RAPPORT d’ACTIVITES et financier 2015 résumé · En 2015, l'information sur la lettre n°11 a été envoyée en mars par mail à 968 personnes et associations en français et en

RAPPORT ANNUEL

Fonds pour les Femmes en Méditerranée

2015

présenté par Caroline Brac de la Perrière

Fonds pour les Femmes en Méditerranée -‐ Rapport annuel 2015 2

Rapport d’Activités ..................................................................... 3

I. Le renforcement du mouvement des femmes ..................................... 4 A. L’appui aux associations ................................................................................................... 4

1. Le soutien financier ..................................................................................................................... 4 2. Le soutien au-delà du financement ........................................................................................... 12

B. Organisation d’espaces d’échange et de réflexion stratégique ...................................... 13 1. Rencontre de réflexion stratégique entre associations de femmes libyennes .......................... 13 2. Rencontre de réflexion stratégique des associations de femmes françaises ........................... 15 3. Report et transformation ........................................................................................................... 16

C. Les FFIC :formations féministes en intelligence collective ............................................. 17 1. La FFIC au Maroc ..................................................................................................................... 17 2. La FFIC en Tunisie ................................................................................................................... 19 3. Le suivi des formations ............................................................................................................. 21

II. Communication et Collecte de fonds ............................................... 22 1. Site web, lettre semestrielle et page facebook ......................................................................... 22 2. Constitution d’un fonds documentaire vidéo ............................................................................. 23 3. Participation à des réunions locales, régionales ou internationales ......................................... 23 4. Organisation d’évènements ...................................................................................................... 24

a) Les rencontres entre ami-e-s ............................................................................................ 24 b) Le Gala avec Souad Massi et Marianne Aya Omac ......................................................... 25 c) Le concours photo et ses suites ....................................................................................... 25

III. Consolidation du Fonds pour les Femmes en Méditerranée ........... 27 A. Consolidation des alliances ............................................................................................ 27

1. Collaboration avec les autres fonds féministes ........................................................................ 27 a) Le réseau International Network of Women’s Funds ........................................................ 27 b) Le réseau Women’s Funding Network .............................................................................. 28

2. Collaboration avec les autres fondations pour les droits humains ............................................ 28 B. Consolidation de l’organisation ....................................................................................... 29

1. Les Ami-es du Fonds ................................................................................................................ 29 2. Consolidation de l’équipe .......................................................................................................... 29 3. Consolidation de la structure .................................................................................................... 30

a) Augmentation du budget ................................................................................................... 30 b) Suivi et évaluation de notre travail .................................................................................... 30

Annexes ................................................................................... 33


Rapport d’Activités

L’année 2015 a commencé de façon sanglante en France avec les attentats contre les journalistes de Charlie Hebdo et elle s’est terminée de façon glaçante avec les agressions sexuelles massives visant des femmes de Cologne et d’ailleurs. Elle s’est émaillée d’attentats aussi dramatiques que spectaculaires en Tunisie, en Turquie, en France, de conflits armés en Lybie, en Syrie, en Egypte, en Israël/Palestine, en Turquie, de bombardements sur la Syrie, et a vu des centaines de milliers de réfugié-e-s traverser la Turquie ou la mer pour débarquer en Italie, en Grèce et rejoindre, via la Croatie et d’autres pays des Balkans, des cieux plus cléments. Cette description rapide donne une idée du maelstrom qui entraine, dans son tourbillon toujours plus puissant, les peuples de toute la Méditerranée et même au delà. Dans un contexte de militarisation déclarée, exacerbée par l’intégrisme religieux et la haine xénophobe, la condition des femmes se détériore vite – et elle n’était déjà pas idyllique. Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée s’est trouvé, cette année, sans cesse interpellé sur le rôle qu’il devait/pouvait jouer dans telle situation de durcissement compte tenu de sa mission de soutien aux personnes et organisations défendant les droits des femmes et son identité fondamentalement méditerranéenne. Quel est le rôle d’un Fonds comme le nôtre devant la crise humanitaire, sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale, dont nous sommes les témoins ? Quel est le rôle d’un Fonds comme le nôtre vis-à-vis des femmes des pays les plus fragilisés par les bouleversements politiques de ces dernières années ? Quel est le rôle d’un Fonds comme le nôtre dans une société européenne mise au pied du mur quant à ses principes d’égalité et d’ouverture? Quel est le rôle d’un Fonds comme le nôtre quand des intégristes réussissent à lever une armée pour imposer leur loi sinistre? Nous avons, à chaque fois, répondu à notre façon, privilégiant toujours les femmes, leurs droits, leur liberté, la construction de la paix, de l’égalité entre tous les êtres humains, et pris résolument, contre ces courants mortifères, le parti de la vie, de la joie, de la créativité et de l’amour. En formant des jeunes femmes à prendre confiance en elles et à s’organiser au Maroc et en Tunisie ; En offrant une rencontre de réflexion sur leurs priorités aux organisations de femmes libyennes et aux organisations de femmes des quartiers défavorisés en France ; En choisissant d’aider les femmes victimes de violences, dont particulièrement les réfugiées venues de Syrie ; En consolidant les associations et les réseaux qui défendent l’égalité, leurs structures ou leurs activités ; Nous avons marqué, à notre échelle – malheureusement encore modeste malgré nos efforts redoublés pour collecter plus de fonds – notre refus du parti de la haine et de la mort. Et en 2016, nous continuerons de plus belle.


I. Le renforcement du mouvement des femmes Au moment de sa constitution, le soutien financier des associations était l’unique mission du Fonds pour les Femmes en Méditerranée avec son pendant, la collecte de fonds. Il reste une des missions principales mais a dû être conforté au bout de trois ans d’expérience par d’autres formes de renforcement des associations. En effet, nous nous sommes trouvées souvent confrontées à la fragilité des associations au niveau organisationnel et, dans ces cas, l’appui financier semblait perdre en partie son pouvoir d’action. C’est pourquoi nous avons développé deux autres axes, sous forme de rencontres et de formations, dans le même programme.

A. L’appui aux associations Dans son soutien aux associations, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée joue plusieurs rôles : il agit le plus souvent en tant que bailleur mais il peut offrir un appui sous une autre forme, en tant que conseil pour l'organisation ou la recherche de fonds, en tant qu'intermédiaire auprès de bailleurs, de journalistes ou de sympathisant-es et en tant que facilitateur pour la collecte de fonds. Autant que possible, considérant l’énergie et le temps que cela demande, les membres de notre équipe rencontrent et tissent des liens avec les femmes engagées de la région de façon à avoir une information, continuellement mise à jour, sur les associations, leurs réussites et leurs difficultés. Cela est d’autant plus important qu’une nouvelle génération de féministes émerge dans tous les pays de la région et il nous faut les connaître et nous faire connaître d’elles.

1. Le soutien financier L’appui financier est dédié aux associations, aux réseaux et, dans des cas rares, à des individus lorsque le contexte ne favorise pas l'organisation collective ou quand une occasion particulière s'offre pour former des jeunes femmes ou leur permettre d’accomplir une action pour le bien collectif. Quoique de taille modeste, 5000 euros maximum, cet appui est de grande importance pour les associations de femmes car il est accompagné de procédures légères, rapides quand l'accord est donné, et flexibles si l'association doit changer ses plans. Il peut être utilisé pour le fonctionnement, pour une initiative ponctuelle, pour un projet à long terme selon les besoins des associations.

Cette année nous avons reçu 118 demandes d'aide financière dont 41 ont été acceptées. - 29 venant d'autres régions géographiques ou projets hors critères (menés par

des hommes, ou commerciaux ou encore projets personnels) ont été, d’emblée, rejetées.

- 26 n'ont pas été retenues soit parce que le projet était à la limite des critères ou n'entrait pas dans les priorités retenues par le Fonds et qu'il fallait faire un


choix en fonction de notre budget, soit, pour 8 d'entre elles, parce que, selon l'appréciation de nos conseillères, l'association ne semblait pas fiable.

- 22 sont restées en suspens soit parce que nous attendons d’avoir plus d’information de nos conseillères, mais pour 70% des cas, parce que les associations ne renvoient pas les informations demandées.

