nen avait rien cirer de tout cela et quil ntait pas journaliste. Ce que je veux dire,

    cest que nous vivons dans une priode terriblement exaltante et que nous avons des milliers de nouvelles manires de pratiquer notre profession. La crise

    de la presse a t quelque chose de terrifiant pour les journalistes de ma gnration, surtout la monte de la concurrence dans la presse amricaine.

    Invitablement, quand vous tes dans un milieu concurrentiel, il y a des gagnants et des perdants. Cest quelque chose de difficile.

    Vous savez, quand jai commenc le journalisme dans les annes 1970, il ny avait pas de perdant. Personne ne perdait son boulot et jusquau dbut des

    annes 2000, ctait fantastique. Ctait lge dor pour tre journaliste ! Les journaux gagnaient des tonnes dargent, ils avaient des tas dinvestisseurs Mais il

    ny avait aucune concurrence. Maintenant, nous sommes dans un monde nouveau, effrayant et la concurrence peut-tre quelque chose dprouvant et de

    terrifiant. Mais si vous tes un jeune journaliste aujourdhui et que vous venez dans une universit comme la ntre, les chiffres parlent pour vous : les trois

    quarts de nos tudiants quittent lcole avec un emploi ou un stage.

    http://www.thebigroundtable.com/
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    C e q u i e s t m e r v e i l l e u x a v e c l e s i n g n i e u r s , c

    e s t q u

    i l s

    c h e r c h e n t t o u j o u r s r e n d r e l a t e c h n i q u e a c c e s s i b l e .

    The New Yorker, couverture de 1976.

    Les autres nont pas de mal se convertir, par exemple dans le droit. Et cest

    un chiffre 25 % suprieur celui que lon avait il y a peine six ans, ce qui

    signifie quil y a de plus en plus dendroits dans lesquels les journalistes

    peuvent faire un mtier de plus en plus intressant et diversifi.

    The New Yorker, 2014.

    Et dans ce monde compltement diffrent, est-ce que ce que vous avez appris vous, en tant q utudiant, est toujoursvalable ?

    Jai tudi lUniversit du Missouri, ctait une excellente formation. Cela dit, dune certaine manire, les programmes taient construits autour de la forme.

    Nous apprenions comment crire des articles et on nous disait que la matrise de la forme tait la clef du succs. Ce que je vois maintenant, cest que la forme

    est bien moins importante, en regard du contenu. The Big Roundtable est fond sur le principe que le got du comit ditorial nest pas meilleur que celui de

    nimporte qui dautre.

    Ce qui est intressant, cest de voir comment les gens ragissent auxhistoires que lon envoie. Nous proposons un petit groupe de

    lecteurs les 100 premiers mots dun article, pour voir comment ils

    ragissent et cest rare que la forme ait une importance. Leur raction

    est lie quelque chose de plus profond, inscrit dans la page, un sens du contenu. Sil y a une leon que jaimerais retenir de mon parcours en tant que

    journaliste depuis que jai quitt luniversit, cest celle qui ma appris limportance du contenu alors que je mvertuais ne travailler que la forme.

    Avez-vous l impression que vos tudiants ont besoin de connatre plus de choses techniques l ies la professionaujourdhui ?

    Cest encore une bonne question car vous savez, il y avait une poque pendant laquelle les gens devaient apprendre quelques petites choses du ct de la

    technique, mais ce qui est merveilleux avec les ingnieurs, cest quils cherchent toujours rendre la technique accessible. Mon pre a 86 ans et il est sur

    internet toute la journe. Ce nest pas un expert de la technologie et pourtant, il scanne des documents, en tlcharge, me les envoie Bref, la technologie est

    tellement plus simple aujourdhui quil y a quelques annes. Tenez, vous pouvez lancer un site dinformation ds demain, sans argent, sur un espace

    WordPress. Mme moi, je peux lutiliser. videmment, plus vous avez de savoir techniques, mieux cest. Nous avons des tudiants qui savent programmer,

    par exemple.

