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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 « QUANT À MOI, JE FAIS TOUJOURS EN SORTE DE PRÉPARER LA ROUTE DE CEUX QUI VOUDRONT SUIVRE. » SAMUEL DE CHAMPLAIN

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 - OCOL · 2016. 8. 29. · rapport annuel 2007-2008 « quant À moi, je fais toujours en sorte de prÉparer la route de ceux qui voudront suivre. samuel de

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RAPPORT ANNUEL2007-2008

« QUANT À MOI, JE FAIS TOUJOURS EN SORTE DE PRÉPARER LA ROUTE DE CEUX

QUI VOUDRONT SUIVRE. »SAMUEL DE CHAMPLAIN

ANNUAL REPORT2007-2008

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© Minister of Public Works and Government Services Canada 2008

Cat. No.: SF1-2/2008ISBN: 978-0-662-05741-3

To reach the Office of the Commissioner of Official Languagesor to obtain a copy in an alternative format, dial toll-free 1-877-996-6368. www.officiallanguages.gc.ca

Printed on recycled paper

To reach the Office of the Commissioner of Official Languages, dial toll-free 1 877 996-6368. © Ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux Canada 2008

No de cat.: SF1-2/2008ISBN : 978-0-662-05741-3

Pour communiquer avec le Commissariat aux langues officielles ou pour obtenir un exemplaire en média substitut, composez sans frais le 1-877-996-6368. www.languesofficielles.gc.ca

Imprimé sur du papier recyclé

Pour communiquer avec le Commissariat aux langues officielles, composez sans frais le 1 877 996-6368.

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MONSIEUR LE PRÉSIDENT DU SÉNAT

Ottawa

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 66 de la Loi sur les langues officielles, je soumets au Parlement, par votre intermédiaire, le rapport annuel du commissaire aux langues officielles qui couvre la période du 1er avril 2007 au 31 mars 2008.

Le commissaire aux langues officielles,

Graham Fraser

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MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES COMMUNES

Ottawa

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 66 de la Loi sur les langues officielles, je soumets au Parlement, par votre intermédiaire, le rapport annuel du commissaire aux langues officielles qui couvre la période du 1er avril 2007 au 31 mars 2008.

Le commissaire aux langues officielles,

Graham Fraser

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RAPPORT ANNUEL2007-2008

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TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II

AVANT-PROPOS DE GRAHAM FRASER. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V

CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

PARTIE 1 : LES CONSTATS SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA

LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

La mise en œuvre des parties IV, V et VII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Une vue d’ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Les communications avec le public et la prestation des services : un ciel variable . . . . . 4La langue de travail : un maillon faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5La promotion du français et de l’anglais : une saveur aigre-douce . . . . . . . . . . . . . . . 7Un nouveau guide pour la partie VII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Les attentes du commissaire à l’égard des institutions fédérales . . . . . . . . . . . . . . . . 9Les constats de la mise en œuvre de la partie VII dans l’ensemble du pays . . . . . . . . 10Les communautés et les institutions fédérales : un arrimage difficile . . . . . . . . . . . . . 11La promotion de la dualité linguistique : le parent pauvre de la partie VII. . . . . . . . . . 13

Le rôle d’ombudsman : l’approche renouvelée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Le contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14L’approche renouvelée : deux principes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

PARTIE 2 : VISION, ENGAGEMENT ET LEADERSHIP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Le Plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Premier axe : l’éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Deuxième axe : le développement des communautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Troisième axe : la fonction publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Quatrième axe : l’industrie de la langue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Le Cadre d’imputabilité et de coordination en langues officielles . . . . . . . . . . . . . . . . 28Les autres attentes du commissaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – TABLE DES MATIÈRES

La gouvernance horizontale et la concertation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 La structure actuelle de la gouvernance horizontale en langues officielles . . . . . . . . . 30La gouvernance horizontale : les principes à retenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31L’appréciation de la coordination actuelle de la gouvernance horizontale . . . . . . . . . . 33

Le renouvellement de la fonction publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36Les réflexions et les perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37Le recrutement d’effectifs bilingues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40La dualité linguistique : un élément essentiel du renouvellement de la fonction publique. . . 41Des pistes d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

1) L’engagement des cadres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412) La formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423) Le recrutement au niveau postsecondaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 424) La formation linguistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

CONCLUSION : CHAPITRE I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

CHAPITRE II : LES LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION . . . . . . . 46

PARTIE 1 : LES CHANGEMENTS AU SEIN DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE . . . . . . 48

La réforme du Sénat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Les dures leçons du passé : les transformations gouvernementales. . . . . . . . . . . . . . . 51

Circonscrire le pouvoir de dépenser. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

PARTIE 2 : LA CITOYENNETÉ PARTAGÉE, LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

ET L’ÉVOLUTION DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Une perspective historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

Les réalités actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Regards vers l’avenir : la pleine participation de tous les Canadiens au dialogue à l’échelle nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

L’immigration et les communautés francophones. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

Les identités multiples et le dialogue à l’échelle nationale dans les deux langues officielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

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Des mesures pour aller de l’avant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

Le rôle du gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

CONCLUSION : CHAPITRE II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

CHAPITRE III : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE ET LE

DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

PARTIE 1 : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

L’apprentissage de la langue seconde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72La continuité de l’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73La demande et l’accès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74Les ressources humaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75L’apprentissage par la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75L’évaluation des programmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76La recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76L’enseignement de l’anglais langue seconde au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

La dualité linguistique dans les relations internationales du Canada . . . . . . . . . . . . . . 77

L’étude sur le bilinguisme aux Jeux olympiques de 2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

PARTIE 2 : LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE LANGUE OFFICIELLE . . . 80

Le recensement de 2006 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80Le poids démographique des anglophones et des francophones . . . . . . . . . . . . . . . . . 80La population immigrante allophone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80Le bilinguisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81Les communautés de langue officielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81L’enquête post censitaire sur la vitalité des communautés de langue officielle . . . . . . 82

Un aperçu des communautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

Les études sur la vitalité des communautés : la parole accordée aux intervenants . . . 88

L’étude sur les organismes subventionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

L’étude sur les arts et la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

CONCLUSION : CHAPITRE III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :

AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS . . . . . . . . . . 96

L’évènement principal en matière de langues officielles en 2007-2008 . . . . . . . . . . . 96

Les leçons apprises. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

PARTIE 1 : SURVOL DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA

LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Les outils d’assurance de la conformité à la disposition du commissaire. . . . . . . . . . . 101

Une vue d’ensemble en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102Les plaintes reçues en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102Les tendances relatives aux plaintes recevables au cours des trois dernières années . . 104Les bulletins de rendement 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105La méthodologie utilisée pour les bulletins de rendement et les changements

apportés en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105La présentation des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106Les résultats globaux des bulletins de rendement en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . 110Les tendances générales observées dans les bulletins de rendement

au cours des trois dernières années . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111Conclusion : survol de la mise en œuvre de la Loi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

PARTIE 2 : UN EXAMEN APPROFONDI DU SERVICE AU PUBLIC . . . . . . . . . . . . . . . . 113Les plaintes recevables liées au service au public en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . . 113Les résultats des bulletins de rendement concernant le service au public en 2007-2008 . . . . 116La présence d’un effectif bilingue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116Les observations sur le service au public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117Les vérifications et les suivis concernant le service au public . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122Les suivis des vérifications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124Les interventions proactives ou préventives réalisées en 2007-2008

touchant le service au public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124Les interventions devant les tribunaux en 2007-2008 concernant le service au public . . . . . 125Des exemples de leadership en matière de service au public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126Conclusion : le service au public. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

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PARTIE 3 : UN EXAMEN APPROFONDI DE LA LANGUE DE TRAVAIL . . . . . . . . . . . . . 127Les plaintes recevables liées à la langue de travail en 2007-2008 . . . . . . . . . . . . . . 128Les résultats des bulletins de rendement concernant la langue de travail en 2007-2008 . . . . 129La supervision bilingue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130Le sondage sur la langue de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130L’analyse des résultats du sondage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132Les vérifications et les suivis concernant la langue de travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135Des exemples de leadership en matière de langue de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136Conclusion : la langue de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

PARTIE 4 : LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE LANGUE OFFICIELLE

EN SITUATION MINORITAIRE ET LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE :

UN EXAMEN APPROFONDI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 Les plaintes recevables liées à la promotion du français et de l’anglais en 2007-2008. . . . . 138Les résultats des bulletins de rendement concernant la promotion du français et de

l’anglais en 2007-2008. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140Les institutions désignées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140Les institutions non désignées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141Les vérifications et les suivis concernant la promotion du français et de l’anglais . . . . 142Des exemples de leadership en matière de promotion du français et de l’anglais. . . . . 144Conclusion : la promotion du français et de l’anglais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

CONCLUSION : CHAPITRE IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

INDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

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SOMMAIRE

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SOMMAIRE

Convaincu que les grands acquis en matière delangues officielles ont été obtenus dans desmoments forts de leadership, le commissaire auxlangues officielles, Graham Fraser, a choisi d’articuler son rapport de cette année sur ce thème.

L’analyse réalisée par le commissaire au cours del’année montre que la mise en œuvre de la Loisur les langues officielles plafonne et que legouvernement fédéral, dans son ensemble, éprouveencore des difficultés à régler les problèmessystémiques. Le commissaire constate une miseen œuvre incomplète dans plusieurs domaines dela Loi et même un déclin du rendement decertaines institutions en ce qui concerne lalangue de travail. Selon lui, la mise en œuvre dela Loi est toujours largement inachevée etfortement susceptible de subir des reculs.

Le commissaire réclame un leadership plus fortet plus convaincant de la part des institutionsfédérales et les encourage à adopter desapproches davantage axées sur les résultats. Lecommissaire propose aussi de nouveaux moyensd’aider les institutions à obtenir de meilleursrésultats. Il leur demande de porter une attentionparticulière à la création d’un milieu de travailpropice à l’usage des deux langues officielles.D’ailleurs, il recommande aux hauts dirigeants desinstitutions fédérales de prendre immédiatementdes mesures concrètes en ce sens.

Le commissaire constate aussi que de nombreusesinstitutions fédérales sont désorientées parrapport à leur obligation de prendre des mesurespositives pour promouvoir la dualité linguistiqueet assurer le développement des communautésde langue officielle. À cet égard, il rappelle queles institutions ne peuvent se contenterd’attendre, et qu’elles doivent plutôt passer àl’action et faire preuve d’audace. De plus, lecommissaire est d’avis que l’enquête qu’il amenée sur les compressions budgétaires de2006 montre à quel point certaines décisionsgouvernementales ne tiennent pas compte de lapartie VII de la Loi.

Le commissaire accorde évidemment beaucoupd’importance à l’initiative qui succédera au Pland’action pour les langues officielles, et il invite legouvernement fédéral à faire preuve de leadershipà cet égard. Le nouveau plan d’action devra aborderles enjeux urgents mis en lumière par le recensementde 2006 et par l’Enquête sur la vitalité des minoritésde langue officielle. De plus, le commissaire souhaiteque le gouvernement fédéral mette davantagel’accent sur la promotion de la dualité linguistique,plus particulièrement auprès des jeunes et desnouveaux arrivants, et sur l’apprentissage de lalangue seconde.

Le commissaire souhaite aussi que le gouvernementprofite du renouvellement de la fonction publiquepour placer la dualité linguistique au centre despriorités de l’appareil fédéral. Comme première étape,la formation devrait être offerte aux nouveaux

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – SOMMAIRE

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fonctionnaires et aux cadres pour leur permettre demieux comprendre les fondements et les exigencesde la Loi. Persuadé que le renouvellement de lafonction publique représente une occasion en or,le commissaire recommande que le greffier du Conseilprivé intègre pleinement la dualité linguistiquedans les initiatives de renouvellement.

En outre, le commissaire est fermementconvaincu que le gouvernement doit renforcerson engagement à l’égard de la gouvernancehorizontale des langues officielles, à la fois parun leadership politique plus soutenu et par desmécanismes concrets de mise en œuvre au seinde l’appareil fédéral. Le leadership politique estla condition sine qua non d’une gouvernancehorizontale fonctionnelle et efficace. Par conséquent,le commissaire estime qu’il faut redoublerd’efforts pour renforcer la gouvernance horizontaledes langues officielles, et il formule plusieursrecommandations à ce sujet à l’intention dupremier ministre, du greffier du Conseil privé et dela ministre des Langues officielles.

Comme le Canada se développe dans un contextede changement, il y a lieu de s’interroger surl’influence des nombreuses transformations surla composition linguistique du pays. Certainespropositions de réforme de l’État touchentdirectement les langues officielles, dont le projetde réforme du Sénat canadien, qui ne tient pascompte pour le moment des communautés delangue officielle. En outre, les changementsproposés à la façon dont le gouvernement fédéralexerce son pouvoir de dépenser pourraienttoucher la dualité linguistique. À ce sujet, lecommissaire recommande au premier ministre defaire le nécessaire pour que toute réformed’envergure respecte intégralement lesobligations en matière linguistique et tiennecompte des répercussions possibles sur lescommunautés de langue officielle.

D’autres facteurs influent grandement sur la situationdes langues officielles au Canada, dont le nombreen forte croissance d’allophones au sein de lapopulation. Le commissaire insiste donc sur lanécessité d’engager un dialogue sur l’interactionentre la dualité linguistique et la diversité culturelleet sur la façon d’intégrer ces notions à une visioninclusive de la citoyenneté dans le Canada dedemain.

La promotion de la dualité et le développementdes communautés comptent parmi les principalesobligations des institutions fédérales en matièrede langues officielles. Pour remplir ces obligations,les institutions peuvent s’y prendre de différentesfaçons. Par exemple, l’apprentissage de la langueseconde est un bon moyen de promouvoir la dualitélinguistique au pays. Cependant, les gouvernementsfédéral, provinciaux et territoriaux doivent abattreun travail considérable pour réaliser l’objectif duPlan d’action 2003-2008 qui consiste à doubler,d’ici 2013, la proportion de jeunes âgés de 15 à19 ans qui parlent les deux langues officielles.Le Canada peut aussi projeter une image à l’étrangerqui reflète vraiment sa dualité linguistique.Malheureusement, le commissaire a constaté quece n’est pas toujours le cas et il incite encoreune fois le gouvernement fédéral à faire preuved’un leadership plus soutenu à cet égard.

Finalement, en matière de développement descommunautés, plusieurs intervenants doivents’efforcer d’accroître la vitalité des communautés,dont les communautés elles-mêmes, lesgouvernements et les chercheurs. Grâce aurecensement de 2006 et à l’Enquête sur la vitalitédes minorités de langue officielle, ces intervenantsdisposent désormais de meilleures sourcesd’information pour examiner et analyser l’étatactuel des communautés de langue officielle. Lecommissaire considère cependant qu’il reste encorebeaucoup à faire avant que le gouvernement utiliseà sa pleine mesure le potentiel des modificationsapportées à la Loi en 2005. En somme, legouvernement doit raffermir son leadership poursoutenir la vitalité des communautés dans toutesses dimensions.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – SOMMAIRE

RECOMMANDATIONS :

1. Le commissaire recommande que le premier ministre :

a) crée un comité spécial de ministres présidé par la ministre des Langues officielles pourguider la pleine mise en œuvre du nouveau plan d’action et des obligations linguistiquesau sein de toutes les institutions fédérales;

b) fasse en sorte que le Cabinet, appuyé par le Secrétariat des langues officielles, dresse le bilan du dossier des langues officielles au moins une fois par année;

c) fasse en sorte que le Secrétariat des langues officielles dispose de l’autorité nécessairepour assumer un rôle de coordination horizontale en vue de mettre en œuvrel’ensemble de la Loi sur les langues officielles.

2. Le commissaire recommande que le greffier du Conseil privé fasse en sorte que l’évaluationannuelle du rendement des sous-ministres tienne compte des efforts de mise en œuvre del’ensemble de la Loi sur les langues officielles, particulièrement de la partie VII.

3. Le commissaire recommande que la ministre des Langues officielles donne auSecrétariat des langues officielles le mandat d’examiner les exigences en matière deresponsabilisation et de rapports en langues officielles dans le but d’alléger les processus etsurtout, de renforcer l’accent sur l’atteinte de résultats.

4. Le commissaire recommande que le greffier du Conseil privé fasse en sorte d’intégrerpleinement la dualité linguistique dans les initiatives de renouvellement de la fonctionpublique, et plus particulièrement dans les activités de recrutement, de formation et de perfectionnement, afin que la dualité linguistique soit considérée comme une valeur ausein de l’appareil fédéral.

5. Le commissaire recommande que le premier ministre fasse en sorte que le gouvernementrespecte intégralement ses obligations linguistiques et la vitalité des communautés delangue officielle lors de toute réforme d’envergure, comme une révision de programmes,un transfert de responsabilités ou un changement de mandat d’une institution fédérale, saprivatisation ou son déménagement.

6. Le commissaire recommande que le secrétaire du Conseil du Trésor fasse la preuve, d’icile 31 décembre 2008, que le Secrétariat (l’organisme fédéral responsable des examens desdépenses) a pris des mesures pour s’assurer que les examens des dépenses et autresexamens similaires réalisés au sein du gouvernement fédéral sont conçus et menés à bienen pleine conformité avec les engagements, les obligations et les rôles établis à la partie VIIde la Loi sur les langues officielles.

7. Le commissaire recommande que les administrateurs généraux de toutes lesinstitutions fédérales prennent des mesures concrètes, d’ici le 31 décembre 2008, en vuede créer un milieu de travail qui permettrait aux employés des régions désignées d’utilisertant le français que l’anglais.

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la Charte canadienne des droits et libertés, lesdivers arrêts de la Cour suprême donnant uneinterprétation des droits linguistiques prévus parla Charte, la modification de la Loi sur les languesofficielles en 2005 et, récemment, l’engagement dugouvernement du Canada à l’égard du renouvellementdu Plan d’action 2003-2008. Toute mesureadoptée par le gouvernement fédéral doit êtreévaluée selon ce principe de respect.

Tout parcours s’effectue par étapes. Il y a un an,dans mon premier rapport annuel, j’ai mis l’accentsur le thème de jeter des ponts. J’ai consacréune bonne partie de la première année de monmandat à l’établissement des relations et desliens essentiels à un commissaire aux languesofficielles. Je me suis rendu dans neuf provinceset deux territoires, où j’ai pu m’entretenir avecdes organismes communautaires, des recteursd’université, des membres de conseils scolaireset d’organismes provinciaux, des enseignants deprogrammes d’immersion, des premiers ministreset des ministres provinciaux, des élèves dusecondaire et, bien entendu, des parlementaires,des ministres et des fonctionnaires fédéraux.J’ai prononcé quelque 75 allocutions, participé à154 entrevues avec les médias et comparu àneuf reprises devant des comités parlementaires.

LE LEADERSHIP ET LES LANGUES OFFICIELLES AVANT-PROPOS DE GRAHAM FRASER

L’engagement du Canada à l’égard des deux languesofficielles est intimement lié à son histoire et, àl’occasion du 400e anniversaire de la fondation dela ville de Québec et du 20e anniversaire despremières modifications apportées à la Loi sur leslangues officielles, il convient de le souligner.

En effet, il est des plus intéressant de rappelerque les Pères de la Confédération considéraientla question de la langue comme l’un desprincipes fondamentaux du respect.

La dernière soirée des débats qui ont précédé laConfédération, le 10 mars 1865, John A. Macdonald,en réponse à une question sur le statut du françaisdans l’État politique en voie d’élaboration,souhaitait que « l’usage de la langue françaiseformât l’un des principes sur lesquels seraitbasée la confédération ». George-Étienne Cartiers’est immédiatement levé pour ajouter qu’il étaitégalement nécessaire de protéger le droit desminorités anglophones du Bas-Canada à utiliserleur langue.1

Cet engagement à respecter les deux langues,ancré dans le débat sur la Confédération, n’a pastoujours été honoré au cours des 143 dernièresannées, mais, depuis 40 ans, il a constammentété réitéré dans : la Loi sur les langues officielles,

1 Débats parlementaires sur la question de la Confédération des provinces de l’Amérique britannique du Nord, 3e session, 8e Parlement provincial du Canada, Québec, Hunter, Rose et Lemieux, imprimeurs, 1865, p. 943. Macdonald est cité par Richard Gwyn dans John A. : The Man Who Made Us, The Life and Times of John A. Macdonald, Volume One: 1815–1867, Toronto, Random House Canada, 2007, p. 323.

« LA DUALITÉ LINGUISTIQUE N’EST PAS SEULEMENT UNE

EXIGENCE, C’EST UNE VALEUR, UNE CARACTÉRISTIQUE

ESSENTIELLE DU LEADERSHIP DANS LE SECTEUR PUBLIC. »GRAHAM FRASER, COMMISSAIRE AUX LANGUES OFFICIELLES

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – LE LEADERSHIP ET LES LANGUES OFFICIELLES – AVANT-PROPOS

Au cours de la dernière année, je me suis penchésur la notion de leadership. Je ne suis pas le premiercommissaire à le faire : bon nombre de mesprédécesseurs, sinon tous, ont souligné quejamais un climat de respect à l’égard de la Loisur les langues officielles ne pourrait prendreracine au sein de la fonction publique fédéraleou de la société canadienne si le gouvernementne témoignait pas lui-même clairement de l’importance de la dualité linguistique à titre devaleur fondamentale.

Je continue d’être préoccupé par le fait que lamaîtrise des deux langues officielles dans lafonction publique est perçue comme un ensemblede fardeaux et de règlements et non comme unevaleur, d’obligations et d’obstacles et non commede nouvelles possibilités, et qu’elle ait peu deliens avec les éléments primordiaux que sont lacommunication, le respect, la compréhension etle leadership.

Dans ma réflexion sur le leadership et leslangues officielles, j’ai pu observer la tendancede toute organisation complexe à transformer lesvaleurs en fardeaux. Lorsqu’on perd de vue sesobjectifs et que l’on se concentre uniquementsur les processus, la transparence devient lefardeau de l’accès à l’information, et la gestionfinancière responsable devient le fardeau de lavérification, de la vérification interne et de lamesure du rendement. De la même façon, ladualité linguistique devient le fardeau de ladotation, de la formation et de l’administration detests. La dualité linguistique n’est pas seulementune exigence, c’est une valeur – une caractéristiqueessentielle du leadership dans le secteur public.

On compte sept millions de francophones auCanada. Comment peut-on exercer un leadershipà l’échelle nationale si on est incapable decommuniquer avec tous ces gens ou de comprendrele monde dans lequel ils vivent? Ces observationsne sont pas nouvelles. Il y a cinq ans, la Table ronde

de recherche-action sur les langues officielles enmilieu de travail a souligné que le « bilinguisme augouvernement fédéral, en plus d’être une obligationlégale, est avant tout une question de savoir parlerà ses citoyens et citoyennes ».2 À mon avis, il seraitutile d’approfondir la réflexion sur la maîtrise dela langue comme élément clé du leadership.

On retrouve trop d’exemples négatifs du manquede respect à l’égard de la dualité linguistique. Ledéfi est d’en définir les aspects positifs. Commentle bilinguisme et le respect de la dualité linguistiquepeuvent-ils devenir des caractéristiques clé duleadership au sein de la fonction publique?Qu’adviendrait-il si ces éléments étaient véritablement considérés comme des valeurset non pas comme des obligations? Quellesrépercussions cela aurait-il sur le recrutement, lapromotion et, surtout peut-être, le comportementdes employés? Il n’est pas facile de répondre àce genre de questions, mais j’entends, dans lecadre de mon mandat, approfondir l’examen desmeilleures pratiques qui témoignent d’un respectpour les deux langues officielles en milieu de travailafin de trouver une bonne réponse à la questionque m’a posée un haut fonctionnaire : « À quoiressemble la situation idéale? »

Depuis que je suis entré en fonction au poste decommissaire aux langues officielles, en octobre 2006,j’ai eu amplement l’occasion d’observer les liensqui existent entre le leadership et la langue. Pourobtenir le fameux niveau C à l’interaction orale,la personne évaluée doit être capable d’expliquerune question complexe dans sa langue secondeet d’être persuasive, et elle doit être en mesured’intervenir dans un conflit au travail, de superviserun employé, d’offrir des conseils ou, comme mel’a dit un représentant de la Commission de lafonction publique, elle doit pouvoir témoigner encour ou enseigner.

2 Patrick Boisvert et Matthieu Leblanc, Le français à suivre? : redonner un dynamisme aux langues officielles en milieu de travail, Table ronde derecherche-action du CCG sur les langues officielles en milieu de travail, Centre canadien de gestion, 2003, p. 4.

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Tous ces critères ne relèvent pas de la simpleévaluation linguistique; il s’agit plutôt d’élémentsqui appartiennent au leadership. Il est inconcevableque soit nommée à un poste de direction unepersonne incapable d’expliquer, de persuader,d’intervenir, de superviser ou de conseiller dansles deux langues officielles du Canada. Toutcomme Ginger Rogers devait reproduire, à l’enverset en talons hauts, tout ce que faisait Fred Astaire,les leaders de la fonction publique doivent s’acquitterde leurs fonctions en français et en anglais.

En juin 2007, j’ai entendu Jeffrey Gandz, duIvey Executive Program et du Ivey LeadershipProgram, parler de leadership et de l’importancede savoir influencer et de persuader – c’est-à-dired’incarner des valeurs, de les transmettre, d’enfaire la promotion et de les mettre en pratique.

Selon lui, si les leaders n’incarnent pas les valeurs,c’est bien simple, les valeurs n’existent pas. Je luiai demandé dans quelle mesure il était importantpour les leaders de pouvoir communiquer avecl’ensemble de l’organisation, et non seulement avecleurs subordonnés directs. Sans ambages, il m’arépondu qu’il s’agissait là de la distinction à faireentre un leader et un gestionnaire. On gère un secteur,mais on exerce un leadership dans l’ensemble del’organisation3. Cela revient à dire que tout leaderau sein de la fonction publique doit pouvoir influencer,persuader, faire participer, stimuler et habiliter –sans oublier superviser et conseiller – tous lesemployés, en français et en anglais. Comme l’ontindiqué James Kouzes et Barry Posner, leleadership repose sur une relation4. Et les leadersde la fonction publique doivent être capablesd’établir cette relation dans les deux languesofficielles.

De fait, la plupart des théories sur le leaderships’appuient sur l’idée que pour diriger, il faut

communiquer. Il est donc difficile de concevoircomment une personne peut exercer des compétences de leadership sans pouvoir comprendre et communiquer avec tous ceux etcelles qu’elle dirige, ainsi qu’avec les autres partiesintéressées avec lesquelles tout leader doit traiter.Au Canada, au sein de la fonction publique, etdans la vie publique en général, assurer leleadership signifie être capable de communiquerdans les deux langues officielles avec les 7 millionsde francophones (dont 4 millions ne parlent pasanglais) et les 23 millions d’anglophones (dont 20 millions ne parlent pas français).

Dans un récent livre intitulé Leadership :sagesse, pratique, développement, une étude surle leadership au Canada, Amal Henein etFrançoise Morissette définissent les cinq piliersdu leadership canadien : l’harmonie, l’intégrité,la qualité, la débrouillardise et l’inclusion5. Servirles Canadiens et les Canadiennes et superviserles fonctionnaires dans la langue de leur choixest tout à fait conforme à ces valeurs.

En juin, j’ai remarqué avec intérêt, que la sociétéde gestion Accenture6 a louangé de nouveau laprestation et l’efficacité des services offerts parla fonction publique du Canada. Son étude souligneque le pays a une vision solide et mobilisatricedu service, qui est centré sur les citoyens et fondésur des valeurs7. Il va sans dire que les louangessont pleinement méritées. Les fonctionnaires duCanada comptent parmi les groupes de travailleursles plus dévoués et les plus qualifiés au monde.Accenture n’a pas mentionné les services bilinguescette année, mais j’estime, et les données dansle rapport annuel le mettent en relief, qu’il s’agitd’un élément important dans l’évaluation de laqualité des services.

3 Jeffrey Gandz, « Leadership Talent: Identification and Development », Forum des politiques publiques, 19 juin 2007.

4 James M. Kouzes et Barry Z. Posner, The Leadership Challenge, San Francisco, John Wiley & Sons, 2007, p. 24.

5 Amal Henein et Françoise Morissette, Leadership : sagesse, pratique, développement : une recherche d’envergure sur l’exercice et ledéveloppement du leadership au Canada, Sherbrooke, Éditions de l’Université de Sherbrooke, 2007, p. 239.

6 Accenture, Leadership in Customer Service: Delivering on the Promise, 2007.

7 Ibid.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – LE LEADERSHIP ET LES LANGUES OFFICIELLES – AVANT-PROPOS

La dualité linguistique n’a pas encore été pleinementintégrée comme valeur dans la fonction publique;elle demeure un potentiel peu exploité. Elleconstitue également un aspect essentiel de sonrenouvellement. En effet, il est important, durantla période de transition où une génération part àla retraite tandis qu’une autre fait son entrée surle marché du travail, que le leadership enmatière de langues officielles soit très solide.

En d’autres mots, chaque fois qu’un citoyen a dela difficulté à obtenir des services dans sa langueou qu’il a affaire à un fonctionnaire qui n’estvraiment pas à l’aise dans sa langue seconde, laperception de l’importance secondaire dufrançais pour les cadres supérieurs dugouvernement fédéral ne peut que s’accentuer.

Un exemple malheureux me vient à l’esprit. Enavril dernier, on s’est aperçu que les panneauxaffichés au centre d’information de la crête deVimy étaient rédigés dans un piètre français. Cesécriteaux avaient été conçus par un groupe debénévoles britanniques qui s’intéressentvivement aux tunnels de Vimy. Ces gens avaientgénéreusement traduit les panneaux eux-mêmes,mais personne n’avait songé à vérifier la qualitéde leur traduction. C’est ainsi qu’un gestegénéreux et bien intentionné est devenu, à causede la négligence des responsables, un incidentembarrassant. Lorsque les erreurs ont été portéesà l’attention du public, le ministère des AnciensCombattants s’est empressé de retirer et deréviser les panneaux, mais le mal avait été fait.

Il s’est produit d’autres incidents malheureux oùle français a été non seulement malmené, maisméprisé. Ces incidents reflètent des attitudesque je croyais disparues depuis longtemps.

Je ne veux pas donner l’impression qu’il n’y aaucun leadership en matière de languesofficielles. Je peux en fait mentionner diversessituations où des dirigeants ont montré l’exempleà cet égard, à l’intérieur comme à l’extérieur de

l’administration fédérale. J’ai déjà signalél’exemple du premier ministre qui, en français,devant le Parlement d’Australie, a expliqué quele Canada était né en français. De même, deschefs d’entreprises du Canada anglais figurentdans des messages publicitaires diffusés à latélévision francophone. Le gouvernement del’Ontario a, quant à lui, nommé le premiercommissaire aux services en français de la province.

Certaines institutions fédérales déploient desefforts vigoureux pour respecter les deux languesofficielles au travail, offrir des services dans lesdeux langues et mettre en œuvre des mesurespositives afin de favoriser l’épanouissement etl’essor des communautés de langue officielle ensituation minoritaire. Le présent rapport encontient des exemples, mais permettez-moi d’enmentionner un. Par une belle journée d’hiver, jeme suis rendu dans le parc de la Gatineau pour yfaire une randonnée de ski de fond. Le parc,situé au nord d’Ottawa, est exploité par laCommission de la capitale nationale, qui en estla propriétaire. J’ai été accueilli chaleureusementpar un employé tout souriant. « Bonjour! Hi! »,m’a-t-il dit. Je l’ai salué à mon tour, puis il m’aexpliqué qu’une compétition devait avoir lieu cejour-là et m’a indiqué ce que je devais faire si jerencontrais une horde de skieurs de fond. Il étaittout aussi disposé à répéter l’information dansl’autre langue officielle, avec le mêmeenthousiasme. Voilà, me suis-je alors dit,l’illustration même de « l’offre active », accueilqui fait honneur tant à l’employé qu’à laCommission de la capitale nationale. Je n’ai pasété surpris d’apprendre que, dans le cadre denos évaluations, la Commission de la capitalenationale avait obtenu un rendement exemplaireau chapitre des langues officielles. LaCommission a fait du respect des languesofficielles une valeur qu’elle a placée parmi leséléments clés de son service au public. Et avecraison : toutes les personnes qui ont traité aveccet employé sont reparties avec le sourire.

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L’un des exemples les plus frappants à l’extérieurde l’administration fédérale est celui du conseildes écoles publiques d’Edmonton, dontl’approche en matière d’enseignement deslangues est parmi les plus exhaustives au pays.Le conseil scolaire, qui a obtenu des résultatsspectaculaires, a attiré l’attention d’autrescommissions scolaires de partout au Canada.Après avoir constaté une baisse des inscriptionsà son programme d’immersion, le conseilscolaire, pour remédier à la situation, a cherchéà déterminer les éléments nécessaires à unenseignement de qualité en langue seconde. Au terme de sa réflexion, le conseil avait cerné14 critères, dont le soutien du conseil scolaire et des directeurs d’école, des enseignantscompétents et enthousiastes bénéficiant depossibilités de perfectionnement professionnel,et un investissement financier dans le programme.Il a ensuite pris des mesures pour assurer lerespect des critères. Les répercussions sur lesenseignants, sur la qualité de l’enseignement et surla persévérance des élèves ont été quasi immédiates.Il s’agit d’un modèle à suivre pour le reste du pays.

La plupart de ces mesures relèvent du sens commun;ce qui est extraordinaire, c’est qu’on les a misesen œuvre. Il est aussi remarquable de constaterque les responsables de cette transformation nes’étaient pas limités à englober les seuls ordresvisés par le conseil scolaire – de la maternelle àla 6e année, à la 8e année ou à la 12e année –mais bien ceux de la maternelle à la 16e année,c’est-à-dire jusqu’à la fin des études postsecondaires.On peut parler de franc succès, non seulementparce que le programme contribue à la formation dediplômés confiants et compétents dans leur langueseconde, mais aussi parce que 67 p. 100 desétudiants du Campus Saint-Jean, centre universitairefrancophone de l’Université de l’Alberta, sont desdiplômés du programme d’immersion.

La Société Franco-Manitobaine, en encourageant,en accueillant et en aidant les immigrantsfrancophones qui arrivent dans la province, offreun autre exemple de leadership. Elle a travailléde concert avec les gouvernements provincial etfédéral, participé à des missions à l’étranger etrecruté une employée à temps plein – elle-mêmeimmigrante – qui voit à tous les aspects del’accueil des immigrants et des réfugiésfrancophones.

Malheureusement, toutes les institutions de lasociété civile du Canada ne sont pas desexemples de réussite, ou ne font pas preuve deleadership dans leurs communications avec lesdeux groupes linguistiques.

Dans un numéro récent de la Revue canadiennede science politique, François Rocher, professeurà l’Université d’Ottawa, présente une analyse del’intérêt des universitaires anglophones duCanada pour les travaux de leurs confrères etconsœurs francophones8. Sa prémisse, ou,comme il l’écrit, son ambition, « qui semblelégitime [traduction]9 », est la suivante. « Pourbien comprendre la réalité sociale et politique duCanada, il faut en connaître à fond la complexité.Cela implique aussi que le chercheur tiendracompte des travaux se rapportant à l’objet de sarecherche sans systématiquement mettre de côtéune proportion considérable de travaux érudits,particulièrement ceux qui émanent d’un universlinguistique différent. [traduction] »

L’auteur trace ensuite un lien entre son hypothèsesur la recherche et le pays en entier : « Si leCanada, en tant que communauté politique (et communauté nationale, pour reprendrel’expression utilisée fréquemment au Canadaanglais), est composé de deux sociétés globales,les travaux universitaires qui s’y rapportentdoivent refléter cette réalité s’ils se veulentinclusifs et exhaustifs. [traduction] »

8 François Rocher, « The End of the ‘Two Solitudes’? The Presence (or Absence) of the Work of French Speaking Scholars in Canadian Politics »,Revue canadienne de science politique = Canadian Journal of Political Science, vol. 40, no 4 (décembre 2007), p. 833-857.

9 Ibid.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – LE LEADERSHIP ET LES LANGUES OFFICIELLES – AVANT-PROPOS

M. Rocher conclut en ces mots son ambitionnormative : « La connaissance du français, dumoins la capacité de lire dans cette langue,constitue une condition préalable à une analysecomplète et sérieuse du Canada. [traduction] »Et de reconnaître M. Rocher, « cette affirmation,sera très controversée pour certains, comme elleira de soi pour d’autres. [traduction] » En ce quime concerne, cette affirmation va de soi. Aprèsune recherche approfondie pour établir dansquelle mesure les universitaires canadiens-anglais citent des sources en français, M. Rocherconclut que les écrits signés par ces derniers etqui concernent le Canada contiennent un nombretrès limité de renvois à des travaux issus del’univers francophone : cinq pour cent.

Ce résultat est particulièrement navrant. Lesuniversités, en général, et la rechercheuniversitaire jouent un rôle essentiel puisqu’ellesforment les générations montantes et visent àinformer la société toute entière. Si lesuniversitaires supposent que rien d’utile sur leCanada n’est écrit dans l’autre langue officielle,alors ils contribuent à élargir, au lieu de combler,les fossés qui subsistent au pays. Desdiscussions sur l’identité, la citoyenneté, ladiversité et la langue ont lieu en français et enanglais au Canada, et quiconque en suit uneseule version linguistique n’en tire qu’une visionpartielle. Cela est particulièrement vrai au sujetd’événements de l’année dernière. En effet, pourla première fois depuis longtemps, un débat aété entamé au Québec sur la façon dont lasociété devrait se rapprocher du reste du Canada.10

Par ailleurs, les résultats du recensement de2006 ont aussi suscité des discussions sur laforce et la fragilité du français au Canada, ainsique sur la langue choisie par les immigrants auQuébec, la proportion de Québécois dont lalangue maternelle est le français et l’utilisationdu français et de l’anglais au travail. Certaines

des conclusions à dégager des données semblentévidentes : si le Canada accueille plus de 200 000 immigrants et que 40 000 d’entre euxs’établissent au Québec, la proportion deCanadiens ayant le français et l’anglais pourlangue maternelle diminuera par rapport à lapopulation totale. D’autres données sont plusinquiétantes, comme la baisse, quoique légère,du nombre de francophones vivant à l’extérieurdu Québec, et la diminution du bilinguismeparmi les jeunes Canadiens anglophones. Il n’estdonc pas étonnant que diverses questionsexistentielles aient été relancées.

Tous ces débats et toutes ces discussions posentun défi particulier pour le gouvernement fédéral,en tant que pont essentiel entre le Québec et lereste du pays, ainsi qu’entre les communautésmajoritaires et les communautés minoritaires, etpour la société civile canadienne. Au cours destrois décennies qui ont suivi l’élection du PartiQuébécois en 1976, la politique fédérale a été,en grande partie, de nature défensive, axée sur larecherche de stratégies pour garder le Canadauni. S’il y a maintenant au Québec un débat surla façon de réintégrer le pays, la situation n’estplus du tout la même.

Comment les institutions nationales peuvent-ellesjoindre les Québécois et les Québécoises qui, enmajorité, ne parlent pas anglais? Lorsque lesForces canadiennes recrutent des soldats,comment communiquent-elles avec lesfrancophones? Comment réussissent-elles à lesformer et à les diriger? Et la fonction publiquefédérale, préoccupée par le remplacement desbaby-boomers sur le point de partir à la retraite,comment compose-t-elle avec le grand nombrede ses recrues qui ne possèdent pas laconnaissance du français dont elles ont besoinpour gravir les échelons jusqu’à la haute gestion.De plus, un bon nombre doivent aussi améliorerleurs compétences en anglais?

10 André Pratte, éd., Reconquérir le Canada : Un nouveau projet pour la nation québécoise, Montréal, Les Éditions Voix parallèles, 2007.

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XI

Cela signifie que les dirigeants devront assumerleurs responsabilités. La Loi sur les languesofficielles exige le respect et le droit de travaillerdans la langue officielle de son choix, ce quiimplique, à tout le moins, être compris de sessuperviseurs.

Un sous-ministre qui n’est pas capable derépondre en français à une question qui lui a étéposée en français par un employé à unerencontre de discussion ouverte n’est pas enmesure de fournir le leadership nécessaire. Ungestionnaire ou un haut fonctionnaire quin’accorde pas à un document en français lamême attention et la même importance qu’à undocument rédigé en anglais ne montre pas lavoie. Si les hauts fonctionnaires ne prêchent paspar l’exemple, qui le fera? Alors, à quoiressemble un administrateur général ou un hautfonctionnaire qui respecte pleinement la dualitélinguistique? Comment cette personne doit-elleagir pour créer un sentiment d’égalitélinguistique?

Certains éléments de réponse sont évidents :maintenir une relation en français avec sescollègues francophones; veiller à ce que toutesles communications destinées au personnel sefassent dans les deux langues officielles; montrerclairement que les notes de service et lesdocuments rédigés en français ont reçu la mêmeattention que les textes écrits en anglais; sansoublier s’adresser aux fonctionnaires du Québecou du Nouveau-Brunswick, ou pouvoir leur parlerdans la langue de leur choix.

Pour assurer le leadership dans une organisationdu secteur public qui respecte les deux languesofficielles, c’est un peu plus que le simple faitde pouvoir lire un discours en français, de menerune réunion dans laquelle les participantspeuvent parler français ou anglais, ou de faire ensorte que les messages soient distribués auxemployés dans les deux langues officielles. Levéritable leadership en matière de languesofficielles signifie la création d’un milieu de

travail où les gens savent que la personne de quiils relèvent – ou les hauts fonctionnaires del’organisation – comprendront une étudestratégique ou un document juridique de 35pages rédigé en français et qu’ils n’auront pasbesoin d’attendre sa traduction. Il suppose laconduite d’une réunion où les participantsn’hésitent pas à faire des blagues dans l’une oul’autre langue officielle. Surtout, le véritableleadership en matière de langues officiellessignifie que l’on connaît le contexte culturel danslequel les responsables et les employésfrancophones évoluent : les journaux qu’ilslisent, les émissions de télévision qu’ilsregardent, les films qu’ils voient, les théâtresqu’ils fréquentent. Il implique que l’on comprendleurs blagues ainsi que les références culturellesdes collègues francophones qui regardent LeTéléjournal au lieu, ou en plus, du bulletind’information The National, et qui, le lundi,discutent de ce qui s’est passé à l’émission Toutle monde en parle de la veille.

La dernière année aura été intéressante, maisparfois frustrante, sur le plan des languesofficielles. En octobre, le rapport d’enquête finalsur les 118 plaintes relatives aux compressionsbudgétaires effectuées par le gouvernement enseptembre 2006 était terminé, et nous n’avonsrien trouvé qui indique que le gouvernementavait respecté ses obligations en vertu de lapartie VII modifiée de la Loi sur les languesofficielles. Par la suite, en février, mon bureauest intervenu dans la poursuite déposée par laFédération des communautés francophones etacadienne contre le gouvernement du Canada ausujet de l’abolition du Programme decontestation judiciaire. La décision du tribunalconstituera la première clarification juridique dela portée de la Loi modifiée.

De même, le Comité sénatorial permanent deslangues officielles, comme il est indiqué plusloin dans le rapport, a demandé au Commissariatd’examiner en détail l’incidence du transfert dela responsabilité de la coordination des langues

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XII

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – LE LEADERSHIP ET LES LANGUES OFFICIELLES – AVANT-PROPOS

officielles du Bureau du Conseil privé auministère du Patrimoine canadien sur la gestiondes questions liées aux langues officielles.

Dans le rapport annuel de l’année dernière, j’aisouligné l’engagement verbal du gouvernement àl’égard des langues officielles, mais je faisaiségalement part de mon inquiétude à l’effet quecet engagement n’avait pas eu de suite. Dans mapremière recommandation, j’encourageais legouvernement à créer une initiative pour donnersuite au Plan d’action.

Dans le discours du Trône, le gouvernement s’estengagé à renouveler le Plan d’action pour leslangues officielles, venu à échéance le 31 mars,chargeant Bernard Lord, ancien premier ministredu Nouveau-Brunswick, de mener desconsultations sur la question un peu partout aupays, et de tenir compte des recommandationsdes comités de la Chambre des communes et duSénat, ainsi que celles du commissaire. Cetengagement a été réitéré dans le Budget, maissans financement confirmé. Le rapport de M. Lord,que la ministre a rendu public le 20 mars,contient d’intéressantes recommandations,malgré certaines lacunes.

Bien qu’il s’agisse là de signes positifs de ladétermination du gouvernement à respecter sonengagement à jouer un rôle de leadership, il seraimportant de voir et d’évaluer les gestes queposera le gouvernement. Au 31 mars, soit àl’échéance du Plan d’action, l’année traitée dansle présent rapport peut être comparée à unepièce de Samuel Beckett : En attendant lenouveau Plan d’action.

L’année 2008-2009 promet d’être tout aussiintéressante. Comme cette année marquera le400e anniversaire de la fondation de la ville deQuébec – l’année où, comme l’a dit le premierministre, le Canada est né en français – il s’agirad’une occasion importante de rappeler à lasociété canadienne les racines historiques de sonpays. Il faudra faire de cet événementdéterminant dans l’histoire du fait français auCanada une fête pour tous les Canadiens, et passeulement pour les francophones et lesQuébécois.

Puis, 2009 marquera aussi le 40e anniversairede l’adoption de la Loi sur les langues officielles,l’occasion idéale donc d’évaluer le cheminparcouru en quatre décennies et de définir lesproblèmes qui restent à régler. Une telleévaluation devra toutefois être menée dansl’optique des remarques fondamentalesprononcées par John A. Macdonald et George-Étienne Cartier quelques heures avant que lesmembres du Parlement provincial du Canadaadoptent les résolutions qui ont constitué lesfondements de la Confédération : que l’usage dufrançais constitue l’un des principes de laConfédération et qu’il soit nécessaire de protégerle droit des minorités anglophones du Bas-Canadaà utiliser leur langue.

Bien que le Canada ait grandement changédepuis cette époque, ces principes sont toutaussi pertinents au XXIe siècle qu’ils ne l’étaientau XIXe. La mise en œuvre de ces principes resteun défi pour les chefs de file nationaux.

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CHAPITRE ILES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

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CHAPITRE I LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

« UN LEADER DIRIGE EN DONNANT L’EXEMPLE, QU’IL LE VEUILLE OU NON. » AUTEUR INCONNU

Au Canada, exercer un leadership en matière delangues officielles veut dire tout faire pour offrir àtous les Canadiennes et les Canadiens des chanceségales de s’épanouir dans la langue officielle deleur choix.

L’histoire nous rappelle que les grandes avancéesdans le dossier des langues officielles à l’échelonfédéral ont toujours été le produit d’unleadership politique fort et résolu.

En 1966, le premier ministre Lester B. Pearson ajeté les bases d’une grande vision pour leslangues officielles du pays – vision sur laquellereposent encore aujourd’hui les aspirations detant de Canadiennes et de Canadiens. Dans undiscours en Chambre, il a déclaré que songouvernement espérait et voulait que la fonctionpublique incarne véritablement, dans un délairaisonnable, les valeurs linguistiques etculturelles des francophones et des anglophonesdu pays.

2

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

« Le gouvernement espère et compte que, dans une période de temps raisonnable, […] :

a) il sera de pratique courante que les communications orales ou écrites à l’intérieur de lafonction publique se fassent dans l’une ou l’autre langue officielle au choix de l’auteur,celui-ci ayant dorénavant la certitude d’être compris par ceux à qui il s’adressera;

b) les communications avec le public se feront normalement dans l’une ou l’autre langueofficielle eu égard au client;

c) la fonction publique reflétera, dans le recrutement et la formation de ses membres, lesvaleurs linguistiques et culturelles des Canadiens aussi bien de langue anglaise que delangue française; et

d) un climat se créera dans lequel les fonctionnaires des deux groupes linguistiquespourront travailler ensemble vers des buts communs, en utilisant leur propre langue eten s’inspirant de leurs valeurs culturelles respectives, tout en appréciant à leur pleinevaleur et en respectant celles des autres. »

Lester B. Pearson (1966)1

1 Canada, Compte rendu officiel des débats de la Chambre des communes, Ottawa, Imprimeur de la Reine, vol. IV, 1966, p. 3915. Extrait de ladéclaration de principe sur le bilinguisme dans la fonction publique prononcée par le premier ministre Lester B. Pearson le 6 avril 1966.

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Ainsi, cette déclaration a ouvert la voie àl’adoption, en 1969, de la Loi sur les languesofficielles, un jalon crucial qui devait mener àl’égalité des droits linguistiques. Par la suite, legouvernement a encore fait preuve de leadershipen 1988 lorsqu’il a adopté une nouvelle versionde la Loi sur les langues officielles (la Loi),laquelle a considérablement élargi la portée decelle de 1969. Le Plan d’action pour les languesofficielles, rendu public en 2003, constitue unautre bon exemple de leadership, en apportantun nouvel élan au programme des languesofficielles et à la vitalité des communautés. Onpeut ajouter à cette liste la modification à la Loien 2005 qui a clarifié les obligations del’ensemble des institutions fédérales en ce qui atrait à la promotion du français et de l’anglais.

Les grands acquis que nous venons d’évoquer ontété obtenus dans des moments forts deleadership. Toutefois, nous pourrions aussidonner des exemples des conséquences néfastesd’un manque de leadership. En fait, l’absence deleadership et le manque de vigilance en matièrede langues officielles ont donné lieu à des reculsau cours des 40 dernières années.

Le commissaire Fraser a constaté cette annéeque la mise en œuvre de la Loi plafonne, et ils’interroge sur l’avenir des langues officielles dupays. Les Canadiens accepteront-ils que cedossier stagne pendant longtemps? Ou pisencore, laisseront-ils s’effriter graduellement lesacquis? Le commissaire croit que les institutionsfédérales doivent agir dès maintenant enexerçant un leadership fort et convaincant.

Le présent chapitre, que nous avons divisé endeux parties, s’articule autour de ce thème. Dansla première partie de ce chapitre, il est questiondu leadership des institutions fédérales en ce quiconcerne la mise en œuvre de la Loi sur leslangues officielles. Quel bilan peut-on dresser duleadership des institutions à partir des études,des enquêtes, des vérifications et des bulletinsde rendement du Commissariat? Que pourraientfaire les institutions pour exercer davantage leurleadership? Quelles sont les occasions à saisir?

Pour sa part, le commissaire croit qu’il est tempsd’explorer de nouvelles façons de faire dans lebut d’obtenir des résultats durables pour lesCanadiens. Il en est question dans cette partie.

La deuxième partie du chapitre enchaîne surtrois enjeux qui concernent l’avenir des languesofficielles au pays, en l’occurrence les mesuresqui feront suite au Plan d’action de 2003-2008,la gouvernance des langues officielles et lerenouvellement de la fonction publique. Cesenjeux comptent pour beaucoup lorsqu’il estquestion de leadership en matière de languesofficielles. Par conséquent, le commissaireprécisera ses attentes à cet égard.

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PARTIE 1 :LES CONSTATS SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES

Tous les ans, le commissaire examine de près lerendement des institutions fédérales en ce qui atrait à leur mise en œuvre de la Loi sur leslangues officielles. Il analyse le rendement desinstitutions en fonction des différentes parties de

LA MISE EN ŒUVRE DES PARTIES IV, V ET VII

Les communications avec le public et la prestation des services : un ciel variable

La partie IV de la Loi garantit au public canadien« le droit de communiquer avec les institutionsfédérales et d’en recevoir les services » dansl’une ou l’autre des langues officielles. Seloncertaines règles établies, les Canadiennes et lesCanadiens peuvent ainsi exercer pleinement ledroit que leur confère la Constitution de recevoirdes services de qualité égale dans la langueofficielle de leur choix.

Les données recueillies à cet égard au cours del’année mettent en lumière les progrès qui ontété réalisés, mais aussi le caractère récurrent decertains problèmes.

En ce qui concerne les progrès, mentionnons toutd’abord que la plupart des institutions se sontdotées de documents – politiques, procédures etplans d’action – dont elles ont besoin pourrespecter cette partie de la Loi.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Une vue d’ensemble

Si on avait à décrire en un mot le rendement del’ensemble des institutions en ce qui concerne lamise en œuvre de la Loi, il faudrait parler d’unplafonnement. En dépit de progrès réalisés ici etlà ces dernières années, la mise en œuvre de laLoi est toujours largement inachevée et souventsujette à des reculs.

Cette année encore, le commissaire constate trèspeu de progrès, voire aucun, dans plusieursdomaines d’activité et, selon les donnéesrecueillies, la situation de la langue de travailaurait même empiré dans certaines institutions.

Il est vrai que le nombre de plaintes diminuelentement et qu’on remarque de légers progrèsdans les processus de gestion de la mise enœuvre de la Loi. Pourtant, ces améliorations nesemblent pas donner des résultats concrets là oùil en faut le plus, c’est-à-dire sur le terrain.

Mais ce qui frappe surtout, c’est le lien quis’établit entre le leadership institutionnel et lerendement. Les institutions qui affichent unleadership fort obtiennent en général de meilleursrésultats. Par exemple, celles qui ont eu debonnes notes dans les bulletins de rendementreçoivent généralement très peu de plaintes.

la Loi. Il s’attarde, notamment, à la partie IV(communications avec le public et prestation desservices), à la partie V (langue de travail) et à lapartie VII (promotion du français et de l’anglais).

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Toutefois, nous n’avons constaté aucuneamélioration à bien des égards. Les institutionsles plus visées par les plaintes restentsensiblement les mêmes depuis plusieursannées. Au cours des trois dernières années,l’offre active2 en personne ne s’est pas amélioréeet le nombre de plaintes de la part du publicvoyageur est à la hausse. Enfin, en dépit du faitqu’elles ont amélioré leur effort de planification,plusieurs institutions éprouvent toujours desdifficultés à produire des résultats concrets.

En somme, c’est l’histoire qui se répète. Nousprésentons une analyse plus détaillée au chapitre IV.

La langue de travail : un maillon faible

La partie V de la Loi établit que « le français etl’anglais sont les langues de travail desinstitutions fédérales ». Chaque institutionfédérale a des obligations en cette matière etdoit fournir les outils et les conditions de travailqui permettent à ses employés d’exercer leurstâches dans la langue officielle de leur choix. Lesinstitutions doivent aussi veiller à maintenir unmilieu de travail propice à l’usage effectif desdeux langues officielles. Ajoutons que la languede travail repose sur le concept de régionbilingue3. La Loi précise que le français etl’anglais sont les langues de travail dans cesrégions et possèdent un statut et des privilègeségaux.

Le commissaire constate encore une fois quel’esprit et la lettre de la Loi ne se concrétisentpas dans la réalité. Les données recueillies aucours de l’année indiquent que les francophonesdans la fonction publique se sentent de moins enmoins à l’aise d’utiliser leur langue maternelledans toutes les formes de communications. De

leur côté, les fonctionnaires anglophones duQuébec dénoncent fortement le manque deformation dans la langue officielle de leur choix.De plus, le nombre de plaintes relatives à lalangue de travail et les bulletins de rendementfont état d’un plafonnement général4.

Ce phénomène se répète année après année,comme en témoignent les trois études sur lalangue de travail que le Commissariat a réaliséesdepuis 2002. La première étude a été menéedans la région de la capitale nationale, ladeuxième dans les régions bilingues du Québecet les sociétés d’État, et la troisième auNouveau-Brunswick. D’après les conclusions deces études, il y a eu quelques progrès sur le plande la langue de travail depuis l’entrée en vigueurde la Loi, mais un fossé énorme sépare toujoursles droits des employés et la réalité.

La langue de la minorité demeure sous-utiliséecomme langue de travail au sein de la fonctionpublique et, exception faite du Québec, l’anglaisest encore considéré comme la langue del’ascension professionnelle.

Les études révèlent que l’assimilation en milieude travail est courante chez les fonctionnairesfrancophones et est causée notamment par le faitque les francophones connaissent mieux leurlangue seconde que les anglophones, par latendance à favoriser la langue des superviseurset par une culture organisationnelle où l’anglaisdomine.

Par ailleurs, les études confirment que souventles anglophones ne peuvent remplir efficacementleurs tâches dans leur langue seconde parcequ’ils ne reçoivent pas la formation linguistiquedont ils ont besoin. En outre, les anglophonesn’osent pas parler français au travail parce qu’ilsne sont pas confiants en leur capacité d’utiliser

5

2 Par offre active, on entend l’utilisation d’une formule d’accueil dans les deux langues officielles.

3 Pour de plus amples renseignements sur les régions désignées bilingues, voir le chapitre IV, à la page 127.

4 Pour de plus amples renseignements sur la langue de travail, voir le chapitre IV, à la page 127.

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leur langue seconde et que la culture de leurorganisation favorise l’anglais. Malgré tout, ilsauraient tout avantage à faire les efforts nécessairespour tirer profit des connaissances acquises.

La perception que la haute direction estunilingue représente un autre obstacle important.Les francophones ont tendance à favoriser lalangue de leur superviseur au détriment de leurpremière langue officielle. À ce sujet, un grandnombre de francophones disent préférer travailleren anglais pour être reconnu à leur juste valeur.

Dans l’étude qu’elle a publié en mars 2004 sousle titre De la parole aux gestes : La langue detravail au sein de la fonction publique fédérale,la commissaire de l’époque a proposé trois axesd’intervention stratégique sur lesquels reposel’instauration d’une culture organisationnelle quirespecte véritablement les droits linguistiques dupersonnel.

Les recommandations des études sur la languede travail convergent vers quelques objectifs clésque les institutions devraient viser :

un usage accru de la langue française par lahaute direction;

la mise en place d’indicateurs de rendementaxés sur l’usage réel des deux langues officielles;

l’instauration de suivis plus rigoureux;

l’élimination de la dotation non impérativepour les postes de cadres;

le rehaussement du profil linguistique dessuperviseurs;

l’élaboration de cours de formation pourpromouvoir un milieu de travail qui respecteles droits linguistiques des employés.

Ces études ont cerné les problématiques etfourni les pistes d’action que doivent emprunterles institutions fédérales. Par conséquent, cesdernières ont tous les éléments dont elles ontbesoin pour passer à l’action.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Axes d’intervention stratégique5

Les trois axes d’intervention stratégique proposés par le Commissariat :

Leadership – instaurer une culture organisationnelle axée sur le respect des droitslinguistiques, faire part de la vision à tous les employés, devenir des modèles dubilinguisme, respecter en tout temps les droits linguistiques du personnel et allouer lesressources nécessaires à l’atteinte des résultats.

Capacité personnelle – acquérir des compétences en langue seconde, maintenir ces compétences en utilisant régulièrement les deux langues officielles, se prévaloir de sesdroits linguistiques et respecter les droits linguistiques de ses collègues.

Capacité institutionnelle – renforcer l’infrastructure de gestion du programme deslangues officielles, élaborer un cadre de gestion axé sur les résultats, communiquerannuellement les résultats atteints à l’ensemble du personnel, faciliter l’accessibilité du personnel à la formation linguistique et mettre à la disposition du personnel des outils de maintien des acquis.

5 Commissariat aux langues officielles, De la parole aux gestes : La langue de travail au sein de la fonction publique fédérale, Ottawa, mars 2004.

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Ce qui précède confirme une fois de plus que lalangue de travail des fonctionnaires est unmaillon faible de la mise en œuvre de la Loi surles langues officielles. Manifestement, on estencore bien loin de la norme fixée par Lester B.Pearson en 1966 en vue de l’égalité linguistiquedans la fonction publique.

