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DUTHEIL Déborah
Dans le cadre de la Licence Professionnelle :
Accompagnement des publics spécifiques en langue des signes française
Sous la tutelle de Madame Sophie Deschard,
Directrice Territoriale Adjointe de l’OFII de Marseille
RAPPORT DE STAGE
Accompagnement social des publics spécifiques au sein de l’OFII de Marseille
Du 18 mars 2019 au 17 mai 2019
OFII Marseille, 61 Boulevard Rabatau
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Remerciements
Je remercie tout d’abord Madame Lesauvage pour m’avoir donné la chance d’intégrer ses équipes,
malgré mon profil quelque peu atypique.
Merci également à Madame Deschard pour sa bienveillance tout au long de ce stage à l’OFII et les
échanges enrichissants que nous avons partagés.
Merci à Madame Pusterla pour sa confiance dans les missions qui m’ont été confiées et son soutien
quotidien.
Je souhaite également remercier Madame Casanova, pour m’avoir accueillie chaleureusement à
l’EPFF et pour le temps qu’elle m’a consacré.
Je remercie vivement l’ensemble de mes collègues de l’OFII pour leur accueil chaleureux et
bienveillant, et tout particulièrement mes collègues du Pôle Audit, au sein duquel j’ai pu me sentir
rapidement intégrée et à l’aise dans mes missions.
Merci pour vos précieux conseils, votre temps et les valeurs professionnelles et humaines que vous
m’avez transmises, sans condition aucune.
Je souhaite remercier également du fond du cœur l’ensemble de l’équipe pédagogique de la Licence
Professionnelle Langue des Signes et Culture Sourde, sans qui ce stage n’aurait pas été possible et
auprès de qui j’ai reçu des enseignements d’une valeur inestimable.
En acceptant ce stage à l’OFII, vous m’avez autorisée à sortir des sentiers battus, avec confiance et
encouragement, ce qui a une valeur toute particulière pour moi et dans mon projet professionnel
que je reconstruis avec passion et engagement depuis plus d’un an maintenant.
Enfin, je souhaite ici faire un petit clin d’œil à mon amie, Fanny Guillermin, Conseillère en insertion
professionnelle à la Mission Locale de Marseille, qui m’a permis de découvrir l’OFII et m a encouragé
à candidater comme stagiaire dans la structure.
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Table des matières
Remerciements ....................................................................................................................................... 2
I. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 4
II. Présentation de l’OFII ...................................................................................................................... 5
III Présentation de mes missions ...................................................................................................... 10
IV Liens avec la Licence Professionnelle LSF .................................................................................. 21
V Conclusion ..................................................................................................................................... 24
VI ANNEXES ........................................................................................................................................ 26
VII Sources ............................................................................................................................................. 29
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I. INTRODUCTION
Mon intégration à l’OFII en tant que stagiaire est un peu le fruit d’un malentendu, c’est vrai, pourtant,
ce stage me parait aujourd’hui tout à fait cohérent avec mon parcours, mes ambitions et le contenu
des cours de la Licence Professionnelle.
J’ai découvert l’OFII par le biais d’une amie, qui est Conseillère en insertion professionnelle à la Mission
Locale de Marseille, et qui dans le cadre du partenariat existant entre la Mission Locale et l’OFII, a fait
une demi-journée d’immersion au sein des locaux de l’OFII de Marseille. Elle y a alors rencontré une
collègue qui connait la langue des signes et qui reçoit des Sourds et Malentendants dès que nécessaire.
Lorsqu’elle m’a fait part de cette information, j’ai naturellement pensé que ce serait une parfaite
structure d’accueil pour mon stage. Pourtant, lorsque j’ai rencontré Madame Lesauvage, Directrice
Territoriale de Marseille, pour mon entretien, j’ai compris que les Sourds n’étaient pas si nombreux à
se présenter à l’OFII. Madame Lesauvage a été très claire avec moi : je n’allais pas signer
quotidiennement. Cependant, elle et moi avons tout de même vu des intérêts certains à mon
intégration à la structure. S’il ne s’agit pas de Sourds, le public migrant a lui aussi ses spécificités, qui
demandent aux agents de l’OFII d’avoir des compétences qui m’ont été transmises lors de ma
formation universitaire, à savoir : l’adaptabilité, l’écoute, la médiation sociale et linguistique, mais
aussi la déontologie.
C’est pourquoi, après avoir obtenu l’accord de ma responsable pédagogique, Madame Mélanie Hamm,
j’ai accepté de faire mes deux mois de stage au sein de cette structure. De plus, j’ai fait ce choix en
prenant en compte mon parcours et le sens de ma démarche en tant que traductrice de métier en
reconversion professionnelle : à la recherche de perspectives professionnelles aussi proches de
l’humain que du plurilinguisme, mes compétences linguistiques m’allaient être utiles, et j’allais même
en acquérir de nouvelles. J’allais de plus pouvoir découvrir le milieu professionnel du social et observer
les méthodes de communication et pédagogiques mises en place au sein de la structure et de ses
partenaires.
C’était pour moi une opportunité que je n’aurais jamais eue en-dehors de ce parcours universitaire
atypique.
Grâce à cette expérience, j’allais pouvoir découvrir le processus d’intégration sociale des migrants
primo-arrivants et répondre aux questions suivantes : Comment l’Etat français accueille-t-il les
étrangers souhaitant s’installer durablement sur le territoire ? Quels sont les éléments clés de leur
intégration sociale ?
Voilà un sujet intéressant, que j’allais pouvoir comparer avec l’intégration des Sourds dans notre
société. Comme nous le verrons, la langue s’avère être un dénominateur commun très important pour
ces deux publics.
Enfin, un autre sujet qui m’intéresse particulièrement allait pouvoir être étudié : que se passe-t-il pour
les migrants Sourds ?
Dans ce rapport de stage, nous allons d’abord faire une présentation de l’OFII : son histoire, son
organisation, puis nous verrons quelles ont été mes missions au sein de la structure.
Enfin, nous ferons un parallèle entre mon travail à l’OFII et la formation que j’ai reçue en intégrant la
Licence Professionnelle en langue des signes française avant de conclure et d’ouvrir notre analyse au
public Sourd étranger.
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II. Présentation de l’OFII
L’OFII est l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration.
Nous allons voir dans cette première partie quelle est son histoire, son organisation, ainsi que les
différents services qui le composent et leurs activités.
a) Histoire de l’OFII
L’histoire de l’OFII remonte à la création de l’Office National d’Immigration (ONI) en 1945, dans un
contexte d’après-guerre, où la France recrute des travailleurs étrangers.
L’ONI est alors une structure administrative, qui dépend du Ministère du Travail.
Depuis cette date, et jusqu’à 2009, la structure va, à plusieurs reprises, évoluer conformément à
l’évolution de la politique de l’immigration de notre pays et aux flux migratoires.
Ainsi, en 1988, l’ONI devient l’OMI : Office des Migrations Internationales.
Plus tard, en 2005, l’Agence Nationale d’Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM) est créée et
est le résultat d’une fusion avec le SSAE (Service Social d’Aide aux Emigrants).
Enfin, c’est en 2009 que l’OFII est créée, en résultat d’une nouvelle fusion avec une partie de l’ACSE
(Agence nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des chances).
L’OFII est aujourd’hui l’unique structure d’Etat gérant l’immigration en France, il dépend du Ministère
de l’Intérieur.
L’OFII compte plus de 900 agents, déployés entre le siège parisien et les 50 directions territoriales.
La structure est également présente dans 8 pays à l’étranger : le Maroc, la Tunisie, le Mali, le Sénégal,
la Roumanie, le Cameroun, la Turquie et l’Arménie.
b) Organisation de l’OFII
Avant toute chose, et pour mieux comprendre le rôle de l’OFII et le public visé, voici trois précisions
importantes :
→L’OFII dépend du Ministère de l’Intérieur, et n’est pas une structure décisionnaire. Elle reçoit les
publics qui lui sont orientés directement par les Préfectures, les Consulats ou la DIRECCTE.
