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ATAR ROTO PRESSE – 200 ex. – 09.16 Secrétariat du Grand Conseil Date de dépôt : 24 août 2016 RD 1155 Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la pauvreté à Genève Mesdames et Messieurs les députés, Dans le cadre de sa réponse à la motion 1950 « Il faut connaître l'ampleur et l'évolution de la pauvreté pour la combattre ! », du 4 décembre 2013 (M 1950-C 1 ), dont le Grand Conseil a pris acte le 24 janvier 2014, le Conseil d'Etat a confié à la direction générale de l'action sociale (DGAS) le soin de rédiger un rapport sur la pauvreté à Genève qui ferait l'objet d'une mise à jour tous les deux ans. Le premier rapport sur la pauvreté élaboré par la DGAS – annexé à la présente – propose dans un premier temps d'esquisser les contours conceptuels de la pauvreté, étant entendu qu'il n'existe pas une seule définition de la pauvreté, celle-ci étant multi-facettes et pluri-dimensionnelle. Le rapport aborde ensuite la question des données disponibles pour mesurer la pauvreté, à l'échelle suisse et à l'échelle genevoise. A ce propos, la DGAS a, pour élaborer les indicateurs utiles à la rédaction du rapport, principalement exploité les données de l'Office fédéral de la statistique (OFS), de l'office cantonal de la statistique (OCSTAT) et de l'Hospice général (HG), ainsi que des informations extraites de la base de données du revenu déterminant unifié (RDU). Les informations du Centre territorial des inégalités (CATI) ont également été utilisées. 1 http://ge.ch/grandconseil/data/texte/M01950C.pdf

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ATAR ROTO PRESSE – 200 ex. – 09.16

Secrétariat du Grand Conseil

Date de dépôt : 24 août 2016

RD 1155

Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la pauvreté à Genève

Mesdames et Messieurs les députés,

Dans le cadre de sa réponse à la motion 1950 « Il faut connaître l'ampleur et l'évolution de la pauvreté pour la combattre ! », du 4 décembre 2013 (M 1950-C1), dont le Grand Conseil a pris acte le 24 janvier 2014, le Conseil d'Etat a confié à la direction générale de l'action sociale (DGAS) le soin de rédiger un rapport sur la pauvreté à Genève qui ferait l'objet d'une mise à jour tous les deux ans.

Le premier rapport sur la pauvreté élaboré par la DGAS – annexé à la présente – propose dans un premier temps d'esquisser les contours conceptuels de la pauvreté, étant entendu qu'il n'existe pas une seule définition de la pauvreté, celle-ci étant multi-facettes et pluri-dimensionnelle.

Le rapport aborde ensuite la question des données disponibles pour mesurer la pauvreté, à l'échelle suisse et à l'échelle genevoise. A ce propos, la DGAS a, pour élaborer les indicateurs utiles à la rédaction du rapport, principalement exploité les données de l'Office fédéral de la statistique (OFS), de l'office cantonal de la statistique (OCSTAT) et de l'Hospice général (HG), ainsi que des informations extraites de la base de données du revenu déterminant unifié (RDU). Les informations du Centre territorial des inégalités (CATI) ont également été utilisées.

1 http://ge.ch/grandconseil/data/texte/M01950C.pdf

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La DGAS a défini 12 indicateurs, divisés en 3 chapitres :

1. Indicateurs de la pauvreté

1) Taux d'aide sociale

2) Taux de sur/sous-représentation à l'aide sociale

3) Taux de risque de pauvreté

4) Taux de risque de pauvreté hypothétique sans prestations sociales

5) Taux de risque de pauvreté individuel

2. Indicateurs de précarité liée à l'emploi

6) Taux de bas salaires

7) Taux de salariés avec un salaire effectif brut inférieur à 2 000 F et à 3 000 F par mois

8) Taux d'actifs avec une forte relation à l'emploi mais à risque de pauvreté

9) Taux de bénéficiaires de l'aide sociale de l'Hospice général actifs occupés

10) Taux de bénéficiaires de prestations complémentaires cantonales pour les familles (PCFam)

3. Indicateurs sur les dettes et le surendettement

11) Taux de dossiers de l'aide sociale présentant des dettes

12) Eléments statistiques des personnes consultant les services de désendettement

La pertinence et les limites de l'indicateur sont à chaque fois explicitées.

Compte tenu des changements intervenus dans le fonctionnement du CATI, désormais en veille et qui n'interviendra plus que sur la base de mandats rémunérés, la réalisation du rapport n'a finalement pas été effectuée conjointement avec cette entité, contrairement à ce qui était prévu dans le cadre de la réponse précitée (M 1950-C) du Conseil d'Etat. Les travaux du CATI font toutefois l'objet d'un chapitre descriptif.

Par ailleurs, le choix a été fait de ne pas développer d'indicateurs relatifs à l'impact de la pauvreté sur la santé, un Concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2030 étant en cours de finalisation par la direction générale de la santé, lequel prend notamment en compte les déterminants socio-économiques pour analyser les facteurs de risques sur la santé. Un chapitre descriptif est néanmoins consacré à l'impact de la santé sur la pauvreté selon la littérature scientifique et les données disponibles à l'échelle suisse et genevoise (BUS santé), de sorte à mettre en évidence dans le rapport la corrélation entre les deux éléments.

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Au terme de ce premier exercice d'élaboration du rapport sur la pauvreté, force est de constater que la périodicité de sa mise à jour, demandée tous les deux ans par les motionnaires, nécessite d'être revue. Ainsi, une mise à jour du rapport tous les cinq ans est préconisée, principalement pour garantir une meilleure pertinence de l'analyse à la faveur d'un temps d'observation plus long. La mise en place de programmes ou mesures et l'évaluation de leur impact sur la population visée nécessitent d'être observées sur une durée équivalant au moins à celle d'une législature.

Au bénéfice de ces explications, le Conseil d’Etat vous invite, Mesdames et Messieurs les Députés, à prendre acte du présent rapport.

AU NOM DU CONSEIL D'ÉTAT

La chancelière : Le président : Anja WYDEN GUELPA François LONGCHAMP Annexe : Rapport sur la pauvreté dans le canton de Genève

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REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE Département de l'emploi, des affaires sociales et de la santé Direction générale de l'action sociale

RAPPORTSURLAPAUVRETÉ

DANSLECANTONDEGENÈVE

ANNEXE

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TABLEDESMATIÈRESAVANT-PROPOS ..................................................................................................................... 3   INTRODUCTION ............................................................................................................... 5 

1.1.  Conceptions de la pauvreté ........................................................................................... 6 1.1.1.  Trois définitions de la pauvreté .................................................................................. 7 1.1.2.  Une approche à la croisée des différentes définitions ............................................... 8 1.2.  Facteurs de risque et populations exposées ................................................................. 8   MESURER LA PAUVRETÉ : DONNÉES DISPONIBLES ............................................... 12 

2.1.  Données à l'échelle suisse .......................................................................................... 12 2.2.  Données à l'échelle genevoise .................................................................................... 13   PRÉSENTATION DES INDICATEURS ET ANALYSES DES RÉSULTATS .................. 15 

3.1.  Indicateurs de pauvreté ............................................................................................... 17 3.1.1.  Pauvreté comme relation de dépendance ............................................................... 17 3.1.2.  Pauvreté monétaire ................................................................................................ 222 3.2.  Indicateurs de précarité liée à l'emploi ........................................................................ 35 3.3.  Indicateurs sur les dettes et le surendettement ........................................................... 45 3.4.  Pauvreté et santé ........................................................................................................ 52 3.5.  Concentration géographique de la précarité et inégalités ......................................... 566   SYNTHÈSE ET DISCUSSION ...................................................................................... 600   CONCLUSION .............................................................................................................. 644   BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... 677   GLOSSAIRE ................................................................................................................. 700 

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AVANT‐PROPOS 

En date du 10 juin 2011, le Grand Conseil a renvoyé au Conseil d’Etat une motion (M1950)demandant d'approfondir la problématique de la pauvreté afin d'améliorer l'interventionpubliquedanscedomaine.Lamotiondemandaitplusspécifiquement:

de présenter à cadence biennale un rapport décrivant l’ampleur et l’évolution de lapauvreté à Genève de manière à permettre une évaluation et un suivi des politiquespubliquesmisesenœuvredanscedomaine;

demesurer l’évolutionde l’endettement et d'analyser les facteurs clésqui provoquentcetteproblématiqueàGenève;

d'évaluer l’impact de la pauvreté sur la qualité de la santé (incidence des maladieschroniques, augmentation des facteurs de risque, vulnérabilité accrue…) et surl’espérancedevie.

Fin2013,leConseild'EtataadresséauGrandConseiluneréponseàlamotion,acceptéeparlesdéputés le 24 janvier 2014, proposant que la Direction générale de l'action sociale (DGAS)délivre,encollaborationavec leCentred'analyse territorialedes inégalités (CATI),unrapportdécrivantd'unepartl'ampleuretl'évolutiondelapauvreté,d'autrepartl'impactdecelle‐cisurlaqualitédelasanté.Initialement,ilétaitprévuquecerapportsoitmisàjourtouslesdeuxans.Toutefois,àl'aunedel'exercice,ilapparaîtpluspertinentd'espacerlamiseàjourdecerapport,celaafind'observerdesévolutionsavéréesetd'entirerdesconclusionsplussolides.Ilestdecefait proposé d'aligner les études futures sur la périodicité des législatures cantonales, soit deprésenterunrapportmisàjourtouslescinqans.Lerapportprésentéci‐aprèsaétéréalisésous l'égidede laDGASqui,pourgarantirunregardtransversaletmobiliserdescompétencesanalytiquesdiverses,apucomptersurlacollaborationdesservicesdel'EtatdeGenèvecompétents,dontenparticulierl'Officecantonaldelastatistique(OCSTAT), l'Hospice général, le centre de compétences du RDU, le service de recherche enéducation (SRED) et le service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitairesgenevois.LeCATIétantactuellementenveille,iln'apasétépossibled'impliquerceCentredansl'élaborationdurapport,maissespublicationsontétéexploitées.Ledocument livré se veutunoutil pour la réflexiondespolitiquespubliquesmises enœuvredans le domaine de la lutte contre la pauvreté, sans prétendre à l'exhaustivité dans lacompréhension et l'explication des mécanismes complexes qui composent ce phénomène. Lerapports'articuleautourdedouzeindicateursquantitatifsquimesurentlesdiversesformesdepauvreté ainsi que des facettes spécifiques de cette problématique comme la pauvretélaborieuse ou le problème du surendettement. L'intérêt de ces indicateurs ne réside passeulementdans leur résultat actuel,mais aussi et surtoutdans le fait qu'ils seront reconduitsdansletemps.Pourcequiestdeseffetsdelapauvretésurlasanté,précisonsqu'aucunindicateurausensstrictn'a été retenu dans ce rapport. En effet, un Concept cantonal de promotion de la santé et deprévention,quiaborderanotamment larelationentre facteurssocio‐économiquesetsanté,esten cours de finalisation par la Direction Générale de la Santé (DGS). Le Concept devrait être

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soumis auGrandConseil en2016et permettrade transformer les informations recueillies enmesuresd'action.Lapartieintroductivedecerapportfaitétatdeslimitesthéoriquesetempiriquesàladéfinitionet à lamesure de la pauvreté, des données disponibles ainsi que des apports des principalesenquêtesscientifiquesdéjàmenéessurcethème.Unediscussiondesrésultatsetuneconclusionsuiventlaprésentationdesdouzeindicateurs.Cerapportapportelesfondementsd'uneanalyseetlesbasesd'uneréflexion,dontlapertinences'observerasurladurée.