    Mais finalement, cette expertise est devenue infiniment plus simple acqurir grce au travail des ingnieurs qui nous ont rendu la vie bien plus facile. Cest

    aussi la base de leur march : si un produit est difficile utiliser, les utilisateurs se tourneront vers quelque chose dautre. En ce sens, les tudiants qui arrivent

    luniversit sont tous des experts en mdias sociaux : cest le monde dans lequel ils vivent.

    Et du ct de la p ratique des outils du journalisme ? Nous

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    The New York Times, une d e 1941.

    L e p r o b l m e , c e s t q u e l e b u s i n e s s m o d e l q u i a v a i t

    e x i s t e t f o n c t i o n n p o u r p e u p r s d e u x g n r a t i o n s d e

    j o u r n a l i s t e s r e p o s a i t s u r d e s j o u r n a u x e t m a g a z i n e s

    t r s b a s p r i x .

    avons vu des agences de presse l icencier leursphotographes, par exemple. Est-ce que cela veut dire quuntudiant en journalisme doit tre aussi un bonphotographe auj ourdhui ?

    Je pense que licencier les photographes est une ide stupide. Lune des leons

    que lon peut tirer des annes 2000 est lie linvestissement dans le

    journalisme : les investisseurs voulaient retrouver leur argent, et la manire

    de leur en donner, ctait de rduire les salaires. Et puis il y a eu un petit

    groupe danalystes trs intelligents, qui a affirm ne sabotez pas la valeur

    centrale de votre mtier, nabaissez pas le niveau de ce que vous offrez vos

    lecteurs.

    Beaucoup de mdias ont fait des coupes budgtaires et dans un sens, ctait

    un affront aux lecteurs : ils disaient, en gros : Vous lirez nimporte quoi de

    toute manire, parce que vous vous fichez de ce que vous lisez. Et pourtant,

    lhistoire rcente la montr : ds que vous diminuez la qualit de votre travail,

    vous en souffrez un moment ou un autre. Vous ne pouvez pas nourrir les

    gens avec de la malbouffe. Au milieu des annes 1980, ma femme et moi

    tions des correspondants ltranger et on nous donnait tous un appareil

    photo. Nous apprenions prendre des photos.

    Mais quand jai commenc travailler pour des magazines comme Esquireou

    Sports Illus trated,ils envoyaient un photographe parce quils voulaient de

    belles photos. Nous pouvons tous prendre une photo avec notre

    smartphone, mais peu dentre nous peuvent faire le travail de Tyler Hicks au

    New York Times. Vous voulez savoir comment prendre des photos si vous tes

    seul sur le terrain, mais je ne pense pas une seconde que les photos que je

    prends peuvent approcher de prs ou de loin la qualit des photographies

    dun vritable photographe.

    Vous avez voqu les mdias qu i ont baiss leurs

    exigences : est-ce que les fermes de c ontenu tournenttoujours aux tats-Unis ?

    Je pense que le business a chang. Toutes les conversations tournaient

    autour de la question de trouver un business model, au singulier. Le

    problme, cest que le business model qui avait exist et fonctionn

    pour peu prs deux gnrations de journalistes reposait sur des

    journaux et magazines trs bas prix. New York, jai travaill pour un magazine qui se vendait 15 cents. Largent rentrait uniquement avec la publicit.

    Quand on y rflchit, on saperoit que cest une manire trs passive de construire un business.

    Quand la publicit a commenc dcliner autour de 2001, les gens se sont demand ce qui pourrait la remplacer. Maintenant, ils commencent comprendre

    quil faut la remplacer non pas par une seule chose, mais par des dizaines de choses. Pendant longtemps les patrons de presse se sont dit : Nous allons faire

    en sorte que des tas de personnes viennent sur notre site et nous allons convaincre les pub licitaires de nous donner de largent pour des encarts publicitaires

    numriques, ce qu i remboursera largent perdu sur le papier. Mais cela na pas fonctionn. Ensuite, ils se sont dits quils mettraient tout ce quils avaient sur

    internet derrire unpaywall: cela na pas fonctionn. Au milieu de cette panique gnrale, des gens se sont mis rflchir et ont commenc reconstruire

    leur business.