Cette situation préoccupe au plus haut point lecommissaire. Le plus regrettable, c’est que sansdéblocage en matière de langue de travail, on nesaurait s’attendre à des améliorations notablessur le plan du service au public. Le commissaireexhorte donc le gouvernement fédéral à exercerun leadership plus fort à cet égard et à sepencher sur la question dans les plus brefsdélais. Nous y reviendrons dans la sectionportant sur le renouvellement de la fonctionpublique.

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La promotion du français et de l’anglais : une saveur aigre-douce

La partie VII de la Loi sur les langues officiellesengage le gouvernement fédéral à favoriserl’épanouissement des minorités francophones etanglophones du Canada ainsi que la pleinereconnaissance et l’usage du français et del’anglais dans la société canadienne. Rappelonsque le Parlement a choisi, en novembre 2005,de bonifier cette partie de la Loi en clarifiant,notamment, l’obligation imposée aux institutionsfédérales de prendre des mesures positives pourconcrétiser l’engagement du gouvernement. L’andernier, dans son premier rapport annuel, lecommissaire a indiqué que la volonté d’agir dugouvernement dans la foulée de l’adoption de lanouvelle partie VII ne s’était pas encoreclairement manifestée.

Pour alimenter la réflexion collective sur la partie VII, le commissaire a donc mis de l’avantcertains principes qui, selon lui, devraient donnerun sens à la notion de mesures positives etguider l’action des institutions fédérales.

Principes mis de l’avant par le commissaire pour la mise en œuvre de la nouvelle partie VII

Approche proactive et systématique, et traitement ciblé (« réflexe partie VII »)

Participation active des citoyens

Processus continu d’amélioration des programmes et des politiques enfonction de la partie VII

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Le gouvernement peut tout de même se féliciterd’avoir réalisé certains progrès à ce chapitre aucours de l’année. D’une part, comme le montrentles bulletins de rendement, les résultats obtenuspar les institutions fédérales indiquent uneprogression dans la mise en place des processusde gestion liés à la partie VII. On remarque aussique certaines institutions non désignées6 sontdavantage mobilisées pour mettre en œuvre cettepartie de la Loi 7.

Cependant, il y a une ombre au tableau. Lenombre de plaintes de non-conformité à la partieVII a considérablement augmenté depuis 2005,ce qui peut être attribuable au fait que lescommunautés de langue officielle ont étésensibilisées par les modifications apportées à laLoi. De plus, l’enquête sur la revue budgétaire de2006 a montré à quel point certaines décisionsdu gouvernement ne tiennent pas compte de lanouvelle partie VII8.

Un nouveau guide pour la partie VII

Patrimoine canadien joue un rôle de premierplan dans la mise en œuvre de la partie VII encoordonnant le travail des institutions fédéraleset, au fil des ans, il a élaboré plusieurs outils àcette fin.

Notamment, il a dévoilé en mai 2007 un nouveloutil, le Guide à l’intention des institutionsfédérales9, qui a été préparé par un groupe detravail composé de représentants de Patrimoinecanadien, du ministère de la Justice Canada(Justice Canada) et de l’Agence de la fonctionpublique du Canada.

Le Guide propose aux institutions fédérales unemarche à suivre générale pour concrétiserl’engagement du gouvernement énoncé dans lapartie VII de la Loi, dorénavant susceptible defaire l’objet d’un recours judiciaire. Il les incite àen arriver à une compréhension commune de lanouvelle partie VII et à s’assigner des rôles clairs.Il les encourage aussi à se doter de mécanismesde reddition de comptes.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

6 Bien que toutes les institutions fédérales aient les mêmes responsabilités en vertu de la Loi sur les langues officielles, une trentaine d’entre ellesont été désignées et doivent préparer des plans d’action à l’égard de la partie VII et soumettre des rapports à Patrimoine canadien sur lesrésultats atteints. Ces documents se trouvent sur le site Web du Ministère à l’adresse www.pch.gc.ca/progs/lo-ol/ci-ic/inst_f.cfm.

7 Pour de plus amples renseignements sur les institutions non désignées, voir le chapitre IV, à la page 141.

8 Pour de plus amples renseignements sur cette enquête, voir le chapitre IV, à la page 96.

9 La nouvelle version du Guide se trouve sur le site Web de Patrimoine canadien à l’adresse www.pch.gc.ca/progs/lo-ol/outils-tools/tdm_f.cfm.

10 Patrimoine canadien, Guide à l’intention des institutions fédérales : Loi sur les langues officielles (partie VII – Promotion du français et de l’anglais),Bulletin 41-42, vol. 13, no. 2 (printemps/été 2007), www.pch.gc.ca/progs/lo-ol/bulletin/vol13_no2/5_f.cfm (page consultée le 28 mars 2008).

Guide à l’intention des institutions fédérales de Patrimoine canadien

« Ce guide vise les quelque 200 institutions fédérales assujetties à la Loi afin de les appuyerdans l’exercice de leurs responsabilités à l’égard de la mise en œuvre de l’engagement dugouvernement fédéral énoncé à la partie VII de la Loi (article 41), particulièrement eu égardaux décisions d’ordre stratégique et de politique qu’elles sont appelées à prendre. Ils’adresse tant aux membres des comités de gestion qu’aux responsables de l’élaborationdes politiques et des programmes, aux cadres intermédiaires et aux agents qui mettent enœuvre les programmes et services.10 »

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Le commissaire tient à souligner la qualité dutravail des trois ministères qui ont collaboré àl’élaboration de ce guide pratique, clair et utile.Selon lui, ce produit doit s’accompagner d’uneffort soutenu de sensibilisation au sein del’appareil fédéral, car, à l’instar d’une boussoleou d’un dictionnaire, le Guide ne sera utile quedans la mesure où l’usager saura en tirer profit.

Avant tout, les institutions fédérales doivent,grâce au Guide, prendre pleinement consciencede leur obligation d’agir dans le sens desobjectifs de la partie VII et de rendre compte deleurs actions.

Les attentes du commissaire à l’égard des institutions fédérales

Au cours de la dernière année, Patrimoinecanadien et Justice Canada, deux institutionsclés, ont continué leur travail de sensibilisationauprès des institutions fédérales en leurexpliquant la nature de leurs nouvellesobligations. Le commissaire félicite cesministères pour leurs efforts de sensibilisation,lesquels doivent d’ailleurs se poursuivre, etrappelle à toutes les institutions fédérales leurobligation d’agir.

Il est encore beaucoup trop tôt pour parler d’unepercée dans la mise en œuvre de la nouvellepartie VII de la Loi. Malgré les effortsappréciables de sensibilisation des deuxdernières années, de nombreuses institutionsfédérales semblent avoir de la difficulté à saisirle concept de mesures positives. Et s’il est vraique certaines d’entre elles agissent avec plusd’empressement que d’autres, comme entémoignent les bulletins de rendement publiéspar le Commissariat11, dans l’ensemble, on seheurte à un constat d’immobilisme.

Les institutions fédérales ne peuvent secontenter d’attendre. Elles doivent agir, prendredes risques et faire preuve d’un peu d’audace,comme le veut l’esprit de la partie VII de la Loi.Celles qui s’enlisent et choisissent de ne rienfaire s’exposent non seulement à la critique,mais aussi à des poursuites judiciaires. Lesinstitutions ont tout avantage à définir lesparamètres de leur intervention et à appliquer lapolitique des langues officielles dans le cadre deleur mandat respectif.

Les mesures positives ne sont pas des initiativesponctuelles. Les institutions fédérales doivents’engager de plus en plus au sein descommunautés et envers la promotion de ladualité linguistique, amorcer systématiquementun dialogue et établir des partenariats à longterme.

Le commissaire s’attend à ce que le Guidepermette aux institutions fédéralesd’entreprendre certaines mesures. Elles pourrontaussi s’inspirer des résultats d’un projet menépar la Fédération des communautésfrancophones et acadienne (FCFA), encollaboration avec plusieurs associationscommunautaires, en vue de renforcer les liensentre les institutions fédérales et de documenterles mesures positives exemplaires12.

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11 Les bulletins de rendement sont publiés sur le site Web du Commissariat aux langues officielles à l’adresse www.languesofficielles.gc.ca/html/performance_rendement_f.php.

12 Pour de plus amples renseignements sur ce projet, voir le site Web de la FCFA à l’adresse www.fcfa.ca/home/index.cfm?id=417.

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Les constats sur la mise en œuvre de la partie VIIdans l’ensemble du pays

Au cours de l’année, le commissaire a puobserver des mesures positives mises en œuvre àl’extérieur de la région de la capitale nationale.

Les approches et les résultats varient d’unerégion et d’une institution à l’autre. De façongénérale, dans la coordination de la mise enœuvre de la partie VII, à l’échelle du pays, leleadership ne se manifeste pas aussi clairementqu’on l’aurait souhaité. Par conséquent,Patrimoine canadien se doit de jouer pleinementson rôle de coordination de la partie VII dansl’ensemble du pays.

En général, au cours de la dernière année, lecommissaire a constaté que peu defonctionnaires dans l’ensemble du pays sontpleinement conscients de leurs obligations enmatière de langues officielles. Il note égalementque la plupart des citoyens, même ceux qui fontpartie des réseaux communautaires, ne sont pastoujours au fait des obligations des institutionsfédérales. Il y a donc lieu de rappeler que letravail de sensibilisation à l’égard de la partie VIIexige un effort soutenu.

Pratique exemplaire : le Comité interministériel sur la partie VII

Patrimoine canadien est à l’origined’un comité regroupant des institutionsfédérales qui travaillent dans le domainede la justice et de la sécurité, telles queSécurité publique Canada, Servicecorrectionnel du Canada et laGendarmerie royale du Canada.

Parrainé par Justice Canada, ce comitévise à partager l’expérience et lespratiques exemplaires à l’égard de lamise en œuvre de la partie VII.

Chacune des institutions peut ainsimettre en commun ses outils, les listesde ses interlocuteurs communautaires etles résultats de ses consultations.

Une des retombées de ce comité estune meilleure coordination desconsultations communautaires.

Le commissaire encourage Patrimoinecanadien à mettre sur pied des comitéssimilaires qui regrouperont d’autresinstitutions fédérales ayant des affinités.

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Dans ces circonstances, il n’est pas étonnantd’observer la faible volonté de la plupart desinstitutions fédérales de prendre des mesurespositives. Comme nous l’avons mentionné, mêmesi certaines institutions ont enregistré desprogrès dans la mise en œuvre de la partie VII etque certaines ont mis sur pied des mécanismesinternes de gestion de cette partie, dansl’ensemble, les initiatives à cet égard sont peunombreuses ou peu fructueuses.

De plus, les communautés et même lesfonctionnaires en région qui cherchent à donnerforme à des mesures positives sont souvent peuoutillés pour le faire, si bien qu’ils se tournentsouvent vers le Commissariat plutôt que vers lesinstitutions concernées pour obtenir del’information et des conseils.

Le fait que la partie VII ait si peu de résonance àl’échelle du Canada inquiète le commissaire. Siles institutions veulent que des effets concretsdécoulent de la partie VII, elles doivent travaillerplus étroitement avec leurs bureaux régionaux.Notamment, il leur faut décentraliser certainesressources consacrées à la mise en œuvre ou à lacoordination du dossier des langues officielles.Patrimoine canadien reconnaît l’importance derenforcer la coordination entre les institutionspartout au pays et met en place certainesmesures de soutien à leur intention.

Cependant, peu d’institutions fédérales disposentde coordonnateurs de la partie VII en région.Lorsqu’il y en a, ces personnes ont souvent unemploi du temps fragmenté ou bien elles n’ontpas les ressources nécessaires pour travaillerefficacement ou encore elles manquentd’expérience pour exercer une véritable influenceau sein de leur organisation. Il est donc à espérerque les efforts de Patrimoine canadien seconcrétiseront rapidement par une meilleuremobilisation des institutions fédérales danstoutes les régions du pays en vue de la pleinemise en œuvre de la partie VII.

Selon le commissaire, le renforcement du rôlerégional constitue un aspect essentiel de la miseen œuvre de la partie VII, puisqu’il favorise laparticipation active des citoyens, un desprincipes qui sous-tend les mesures positives.Bien entendu, ce renforcement suppose aussi desressources adéquates pour accomplir le travail.

Les communautés et les institutions fédérales : un arrimage difficile

Dans son dernier rapport annuel, le commissairea soulevé les enjeux émergents de la mise enœuvre de la partie VII de la Loi. Notamment, il asouligné un certain écart entre les attentes descommunautés et les capacités des institutionsfédérales. Or, cet écart persiste.

Au cours de la dernière année, certains leaderscommunautaires ont mis en lumière lesfaiblesses de la capacité organisationnelle dumilieu associatif. D’après les représentants descommunautés, il faut mieux outiller lesassociations pour les aider à répondre plusadéquatement aux attentes des citoyens et àrelever les défis dans les communautés.

La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique a notamment fait valoir que denombreux organismes communautaires setrouvent bien souvent dans une situation trèsprécaire en raison de leurs conditions sociales etorganisationnelles. Ces organismes nedisposeraient pas de toutes les ressourcesrequises pour répondre aux attentes desmembres de leur communauté et il n’est pas rarequ’ils doivent « vivre à crédit » pendant unecertaine période de l’année, étant donné lesdélais administratifs pour l’octroi dufinancement. Les organismes dénoncent aussi lemince financement de base accordé à leursactivités courantes. Une telle instabilité mineparfois les efforts de recrutement de personnelqualifié et ne favorise pas une planification àlong terme ou le développement de leur capacité

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d’agir en fonction des priorités de la communautéconcernée. D’autres associations communautaires,dont l’Assemblée communautaire fransaskoise etla Fédération des communautés francophones etacadienne (FCFA), ont aussi reconnu que cettesituation est malheureusement trop répanduedans la francophonie canadienne.

Le Quebec Community Groups Network (QCGN)rapporte les mêmes difficultés relativement à lacapacité organisationnelle. Il faut se rappeler quela communauté anglophone du Québec, bien quesituée dans une seule province, compte autantde personnes que la population francophone enmilieu minoritaire dans l’ensemble du pays.Compte tenu de la très grande diversitédémographique, culturelle et régionale de laprovince, il y est difficile de bien représenter etdesservir l’ensemble des communautésanglophones. Plusieurs réseaux sectoriels(comme ceux de la santé, de l’éducation ou desarts et de la culture) et régionaux (à Québec, enOutaouais ou en Gaspésie) ont été mis sur piedpour assurer le développement communautaire etcommuniquer les besoins aux gouvernements.Tous ces organismes puisent généralement leurfinancement aux mêmes sources et se font doncsouvent concurrence.

Pour ce qui est de la mise en œuvre desobligations du gouvernement fédéral, la minoritéanglophone du Québec est dans une situationparticulière. Le QCGN et les 29 autresorganismes communautaires ont généralement debons liens de travail avec les institutionsfédérales en région et se sentent écoutés par cesdernières. De plus, les coordonnateurs régionauxde la partie VII arrivent la plupart du temps àprendre le pouls de la communauté. Toutefois,

les liens avec les administrations centrales deces institutions et l’influence que peuventexercer les organismes communautairesanglophones sur le gouvernement fédéral sontparfois bien ténus. Ainsi, dans les régions, lavolonté de travailler de concert avec lacommunauté au développement n’a pas toujoursune résonance au sein des décideurs dans larégion de la capitale nationale. La communautéanglophone du Québec est l’une des deuxcommunautés de langue officielle en situationminoritaire du pays. Les institutions fédéralesdevraient reconnaître le statut national du QCGNet agir en conséquence13.

Les leaders des communautés sont d’avis que legouvernement a une responsabilité à l’égard dudéveloppement des capacités communautaires envertu de la nouvelle partie VII. Selon eux, laprécarité de leurs associations prouvent que legouvernement ne prend pas de mesures positivesà leur endroit.

La perspective des groupes communautairess’harmonise parfois difficilement avec celle decertaines institutions fédérales qui ont fait desefforts pour satisfaire à leurs obligations ourenforcer la capacité communautaire. Il fautreconnaître que bon nombre de ces institutionsont accordé un financement pluriannuel ou ontintégré un « réflexe langues officielles » dansleur culture organisationnelle. Ces mesures vontdans le bon sens, mais leurs bienfaits ne seferont pas immédiatement sentir au sein descommunautés. Avec la coordination soutenue dePatrimoine canadien, les institutions fédéralesdoivent continuer d’accentuer leurs efforts et deraffermir leurs liens avec les représentantscommunautaires. Ainsi, les deux parties aurontune meilleure compréhension mutuelle de leurscontraintes respectives.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

13 Cette idée a notamment été avancée lors des consultations de Bernard Lord sur le prochain Plan d’action. Voir le mémoire du QCGN intituléPromoting French and English in Canadian Society and furthering the development of French and English Minority-Language Communities:Submission of the Quebec Community Groups Network (QCGN) to the Government of Canada’s Consultations on Linguistic Duality and OfficialLanguages (décembre 2007).

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La promotion de la dualité linguistique : le parent pauvre de la partie VII

Il est souvent nécessaire de rappeler que la partie VIIde la Loi comporte deux volets : le développementdes communautés de langue officielle (voletcommunautaire) et la promotion de la pleinereconnaissance du français et de l’anglais dansla société canadienne (volet promotion).

Les institutions fédérales ont toujours porté uneattention plus particulière au voletcommunautaire, en quelque sorte au détrimentdu volet promotion. Le Guide de Patrimoinecanadien et les autres outils de mise en œuvreont une forte tendance à privilégier ledéveloppement des communautés, et lesinstitutions fédérales, à quelques exceptionsprès, prennent des mesures qui portentprincipalement sur le volet communautaire. Cette année encore, les bulletins de rendementconfirment cette tendance.

Patrimoine canadien et Justice Canada doiventrappeler la complémentarité des deux volets dela partie VII et l’importance de leur mise enœuvre simultanée. Plus on encourage lareconnaissance et l’usage du français et del’anglais dans la société canadienne, plus on estsusceptible d’appuyer les communautés delangue officielle.

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Cette situation a amené le commissaire às’interroger sur d’autres façons d’intervenir à titred’ombudsman et de protecteur des droitslinguistiques des Canadiens. Outre les enquêtes,bulletins de rendement, vérifications et recoursjudiciaires, existe-t-il d’autres moyens derésoudre les différends en matière de languesofficielles? Faut-il renouveler le rôle d’ombudsmanafin de favoriser une meilleure collaboration avecles institutions pour les amener à mieux remplirleurs obligations?

Le commissaire constate que, au pays commeailleurs, le rôle d’ombudsman évolue. Unedimension essentielle du rôle d’ombudsman estde traiter les plaintes, de réagir aux infractionsqui sont portées à son attention. De plus en plus,on adopte des méthodes plus efficaces pourrégler les conflits. Toutefois, outre ce travailimportant qui se fait en aval, il faudra agir deplus en plus en amont afin de prévenir lesproblèmes qui donnent lieu aux plaintes.

Par exemple, depuis l’adoption de la Loi sur lamodernisation de la fonction publique en 2003,les institutions fédérales doivent mettre sur piedun système informel de résolution des conflits.Les ombudsmans de certaines institutions en ontprofité pour rationaliser leurs procédures et pouradopter des approches plus énergiques derésolution des conflits.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

LE RÔLE D’OMBUDSMAN : L’APPROCHE RENOUVELÉE

Le Commissariat aux languesofficielles espère négocier et signer unprotocole d’entente avec plusieursinstitutions fédérales au cours duprochain exercice. Ce protocole aurapour but d’accroître la collaborationentre le Commissariat et cesinstitutions, de favoriser la mise encommun de l’information, de mettreen place un mécanisme de résolutiondes plaintes le cas échéant et dedéterminer les mesures à prendrepour prévenir de nouvelles plaintes. Ils’agit d’une initiative proactive quis’inscrit dans l’approche renouveléeque le commissaire a adoptée àl’égard de son rôle d’ombudsman.

Le contexte

Depuis quelques années, le Commissariat sembletoujours buter sur la même évidence :l’application du régime linguistique canadien estinachevée, et le gouvernement du Canada aencore du chemin à parcourir pour atteindre lesobjectifs qu’il s’est lui-même fixés. Les résultatsrapportés dans plusieurs rapports annuelssuccessifs, dont celui-ci, font état d’unplafonnement de la mise en œuvre de la Loi.

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En outre, la Commission canadienne des droitsde la personne a apporté des modificationsfondamentales à sa procédure de règlements desconflits en mettant l’accent sur la médiation et laprévention. Elle fait déjà état de résultats plusconvaincants et durables. Plusieurs ombudsmansà l’échelon provincial ont aussi amorcé deschangements d’orientation similaires, notammentau Québec, en Ontario et en Alberta.

L’approche renouvelée : deux principes

Dans le but de miser davantage sur les résultats,le commissaire a décidé de renouveler son rôlede protecteur des droits linguistiques desCanadiens. Tout en reconnaissant que lesinstitutions sont responsables de prendre desmesures afin d’améliorer leur rendement, lecommissaire tient à collaborer davantage avecelles dans le but d’obtenir de meilleurs résultatspour les Canadiennes et les Canadiens.

L’approche qu’il préconise repose sur deuxprincipes : une résolution durable et plusefficace des plaintes et la prévention desproblèmes qui donnent lieu aux plaintes.

Une résolution durable et plus efficace desplaintes suppose une meilleure compréhension desbesoins et des intérêts de toutes les parties, tant lesplaignants que les institutions fédérales, et la priseen compte de l’intérêt public dans la réalisation

des grands objectifs qui sous-tendent la Loi sur leslangues officielles. À cette fin, l’approcherenouvelée du commissaire comprend l’utilisationde nouveaux modes d’intervention visant à traiterles plaintes d’une manière qui incite toutes lesparties à viser et à mettre en œuvre des solutionsdurables.

La prévention des problèmes qui donnent lieuaux plaintes consiste à cerner les problèmespotentiels avant qu’ils aient une incidence sur lerespect des droits en matière de languesofficielles et à effectuer des interventionspréventives auprès des institutions fédérales. Lecommissaire collaborera avec les institutions etles incitera à adopter des stratégies axées sur laprévention. Il insistera aussi sur l’importance des’attaquer aux problèmes récurrents etsystémiques et d’agir de manière proactive pour ymettre fin.

Bien que ces deux principes forment la base durenouvellement du rôle d’ombudsman, lesmoyens usuels comme les enquêtes, les bulletinsde rendement, les vérifications et les recoursjudiciaires vont être maintenus pour traiter lesquestions de conformité. Le commissaire croitque l’introduction de nouveaux outils, combinésà ceux qui existent déjà, produira des résultatsdurables pour l’ensemble des Canadiens.

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PARTIE 2 : VISION, ENGAGEMENT ET LEADERSHIP

LE PLAN D’ACTION

En mars 2003, le gouvernement fédéral a lancéle Plan d’action pour les langues officielles.S’échelonnant sur une période de cinq ans etpourvu d’un budget initial de 751 millions dedollars, ce plan avait comme principaux buts depromouvoir l’épanouissement des communautésde langue officielle et de renforcer la dualitélinguistique dans les communautés et la fonctionpublique. À cette fin, le gouvernement a choiside miser simultanément sur quatre axes :l’éducation, le développement des communautésde langue officielle, la fonction publique etl’industrie de la langue.

Rappelons que le Commissariat a toujoursappuyé ce plan qui donnait une nouvelleimpulsion aux communautés et au programmedes langues officielles, qui pendant les années1990 ont subi le contrecoup de nombreusescompressions budgétaires. Dans son dernierrapport annuel, le commissaire a d’ailleursformulé une recommandation exhortant laministre des Langues officielles à concevoir uneinitiative destinée à succéder au Plan d’action2003-2008.

En 2006-2007, le commissaire avaitrecommandé :

« que la ministre des Languesofficielles, en collaboration avec lescommunautés, les provinces et lesterritoires, conçoive, au cours de laprochaine année, une initiative quisuccédera au Plan d’action pour leslangues officielles et qui consolidera lesacquis. Durant le processus deconception, le gouvernement fédéraldevra considérer attentivementl’élargissement de la portée du Pland’action pour inclure, notamment, lesdomaines des arts et de la culture, desinitiatives destinées aux jeunes et denouvelles mesures visant la promotionde la dualité linguistique. »

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La demande du commissaire et celles deplusieurs autres intervenants ont trouvé écho. Eneffet, dans son deuxième discours du Trône,prononcé le 16 octobre 2007, le premierministre a réitéré son appui aux languesofficielles en annonçant son intention derenouveler le Plan d’action pour les languesofficielles. Il a ensuite confié à Bernard Lord,ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick,la tâche de consulter les représentants descommunautés de langue officielle et d’autresacteurs au sujet des principaux enjeux et desorientations d’une éventuelle initiative pour leslangues officielles.

En parcourant le pays, en décembre 2007,Bernard Lord a entendu de nombreux groupesdont Canadian Parents for French (CPF), laSociété éducative de visites et d’échanges auCanada (SEVEC), l’Association canadienne desprofesseurs de langues secondes (ACPLS), laFédération des communautés francophones etacadienne du Canada (FCFA) et le QuebecCommunity Groups Network (QCGN). Soulignonsque ces deux derniers groupes avaient aupréalable effectué d’importants travaux pourdéfinir leurs attentes. Par exemple, lors de sonsommet en juin 2007, la FCFA avait défini lesenjeux et les priorités des communautésfrancophones et acadiennes. Le QCGN avait faitde même à son forum en février 2008. À la suitede ces consultations, Bernard Lord a déposé sonrapport à la ministre de Patrimoine canadienle 3 mars 200814 et celle-ci l’a rendu public le 20 mars 2008.

En plus du rapport Lord, d’autres sourcescontinuent d’alimenter la réflexion dugouvernement. Citons d’abord les rapports duComité permanent des langues officielles de laChambre des communes au sujet de la vitalitédes communautés de langue officielle et dubilinguisme dans la fonction publique15. Lesdonnées de l’enquête postcensitaire16 jettent unelumière nouvelle sur la situation descommunautés de langue officielle et corroborentleurs préoccupations.

Si le commissaire a accueilli favorablement lediscours du Trône et les consultations menéespar Bernard Lord, le budget du 26 février 2008est venu assombrir les espoirs. Curieusement, iln’a fait que reprendre les grandes lignes dudiscours du Trône sur la dualité linguistique.Bien qu’il reconnaisse le processus deconsultation mené par M. Lord, le documentbudgétaire n’a offert aucune précision quant aufinancement anticipé pour la prochaine phase duPlan d’action. Dans son rapport, M. Lordrecommande qu’une somme d’un milliard soitconsacrée à la future initiative. Sans vouloir seprononcer sur des sommes spécifiques, lecommissaire est également d’avis que dessommes supplémentaires devront être investies,par rapport au budget du premier Plan d’action,afin de bâtir sur les acquis et de faire avancer les dossiers.

Entre-temps, quel bilan dresse le commissairealors que le premier Plan d’action pour leslangues officielles prend fin, et quelles sont sesattentes à l’égard de la nouvelle initiative?

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14 Le rapport soumis à la ministre des Langues officielles et intitulé Rapport sur les consultations du gouvernement du Canada sur la dualité linguistique et les langues officielles (février 2008) se trouve sur le site Web de Patrimoine canadien à l’adresse www.pch.gc.ca/pc-ch/consultations/lo-ol_2008/lord_f.pdf.

15 Le rapport est publié sur le site Web du Comité permanent des langues officielles à l’adressehttp://cmte.parl.gc.ca/cmte/CommitteePublication.aspx?COM=10472&SourceId=206228&SwitchLanguage=1.

16 Le 11 décembre 2007, Statistique Canada a publié une enquête sur la vitalité des communautés de langue officielle. Cette enquête abordedivers thèmes tels que la langue employée dans les activités quotidiennes, l’utilisation des soins de santé, le sentiment d’appartenance et leparcours scolaire. Plusieurs institutions fédérales, dont le Commissariat, ont participé au financement de ce projet et à l’élaboration desprincipaux thèmes. Pour de plus amples renseignements, voir le chapitre III, p.82.

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Premier axe : l’éducation

Le Plan d’action a consacré la majorité de sonfinancement à l’axe éducation, c’est-à-dire àl’enseignement dans la langue de la minorité et àl’enseignement de la langue seconde. Ces deuxthèmes sont abordés successivement ci-après.

Mais soulignons d’abord que, en matièred’éducation, le gouvernement a transféré dessommes importantes à ses partenairesprovinciaux et territoriaux par l’entremise duProtocole d’entente relatif à l’enseignement dansla langue de la minorité et à l’enseignement dela langue seconde. Ce protocole arrive àéchéance en mars 2009. Dans l’intervalle, lecommissaire attend avec intérêt un rapport demi-parcours qui résumera les résultats des deuxpremières années (2005 à 2007). Il en profitepour rappeler l’importance de la transparencedans la reddition de comptes et la nécessité depublier et de partager l’information sur laréalisation des objectifs, selon les clauses duProtocole d’entente.

En ce qui concerne l’enseignement dans lalangue de la minorité, les réalisations varientd’une province et d’un territoire à l’autre. Onpeut dire toutefois que les résultats sont à lahauteur des efforts consentis par les ministèresprovinciaux et territoriaux de l’Éducation, lescommissions et conseils scolaires et leurspartenaires communautaires. Parmi les domainesd’intervention où l’on observe généralement de

bons résultats, il y a la francisation des élèvesdes écoles primaires de langue française, aussiappelée « mise à niveau linguistique ». Ainsi,dans bien des milieux, des programmes ciblésont été mis sur pied pour s’assurer que lesayants droit17 qui commencent l’école de languefrançaise connaissent suffisamment cette languepour réussir dès la première année scolaire.

En dépit des efforts déployés pour améliorer lesprogrammes d’enseignement, le commissaire estd’avis que l’éducation dans la langue de laminorité est un domaine d’activité où il y aencore fort à faire. Rappelons qu’un desprincipaux objectifs du Plan d’action étaitd’augmenter la participation dans les écoles dela minorité. Or, à ce sujet, les données del’enquête postcensitaire mettent en lumière destendances inquiétantes. Elles révèlent queseulement 49 p. 100 des ayants droitfrancophones fréquentent les écoles de laminorité18. Environ 36 p. 100 sont scolarisés enanglais et 15 p. 100 d’entre eux sont inscritsdans des programmes d’immersion. Il faut aussisignaler que plus du tiers des parents quiinscrivent leurs enfants à des programmesd’immersion auraient préféré pour eux une écolede langue française : plusieurs ont dû s’yrésigner à cause de l’absence d’une écolefrancophone; d’autres invoquent la proximitéde l’école anglophone offrant un programmed’immersion. Au cours des prochaines années, il y a donc lieu de poursuivre les efforts en vued’améliorer l’accès à l’école de la minorité francophone.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

17 L’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés définit les trois catégories de parents dont les enfants sont admissibles à l’instructiondans la langue de la minorité d’une province ou d’un territoire. La notion « d’ayant droit » désigne un enfant dont le parent est citoyen canadienet : i) dont la première langue apprise et encore comprise est celle de la minorité, ou ii) qui a reçu son instruction au niveau primaire dans uneprovince où la langue dans laquelle il a reçu cette instruction est celle de la minorité, ou iii) dont un enfant a reçu ou reçoit son instruction, auniveau primaire ou secondaire au Canada, dans la langue de la minorité.

18 Statistique Canada, Les minorités prennent la parole : résultats de l’Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, Ottawa, décembre2007, p. 54.

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Du côté de la communauté anglo-québécoise,l’Enquête révèle que seulement 49 p. 100 desélèves ayant au moins un parent de langueanglaise fréquentent l’école de la minoritéanglophone. Ce pourcentage s’élève à 70 p. 100lorsque les deux parents sont de langue anglaise.Cette situation n’a rien d’apaisant pour lescommissions scolaires de langue anglaise quicraignent de perdre leur clientèle scolaire aucours des prochaines années. En effet, danscertaines régions, l’exode des anglophones duQuébec et le vieillissement de la populationrendent parfois plus précaire le maintien dunombre d’ayants droit nécessaire à la survie desécoles de langue anglaise.

Selon Patricia Lamarre19, les membres descommunautés anglophones attachent uneimportance grandissante à la maîtrise dufrançais, surtout pour leurs enfants. Il ne fautdonc pas s’étonner que, parmi les anglophonesdu pays, les jeunes anglophones du Québecsoient les plus bilingues. Pour ces communautés,la participation à part entière à la sociétéquébécoise passe par l’apprentissage du françaisà l’école. Cette nouvelle façon de voir le françaiscomme une valeur ajoutée explique en partiel’engouement pour l’école de langue française etles programmes d’immersion. Dans un telcontexte, il importe d’autant plus de soutenir lesécoles de langue anglaise dans leurs efforts envue d’offrir de solides programmesd’apprentissage du français. Il en découlera unerelève compétitive sur le marché du travail dansles secteurs tant public que privé.

Belle réussite : Centres scolaires communautaires20

L’une des grandes réussites pour lacommunauté anglophone du Québec aété la mise sur pied de 22 Centres scolairescommunautaires (community learningcentres). Ces centres permettent d’établirdes liens durables entre la communauté etle réseau scolaire. De plus, les communautésparticipantes sont reliées par un système devidéoconférences, lequel permet d’élargirl’éventail des programmes offerts à lapopulation.

19

19 Patricia Lamarre, « English Education in Quebec: Issues and Challenges », dans Richard Y. Bourhis, éd., The vitality of the English-speakingCommunities of Quebec: From Community Decline to Revival, Montréal, CEETUM, p. 61-84.

20 www.learnquebec.ca/en/content/clc (en anglais seulement).

21 Commissariat aux langues officielles, L’évolution de l’opinion publique au sujet des langues officielles au Canada, Ottawa, septembre 2006.Étude publiée à la suite d’un sondage réalisé par le Centre de recherche Décima, au téléphone, en février 2006, auprès d’un échantillon de 2 000 répondants de 18 ans et plus.

Par ailleurs, au chapitre de l’enseignement de lalangue seconde, le Plan d’action visait à doublerla proportion des jeunes Canadiens bilinguesâgés de 15 à 19 ans. Ainsi, selon le Plan,environ la moitié de cette population doit devenirbilingue d’ici 2013. À cet égard, il fautreconnaître que les progrès tardent à semanifester. Selon les données du recensement de2006, seulement 22,3 p. 100 des jeunesfrancophones et anglophones de 15 à 19 ans sedisent bilingues, un recul d’environ 2 p. 100 parrapport au recensement de 2001. Cettediminution serait-elle attribuable auxcompressions budgétaires imposées par lesgouvernements fédéral et provinciaux dans lesannées 1990? C’est difficile à dire. Toutefois, ilest clair que l’écart entre la cible de 2013 et lasituation actuelle est considérable et qu’il y alieu d’intensifier les efforts. Cette constatationest d’autant plus pertinente que la populationcanadienne semble largement favorable aurenforcement des programmes d’enseignement dela langue seconde21. Lorsque Patrimoine canadien

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a mené des consultations en ligne22 relativementau renouvellement du Plan d’action, lesparticipants abondaient dans le même sens : lesCanadiens souhaiteraient avoir l’occasiond’apprendre les deux langues officielles. Il importeque le gouvernement fédéral continue detravailler avec les provinces et les territoires envue de renforcer ce volet dans le prochain Pland’action. Notons que M. Lord recommande dansson rapport que le gouvernement accorde uneplace prépondérante à l’éducation dans laprochaine initiative. Il recommande également depromouvoir la dualité linguistique en favorisantl’enseignement des langues secondes.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Belle réussite : l’enseignement de lalangue seconde

Le Conseil des ministres de l’Éducation(Canada) a établi un groupe de travailqui explore la possibilité d’élaborer uncadre commun de référence pour leslangues au Canada. Ce projet tire sonorigine du Cadre européen commun deréférence pour les langues, lequel est unoutil permettant d’établir clairement lesobjectifs à atteindre pour chacun desniveaux d’apprentissage d’une langue etd’évaluer les compétences de façoncomparable à l’échelle internationaleselon six niveaux de référence. Il estappuyé par l’Association canadienne desprofesseurs de langues secondes quiavance que l’utilisation d’un tel cadrepourrait faciliter le dialogueinterprovincial et territorial, encouragerla collaboration et le partage deressources entre les autorités éducativeset favoriser la mobilité éducationnelle etoccupationnelle dans l’ensemble duCanada.

Deuxième axe : le développement des communautés

Le développement des communautés comprend lessecteurs de la santé, des services à la petiteenfance, de la justice, de l’immigration, dudéveloppement économique et de l’alphabétisation.

Belle réussite : La santé en Alberta

Grâce à l’appui financier de la SociétéSanté en français, la communautéfrancophone d’Edmonton peutmaintenant compter sur les services duCentre de santé communautaire Saint-Thomas. Ouvert depuis l’automne 2007,le Centre fournit à des personnes âgéesune gamme complète de services sousun même toit. Il abrite aussi uneclinique qui offre des soins de santéprimaires et d’autres services spécialisés.

Par ailleurs, en février 2008, le CampusSaint-Jean de l’Université de l’Alberta adécerné ses premiers diplômes auxétudiants du programme bilingue debaccalauréat en sciences infirmières. Ceprogramme a été mis sur pied grâce àune collaboration entre le CampusSaint-Jean et la Faculté des sciencesinfirmières de l’Université de l’Alberta,d’une part, et à une contributionimportante du Consortium national deformation en santé, d’autre part.

En fait, ces deux initiatives sontcomplémentaires puisque le Centre desanté communautaire Saint-Thomasembauchera des diplômés du nouveauprogramme de baccalauréat du CampusSaint-Jean.

22 Pour de plus amples renseignements sur les consultations, voir le site Web du Ministère à l’adresse www.pch.gc.ca/pc-ch/consultations/lo-ol_2007/index_f.cfm.

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D’abord, s’il est un secteur où le Plan d’action aconnu un franc succès, c’est celui des servicesde santé dans la langue de la minorité. Les fondsinvestis dans le cadre du Plan d’action ontnotamment permis de mettre sur pied 17 réseauxde santé, dont la plupart sont devenus lesinterlocuteurs officiels des gouvernementsprovinciaux dans les communautés francophones.Les efforts du Consortium national de formationen santé se sont soldés par une augmentationspectaculaire du nombre de recruesfrancophones dans les professions de la santé.Enfin, grâce au Plan d’action, les réseaux deservices de santé anglophones du Québec, enpartenariat avec l’Université McGill, ontnotamment réussi à créer des programmes deformation pour habiliter les professionnels de lasanté francophones à offrir des services enanglais. Ils mettent aussi l’accent sur la rétentiondu personnel anglophone dans la province en luidonnant les moyens de maintenir saconnaissance de la langue française. Tous cesefforts portent donc fruits. Cependant, pour passerà l’étape suivante, c’est-à-dire aller au-delà de laformulation des besoins et de l’établissement desstructures, des investissements accrus serontnécessaires.

Belle réussite : la santé

Il y a quelques années, 10 collèges et universités se sont regroupés pour formerle Consortium national de formation ensanté, dans le but d’assurer la formationd’un nombre accru de professionnels de lasanté qui pourraient travailler dans lescommunautés francophones en situationminoritaire, et d’établir une base solide derecherche sur la santé dans la francophoniecanadienne. Le Consortium s’est fixécomme objectifs d’accueillir 2 196 nouveaux étudiants et de décerner1 144 diplômes entre 2003 et 2008.D’après les données des évaluationsprésentées dans le rapport annuel 2006-2007 du Consortium, ses campagnes depromotion auprès des jeunes sont efficacespuisque 2 135 nouveaux étudiants sesont inscrits dans les établissementsmembres et que ceux-ci ont décerné574 diplômes au cours de la périodevisée. Si la tendance se maintient, on est en droit de s’attendre à ce que leConsortium atteigne ou dépasse ses objectifs.

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La petite enfance figure parmi les secteurs quiont enregistré certains résultats positifs, quoiquefaibles sur l’ensemble de la période. Dans cedomaine, le Plan d’action avait comme objectifd’aider à créer des programmes, notamment desgarderies et des maternelles dans les écoles de lacommunauté. Le commissaire tient à soulignerde façon plus particulière le rôle incontournablede la Commission nationale des parentsfrancophones (CNPF) à titre de défenseur de lapetite enfance et de catalyseur de l’actioncommune des parents. En juin 2007, enpartenariat avec Ressources humaines etDéveloppement social Canada, la CNPF a dévoiléson cadre national de collaboration qui établitune vision commune de la petite enfance enmilieu minoritaire francophone et clarifie le rôledes nombreux partenaires et intervenants. Celadit, le domaine de la petite enfance est encoreaux prises avec de grands défis, dont la pénuriesévère de services de garderie en français. Ainsi,de nombreux parents francophones quivoudraient se prévaloir de services adaptés à leurréalité culturelle et linguistique ont généralementdu mal à le faire. Il faut dire également que lesdirections d’écoles primaires francophones ontplus de difficulté à faire augmenter le nombred’inscriptions des jeunes francophones en raisondu manque de services à la petite enfance offertsen français. Le gouvernement fédéral doit doncporter une plus grande attention à l’offre deservices à la petite enfance. Il estparticulièrement bien placé pour appuyer lavision mise de l’avant par la CNPF et injecter lesressources nécessaires à sa réalisation. De leurcôté, les réseaux de parents doivent continuer decommuniquer clairement leurs besoins auxdifférents paliers gouvernementaux quiinterviennent en petite enfance.

Belle réussite : la petite enfance

Le Cadre national de collaboration endéveloppement de la petite enfancefrancophone en contexte minoritaire auCanada réunit 13 partenaires quitravaillent pour le mieux-être des jeunesenfants, dont la Commission nationaledes parents francophones en tête depeloton. Véritable modèle de partenariatmultilatéral, ce cadre s’appuie sur lesnouvelles connaissances endéveloppement de la petite enfance etla Convention des Nations Unies relativeaux droits de l’enfant. On y présenteune vision commune du développementdans laquelle le rôle des différentspartenaires est expliqué23.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Le commissaire est satisfait des activitésentreprises pour atteindre l’objectif du Pland’action visant à améliorer l’accès à la justicedans les deux langues officielles. Le Fondsd’appui pour l’accès à la justice dans les deuxlangues officielles a accru, entre autres, lacapacité des associations de juristes d’expressionfrançaise de jouer leur rôle de sensibilisation etd’information auprès des communautés de langueofficielle et de bâtir des réseaux de partenariataux niveaux provincial et fédéral. Le Fonds d’appuia également permis de mettre sur pied trois comitésconsultatifs, dont le sous-comité consultatif surl’accès à la justice qui réunit les principauxintervenants des communautés francophones etanglophones touchées par cet enjeu.

Par ailleurs, selon l’évaluation formative de 2006,les activités et les projets financés par le Fondsd’appui ont permis de sensibiliser les juristes, lescommunautés et le public à la question de la justicedans les deux langues officielles. Au Québec, lerapport d’évaluation a noté le manque de visibilité

23 Pour de plus amples renseignements sur cette belle réussite, voir le document publié par la Table nationale en développement de la petiteenfance francophone qui est affiché sur le site Web de la Commission nationale des parents francophones à l’adressehttp://cnpf.ca/documents/Cadre_national_collaboration_DPE.pdf.

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du Fonds au sein de la communauté anglophoneet le fait qu’il ne satisfait pas adéquatement à sesbesoins. Toutefois, le QCGN envisage d’effectuerun sondage pour déterminer les besoins de lapopulation anglophone en matière de justice. Lesrésultats permettront à la communauté anglo-québécoise de trouver les meilleures stratégies àsuivre et ainsi de profiter du financement offertpar le Fonds d’appui.

Enfin, lors de la rencontre du sous-comité consultatifsur l’accès à la justice en novembre 2007,Justice Canada s’est appuyé sur l’évaluation duFonds d’appui et les commentaires des participantspour proposer le maintien du Fonds d’appui et lacréation d’un consortium de formation en justice.Ce consortium viserait à mettre à la disposition dusystème judiciaire des ressources bilingues afinque la population canadienne reçoive des servicesdans l’une ou l’autre des langues officielles. Lecommissaire accueille favorablement cette propositionqui ciblerait la formation des étudiants quientreprendront une carrière en justice, le perfectionnement des intervenants qui travaillentdéjà dans le système, le développement et la promotion d’outils et, enfin, le recrutement.

Dans le cadre du Plan d’action, le secteur del’immigration a reçu 9 millions de dollars surcinq ans pour favoriser l’immigration dans lescommunautés francophones et la rétention desimmigrants francophones. Le commissaire s’estréjoui que Citoyenneté et Immigration Canada alancé son plan stratégique en septembre 2006.Toutefois, ce plan n’est toujours pas assorti d’unmontage financier précis. Le Ministère affirmeque le financement proviendra des budgets defonctionnement de ses services d’établissement,mais une certaine inquiétude plane. Rappelonsque dans plusieurs provinces, les servicesd’accueil des immigrants francophones sont pourainsi dire inexistants et que tout le travail reste àfaire. Dans les années à venir, le Ministère doitnotamment appuyer les activités du comitédirecteur pour l’immigration francophone, dont lerôle est essentiel pour faire progresser le dossier.Il doit aussi faire en sorte que les provincesdirigent une part raisonnable des transferts defonds fédéraux vers les communautésfrancophones afin que ces dernières puissentorganiser et offrir des services en français. Enfin,le commissaire souscrit à l’idée de miser sur lescommunautés de langue officielle qui veulentamorcer une démarche dans le domaine del’immigration24.

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24 Pour de plus amples renseignements sur l’immigration, voir le chapitre II, à la page 60.

Belle réussite : la justice

Les procureurs bilingues de la Couronneet les intervenants du système judiciairepénal en Ontario peuvent désormaissuivre une formation professionnelle etlinguistique en français grâce au nouvelInstitut de développement professionnelen langue française. L’Institut a été missur pied par le Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur l’accès à lajustice dans les deux langues officielles,en collaboration avec le ministère duProcureur général de l’Ontario. LeGroupe de travail veut maintenant créerun réseau de procureurs bilingues àl’échelle du Canada.

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Belle réussite : l’immigration

En octobre 2002, la communautéfrancophone du Manitoba s’est réunieafin de définir des moyens pour favoriserl’arrivée d’un plus grand nombre defrancophones dans la province. À la mêmeépoque, le gouvernement provincials’interrogeait sur les mesures à prendrepour accroître sa population. Leursefforts concertés ont porté fruits. En 2005,la province accueillait 10 000 immigrants,une hausse remarquable comparativementà la moyenne de 3 500 qu’elle avaitconnue jusqu’en 2003.

Du côté de la communautéanglophone du Québec, le QCGN aprésenté un mémoire à la Commissionspéciale sur l’immigration de l’Assembléenationale en octobre 2007. Environ 25 p. 100 de la communautéanglophone est née à l’étranger et,tout au long de l’histoire, l’immigrationa contribué de manière fondamentaleà façonner cette communauté.

La communauté anglophonecomprend que les immigrants doiventêtre capables de parler français pourbien s’intégrer, et elle appuie ce pointde vue. Le QCGN estime toutefois queles immigrants anglophones peuventadopter le français sans renoncer àfaire partie de la communautéanglophone. Ainsi, le QCGN aexprimé sa volonté de collaborer avecles institutions gouvernementalesdans le cadre des processus de sélectionet d’intégration des nouveaux arrivants.

Évidemment, le développement économique joueun rôle de premier plan dans l’épanouissementdes communautés de langue officielle. Dans cedomaine, le Plan d’action a surtout cherché àagir sur trois aspects de l’employabilité dans lescommunautés : la capacité de participer àl’économie du savoir; les stages en entreprise etla formation en ligne; un meilleur accès auxprogrammes de développement économiqueexistants. Or, le commissaire brosse un tableauplutôt mitigé des progrès réalisés dans cettesphère d’activité. D’un côté, l’effet bénéfique decertaines stratégies est indéniable. On pensenotamment à la stabilisation du financement duRéseau de développement économique etd’employabilité (RDÉE) et des Comitésd’employabilité et du développement économiquecommunautaire (CEDEC) grâce au Fondsd’habilitation, auquel on a alloué 36 millions dedollars sur trois ans à partir de 2005. Enrevanche, les mesures prises ne semblent pasêtre ancrées dans une vision globale à longterme, ce qui amène le commissaire à qualifierde plutôt fragmentaires les efforts dans cedomaine. Compte tenu du rôle crucial que cesorganismes jouent au sein des communautés, ilest dans l’ordre des choses de renouveler leurfinancement à plus long terme pour qu’ilspuissent mettre en œuvre leurs plansstratégiques.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

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Les premières années de mise en œuvre du Pland’action ont permis de fonder de grands espoirsen matière d’alphabétisation dans la langue de laminorité. Le Bureau de l’alphabétisation et descompétences essentielles (anciennement appeléSecrétariat national à l’alphabétisation) deRessources humaines et Développement socialCanada a bien amorcé le processus en créant desstructures pour exécuter divers projetscommunautaires. Toutefois, les compressionsbudgétaires de 2006 ont ralenti le travail desorganismes qui veillaient à la mise en œuvre deces initiatives. Malgré tout, la Fédérationcanadienne pour l’alphabétisation en français(FCAF) fait état de progrès satisfaisants enalphabétisation familiale. Les fonds du Pland’action ont permis de poursuivre la formationd’intervenants en alphabétisation, d’augmenter lenombre de points de service et de lancer unecampagne nationale de sensibilisation àl’importance de la lecture en famille. En mars2008, la Fédération a tenu un colloque nationalsur l’alphabétisation familiale. Le Manitoba et leNouveau-Brunswick ont été particulièrementactifs et ont lancé de nombreuses activitésportant sur l’alphabétisation familiale. La FCAFjuge que le financement du Plan d’action apermis de jeter les bases d’une action nationaleconcertée visant l’alphabétisation, mais qu’unénorme travail l’attend. En effet, de nombreusesétudes rapportent des taux d’analphabétismeplus élevés chez les francophones (au Québec età l’extérieur du Québec) que chez lesanglophones25. Pour s’attaquer à ce problème,des fonds accrus seront nécessaires.

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Belle réussite : l’alphabétisation

Chaque année, grâce à l’appui dePostes Canada et aux fonds du Pland’action, la Fédération canadienne pourl’alphabétisation en français publie descentaines de milliers d’exemplaires d’unsignet pour souligner, le 27 janvier, laJournée de l’alphabétisation familiale.Ces signets encouragent les parents àlire avec leurs enfants. En janvier, laFédération distribue ces signets dans laplupart des écoles francophones dansles provinces et les territoires canadiens,ainsi que dans les centres d’alphabétisationet les bibliothèques publiques.

25 Lynn Barr-Telford, François Nault et Jean Pignal, Miser sur nos compétences : Résultats canadiens de l'Enquête internationale surl'alphabétisation et les compétences des adultes, Ottawa, Statistique Canada et Ressources humaines et Développement des compétencesCanada, novembre 2005. Voir également Jean-Pierre Corbeil, Le volet canadien de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et lescompétences des adultes de 2003 (EIACA) : état de la situation chez les minorités de langue officielle, Ottawa, Statistique Canada, décembre 2006.

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Belle réussite : Par le bon bout de la lorgnette

Le Conseil fédéral du Québec a tenu sa conférence semestrielle sur le renouvellement de lafonction publique les 15 et 16 novembre 2007 à Québec. Le comité organisateur tenait àce que cette importante manifestation se déroule dans le respect de la Loi sur les languesofficielles et que tous les participants se sentent à l’aise d’utiliser la langue officielle de leurchoix. La conférence a été particulièrement réussie grâce à l’approche novatrice utilisée parles organisateurs pour que la conférence ait eu lieu dans les deux langues officielles, sansqu’on se limite au respect strict des règles. Les organisateurs ont mis de côté la formuleminimaliste (et souvent restrictive) qui consiste à distribuer les documents dans les deuxlangues et à offrir des services d’interprétation simultanée. Animée en français et en anglaisde façon impeccable et harmonieuse par une personnalité des médias bien connue,Christopher Hall, la conférence a montré comment des manifestations d’envergure peuventdevenir des vitrines de la dualité linguistique au sein de la fonction publique fédérale dansles régions. Elle prouve aussi qu’il peut être réellement avantageux pour une organisationde ne pas s’en tenir à la lettre de la Loi, mais de faire autant d’efforts pour en respecterl’esprit.

Troisième axe : la fonction publique

Le troisième axe du Plan d’action aborde lescommunications et la prestation des services, lalangue de travail et la participation desCanadiens d’expression française et anglaise à lafonction publique fédérale.

Cet axe a comme objectif d’augmenter le taux debilinguisme chez les fonctionnaires et d’améliorerla qualité des services bilingues. Exception faitede la campagne de sensibilisation de l’Agence dela fonction publique du Canada26, le rendementdu Plan d’action est décevant dans ce domaine.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

26 Pour de plus amples renseignements sur la campagne de sensibilisation de l’Agence de la fonction publique du Canada, voir le site Web del’Agence à l’adresse www.psagency-agencefp.gc.ca/ollo/campaign-campagne/index_f.asp.

Le commissaire a mis en lumière les nombreuxproblèmes systémiques qui persistent au sein desinstitutions fédérales à ce sujet. Comme nousl’avons déjà dit, les efforts du gouvernement pouraméliorer l’application de la Loi dans lesinstitutions ont été ralentis par les compressionsbudgétaires de 2006, notamment parl’élimination du Programme d’innovation. Ceprogramme, créé dans le cadre du Plan d’actionet grâce à l’appui offert aux conseils fédérauxrégionaux, a permis de lancer une fouled’initiatives visant le bilinguisme de la fonctionpublique partout au Canada. L’abolition duProgramme a réduit considérablement l’ardeurdes institutions fédérales à chercher des

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Belle réussite : la fonction publique

En 2005, l’Agence de gestion desressources humaines de la fonctionpublique du Canada (qui est devenueplus tard l’Agence de la fonctionpublique du Canada) a lancé uneinitiative intéressante, soit le Forum desbonnes pratiques en matière de languesofficielles. Chaque année, le Forumpermet aux institutions fédérales demettre en commun leurs pratiquesexemplaires en matière de service aupublic, de langue de travail, depromotion du français et de l’anglais etd’appui aux communautés de langueofficielle en situation minoritaire28.

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27 Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, Prêcher par l’exemple : le bilinguisme au sein de la fonction publiquedans le cadre du renouvellement du plan d’action pour les langues officielles, troisième rapport du Comité permanent des langues officielles,39e législature, 2e session, Ottawa, mars 2008.

28 Pour de plus amples renseignements sur cette belle réussite, voir le site Web de l’Agence de la fonction publique du Canada à l’adresse www.psagency-agencefp.gc.ca/ollo/forum/gp-bp-2006/summary-resume_f.asp.

29 Pour de plus amples renseignements sur le rapport de mi-parcours, voir le site Web de Patrimoine canadien à l’adresse www.pch.gc.ca/pc-ch/consultations/lo-ol_2007/03_f.cfm.

Quatrième axe : l’industrie de la langue

Le Plan d’action a fait état du rôle majeur quepeut jouer l’industrie de langue (la traduction etl’interprétation, la formation linguistique et lestechnologies langagières) pour permettre auCanada de favoriser la dualité linguistique etd’accroître le bilinguisme. Or, depuis plusieursannées, l’industrie est aux prises avec unesérieuse pénurie de main-d’œuvre. Le Pland’action a donc prévu la somme de 10 millionsde dollars sur cinq ans pour accélérer lerecrutement des futurs professionnels de lalangue et permettre au secteur d’améliorer sonimage de marque et d’assurer sonpositionnement stratégique à l’échelle mondiale.Cette injection de fonds a mené à la création del’Association de l’industrie de la langue (AILIA),qui depuis travaille à structurer le réseau desprofessionnels de la langue au Canada et àélaborer une stratégie technologique.L’Association se penche aussi sur des mesures etdes partenariats possibles pour remédier aumanque de professionnels dans le secteur de latraduction. Il s’agit d’un enjeu majeur pour l’avenird’un pays bilingue. Le commissaire espère que leprochain plan d’action permettra à l’Association decontinuer dans cette voie.

Le Plan d’action a aussi permis la création duCentre de recherche en technologies langagières,grâce à des fonds de 10 millions de dollars surcinq ans. Situé à Gatineau (Québec), le Centre sepenche sur la recherche et le développementd’outils et de logiciels d’aide à la traduction.

Selon le rapport de mi-parcours du Pland’action29, publié en 2005, le Centre devaitaccueillir 150 chercheurs et experts. Bien que

solutions aux problèmes chroniques. De plus,l’Agence a elle-même subi des restrictionsbudgétaires qui compliquent sa tâche desurveillance du bilinguisme. Il s’agit littéralementd’un retour à la case départ puisque le problèmereste entier. En mars 2008, le Comité permanentdes langues officielles de la Chambre descommunes a présenté un rapport27 portant sur levolet « fonction publique » d’un futur pland’action. Il y formule 17 recommandations, et lecommissaire demande au gouvernement de lesexaminer sérieusement.

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Le Cadre d’imputabilité et de coordination en langues officielles

Durant toute l’année 2007, il a beaucoup étéquestion du nouveau plan d’action et de lanécessité de maintenir le Cadre d’imputabilité etde coordination en langues officielles pourpréciser les responsabilités de chacune desinstitutions touchées et pour définir les modalitésde la coordination horizontale.

Le Plan d’action 2003-2008 a montré le bien-fondé d’une initiative d’ensemble qui unit ungrand nombre d’institutions autour de butscommuns et qui met à contribution lescommunautés. Plusieurs le considèrent commeun outil déterminant, non seulement pour assurerla gouvernance horizontale des languesofficielles, mais aussi pour favoriserl’épanouissement des communautés de langueofficielle et promouvoir la dualité linguistique.

Le commissaire insiste sur le fait que le Cadred’imputabilité et de coordination en languesofficielles qui accompagnait le Plan d’action doitêtre revu pour refléter les nouvelles obligationsde la partie VII de la Loi ainsi que toute autremodification récente apportée à la gouvernancedes langues officielles.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

En 2006-2007, le commissaire avaitrecommandé :

« que la ministre des Langues officiellesrevoie le Cadre d’imputabilité et decoordination en langues officielles en tenantcompte des changements apportés à lagouvernance des langues officielles etdes nouvelles obligations des institutionsfédérales qui découlent des modificationslégislatives de novembre 2005. »

Belle réussite : l’industrie de la langue

Le projet Transcheck-2 du Centre derecherche en technologies langagièresvise à créer un logiciel qui détectera leserreurs de traduction (termes techniques,noms propres, données chiffrées,anglicismes, calques) et les mots oubliésou superflus. Grâce au rapportd’information que le logiciel produiraaprès avoir analysé le texte traduit, letraducteur pourra corriger les erreursdétectées et ainsi améliorer la qualité de son travail plus rapidement et à moindre coût.

Le gouvernement a mené une étude30 en 2006pour mieux comprendre la structure économique,les principales tendances et les retombéeséconomiques de l’industrie de la langue. Ellesouligne la forte croissance de cette industrie auCanada, en particulier chez les entreprises deformation linguistique de la Colombie-Britannique. Le potentiel économique et lapénurie de main-d’œuvre constituent de bonnesraisons d’investir dans ce secteur.

cet objectif soit loin d’être atteint, quelquesprojets prometteurs sont en cours. La rechercheet le développement dans ce domaine exigent untravail de longue haleine ainsi que des fondsimportants. Le gouvernement doit continuerd’appuyer ce secteur, d’autant plus qu’il va toutà fait dans le sens de la stratégie dugouvernement actuel de miser sur la recherchetechnologique et la commercialisation desproduits de la recherche. M. Lord a d’ailleursreconnu l’importance de ce secteur pour laprogression de la dualité linguistique au pays.