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INTRODUCTION

LaSuisseest l'undespays leplusrichesdumonde.Celanesignifiepourtantpasquetousseshabitants1 sont à l'abride lapauvreté. Lemarchédu travail a subid'importants changementsdepuis la fin des "trente glorieuses", avec des pertes massives d’emploi dans le secteurindustriel, une baisse de l'offre de travail peu qualifié, et un fort déséquilibre entre offre etdemande dans le segment le moins qualifié du marché du travail. Loin du modèle de pleinemploid'antan,lasituationactuellesecaractériseparledéveloppementduchômagedelonguedurée,pardesparcoursdeformationsetd'insertionmoinslinéairesavecdesrisquesderupture,et par l'essor d'une catégorie de travailleurs qui, malgré leurs efforts, ne parviennent pas àsubveniràleursbesoins,lesworkingpoor.Selonl'EnquêtesurlesrevenusetconditionsdevieenSuisse(SILC),lapartdepopulationsuissequivitdansunménagepauvreen2014s'élèveà6.6%–soitenviron530'000personnes–,alorsque 13.5% sont "à risque de pauvreté"2. À titre illustratif, un ménage sur cinq (21.6%) nedisposepasdesmoyensfinanciersnécessairesàfairefaceàunedépenseinattenduede2500.‐CHFdansundélaid'unmois3.Le phénomène de la pauvreté est complexe et de ce fait difficilementmesurable, notammentparce qu'il peut être saisi sous plusieurs prismes et à l'aune de plusieurs dimensions. Lapauvretépeutêtreappréhendéedanssesaspectspurementmatériels,notammentsousl'angledesrevenus(observerlesindividusquiontunrevenusensiblementinférieuràceluidesautrespersonnesouménagesquicomposentlasociété)oudesbiensmatériels(observerlesindividusquisontprivésdebiensmatérielsessentielsdeparleursituationetnonpasparchoix).Maisonpeutaussiadopterunedéfinitiondelapauvretéquimetparexemplel'accentsurseseffets(lapauvreté comme exclusion sociale et citoyenne), ou une définition qui se focalise sur l'actionmenéeparl'Etat(pauvretéentantquecatégorieviséepardespolitiquessocialesd'assistance),ou encore une définition qui se focalise sur les "capabilités" des individus, c’est‐à‐dire leurlibertéàdisposerdeleursbienspourchoisirunmodedeviecorrespondantàleursattentes.La plupart des définitions de la pauvreté s'avèrent être partielles puisqu'elles se focalisentprincipalementsuruneseuledesdifférentesfacettesdecetteproblématique,sansparveniràlasaisirdans toutesacomplexité.Unedéfinitionuniqueetcommuneà tous lesscientifiquesquipermettrait demesurer et comparer demanière simple et univoque la pauvreté fait dès lorsdéfaut.Il convientde ce fait, avantd'introduire les indicateurs retenusdans ce rapport, deprésenterbrièvementquelquesenjeuxdeconceptionetdedéfinition,ainsiqu'unétatdesconnaissancesdesfacteursderisqueetdespopulationsexposéesàl'échelleinternationaleetsuisse.

1 Afindenepasalourdirletexte,cerapportseconformeàlarèglequipermetd'utiliserlemasculinavecvaleurgénérique,celasansaucune intentiondiscriminatoire.Des formulationsneutresont étéprivilégiéesdans les limitesdupossible.Unedistinctionentre"travailleuses"et"travailleurs"seraintroduitelorsdeladiscussiond'indicateursdesinégalitésdegenre. 2OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).EnquêtesurlesrevenusetconditionsdevieenSuisse(SILC),2016.3Ibid.

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1.1. CONCEPTIONSDELAPAUVRETÉ

Dans un premier temps, il convient de clarifier à quel phénomène social les indicateurs depauvreté doivent se référer, et donc de proposer une typologie des principales formes depauvreté,quelesindicateursvontaideràmesurer.PauvretémonétaireLes ressources financières étant le principal moyen d'accès aux biens qui permettent desconditionsdeviesocialementacceptables,peutêtreconsidérécommepauvreausensmonétaireleménagedontlerevenuestsensiblementinférieurauminimumvital.Pourdéfinirlapauvretémonétaire,l'identificationdesrevenusetlafixationd'unseuilsontnécessaires.Lerevenupeutêtre observé avant ou après prestations sociales. Les seuils peuvent être fixés de manièreabsolueourelative.L'unitééconomiqueobservéeestleplussouventleménage.PrivationmatérielleUnménageestdéfinicommeensituationde"privationmatérielle"lorsqu'ilnedisposepasdesbiensquigarantissentdesconditionsdeviesocialementacceptables.Laprivationmatérielleestétudiéeenétablissantsiuncertainnombredebiensmanquentàunménage.Cemanquepeutrésulter d'un choix ou d'une absence de moyens. La privation matérielle est le plus souventmesuréeselonun"indicedeprivationmatérielle".Privationmatérielle et pauvretémonétaire peuvent exister demanière distincte: un individupeutnepasêtreenmesured'acquérir lesbiensquigarantissentunniveaudeviesocialementacceptable toutenayantunrevenuquidépasse lesstandardsminimaux(parexempleàcaused'unloyertropélevéouparcequ'unepersonnedépendanteestàchargeduménage),commeilestpossibled'avoiraccèsàcesbiensmalgréunrevenulimité(parexemplegrâceàl'aidesociale,àlasolidaritéfamilialeouàlacharité).Lapauvretémonétaires'accompagneceladitsouventdeprivations matérielles. Quand privation matérielle et pauvreté monétaire coexistent, on peutparlerdepauvretéconsistante.Pauvretéentantquerelationd'assistance/dépendanced'autruiAu‐delà de la question des ressources économiques et des biens matériels dont disposel'individu, leseul faitdedépendreéconomiquementdeprestationssocialesd'assistanceoudetierspeutêtreconsidérécommeuneformedepauvreté.Analyser l'évolution du nombre et du profil des personnes qui bénéficient de prestationssocialesd'assistancefournitunedonnéeimportantepourétudierl'évolutiondelapauvreté.PauvretéentantquemanquedecapabilitésLacapabilitéest"unvecteurdemodesdefonctionnementexprimantlaliberté,pourunindividu,dechoisirentredifférentesconditionsdevie"4.Encesens,unepersonneest"pauvre"siellesetrouveenmanquede capabilités, donc limitéedans le choixd'unmodede viequi lui convient.Cetteapproche présente l'avantage de dépasser les conceptions strictement économiques de la

4MONNET,Eric,2007."Lathéoriedes«capabilités»d’AmartyaSenfaceauproblèmedurelativisme".In:Tracés.RevuedeScienceshumaines[enligne],2007,n°12, p.103‐120.Disponibleàl'adresse: http://traces.revues.org/211[consultéle17.11.2015]

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pauvreté, bien qu'elle présente un problème empirique majeur, celui d'être difficilementmesurableparunedémarchequantitative.

1.1.1. TROISDÉFINITIONSDELAPAUVRETÉ

Parmi les nombreuses définitions de la pauvreté produites et employées dansdes travauxderecherche ou dans les analyses de politiques sociales, trois ont été sélectionnées et sontprésentéesici,afindemontrerlacomplexitédel'enjeuqueconstitueladéfinitiondelapauvreté.Unepremièredéfinitionappréhendelapauvretésousl'angledelarelationd'assistancequ'elleengendre,dansunEtatquidéploiedespolitiquessociales.Danscetteperspectivecentréesurlacatégorisationparlespouvoirspublicsetsurlesnormessociales,estconsidéréecommepauvreunepersonnequireçoitdel’assistance,ouquidevrait larecevoir.Lapauvretédevientainsietavant tout une construction sociale, qui découle d'une catégorie administrative de politiquespubliques:"Les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent demanques et deprivationsspécifiques,maisceuxquireçoiventassistanceoudevraientlarecevoirselonlesnormessociales.Parconséquent,lapauvreténepeut,danscesens,êtredéfiniecommeunétatquantitatifen elle‐même, mais seulement par rapport à la réaction sociale qui résulte d’une situationspécifique.Lapauvreté […] estdoncnon seulement relative, elle est construite socialement. Sonsensestceluiquelasociétéluidonne"5.

Au‐delàdesonintérêtpourcomprendrelefonctionnementinstitutionneletlacatégorisationparl'Etat(unemêmepersonnedansunemêmesituationseraouneserapasdéfiniecommepauvreselon les critères définis par les autorités publiques), cette définition est difficilementexploitablepourguiderunedémarched'actionsociale,justementpuisqu'ellesebasesurcelle‐cipourdéfinircequ'estlapauvreté.Unedeuxièmedéfinitionestlasuivante:"Doiventêtreconsidéréescommepauvreslespersonnesdontlesressources(matérielles,culturellesou sociales) sont si faiblesqu'elles sontexcluesdesmodesdevieminimauxacceptablesde l’Étatmembreoùellesvivent"6.

Cette définition du Conseil des Communautés Européennes se focalise sur le résultat del'organisationdelasociétéensuggérantunseuilminimalentermesdemodedevie.Estpauvre,ausensdecettedéfinition,celuiquinedisposepasdesuffisammentderessourcespouraccéderàunmodedeviequidépasseceseuil.L'originedesressourcesn'estd'ailleurspas importanteseloncettedéfinition:qu'ellessoientgénéréesparleménagelui‐mêmeouqu'ellessoientlefruitd'une politique de redistribution ou d'assistance, ce qui compte est que les citoyens aientsuffisammentderessourcespournepasêtreexclus.Lebutd'unepolitiquesocialede luttecontre lapauvretéserait,danscettevision,des'assurerquelesressourcesmatérielles,culturellesetsocialesdechaquecitoyenluigarantissentl'accèsà 5SIMMELGeorg.LesPauvres.Paris:PUF,1998. 6INSTITUTNATIONALDELASTATISTIQUEETDESETUDESECONOMIQUES(INNSE).Inseeenbref:Pourcomprendre…Lamesuredela pauvreté [en ligne]. INSEE, 2014, p.2. Disponible à l'adresse : http://www.insee.fr/fr/publications‐et‐services/insee‐bref/pdf/Insee‐En‐Bref‐pauvrete.pdf[consultéle17.11.2015]

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un mode de vie "acceptable". Le mode de vie "acceptable" étant sujet à interprétation, cettedéfinitionestdifficilementopérationnalisable.La troisième définition proposée est celle de la Conférence suisse des institutions d'actionsociale(CSIAS):"Lapauvretéentantquephénomènerelatifdésigneundéficitdansdesdomainesimportantsdelavietelsquelogement,nourriture,santé,formation,travailetcontactssociaux.Onparled'indigencelorsqu'unménagen'estpasenmesuredegénérerparsespropresforceslesressourcesnécessairesàl'entretien ou lorsque, après déduction des cotisations aux assurances sociales et des impôts, lerevenuduménageestinférieurauminimumvitalsocial"7.Selon cette définition, la pauvreté semanifeste par un déficit dans un ou plusieurs domainesimportants de la vie, et s'explique par une incapacité du ménage à générer les ressourcesnécessairesàgarantirlaparticipation.L'accentestmissurlacapacitéduménageàgénérerunrevenuavecsespropresforces(etdoncsurlasourcedurevenu).Lerôlequel'Étatpeutjouerenexigeantdescotisationsoudesimpôtsestégalementprisenconsidération.