    Cest une chose de crer une agence de presse ; cen est une autre de convertir un business dj tabli quelque chose dautre. Des agences de presse

    existent depuis une centaine dannes et tout ce quelles croyaient avoir acquis a t mis en pril en un rien de temps. Le New York Timesa dcid de mettre

    certaines choses derrire unpaywall, demandant aux lecteurs de financer le travail quils faisaient, sils laimaient. Ils ont fini avec 800 000 abonns sur leur

    plateforme numrique. La raison de ce succs, cest que le New York Timesest rest, au moins aux yeux de plus de 800 000 personnes, un produit de grande

    valeur. Ces gens voulaient le New York Times.Cela a contraint toutes les autres agences de presse tablies rflchir un instant et se poser la question :

    Que vend-on ? Quest-ce que les gens attendent de nous ?

    Je pense que cest un changement de mentalit norme : nous sommes un business et nous vendons quelque chose qui peut parfois avoir la plus haute

    importance, dautres fois tre honnte, dautres fois encore, tre stupide. Il y a des tas dhistoires dans les mdias amricains dont nous pourrions nous

    passer : inutiles, faciles, futiles, des ragots Cela dit, cela a toujours t le cas. Mais maintenant, nous avons le devoir de nous demander ce que nos lecteurs

    attendent de nous et ce que nous allons leur donner. Oui, nous sommes au milieu dun changement titanesque mais nous pouvons arrter den avoir peur.

    The New York Times,2014.

    Pensez-vous que le journaliste contemporain doit apprendre de l entrepreneur ?

    http://topics.nytimes.com/top/reference/timestopics/people/h/tyler_hicks/index.html
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    The Atlantic,numro 1, 1857.

    E t p u i s j e m e s u i s d e m a n d c e q u i r e n d a i t u n a u t e u r

    h e u r e u x . E s t - c e q u e c

    e s t l a d i f f u s i o n d e s o n a r t i c l e ? L a

    Sports Ill ustrated,1957.

    Absolument. Ils doivent comprendre le march. Quand jai commenc le

    journalisme, jtais embauch dans un petit journal du New Jersey et il y avait

    un immense couloir qui sparait le ple ditorial du ple business. Alors nous

    saluions les gens du business, mais nous ne savions pas le moins du monde

    ce quils faisaient. Et je suppose quils ne savaient pas, eux non plus, ce que

    nous faisions. Il y a un trait dhumour dans le journalisme amricain qui

    compare cela la sparation entre lglise et ltat.

    Maintenant, les tudiants en journalisme doivent suivent des cours de

    business des mdias. Ils doivent savoir ce qui se passe sur le march, parce

    que sils ne sont au courant de rien, ils vont tre en position de faiblesse. Ils

    doivent savoir comment on fait de largent et ne pas se reposer sur desconsidrations simples, comme ce qui peut tre produit et ce qui ne peut pas

    ltre.

    Ils doivent se demander pourquoi ce quils produisent pourrait tre achet. Je

    pense que nos tudiants doivent savoir reconnatre quand une bonne ou

    une mauvaise dcision lie au business est prise : ils doivent savoir parler aux

    gens qui travaillent au ple business, parce quils font partie du business. Ils

    ne sont pas des entits part !

    Si l on parle conomie des mdias, que pen sez-vous de lapublicit n ative ou des art icles sponsoriss ? Pensez-vousque ces procds ont chang la manire qua le lecteur depercevoir l information ?

    Pendant des annes, les magazines ont produit du contenu quon appelait

    publicitaire. lintrieur du magazine, il y avait du contenu crit par les

    journalistes qui tait un peu diffrent de la production indpendante que lon

    trouvait dans le reste du magazine. Je pense que les gens se sont inquits de

    cela mais ctait assez clair : il tait crit publicit en haut de larticle. Je

    pense que la question de la publicit native a t traite de long en large et

    quelle fait partie du monde dans lequel nous vivons.

    Le dbat est similaire celui de lopinion contre linformation : il sagit de

    savoir qui parle et en quel nom. Je pense, de mon ct, que ce sera toujours

    mieux de sparer de manire franche la publicit du contenu ditorial.