30 Statistique Canada, Enquête sur les entreprises de l’industrie de la langue au Canada : traduction, interprétation et formation linguistique,Canada, 2006.

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linguistique vers l’anglais. Quant à eux, lesanglophones du Québec se préoccupent avecraison de l’exode de leurs jeunes vers d’autresprovinces, de l’accès aux services de santé enanglais, des perspectives d’emploi et del’apprentissage de leur langue seconde pourpouvoir participer pleinement à la sociétéquébécoise. Le nouveau Plan d’action doits’attaquer fermement à ces enjeux.

Le commissaire a également maintes foisexprimé le souhait qu’on insiste davantage sur lapromotion de la dualité linguistique auprès de lapopulation, notamment les jeunes et lesnouveaux arrivants. Qui plus est, il a réitéré nonseulement l’importance pour les jeunesd’apprendre une deuxième langue officielle, maisil a aussi insisté sur la richesse qui découle del’apprentissage de la culture associée à cettelangue. Pour les membres de la majorité,l’apprentissage d’une langue seconde et de laculture qui lui est associée est un moyenprivilégié de bâtir des ponts avec lescommunautés de langue officielle. La nouvelleinitiative du gouvernement devra établir lespriorités des interventions dans ce sens.

Enfin, l’épanouissement des communautés delangue officielle dépend de plus en plus desmesures prises par les provinces et les territoires,à la fois dans les domaines de l’éducation, de lasanté et de l’immigration. Le commissaire a étéheureux d’entendre les ministres provinciaux desAffaires francophones déclarer, en septembredernier, qu’ils appuyaient fermement lerenouvellement du Plan d’action 2003-2008.

Le commissaire exhorte donc le gouvernement àlever le voile le plus rapidement possible sur sesintentions réelles à l’égard de la nouvelle phasedu Plan d’action.

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Les autres attentes du commissaire

Dans son rapport, Bernard Lord énonce 14recommandations et met l’accent sur quatresecteurs qu’il considère comme étantprimordiaux pour l’épanouissement descommunautés, soit l’éducation, la santé,l’immigration et les arts et la culture. Lecommissaire est d’accord à ce que ces secteursrestent au cœur du Plan d’action et se réjouitparticulièrement de la recommandation demonsieur Lord d’inclure les arts et la culture, unerecommandation qui fait écho à la sienneprésentée dans son rapport annuel de 2006-2007. Cependant, le commissaire constate avecregret que certains autres secteurs égalementcruciaux, tels que l’alphabétisation, la petiteenfance et l’accès à la justice dans la langueofficielle de son choix ne sont pas mentionnés.Les communautés de langue officielle ensituation minoritaire ainsi que le Comitépermanent de la chambre des communes sur leslangues officielles ont déjà clairement indiquél’importance de ces secteurs-clé pour ledéveloppement des communautés et lecommissaire espère vivement que ces enjeuxtrouveront une place de choix dans la futureinitiative. On ne peut passer sous silence nonplus le peu d’attention accordée dans le rapportde monsieur Lord au bilinguisme dans la fonctionpublique et au service dans les deux languesofficielles.

Les résultats du dernier recensement et del’enquête postcensitaire, dévoilés en décembre2007, donnent un éclairage plus vif à desquestions préoccupantes déjà bien connues deces communautés. Pour les francophones, outrel’accès des ayants droit aux écoles francophones,il y a les enjeux liés à la diminution de leur poidsdémographique et au taux de transfert

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les changements dans la gouvernance deslangues officielles et, d’autre part, de faire desrecommandations pour améliorer la coordinationhorizontale de l’action gouvernementale en lamatière.

Le commissaire a accepté d’examiner cettequestion de plus près en faisant appel auprofesseur Donald Savoie, expert reconnu dans ledomaine de l’administration publique. Ce derniera reçu le mandat d’étudier l’état actuel de lagouvernance horizontale en matière de languesofficielles et de prodiguer des conseils pratiques.

La structure actuelle de la gouvernance horizontaleen langues officielles

La gouvernance des langues officielles s’organised’abord autour de la Loi, dont découlent unrèglement, des mécanismes de mise en œuvre,des politiques et des directives de toutes sortes.

La Loi indique clairement que Patrimoinecanadien et le Secrétariat du Conseil du Trésorsont responsables de coordonner l’actiongouvernementale et de rendre des comptes auParlement au nom du gouvernement.

Le Cadre d’imputabilité et de coordination enlangues officielles33 est au nombre desmécanismes de coordination horizontale dont cesministères disposent. Issu du Plan d’action2003-2008, ce document explique le rôle et lesresponsabilités des institutions fédérales dans lamise en œuvre de leurs obligations en matière de

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

LA GOUVERNANCE HORIZONTALE ET LA CONCERTATION

Bien qu’elles remplissent des mandatsparticuliers et établissent des priorités qui leursont propres, toutes les institutions fédéralespartagent des obligations statutaires en ce quiconcerne les langues officielles.

Vu leurs responsabilités communes, lesinstitutions fédérales sont toutes appelées àmettre en œuvre la Loi et à collaborer dans lesdossiers liés aux langues officielles. Il est doncimportant de promouvoir une certaine cohérencedans la mise en œuvre des politiques et programmesqui sont sous la responsabilité des différentesinstitutions – de là le vocable « gouvernancehorizontale »31. Au fil des ans, les institutionsont établi des mécanismes et des pratiques quicaractérisent les rapports qu’elles entretiennent.

Or, en février 2006, le gouvernement fédéral aapporté d’importants changements à la structurede gouvernance des langues officielles. Parmiceux-ci, la fonction d’appui à la coordination deslangues officielles, auparavant confiée au Bureaudu Conseil privé, a été transférée à Patrimoinecanadien. Plusieurs observateurs avertis ontexprimé leur inquiétude à l’égard de ce transfertet les incidences qu’il pourrait engendrer sur lagestion horizontale des langues officielles.

C’est notamment le cas du Comité sénatorialpermanent des langues officielles, qui s’estinterrogé sur les répercussions de ce changementau sein de l’administration publique dans sonrapport sur le déménagement des sièges sociauxpublié le 8 mai 200732. Le Comité a doncrecommandé au commissaire de se saisir dudossier. Il lui a demandé, d’une part, d’analyser

31 La gouvernance horizontale est aussi définie comme la gestion de programmes publics qui sont livrés par plus d’une organisation et dont il faut assurer la cohérence.

32 Comité sénatorial permanent des langues officielles, Le déménagement de sièges sociaux d’institutions fédérales : des droits linguistiques à respecter, Ottawa, mai 2007.

33 Pour de plus amples renseignements sur le Cadre d’imputabilité et de coordination en langues officielles, voir le site Web de Patrimoine canadien à l’adresse www.patrimoinecanadien.gc.ca/progs/lo-ol/legislation/bill_S7_f.cfm.

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langues officielles. Ces ministères peuvent aussise servir du Cadre horizontal de gestion et deresponsabilisation axé sur les résultats34.Présenté dans le Rapport de mi-parcours de2005 du Plan d’action de 2003-2008, le Cadrehorizontal réaffirme la nécessité de mettre enplace une structure efficace de coordinationinterministérielle pour que toutes les institutionsfédérales remplissent leurs obligations.

De plus, plusieurs comités ont été institués auxdifférents échelons décisionnels pour concrétiserl’approche gouvernementale à l’égard deslangues officielles. Par le passé, il existait descomités qui regroupaient des ministres etd’autres qui étaient formés de sous-ministres.Aujourd’hui, on ne compte qu’un comité deslangues officielles qui rassemble des sous-ministres adjoints.

Il y a aussi, parmi les membres de la hautedirection des institutions fédérales, deschampions qui font la promotion de tous lesaspects liés aux langues officielles. Par ailleurs,de nombreuses institutions ont nommé descoordonnateurs nationaux de la partie VII. Ceréseau est coordonné par Patrimoine canadien.

À la tête de la structure administrative, leministre des Langues officielles veille à lacoordination horizontale du dossier. Entre 2001et 2006, le ministre des Langues officielles a pucompter sur l’appui administratif du Secrétariatdes langues officielles du Bureau du Conseilprivé. Comme nous l’avons déjà mentionné, leSecrétariat des langues officielles mis sur piedpar Patrimoine canadien accomplit cette tâchedepuis février 2006.

La gouvernance horizontale : les principes à retenir

Les grandes questions de politiques publiquesdépassent généralement le mandat ou lacompétence d’une seule institution. Lesgouvernements ne peuvent donc passer outre laquestion de la gestion horizontale. Toutefois, siau Canada comme à l’étranger, de nombreuxpraticiens et théoriciens ont proposé des moyensde renforcer la gestion horizontale desadministrations gouvernementales, il n’y a hélaspas de solution miracle.

De nombreux tenants de l’horizontalitédénoncent la tendance des institutions àtravailler en vases clos. Le cas échéant, on nedevrait peut-être pas s’en étonner puisque lesadministrations publiques mènent leurs activitésen fonction des mandats respectifs desinstitutions. Or, les administrations publiquessont évaluées surtout d’après leur capacité àexécuter précisément des fonctions exclusives età minimiser les chevauchements.

Même s’il existe des pressions sociales,politiques et même administratives pour mettreen pratique l’horizontalité, les institutionsfédérales ne sont pas naturellement disposées àle faire. Cette situation s’explique en partie par lefait que la reddition de comptes au sein de lafonction publique se fait largement du bas versle haut. Chaque unité administrative doit rendredes comptes à l’échelon supérieur. Il faut aussiadmettre que les relations interinstitutionnellessont souvent davantage conditionnées par laconcurrence – pour obtenir une part plus grandede fonds publics – que par un véritable désir decollaboration.

Il existe donc d’importantes contraintes à lagestion horizontale dans les administrationspubliques modernes. Il faut s’attaquer à cesobstacles si on veut permettre à une nouvellephilosophie de gestion de prendre racine.

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34 Pour de plus amples renseignements sur le Cadre horizontal de gestion et de responsabilisation axé sur les résultats, voir le site Web dePatrimoine canadien à l’adresse www.pch.gc.ca/pc-ch/consultations/lo-ol_2007/03_f.cfm.

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Cette vision du rôle d’un organisme centralpourrait d’ailleurs être à l’origine de la décisionde transférer le Secrétariat des langues officiellesdu Bureau du Conseil privé à Patrimoinecanadien. Bien qu’aucune explication n’ait étédonnée au moment du transfert, cette décisionsemble conforme aux vues exprimées par legreffier du Conseil privé voulant que lesorganismes centraux ne doivent pas gérer desprogrammes ou des politiques.

Il n’en demeure pas moins que, pour lecommissaire et d’autres observateurs, ce transferta été la preuve d’un affaiblissement de la volontépolitique d’assurer une coordination horizontaledu dossier des langues officielles et de mettre enplace les moyens nécessaires à cettecoordination. Cette décision a eu un effet boulede neige au sein de la fonction publique. Selonle commissaire, le gouvernement a alors envoyéle message que le dossier des langues officiellesn’était plus prioritaire.

Il convient toutefois de préciser qu’il y a aussides limites inhérentes à la promotion d’objectifshorizontaux par les institutions. D’une part, sil’on considère la hiérarchie gouvernementale, lesinstitutions sont toutes sur un pied d’égalité.Elles sont donc moins aptes à diriger un dossierdont la portée s’étend à l’ensemble dugouvernement. Donald Savoie souligne d’ailleursqu’une institution peut difficilement s’élever audessus des autres pour jouer un rôle decoordination. La rivalité est telle que les autresinstitutions pourraient y voir une forme deconcurrence déloyale. D’autre part, lesinstitutions pourraient avoir tendance à laisser àl’organisation chargée de la coordinationhorizontale le soin de « s’occuper du problème »alors qu’elles vaquent à leurs propresoccupations.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Deux grands facteurs permettent aux institutionsde collaborer davantage pour atteindre lesobjectifs à l’échelle du gouvernement. Il faut toutd’abord un engagement clair, fort et soutenu del’exécutif politique (c’est-à-dire le premierministre, son bureau et son cabinet), et ensuite,un appareil administratif qui a tous les outilsnécessaires pour donner forme à cet engagement.

Un engagement politique ne se concrétise passans un solide soutien administratif. Dès lors,une question se pose : à qui serait-il préférablede confier la responsabilité administrative depromouvoir l’horizontalité? À un organismecentral ou à un ministère?

Les organismes centraux sont généralementmieux placés pour faire la promotion del’horizontalité au sein de la fonction publiquepuisqu’ils ont un mandat de surveillance del’élaboration des politiques dans l’ensemble dugouvernement. Ils peuvent aussi exercer uneinfluence considérable sur le travail desinstitutions. Les organismes centraux, et enparticulier le Bureau du Conseil privé, « jouent unrôle important dans la gestion des questionshorizontales, notamment en clarifiant lesrelations parmi les initiatives courantes, en fixantles priorités et en gérant la charge de travail desministères en matière de politiques35. »

Toutefois, les organismes centraux dugouvernement fédéral ne sont pas infaillibles enla matière du fait qu’ils n’ont souvent pasl’expertise sectorielle des institutions et qu’ilsont tendance à éviter les responsabilités liées àla mise en œuvre des programmes. Ils ontsouvent pour fonction première d’évaluerobjectivement les différentes options de politiquespubliques et de conseiller l’exécutif. Par ailleurs,en règle générale, ils n’ont pas de bureauxrégionaux, ce qui les éloignent considérablementde la réalité vécue par les communautés.

35 Bureau du Conseil privé, Groupe de travail sur les questions horizontales, Ottawa, décembre 1996, p. 12. Rapport déposé par le groupe de travail composé de sous-ministres.

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Monsieur Savoie signale qu’il ne faut pas sesurprendre d’un certain va-et-vient dans lesdécisions touchant la gouvernance horizontale.Les gouvernements procèdent par essais et erreurspour mieux assurer la coordination des dossiers.

Reconnaissant donc les limites inhérentes à lagestion horizontale du point de vue des institutionset des organismes centraux, on ne peut queconclure que l’horizontalité devient en quelquesorte un défi permanent pour le gouvernement.En effet, il n’existe pas de modèle universel degouvernance horizontale, mais plutôt une variétéd’approches répondant aux particularités dechaque situation. Le commissaire tient toutefoisà souligner que le dossier des langues officiellesse distingue clairement des autres dossiershorizontaux puisqu’il enjoint l’ensemble desinstitutions fédérales à remplir des obligationscommunes et qu’il est lié aux valeursfondamentales et à l’unité nationale du pays.Puisque toutes les institutions fédérales ont lesmêmes obligations, il semble approprié qu’ellesse concertent davantage pour atteindrecollectivement de meilleurs résultats pour lescitoyens et les communautés de langue officielle.

L’appréciation de la coordination actuelle de la gouvernance horizontale

Le programme des langues officielles du Canadase révèle comme un exemple particulièrementinstructif pour l’étude de la gestion horizontale. Ilillustre à la fois les forces et les faiblessesintrinsèques à cette pratique de gestion.

Énumérons d’abord les principales forces. Lerenforcement de la partie VII de la Loi en 2005oblige chacune des institutions fédérales àpleinement mettre en œuvre les objectifs liés audéveloppement des communautés de langueofficielle et à la promotion de la dualité

linguistique dans la société canadienne. Il s’agitd’une réaffirmation de la nature horizontale dudossier des langues officielles. De plus, ledernier discours du Trône a donné l’impressionque le gouvernement entend poursuivre sonengagement par rapport au Plan d’action pour leslangues officielles et, du même coup, sa gestionhorizontale du dossier.

Les travaux de monsieur Savoie ont aussi permisde faire ressortir une autre force. Dans le cadrede ses consultations parmi les membres de lahaute fonction publique, le professeur Savoie aperçu un engagement ferme face au dossier deslangues officielles. Il semble se dégager un largeconsensus parmi les fonctionnaires à l’effet queles institutions fédérales doivent prendre lesmesures appropriées pour réaliser les objectifs dela politique canadienne en matière de languesofficielles. Certains ont rappelé tout le cheminparcouru depuis 1969, à la fois dans la fonctionpublique et dans la société canadienne. Ilssoulignent qu’il y a un impressionnant éventaild’outils et de mécanismes de coordinationhorizontale comparativement à d’autres domainesde politiques publiques et ils ont raison. Saufqu’il y a encore un bon bout de chemin àparcourir!

Si le discours du Trône de l’automne 2007 etl’énoncé budgétaire ont permis de fonder certainsespoirs au sujet de l’avenir du Plan d’action, certainsrépondants rencontrés par monsieur Savoie dansle cadre de ses consultations ont observé unediminution du leadership depuis que laresponsabilité de la coordination des languesofficielles a été transférée du Bureau du Conseilprivé à Patrimoine canadien. De plus, la majoritédes répondants estiment qu’il est nécessaire defournir un nouvel appui à cet égard, en particulierà la lumière de la décision du gouvernement delancer un nouveau Plan d’action.

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Compte tenu du rôle qu’il joue déjà à l’égard duPlan d’action pour les langues officielles, leSecrétariat des langues officielles devrait, encollaboration avec le Bureau du Conseil privé,fournir un appui au Cabinet et au Comité spécialde ministres. Plusieurs aspects du contexteactuel pourraient être examinés par le Cabinet,dont la mise en œuvre du Plan d’action, laquestion des mesures positives et les languesofficielles au sein de la fonction publique.

Monsieur Savoie a observé une autre faiblesse.Les langues officielles ne jouissent pasprésentement de la prépondérance qu’ellesméritent dans les ententes de responsabilisationdes sous-ministres. Ces ententes font référenceau Cadre de responsabilisation de gestion et auxCompétences en leadership qui couvrent laprestation des services au public et à la capacitéde satisfaire à la fois à cette exigence et au désirdes employés de travailler dans la langueofficielle de leur choix. Toutefois, en dépit de lamodification récente de la Loi, les sous-ministresne sont pas tenus responsables des activités deleur ministère en matière de promotion de ladualité linguistique et d’épanouissement descommunautés de langue officielle. Pour envoyerun message clair à l’appareil fédéral au sujet del’importance que le gouvernement accorde audossier des langues officielles, les sous-ministresdoivent être tenus responsables des résultats.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que le greffierdu Conseil privé fasse en sorte que l’évaluation annuelle du rendement dessous-ministres tienne compte des effortsde mise en œuvre de l’ensemble de la Loi sur les langues officielles,particulièrement de la partie VII.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Devant ce constat, le commissaire souhaite voirdes efforts renouvelés pour renforcer lagouvernance horizontale des langues officielles.Étant donné que la dualité linguistique est aucœur de l’unité canadienne et qu’elle constitueune valeur fondamentale du pays, sa promotionne peut pas se faire en mode « pilote automatique ».

Le commissaire formule donc des recommandationstouchant à la fois le leadership politique etadministratif et le rôle du Secrétariat des languesofficielles en tant que mécanisme de coordination.

Tout d’abord, comme le souligne Donald Savoie, leleadership politique est la condition sine qua nonde la bonne gouvernance horizontale. Sans volontépolitique clairement communiquée à l’ensemblede l’appareil administratif, on risque fort de seretrouver dans des conditions qui sont non sansrappeler la cacophonie de l’orchestre qui tente des’accorder, mais qui n’arrive pas à s’entendre.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que le premier ministre :

a) crée un comité spécial de ministres présidé par la ministre des Langues officielles pour guider la pleine mise en œuvre du nouveauplan d’action et des obligations linguistiques au sein de toutes lesinstitutions fédérales;

b) fasse en sorte que le Cabinet, appuyépar le Secrétariat des languesofficielles, dresse le bilan du dossierdes langues officielles au moins unefois par année;

c) fasse en sorte que le Secrétariat deslangues officielles dispose de l’autoriténécessaire pour assumer un rôle decoordination horizontale en vue demettre en œuvre l’ensemble de la Loisur les langues officielles.

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L’analyse de Donald Savoie met aussi en lumièred’autres faiblesses. De nombreux fonctionnairessemblent fatigués d’appuyer la lourdeuradministrative occasionnée par la quantité derapports que doivent fournir les institutions sur lamise en œuvre des différentes parties de la Loi.Les exigences sont devenues un fardeau quientrave la coopération interministérielle au lieude la promouvoir. Au lieu de favoriser l’atteintede résultats tangibles, cette situation encourageune culture de paperasse administrative. De plus,certains outils ne sont pas encore harmonisés àl’actuel régime de langues officielles.

En conséquence,

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que laministre des Langues officielles donne auSecrétariat des langues officielles lemandat d’examiner les exigences enmatière de responsabilisation et derapports en langues officielles dans le butd’alléger les processus et surtout, derenforcer l’accent sur l’atteinte de résultats.

Une telle étude pourrait être menée par leSecrétariat des langues officielles avec lacollaboration des autres institutions qui jouentun rôle clé en matière de gestion du programmedes langues officielles. Elle devrait prévoirl’analyse des rapports produits par lesinstitutions sur les parties IV à VII de la Loi.

Par ailleurs, Patrimoine canadien doit faire toutce qu’il peut pour procurer au Secrétariat uneplus grande visibilité et une forte présence ausein de l’appareil gouvernemental à Ottawa, sousle leadership de la ministre et de la haute gestiondu Ministère. Certaines des recommandationsvisent à donner une plus grande visibilité auSecrétariat aux langues officielles. Legouvernement pourrait en voir d’autres. L’objectifest de permettre au Secrétariat d’adopter uneperspective beaucoup plus large plutôt que de seconcentrer sur le Plan d’action ou sur leMinistère, et les autres ministères et organismesdevraient considérer que le Secrétariat possèdeun mandat pangouvernemental.

Enfin, comme nous l’avons vu, les languesofficielles constituent un terrain propice à l’étudedes bien-fondés de la gouvernance horizontale.Le travail du Secrétariat des langues officiellespourrait être un laboratoire intéressant pourobserver les forces et les faiblesses de lagouvernance horizontale. Une étude ou desprojets pilotes pourraient déboucher sur desidées novatrices qui satisfont à la fois auxobligations linguistiques et aux exigences de laresponsabilisation horizontale et verticale au seinde la fonction publique.

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Une fonction publique vieillissante

La moyenne d’âge des fonctionnaires estde 45 ans, soit 5 ans de plus qu’en1990. La moyenne d’âge d’un cadre dela fonction publique est de 50 ans. L’âgemoyen du nouveau cadre est de 46 ans.

Bien que le taux de départ soitgénéralement bas dans la fonctionpublique par comparaison avec lesecteur privé, il est prévu que les départsà la retraite atteindront leur pointculminant vers 2013 et que leur nombrediminuera lentement par la suite.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

LE RENOUVELLEMENT DE LA FONCTION PUBLIQUE

La fonction publique fédérale est aux premièreslignes de la mise en œuvre du régime canadiendes langues officielles. Elle représente legouvernement fédéral aux yeux des citoyens.C’est donc souvent à travers elle que se traduitclairement et concrètement l’engagement dugouvernement à l’égard de la dualité linguistiquecanadienne.

À l’heure actuelle, la fonction publique doitrelever d’importants défis. D’abord, plus de lamoitié de ses fonctionnaires sont âgés de 45 à64 ans, ce qui suppose le départ à la retraited’un très grand nombre d’entre eux dans lesannées à venir. Par ailleurs, l’administrationfédérale doit satisfaire aux attentes toujours plusgrandes des citoyens qui exigent des servicesefficaces, une saine gestion et une reddition decomptes. La fonction publique doit aussi mieuxrefléter la diversité canadienne et les membresdes minorités visibles qui la composent36. Toutcela dans un contexte où la concurrence avec lesecteur privé pour attirer les meilleurs candidatss’intensifie et où les technologies transformentles façons de faire.

L’administration fédérale doit donc s’adapterpour conserver sa place dans une société enconstante évolution. Et le gouvernement y veille.

36 La proportion des membres des minorités visibles au sein de la fonction publique est inférieure à leur disponibilité sur le marché du travail,selon le Rapport annuel 2005-2006 de la Commission de la fonction publique, p. 103 et 104.

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Le greffier du Conseil privé a fixé quatre grandespriorités pour le renouvellement de la fonctionpublique :

accroître les activités de planification desressources humaines au sein des ministèreset des organismes gouvernementaux;

améliorer les activités liées au recrutement denouveaux effectifs;

bonifier le perfectionnement des employés;

moderniser les processus administratifs et lessystèmes liés aux ressources humaines37.

De plus, pour appuyer le processus derenouvellement, le gouvernement a constituédeux comités : le Comité de sous-ministres sur lerenouvellement de la fonction publique, sousl’égide du Bureau du Conseil privé, et le Comitéconsultatif sur l’avenir de la fonction publique,un comité externe mis sur pied par le premierministre en novembre 2006.

« […] nous considérons que lerenouvellement de la fonctionpublique du Canada doit refléter unnouvel engagement envers le respectdes obligations de la Loi sur les languesofficielles – tant en ce qui concerne leservice au public que la langue detravail au sein de l’administrationfédérale. En tant qu’institutionnationale, la fonction publique doitobserver pleinement les valeursnationales. »

Premier rapport du Comité consultatifsur l’avenir de la fonction publique,

mars 2007

Au cours de la dernière année, le commissaire asuivi avec intérêt les travaux de ces deux comitéset s’est souvent prononcé sur la place deslangues officielles dans le processus derenouvellement de la fonction publique. Sonmessage est sans équivoque : la dualitélinguistique est une valeur fondamentale de lafonction publique et le bilinguisme est unecomposante clé de son leadership. Ces deuxéléments sont essentiels à une fonction publiquecontemporaine, efficace et reflétant les valeursde notre pays.

Les réflexions et les perspectives

Nul doute que le dossier des langues officielles aconnu sa part de succès depuis l’adoption de laLoi sur les langues officielles en 1969.Mentionnons une augmentation appréciable de lacapacité bilingue au sein de l’administrationfédérale, une proportion beaucoup plusreprésentative de francophones au service del’État qu’à l’époque de Lester B. Pearson et unplus grand nombre de fonctionnairesanglophones qui ont appris le français au fil desans grâce à la formation linguistique dispenséepar le gouvernement.

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37 Pour de plus amples renseignements sur le renouvellement de la fonction publique, voir le site Web de l’Agence de la fonction publique duCanada à l’adresse www.psagency-agencefp.gc.ca/PSR-RFP/psrenewing-renouvelerfp_f.asp.

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Malgré les progrès, force est de reconnaître quel’anglais règne toujours en maître comme langued’usage dans la plupart des bureaux fédéraux àl’extérieur du Québec. La participation desanglophones au Québec demeure un défi. Aucours des années, le Commissariat a d’ailleurssouvent fait état de problèmes chroniques dansl’appareil gouvernemental, particulièrement en cequi concerne les communications avec le public,la prestation des services et la langue de travail.À l’exception des institutions à caractère culturel,les politiques, les programmes et les activités dugouvernement sont largement conçus en anglais,et cette langue domine dans les communicationstant verbales qu’écrites. À tous les échelons dugouvernement, l’anglais prédomine, et denombreux fonctionnaires francophones se sententobligés de recourir à leur langue seconde pour sefaire comprendre.

De plus, dans l’esprit de plusieurs fonctionnairessemble s’être installée l’idée pernicieuse que ladualité linguistique et le bilinguisme ne sont quel’« affaire » des francophones. Si cetteimpression persiste, c’est que la fonctionpublique a encore beaucoup à faire pourpleinement intégrer la dualité linguistique danssa culture organisationnelle.

Pourquoi en est-il ainsi? Comment expliquerqu’après tant d’années d’efforts les languesofficielles ne soient pas plus solidement ancréesdans la culture des institutions fédérales?

En dépit de toutes les démarches entreprisespour faire en sorte que la dualité linguistiquefasse partie intégrante de la fonction publique,peu de place semble avoir été réservée auxvaleurs culturelles qui se rattachent à la langueseconde.

Belle réussite : la promotion des langues officielles

Créée dans le cadre de la Semaine deslangues officielles 2008 organisée par leComité des langues officielles du Conseilfédéral du Nouveau-Brunswick, unevidéo présente des témoignages fortsimpressionnants des membres de ceconseil sur ce que signifie pour eux ladualité linguistique. Pour la majorité deces leaders, il s’agit d’une valeur plutôtque d’une obligation, et la connaissancede l’autre langue officielle leur a ouvertune porte sur une culture complètementdifférente qu’ils ont eu la chance dedécouvrir. La vidéo fournit aussi unesimulation d’une réunion bilingue afinde rappeler les principes de base dudéroulement approprié d’une telleréunion. Le Comité des languesofficielles a reçu plusieurs commentairespositifs des personnes qui ont visionnéla vidéo. Bref, il s’agit d’un excellentoutil de promotion des langues officielles.

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La politique des langues officielles est devenueessentiellement une question de communication– communication avec le public et entre lesfonctionnaires. Dans ce contexte, on a surtoutmis l’accent sur les obligations et les exigences àsatisfaire. Bien que cette approche produise despersonnes capables de communiquer dans lesdeux langues officielles, elle ne semble pasaccroître sensiblement l’utilisation de la langueseconde ni favoriser la création d’une culturebilingue au sein des institutions fédérales.Combien de cadres ont déclaré, après avoir réussileur test linguistique, ne pas être enclins àutiliser la langue récemment apprise au travail?Combien d’autres ont affirmé ne pas avoirl’occasion de parler français au travail dans larégion de la capitale nationale où la proportionde francophones atteint pourtant 41 p. 100 del’effectif et où le français est par conséquentrépandu? Pourquoi il y a si peu de fierté àutiliser sa deuxième langue officielle? Serait-ce àcause d’un contexte rigide d’apprentissageempreint d’obligations et d’exigenceslinguistiques?

Quoi qu’il en soit, l’approche actuelle desexigences linguistiques ne parvient pas àproduire des utilisateurs de la langue seconde, cequi a malheureusement pour conséquence que lafonction publique n’incarne pas véritablement lesvaleurs de la dualité linguistique.

L’approche actuelle n’a rien de condamnable ensoi. Toutefois, on sait aujourd’hui qu’elle nesuffit pas à atteindre les objectifs fixés si elle nes’appuie pas sur des valeurs plus fondamentalesqui lui confèrent sa légitimité et suscitent unplus solide engagement. Il faut dépasser laconnaissance de la langue et s’intéresser auxvaleurs culturelles des deux collectivitéslinguistiques. Au fond, l’apprentissage de lalangue seconde et sa pratique doivent êtreperçus comme un avantage qu’on tire de lasociété et qu’on lui rend en connaissant la réalité

de l’autre groupe linguistique. Il est possibled’imaginer un avenir où les employés dugouvernement acceptent de plein gré le défid’apprendre une seconde langue officielle, touten percevant ce défi comme une responsabilitéindividuelle et une richesse culturelle.

Il n’est pas facile de répondre à ces questions.Néanmoins, elles sont pertinentes et essentiellesdans le processus de renouvellement de lafonction publique fédérale si on veut qu’elle soitle reflet d’un pays bilingue.

La recherche sur la gestion d’organisationspubliques bilingues étant pratiquementinexistante, le Commissariat a l’intentiond’entreprendre cette année une étudeapprofondie du sujet, dont les principauxobjectifs seront les suivants : examiner lesdifférences culturelles entre les francophones etles anglophones qui ont une incidence sur lemilieu de travail; la façon dont ces valeursinfluent sur les modèles de gestion; les casexemplaires d’intégration des deux languesofficielles d’organismes variés au sein de lafonction publique; les façons dont la dualitélinguistique et la diversité canadienneimprègnent l’attitude des chefs de notre pays; etles conséquences de ces constats pour la gestiond’une fonction publique bilingue.

Le commissaire espère que la présente étudealimentera les réflexions en cours et la recherchede solutions durables.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

Le recrutement d’effectifs bilingues

Une fonction publique résolument engagéeenvers la dualité linguistique doit inévitablementchercher à recruter de nouveaux effectifsbilingues parmi les diplômés des établissementsd’enseignement postsecondaire du Canada. Lerenouvellement de la fonction publique fournitdonc une occasion de se tourner vers lesstratégies de recrutement de nouveaux employés.

Depuis son entrée en fonction en octobre 2006,le commissaire a souvent déploré la tendance desétablissements d’enseignement postsecondaire duCanada à mettre graduellement au rancart lesmesures incitatives pour l’apprentissage des deuxlangues officielles. Cette question devraitpréoccuper le gouvernement fédéral.

Le gouvernement fédéral, le plus important employeurde diplômés universitaires au pays, doit insisterauprès des établissements d’enseignementpostsecondaire sur l’importance qu’il accorde aurecrutement de personnel compétent dans lesdeux langues officielles. C’est particulièrementvrai pour les diplômés issus des programmes decommunications, de journalisme, de droit,d’administration publique et de soins de santé.

Dans son rapport de mars 2008 au sujet dubilinguisme dans la fonction publique, le Comitépermanent des langues officielles de la Chambredes communes recommande que les gouvernementsfédéral, provinciaux et territoriaux collaborentavec les établissements postsecondaires dans lebut d’encourager le bilinguisme chez les étudiantset que le gouvernement du Canada fasse mieuxconnaître les compétences linguistiquesrecherchées dans la fonction publique fédérale.

Si un nombre accru de personnes bilinguespostulaient à la fonction publique, on pourraitenvisager que la dualité linguistique fasse partiedes valeurs des leaders de demain et qu’elledevienne partie intégrante de la cultureorganisationnelle des institutions.

Une fonction publique davantage empreinte dedualité linguistique serait bénéfique pour leCanada. Elle donnerait un net avantage dans uneéconomie mondiale où les compétenceslangagières constituent un riche atout et unfacteur de production clé. Elle contribuerait àrehausser le rayonnement et l’image du Canada àtitre d’État ouvert et diversifié et à propager lesvaleurs de la démocratie et de l’inclusion partoutdans le monde.

Cette année, le Commissariat compte effectuerune étude sur les possibilités d’apprentissage dela langue seconde dans les universitéscanadiennes, qu’elles soient francophones,anglophones ou bilingues. L’étude mettra l’accentsur l’offre de cours et de programmesuniversitaires dans la langue seconde ainsi quesur les autres services et activités reliés auxoccasions d’apprentissage de la langue seconde.

La dualité linguistique : un élément essentiel durenouvellement de la fonction publique

Les constatations précédentes révèlent que lafonction publique fédérale est à un tournant deson histoire et que la dualité linguistique et lacapacité de communiquer dans les deux languesofficielles sont des éléments essentiels à retenirdans son processus de renouvellement. Alors quedes milliers de nouveaux fonctionnairess’apprêtent à intégrer la fonction publique, lesresponsables du renouvellement doiventnécessairement se pencher sur ces enjeux.

Comprenons-nous bien : l’objectif n’est pas derendre tous les fonctionnaires bilingues. Il nes’agit pas non plus pour le gouvernement fédérald’embaucher seulement des diplômés du niveaupostsecondaire qui ont des compétences dans lesdeux langues officielles. Cependant, si ellesouhaite véritablement refléter les valeurs de la

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dualité linguistique, mettre en vedette lebilinguisme comme une composante clé duleadership et satisfaire aux exigences de la Loi,la fonction publique doit compter suffisammentde personnes qui choisissent de communiquerdans les deux langues officielles. Autrement dit,il est illusoire de croire à des progrès sur le plande la langue de service aux communautés delangue officielle si on ne fait pas d’abord despercées en matière de langue de travail dans lafonction publique.

Le commissaire exhorte donc le greffier duConseil privé et les comités constitués à soutenirle renouvellement de la fonction publique et pourattribuer à la dualité linguistique toute la placequi lui revient, que ce soit lors de l’examen desquestions liées à la gestion des ressourceshumaines au gouvernement ou au moment del’élaboration des stratégies relatives aurecrutement, à la formation ou à l’image demarque de la fonction publique. Au cours duprocessus de renouvellement, il faut écarter lemythe que la dualité linguistique et lebilinguisme dans la fonction publique sontl’affaire d’un seul groupe linguistique et que lesexigences linguistiques ne sont qu’une façon degarantir l’embauche de francophones. Pour fairedes progrès, il faut cesser de voir et d’accepterl’unilinguisme comme la norme dans lesopérations gouvernementales. Il faut répandreabondamment l’idée que la dualité linguistique,c’est une question de respect, que c’est unerichesse personnelle et collective et que c’estl’affaire de tous. Un idéal inatteignable, dirontcertains avec cynisme. Toutefois, posons-nous lesquestions suivantes : Lester B. Pearson a-t-il eutort en 1966 de rêver à un « climat favorisant lacoopération des fonctionnaires par le recours àleur propre langue et la mise en œuvre de leurs

valeurs culturelles respectives, tout en appréciantet en comprenant pleinement celles de l’autregroupe38 »? A-t-il eu tort lorsqu’il a cru à l’idéeque les valeurs linguistiques et culturelles desCanadiens tant francophones qu’anglophonespourraient se refléter dans la culture de lafonction publique? Si on ne cherche pas à serapprocher de ces buts, on risque fort de s’enéloigner.

Des pistes d’action

Voici certains des éléments à retenir pour réussirle renouvellement de la fonction publique :

1) L’engagement des cadresIl faut d’abord obtenir l’adhésion et l’engagementdes hauts dirigeants actuels de l’administrationfédérale. Chacun doit épouser la valeur de ladualité linguistique en la mettant au centre despréoccupations lors du processus derenouvellement de l’administration fédérale.

Lors du processus d’embauche des cadres dedemain, il faut miser sur les candidats quiincarnent les valeurs requises pour diriger uneadministration bilingue.

« L’exemple, pour être compris, doitnous venir de la haute direction et nosactions doivent rigoureusementrefléter ces propos, de façon uniformeet d’un bout à l’autre du système.Cette tâche incombe à nos dirigeants. »

L’honorable Frank Iacobucci39

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38 Canada, Compte rendu officiel des débats de la Chambre des communes, Ottawa, Imprimeur de la Reine, vol. IV, 1966, p. 3915. Extrait de la déclaration de principes sur le bilinguisme du premier ministre Lester B. Pearson, avril 1966.

39 L’honorable Frank Iacobucci, lors de la première conférence annuelle Gordon F. Osbaldeston au Forum des politiques publiques, novembre 2006.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

2) La formationLes programmes de formation et de perfectionnementdes cadres constituent une excellente occasionde leur transmettre les compétences et lesvaleurs rattachées à la gestion d’une organisationbilingue. L’École de la fonction publique du Canadadoit donc aller au-delà de la pratique actuelle quiconsiste à simplement expliquer les normes, lesrègles et les exigences liées au service dans lesdeux langues officielles.

Enfin, le gouvernement aurait intérêt à accentuerses efforts de sensibilisation auprès de ses nouveauxemployés. Durant les processus d’embauche etles programmes d’orientation, il y a lieu declairement communiquer aux nouvelles recruestoute l’importance que les institutions attachentà la dualité linguistique.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que le greffierdu Conseil privé fasse en sorte d’intégrerpleinement la dualité linguistique dans lesinitiatives de renouvellement de la fonctionpublique, et plus particulièrement dansles activités de recrutement, de formationet de perfectionnement, afin que la dualitélinguistique soit considérée comme unevaleur au sein de l’appareil fédéral.

3) Le recrutement au niveau postsecondaireLe gouvernement fédéral doit collaborer étroitementavec les établissements d’enseignement postsecondaire du Canada de façon à encouragerles étudiants à apprendre les deux langues officielles.Notamment, les universités doivent connaître lesexigences linguistiques de la fonction publiquefédérale pour faciliter le recrutement de diplômésqui ont des profils linguistiques adéquats.

4) La formation linguistique La formation linguistique est un sujet de l’heureau sein de la fonction publique et le commissairey accorde beaucoup d’importance. À l’heureactuelle, une forte proportion de fonctionnaire al’impression que le financement destiné à laformation linguistique obligatoire a été amputéces dernières années. Depuis que la responsabilitépour la formation linguistique obligatoire estpassé de L’École de la fonction publique du Canadaaux ministères, les fonctionnaires perçoivent unnet recul. Le commissaire s’inquiète aussi ducontrôle de la qualité de l’enseignement offert. Il continuera de suivre ce dossier de près.

Belle réussite : le maintien des acquis linguistiques

Le Conseil fédéral de l’Ontario a lancéun projet pilote dans la région deToronto. Mis sur pied à l’intention desfonctionnaires fédéraux anglophonesqui satisfont aux exigences linguistiquesde leur poste en ce qui concerne lamaîtrise du français, mais qui sont parfoisréticents à utiliser leur langue seconde,ce projet vise à les aider à mettre leursconnaissances en pratique. Ainsi, desfonctionnaires ont été invités à prendrepart à des séances de maintien desacquis qui comprennent des discussions,des présentations et des débats. À chaqueséance, des animateurs dirigent lesconversations, formulent des commentaireset donnent de la rétroaction. Les premièressessions, d’une durée de 10 semaines,ont généré tant d’intérêt que le nombrede personnes qui se sont inscrites pourla deuxième session a permis de former5 fois plus de groupes. Une évaluation esten cours pour déterminer la pertinencede poursuivre le projet et d’en élargir la portée.

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Le commissaire reconnaît la responsabilité dechaque employé de parfaire ses connaissanceslinguistiques. Il encourage donc l’intégration dela formation linguistique dans les plansd’apprentissage et de perfectionnement desjeunes fonctionnaires dès le début de leurcarrière, afin de les inciter à développer lescapacités nécessaires pour continuer à gravir leséchelons. Cependant, leurs gestionnaires doiventleur fournir des occasions d’apprentissage et lesinstitutions doivent adopter des approches deformation novatrices, comme l’autorisation decongés pour que les employés suivent des coursd’immersion.

Résultats du sondage de l’Agence dela fonction publique du Canada40

L’Agence de la fonction publique duCanada a mené un sondage à l’été2007 auprès de deux groupes : descadres (EX) et des groupes de relève (EX moins 1 ou 2) de l’administrationpublique fédérale. Près de 16 000 employésy ont participé. L’Agence a entrepris lesondage pour offrir au gouvernementune vision plus claire de la collectivitédes cadres de direction et de sesgroupes de relève.

Parmi les répondants des groupes derelève, plus du tiers estiment que lemanque d’accès à la formationlinguistique a eu une incidence modéréeou élevée sur leur avancementprofessionnel. Dans le groupe des cadres,la proportion n’atteint que 18 p. 100(impact modéré ou élevé). Au sein desdeux groupes, le manque d’accès à laformation linguistique est un soucibeaucoup plus grand pour les anglophoneset pour les membres des groupes viséspar l’équité en matière d’emploi.

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40 Les résultats du recensement des EX et des membres des groupes de la relève (administration publique centrale) publiés en mars 2008 se trouvent sur le site Web de l’Agence de la fonction publique du Canada à l’adresse www.psagency-agencefp.gc.ca/reports-rapports/cenus-ex-recensement/results-resultats_f.asp.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE I : LES LANGUES OFFICIELLES ET LE LEADERSHIP

CONCLUSION

Le commissaire accorde beaucoup d’importanceà l’initiative qui succédera au Plan d’action surles langues officielles et il incite le gouvernementfédéral à faire preuve de leadership à cet égard.Il souhaite aussi voir le gouvernement fédéralprofiter du processus de renouvellement de lafonction publique pour rehausser la valeur de ladualité linguistique au sein de l’appareil fédéral.À ce sujet, il met en relief l’importance de laformation comme moyen permettant auxnouveaux fonctionnaires et aux cadres de mieuxcomprendre les fondements et les exigences dela Loi.

Enfin, le commissaire exhorte le gouvernement àrenforcer son engagement en ce qui a trait à lagouvernance horizontale des langues officielles.Cet engagement doit s’exprimer à la fois par unleadership politique plus fort et plus soutenu etpar des mécanismes concrets de mise en œuvre.

Le présent chapitre rappelle que tous les grandsacquis en matière de langues officielles ont étéobtenus grâce à des gestes de leadership forts etdécisifs du gouvernement fédéral. À l’inverse, lesreculs sont le résultat de relâchements et decomplaisance.

Bien que certaines institutions fédérales aientenregistré des progrès au cours de l’année, legouvernement fédéral, dans son ensemble,éprouve encore des difficultés à régler lesproblèmes systémiques liés à la mise en œuvrede la Loi sur les langues officielles. Dans lamême veine, plusieurs institutions fédéralessemblent toujours désorientées devant leurobligation de prendre des mesures positives.C’est la raison pour laquelle le commissaire ditque le rendement des institutions fédéralesplafonne. Il insiste sur le fait que les institutionsdoivent faire davantage pour améliorer leurrendement.

Par ailleurs, dans le présent chapitre, lecommissaire présente ses intentions de faireappel à un éventail élargi d’outils pour intervenirà titre d’ombudsman et de protecteur des droitslinguistiques de la population canadienne.

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CHAPITRE IILES LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

Groupe des Intellectuels pour le DialogueInterculturel, sous la présidence de l’écrivainAmin Maalouf, a reconnu qu’il ne faut passuccomber à la tentation de laisser une seulelangue, l’anglais, occuper une placeprépondérante dans les travaux des institutionseuropéennes. Selon ce groupe, une « telleévolution ne […] semble pas souhaitable. Parcequ’elle serait préjudiciable aux intérêtséconomiques et stratégiques du continentcomme de tous ses citoyens, quelle que soit leurlangue maternelle; et aussi parce qu’elle seraitcontraire à l’esprit même du projet européen3 ».Le groupe poursuit sa réflexion : « Nul ne peutadhérer de tout cœur à l’ensemble européen s’iln’a le sentiment que sa culture spécifique, etd’abord sa langue, y est pleinement respectée, etque l’intégration de son pays à l’Unioneuropéenne contribue à épanouir sa langue

« D’ABORD, LA CULTURE ANGLAISE ET LA CULTURE FRANÇAISE NE SONT PAS, ET

NE PEUVENT ÊTRE, DEUX ENTITÉS DISTINCTES L’UNE DE L’AUTRE OU DE TOUT

AUTRE HÉRITAGE CULTUREL AU CANADA [...] NI L’UN[E] NI L’AUTRE NE DOIT

CHERCHER PAR QUELQUE PRESSION À ABSORBER L’AUTRE; [ELLES] DOIVENT

ÉVOLUER L’UN[E] À CÔTÉ DE L’AUTRE, L’UN[E] INFLUENÇANT L’AUTRE [...] »LE TRÈS HONORABLE LESTER B. PEARSON

CHAPITRE II :LES LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

1 Nous pouvons donner l’exemple de la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité et des expressions culturellesqui a été adoptée en octobre 2005 par une forte majorité d’États membres. Le Canada a alors indiqué qu’il continuerait à jouer un rôle de chefde file international dans le but de promouvoir la Convention et sa mise en œuvre.

2 Tove Skutnabb-Kangas, Linguistic Genocide in Education—Worldwide Diversity and Human Rights?, Mahwah, New Jersey; Lawrence ErlbaumAssociates, 2000.

3 Groupe des intellectuels pour le dialogue interculturel, Un défi salutaire : Comment la multiplicité des langues pourrait consolider l’Europe,Bruxelles, Commission européenne, 2008, p.5.

Au cours des dernières années, de nombreuxchercheurs, auteurs et organismes dans le mondemaintiennent que la mondialisation et d’autresgrandes transformations changent les basestraditionnelles des échanges et tendent àuniformiser les langues et les cultures1.

Tove Skutnabb-Kangas, professeure del’Université Roskilde au Danemark, souligne parexemple que la diversité linguistique, au mêmetitre que la biodiversité, fait partie du patrimoinehumain, mais que 90 p. 100 des langues parléesaujourd’hui dans le monde disparaîtront avant lafin du siècle si rien n’est fait pour les préserver2.Heureusement, nous voyons aussi émerger uneprise de conscience que les langues, élémentsessentielles de l’identité, doivent être reconnueset protégées, lors de la création d’espacespolitiques. Au sein de l’Union européenne, le

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propre et sa culture propre plutôt qu’à lesmarginaliser. Tant de crises dont nous avons ététémoins, en Europe et ailleurs, trouvent leurorigine dans le fait qu’une communauté a senti,à une certaine période du passé, que sa langueétait bafouée4. »

Le Canada évolue dans ce contexte changeant, etil est indéniable que sa dualité linguistique subitaussi de fortes pressions. En plus de lacomposition linguistique du pays, qui évoluerapidement, le gouvernement fédéral fait face àd’importantes transformations. Le débat sur laréforme du Sénat et d’autres projets de réforme,comme celle du pouvoir de dépenser en sont des exemples.

Par conséquent, le régime fédéral des languesofficielles n’a jamais été aussi pertinent. Il tiresa raison d’être de l’idée qu’il existe, dans notrepays et dans le monde, plus d’une façon d’être,de communiquer et de se comporter, et qu’il fautprotéger cette richesse. Il s’inscrit dans la visiond’une société pluraliste, généreuse, etrespectueuse des différences, qui reconnaît la

valeur de la langue comme une constituantefondamentale de son identité et de sondéveloppement. Il se rattache également à lanotion de citoyenneté partagée, c’est-à-dire une société où l’on cultive le sentimentd’appartenance chez tous les Canadiens, sanségard à leur situation sociale, économique etdémographique.

Dans le présent chapitre, il est donc question dela dualité linguistique dans un pays et un mondequi subissent de profonds changements. Nous ybrossons d’abord un tableau de certainespropositions de réforme de l’État canadien et deleur incidence possible sur le programme deslangues officielles. Nous poursuivons par uneréflexion sur l’interaction entre la dualitélinguistique et la diversité culturelle, unequestion que nous avons déjà abordée dansd’autres rapports annuels.

4 Ibid., p. 13.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

Les deux derniers discours du Trône ont annoncédes changements importants pour la fédérationcanadienne. Dans celui du 16 octobre 2007, legouvernement fédéral a dit qu’il entend renforcerla fédération en poursuivant son programme deréforme du Sénat et en amorçant d’autrestransformations majeures. Il est notammentquestion d’imposer des limites claires à l’utilisationde son pouvoir de dépenser dans les domainesde compétence exclusive des provinces.

Extrait du discours du Trône du 16 octobre 2007

« Notre gouvernement estime que lescompétences constitutionnelles dechaque ordre de gouvernement doiventêtre respectées. À cette fin, et guidé parnotre vision d’un fédéralisme d’ouverture,notre gouvernement déposera un projetde loi qui imposera des limites explicitesà l’utilisation du pouvoir fédéral dedépenser pour des nouveaux programmesà frais partagés dans les compétencesexclusives des provinces. Cette loiautorisera les provinces et les territoires àse retirer de ces nouveaux programmes,avec juste compensation, s’ils en offrentqui sont compatibles5 ».

Le Sénat et le partage des pouvoirs sont au cœurdu régime constitutionnel canadien et, de ce fait,concernent directement le régime linguistique dupays.

Il est vrai que le Canada évolue et que personnene peut mettre en doute le bien-fondé d’uneréévaluation périodique du fonctionnement desinstitutions démocratiques et des pratiquesadministratives de l’État. Toutefois, il ne faudraitpas mettre en péril l’essentiel d’une chose enessayant d’éliminer les inconvénients d’une autre.

La fédération canadienne est le résultat d’unlong parcours, d’une riche traditiond’accommodements et de négociations parfoiséprouvantes. Comme l’a dit John D. White, alorsprocureur général de la Saskatchewan, « [traduction]Une nation est construite lorsque les collectivitésqui la composent prennent des engagements àson égard, quand elles renoncent à des choix etdes possibilités, au nom d’une nation, [...] quandles collectivités qui la composent font descompromis, quand elles se donnent des garantiesmutuelles, quand elles échangent et, peut-êtreplus à propos, quand elles reçoivent des autresles avantages de la solidarité nationale. Les filsde milliers de concessions mutuelles tissent latoile de la nation6. »

Pour gérer leurs relations, les Canadiens ontfondé des institutions et adopté des pratiques,qui, même si elles n’ont pas toujours fait l’objetde consensus, assurent un fragile équilibrepermettant néanmoins au Canada de sedévelopper.

Le gouvernement fédéral hérite d’un riche passéen matière de langues officielles qu’il se doit depréserver, et d’importantes obligations juridiqueslui incombent. Au fur et à mesure qu’il s’engage

PARTIE 1 : LES CHANGEMENTS AU SEIN DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE

5 Gouverneur général, Un leadership fort. Un Canada meilleur – discours du Trône : le 16 octobre 2007, Ottawa, Sa Majesté la Reine du Chef duCanada, 2007, p. 9.

6 Bureau du Conseil Privé, Le gouvernement du Canada présente le projet de loi sur la clarté,www.pco-bcp.gc.ca/aia/index.asp?lang=fra&page=federal&doc=constitution/clarityact/clarity_f.htm.

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dans ses projets de réforme, il doit faire preuvede discernement et d’un sens aigu desresponsabilités à l’égard de la dualitélinguistique du Canada.

Ce projet de loi a ensuite été examiné par leComité sénatorial spécial sur la réforme du Sénatet le Comité sénatorial permanent des affairesjuridiques et constitutionnelles. Dans sonrapport, ce dernier a recommandé des mandatsde 15 ans plutôt que de 8 ans, sans possibilitéde prolongement ou de renouvellement. Il a aussirecommandé au gouvernement de demander unrenvoi à la Cour suprême du Canada pourconfirmer la constitutionnalité du projet de loi S-4.Ce projet de loi est mort au Feuilleton à laprorogation du Parlement.

Le 13 décembre 2006, le gouvernement aprésenté un deuxième projet de loi, le C-43,intitulé Loi sur les consultations concernant lanomination des sénateurs. Ce projet de loiproposait la tenue de consultations électorales ausein de chaque province pour guider le premierministre lors du processus de nominations dessénateurs. Ainsi, lorsqu’un siège deviendraitvacant au Sénat, les électeurs d’une provincepourraient faire connaître leurs préférences enfonction d’une liste de candidats représentantl’ensemble de la province (plutôt que dans leslimites des circonscriptions électorales). Lepremier ministre ferait ensuite ses nominationsen utilisant les résultats du scrutin. Le projet deloi C-43 n’a pas pu être étudié en comité avantla prorogation du Parlement et est donc mort auFeuilleton en septembre 2007.

7 Gouverneur général, Le nouveau gouvernement du Canada – Discours du trône: une nouvelle feuille de route, Ottawa, Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, 2006, p. 8.

Quelles sont les incidences possibles de laréforme du Sénat et des autres transformationsimportantes en matière de langues officielles?

LA RÉFORME DU SÉNAT

D’abord, un bref rappel des faits récents. Le 3avril 2006, dans le discours du Trône ouvrant lapremière session de la 39e législature, legouvernement a annoncé son intention deréformer le système électoral et les institutionsdémocratiques du pays, dont le Sénat. Le 30mai suivant, il a déposé au Sénat le projet de loiS-4 intitulé Loi modifiant la Loi constitutionnellede 1867. Ce projet de loi visait à limiter à huitans la durée du mandat des sénateurs.

Extrait du discours du Trône du 3 avril 2006

« Pour conserver toute sa force et sonefficacité, la fédération canadienne doits’adapter aux besoins changeants de lasociété. S’appuyant sur les travauxentrepris par la législature précédente,le gouvernement fera appel à laparticipation des parlementaires et descitoyens pour l’examen des enjeuxtouchant le système électoral et lesinstitutions démocratiques du Canada.Parallèlement, il cherchera des moyensqui permettraient au Sénat de mieuxrefléter les valeurs démocratiques desCanadiens et les besoins des régions du pays7. »

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

Le gouvernement est revenu à la charge le 16 octobre 2007, dans son plus récent discoursdu Trône, dans lequel il réitère son intentiond’apporter des changements aux institutionsparlementaires du Canada. Le débat a repris de plus belle.

Compte tenu des intentions du gouvernement etde l’importance de la question, le Commissariata demandé à Louis Massicotte, professeur agrégéau Département de science politique del’Université de Montréal, d’étudier le rôle jouéjusqu’à maintenant par le Sénat en matière deprotection des minorités en général et, plusparticulièrement, des communautés de langueofficielle en situation minoritaire. Le Commissariata également donné à Louis Massicotte le mandatd’étudier les mécanismes les plus susceptiblesde protéger les minorités linguistiques si lessénateurs étaient un jour élus plutôt que nommés.

Extrait du discours du Trône du 16 octobre 2007

« Les Canadiens comprennent que laforce de la fédération dépend de cellede ses institutions démocratiques. Notregouvernement estime que le Canadan’est pas bien servi par le Sénat sous saforme actuelle. Il faut que nosinstitutions reflètent notre attachementcommun à la démocratie. Pour ce faire,notre gouvernement poursuivra sonprogramme de réforme démocratique. Ilprésentera donc de nouveau des projetsde loi importants de la dernière session,dont ceux qui touchent la consultationdirecte des électeurs au sujet de lasélection des sénateurs et de la durée deleur mandat8. »

Il faut dire que la réforme du Sénat n’est pas unenjeu nouveau dans l’histoire du pays. Elle a faitl’objet de nombreuses études et rapports, surtoutdepuis les années 1960.

Cependant, quand on passe en revue les multiplesétudes, travaux des commissions et rapports des50 dernières années, on constate que très peu sesont penchés sur les répercussions que pourraitavoir sur les communautés de langue officielle laformation d’un Sénat élu.

Ce constat inquiète le commissaire, en particulier,parce que la réforme du Sénat proposée par legouvernement actuel ne tient aucunementcompte des communautés de langue officielle.En fait, la formule proposée pourrait mêmediminuer considérablement la capacité de cescommunautés d’avoir une influence sur lerésultat de la consultation puisqu’elle présenteun scrutin dont les votes seraient compilés parprovince plutôt que par circonscription. Un telscrutin diminuerait le poids électoral descommunautés de langue officielle en raisonjustement de leur statut minoritaire à l’échelleprovinciale. Comme le souligne M. Massicotte, laformule que prévoit l’initiative actuelle dugouvernement « est peu favorable à l’endroit desminorités de langue officielle. »9

La Constitution canadienne ne comporte aucuneprécision sur la représentation des communautésde langue officielle au Sénat. De ce fait, elle offrepeu de garanties aux communautés de langueofficielle. Cependant, jusqu’à maintenant, cescommunautés ont été bien représentées au Sénat.Les premiers ministres qui se sont succédés onttoujours veillé à nommer des sénateurs issus descommunautés de langue officielle même si laConstitution ne les y obligeait pas10. D’ailleurs, àl’heure actuelle, ces communautés sont bienreprésentées au Sénat par des personnes aptes àveiller à leurs intérêts.

8 Gouverneur général, Un leadership fort. Un Canada meilleur – discours du Trône : le 16 octobre 2007, Ottawa, Sa Majesté la Reine du Chef duCanada, 2007, p. 9.

9 F.A. Kunz, The Modern Senate of Canada 1925-1963. A Re-Appraisal, Toronto, University of Toronto Press, 1965, p. 47.

10 Louis Massicotte, Les répercussions possibles d’un sénat élu sur les minorités de langue officielle du Canada, rapport non publié rédigé pour leCommissariat aux langues officielles, mars 2007, p. 18.