1.1.2. UNEAPPROCHEÀLACROISÉEDESDIFFÉRENTESDÉFINITIONS

La population que l'on considère comme "pauvre" selon ces différentes conceptions de lapauvretéesttrèshétéroclite,ettantsacompositionquesatailledépendentdelafocalechoisie.Adopterunedéfinitionetuneéchelledelapauvretéuniquesimpliqueraitderenonceràcernerlephénomène"delapauvreté"danstoutessesfacettesetproduiraitunindicateursynthétiquefondésurunelogiquebinaire("pauvre"–"nonpauvre"),peuutilepourorienterl'interventionpublique.C'estpourquoiilaétéchoisi,danscerapport,desélectionneruneséried'indicateursqui répondent àdifférentes conceptionsde lapauvreté et permettentd'approfondir plusieursaspectsspécifiquesenlienavecdespublicscibles.

1.2. FACTEURSDERISQUEETPOPULATIONSEXPOSÉES

Au‐delàdesenjeuxdeconceptionetdedéfinitiondelapauvreté,lalittératurescientifiqueamisenavantplusieursconstatsgénérauxsur lesprincipauxfacteursderisquesdepauvretéetsurlespublicslesplusconfrontésàcetteproblématique.Facteursderisquepropresàcertainesétapesdelavie:Lavulnérabilitéàlapauvretés'accroîtdanscertainsmomentsdelavie.Lesfacteursderisquenesontdecefaitpaslesmêmesdanslesdifférentesphasesdevie.Ceconstatappelleuneanalysediachroniquedelapauvreté,puisqu'unepersonneouunefamillepeuventsetrouveràrisquedepauvretédansunephaseprécisede leur trajectoireetsuiteàunévénementprécis(naissanced'un enfant, séparation, passage à la retraite), sans pourtant être le public prioritaire desmesuresdeluttecontrelapauvreté.Lesétudesidentifientplusieursfacteursderisquepropresàcertainesétapesdelavie. 7CONFÉRENCESUISSEDESINSTITUTIONSD'ACTIONSOCIALE(CSIAS).Pauvretéetseuildepauvreté:DocumentdelaCSIAS.Berne:CSIAS,2015.p.2

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Passagede l'enfance à l'âge adulte: les facteurs de risque se cristallisent lors de latransitionentrel'écoleetlaformation(risquederuptureetd'échec)etentrelafindelaformationetl'entréedanslemarchédutravail(problèmesd'insertion).

Entrée dans la parentalité: l'arrivée d'un enfant, et à fortiori de plusieurs enfants,entraîne une augmentation des besoins, soit en termes de temps de travail pour lestâchesfamilialesetparentales,soitentermesdesolutionsdegardeàfinancer.Danslesdeuxcas,lesbesoinsdeconsommationaugmententetletempsdisponiblepourtravaillerbaisse. En l'absence de politiques de soutien à la famille conséquentes, cette étapecomporteuneforteaugmentationdesrisquesdepauvreté.

Fin de la vie active: l'avancement en âge comporte des risques pour ceux qui sontencoreactifs (risquedechômagede longueduréeetd'incapacitéde travail)etsurtoutpour les personnes qui ont cessé leur activité (retraite et/ou assurance vieillesseinsuffisantes pour faire face aux besoins, notamment en raison de l'augmentation descoûtsdelavieetdudéveloppementdesproblèmesdesanté).

Facteursderisqueselonressources:Certainesressources,au‐delàdesressourcesmatériellestellesquel'argentoulesbiens,peuventavoirunimpactpositifounégatifsurlerisquedepauvreté.Parmielles,onpeutretenir:

La formation: les étudesmontrent que la catégorie des personnes sans formation ouavec une formation primaire est surreprésentée dans les différentes populationspauvres.Lerisquedepauvretéestinversementproportionnelauniveaud'études.

Letravailrémunéré:avoirunemploinegarantitpasd'êtreàl'abridelapauvreté.Pourcela,unemploidoitgénérerunerémunérationsuffisante,doitpermettredeseprojeterdansl'avenir,etnedoitpasprésenterdedangerspourlasanté.Deplus,letravailremplitdansnossociétésunemissionquidépasselaseulequestiondurevenu:letravailestunefinalitéensoi,etsonabsenceeststigmatisée.Lesindividusexclusdumarchédutravailontsouventuneparticipationsocialeetunréseausocialpluslimités,cequilesexposeàfortioriàlapauvreté.

Lasanté:silasantéestuneressource,sonabsenceestunobstacle.Êtreenbonnesantéest une condition essentielle d'accès aumarché de l'emploi. Unmauvais état de santépeut générer de la pauvreté (absence de travail, difficulté à accéder aux prestationssociales et de santé nécessaires, risque de repli social), ainsi que la pauvreté peutgénérerunmauvaisétatdesanté(notammentdéveloppementdemaladiespsychiquesetdépressions).

Le logement: Parmi les biens dont l'absence ou la qualité insatisfaisante portent à laprécarité et à l'exclusion, figure le logement.Avoir un logement est une condition sinequanonpourréaliseruneactivitélucrative,maisaussipourdévelopperuneviesociale.De ce fait, la privation de logement est un facteur aigu de précarité. D'ailleurs, lelogement,deparsanatureobligatoireetparsoncoûtcroissant,estintrinsèquementliéàla question de la pauvreté dans la mesure où il absorbe une partie grandissante desbudgetsfamiliaux,laissantmoinsderessourcespourd'autresbiensvitaux,dontlasantéetl'alimentation.

Dettes: Le fait d'être endetté n'est pas synonyme de pauvreté, notamment quand lerevenu permet de faire face aux intérêts et à l'échelonnage du remboursement de la

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dette. Cependant, une personne en situation de pauvreté monétaire qui se retrouveendettéeade forteschancesdeplongerdansunprocessusdesurendettement,duquelelle ne pourra sortir facilement, car même avec un revenu supérieur au seuil depauvreté,elledevrafairefaceauxobligationsdeladette(intérêtetremboursement).

Le statut juridique: une personne en situation de séjour irrégulière présente demultiples facteurs de risque de pauvreté. Ces risques sont constatés aussi pour lespersonnes au bénéfice d'un permis de séjour provisoire (permis F), dont l'accès àl'emploietaulogementestentravéparlaprécaritédeleursituation.

La maîtrise de la langue: la connaissance de la langue locale est une ressourceimportantequifacilitel'accèsaumarchédutravailetàl'intégrationsociale.Sonabsencen'estpasnécessairement synonymed'exclusion socialeouprofessionnelle, notammentlorsqu'ilexisteunecommunautélinguistiqueetculturelleadhocimportantedanslelieuderésidence.

L'entourage: Le contact humain et la solidarité peuvent permettre de surmonter lesdifficultéstransitoires,etfournissentdesaidesprécieusespourretrouverunemploiencasdechômage.L'isolementfamilialousocialrenforcelerisqueoul'étatdepauvreté.

Les facteursderisquepeuventdoncêtredirectement liésauxphasesdevieetauxressourcesdont l'individudispose. Pour chacunede ces étapesde vie, certaines ressources réduiront lesrisques, d'autres les renforceront. On peut dès lors mettre en évidence quelques publics quiressortent dans la littérature comme étant particulièrement exposés au risque de pauvreté,quellequesoitladéfinitionretenue.Groupesàrisque:

Les familles avec enfants: les familles avec enfants sont davantage exposées auxrisquesdepauvretéquelesindividusseulsoulesfamillessansenfants.Deuxcatégoriesde familles sontparticulièrement exposées: les famillesmonoparentales et les famillesnombreuses (trois enfants et plus). Pour les premières, le risquedepauvreté est lié àl'organisationdelafamille(besoinsentermesdetempsetd'argentpours'occuperdesenfants),maisaussiauxmécanismesdediscriminationdegenresurlemarchédutravail,cesfamillesétantcomposéesdanslaquasi‐totalitédescasdemèrescélibataires(salairesplus faibles, sous‐emploi, précarité de l'emploi, possibilité de formation et d'évolutionplus limitées).Une faiblequalificationdesparentset lenombred'enfantsaugmentecerisque; les famillesmonoparentalesnombreuses (àpartirde3enfants) sont lesplusàrisque.

Les jeunesentransitionécole‐métier:sicestransitionssedéroulentdans laplupartdes cas sans problèmes ou avec des difficultés mineures (telles une phase limitée dechômage et recherche d'emploi ou des périodes prolongés de stages faiblementrémunérés),unepartiedesjeunesentransitionrencontredesdifficultésmajeurespouraccéderàuneformation,etsurtoutaccéderàunpremieremploipermettantdesubvenirà ses besoins. L'on observe que les jeunes issus de familles avec une trajectoiremigratoireet/oulesjeunesdontlesparentssontfaiblementqualifiéset/oudisposantderevenusmodesteset/ouavecdesdifficultéssociales,sontparticulièrementàrisque.

Lespersonneséloignéesdel'emploi:l'éloignementdumarchédel'emploipeutêtreunfacteurd'appauvrissement,notammentquandcetéloignementestdéfinitif(passageàla

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retraite).Lespersonnesretraitéesn'ayantpascotisédemanièrerégulièreausystèmedeprévoyance professionnelle et ne disposant pas de ressources économiques ouimmobilières peuvent être exposées au risque de pauvreté si des politiques socialesspécifiques ne viennent pas les aider. C'est notamment le cas des personnes qui ontinterrompu leur activité professionnelle pour s'investir dans la sphère familiale, despersonnes ayant travaillé à temps partiel,des indépendants, ou encore des personnesayantvécudesphasesdevienon‐productivesàcausesdeproblèmessociauxet/oudesanté.