→Sont concernés par l’OFII les étrangers ressortissants des pays hors Union Européenne (UE), hors
Espace Economique Européen (EEE = UE + Norvège, Islande et Liechtenstein) et hors Suisse.
→La Direction Territoriale de Marseille gère les publics présents dans 5 départements différents : les
Alpes de Haute-Provence, les Hautes Alpes, les Bouches du Rhône, le Var et le Vaucluse.
L’OFII est composé de plusieurs pôles, au sein desquels sont gérées différentes procédures émanant
du droit des étrangers en France.
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Les pôles principaux sont le Pôle Immigration et Intégration, le Pôle Asile et le Pôle d’Aide au retour.
Dans cette partie, nous allons décrire les activités de ces pôles.
• LE POLE IMMIGRATION-INTEGRATION
Différentes procédures sont gérées par le Pôle Immigration et Intégration de l’OFII.
L’immigration professionnelle : carte de séjour « salarié » ou « travailleur temporaire »
L’OFII accompagne les entreprises dans l’introduction de travailleurs étrangers au sein de leurs
structures.
En 2017, 27 700 titres de séjours ont été délivrés pour immigration professionnelle.
Avant d’embaucher un salarié étranger, l’entreprise doit d’abord démontrer qu’elle n’a pas trouvé sur
le marché du travail français la personne compétente au poste désigné.
Les publics visés par cette procédure sont de jeunes professionnels et des salariés étrangers en CDI ou
en CDD, qui, par les biais de l’OFII, de la DIRECCTE (Directions Régionales des Entreprises, de la
Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi), et du Consulat (décision du Préfet),
peuvent obtenir dans un premier temps un Titre de Séjour Temporaire (TST).
A noter également :
Les carte de séjour temporaire (CST1) « stagiaire » permettent aux ressortissants étrangers de
séjourner plus de 3 mois sur le territoire français afin de suivre une formation professionnelle ou un
stage en entreprise ou dans une structure publique.
Les cartes de séjour temporaire « étudiant-élève » permettent aux ressortissants étrangers qui
présentent une inscription dans un établissement d’enseignement supérieur reconnu par l’Etat et qui
justifient de moyens d’existence suffisants de séjourner sur le territoire français le temps de leurs
études.
L’immigration familiale : carte de séjour temporaire « vie privée et familiale »
L’OFII accompagne les ressortissants étrangers installés en France souhaitant faire venir leur
famille sur le territoire (conjoint(e) et enfants mineurs).
Pour que la demande de regroupement familiale (RF) soit acceptée, la situation du demandeur doit
être conforme à certains critères de régularité de séjour, de logement et de ressources définis.
Ces critères sont contrôlés soit par la Mairie de la ville dans laquelle est installé le demandeur, soit par
des enquêteurs de l’OFII.
Après la vérification de la complétude du dossier, l’OFII transmet ce dernier à la Préfecture, puis, c’est
en fin de parcours le Consulat qui délivre le Visa Long Séjour au(x) membre(s) de la famille du
demandeur concerné(s).
1 Pour toute abréviation, se référer à l’Annexe page 23
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De même, l’OFII accompagne les conjoints de Français dans leur procédure d’immigration.
Pour faire une demande de Carte de Séjour Temporaire mention « vie privée et familiale » conjoint de
français, le mariage entre les époux doit avoir été célébré en France, ou transcrit à l’état-civil français
et le conjoint étranger doit être entré sur le territoire français avec un visa de long séjour (délivré par
le Consulat de France dans le pays d’origine).
ELEMENT CLE DU PARCOURS D’INTEGRATION DES DEMANDEURS : LE CIR
Tout ressortissant étranger primo-arrivant hors UE et admis pour la première fois au séjour temporaire
souhaitant s’installer durablement en France est convoqué par l’OFII afin de signer un CIR (Contrat
d’Intégration Républicaine).
A noter tout d’abord que le CIR ne concerne que les étrangers souhaitant s’installer durablement,
certains titres de séjour ne sont donc pas soumis à la signature du contrat comme les titres « visiteur »,
« stagiaire », ou « travailleur temporaire ».
Quel est le parcours d’intégration type suivi par les signataires du CIR ?
• A son arrivée en France, et après sa présentation à la Préfecture de son lieu de résidence, le
signataire est convoqué par l’OFII.
• En se rendant à son rendez-vous OFII, le signataire participe à une plateforme d’accueil (PFA)
collective (une trentaine de personnes sont convoquées par plateforme). Durant cette
information collective, un auditeur de l’OFII présente la structure et le déroulement de la demi-
journée.
• Chaque signataire est ensuite reçu en entretien individuel avec un auditeur.
• L’auditeur prescrit une formation linguistique FLE (Français Langue Etrangère) quand
nécessaire (niveau A1 requis) et une formation civique obligatoire à chaque signataire.
• Après un an de séjour et le respect du contrat démontré à la Préfecture par des attestations
délivrées par les organismes de formation, le signataire peut demander une carte de séjour
pluriannuelle et poursuivre son parcours (pour une demande de carte de résident, un niveau
A2 de français est requis, pour une demande de nationalité française, un niveau B1 de français
est requis).
Nous verrons plus tard quels sont les tenants et aboutissants de ce CIR, et comment cet engagement
et les formations qu’il comporte visent à favoriser l’intégration sociale des signataires grâce aux
différents intervenants (agents OFII, formateurs linguistiques et formateurs civiques, agents des
services de droit commun partenaires de l’OFII).
On comprend de plus d’ores et déjà que la langue fait partie intégrante de ce parcours d’intégration
et nous verrons plus en détails dans la deuxième partie de ce rapport quelle est sa place.
Des dispenses sont prévues, quant à la signature du CIR et la formation, pour certains publics :
Dispense de signature du CIR si :
• Etudes supérieures en France pendant au moins un an (une année en cours n’est pas valable)
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• Scolarité effectuée dans un établissement d’enseignement secondaire français à l’étranger
pendant au moins 3 ans
• Scolarité effectuée dans un établissement secondaire français en France pendant au moins 3
ans
• Demandeur âgé de 16 à 18 ans, né et résidant en France et remplissant les conditions pour
obtenir la nationalité française ou pour bénéficier de la carte de résident.
Demande de dispense de formation si :
• Personnes âgées, handicapées, gravement malades sur présentation d’un justificatif
• Titulaire d’un diplôme linguistique de niveau A1.
• LE POLE ASILE
L’OFII se charge de l’accueil et de l’accompagnement des demandeurs d’asile et des réfugiés.
Les bénéficiaires de la protection internationale sont :
➔ Les réfugiés séjournant sous le droit d’asile conventionnel (convention de Genève) ou
constitutionnel (Constitution de 1946).
Ce sont des personnes qui fuient leur pays pour des raisons politiques par exemple.
➔ Les réfugiés bénéficiaires de la protection subsidiaire (exposés à des risques entravant leur vie
dans leur pays). Ce sont des personnes qui généralement fuient leur pays pour des raisons plus
personnelles, comme par exemple suite à des discriminations homosexuelles.
➔ Les apatrides
Les apatrides sont des personnes qu’aucun pays ne considère comme leurs ressortissants.
Selon la procédure dite « Dublin » et afin de lutter contre les flux secondaires et « l’asylum shopping »,
un seul Etat membre de l’UE doit être responsable de l’examen de la demande d’asile. Cet Etat membre
doit être le pays par lequel le demandeur est entré dans l’UE.
C’est par une « plateforme » que le demandeur fait une première demande de rendez-vous avec le
GUDA (Guichet Unique de Demandeur d’Asile) qui se trouve en préfecture.
Des agents de l’OFII sont présents quotidiennement au GUDA.
Lors de son rendez-vous au GUDA, le demandeur remplit le « cahier » de demandeur d’asile, qui est
destiné à l’OFPRA pour examen.
L’OFPRA est l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides. Il s’agit d’un établissement public
doté d’une indépendance fonctionnelle, chargé de l’application des textes relatifs à la reconnaissance
de réfugié, d’apatride et à l’admission à la protection subsidiaire.