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Comme le fait remarquer M. Massicotte, aupremier abord, « si aucune balise autre que lapréférence majoritaire des électeurs d’uneprovince n’éclaire les nominations sénatorialeseffectuées par les premiers ministres à l’avenir, il est à craindre que certaines minoritéslinguistiques perdront l’avantage dont ellesjouissent actuellement.11 » Il ajoute que « lesminorités de langue officielle ont peu à gagner,mais beaucoup à perdre, si le mode de sélectiondes sénateurs est modifié.12 »

Les répercussions des changements proposésseront bien réelles puisque le Sénat agit de plusen plus comme protecteur des communautés delangue officielle. Les sénateurs ont participéactivement aux travaux du Comité mixte sur leslangues officielles entre 1980 et 2002, année oùils ont formé leur propre comité sur le sujet,montrant ainsi l’importance qu’ils y accordent.Ils ont aussi pris des mesures concrètes. À titred’exemple, les efforts persévérants du sénateurJean-Robert Gauthier pour faire accepter sonprojet de loi ont eu pour effet de renforcer, en2005, l’article 41 de la Loi sur les languesofficielles en clarifiant les obligations del’ensemble des institutions fédérales.

C’est donc dire que le Sénat peut jouer un rôleimportant de promoteur et de protecteur desdroits linguistiques au sein du Parlement, et ilincombe au gouvernement de pleinementconsidérer l’incidence de sa réforme sur lescommunautés de langue officielle. Cetteresponsabilité est d’autant plus importantequ’elle s’inscrit dans l’esprit de la partie VII dela Loi.

Le commissaire entend poursuivre sa réflexion àce sujet, et il continuera de faire valoirl’importance de cet enjeu.

LES DURES LEÇONS DU PASSÉ : LES TRANSFORMATIONS GOUVERNEMENTALES

Le gouvernement actuel a amené ou envisage destransformations institutionnelles qui prennentplusieurs formes. Il est notamment question d’instaurer d’autres modes de prestation de serviceet de procéder à certaines dévolutions de pouvoir.

Exemple de dévolution qui a nui auxdroits linguistiques

En 1996, l’administration fédérale achoisi, comme suite aux modificationsde la Loi sur les contraventions, detransférer par entente, à des provinces,territoires et municipalités, saresponsabilité d’engager des poursuitespénales en cas d’infractions à des lois etrèglements fédéraux. En procédant àcette dévolution, il a négligé de veiller àce que ces provinces ou municipalitésrespectent tous les droits linguistiquesgarantis par le Code criminel et la Loi surles langues officielles. Il a alors fallurecourir à la Cour fédérale pour forcerJustice Canada à prendre « les mesuresnécessaires » pour assurer le respect deces droits linguistiques. Ce cas illustreles conséquences de la dévolution desresponsabilités fédérales sur le droit dupublic d’être servi dans la langue officiellede son choix.

Les réformes qui pointent à l’horizon ne sont passans rappeler la manière dont le gouvernementfédéral avait été transformé dans les années1990, une période plutôt sombre pour leprogramme des langues officielles. Certains sesouviendront d’ailleurs de la vive critique que

11 Louis Massicotte, Les répercussions possibles d’un sénat élu sur les minorités de langue officielle du Canada, rapport non publié rédigé pour leCommissariat aux langues officielles, mars 2007, p. 29.

12 Ibid., p. 18.

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s’est attiré le gouvernement de l’époque pour nepas s’être suffisamment soucié des communautésde langue officielle avant de lancer sa vague de réforme.

Le Commissariat s’était alors longuement penchésur la question. En 1998, il avait notammentcommandé une importante étude dont il semblemaintenant pertinent de rappeler les tenants etaboutissants. Cette étude, intitulée Les effetsdes transformations du gouvernement sur leprogramme des langues officielles du Canada13,dénonçait vivement les répercussions destransformations gouvernementales, les qualifiant« d’érosion lente et subtile qui affaiblit leprogramme des langues officielles. »

Cette étude énonçait cinq principes directeurspour guider le gouvernement dans ses projets de réforme.

Enfin, l’étude recommandait de constituer ungroupe de travail qui aurait le mandat de cernerles problèmes que les transformations dugouvernement engendreraient sur le plan deslangues officielles et de proposer des mesurescorrectives. Le président du Conseil du Trésors’est empressé de mettre cette recommandationen œuvre en formant un groupe de travail sur lestransformations gouvernementales et les languesofficielles présidé par Yvon Fontaine, qui était àl’époque vice-recteur à l’enseignement et à larecherche de l’Université de Moncton.

En janvier 1999, dans son rapport intituléMaintenir le cap : la dualité au défi destransformations gouvernementales14, le groupede travail a confirmé ce que le Commissariatavait dénoncé, soit que les réformesgouvernementales affaibliraient la dualitélinguistique du Canada.

Les cinq principes directeurs dégagésdans l’étude du Commissariat de 1998,intitulée Les effets des transformationsdu gouvernement sur le programme deslangues officielles du Canada15 :

Préservation des droits linguistiquesacquis du public;

Mise en place de mécanismes derecours et de redressement;

Mise en place de mécanismes dereddition des comptes;

Obtention d’un engagement formelvisant à protéger et à promouvoir ledéveloppement des communautésminoritaires de langues officielles;

Prise en compte des droitslinguistiques des fonctionnairestouchés par ces transformations.

13 Pour consulter l’étude sur les effets des transformations du gouvernement, voir le site Web du Commissariat à l’adresse www.languesofficielles.gc.ca/html/stu_etu_031998_f.php.

14 Groupe de travail sur les transformations gouvernementales et les langues officielles, Maintenir le cap : la dualité au défi des transformationsgouvernementales, Ottawa, Secrétariat du Conseil du Trésor, janvier 1999, p. 11. Rapport préparé à l’intention du président du Conseil duTrésor et affiché sur le site Web du Secrétariat du Conseil du Trésor à l’adresse www.tbs-sct.gc.ca/pubs_pol/hrpubs/tb_a3/dwnld/ol_gov_f.pdf.

15 Ibid.

Au bout du compte, cet enchaînement d’initiativesa donné lieu à de nouveaux engagements. En2002, le Secrétariat du Conseil du Trésor a adoptéune politique qui prévoyait des mécanismesdestinés à assurer la bonne gestion des différentsmodes de prestation de services et à veiller aurespect des langues officielles du Canada.Méconnue du public, cette politique énonçait lesprincipes qui devaient baliser la manière demodifier les modes de prestation des services etévaluer les répercussions de ces transformationssur les communautés de langue officielle. Dans lecadre de cette politique, les ministères devaient :

entreprendre une analyse détaillée desrépercussions portant sur le service au publicdans la langue officielle de son choix, sur lalangue de travail des employés du

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gouvernement fédéral ainsi que sur ledéveloppement des communautés de langueofficielle en situation minoritaire;

obtenir, quand on proposait de transférer oude retirer des responsabilités à un autre ordrede gouvernement ou au secteur privé,l’engagement de favoriser le développementdes communautés de langue officielletouchées, de consulter ces communautésquant à leurs besoins et intérêts et de prévoirdes mesures concrètes à cet égard;

veiller à ce qu’il existe des mécanismes derecours adéquats et les faire connaître à lapopulation;

établir des mécanismes de suivi qui permettentd’évaluer le respect des engagements enmatière de langues officielles;

tenir compte des préférences linguistiques desemployés du gouvernement fédéral travaillantdans les régions désignées bilingues aux finsde la langue de travail, lorsque le service esttransféré à un autre ordre de gouvernement ouau secteur privé.

Toutefois, le 1er avril 2007, le Secrétariat duConseil du Trésor a aboli la politique de 2002,mais il en a conservé les principes en lesinscrivant à l’annexe E du Guide pour lapréparation des soumissions au Conseil du Trésor.Ce guide offre des conseils pratiques aux

ministères et propose des questions que ceux-cidevraient prendre en considération pour évaluerles répercussions de leurs décisions sur leslangues officielles. Par contre, rendu à l’étaped’une soumission au Conseil du Trésor, unministère a déjà pris les grandes décisions quant àl’orientation de ses politiques et programmes. Deplus, ce guide n’a pas la même visiblité qu’unepolitique ni sa force contraignante.

Or, selon le commissaire, il y a lieu des’interroger sur le sort qui est réservé auxlangues officielles. Au moment d’envisager destransformations importantes, le gouvernementva-t-il se souvenir des conclusions du rapportintitulé Maintenir le cap? Va-t-il se rappeler desprincipes pour veiller au respect des languesofficielles alors que ceux-ci se retrouventdésormais en annexe d’un guide? Quelle est laplace des langues officielles dans le processusdécisionnel?

À la lumière des leçons du passé récent, lecommissaire considère que le gouvernementfédéral serait mal avisé de procéder à des réformesd’envergure ou d’introduire de nouvelles pratiquesadministratives sans tenir pleinement compte deses obligations en matière linguistique et desrépercussions possibles sur les communautés delangue officielle. D’ailleurs, est-il nécessaire derappeler la nature explicite de la partie VII à cet égard?

Bien sûr, le commissaire ne remet pas enquestion le pouvoir de l’État de prendre desdécisions et de gouverner. Toutefois, comme onpeut le lire dans l’étude Maintenir le cap publiéeen 1999, dans « les cas où le gouvernementdécide de s’acquitter de ses responsabilitésd’une manière différente, le régime en vigueur dedroits linguistiques et d’appui aux communautésde langue officielle en situation minoritaire doitcontinuer de s’appliquer intégralement16. »Presque dix ans plus tard, le gouvernement nedoit pas faire abstraction des leçons du passé etmettre en péril les progrès réalisés jusqu’ici.

16 Ibid.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que lepremier ministre fasse en sorte que legouvernement respecte intégralementses obligations linguistiques et la vitalitédes communautés de langue officielle lorsde toute réforme d’envergure, commeune révision de programmes, un transfertde responsabilités ou un changement demandat d’une institution fédérale, saprivatisation ou son déménagement.

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CIRCONSCRIRE LE POUVOIR DE DÉPENSER

Dans le contexte actuel, il faut admettre que legouvernement fédéral ne peut être le seul àcontribuer à l’atteinte des objectifs, en matièrede langues officielles, visés par la Chartecanadienne des droits et libertés ou les lois etrèglements fédéraux. Les provinces ont aussi desresponsabilités importantes, particulièrementdans les domaines qui relèvent de leur compétenceexclusive comme la santé et l’éducation. L’unedes responsabilités première du gouvernementfédéral est de créer des partenariats avec d’autresordres de gouvernement afin de prendre desmesures concertées et porteuses de meilleursrésultats pour les membres des communautés delangue officielle. Ces partenariats sont souhaitables,mais ils ne doivent pas entraver les efforts dugouvernement fédéral de satisfaire à sesobligations en matière de langues officielles.

Autrement dit, si elle survient, la réforme dupouvoir de dépenser ne doit pas se faire audétriment des droits linguistiques. Le gouvernementfédéral doit prévoir des mécanismes qui luipermettront de continuer à jouer un rôle depremier plan dans le développement descommunautés de langue officielle et dans lapromotion de la dualité linguistique au Canadaen respectant les compétences de chacun desordres de gouvernement.

Le gouvernement fédéral devrait aussi retenir lesleçons du passé en ce qui concerne un autrevaste projet de réforme que le gouvernementactuel voudrait réaliser : circonscrire le pouvoirde dépenser du gouvernement fédéral dans lesdomaines de compétence exclusive desprovinces.

Au même titre que la réforme du Sénat, cetenjeu vient raviver un vieux débat au sein de lafédération. Certaines provinces voient l’exercicedu pouvoir de dépenser du gouvernement fédéralcomme une intrusion dans leurs compétences ouune façon à peine voilée d’influer indûment surles programmes provinciaux et territoriaux en yimposant des « normes » nationales. Par lepassé, le Québec et l’Alberta ont dénoncé touteinitiative fédérale qui touchait à leurs domainesde compétence. Cependant, d’autres provinces etterritoires accueillent cette pratique favorablement,parce que le gouvernement fédéral contribueainsi au financement de certains programmessociaux, en versant des fonds au gouvernementde la province ou du territoire, ou en accordantdes sommes directement aux contribuables.

Le commissaire se demande quelles seront lesrépercussions de cette réforme sur le programmedes langues officielles.

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Les Canadiens ont toujours eu des débatsexistentiels lorsqu’il était question d’identité etils se sont souvent définis par leurs différencesavec leur voisin du Sud. Un élément de l’identitécanadienne qui les différencie clairement est lefait que le Canada est formé de deux groupeslinguistiques, qui ont émergé d’un accommodementqui a commencé au début de son histoire. Defait, depuis les tout débuts de l’histoire de notrepays, les deux communautés linguistiques onttravaillé ensemble et ont établi une relation fondéesur le respect mutuel. Elles ont appris à faireplace aux différences et à instaurer un dialogue.

« Les approches canadiennes enmatière de diversité reflètentnaturellement les réalitéscanadiennes. En principe, le Canadaest l’un des pays les plusmulticulturels au monde. Parmi lespays de l’OCDE, il occupe une positionpresque unique en raison de lacoexistence de trois dimensions de ladifférence : la division historiqueentre les communautés d’expressionfrançaise et anglaise, qui représente laréalité centrale de la vie politiquecanadienne; la présenced’Autochtones un peu partout aupays, dont bon nombre revendiquentdepuis longtemps leur autonomie; etd’importantes communautésd’immigrants [traduction] ».17

Au fil du temps, l’ouverture et l’espritd’accommodement issus de la relation entre lesdeux communautés linguistiques ont égalementouvert la porte au développement du Canadacomme une nation inclusive et multiculturelle,grâce à l’arrivée de vagues successivesd’immigrants qui ont fuit l’oppression, ou quicherchaient un meilleur avenir et souhaitaientrecommencer leur vie dans un pays démocratique.

Les valeurs qui sous-tendent la dualité linguistique– l’acceptation, la tolérance et l’ouverture auxautres cultures – ont joué un rôle important dansl’évolution pacifique du pays et son attrait commepays d’accueil. Comme l’a récemment déclaréMichael Adams, « la réciprocité del’accommodement raisonnable n’est pas unprincipe si nouveau après tout : on retrouve eneffet des lois, des règles, des normes, desinstitutions et des forces d’intégration économique,culturelle et sociale extrêmement puissantes. LesCanadiens épousent ce principe depuis trèslongtemps18. » [traduction]

Lorsqu’ils font l’apprentissage de leur deuxièmelangue officielle et qu’ils découvrent la culturede l’autre groupe de langue officielle, bon nombrede Canadiens vivent des expériences qui leurpermettent de comprendre ce que vivent lesimmigrants et d'être plus sensibles à leur situtation.Bien que le passage à l’action et à des mesuresconcrètes ait tardé à venir, cette capacité àreconnaître et à accommoder la différence amaintenant des répercussions sur la façon dont lasociété canadienne répond aux besoins, parexemple, des Autochtones, qui ont été marginaliséssur les plans économique, culturel et géographique.

PARTIE 2 : LA CITOYENNETÉ PARTAGÉE, LA DUALITÉ LINGUISTIQUE ET L’ÉVOLUTION DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE

17 Keith Banting, Thomas J. Courchene et F. Leslie Seidle, éd., Belonging? Diversity, Recognition and Shared Citizenship in Canada, Montréal,Institut de recherche en politiques publiques, 2007, p. 648.

18 Michael Adams, « Symposium: Multiculturalism », The Globe and Mail, 8 décembre 2007, p. D31.

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Le Commissariat aux langues officielles s’intéresseà la relation entre les langues officielles et ladiversité culturelle depuis un certain temps. Dansson rapport annuel 2005-2006, la commissaire enposte à l’époque a traité en profondeur del’avenir du pays et de la contribution de ladualité et de la diversité au développement et àla modernisation du Canada. Elle y a expliqué lafaçon dont l’obligation de promouvoir la dualitélinguistique et de soutenir les communautés delangue officielle devait être envisagée dans uncontexte en évolution marqué par l’influencecroissante de la diversité culturelle. Par ailleurs,elle a présenté une recommandation augouvernement fédéral, demandant que laministre des Langues officielles entame undialogue auprès des intervenants de la sociétécanadienne dans le but de déterminer lesmesures à prendre pour intégrer les valeurs de ladualité et de la diversité aux politiques fédérales.

En 2005-2006, la commissairea recommandé :

« Que la ministre des Langues officiellesentame un dialogue auprès des diversintervenants de la société canadiennedans le but de déterminer les actions àprendre afin de pleinement intégrer ànotre mode de gouvernance les valeursfondamentales que sont la dualitélinguistique et la diversité culturelle et d’entirer tous les avantages qui en découlent. »

Le gouvernement n’a pas donné suite à larecommandation, mais cette question est plusimportante que jamais et doit être traitée si onveut continuer à promouvoir la dualitélinguistique comme un élément essentiel del’identité canadienne et de l’unité nationale. Defaçon plus audacieuse, on doit pouvoir répondreà ceux qui, avec raison ou non, remettent enquestion la pertinence de la dualité linguistiquecomme une partie intégrante de la citoyenneté,de l’identité et des valeurs canadiennes dans lecontexte actuel de la diversité croissante. Lecommissaire se fait souvent demander commenton peut justifier l’existence des politiques etdes dépenses fédérales en matière de dualitélinguistique lorsque 46 p. 100 et 40 p. 100 desrésidents de Toronto et de Vancouver respectivementsont nés à l’étranger et que plus de 100 languessont parlées dans les foyers de la plus grandeville du Canada. Par ailleurs, étant donné que lapopulation de ce pays connaît une croissanceprincipalement grâce à l’immigration et que laplupart des immigrants s’intègrent à lacommunauté anglophone majoritaire, quellesmesures peut-on prendre pour continuerd’appuyer une forte présence de francophones unpeu partout au pays et faire en sorte que lesdeux groupes de langue officielle profitent autantl’un que l’autre de l’arrivée d’immigrants?

Dans les pages suivantes, nous parlerons de lavision d’un pays en pleine évolution, d’unenation culturellement diversifiée où le dialoguenational se déroule dans deux langues officiellesqui sont ancrées dans l’histoire du pays et quidoivent être au cœur de notre avenir. Lecommissaire espère que le gouvernement fédéralaura la volonté d’examiner les liens qui existententre les programmes et politiques en vigueur surla dualité linguistique et le multiculturalismepour les adapter à la nouvelle réalité du pays.

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UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE

La réflexion sur la relation entre la dualitélinguistique et la diversité culturelle du Canadan’est pas nouvelle. Le débat a cours depuis lesannées 1960 alors que la Commission royaled’enquête sur le bilinguisme et le biculturalismedéclarait, dans son rapport préliminaire publié en1965, que le Canada vivait la plus grande crisede son histoire, en raison du mouvementindépendantiste au Québec et de l’hostilité àl’égard du français dans le reste du pays. Dansses recommandations, la Commission proposaitun nouveau partenariat entre les Canadiensfrancophones et anglophones. À partir de cemoment, le gouvernement du Canadafonctionnerait plus efficacement en français, etles provinces à forte population anglophoneseraient encouragées à accroître leur offre deservices publics dans la langue de la minorité, làou la demande le justifierait. On prendrait aussides mesures pour reconnaître la contribution etle patrimoine des autres communautésculturelles. Par suite de ces recommandations,les gouvernements successifs ont adopté la Loisur les langues officielles en 1969, une politiquedu multiculturalisme en 1971, la Chartecanadienne des droits et libertés en 1982 et laLoi sur le multiculturalisme canadien en 1988.

« La reconnaissance et le respect de ladiversité sont au cœur de l’histoirepolitique du Canada, et les débatscontemporains au sujet dumulticulturalisme ne sont que lacontinuation d’une conversation qui acours depuis longtemps au pays. Cettetradition est fondée dans lesengagements historiques à l’égard duCanada français et des Autochtones,qui se voient tous deux – et de plusen plus par les autres – comme dessociétés distinctes ou “nations” ausein de l’État canadien. Cesaccommodements encadraient lecontexte culturel du Canada, où l’onretrouvait de nouvelles formes dediversité découlant de l’immigrationdes XIXe et XXe siècles. [traduction]19. »

19 Keith Banting, Thomas J. Courchene et F. Leslie Seidle, éd., Belonging? Diversity, Recognition and Shared Citizenship in Canada, Montréal,Institut de recherche en politiques publiques, 2007, p. 649.

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LES RÉALITÉS ACTUELLES

« [...] comme nous sommes unesociété hautement pluraliste, le tempsest peut-être venu de penser à ce quenous avons en commun, plutôt quede célébrer nos différences. Encherchant nos points communs, nousdevons tourner notre regard versl’histoire, celle de l’union du Canadafrançais et du Canada anglais qui amené à l’établissement desinstitutions démocratiques et à lacréation des valeurs sur lesquellesreposent la prospérité et la force denotre pays [traduction] »

Rudyard Griffiths23

20 Par nouveaux arrivants, on entend la population qui est arrivée au Canada cinq ans ou moins avant le recensement.

21 Au total, 98 p. 100 de la population parle au moins une langue officielle du Canada.

22 Entre 2001 et 2006, le niveau de bilinguisme français-anglais est passé de 9 p. 100 à 9,4 p. 100 chez les anglophones, et de 11,8 p. 100 à12,1 p. 100 chez les allophones.

23 Cité dans Sarah Hampson, « The Interview: Rudyard Griffiths: Closing a chapter in history », The Globe and Mail, 18 février 2008, p. L3.

Les données du recensement de 2006 montrentles répercussions croissantes de l’immigration etde la population allophone sur le paysagelinguistique du Canada. L’augmentation dunombre d’allophones continue de faire baisser laproportion des personnes ayant comme languematernelle le français ou l’anglais. Au total, 20 p. 100 de la population a pour languematernelle une langue autre que le français oul’anglais. Comme le Canada dépend de plus enplus de l’immigration pour assurer la croissancede sa population, il n’est pas surprenant que laproportion des gens qui ont pour langue maternelleune des deux langues officielles diminue.

Après la publication des données du recensement,les médias ont rarement abordé le fait que ladiversité du Canada s’exprime encoreessentiellement dans nos deux languesofficielles, et que les immigrants adoptent unedes deux langues officielles comme langue d’usage.En 2006, la grande majorité (93,6 p. 100) desCanadiens nés à l’étranger indiquaient qu’ilspouvaient tenir une conversation en français, enanglais ou dans les deux langues officielles. Ona constaté la même chose chez les nouveauxarrivants20 au pays (90,7 p. 100). Par ailleurs,l’utilisation de l’une ou des deux languesofficielles par les immigrants augmentenaturellement en fonction du nombre d’annéespassées au Canada. En effet, le français etl’anglais restent clairement les langues quifaçonnent le dialogue national dans notre pays21,et le taux de bilinguisme des anglophones et desallophones continue d’augmenter, mais bienqu’assez lentement22.

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Dans une allocution qu’il a prononcée à Québecen juin 2007, l’ancien président américain Bill Clinton expliquait que, pour réussir, toutecommunauté doit remplir trois conditions minimales :

(1) tous les membres doivent être capables departiciper pleinement à la vie communautaireau meilleur de leurs capacités;

(2) la responsabilité du succès doit être partagéepar tous,

(3) tous les membres de la communauté doiventpartager un sentiment d’appartenance24.

Toute en complexité et en évolution, l’identitécanadienne exige un leadership rigoureux de lapart du gouvernement fédéral qui doit veiller à ceque, à l’avenir, elle continue d’être inclusive etfondée sur des valeurs communes, sur la notionde pleine participation et d’égalité des chances,ainsi que sur le sentiment d’appartenance.

« La dualité linguistique et la réalitéde la diversité culturelle sont deuxchoses qui me semblent essentielles ànotre idée de nous-mêmes commeCanadiens et Canadiennes. »

La très honorable Adrienne Clarkson25

Les deux langues officielles du Canada ontfaçonné notre passé et devraient continuer àjouer un rôle primordial pour faciliter le dialogueet favoriser la cohésion au pays dans les annéesà venir. Lorsqu’on imagine la nouvelle réalité d’unenation de plus en plus diversifiée, urbaine etmulticulturelle, deux questions fondamentales surla dualité linguistique doivent être examinées :

(1) Comment faire en sorte que lescommunautés francophones profitentéquitablement de l’immigration afin qu’ellespuissent continuer à s’épanouir et àcontribuer au dialogue national?

(2) Comment veiller à ce que la dualitélinguistique continue de représenter, pourtous les Canadiens, un élément qui les réunitet une pierre angulaire de l’unité nationale?

REGARDS VERS L’AVENIR : LA PLEINE PARTICIPATION DE TOUS LES CANADIENS AU DIALOGUE À L’ÉCHELLE NATIONALE

24 Cité par Patrice Ryan et Frédéric Bérard, « Les trois solitudes », dans André Pratte, éd., Reconquérir le Canada : un nouveau projet pour lanation québécoise, Montréal, Éditions Voix parallèles, 2007, p. 141.

25 Allocution prononcée au Forum de discussion sur les perceptions des Canadiens de diverses origines envers la dualité linguistique, organisé par le Commissariat aux langues officielles en octobre 2007.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

destinée à augmenter le nombre d’immigrantsfrancophones et à favoriser l’établissement et larétention de ces immigrants dans les communautésfrancophones en situation minoritaire. En 2006,le Comité directeur de Citoyenneté et ImmigrationCanada–Communautés francophones en milieuminoritaire a présenté un nouveau planquinquennal qui définit les cibles à atteindre etles stratégies à privilégier. En 2008, on peutconstater que l’initiative lançée six ans plus tôt aentraîné la création d’un grand nombre de projetsà l’échelle nationale ainsi que dans toutes lesprovinces, même s’il faudra attendre encorequelques années pour obtenir des résultatsprobants. Parmi les projets nationaux entreprisen 2007, mentionnons :

En novembre, une délégation composée dereprésentants des communautés francophones,des gouvernements provinciaux et d’employeursont participé à une tournée de recrutement etde promotion. Cette tournée intituléeDestination Canada a mené la délégation àParis, à Lyon, à Bruxelles et à Tunis.

En septembre, l’Association canadienne pourl’éducation en langue française a tenu soncongrès annuel sous le thème de la diversitéculturelle dans les écoles. La Fédérationnationale des conseils scolaires de languefrançaise a adopté le même thème lors deson colloque annuel. Ce colloque a permisd’explorer les enjeux relatifs à l’accueil denombreux immigrants qui choisissent lesystème scolaire francophone.

La Fédération des communautésfrancophones et acadienne du Canada aeffectué une tournée des réseaux existantsd’immigration francophones afin de déterminer

Colin Robertson déclarait dans un récentarticle26, que la « francité » reste un élémentessentiel de l’identité canadienne : elle estpancanadienne et n’est pas confinée au Québec.Un pays de plus en plus dépendant de l’immigrationdoit veiller à ce que sa population d’expressionfrançaise puisse s’épanouir et profiter de l’arrivéedes nouveaux immigrants de la même façon quesa population d’expression anglaise. Il s’agit d’undéfi que doit relever autant le gouvernement duQuébec que les communautés francophones ensituation minoritaire au pays.

Pour les francophones en situation minoritaire, lefait de dépendre de l’immigration pour assurerleur croissance démographique présente certainsdéfis. À l’extérieur du Québec, une infimeproportion des immigrants parlent déjà le françaisà leur arrivée ou adoptent le français commelangue d’usage. Par conséquent, l’immigrationconstitue pour les francophones une forcesoustractive qui diminue non seulement leurpoids démographique par rapport à l’ensembledu pays, mais aussi la vitalité du français au pays.Du côté anglophone, l’apport des immigrants al’effet contraire, car la grande majorité desimmigrants viennent s’ajouter à la population quia l’anglais comme langue d’usage.

Cette perte de vitalité de la francophoniecanadienne pourrait s’accélérer, à moins qu’onne prenne des moyens vigoureux pour augmenterle nombre d’immigrants qui parlent français et qui sont susceptibles de s’intégrer auxcommunautés de langue officielle. Heureusement,à la suite des interventions de la communautéfrancophone et du Commissariat, Citoyenneté etImmigration Canada a pris cette question ausérieux en lançant, en 2002, une vaste initiative

L’IMMIGRATION ET LES COMMUNAUTÉS FRANCOPHONES

26 Colin Robertson, « The True White North: Reflections on Being Canadian », Options politiques = Policy Options, vol. 29, no 2 (février 2008), p. 80.

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les besoins et lacunes en fait d’accueil. Lesrenseignements recueillis ont servi à suggérerdes correctifs au Comité directeur deCitoyenneté et Immigration Canada.

De nombreux projets ont également été entreprisdans des provinces et territoires. Dans la plupartdes provinces, on a pu créer une structured’accueil ou renforcer celles qui existaient déjà.La majorité des projets en cours se fondent surune stratégie globale qui vise à coordonner lesactivités dans tous les domaines dont lapromotion de la communauté d’accueil, lesservices d’établissement, la scolarisation desenfants, l’engagement des employeurs et lasensibilisation des communautés à la diversitéculturelle. De cette façon, toute la communautéest engagée dans l’effort d’intégration. Voiciquelques exemples de projets en cours :

Le Carrefour d’immigration rurale de la régionÉvangéline a élaboré un guide pour lesnouveaux arrivants et lancé un DVD pour fairela promotion de cette région de l’Île-du-Prince-Édouard. En octobre 2007, le FestivalAcadiversité, dont le thème était la diversitéculturelle, a connu un franc succès.

Grâce au soutien des paliers provincial etfédéral, l’Ontario s’est doté de trois réseauxpour l’immigration, un dans la région du Sud-Ouest, un autre dans la région de l’Est et untroisième dans la région du Nord. Ces troisréseaux sont à élaborer des plans stratégiquesqui seront adaptés aux besoins de leursmilieux respectifs. Un centre a été créé àLondon pour offrir, sous un même toit, lesservices d’établissement, d’emploi etd’orientation. Le bureau de l’Ontario deCitoyenneté et Immigration Canada verse desfonds à l’Université d’Ottawa pour qu’elleélabore une stratégie triennale d’attraction etde maintien des immigrants francophonesdans les communautés de langue officielle decette province.

Le gouvernement albertain, en collaborationavec l’Association canadienne-française del’Alberta, a entamé une vaste recherche afinde déterminer les besoins en matièred’établissement. Les résultats de la recherchepermettront de mettre en œuvre des mesuresconcrètes. En 2007, le Centre d’accueil etd’établissement d’Edmonton a fourni desservices d’établissement à plus de 350immigrants francophones. Le centre Accès-emploi a lancé un projet pour faciliterl’adaptation et l’intégration des jeunesimmigrants grâce aux liens créés entre l’écoleet la famille de ces jeunes.

L’Assemblée communautaire fransaskoise aréalisé un guide intitulé Vivre enSaskatchewan – guide pour une intégrationréussie. Une foire interministérielle organiséepar cette organisation a permis de sensibiliserplusieurs ministères provinciaux à la questionde l’immigration. En septembre 2007, lepremier ministre, Lorne Calvert, a accueilli aupalais législatif un important grouped’immigrants francophones.

En septembre 2007, le gouvernement de laColombie-Britannique a publié un rapportdans lequel il formule un éventail derecommandations destinées à améliorer lesservices d’établissement en français quiseront mises en œuvre en 2008. Par ailleurs,la province a financé l’embauche de troistravailleurs en établissement dans les écolesfrancophones afin de faciliter l’accueil desnouveaux arrivants.

L’Association franco-yukonnaise a créé desstructures d’accueil qui visent autant lesnombreux Canadiens venus des autresprovinces que les immigrants. Cettecommunauté s’est dotée de moyens et destructures qui correspondent à ses besoins27.

27 Au chapitre I, nous avons aussi souligné l’exemple de la communauté francophone du Manitoba qui a adopté des mesures en vue de favoriserl’arrivée d’un plus grand nombre d’immigrants francophones dans la province.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

Malgré ces progrès notables, on constate que lerecrutement a donné des résultats plutôtmodestes jusqu’à maintenant28. En plus desefforts du gouvernement fédéral, il faudrait queles provinces consultent les communautésfrancophones sur leurs besoins, comme prévoientla plupart des ententes fédérales-provinciales-territoriales en matière d’immigration, et qu’ellesfavorisent la sélection de candidats francophonesqualifiés. Grâce à leurs divers programmes,comme les programmes provinciaux denomination des candidats, tous les ordres degouvernement peuvent contribuer à favoriserl’immigration francophone. Cependant, leursmécanismes de promotion et de sélection doiventmieux s’arrimer aux stratégies et aux besoins descommunautés. De plus, à toutes les étapes duprocessus d’immigration, l’image d’un Canadabilingue et de communautés francophonesdynamiques doit être reflétée.

La plupart des structures d’accueil en françaissont à l’état embryonnaire alors que certainescommunautés, dont la petite communauté deBrooks, en Alberta, voient littéralement déferlerles nouveaux arrivants et que les écoles ont de ladifficulté à intégrer les élèves venus d’ailleurs,faute d’espace et de ressources. Il est évidentque des sommes importantes devront êtreinvesties dans la création de structures d’accueilcapables de satisfaire à la demande. Les fondsprovenant du budget d’établissement deCitoyenneté et Immigration Canada doiventpermettre aux communautés d’améliorer cesservices à un rythme soutenu.

Lors d’un forum organisé par leCommissariat à Toronto en octobre2007 avec des représentants decommunautés ethno-culturelles, lesparticipants francophones ont cernédes enjeux liés à l’interactionquotidienne de la dualité linguistiqueet de la diversité culturelle, soit :

Services en français : La faibledisponibilité des services en françaisest un enjeu d’importance. En Ontario,les services offerts par les gouvernementsne sont pas toujours disponibles enfrançais. Là où le service en françaisexiste, il est trop souvent de piètrequalité. Ainsi, beaucoup de Canadiensqui croient les services en françaismoins adéquats que ceux offerts enanglais n’en font plus la demande.

Services d’intégration : Le françaisest pratiquement inexistant à Torontocomme instrument d’intégration desnouveaux arrivants. Les francophoness’intègrent donc à la communautéanglophone où les services sont plusdisponibles et mieux répartis sur leterritoire.

Identification des francophones :Pour plusieurs, la tendance à mettrel’accent, dans nos statistiquesofficielles et nos programmes sur lesfrancophones de langue maternelleexclut de nombreux immigrants, enprovenance notamment d’Afriquefrancophone qui n’ont pas le françaiscomme « langue maternelle ». Ils sontcomptabilisés comme allophones etcette façon de procéder nuit à leursentiment d’appartenance et à lavisibilité des communautésfrancophones.

28 La proportion d’immigrants parlant le français seulement était de 3,8 p. 100 en 1997, et de 5 p. 100 en 2006. La proportion d’immigrantsparlant le français et l’anglais est passée de 2,8 p. 100 en 1997 à 9 p. 100 en 2006. Ces données comprennent les immigrants qui se sontinstallés au Québec et sont tirées du site Web de Citoyenneté et Immigration Canada à l’adresse www.cic.gc.ca/francais/ressources/statistiques.

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Par ailleurs, les services offerts doivent êtreadaptés aux besoins particuliers des nouveauxarrivants. Ainsi, certaines communautésaccueillent plus de réfugiés (qui ont des besoinsplus spécifiques que les autres immigrants)pendant que d’autres (comme celle du Yukon etde l’Alberta) reçoivent de forts contingents defrancophones, tant des jeunes entrepreneurs etprofessionnels du Canada que des immigrants.

De plus, le type de communauté d’accueil est àprendre en considération. Une personne quis’installe dans une petite municipalité bilinguedu Manitoba vit sans aucun doute uneexpérience fort différente de celle qui déménageà Toronto, où l’on trouve une communautéfrancophone importante, mais dispersée. Il fautque le nouvel arrivant à Toronto se rende comptedès son arrivée qu’il existe une communautéfrancophone à laquelle il peut se joindre. Parailleurs, il est plus probable que des membres dela famille ou des amis de cet immigrant viventdéjà à Toronto (ce qui pourrait faciliter sonintégration), mais cette possibilité est moindres’il choisit de s’installer à Évangéline, à l’Île-du-Prince-Édouard. Il faut considérer ces facteurslorsque l’on procède à la planification des services.

En ce qui a trait à l’intégration, la plupart descommunautés ont pris des mesures pour préparerles résidents à la diversité culturelle et ainsifavoriser l’intégration des nouveaux arrivants.Cependant, l’intégration réelle se fait à longterme et non pas seulement durant les six moissuivant l’arrivée. En effet, il ne suffit pas, pourse sentir intégré, d’occuper un emploi, de trouverun logement et d’inscrire ses enfants à l’école. Ilfaut aussi pouvoir profiter de tous les aspects dela vie communautaire : sports, loisirs,associations communautaires, soutien aux aînés,etc. Les communautés doivent reconnaîtred’emblée l’apport potentiel des nouveaux

citoyens et faire le nécessaire pour que cesderniers prennent part aux activités et projetscommunautaires. Les communautés francophonesen situation minoritaire, qui ont souvent eu àdéfendre leurs droits linguistiques, ont mis surpied des institutions et des organismes forts etleur ont donné le mandat de protéger etpromouvoir leur langue et leur culture. Au fil desans, ces institutions se sont attachées à soutenirles traditions et les valeurs qui ont contribué àdéfinir la communauté et à lui donner des assisessolides. L’intégration réelle et profonde desimmigrants francophones dans les communautéspourrait exiger que les communautés et lesgouvernements prennent le temps de réfléchir àces valeurs et à une définition du citoyen « francophone ». Le désir de vivre en français, lefait d’exprimer son attachement à la langue et àla culture françaises ou l’usage du français dansses rapports sociaux devraient suffire à déterminerson appartenance à la francophonie canadienne.

Les années à venir seront déterminantes pourl’immigration francophone. Bien que lesprovinces et les municipalités aient un rôleimportant à jouer en ce qui concerne lesstructures d’accueil (puisque plusieurs desprojets décrits reçoivent du financement provincialou municipal), il n’en demeure pas moins queces initiatives ont pu être lancées grâce auleadership exercé par le gouvernement fédéral. Ilfaut reconnaître que le Plan d’action 2003-2008a donné le signal dont les communautés avaientbesoin pour se mobiliser et s’organiser. Il s’agitmaintenant de donner un deuxième signal pourleur permettre de rester dans la bonne voie. Letemps est venu de faire des efforts ciblés,soutenus et importants pour que la présence dufrançais continue de s’affirmer dans le Canadade demain.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

Outre les défis démographiques que représentele soutien d’une forte présence francophone unpeu partout au pays, le second enjeu auquel lesCanadiens sont confrontés lorsqu’ils pensent àl’avenir est de veiller à ce que tous, peu importeleur origine, aient la dualité linguistique encommun et qu’ils puissent y participer, et à cequ’ils la reconnaissent comme une pierreangulaire et une valeur commune servant defondement au pays. Dans un récent rapport surla diversité culturelle au Canada, les responsablesdu Projet de recherche sur les politiques dugouvernement fédéral libellaient la question entermes plus généraux, cherchant à déterminer lafaçon de favoriser la diversité sans créer de

Les participants ne parlaient pas tous lesdeux langues officielles, mais ilssouhaitaient tous avoir plus depossibilités d’apprendre l’autre langueofficielle. Pour eux, la maîtrise des deuxlangues officielles permet, en plus decontribuer à l’intégration économiquedes immigrants, de mieux comprendrele pays, son histoire et sa culture, ainsique de favoriser l’unité nationale. Onconstate, sans l’ombre d’un doute, unevolonté et un fort désir de dialogue etune compréhension de la dualitélinguistique comme valeur canadiennefondamentale. Bon nombre departicipants ont souligné l’importancede trouver de nouvelles façons de nouerdes liens entre les diverses communautés,à l’échelle tant locale que nationale.

LES IDENTITÉS MULTIPLES ET LE DIALOGUE À L’ÉCHELLE NATIONALE DANS LES DEUX LANGUES OFFICIELLES

29 Jean Lock Kunz et Stuart Sykes, De la mosaïque à l’harmonie : le Canada multiculturel au XXIe siècle, 2007, p. 3. Compte-rendu des tablesrondes régionales organisées par le personnel du Projet de recherche sur les politiques.

divisions et d’encourager la citoyennetépartagée ou ouverte à tous dans une sociétémulticulturelle29. Comment les languesofficielles du Canada pourront-elles façonner la notion de citoyenneté partagée?

De nos jours, la population canadienne a demultiples visages : ses membres peuvent êtreunilingues, bilingues ou multilingues; ilsviennent souvent d’autres pays, avec lesquels ilsmaintiennent des liens par la famille, les amis etles traditions. Par ailleurs, ils adoptent l’identitécollective et les valeurs communes du Canada.Malgré leurs différences et multiples identités,

En octobre 2007, le Commissariat auxlangues officielles a organisé à Torontoun forum qui a donné l’occasion à desreprésentants de communautésethnoculturelles de discuter de leurperception des langues officielles du Canada.

Les participants ont souligné leurvolonté de contribuer à la sociétécanadienne de diverses façons et departiciper pleinement au dialoguenational. Ils ont aussi reconnu que ladualité linguistique est un des élémentsqui unissent les Canadiens et quifavorisent le multiculturalisme.

Forum sur les perceptions des Canadiens de diverses origines envers la dualité linguistique

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ils sont unis par les langues officielles du Canada,lesquelles favorisent le dialogue national. De fait,le fondement même de l’unité nationale et de laraison d’être du Canada reste la compréhensionmutuelle entre le Canada anglais et le Canadafrançais. La richesse de cette entente se retrouvedans nos lois, nos institutions politiques et notrerégime constitutionnel.

Les politiques du Canada en matière de bilinguismeet de multiculturalisme représentent une visionet un cadre de dialogue au sein d’une sociétéinclusive. Les deux sont fondées sur les droits dela personne, l’égalité des chances, la pleineparticipation et le respect.

Né en Inde, le juge de la citoyennetéShinder S. Purewal est arrivé au Canadaen 1979. Aujourd’hui, il préside descérémonies bilingues de citoyennetéde nouveaux Canadiens à Surrey, enColombie-Britannique. « Le juge[Purewal] inclut la version françaisedu serment et prononce quelquesmots en français. Il veut ainsisouligner que le Canada est fondé surle principe de la cohabitation de deuxlangues – l’anglais et le français. “Ladualité linguistique constitue unimportant cadre institutionnel pourtous les Canadiens, [a dit le juge,]lequel permet d’établir et demaintenir un lien commun entre eux,d’un océan à l’autre. En fait, […] lefrançais et l’anglais sont les moyenspar lesquels les immigrants peuventavancer dans ce pays”. »

Robert Rothon30

La notion de respect va au-delà de la tolérance,puisqu’elle nécessite la volonté d’instaurer unerelation mutuellement bénéfique, de tirer profitdes différences et d’apprendre de l’autre afin des’améliorer. Pour ce faire, on doit bien sûrpouvoir nouer un dialogue. Sur la scènenationale, ce dialogue se déroule en français eten anglais pour des raisons historiques, maiségalement parce que suffisamment de leadersnationaux de toutes les sphères de la sociétécomprennent ces deux langues. Les médiasnationaux dans les deux langues, dans toutes lesrégions du pays, permettent aux citoyens de serenseigner sur les sujets d’actualité et deconnaître la culture des deux groupeslinguistiques. Le fait que le Canada ait adoptédeux langues officielles ne diminue en rienl’importance des nombreuses autres languesparlées au Canada. Certaines languesautochtones, dont l’inuktitut, sont les langues del’administration publique dans le Nord canadien,et leur utilisation doit être renforcée un peupartout au pays. D’autres langues, comme lecantonais, l’italien, l’hindi et le panjabi, sontparlées dans un grand nombre de foyers etquartiers, et certains services publics sont offertsdans ces langues. Néanmoins, le français etl’anglais restent les langues premières de lacommunication et le fondement du dialoguenational et de la compréhension mutuelle au pays.

30 Robert Rothon, « Devenir Canadien », Au-delà des mots (hiver 2008). Bulletin publié par le Commissariat aux langues officielles à l’adressewww.languesofficielles.gc.ca/cyberbulletin.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

DES MESURES POUR ALLER DE L’AVANT

Comparativement aux générations précécentes,beaucoup plus de jeunes Canadiens sont bilingueset ouverts à la diversité culturelle, et ont davantagede contacts avec les autres cultures. Ils définissentleur identité canadienne dans un contexteplanétaire31, et cette identité inclut de plus en plusla capacité de parler les deux langues officielles etla volonté de comprendre les deux communautéslinguistiques. Les approches visant à la fois ladualité linguistique et le multiculturalismedoivent refléter l’évolution de cette façon de voirles choses afin qu’elles touchent cette générationet demeurent pertinentes pour elle.

« Certains Canadiens parlent seulementl’anglais et d’autres seulement lefrançais, mais comme immigrante, je pense avoir fait un bon choix endécidant d’apprendre les deux languesofficielles du pays. C’est une façonpour moi de contribuer au Canada. »

Lorena Ortega a participé au forum surla dualité linguistique et la diversité

culturelle que le Commissariat auxlangues officielles a organisé à Toronto

en octobre 2007.

Pour les immigrants, et en fait pour tous lesCanadiens, les langues sont des moyensd’avancement. Quels que soient leurs antécédentsou leur pays d’origine, tous les Canadiensdevraient avoir davantage de possibilitésd’apprendre leur seconde langue officielle et departiciper au dialogue avec l’autre communautélinguistique. Les gouvernements et le systèmed’éducation ont un rôle à jouer dans le

31 Jean Lock Kunz et Stuart Sykes, De la mosaïque à l’harmonie : le Canada multiculturel au XXIe siècle, 2007, p. 14. Compte-rendu des tablesrondes régionales organisées par le Projet de recherche sur les politiques.

Les politiques du Canada sur la dualitélinguistique et le multiculturalisme enrichissentclairement l’identité canadienne et favorisent lacohésion sociale. Elles permettent une meilleurecompréhension du pays et de son histoire etappuient l’unité nationale. En pratique, toutefois,il reste encore des obstacles considérables àsurmonter, plus particulièrement l’écart entre lesaspirations en matière de dualité linguistique,qui se dégagent des lois canadiennes et dudiscours politique, et la réalité, qui montre quela dualité linguistique est absente de la viequotidienne dans bien des régions du pays.

La dualité linguistique est souvent présentéecomme une politique qui ne s’adresse qu’auxcommunautés de langue officielle, et non àl’ensemble de la population. Il faut donc faire unmeilleur travail de communication des valeurs etde l’historique de la dualité linguistique afin quetous les Canadiens comprennent cette vision etse sentent concernés. Il faut accroître les effortsde promotion de la dualité linguistique auprèsdes Canadiens, et plus particulièrement auprèsdes nouveaux arrivants et des immigrants potentiels.Il faut expliquer la pertinence des languesfrançaise et anglaise, ainsi que l’importance deces deux langues en tant qu’éléments clés del’histoire du Canada et parties intégrantes de lacitoyenneté. De cette manière, les Canadiens dediverses origines qui vivent dans des villes commeToronto et Vancouver pourront comprendrel’importance de la dualité linguistique. Tous cesefforts auront pour effet de renforcer chez lesCanadiens le sentiment commun d’appartenir àun pays, un sentiment qui ira bien au-delà de laréalité locale ou régionale.

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renforcement des programmes d’enseignementdu français ou de l’anglais langue seconde dansles écoles, l’amélioration des niveaux decompétence et la promotion des échanges. Lesétablissements d’enseignement postsecondairedoivent également reconnaître le rôle qu’ils ont àjouer pour préparer les diplômés à faire leurentrée sur le marché du travail au Canada ou à

l’étranger, où le bilinguisme et le multilinguismesont des compétences importantes dans unmonde interdépendant. Bon nombre d’autrespays, dont la Grande-Bretagne, ont désormaispris conscience de l’importance d’investir dansl’enseignement des langues pour améliorer laproductivité et la compétitivité32.

32 Nuffield Languages Inquiry, 2000. Voir http://nuffieldfoundation.org.

33 Rudyard Griffiths, « Blame Ottawa: The country’s two solitudes are more solitary by the day », The Globe and Mail, 18 février 2008, p. A15.

LE RÔLE DU GOUVERNEMENT

Tous les canadiens devraient pouvoir participer etcontribuer pleinement à la société. Pour y arriver,ils doivent disposer des outils nécessaires, et lespolitiques gouvernementales doivent être adaptéesà la réalité changeante de la société. L’interactionde la dualité linguistique et de la diversité culturelleamène des défis, mais aussi des nouvellesperspectives d’avenir, dont on doit tenir comptedès maintenant. Il faut également engager undialogue plus large sur la façon dont la dualitélinguistique et la diversité culturelle permettentde créer une vision inclusive de la citoyenneté etde l’identité canadienne, commune à tous. Il estaussi nécessaire de faire preuve d’ouverture pouradapter les politiques sur la dualité linguistiqueet le multiculturalisme pour relever ces défis.

Pour aller de l’avant, le gouvernement fédéral ale devoir de diriger. Il doit indiquer la voie àsuivre pour veiller à ce que la dualité linguistiqueet la diversité culturelle soient toujours lefondement de la citoyenneté partagée et d’unesociété inclusive. Il ne faut pas tarder àcommuniquer cette vision si nous voulons que lepays puisse compter sur deux communautés

linguistiques florissantes dans les années à veniret lancer un dialogue national qui respecte lescontributions de tous, dans les deux languesofficielles.

Comme le signalait dernièrement le directeurgénéral sortant de l’Institut du Dominion,Rudyard Griffiths, « si nous n’arrivons pas à releverce défi, nous risquons de perdre quelque chosequi aura des répercussions pour tous : notrecapacité d’imaginer ce que veut dire l’appartenanceà une nation qui est beaucoup plus grande quela somme de ses parties33. [traduction] »

En 2005, la commissaire aux langues officiellesen poste à l’époque a recommandé que la ministredes Langues officielles entame un dialogue avecles Canadiens dans le but de pleinement intégrer ladualité linguistique et la diversité linguistique dansle Canada contemporain. Cette recommandationétait fondée sur une vision de la citoyennetépartagée qui prévoit la pleine participation detous, l’existence au Canada de deux langues etde valeurs communes. Selon le commissaireFraser, cette recommandation est plus pertinenteque jamais.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE II : LANGUES OFFICIELLES DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION

CONCLUSION

Dans le présent chapitre, nous avons traité de lapertinence du programme des langues officiellesdans le contexte de la mondialisation, des réformesdes institutions parlementaires et d’autresgrandes influences.

Dans un premier temps, nous y avons brossé untableau de certaines propositions de réforme del’État canadien, en l’occurrence celles touchantle Sénat, le pouvoir fédéral de dépenser etd’autres transformations gouvernementales. Lecommissaire a souligné que le désir derenouveler la fédération canadienne est légitime,mais qu’il peut être porteur de tendancesassimilatrices et que les services pourraient ensouffrir si les besoins des communautés delangue officielle ne sont pas pris en considération.À mesure qu’il s’engagera dans des projets deréforme, le gouvernement fédéral devra fairepreuve de jugement et d’un sens desresponsabilités à l’égard de la dualitélinguistique du Canada.

Nous avons poursuivi la réflexion amorçée dansdes rapports précédents au sujet de l’interactionde la dualité linguistique et de la diversitéculturelle. La réalité canadienne est marquée parl’influence grandissante de la population allophone.Même si la majorité de cette population quicontinue d’augmenter peut s’exprimer dans l’uneou l’autre des deux langues officielles, l’identitécanadienne traverse néanmoins une période detransformation. Le commissaire demande doncaux décideurs d’examiner comment la dualitélinguistique et la diversité culturelle peuventcontribuer à une vision inclusive de l’identité etde la citoyenneté dans le Canada de demain afind’assurer la pleine participation de tous lesconcitoyens. À cet égard, le commissaire exhortele gouvernement fédéral à jouer le rôle qui luirevient, soit celui de chef de file en la matière.

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CHAPITRE IIILA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUEET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

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CHAPITRE III :LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

« LE LEADERSHIP, C’EST L’ART D’AMENER LES AUTRES À VOULOIR

SE BATTRE POUR RÉALISER DES ASPIRATIONS COMMUNES. »JAMES KOUZES ET BARRY POSNER

Le Parlement du Canada a fait preuve dediscernement en 1969 en adoptant la première Loi sur les langues officielles pour faire en sorteque la dualité linguistique repose sur desfondements juridiques solides.

Par la suite, cette loi a déclenché de nombreuxchangements qui ont permis au Canadad’atteindre une plus grande égalité des languesofficielles. La modification apportée à la Loi ennovembre 2005 a clarifier les obligations dugouvernement face aux droits linguistiques desCanadiennes et des Canadiens. Les institutionsfédérales doivent désormais prendre des mesurespositives pour promouvoir la dualité linguistiqueet soutenir le développement des communautésde langue officielle.

La dualité linguistique n’est pas uniquement unequestion de droits. Elle constitue une richessepour le Canada tout entier, non seulement du faitqu’elle participe à la diversité, mais aussi grâceaux bienfaits économiques et sociaux qu’elleentraîne, sur le plan tant individuel que collectif.Les langues officielles constituent des élémentsessentiels de l’identité et de l’histoire du Canadaet elles sont bien présentées aujourd’hui dansplusieurs sphères de la société canadienne, qu’ils’agisse des échanges commerciaux, des industriesculturelles, des relations diplomatiques, desmédias ou du dialogue entre les citoyens desdeux communautés linguistiques.

L’anglais ne suffit pas

« Nous avons la chance de parler unelangue [l’anglais] connue à l’échelleinternationale. Cependant, dans unmonde concurentiel fondé sur le savoir,si le Royaume-Uni ne compte que sur lalangue anglaise, il se place dans un étatde vulnérabilité et de dépendance àl’égard des compétences langagières etdu bon vouloir des autres [traduction]1. »

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE III : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

Dans son rapport intitulé Languages: The NextGeneration2, la Nuffield Foundation a faitremarquer en 2000 que l’on doit considérer laconnaissance des autres langues comme unehabileté essentielle, au même titre que le calculet la lecture, puisqu’elle favorise la compétitivité,la tolérance interculturelle et la cohésion sociale.

Le Canada pourrait s’inspirer de ce messaged’ouverture. La promotion du français et del’anglais dans la société canadienne est unefaçon d’augmenter le capital humain et le savoir,des avantages inestimables dans la nouvelleéconomie.

1 The Nuffield Foundation, Languages: The Next Generation, Londre, 2000.

2 Ibid.

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Le double patrimoine linguistique du Canada luidonne un avantage à l’échelle mondiale, mais ildoit apprendre à en tirer pleinement profit. Enfait, on peut se demander si le Canada en faitsuffisamment pour promouvoir les languesofficielles et favoriser le développement descommunautés de langue officielle. Déploie-t-ilassez d’efforts pour donner aux jeunes l’occasionde passer d’un univers linguistique à l’autregrâce à l’usage des deux langues dans leurfamille, à l’école ou dans leur quartier?

Les communautés de langue officielle font partiede l’expérience canadienne et comptent parmiles précieux atouts du pays. Cependant, leurhistoire raconte un parcours parfois éprouvant,marqué par des hauts et des bas. Dans bien descas, la volonté des individus de vivre dans unecommunauté de langue officielle n’a pas étésuffisante pour en assurer le développement. Il afallu une volonté collective, le soutien desgouvernements et même l’intervention destribunaux pour que les communautés de langueofficielle puissent s’épanouir dans leur langue etcontribuer pleinement à la société canadienne.Des progrès ont certainement été faits en cesens, mais le travail n’est pas terminé.

Ce chapitre aborde de nombreux enjeuxentourant la promotion de la dualité linguistiqueet la vitalité des communautés de langueofficielle.

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PARTIE 1 : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

Il existe plusieurs façons de promouvoir la dualitélinguistique. Pour commencer, le gouvernementfédéral, en collaboration avec les provinces et lesterritoires, appuie les programmes d’apprentissagedes langues secondes au pays. Ces programmesparticipent concrètement à la promotion de ladualité linguistique puisqu’ils contribuent audialogue, à la compréhension et au respect entreles deux groupes linguistiques et favorisent lapleine participation des Canadiens à la sociétécanadienne. De plus, ils contribuent à former lebassin de personnel bilingue de la fonctionpublique et du secteur privé.

Ensuite, le gouvernement fédéral doit prendre desmesures pour que l’image projetée à l’étrangerreflète la dualité linguistique canadienne. Il estnotoire que le Canada sert souvent de modèle enmatière de droits linguistiques. Bon nombre depays se servent du Canada comme exemple pourinstituer des régimes linguistiques qui respectentdavantage les cultures et les langues nationales.Toutefois, pour jouer ce rôle en toute légitimité,le Canada gagne à exercer lui-même un leadershipexemplaire en matière de promotion de la dualitélinguistique canadienne.

L’APPRENTISSAGE DE LA LANGUE SECONDE

Au pays, environ deux millions de jeunes apprennentle français comme langue seconde dans diversprogrammes d’apprentissage : français de base,français intensif et immersion. De plus, il y a un

million de jeunes québécois qui apprennentl’anglais comme langue seconde aux niveauxprimaire et secondaire. La variété des programmesofferts s’avère une importante réalisation canadiennecar elle offre aux citoyens la possibilitéd’apprendre les deux langues officielles et ouvrela porte à l’apprentissage d’autres langues.

L’apprentissage de la langue seconde est soutenuen partie par le Programme des langues officiellesen enseignement3, de Patrimoine canadien. Lancéen 1970, ce programme se fonde sur des ententesde collaboration entre le gouvernement fédéral etles provinces et territoires. Le gouvernementfédéral et les provinces et territoires concluent aussides ententes bilatérales décrivant les projets entrepriset les résultats attendus des investissements. En plusdes sommes consenties normalement dans lecadre du programme, le gouvernement fédéral aprévu dans le Plan d’action 2003-2008 uneenveloppe supplémentaire en éducation. L’objectifénoncé dans le Plan d’action 2003-2008 est dedoubler la proportion de jeunes âgés de 15 à 19ans qui parlent les deux langues officielles, c’est-à-dire de faire passer cette proportion de 24 p. 100en 2001 à 50 p. 100 en 2013.

En général, le financement fédéral destiné auxprovinces et territoires doit servir à améliorer lesprogrammes scolaires, à augmenter le nombre deprofesseurs qualifiés, à faciliter les échangesd’élèves et à appuyer la recherche. Or, la façondont les systèmes scolaires s’y prennent pourmettre en œuvre les programmes d’apprentissagede la langue seconde varie considérablementd’une province et d’un territoire à l’autre. Cemanque d’uniformité comporte certains risques

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3 Pour de plus amples renseignements sur les origines de ce programme, voir Matthiew Hayday, Bilingual Today, United Tomorrow: Official languages in Education and Canadian Federalism, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2005.

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et présente des défis quand à l’atteinte desobjectifs énoncés dans le Plan d’action 2003-2008 qui touchent le bilinguisme des jeunesdiplômés. Par conséquent, le commissaire inviteles intervenants du dossier de l’apprentissage dela langue seconde à se mobiliser et à se concerterafin de relever ces défis.

La continuité de l’enseignement

Le commissaire s’inquiète particulièrement del’interruption de l’apprentissage de la langue seconde.Les gouvernements investissent dans les programmesd’apprentissage de la langue seconde, mais cetype d’apprentissage n’est pas obligatoire partoutau pays ni dans l’ensemble du système scolaire.À l’heure actuelle, seulement environ la moitiédes jeunes élèves des écoles anglophonesapprennent le français comme langue seconde.