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MESURERLAPAUVRETÉ:DONNÉESDISPONIBLES

2.1. DONNÉESÀL'ÉCHELLESUISSE

MêmesiunedéfinitionuniquedelapauvretéenSuissenepeutpasêtreretenue,l'Officefédéraldelastatistique(OFS)réaliseannuellementdesstatistiquesdelapauvreté,dontl'enquêteSILC.D'autres sources d'information sur la pauvreté et la précarité, le revenu et le budget desménagessontproduitesgrâceà l'Enquêtesur lesbudgetsdesménages(EBM), lePanelSuissedesMénages (PSM), l'Enquête Suisse sur la Population Active (ESPA), l'Enquête Suisse sur laStructuredesSalaires(ESS)etlaStatistiquesurl'aidesociale(SOSTAT).L'analysedelapauvretéeffectuéeparl'enquêteSILCpermetdecalculerle"risquedepauvreté"sous forme de "distance" du revenu équivalent médian8(seuil relatif de 60% du revenuéquivalentmédian),etla"pauvretéabsolue"sousformede"distance"duminimumvitaldéfiniparlaCSIAS9,laquellenedevraitthéoriquementpasexister,vul'existencedel'aidesociale.Cette enquête tient aussi partiellement compte de la pluri‐dimensionnalité de la pauvreté, eninvestiguantun"indicedeprivationmatérielle" composédeneuf indicateurs :1)capacitéàfairefaceàunedépenseimprévued’unmontantde2500francs,2)capacitédes’offrirchaqueannée une semaine de vacances hors de son domicile, 3) absence d’arriérés de paiements(remboursementshypothécairesouloyers,facturescourantes,mensualitésdelocation‐venteouautres remboursements d’emprunts), 4) capacité de s’offrir un repas composé de viande, depoulet ou de poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours aumoins, 5) capacité dechauffer convenablement sondomicile, 6) accès à un lave‐linge, 7) possessiond’un téléviseurcouleur, 8) possession d’un téléphone, 9) possession d’une voiture. La privationmatérielle sedéfinitcommel’absence,pourdesraisonsfinancières,d’aumoinstroisélémentsparmieux.Des modules sur la santé (notamment le renoncement aux soins de santé pour des raisonsfinancières)etdesmodulessurlesurendettementontétérécemmentintroduits.Àlalumièredeplusieursindicateurssociodémographiques,l'enquêteSILCpermetd'analyserlapauvretésousdifférentsanglesetpourplusieurspublics,parexemplelesworkingpoor.Toutefois, l'échantillonnageà l'échellenationalenepermetpasdeproduiredesrésultatspourdesrégionsoudescantonsspécifiques.Decefait,aucunindicateurbasésurlesdonnéesSILCnepeutêtreprésentédanscerapport,quisefocalisesurleCantondeGenève.LesenquêtesSOSTATetESS,quicouvrentlesbénéficiairesdel'aidesocialeausenslargeetlessalariés,permettentparcontredesortirdesrésultatsspécifiquesàuncanton,etserontdecefaitexploitésdansl'analyse.

8 Lamédiane correspond au revenu de la personne qui sépare le 50%des plus hauts revenus du 50%des plus bas revenus, enmettantlespersonnesenordredurevenuplusbasaurevenuplusélevé.Unglossairequidétailleentreautreslestermesd'analysescientifiquesetrouveenconclusiondecerapport.9LesnormesdelaConférencesuissedesinstitutionsd’actionsociale(CSIAS)sontdesrecommandationsàl’intentiondesautoritéssociales des cantons, des communes, de la Confédération et des institutions sociales privées. Elles n’acquièrent un caractèreobligatoirequeparlalégislationcantonale,lesréglementationscommunalesetlajurisprudence.

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2.2. DONNÉESÀL'ÉCHELLEGENEVOISE

Une statistique globale de la pauvreté cantonale n'existe pas àGenève. Il existe cependant denombreusesstatistiquesetindicateursrecueillispardesofficesetdesinstitutionscantonalesetfédérales qui peuvent être repris pour analyser la pauvreté et la précarité dans le canton deGenève.Lalistesuivanteprésentesuccinctementlesprincipalessources:

L'Enquête suisse sur la structure de salaires (ESS) de l'OFS. Il s'agit d'une statistiquebaséesurunéchantillond'entreprisesducanton,réaliséetouslesdeuxans.EllefournitdesinformationssurlessalaireseffectifsàGenèveetinclutdesinformationssurletypedecontratdetravail.

La Statistique suisse des bénéficiaires de l’aide sociale (SOSTAT) de l'OFS. Cettestatistique est produite à l'échelle cantonale chaque année et tient compte desdifférentes prestations d'aide financières (aide sociale, prestations complémentaire del'AIoul'AVS,prestationscomplémentairespourfamilles,aideaulogementetavancessurpensionsalimentaires).

Lastatistiquesurlechômage(AMSTAT),miseàjourchaquemoisetmontrantl'évolutiondeschômeursofficielsinscrits,deschômeursdelongueduréeetdeceuxenfindedroits.

Lastatistiquesurlesbénéficiairesetlestitulairesdesdossiersdel'HospiceGénéral(HG).Cette statistique est produite sur unebase annuelle par l'HG, qui transmet ensuite lesdonnéesàl'OFSpourdéterminerl'aidesocialeausensstrict.

L'EnquêteSuissesurlaSanté(ESS)del'OFS,quiestreproduitetousles5ansetrécoltedesinformationssurl'étatdesantéetlaqualitédeviedelapopulation.

LesstatistiquesduSRED,notammentsurlesélèvesprovenantd'unmilieudéfavorisé. LabaseuniquededonnéesduRevenuDéterminantUnifié(RDU).Ils'agitd'unebasede

donnéescontenant lesélémentsderevenusetdefortuneservantàdéterminerledroitauxprestationssocialescantonalessousconditionderessources.

La statistique du BUS santé (HUG). Cette enquête répétée chaque année récoltenotammentdesinformationssurlerenoncementauxsoinspourdesraisonsfinancièresainsiquesurl'étatdesantéetlasituationsocioéconomiquedesindividus.

Des éléments statistiques du Programme Cantonal de Lutte Contre le Surendettement(PCLS),fournisparlaDGAS.

Desurcroît,lesrésultatsdeplusieursrecherchespeuventêtrerepris: L'étudesurlesbesoinssociauxetlesprestationsd'aidesocialeréaliséeparl'Institutde

hautesétudesenadministrationpubliqueIDHEAP10,quiaévaluélespolitiquesmisesenplace et leur coordination, et a mis en évidence les principaux groupes à risque depauvretéetdeprécarité.

10BONOLI,Giuliano,BERCLAZ,Michel.Besoinssociauxetprestationsd'aidesocialeenvilledeGenève:Elémentspouruneréorientationdesaidescommunales.Chavannes‐près‐Renens:IDHEAP,2007.

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Destravauxdel'OCSTATetduCATI‐GEsurladistributiongéographiquedesformesdeprécarité11etsurlesinégalitésrégionalesdanslecanton12.Cestravauxontproduitdesdonnées à partir d'indicateurs comme le revenu annuel brut, le part d'élèves issus demilieuxdéfavorisés,letauxdecontribuablesàbasrevenus,letauxdechômage,lestauxde bénéficiaires de différentes prestations sociales, le nombre de logementssubventionnésouencoreladiffusionduchômagedelonguedurée.

PlusieursrapportssurlagrandeexclusionetlespersonnessansdomicilefixeàGenève. LerapportquelaDirectiongénéraledelasantédel'EtatdeGenèvefinalise,quiévoque

l'influencedesfacteurssocioéconomiquessurlasantéàGenève.

11BENETTI,Didier.LaprécaritéàGenèvedansuneoptiqueterritoriale.Genève:OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT),2012.(Communicationsstatistiques)12CENTRED'ANALYSETERRITORIALEDESINÉGALITÉSÀGENÈVE(CATI‐GE).AnalysedesinégalitésdanslecantondeGenèvedanslecadredelaPolitiquedecohésionsocialeenmilieuurbain:Rapport2014.Genève:UniversitédeGenève,2014.

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PRÉSENTATIONDESINDICATEURSETANALYSESDESRÉSULTATS

Comptetenudesindicateurs,statistiquesetbasesdedonnéesdéjàexistants,ilaétédécidédenepas créer un nouveau recensement statistique ad‐hoc sur ce thème. Ce choix, qui permet demettreàjourcerapportsansréaliserdesenquêtesspécifiques,impliquedenepasproduire,parmanque de données exploitables, des indicateurs sur la privation matérielle, le manque decapabilitésetl'exclusionsociale.Concernantlaprivationmatérielle,commedéjàsouligné,lesdonnéesdel'enquêteSILC–laseulequi recueille en Suisse des informations à cet égard – ne permettent pas d'extrapoler desrésultatsàl'échellegenevoise.L'approche par les capabilités quant à elle nécessite des données de nature différente desdonnées statistiques habituellement recueillies. Elle demande des analyses approfondies àl'échelle de la personne par desméthodes qualitatives, et s'appliquemieux à des évaluationsspécifiquesd'unemesureoud'unprogramme.Laquestiondel'exclusionsocialeétantunepossibleconséquencedelapauvreté,ilaétédécidédenepasproduired'indicateursyrelatifs.Lesdeux conceptionsde lapauvreté approfondiesdans le cadrede ce rapport sont lapauvretécommerelationdedépendanceetlapauvretémonétaire.Pourlaseconde,quiestanalyséeparplusieurs indicateurs,unedéfinitionrelativeaétéprivilégiéeàunedémarcheentermes absolus, cela afin de ne pas négliger la spécificité du canton de Genève en termes desalairesetcoûtsde lavieélevés.Ainsi,plutôtqued'utiliserdesseuilsderevenuoudesalairefixesau‐dessousdesquelsunepersonneestconsidéréecommepauvreouàrisquedepauvreté,quiauraientdûêtreadaptésparuneestimationforcémentarbitraireaucoûtdelaviegenevois,il a été choisi, en accord avec les études scientifiques de référence du domaine, de prendrecomme valeur de référence les différentes médianes (salaire médian, revenu médian), etd'analyserlenombredepersonnesquiseretrouventfortementéloignéesdecesvaleurs.Autotal,douzeindicateurssontproposésdanscerapport.Lescinqpremiersvisentàmesurerplusieurs aspectsde la pauvreté en l'appréhendant en tant que relationdedépendance (deuxindicateurs)etcommepauvretémonétaireliéeauxrevenus(troisindicateurs).Viennentensuiteseptindicateurspourapprofondirdesaspectsspécifiquesdelapauvreté.Cinqsont dédiés au lien entre pauvreté et travail, soit à la problématiquedes bas salaires et de laprécarité.Deuxtraitentdelaquestiondesdettesetdusurendettement.Unchapitrecentrésurlethèmedeseffetsdelapauvretésurlasantéestproposédanslasuitedurapport,mêmesiaucunindicateurn’afinalementétéretenuàcesujet.Cettedécision,s'expliqued'unepartparl’insuffisancedesdonnéesàdisposition,d'autrepartparlesouhaitdecoordonnerlesuividecetteproblématiqueaveclaDirectionGénéraledelaSanté(DGS),chargéed’élaborerunConceptcantonaldepromotiondelasantéetdeprévention.Un dernier chapitre présente la répartition territoriale des inégalités à l'échelle du canton deGenève et conclut la partie d'analyse, sans présenter non plus d'indicateurs. Cet élémentd'analysedoitcontribueràlaréflexionsurlamiseenœuvreconcrètedemesuresdeluttecontrelapauvretécibléessurleterrain.

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Les indicateurs retenus pourront être reconduits et analysés dans le temps. De ce fait, si leslimites empiriques que certains indicateurs présentent rendront toute généralisation à lapopulationgenevoiseproblématiqueàce jour, leursuividans letempssur labasedesmêmescritères empiriques permettra de récolter de nombreuses informations sur l'évolution de lapopulationanalysée,quellequesoitlareprésentativitédel'échantillon.