    Autrement, cest une tentative de tromper le lecteur, en lui faisant croire quil

    lit quelque chose qui a la mme valeur que le reste. Nanmoins, comme je

    vous lai dit, cela fait partie de notre monde : nous devons maintenant aller

    plus loin.

    Ressentez-vous toujours, en tant qu e professeur, que lejourn al isme es t que lqu e ch ose qu i at ti re les jeu nesaujourdhui ?

    Ce qui est amusant, cest que les tudiants sont dans la mme disposition

    desprit quil y a vingt ans, la mme encore que lorsque jtais moi-mme

    tudiant. Les gens qui viennent au journalisme sont des gens trs

    particuliers : ils ont dcid quils allaient rejoindre un corps de mtier qui est

    fond sur limprvisible. Vous ne travaillerez pas de 9 heures 15 heures. Vos

    horaires seront fous. Vous devrez travailler le week-end. Vous connatrez des

    hauts et des trs bas. Et les gens qui choisissent cela le font en connaissance

    de cause.

    Je pense que nous assistons aujourdhui un changement par rapport au

    dbut de la crise des annes 2000, o les tudiants se lanaient dans

    nimporte quelles tudes suprieures simplement pour repousser le moment

    o ils arriveraient sur le march du travail. Aujourdhui, cette tendance est la

    baisse et nous le constatons dans les universits amricaines : dans les cursus

    de journalisme, nous retrouvons le mme type dtudiant quavant, qui

    souhaite tre journaliste. Et cela me rend trs optimiste, en fait : nous navons

    pas besoin dun milliard de journaliste.

    Et devinez quoi ? Il ny en aura jamais autant ! Il y a trop de raisons de ne pas

    vouloir tre journaliste ! Un million dexcuses pour ne pas faire ce mtier !

    Ceux qui dpassent tout cela sont gnralement des gens qui veulent

    vritablement entrer dans la profession. Et dans ce petit groupe de gens

    dtermins, il y a un plus petit groupe encore, compos dtudiants qui ne

    veulent pas seulement faire ce mtier, mais qui tueraient pour y arriver ! Ces

    gens-l existent depuis que, pour la premire fois, quelquun a proclam : Jai

    une histoire raconter.

    Et en parlant de ce petit groupe, l une des descriptions de The Big Roundtable est rendre les auteurs heureux pourrendre les lecteurs heureux . Pensez-vous que le

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    s o m m e q u i l r e o i t ? S i m p l e m e n t l e f a i t d t r e p u b l i ?

    The Wahsington Post, 1980.

    bonheur est un moteur du journalisme venir ?

    Cest une question intressante, parce que je me suis battu

    intrieurement pendant assez longtemps avec ce problme de bonheur. Bien entendu, quand vous lancez une entreprise, et cest quelque chose que je

    dcouvre peine maintenant, vous travaillez de la mme manire que lorsque vous prparez un livre : tous les jours vous dcouvrez quelque chose de

    nouveau, vous tes heureux et vous vous trouvez bien bte de ne pas avoir su ces choses plus tt. Rcemment, jai dcouvert que je voulais rendre les

    lecteurs heureux.

    Il y a des auteurs brillants, des histoires excellentes et qui ne sont pas connues : nous sommes dans le business de lcriture et je souhaite que The Big

    Roundtable soit le mcanisme qui fasse dcouvrir tout cela aux lecteurs. Et puis je me suis demand ce qui rendait un auteur heureux. Est-ce que cest la

    diffusion de son article ? La somme quil reoit ? Simplement le fait dtre publi ? Non, je pense que cest plus profond Ce quun auteur veut ressentir cest

    (il fait une pause)Un auteur ne veut pas se sentir impuissant. Et dans notre corps de mtier, les auteurs se sentent impuissants. Je pense que cest une choseimportante.