Malgré l’objectif ambitieux de doubler le nombrede jeunes bilingues d’ici 2013, les données durecensement de 2006 montrent une tendanceinquiétante en dix ans : le bilinguisme a perdudu terrain chez les jeunes anglophones de 15 à19 ans à l’extérieur du Québec. Après être passéde 16,3 p. 100 en 1996 à 14,7 p. 100 en 2001,le niveau de bilinguisme a encore chuté pouratteindre 13 p. 100 en 2006. Ces données contrastent avec le taux de bilinguisme chez lesjeunes anglophones au Québec qui ne cessed’augmenter.

Par ailleurs, on enregistre toujours dans plusieursrégions une vive demande pour certains desprogrammes d’apprentissage en langue seconde.Par exemple, en 2005-2006, le nombre d’inscriptionsaux programmes d’immersion française a augmentéde 5,6 p. 100 en Colombie-Britannique et de5,1 p. 100 en Ontario4. Toutefois, dans ces provinces

et ailleurs aussi, on assiste à une diminution dunombre d’inscriptions aux programmes defrançais de base.

De plus, un grand nombre d’élèves du secondaireabandonnent les cours de langue seconde au profitd’autres disciplines qui leur semblent plusprometteuses dans la poursuite de leurs études.En Ontario, le nombre d’élèves qui abandonnentles programmes de français langue seconde, enparticulier les programmes de français de base, estinquétant. Toutefois, le 1er avril 2008, le ministèrede l’Éducation de cette province a effectué uneréorganisation structurelle. Cet importantchangement vise l’amélioration des mécanismesde soutien et de prestation des programmes defrançais langue seconde dans les écoles primaireset secondaires.

Ailleurs au pays, le commissaire constate que trèspeu de mesures incitatives existent pour encouragerles jeunes à poursuivre les programmes de françaislangue seconde. Les données du dernier recensementconfirment d’ailleurs que le taux de bilinguismechez les jeunes commence à chuter après 19 ans,c’est-à-dire après l’obtention du diplôme d’étudessecondaires5.

Le commissaire invite toutes les provinces et territoiresà augmenter leurs efforts pour assurer une plusgrande continuité dans l’enseignement de la langueseconde, et ce, de la maternelle jusqu’àl’intégration au marché du travail. Il faut s’assurerde renforcer les programmes pour qu’ils donnentdes résultats positifs et qu’ils favorisent larétention des élèves. Bien sûr, tant la qualité descours et des programmes de langue seconde quel’enrichissement de ces programmes par desoccasions d’interaction sociale, des activitésculturelles et des échanges constituent des élémentsclés pour attirer et retenir les jeunes élèves.

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4 Pour de plus amples renseignements à cet égard, voir le site Web de Canadian Parents for French à l’adressewww.cpf.ca/french/Ressources/Inscriptions%20index.htm.

5 Selon les données du recensement de 2006, à l’extérieur de la province de Québec, le pourcentage d’anglophones bilingues âgés de 25 à 29 ansétait d’environ 12 p. 100. Or, 10 ans plus tôt, 16 p. 100 de ces personnes, alors agées de 15 à 19 ans, s’étaient déclarées bilingues lors durecensement de 1996.

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Le commissaire a donc entamé une étude sur lespossibilités d’apprentissage en langue secondedans les universités canadiennes. L’intérêt pour cettequestion découle en partie du nombre élevé dediplômés des programmes d’immersion etd’autres programmes d’enseignement du françaislangue seconde qui étudient actuellement ou quise préparent à étudier au niveau postsecondaire.Il faut aussi tenir compte des nouvelles réalitéssocioéconomiques amenées par la mondialisationet des compétences requises dans une économiedu savoir, dont font partie les habiletés langagières etl’ouverture aux autres cultures. De même, dans lecadre du renouvellement de la fonction publique, legouvernement du Canada a besoin d’un bassin derecrues bilingues.

Selon le plus récent rapport deCanadian Parents for French qui portesur la situation, en 2006, del’enseignement du français langueseconde à l’échelle nationale, 1,5 milliond’élèves du primaire et du secondairesont inscrits à des programmes defrançais de base, ce qui représente 39 p.100 des élèves admissibles. En outre,309 000 élèves sont inscrits à desprogrammes d’immersion française, soit8 p. 100 des élèves admissibles.

C’est une des raisons pour lesquelles lecommissaire s’inquiète des recommandations dela commission qui s’est penchée sur l’examendes programmes et activités de français langueseconde au Nouveau-Brunswick6 et de ladécision du ministre de l’Éducation de laprovince d’abolir les programmes d’immersionprécoce. Une très vaste majorité d’experts

s’entendent toujours pour dire que l’immersion,notamment l’immersion précoce, constitue lameilleure méthode d’apprentissage d’une langueseconde. Par exemple, dans son Plan d’action2004-2006 intitulé Promouvoir l’apprentissagedes langues et la diversité linguistique, laCommission européenne écrit que l’apprentissageprécoce des langues entraîne une plus grandemaîtrise et une précision accrue de l’expressionorale, la lecture, l’expression écrite et lacompréhension. De plus, cet apprentissageprécoce prépare l’individu à apprendre d’autreslangues tard dans sa vie. Toutefois, le commissaires’est réjoui que le ministre de l’Éducationconserve la cible de 70 p. 100 de diplômés dusecondaire capables de fonctionner efficacementdans leur seconde langue officielle. Cette cibleprovinciale est de beaucoup supérieure à celleque le gouvernement fédéral a fixée à 50 p. 100.

La demande et l’accès

Bon nombre de jeunes apprennent leur langueseconde dans le cadre des programmes de françaisde base et d’immersion française. Or, ils seraientbeaucoup plus nombreux à le faire si les ressourceset les occasions d’apprentissage étaient plusnombreuses. À certains endroits, les parentsn’ont actuellement pas la possibilité d’inscrireleurs enfants aux programmes de français langueseconde. En 2007, le Conseil canadien surl’apprentissage a mené une enquête7 sur lesattitudes des Canadiens à l’égard del’apprentissage. Or, selon cette enquête, bienque 24 p. 100 des parents aient inscrit leursenfants aux programmes d’immersion, 25 p. 100des parents auraient souhaité le faire, mais ontdû y renoncer, faute de place. Dans d’autres cas,les programmes d’apprentissage du françaislangue seconde ont du mal à survivre à cause decompressions budgétaires.

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6 Voir le site Web du ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick à l’adresse www.gnb.ca/0000/eng-cu-f.asp.

7 Conseil canadien sur l'apprentissage, Enquête de 2007 sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’apprentissage: Résultats surl’apprentissage aux niveaux primaire et secondaire, p.8

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Certaines initiatives en apprentissage des languesconnaissent du succès. Par exemple, celle duCentre for Distance Learning and Innovation deTerre-Neuve-et-Labrador est particulièrement bienaccueillie dans les régions où il y a pénuried’enseignants ou une insuffisance d’élèves pourformer une classe. Le Centre permet d’offrir àtous les élèves de la province l’accès à un programmede français de base complet. Cette année, 103 écoles et quelque 1 300 élèves participentaux divers programmes. Ce modèle d’apprentissageen ligne est interactif et met à profit les nouvellestechnologies. Les élèves qui suivent ces programmessont soumis aux mêmes évaluations provincialesque ceux qui suivent les cours en salle de classe.

Les ressources humaines

Partout au pays, les dirigeants et les responsablesdes programmes d’apprentissage de la langueseconde font face à des difficultés importantesen matière de ressources humaines. Selon uneétude intitulée L’enseignement du françaislangue seconde au Canada : points de vue dupersonnel enseignant8, les enseignants de françaislangue seconde se préoccupent du manque deressources financières et pédagogiques. Ils rapportent aussi des problèmes liés auxressources supplémentaires à leur disposition(comme les ordinateurs, les salles de classe, lesconsultants spécialisés en aide aux élèves endifficulté), au soutien qu’ils obtiennent de diversgroupes (comme l’administration des écoles, lepersonnel des services d’orientation, les parents,les collègues), aux conditions d’enseignement etaux possibilités de perfectionnement professionnel.Toujours selon l’étude, 40 p. 100 des enseignantsde français langue seconde ont songé à abandonnercette profession.

L’étude présente plusieurs pistes de recherche etd’action pour améliorer les conditions de travailde ces enseignants. Ainsi, il faudrait sans doutes’attarder davantage à la formation préalable dupersonnel enseignant, au perfectionnement professionnel, à l’accès aux ressources pertinenteset à la nécessité de donner plus de prestige aufrançais langue seconde dans les écoles.

Compte tenu de la pénurie d’enseignants deslangues secondes qualifiés, le commissaire presseles gouvernements de renforcer les programmesde formation et de développement professionnelde ces enseignants. Il souhaite aussi que lesfrontières entre provinces s’ouvrent pour favoriserla mobilité et les échanges de connaissances etde compétences en enseignement du françaislangue seconde.

L’apprentissage par la culture

L’apprentissage de la langue seconde doit sepoursuivre en dehors de la salle de classe. Lecommissaire encourage fortement des initiativesen ce sens, comme les échanges culturels. Ceséchanges augmentent de façon importante laconfiance en soi et la motivation des jeunes àpoursuivre l’apprentissage de la langue seconde.La recherche montre que des échanges scolairesd’une durée de deux semaines suffisent pour quel’on note des progrès. En plus d’améliorer lescompétences linguistiques, ces échangesfavorisent la compréhension interculturelle et lacohésion sociale.

Le commissaire encourage aussi les familles àregarder la télévision et à lire les journaux dansleur langue seconde ainsi qu’à participer auxévènements organisés par les communautés delangue officielle.

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8 Ce rapport de recherche fait état d’un sondage national sur les difficultés du personnel enseignant de français langue seconde qui a été réalisé conjointement par l’Association canadienne des professeurs de langues secondes, la Fédération canadienne des enseignantes etenseignants et l’Association canadienne des professeurs d’immersion grâce à l’aide financière de Patrimoine canadien. Au total, 1 305 enseignants de français langue seconde ont participé au sondage en fonction d’un échantillon représentatif de l’ensemble des provinces et territoires.

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Lors des Rendez-vous de la Francophonie qui onteu lieu du 7 au 23 mars 2008, une troupe de théâtrea présenté une pièce dans des écoles intermédiairescanadiennes. Mise en scène par France Levasseur-Ouimet, du Campus Saint-Jean de l’Université del’Alberta, la pièce intitulée Prends mes yeux, tu vas voir a été présentée dans une cinquantained’écoles du pays. Pour être l’hôte d’une représentation,l’école française devait inviter une classe d’uneécole d’immersion de la région. Il s’agit d’uneexcellente occasion d’apprentissage à caractèreculturel et d’un bon moyen d’encourager desrapprochements entre la communauté majoritaireet les communautés de langue officielle.

L’évaluation des programmes

En matière d’apprentissage des langues secondes,il y a aussi lieu d’assurer une meilleure transparenceet de renforcer la reddition de comptes. Selon lecommissaire, les gouvernements doiventimpérativement se doter de moyens et d’outilsstandardisés pour évaluer les résultats de diversprogrammes d’apprentissage des langues secondesqui sont en partie financés par le gouvernementfédéral. Enfin, il voit d’un bon œil les travaux duConseil des ministres de l’Éducation du Canada quiexamine la possibilité d’établir un cadre nationaldestiné à établir des paramêtres communs pourdécrire la compétence linguistique en langueseconde et à permettre aux étudiants et auxenseignants de mesurer les progrès réalisés.

La recherche

Au mois de janvier 2008, Patrimoine canadien aété l’hôte d’un symposium sur les enjeux de larecherche sur les langues officielles. Un certainnombre d’enjeux relatifs à la recherche dans ledomaine de l’enseignement des langues secondesont été soulevés. En fait, ce sujet a fait l’objet depeu de travaux de recherche ciblés. Par ailleurs,les résultats des études publiées ne sont passuffisamment vulgarisés ou diffusés aux personnessusceptibles de s’y intéresser. Pourtant, la recherchese présente comme un outil de choix pour évalueret renforcer les programmes d’apprentissage deslangues secondes.

Pour atteindre les objectifs établis dans le Pland’action 2003-2008, les gouvernements, lesconseils scolaires et tous les autres intervenantsdevront déployer des efforts supplémentairespour vaincre les obstacles existants et saisirtoutes les occasions possibles.

L’enseignement de l’anglais langue seconde au Québec

L’enseignement de l’anglais langue seconde auQuébec se heurte à certaines des mêmesdifficultés que celui du français langue seconde. Si on peut se réjouir que l’enseignement del’anglais y soit maintenant obligatoire dès lepremier cycle du primaire, les méthodesd’enseignement varient d’une école à l’autre.Le régime pédagogique suggère un tempsd’enseignement pour la langue seconde mais lesécoles sont libres de décider du temps qu’on yconsacre.

Les gouvernements doivent relever les nombreuxdéfis liés à l’apprentissage des langues secondesau Canada. Le commissaire insiste sur l’importanced’accorder à cet enjeu toute l’attention qu’ilmérite pour que l’on atteigne l’objectif dedoubler le nombre de jeunes bilingues.

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LA DUALITÉ LINGUISTIQUE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALESDU CANADA

Le commissaire s’intéresse de près à la contributionde la dualité linguistique aux relations internationalesdu Canada. Après tout, la dualité linguistique, entant que trait fondamental de l’identité canadienne,traduit une réalité interne et est un emblèmenational. Elle fait partie de l’image de marque duCanada et constitue l’un de ses traits distinctifssur la scène internationale. La dualité linguistiquedoit donc être fermement enracinée au cœurdes objectifs de la politique internationale dugouvernement.

La commissaire en poste en 2004 a publié uneétude intitulée Une fenêtre sur le monde : Ladualité linguistique dans les relationsinternationales du Canada.

En novembre 2007, le commissaire a fait le suivide cette étude afin de déterminer dans quellemesure les recommandations formulées dansl’étude de 2004 avaient été mises en œuvre parles trois principales institutions concernées, soitAffaires étrangères et Commerce international Canada,Patrimoine canadien et le Bureau du Conseil privé.

Dans l’ensemble, le commissaire a constaté desprogrès inégaux. Si des améliorations ont étéaccomplies dans certains secteurs, le rapport desuivi révèle quelques lacunes et un leadershiptimide en ce qui concerne la coordination et

l’orientation des politiques et des programmes.Le commissaire souhaite qu’une approche plusglobale et plus cohérente de la gestion desprogrammes des langues officielles soit adoptéede façon à mieux promouvoir la dualitélinguistique du Canada à l’étranger.

À cet égard, le commissaire juge qu’Affairesétrangères et Commerce international Canada a unrôle particulièrement important à jouer. LeMinistère doit se doter d’une stratégie globale enmatière de langues officielles. Il doit notamments’assurer de mieux harmoniser ses politiques etses programmes de façon à remplir plusadéquatement l’ensemble de ses obligationslinguistiques.

Le commissaire a exprimé sa déception et soninquiétude à l’égard des décisions de ce Ministèrede réduire le financement du Programme dediplomatie ouverte et de supprimer le Fonds depromotion de la Francophonie. Ce Fonds servait àmettre en valeur la dualité linguistique duCanada en appuyant les intérêts francophones eten accordant une certaine importance à la créationde liens dans la communauté francophone duCanada. Grâce à lui, le Ministère aidait àpromouvoir la dualité linguistique dans sesrelations internationales. Selon le commissaire,la décision d’abolir le Fonds va dans le senscontraire d’une mise en œuvre cohérente del’ensemble des obligations linguistiques duMinistère, dont celle de prendre des mesurespositives pour promouvoir la dualité linguistique.Dans son étude, le commissaire a recommandéau Ministère d’évaluer les répercussions de cettedécision.

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En outre, l’étude de suivi a révélé que le Bureaudu Conseil privé n’impose pas, aux ambassadeurset aux chefs de missions nommés par le gouverneuren conseil, les mêmes normes linguistiquesqu’Affaires étrangères et Commerce internationalCanada. Le commissaire a constaté que rien n’achangé puisque le Bureau du Conseil privécontinue de nommer par décret des ambassadeursunilingues, et ce, en dépit de la recommandationde 2004. Le commissaire est d’avis que ladualité linguistique ne peut être transmiseefficacement que par des chefs de missions quipossèdent un niveau de connaissance appropriédes deux langues officielles9.

Enfin, durant la préparation du suivi, lesrencontres avec les fonctionnaires d’Affairesétrangères et Commerce international Canada et dePatrimoine canadien ont révélé le manque decommunication entre les deux institutions surdes questions liées à la promotion de la dualitélinguistique à l’étranger. Ce manque deconcertation préoccupe le commissaire puisqueces deux ministères partagent des responsabilitésnon négligeables dans des domaines comme ladiversité culturelle, le commerce international etla francophonie. Le commissaire ne saurait tropinsister sur l’importance de donner un caractèreofficiel à leur collaboration dans ces domaines. Ils’attend à une gestion plus cohérente et globaledes langues officielles dans les relationsinternationales du Canada.

L’ÉTUDE SUR LE BILINGUISME AUXJEUX OLYMPIQUES DE 2010

Vancouver et Whistler, en Colombie-Britannique,seront les hôtes des Jeux olympiques etparalympiques d’hiver de 2010. Bien entendu, legouvernement fédéral aura alors une occasion enor de mettre la dualité linguistique et la diversitéculturelle canadienne sous les projecteurs dumonde entier.

La dimension linguistique des Jeux fait l’objet dediscussions au sein du gouvernement depuisquelques années déjà. Au cours de la premièresession de la 39e législature, le Comité sénatorialpermanent des langues officielles a étudié lamanière dont les organisateurs des Jeuxolympiques et paralympiques de 2010 tiennentcomptent des langues officielles.

En novembre 2006, le commissaire a donccomparu devant le Comité pour donner sonopinion à la fois sur la question de la diffusionpancanadienne en français et en anglais des Jeuxet sur le rôle des langues officielles dansl’organisation et la planification de l’évènement.

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9 Commissariat aux langues officielles, Une fenêtre sur le monde : La dualité linguistique dans les relations internationales du Canada, Ottawa, 2004, p. 47.

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Il s’est dit inquiet du risque que la diffusion desJeux ne soit pas égale dans l’ensemble du pays.Il a rappelé aux membres du comité que leschaînes TQS et RDS ne diffusent pas en françaisen direct partout au Canada, contrairement à CTV,le diffuseur de langue anglaise. Le commissaire afait remarquer que, par exemple, les francophonesde la Colombie-Britannique qui ne sont pasabonnés aux services par câble numérique ousatellite ne pourront pas regarder les Jeux dansla langue de leur choix.

Le Comité sénatorial a formulé 10 recommandationsà l’intention du gouvernement fédéral, du Comitéd’organisation des Jeux olympiques et paralympiquesd’hiver de 2010 à Vancouver et de Patrimoinecanadien. Les recommandations portaient sur ladiffusion des Jeux, la représentation de lafrancophonie canadienne dans l’organisation ettout au long des Jeux incluant lors de laprogrammation des célébrations culturelles, laclarification des rôles des différents partenaireset la signalisation sur les routes principales.

Le 13 août 2007, le gouvernement fédéral arépondu directement au Comité sénatorial. Il aaffirmé qu’« il jugeait prometteuses les mesuresprises à ce jour par l’ensemble des partenairespour concrétiser les engagements et les exigencesde la Charte olympique et de la Loi sur leslangues officielles10. » Le gouvernement admetaussi que de nombreux défis restent à relever,notamment en ce qui concerne la diffusionpancanadienne des Jeux. Toutefois, il estime qu’une« couverture incomplète par ondes hertziennesne constitue pas un problème d’accès et que lecadre législatif actuel n’exige pas un accèsuniversel gratuit aux signaux de radiodiffusion11. »Le commissaire continue de surveiller cette

question de près. Il croit fermement quel’ensemble de la population canadienne doitprofiter d’un accès égal à la diffusion des Jeux.

Ainsi, le commissaire a décidé d’entamer sapropre étude sur l’état des préparatifs du Comitéd’organisation des Jeux. Cette étude visera àexaminer comment ce comité planifie sesactivités de façon à respecter les obligations duCanada en matière de langues officielles. L’étudeportera plus particulièrement sur quatre domaines,soit la participation des groupes francophones,les moyens de communication, les commentairessur les évènements et les commentaires sportifs.De plus, elle définira les bonnes pratiques quipermettent de satisfaire aux exigences de la Loi,cernera les principaux obstacles à l’atteinte desobjectifs et comprendra des recommandationspour surmonter ces obstacles, s’il y en a.

Le Commissariat souhaite que l’étude luipermette de partager son expertise dans ledomaine des langues officielles et de collaboreravec les principaux intéressés, c’est-à-dire leSecrétariat fédéral des Jeux olympiques etparalympiques d’hiver de 2010, le Comitéd’organisation des Jeux et les communautésfrancophones.

Jusqu’à maintenant, le commissaire a obtenuune excellente collaboration de la part du Comitéd’organisation des Jeux de Vancouver et demeureoptimiste quant à la possibilité que l’évènementreflète adéquatement la réalité canadienne tantdans les services au public et aux athlètes quedans les manifestations culturelles. Il espère queses recommandations aideront les organisateurs àfaire rayonner la dualité linguistique canadienneà l’échelle mondiale.

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10 Canada, Réponse du gouvernement au cinquième rapport du Comité sénatorial permanent des langues officielles intitulé Refléter la dualité linguistique lors des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 : une occasion en or, Ottawa, août 2007, p. 4.

11 Ibid., p. 13.

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PARTIE 2 : LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE LANGUE OFFICIELLE

Le développement d’une communauté évoqueson passage d’une conjoncture donnée à unesituation améliorée, c’est-à-dire à une vitalitéaccrue. Cette vitalité est multidimensionnelle ets’exprime dans de nombreuses sphères d’activitéhumaine, dont l’économie, la petite enfance, lasanté, les arts et la culture et l’éducationpostsecondaire. Les communautés de langueofficielle se mobilisent souvent pour réclamer desservices publics dans leur langue ou pour sedoter d’institutions parce qu’elles veulent créerdes espaces de vie où l’identité individuelle etcollective puisse s’exprimer et s’épanouir.

Pour agir sur la vitalité d’une communauté, ilfaut connaître de nombreux facteursdéterminants. Or, pour comprendre la réalitéd’une communauté dans toute sa complexité, ilfaut entreprendre des recherches sur lesdifférents secteurs ou facettes de la vie de cettecommunauté et en interpréter les résultats.L’année qui vient de s’écouler a étéparticulièrement fructueuse à cet égard.

LE RECENSEMENT DE 2006

Le poids démographique des anglophones et des francophones

Les données du recensement de 200612 nousmontrent un Canada en pleine métamorphose.On compte maintenant 18 056 000 Canadiens dontla langue maternelle est l’anglais (anglophones) et6 892 000 Canadiens qui ont le français commelangue maternelle (francophones), une

augmentation respective de 3,0 p. 100 et de1,6 p. 100 par rapport à 2001. Il importeégalement de noter que malgré une légère hausseen chiffres absolus, le poids démographique desanglophones et des francophones au sein de lapopulation canadienne a connu une faible baisse.Les anglophones, quoique toujours majoritaires,sont passés de 59,1 p. 100 à 57,8 p. 100 entre2001 et 2006, alors que la populationfrancophone est demeurée relativement stable,passant de 22,9 p. 100 à 22,1 p. 100 au coursde la même période. Le reste de la populationcanadienne est allophone, c’est-à-dire qu’elle estcomposée de personnes dont la languematernelle n’est ni le français ni l’anglais.

La population immigrante allophone

Les fluctuations du poids démographique descommunautés de langue officielle découlent d’unaccroissement rapide de la population immigranteallophone qui a commencé au milieu des années1980. À l’heure actuelle, 20 p. 100 desCanadiens (soit 6 293 000 personnes) n’ont nile français ni l’anglais comme langue maternelle,une augmentation de 7 p. 100 depuis 1986. Demême, parmi les 1,1 million d’immigrants entrésau Canada au cours des cinq dernières années,81 p. 100 sont allophones.

Certains s’inquiètent du fait que le poidsdémographique des francophones et desanglophones diminue ainsi au sein de lapopulation. Pourtant, il ne s’agit pas d’unphénomène isolé ou propre au Canada. Tous lespays qui accueillent des immigrants composent

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ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

12 Statistique Canada, Le portrait linguistique en évolution, Recensement de 2006, produit no 97-555-XIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 2007, www12.statcan.ca/francais/census06/analysis/language/index.cfm.

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non seulement avec une plus grande diversitélinguistique, mais aussi avec un pluralisme culturelet religieux. Il s’agit d’une réalité de plus en plusrépandue dans le monde. Ce portrait linguistiquede plus en plus complexe exige une attention accrueà l’égard de l’utilisation des langues officiellesdans les sphères publiques et privées. Lesimmigrants ont beaucoup à apporter à la sociétécanadienne et aux communautés de langueofficielle. Il incombe donc aux gouvernements demettre en place les structures d’accueil nécessairespour faciliter leur intégration dans ces communautés.Les allophones utilisent l’une ou l’autre des deuxlangues officielles (ou les deux) en public, et46 p. 100 d’entre eux parlent le français oul’anglais la plupart du temps à la maison. Cetteproportion augmente à 68 p. 100 lorsqu’on tientcompte de ceux qui utilisent régulièrement l’uneou l’autre des deux langues officielles. Comme lemontrent ces données, nos langues officielles nesont pas incompatibles avec la diversité et ellespermettent de créer des liens entre les citoyens.

Le bilinguisme

Les données du recensement soulèvent despréoccupations au sujet du poids démographiquedes francophones et des anglophones depuis undemi-siècle, mais elles font aussi ressortircertaines réussites. L’augmentation du bilinguismeen est un exemple. En effet, la proportion deCanadiens qui déclarent pouvoir soutenir uneconversation en français et en anglais aaugmenté au cours du dernier siècle. Entre 1951et 2006, le nombre de Canadiens bilingues estpassé de 1,7 million, soit de 12 p. 100 de lapopulation, à 5,5 millions, ou 17,4 p. 100 de lapopulation.

Plus précisément, entre 2001 et 2006, le taux debilinguisme est passé de 9,0 p. 100 à 9,4 p. 100chez les anglophones du Canada et de 11,8 p. 100à 12,1 p. 100 chez les allophones. Toutefois, leQuébec compte toujours le plus grand nombred’anglophones bilingues, soit 68,9 p. 100 en2006 comparativement à 66,1 p. 100 en 2001.Selon le commissaire, ces chiffres témoignentde la volonté de la communauté de continuer àparticiper pleinement à la société québécoise.Par contre, si l’on ne tient pas compte duQuébec, seulement 7,4 p. 100 des anglophonesse déclarent aptes à soutenir une conversationdans les deux langues officielles.

Les communautés de langue officielle

Au Canada, près de 7 millions de personnes ontle français comme langue maternelle, dont environ975 000 vivent à l’extérieur du Québec, soit 5 000 de moins qu’en 2001. Les francophonesvivant à l’extérieur du Québec représententactuellement 4,1 p. 100 de la populationcanadienne. Quant à la population anglophonedu Québec, il est intéressant de constater qu’ellea augmenté pour la première fois depuis 1950.On compte 607 000 personnes au Québec dontla langue maternelle est l’anglais, tandis qu’ellessont 995 000 à avoir l’anglais comme premièrelangue officielle parlée.13

Les données du recensement de 2006 mettenten évidence l’importance de revoir les définitionstraditionnelles des termes « francophone » et « anglophone » pour les adapter aux réalitéschangeantes de la société canadienne. Commenous l’avons déjà dit, les allophones utilisent leslangues officielles dans la sphère publique, près

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13 La première langue officielle parlée est une variable obtenue à partir des réponses aux questions du recensement qui touchent la connaissancedes langues officielles, la langue maternelle et la langue parlée à la maison.

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de la moitié d’entre eux parlent le français oul’anglais le plus souvent à la maison et environles deux tiers en font un usage régulier à lamaison. De plus, on compte un nombre croissantde ménages exogames14 français-anglais et ausside ménages dont au moins l’un des membres estallophone. Les changements démographiques desdernières décennies montrent clairement que lanotion de langue maternelle n’est plus unindicateur suffisant pour rendre compte de toutela complexité de l’identité linguistique et del’usage des langues, tant dans la sphère publiqueque privée.

Les données du recensement nous offrent unaperçu de la situation linguistique au Canada.Ces données sont utiles, mais elles nefournissent pas un portrait complet de la vitalitédes communautés de langue officielle. Uneenquête postcensitaire sur la vitalité desminorités de langue officielle réalisée parStatistique Canada visait à combler cette lacuneet à enrichir l’information recueillie par lerecensement.

L’enquête postcensitaire sur la vitalité descommunautés de langue officielle

En décembre 2007, Statistique Canada a rendupublics les résultats de la toute première enquêtesur la vitalité des communautés de langueofficielle15. Cette enquête a été réalisée àl’automne 2006 auprès de 53 156 personnes(30 794 adultes et 22 362 enfants) vivant ensituation minoritaire, c’est-à-dire dans lescommunautés de langue française à l’extérieurdu Québec et dans celles de langue anglaise auQuébec.

L’enquête avait pour but de faire l’état des lieuxen fournissant des données sur différents aspectsde la vie communautaire. Ces donnéespermettent aux communautés de mieux connaîtreles facteurs de leur vitalité, de fonder leursdécisions stratégiques sur des faits et de fixerdes objectifs à atteindre. Pour les intervenantsgouvernementaux, elles représentent un outild’élaboration de politiques publiques sans pareil.Il sera désormais plus facile d’établir desindicateurs de rendement, d’évaluer les effets deses interventions et de faire des changementsdans les programmes ou initiatives ayant pourobjet l’épanouissement des communautés delangue officielle. Les données de l’enquêtepermettront également aux chercheurs dedévelopper de nouvelles pistes de réflexion quialimenteront non seulement les activités descommunautés, mais aussi les interventions desgouvernements.

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14 Dans ce contexte, l’exogamie est l’union de conjoints de langue maternelle différente.

15 Statistique Canada, Les minorités prennent la parole : résultats de l’Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, produit no 91-548-XWF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, décembre 2007, www.statcan.ca/francais/freepub/91-548-XIF/91-548-XIF2007001.pdf.

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Thèmes principaux de l’enquête sur lavitalité des minorités de langueofficielle16 :

l’appartenance identitaire et la vitalitésubjective;

l’utilisation des langues dans lesactivités quotidiennes;

l’accès et l’utilisation des soins desanté dans la langue de la minorité;

la fréquentation scolaire des enfantsdont l’un des parents appartient à laminorité de langue officielle.

En analysant les données de l’enquêtepostcensitaire, le commissaire retient les grandsmessages suivants :

Les membres des communautés de langueofficielle s’identifient en grand nombre auxdeux groupes linguistiques. Au Québec, prèsde 40 p. 100 des adultes anglophoness’identifient aux deux groupes linguistiques.De plus, 78 p. 100 des adultes francophonesen situation minoritaire indiquent qu’il estimportant ou très important pour eux depouvoir utiliser le français dans leurquotidien.

Le milieu influence les comportementslangagiers des individus des communautés delangue officielle. Dans les communautés delangue française, plus le poidsdémographique relatif des francophones estélevé au sein de la municipalité de résidence,plus les gens se sentent à l’aise d’utiliser lefrançais dans la sphère publique et privée.Dans le contexte du développement descommuautés, ce constat met en évidencel’importance de créer des milieux de vie etdes infrastructures qui favorisent l’utilisationde la langue de la minorité. Chez lacommunauté anglophone au Québec,l’enquête montre une forte utilisaiton del’anglais au quotidien chez les adultes.L’utilisation de cette langue semble êtremoins tributaire du poids démographiquerelatif des anglophones au sein de leurmunicipalité de résidence.

Le fait d’entendre et de parler leur secondelangue officielle n’a pas le même effet chezles adultes de langue française que chez lesadultes de langue anglaise en situationminoritaire. Les données montrent qu’àl’extérieur du Québec, l’omniprésence del’anglais façonne les comportements langagierstant dans la sphère publique que privée. Par

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16 Ibid.

Cette enquête constitue une avancéeconsidérable dans le domaine des languesofficielles. Selon le commissaire, elle constitueune mesure positive en elle-même. Il tient àrappeler que l’initiative découle du Plan d’action2003-2008 et que Statistique Canada a mis leprojet en œuvre en collaboration avec leSecrétariat des langues officielles et plusieursministères et institutions fédérales, dont leCommissariat.

Un aperçu des communautésL’enquête fournit de l’information sur la réalitévécue et perçue par les membres des communautésde langue officielle. Au nombre des aspects de lavitalité communautaire qui y sont traités,mentionnons la langue dans les activitésquotidiennes, les services de santé, lafréquentation scolaire, l’appartenanceidentitaire et la perception que les citoyens des communautés de langue officielle ont de la vitalité de leur propre communauté.

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contre, au Québec, même si les jeunes adultesde langue anglaise sont exposés dès l’enfanceau français, l’influence de cette langue semblenégligeable sur le maintien de la languematernelle puisque ces jeunes estimentmalgré tout être plus à l’aise en anglais. Dansce cas, on parle d’un bilinguisme additif : lesanglophones maintiennent leur langue tout endevenant de plus en plus bilingues.

Dans certains cas, les perceptions nereflètent pas les comportements langagiers.Par exemple, à l’extérieur du Québec, onutilise peu le français dans les activitésquotidiennes, sauf dans certaines régions duNouveau-Brunswick et de l’Ontario, et bonnombre de personnes déclarent l’anglaiscomme leur langue principale. Pourtant, cesmêmes personnes s’identifient tout de mêmeà la communauté francophone. En outre, detrès nombreuses personnes considèrentcomme importants ou très importants lerespect des droits linguistiques au sein deleur province, l’accès aux servicesgouvernementaux et l’accès aux services desanté dans la langue de la minorité. Dans lescommunautés d’expression anglaise duQuébec, les réponses sont similaires, maisdans des proportions plus élevées.

Les adultes de langue anglaise au Québecsont plus pessimistes que ceux de languefrançaise à l’extérieur du Québec en ce quiconcerne la progression de la langue depuis10 ans et les projections pour les 10 annéesà venir. Chez les répondants de languefrançaise, le niveau d’optimisme estdirectement proportionnel à leur poidsdémographique dans la communauté. Dansles communautés d’expression anglaise du

Québec, cette observation ne tient pas : laperception des anglophones de la vitalité deleur communauté ne dépend pasnécessairement du poids démographique de lacommunauté. Ces observations soulèvent desquestions qui méritent d’être approfondies.

L’éducation dans la langue de la minorité estconsidérée comme primordiale, car elleconditionne en grande partie les comportementslinguistiques ultérieurs.

Les parents jugent important que leur enfantparle le français. Plus précisément, lorsqu’ilssont en situation minoritaire, les francophonestiennent à ce que leurs enfants parlent leurlangue maternelle, et les anglophones duQuébec souhaitent que les leurs apprennentle français comme langue seconde. Comptetenu de cette valorisation du françaisclairement exprimée, il y a lieu de mettre enplace les structures nécessaires pour mieuxsatisfaire à la demande.

Lorsqu’au moins un des deux parents d’unefamille est francophone, on désire souventinscrire les enfants à l’école française, maisl’accès à cette école constitue souvent unproblème en milieu minoritaire. En effet, denombreux parents qui ont inscrit leurs enfantsà des programmes d’immersion française ou àdes programmes réguliers en anglais auraientpréféré les inscrire à l’école française. Cesparents déclarent que leurs enfants nefréquentent pas l’école française en raison dela trop grande distance à parcourir, del’inexistence d’une école à proximité ouencore parce qu’ils questionnent la qualité du programme d’enseignement.

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La revitalisation de la communauté : tendances et perspectives d’avenir dans les communautés anglophones du Québec

Pour sensibiliser la population aux problèmes vécus par les communautés d’expressionanglaise du Québec et de mobiliser ses leaders, le Quebec Community Groups Network(QCGN) a organisé une conférence nationale qui a eu lieu à l’Université de Montréal du 29 février au 2 mars 2008.

Plus de 200 leaders des communautés et partenaires du gouvernement ont participé à cetévénement. Des ministres fédéraux et provinciaux ainsi que Graham Fraser, commissaireaux langues officielles actuel, et Victor C. Goldbloom, ancien commissaire, ont assisté auxcérémonies d’ouverture.

Les participants ont pu mesurer l’ampleur des récents problèmes et des dernièresréalisations. On leur a fait un compte rendu factuel de la vitalité institutionnelle etdémographique que connaissent les communautés d’expression anglaise. Le QCGN a ainsidonné l’occasion aux leaders des communautés de suggérer des pistes d’action dansplusieurs secteurs importants en matière de vitalité, comme la démographie, la santé,l’éducation, la justice et le leadership.

Le QCGN a consolidé son rôle de forum général sur les politiques qui s’exprime au nom dela communauté anglophone et qui a la capacité de mobiliser les principaux partenaires etd’organiser des débats sur les questions d’intérêt. Le réseau a aussi insisté sur l’importanced’accroître la participation de la population au processus de prise de décision, de donneraux organisations les moyens d’agir et de favoriser une démarche commune à l’égard desquestions touchant les communautés d’expression anglaise.

Le QCGN se prépare à agir, avec l’aide de ses partenaires et en s’inspirant des idées et despistes d’action suggérées pendant la conférence. Les pistes d’action suggérées serontbientôt présentées aux leaders des communautés17.

Le compte rendu de la conférence a été publié grâce à l’appui du Centre d’étudesethniques des universités montréalaises, l’un des grands partenaires de l’évènement18.

Soulignons également la publication du rapport final de la Greater Montreal CommunityDevelopment Initiative en septembre 2007. Ce rapport cerne les priorités et enjeux que lescommunautés d’expression anglaise du Grand Montréal ont en commun. Il recommandenotamment la mise au point d’une stratégie de leadership communautaire plus collaborative.Un colloque aura lieu à la fin d’avril 2008 afin que le dialogue se poursuive et s’élargisse.

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17 Pour de plus amples renseignements sur ces pistes d’action particulières, consulter le site Web du QCGN à l’adresse www.qcgn.com/page.asp?intNodeID=18964&switchlang=true.

18 Pour prendre connaissance du compte rendu, consulter le site Web du QCGN ou du Centre d’études ethniques montréalaises à l’adresse www.ceetum.umontreal.ca.

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Le commissaire voit également qu’il existe desdifférences importantes non seulement d’uneprovince à l’autre, mais aussi entre les régionsd’une province donnée. Ce phénomène s’observesurtout au Québec où la majorité de lacommunauté d’expression anglaise estconcentrée dans le Grand Montréal. Chaquecommunauté est unique en son genre etconfrontée à des défis qui lui sont propres. Il y adonc lieu de tenir compte de ces réalitésmultiples pour appuyer la minorité anglophone etpour bâtir une francophonie canadienne forte.

En somme, l’enquête sur la vitalité des minoritésde langue officielle montre que la vitalité descommunautés est un concept beaucoup pluslarge que celui de la langue parlée à la maisonou de la langue maternelle. Comme le soulignaitle rapport annuel de 2005-2006 duCommissariat19, une vaste gamme de facteursfont qu’une communauté est en santé, forte etapte à surmonter ses difficultés. Elle montreaussi que le gouvernement et les intervenantscommunautaires doivent se pencher sur lesnombreux enjeux liés à la vitalité, notammentl’éducation dans la langue de la minorité, l’accèsaux services gouvernementaux, les soins desanté, l’identité et la perception de la vitalité.Jumelées à celles du recensement, les donnéesde l’enquête permettent également de déterminerles secteurs qui nécessitent des investissements,soit la petite enfance, les arts et la culture, larelève dans les communautés minoritairesvieillissantes, le développement économique etl’accueil des nouveaux arrivants au sein descommunautés de langues officielles.

Le sommet des communautésfrancophones et acadiennes

En juin 2007, la Fédération descommunautés francophones etacadienne (FCFA) a organisé leSommet des communautésfrancophones et acadiennes qui a réunienviron 750 personnes issues de toutesles communautés pour réfléchir audéveloppement des communautés etpour arrimer les efforts des organismes20.Au préalable, la Fédération avaitprocédé à une consultation dans lescommunautés pour tracer le portrait deleur évolution récente et discuter del’avenir. Elle a ainsi pu cerner les principauxenjeux et établir des pistes d’action.

Le Sommet a été l’occasion pour lescommunautés francophones etacadiennes de se donner une visioncommune du développement, dedébattre des possibilités envisagées etde valider les objectifs stratégiques. Iltraduit en quelque sorte la volontécommune de favoriser une approcheconcertée du développement pour ques’arriment les plans nationaux et locaux.La déclaration finale du Sommet, signéepar 33 organismes, est un engagementcollectif à agir résolument vers un avenirmeilleur. Les communautés francophoneset acadiennes aspirent toutes à pouvoirvivre en français en tout temps.

La Fédération souhaite pouvoirmaintenir le rythme et l’engagementpris lors du Sommet dans les années àvenir. Le forum des leaders, quiregroupe 40 organismes, se mobilisepour dresser un plan stratégiquecommunautaire et souhaite laparticipation active des gouvernements.

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19 Commissariat aux langues officielles, Rapport annuel 2005-2006, Ottawa, 2006, p. 35.

20 Pour consulter les actes du Sommet des communautés francophones et acadiennes, voir le site Web de la Fédération des communautés francophones et acadienne à l’adresse www.fcfa.ca/media_uploads/pdf/698.pdf.

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Dans son étude intitulée Une vue plus claire 21

qu’il a publiée en mai 2006, le Commissariat ainvité tous les intervenants (communautés,gouvernements et chercheurs) à s’approprier lesrésultats de l’enquête postcensitaire et à prendredes mesures favorisant une plus grande vitalitécommunautaire.

D’abord, les communautés et les chercheursdoivent collaborer à la vulgarisation et à ladiffusion des données. Pour que les communautésaient une plus grande emprise sur les conditionsqui influent sur leur vitalité, elles doivent d’abordpouvoir faire une bonne lecture du portrait actuel.

Comme il reste une quantité impressionnante dedonnées à analyser, les chercheurs doivent semobiliser pour y parvenir. Ils pourront ainsiétablir de nouvelles pistes de recherche, mieuxcomprendre la vitalité et proposer des mesurespour la renforcer.

Le commissaire souhaite que cette analyse donneun éclairage nouveau sur les enjeux mentionnéset bien d’autres, comme la trajectoire linguistiquefamiliale et la capacité de vivre dans la languede la minorité sous divers aspects, notamment àl'intention des jeunes de poursuivre des étudespostsecondaires, l'accès aux services de santé etle rapport des communautés avec la consommationde produits médiatiques dans leur langue. Diversescomparaisons par région, par tranches d'âge, pargenre et autres variables sociodémographiquespourront être effectuées. Une meilleureconnaissance de ces enjeux serait d’une grandeutilité pour les communautés. Elle leur permettranon seulement de mieux se connaître, mais aussid’évaluer leurs réussites et les aspects àaméliorer et d’étayer leurs démarches auprès desdécideurs.

Les gouvernements doivent aussi participer à laréflexion et à l’effort collectif. En particulier, lesinstitutions fédérales doivent utiliser les donnéesde l’enquête pour évaluer de manière critiqueleurs modes d’intervention. Elles peuvent ainsiconcevoir des mesures positives fondées sur cesnouvelles connaissances et sur les priorités descommunautés. Enfin, le gouvernement fédéraldoit envisager la collecte de données sur lescommunautés de langue officielle comme unexercice permanent. Il sera important de reconduirel’enquête afin de saisir une nouvelle fois lesdonnées sur les communautés de langue officielleet de mieux évaluer les progrès accomplis.

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21 Commissariat aux langues officielles, Une vue plus claire : évaluer la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire, Ottawa, 2006.

Belle réussite : le commissaire auxservices en français de l'Ontario

Le 1er août 2007, le gouvernement del'Ontario a annoncé la nomination deFrançois Boileau à titre de premiercommissaire aux services en français. Lecommissaire doit principalement menerdes enquêtes et faire rapport quant àl'application de la Loi sur les services enfrançais, suivre les progrès desorganismes gouvernementaux de laprovince qui sont assujettis à cette Loi etconseiller le ministre délégué aux affairesfrancophones sur des questionsafférentes. Le commissaire doitégalement présenter un rapport annuelau ministre qui sera ensuite déposé àl'Assemblée législative. La création decette fonction constitue une avancéemajeure pour assurer que lesfrancophones de l'Ontario ont accès auxservices auxquels ils ont droit.

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Au cours de l’année, le commissaire a poursuivison programme de recherche sur la vitalité descommunautés de langue officielle. À l’automne 2007,le commissaire a lancé successivement trois étudessur la vitalité de communautés francophones enmilieu urbain (Winnipeg, Sudbury et Halifax)22.Ces études ont mis en lumière les facteurs deréussite de ces communautés et ont dégagé desindicateurs de vitalité dans quatre secteursd’activités, soit la gouvernance communautaire, lesservices gouvernementaux, l’immigration et la santé.

Ces études se fondaient sur une approche participative où les acteurs communautaires ontétabli eux-mêmes les principaux facteurs devitalité de leur communauté. Ce travail de terrains’est donc inscrit dans la continuité des effortsde développement qui ont cours à l’échelle localedans les secteurs étudiés. Ces études ont permisaux intervenants communautaires de faire avancerla réflexion sur les enjeux liés à la vitalité, lesmoyens d’agir sur leur développement et lamesure des progrès dans le temps.

Les résultats de la recherche concernent égalementles institutions publiques qui ont souvent du malà comprendre ou à établir clairement les besoinsdes communautés. Lorsque les membres descommunautés s’entendent sur les enjeux et lesobjectifs de vitalité dans un secteur donné, ledialogue et les partenariats avec les gouvernementsdeviennent plus faciles et plus fructueux. Comptetenu de leurs obligations, les institutions fédéralesdevraient porter une attention particulière auxefforts locaux et régionaux de mobilisation communautaire.

Par ailleurs, plusieurs mois après leur publication,les études du commissaire soulèvent encore unintérêt et des discussions dans les communautésde Sudbury, de Winnipeg et d’Halifax. Certainsleaders communautaires s’en inspirent pour réviserleurs plans stratégiques de développementcommunautaire ou en lancer de nouveaux. ÀSudbury par exemple, les leaders ont entreprisd’élaborer un plan de développement multisectorielpour la communauté. Sous la gouverne du Réseaude développement économique et d’employabilitéde l’Ontario et l’Association canadienne-française del’Ontario du Grand Sudbury, les intervenants comptentd’organiser des états généraux en juin 2008.

En outre, en 2007, le commissaire a poursuivison étude sur la vitalité en amorçant l’examen dela situation dans trois communautés anglophonesdu Québec : dans les Cantons de l’Est, à Québecet en Basse-Côte-Nord. Grâce à une démarcheparticipative similaire à celle adoptée en 2006 pourles communautés francophones, le commissaire apu tracer un portrait des indicateurs de vitalitédans divers secteurs d’activité.

L’étude a donné l’occasion aux intervenants destrois communautés anglophones de mettre en reliefet de mieux comprendre les réalités auxquelleselles sont confrontées. Les trois communautésétudiées accordent une importance particulièreaux enjeux liés à la jeunesse, à la santé et auxservices sociaux, mais les secteurs des arts et dela culture, du développement économique, de lavisibilité, du leadership et de la relève ont aussiété étudiés. L’étude a aussi permis d’observer àquel point les gens tiennent à leur communautéet tout ce qu’ils sont prêts à mettre en œuvre

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ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

22 Pour de plus amples renseignements sur ces études, consulter le site Web du Commissariat à l’adresse www.languesofficielles.gc.ca/html/etudes_studies_f.php.

LES ÉTUDES SUR LA VITALITÉ DES COMMUNAUTÉS : LA PAROLE ACCORDÉE AUX INTERVENANTS

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pour qu’elle demeure. Les leaders cherchent àmobiliser leur communauté malgré son faiblepoids démographique, l’absence de structuresculturelles locales et l’exode des jeunes. L’étude duCommissariat a donné l’occasion aux intervenantsdes communautés étudiées de se doter d’outilsd’intervention et de mesure de la vitalité.

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Belle réussite : les forums de la communauté anglophone de la Basse-Côte-Nord

En mars 2006, le Comité d’employabilité et de développement économique communautairede la Basse-Côte-Nord a organisé Célébration 2006, une série de forums communautairesdans chacune des cinq municipalités de la Basse-Côte-Nord. Célébration 2006 visait àrecueillir des idées et l’apport des membres des collectivités afin d’enrichir le plan dedéveloppement social de la région, qui accorde la priorité au développement et à la stabilitéà long terme. Une première en Basse-Côte-Nord, cette activité a réuni des membres descollectivités qui ont examiné la possibilité d’exploiter les atouts de leur milieu et de saisir lesoccasions pour assurer leur développement. Les principaux thèmes abordés ont été letourisme, les communications et la collaboration des collectivités.

Les forums ont permis aux participants d’établir les priorités locales en matière dedéveloppement. Ils ont aussi servi de fondement à l’organisation du forum économiquerégional qui s’est tenu à Chevery les 7 et 8 février 2008, sous la direction du Conseil desmaires de la Basse-Côte-Nord. L’Agence de développement économique du Canadapour les régions du Québec et des organismes publics et privés ont contribuéfinancièrement à cette initiative.

À la suite de cette initiative, huit plans de développement local et une stratégie dedéveloppement régional sont en cours d’élaboration. Ils visent à favoriser la mise en œuvred’initiatives et de projets communautaires concrets qui répondront aux besoins socioéconomiques uniques des collectivités de la Basse-Côte-Nord.

Les études sur la vitalité des communautésfrancophones et anglophones en situationminoritaire constituent un tremplin pour établirun dialogue entre les intervenants, c’est-à-dire lescommunautés, les gouvernements et les chercheurs.Le commissaire entend poursuivre sa réflexion etfavoriser les échanges sur le sujet.

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La recherche constitue indéniablement un pilierimportant de la vitalité des communautés. Elle aideà la fois aux communautés à mieux se connaître etse reconnaître, et les gouvernements à comprendreles besoins et les problèmes de ces communautés.Cependant, la recherche et la diffusion de sesrésultats exigent temps et efforts. Elles requièrentdonc des structures d’appui financier. En 2007,le commissaire s’est penché sur le rôle desorganismes fédéraux de financement de la rechercheen matière de promotion des langues officielles.

Les organismes subventionnaires fédérauxcomptent parmi les institutions fédérales quidoivent réviser leurs politiques et programmes àla lumière de la partie VII de la Loi pour s’assurerque les communautés de langue officielle reçoiventun traitement équivalent à celui accordé à lacommunauté majoritaire. Le commissaire aexaminé de près cette question pour vérifier si cesorganismes s’acquittent de leurs responsabilitésen matière d’appui aux chercheurs de langueofficielle en situation minoritaire et à la recherchesur les langues officielles.

L’étude a montré que les chercheurs des petitesuniversités de langue officielle en situationminoritaire se heurtent à des obstacles de toutesorte. Les chercheurs consultés ont souligné desdifficultés inhérentes à la recherche dans lespetits établissements postsecondaires ensituation minoritaire. À l’échelle nationale,l’anglais domine toujours comme langue depublication. En outre, les comités de pairs n’ontpas toujours la capacité d’évaluer les demandesde subvention soumises en français, et ils sontpeu sensibilisés aux réalités particulières de leurscollègues voulant travailler en français, quiœuvrent dans des petits établissements de

langue officielle en situation minoritaire ou quiétudient des questions liées aux langues officielles.Ces petits établissements d’enseignement doiventaussi composer avec l’absence d’infrastructures derecherche, l’isolement physique et intellectuel deschercheurs du reste de la communautéscientifique ainsi que les charges d’enseignementet d’administration plus importantes. Dans le casdu Québec, l’étude souligne le manque derecherches sur la communauté anglophone etl’absence d’institut ou de réseau de chercheursvoué aux collectivités anglophones. Bref, leschercheurs des communautés de langue officielledoivent relever de grands défis.

Néanmoins, le commissaire perçoit des signesencourageants. Premièrement, l’étude a permisde constater que des organismes subventionnairesont adopté bon nombre de pratiques exemplaires.Par exemple, certains d’entre eux se sont engagésà intégrer les communautés de langue officielleet la dualité linguistique dans leurs plans derecherche et à leur accorder plus d’importance.

De plus, la volonté des intervenants de collaborerest manifeste. Lors d’un forum de discussiontenu en novembre 2006, les chercheurs et lesorganismes subventionnaires ont proposé desidées et des pratiques novatrices destinées àencourager la recherche dans les établissementsen milieu minoritaire et à favoriser la rechercheen lien avec la dualité linguistique.

En janvier 2008, après avoir analysé les défis etles pratiques exemplaires, le commissaire a publiéson rapport intitulé Le rôle des organismes fédérauxde financement de la recherche dans la promotiondes langues officielles23. Il y formule neufrecommandations, dont huit à l’intention desorganismes fédéraux de financement de la recherche.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE III : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

23 Pour de plus amples renseignements sur ces études, consulter le site Web du Commissariat à l’adresse www.languesofficielles.gc.ca/html/etudes_studies_f.php.

L’ÉTUDE SUR LES ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES

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Les retombées de ce rapport n’ont pas tardé à sefaire sentir. Les Instituts de recherche en santédu Canada (IRSC), qui ont pour mandatd’appuyer la recherche susceptible d’améliorer lasanté de la population canadienne, ontrapidement réagi. Dès février 2008, les IRSC ontproposé un plan d’action comportant diversesaméliorations à l’Initiative de recherche sur lasanté des communautés de langues officielles,lancée en 2004. Le plan comprend cinq objectifsconcrets et des indicateurs de rendement précisvisant à maintenir les pratiques exemplairesactuelles et à en adopter d’autres.

des intervenants et d’explorer des pistes d’actionpour encourager la recherche sur les languesofficielles et la dualité linguistique. Le Comitéinterministériel de coordination de la recherchesur les langues officielles étudie maintenant lesrésultats du Symposium.24

L’ÉTUDE SUR LES ARTS ET LA CULTURE

Dans les communautés de langue officielle, onreconnaît le rôle primordial des arts et de laculture dans la formation d’un fort sentimentd’appartenance à la communauté et au groupelinguistique. Les activités artistiques etculturelles sont vues comme d’importantsfacteurs de rétention dans les petitescommunautés, car elles améliorent la qualité devie et contribuent à la vitalité économique de lacommunauté. Pourtant, les artistes et les groupesculturels et artistiques qui œuvrent dans lescommunautés de langue officielle sont aux prisesavec des enjeux particuliers, notamment lemarché restreint, les difficultés de diffusion surun vaste territoire et le manque de ressources etd’infrastructures culturelles.

Au cours de l’année, le commissaire s’est justementintéressé à cette question. Il s’est demandé si lesprogrammes fédéraux soutiennent suffisammentles arts et la culture au sein des communautésde langue officielle. Il a donc commandé uneétude qui a porté plus particulièrement sur lesprogrammes fédéraux qui accordent du soutiendirect aux artistes et aux organismes artistiqueset culturels, notamment les programmes desoutien offerts par Patrimoine canadien, le Conseildes Arts du Canada, l’Office national du film,Téléfilm Canada, le Centre national des Arts et lesadministrateurs du Fonds canadien de la musique,soit FACTOR et MUSICACTION.

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Un exemple de mesures découlant duplan d’action des Instituts derecherche en santé du Canada

En juin 2008, les Instituts de recherche ensanté du Canada (IRSC), en collaborationavec l’Université d’Ottawa, donnerontun institut d’été sur la santé descommunautés de langue officielle, envue d’accroître le nombre de chercheursqui s’intéressent à ce domaine derecherche. Les IRSC offriront ensuitetous les trois ans un institut d’étéportant sur la recherche sur la santé descommunautés de langue officielle.

On peut relever d’autres exemples de collaborationfructueuse entre les institutions au profit descommunautés. Un Symposium sur les enjeux derecherche en matière de langues officielles aréuni, en janvier 2008, plus de 165 intervenantscommunautaires, chercheurs et décideurs desgouvernements provenant de partout au pays. Ilavait pour but de dégager les principaux défis

24 Les présentations du Symposium sont publiées sur le site Web de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques à l’adressewww.cirlm.ca/index.php?lang=fn.

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L’étude a révélé que plusieurs mesures ont étéprises ces dernières années pour augmenter etaméliorer le soutien accordé aux artistes etorganismes œuvrant dans les communautés delangue officielle. Par exemple, le Partenariatinterministériel avec les communautés de langueofficielle et l’Entente multipartite sur les arts etla culture ont eu un impact positif. Depuis 10 ans,on a donc assisté à une augmentation nette desinvestissements dans le domaine des arts et dela culture dans les communautés de langueofficielle. Toutefois, le commissaire observeaujourd’hui un certain essoufflement dansplusieurs programmes.

Dans certains cas, les programmes ont étémodifiés afin qu’ils offrent un soutien amélioréou mieux adapté aux besoins des artistes et descommunautés. À titre d’exemple, le Programmed’aide au développement de l’industrie del’édition utilise une formule spéciale pour calculerles subventions destinées aux maisons d’éditionde la minorité linguistique. Toutefois, il s’avèreque ces programmes sont peu nombreux, et ilsne s’inscrivent pas dans une politique globale, nidans un plan d’investissement à long terme. Parconséquent, le secteur des arts et de la culturedans les communautés de langue officiellen’arrive pas à surmonter les obstacles auxquels ilse heurte ni à assurer sa pérénnité.

Parmi les autres enjeux de taille qui touchent lesecteur des arts et de la culture, mentionnons :

l’insuffisance des infrastructures culturellesdans les petites communautés;

le manque de visibilité des artistes descommunautés de langue officielle au sein deleur propre communauté linguistique etauprès de la majorité;

des modes de financement actuels qui nepermettent pas aux organismes d’assurer leurcroissance à long terme;

des critères de programme qui sontquelquefois limitatifs;

le manque de représentation au sein decertains organismes.

Le commissaire a donc formulé une série derecommandations visant à favoriser l’élaborationd’une nouvelle vision des arts et de la culturedans les communautés de langue officielle. Ils’est réjoui que Bernard Lord recommanderécemment que les arts et la culture fassentpartie de l’initiative qui succéderait au Pland’action 2003-2008.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE III : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

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Belle réussite : les services bilingues dans les communautés de langue officielle

Ces dernières années, bon nombre de municipalités ou d’organismes francophones ensituation minoritaire ont lancé des projets afin d’accroître l’offre de services bilingues dansleur communauté. Voici deux exemples de pratiques exemplaires selon Patrimoinecanadien25:

En partenariat avec la Société de développement économique de la Colombie-Britanniqueet Tourisme Colombie-Britannique, l’Association des francophones de Nanaimo a élaboréun plan d’action pour attirer les touristes francophones dans cette région. Pour atteindrecet objectif, les partenaires ont entrepris une campagne de marketing auprès desentreprises susceptibles d’offrir des services aux touristes francophones pendant ou aprèsles Jeux olympiques de Vancouver. De nombreux services sont offerts gratuitement auxentreprises qui participeront à l’initiative : l’accès à la ligne téléphonique « Bonjour »dont les préposés peuvent répondre en français aux questions des clients, un logoindiquant le niveau de service offert en français, des ateliers de sensibilisation donnés auxemployés et des cours fournis aux gens d’affaires, etc.

Le projet Avantage Saint John Advantage, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, fait aussides vagues. L’Association Régionale de la Communauté francophone de Saint-Jean,Entreprise Saint John et le Bureau de commerce de Saint John ont uni leurs efforts pourlancer ce projet visant à favoriser le bilinguisme dans les commerces de la ville. Denombreux outils de marketing ont été créés, dont un répertoire de commerces bilingues,des affiches, une trousse de sensibilisation et un logo. Le projet vise aussi à attirer lesentreprises qui privilégient le bilinguisme et à inciter les jeunes à devenir bilingues. Leconseil scolaire et Canadian Parents for French ont donc lancé une campagne desensibilisation intitulée « Continuer en français » afin de convaincre les jeunes de l’utilitédu français dans le milieu de travail.