1. INDICATEURSDEPAUVRETÉ

N° Nom Sourcedel'indicateur1 Tauxd'aidesociale OFS‐ SOSTAT2 Tauxdesur/sous‐représentationàl'aidesociale Statistiquedel'Hospicegénéral3 Tauxderisquedepauvreté RDU4 Tauxderisquedepauvretéhypothétiquesansprestations

socialesRDU

5 Tauxderisquedepauvretéindividuel RDU

2. INDICATEURSDEPRECARITÉLIÉEÀL'EMPLOI

N° Nom Sourcedel'indicateur6 Tauxdebassalaires OFS:ESSGenève7 Tauxdesalariésavecunsalaireeffectif brutinférieurà

2000CHFetà3000CHFparmoisOFS:ESSGenève

8 Tauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploimaisàrisquedepauvreté

RDU

9 Tauxdebénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralactifsoccupés

Statistiquedel'Hospicegénéral

10 TauxdebénéficiairesPCFam OFS:SOSTAT

3. INDICATEURSSURLESDETTESETLESURENDETTEMENT

N° Nom Sourcedel'indicateur11 Tauxdedossiersdel'aidesocialeprésentantdesdettes Statistiquedel'Hospicegénéral12 Elémentsstatistiquesdespersonnesconsultantles

servicesdedésendettementPCLS

4. SANTÉETPAUVRETÉ

Pasd'indicateurs

5. CONCENTRATIONGÉOGRAPHIQUEDESINÉGALITÉS

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3.1. INDICATEURSDEPAUVRETÉ

3.1.1. PAUVRETÉCOMMERELATIONDEDÉPENDANCE

En Suisse, le dispositif de protection sociale (Figure 113) est composé d'assurances sociales(assuranceinvalidité,assurancechômageouassurancevieillesseetsurvivants),deprestationssousconditionderessources(prestationscomplémentairesAVS/AIouallocationsdelogement)etdel’aidesociale.Silespremièressontbaséessurunrégimeassuranciel(les"ayantdroit"sontceuxquiontcotisé),lesdeuxièmesrépondentàunelogiquesituationnellebaséesurlesbesoins

et n'exigent de ce fait pas unecotisationpréalablepourbénéficieràlaprestation.Ces prestations ciblent enparticulier les personnes dont lesrevenus ne permettent pas decouvrir leurs besoins essentiels,malgré une activité professionnellerémunérée.L'aide sociale compose le "dernierfilet" de ce dispositif et a pourobjectifdegarantiràtoutcitoyenleminimum vital social. Elle estsubsidiaire aux assurances socialeset autres prestations sousconditionsderessources.Les prestations d’aide sociale sontcalculéespourcouvrirdesdépensesde base fixes (frais de logement etcouverture d'assurance‐maladie debase) et prévoient l'octroi d'un«forfait pour l’entretien» pourcouvrirlesautresdépensesdelavie(nourriture et habits). Selon lesbesoins spécifiques avérés etreconnu de chaque ménage,peuvent s’ajouter des prestations

circonstancielles(pourl'achatdelunettes,lapriseenchargedefraisdentairesindispensables,lacouverturedefraisdusàlaparticipationàunprogrammed'intégrationoudequalification,etc.).Nous l'avonsdit, l’onnepeutassimilermécaniquementaidesocialeetpauvreté.Cependant, lefait d'être bénéficiaire de programmes visant à préserver de la détresse et réinsérer dans lasociétépeutreleverd'uneformedepauvreté,appelée"pauvretécommerelationd'assistance".Les personnes qui seraient considérées comme pauvres selon les indicateurs de pauvretécomme relation d'assistance ne sont pas forcément pauvres au sensmonétaire du terme, carellesperçoiventdesprestationsvisantjustementàlespréserverdelapauvreté(onparledecefaitde"pauvretécombattue").

13 CRETTAZ,Eric,JANKOWSKI,Thomas,etal.Comparaisondesstatistiquesdel’aidesocialeetdelapauvreté:Conceptsetrésultats.Neuchâtel:OFS,2009.p.6

Figure 1

Figure1

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INDICATEUR1 Tauxd’aidesociale

Formedel’indicateur Tauxd’aidesocialeausenslarge(OFS)Tauxd'aidesocialeausensstrict(OFS)Bénéficiairesdel'aidesocialeausenslarge(OFS)Bénéficiairesdel'aidesocialeausensstrict(OFS)

Sourcedel’indicateur StatistiqueSOSTAT(OCSTAT‐OFS)

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

L'aidesocialeausensstrictseréfèreàGenèveauxbénéficiairesdel'aidefinancièredel'Hospicegénéral,laquelleappliquelargementlesnormesCSIAS.Le décompte du nombre officiel de dossiers ouverts ou de personnes bénéficiaires de l'aidesociale par année n'est pas l'indicateur le plus stable, au vu des changements législatifs etréglementaires qui peuventmodifier les critères d'accès aux prestations d'aide sociale. Ainsi,l'aidesociale,entantque"dernierfilet"dudispositifdeprotectionsocialesuisse,estfortementtributaire des restrictions intervenant au niveau de l'assurance chômage et de l'assuranceinvalidité: lorsque les conditions d'accès ou de durée des prestations de ces deux assurancessontrestreintes,l’onobserveuneaugmentationdunombredepersonnesquiontrecoursàl'aidesociale.Ilestdecefaitintéressantdecompléterl'informationsurletauxd'aidesocialeausensstrictparcequ'onappellele"tauxd'aidesocialausenslarge"14,cedernierayantl'avantagedeprendreenconsidérationtouteslespersonnesayantbénéficié,aumoinsunefoisdurantl'annéeconsidérée,d'uneprestationfinancièresousconditionderessourcesoctroyéeparlecanton,cequidépasseleseulcadredel'aidesocialedel'Hospicegénéral.PourlecantondeGenève,lesprestationssousconditionsderessourcessuivantessontprisesenconsidération dans le taux d’aide sociale au sens large: avances sur pensions alimentaires,prestations complémentaires cantonales à l'AVS/AI, aides au logement, prestationcomplémentairespourfamilles(àpartirde2013).Vuleplusgrandnombredeprestationsprisesenconsidérations,cetindicateurestainsimoinstributairedeschangementslégislatifsquimodifientlescritèresd'éligibilitésauxprestations,queletauxd'aidesocialeausensstrict.Eneffet,unepersonnequiperdrasondroitàuneprestationprécise suite à une modification règlementaire pourra peut‐être avoir recours à une autreprestation. Cette personne disparaîtra de cette statistique seulement si elle n'a plus accès àaucuneprestation.Pourcesraisons,cesdeuxtauxsontretenusdansleprésentrapport.La statistique SOSTAT fournit des données sur les bénéficiaires de l'aide sociale selon lacommune, laclassed'âgeet l'étatcivil.Ces indicateurssontproduitschaqueannéeàpartirdurecensement exhaustif qui concerne tous les bénéficiaires de l'aide sociale et des prestations

14 OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Aidesocialeetpauvreté‐Tauxdel’aidesocialeausenslarge.Disponibleàl'adresse:http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/07/blank/ind43.indicator.43010.430101.html[consultéle25.11.2015]

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socialessousconditionsderessources.Ellepermetdesuivre le tauxdepersonnesnécessitantuneaidesocialepourfairefaceàleursobligations.B. Analyse

L’observation de cet indicateur permet de constater que le nombre de bénéficiaires deprestationssocialesestenconstanteaugmentation(Figure2).L'entréeenvigueuren2012delamodification de la LIASI (Loi sur l’insertion et l'aide sociale individuelle genevoise) engendreune augmentation instantanée du nombre des dossiers de l'aide sociale. Cette croissances'expliqueparlefaitquelerevenuminimumcantonald'aidesociale(RMCAS)aétésuppriméetquesesbénéficiairesontprogressivementététransférésversl'aidesociale.L’impactestvisiblesur la quantité des bénéficiaires de l'aide sociale au sens strict, mais l’on n’observe pasd’influenceaussinettesurleseffectifsàl'aidesocialeausenslarge.

Figure2

En2014àGenève,presqueunepersonnesurseptvivaitdansunménagequirecevaitaumoinsune prestation d'aide sociale au sens large. Le taux d'aide sociale au sens large dans lapopulation genevoise est resté stable autour des 13%pour la période analysée (Figure3). Letauxd'aidesocialeausensstrictconnaîtenrevancheunecroissancedanslesdernièresannées,passantde3.7%en2009à5.4%en2014.

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Figure3

Parailleurs,ilressortdespublicationsdel'OFSquedanslecantondeGenève,18%desenfantsentre 0 et 14 ans vivent dans unménage bénéficiaire d’une prestation d’aide sociale au senslarge15,etquecechiffreestde21%enVilledeGenève16.Lesclassesd'âgequiprésententlaplusgrandeproportiondebénéficiairesd’uneaidesocialeausenslargesontles0‐17ans(17.9%)etles+80ans(17.1%)17.Cesdeuxpublicsfontl'objetd'aidesspécifiquesensusdesaidescouvranttoutelapopulation.S’agissant de l’état civil, la proportion de bénéficiaires de l'aide sociale au sens large est plusélevéeparmi lespersonnesdivorcées(18.7%pour leshommes,23.2%pour les femmes)ainsiqueparmilesveufs(11.3%pourleshommes,17.7%pourlesfemmes18).

15OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Tableau3.1:Bénéficiairesdel'aidesocialeausenslargeparclassed'âgeGEGenève,2014.In:Statistiquesuissedesbénéficiairesdel’aidesociale(SOSTAT2014).Documentinterne.16OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).ibid. 17OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).ibid.18OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Tableau3.4:Bénéficiairesdel'aidesocialeausenslargedès18ansselonl'étatcivil,GEGenève,2014.In:Statistiquesuissedesbénéficiairesdel’aidesociale(SOSTAT2014).Documentinterne.

Tauxd'aidesocialeausenslarge(OCSTAT‐OFS)2014 13.6%Tauxd'aidesocialeausensstrict(OCSTAT‐OFS)2014 5.4%Bénéficiairesdel'aidesocialeausenslarge(OCSTAT‐OFS)2014 63'904Bénéficiairesdel'aidesocialeausensstrict(OCSTAT‐OFS)2014 25'303

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INDICATEUR2 Tauxdesur/sous‐représentationàl’aidesociale

Formedel’indicateur Tauxdesur/sous‐représentationàl'aidesocialedel'Hospicegénéralselonstructurefamiliale,niveaudeformationetoriginegéographique

Sourcedel’indicateur Statistiqueinternedel'HospicegénéralStatistiqueOFSsur lastructuredelapopulationducantondeGenève

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Il s'agit d'un suivi ciblé sur certains profils démographiques, qui permet de mesurer leurexpositionàuneformespécifiquedepauvreté:lapauvretécommerelationd'assistance,soitlefaitdebénéficierdel'aidesocialeausensstrict.Cetindicateurestproduitàpartirdesdonnéessurl'aidesocialelivréeparl’Hospicegénéral.Lesprofilsobservéssontlessuivants:

ménagesmonoparentaux personnesseulessansenfants personnessansformationpost‐obligatoire personnesdenationalitéétrangère

Ces profils sont confrontés à d'autres profils démographiques pour en relever la spécificité.Trois aspects sont investigués: la structure familiale, le niveau de formation et l'originegéographique.Lecalculdelasur/sous‐représentationestréaliséenconfrontantlafréquencedechaqueprofildans la population genevoise dans son ensemble avec la fréquence dumêmeprofil parmi lesbénéficiaires de l'aide sociale au sens strict. L'indicateur fournit un taux de sur/sous‐représentationsousformedepourcentage.Silepourcentageestégalàzéro,celasignifiequeleprofil est aussi fréquent dans la population permanente du canton de Genève que parmi lesbénéficiairesdel’aidesociale; iln’estdèslorspasplustouchéparlapauvretécommerelationd'assistancequelerestedelapopulation.Sicetauxestpositif,celasignifiequecespersonnessetrouventstatistiquementplusfréquemmentàl'aidesociale,etdoncqu’ellessontplustouchéesparcetteformedepauvreté.Ainsietàtitred’exemple,siletauxestégalà+100%,celasignifiequelaproportiondespersonnesprésentantceprofilàl'aidesocialeestdeuxfoisplusélevéquelaproportiondespersonnesavec lemêmeprofildans lapopulationgenevoise.À l'inverse,untauxde‐50%signifiequel'ontrouvedeuxfoismoinsceprofilparmilesbénéficiairesdel'aidesocialequedanslapopulationglobalegenevoise.Danssastatistiquesurlesbénéficiairesdel'aidesociale,l'Hospicegénéralfournitlui‐mêmedescomparaisons entre la population du Canton de Genève et la population de ses bénéficiaires.L'observationdecetindicateurdanslesannéesàvenirpermettrad’obtenirdesinformationssurl'évolutiondurecoursàl'aidesocialepourcertainsgroupescibles.