Lorsque l’OFPRA reçoit le dossier du demandeur d’asile, un jury se réunit et analyse le dossier avant
de rendre sa décision.
Lorsque la demande a été enregistrée, le demandeur reçoit un récépissé attestant que la demande est
en cours. Avec ce récépissé, le demandeur peut se rendre dans les organismes de droit commun pour
entamer des démarches administratives. Il peut également commencer son parcours d’intégration à
l’OFII.
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A la suite d’une décision négative, le demandeur a la possibilité de faire un recours à la CNDA (Cours
Nationale du Droit d’Asile), ou de bénéficier d’une aide au retour dans son pays d’origine.
Les demandeurs d’asile ont droit à une place d’hébergement en CADA (Centre d’Accueil de Demandeur
d’Asile, dans la limite des places disponibles), à une allocation pour demandeur d’asile versée par l’OFII
et à une aide médicale de l’Etat (l’AME).
• LE POLE AIDE AU RETOUR
Nous venons de le voir, lorsque le demandeur d’asile répond aux conditions de sa catégorie, il reçoit
un récépissé de demande de titre de séjour et est convoqué à l’OFII.
En revanche, lorsque la demande est refusée par l’OFPRA, le pôle Aide au Retour de l’OFII accompagne
les demandeurs pour un retour dans leur pays, volontaire ou contraint.
Les règles applicables en matière d’éloignement des ressortissants étrangers sont issues du droit
national.
Dans le cadre d’un retour volontaire, l’OFII déploie différentes aides :
➔ Aides matérielles (prise en charge des frais de voyage, prise en charge des bagages, aide
administrative).
➔ Aides financières
Au-delà des aides au retour, l’OFII déploie également des aides à la réinsertion dans le pays
d’origine du demandeur d’asile : aides à la réinsertion sociale, aides à la réinsertion
professionnelle, aides à la réinsertion par la création d’entreprise.
L’OFII est de plus en charge d’une mission d’accompagnement social et de préparation au départ des
retenus placés en CRA (Centre de Rétention Administrative). Ces retenus sont des personnes non
régularisées et ayant été contrôlées en lieux publics, ou à domicile alors qu’une mesure d’éloignement
leur avait été assignée (OQTF, Obligation de Quitter le Territoire Français, ou expulsion par exemple).
Ainsi, nous avons pu voir que l’OFII accompagne un public spécifique et gère des situations très variées.
Il est nécessaire bien sûr de connaitre le droit des étrangers et les différentes procédures de
régularisation afin d’accompagner ce public au mieux. Même si j’ai acquis de nombreuses
connaissances à ce sujet, ce n’est pas cet axe que j’ai choisi de développer dans le cadre de mon stage.
Alors, quelles ont été mes missions au sein de la structure ? Quelles sont les observations et analyses
que j’ai pu en tirer ?
C’est ce que nous allons voir dans la suite de ce rapport.
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III Présentation de mes missions
Mes deux premiers jours au sein de l’OFII ont consisté à être présente sur l’ensemble des pôles,
les uns après les autres, en tant qu’observatrice.
Ainsi, j’ai passé ma première demi-journée auprès de mon collègue chargé d’accueil afin d’avoir un
premier contact avec les publics et de découvrir leurs besoins. J’ai de cette manière commencé à me
familiariser avec les différentes procédures que nous avons vues dans la première partie de ce rapport.
L’après-midi, j’ai pu assister à la PFA (plateforme d’accueil) et ensuite aux entretiens individuels avec
mes collègues qui sont auditeurs au pôle Immigration-Intégration.
Puis, le jour suivant, j’ai pu intégrer les pôles Asile et Aide au retour afin d’échanger avec mes collègues
sur leur travail au quotidien et les différentes procédures propres à ces deux pôles.
Comme il avait été décidé avec Madame Deschard, j’allais dans le cadre de ce stage intégrer le pôle
Immigration-Intégration et intervenir sur trois missions principales : la coordination des publics reçus
en PFA, la médiation linguistique et sociale en entretiens individuels et certaines gestions
administratives dans le service.
Avant de détailler le déroulement de ces missions, il convient de décrire le déroulement de la PFA, car
c’est autour de cette étape de l’intégration des publics que mes travaux se sont articulés.
Au sein de la Direction Territoriale (DT) de Marseille, il y a deux PFA par jour, une le matin et une
l’après-midi, à l’exception de deux jours par semaine pour lesquels une seule PFA est prévue, le matin,
afin de réserver des plages administratives aux auditeurs les après-midis.
Il y a environ trente personnes de convoquées pour chaque PFA, ce qui veut dire que l’OFII peut
recevoir jusqu’à soixante personnes par jour dans le cadre de la PFA.
Il y a bien sûr également un large public qui se rend à l’OFII hors PFA, soit à l’accueil général afin
d’obtenir des renseignements, soit à l’Asile et à l’Aide au retour pour un rendez-vous avec les agents
qui travaillent dans ces deux pôles.
C’est dans le cadre de la signature du CIR (Contrat d’Intégration Républicaine, que nous avons défini
en page 7), que le public est convoqué à la PFA.
Il peut s’agir de personnes ayant entamé une procédure de regroupement familiale, de travailleurs
étrangers ou de réfugiés.
Les visiteurs, étudiants et étrangers malades sont dispensés de la signature du CIR.
En effet, l’objectif du CIR est d’engager les publics dans leur intégration sociale, grâce à des cours de
français et à une formation civique, dans le cadre de leur installation durable sur le territoire français
et à terme pour le renouvellement de leur titre de séjour temporaire.
Avec le CIR, le public peut accéder à un titre de séjour pluriannuel, puis à une carte de résident et enfin
à une demande de naturalisation.
La PFA dure environ une trentaine de minutes, et elle comprend une présentation de l’OFII et du CIR
réalisée par l’un des auditeurs puis un test écrit de français d’une vingtaine de minutes dirigé par un
formateur de FLE (Français Langue Etrangère), prestataire de l’OFII.
La majorité du public reçu en PFA étant arabophone, un interprète arabe est toujours présent en PFA.
Il intervient également lors des entretiens individuels quand cela est nécessaire.
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LE TEST DE FRANÇAIS
Le test de français comprend deux parties distinctes : une partie écrite et une partie orale.
• Test de français écrit
Il dure vingt minutes et est donc dirigé par l’un des formateurs de Français Langue Etrangère (FLE)
prestataire de l’OFII. En effet, l’OFII travaille avec plusieurs centres de formation présents dans la
région.
Le formateur distribue les tests au public, en explique le contenu et les consignes puis accompagne le
public dans la réalisation de ce test quand nécessaire.
Grâce à ce test, nous pouvons distinguer les différentes typologies de publics :
→Analphabétisme : situation d’une personne non scolarisée ou peu scolarisée dans son pays d’origine.
On parle alors de « non scripteur, non lecteur ».
→FLE : situation d’une personne qui apprend le français comme langue étrangère.
→Illettrisme : francophone, scolarisé en France mais non lecteur, non scripteur.
→Remise à niveau : francophone lecteur, scripteur, maîtrisant les savoirs de base mais devant les
réactiver ou les actualiser.
Il existe six niveaux de langue définis par l’Europe dans le CECRL (Cadre Européen Commun de
Référence pour les Langues) : A1, A2, B1, B2, C1 et C2.
Les formations gratuites proposées par l’OFII pour une insertion sociale et/ou professionnelle
préparent aux niveaux A1, A2 et B1.
Dans le cadre du CIR, c’est le niveau A1 qui est requis.
Le test écrit pour le niveau A1 comprend une partie compréhension écrite (25 points) et une partie
production écrite (25 points), pour un total de 50 points et dont voici des exemples d’exercices :
12
Source : Livret de tests créés par les organismes de formation FLE prestataires de l’OFII. Il existe une
dizaine de livrets différents.
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• Test de français oral :
Après avoir passé le test de français écrit, le signataire est reçu en entretien individuel avec un auditeur
social qui évalue son niveau de français oral grâce à des questions sur sa situation personnelle et
administrative.