    Jai dailleurs commenc The Big Roundtable comme nimporte quelle entreprise : javais un besoin particulier, dans ma vie personnelle. Jai crit 6 livres, jai crit

    pour le New Yorker, le New York Times, bref, dans des tas de revues. Jtais en train de prparer un nouveau livre et jai dcouvert que parce que mon sixime

    livre ne stait pas aussi bien vendu que mon cinquime livre, je ntais plus vu comme un auteur financirement intressant dans le monde rtrcissant et

    angoiss de ldition. Dsormais, ils ne produisent plus que des livres qui feront coup sr des bestsellers. ce moment prcis, mme du haut de mes

    presque 60 ans, je me suis senti compltement impuissant. Et je me suis demand si lon pouvait crer un environnement de travail partir duquel les

    auteurs qui travaillent comme des journalistes mais pensent comme des crivains pourraient proposer des textes.

    Un romancier ne va pas se retenir dcrire un roman parce quon ne lui a pas

    donn son cachet. Les textes que nous recevons ont dj t crits et le

    rsultat de cette exprience est fascinant : quand nous avons commenc,

    nous nous disions que nous nallions recevoir que de trs mauvais textes. Et

    cela ne sest pas produit, parce que les auteurs qui nous soumettent destextes se sont dj passionns pour ce quils ont crit. Les auteurs qui

    viennent nous, sans que nous leur fassions la moindre promesse quant aux

    revenus, veulent travailler avec nous. Aprs 5 ou 6 reprises de larticle pour

    quil soit prt, ils souhaitent continuer.

    Le concept fonctionne. La preuve nous a t fournie en dcembre dernier,

    quand nous avons choisi de co-produire un article avec Buzzfeed. Ctait un

    article qui avait t refus par 31 maisons ddition et groupes de presse.

    Ctait une histoire en 10 000 mots racontant le suicide mdicalement assist

    dune femme qui navait pas de problme mdical. Buzzfeed tait daccord

    pour publier cet article avec nous, nous offrant une audience gigantesque.

    Lhistoire a t publie le week-end entre Nol et le Nouvel An. 10 000 mots

    propos dun suicide, que personne ne voulait publier, parce que ctait trop

    long, parce que ctait trop dprimant, parce que personne nallait le lire et jen

    passe. Vingt-quatre heures aprs sa publication, ctait le huitime article le

    plus lu de Buzzfeed. En trois jours, il avait t lu plus de 450 000 fois. Il a

    dcoll comme une fuse.

    De cela, jai compris qu la question de savoir si un diteur de presse pouvait

    deviner si un article allait fonctionner ou pas, la rponse tait ngative ; que

    lon ne pouvait prvoir un succs par rapport ce que les lecteurs avaient lu

    avant ; que la seule chose qui retiendrait lattention des gens tait la surprise.

    Et sils sont surpris, ils vont partager et partager encore. Ctait une histoire

    dont personne ne voulait : les lecteurs la voulaient. Cest peut-tre une des

    recherches que nous sommes en train de mener : comment les gens

    partagent-ils une histoire ? Quel est le mcanisme qui fait dcouvrir aux gens

    un article ? Alors vous savez, je rve quil y ait des dizaines de Big Roundtable

    qui nauraient pas forcment notre nom, mais qui pourraient repenser la

    manire dont la presse fonctionne

    The Atlantic,2014.

    Est-ce ce qu e vous nommez du journalisme crowd-sourc (ndlr : qui sappuie sur la participation de ses lecteurs) ?

    Non, pas exactement. Quand un article nous est envoy, si nous disons immdiatement oui, cest assez simple. Mais si nous ne sommes pas srs, nous

    avons un premier groupe de quarante lecteurs qui nous envoyons les premiers paragraphes en leur demandant de nous dire sils liraient la suite ou non.

    Sils disent oui, nous travaillons avec lauteur. Et cela na pas besoin dtre une majorit, parfois seul un cinquime des lecteurs voulait lire la suite et les

    histoires ont t normment lues. Ce nest donc pas du crowd-sourcing. Cest un test daudience, limite et sre. Si 20 % des gens qui lisent le dbut

    apprcient lhistoire, nous allons travailler le texte avec lauteur pour que le pourcentage monte la moiti.