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B. AnalyseL'observation des données 201419 permet de relever une surreprésentation des personnesseules parmi les bénéficiaires de l'aide sociale délivrée par l'Hospice général, ainsi que desfamillesmonoparentales. Dans les deux cas, ces catégories sont clairement plus représentéesquedanslapopulationgenevoise(+100%et+65%),etd'ailleurshuitfoisplusquelescouplessansenfantsetsixfoisplusquelescouplesavecenfants20.Unbasniveaudeformation(sansformationpost‐obligatoire)estaussiunfacteurderisquederecoursàl'aidesociale(+64%),contrairementàuneformationsecondaireII(‐37%)etsurtoutuneformationtertiaire(‐67%).Lefaitd'êtreoriginaired'unpaysextérieuràl'UnionEuropéenne(UE)estégalementunfacteurderisquederecoursàl'aidesocialepuisquecettepopulationest–parrapportàlapopulationglobalegenevoise‐surreprésentéeàhauteurde+125%,alorsquelespersonnesdenationalitésuisse ou européenne sont légèrement sous‐représentées. Cette surreprésentation s'expliquedanslalittératureprincipalementparlecumuldeplusieursfacteursquirendentdifficilel'accèsaumarchédel'emploi:unbasniveaudeformationouundiplômenonreconnu,desdéficitsdansles compétences linguistiques et une faiblesse ou une absence d'un réseau professionnel etsocialàmobiliser.Cesfacteursvarientselonlesfluxmigratoiresetlesmotifsdelamigration.

3.1.2. PAUVRETÉMONÉTAIRE

Lesindicateursproposésdanscettecatégoriereposentsurdesdonnéesprovenantdusystèmed'information du revenu déterminant unifié (SI‐RDU). Cette base de données étant nouvelle,c'estlapremièrefoisquedesindicateurss'yréfèrentdanslecadred'uneanalysedecetype.Le revenu déterminant unifié (RDU) est un montant composé d'éléments de revenus et defortunefixésparlaLoisurlerevenudéterminantunifié(LRDU)du19mai2005,quiprévoitdes

19Facteurscalculésàpartirde:HOSPICEGÉNÉRAL(HG).Statistiqueannuelledel'aidesociale2014:Profilsdestitulairesdedossieretélémentssurlesbénéficiaires.Documentinterneàl'HospiceGénéral.Genève:HospiceGénéral,2015.p.2220Ibid.

Tauxdesur/sous‐représentationàl'aidesociale(selonstructurefamiliale,niveaudeformationetoriginegéographique)

Personnesseules +65%Famillesmonoparentales +100%Couplessansenfants ‐75%Couplesavecenfants ‐59%Personnessansformationpostobligatoire +64%Formationsecondairell ‐37%Formationtertiaire ‐67%Suisses ‐16%Etrangers(seulementUEetAELE) ‐26%Etrangers(HorsUEetALE) +125%

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modalités unifiées et applicables à toutes les prestations sociales soumises à condition deressources.Concrètement, le RDU est calculé automatiquement pour tous les "contribuables personnesphysiques domiciliés dans le canton de Genève durant toute l'année et imposée au barèmeordinaireIBO",désignésci‐aprèsles"assujettisauRDU".Lesmontantsdesprestationssocialesversées viennent s’ajouter à ce montant, appelé "RDU socle", au fur et à mesure de leurdélivrance, et selon l'ordre précis défini par la loi précitée (hiérarchie des prestations). Lenouveaumontantconstituele"RDUtotal".Enl'absencedeprestationssocialesperçues,leRDUsocle est égal au RDU total. Le "RDU socle" sera désigné ci‐après par "RDU sans prestationssociales".Il convient de souligner que la base de données du RDU contient uniquement les donnéesfiscales nécessaires au calcul des revenus déterminants unifiés pour une personne avec unrevenu brut fiscal inférieur à 300 000 francs ou pour un couple avec un revenu brut fiscalinférieurà350000francs.Lesdonnéesfiscalesdescontribuablesdépassantceseuilnesontpasrecenséesdanscettebasededonnées,maisleurnombreanéanmoinsétéprisencomptedansles calculs (médianes, quartiles, déciles), sachant que ces contribuables se situent de toutemanièredanslapartielaplushautedel'échelle.Lesinformationsrecueilliessontlessuivantes:

‐ LeRDUindividuelsansprestationssociales;‐ Les prestations sociales perçues (il s'agit des prestations figurant à l'art. 13 LRDU:

subsides destinés à la réduction des primes de l'assurance‐maladie, avances despensionsalimentaires,prestationsdel'officedulogement,prestationscomplémentairesà l'AVS et à l'AI, bourses d'études, prestations complémentaires familiales et aidesociale);

‐ Lesinformationssurlecontribuableousonconjoint(tellesqueâge,étatcivil,nombredechargesfiscales,nombred'enfants,etc.).

Àl'aidedecesinformations,l’onpeutcalculerleRDUindividuel,leRDUduménageetle"RDUéquivalent", c'est‐à‐dire le RDU duménage pondéré selon la structure duménage (personneseule, couple sansenfants, coupleavecplusieursenfants, etc.), cequipermetde comparer lesménages avec des structures différentes. Il sied à ce propos de souligner que la structure duménage est considéréepar leRDUuniquementdupointde vue fiscal, et donc selon sa formejuridique.Dece fait, lescouplesquinesontpasmariésoun'ontpasdepartenariatenregistré(dans le cas des personnes du même sexe) figurent dans le SI‐RDU comme deux individusdistincts, ce qui fait que les catégories "personne seule" et "famille monoparentale" incluentégalementdespersonnesqui dans les faits vivent avecun concubin et partagent avec lui unepartiedescharges,sansqu'uneéchelled'équivalencesoitappliquée.Cebiaisestdiscutéplusloindansl'analyse.Pour que l'exploitation des données du SI‐RDU respecte les principes de la démarchescientifique,n'ontpasétéprisenconsidération:

‐ Les "non‐assujettis au RDU", soit les personnes imposées à la source (il s'agitprincipalementdepersonnesétrangèresavecpermisB,NetF)ainsiquelespersonnestaxéesd'office.Cechoixpermetd'éviterdebiaiser lerésultat, leRDUdecespersonnes

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étantcalculéuniquementàleurdemande;or,seuleslespersonnesayantdemandéuneprestationsocialeseraientainsiapparues.

‐ Les jeunes demoins de 25 ans, en raison du risque de double comptage (en tant quepersonnesseulesetcommeenfantsàcharge)etpourparerd'autresbiais(parexempleconsidérer un individu comme "jeunepauvre" alors qu'il vit avec ses parents dans unménageavecunrevenuélevé).

Ainsi, les analyses qui suivent sont effectuées en prenant en considération la population desassujettis au RDU âgées de plus de 25 ans. Cette population diffère donc partiellement de lapopulationduCantondeGenèveprisedanssonensemble.INDICATEUR3 Tauxderisquedepauvreté

Formedel’indicateur TauxderisquedepauvretédesassujettisauRDU(avecprestationssociales)TauxderisquedepauvretédesassujettisauRDUpartypedestructureduménagefiscalTauxderisquedepauvretédesassujettisauRDUparclassesd'âgeDistributiondelapopulationdesassujettisauRDUselonclassesdeRDUéquivalentÉcartmédianauseuilSeuilutilisé:60%duRDUéquivalentmédian

Sourcedel’indicateur DonnéesSI‐RDUA. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Pourdéterminerdemanièrepréciselenombredepersonnesetfoyerstouchésparlapauvreté,ilfaudraitidéalementêtreenmesuredecomparerlerevenudisponibledechaquepersonne/foyerauxprixdesproduitsdeconsommationcourantsetdes fraisdes loisirs.End'autres termes, ilfaudrait pouvoir confronter le revenu disponible effectif et les dépenses jugées légitimes ou"normales". Un telle démarche nécessiterait un consensus sur quels produits composent lesproduits de consommation courants et nécessaires, ainsi qu'une analyse fine de leurs prix àl'échellegenevoise.Lechoixdecesproduitsetl'estimationdeleurprixproduiraitdesdonnéespeufiablesauplanscientifiqueetintroduiraitunbarèmedepauvreténécessairementarbitraire.Dèslors,ilaétédécidédedélaissertouteréflexionentermesdebesoinsenrapportaucoûtdelavie.Au niveau international, sont considérées comme personnes "à risque de pauvreté" celles"vivantdansunménagedont les ressources financières sont sensiblement inférieuresauniveauhabitueldesrevenusdanslepaysconcerné"21.Cettedéfinitionconsidèrelapauvretécommeune 21OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Niveaudevie,situationsocialeetpauvreté–Données,indicateurs.Disponibleàl'adresse:http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/20/03/blank/key/07.html[consultéle25.11.2015]

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forme d’inégalité, dont on peut fixer un seuil selon l'éloignement par rapport à ce qui estconsidérécomme lanormedansun lieuet àunmomentdonnés.Le faitqu’unepersonnesoitconsidérée comme à risque de pauvreté n'est donc pas déterminé uniquement par sa propresituation économique ou celle de son ménage, mais par le décalage entre sa situationéconomiqueet cellede laplupartdes autres citoyens, cela enpartantde l'idéequ'unpouvoird'achat sensiblement inférieur aux autres génère un risque demarginalité et une difficulté àaccéderauxbiensetauxactivitésconsidéréescommeindispensablesàlaparticipationsociale.Pour rendre opérationnelle cette conception de la pauvreté, il a été choisi de fixer le revenu"normal" genevois auRDU équivalentmédian cantonal. En reprenant la logique des seuils depauvretéemployésparEUROSTATetSILC, l'onconsidère iciquevivreavec60%oumoinsduRDUéquivalentmédiangenevoisplacel'individudansunesituationderisquedepauvreté.L'écart de risquedepauvretémédian est aussi observé. Cette analysepermetde comprendrel'intensitédurisquedepauvretéetrenseignesurlemontantquimanqueàl'individumédianensituationderisquedepauvretépouratteindreleseuil(60%RDUéquivalentmédian).B. Analyse