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25 Pour de plus amples renseignements sur les autres initiatives retenues par Patrimoine canadien, consultez le site Web du Ministère à l’adressewww.patrimoinecanadien.gc.ca/progs/lo-ol/sb-bs/bestpract_f.cfm.

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CONCLUSION

En modifiant la Loi sur les langues officielles en2005, les parlementaires canadiens ont voulurenforcer leur engagement à l’égard de lapromotion de l’anglais et du français au Canada.Ce faisant, ils ont clarifié et renforcé l’obligationdes institutions fédérales dans la promotion dela dualité linguistique et le développement descommunautés de langue officielle. Le présentchapitre a montré que le gouvernement n’a pasutilisé à sa pleine mesure le potentiel desmodifications apportées à la Loi et que lesinstitutions fédérales ont encore beaucoup detravail à faire pour concrétiser l’engagement duParlement.

Il y a encore fort à faire, notamment dans ledomaine de l’apprentissage de la langue seconde.À cet égard, les efforts du gouvernement fédéraldoivent appuyer ceux des ministères provinciauxet territoriaux de l’Éducation, qui ont la responsabilitéde gérer les programmes d’apprentissage de lalangue seconde. En fait, il existe encore denombreux obstacles à la mobilité, aux échangeset à l’importance de la deuxième langue dans lesprogrammes. De plus, il y a lieu d’améliorer laqualité des programmes d’apprentissagelinguistique et d’en favoriser l’accès et depromouvoir une meilleure collaboration entre lesadministrateurs scolaires, les enseignants et lesautorités ministérielles.

En outre, il importe que l’image du Canada quiest projetée à l’étranger reflète sa dualitélinguistique. Le corps diplomatique canadien etles organisateurs des Jeux olympiques de 2010doivent notamment présenter un portrait fidèlede la dualité linguistique du pays.

Ce chapitre a aussi traité de nombreux enjeuxtouchant la vitalité des communautés de langueofficielle. Les données statistiques et les étudesdu Commissariat devraient rappeler à tous lesintervenants – communautés, institutionsgouvernementales et chercheurs – l’importancede leur contribution aux connaissances collectivessur la vitalité de ces communautés. Grâce à lacollaboration et au partenariat, chacun peutcontribuer à ouvrir la voie vers une vitalité accrue.

Ainsi, il reste de nombreux défis à relever en matièrede promotion de la dualité linguistique et devitalité des communautés. Puisque le Pland’action 2003-2008 doit être renouvelé, lecommissaire y voit une occasion unique de donnerune nouvelle impulsion à l’avancement des languesofficielles. Il accueille donc favorablement lerapport présenté par monsieur Bernard Lord à lasuite de ses consultations et souhaite que laministre des Langues officielles mette en œuvreles recommandations, dans les meilleurs délais,afin que le dossier des langues officielles progresse.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE III : LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE

ET LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS

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CHAPITRE IVLA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Le commissaire a, lui aussi, reconnu cesnouvelles réalités et, comme nous l’avons décritau chapitre I, il s’efforce de changer la façondont il remplit son rôle d’ombudsman enadoptant de nouvelles approches de règlementdes plaintes et en déployant davantage d’effortspour prévenir des cas de non-respect. C’est dansl’esprit de cette approche renouvelée que nousdécrirons, dans le présent chapitre, les analyseseffectuées et les résultats obtenus au cours del’année qui vient de s’écouler, et chercherons àdégager plusieurs tendances qui se sont dessinéessur quelques années. Nous nous pencheronségalement sur les institutions et divers sujets quiméritent une attention particulière. En donnantun aperçu de l’ensemble des questions à l’étudeen matière de langues officielles, le commissaireespère sensibiliser le lecteur à la situation et inciterles institutions à faire preuve d’un leadershipplus ferme en ce qui concerne les éléments quiposent problème, année après année.

En octobre 2007, le commissaire a rendu publicson rapport d’enquête final sur diverses décisionsprises par le gouvernement fédéral, à la suited’un examen des dépenses réalisé en 20061.L’enquête a été effectuée pour donner suite aux118 plaintes déposées au Commissariat aux

langues officielles, par des individus et desorganisations, au sujet des répercussions qu’onteu les réductions budgétaires et les changementsdécoulant de l’examen sur la vitalité descommunautés de langue officielle en situationminoritaire du Canada. Le degré d’importance de

L’ÉVÈNEMENT PRINCIPAL EN MATIÈRE DE LANGUES OFFICIELLES EN 2007-2008

1 Un rapport d’enquête préliminaire a aussi été envoyé aux institutions et aux plaignants concernés en mai 2007.

Comme nous l’avons vu aux trois chapitresprécédents, il faudra un leadership ferme poursurmonter certains des défis que doivent releverles institutions fédérales en matière de languesofficielles.

Puisque la société canadienne évolue et que lafonction publique fédérale évolue avec elle, cesinstitutions devront s’adapter à de nouvelles réalitéset aux nouvelles attentes des Canadiens et desCanadiennes à l’égard de leur gouvernement. Lesinstitutions devront aussi tenir compte des valeurset des droits sur lesquels sont fondées les politiqueset la législation en matière de langues officielles,ainsi que de la nécessité de veiller à la pleineapplication du cadre législatif. Les institutionsfédérales obtiennent des résultats supérieurs etdurables pour les Canadiens et les Canadienneslorsque la haute direction et les employés de lafonction publique font preuve d’un leadershipferme en reconnaissant ces droits et ces valeurset en veillant à leur respect.

« L’OMBUDSMAN DOIT DÉRANGER L’ADMINISTRATION, FAUTE DE QUOI SON

EXISTENCE SERAIT INUTILE; MAIS IL NE DOIT PAS LA DÉRANGER TROP, FAUTE DE

QUOI SON ACTIVITÉ S’AVÈRERAIT VITE IMPOSSIBLE. »ANDRÉ LEGRAND

CHAPITRE IVLA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

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l’examen des dépenses, la vaste portée del’enquête et les éventuelles répercussions desdécisions de la Cour fédérale, lourdes deconséquences pour les années à venir, composentl’évènement principal en matière de conformité àla Loi sur les langues officielles en 2007-2008.Cette affaire souligne, par dessus tout, la nécessitéde raffermir le leadership du gouvernement fédéralen ce qui concerne la mise en œuvre de la Loi.

L’examen des dépenses de 2006 dugouvernement du Canada a donné lieu à desréductions budgétaires et à des changementsconnexes pour un éventail de programmes etd’organismes fédéraux, dont l’abolition duProgramme de contestation judiciaire ainsi queles compressions des dépenses imposées àCondition féminine Canada, à l’Initiativecanadienne sur le bénévolat, au Programmed’apprentissage, d’alphabétisation etd’acquisition des compétences essentielles pourles adultes, aux programmes d’emploi pour lesjeunes, au Programme de diplomatie ouverte, auProgramme d’aide aux musées, aux missionscanadiennes à l’étranger et aux Réseauxcanadiens de recherche en politiques publiques.Selon les individus et les organisations qui ontdéposé des plaintes, certaines des décisions dugouvernement fédéral en matière de dépensesconstituaient un manquement à la Loi sur leslangues officielles, notamment à l’obligationqu’ont les institutions fédérales de prendre desmesures positives en vue de favoriser la vitalitédes communautés de langue officielle ensituation minoritaire au Canada et de promouvoirla dualité linguistique au sein de la sociétécanadienne. Après un examen approfondi deneuf des décisions découlant de l’examen desdépenses, le commissaire a déterminé que lesplaintes étaient fondées. Selon le commissaire,bien que les répercussions de certaines décisionsaient été plus importantes que d’autres, onn’avait pas tenu suffissament compte desbesoins et des intérêts des communautés delangue officielle en situation minoritaire dans leprocessus décisionnel qui a mené aux résultatsde l’examen de 2006.

La décision du gouvernement d’abolir leProgramme de contestation judiciaire, qui setrouve au cœur des préoccupations de la plupartdes plaignants, se distingue des autres mesuresdécoulant de l’examen des dépenses. Le rapportd’enquête du commissaire comprend une analyseexhaustive du Programme qui révèle, sansl’ombre d’un doute, son importante contributionà la progression des droits linguistiques auCanada au fil des années. En effet, leProgramme a joué un rôle dans presque toutesles décisions d’importance rendues par destribunaux depuis 1994 sur des questionsrelatives aux droits des minorités de langueofficielle au Canada.

Le rôle particulièrement important pour lescommunautés de langue officielle en situationminoritaire d’autres programmes touchés, telsque ceux de Condition féminine Canada, aégalement été confirmé. Pendant son enquête,le commissaire a, par exemple, appris que desgroupes de femmes francophones comptent surle financement de Condition féminine Canadapour assumer leurs responsabilités à l’égard dela transmission de la langue et de la culture, desresponsabilités que les groupes de la majoritén’ont pas à assumer. Ces groupes tendent aussià combler les manques en matière de servicessociaux en français à l’intention des femmeslorsque le gouvernement offre des services enanglais.

Même si le commissaire reconnaît pleinement ledroit qu’a le gouvernement de gouverner, et doncde réviser ses priorités, ses politiques et sesprogrammes, il rappelle que les mesures prisesdoivent respecter les lois en vigueur et, dans lecas qui nous intéresse, la Loi sur les languesofficielles. Il y a maintenant 20 ans que desdispositions visant à favoriser la promotion dufrançais et de l’anglais ont été ajoutées à la Loi,et il y a presque trois ans que le Parlement arenforcé l’obligation du gouvernement fédéral eny ajoutant la notion de « mesures positives » eten permettant que celle-ci puisse faire l’objet

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d’un recours judiciaire. L’enquête menée par lecommissaire sur l’examen des dépenses révèletoutefois que les dispositions touchant l’appuiaux communautés de langue officielle ne sontpas toujours intégrées aux processus décisionnelsdans les moments déterminants.

Dans son rapport d’enquête final sur l’examendes dépenses de 2006, le commissaire arecommandé la mise en œuvre d’une série demesures correctives, à commencer par laréalisation, par le Secrétariat du Conseil duTrésor et Patrimoine canadien, d’une évaluationapprofondie de l’incidence des décisions prisesdans le cadre de l’examen, qui porterait, enpremier lieu, sur l’abolition du Programme decontestation judiciaire. Le commissaire a de plusrecommandé que les résultats de cette évaluationsoient soumis au président du Conseil du Trésorafin qu'ils servent de base à un examen desdécisions du gouvernement et que des mesuressoient prises afin de veiller à ce que les prochainsexamens des dépenses soient entièrementconformes à la partie VII de la Loi sur leslangues officielles.

Sans formuler de commentaires précis sur lesrecommandations du commissaire, le gouvernementfédéral a mis en doute la conclusion selonlaquelle il y avait eu manquement à la Loi. L’unedes principales décisions découlant de l’examendes dépenses – l’élimination du Programme decontestation judiciaire – a été portée devant laCour fédérale du Canada en février 20082 à la

suite d’une demande de recours judiciaireprésentée par la Fédération des communautésfrancophones et acadienne du Canada, en vertude la Loi. La décision que rendra la Cour fédéraledonnera aux tribunaux, pour la première fois, lapossibilité d’éclaircir la portée des obligationsdes institutions fédérales en vertu de la Loimodifiée.

En raison des répercussions importantes qu’auracette affaire sur les institutions fédérales et lescommunautés de langue officielle au cours desannées à venir, le commissaire avait soumis unerequête en vue d’intervenir devant la Cour. À titred’intervenant, le commissaire a présenté l’argumentselon lequel le devoir de prendre des mesurespositives imposait une double obligation auxinstitutions fédérales : ne pas nuire audéveloppement des communautés de langueofficielle et prendre des mesures concrètes pourgarantir leur vitalité. Pour être en mesure d’assumerce devoir, les institutions doivent posséder unecompréhension approfondie des besoins et desintérêts propres aux communautés touchées, etdes répercussions des décisions des institutionssur le développement des communautés.

En ce qui concerne les autres décisions découlantde l’examen des dépenses analysées dans le rapportd’enquête, le commissaire surveille attentivementles mesures du gouvernement fédéral et étudietoutes les options à sa disposition pour faire lesuivi des recommandations énoncées dans sonrapport. Ces options pourraient comprendre,entre autres, la présentation d’un rapport spécialau Parlement ou au gouverneur en conseil.

2 Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada c. Sa Mjesté la Reine, C.S.O. No T-622-07.

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LES LEÇONS APPRISES

Ce dossier illustre bien la nécessité de renforcerle leadership, tant sur le plan politiquequ’administratif, afin de veiller à ce que lesprocessus décisionnels de toutes les institutionsfédérales et du gouvernement dans son ensemblesoient conformes à l’esprit et à la lettre de la Loi.Lorsque sont prises des décisions importantes,comme des réductions budgétaires ou la créationou l’abolition de programmes, les décideursdoivent comprendre et tenir compte des besoinsdes communautés de langue officielle3. Ceréflexe est d’autant plus important depuis ladécision du Parlement, en 2005, de renforcer lesdispositions de la Loi qui sont liées à lapromotion du français et de l’anglais.

Que signifie l’obligation de prendre en compteles besoins des communautés de langueofficielle pour les institutions fédérales quidoivent effectuer des réductions budgétaires oudes examens de programmes? Il est évident qu’ilest nécessaire d’identifier les répercussionspossibles de tout examen des dépenses sur lacapacité d’une institution à respecter sesobligations en matière de langues officielles. Unetelle évaluation, qui devrait inclure la tenue deconsultations pertinentes, doit être conforme auxprincipes relatifs à la mise en œuvre de la partieVII de la Loi qui sont énoncés dans le rapportannuel de l’année dernière du commissaire. Lestrois principes précisent les mesures que doiventprendre les institutions, à savoir : acquérir leréflexe d’application de la partie VII, assurer laparticipation de la population et mettre en placeun processus continu visant l’amélioration desprogrammes et des politiques liés à la partie VII.

3 Pour de plus amples renseignements sur ce sujet, voir le chapitre II, à la page 51.

4 Le Guide est publié sur le site Web de Patrimoine canadien à l’adresse www.pch.gc.ca/progs/lo-ol/outils-tools/tdm_f.cfm.

Par ailleurs, comme nous l’avons mentionné auchapitre I, Patrimoine canadien, en mai 2007, apublié un Guide à l’intention des institutionsfédérales4 (le Guide) sur la mise en œuvre de lapartie VII. Le Guide dresse la liste des questionsclés dont il faut tenir compte lorsque l’on prenddes décisions importantes, comme celles quiconcernent l’adoption, la révision ou l’abolitiond’une politique ou d’un programme.

Le document invite aussi les institutions àanticiper les répercussions, à appuyer leursdécisions sur des travaux de recherche, àconsulter les parties prenantes et à prendre desmesures afin de compenser toute éventuellerépercussion négative. Faire preuve de leadershipen se posant certaines de ces questions clésdans un processus décisionnel contribueragrandement à faire en sorte que les futursexamens, qu’ils portent sur l’ensemble dugouvernement ou sur une institution donnée,respectent les obligations énoncées par la Loi. Àla lumière de l’enquête sur l’examen desdépenses de 2006 et de ses conclusions, lecommissaire incite le gouvernement fédéral àprendre les mesures correctives nécessaires envue de respecter pleinement la Loi sur leslangues officielles. Les institutions fédéralespourraient d’abord adopter les trois principesénoncés dans son rapport annuel de l’annéedernière et se poser certaines des questions quifigurent dans le Guide au sujet de la mise enœuvre, de la révision ou de l’abolition d’unepolitique ou d’un programme lorsqu’ellesréaliseront d’autres examens des dépenses.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Le délai de 120 jours alloué pour la mise en œuvrede trois recommandations formulées dans le rapportd’enquête final a pris fin au début février 2008.En réponse à un suivi effectué par le commissaire,le gouvernement a réitéré son engagement deremplir pleinement ses responsabilités quidécoulent de la partie VII. Il a notammentévoqué un exemple récent de consultation ainsique la possibilité de développer de nouveauxoutils afin d’aider les institutions fédérales àsatisfaire leurs obligations linguistiques. Cependant,le gouvernement n’a rien dit au sujet des mesurescorrectives recommandées par le commissaire.Tandis qu’il considère la possibilité de recourir àd’autres options, le commissaire profite de sonrapport annuel pour renforcer une de sesrecommandations et demander au gouvernementde prendre des mesures claires. Plus précisément,le commissaire demande au secrétaire du Conseildu Trésor de prendre des mesures pour éviter quene se reproduisent des situations semblables denon respect de la Loi dans le cadre d’examensde dépenses et d’autres examens similaires àvenir.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que lesecrétaire du Conseil du Trésor fassela preuve, d’ici le 31 décembre 2008,que le Secrétariat (l’organisme fédéralresponsable des examens des dépenses)a pris des mesures pour s’assurer queles examens des dépenses et autresexamens similaires réalisés au sein dugouvernement fédéral sont conçus etmenés à bien en pleine conformitéavec les engagements, les obligationset les rôles établis à la partie VII de laLoi sur les langues officielles.

Questions clés que les institutionsdevraient se poser au moment deprendre une décision ayant trait, parexemple, à l’adoption, à la révision ouà l’abolition d’une politique ou d’unprogramme (tirées du Guide àl’intention des institutions fédérales)

1. Quelles incidences l’initiative pourrait-elle avoir sur les communautés delangue officielle en situation minoritaireainsi que sur la promotion de la pleinereconnaissance et de l’usage du françaiset de l’anglais dans la sociétécanadienne?

2. Quelles activités de recherche pourrait-on mener pour étayer ce constatpréliminaire sur les incidences?

3. Quelles actions pourraient être prisespour consulter les communautés delangue officielle en situationminoritaires […] ou d’autresintervenants clés en matière depromotion des langues officielles?

4. S’il est déterminé que l’initiative pourraitavoir une incidence négative sur ledéveloppement des communautésminoritaires ou la promotion de ladualité linguistique […] quelles sont lesmesures envisagées afin de remédieraux inconvénients identifiés?

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LES OUTILS D’ASSURANCE DE LA CONFORMITÉÀ LA DISPOSITION DU COMMISSAIRE

obtenir des engagements publics de la part deleurs cadres supérieurs afin d’améliorer lesdomaines où des lacunes ont été décelées. Lecommissaire examine le rendement d’institutionset prépare des bulletins de rendement annuelsqui font état de la conformité des institutionsfédérales aux éléments importants de la Loi. Àtitre d’ombudsman des langues officielles, lecommissaire répond aux demandes d’informationdes Canadiens et des Canadiennes au sujet deslangues officielles et enquête sur des plaintesrelatives à la mise en œuvre de la Loi. En dernierlieu, lorsqu’une institution ne prend pas lesmesures nécessaires pour donner suite auxrecommandations du commissaire, ou dansd’autres circonstances jugées appropriées, celui-cipeut demander l’autorisation d’intervenir devantles tribunaux dans des recours intentés par unplaignant. Il exerce ce pouvoir lorsque la plupartdes autres options ont été épuisées ou quel’affaire en cause soulève d’importantes questionsde droit portant sur l’interprétation de la Loi.

L’information recueillie au moyen de cetensemble d’interventions est analysée dans lebut d’obtenir une vue globale de l’environnementdes langues officielles et des problèmes deconformité pour une année précise. Elle permetaussi au commissaire de travailler de façonstratégique avec certaines institutions, dans unesprit de prévention et de collaboration.

PARTIE 1 : SURVOL DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES

Le commissaire a recours à divers moyens pours’assurer de la conformité à la Loi sur leslangues officielles, évaluer le rendement desinstitutions fédérales et répondre aux plaintes etaux questions du grand public au sujet deslangues officielles. Les outils présentés danscette section lui permettent d’avoir une vued’ensemble de la façon dont les institutionsfédérales remplissent – et comprennent – leursobligations en matière de langues officielles. Ilsservent également à cerner les domaines danslesquels les administrateurs doivent faire preuved’un plus grand leadership afin de pleinementrespecter l’esprit et la lettre de la Loi. En outre,ces outils lui permettent d’obtenir l’informationnécessaire pour décider s’il lui faut recourir àdes interventions proactives, régler ou prévenirun problème spécifique, ou encore chercher àaméliorer le rendement d’une institution.

Le commissaire intervient de façon préventivelorsqu’une institution doit adopter certainesmesures pour régler un problème systémique ouprévenir des situations de non-respect. Il peutaussi intervenir de son propre chef, avant ledépôt d’une plainte, lorsqu’il est mis au courant,par un citoyen ou un représentant des médias,d’une infraction possible. De plus, chaqueannée, le commissaire effectue des vérificationsauprès d’un certain nombre d’institutionsfédérales pour mieux comprendre les problèmesspécifiques reliés à la mise en œuvre de la Loi et

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TABLEAU 1LES DIX INSTITUTIONS VISÉES PAR LE PLUS GRAND NOMBRE

DE PLAINTES RECEVABLES EN 2007-2008

INSTITUTION NOMBRE DE PLAINTES RECEVABLESAir Canada 86

Postes Canada 46

Service Canada 43

Agence du revenu du Canada 28

Défense nationale 28

Agence des services frontaliers du Canada 25

Administration canadienne de la sûreté du transport aérien 20

Gendarmerie royale du Canada 20

Citoyenneté et Immigration Canada 18Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 17Total 331

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

UNE VUE D’ENSEMBLE EN 2007-2008

Les plaintes reçues en 2007-2008

Du 1er avril 2007 au 31 mars 2008, leCommissariat aux langues officielles a reçu dupublic 884 plaintes relatives à la mise en œuvrede la Loi sur les langues officielles. Suivant leprocessus actuel, lorsqu’une plainte est reçue,on procède d’abord à déterminer si elle estrecevable ou non. Une plainte est recevablelorsqu’elle répond aux critères suivants : elle serapporte à une obligation énoncée dans la Loi;elle met en cause une institution assujettie à laLoi, et elle concerne un incident précis. En2007-2008, sur les 884 plaintes reçues, 634,soit 72 p. 100, ont été jugées recevables.

Cette année, les 634 plaintes recevables examinéespar le commissaire concernaient 86 institutions;plus de la moitié ne visaient que dix institutions.

Les enquêtes ayant pour but de déterminer si lesplaintes étaient fondées5 n’ont pas toutes étémenées à terme. Il n’en reste pas moins que legrand nombre de plaintes reçues pour si peud’institutions met en relief celles qui doiventfaire preuve d’un plus grand leadership au coursde la prochaine année en vue de mieux respecterla Loi. La plupart de ces institutions sontfréquemment en contact avec le grand public. Enconséquence, elles doivent prêter une attentionparticulière à leurs obligations en vertu de la Loiet aux droits linguistiques du public qu’ellesservent. Le commissaire s’attend à ce que cesinstitutions prennent des mesures pour corrigerles principaux problèmes à la source d’un sigrand nombre de plaintes.

5 Une plainte est jugée fondée lorsque le commissaire détermine qu’une infraction à la Loi a été commise.

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TABLEAU 2LE NOMBRE DE PLAINTES RECEVABLES EN 2007-2008, PAR PROVINCE OU TERRITOIRE

ET PAR CATÉGORIE

La majorité des plaintes recevables en 2007-2008ont été déposées par des francophones (91 p. 100),et plus de la moitié des infractions alléguées sesont produites dans la région de la capitalenationale (RCN) ou dans les provinces del’Atlantique. Environ 13 p. 100 des plaintesdéposées par des francophones concernaient desbureaux situés au Québec, mais à l’extérieur dela RCN.

Pour ce qui est de la nature des plaintes recevablescette année, plus des deux tiers (68 p. 100)touchaient la langue de service, 18 p. 100, la

langue de travail, 6 p. 100, la promotion dufrançais et de l’anglais, 6 p. 100, les exigenceslinguistiques des postes de la fonction publiquefédérale, et 2 p. 100, la participation équitable.Les résultats d’une analyse plus poussée decertaines de ces catégories, y compris lestendances, figurent ci-après.

Le tableau 2 présente le nombre de plaintesrecevables déposées en 2007-2008, répartiespar province ou territoire et par catégorie.

PROVINCE PLAINTES SERVICE LANGUE PARTICIPATION PROMOTION DU EXIGENCES AUTRES

OU TERRITOIRE RECEVABLES AU PUBLIC DE TRAVAIL ÉQUITABLE FRANÇAIS ET LINGUISTIQUES

DE L’ANGLAIS

Région de la capitalenationale (Ontario)

167 105 37 4 10 10 1

Ontario 95 80 10 - 5 - -

Québec 90 56 25 4 4 1 -

Nouvelle-Écosse 58 40 4 1 1 11 1

Manitoba 50 34 2 1 12 1 -

Nouveau-Brunswick 49 19 15 1 1 13 -

Région de la capitalenationale (Québec)

33 12 17 1 - 3 -

Alberta 27 27 - - - - -

Colombie-Britannique 22 22 - - - - -

Île-du-Prince-Édouard

16 14 1 - 1 - -

Saskatchewan 7 7 - - - - -

À l’extérieur du Canada

9 9 - - - - -

Terre-Neuve-et-Labrador

5 4 1 - - - -

Yukon 3 2 - - 1 - -

Territoires du Nord-Ouest

3 1 - - 1 - 1

Nunavut - - - - - - -

TOTAL 634 432 112 12 36 39 3

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Les tendances relatives aux plaintes recevables aucours des trois dernières années

Si l’aperçu des plaintes déposées durant l’annéefournit de l’information importante sur lesproblèmes de conformité, un examen destendances sur une période plus longue donne

une vue d’ensemble – et parfois plus révélatrice– de la situation en ce qui a trait à la conformité.Le tableau 3 présente certaines tendances dansles plaintes recevables déposées au cours destrois dernières années, évaluées en fonction dedivers indicateurs.

TABLEAU 3LES TENDANCES RELATIVES AUX PLAINTES RECEVABLES DÉPOSÉES AU COURS

DES TROIS DERNIÈRES ANNÉES

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Nombre total de Baisse Depuis trois ans, le nombre total de plaintes recevablesplaintes recevables a diminué de 9 p. 100 pour atteindre le plus bas niveau

de la dernière décennie. La baisse peut être attribuable, en partie, à l’impact des évaluations de rendement des institutions réalisées par le commissaire ainsi qu’à l’établissement de mécanismes de résolution des plaintes au sein des institutions fédérales. Le commissaire examineraen détail cette tendance au cours de la prochaine année.

Région où Certains Pour les trois dernières années, la région de la capitale a eu lieu changements nationale a été la région où a eu lieu le plus grand l’infraction alléguée nombre d’infractions alléguées. S’il est intéressant de

signaler une diminution de 31 p. 100 du nombre de plaintes provenant de la région de l’Atlantique pour la même période, cette baisse a été contrebalancée partiellement par une augmentation en Ontario et au Québec.

Catégorie de la plainte Aucun Le service au public a systématiquement fait l’objet du changement plus grand nombre de plaintes recevables au cours des

trois dernières années, représentant en moyenne 62 p. 100de toutes les plaintes recevables. La langue de travail vient en deuxième place, suivie des exigences linguistiquesdes postes de la fonction publique fédérale et de la promotion du français et de l’anglais.

Les dix institutions Certains Ces trois dernières années, les dix institutions visées par visées par le plus changements le plus grand nombre de plaintes recevables tendent à grand nombre de être celles qui, en raison de leur mandat, sont directement plaintes recevables et régulièrement en contact avec le public. Sept institutions

se sont retrouvées sur cette liste trois années d’affilée : Air Canada, Postes Canada, l’Agence des services frontaliersdu Canada, l’Agence du revenu du Canada, Service Canada(en 2005-2006, les plaintes contre Service Canada étaient incluses dans les statistiques pour Ressources humaines etDéveloppement des compétences Canada), la Défense nationaleet Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.

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Les bulletins de rendement 2007-2008

Pour la quatrième année consécutive, leCommissariat aux langues officielles remet desbulletins de rendement à un certain nombred’institutions fédérales. Cette année, lesbulletins rendent compte des forces et desfaiblesses de 38 institutions fédérales en ce quiconcerne leurs diverses obligations en vertu de laLoi sur les langues officielles. Les paragraphessuivants donnent un aperçu des conclusions.Pour obtenir plus de précisions, veuillez consulterles bulletins de rendement de chaque institutionsur le site Web du Commissariat, àwww.languesofficielles.gc.ca.

La méthodologie utilisée pour produire les bulletins de rendement et les changementsapportés en 2007-2008

Le rendement de chaque institution fédérale quifait l’objet d’un examen est évalué en fonctionde treize critères. Ces critères se rangent dansl’un des cinq facteurs suivants, liés auxobligations en matière de langues officielles :gestion du programme, service au public, languede travail, participation équitable, etdéveloppement des communautés de langueofficielle et promotion de la dualité linguistique.On attribue à chacun des critères une certainevaleur qui sert à calculer la note globale d’uneinstitution. Plusieurs méthodes différentes ontété utilisées pour évaluer les institutions seloncertains critères, notamment des entrevues, desdocuments fournis par les institutions, desobservations faites sur place et au téléphone,une enquête effectuée par Statistique Canada aunom du Commissariat, des données statistiquesprovenant de l’Agence de la fonction publique duCanada et des consultations auprès des employésdu Commissariat qui ont effectué des enquêteset des vérifications.

Quelques changements ont été apportés aux bulletinsde rendement 2007-2008. Entres autres, on aajouté Air Canada à la liste des institutions évaluéesdans le but d’aider le commissaire à comprendrecertains des problèmes de conformité récurrentsqui suscitent un grand nombre de plaintes.Comme pour toutes les institutions qui sont évaluées,le commissaire espère que cet exercice aideraAir Canada à cerner les domaines où il lui fautapporter des améliorations, à prendre des mesurespour obtenir un meilleur résultat global et, defaçon plus générale, à renforcer son leadershipà l’égard de ses obligations en matière delangues officielles.

Les critères utilisés pour évaluer l’appui audéveloppement des communautés de langueofficielle et la promotion de la dualité linguistiqueont de nouveau été modifiés légèrement cetteannée pour tenir compte des modificationsapportées à la Loi par le Parlement en 2005.Comme ce fut le cas l’an dernier, le commissairea choisi d’utiliser des critères différents pourévaluer le rendement des institutions désignées etcelui des institutions non désignées6 relativementà la partie VII. Des 38 institutions évaluées, lecommissaire a fixé des normes plus strictespour les 19 institutions désignées que pour les19 institutions non désignées. Les institutionsdésignées sont habituées à soumettre àPatrimoine canadien des plans d’action et à luirendre compte des progrès accomplis en ce quiconcerne la partie VII, ce qui n’est pas le cas desinstitutions non désignées. Les critères utiliséscette année pour évaluer le développement descommunautés de langue officielle et la promotionde la dualité linguistique ont quand même étérenforcés pour les institutions non désignéesétant donné qu’elles ont eu plus de deux anspour s’adapter aux nouvelles exigences législatives.

6 Le terme « institutions désignées » renvoie aux ministères et aux organismes fédéraux nommés dans le Cadre de responsabilisation de 1994concernant la mise en œuvre des articles 41 et 42 de la Loi, et qui sont des institutions clés ayant une incidence importante sur ledéveloppement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Bien que les institutions non désignées aient toujours desobligations en vertu de la Loi, elles n’ont pas à rendre compte de leurs progrès à Patrimoine canadien. Pour obtenir la liste des 32 institutionsactuellement désignées, voir www.pch.gc.ca/progs/lo-ol/ci-ic/inst_f.cfm.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Par exemple, le commissaire a demandé l’andernier aux institutions non désignées decommencer à élaborer un plan d’action; cetteannée, il exige que ce soit fait. Le commissaireréévaluera la nécessité d’utiliser des critèresdifférents pour les institutions désignées et nondésignées dans les futurs bulletins de rendement.

Le guide de notation détaillé, qui décrit laméthodologie utilisée pour évaluer lesinstitutions, figure sur le site Web duCommissariat, à www.languesofficielles.gc.ca.

La présentation des résultats

Comme pour les années précédentes, lesinstitutions qui ont été évaluées sont regroupéessous trois portefeuilles, selon leur mandatgénéral : économie; transport et sécurité; etsocial, culturel et autre. Les résultats sontprésentés au moyen de lettres, qui correspondentà l’échelle suivante :

A – ExemplaireB – Bon C – MoyenD – FaibleE – Très faible

Comme par le passé, un sous-total est indiquépour chaque facteur évalué et une note estattribuée pour le rendement global.

Lorsqu’un problème particulier est identifié au seind’une institution suite à des recommandations ducommissaire, une pénalité peut être appliquée aufacteur pertinent du bulletin de rendement del’institution. Dans de telles situations, une pénalitéde 2 p. 100 est appliquée si le problème est envoie de résolution, ou une pénalité de 5 p. 100est appliquée si le commissaire constate qu’il y aabsence de progrès significatifs.

Les résultats de l’exercice des bulletins derendement en 2007-2008 sont présentés dansles tableaux suivants.

Un regard sur la gestion des langues officielles

Un des facteurs qu’examine lecommissaire dans l’exercise des bulletinsde rendement est la gestion globale duProgramme des langues officielles ausein des institutions fédérales – un facteuressentiel pour l’évaluation du leadership.

Un bon programme des languesofficielles englobe l’ensemble desobligations et des engagements d’uneinstitution, ce qui inclut la prestation deservices bilingues au public, le maintiend’un milieu de travail bilingue ainsi quel’appui au développement descommunautés de langue officielle ensituation minoritaire et la promotion dela dualité linguistique. Cela signifie, parexemple, disposer d’un cadre deresponsabilisation qui énonce les rôleset les responsabilités des autoritésresponsables des langues officielles,d’un plan d’action sur les languesofficielles, d’un programme des languesofficielles bien visible et d’un mécanismeefficace de résolution des plaintes.

Au cours des trois dernières années, plusdes trois quarts des institutions fédéralesévaluées ont amélioré leurs notes danscette catégorie, un résultat qui révèleune meilleure mobilisation en faveur deslangues officielles. Bien que lecommissaire reconnaisse qu’il s’agitd’un signe positif, il souligne toutefoisque cette amélioration ne se traduit pastoujours par des résultats concrets dansla mise en œuvre du Programme deslangues officielles. C’est pourquoi il estimportant d’examiner attentivement lesrésultats des institutions dans d’autrescatégories pour déterminer l’effet d’unesaine gestion du Programme pour lesCanadiens et les Canadiennes.

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Portefeuille : Économie* Pénalité de 2 %

** Pénalité de 5 %

A. Gestion (15 %)

a) Un cadre de responsabilisation, un plan d’action et un mécanisme de reddition de comptes sont en place (5 %) B C C A A B A A A A A A A

b) Visibilité des langues officielles dans l’organisation (5 %) D B A B A A A A A A A A A

c) Les plaintes (5 %) B A A A A A A B A A A B A

Sous-total B B B A A A A A A A A A A

B. Service au public – Partie IV (25 %)

a) Services bilingues annoncés au public et effectif bilingue adéquat (3 %) B B D B B B B B B C B B B

b) Observations sur l’offre active et la prestation de services (15 %) E D C A B C C D D C C C C

c) Les ententes de services livrés par des tiers ou en partenariat prévoient la prestation de services bilingues (2 %) C D A B A B B B B A B B B

d) Politique sur le service au public et surveillance de la qualité des services bilingues (5 %) C D B A A B A C C A B A B

Sous-total D D C B B B B C D C* C B C

C. Langue de travail – Partie V (25 %)

a) Politique sur la langue de travail et surveillance bilingue adéquate (12,5 %) B B B B A C B B B C B B B

b) Utilisation de chaque langue officielle au travail (12,5 %) C D B A B B C C C C B C B

Sous-total C C B B B B B B B C B B B

D. Participation équitable – Partie VI (10 %)

a) Pourcentage de participation francophone dans l’ensemble du Canada (5 %) A A B A B A A B A A A A B

b) Pourcentage de participation anglophone au Québec (5 %) D C A s.o. D s.o. B B C C s.o. C D

Sous-total B B B A C A B B B B A B C

E. Promotion du français et de l’anglais – Partie VII (25 %)

a) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte du développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire (12,5 %) B B A A A A A A A A A A A

b) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte de la promotion de la dualité linguistique (12,5 %) C B B A B B A B A A B A A

Sous-total C B B A B A A A A A B A A

Note globale C C B A B B B B B B B B B

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Portefeuille : Transport et sécurité* Pénalité de 2 %

** Pénalité de 5 %

A. Gestion (15 %)

a) Un cadre de responsabilisation, un plan d’action et un mécanisme de reddition de comptes sont en place (5 %) C B A A A A B A D B A A A C

b) Visibilité des langues officielles dans l’organisation (5 %) C B A B B B A A C B A A B B

c) Les plaintes (5 %) B A A A B A A A A B B A A B

Sous-total C B A A B A A A B B A A A B

B. Service au public – Partie IV (25 %)

a) Services bilingues annoncés au public et effectif bilingue adéquat (3 %) D B B B B D B B B B D B B D

b) Observations sur l’offre active et la prestation de services (15 %) D D D C E C D B B D C D C D

c) Les ententes de services livrés par des tiers ou en partenariat prévoient la prestation de services bilingues (2 %) C B B B B B B B B A B B B B

d) Politique sur le service au public et surveillance de la qualité des services bilingues (5 %) C B B B C D C B B C A C B A

Sous-total D C C C* D C D B B C C* C C D**

C. Langue de travail – Partie V (25 %)

a) Politique sur la langue de travail et surveillance bilingue adéquate (12,5 %) s.o. B B B B D B C B C C B B B

b) Utilisation de chaque langue officielle au travail (12,5 %) s.o. C C C C E D D C C C B C C

Sous-total s.o. C C C C E** C C C C C B C C

D. Participation équitable – Partie VI (10 %)

a) Pourcentage de participation francophone dans l’ensemble du Canada (5 %) D A A A A A A A B A A A A A

b) Pourcentage de participation anglophone au Québec (5 %) s.o. s.o. D A A C A B B D s.o. A A B

Sous-total D A B A A B A B B B A A A B

E. Promotion du français et de l’anglais – Partie VII (25 %)

a) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte du développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire (12,5 %) s.o. s.o. A B B C B C D D B B B C

b) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte de la promotion de la dualité linguistique (12,5 %) s.o. s.o. A B C D B C D C A B B C

Sous-total s.o. s.o. A B B C B C D D A B B C

Note globale D B B B C D C C C C B B B C

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Portefeuille : Social, culturel et autres* Pénalité de 2 %

** Pénalité de 5 %

A. Gestion (15 %)

a) Un cadre de responsabilisation, un plan d’action et un mécanisme de reddition de comptes sont en place (5 %) C B B A A C B B A B A

b) Visibilité des langues officielles dans l’organisation (5 %) A C B A A A A A A A A

c) Les plaintes (5 %) C D A B A A A B A B A

Sous-total B C B A A B A B A B A

B. Service au public – Partie IV (25 %)

a) Services bilingues annoncés au public et effectif bilingue adéquat (3 %) B C B B A B A B B B B

b) Observations sur l’offre active et la prestation de services (15 %) D C B C A B C C D C B

c) Les ententes de services livrés par des tiers ou en partenariat prévoient la prestation de services bilingues (2 %) C A B C A A B B B A A

d) Politique sur le service au public et surveillance de la qualité des services bilingues (5 %) C A A B A A C B B C B

Sous-total D C A C A B C C C C B

C. Langue de travail – Partie V (25 %)

a) Politique sur la langue de travail et surveillance bilingue adéquate (12,5 %) B B B B B B A B B B B

b) Utilisation de chaque langue officielle au travail (12,5 %) D B C C B B C C C D B

Sous-total C B B B B B B B B C B

D. Participation équitable – Partie VI (10 %)

a) Pourcentage de participation francophone dans l’ensemble du Canada (5 %) A A A A B B B A A A B

b) Pourcentage de participation anglophone au Québec (5 %) s.o. C s.o. A s.o. s.o. A D D D A

Sous-total A B A A B B B B B B B

E. Promotion du français et de l’anglais – Partie VII (25 %)

a) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte du développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire (12,5 %) A B A A B B A B A B A

b) La planification stratégique ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes tiennent compte de la promotion de la dualité linguistique (12,5 %) B B A A A B A A A B A

Sous-total B B A A A B A B A B A

Note globale C C B B A B B B B B A

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Les résultats globaux des bulletins de rendementen 2007-2008

Les bulletins de rendement de cette annéemontrent des résultats variables : on y constatedes améliorations dans certains domaines et desrésultats stagnants dans d’autres. En règlegénérale, cependant, le commissaire est heureuxde constater que les deux tiers des institutionsévaluées ont reçu la note A ou B. Voici lesrésultats globaux de 2007-2008 :

Exemplaire : Trois institutions (la Commissionde la capitale nationale, laCommission canadienne dutourisme et Statistique Canada)ont reçu la note globale de A.

Bon : Vingt-trois institutions ont reçu la note globale de B.

Moyen : Dix institutions ont reçu la note globale de C.

Faible : Deux institutions (l’Administrationde l’aéroport internationald’Halifax et les Forcescanadiennes) ont reçu la noteglobale de D.

Le commissaire signale que les trois institutionsqui ont reçu une note exemplaire forment ungroupe varié, tant au chapitre de leur taille quede leur mandat. Selon lui, cette diversité montreque, indépendamment de leur vocation ou deleur structure particulière, toutes les institutionsfédérales sont en mesure d’intégrer pleinementles langues officielles dans leur planification etleurs activités quotidiennes, et que, pour yparvenir, il suffit d’exercer un leadership fort. Àcet égard, le commissaire en profite pour féliciterIvan Fellegi, statisticien en chef du Canada, pourles qualités de leadership dont il a fait preuvedurant son mandat à la tête de StatistiqueCanada. M. Fellegi, qui prendra sa retraite enjuin 2008, est un exemple de la façon dont leleadership de la haute direction influe sur le

rendement d’une institution et son respect desdroits linguistiques des Canadiens et desCanadiennes. Statistique Canada est la seuleinstitution fédérale à avoir reçu à ce jour une noteexemplaire pour deux des quatre années pourlesquelles le commissaire a émis des bulletinsde rendement.

Regroupées selon leur domaine d’activité, lesinstitutions du portefeuille « social, culturel etautres » ont obtenu de bons résultats, à l’instar dela plupart des institutions du portefeuille « économie ».Comme les années précédentes, la plupart desinstitutions du portefeuille « transport et sécurité» ont reçu les notes les plus faibles, obtenant desD et la plupart des C.

Il ressort de l’examen des cinq facteurs que leservice au public demeure le domaine le plusfaible pour ce qui est du respect des languesofficielles, suivi de la langue de travail. Il estintéressant de souligner que la situation est lamême en ce qui concerne les plaintes.

Les notes pour la gestion du programme et laparticipation équitable étaient généralementbonnes; seules quelques institutions doivent faireplus d’efforts dans ces domaines. Les notesétaient également bonnes pour un grand nombred’institutions en ce qui a trait à la promotion dufrançais et de l’anglais. S’il est vrai que de bonsrésultats sont toujours encourageants, lecommissaire remarque néanmoins que lesinstitutions ont obtenu les notes les plus élevéespour les facteurs dont l’évaluation était davantageaxée sur des procédures (plans d’action, cadresde responsabilisation, mécanismes internes, etc.)que sur des résultats mesurables ayant uneincidence sur la population canadienne. Lorsqueles résultats pour des facteurs comme le serviceau public et la langue de travail étaient évalués,le rendement était beaucoup plus faible, ce quitend à indiquer que les institutions doiventmultiplier leurs efforts pour résoudre lesproblèmes qui touchent directement lesCanadiens et les Canadiennes.

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Les tendances générales observées dans les bulletins de rendement au cours des trois dernières années

Le tableau 4 présente certaines tendances observées au cours des trois dernières années dans les bulletins de rendement. Les institutions évaluées depuis 2005-2006 seulement y sont incluses.

TABLEAU 4LES TENDANCES GÉNÉRALES OBSERVÉES DANS LES BULLETINS DE RENDEMENT AU COURS

DES TROIS DERNIÈRES ANNÉES

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Notes globales Amélioration Les notes globales des bulletins de rendement se sont des bulletins améliorées continuellement depuis 2005-2006, même si de rendement elles ne se traduisent pas toujours par des résultats concrets.

Comparativement aux trois dernières années, beaucoup plus d’institutions ont obtenu la cote « bon » – et dans certains cas « exemplaire » – notamment en raison de leurs très bons résultats en matière de gestion du programmeet de promotion du français et de l’anglais. Le commissaire,encouragé par ces progrès, constate toutefois que les institutions font toujours face à plusieurs problèmes dans les domaines où l’accent est mis davantage sur les résultats,tels que le service au public et la langue de travail.

Principaux problèmes Aucun Au cours des trois dernières années, le service au public a été,soulignés dans les changement systématiquement, le facteur associé aux résultats les plus bulletins de rendement faibles, suivi de la langue de travail. Il s’agit manifestement

d’un domaine où le gouvernement fédéral doit fairepreuve d’un plus grand leadership afin d’atteindre de meilleurs résultats. On constate toutefois, pour tous les facteurs, une amélioration des résultats depuis 2005-2006,notamment en ce qui a trait à la gestion du programme, à la participation équitable et à la promotion du françaiset de l’anglais.

Institutions ayant Certains Neuf institutions ont obtenu de bons résultats au cours desobtenu les changements trois dernières années : Statistique Canada, la Société du Muséemeilleurs résultats canadien des civilisations, l’Office national du film, la

Commission de la capitale nationale, le Centre national desArts, Citoyenneté et Immigration Canada, l’Administrationde l’aéroport international d’Ottawa, la Société canadienned’hypothèques et de logement et l’Agence du revenu duCanada. Le commissaire signale aussi que plusieurs autres institutions ont amélioré leurs résultats de façon constantedepuis 2005-2006 et il les encourage à poursuivre leur travail dans ce domaine.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

L’analyse de la vue d’ensemble présentée dans laprésente partie permet de tirer certainesconclusions. Premièrement, à certains égards, ilsemble que les institutions fédérales aient atteintun plateau en ce qui a trait au respect de leursobligations en matière de langues officielles. Ilest encourageant de constater que les plaintesont diminué légèrement et que les notes desbulletins de rendement s’améliorent danscertains domaines, mais, à y regarder de plusprès, il est évident que les principaux problèmesliés aux langues officielles n’ont pas changé aucours des dernières années. Le service au public,par exemple, fait continuellement l’objet du plusgrand nombre de plaintes comparativement auxautres parties de la Loi et, d’année en année, lesnotes des bulletins de rendement dans cesecteur sont les plus faibles. Les institutionsobtiennent de bons résultats pour ce qui est demettre en œuvre une partie de l’infrastructure etdes mécanismes qui les aideront à s’acquitter deleurs obligations en matière de languesofficielles; cependant, ces mécanismes n’ont pastoujours d’effets concrets, ce que nous verronsd’ailleurs plus en détails à la section suivante.Pour avoir une incidence directe sur lapopulation canadienne, les institutions devrontrenforcer ces outils et changer leur mode defonctionnement en privilégiant les résultats et enaméliorant leur rendement.

Deuxièmement, les institutions qui font preuved’un grand leadership obtiennent d’excellentsrésultats. Cela est évident, par exemple,lorsqu’on compare, pour les trois dernièresannées, la liste des institutions qui ont été leplus souvent visées par des plaintes à la liste decelles qui recueillent les meilleures notes dansles bulletins de rendement. À l’exception del’Agence du revenu du Canada, aucune desinstitutions qui ont reçu de bonnes notes dansleur bulletin de rendement au cours des troisdernières années n’a fait l’objet d’un grandnombre de plaintes.

En dernier lieu, bon nombre d’institutionsréussissent à bien s’acquitter de leurs obligationsen matière de langues officielles dans certainsdomaines, mais n’y parviennent pas dansd’autres. De tels résultats suggèrent que lesinstitutions devraient adopter une approche pluscohérente dans la mise en œuvre de la Loi etqu’elles ne doivent pas interpréter les bonsexemples ou les excellents résultats dans undomaine comme un signe de leur réussite globale.

CONCLUSION : SURVOL DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI

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PARTIE 2 :UN EXAMEN APPROFONDI DU SERVICE AU PUBLIC

Outre la prestation de services bilingues dans lesbureaux désignés, les institutions doivent veillerà ce que les services qui sont offerts dans lesdeux langues officielles soient de qualitéadéquate. Enfin, les institutions doivent faire ensorte que les services fournis par des tiers enleur nom sont offerts dans les deux languesofficielles, s’il y a lieu, et tenir compte de la languedans le choix d’un moyen de communication avecle public, comme la publicité.

Les plaintes qu’a reçues le Commissariat ausujet du service au public concernaient certainsde ces éléments, à l’instar des résultats desbulletins de rendement, des vérifications etd’autres interventions.

Les plaintes recevables liées au service au public en 2007-2008

En 2007-2008, le Commissariat aux languesofficielles a reçu 432 plaintes recevables liéesau service au public, ce qui représente plus desdeux tiers de toutes les plaintes recevablesdéposées au cours de l’année. Les communicationsécrites destinées au grand public (111 plaintes)et les services au sol destinés au public voyageur(110 plaintes) représentaient les motifs les plusfréquents de ces plaintes. Les communicationsen personne, ayant fait l’objet de 56 plaintesrecevables, constituent le troisième élémentproblématique.

Les Canadiens et les Canadiennes ont le droit decommuniquer avec le gouvernement fédéral et derecevoir de celui-ci des services dans les deuxlangues officielles, droit inscrit dans la Chartecanadienne des droits et libertés. Par conséquent,toutes les institutions fédérales qui sontassujetties à la Loi doivent veiller à fournir aupublic des services en français et en anglaisdans les bureaux, les installations et les pointsde service suivants : le siège ou l’administrationcentrale d’une institution;

tous les bureaux situés dans la région de lacapitale nationale (RCN);

tous les bureaux qui relèvent directement duParlement;

tous les bureaux où la demande estimportante, conformément au Règlement surles langues officielles (communications avecle public et prestation des services)7;

tous les bureaux, qui, de par la nature de leurmandat, devraient raisonnablement offrir desservices dans les deux langues officielles,comme les parcs nationaux et les ambassadesà l’étranger; et

tous les bureaux qui offrent des services aupublic voyageur là où la demande estimportante.

7 Voir http://laws.justice.gc.ca/fr/O-3.01/index.html.

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Ces chiffres sont révélateurs. Premièrement, ils montrent que les cadres supérieurs et lesfonctionnaires doivent prendre des mesuressupplémentaires pour faire en sorte que leurscommunications écrites (p. ex., lettres, courriels,formulaires, brochures et avis d’emploi) sontsystématiquement offertes aux Canadiens et auxCanadiennes dans les deux langues officielles.Deuxièmement, ces chiffres indiquent que lesinstitutions ou les bureaux qui offrent des servicesau sol destinés au public voyageur (p. ex., comptoirsd’enregistrement des compagnies aériennes, servicesde cafétéria, affiches, annonces et services desécurité dans les gares et les aéroports désignés)doivent accroître leurs efforts afin de mieuxrespecter les droits linguistiques de leurclientèle. Enfin, ils montrent que les bureaux, lesinstallations et les points de service désignésdoivent renforcer les mesures permettant la

prestation d’un service adéquat en personne dansles deux langues officielles, ce qui comprendl’offre active et la présence d’un nombre suffisantd’employés bilingues en tout temps. Si desprogrès étaient réalisés dans ces trois aspectsseulement, le service au public s’en trouveraitconsidérablement amélioré au cours de laprochaine année.

Pour ce qui est des régions où se sont produitesles infractions alléguées relatives au service aupublic, la RCN demeure au haut de la liste en 2007-2008, suivie de l’Ontario, de la région del’Atlantique et du Québec.

La grande majorité des plaignants dans cettecatégorie est francophone (92 p. 100), ce quiest conforme à la tendance générale pourl’ensemble des plaintes déposées en 2007-2008en ce qui a trait à la langue des plaignants.

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TABLEAU 5LES TENDANCES RELEVÉES DANS LES PLAINTES RECEVABLES LIÉES AU SERVICE AU PUBLIC

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Nombre total de Baisse Le nombre de plaintes recevables liées au service au plaintes recevables public a diminué de 5 p. 100 depuis 2005-2006, tandis liées au service que la proportion de ces plaintes par rapport à l’ensembleau public des plaintes déposées est restée stable au cours de la

même période.

Types de plaintes Certains Les communications écrites demeurent, depuis les liées au service changements trois dernières années, la source du plus grand nombre de au public plaintes. Un nombre important de plaintes, durant cette période,

touchaient notamment les communications dans les médias,les communications en personne et les services au sol destinésau public voyageur. Fait intéressant, à l’exception descommunications écrites, la nature des plaintes concernant le service au public a connu une évolution rapide au coursdes trois dernières années : bien que les communicationsdans les médias aient été la source de nombreuses plaintespar le passé, on constate une baisse considérable du nombre de plaintes à leur sujet ainsi qu’à l’égard ducontenu des sites Internet et, en même temps, une augmentation importante du nombre de plaintes liéesaux services au sol destinés au public voyageur.

Région où s’est produite Certains Le plus grand nombre d’infractions qui ont donné lieu à desl’infraction alléguée – changements plaintes au sujet du service au public ont lieu, de façon constante, plaintes au sujet du dans la région de la capitale nationale. Les plaintes reliées service au public à cette catégorie qui ont été déposées dans la région de l’Atlantique

ont diminué du tier. Cette région est ainsi passé du premierrang en 2005-2006 au troisième cette année. Cette diminutionest neutralisée par une augmentation du nombre de plaintesprovenant de l’Ontario et du Québec au cours de la même période.

Institutions ayant reçu Aucun Au cours des trois dernières années, cinq institutions ont le plus grand nombre changement figuré de façon constante parmi les dix institutions ayant de plaintes recevables reçu le plus grand nombre de plaintes recevables liées au liées au service au public service au public : Air Canada, Postes Canada, l’Agence

du revenu du Canada, Service Canada et l’Agencedes services frontaliers du Canada. Toutes ont des contactsdirects et réguliers avec le public de par leur mandat.

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Les résultats des bulletins de rendement concernantle service au public en 2007-2008

Comme par les années précédentes, le service aupublic représentait l’un des cinq facteurs évalués parle commissaire dans les bulletins de rendement decette année et correspondait à 25 p. 100 de la noteglobale accordée aux institutions. Quatre élémentsdistincts liés à ce facteur ont été examinés :

services bilingues annoncés au public eteffectif bilingue adéquat;

ententes de services livrés par des tiersprévoyant la prestation des services bilingues;

politique interne sur le service au public etmécanismes de surveillance efficaces; et

offre active et prestation de services bilinguesadéquats en personne dans les bureauxdésignés bilingues et au téléphone.

Les résultats des bulletins de rendement de2007-2008 montrent que le service au publicdans les deux langues officielles reste un problèmepour un grand nombre d’institutions fédérales. Eneffet, seulement 9 des 38 institutions ont reçu unenote « bon »; 19 ont reçu une note « moyen », et 8ont reçu une note « faible » toujours en ce qui atrait au service au public. Deux institutions, laCommission de la capitale nationale et le Centrenational des Arts, se sont distinguées par leurprestation exemplaire d’un service au publicdans les deux langues officielles. Les huitinstitutions qui ont reçu la note « faible »doivent prendre des mesures énergiques si ellesveulent obtenir de meilleurs résultats dans cedomaine l’an prochain. Il s’agit de l’Agence de lasanté publique du Canada, Affaires indiennes etdu Nord Canada, Agriculture et AgroalimentaireCanada, Pêches et Océans Canada,l’Administration de l’aéroport internationald’Halifax, Environnement Canada, laGendarmerie royale du Canada et Air Canada.

Parmi les quatre critères servant à évaluer lerendement des institutions en matière de serviceau public, les observations en personne et autéléphone réalisées par le Commissariat ont faitdiminuer la note de bien des institutions (voir « Observations sur le service au public » pourune analyse poussée des résultats des observations),ce qui montre, une fois de plus, que les institutionsdoivent privilégier davantage les résultats. Demanière générale, la grande majorité des institutionss’en tirent bien sur le plan des services bilinguesannoncés, de la présence d’un effectif bilingueet de la conclusion d’ententes avec des tiers pourassurer la prestation de services bilinguesadéquats. Les résultats varient en ce qui concernele dernier critère qui porte sur l’adoption, parl’institution, d’une politique sur les services aupublic et de mécanismes de surveillance de laqualité des services. En effet, seulement un peuplus de la moitié des institutions a reçu une notesatisfaisante, mais, pour nombre d’entre elles,des améliorations considérables s’imposent à cechapitre. Des lacunes ont été relevéesparticulièrement dans la surveillance de laqualité : les institutions doivent déployerdavantage d’efforts pour évaluer la mise en œuvrede leurs politiques et de leurs lignes directrices àcet égard, que ce soit dans le contexte desententes conclues avec des tiers ou celui de lasurveillance des services sur le terrain.

La présence d’un effectif bilingue

L’un des critères servant à évaluer le rendementdes institutions fédérales en matière de serviceau public est la capacité de fournir des servicesdans les deux langues officielles, c’est-à-dire queles employés qui occupent des postes bilinguesrépondent aux exigences linguistiques de leurposte8. Les institutions doivent essentiellementcompter un nombre suffisant d’employésbilingues de sorte que les ressources nécessairespuissent être déployées pour respecter les obligations

8 Certains employeurs distincts n’ont pas de postes désignés bilingues. Pour ces derniers, les statistiques concernant la présence d’effectifbilingue concerne le nombre d’employés qui peuvent fournir des services en français et en anglais.

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en matière de langues officielles. Selon l’informationque le commissaire a reçue de l’Agence de lafonction publique du Canada et d’employeursdistincts9, toutes les institutions, sauf quatre, ont uneffectif bilingue au-dessus de 80 p. 100, ce qui veutdire qu’une grande proportion de leurs employés sonten mesure de servir le public dans la langue officiellede son choix. Le commissaire trouve ces résultatsencourageants, mais exhorte deux institutions –l’Administration canadienne de la sûreté dutransport aérien (où la présence d’un effectif bilinguese chiffre à seulement 55 p. 100) et Air Canada(où la présence d’un effectif bilingue se chiffre àseulement 41 p. 100) – à faire preuve de plusde dynamisme à cet égard, surtout compte tenudes mauvaises notes qu’elles ont reçues pour leservice en personne dans le cadre des observations(voir « Observations sur le service au public »).

Au chapitre du leadership, il importe d’examinerparticulièrement la capacité bilingue des cadressupérieurs d’une institution. Dans la majorité des18 institutions qui fournissent des données à cesujet10, plus de 85 p. 100 des cadres supérieursrépondent aux exigences linguistiques de leur poste.Bien que cette donnée suggère que la direction estsensible à la question des langues officielles, lecommissaire sait qu’il n’en est pas toujours ainsi.Même lorsque cette sensibilité existe, elle ne sepropage pas toujours aux échélons opérationnels.Comme il est indiqué dans l’avant-propos duprésent rapport, nombreux sont les fonctionnairesqui voient le bilinguisme comme une simple caseà cocher plutôt qu’une valeur essentielle de leurtravail. Par conséquent, bon nombre de cadresfrancophones hésitent à parler français dans lesréunions, ou d’écrire des notes de service ou desnotes de synthèse en français parce qu’ils saventque leurs propos auront moins d’effet oud’incidence sur leurs collègues anglophones, peuimporte si ces derniers ont réussi ou non les tests delangue. Cette attitude selon laquelle le bilinguismeest un fardeau plutôt qu’un atout devra changerpour que le rendement des institutions s’améliore,Les cadres supérieurs ont un rôle essentiel à jouerà cet égard.