En outre, 3 financements ont été alloués à des groupes particuliers à la demande de certains bailleurs et 1 co-financement a été mis en place avec le Fonds pour les femmes d’Espagne, Calala. Remarques :

• La notoriété grandissante du Fonds pour les Femmes en Méditerranée n’entraîne pas un afflux plus grand de demandes (une dizaine de moins qu’en 2014). Cela nous permet de répondre favorablement à la majorité d’entre elles. Le plus étonnant est sans doute le nombre assez important de demandes restées en suspens parce que les associations n’ont pas poursuivi le processus, soit remplir le deuxième formulaire. Cela peut s’expliquer par la difficulté des associations à s’investir dans la recherche de fonds. Mais il est possible aussi, que le montant que nous donnons ne semble pas mériter l’effort- même s’il nous semble avoir fait attention à ne pas demander trop de travail dans notre protocole.

• Pour la première fois, en fin d’année,nous avons lancé un appel à projet sur le thème femmes et environnement. Le but de cet appel était de repérer les associations de femmes qui travaillent sur la question de l’environnement, de l’écologie. Seulement 7 associations de femmes ont répondu à cet appel. Cela peut indiquer que la question n’est pas encore traitée par les associations féministes de la région, si ce n’est de façon très marginale.

En 2015, nous avons alloué un montant de 183 605 € à 45 initiatives


Financements alloués en 2015 par le Fonds pour les Femmes en Méditerranée

Groupe / Porteur de projet Pays Titre du projet Montant (€)

ANIMA Center for women's and peace education Monténégro

Rencontre des témoins de Tivat pour une réflexion finale autour de la Women's Court/Zenski sud

5 000 €

Arous Elbahar (Bride of the Sea) Israël Autonomisation des jeunes filles par

l'éducation financière 3 000 €

Association for the Strengthening of Women's Rights – Anima 2005

Bosnie-Herzégovine

Les femmes ensemble, peuvent renforcer leur assurance et construire la paix - Organisation des femmes de Dulici

5 000 €

Association Tafoukte pour le développement et la réhabilitation féminine

Maroc Autonomisation économique et émancipation des femmes 5 000 €

Asurif (via Frida) Algérie Appui au fonctionnement de l’association pour la conscientisation des jeunes femmes

5 000 €

Cairo Foundation for Development and Law - Cairo Center for Development

Égypte Renforcement des capacités des ONG de femmes 5 000 €

Center for Civil Initiatives Porec Croatie Appui au fonctionnement - Programme

Droits des femmes 5 000 €

Close to Adolescents Albanie Création d'un réseau d'organisations de femmes travaillant dans la région de Kombinati

5 000 €

Coalition Women's Security Index Israël

Coalition d'organisations féministes palestiniennes et juives promouvant la sécurité des femmes en Israël

5 000 €

Collectif de jeunes femmes féministes Algérie Mise en place de l’organisation de

jeunes femmes 2 000 €

CRVENA Bosnie-Herzégovine

"Que nous a apporté notre combat?" - archivage du mouvement des femmes 2 500 €

FDFA - Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir France Centre d’écoute envers les femmes

handicapées victimes de violences 5 000 €

Femmes contre les intégrismes France Rencontre méditerranéenne autour des

20 ans de l'association 4 000 €

Femmes En Communication Algérie Rencontre journalistes et artisanes avec le Réseau des femmes artisanes du Maroc -Réfam Dar Maalma -

3 000 €

Femmes migrantes debout France Accompagnement aux droits et à la santé des femmes migrantes 5 000 €

Fondation Ytto pour l'hébergement et la réhabilitation des femmes victimes de violence

Maroc Appui au fonctionnement - Centre refuges pour femmes victimes de violence Moulay Chrif

5 000 €

Fondation Ytto pour l'hébergement et la réhabilitation des femmes victimes de violence

Maroc

Appui au fonctionnement Equipe de la Fondation Ytto

(don particulier

dédié) 950 €


Genre en Action Méditerranée Appui au fonctionnement du réseau 3 000 €

Groupes espagnols (via Calala) Espagne Promotion et défense des droits

corporels et sexuels 5 000 €

Hatshepsut Égypte Al Mastaba (plateforme) pour l'engagement des femmes dans le développement local

3 000 €

Hebûn (Existence) Turquie Renforcement des liens entre mouvements féministes et LGBT 2 630 €

Initiative Féministe Euro Méditerranéenne Méditerranée Développement de la campagne

Equality first 5 000 €

Kaos-LGBT Turquie Programme féministe du réseau LGBT 3 000 €

Kayan Israël Jusur (Bridges) - Renforcement du mouvement des femmes arabes en Israël

5 000 €

Les Ami-e-s de l'égalité France Appui au fonctionnement de 50/50 magazine - nouvelles des femmes de la Méditerranée site en ligne

2 500 €

Les efFRONTé-e-s France Le Féministival Wonderwomen 2 000 €

Ligue Démocratique des Droits des Femmes de Ouarazazate / L'Incubatrice d'Entrepreneures Sociales et Solidaires

Maroc Appui au fonctionnement de l’Incubatrice d'Entrepreneures Sociales et Solidaires

5 000 €

Ma'an - The Forum for Bedouin Women's Organisations

Israël Appui au fonctionnement - Centre d'appels de crise des femmes bédouines victimes de violence

2 000 €

Maison des Femmes de Paris France Ateliers sur la violence domestique 5 000 €

Marche Mondiale des Femmes - PACA France Rencontre euro-méditerranéenne

d'associations féministes 4 000 €

Matica Bosnie-Herzégovine

Autonomisation des femmes d'Ostra Luka pour une participation égale au développement économique et social de leur communauté

4 425 €

Mazid of Freedom Égypte Club féminin pour combattre la violence basée sur le genre 3 000 €

Nisaa Wa Aafaq (Women and Horizons) Israël Établissement d'une clinique juridique

pour le droit de la famille musulmane 5 000 €

NOVA feminist culture center Monténégro Mise en place du projet de musée des femmes 4 840 €

Nova Zena Bosnie-Herzégovine

Prévention de la violence domestique par l'autonomisation économique des femmes vulnérables des zones rurales

2 600 €

Planning familial 62 France Aide aux femmes migrantes en transit victimes de violence 8 000 €

Quai 21 France Les Nouvelles Antigones de la Méditerranée - Plateforme de blogueuses activistes de Méditerranée

5 000 €


Taytamatines d'Aït Kalla Maroc Club féminin pour les femmes analphabètes des villages ruraux 5 000 €

WAVE - Women Against Violence Europe network Méditerranée Participation aux activités de réseau

des membres hors Union Européenne 5 000 €

Women in Black Belgrad / Women's Court Balkans Suivi de la Cour des Femmes

(Women's Court/Zenski sud) 6 160 €

Allocation d’urgence Syrie Avocate des droits des femmes en danger 4 000 €

Centre d'études sur le genre Syrie / Liban

Sensibilisation des réfugiées syriennes activistes sur la question de la reconstruction de la Syrie et le combat pour l'égalité des genres

4 000 €

Centre de recherche féministe Égypte / Liban

Formation sur le travail de documentation et la recherche dans une perspective de genre

5 000 €

Organisation humanitaire Syrie Appui au fonctionnement d’abris pour

les femmes réfugiées 4 000 €

Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de notre activité d’appui financier.

v Le montant des allocations Les subventions accordées cette année s’inscrivent dans une fourchette de 2000 à 8000€ (sans compter un don dédié de 950€).

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous pouvons donner moins que la moyenne (soit 4 à 5 000 €) : 1) cela répond au besoin exprimé par l’association, 2) il s’agit de demande pour des participations individuelles de représentantes d’associations à des évènements, 3) nous ne connaissons pas l’association et n’avons pas réussi à avoir des informations la concernant : nous faisons alors - si le projet semble intéressant- « un coup d’essai ». Enfin, nous ne disposons pas d’un budget suffisant pour répondre à toutes les requêtes et nous diminuons les montants pour pouvoir répondre à un plus grand nombre.