En2013,leRDUéquivalentmédiand'unassujettiauRDUseuls'élevaità61'842.‐CHFannuels,soit5'153.‐CHFparmois.Selon l'échelled'équivalenceretenue, cemontantcalculéà l'échelled'unepersonnedonneraitaccèsàunniveaudeviecomparableàunRDUmensuelde7'730.‐CHFpouruncouplemariésansenfants,oud'unRDUmensuelde9'276.‐CHFpouruncouplemariéavecunenfant.Le seuil relatif qui sépare les individus à risque de pauvreté des autres individus, selon ladéfinitionquenousavons choisie, se situeà37'105.‐CHF, soit3'092.‐CHFparmois,pourunménaged'unepersonneseule.Ceseuils'élèveà4'638.‐CHFparmoispouruncouplemariésansenfantsetà5'565.‐CHFparmoispouruncouplemariéavecunenfant.Ilenrésultequ'en2013,18.7%desassujettisauRDUavaientunRDUéquivalentmédianégalouinférieurauseuilfixé.Celasignifieque18.7%desassujettisauRDUgenevoisseraientàrisquede pauvreté, soit 49'929 personnes. Rappelons que ce chiffre absolu n'inclut pas les enfants,lesquels, s’ils sont intégrés pour calculer le RDUéquivalent des parents, ne sont pas comptéscomme"personnesàrisquedepauvreté"carilsnefontpaspartiedesassujettisauRDU.Decefait, une famille composée de deux adultes et quatre enfants qui apparaîtrait "à risque depauvreté" sera décomptée de la même manière qu'un couple marié sans enfants, soit deuxassujettis à risque de pauvreté. De plus, ce chiffre n'inclut pas les jeunes adultes à risque depauvreté, puisque les personnes demoins de 25 ans ont été exclues de l'échantillon pour lesraisonsexpliquéesci‐dessus.Ilconvientdesoulignerunefoisencorequecerésultatnedoitpasêtrepriscommeunemesuredelapauvretédanssonacceptionlapluscommune,àsavoirêtredansl'impossibilitéd'acheterlesbiensessentielsàsasurvie.Ils'agitd'unindicateurdutauxdepersonnes/ménages,dontlerevenudisponibleestfortementéloignédecequipeutêtreconsidérécomme"normal",fixéauRDU équivalent médian genevois. Pour cette raison, ce résultat, dont l'interprétation peut seprêteràdiscussion,mérited'êtreprisavecprudence.Enrevanche,l'analysedesavariationdansletempsseraessentiellepourcomprendrel'évolutiondecetteformedepauvretéàGenève.

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Soulignons par ailleurs que le seuil de 37'105.‐ CHF est légèrement supérieur au maximumqu'une personne seule peut percevoir de l'aide sociale22. Cette situation se vérifie égalementpourlesautresconfigurationsfamiliales,hormisleseulcasd'unparentcélibataireavecunseulenfant à charge, unique situation où l'aide sociale maximale dépasse légèrement le seuil depauvretépondéré.Onpeutnéanmoinsconclurequeseloncebarème,lesménagesbénéficiairesde l'aide sociale seraient par définition pratiquement tous dans une situation de risque depauvreté.

Figure4

En observant ce taux selon différentes typologies deménages (Figure4), on constate que lespersonnesseules(avecousansenfants)représententlacatégoriedepersonneslaplustouchéepar le risque de pauvreté. Le nombre d'enfants jouerait aussi clairement un rôle dans laréduction du revenu équivalent, puisque le taux de bas revenu augmente avec le nombred'enfants, sauf pour les couples mariés avec deux enfants dont le revenu est supérieur auxcouplesmariésavecunseulenfant.Cetteparticularitéestaussirelevéeparlesanalysesdel'OFSàl'échellesuisse23etpeuts'expliquerparplusieursfacteursempiriques(notammentl'avancéeen âge qui garantit de meilleurs revenus et un effet de sélection lié à l'attente d'avoir unesituationéconomiqueplusstableavantd'avoirundeuxièmeenfant)etméthodologiques(dontdeseffetsd'échelled'équivalencepourcalculerlerevenuéquivalentetlefaitdeconsidérerlespersonnesenunionlibrecommepersonnesseules).Lefaitdeconcevoirlesstructuresdesménagesselonlecritèrefiscaletnonpasselonlaréalitédonnelieuàdeuxbiaisquiméritentd'êtresoulignés.Lepremierestquelescouplesvivanten 22Selonl'étude"Analysecomparativedurevenudutravailetdesprestationsfinancièresdel'aidesociale"effectuéeparlaDIRECTIONGENERALEDEL'ACTIONSOCIALE(2014),l'aidesocialemaximaleàGenèvepourunepersonneseuleseraitde3'014.‐CHFparmois(soit36'168.‐CHFparannée)23 OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).LapauvretéenSuisse:résultatsdesannées2007à2012.In:ActualitésOFS,2014.p.1‐8.

25.5%

22.3%

26.5%

35.0%

11.3%

12.7%

12.2%

20.6%

18.7%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Personne seule

Personne seule 1 enfant

Personne seule 2 enfants

Personne seule 3 enfants

Couple

Couple 1 enfant

Couple 2 enfants

Couple 3 enfants

TOTAL

Taux de risque de pauvreté parmi les assujettis au RDU de plus de 25 ans

Source: données du SI‐RDU, 2013

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union libreavecdeuxRDU légèrement inférieursà lamédianeserontconsidéréscommedeuxpersonnes à risque de pauvreté, alors que ces mêmes couples ne seraient plus à risque depauvretés'ilsétaientmariés.Cetteanomalies'expliqueparlefaitquel'échelled'équivalence,quiintègreleséconomiesquel'onpeutfaireàdeux,s'appliqueseulementauxpersonnesmariées.Le deuxième concerne les unions libres, où un concubin avec un revenu plus important aidematériellement le partenaire avec un bas revenu. Dans cette situation et selon la méthoded'analysechoisie,unepersonnesetrouveraàrisquedepauvreté,alorsqueceneseraitpaslecassicecoupleétaitmarié.Cependant,cebiaispeutêtrerelativiséparlefaitquelesunionslibresn'engendrent pas une obligation de solidarité, ni ne donnent accès à une pension en cas deséparation. Dès lors, vu la nature arbitraire et difficilement mesurable de cette aide, lespersonnesdanscettesituationpeuventêtreconsidéréescommeàrisquedepauvreté.Il convient de plus de souligner que le choix d'analyser le RDU avant paiement des impôtsconduitprobablementàunesurestimationde lapauvretédes famillesavecenfants, lesquellesverserontàprioridesimpôtsinférieursauxcélibatairesouauxcouplesmariéssansenfants.

Figure5

En comparant la composition par type deménage de tous les assujettis au RDU avec ceux àrisquedepauvreté(Figure5),ons'aperçoitquelespersonnesseulessontsurreprésentéesdansle total du risque de pauvreté. Si elles composent 39.7%du total des assujettis auRDU, ellescomposentplusdelamoitiédescontribuablesàrisquedepauvreté.Ilenestdemêmepourlesfamilles monoparentales qui sont peu nombreuses dans l'ensemble de la population desassujettis au RDU (7,8%)mais dont le nombre augmente à 10,1% parmi les contribuables àrisquedepauvreté.L'observationdutauxdebasrevenuparclassed'âge(Figure6)permetdereleverquelesjeunesadultes(25et34ans)représententlacatégorielaplusàrisquedepauvreté.Eneffet,unjeune

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adultesurtroisvitdansunménageàrisquedepauvreté.Celadit,parmicesjeunessetrouventsans doute des personnes vivant en union libre et aidées par le concubin, ainsi que despersonnesaidéesoulogéesparlesparents,notammentparcequ'ellesn'ontpasencoreterminéleursétudes.Decefait,cerésultatdoitêtreprisavecprudence.Les personnes de 95 ans et plus présentent aussi un taux de risque de pauvreté élevé. Celas'expliqueenpartieparlescoûtsdesanté,beaucoupplusélevésenfindevie,maissurtoutparlefaitquecespersonnesneprofitentpasdumêmemontantderentesquedesretraitésplusjeunescaruneplusgrandepartiedeleurvieactives'estdérouléeavantl'entréeenvigueurdelaLPP,en198524.

Figure6

LarépartitiondesassujettisauRDUpartranchesdeRDUéquivalentde5'000.‐CHF(Figure7)montre queplus d’un tiers des assujettis auRDU totaux se situent dans la fourchette de cinqéchelonsentrelamédiane(enrouge)etleseuildepauvreté(enjaune).On observe que le nombre d'assujettis au RDU par tranche atteint son maximum dans lestranches40'000.‐à45'000.‐et45'000.‐à50'000.‐CHF,soit19'000personneschacune.Au‐delàde cepic, le nombred'assujettis auRDU se réduit progressivement. 14'687 assujettis auRDU(5.51%dutotal)ontunRDUéquivalentsupérieurà300'000.‐CHF(soit25'000.‐CHFparmois).

24 OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT)."Revenuetfortuneàl'âgedelaretraite".In:Communicationsstatistiques,n°49,2014,p.5.

33%

19%

16%

15%

11%

15%

23%

47%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

>= 25 ans <=34 ans

>= 35 ans <=44 ans

>= 45 ans <=54 ans

>= 55 ans <=64 ans

>= 65 ans <=74 ans

>= 75 ans <=84 ans

>= 85 ans <=94 ans

>= 95 ans

Taux de risque de pauvreté parmi les assujettis au RDU de plus de 25 ans

Source : données du SI‐RDU, 2013

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Figure7

< 0 F

0 F

>0 F <=5'000 F

>5'000 F <=10'000 F

>10'000 F <=15'000 F

>15'000 F <=20'000 F

>20'000 F <=25'000 F

>25'000 F <=30'000 F

>30'000 F <=35'000 F

>35'000 F <=40'000 F

>40'000 F <=45'000 F

>45'000 F <=50'000 F

>50'000 F <=55'000 F

>55'000 F <=60'000 F

>60'000 F <=65'000 F

>65'000 F <=70'000 F

>70'000 F <=75'000 F

>75'000 F <=80'000 F

>80'000 F <=85'000 F

>85'000 F <=90'000 F

>90'000 F <=95'000 F

>95'000 F <=100'000 F

>100'000 F <=105'000 F

>105'000 F <=110'000 F

>110'000 F <=115'000 F

>115'000 F <=120'000 F

>120'000 F <=125'000 F

>125'000 F <=130'000 F

>130'000 F <=135'000 F

>135'000 F <=140'000 F

>140'000 F <=145'000 F

>145'000 F <=150'000 F

>150'000 F <=155'000 F

>155'000 F <=160'000 F

>160'000 F <=165'000 F

>165'000 F <=170'000 F

>170'000 F <=175'000 F

>175'000 F <=180'000 F

>180'000 F <=185'000 F

>185'000 F <=190'000 F

>190'000 F <=195'000 F

>195'000 F <=200'000 F

>200'000 F <=205'000 F

>205'000 F <=210'000 F

>210'000 F <=215'000 F

>215'000 F <=220'000 F

>220'000 F <=225'000 F

>225'000 F <=230'000 F

>230'000 F <=235'000 F

>235'000 F <=240'000 F

>240'000 F <=245'000 F

>245'000 F <=250'000 F

>250'000 F <=255'000 F

>255'000 F <=260'000 F

>260'000 F <=265'000 F

>265'000 F <=270'000 F

>270'000 F <=275'000 F

>275'000 F <=280'000 F

>280'000 F <=285'000 F

>285'000 F <=290'000 F

>290'000 F <=295'000 F

>295'000 F <=300'000 F

>300'000 F

Effectifs par tranches de RD

U équivalent

RDU équivalem

ent par tranche de 5'000 F

Source: données du SI-RDU, 2013

979

1'458

2'336

2'225

2'455

3'674

6'038

10'443

13'944

16'097

19'021

18'950

16'054

14'564

13'132

12'050

10'621

9'875

8'678

7'704

6'997

6'075

5'226

4'708

4'253

3'732

3'364

2'804

2'663

2'392

1'949

1'759

1'581

1'410

1'262

1'160

1'034

940

786

701

664

597

556

485

482

399

384

340

327

272

254

255

213

209

217

171

167

138

150

112

126

110

14'687

2'000

4'000

6'000

8'000

10'000

12'000

14'000

16'000

18'000

20'000Effectifs

Médiane 61'842 F

60% du RDU

 équivalent médian

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Dans l'ensemble, près d'un assujetti au RDU sur trois vit avec un RDU équivalent inférieur à45'000.‐CHF,soitavecunRDUdemoinsde3'750.‐CHFparmois.ParmilesassujettisauRDUvivantendessousduseuildepauvreté, laplupartsesituedans leséchelonsprochesduseuil,alorsque2'437assujettisauRDU(0.92%)ontunRDUnulounégatif.L'écartderisquedepauvretémédian,soitlemontantquimanqueàl'individumédian,parmilespersonnesquisesituentau‐dessousduseuilfixé,pouratteindreleseuil,estde9'013.‐CHFparannée,soit751.‐CHFparmois.