Les observations sur le service au public

Le Commissariat a de nouveau mené, cette année,des observations dans des bureaux de toutes lesrégions du pays, sur place et au téléphone, afind’évaluer l’offre active et la prestation de servicesbilingues dans les 38 institutions. Selon unéchantillon représentatif établi par StatistiqueCanada, les observations en personne ont étémenées dans plus de 1 000 bureaux désignésbilingues du gouvernement fédéral dans chaqueprovince et territoire, et un nombre semblabled’observations ont été réalisées au téléphone, enmajorité de la mi-juin à la mi-juillet 2007. Pendantchaque observation, les institutions étaient évaluéesen fonction des critères suivants :

L’offre active visuelle pour les observations enpersonne : Les institutions devaient fournirdivers éléments visuels, comme des panneauxd’affichage bilingues à l’intérieur et à l’extérieurdes lieux, pour indiquer au public que le ser-vice est offert dans les deux langues officielles.

L’offre active en personne et au téléphone :Les employés des institutions fédéralesdevaient utiliser une formule d’accueilbilingue, comme « Hello, bonjour », dans leurpremier contact avec un client. Les systèmestéléphoniques automatisés devaient égalementcomporter un message bilingue, sauf si deslignes téléphoniques sont expressémentconsacrées à une langue officielle. L’offreactive indique au public qu’il ne devrait pashésiter à utiliser la langue officielle de sonchoix.

La prestation d’un service adéquat enpersonne et au téléphone : L’informationreçue devait être fournie de façon adéquatedans la langue officielle de la minorité de laprovince ou du territoire où se situe le bureau.

Les résultats des observations sur le service aupublic en 2007-2008 sont présentés dans letableau 6.

9 On entend par « employeurs distincts » les institutions qui n’ont pas le Secrétariat du Conseil du Trésor comme employeur.

10 Les employeurs distincts ne fournissent pas de données portant spécifiquement sur la capacité bilingue des cadres supérieurs.

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11 Les résultats ont été calculés par Statistique Canada. Ils représentent une estimation du rendement fondée sur un échantillon représentatifd’observations pour chaque institution. On retrouve des précisions sur la méthodologie utilisée sur le site Web du Commissariat, à l’adresse www.languesofficielles.gc.ca.

TABLEAU 6LES RÉSULTATS DES OBSERVATIONS11 SUR LE SERVICE EN PERSONNE ET AU TÉLÉPHONE EN 2007-2008

EN PERSONNE AU TÉLÉPHONE

INSTITUTION OFFRE ACTIVE OFFRE ACTIVE SERVICE OFFRE SERVICE

VISUELLE EN PERSONNE ADÉQUAT ACTIVE ADÉQUAT

Administration canadienne de la sûreté du transport aérien 92 % 52 % 64 % 100 % 100 %

Administration de l’aéroport international d’Halifax 69 % 4 % 19 % 100 % 100 %

Administration de l’aéroport international d’Ottawa 77 % 0 % 50 % 100 % 100 %

Affaires indiennes et du Nord Canada 73 % 10 % 50 % 86 % 63 %

Agence canadienne d’inspection des aliments 89 % 4 % 64 % 87 % 87 %

Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec

91 % 27 % 91 % 86 % 100 %

Agence de promotion économique du Canada atlantique 88 % 38 % 88 % 87 % 100 %

Agence de santé publique du Canada 86 % 29 % 57 % 92 % 62 %

Agence des services frontaliers du Canada 92 % 27 % 79 % 97 % 91 %

Agence du revenu du Canada 98 % 28 % 74 % 100 % 97 %

Agriculture et Agroalimentaire Canada 80 % 17 % 74 % 65 % 83 %

Air Canada 84 % 8 % 55 % 60 % 90 %

Banque de développement du Canada 90 % 33 % 58 % 100 % 98 %

Centre national des Arts 100 % 50 % 100 % 100 % 100 %

Citoyenneté et Immigration Canada 95 % 22 % 78 % 100 % 96 %

Commission canadienne du tourisme 100 % 75 % 100 % 100 % 100 %

Commission de la capitale nationale 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

Diversification de l'économie de l'Ouest Canada 91 % 36 % 91 % 91 % 82 %

Environnement Canada 89 % 13 % 65 % 49 % 64 %

Forces canadiennes 94 % 6 % 78 % 90 % 84 %

Gendarmerie royale du Canada 78 % 19 % 69 % 73 % 82 %

Industrie Canada 86 % 24 % 72 % 77 % 88 %

NAV CANADA 100 % 50 % 100 % 50 % 100 %

Office national du film 100 % 13 % 63 % 100 % 100 %

Parcs Canada 97 % 45 % 79 % 88 % 91 %

Passeport Canada 100 % 20 % 93 % 100 % 100 %

Pêches et Océans Canada 79 % 10 % 64 % 84 % 79 %

Postes Canada 96 % 21 % 81 % 77 % 91 %

Santé Canada 80 % 31 % 57 % 83 % 87 %

Service Canada 100 % 32 % 74 % 92 % 97 %

Service correctionnel Canada 85 % 4 % 73 % 81 % 81 %

Société canadienne d’hypothèques et de logement 95 % 32 % 79 % 96 % 100 %

Société du Musée canadien des civilisations 91 % 58 % 91 % 100 % 100 %

Société Radio-Canada/CBC 93 % 27 % 76 % 82 % 92 %

Statistique Canada 100 % 0 % 100 % 100 % 100 %

Transports Canada 79 % 24 % 72 % 82 % 88 %

Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 88 % 26 % 79 % 82 % 96 %

VIA Rail 96 % 4 % 67 % 96 % 100 %

RÉSULTAT GLOBAL 92 % 23 % 75 % 82 % 88 %

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Les résultats des observations sur le service aupublic sont variés : ils montrent un rendementexemplaire dans certains secteurs, tandis quedes améliorations sont nécessaires dans d’autres domaines.

On a constaté l’offre active visuelle 92 p. 100 dutemps. Voilà qui montre qu’un grand nombred’institutions prennent cette obligation au sérieux.Cette année, huit institutions ont reçu des notesparfaites pour ce critère : le Centre national desArts, la Commission canadienne du tourisme, laCommission de la capitale nationale, StatistiqueCanada, Passeport Canada, Service Canada, NAVCANADA et l’Office national du film. Cependant,le commissaire estime que certaines institutionspourraient s’améliorer à ce chapitre. Par exemple,deux institutions – l’Administration de l’aéroportinternational d’Halifax et Affaires indiennes et duNord Canada – ont fourni l’offre active visuellemoins de 75 p. 100 du temps; elles devrontaméliorer leur rendement l’an prochain.

Dans son rapport annuel de 2006-2007, lecommissaire avait recommandé que lesadministrateurs généraux des institutionsfédérales veillent à ce que leurs employés offrentactivement les services dans les deux languesofficielles. Malgré cette recommandation, lagrande majorité des institutions évaluées cetteannée ont obtenu moins de 50 p. 100 pour cequi est de l’offre active en personne.Globalement, le personnel a fait l’offre activeseulement 23 p. 100 du temps. Le commissaireconstate que cela représente une légèreamélioration par rapport à l’an dernier, maissomme les institutions fédérales de faire preuve deleadership en s’acquittant de cette obligation. Cetteannée, seulement six institutions ont eu recours àl’offre active en personne au moins la moitié dutemps : la Commission de la capitale nationale(qui était la seule institution à faire l’offre activeà tout coup), la Commission canadienne dutourisme, la Société du Musée canadien descivilisations, le Centre national des Arts, NAVCANADA et l’Administration canadienne de lasûreté du transport aérien.

Un regard sur l’offre active

Il importe que le gouvernement fédéral,dans ses communications avec le public,s’assure que les Canadiens et lesCanadiennes n’hésitent pas à utiliser la langue officielle de leur choix. Ilincombe à toutes les institutionsfédérales de faire savoir au public queles services sont offerts dans les deuxlangues officielles dans les bureaux etles points de service qui sont désignésbilingues. Cette obligation, énoncée àl’article 28 de la Loi sur les languesofficielles, implique que les institutionsdoivent offrir activement leurs servicesdans les deux langues officielles sansattendre que le public les réclame.

Dans le but de respecter le droit desCanadiens et des Canadiennes de recevoirles services dans la langue officielle deleur choix, les institutions doivent aubesoin, faire de l’offre active, à la foisvisuelle et verbale. Pour ce faire, ellesdoivent veiller à ce que l’affichage àl’intérieur et à l’extérieur des bureauxsoit bilingue et accueillir les clients avecune formule bilingue, comme « Hello,bonjour ».

Le commissaire constate que lesinstitutions fédérales ne s’en tirent pastrès bien à ce chapitre, particulièrementen ce qui concerne l’offre active enpersonne. Dans toutes les observationsponctuelles menées par le Commissariatau cours des trois dernières années, onn’a eu recours à l’offre active enpersonne qu’environ une fois sur cinq.

Dans le rapport annuel de l’an dernier,le commissaire, réitérant l’importance decette disposition, a recommandé que lesadministrateurs généraux des institutionsfédérales veillent à ce que les employésen contact avec le public offrentactivement les services dans les deuxlangues officielles. Il procèdera à un suividu rendement des institutions à cet égarden vue du prochain rapport annuel.

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Un regard sur Service Canada

Créé en septembre 2005, ServiceCanada est devenu un intervenant clédans la prestation de services depremière ligne offerts aux Canadiens etaux Canadiennes par le gouvernementfédéral, ce qui en fait une institution àsurveiller au chapitre de la prestation deservices dans les deux langues officielles.

Depuis son lancement, Service Canadas’est constamment classée parmi lesinstitutions ayant fait l’objet du plusgrand nombre de plaintes par année ence qui concerne le service au public etla langue de travail. Comparativementà l’an dernier, ses résultats en ce quiconcerne les observations en personneet au téléphone ont connu une légèreaugmentation, mais il y a place àl’amélioration. Le commissaire constateégalement que Service Canada arécemment adopté une stratégie deservice qui est expressément axée surles communautés de langue officielle ensituation minoritaire. Cette stratégie viseà faire en sorte que ces dernièresreçoivent des services de qualité égaleà ceux qui sont fournis à la majorité linguistique, et de s’assurer que ServiceCanada devienne « un partenaire dechoix » dans l’essor des communautés delangue officielle en situation minoritaire.

À mesure que Service Canada accroît lenombre de ses points de service etl’éventail de ses services, le Commissariatcontinuera de travailler avec cetteinstitution clé afin de trouver denouvelles façons de mieux répondre àses obligations en matière de languesofficielles. Le commissaire espère queService Canada, étant donné son rôleessentiel de fournisseur de servicesgouvernementaux, s’efforcera de devenirun modèle pour les autres institutionsfédérales au chapitre du leadership enmatière de langues officielles.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Les institutions obtiennent de bien meilleursrésultats en ce qui concerne l’offre active autéléphone (faite 82 p. 100 du temps) que l’offreactive en personne, ce qui est attribuable enpartie à l’utilisation de plus en plus répanduedes systèmes téléphoniques automatisés. Treize institutions ont fait l’offre active autéléphone à tout coup, une augmentation par rapportà l’an dernier. Malheureusement, deux institutionsont fait l’offre active au téléphone dans seulementla moitié des cas, ou moins, cette année; il s’agitde NAV CANADA et d’Environnement Canada. Lecommissaire espère de meilleurs résultats de lapart de ces institutions l’an prochain.

Pour ce qui est de la prestation de servicesadéquats dans la langue officielle de la minorité,les résultats des observations de cette annéemontrent qu’il reste des progrès considérables àréaliser, particulièrement en ce qui concerne laprestation de services en personne. En effet, laqualité du service a été adéquate seulementtrois fois sur quatre (75 p. 100), résultatssemblables à ceux de l’an dernier. Le commissairesignale qu’un certain nombre d’institutions nedéploient toujours pas assez d’efforts pour que lepublic soit servi dans la langue officielle de sonchoix. Cette année, par exemple, trois institutionsont fourni des services adéquats en personne lamoitié du temps ou moins : Affaires indiennes etdu Nord Canada, l’Administration de l’aéroportinternational d’Ottawa et l’Administration del’aéroport international d’Halifax. Comme laprestation de services bilingues adéquats dansles bureaux désignés relève d’une dispositionlégislative, le commissaire trouve ces résultatsinacceptables et s’attend à une améliorationmarquée l’an prochain.

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TABLEAU 7TENDANCES RELATIVES AUX RÉSULTATS DES BULLETINS DE RENDEMENT CONCERNANT

LE SERVICE AU PUBLIC

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Notes des bulletins Aucun Les résultats relatifs au service au public sont restés de rendement changement essentiellement stables au cours des deux dernières à l’égard du service années, la majorité des institutions ayant reçu les notes au public « moyen » ou « faible » chaque année. Le même nombre

de notes « exemplaire » à l’égard du service au public a été accordé cette année et l’an dernier.

Résultats des Certains Au cours des trois dernières années, le commissaire a observations changements constaté des améliorations dans l’offre active visuelle,

l’offre active au téléphone et le service adéquat au télé-phone. Malheureusement, pour ce qui est de l’offre active et d’un service adéquat en personne, les résultats globaux n’ont pas changé depuis 2005-2006. Le commissaire s’attend à des améliorations dans ces domaines.

Meilleures institutions Certains Six institutions ont connu un bon rendement en 2006-2007et institutions changements et de nouveau cette année : Passeport Canada, le Centres’étant le national des Arts, la Commission de la capitale nationale, plus améliorées la Société du Musée canadien des civilisations, Statistique

Canada et l’Agence du revenu du Canada. Deux institutionsse sont améliorées par rapport à l’an dernier et ont obtenu la note « bon » pour le service au public : la Commissioncanadienne du tourisme et la Société canadienned’hypothèques et de logement.

Les résultats qui portent sur le service adéquatau téléphone ont été considérablement plusélevés cette année : le service était en effetadéquat 88 p. 100 du temps, comparativementà 77 p. 100 en 2006-2007, et 15 institutions

ont fourni un service adéquat au téléphone à toutcoup dans la langue officielle de la minorité.Toutes les institutions évaluées ont fourni unservice adéquat au téléphone au moins la moitiédu temps.

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Un regard sur le public voyageur

Selon l’article 23 de la Loi sur les languesofficielles, il incombe aux institutionsfédérales de fournir des services bilinguesaux voyageurs lorsque la demande estimportante. Cette obligation concernedes services au sol dans les aéroports etles gares ferroviaires et de traversiersdésignés, des services à bord detransporteurs visés par la Loi et desservices aux postes frontaliers terrestres.

Au cours des trois dernières années, prèsdu quart de toutes les plaintes concernantle service au public se rapportaient auxservices au sol et à bord fournis auxvoyageurs. Ce nombre est en hausse,puisqu’il a augmenté de près de deux tiersau cours de l’année dernière seulement.

Le Commissariat, qui reconnaît là unproblème de conformité important,s’efforce de mieux comprendre les prioritésdes voyageurs et surveille de près diversesinstitutions fédérales, autorités aéro-portuaires, concessionnaires ettransporteurs pour évaluer leurrendement et faire en sorte qu’il soitadéquat dans ce domaine. Par exemple,un dialogue est en cours avec l’Autoritéaéroportuaire du Grand Toronto pourdiscuter d’éventuels domaines decollaboration en vue d’améliorer lesservices bilingues offerts à l’aéroportinternational Pearson de Toronto.

En mettant l’accent dès maintenant surce problème, on s’attend à ce que lesprincipales institutions qui fournissent desservices aux voyageurs prennent lesmesures nécessaires, d’ici la tenue desJeux olympiques de 2010 à Vancouver,pour promouvoir le bilinguisme duCanada, notamment auprès des visiteursde l’étranger qui viendront assister auxJeux et de la population canadienne àlaquelle elles assurent quotidiennementdes services.

Les vérifications et les suivis concernant le service au public

En 2007-2008, le Commissariat a mené un certainnombre de vérifications et de suivis de vérificationauprès de diverses institutions fédérales ayantéprouvé des difficultés en matière de service aupublic. Bon nombre de ces institutions ont faitl’objet d’une vérification en raison de problèmesparticuliers, relevés dans le bulletin de rendement,ou d’un nombre élevé de plaintes. Lorsque desproblèmes particuliers sont relevés pendant lavérification, le commissaire cherche à obtenir, dela part des hauts fonctionnaires de l’institutionconcernée, un engagement à régler les problèmes.Selon le commissaire, le processus de vérification,comme bon nombre des façons de veiller aurespect de la Loi, constitue un moyen pour leCommissariat de travailler de concert avec lesinstitutions pour les aider à s’acquitter de leursobligations en matière de langues officielles. Ontrouvera ci-après un sommaire de quelquesvérifications et suivis liés au service au publicqui ont été effectués cette année.

l’Administration de l’aéroport internationald’Halifax : Le commissaire a entrepris unevérification de la gestion globale duProgramme des langues officielles dans leplus grand aéroport du Canada atlantique.La vérification vise à étudier des questionssoulevées au cours de certaines enquêtesconcernant l’aéroport et à comprendre lesrésultats de ses bulletins de rendement. Lecommissaire examinera la manière dont lagestion du Programme des langues officiellespermet à l’aéroport de s’acquitter efficacementde ses obligations, surtout en ce qui a trait à laprestation de services et aux communicationsavec les voyageurs. Plus particulièrement, lavérification s’attardera sur l’engagement de lahaute direction à l’égard des languesofficielles, sur l’infrastructure et les mesuresde contrôle dans l’aéroport. Un rapport finaldoit être soumis au cours de l’année.

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Environnement Canada : Le commissaire aterminé une vérification des services assuréspar l’entremise du réseau téléphoniqueautomatisé du Service météorologique duCanada, division d’Environnement Canada quifournit des renseignements météorologiqueset environnementaux aux citoyens. Le ministèrede l’Environnement a fait l’objet d’unevérification parce qu’il avait obtenu unemauvaise note dans son bulletin derendement en matière de service au publicet qu’il compte de nombreux points deservice bilingues sous forme de systèmestéléphoniques automatisés. La vérification apermis de constater que le Ministère disposed’une structure interne qui lui permettrait defournir les services dans les deux languesofficielles. Cependant, des observations plusrécentes des services téléphoniques duMinistère ont mis au jour d’importanteslacunes en matière de prestation adéquate deservices et d’offre active. EnvironnementCanada doit améliorer les services bilinguesdu Service météorologique du Canada qui,selon le commissaire, sont essentiels auxCanadiens et aux Canadiennes.

Agriculture et Agroalimentaire Canada :En 2007, le commissaire a procédé à unevérification axée sur les communications et laprestation de services à l’intention du public.La vérification se rapportait aux servicesbilingues offerts dans divers bureauxd’Agriculture et Agroalimentaire Canada, ainsiqu’au cadre de gestion et aux mécanismes misen place pour aider le personnel à s’acquitterefficacement de ses obligations en vertu de laLoi. On a effectué cette vérification en partieen raison des mauvais résultats obtenus parle Ministère dans les bulletins de rendementprécédents à l’égard du service au public.Selon la vérification, bien que ce ministère sesoit doté d’une structure pour gérer leProgramme des langues officielles et qu’il aitpris des mesures pour sensibiliser lesemployés à son obligation de fournir desservices bilingues au public, il lui resteencore plusieurs lacunes à combler enmatière de prestation de services sur leterrain. Le Commissariat a en effet constatéque les services bilingues faisaient souventdéfaut, surtout dans l’Ouest canadien, et quel’offre active de service, en personne ou autéléphone, se faisait plutôt rare.

Parmi les autres problèmes relevés figuraientles dispositions relatives à la langue dans lesaccords conclus avec des tiers, l’absence decadre de responsabilisation et le manque deconsultation avec les communautés delangue officielle pour déterminer leursbesoins en matière de service au public. Huit recommandations ont été faites auMinistère pour lui permettre d’améliorer laprestation des services dans les deux languesofficielles. Depuis, Agriculture etAgroalimentaire Canada a élaboré un pland’action pour mettre en œuvre cesrecommandations.

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Les suivis des vérifications

Dans le cadre de sa politique de vérificationexterne, le Commissariat fait le suivi de sesvérifications de 18 à 24 mois après la publicationde leur rapport afin d’évaluer les progrès accomplispar les institutions dans la mise en œuvre desrecommandations du commissaire. Divers suivisont donc été assurés cette année au sujet desvérification rendues publiques en 2005. L’un deces suivis se rapportait à une vérification duservice au public offert à certains postesfrontaliers et visait à déterminer de quelle façonune institution précise avait mis en œuvre lesrecommandations du commissaire12.

L’Agence des services frontaliers du Canada :La vérification de cette institution, dont lesrésultats ont été publiés en novembre 2005,a porté sur le service au public dans les deuxlangues officielles à divers postes frontaliersau Canada. Le commissaire est satisfait desprogrès accomplis par l’institution dans lamise en œuvre des douze recommandationsdécoulant de la vérification. En fait, l’Agencedes services frontaliers du Canada affirmeque la vérification et les douze recommandationsdu commissaire lui ont servi de base pourétablir un plan d’action et des objectifsprioritaires mesurables en matière de languesofficielles. Le commissaire s’attend à ce queles mesures mises en place par l’institutionpar suite de la vérification contribueront àrésoudre les problèmes récurrents à l’aéroportinternational Pearson de Toronto et auxpostes frontaliers dans le sud de l’Ontario.

Les interventions proactives ou préventives réaliséesen 2007-2008 touchant le service au public

Les interventions préventives visent à attirerl’attention d’une institution sur un élément précislié aux langues officielles en vue d’éviter d’autresinfractions. Les interventions proactives, effectuéesavant que ne soit déposée une plainte auprès ducommissaire, se rapportent souvent à des questionssoulevées dans les médias. Les situations suivantesconstituent des exemples d’interventions qui ontété réalisées en 2007-2008.

En avril 2007, le commissaire est intervenuauprès du ministère des Anciens Combattantsaprès avoir appris que les panneaux installésau Monument commémoratif du Canada àVimy, avant les activités du 90e anniversairede la bataille de la crête de Vimy, comportaientde nombreuses erreurs de français. À la suitede cette intervention, le Ministère a retiré lespanneaux et a convenu, pour les faire corriger,de travailler de concert avec l’organisme sansbut lucratif qui en avait fait don.

Après avoir été mis au courant d’uneinfraction possible en matière de languesofficielles, le Commissariat a communiquéavec l’Administration aéroportuaire régionaled’Edmonton pour l’aviser que la traductionsur l’un des panneaux de l’aéroportinternational d’Edmonton était incorrecte. Lesresponsables de l’aéroport n’ont pas tardé àrégler le problème et ont vérifié les autrespanneaux pour s’assurer que les renseignementsfournis au public étaient de qualité égaledans les deux langues officielles.

12 D’autres suivis seront présentés plus loin dans le chapitre, dans les sections sur la langue de travail et la promotion du français et de l’anglais.

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En prévision des Jeux olympiques d’hiver de2010 à Vancouver-Whistler, le commissaire apris des mesures pour que cet évènementrende véritablement compte de la dualitélinguistique du Canada. Ainsi, il s’estentretenu avec John Furlong, directeurgénéral du Comité d’organisation des Jeuxolympiques et paralympiques d’hiver de 2010à Vancouver (COVAN), pour discuter del’importance de veiller à ce que les Jeuxtémoignent de la dualité linguistique du pays.En outre, des représentants du Commissariatont rencontré le Comité des services fédérauxessentiels pour les Jeux d’hiver de 2010,dont les membres proviennent de diversesinstitutions fédérales, pour discuter demoyens qui permettront de respecter et depromouvoir les droits linguistiques desCanadiens et des Canadiennes dans lecontexte des Jeux. Le commissaire envisagede collaborer avec d’autres institutions depremier plan au cours de la prochaine annéeen vue de s’assurer que les préparatifsconcernant les Jeux de 2010 tiennent comptedes langues officielles. Le Commissariatentreprend une étude sur l’état d’avancementdes préparatifs pour déterminer des pratiquesexemplaires, repérer les obstacles et proposerdes recommandations relatives aux languesofficielles au COVAN et au Secrétariat fédéraldes Jeux Olympiques de 201013.

13 Pour de plus amples renseignements sur l’étude relative aux Jeux olympiques, voir le chapitre III.

14 Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick Inc. c. Canada, 2008, C.S.C.15.

Les interventions devant les tribunaux en 2007-2008 concernant le service au public

À l’occasion, le commissaire intervient devant lestribunaux lorsqu’il a épuisé tous les autres moyensdont il dispose ou qu’un recours judiciaire soulèvedes questions juridiques importantes en matièrede langues officielles. La situation ci-dessousconstitue un exemple d’intervention qui a eu lieucette année.

En octobre 2007, le commissaire est intervenudevant la Cour suprême du Canada dans l’affairede Marie-Claire Paulin et de la Société desAcadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswickcontre la Gendarmerie royale du Canada14. Lacause concernait une plainte de madame Paulinselon laquelle un agent de la Gendarmerieroyale du Canada, affecté à Woodstock, auNouveau-Brunswick, n’avait pas été enmesure de lui fournir un service en françaislorsqu’il l’a appréhendée. Dans le jugementqu’elle a rendu le 11 avril 2008, la Coursuprême du Canada a donné raison auxplaignants. Le jugement précise lesobligations linguistiques de la Gendarmerieroyale du Canada lorsqu'elle fournit desservices en tant que force policièreprovinciale. Il a ainsi confirmé que lapopulation du Nouveau-Brunswick avait ledroit de recevoir des services dans l’une oul'autre des langues officielles dans toute laprovince, que la demande soit importante ounon. La Cour suprême du Canada a aussidécrété que la Gendarmerie royale du Canadademeurait une institution fédérale danstoutes les provinces où elle agissait en tantque force policière provinciale et que, parconséquent, elle devait respecter en touttemps ses obligations en vertu de la Loi surles langues officielles.

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Des exemples de leadership en matière de service au public

Chaque année, le commissaire fait mention d’institutions qui se sont distinguées en matière delangues officielles. Les exemples donnés mettenten relief certaines mesures qui ont produit desrésultats positifs. Voici donc quelques exemplesde leadership en matière de service au public.

La Commission de la capitale nationale – quia obtenu cette année la note « exemplaire » àl’égard du service au public – a mis sur piedun programme de formation à l’intention deses employés du service à la clientèle. Leprogramme comporte un volet sur les attentesde l’institution en ce qui concerne l’offreactive et la prestation adéquate de servicesdans les deux langues officielles. De plus, lebilinguisme constitue une exigence obligatoirepour tous les employés et les étudiantsresponsables du service à la clientèle. Lerendement exceptionnel de cette institutionau cours des observations effectuées en

personne et au téléphone montre que lesprogrammes de formation et les politiquesd’embauche de la Commission se traduisentpar des résultats concrets.

La Société canadienne d’hypothèques et delogement et Postes Canada procèdent à desévaluations trimestrielles sur l’offre active etla prestation adéquate de services au publicdans les deux langues officielles au sein deleurs institutions. Les cadres supérieursresponsables des secteurs où des lacunes ontété décelées doivent ensuite rendre compteau comité de gestion des mesures correctivesqui ont été prises pour régler les problèmes.Le commissaire croit que la tenue d’évaluationspériodiques du service et la responsabilisationde la gestion constituent des facteurs importantspour assurer la qualité et l’uniformité desservices bilingues offerts aux Canadiens etaux Canadiennes. En outre, il souligne queles deux institutions mentionnées ont obtenudes notes supérieures à la moyenne pour laprestation adéquate de services en personne.

CONCLUSION : LE SERVICE AU PUBLIC

Les plaintes, les résultats des bulletins derendement, les vérifications et les diversesinterventions du commissaire en ce qui concernele service au public montrent que ce domainereprésente manifestement un point faible desinstitutions fédérales. Dans l’ensemble, lesrésultats des bulletins de rendement nes’améliorent pas, les mêmes institutionsobtiennent des notes médiocres année aprèsannée, et les éléments qui étaient importantspour les Canadiens et les Canadiennes, il y atrois ans, posent encore problème aujourd’hui.Par exemple, le fait de ne pas recevoir, de la partdes institutions fédérales, des communications

écrites dans la langue officielle de son choix figuretoujours en tête de la liste des plaintes déposéesconcernant le service au public. Le personnel denombreuses institutions a rarement recours à l’offreactive en personne malgré la recommandationformulée à ce sujet par le commissaire l’annéedernière. Pendant trois années d’affilée, unCanadien sur quatre qui s’est rendu dans unbureau fédéral désigné bilingue n’a pas réussi àobtenir de service adéquat dans la langueofficielle en situation minoritaire de sa provinceou de son territoire. Le commissaire a remarqué,entre autres tendances, qu’en dépit de la miseen place d’une infrastructure qui soutient la

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prestation de services bilingues, les résultats nes’améliorent pas dans bien des cas. C’est pourquoiles institutions doivent accroître leurs activitésde suivi, revoir leur mode de fonctionnement surle terrain et établir de nouveaux mécanismes quiseront axés tout autant sur les résultats que surles processus.

Le public voyageur a également de plus en plusde mal à obtenir des services dans leur langueofficielle de préférence dans les aéroports, lesgares ferroviaires et d’autres points de service

désignés. En outre, le commissaire signale qu’ungrand nombre d’institutions qui offrent des servicesaux voyageurs n’obtiennent pas de bonnes notesà ce sujet dans leur bulletin de rendement. Il y amanifestement encore beaucoup à faire dans cedomaine pour améliorer le rendement. À cettefin, le commissaire est plus que prêt à collaboreravec les cadres supérieurs et les fonctionnaires,mais il faut avant tout que les institutions soientdisposées à changer leur mode de fonctionnementen vue d’obtenir de meilleurs résultats. Pour cefaire, le leadership jouera un rôle déterminant.

15 Aux fins du rapport, on entend par « fonctionnaires » tous les employés des institutions fédérales assujetties à la partie V de la Loi, ainsi que lesmembres des Forces canadiennes.

Dans certaines régions du Canada, lesfonctionnaires fédéraux15 peuvent travailler dansla langue officielle de leur choix. La partie V dela Loi sur les langues officielles établit ce droitet précise les régions désignées. Ces dernièressont la région de la capitale nationale, leNouveau-Brunswick, certaines régions du Nordet de l’Est de l’Ontario, la région de Montréal,certaines régions des Cantons de l’Est, laGaspésie et l’Ouest du Québec.

Afin de respecter l’exigence relative à la languede travail, les institutions fédérales doiventprendre des mesures pour que le milieu detravail dans ces régions soit propice à l’utilisationeffective des deux langues officielles et queleurs employés se sentent à l’aise d’exercer leurdroit de travailler en français ou en anglais. Lesinstitutions doivent donc fournir, entre autreschoses, des outils de travail, des services centrauxet personnels, de la formation dans les deuxlangues officielles ainsi qu’un nombre suffisantde superviseurs et de cadres supérieurs bilingues.

PARTIE 3 :UN EXAMEN APPROFONDI DE LA LANGUE DE TRAVAIL

Au moment d’évaluer si les employés peuventtravailler dans la langue officielle de leur choix,le commissaire vérifie si les éléments suivantssont en place dans les institutions fédéralesvisées par la Loi : une politique sur la langue detravail et des mesures d’appui, une supervisionbilingue adéquate et des mesures qui encouragentactivement l’utilisation des deux langues officiellesau travail. Le commissaire examine également leniveau de satisfaction des employés qui se trouventdans un milieu où ils sont minoritaires en ce quia trait à la possibilité de travailler dans la languede leur choix.

L’analyse des plaintes recevables liées à la langue de travail et les résultats des bulletins de rendement et des vérifications dont il estquestion dans les paragraphes suivantspermettent d’établir dans quelle mesure lesinstitutions respectent leurs obligations en vertu de cette partie de la Loi.

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Les plaintes recevables liées à la langue de travail en 2007-2008

En 2007-2008, le Commissariat aux languesofficielles a reçu 112 plaintes recevables liées àla langue de travail, ce qui représente 18 p. 100de toutes les plaintes recevables. La plupart desplaintes de cette catégorie ont été déposées pardes francophones (17 p. 100 de ces plaintesprovenaient de francophones travaillant auQuébec, mais à l’extérieur de la RCN). Lamajorité des infractions présumées se sontproduites dans la région de la capitale nationale,au Québec et dans la région de l’Atlantique.

Les communications internes (qui comptent pour35 p. 100 de toutes les plaintes recevablesliées à la langue de travail), la formation et leperfectionnement, ainsi que les services centrauxet personnels offerts par les institutions se sontrévélés les éléments le plus souvent problématiquescette année pour ce qui a trait à la langue de travail.

Ces chiffres montrent que les institutionsfédérales des régions désignées bilingues doiventmultiplier leurs efforts pour rédiger leurscommunications internes (courriels, avis, ordresdu jour de réunions, allocutions, etc.) dans lesdeux langues officielles. De plus, elles doiventprendre des mesures pour permettre à leursemployés d’avoir accès aux services centraux etpersonnels (plus précisément les servicesadministratifs, financiers et juridiques et lesservices de la paye, ainsi que les entrevues et lesévaluations de rendement) dans la langue officiellede leur choix. En ce qui concerne la formation etle perfectionnement, les institutions doiventveiller à ce que les cours soient offerts en françaiset en anglais afin de donner à leurs employésdes chances égales de perfectionnementprofessionnel, quelle que soit leur langueofficielle de préférence. La résolution de cesproblèmes de conformité importants contribueraitgrandement à faire en sorte que soient pleinementrespectés les droits relatifs à la langue de travaildes employés fédéraux dans les régions désignées,et que le plus grand employeur du Canada, lafonction publique fédérale, fasse preuve deleadership en donnant l’exemple d’un milieu detravail véritablement bilingue.

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Les résultats des bulletins de rendement concernant la langue de travail en 2007-2008

Dans le cadre de la préparation des bulletins derendement, le commissaire analyse la manièredont les institutions fédérales se conforment àleurs obligations relatives à la langue de travail.Ce facteur, qui compte pour 25 p. 100 de la noteglobale attribuée à une institution, est évalué aumoyen des critères suivants : l’existence d’unepolitique sur la langue de travail et une supervisionbilingue adéquate, et l’utilisation des deux languesofficielles au travail.

La langue de travail reste un problème préoccupantpour un grand nombre des institutions fédéralesqui sont évaluées. Seules 20 institutions sur 3716

ont obtenu la note « bon » dans cette catégorie(aucune n’a obtenu la note « exemplaire »), tandisque 15 ont obtenu la note « moyen », une lanote « faible », et une autre la note « très faible ».

Le commissaire demande de plus grands efforts àce chapitre, surtout de la part des deux institutionsayant obtenu les plus mauvaises notes : lesForces canadiennes et NAV CANADA.

Veiller à l’utilisation efficace des deux languesofficielles au travail pose de grandes difficultés àde nombreuses institutions, comme le révèleleurs piètres résultats lors du sondage sur lalangue de travail (voir « Sondage sur la langue detravail » à la page suivante). Ces résultatspermettent de constater, une fois de plus, que laplanification organisationnelle n’a pas toujoursde répercussions parmi les employés, même sielle prend en considération les exigences enmatière de langue de travail. Pour parvenir àrespecter pleinement les droits linguistiques deleurs employés, les institutions doivent doncadopter une approche visant davantagel’obtention de résultats.

16 L’Administration de l’aéroport international d’Halifax est la seule institution à ne pas être assujettie aux exigences en matière de langue de travail, car elle ne compte pas d’employés dans des régions désignées bilingues aux fins de la langue de travail.

TABLEAU 8LES TENDANCES RELATIVES AUX PLAINTES RECEVABLES LIÉES À LA LANGUE DE TRAVAIL

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Nombre total de Aucun Le nombre de plaintes admissibles liées à la langue de plaintes recevables changement travail est demeuré stable au cours des trois dernières liées à la langue années. Toutefois, le commissaire remarque une hausse de travail importante du nombre de ces plaintes déposées contre

certaines institutions, dont les deux principaux exemples sont la Défense nationale et Postes Canada.

Types de plaintes Aucun Au cours des trois dernières années, les plaintes les plus liées à la langue changement fréquentes liées à la langue de travail se rapportaient aux de travail communications internes. Les services centraux et

personnels et la formation et le perfectionnement étaientégalement des domaines préoccupants.

Institutions faisant Aucun Au cours des trois dernières années, la Défense nationalel’objet du plus grand changement et Travaux publics et Services gouvernementaux Canadanombre de plaintes sont les seules institutions à avoir fait l’objet fréquemment recevables liées à d’un nombre élevé de plaintes liées à la langue de travail.la langue de travail

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La supervision bilingue

Le commissaire examine particulièrement lacapacité bilingue des superviseurs dans lesinstitutions fédérales. Autrement dit, il évaluedans quelle mesure les fonctionnaires quisupervisent du personnel dans les régionsdésignées bilingues remplissent les exigenceslinguistiques de leur poste. Comme les employésqui travaillent dans ces régions ont le droit d’êtresupervisés dans la langue officielle de leur choix,il s’agit d’un critère d’évaluation important.

D’après les données recueillies, la plupart desinstitutions respectent leur obligation à ce sujet :29 institutions sur 38 obtiennent une note d’aumoins 85 p. 100 en ce qui a trait à la capacitébilingue de leurs superviseurs. Quatre institutionsméritent d’être mentionnées pour leurs excellentsrésultats, car elles ont obtenu une note d’aumoins 95 p. 100 en matière de capacité bilingue :l’Office national du film, la Société canadienned’hypothèques et de logement, la Société duMusée canadien des civilisations et l’Agence depromotion économique du Canada atlantique.Toutefois, trois autres institutions ont obtenumoins de 75 p. 100 en matière de capacitébilingue de leurs superviseurs et devrontredoubler d’efforts au cours de la prochaineannée pour combler cette lacune : Air Canada,Postes Canada et l’Administration canadienne dela sûreté du transport aérien.

Le sondage sur la langue de travail

Pour évaluer de façon plus approfondie le rendementdes institutions en ce qui a trait à l’utilisation desdeux langues officielles au travail, le commissairea demandé à Statistique Canada d’effectuer unsondage sur la langue de travail. Les questionsétaient identiques à celles du Sondage auprès

des fonctionnaires fédéraux de 2005 qui portaientsur la satisfaction des employés fédéraux quant àla possibilité de travailler dans la langue de leurchoix. Dans le cadre du sondage, on a demandéaux fonctionnaires francophones travaillant dansla région de la capitale nationale, au Nouveau-Brunswick et dans les régions de l’Ontario désignéesbilingues, ainsi qu’aux fonctionnaires anglophonesen poste dans les régions du Québec désignéesbilingues (à l’exclusion de la région de la capitalenationale), dans les 37 institutions qui ont étéévaluées, dans quelle mesure ils étaient enaccord ou en désaccord avec les énoncés suivants :

Le matériel et les outils mis à ma dispositiondans le cadre de mon travail, y compris leslogiciels et les autres outils informatisés, sontdisponibles dans la langue officielle de monchoix.

Lorsque je rédige des documents, y comprisdes courriels, je me sens libre de le fairedans la langue officielle de mon choix.

Lorsque je communique avec mon superviseurimmédiat, je me sens libre d’utiliser la langueofficielle de mon choix.

Durant les réunions de mon unité de travail,je me sens libre d’utiliser la langue officiellede mon choix.

Mon ministère (organisme) offre de la formationdans la langue officielle de mon choix.

Les taux de satisfaction globaux des employésont ensuite été établis pour chaque institution.Le tableau 9 présente les résultats du sondagede 2007-2008.

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17 La moyenne nationale ne comprend pas les résultats des Forces canadiennes, étant donné que le sondage sur la langue de travail ciblait lesmembres des unités bilingues qui ne se trouvent pas nécessairement dans des régions désignées bilingues.

* En raison du petit nombre de répondants, Statistique Canada a demandé au commissaire de ne pas utiliser ces résultats.

** Il n’y a pas de bureau dans cette région.

*** La Défense nationale offre le choix de la langue de travail dans certaines unités situées à l’extérieur des régions désignées au chapitre dela langue de travail. Les répondants francophones se trouvaient dans des unités bilingues de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de laSaskatchewan, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario et de la RCN. Les répondants anglophones setrouvaient dans les unités bilingues du Québec. 131

TABLEAU 9LES RÉSULTATS DU SONDAGE SUR LA LANGUE DE TRAVAIL POUR 2007-2008

INSTITUTION NIVEAU DE SATISFACTION NIVEAU DE SATISFACTIONDES FRANCOPHONES DES ANGLOPHONES(RCN, N-B, ONT.) (QUÉBEC)

Administration canadienne de la sûreté du transport aérien 76 % *

Administration de l’aéroport international d’Ottawa 49 % **

Affaires indiennes et du Nord Canada 69 % *

Agence canadienne d’inspection des aliments 69 % 57 %

Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec

93 % *

Agence de promotion économique du Canada atlantique 84 % **

Agence de la santé publique du Canada 61 % *

Agence des services frontaliers du Canada 66 % 73 %

Agence du revenu du Canada 64 % 70 %

Agriculture et Agroalimentaire Canada 64 % *

Air Canada 39 % 95 %

Banque de développement du Canada 82 % 92 %

Centre national des Arts 81 % **

Citoyenneté et Immigration Canada 72 % 59 %

Commission canadienne du tourisme * **

Commission de la capitale nationale 85 % **

Diversification de l’économie de l’Ouest Canada * **

Environnement Canada 65 % 85 %

Forces canadiennes*** 36 % 56 %

Gendarmerie royale du Canada 64 % 65 %

Industrie Canada 73 % *

NAV CANADA 47 % 77 %

Office national du film * 85 %

Parcs Canada 74 % *

Passeport Canada * 93 %

Pêches et Océans Canada 75 % *

Postes Canada 72 % 62 %

Santé Canada 58 % *

Service Canada 72 % 35 %

Service correctionnel du Canada 67 % 36 %

Société canadienne d’hypothèques et de logement 67 % *

Société du Musée canadien des civilisations 82 % **

Société Radio-Canada/CBC 85 % 82 %

Statistique Canada 77 % *

Transports Canada 73 % 71 %

Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 78 % 72 %

VIA Rail 53 % 89 %

MOYENNE NATIONALE17 70 % 81 %

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Un regard sur la Défense nationale et les Forces canadiennes

À l’instar des autres institutions fédérales, le ministère de la Défense nationale et les Forcescanadiennes ont un rôle essentiel à jouer pour assurer l’égalité des deux langues officiellesdans leurs activités quotidiennes, au pays et à l’étranger. Compte tenu de la grande tailledu Ministère et de son caractère symbolique, il est d’autant plus important que ses chefscivils et militaires accordent une attention particulière aux langues officielles, y compris auxdroits linguistiques du personnel et des militaires.

Au cours des dernières années, la Défense nationale a été éprouvée par de graves problèmesliés à la langue de travail et d’instruction au sein des Forces canadiennes. Le nombre deplaintes relatives à la langue de travail a augmenté au cours des trois dernières années et,selon le sondage sur la langue de travail effectué cette année, le taux de satisfaction estfaible chez les francophones et les anglophones membres des Forces pour ce qui a trait à leurdroit d’utiliser la langue de leur choix lorsqu’ils sont minoritaires dans leur milieu de travail.

Au cours de l’année dernière, le commissaire a visité plusieurs bureaux des Forcescanadiennes. Il y a rencontré des cadres supérieurs dans le but de mieux comprendrel’environnement opérationnel de cette institution en ce qui a trait à la langue de travail. Cesvisites faisaient également partie de son suivi continu relatif au fonctionnement, sur leterrain, du Modèle de Transformation du Programme des langues officielles du Ministère,mis en place en 2006.

Au cours de la prochaine année, le commissaire effectuera une vérification de la langued’instruction au sein des Forces canadiennes (un problème systémique pour cette institution)afin d’établir dans quelle mesure les militaires du rang et les officiers peuvent suivre diversprogrammes de formation dans la langue officielle de leur choix. Le commissaire se réjouit à laperspective de travailler avec les Forces canadiennes pour mener à bien ce projet et résoudred’autres questions importantes liées à la langue de travail.

L’analyse des résultats du sondage

Les résultats du sondage permettent de constaterque plusieurs problèmes demeurent pour ce quia trait à la langue de travail dans les régionsdésignées, en particulier pour les fonctionnairesfrancophones. Dans l’ensemble, en moyenneseulement 70 p. 100 de ces fonctionnairestravaillant dans des régions désignées étaientsatisfaits de la possibilité de travailler dans lalangue officielle de leur choix. La moyenne pourles fonctionnaires anglophones du Québec étaitplus élevée (81 p. 100).

En ce qui concerne les fonctionnairesfrancophones, le taux de satisfaction étaitparticulièrement faible pour les deux énoncéssuivants : se sentir libre d’utiliser la langueofficielle de son choix durant les réunions de sonunité de travail et se sentir libre de rédiger desdocuments dans la langue officielle de son choix.Dans le cas des fonctionnaires anglophones duQuébec, l’absence de formation offerte dans lalangue de leur choix représentait le problème leplus important. Les paragraphes qui suiventfournissent une analyse approfondie de chacunedes questions.

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les anglophones du Québec. Seulement quatre institutions ont obtenu une cote de moinsde 50 p. 100 pour les francophones : VIA Rail,l’Administration de l’aéroport internationald’Ottawa, les Forces canadiennes et Air Canada.Pour ce qui est des anglophones du Québec, laquestion obtient le plus faible niveau de satisfactionchez les répondants parmi toutes les questionsdu sondage. Les neufs institutions suivantesdoivent accroître leurs efforts afin d’offrir à leursemployés anglophones au Québec de la formationdans la langue de leur choix : la Gendarmerieroyale du Canada, l’Agence des services frontaliersdu Canada, Transports Canada, l’Agence durevenu du Canada, Travaux publics et Servicesgouvernementaux Canada, les Forces canadiennes,Service Canada, Citoyenneté et ImmigrationCanada et Service correctionnel Canada.

Les communications avec les superviseurs immédiatsLe taux de satisfaction était légèrement supérieurlorsqu’on demandait aux fonctionnaires s’ils sesentaient libres d’utiliser la langue de leur choixavec leur superviseur immédiat. Quelque 79 p. 100des fonctionnaires francophones et 87 p. 100 desfonctionnaires anglophones du Québec se déclaraientsatisfaits à cet égard. Chez les francophones, letaux de satisfaction était inférieur à 50 p. 100dans trois institutions : NAV CANADA, AirCanada et les Forces canadiennes. Le taux desatisfaction chez les anglophones se situait àmoins de 50 p. 100 dans les deux institutions :Service Canada et Service correctionnel Canada.

Les outils de travailLes fonctionnaires francophones se sont ditssatisfaits du matériel et des outils fournis dansla langue de leur choix dans une proportion de81 p. 100, comparativement à 88 p. 100 chezles fonctionnaires anglophones du Québec. Aucuneinstitution n’a obtenu un taux de satisfactioninférieur à 50 p. 100 dans ce domaine.

Les réunions Seulement 59 p. 100 des fonctionnairesfrancophones se sentent libres d’utiliser la langueofficielle de leur choix au cours des réunionsdans leur unité de travail, comparativement à 77 p. 100 des fonctionnaires anglophones duQuébec. Il s’agit manifestement d’un problèmeimportant que les institutions fédérales doiventrésoudre. Le commissaire fait remarquer queplus de la moitié des fonctionnaires francophonesdes huit institutions suivantes ne se sentent pasà l’aise d’utiliser la langue de leur choix au coursdes réunions : la Société canadienned’hypothèques et de logement, Santé Canada,l’Agence de la santé publique du Canada,l’Administration de l’aéroport internationald’Ottawa, VIA Rail, NAV CANADA, les Forcescanadiennes et Air Canada.

Les documents écritsAu total, 60 p. 100 des fonctionnaires francophonesse sentent libres de rédiger des documents dansla langue officielle de leur choix, comparativementà 82 p. 100 des fonctionnaires anglophones duQuébec. Pour cette question, les francophonesdes cinq institutions suivantes affichent un tauxde satisfaction inférieur à 50 p. 100 : Affairesindiennes et du Nord Canada, l’Agence de lasanté publique du Canada, Santé Canada, NAVCANADA et les Forces canadiennes. Pour les deuxinstitutions suivantes, le taux de satisfaction desanglophones du Québec est inférieur à 50 p. 100 :Service correctionnel Canada et Service Canada.

La formationEn ce qui concerne la disponibilité d’une formationdans la langue de leur choix, 73 p. 100 desfonctionnaires francophones se sont déclarés satisfaits. Le pourcentage est identique pour

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TABLEAU 10LES TENDANCES RELATIVES AUX RÉSULTATS DES BULLETINS DE RENDEMENT CONCERNANT

LA LANGUE DE TRAVAIL

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Notes des bulletins Aucun Cette année, les résultats des bulletins de rendement sont de rendement à changement presque identiques à ceux de l’an dernier. Ainsi, dans l’égard de la l’ensemble, peu de progrès ont été réalisés au chapitre de langue de travail la langue de travail. Par exemple, le même nombre

d’institutions ont reçu la note « bon » l’an dernier et cette année, et jamais aucune institution n’a obtenu la note « exemplaire » pour ce facteur.

Sondage sur la Aucun Les problèmes cernés dans le cadre du sondagelangue de travail changement sur la langue de travail sont demeurés les mêmes

que l’an dernier. Les deux années, les répondants francophones ont déclaré qu’ils ne se sentaient pas libres d’utiliser la langue officielle de leur choix pendant les réunions et dans la rédaction de documents. Chez les répondants anglophones du Québec, le problème le plus sérieux, pendant les deux années, a été l’accès à la formation dans la langue de leur choix.

Institutions ayant Certains Lors des deux dernières années, 15 institutions ont réussi obtenu la meilleure changements à conserver la note « bon » à l’égard de la langue de note et ayant connu la travail. Bien que la note de certaines institutions ait plus grande amélioration diminué, le commissaire est heureux de constater que

quatre institutions ont amélioré leur rendement et qu’elles reçoivent cette année la note « bon » en fonction de leurs efforts. Il s’agit de Citoyenneté et Immigration Canada, Diversification de l’économie de l’Ouest Canada, SantéCanada et la Banque de développement du Canada.

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Les vérifications et les suivis concernant la langue de travail

Un suivi de vérification a été effectué et a eu desincidences importantes sur la langue de travail etla création d’un environnement bilingue dansune institution, même si l’objectif de lavérification initiale était la gestion générale duProgramme des langues officielles.

Travaux publics et Services gouvernementauxCanada : La vérification effectuée dans ceministère, dont les résultats ont été renduspublics en septembre 2005, mettait l’accentsur la gestion interne du Programme deslangues officielles. Elle a révélé diversproblèmes liés à la langue de travail. Le suiviréalisé en 2007 a permis de constater quel’institution a bien réagi aux douzerecommandations du commissaire. Suivant lerendement général du Ministère, on peutaffirmer que la haute direction a clairementfait preuve d’un leadership solide en axant lagestion de son Programme des languesofficielles sur les résultats et en intégrant leslangues officielles dans la cultureorganisationnelle.

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Des exemples de leadership en matière de langue de travail

Voici des exemples de leadership dans ledomaine de la langue de travail constatés par lecommissaire au cours de la dernière année.

Statistique Canada a poursuivi un projetpilote lancé en 2006 afin de rendre le milieude travail plus propice à l’usage des deuxlangues officielles. Le projet consiste àenvoyer des agents de formation du bilinguismedans les divisions où le niveau de bilinguismeest plutôt faible afin d’évaluer la situation etde cerner les difficultés liées à la langue detravail. L’agent propose ensuite des solutionsqu’il met en place pour améliorer le rendement,par exemple, aider les employés quireviennent d’un cours de langue seconde àconserver leurs acquis et en encouragerd’autres à se sentir à l’aise d’utiliser lalangue officielle de leur choix au travail. Enraison du succès de ce projet pilote dans lesquatre divisions qui y ont participé,Statistique Canada a décidé de l’étendre àl’échelle de l’institution à compter de 2008-2009. Le commissaire estime que ce projetest un exemple que d’autres institutionspourraient imiter. Étant donné que le taux desatisfaction des employés francophonesobtenu dans le sondage sur la langue de travailn’était que de 77 p. 100, le commissaireespère que cette initiative contribuera àaméliorer les résultats de Statistique Canadapour l’année prochaine.

En septembre 2007, l’Agence du revenu duCanada a organisé une semaine d’apprentissage,qui comprenait une journée complèteconsacrée aux langues officielles. Dans le cadrede cette initiative, près de 400 gestionnairesont participé à divers ateliers et séancesd’information au cours desquels on leur aprésenté différentes options de perfectionnementprofessionnel. Après la tenue de l’atelierintitulé « Ma formation linguistique »,l’utilisation du logiciel « Pour l’amour dufrançais / For the Love of English » a doublé,et tout le personnel a eu accès à cet outil.Par conséquent, tous les employés del’Agence, peu importe leur lieu de travail,disposent d’outils qui les aident à apprendreleur langue seconde et à maintenir leursacquis, où et quand ils le désirent.

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CONCLUSION : LA LANGUE DE TRAVAIL

En faisant preuve de leadership, les institutionspeuvent arriver à créer un milieu de travail où lesdeux langues officielles seront valorisées etutilisées dans le travail quotidien desfonctionnaires. Voilà des années que lesfonctionnaires ont obtenu le droit de travaillerdans la langue officielle de leur choix; pourtant,ils ne se sentent toujours pas libres de l’utiliserlors des réunions et dans leurs communicationsécrites. La résolution de ces deux problèmespermettrait d’améliorer énormément la situationdes fonctionnaires en matière de langue detravail. Comme il est plus facile d’y arriver si leleadership provient des cadres supérieurs, lecommissaire formule la recommandation ci-dessous à l’intention des administrateursgénéraux de toutes les institutions fédérales.

RECOMMANDATION

Le commissaire recommande que lesadministrateurs généraux de toutesles institutions fédérales prennent desmesures concrètes, d’ici le 31décembre 2008, en vue de créer unmilieu de travail qui permettrait auxemployés des régions désignéesd’utiliser tant le français que l’anglais.

Un nombre important de lacunes reste à comblerdans la mise en œuvre de la partie de la Loiconcernant la langue de travail. Le commissaireconstate que cet aspect continue de faire l’objetd’un nombre considérable de plaintes annéeaprès année. Les bulletins de rendement révèlentqu’aucun progrès n’a été accompli dans cedomaine au cours des dernières années et quebon nombre des éléments à problème demeurentles mêmes, en particulier l’utilisation du françaisau sein des institutions fédérales. Aussi il estintéressant de noter, en guise d’exemple, que lalangue de travail est le seul facteur pour lequelaucune institution fédérale n’a obtenu la note « exemplaire » dans les bulletins de rendementde cette année. Tel qu’indiqué au chapitre I,bien que le Commissariat ait réalisé trois étudessur la langue de travail, aucune mesure n’a étéprise à l’égard des nombreuses recommandationsqui y étaient formulées.

Selon le commissaire, il est temps que la situationrelative à la langue de travail s’améliore. Lorsqueprès de la moitié de tous les employésfrancophones des régions désignées bilingues nese sentent pas libres d’utiliser la langue officiellede leur choix lors des réunions ou dans leurscommunications écrites et, lorsqu’un anglophonesur cinq travaillant au Québec estime que l’accèsà la formation dans la langue officielle de sonchoix pose problème, les institutions fédéralesdoivent agir. Il faut aussi situer la langue detravail dans le contexte plus large de la Loi surles langues officielles et éviter de la voir commeune question touchant uniquement la fonctionpublique fédérale. La création d’un environnementbilingue au sein d’une institution a, sans l’ombred’un doute, une incidence sur la façon dontcelle-ci s’acquitte de ses obligations quidécoulent des autres parties de la Loi.

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Il est important d’adopter des mesures favorisantla promotion du français et de l’anglais dans lasociété canadienne afin d’assurer un avenirprometteur et durable à la dualité linguistique dupays. La partie VII de la Loi sur les languesofficielles énonce l’engagement du gouvernementfédéral à ce chapitre. Toutes les institutionsfédérales doivent prendre des mesures positives pour

1) favoriser l’épanouissement des minoritésfrancophones et anglophones du Canada; et

2) promouvoir la pleine reconnaissance et l’usagedu français et de l’anglais dans la sociétécanadienne.

Le respect de cette disposition implique que lesinstitutions doivent comprendre les besoins et lesréalités des communautés de langue officielle etmettre en œuvre des plans qui permettront derépondre à ces besoins dans le contexte de leurmandat. Les institutions doivent aussi chercheractivement à remplir cette obligation dans leursdiverses activités.

Cette partie de la Loi reflète le fait que leslangues officielles dépassent le seul cadre duservice au public ou celui d’une fonctionpublique fédérale bilingue. En effet, les languesofficielles ont une incidence sur l’ensemble denotre société et font intervenir un large éventaild’acteurs, allant des associations qui font lapromotion de l’enseignement des langues secondesaux institutions dynamiques, grandes et petites,que bâtissent et appuient les communautés delangue officielle partout au Canada.

Comme il a déjà été indiqué dans ce chapitre,les dispositions concernant la promotion dufrançais et de l’anglais existent depuis 1988.En 2005, le Parlement a décidé de les renforceren insérant la notion de « mesures positives » eten permettant que cette partie de la Loi fassel’objet de recours judiciaires. En raison de ceschangements, il est important que lesinstitutions fédérales voient, plus que jamais,les langues officielles sous un angle nouveau etqu’elles contribuent à la promotion du françaiset de l’anglais au sein de leurs organisationsrespectives et de la société canadienne engénérale.

Les plaintes recevables liées à la promotion dufrançais et de l’anglais en 2007-2008

L’an dernier, le nombre de plaintes liées à lapromotion du français et de l’anglais a augmentéconsidérablement, en raison des 118 reçues à lasuite de l’examen des dépenses de 2006 dugouvernement fédéral. Cette année, le Commissariataux langues officielles a reçu 36 plaintesrecevables concernant cette partie de la Loi, cequi représente 6 p. 100 de toutes les plaintesrecevables déposées en 2007-2008.

Ces plaintes proviennent à 97 p. 100 defrancophones, pourcentage beaucoup plus élevéque dans les autres catégories de plaintes. C’estau Manitoba qu’on enregistre le plus grandnombre de plaintes (12); la province est suiviepar la RCN (10), l’Ontario (5) et le Québec (4).

PARTIE 4 :LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE LANGUE OFFICIELLE EN SITUATION MINORITAIRE ET LA PROMOTION DE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE :UN EXAMEN APPROFONDI

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Après un examen approfondi, le commissaireconstate qu’un nombre presque équivalent deplaintes déposées cette année dans cettecatégorie avaient trait au développement descommunautés de langue officielle et à lapromotion de la dualité linguistique. Pouraméliorer le rendement dans ce domaine, lesinstitutions fédérales doivent mieux comprendreleurs obligations à l’égard de l’appui audéveloppement des communautés de langueofficielle du Canada. Comme point de départ, lesinstitutions devraient adopter les trois principesénoncés par le commissaire dans son rapportannuel de l’an dernier18. Elles peuvent aussiconsulter le Guide à l’intention des institutions

18 Au sujet des trois principes guidant la mise en œuvre de la partie VII, voir le chapitre I, page 7.

19 Pour connaître les questions que les institutions devraient se poser pour déterminer si elles respectent la Loi, se reporter à la section 1 duprésent chapitre, page 100.