En effet, l’entretien individuel suit une trame de questions auxquelles répond le signataire et que
l’auditeur évalue sur une échelle de trois niveaux : 0 (le signataire n’a pas compris la question), 0,5 (le
signataire semble avoir compris mais a du mal à y répondre en français) et 1 (le signataire a compris la
question et a pu y répondre sans grande difficulté).
Le total des questions donne un résultat sur 50 points, qui viennent compléter les 50 points du test
écrit afin d’obtenir une note sur 100 points.
En fonction du résultat final, écrit et oral combinés, l’auditeur prescrit un nombre d’heures de
formation lui permettant d’atteindre le niveau A1 requis.
Il n’est pas tâche aisé que d’évaluer le niveau de français oral d’un signataire pour les auditeurs.
D’abord parce que ce ne sont pas des linguistiques, et ensuite parce que l’échelle d’évaluation est
réduite à trois niveaux comme vu ci-dessus (0, 0,5 et 1). La barrière entre deux niveaux est parfois très
fine, pourtant l’enjeu est tout de même important puisque c’est à partir de cette évaluation que sera
déterminée la durée de la formation linguistique.
C’est pourquoi, après avoir tiré cette analyse, j’ai pu échanger avec mes collègues ainsi qu’avec
Madame Deschard pour lui faire part d’une réflexion : peut-être serait-il intéressant de créer une réelle
collaboration entre les formateurs FL (Formation Linguistique) présents en PFA et les
auditeurs pendant les entretiens individuels ?
Il me semble que l’expertise d’un formateur linguistique est souvent nécessaire afin de pouvoir
attribuer la note la plus juste aux signataires.
De plus, les formateurs sont là toute la demi-journée, mais une fois que les tests écrits sont corrigés,
ils patientent pour inscrire les signataires orientés en FL par les auditeurs dans leur tableau.
Intervenir dans les entretiens des signataires ayant eu une faible note au test de français écrit pourrait
donc leur permettre d’avoir une présence plus active durant ces demi-journées et de créer un réel
premier contact avec les futurs stagiaires de la formation linguistique.
Le parcours CIR comprend 4 types de parcours linguistiques :
• 600 heures de formation, pour les publics non lecteurs, non scripteurs dans leur langue
maternelle ou non communicant.
• 400 heures de formation, pour les publics non scolarisés, non lecteurs, non scripteurs dans
leur langue maternelle et ayant des compétences à l’oral proche du niveau A1.
En effet, il convient ici de noter que certains signataires savent se débrouiller à l’oral mais ne
savent pas écrire en français.
• 200 heures de formation, pour les publics scolarisés de façon significative dans leur langue
maternelle et dont les compétences à l’écrit et à l’oral restent à consolider.
• 100 heures de formation, pour les publics scolarisés de façon significative dans leur langue
maternelle, communicant à l’oral, dont les compétences à l’écrit restent à généraliser.
En dehors du CIR, il existe également deux parcours complémentaires et facultatifs :
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• 100 heures de formation, pour les personnes ayant le niveau A1 et souhaitant acquérir le
niveau A2.
• 50 heures de formation, pour les personnes ayant le niveau A2 et souhaitant acquérir le niveau
B1 oral.
Le CIR engage également le signataire dans une formation civique qui elle est obligatoire. Des
interprètes sont prévus sur place pour les signataires non francophones.
La formation dure 4 jours et comprend des cours sur l’histoire de la France, les valeurs de la République
et le fonctionnement des organismes de droit commun notamment. Elle est dispensée par des
organismes de formation prestataires de l’OFII.
Maintenant que nous avons compris en quoi consiste le CIR, nous pouvons découvrir quelles ont été
mes missions au sein du pôle Immigration et Intégration.
a) La coordination entre les publics et les agents de l’OFII
Une de mes missions lors de ce stage a été de gérer la coordination entre les publics convoqués en PFA
et les différents agents de l’OFII, souvent en binôme avec une collègue.
Pourquoi est-ce qu’un coordinateur est nécessaire ?
Le planning des PFA varie en fonction des procédures à réaliser, voici les différents parcours à
coordonner :
• VA : Visite d’Accueil.
Quand seule la VA est programmée, le public est reçu en PFA puis en entretien individuel.
Le coordinateur fait alors l’intermédiaire entre la Formation Linguistique (FL) et les auditeurs.
Quand les tests écrits sont corrigés, la FL les remet au coordinateur, qui les attachent à la convocation
du signataire avant de l’orienter en entretien individuel.
C’est le coordinateur qui informe les auditeurs en cas de personnes prioritaires (enfant en bas âge,
rendez-vous etc.). Pour la VA uniquement, le coordinateur n’est pas indispensable et je profitais
généralement de ces demi-journées pour avancer sur les tâches administratives tout en restant
disponible, pour la FL ou pour mes collègues auditeurs, au cas où.
• VA/VALIDE : Visite d’Accueil et validation de la vignette OFII (validation du VISA)
Même si la validation de la vignette OFII subit actuellement une modification de procédure qui consiste
à faire valider le Visa directement par le demandeur, en ligne, il reste encore des dossiers dont la
vignette doit être délivrée par l’OFII, en agence.
Cette vignette, en validant le Visa, le fait basculer en titre de séjour.
Quand la VA/VALIDE est programmée, le public est d’abord reçu en PFA, puis en entretien individuel,
et enfin en validation.
• VA/VM/VALIDE : Visite d’Accueil, Visite Médicale, Validation de la vignette OFII.
Les jeudis, ces trois étapes sont complétées par le public, dans la même demi-journée.
C’est alors un gros travail de suivi et d’orientation qui est réalisé par la personne en charge de la
coordination.
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Chaque personne reçue a un dossier papier individuel et qui doit la suivre tout au long de son parcours
au sein de l’OFII. On y trouve notamment son dossier médical.
Le parcours comprenant différents intervenants : le formateur linguistique, l’auditeur social, le corps
médical (radiologue, médecin, infirmière), il est très facile d’égarer un dossier.
Il s’agit donc d’être vigilant et de mettre en œuvre des compétences de gestion et d’organisation.
De plus, toutes les personnes ne vont pas forcément en visite médicale, et toutes les personnes n’ont
pas de validation vignette à réaliser.
Il faut de plus veiller à ne pas se tromper et orienter les signataires vers l’étape correcte de leur
parcours après la PFA.
Il faut donc être capable d’identifier les différents statuts, en fonction des Visas par exemple ou des
convocations que les personnes nous présentent à leur arrivée à la PFA.
Il y a également une contrainte de temps à prendre en compte : les formateurs linguistiques et surtout
les médecins sont présents pour un temps limité, il faut donc qu’ils aient reçu tout le monde avant la
fin de leur vacation.
Le coordinateur doit donc également veiller à ce que le rythme soit tenu au sein de tous les
intervenants afin que chaque personne ait réalisé l’ensemble de son parcours avant la fin de la demi-
journée.
Certaines méthodes ont été mise en place par ma collègue afin de faciliter ces journées, comme par
exemple :
• La numérotation de chaque dossier
• La division de l’ensemble du groupe convoqué en PFA : une partie est d’abord reçue en
entretien, pendant que l’autre partie est d’abord reçue en visite médicale. Ainsi, tous les
intervenants peuvent commencer à travailler en même temps.
Il existe de plus des fiches de liaison que nous agrafons à chaque dossier et sur laquelle nous notons
les étapes qui ont été réalisées, au fur et à mesure du parcours.
L’agent de coordination transmets également les informations à l’équipe d’auditeurs : combien de
personnes sont présentes ? D’où viennent-elles ? Y-a-t-il des réfugiés où autres cas particuliers à
signaler ?