La raison pour laquelle certaines sommes sont, par contre, beaucoup plus élevées que notre maximum déclaré est liée aux engagements que nous avons pris vis-à-vis de certains donateurs : nous nous sommes engagées à ce que leurs dons aillent à des groupes ou des actions bien définies, comme pour la collecte faite lors du Gala que nous avons organisé, en novembre à Montpellier, pour les femmes victimes de violence –dont particulièrement les femmes réfugiées. La collecte de 12 000€ a été reversée à deux associations.


v La distribution des allocations dans la région

Nous ne recevons pas tous les ans des demandes de tous les pays de la Méditerranée : encore cette année, nous n’avons rien reçu de Lybie ou de Malte et celles venues de Grèce sont restées sans suite, du fait des associations demandeuses -dont nous n’avons plus eu de nouvelles-. En général, les fonds sont bien répartis entre les 4 sous-régions que sont l’Afrique du nord, le Moyen–Orient, les Balkans et l’Europe méridionale. Cependant nos allocations ont plutôt bénéficié aux associations de trois pays : Maroc, Israël et France. Comme souvent, la part des subventions qui va à des groupes en France est la plus importante. C’est le résultat de nos appels à dons individuels,de notre collecte auprès des entreprises locales qui veulent donner à des groupes en France mais aussi de la collecte de notre gala qui est allée cette année pour la plus grosse part à une association qui reçoit les femmes réfugiées en transit à Calais, en France. Une part assez importante est allée à des groupes du Maroc : cela est le résultat de notre formation qui a permis à la fois de connaître et nous faire connaître de jeunes femmes engagées dans des associations. Quant à la part équivalente qui va aux groupes en Israël, il s’explique par la difficulté que rencontrent les groupes de femmes palestiniennes d’Israël à trouver des financements dans le pays et à l’extérieur et par leur persévérance dans la recherche de fonds !

Méditerranée 7% Balkans

3% Albanie

3%

Bosnie-Herzégovine

8%

Croatie 3%

Monténégro 5%

Espagne 3%

France 22%

Turquie 3%

Israël 11%

Syrie 7%

Égypte 9%

Maroc 11%

Algérie 5%

Répartition des allocations en fonction du pays Janvier - Décembre 2015


v L’utilisation des allocations par les associations Sur les 45 initiatives, un quart ont utilisé l'allocation du FFMed pour le fonctionnement de leur structure et d’autres ont demandé de l’aide pour organiser ou participer à des rencontres avec d'autres associations au niveau local, régional ou international. Les demandes de ce type sont très souvent rejetées par les bailleurs pourtant sensibles à la question des femmes en raison de l’absence de pérennité et de visibilité quant à l’utilisation des fonds. Nous considérons que c'est la condition sine qua non pour avoir des associations de femmes fortes qui aient les moyens de leurs ambitions : soit, éveiller les consciences, informer, alerter sur les discriminations et les violences faites aux femmes et organiser une protection pour celles-ci, pousser leurs sociétés et les gouvernements pour des changements de loi en faveur de l’égalité. Aider à leur fonctionnement (le plus souvent pour payer les frais de logistiques ou un (petit) salaire pour une coordinatrice ou un-e assistant-e au secrétariat), c’est leur procurer l'assise minimum pour planifier et organiser leurs actions et faire ainsi un travail plus efficace, plus ambitieux et inscrit dans le temps. Quant à soutenir l’organisation de rencontres rassemblant des féministes de pays différents, (7% de nos allocations servent à des réseaux au niveau méditerranéen) ou la participation à des lieux de discussion internationale comme la Commission sur le statut des femmes (CWS) des Nations Unies à New-York, nous considérons que c’est une nécessité absolue de le faire. C’est, en effet, vital que le mouvement international des femmes puisse se développer en se nourrissant des expériences et des analyses produites dans chaque pays pour avoir une capacité d’action et de résistance face à la vague extrêmement conservatrice qui menace les droits des femmes –et pas seulement au Maghreb et au Moyen-Orient mais aussi sur la rive européenne de la Méditerranée.


7%

14%

8%

71%

Répartition des allocations en fonction des demandes

Janvier - Décembre 2015

Action urgente

Fonctionnement

Organisation ou participation à une rencontre

Projet spécifique

5 000 €

6 840 €

7 630 €

8 000 €

10 000 €

15 160 €

16 000 €

17 000 €

20 000 €

23 025 €

25 950 €

29 000 €

Campagne pour les droits des femmes et l'égalité

Participation des femmes dans l'art et la culture

Promotion et défense des droits corporels et sexuels

Renforcement des capacités des femmes dans la sphère publique

Consolidation des réseaux locaux de femmes

Travail de reconstruction post-conflit

Consolidation des réseaux internationaux de femmes

Aide d'urgence aux femmes en zone de conflit ou réfugiées

Développement d'outils de sensibilisation et d'information

Autonomisation des femmes par l'activité économique

Consolidation des organisations de femmes

Lutte contre la violence envers les femmes

Répartition des allocations en fonction du type d'action Janvier - Décembre 2015


2. Le soutien au-delà du financement Lorsqu’un projet a retenu l’intérêt du comité de sélection mais qu’il s’avère que le Fonds ne pourra pas le financer, ou seulement en partie, nous essayons de fournir à l’association les adresses d’autres bailleurs susceptibles de le financer. Il arrive aussi que le FFMed introduise les associations auprès des bailleurs. C’est le cas avec les entreprises locales, mais aussi avec des fondations privées ou des fonds féministes. Cette année, nous avons préparé à plusieurs reprises des dossiers concernant des associations de femmes – du Maroc, de France, afin de les présenter à des fondations d’entreprise recherchant des projets à financer. Pour pouvoir avoir cette réactivité, l’équipe du Fonds entretient des relations suivies avec les bailleurs qui œuvrent pour les droits humains et s’informe régulièrement pour repérer des bailleurs moins connus. Elle entretient aussi des relations suivies avec les associations afin d’être plus à même de les recommander. Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée joue aussi un rôle d’accompagnement des associations nouvellement créées ou peu expérimentées à deux niveaux :

- Au moment du montage de projet afin de les aider à mettre en place leur structure et leurs actions et à formuler leurs projets pour d’autres bailleurs.

- Et en cours de route : à plusieurs occasions, nous avons eu cette année des rencontres avec des jeunes associations pour les aider à réfléchir à leur organisation ou évaluer leurs actions.

Tout public- particulièremen

t les femmes 25%

Femmes pour la défense des

droits LGBT 4%

Femmes engagées pour les droits des

femmes 13%

Femmes ayant un handicap

3%

Femmes en zone rurale

19%

Femmes en zone de guerre

ou réfugiées 7%

Femmes migrantes

3%

Femmes victimes de

violence dans la famille

12%

Jeunes femmes

14%

Répartition des allocations en fonction du public Janvier - Décembre 2015


B. Organisation d’espaces d’échange et de réflexion stratégique

Nous avons développé, depuis quelques années, un nouvel axe de soutien aux associations pour les droits des femmes : l’organisation de rencontre de réflexion stratégique entre associations d’un même pays. Nous sommes en effet parties du constat que les associations qui oeuvrent pour les droits des femmes sont aujourd’hui submergées de travail et de sollicitations de toutes sortes, qu’elles ont rarement l’occasion de se rencontrer pour analyser le contexte dans lequel elles travaillent, exposer les difficultés qu’elles rencontrent, définir leurs besoins, s’entendre sur leurs priorités et aboutir, éventuellement, à une stratégie collective pour consolider leurs actions et renforcer leur mouvement. Nous avons ainsi organisé des rencontres de ce type en Egypte, en Algérie, en Tunisie, en Croatie et cette année, pour des représentantes d’associations libyennes en Tunisie et pour les associations en France. A chaque fois notre rôle se borne à organiser la rencontre sur le plan logistique et à faciliter le débat en assurant une distribution équitable de la parole et une restitution fidèle de ce qui a été dit. Les participantes débattent des grandes questions qui se posent à elles : que ce soit pour leur association, dans leur travail quotidien ou pour analyser la situation des femmes dans leur contexte, pour parvenir, selon une méthode « d’entonnoir », à s’entendre sur les questions à résoudre de façon prioritaire. Parallèlement, elles font ensemble l’état des lieux de ce qui leur semble leurs forces, leurs faiblesses et les allié-es sur lesquels compter. Cet état des lieux peut leur permettre d’affiner les stratégies collectives sur lesquelles elles s’accordent à la fin de la rencontre. Le fait qu'il n'y ait aucune obligation de résultat à ces réunions et qu'un tiers, en l'occurrence le FFMed, soit présent permet de changer les habitudes de communication liées à l'urgence et aux relations de pouvoir locales existantes, habitudes qui nuisent souvent à la mise en place d'une stratégie à long terme.