  • 5/26/2018 RAGEMAG _ Michael Shapiro _ Les Bons Journalistes Existent Depuis Que Quelqu'Un a Proclam _ J'Ai Une Histoire Raconter - slidepd

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    5/5/2014 RAGEMAG | Michael Shapiro : Les bons journalistes existent depuis que quelqu'un a proclam : J'ai une histoire raconter. - RAGEMAG

    http://ragemag.fr/michael-shapiro-bons-journalistes-existent-histoire-raconter-75581/ 7/9

    J e c r o i s q u e l e j o u r n a l i s m e c o m m e n c e a v e c u n e

    q u e s t i o n , u n e s i m p l e q u e s t i o n , m m e u n e q u e s t i o n

    v i d e n t e

    c

    e s t c e m o m e n t - l q u e s a f o r m e l a p l u s

    i n t r e s s a n t e a p p a r a t .

    Vogue,1909.

    Les histoires que vous publiez s ont souvent fondes sur des expriences personnelles. O placez- vous la l imite entre lejourn al isme et le journ al in ti me ?

    Je ne pense pas quil y ait une ligne ! Dans le cas dune histoire comme celle de Karla Bruning, sur son pre, il ne faut pas y lire un ceci ou cela marrive mais

    un auteur qui sest demand pourquoi cela est arriv ? En fait, ce que vous y voyez en dfinitive, cest un reportage : lauteur essaie de donner du sens une

    situation. Quand on est dans des configurations de type je vais vous parler de mon voyage, ce qui manque, cest lexploration du chemin parcouru. Jen

    parlais mes tudiants il y a peu : quelle est, pensez-vous la chose la plus difficile vendre en matire de non-fiction ? Un voyage. Parce que les voyages, en

    partant de lOdysse, sont issus dune trs longue tradition dans la fiction et quand la non-fiction tente de sy mettre, on sait dj ce qui va arriver la fin.

    Pour quune non-fiction de voyage fonctionne, je veux que la fin me

    soit inconnue. Je pense que ce que lon souhaite voir, ce sont des gens

    comme Karla qui ont fait un voyage, un voyage qui a pu tre intime, etqui leur a rvl des choses sur eux-mmes et a rpondu certaines

    de leurs questions. Je pense que nous, journalistes, nous devons

    toujours rester dans le cadre des questions auxquelles nous essayons

    de rpondre, par opposition aux dclarations que telle ou telle

    personne pourrait faire. Je crois que le journalisme commence avec une question, une simple question, mme une question vidente cest ce moment-l

    que sa forme la plus intressante apparat.

    Lun de mes livres de non-fiction prfr est Young Men and Firepar Norman McLean. Le livre tourne autour dun feu de fort au cours duquel seize pompiers

    furent tus. Ce qui est intressant, cest que cela raconte lhistoire dun pompier et quil dcouvre pendant cet incendie la rponse des questions quil se

    posait sur lui-mme. Son aventure le prend pour objet. La raison pour laquelle jaime le livre, ce nest pas parce quil dcrit la nature, cest parce que cet auteur

    a cherch exposer un voil pourquoi, plutt quun voil ce quil sest pass.

    Pourquoi avez-vous choisi de navoir que d es i l lus trations sur The Big Roundtable ?

    Oh la raison est trs simple : cest moins cher ! (rires)Je sais que cela peut paratre terre terre, mais jusqu ce que nous refassions le site, ctait la meilleureoption. Lune des choses dangereuses dont jai t tmoin quand on tente de crer quelque chose, cest dattendre, attendre, attendre encore que tout soit

    prt, tout soit cod, mis en place. un moment, il faut commencer, se lancer et regarder ce quil se passe. Alors nous avons pris un thme WordPress trs

    simple, nous avons achet lURL et nous avons regroup quelques histoires.

    Un juriste a vrifi que nous ne faisions pas de btise. Et puis jai pay quelquun pour ajouter un peu de code et nous avons mis le rsultat en ligne. Cet t,

    nous repensons le site et la newsletter. Cela dit, cette sobrit nous a permis de comprendre des choses. Par exemple, vous lavez dit : nous navons que des

    illustrations et du texte. Eh bien cela nous a amen nous dire : Attendez une minute, est-ce que les lecteurs veulent vraiment des illustrations ? Combien

    veulent-ils en voir ? Lun des grands dbats du journalisme amricain ces dernires annes a tourn autour du magnifique Snow Fall, du New York Times. Cela

    a pris des mois et des mois mettre en place et lon sest demand a posteriori si ctait bien la meilleure faon de lire un texte. Un verbe est mme n de ces

    rflexions, snowfalling, qui signifie peu prs ajouter des tas dlments multimdia.