Enfin, cela n’est pas nécessairement le rôle du coordinateur mais j’ai choisi de le faire afin de soulager
mes collègues de l’audit : tous les matins, je pointais les présents et les absents dans les applications
internes de l’OFII. C’est normalement l’auditeur qui présente l’information collective de la PFA qui se
charge de cette tâche, mais il est parfois difficile de le faire avant de recevoir les signataires en
entretien et la demi-journée passe très vite quand le public est nombreux. En prenant cette habitude,
nous étions sûrs, tous les matins, que les recensements étaient à jour. C’est très important,
notamment pour ne pas faire d’erreur dans les convocations.
b) Entretiens individuels : conseil en insertion sociale
Une autre de mes missions a été de participer aux entretiens individuels.
En effet, comme nous l’avons vu ci-dessous, chaque personne reçue en PFA est, après une information
collective, reçue en entretien individuel avec un des auditeurs de l’OFII.
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Cet entretien est réalisé avec deux objectifs :
→Evaluer le niveau de français oral, en complément du test écrit passé plus tôt, en PFA,
→Conseiller et orienter le signataire dans ses démarches administratives : accès à l’emploi, à la santé,
aux études, etc. L’OFII a alors pour rôle d’orienter les signataires vers les organismes de droit commun
correspondant à leur situation.
Ainsi, dès ma première semaine, j’ai pu suivre mes collègues lors de leurs entretiens et découvrir les
différentes situations qu’ils rencontrent au quotidien.
Aucun entretien ne se ressemble, ce sont donc des moments très riches pour moi qui ai pu y assister
et y jouer un rôle principalement de médiatrice linguistique, dans un premier temps.
En effet, après des entretiens en observation uniquement, j’ai pu apporter de l’aide à mes collègues
lorsqu’ils en avaient besoin pour recevoir les publics anglophones, hispanophones et Sourds.
J’ai également pu découvrir différentes méthodes et approches de l’entretien.
L’OFII de Marseille compte une dizaine d’auditeurs, et j’ai pu pendant ce stage participer à des
entretiens avec chacun d’entre eux.
Chaque auditeur, de par son parcours professionnel mais aussi sa sensibilité mène l’entretien à sa
façon, cette partie de l’immersion a donc été fondamentale pour moi.
Dès la fin du mois d’avril, j’ai pu, non sans appréhensions, recevoir moi-même les publics en entretien
individuels en tant qu’auditrice.
J’en avais vu des dizaines, et mes responsables m’ont encouragée à sauter le pas.
Ce qui me faisait peur, c’était de passer à côté de quelque chose ou de mal orienter les publics. C’est
pourquoi j’ai commencé par auditer des personnes francophones, ayant eu de bonnes notes au test
de français, et étant rentrées sur le territoire grâce à une procédure de regroupement familiale (afin
de laisser mes collègues auditer les publics réfugiés, souvent plus difficiles à orienter lorsqu’on débute
dans le métier).
Je participais aux audits surtout les mercredis et vendredis afin de soutenir l’équipe qui était réduite
ces deux jours de la semaine.
Au fur et à mesure des entretiens, j’étais de plus en plus à l’aise et découvrais un poste qui me plait
particulièrement car il permet un échange plus poussé avec les publics : on fait plus connaissance avec
eux, on découvre les détails de leurs parcours scolaires, professionnels, et migratoires et on les oriente
dès que nécessaire pour faciliter leur insertion : la Sécurité Sociale, la CAF, Pôle Emploi, la Mission
Locale, les Maisons de Solidarité (MDS) etc… comment et pourquoi ?
On accède à des bribes de vies, certains se confient à nous et l’entretien devient alors un moment tout
particulier. C’est un poste au sein duquel la routine n’est pas gâtée, car chaque personne étant
différente, chaque entretien l’est aussi d’une certaine façon.
c) Tâches administratives
J’ai également pu participer à certaines tâches administratives, toujours au sein du pôle Immigration-
Intégration :
• Convocation à la Formation Civique (FC)
Mes collègues avaient un réel besoin de soutien quant aux convocations à la FC.
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En effet, en raison de soucis informatiques, de nombreux signataires n’avaient pas pu être convoqués
à la FC lors de leur entretien individuel. Il y avait donc de nombreux dossiers en attente.
Le travail consistait donc à éditer et imprimer les convocations aux 2 jours de FC donnés par l’OFII (il y
a 4 jours de FC obligatoires, les 2 premiers sont donnés par l’OFII tandis que les 2 derniers sont donnés
directement par les centres de formation) pour chaque signataire, en fonction de leur lieu d’habitat,
de leurs disponibilités, mais aussi du planning des FC transmis par les prestataires et des traducteurs
présents à chaque session.
En effet, il y a toujours deux interprètes présents durant les journées de FC : un en arabe, et l’autre
dans une autre langue. Ce sont les agents de l’OFII qui planifient la présence des interprètes.
En fonction de ces plannings, il nous faut donc être vigilants lorsque nous éditons les convocations : il
ne faut pas convoquer une personne qui ne parle que vietnamien par exemple, à une session de
formation à laquelle il n’y a pas d’interprète en vietnamien.
La convocation se fait en ligne, sur le portail interne de l’OFII.
• Convocation à la PFA
Toutes les personnes que l’OFII reçoit en PFA sont au préalable convoquées par courrier.
L’idéal est d’envoyer les convocations 15 jours avant la date de la PFA.
Mon travail consistait donc à enregistrer les convocations dans le portail interne de l’OFII, les éditer et
les imprimer pour les faire partir au courrier.
Au préalable, c’est la responsable d’équipe qui préparait des dossiers avec toutes les personnes à
convoquer à chaque date de PFA.
• Convocation à la formation linguistique (FL) : mise à jour du portail interne de l’OFII
Une autre de mes tâches administratives était de mettre à jour les convocations à la FL dans les dossiers
des signataires, dans le portail interne de l’OFII.
C’est normalement lors de l’entretien individuel que l’auditeur entre la convocation à la FL dans le
dossier du signataire, mais des soucis informatiques ont fait que cette action n’avait pas pu être
réalisée pour les dossiers des mois de mars et avril.
Cette tâche est importante afin de pouvoir avoir une vue d’ensemble sur les flux convoqués et les flux
à convoquer.
Ce sont des informations sur lesquelles l’OFII et les formateurs en linguistique échangent
régulièrement afin de gérer au mieux les plannings des formations.
Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte : le niveau à atteindre, le nombre d’heures à réaliser ;
le lieu de résidence…
Ces tâches m’ont permis de me familiariser avec les outils informatiques de la structure mais aussi
d’avoir une vue d’ensemble de l’organisation autour de la PFA : convocations qui la précèdent et
convocations qui la suivent. Cela m’a aidé à bien comprendre la chronologie des différentes étapes
que suivent les publics que nous recevons.
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d) Médiation linguistique
Tout au long de mon stage, j’ai pu intervenir comme médiatrice linguistique en anglais, en espagnol
ainsi qu’en LSF (Langue des Signes Française) dans différents cadres :
• Pendant les entretiens individuels, si mes collègues avaient besoin de moi, je me rendais
disponible afin d’assurer la médiation entre l’auditeur et le signataire.
• Pendant les informations collectives, lors des PFA : si nous remarquions la présence de
nombreux anglophones ou hispanophones sur les PFA, j’intervenais pour expliquer le
déroulement de la journée au public dans la langue concernée, en binôme avec l’interprète
arabe qui est toujours présent(e) en PFA.
• A l’accueil général : lorsque des Sourds se présentaient à l’accueil, j’intervenais afin d’assurer
la médiation en LSF entre le public et mon collègue agent d’accueil.
• En appui à ma collègue qui valide les vignettes OFII : dès que besoin et afin d’aider ma collègue
à communiquer avec les publics anglophones et hispanophones, j’intervenais également
comme médiatrice linguistique.
Pour la validation de la vignette OFII, ma collègue demande des papiers spécifiques au public
et leur donne également des consignes importantes concernant le renouvellement de leur titre
de séjour, c’est pourquoi se faire comprendre est primordial.
e) Immersion en centre de formation linguistique
Le mardi 7 mai 2019, j’ai eu la chance de passer une journée au sein de l’EPFF (Espace Pédagogique de
Formation France), à Marseille. L’EPFF est un organisme de formation qui a été créé en 1994 et qui
intervient sur différents dispositifs : une plateforme de formation qui accueille un large public dans le
cadre d’un accompagnement pour l’accès à l’emploi, une formation de base à visée parentale, la
formation linguistique de l’OFII et la formation à visée professionnelle.