1. Rencontre de réflexion stratégique entre associations de femmes libyennes

Depuis deux ans, le Fonds pour les femmes en Méditerranée cherche à aider les femmes en Libye qui vivent une situation devenue intenable.Après en avoir vérifié la pertinence auprès de trois représentantes d’associations de femmes libyennes rencontrées lors d’une réunion à Paris, nous avons décidé de proposer à des associations de femmes libyennes une rencontre de réflexion stratégique. Il n’était pas possible de l’organiser en Lybie où Daech avait pris trois régions dont Syrte et Derna, au nord du pays, et où la division entre les forces tenant Tripoli, Benghazi et celles de Tobrouk – officiellement gouvernement provisoire mais non reconnu par une bonne partie de la population- allait croissante. Nous avons donc décidéd’organiser la réunion en Tunisie malgré la difficulté qu’une telle organisation pouvait représenter.


Heureusement, avec l’aide dela présidente de l’association « Development to support Young people and Women »,d’une part, qui a assuré toute la coordination avec les associations libyennes dans 8 villes du pays et parmi les réfugiées, et du Réseau euro méditerranéen de défense des droits de l’homme –Tunis d’autre part, qui fut notre référent et notre base locale pour l’organisation logistique de la rencontre, nous avons pu rassembler des femmes de grande valeur dans un cadre apaisant et animer une rencontre très importante . 20 femmes engagées avaient répondu positivement à l’invitation mais à cause de l’insécurité dans les transports, plusieurs furent empêchées de venir. Grace à l’appui de Urgent Action Fund –Africa, 15 femmes venant, de Tripoli, Benghazi, Tobrok, Misrata, Garian, Zouara,WadiAl shati Sebha mais aussi du Caire et de Londres ont finalement participé à la rencontre. Elles représentaient 11 organisations de femmes ou de droits humains : Organisation Libyenne des Juges, Réseau « Ma constitution me protège », Union des Femmes d’Eshati ; Changement de la Jeunesse et le premier Forum des femmes ; Organisation de la plate forme des Droits ; Taletlymas-Organisation pour les femmes et les enfants ; Développement pour aider les jeunes et les femmes ; Nos parents- Association humanitaire pour la charité ; La voix du Droit- Association des Femmes Libyennes ; le Centre de Développement des Capacités pour les femmes libyennes. Darsaf / les amis d’UNICEF autour du monde.

Après un jour et demi d’échanges et de réflexion sur les besoins et les priorités des femmes en Libye, elles se sont accordées sur deux points prioritaires pour elles :

§ Faire inscrire dans la Constitution libyenne, les droits des femmes, la Haute Assemblée des femmes et leurs mécanismes de mise en œuvre.

§ Obtenir le soutien international pour les organisations de femmes : financements, formations, et matériel logistique.


2. Rencontre de réflexion stratégique des associations de femmes françaises

Les attentats contre Charlie Hebdo ont fait prendre conscience en France qu'il était impératif d'appuyer les acteurs positifs de la société civile, particulièrement dans ce qui est souvent nommé,en France, "les territoires abandonnés de la république". Il se trouve que, parmi ces acteurs positifs, les femmes sont une majorité. Elles s'engagent quotidiennement pour diffuser une culture d'ouverture et d'égalité et contrebalancer autant que possible la culture de fermeture et de haine de l'autre -dont la haine des femmes- que les intégristes distillent dans ces quartiers depuis une vingtaine d'années. Toute cette énergie, tout ce courage et cette détermination sont très peu reconnus, d’autant qu’elles se heurtent à une autre mur : celui du mépris, expression d’un racisme plus ou moins revendiqué. Ces femmes convaincues s'épuisent donc avec de moyens très limités, des équipes très restreintes dans un environnement toujours plus hostile. Dès la création de son programme de subvention en 2009, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée a soutenu des associations de terrain qui œuvrent dans les quartiers d'Ile de France les plus démunis. Convaincues que leur action est indispensable pour changer la face des choses et ayant été alertées par leur isolement, nous leur avons proposé d’organiser une rencontre avec la méthode participative que nous avons utilisée jusque là avec succès. Grâce à l’appui d’’une association philanthropique d’entreprise, nous avons pu organiser à Paris les 20 et 21 juin 2015, un atelier de d’échange et de réflexion sur les priorités et les besoins des associations de femmes actives dans des quartiers défavorisés de grandes villes de France. Il a réuni 20 représentantes des associations suivantes : Africa-93, Association 3.2.1, Association Puressence, Femmes contre les intégrismes, Femmes debout, Femmes en lutte 93, Femmes relais de Gennevilliers, Femmes migrantes debout, FIA-ISM Femmes inter associations -inter service migrants (antenne Essonne), La baguette magique, Libre Terre des Femmes, Maison de Femmes de Paris, Nous Femmes d’ici et d’ailleurs 93, Voix de Femmes et Voix d’elles rebelles. Ces associations venaient de Cergy, Dole, Hauts de Seine, Gennevilliers, La Courneuve, Le Blanc-Mesnil, Lyon, Marseille (la Castellane), Montreuil, Paris, Saint Ouen et Saint Denis. Une grande partie de l’équipe du Fonds pour les Femmes en Méditerranée a profité de ce que l’atelier se passe en France pour y assister en observatrice : c’était l’occasion pour l’équipe d’apprendre la méthode utilisée et pour trois représentantes du Conseil d’administration d’avoir une meilleure compréhension à la fois de la situation des associations et du travail fait par l’équipe du FFMed.


Après une journée et demie d’analyse de la situation et de débats, les associations présentes se sont entendues sur deux priorités auxquelles s’atteler ensemble :

• Créer une culture féministe incluant les différences • Interpeller les politiques sur la précarité des associations de femmes dans un

climat social très tendu

3. Report et transformation Deux autres rencontres de réflexion stratégique étaient prévues dans les Balkans en 2015 et n’ont pu avoir lieu.

Ø La première, prévue au premier semestre, a été annulée parce que se tenait en mai à Sarajevo, un évènement extraordinaire : le Tribunal des femmes. Prévu et organisé pendant plusieurs années par une quinzaine d’associations féministes de plusieurs pays d’ex Yougoslavie, il réunissait un grand nombre d’associations de femmes de tous les Balkans pour mettre la lumière sur les violences faites aux femmes pendant la guerre et demander une réparation effective. Cette rencontre a été très importante pour le renforcement du mouvement de la sous région, et une rencontre organisée par nous n’avait pas sa place. Aussi nous nous sommes accordées avec la Fondation Oak pour reverser la somme destinée à la rencontre, à l’organisation du Tribunal des femmes pour la traduction vers l’Albanais et le suivi.

Ø Nous avions décidé d’organiser une rencontre en Bosnie à la fin de l’année.

Les associations que nous voulions inviter ont préféré que cela soit remis à


2016, après l’hiver, car les intempéries empêchaient les représentantes d’associations des zones rurales de se rendre à Sarajevo. Comme leur présence est très importante, cette rencontre a été repoussée à avril 2016.

C. Les FFIC :formations féministes en intelligence collective L'idée de cette Formation Féministe en l'Intelligence Collective vient d’expériences personnelles dans le mouvement féministe et d'un constat partagé par beaucoup: les associations, formées de femmes très courageuses, très dynamiques, dotées de nombreuses compétences, ne fonctionnent pas au mieux de leurs capacités que ce soit en interne ou entre elles, et l'on peut identifier des points importants de déperdition d'énergie aux niveaux psychologique et organisationnel.

- Au niveau individuel- psychologique : mauvaise connaissance de soi, mauvaise estime de soi, manque de confiance en soi, absence d'écoute de son corps, de ses besoins.

- Au niveau de l'organisation : manque d'écoute dans les débats, difficulté de

lâcher le contrôle pour les leaders, difficulté de se positionner face à une figure d'autorité, incapacité de gérer les conflits de façon non violente, manque de transmission des expériences passées, manque de méthode dans la construction d'un projet, faible connaissance de la communication.

- Au niveau plus large des réseaux d'organisations : mêmes types de

faiblesses que pour les organisations avec en outre, manque d'ouverture aux autres, sentiment de menace d'anéantissement par l'existence de l'autre, difficulté à assumer sa force politique.