    Et la conclusion de tout cela est de se poser la question de savoir si ce ntait

    pas mieux quil y ait juste du texte. Alors Jai demand mes tudiants ce

    quils prfraient comme type de mdia quand il sagissait de lire quelquechose de long. Et vous savez ce quils mont rpondu ? Le papier, sans image.

    Mais ctait vident ! Depuis que nous avons cinq ans, nous lisons des romans

    sans image. Aprs, il sagit de tester vos intuitions, ce que je fais avec The Big

    Roundtable : cest le seul moyen de savoir si elles fonctionnent en pratique.

    Peut-tre que vous reviendrez dans trois mois sur The Big Roundtable et que

    vous y trouverez des tas dimages et de photographies, peut-tre que

    certaines histoires seront illustres et dautres pas. La rponse nest jamais

    absolue et nous allons essayer de lesquisser.

    En avez-vous une ide ?

    Cela fait longtemps maintenant que je suis journaliste et jai dj eu des

    discussions sur peu prs tous les sujets concernant le texte, les auteurs et

    les lecteurs. Ce qui est intressant, cest que mme pour moi, tout le reste est

    compltement nouveau et je pense quil faut aller de lavant. Longtemps,

    nous avons vcu, nous journalistes, dans un monde plein de certitudes. Nous

    savions comment crire, comment faire de largent, quelle forme adopter, ce

    que les gens voulaient lire Tout cela sest compltement dlit. Du coup il

    sagit de penser. Au lieu de produire une histoire snowfallise, pourquoi ne pas

    proposer, par exemple, deux versions, une pure et une enrichie ? Ensuite,

    mesurons, car nous avons les outils. Tout devient une exprience : plus il y

    aura de gens impliqus, plus les rsultats seront utiles.

    Est-ce la raison pour laquelle vous avez sur votre site unecatgorie Recherche, au sens scientifique ?

    Exactement. Nous allons sortir un compte-rendu de recherche sous peu, sur

    ce qui se cache derrire le terme partager sur internet. Je ne veux pas vous

    en dire trop, pour que ce soit un peu une surprise, mais nous avons tent decomprendre comment les lecteurs dcouvraient les articles et les

    partageaient. Ces recherches sont offertes tous les journalistes : prenez-les,

    testez les rsultats chez vous et regardez si cela fonctionne. Luniversit nous offre lopportunit de faire cela, donc toutes les recherches que nous faisons,

    nous les partagerons.

    Vous avez fait une chronologie du long format sur le web. Vous y mentionnez la sortie du Kindle dAmazon. Pensez-vous

    http://www.nytimes.com/projects/2012/snow-fall/?forceredirect=yes#/?part=tunnel-creekhttp://www.thebigroundtable.com/stories/slowsuicide/
  • 5/26/2018 RAGEMAG _ Michael Shapiro _ Les Bons Journalistes Existent Depuis Que Quelqu'Un a Proclam _ J'Ai Une Histoire Raconter - slidepd

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    5/5/2014 RAGEMAG | Michael Shapiro : Les bons journalistes existent depuis que quelqu'un a proclam : J'ai une histoire raconter. - RAGEMAG

    http://ragemag.fr/michael-shapiro-bons-journalistes-existent-histoire-raconter-75581/ 8/9

    C e q u e j e p e u x t r e e n r e v a n c h e , c

    e s t q u e l q u

    u n q u i l e s

    a i d e t r o u v e r d e s a r t i c l e s e t l e s r e n d r e b o n s . A m a z o n

    n e s t q u

    u n i n c r o y a b l e v e c t e u r d e v e n t e .