C’est le dispositif de formation linguistique de l’OFII que j’ai pu suivre durant cette journée.
Le groupe que j’ai suivi était composé d’une dizaine de personnes ayant été orientées dans un cursus
de 400 heures de formation linguistique. Il s’agit donc d’un public peu ou non lettré. Il s’agissait du
premier jour de formation pour ce groupe, et j’ai été accueillie très chaleureusement par Fabienne
Casanova, coordinatrice OFII de l’EPFF qui est régulièrement présente sur nos PFA et Elodie, une des
formatrices EPFF en charge de ce cursus de 400 heures.
Ce cursus intensif se déroule sur 4 jours de la semaine, les lundis, mardis, jeudis et vendredis, de 9h00
à 17h00. Il s’agit donc de grosses journées de formation, et j’étais très curieuse et impatiente de voir
comment elles se passaient.
Dans ma mission d’audit, j’oriente quotidiennement les publics vers les formations linguistiques telles
que celles proposées par l’EPFF, et j’allais pouvoir observer concrètement le déroulement de celles-ci,
c’était pour moi une réelle chance.
Il y avait ces questions qui me taraudaient particulièrement : par où commencer avec un public aussi
spécifique ? Comment se faire comprendre par lui ?
La première observation que j’ai pu faire, c’est l’utilisation incessante des gestes par la formatrice, et
l’effort qu’elle déploie à faire passer des messages par l’expression de son visage.
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J’ai donc sans tarder fait le lien avec la langue des signes. Sans qu’elle n’en ait conscience, Elodie a à
plusieurs reprises produit les signes MAISON, MANGER, BOIRE ou HEURE pour se faire comprendre
des stagiaires en formation, et le constat est sans appel : cela fonctionne.
J’ai de plus pu noter l’utilisation de la répétition dans la pédagogie mise en place par Elodie : répétition
par Elodie elle-même dans ses énoncés, et la répétition par les stagiaires, à l’oral comme à l’écrit.
En effet, il y eu tout au long de la journée différents exercices : certains de communication orale,
d’autres de production écrite. Ces exercices étaient variés tout au long de la journée, mais respectaient
une même thématique (les thématiques et conditions des formations sont définies par un cahier des
charges de l’OFII), incitant ainsi les stagiaires à mémoriser les mots. Chaque profil pédagogique peut
progresser : les mémoires visuelles, grâce aux supports écrits et au tableau dont se sert Elodie, et les
mémoires auditives grâce à la récurrente répétition des mots et à leur décomposition quand
nécessaire.
Elodie intègre également un aspect ludique à son cours : des exercices sous forme de jeux, permettant
aux stagiaires de s’amuser. Il est important de rappeler que le public est un public adulte, pour lequel
revenir (ou venir pour la première fois) à l’école est parfois difficile : retenir leur attention, leur
concentration tout en partageant un moment de plaisir avec eux demande à la formatrice une énergie
folle et une imagination débordante.
J’ai également pu noter une autre difficulté : même si le groupe a été orienté par l’OFII dans un même
cursus (400 heures), les stagiaires n’ont pas forcément tous le même niveau : certains sont allés à
l’école dans leur pays d’origine, d’autres non, certains arrivent à comprendre l’oral quand certains sont
plus à l’aise avec les écrits, etc. Cela demande une grande capacité d’adaptation de la part de la
formatrice, qui doit donc rapidement mettre en œuvre une individualisation de la formation, au sein
d’un groupe d’une dizaine de personnes qui doivent travailler ensemble durant ces 400 heures malgré
leurs disparités.
Voici des exemples d’exercices réalisés durant la journée sur les thèmes de l’emploi du temps et la vie
quotidienne : lire les jours de la semaine, les épeler, chercher des mots dans un textes et les reproduire
à l’écrit (cet exercice permet à Elodie de savoir qui est lecteur et qui ne l’est pas), associer des mots à
des images puis associer des phrases à ces images pour ensuite les reproduire à l’écrit, mise en
situation communicative : les stagiaires se présentent les uns aux autres avec des phrases simples
comme « Je m’appelle …, et vous, comment vous appelez vous ? ».
La journée s’est terminée avec un loto, permettant aux stagiaires de souffler un peu, et avec
l’apprentissage des pronoms personnels de façon ludique : nous avons pris des photos des stagiaires
illustrant « JE », « TU », « IL » … puis les avons imprimées pour que le groupe puisse créer une affiche
qui sera accrochée dans la salle.
J’ai passé une journée très intéressante au cours de laquelle j’ai pu faire un parallèle entre la pédagogie
mise en place par l’EPFF et les cours de pédagogie de la Licence Professionnelle : les exercices
d’association d’images et de mots, la répétition, l’entraînement à la lecture suivi d’exercices de la
production écrite sont autant de méthodes qui favorisent l’apprentissage de la langue, et ce quelque
soit la spécificité du public concerné.
Enfin, cette journée a été pour moi l’occasion d’échanger plus en profondeur avec Madame Casanova
et de lui poser la question suivante : Recevez-vous des personnes Sourdes à l’EPFF ?
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Madame Casanova travaille à l’EPFF depuis 9 ans, et n’a jamais reçu de personnes Sourdes en
formation.
En couplant cette information au constat que j’ai fait durant mon stage à l’OFII et selon lequel nous
n’avons reçu aucune personne Sourde en PFA, j’ai tiré la conclusion suivante : les personnes Sourdes
sont généralement dispensées des formations linguistique et civique.
J’ai pu constater que l’Etat français préfère souvent donner une dispense aux personnes Sourdes plutôt
que de rentre accessible les formations qui sont dispensées gratuitement aux publics Entendants dans
le cadre de leur parcours migratoire.
Si ce public est minoritaire, pourquoi ne pas prévoir des sessions de formation moins nombreuses et
plus centralisées mais adaptées ? Pourquoi les Sourds étrangers n’auraient-ils pas les mêmes chances
d’intégration que les Entendants ?
IV Liens avec la Licence Professionnelle LSF
Je n’ai pas effectué mon stage dans une structure qui ne reçoit que des personnes Sourdes, pourtant,
toutes les missions et les observations que j’ai pu faire sont très étroitement liées au contenu des cours
de la Licence Professionnelle. Nous allons voir dans cette dernière partie en quoi mon stage au sein de
l’OFII a constitué une réelle mise en pratique des apprentissages universitaires que nous avons reçus
cette année.
a) Le métier de travailleur social et ses enjeux
Grâce à ce stage à l’OFII, j’ai pu enfin accéder à une structure dont les missions sont axées sur la
communication et l’humain.
Bien sûr, et mes collègues me l’ont expliqué, les auditeurs ont une grosse mission administrative. Au-
delà de cette mission administrative, ils ont aussi un grand rôle social à jouer.
La définition de travailleur social est très générique mais elle peut s’appliquer à différents métiers.
Durant ces deux mois à l’OFII, j’ai découvert certains rouages du travailleur social :
• Analyser les situations des personnes,
• Informer les personnes concernant leurs droits en termes de prestations sociales, accès au
logement, etc.
• Aider les personnes dans leurs démarches administratives et faire le lien avec les services de
droit commun les plus pertinents (fiches de liaison avec Pôle Emploi par exemple),
• Information régulière sur la législation et son évolution (le droit des étrangers dépend d’une
législation qui change très rapidement et très régulièrement, les collègues de l’OFII ont donc
aussi pour rôle de mener une veille documentaire permanente concernant cette législation
afin de pouvoir informer au mieux les publics).
• Favoriser l’autonomie des personnes. L’autonomie est une notion sur laquelle nous avons
beaucoup insisté cette année, dans les cours de la Licence Professionnelle, et nous avons pu
voir comment l’accès à la langue était un élément clé dans la favorisation de l’autonomie des
Sourds.