L’intention de cette formation est donc de renforcer les militantes, les organisations et ainsi le mouvement des femmes en offrant un espace à celles qui s’engagent. Elle est conçue comme un espace de liberté, où elles peuvent prendre un temps pour elles (en tant qu'individu et en tant que groupe), se connaître elles-mêmes et se rencontrer les unes les autres, se consolider personnellement, se renforcer mutuellement et créer des liens qui leur serviront dans leur engagement.

1. La FFIC au Maroc Cette année, nous avons fini la FFIC au Maroc en organisant en mars la troisième et dernière session au Centre du Croissant rouge à Mehdia. L’intention de la session intitulée« Créer et construire ensemble » est de faire comprendre l’intérêt pour une association de travailler avec les autres associations, sans devoir être d’accord sur tout.


Les participantes étaient au nombre de 20 âgées entre 18 et 33 ans. Elles venaient de 10 différentes locations (villes/villages : Casablanca, Rabat, Taroudante, Aït Kalla, Aït Ourir, Toundoute, Fes, Meknes, Azilal, Beni Mellal). La plupart d’entre elles étaient membres d’associations et représentaient 7 associations différentes (Fondation Ytto, Association Tafoukte, Association Taimatine, Association Aît Ouati Titrit, Association de Solidarité féminine pour le développement rural, Association Itran pour le développement et la famille, Womenchoufchouf). 10 d’entre elles avaient déjà participé aux deux sessions précédentes, 8 à l’une des deux autres et 2 venaient pour la première fois, en remplacement des membres de leur association qui avaient été empêchées. Le grand succès de cette formation tient à ce qu’elle a permis de mélanger deux mondes qui se rencontrent rarement au Maroc celui des jeunes filles/femmes illettrées des zones rurales et celui des jeunes citadines à très haut niveau scolaire. Il a fallu que nous mettions en place une double traduction français-arabe et arabe-berbère ce qui compliquait un peu le travail des formatrices mais valait la peine : nous avons vérifié que notre méthode s’adressait à toutes et que chacune y avait sa place.

Ce qu’elles en disent … Aisha Mon souhait est de transformer cette opportunité que vous m'avez offerte J'aimerais tellement la transmettre par les faits, par les mots et par les gestes pour tout montrer aux femmes qui n'ont aucune estime d'elles-mêmes Dans notre région, les femmes ne se sentent pas comme des êtres humains Elles sont comme des machines à produire. La femme ne se donne aucune valeur, ni dans sa façon de s'habiller ni celle de manger Elle sait qu'elle est née pour travailler sous la domination de l'homme Le fait que les filles qui sont là aient pu avoir cette opportunité et bien, celle qui est dans une région isolée pourra espérer se retrouver comme ça avec vous Vous m'avez donné une idée à laquelle je n'aurais jamais pensé. Je disais : elles sont illettrées, elles ne peuvent pas comprendre beaucoup de choses Mais avec la méthode apprise ici. C'est certain qu'elles auront la possibilité d'apprendre un jour, elles aussi


Quand je leur raconte après les formations, elles me disent :"si seulement on était libre comme toi...... tu es seule, pas mariée. Nous si " Elles sont enchaînées. Elles ont envie de parler mais ne peuvent pas. Leur niveau d'instruction, la pauvreté, le mari, on peut dire qu'elles sont en prison. Ici vous nous avez fait travailler sur notre corps, vous avez modifié nos sensations les plus complexes. Nous connaissions l'égalité en tant que concept, aujourd'hui nous avons appris l'égalité par des exercices et par le théâtre forum Tout cela restera ancré en nous plus besoin des définitions théoriques Maintenant je connais l'égalité par la pratique, je comprends la domination par un exercice pratiqué ici, par une pièce de théâtre… J'ai appris des choses que je pourrai transmettre aux populations analphabètes avec lesquelles je travaille. Ces gens là ne comprendront pas l'égalité par les concepts mais y arriveront par la méthode acquise avec vous. Elles vont comprendre la domination par la pratique et les jeux. C'est plus accessible qu'un séminaire. Je lance un message aux personnes illettrées qui ont du mal à assimiler. C'est possible de faire des alliances qui donneront des résultats qu'on ne peut obtenir dans les universités. Ces formations sont un terreau fertile pour l'avenir. N'importe qui peut y avoir accès…

2. La FFIC en Tunisie Suivant notre planning de formations commencées il y a trois ans, nous avons lancé la formation en Tunisie en septembre 2015 en organisant la première session intitulée « Se rencontrer et se re-connaître » et, en décembre, la deuxième session intitulée « S’affirmer en public et se soutenir ». La formation a eu lieu au Centre culturel de Hammamet. Une vingtaine de jeunes femmes (19 à la première, 17 à la suivante, avec quelques changements) ont assisté aux deux premières sessions. Elles venaient de Tunis, Sfax, Sousse, Kasserine, Gafsa, Sidi Bouzid, Mednine, Ben Arous, Kelibia, Ariana, Thala et Paris (une jeune femme en service civique au bureau de Paris a été invitée à rejoindre la FFIC Tunisie car nous tenons à ce que les jeunes femmes que nous côtoyons profitent de cette occasion de formation même si cela se passe dans un autre contexte que le leur). Elles sont âgées de 20 (7 entre 20 et 25) à 34 ans ( 5 entre 30 et 34) et font partie des associations suivantes : AFTURD, Victoire de la femme rurale, Thala solidaire, Iraada pour le développement, Femmes pour la protection de la famille, Search for Common ground, Femmes, société et politique, Compétences féminines, Association tunisienne pour la protection de la nature, Doustourna, Conseil des jeunes de Mednine, Irtikaa, ATIDE, Ligue des Electrice Tunisiennes.


Ce qu’elles en disent … Salma « Ma rentrée universitaire, c’est après-demain, j’ai tout appris. La posture, comment m’asseoir, comment parler, comment dire oui, comment dire non, comment garder mon sang -froid, comment me mettre en colère, j’ai tout appris, c’est tout un travail sur ma personnalité que je découvre. » « D’habitude je suis très pessimiste concernant la situation de la femme en Tunisie parce qu’en fait les limites de la femme en Tunisie c’est à la fois l’homme et la femme, du coup les femmes qui essayent de lutter pour le droit des femmes sont minoritaires en Tunisie, et là, franchement après cette formation, je suis vraiment devenue optimiste… Parce qu’il n’ y a pas que les femmes tunisiennes qui se battent pour les femmes tunisiennes, y’a des femmes algériennes, il y a des femmes marocaines, il y a des femmes du monde entier et cette solidarité féminine me donne un souffle d’optimiste et de gaité pour l’avenir, pour mon avenir, et pour l’avenir de la femme tunisienne. » Abir «Ce projet ça me rend très enthousiaste. Je crois en moi. Je crois moi surtout pour faire quelque chose. Avant je ne croyais pas que je pouvais faire mon association, mais maintenant je le crois. Je crois que je peux le faire. J’ai suffisamment de courage pour prendre l’initiative et fonder quelques mouvements ou association ou quelque chose qui m’appartient. » La particularité de cette formation en Tunisie est qu’elle fut dispensée dans un climat d’insécurité et de stress : des attentats importants avaient eu lieu peu avant chaque session et le sentiment de toutes de l’urgence de s’investir dans le « ici et maintenant » de la construction de la démocratie, donnait une exigence d’efficacité à notre formation que nous n’avions pas rencontrée ailleurs.


3. Le suivi des formations Les formations féministes à l’intelligence collective ont pour but de renforcer le mouvement des femmes : il est donc très important que les jeunes femmes qui ont participé à ces formations, se sentent partie d’un tout localement et régionalement. Depuis que nous avons commencé les FFIC en 2013, nous avons systématiquement mis en place un suivi des formations à quatre niveaux : • L'information : nous envoyons très régulièrement à toutes les participantes

les informations que nous pensons intéressantes pour elles : parce qu'elles concernent leur pays, leur région ou parce qu'elles concernent les jeunes et plus spécifiquement les jeunes femmes. Il s'agit d'information sur les droits des femmes mais plus souvent des appels à projets lancés par des bailleurs internationaux, des invitations d'organisations de femmes, de jeunes ou d'institutions à participer à des rencontres régionales ou internationales, ou encore à des formations sur les droits humains.