TABLEAU 11LES TENDANCES RELATIVES AUX PLAINTES RECEVABLES CONCERNANT

LA PROMOTION DU FRANÇAIS ET DE L’ANGLAIS

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Nombre total de Augmentation Depuis 2005-2006, le nombre de plaintes recevables plaintes recevables liées à la partie VII a plus que quadruplé. Cette augmen-liées à la partie VII tation peut être attribuable au fait que la population

canadienne est plus sensibilisée aux modifications apportées à la partie VII en 2005 et que les institutions ont des responsabilités accrues en vertu de cette partie.

Région où a eu lieu Certains Pour les trois dernières années, la grande majorité des plaintesl’infraction alléguée – changements liées à la partie VII concernent des infractions présuméesPartie VII qui ont eu lieu dans la région de la capitale nationale. Ce

nombre inhabituellement élevé (75 p. 100) peut s’expliquerpar le fait que la plupart des plaintes liées à l’examen des dépenses de 2006 ont été déposées contre le gouvernementfédéral dans son ensemble, ce qui signifie que les infractions alléguées sont réputées avoir eu lieu à Ottawa.

fédérales qui porte sur la mise en oeuvre de cettepartie. Tel qu’il a été mentionné, ce documentprésente des questions que les institutionsdevraient se poser pour déterminer si ellesrespectent la Loi, particulièrement à la lumièredes modifications apportées en 200519. Étantdonné qu’il n’y a pas de règlement régissantcette partie de la Loi, les institutions fédéralesont une occasion unique d’être novatrices etproactives quand elles élaborent des mesurespositives de concert avec les communautés delangue officielle en situation minoritaire etd’autres intervenants clés qui cherchent àpromouvoir le français et l’anglais au Canada.

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Les résultats des bulletins de rendement concernantla promotion du français et de l’anglais en 2007-2008

Dans les bulletins de rendement des institutionsfédérales, le facteur évaluant la promotion dufrançais et de l’anglais dans la sociétécanadienne constitue 25 p. 100 de la noteglobale. Pour ce facteur, le commissaire évaluedans quelle mesure les institutions tiennentcompte du développement des communautés delangue officielle et de la promotion de la dualitélinguistique dans leur planification stratégiqueainsi que dans l’élaboration de leurs politiques etde leurs programmes. Les institutions doiventmontrer, entre autres, qu’elles ont mis en placedes mécanismes permanents à cet égard,qu’elles ont pris des mesures pour sensibiliser lepersonnel aux exigences énoncées dans cettepartie de la Loi et l’inciter à les remplir etqu’elles disposent de moyens leur permettant decomprendre les besoins des communautés delangue officielle. Cette année, l’évaluation desinstitutions non désignées tient égalementcompte de leur mise en œuvre ou non d’un pland’action visant à promouvoir la dualité linguistiqueet à favoriser le développement de ces communautés.(Patrimoine canadien oblige déjà les institutionsdésignées à élaborer et à mettre en œuvre unplan d’action sur cette partie de la Loi.)

Cette année, les résultats des bulletins de rendementindiquent que des progrès ont été réalisés quantau respect de ces obligations puisque lesinstitutions ont obtenu généralement une noteplus élevée pour ce facteur. Sur 36 institutions20,pas moins de 16 ont reçu la note « exemplaire »,14, la note « bon », 4, la note « moyen », et 2,la note « faible ».

Quant aux critères utilisés pour évaluer ce facteur,les institutions ont, dans l’ensemble, reçu desnotes légèrement plus élevées pour leurs effortsdestinés à favoriser le développement descommunautés de langue officielle que pour ceuxvisant à promouvoir la dualité linguistique dansla société canadienne. Comme par les annéespassées, les mesures prises pour promouvoir ladualité linguistique sont toujours insatisfaisantesà certains égards et, parfois, certainesinstitutions n’en tiennent même pas compte. Ilfaudra faire preuve d’un plus grand leadershipdans ce domaine si l’on veut que l’esprit de cettepartie de la Loi soit pleinement respecté.

Les institutions désignées

La majorité des institutions désignées s’en tirentbien en ce qui concerne tous les critères examinés.Toutefois, elles sont encouragées à revoir leurspolitiques et leurs programmes pour déterminersi ceux-ci favorisent le développement descommunautés de langue officielle ou lapromotion de la dualité linguistique, étant donnéqu’il s’agit de la principale lacune cernée dansles bulletins de rendement.

20 Deux des institutions évaluées, l’Administration de l’aéroport international d’Halifax et l’Administration de l’aéroport international d’Ottawa, ne sont pas assujetties à la partie VII de la Loi.

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Les institutions non désignées

Les bulletins de rendement de cette annéerévèlent que les institutions non désignées (c'est-à-dire celles qui n’ont pas à présenter de pland’action à Patrimoine canadien ou à faire rapportsur leurs progrès liés à la mise en œuvre de cettepartie) ont amélioré leur rendement en matièrede promotion du français et de l’anglais depuisl’an dernier. Le commissaire constate que cesinstitutions se sont mobilisées pour mieuxcomprendre et respecter leurs obligations à lasuite des modifications apportées à la Loi en2005. Ainsi, la plupart se sont dotées demécanismes permanents qui assurent la prise encompte du développement des communautés delangue officielle ainsi que de la promotion de ladualité linguistique, tandis que d’autres sont entrain de les mettre en place. Certainesinstitutions non désignées ont même examiné dequelles façons elles peuvent unir leurs effortspour mettre en œuvre cette partie de la Loi. Parexemple, comme il est souligné au chapitre I,Justice Canada, la Gendarmerie royale duCanada, Service correctionnel Canada, l’Agencedes services frontaliers du Canada, Sécuritépublique Canada et Patrimoine canadien ont établiun partenariat pour discuter de l’incidence deleurs politiques et de leurs programmes sur lescommunautés de langue officielle. Le commissaireapplaudit ce type d’initiative horizontale et estimpatient d’en connaître les résultats.

Malgré ces progrès, le commissaire précise qu’ily a toujours place à l’amélioration; il encouragedonc les institutions non désignées à élaborerdes plans d’action pour assurer la promotion dufrançais et de l’anglais, de même qu’à revoirleurs politiques et leurs programmes à la lumièrede leurs nouvelles obligations. Au cours de laprochaine année, le commissaire s’attendra à ceque celles-ci adoptent d’autres mesuresconcernant la partie VII et qu’elles fassent desprogrès plus marqués d’ici le dépôt de sonprochain rapport annuel. Il convient de noter quele commissaire, qui a choisi une méthodegénéreuse pour évaluer les institutions nondésignées pendant la période de transition, revoitactuellement les deux ensembles de critèresutilisés depuis l’an dernier.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Les vérifications et les suivis concernant la promotion du français et de l’anglais

Cette année, le commissaire a effectué deuxsuivis concernant la promotion du français et del’anglais. L’un d’eux portait sur la façon dont laCommission canadienne du tourisme a donnésuite aux recommandations formulées dans unevérification de 2005. L’autre avait trait à unevérification des Sociétés d’aide audéveloppement des collectivités (SADC) et desCorporations au bénéfice du développementcommunautaire (CBDC).

La Commission canadienne du tourisme : Lecommissaire a constaté que l’institution aréalisé des progrès satisfaisants dans la miseen œuvre des huit recommandations

présentées dans la vérification publiée enavril 2005. Grâce au leadership soutenu desa haute direction, la Commission a fait despas de géant dans le respect des obligationsqui lui incombent en vertu de la partie VII dela Loi. Particulièrement, le commissaire aremarqué une amélioration importante dansla façon dont l’institution consulte lescommunautés de langue officielle, fait lapromotion du français et de l’anglais dans lasociété canadienne et met en relief lecaractère bilingue du Canada à l’étranger.Ces progrès sont aussi notés dans le bulletinde rendement. Il y a trois ans, la Commissiona obtenu la note « faible » au chapitre de lapartie VII; cette année, elle a reçu la note « exemplaire » dans les deux critères quitouchent à cette partie.

TABLEAU 12LES TENDANCES RELATIVES AUX RÉSULTATS DES BULLETINS DE RENDEMENT CONCERNANT

LA PROMOTION DU FRANÇAIS ET DE L’ANGLAIS

INDICATEUR TENDANCE APERÇU

Notes des bulletins de Augmentation Les notes des bulletins de rendement dans cette catégorie rendement à l’égard se sont grandement améliorées depuis l’an dernier, de la promotion du lorsque les critères ont été modifiés afin de tenir compte français et de l’anglais des modifications adoptées par le Parlement au sujet de

cette partie de la Loi. Cette année, pas moins de 16 institutions ont reçu la note « exemplaire », dont 5 institutions non désignées : l’Agence canadienned’inspection des aliments, Pêches et Océans Canada, l’Agence du revenu du Canada, l’Administration canadiennede la sûreté du transport aérien et la Société canadienned’hypothèques et de logement. Le commissaire est encouragé par ces résultats, même si une analyse approfondie s’impose pour déterminer l’incidence réelle de ces progrès sur les communautés de langue officielle partout au Canada.

Institutions ayant obtenu Certains Quatre institutions ont reçu la note « exemplaire » la meilleure note ou changements deux années de suite : Postes Canada, Citoyenneté etprésentant la plus Immigration Canada, Santé Canada et Statistique Canada.grande amélioration À elles s’en ajoutent 12 qui ont obtenu la note

« exemplaire » cette année.

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Sociétés d’aide au développement descollectivités (SADC) et Corporations aubénéfice du développement communautaire(CBDC) : Le suivi de la vérification renduepublique en mai 2005 s’intéressait auxquestions relatives à la fois au service aupublic et à la promotion du français et del’anglais. Bien que les SADC et les CBDC nesoient pas assujetties à la Loi sur les languesofficielles, quatre institutions fédérales ont ledevoir de veiller à ce que ces organismesoffrent des services bilingues et tiennentcompte des besoins des communautés delangue officielle dans leur travail courant. Cesinstitutions sont les suivantes.

- Diversification de l’économie de l’OuestCanada : Le commissaire a constaté quecette institution a bien réagi à deux destrois recommandations du rapport devérification, mais qu’elle n’a pas encoreétabli d’échéancier précis pour l’achèvementdes indicateurs de rendement de son pland’action de la mise en œuvre de la partie VII.Elle doit aussi évaluer les mesures priseset les résultats atteints par les SADC et lesorganismes de développement économiquefrancophones qui relèvent de sa compétence.

- Agence de promotion économique duCanada atlantique : Onze recommandationsont été formulées à l’intention de cetteinstitution dans la vérification de 2005.Bien que l’Agence ait progressé dansl’application de certaines recommandations,le commissaire espérait voir de meilleursrésultats globaux. Selon le suivi, elle doitrégler un certain nombre d’éléments,notamment intégrer les indicateurs derendement dans son plan d’action pour lapartie VII. Le commissaire demande à lahaute direction d’insister sur l’importanced’établir des façons de mesurer lesrésultats; il considère que l’adoptiond’indicateurs pour le développement descommunautés de langue officielle est unpas dans la bonne direction.

- Agence de développement économique duCanada pour les régions du Québec :Quatorze recommandations ont étéformulées à l’intention de cette institutiondans le cadre de la vérification de 2005.Le commissaire est heureux de constaterque celle-ci a fait des progrès à bien deségards, mais il l’encourage néanmoins àfaire davantage pour assurer une surveillanceefficace des services bilingues et démontrerque les SADC et les Centres d’aide auxentreprises (l’équivalent des CBDC desautres provinces) qui relèvent de sacompétence prennent des mesures pourfavoriser le développement de la communautéanglophone du Québec.

- Industrie Canada/FedNor : La vérificationde 2005 comportait onze recommandationsà l’intention d’Industrie Canada/FedNor. Lecommissaire est, en grande partie, satisfaitdes progrès de l’institution dans la mise enœuvre de ses recommandations. Le Ministèredoit poursuivre ses efforts afin de veiller àce que toutes les SADC examinent et, sinécessaire, réorganisent leurs sites Web,de manière à ce que le contenu soit dansles deux langues officielles. IndustrieCanada doit aussi intégrer les indicateursde rendement dans son plan d’action de lamise en œuvre de la partie VII, ce qui luipermettra d’évaluer les travaux en cours deréalisation au nom des SADC pour soutenirl’épanouissement et le développement dela communauté francophone du Nord del’Ontario.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Des exemples de leadership en matière de promotion du français et de l’anglais

Voici des exemples de leadership en matière depromotion du français et de l’anglais dont a prisconnaissance le commissaire au cours de ladernière année.

Travaux publics et Services gouvernementauxCanada offre aux communautés de langueofficielle du pays un abonnement gratuit àTermium Plus®, la base de donnéesterminologiques et linguistiques en ligne (enfrançais, en anglais et en espagnol) duBureau de la traduction. Cette offre aégalement été étendue au Comitéd’organisation des Jeux olympiques d’hiver de2010 à Vancouver (COVAN), une autremesure positive pour faire en sorte que cesJeux soient véritablement bilingues. En outre,le Bureau de la traduction, organisme deservice spécial du Ministère, a donné àl’Agence de la santé et des services sociauxde Chaudière-Appalaches la permission dereproduire et d’intégrer le Lexique desservices de santé bilingue dans son proprelexique, utilisé par les professionnels de lasanté et des services sociaux de la région.

L’Agence de développement économique duCanada pour les régions du Québec a demandéà l’Institut national de la recherche scientifiquede dresser un portrait socioéconomique de lacommunauté anglophone du Québec dans lebut de mieux comprendre la réalité de cettepopulation, sa distribution géographique, sastructure par âge, ses connaissanceslinguistiques et la situation de sa main-d’œuvre.Industrie Canada a réalisé un projet derecherche semblable, disponible sous forme deDVD, qui brossait un portrait socioéconomiquedes communautés de langue officielle dans lebut d’aider le Ministère à mieux cibler lesprogrammes et les services. Cet outil aideraégalement les communautés elles-mêmes à mieux comprendre leur composition

Un regard sur la CBC/Radio Canada

La Société Radio-Canada (SRC) et laCanadian Broadcasting Corporation(CBC) sont, de par leur nature, desinstitutions extrêmement importantespour les communautés de langueofficielle du Canada. À titre deradiodiffuseur national, CBC/Radio-Canada joue un rôle de premier plandans le reflet des réalités des communautésde langue officielle et dans la promotionet le soutien de la culture canadienne.Dans de nombreuses communautés,CBC/Radio-Canada est la seule chaîne àleur donner accès à des émissions dansla langue de la minorité. Par conséquent,il s’agit clairement d’une institutionayant un rôle à jouer pour favoriser ledéveloppement des communautés delangue officielle en situation minoritaire.

Même si la CBC/Radio-Canada fait l’objetde quelques plaintes seulement par année,un enjeu soulève des inquiétudes depuisquelques mois. L’institution contestel’autorité du commissaire d’enquêter surles plaintes et de mener des vérificationsen faisant valoir que de nombreusesquestions liées aux langues officielles serapportent à la programmation. Lecommissaire est très préoccupé par cepoint de vue et collabore avec l’institutionpour en arriver à une solution quipermettrait à celle-ci de conserver sonindépendance en matière deprogrammation tout en respectant – eten reconnaissant – ses obligations auxtermes de la Loi sur les langues officielles.

Conscient de l’importante responsabilitéde CBC/Radio-Canada d’offrir uneprogrammation qui témoigne de la réalitécanadienne, le commissaire se réjouit àla perspective de travailler avec le nouveauprésident pour dénouer l’impasse etaller de l’avant pour le bien descommunautés de langue officielle ensituation minoritaire partout au Canadaet la promotion de la dualité linguistique.

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socioéconomique ainsi que les divers aspectsde leur vitalité. Le commissaire se réjouit deces initiatives de recherche qui, selon lui,sont essentielles puisqu’elles fournissent auxinstitutions fédérales les connaissancesrelatives aux défis et aux changements quitouchent les communautés de langue officielleet leur permettent de déterminer les secteursclés où elles doivent concentrer leurs effortsafin d’assurer un développementcommunautaire solide.

Diversification de l’économie de l’OuestCanada finance divers projets qui visent ledéveloppement des communautés de langueofficielle, dont la promotion du Corridortouristique francophone de l’Ouest, qui vise àattirer les touristes francophones dans l’Ouestdu Canada. Cette institution fournit égalementdes fonds à l’Agence nationale et internationaledu Manitoba, un partenariat fédéral-provincialaxé sur les gens d’affaires immigrants despays de la Francophonie ainsi que sur leséchanges commerciaux avec ces pays.

Cette institution a aussi financé des projetspilotes de télé-éducation et de télé-apprentissage dans quatre collèges etuniversités de l’Ouest canadien : le Collègeuniversitaire de Saint-Boniface, au Manitoba,le Collège Mathieu, en Saskatchewan, leCampus Saint-Jean, en Alberta, et le CollègeÉducacentre, en Colombie-Britannique. Cesprojets pilotes ont donné lieu à la création deprogrammes de formation par Internet qui

permettront à des étudiants de partout deparfaire leur éducation en français, d'obtenirun diplôme ou un certificat, d’accroître leurscompétences en technologie et de profiterd’intéressantes possibilités de carrière.

Le commissaire tient à souligner deux exemplesde leadership en matière de promotion de ladualité linguistique du Canada. Lors de lasérie de concerts jeunesse et famille duCentre national des Arts, la championne deslangues officielles de cet établissement ademandé que le français occupe une plusgrande place dans les propos du chefd’orchestre lorsqu’il s’adresse à l’auditoireafin de témoigner de l’égalité des deuxlangues officielles pendant les spectaclesbilingues. À la suite de cette demande, lateneur en français des propos du chef adoublé. Un autre exemple de leadership estcelui de Postes Canada, à qui on avaitdemandé de commanditer le concoursnational CanSpell Spelling Bee. Avantd’accepter, l’institution a décidé qu’elleparrainerait aussi un événement semblabledans la communauté francophone afin demontrer qu’elle fait la promotion de la dualitélinguistique dans ses activités chaque foisqu’elle le peut. Aussi Postes Canada a-t-ellecommandité le concours CanSpell Spelling Beeet un concours de dictée en langue françaiseorganisé par la Fondation Paul Gérin-Lajoie.Le commissaire encourage Postes Canada àfaire preuve d’un tel niveau de consciencedans d’autres situations ainsi qu’à adopter lemême réflexe dans la mise en œuvre d’autresparties de la Loi, en particulier celles liées àla prestation de services au public et à lalangue de travail.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CHAPITRE IV : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES :AMÉLIORER LE LEADERSHIP POUR OBTENIR DE MEILLEURS RÉSULTATS

Les institutions désignées réussissent bien dansla plupart des secteurs, mais le commissaireconstate qu’il leur faut accroître leurs effortspour que les examens de leurs politiques et deleurs programmes actuels permettent d’endéterminer l’incidence réelle sur leurs obligationsaux termes de la partie VII.

Pour toutes les institutions, l’obligation depromouvoir l’usage et la reconnaissance dufrançais et de l’anglais dans la sociétécanadienne demeurent un défi de taille. Annéeaprès année, ce devoir, qui vise à assurer lapromotion du français et de l’anglais, est souventnégligé. Vingt ans après l’inclusion de cetteobligation dans la Loi, et près de trois ans aprèsson renforcement, le commissaire ne voittoujours pas les résultats auxquels ont droit lesCanadiens et les Canadiennes. Et, une fois deplus, il demande aux institutions de faire preuvede leadership et de considérer la promotion dufrançais et de l’anglais comme une questionimportante pour les deux communautés delangue officielle et l’ensemble de la sociétécanadienne. Il s’attend à des améliorations dansce domaine au cours de l’année qui vient.

CONCLUSION : LA PROMOTION DU FRANÇAIS ET DE L’ANGLAIS

Deux ans et demi après l’adoption, par leParlement, des modifications touchant la partieVII de la Loi pour y inclure l’obligation deprendre des mesures positives afin de favoriserl’épanouissement des communautés de langueofficielle et de promouvoir la pleine reconnaissanceet l’usage du français et de l’anglais dans lasociété canadienne, des changements positifsont été apportés. En dépit de l’augmentationimportante du nombre de plaintes liées à cettepartie de la Loi, le commissaire voit dans ceschangements le signe d’une sensibilisationaccrue de la population canadienne à ses droitsqui découlent de cette partie. La mobilisation ausein des institutions fédérales non désignées estégalement manifeste : bon nombre d’entres ellesont mis en place des mécanismes permanents quiassurent la prise en compte du développementdes communautés de langue officielle et de lapromotion de la dualité linguistique. Le commissaireencourage les institutions non désignées àpoursuivre dans cette voie, en vue d’améliorerleur rendement et de respecter les droitslinguistiques des Canadiens et des Canadiennes.

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CONCLUSION

Comme il a été dit au début du chapitre, lecommissaire a entrepris un processus visant àrenouveler son rôle d’ombudsman des languesofficielles du Canada. La façon dont l’informationest structurée dans le chapitre est d’ailleurs unpas dans cette direction. En présentant unportrait plus intégré et complet des questions deconformité, le présent chapitre a pour butd’indiquer aux institutions les domaines quiferont l’objet d’un suivi étroit de la part ducommissaire, ainsi que les domaines quinécessitent une attention particulière.

Il ressort clairement de cette analyse qu’il esttemps que les institutions adoptent une approchefoncièrement axée sur les résultats en vue derespecter leurs obligations relatives aux languesofficielles. Les résultats de certaines institutions,au chapitre des observations réalisées pour lesbulletins de rendement et du sondage sur la languede travail, laissent beaucoup à désirer. En outre,bon nombre des exemples de leadership constatéspar le commissaire étaient des initiatives isoléesqui ne tenaient pas compte de tous les aspectsdes langues officielles ou qui n’établissaient pasde lien entre les différentes obligations énoncéesdans la Loi. Les institutions fédérales doiventnotamment vérifier si les Canadiens et lesCanadiennes reçoivent d’elles les services dansla langue officielle de leur choix, si lesfonctionnaires fédéraux se sentent libres detravailler dans la langue officielle de leur choix,dans les régions désignées, et si les communautésde langue officielle ont accès aux outils et ausoutien dont elles ont besoin pour assurer leurépanouissement et leur développement. Commeon peut le constater à la lecture de ce chapitre,un leadership fort entraîne des résultats positifs.Il est important que les institutions n’oublientpas ce message.

Au cours de la prochaine année, le commissaireadoptera une approche qui visera à mieuxrépondre aux préoccupations soulevées par lapopulation canadienne et cherchera à augmenterla collaboration entre le Commissariat et lesinstitutions fédérales. De nouveaux modes derèglement des différends et d’intervention sontactuellement mis en place, ce qui aidera lecommissaire à résoudre les problèmes plusrapidement et plus efficacement, tout enrespectant les droits des Canadiens et desCanadiennes. L’utilisation de ces nouveauxmodes sera rapportée dans le rapport annuel del’an prochain, qui contiendra également lesrenseignements habituels sur les plaintes, lesvérifications, les bulletins de rendement, lesrecours judiciaires, ainsi que sur les interventionsproactives et préventives. La prochaine annéeapportera des changements, et le commissairetravaillera de concert avec les institutionsfédérales de même qu’avec les citoyens et lescitoyennes qui lui demanderont son aide, afinqu’ils comprennent en quoi les changements lesconcernent ainsi que la façon dont son bureaurendra compte des questions de conformité dansl’avenir. Toutefois, le Commissariat appliqueracette nouvelle approche en sachant que ce sontles institutions fédérales et leurs leaders qui sontresponsables en dernier ressort du respect des droitslinguistiques des Canadiens et des Canadiennes,conformément aux principes et aux objectifsénoncés dans la Loi sur les langues officielles.

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En 1966, le premier ministre Lester B. Pearson aénoncé des principes qui ont servi de fondementà la politique linguistique canadienne. Selon ceténoncé, le gouvernement fédéral devait êtrecapable de servir les Canadiennes et lesCanadiens dans la langue officielle de leur choix,et les fonctionnaires des deux groupeslinguistiques devaient pouvoir travailler dans leurpropre langue.

Le premier ministre Pearson a dit que son gouvernement espérait et comptait que, dans une« période de temps raisonnable1 », la fonctionpublique reflète les valeurs linguistiques etculturelles des francophones et des anglophonesdu pays. Ces aspirations se sont par la suiteappuyées sur des fondements juridiques plussolides, notamment grâce à l’adoption de la Loisur les langues officielles et de la Chartecanadienne des droits et libertés.

Presque deux ans après son entrée en fonction àtitre de commissaire aux langues officielles,Graham Fraser constate que les vœux du premierministre Pearson n’ont toujours pas été exaucéspar les gouvernements fédéraux qui se sont succédé.De plus, la « période de temps raisonnable » estlargement écoulée.

Le commissaire est conscient des nombreux progrès enregistrés depuis les années 1960 enmatière de langues officielles et son intention

n’est certes pas d’en atténuer l’importance.D’ailleurs, le présent rapport annuel souligne lesbelles réussites accomplies durant l’année et lessuccès du passé.

Cependant, dans l’ensemble, le commissaireconstate que la mise en œuvre de la Loi sur leslangues officielles semble plafonner puisque peude progrès sont réalisés depuis plusieurs années.Malgré les lois, les règlements, les politiques etd’autres documents du genre, il faut se rendre àl’évidence que la qualité des services fournis parle gouvernement fédéral aux membres descommunautés de langue officielle n’est pasuniforme et que la fonction publique n’esttoujours pas un reflet fidèle de la dualitélinguistique du pays. De plus, on peut sans douteaffirmer sans se tromper que tous au pays n’ontpas les mêmes chances de s’épanouir et de sedévelopper dans la langue officielle de leur choix.

D’après le commissaire, le gouvernement fédéralpeut atteindre de meilleurs résultats exerçantdavantage de volonté politique, de leadershipcomme il est répété tout au long du présentrapport. Cependant, un tel leadership ne doit passe limiter à la haute gestion, mais doit êtreexercé par l’ensemble de la fonction publique.

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – CONCLUSION

CONCLUSION

1 Canada, Compte rendu officiel des débats de la Chambre des communes, Ottawa, Imprimeur de la Reine, vol. IV, 1966, p. 3915. Extrait de ladéclaration de principe sur le bilinguisme dans la fonction publique prononcée par le premier ministre Lester B. Pearson le 6 avril 1966.

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Toutefois, les appels au leadership et à la volontépolitique ne suffisent plus. Il faut passer à l’action. À cet égard, le commissaire soulignel’importance du processus de renouvellement dela fonction publique. Le gouvernement fédéraldoit profiter de l’arrivée d’une nouvelle vague defonctionnaires pour faire en sorte que la fonctionpublique reflète la dualité linguistique du pays.Pour ce faire, des activités de recrutement, deformation et de développement des nouveauxfonctionnaires et des cadres sont essentielles.

Le leadership politique et administratif apparaîtd’autant plus pertinent que le Canada sedéveloppe dans un contexte de changement, oùdes forces externes et internes influentprofondément sur le régime des languesofficielles. Ce leadership doit contribuer audéveloppement d’une vision d’une sociétépluraliste, généreuse et respectueuse desdifférences, qui reconnaît la valeur de la dualitélinguistique comme une constituantefondamentale de son identité et de sondéveloppement.

Le mot de la fin

L’année 2009 marquera le 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Nous enprofiterons pour faire le point sur les progrèsréalisés en matière de langues officielles pendanttoutes ces années et dresser la liste des défis àrelever alors. Les institutions fédérales peuventen relever certains dès maintenant, et ellescontribueront ainsi aux progrès, et non auxreculs, qui seront enregistrés avant cetanniversaire. Le Commissariat aux languesofficielles collabore avec les institutions fédéralespour les aider à apporter les changementsnécessaires. Cependant, il incombe à cesinstitutions de veiller à ce que les droitslinguistiques de la population canadienne soientpleinement respectés, et à ce que la dualitélinguistique continue de gagner du terrain dansl’ensemble du pays. Si un leadership est exercéd’ici l’an prochain dans les domaines cléscomme la prestation de services dans les deuxlangues officielles, l’utilisation active des deuxlangues officielles au sein de la fonctionpublique fédérale, le soutien accordé auxcommunautés de langue officielle et la promotionde la dualité linguistique, le commissairedressera l’an prochain un tableau plus positif quecelui de cette année.

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A

Accenture; VII

Accès

à la formation linguistique en langueseconde; 6, 43, 74, 75, 94, 134, 137

à la justice dans la langue de la minorité;22, 23, 29

à l’éducation dans la langue de la minorité;18, 29, 84, 86

aux services gouvernementaux; 84, 86-88,93, 128, 147

aux soins de santé; 29, 83, 84, 86, 87

Accommodements raisonnables; 48, 55, 57

Accueil des immigrants; IX, X, 23, 24, 60, 61-63, 80, 81, 87

Adams, Michael; 55

Administration canadienne de la sûreté dutransport aérien; 102, 117-119, 130, 131, 142

Administration de l’aéroport internationald’Halifax; 108, 110, 116, 118-120, 122,129, 140

Administration de l’aéroport internationald’Ottawa; 108, 111, 118, 120, 131, 133, 140

Administrations aéroportuaires régionalesd’Edmonton; 124

Aéroport international d’Edmonton; 124

Aéroport international Pearson de Toronto; 122, 124

Affaires étrangères et Commerce internationalCanada; 77, 78

Fonds de promotion de la Francophonie; 77Programme de diplomatie ouverte; 77, 97

Affaires indiennes et du Nord Canada; 107, 116,118-120, 131, 133

Agence canadienne d’inspection des aliments;108, 118, 131, 142

Agence de développement économique duCanada pour les régions du Québec; 89, 118,131, 143, 144

Agence de gestion des ressources humaines de lafonction publique du Canada; 27

Agence de la fonction publique du Canada; 8,26, 27, 37, 43, 105, 117

Agence de la santé publique du Canada; 109,116, 118, 131, 133

Agence de promotion économique du Canadaatlantique; 107, 118, 130, 131, 143

Agence des services frontaliers du Canada; 102,104, 108, 115, 118, 122, 124, 131, 133, 141

Agence du revenu du Canada; 102, 104, 107,111, 112, 115, 118, 121, 131, 133, 136, 142

Agriculture et Agroalimentaire Canada; 107,116, 118 123, 131

AILIA, voir Association de l’industrie de la langue

Air Canada; 102, 104, 105, 108, 115-118,121, 130-133

Alberta; IX, 15, 20, 54, 61-63, 76, 103, 131, 145

Université de l’Alberta; IXAssociation canadienne-française de

l’Alberta; 61

Allophones; III, 58, 62, 68, 80-82

Alphabétisation; 20, 25, 29, 97

Anciens Combattants Canada; VIII, 124

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

INDEX

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Apprentissage d’une langue seconde; II, III, IX,6, 18-20, 29, 39, 40, 43, 66, 67, 72-76, 83,84, 94, 134, 136-138

Approche proactive; 7

Assemblée communautaire fransaskoise; 12, 61

Assimilation en milieu de travail; 5

Association canadienne des professeurs delangues secondes; 17, 20, 75

Association canadienne-française de l’Alberta; 61

Association de l’industrie de la langue; 27

Association des francophones de Nanaimo; 93

Association franco-yukonnaise; 61

Association régionale de la communautéfrancophone de Saint-Jean; 93

Autochtones; 55, 57, 69

Autorité aéroportuaire du Grand Toronto; 122

Avancement professionnel; 43, 66

Ayant droit; 18, 19, 29

B

Banque de développement du Canada; 107,118, 131, 134

Basse-Côte-Nord; 88, 89

Comité d’employabilité et de développementéconomique communautaire de la Basse-Côte-Nord; 89

Belles réussites; 19-28, 38, 42, 87, 89, 93

Bilinguisme; VI, X, 2, 6, 17, 26, 29, 37, 38, 40,41, 57, 58, 65, 67, 73, 78, 81, 84, 93, 117,122, 126, 136, 150

Boileau, François; voir commissaire aux servicesen français de l’Ontario

Bulletins de rendement; 3-5, 8, 9, 13-15, 101,105-107, 110-113, 116, 121-123, 126, 127,129, 134, 137, 140-142, 147

Critères d’évaluation; 105, 106, 116, 117,129, 140-142

Méthodologie; 105Portefeuille « économie »; 106, 107, 110Portefeuille « transport et sécurité »; 106,

108, 110Portefeuille « social, culturel et autres »;

106, 109, 110

Bureau de commerce de Saint John; 93

Bureau de la traduction; 144

Bureau du Conseil privé; III, IV, XI, 30-34, 37,41, 42, 48, 77, 78

Greffier; III, IV, 32, 34, 37, 41, 42

C

C-43 (Loi sur les consultations concernant lanomination des sénateurs); 7, 49

Cabinet du premier ministre; IV, 32, 34

Cadre commun de référence pour les langues auCanada; 20

Cadre d’imputabilité et de coordination enlangues officielles; 28, 30

Cadre de responsabilisation de gestion; 34

Cadre européen commun de référence pour leslangues; 20

155

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156

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Cadre horizontal de gestion et deresponsabilisation axé sur les résultats; 31

Cadre national de collaboration endéveloppement de la petite enfance; 22

Calvert, Lorne; 61

Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta;IX, 20, 76, 145

Canada–Communautés francophones en situationminoritaire; 21, 60, 63

Canadian Broadcasting Corporation, voirCBC/Radio-Canada;

Canadian Parents for French; 17, 73, 74, 93

CanSpell Spelling Bee; 145

Cantons de l’Est; 88, 127

Capacité; X, 55, 67

bilingue; 5, 6, 37, 40, 66, 117, 130communautaire; 11, 12, 22, 24, 50, 85, 87institutionnelle; 6, 31, 34, 90, 99, 116

Capitale nationale, voir aussi Ottawa; 5, 10, 12,39, 103, 113, 115, 127, 128, 130, 139

Carrefour d’immigration rurale de la régionÉvangéline; 61

Cartier, Georges-Étienne; V, XII

CBC/Radio-Canada; 109, 118, 131, 144

CCN, voir Commission de la capitale nationale;

CEDEC, voir Comités d’employabilité et dudéveloppement économique communautaire

Centre de recherche en technologies langagières;27, 28

Centre de santé communautaire Saint-Thomas; 20

Centre for Distance Learning and Innovation deTerre-Neuve-et-Labrador 75

Centre national des Arts; 91, 109, 111, 116,118, 119, 131, 145

Chambre des communes; XII, 2, 17, 27, 29,40, 41, 150

Champions des langues officielles; 31

Charte canadienne des droits et libertés; V, 18,54, 57, 113, 150

Article 23; 18

Citoyenneté et Immigration Canada; 23, 60-62,102, 109, 111, 118, 131, 133, 134, 142

Clarkson, Adrienne; 59

Clinton, Bill; 59

CNA, voir Centre national des Arts;

Code criminel; 51

Colombie-Britannique; 11, 28, 61, 65, 73, 78,79, 103, 131, 145

Association des francophones de Nanaimo; 93Collège Educacentre; 145Fédération des francophones de la

Colombie-Britannique; 11Société de développement économique de

la Colombie-Britannique; 93Tourisme Colombie-Britannique; 93

Comité consultatif sur l’avenir de la fonctionpublique; 37, 41

Comité directeur Citoyenneté et Immigration23, 60, 61

Comité interministériel de coordination de larecherche sur les langues officielles; 91

Comité interministériel sur la partie VII; 10

Comité mixte sur les langues officielles; 51

Comité permanent des langues officielles de laChambre des communes; XII, 17, 27, 29, 40

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157

Comité sénatorial permanent des affairesjuridiques et constitutionnelles; 49, 51, 78, 79

Comité sénatorial permanent des languesofficielles; XI, XII, 30

Comité sénatorial spécial sur la réforme duSénat; 49

Comités d’employabilité et du développementéconomique communautaire (CEDEC); 24, 89

Commerce international Canada, voir Affairesétrangères et Commerce international Canada;

Commissaire aux services en français del’Ontario; 87

Commission canadienne des droits de lapersonne; 15

Commission canadienne du tourisme; 107, 110,118, 119, 121, 131, 142

Commission de la capitale nationale; VII, 109-111, 116, 118, 119, 121, 126, 131

Commission de la fonction publique du Canada;VI, 14, 36

Commission européenne; 46, 74

Commission nationale des parents Francophones; 22

Commission royale d’enquête sur le bilinguismeet le biculturalisme; 57

Commission spéciale de l’immigration del’Assemblée nationale du Québec; 24

Communauté francophone d’Edmonton; 20, 61

Communauté francophone du Manitoba; 14, 24,25, 61, 63, 145

Communautés anglophones du Québec; V, XII, 5,7, 12, 19, 21, 23, 24, 29, 38, 56, 73, 80,81, 83-86, 88-90, 107-109, 132-134, 137,143, 144, 150

Communautés de langue officielle en situationminoritaire; VIII, X, 3, 7-9, 11-13, 16, 17,19, 20-25, 27-29, 32-34, 38, 41, 51-54,56, 57, 59-63, chapitre III, 96-100, 105-109, 120, 123, 132-134, 137, 138-147, 150

Communications avec le public; IX, 2, 4, 26,38, 113, 115, 119, 122, 123, 126

Communications écrites; 2, 38, 113-115, 126, 137,

Community Learning Centres; 19

Compétences linguistiques; VI, 40, 76,

Compressions budgétaires; XI, 16, 19, 25, 26, 74

Condition féminine Canada; 97

Conseil des Arts du Canada; 91

Conseil des écoles publiques d’Edmonton; IX

Conseil des ministres de l’Éducation (Canada);20, 76

Conseil du Trésor (Secrétariat du); IV, 30, 52,53, 98, 100, 117

Conseil fédéral de l’Ontario; 42

Conseil fédéral du Nouveau-Brunswick; 38

Conseil fédéral du Québec; 26

Conseil privé, voir Bureau du Conseil privé;

Conseils fédéraux régionaux; 26

Consortium national de formation en santé; 20, 21

Constitution; 4, 48, 49, 68, 65

Consultation auprès des communautés delangue officielle; XII, 10, 12, 17, 20, 86, 94,99, 100, 123,

Conventions des Nations Unies relatives auxdroits de l’enfant; 22

Coordination horizontale; IV, XI, 10-12, 28, 30-34, 77

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158

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Coordonnateurs responsables de la partie VII; 11,12, 31

Corporations au bénéfice du développementcommunautaire (CBDC); 142, 143

Cour fédérale; 51, 97, 98

Cour suprême du Canada; V, 49, 125

CTV; 79

Culture organisationnelle; 5, 6, 12, 38, 40, 136

D

Défense nationale; 102, 104, 129, 131, 132

Modèle de transformation du Programme deslangues officielles; 132

Destination Canada; 60

Développement des communautés de langueofficielle; II, III, VII, 11-13, 16, 20, 22-24,29, 33, 52-55, chapitre III, 98, 100, 105-109, 138-146, 151

Développement économique du Canada pour lesrégions du Québec, voir Agence dedéveloppement économique du Canada pour lesrégions du Québec;

Développement social Canada, voir Ressourceshumaines et Développement social Canada;

Discours du trône; XII, 17, 33, 48, 49

Diversification de l’économie de l’Ouest; 107,118, 131, 134, 143, 145

Diversité; X, 36, 39, 46, 55, 57, 58, 70

culturelle; III, 47, 55, 56, 59, 60-64, 66-68, 78

démographique; 12linguistique; 46, 74, 81

Droits; 22, 65

linguistiques; V, 3, 4, 6, 14, 15, 44, 51-54, 63, 70, 72, 84, 97, 102, 114,125, 146, 147, 151

des employés; 5, 6, 52, 127-130, 132, 137

Dualité linguistique; II-VI, VIII, XI, 13, 16, 17,20, 26-29, 33, 34, 36-42, 44, 46, 47, 49,52, 55-57, 59, 62, 64-68, chapitre III, 97,100, 105-109, 125, 138-141, 144-146,150, 151

E

École de la fonction publique du Canada; 42

Écoles de la minorité; 18

Éducation, voir enseignement

Égalité du français et de l’anglais; IV, VII, XI,12, 13, 37, 62, 65, 70, 99, 113, 128, 132,137-139, 145, 146

Employeurs distincts; 116, 117

Engagement

de la haute gestion; 32, 33, 41, 101, 122du gouvernement fédéral; IV, V XII, 3, 16,

33, 36, 37, 39, 44, 52, 53, 79, 94,100, 106, 138

du Canada; V, 48, 57, 86

Enquête postcensitaire sur la vitalité descommunautés de langue officielle; 17, 18,29, 82, 83, 86, 87

Enquête sur les compressions budgétaires; II, XI

Enquêtes (du Commissariat); II, III, XI, 3, 8,14, 15, 96-102, 105, 122, 144

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159

Enseignement

dans la langue de la minorité 12, 29, 54,66, 18, 84-86, 90, 145

des langues secondes IX, 16, 18-20, 40, 42,67, 72-76, 80, 94, 138

postsecondaire; IX, 40, 42, 67, 74, 80, 87, 90

Entreprise Saint John; 93

Environnement Canada; 108, 116, 118, 120,123, 131

Service météorologique du Canada; 123

Épanouissement des communautés; VIII, 7, 16,24, 28, 29, 34, 82, 138, 143, 146, 147

Établissements d’enseignement postsecondaire,voir aussi Universités; 2, 40, 42, 67, 90

Études

La vitalité de communautés francophones enmilieu urbain (Winnipeg, Sudbury etHalifax); 88

L’enseignement du français langue secondeau Canada : points de vue du personnelenseignant; 75

Le rôle des organismes fédéraux definancement de la recherche du Canadadans la promotion des langues officielles; 90

Une fenêtre sur le monde : La dualité linguistique dans les relationsinternationales; 77, 78

Europe; 20, 46, 74

Exigences linguistiques; 35, 39, 41, 42, 103,104, 116, 117, 129, 130

F

FCFA, voir Fédération des communautésfrancophones et acadienne

Fédération canadienne pour l’alphabétisation enfrançais; 25

Fédération des communautés francophones etacadienne; XI, 9, 12, 17, 60, 86, 98

Sommet des communautés francophones etacadiennes; 17, 86

Fédération des communautés francophones etacadienne du Canada c. Sa Majesté la Reine; 98

Fédération des francophones de la Colombie-Britannique; 11

Fédération nationale des conseils scolaires delangue française; 60

Fellegi, Ivan; 110

Festival Acadiversité; 61

Fonction publique; II-IV, VI-VIII, X, 2, 3, 5-8,14, 16, 17, 26, 27, 29, 31-44, 72, 74, 96,103-105, 117, 128, 137, 138, 150, 151

Fonctionnaires; III, V, VII, VIII, XI, 2, 5, 7, 10,11, 26, 33, 35-44, 52, 78, 114, 117, 127,130, 132, 133, 137, 147, 150, 151

Hauts fonctionnaires; II, VI, XI, 41, 122

Fondation Paul Gérin-Lajoie; 145

Fonds canadien de la musique; 91

Fonds d’appui pour l’accès à la justice dans lesdeux langues officielles; 22, 23

Fonds d’habilitation; 24

Fonds de promotion de la Francophonie; 77

Fontaine, Yvon; 52

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160

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Forces canadiennes; X, 108, 110, 118, 127,129, 131-133

Formation linguistique; 5, 6, 23, 27, 28, 37,42, 43, 136

Forum des bonnes pratiques en matière delangues officielles; 27

Francophonie; 12, 21, 60, 63, 78, 79, 86, 145

Furlong, John; 125

G

Gandz, Jeffrey; VII

Gauthier, Jean-Robert; 51

Gendarmerie royale du Canada; 10, 102, 108,116, 118, 125, 131, 133, 141

Gestion

des ressources humaines; X, XI, 36, 41du programme des langues officielles; 6, 35,

77, 78, 105, 106, 122, 135

Gouvernance

communautaire; 88des langues officielles; 3, 28, 30horizontale; III, 28, 30-35, 44

Gouvernement

de l’Alberta; 54, 61de l’Ontario; VIII, 23, 61, 62, 87de la Colombie-Britannique; 61

GRC, voir Gendarmerie royale du Canada

Greater Montreal Community DevelopmentInitiative; 85

Greffier du Conseil privé; III, IV, 32, 34, 37,41, 42

Griffiths, Rudyard; 58, 67

Groupe des Intellectuels pour le DialogueInterculturel; 46

Groupe de travail fédéral-provincial sur l’accèsà la justice dans les deux langues officielles;23

Guide à l’intention des institutions fédérales; 8,9, 13, 99, 100, 139

H

Halifax; 88

Administration de l’aéroport internationald’Halifax; 108, 110, 116, 118-120,122, 129, 140

Hall, Christopher; 26

Harper, Stephen, voir premier ministre

Haute fonction publique; 33

Haute gestion; X, 6, 31, 35, 41, 96, 110, 122,135, 142, 143

Henein, Amal; VII

I

Identité canadienne; X, 46, 47, 55, 56, 59,60, 64, 66-68, 70, 77, 80, 82, 86, 151

Île-du-Prince-Édouard; 61, 63, 103

Immersion; V, IX, 18, 19, 43, 72-76, 84

Immersion précoce; 74

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161

Immigrants; IX, X, 23, 24, 55, 56, 58, 60-66,80, 81, 145

Immigration; 20, 23, 24, 29, 56-63, 88, 102,109, 111, 118, 131, 133, 134, 142

Indicateurs de rendement; 6, 82, 91, 143

Indicateurs de vitalité; 88, 91

Industrie Canada; 107, 118, 131, 144

Industrie Canada/FedNor; 143

Industrie de la langue; 27, 28

Initiative canadienne sur le bénévolat; 97

Institut de développement professionnel enlangue française; 23

Instituts de recherche en santé du Canada(IRSC); 91

Interventions devant les tribunaux; 71, 125

Interventions préventives; 15, 124, 147

Interventions proactives; 101, 124, 147

J

Jeux Olympiques d’hiver de 2010; 78, 79, 93,94, 122, 125, 144

Comité des services fédéraux essentiels pourles Jeux d’hiver 2010; 125

Comité d’organisation des Jeux olympiqueset paralympiques d’hiver 2010 (COVAN);79, 125, 144

Secrétariat fédéral des Jeux olympiques de2010; 79, 125

Justice; 10, 20, 22, 23, 29, 85

Justice Canada; 8-10, 13, 51, 141

K

Kouzes, James; VII, 46

L

Lamarre, Patricia; 19

Langue de service; 41, 103

Langue de travail; II, 4-7, 26, 27, 37, 38, 41,52, 53, 103-105, 107-111, 120, 124, 127,132, 134-137, 145, 147

Langue maternelle; X, 5, 46, 58, 62, 80-82,84, 86

Langue officielle (première); 6, 18, 81

Langue seconde; II, III, VI, VIII, IX, 5, 6, 18-20, 29, 38-40, 42, 67, 72-76, 84, 94, 136

Leadership; II, III, V-IX, XI, 2-4, 6, 7, 10, 16,33-35, 37, 41, 44, 46, 48, 50, 59, 63, 72,85, 88, 96, 97, 99, 101, 102, 105, 106,110-112, 117, 119, 120, 126-128, 135-137, 140, 142, 144-147, 150, 151

Loi constitutionnelle de 1867; 48

Loi modifiant la Loi constitutionnelle de1867, voir S-4

Loi sur la modernisation de la fonction publique 14

Loi sur le multiculturalisme canadien; 57

Loi sur les consultations concernant lanomination des sénateurs; 49

Loi sur les contraventions; 51

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162

RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Loi sur les langues officielles; II-IV, VI, XI, XII, 3-5, 7-9, 11, 13-15, 26, 28, 30, 33-35, 37,41, 44, 51, 57, 70, 79, 80, 94, 96-102, 105,112, 119, 122, 123, 125, 127, 137, 138-147, 150, 151

Article 23; 122Article 28; 119Article 41; 8, 51, 105Article 42; 105Partie IV (Communications avec le public et

prestation des services); 4, 38, 107-109, 113,Partie V (Langue de travail), voir aussi langue

de travail; 4, 5, 107-109, 127Partie VI (Participation des Canadiens

d’expression française et d’expressionanglaise); 26, 107-109

Partie VII (Promotion du français et del’anglais); II, IV, XI, 4, 7-13, 27, 28, 31,33, 34, 51, 53, 70, 90, 97-100, 105,107-109, 138-143, 144, 146

Loi sur les services en français (Ontario); 87

Lord, Bernard; XII, 12, 17, 20, 28, 29, 92, 94

M

Maalouf, Amin; 46

Macdonald, John A.; V, XII

Manitoba; 24, 25, 61, 63, 103, 131, 138, 145

Massicotte, Louis; 50, 51

Mesures positives; II, VIII, 7, 9-12, 34, 44, 70,77, 87, 98, 138, 139, 146

Ministère du Procureur général de l’Ontario(Justice Ontario); 23

Ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick; 74

Ministre des Langues officielles; III, IV, 16, 17,28, 31, 34, 35, 56

Ministre du Patrimoine canadien; 17, 35

Minorités linguistiques, voir aussi communautésde langue officielle en situation minoritaire;50, 51, 91

Minorités visibles; 36

Modèle de transformation du Programme deslangues officielles de la Défense nationale; 132

Montréal; 50, 85, 86, 127

Monument commémoratif du Canada à Vimy; 124

Morissette, Françoise; VII

Municipalités; 51, 63, 89, 93

Brooks; 62Évangéline; 61, 63Halifax; 88London; 61Montréal; 50, 85, 86, 127Ottawa; 35, 139Sudbury; 88Toronto; 42, 56, 62-64, 66, 122, 124Vancouver; 56, 66, 78, 79, 93, 122, 125, 144Whistler; 78, 125Winnipeg; 88Woodstock; 125

Multiculturalisme; 56, 57, 64-67

Musée canadien des civilisations; 109, 118,119, 121, 130, 131

N

NAV CANADA; 108, 118-120, 129, 131, 133

Nouveau-Brunswick; XI, XII, 5, 25, 38, 74, 84,93, 103, 125, 127, 130, 131

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163

Nouveaux arrivants, voir immigrants

Nouvelle-Écosse; 103, 131

Nuffield Foundation; 70

Languages: The Next generation; 70

Nunavut; 103

O

Obligations du gouvernement fédéral; III, IV, VI,XI, 3, 5, 9, 10, 12, 28, 30, 31, 33-35, 37,39, 48, 51, 53, 54, 70, 77, 79, 88, 98-102,105, 106, 112, 116, 120, 122, 123, 125,127, 129, 137, 139, 141, 142, 146, 147

OCDE (Organisation de coopération et dedéveloppement économiques); 55

Office national du film du Canada; 91, 109,111, 118, 119, 130, 131

Offre active; VIII, 5, 107-109, 114, 116-121,123, 126

Ombudsman; 14, 15, 44, 96, 101, 147

Ontario; VIII, 15, 23, 42, 61, 62, 73, 84, 87,88, 103, 104, 114, 115, 124, 127, 130,131, 138

Ottawa; 35, 139

Administration de l’aéroport internationald’Ottawa; 108, 111, 118, 120, 131, 133, 140

Université d’Ottawa; IX, 61, 91

P

Parcs Canada; 109, 118, 131

Parlement d’Australie; XII, 7, 30, 49, 51, 70,94, 97-99, 105, 113, 138, 142, 146

Parlement; VIII

Parlementaires; V, 49, 50, 68, 94

Parti québécois; X

Participation équitable; 103, 105, 107-111

Passeport Canada; 108, 118, 119, 121, 131

Patrimoine canadien; XII, 8-13, 17, 30-33, 35,72, 76, 77, 79, 91, 93, 98, 99, 141

Comité interministériel sur la partie VII; 10

Guide à l’intention des institutionsfédérales; 8, 9, 13, 99, 100, 139

Pearson, Lester B.; 2, 7, 37, 41, 150

Pêches et Océans Canada; 107, 116, 118,131, 142

Petite enfance; 20, 22, 29, 80, 86

Cadre national de collaboration en développement de la petite enfance francophone en contexte minoritairefrancophone; 22

Commission nationale des parents francophones (CNPF); 22

Convention des Nations Unies relatives auxdroits de l’enfant; 22

Plaintes; XI, 4, 5, 8, 14-16, chapitre I, 147

Plan d’action pour les langues officielles; I-V, 3,12, 16-31, 32-35, 44, 63, 72-76, 83, 91-94, 106-110, 123

Politique linguistique; 150

Posner, Barry; VII, 46

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Postes Canada; 25, 102, 104, 107, 115, 118,126, 129-131, 142, 145

Pratiques exemplaires; 10

Premier ministre; III, IV, VIII, XII, 17, 32, 34,37, 49

Prestation de services; 52, 106-109, 113, 116,117, 120, 122, 123, 126, 145, 151

Prestation des soins de santé; 20, 21, 29, 40,83-85, 87, 88, 144

Prévention; 15, 101

Procureurs de la Couronne; 23

Professionnels de la langue; 27

Programme d’apprentissage, d’alphabétisation etd’acquisition des compétences; 97

Programme d’innovation; 26

Programme de contestation judiciaire; XI, 97, 98

Programme de diplomatie ouverte; 77, 97

Programmes d’immersion, voir immersion

Projet de loi; 48, 51

C-43; 7, 49S-4; 49

Promotion des langues officielles; II, IV, 3, 5, 7-9, 13, 16, 27, 31, 33, 34, 38, 54, 66,chapitres III et IV, 151

Protection des minorités; 50

Protocole d’entente relatif à l’enseignement de lalangue seconde; 18

Public voyageur; 113-115, 122, 127

Purewal, Shinder S.; 65

Q

Québec; X, XI, 5, 12, 15, 19-22, 24-27, 29,38, 54, 57, 59, 60, 73, 76, 81-86, 88-90,103, 104, 114, 115, 127, 128, 130-134,137, 138, 143, 144

400e anniversaire de la fondation de la villede Québec; V

Quebec Community Groups Network; 12, 17,85

Québécois; X, XII, 19, 23, 29, 72, 81

R

Radio-Canada, voir CBC/Radio-Canada

Rapport

de la vérificatrice générale du Canada; Languages : The Next Generation

voir Nuffield FoundationLord; 17Maintenir le cap : la dualité au défi des

transformations gouvernementales; 52

RDS; 79

Recensement 2006; II, III, X, 19, 29, 43, 58,73, 80-82, 86

Recherche universitaire; X

Recommandations; IV, 34, 35, 42, 53, 100, 137

Recours judiciaire; 8, 14, 15, 97, 98, 125,138, 147

Recrutement; IV, VI, 2, 11, 23, 27, 37, 40-42,60, 62, 151

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Reddition de comptes; 8, 18, 31, 36, 76, 107-109

Réforme du Sénat, voir Sénat

Région de l’Atlantique; 103, 104, 107, 114,115, 118, 122, 128, 130, 131, 143

Région de la capitale nationale; 5, 10, 12, 39,103, 113, 115, 127, 128, 130, 139

Régions bilingues; 5

Règlement sur les langues officielles; 113, 139

Rendement (évaluation annuelle du); IV, 34

Rendement des institutions; 4, 44, 101, 104,105, 116, 117, 119, 130, 140

Rendez-vous de la Francophonie; 76

Renouvellement

de la fonction publique; III, IV, VIII, 7, 26,36, 37, 39-42, 44, 74, 151

du Plan d’action 2003-2008, voir Plan d’action

du rôle d’ombudsman; 14, 15, 147

Réseau de développement économique etd’employabilité (RDÉE); 24, 88

Résolution des plaintes; 14, 104, 106

Responsabilisation, voir reddition de comptes

Ressources humaines et Développement socialCanada; 22, 25, 104

Retraite (départ à la); VIII, X, 36, 110

Revue canadienne de science politique; IX

Robertson, Colin; 60

Rocher, François; IX, X

Rothon, Robert; 65

Royaume-Uni; 70

S

S-4 (Loi modifiant la loi constitutionnelle de1867); 49

SADC, voir Société d’aide au développementdes collectivités

Santé; 12, 17, 20, 21, 29, 40, 54, 80, 83,84-88, 91, 116, 118, 131, 133, 144

Santé Canada; 109, 118, 131, 133, 134, 142

Saskatchewan; 48, 61, 103, 131, 145

Secrétariat du Conseil du Trésor; 30, 52, 53,98, 117

Guide pour la préparation des soumissionsau Conseil du Trésor; 53

Savoie, Donald; 30, 32-35

Secrétariat des langues officielles; IV, 31, 32,34, 35, 83

Semaine des langues officielles; 38

Sénat; III, XI, XII, 30, 47-51, 54, 68, 78, 79

Service Canada; 102, 104, 109, 115, 118-120, 131, 133

Service correctionnel Canada; 118, 133, 141

Service météorologique du Canada; 123

Services

au public; VII, 4, 26, 34, 79, 113, 116,126, 145

de santé; 20, 21, 29, 83, 84, 87, 144d’interprétation; 26

Skutnabb-Kangas, Tove; 46

Société canadienne des postes, voir Postes Canada

Société canadienne d’hypothèques et delogement; 107, 111, 118

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RAPPORT ANNUEL 2007-2008 – INDEX

Société d’aide au développement des collectivités;121, 126, 130, 131, 133, 142, 143

Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick; 125

Société du Musée canadien des civilisations;109, 118, 119, 121, 130, 131

Société éducative de visites et d’échangesCanada (SEVEC); 17

Société franco-manitobaine; IX

Société Radio-Canada, voir CBC/Radio-Canada

Société Santé en français; 20

Soins de santé; 17, 20, 40, 83, 86

Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux; 130

Sondage sur la langue de travail; 129-132, 136, 147

Sous-comité consultatif sur l’accès à la justice;22, 23

Sous-ministres; IV, 31, 32, 34, 37

Sous-ministres adjoints; 31

Statistique Canada; 17, 18, 25, 28, 80, 82, 83,105, 109, 110, 111, 117-119, 121, 130,131, 136, 142

Sudbury; 83

T

Téléfilm Canada; 91

Terre-Neuve-et-Labrador; 75, 103

Territoires du Nord-Ouest; 103

Toronto; 42, 56, 62-64, 66, 122, 124

Tourisme Colombie-Britannique; 93

TQS; 79

Transcheck-2; 28

Transfert linguistique; 29

Transparence; VI, 18, 76

Transports Canada; 108, 118, 131, 133

Travaux publics et Services gouvernementauxCanada; 102, 104, 107, 118, 129, 131,133, 135, 144

Tribunaux; 71, 97, 98, 101, 125

U

Union européenne; 46, 21, 40, 42, 74, 85,90, 145

Université; V, X

de l’Alberta; IX, 20, 76de Moncton; 52de Montréal; 50, 85d’Ottawa; IX, 61, 91McGill; 21Roskilde (Danemark); 46

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V

Vancouver; 56, 66, 78, 79, 93, 122, 125, 144

Vérifications; 3, 14, 15, 101, 105, 113, 122,124, 126, 127, 135, 142, 144, 147

VIA Rail; 108, 118, 131, 133

Ville, voir municipalités

Vimy, voir Monument commémoratif du Canada à Vimy

Vitalité des communautés; II, IV, 3, 17, 18, 53,60, 71, 80, 82-90, 94, 96-98, 145

W

White, John D.; 48

Winnipeg; 88

Y

Yukon; 63, 103

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