A l’OFII, j’ai pu faire un parallèle avec la situation des étrangers qui arrivent en France. Avec le
CIR et ses enjeux notamment, il est à soulever que l’Etat français s’engage pleinement sur
l’accès à la langue française afin que les personnes migrantes s’intègrent socialement.
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Ainsi, la langue, est mise au premier plan et met en exergue ce que nous avons vu ensemble
tout au long de cette année universitaire : la communication est fondamentale pour l’être
humain.
• L’adaptabilité : comme nous l’avons vu cette année, travailler avec un public spécifique
implique une connaissance et une adaptation au public.
La cognition Sourde (c’est-à-dire les capacités, les comportements, les réactions propres aux
personnes Sourdes) est ainsi un élément clé pour toute personne collaborant avec des Sourds.
A l’OFII, j’ai pu noter que cette notion d’adaptabilité existe également.
En effet, nous recevons des publics aux cultures, aux vécus différents. De ce fait, chaque
entretien est différent et les auditeurs s’adaptent quotidiennement. Un auditeur ne va pas
mener son entretien de la même manière avec un conjoint de français par exemple, dont la
situation personnelle et le vécu n’impliquent pas de difficultés, qu’avec une personne réfugiée,
ayant une histoire qui demande une attention particulière.
Il s’agit alors d’adapter son mode de communication, afin d’obtenir des informations
importantes pour l’auditeur, sans brusquer le public. J’ai ainsi observé des changements dans
le ton de la voix, le langage corporel, la gestion du silence également…C’est peut-être
inconscient chez mes collègues, mais c’est pourtant bien là, pour chacun d’entre eux.
C’est un métier qui demande beaucoup de recul et une distance fondamentale. Les situations
auxquelles les collègues font face sont parfois très difficiles.
Il m’est arrivé de pleurer après un entretien particulièrement intense. J’ai compris qu’être
auditeur est stimulant et enrichissant, mais cela demande aussi beaucoup d’énergie et une
certaine force mentale.
Il y a un dernier point que j’aimerais évoquer : celui du cadrage.
Un entretien ne peut pas durer trop longtemps bien sûr. Il est donc important de savoir gérer
le temps d’échange avec les publics. Ce n’est pas forcément évident car certaines personnes
ont un réel besoin de s’épancher sur certains points. Il appartient donc à l’auditeur d’avoir des
compétences de cadrage durant l’entretien et de tout de suite comprendre vers quels
organismes les publics peuvent être orienter en fonction de leurs besoins.
Il existe une association vers laquelle nous pouvons orienter les publics victimes de
traumatismes psychologiques : OSIRIS.
Il s’agit d’un centre de soin dont l’objectif est de traiter la souffrance post-traumatique des
publics, sans distinction d’origine culturelle, de condition sociale ou d’opinion politique.
b) La médiation linguistique au sein d’une structure spécifique
Comme nous l’avons vu précédemment, l’une de mes missions principales étaient la médiation
linguistique en plusieurs langues : l’anglais, l’espagnol et la LSF.
Il convient bien sûr de distinguer ma mission de celle d’un interprète.
Je ne traduisais pas mot à mot les entretiens, ou les informations collectives durant les PFA, mais je
m’assurais que les personnes avaient bien compris ce que mes collègues leur disaient. J’avais un réel
rôle d’intermédiaire entre l’auditeur et le public reçu.
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Pour l’anglais notamment, la médiation linguistique était parfois difficile. En effet, certains publics
pouvaient parler et comprendre l’anglais, mais ce n’était pas leur langue maternelle.
Il me fallait donc m’adapter à leur niveau de langue, en travaillant mon accent, en m’assurant de ne
pas utiliser des expressions idiomatiques et en ayant recours à la vulgarisation.
Cela a été une partie très intéressante pour moi : comment me faire comprendre d’un public en
passant par une langue qui n’est ni la mienne, ni la leur ?
De méthodes propres à la communication interculturelles sont alors déployées : on montre des images
sur l’ordinateur, on écrit, on utilise aussi le geste parfois et on simplifie nos phrases.
J’ai d’ailleurs pu remarquer que mes collègues faisaient de même lors de certains de leurs entretiens
en français avec des personnes ayant un petit niveau de français mais capables de comprendre.
J’ai beaucoup noté l’utilisation du français simplifié : les phrases sont courtes, les verbes ne sont pas
conjugués et le vocabulaire est basique. Cela peut paraitre bête, ou peut être dérisoire, c’est pourtant
une compétence précieuse que de savoir s’adapter ainsi à son public.
En effet, j’ai pu voir à quel point la barrière de la langue peut être anxiogène pour les publics de l’OFII.
Certaines personnes, ne parlant ni anglais, ni espagnol, ni arabe arrivaient en PFA très stressées et
semblaient désorientées.
En tant que coordinatrice lors des PFA, je tâchais donc de veiller à ce qu’elles se sentent le mieux
possible et patientent sans paniquer en attendant l’entretien individuel durant lequel mes collègues
allaient pouvoir appeler un interprète par téléphone, prestataire de l’OFII.
Il me semble que sur ce point, la Licence Professionnelle m’a beaucoup aidée à être très vite
opérationnelle : j’ai appris ce qu’est l’exclusion par la barrière du langage, je sais, grâce à mes amis
Sourds, que se trouver au milieu de personnes sans pouvoir communiquer avec elles est une réelle
souffrance. D’autant plus que la venue à l’OFII implique un enjeu très important et ajoute du stress à
la situation.
Souvent donc, quand je remarquais une personne stressée qui n’avait aucune possibilité de
communiquer, je sortais de mon guichet d’accueil, l’accompagnais dans la salle de PFA et lui indiquais
par des signes et mon expression que tout allait bien se passer. Je me souviens notamment d’une dame
vietnamienne qui s’est effondrée en larmes avant le début de l’information collective. Il a fallu de la
patience et quelques sourires et gestes pour qu’elle s’apaise mais j’ai noté que l’effort de
communication fonctionne toujours, aussi difficile soit-il.
Bien sûr, cela vaut pour les publics « faciles ». Comme dans tout métier proche de l’humain, il faut
aussi savoir faire face à des publics agressifs.
Je n’ai pour ma part pas eu affaire à des situations compliquées en ce sens mais il convient de noter ici
que trois vigiles sont quotidiennement présents dans les locaux afin de désamorcer rapidement toute
situation dangereuse pour les agents et pour les publics.
Enfin, en termes de médiation linguistique, j’ai été ravie de recevoir plusieurs personnes Sourdes
durant mon stage et de pratiquer la LSF avec elles.
J’avais informé mon collègue chargé d’accueil qu’il pouvait faire appel à moi dès qu’un Sourd se
présentait afin de ne pas déranger l’unique agent de l’OFII signeuse.
J’ai reçu ces personnes dans le cadre de demandes d’informations qu’elles faisaient à l’accueil
générale. Je me positionnais alors à côté de mon collègue qui donnait l’information et traduisais pour
lui, en LSF.
Il y avait toujours une première même réaction du public : la surprise. Tous les publics Sourds que j’ai
reçus m’ont posé la même question : où as-tu appris à signer ?
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Les publics anglophones, ou hispanophones, ne m’ont jamais posé pareille question, il n’y avait rien de
surprenant pour eux à ce qu’un agent d’une structure d’administration française parle leur langue.
Les Sourds eux, sont d’abord choqués, puis commence alors un vrai parcours du combattant : celui des
questions-réponses.
Se heurtant régulièrement à la barrière de la langue partout où ils cherchent des informations, ils
profitent naturellement de pouvoir communiquer dans leur langue afin d’obtenir toutes les
informations auxquelles ils ont droit mais ont du mal à accéder quotidiennement.
Chaque échange s’est terminé avec un grand soulagement des publics, témoignant du besoin d’agents
signeurs, et une satisfaction pour moi, qui trouvais un épanouissement à donner accès à ses personnes
à leurs droits : celui d’avoir le même niveau d’information que les Entendants.