• La mise en contact : que ce soit à leur demande ou à la demande de

bailleurs, de journalistes, d'autres organisations. Ainsi en 2015, les jeunes femmes de France interviewées par Charlotte Bienaimé pour France Culture comptent parmi elles des jeunes femmes venues à notre formation.

• La recommandation : le FFMed est intervenu à plusieurs reprises, pour

recommander des jeunes femmes d’Algérie, de France ou du Maroc ou de Tunisie pour un cursus de formation, pour un stage ou pour participer à une réunion régionale ou internationale.

• L'accompagnement : nous voyons l'accompagnement comme une autre

forme de formation. Il s’agit d’accompagner individuellement une jeune femme dans sa réflexion, l’écriture de son mémoire et le développement de ses projets. D’inviter des jeunes femmes à participer avec nous à des réunions locales de façon à ce qu'elles apprennent la dimension collective en étant épaulée par l'une d'entre nous. Enfin, de les aider à réfléchir à la forme d'organisation qu’elles souhaitent mettre en place.


II. Communication et Collecte de fonds Pour retenir l’attention, sensibiliser, convaincre qu‘il est crucial de soutenir la lutte des femmes pour leurs droits, il nous faut communiquer en employant différents supports comme produire des vidéos, des articles, organiser des événements, intervenir dans des conférences, participer à des rencontres. C’est un effort important et absolument nécessaire auquel participe toute l'équipe du Fonds dont les membres du Conseil d'Administration. En même temps, le défi est de porter une attention particulière à notre communication en gardant à l’esprit que c’est un moyen et non une fin- que nous devons veiller à ne pas nous y perdre. Cela implique de mettre constamment sur la balance l’investissement demandé en temps et en argent d’une part et les résultats de cette communication dans la construction de notre réseau de soutien et notre collecte de fonds.

1. Site web, lettre semestrielle et page facebook

Ø Le site web www.medwomensfund.org en trois langues (français, anglais, arabe) est régulièrement alimenté avec des informations concernant les activités du FFMed, les associations qu’il soutient et des informations sur les actions des femmes de la région. Le nombre de visiteurs du site continue à croître pour atteindre plus de 96000 lecteurs (+13% en 2015) indiquant une visibilité du Fonds de plus en plus grande (Voir l’analyse statistique des visites du site en annexe I).

Ø La lettre semestrielle paraît en en français et en anglais en version web et

version papier. On peut aussi télécharger l'intégralité de la lettre sur le site. En 2015, l'information sur la lettre n°11 a été envoyée en mars par mail à 968 personnes et associations en français et en anglais. La lettre d'informations a été téléchargée sur notre site 956 fois en français, ce qui correspond au nombre de mails envoyés pour informer personnes et associations de la publication de la lettre. Cependant par rapport à 2014, il n'y a pas de croissance des téléchargements de la lettre. Elle a été téléchargée 628 fois en anglais ce qui représente une croissance de 500% en anglais par rapport à 2014. L'information sur la lettre n°12 a été envoyée à 1167 personnes/associations en français et 661 en anglais. La lettre numéro 12 a été téléchargée à 564 fois en français (idem 2014) et 73 fois en anglais. Il est possible que la différence du nombre des téléchargements d’une lettre à l’autre soit due, en partie, au fait que c’est une lettre envoyée en août ou septembre, moment de reprise du monde social.

Ø La page facebook : nous avons 1919 fans sur notre page et nous atteignons

environ 5000 lecteurs par semaine dont une majorité de femmes et bénéficions de 300 engagements par semaine (soit des personnes partagent nos infos et ce que nous publions).

Ø Les rapports d'activités : point intéressant à signaler, alors que nous les

présentons dans notre site pour des raisons de transparence, ils sont téléchargés de façon assez importante (494 fois pour le rapport d'activités).


2. Constitution d’un fonds documentaire vidéo Le choix que nous avons fait, en 2013, d’engager une journaliste pour constituer notre fonds documentaire vidéo et photo, commence à porter ses fruits. Notre fonds de documentation vidéo est à présent important et d’une qualité qui va croissante. Toutes nos activités sont filmées en partie ou dans leur intégralité selon les développements que nous voulons leur donner. Lorsque cela est possible, à chaque fois que nous rencontrons une représentante d’une association que nous soutenons, un interview est réalisé. Pour nous, cette documentation systématique a trois fonctions :

Ø La première, la plus évidente : montrer au moyen de petits films de trois à dix minutes, ce que nous faisons, avec qui nous travaillons et ce que les personnes qui en sont bénéficiaires font avec notre aide et pensent de notre travail. Cela nous donne une petite évaluation -superficielle car nous ne nous faisons pas d’illusion sur le biais induit par l’interview fait par le bailleur- et surtout cela donne de la chair à ce que nous décrivons car il est difficile de rendre la profondeur des actions et sentiments humains par la seule description. Depuis que nous avons des petits films à montrer, le public auquel nous nous adressons comprend mieux notre action et y adhère beaucoup plus facilement.

Ø La deuxième fonction est de nous permettre d’améliorer et de réfléchir mieux

à notre propre travail. En visionnant nos activités, en réécoutant les interviews, nous pouvons mieux évaluer notre façon de faire, avoir de nouvelles idées sur les stratégies à mettre en place et, comme nous voulons modéliser nos formations, ce matériau nous aidera à repartir de l’action pour la théoriser.

Ø Enfin la troisième fonction de cette documentation est de constituer des

archives pour les chercheuses/cheurs en études et surtout le mouvement des femmes de la région (par exemple, les rencontres stratégiques sont entièrement filmées et redonnées aux associations de femmes concernées).

3. Participation à des réunions locales, régionales ou internationales

En 2015, les membres de l’équipe du Fonds pour les femmes en Méditerranée ont participé à 34 réunions organisées par des associations ou des réseaux de défense des droits des femmes et des droits humains en France ou dans le reste du monde (voir en annexe la liste détaillée). Notre fierté parmi celles-ci :

La Remise du Prix de l’excellence au féminin

et de la Médaille de la ville de Paris au Fonds pour Les Femmes en Méditerranée


La Mairie de Paris et le Forum France Algérie (structure qui œuvre à promouvoir les relations entre la France et l’Algérie) nous ont décerné la Médaille de Paris et le Prix d’excellence au Féminin. Ce prix récompense des femmes/organisations de femmes qui contribuent à travers leurs actions à rapprocher la France et l'Algérie. Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée a été distingué pour le soutien qu’il apporte depuis plusieurs années aux associations de femmes en France et en Algérie et pour son travail de renforcement des jeunes femmes sur les deux rives de la Méditerranée.

4. Organisation d’évènements

a) Les rencontres entre ami-e-s Afin de renforcer le filet solidaire qui entoure le Fonds pour les Femmes en Méditerranée et de permettre à ce que chacune, chacun puisse s'impliquer davantage, nous organisons régulièrement des rencontres auxquelles nous invitons celles et ceux que nous appelons « les ami-e-s du Fonds » (sympathisant-es, volontaires, donatrices/teurs, associations) pour présenter nos axes de travail, les formations et les réunions de réflexion stratégique et informer de l'évolution de la collecte de fonds. Nous avons tenu de telles rencontres en avril, à Paris, et en novembre, à Montpellier : elles sont l’occasion d’échange d’opinions et d’idées qui nourrissent la réflexion de l’équipe.

Ø La rencontre du 10 avril à Paris

La rencontre des ami-e-s du FFMed, a réuni, à Paris, 70 personnes: elle a demandé beaucoup d’investissement et de préparation car l’objectif était de mettre en lien des associations de la région parisienne et de les présenter à nos donateurs et bénévoles. Neuf associations sont donc venues présenter leurs projets sous forme trois tables rondes thématiques.

1- La première « Une autre façon de lutter contre les violences faites aux femmes » rassemblait les projets de 3 associations (Voix de femmes, Voix d’elles rebelles, Libre terres de femmes).

2- La deuxième réunissait les associations (Africa, Femmes relais de Gennevilliers) qui mènent des projets sur « Accès aux droits, autonomie, citoyenneté et laïcité » ;

3- La troisième table ronde regroupait des associations qui à travers leurs projets contribuent à tisser des liens entre les deux rives et entre associations de différents pays (Initiative Féministe Euro-méditerranéenne, Genre en action, Informelles).