    Article pagin

    que des socits qui nont a priori rien voir avec le mtier, comme Google, Apple ou Amazon, tiennent une partie dujourn al isme du fu tu r en tr e leu rs ma ins ?

    Cest une question difficile. Quel service offre Amazon ? Cest le plus grand magasin du monde. Et japprcie Amazon, 1-Click est devenu quelque chose

    dimpulsif : ils ont compris comment vendre comme personne dautre. Mais voil, ce quAmazon vend, si lon se concentre uniquement sur leur activit de

    libraire, ce sont ce que les gens comme nous produisent. Ils doivent avoir quelque chose vendre. Je ne peux pas tre Amazon, ce nest pas mon mtier, ce

    nest pas mon milieu et je nai pas les comptences. Dire que je pourrais, ce serait comme vouloir vous rejoindre Paris et devenir guide touristique l-bas. Jen

    serai incapable ! (rires)

    En revanche, ce que je peux tre, cest quelquun qui les aide trouver

    des articles et les rendre bons. Amazon nest quun incroyable vecteur

    de vente. En tant quauteur, jen suis trs satisfait : avant, vous sortiezun livre, un journaliste en faisait la critique ou vous en faisiez la

    promotion la radio ou la tl, et dune manire ou dune autre,

    votre livre ntait pas disponible chez le libraire. Et le moment o la personne qui vous avait entendu voulait acheter votre livre tait pass.

    Avec Amazon, le libraire est toujours ouvert et cest une bonne chose. Je sais, je ne devrais pas dire a, je suis dsol Cela a t la cause de la fermeture dun

    tas de librairies. Mais jtais l aussi, pendant lge dor des libraires, il y a de trs belles choses en retenir, mais ce ntait pas tout rose non plus : par exemple,

    votre diteur devait payer des sommes considrables pour que votre livre soit mis en avant sur les tagres. Ce ntait pas un monde idal non plus. Cela

    restait un magasin, intgr dans le commerce des livres, dont le but tait de faire de largent. Cest aussi ce quAmazon fait.

    The Big Roundtable, une illustre.

    Bote noire

    The Big Roundtable, mdia fond par Michael Shapiro ;

    la Columbia Journalism School;

    Michael Shapiro est aussi lauteur de plusieurs livres de non-fiction;

    les histoires vraieset extraordinaires de Joshuah Bearman ;

    le journalisme de voyage et gastronomique, une impasse?

    Mots-cls :Amazon, business, crise, conomie, entretien, interview,journalisme, mdia, michael shapiro, shapiro, the big roundtable

    propos des auteurs

    Julien Cadot Rdacteur en chef, responsable de la rubrique Science, technologie et futur. Techno-critique consciencieux, prfre lever larflexion plutt que la voix.

    Arthur Scheuer Fondateur et Directeur de publication.

    http://ragemag.fr/author/ascheuer/http://ragemag.fr/author/julien-cadot/http://ragemag.fr/tag/the-big-roundtable/http://ragemag.fr/tag/shapiro/http://ragemag.fr/tag/michael-shapiro/http://ragemag.fr/tag/media/http://ragemag.fr/tag/journalisme/http://ragemag.fr/tag/interview/http://ragemag.fr/tag/entretien/http://ragemag.fr/tag/economie/http://ragemag.fr/tag/crise/http://ragemag.fr/tag/business/http://ragemag.fr/tag/amazon/http://ragemag.fr/roads-kingdoms-nathan-thornburgh-entretien-67965/http://ragemag.fr/joshuah-bearman-argo-histoire-vraie-73555/http://www.amazon.com/Michael-Shapiro/e/B001ITXO6Ohttp://www.journalism.columbia.edu/profile/63-michael-shapiro/10http://www.thebigroundtable.com/http://ragemag.fr/author/julien-cadot/
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    5/5/2014 RAGEMAG | Michael Shapiro : Les bons journalistes existent depuis que quelqu'un a proclam : J'ai une histoire raconter. - RAGEMAG

    http://ragemag.fr/michael-shapiro-bons-journalistes-existent-histoire-raconter-75581/ 9/9

    2012-2014 RAGEMAG

    http://ragemag.fr/author/ascheuer/