De plus, la fin de mon stage approchant, je remarque que de plus en plus de Sourds se rendent à l’OFII
depuis le début de mon stage.
Le premier mois, je n’avais reçu qu’une personne Sourde, mais depuis mi-avril, j’en reçois cinq fois
plus. Soit c’est une jolie coïncidence et je suis alors chanceuse, soit le mot est passé au sein de la
communauté Sourde, ce qui témoignerait de l’existence d’un réel besoin en LSF au sein de la structure.
J’ai, grâce à ces personnes, pu apprendre de nouveaux signes comme VISA ou CONSULAT.
Je tiens à préciser que toutes les personnes Sourdes que j’ai reçues utilisaient la langue des signes
Française.
En effet, étant donné que l’OFII reçoit beaucoup d’étrangers, il aurait été tout à fait possible que
j’accueille des personnes Sourdes qui utilisent la langue des signes marocaine ou russe par exemple.
Dans ce cas-là, la communication aurait été plus difficile.
V Conclusion
Pour conclure, nous avons pu voir que les Préfectures et les Directions Territoriales de l’OFII travaillent
ensemble à l’insertion des publics migrants en déployant deux éléments clés : la formation linguistique
et la formation civique. Ce sont donc l’histoire de la France, les valeurs Républicaines et la langue
française qui sont mises au premier plan par le Ministère de l’Intérieur en termes d’intégration.
De plus, en proposant des cours de français du niveau A1 au niveau B1, l’OFII donne à la langue une
place centrale à ce processus d’intégration.
Qu’en est-il des Sourds ? Il y a bien sûr des Sourds migrants, pourtant, je n’ai pas noté à l’OFII de
moyens spécifiques mis en place pour leur intégration.
Le public Sourd étant un public minoritaire, le faible besoin ne donne pas lieu à l’embauche d’un
professionnel signeur dans la structure.
Pourtant, il existe des solutions, plus ou moins accessibles en fonction du lieu d’habitat, pour faciliter
l’intégration des étrangers Sourds. C’est ce que montre le reportage de l’œil et la main suivant :
https://www.france.tv/france-5/l-oeil-et-la-main/738923-chercher-refuge.html (diffusé le 08 octobre
2018).
En effet, le reportage présente les parcours de trois personnes Sourdes ayant cherché refuge en
France, fuyant la guerre dans leur pays, où une situation personnelle difficile, risquée pour leur vie.
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Les trois personnes sont des demandeurs d’asile, on nous explique alors quels ont été leur parcours à
l’OFPRA et à la CNDA, organismes décrits plus haut dans ce rapport.
Le reportage est tourné dans la ville de Toulouse, et nous savons que Toulouse est LA ville des Sourds
en France en termes d’accessibilité et de pratique de la LSF.
Tous les dispositifs mis en place décrits dans cet épisode de l’œil et la main constituent de réels
exemples pouvant être déployés dans d’autres régions de France, où la population Sourde est oubliée :
cours de français, aide juridique, assistance sociale etc.
On y découvre par exemple comment un demandeur d’Asile est reçu à l’UASS (Unité d’Accueil Soins
Sourds de Toulouse) par un médecin bilingue français/LSF et un intermédiateur Sourd Signeur.
Comme l’explique le reportage, la création de ce binôme est née de l’augmentation du public Sourd
étranger se présentant à l’UASS. La seule présence d’un médecin bilingue ne suffit pas puisque les
publics étrangers ne connaissent à leur arrivée que la Langue des Signes de leur pays d’origine. C’est
là qu’intervient l’intermédiateur Sourd : son rôle est de comprendre le public et de faire le lien entre
ce dernier et l’équipe soignante. Il est passionnant de voir comment ce binôme Sourd/Entendant
travaille quotidiennement à donner accès aux soins à un public aussi spécifique qu’est le publics Sourd
étranger.
En outre, et puisqu’on sait que la France est une société d’accueil et que le nombre de réfugiés ne
cesse d’augmenter, il me semble que le public Sourd étranger est un public « intéressant » pour tous
les professionnels bilingues français/ LSF que nous sommes, et qu’un très beau travail de
sensibilisation et d’accessibilité reste à faire.
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VI ANNEXES
a) Lexique terminologique de l’OFII :
AMDFL : Attestation de Mise en Dispense de Formation Linguistique
AME : Aide Médicale d’Etat
CADA : Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile
CAO : Centre d’Accueil et d’Orientation
CECRL : Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues
CIR : Contrat d’Intégration Républicaine
CNDA : Cour Nationale du Droit d’Asile
CST : Carte de Séjour Temporaire
DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail
et de l’Emploi
EEE : Espace Economique Européen
EPFF : Espace Pédagogie et Formation France
FC : Formation Civique
FL : Formation Linguistique
GUDA : Guichet Unique de Demandeur d’Asile
MDS : Maison De Solidarité
OFII : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration
OFPRA : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatride
PFA : Plateforme d’Accueil
RF : Regroupement Familial
SPE : Service Public de l’Emploi
TST : Titre de Séjour Temporaire
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UE : Union Européenne
VA : Visite d’Accueil
VLS-TS : Visa Long Séjour – Titre de Séjour
VM : Visite Médicale
b) Le droit des étrangers : notions de base
• Article L.111-1 : « Sont considérés comme étrangers les personnes qui n’ont pas la nationalité
française, soient qu’elles aient une nationalité étrangère, soit qu’elles n’aient pas de
nationalité ».
• Les visas à l’entrée en France :
→Visa de court séjour (visa Schengen ou visa « C ») : valable 90 jours dans les 26 Etats de l’espace
Schengen.
→Visa de long séjour (visa « D ») : valable entre 90 jours et 1 an.
Il existe plusieurs types de Visa de long séjour : le VLS, le VLS-TS, le Visa vacances-travail, le Visa
mineurs scolarisés en France, le Visa de long séjour temporaire.
Ces visas valent titre de court séjour dans l’espace Schengen.
• Les cartes de séjour temporaire :
La CST est valable un an, comme le VLS-TS
Les publics concernés par la CST sont : les étrangers entrés régulièrement sur le territoire et qui n’ont
pas satisfait au parcours d’intégration, les mineurs entrés régulièrement sur le territoire à leur
majorité, les étrangers régularisés.
Il existe de nombreuses CST, en fonction des situations des publics :
→CST mention « visiteur »
→CST mention « vie privée et familiale »
→CST mention « salarié »
→CST mention « travailleur temporaire »
→CST mention « étudiant-élève »
→CST mention « stagiaire »
→CST mention « retraité »
• La carte de séjour pluriannuelle
Pour pouvoir demander la carte de séjour pluriannuelle, il faut :
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→Une année de séjour régulier,
→Le respect des conditions de délivrance de la carte de séjour temporaire
→L’assiduité aux formations prescrites dans le cadre du CIR
Pour les étudiants, la carte est valable la durée des études.
Pour les étrangers malade, la carte est valable la durée des soins.
Pour les conjoints de français, parents d’enfant français, personnes sous protection subsidiaire ou sous
la mention VPF, la carte est valable 2 ans.
• La carte de résident :
La carte de résident de 10 ans est délivrée de plein droit à certaines catégories d’étrangers après 3 ans
de séjour régulier ou sans condition de durée de séjour.
La carte de résident de longue durée est délivrée de plein droit à l’étranger justifiant d’une résidence
régulière et ininterrompue d’au moins 5 ans en France, de ressources stables, d’une assurance
maladie.
La carte de résident permanent peut être délivrée à l’expiration de la première carte de résident Elle
donne droit à un séjour inconditionnel et permanent, sauf menace à l’ordre public.
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VII Sources
http://www.ofii.fr
https://www.data.gouv.fr/fr/organizations/agence-nationale-pour-la-cohesion-sociale-et-l-egalite-
des-chances/
http://direccte.gouv.fr/missions
https://www.ofpra.gouv.fr/
http://www.centreosiris.org/l-association/Presentation/
https://epff.eu
https://www.france.tv/france-5/l-oeil-et-la-main/738923-chercher-refuge.html
Documentations internes OFII