Nous avions opté pour une soirée qui faisait ressortir notre plaisir à travailler ensemble. La présentation de nos activités enchainait humour, sérieux et émotions, particulièrement avec les témoignages directs ou filmés des jeunes femmes de France et du Maroc qui avaient suivi la formation féministe en Intelligence collective en 2015.


Ø La rencontre du 21 novembre à Montpellier

Beaucoup plus modeste, elle était organisée au lendemain de notre gala sous forme de brunch : l’idée étant de donner de plus amples informations de façon conviviale et très partagée. 35 personnes étaient présentes dont des donatrices, des associations partenaires et des jeunes femmes ayant participé à la formation en France.

b) Le Gala avec Souad Massi et Marianne Aya Omac A l’approche de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, nous avons organisé, le 20 novembre 2015, un grand gala de soutien aux femmes victimes de violences dont particulièrement les réfugiées. Nos deux marraines,Souad Massi et Marianne Aya Omac, chanteuses très engagées pour la cause des femmes et des droits humains en général, ont accepté de chanter gracieusement dans un concert intitulé « Elles font des vagues d’une rive à l’autre ».La recette était destinée à des associations dont la mission est l’aide aux femmes victimes de violence. Nous avons aussi bénéficié du soutien du Domaine d’Ô qui nous a prêté sa salle de 600 places et, afin d’augmenter encore la recette, nous avons organisé une tombola dont les prix, des billets d’avion, avaient été offerts par Air France.

c) Le concours photo et ses suites Ce concours photo a un triple intérêt : il permet de faire parler du Fonds pour les Femmes en Méditerranée dans des réseaux culturels et artistiques, que nous n’atteindrions pas sans cela ; il nous permet de disposer d’une belle iconographie, pour illustrer nos publications et nos évènements et enfin, de disposer d’une collection de photographies de plus en plus volumineuse sur le thème des femmes des femmes de la Méditerranée. Ces photos nous sont fréquemment demandées, au moment du 8 mars surtout, par des associations désireuses d’ouvrir des espaces autour d’une exposition pour sensibiliser le public sur la question des femmes. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, après mûre réflexion lors de l’année précédente, de continuer ce concours photo ouvert aux amatrices/teurs des bords de la Méditerranée, en gardant le même format, assez léger à gérer pour notre petite équipe.


Ø Le concours « Celles qui font des vagues » marrainé par l’actrice Nathalie Baye

105 photographes amatrices/amateurs nous ont fait parvenir près de 263 photos d’Albanie, Algérie, Bosnie, Chypre, Croatie, Egypte, Espagne, France, Israël, Italie, Liban, Maroc, Monténégro, Libye, Palestine, Portugal, Serbie, Slovénie, Tunisie, Turquie. 3 photos ont été choisies par le jury dont faisait partie Nathalie Baye, et une quatrième a reçu le prix spécial du FFMed car elle illustre à la fois les vagues et la lutte des femmes pour l’accès aux ressources.

Ø Les expositions de la galerie de photos

Cette année, il nous a été demandé de prêter notre exposition à deux reprises. Deux expositions ont eu lieu : • A Montpellier, au "Lieu Ressources" dans le quartier du Petit Bard à

Montpellier. Après le vernissage, le 3 mars 2015, l'exposition est restée tout le mois de mars.

• Au Cap d’Agde, à l’occasion du 8 Mars de la Caisse Mutuelle Complémentaire et d'Action Sociale du Personnel des Industries Electrique et Gazière- Languedoc.


III. Consolidation du Fonds pour les Femmes en Méditerranée

A. Consolidation des alliances

Depuis sa création le Fonds pour les Femmes en Méditerranée travaille en collaboration avec les autres bailleurs ayant des missions similaires ou proches pour assurer un soutien plus grand aux associations de femmes de la région.

1. Collaboration avec les autres fonds féministes

a) Le réseau International Network of Women’s Funds Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée fait partie du Réseau International des Fonds pour les femmes (INWF) qui regroupe 42 fonds du monde entier, tous ayant une mission similaire. Cette année, il a développé avec ce réseau et ses membres des collaborations à divers niveaux. Ø Collaboration par échange d’expérience, transmission d’outils et de savoir-faire Des réunions organisées par le réseau ou des membres du réseau ont lieu plusieurs fois dans l’année : c’est l’occasion de se former à de nouvelles méthodes d’évaluation par exemple, de réfléchir à de nouvelles stratégies de collecte de fonds, d’analyser la situation pour les femmes selon les régions. S’il n’a été possible, cette année, pour des raisons de disponibilités, d’avoir deux représentantes par réunion, nous avons eu la chance de recevoir tous les Fonds féministes européens : cela a permis à une grande partie de l’équipe du FFMed de les rencontrer et de suivre les débats.

• La directrice du FFMed a participé en juillet à la réunion des fonds féministes africains du réseau INWF (chapitre africain) à New-York en parallèle de la conférence d’IHRFG à laquelle toutes étaient invitées. Outre leur réunion interne dans laquelle les difficultés rencontrées par les fonds en Afrique face aux conditions de plus en plus alarmantes des femmes ont été analysées, les fonds africains ont présenté leur travail aux autres bailleurs venus à cette rencontre. Nous avons aussi fait une présentation nos activités devant un parterre choisi de bailleurs sensibles à la question des femmes, invités par la Fondation for a Just Society.

• En octobre, le FFMed a organisé la rencontre des fonds d’Europe (le chapitre européen de INWF) : 12 fonds féministes européens se sont réunis pendant trois jours en France et ont décidé de rassembler leurs informations et analyses sur les sujets cruciaux aujourd’hui en Europe comme l’arrivée des réfugié-es, la montée de la xénophobie et du racisme. L’autre point important pour les fonds est de continuer leur recherche collective de fonds auprès de l’Union Européenne.

• En octobre aussi, INWF, avec la Coalition Win Win, nous a facilité l’accès au Women’s Forum de Deauville en prenant en charge notre participation et en nous faisant intervenir dans une session sur les relations entre les fonds féministes et les entreprises.


Ø Collaboration financière Tous les ans, et cette année encore, le FFMed contracte avec d’autres fonds féministes des accords pour servir plus efficacement les associations de femmes.

• Urgent-Action Fund for Women’s Human Rights : Pour aider de façon plus rapide les défenseuses des droits des femmes de Syrie, Turquie ou Liban, dans les zones nécessitant des actions urgentes, UAF avait accordé au FFMed une subvention pour prendre en charge les groupes dont il aurait connaissance en 2014 et le reste de la subvention a été distribué en 2015.

• Calala Fondo de mujeres : Depuis 2011, la collaboration entre Calala, fonds basé en Espagne, et le FFMed qui a aussi l’Espagne dans sa zone d’action, est mise en place. Cette année, nous avons décidé de mettre en place un nouveau genre de collaboration,avec la mise en place d’un pot commun pour les groupes espagnols, alimenté par les deux fonds et géré par Calala.

• Frida- Fonds des jeunes féministes : une collaboration est engagée avec Frida pour transférer les financements à des groupes de la région se trouvant dans l’impossibilité de les recevoir par transfert.

b) Le réseau Women’s Funding Network

Une membre du Conseil d’administration et la directrice du Fonds pour les Femmes en Méditerranée ont été invitées par le Women’s Funding Network à participer et intervenir lors de sa rencontre annuelle organisée à San Francisco. Il n’est pas simple pour le FFMed de prendre une place de membre actif de ce réseau à cause,d’une part, de l’éloignement physique puisqu’il est basé aux Etats-Unis mais aussi, du peu de partage des préoccupations de la majorité des membres (80% de fonds pour les femmes américains). Là encore, il nous faut décider si nous pouvons faire un investissement en temps et argent pour un réseau auquel nous ne participons que de loin.

2. Collaboration avec les autres fondations pour les droits humains

Le Fonds pour les Femmes en Méditerranée fait aussi partie de plusieurs réseaux de bailleurs concernés par les droits humains ou la région méditerranéenne (Edge, Ariadne, Centre Français des Fondations, International Human Rights Funders Group..). Il a continué à développer ses relations avec les autres bailleurs en participant à différentes réunions réunissant des bailleurs soit européens, soit internationaux.

• La réunion organisée à Berlin par Ariadne en mai sur le thème « Rétrécissement des espaces pour la société civile ».

• La réunion organisée par International Human Rights Funders Group à New York en juillet sur le thème « The rights-based approach : the right approach ? » qui nous a permis de faire connaître les préoccupations actuelles des fonds féministes africains.


Les réunions organisées par les réseaux sont assez fréquentes et ont toutes beaucoup d’intérêt : nous y rencontrons des personnes expérimentées dans notre domaine et y trouvons l’occasion de réfléchir à des collaborations. Malheureusement, nous ne pouvons assurer une présence systématique aux rencontres car cela demande une grande disponibilité.

B. Consolidation de l’organisation

1. Les Ami-es du Fonds Pour mener toutes ses activités à bien, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée recueille de plus en plus d’appui au fil des ans et rassemble autour de lui de plus en plus de personnes qui veulent apporter leur contribution à son entreprise. Celles et ceux que nous appelons les Ami-es du Fonds, toujours plus nombreuses et nombreux, qui offrent leur savoir-faire, leur temps et leur énergie, mettent à disposition leurs maisons, leurs voitures, leur matériel, font des liens et permettent ainsi à l'équipe de décupler son action. Parmi elles/eux, les traductrices, artistes, consultant-e-s, formatrices, graphistes, logisticien et autres services d'appui qui non seulement font un très beau travail mais en offrent souvent généreusement au moins une partie- si ce n’est le tout (voir,p 38, le tableau des contributions volontaires en nature). Nous pouvons particulièrement évaluer l’immense apport qu’est leur engagement auprès du FFMed dans des occasions comme le Gala, le concours photo, les formations…C’est, sans doute, cet apport qui nous permet de réaliser un saut qualitatif et quantitatif dans le développement du FFMed.

L’apport fait au FFMed en bénévolat et en aide matérielle

est d’une valeur financière d’environ 50 000€

2. Consolidation de l’équipe

Sous le terme équipe, nous regroupons, au sens large, les salariées et les membres du Conseil d’administration (dont le Bureau) du Fonds pour les Femmes en Méditerranée. Car l’équipe salariée reçoit un appui considérable des membres du Bureau et du Conseil d'Administration qui consacrent beaucoup de leur temps au développement du FFMed, pour des tâches concernant le fonctionnement (suivi des dons, site web, base de données, page Facebook…), la stratégie et surtout le rayonnement du Fonds. Grâce à elles, le FFMed commence à avoir une certaine audience dans les sphères publiques et politiques, en France surtout. Le Conseil d’administration, formé de Marta Giral, Nadia Aïssaoui, Christine


Buttin, Souad Belhaddad, Fawzia Baba-Aïssa, Chantal Hémard et Axelle Maldidier, a accueilli en son sein Alya Cherif Chammari. Toutes les membres du Conseil sont des femmes venues d’horizons divers et complémentaires, à la fois très engagées et de grande expérience. L’équipe de salariées a, quant à elle, compté en moyenne 4 personnes, (parfois 5, et parfois 3 selon les débuts et fins de contrats) toutes payées pour un temps partiel plus ou moins important et travaillant beaucoup plus du fait de leur engagement féministe. Deux personnes seulement, la Directrice et la Chargée du fonds documentaire, ont un contrat solide, les autres sont en contrats aidés par l'Etat, ou consultantes. Cependant, de plus en plus de jeunes femmes veulent travailler avec nous et l’équipe s’est trouvée renforcée grâce à la venue de jeunes femmes, stagiaires ou en service civique. Ce rajeunissement de l’équipe est une réussite pour le FFMed qui insiste tant sur la formation de la relève, d’autant que l’apport de ces jeunes femmes est de très grande qualité et nous permet à la fois de transmettre et rajeunir notre façon de faire.

3. Consolidation de la structure

a) Augmentation du budget Cette année 2015, notre budget a augmenté d’environ 80 000€ par rapport à l’année 2014. Une grande partie de ce montant était destinée aux Formations féministes en intelligence collective, une autre à une partie des salaires pris en charge par l’Etat et une autre, plus petite- remboursée par les recettes- à l’organisation du Gala. Mais les contributions financières destinées à consolider l’équipe et à permettre à sa créativité et à sa réactivité de prendre toute leur ampleur, en l’agrandissant et en augmentant les salaires, nos ressources restent encore très insuffisantes. Si l’on se penche sur les coûts de fonctionnement du Fonds pour les Femmes en Méditerranée, -importants par rapport à d’autres pays car les coûts de personnel en France incluent toutes les charges sociales et de protection des travailleurs-, les salaires reçus sont loin de rétribuer la valeur et le temps de travail accompli et sont, pour la majorité d’entre eux, des salaires aidés par l’Etat, donc précaires. De même, les loyers des deux bureaux du FFMed sont sans doute ce qui peut se trouver de moins cher dans les deux villes où ils se situent, Montpellier et Paris car nous partageons les locaux avec d’autres associations…ce qui implique de manquer d’espace pour travailler sereinement. Ainsi le Fonds pour les femmes en Méditerranée a des couts de fonctionnement très bas, sans commune mesure avec le travail qu’il accomplit- ce qui rend ironiquement sa condition similaire à celle des associations qu’il soutient !

b) Suivi et évaluation de notre travail Inspirées par un appel à projet venant de notre réseau de fonds féministes pour recevoir une assistance technique en suivi et évaluation, nous avons demandé l’aide


du réseau pour mettre en place notre propre réflexion sur le suivi et l’évaluation de notre travail après 8 ans d’existence. Deux consultants, une femme et un homme, l’une venant du monde des fonds pour les femmes et l’autre du monde de l’évaluation et du développement, ont été engagés en août pour nous aider à analyser nos programmes, nos méthodes, nos relations internes et avec nos partenaires qu’elles/ils soient des associations, des jeunes femmes formées, des donateurs, des Ami-es du Fonds. Ce travail d’analyse, grâce aux nombreuses discussions et réflexions qu’il suscite, permet d’homogénéiser la compréhension de la vision et de la mission du FFMed au sein de l’équipe. Il oblige aussi chacune à s’interroger sur son propre travail et prépare ainsi le futur plan stratégique. La prestation des deux consultants en évaluation, jointe à la prestation annuelle de vérification de nos comptes et de nos procédures par des Commissaires aux comptes ont été décidées, dans l’un et l’autre cas par le FFmed sans qu’il ne soit soumis à aucune obligation. Cela nous permet de donner des gages de rigueur et de transparence à nos partenaires, d’améliorer notre savoir-faire et d’élargir notre vision stratégique. En conclusion Notre défi, pour l’année à venir, est d’augmenter de façon significative notre budget, de façon à pouvoir augmenter le programme de subvention substantiellement mais aussi agrandir et consolider notre équipe de salariées. C’est aussi de nous servir des résultats de la consultation de nos évaluatrice/teur (à partir d’avril 2016) afin de penser un système de suivi et évaluation adaptés à notre mission et notre activité et de définir notre nouveau plan stratégique. Mais surtout,

au nom du Fonds pour les Femmes en Méditerranée

et des associations qu'il soutient,

nous remercions chaleureusement tou-te-s nos Ami-e-s dévoué-es et solidaires,

tou-te-s les Donatrices et Donateurs, fidèles et convaincu-es, et tous les Bailleurs qui nous accompagnent,

pour leur confiance, leur générosité et leur engagement.

r


Fonda&ons interna&onales pour les droits

humains 35%

Fonds pour les femmes 26%

Fonda&ons privées et d'entreprise françaises

15%

Collec&vités locales 1%

Aide de l'État pour l'emploi &

autres 4%

Revenus créances <1%

Contribu&ons volontaires en

nature 9%

Donateurs individuels

8%

Co&sa&ons <1% Billeterie gala 2%

Soutien reçu en 2015 par type de ressources dont contributions volontaires en nature

Soutien financier aux associations

40%

Rencontres de réflexion

stratégique 6%

Formations féministes en intelligence collective

12%

Communication 9%

Collecte de fonds 16%

Évaluation 1%

Fonds dédiés sur dons - 2016

4%

Frais de fonctionnement

12%

Répartition du budget 2015 par poste de dépense


Annexes


ANNEXE I


ANNEXE II


Documents

RAPPORT d’ACTIVITES et financier 2015 résumé · En 2015, l'information sur la lettre n°11 a été envoyée en mars par mail à 968 personnes et associations en français et en