INDICATEUR4 Tauxderisquedepauvretéhypothétiquesans

prestationssociales

Formedel’indicateur TauxderisquedepauvretéhypothétiquedesassujettisauRDU(sansprestationssociales)TauxderisquedepauvretéhypothétiquedesassujettisauRDUpartypedestructureduménagefiscal(sansprestationssociales)TauxderisquedepauvretéhypothétiquedesassujettisauRDUparclassesd'âge(sansprestationssociales)DistributiondelapopulationdesassujettisauRDUselonclassesdeRDUéquivalent,sansprestationssocialesÉcarthypothétiquederisquemédian,sansprestationssocialesSeuilutilisé:60%duRDUéquivalentmédian

Sourcedel’indicateur DonnéesSI‐RDUA. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

LesdonnéesduRDUont l'avantagedepermettred'identifier lapartdurevenuprovenantdesprestationssociales.Lasituationavantlestransfertspermetd'observerlesconditionsmonétairesdanslesquelleslesménages se trouveraient en l'absence de prestations sociales. Cela permet notamment demesurerl'impactdesprestationssocialesdanslaréductiondunombredepersonnesàrisquedepauvretéetd'évaluerlenombredepersonnesquiéchappentàlasituationderisquedepauvretégrâceauxprestationssociales,selondifférentescatégoriesoupublicscibles.Leseuilutilisépourcetindicateurrestelemême(60%duRDUéquivalentmédian),calculésurlasituationréelleafind'utiliserunmêmeparamètredecomparaison.

TauxderisquedepauvretédesassujettisauRDU2013 18.7%AssujettisauRDUàrisquedepauvreté2013 49'92960%duRDUéquivalentmédian2013 37'105.‐CHFÉcartderisquedepauvretémédian2013 9'013.‐CHF

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B. Analyse

LaFigure8ci‐dessousreprésenteengrisclair lessituationshypothétiquesdesménagessi lesprestations sociales n'existaient pas. L'on constate que dans une société sans prestationssociales, le risque de pauvreté concernerait 25.6%, soit un peu plus de 68'000 personnes. Enparticulier,plusd'untiersdespersonnesvivantseulessetrouveraitdansunesituationderisquedepauvreté(36.2%),alorsquecetteproportionestréduiteàunquart(25.5%)aprèsversementdesprestationssociales.Lesprestationssocialespermettentàplusde18'000personnes(27%dutotaldesassujettisauRDU à risque de pauvreté) de dépasser le seuil et de ne plus être considérées à risque depauvreté, ce qui réduit la part de personnes à risque de pauvreté de 25.6% à 18.7%. Cetteréductiondu risquedepauvreté concerne toutes les configurations familialesanalyséeset estassez comparable dans son ampleur: pour chaque configuration, environ 20 à 30% despersonnesàrisquedepauvretédépassentleseuiletpeuventdecefaitsortirdugroupeàrisque.

Figure8

Enobservantlasituationparclassesd'âge(Figure9),l’onremarquequelesprestationssocialescombattentplusefficacement lerisquedepauvretédespersonnesde65ansetplus.Pourcesclasses d'âge, la réduction du risque de pauvreté peut atteindre jusqu'à 50% des effectifs,

36.2%

28.6%

32.9%

43.1%

16.4%

15.1%

14.8%

24.4%

25.6%

25.5%

22.3%

26.5%

35.0%

11.3%

12.7%

12.2%

20.6%

18.7%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Personne seule

Personne seule1 enfant

Personne seule2 enfants

Personne seule3 enfants

Couple

Couple 1 enfant

Couple 2enfants

Couple 3enfants

TOTAL

Taux de risque de pauvreté parmi les assujettis au RDU de plus de 25 ans

Source: données du SI‐RDU, 2013

Sans prestations sociales Avec prestations sociales

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contrairement auxplus jeunes, où lesprestations sociales réduisent le risquepour seulementenviron3%despersonnesconcernées.

Figure9

Lafigure10,relativeà larépartitiondesassujettisauRDUpartranchesdeRDUéquivalentde5'000.‐ CHF démontre qu'après délivrance des prestations sociales la situation générale desménagess'amélioresensiblement.Au‐dessousde30'000.‐CHFdeRDU,leseffectifsparcatégoriesontréduitsdemoitié,voiredetroisquarts.Cen'estqu'àpartirde30'000.‐CHFdeRDUquelenombre de contribuables après versement des prestations sociales s'avère supérieur à celuid'avant (sans prestations). Cet effet s'estompe autour des 60'000.‐ CHF, où le rôle desprestationssocialesn'estplusrelevant.Ainsi,sansdélivrancedesprestationssociales,l'écartderisquedepauvretémédiansesitueraità14'566.‐CHF(1'213.‐CHFparmois),5'553.‐CHFenplusqu'avec lesprestations.Cettedifférences'expliqueparune forteréductiondunombredepersonnesquiétaientauplusloinduseuil,prochesd'unRDUégalàzéro,lesquellesvoientleurRDUaugmentéparlesdifférentesprestationssociales.Onpeutdéduirede cesobservationsque lesprestations socialespermettentnonseulement àdesindividusde"basculer"del'autrecôtéduseuilfixé,maisqu'ellestouchenttouslesindividussituésdanslapremièremoitiédugraphique,dontunegrandepartieestdéplacéeversunRDUplusélevé.

33%

19%

16%

15%

11%

15%

23%

47%

36%

24%

21%

21%

21%

29%

40%

64%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

>= 25 ans <=34 ans

>= 35 ans <=44 ans

>= 45 ans <=54 ans

>= 55 ans <=64 ans

>= 65 ans <=74 ans

>= 75 ans <=84 ans

>= 85 ans <=94 ans

>= 95 ans

Taux de risque de pauvreté parmi les assujettis au RDU de plus de 25 ansSource: données du SI‐RDU 2013

Avec prestations sociales Sans prestations sociales

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33

Figure10

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INDICATEUR5 Tauxderisquedepauvretéindividuel

Formedel’indicateur TauxderisquedepauvretéindividueldesassujettisauRDU(avecprestationssociales,seuil60%duRDUéquivalentmédian),selonlesexeRDUmédianindividueldeshommesassujettisauRDU,RDUmédianindividueldesfemmesassujettiesauRDU,etrapportentrelesdeux

Sourcedel’indicateur DonnéesSI‐RDUA. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Letauxderisquedepauvretéindividuelpermetdemettreenévidencelapartdepersonnesquiseraientconsidéréesàrisquedepauvretésiellesdevaientfairefaceàleursbesoinsseulementparleurproprerevenuindividuel,sansconsidérerlasituationduménage.Contrairement aux indicateurs précédents, qui reposent, pour les couples mariés, sur unehypothèsedepartageéquitabledurevenuetdesbiensà l'intérieurduménage, cet indicateurconsidèrelasituationindividuellesansapplicationd'aucuneéchelled'équivalence.Cet indicateur permet donc de mettre en exergue la situation de personnes mariées qui setrouveraientprobablementdansunesituationéconomiquedifficilesiellesétaientdivorcées,ouquis'ytrouventdéjàsilepartageéconomiqueauseindeleurménagefaitdéfaut.Cetindicateurestimportant,carilpermetdemettreenévidencel’impactd’unchangementdelastructureduménagesurlerisquedepauvreté.B. Analyse

Derrière le taux de 18.7% d'assujettis au RDU à risque de pauvreté calculé à partir du RDUéquivalent,secacheuneséparationdegenrevisibleàl'analyseduRDUindividuel.Eneffet,32%desfemmesassujettiesauRDUontunRDUindividuelinférieurauseuilderisquedepauvreté,cequisignifiequ'unefemmesurtroisseraitàrisquedepauvretésielledevaitassumerseulesesdépenses.Celaconcerneseulement19%deshommes,commemontrédanslegraphiquesuivant(Figure11).

TauxderisquehypothétiquedepauvretédesassujettisauRDUsansprestationssociales2013

25.6%

AssujettisauRDUàrisquedepauvretéhypothétiquesansprestationssociales2013

68'214

Écarthypothétiquederisquedepauvretémédiansansprestationssociales2013 14'566.‐CHF

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Figure11

Pourleshommes,ilyapeudedifférenceentreletauxdepersonnesàrisquedepauvretécalculésur leRDUéquivalentet celui calculé sur leRDU individuel.En revanche,pour les femmes, letaux calculé sur le RDU individuel s'élève à 32% contre 19% de RDU équivalent, soit uneaugmentationde13%entermesabsolusetde68%entermesrelatifs.LerapportentreleRDUmédianindividueldeshommesetleRDUmédianindividueldesfemmessesitueà1.34,alorsqu'unesituationd'égalitéimpliqueraitunevaleurde1.Cetécartconfirmelaprésenced'inégalitéséconomiquesimportantesquidécoulentdeladivisionsexuelledutravailàl'intérieurduménageetsurlemarchédutravail.Pourunepartiedesfemmescontribuables,ilendécouleune situationdedépendance financièreplus importantepar rapportau revenudupartenaire.

3.2. INDICATEURSDEPRÉCARITÉLIÉEÀL'EMPLOI

Commedéjàsouligné,avoirunemploirémunérénesuffitpasàêtreàl’abridelapauvretéetdelaprécarité.Encorefaut‐ilquecetemploioffreunerémunérationsuffisammentélevée,qu'ilnes'agisse pas d'un temps partiel forcé et qu'il garantisse une certaine sécurité permettant uneprojectionsurlelongterme.Cependant,étudierl'évolutiondessalaires,notammentlesplusbas,

19%

19%

19%

32%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Hommes

Femmes

Risque de pauvreté individuel Source : données du SI‐RDU, 2013

RDU equivalent RDU individuel

TauxderisquedepauvretédeshommesassujettisauRDU(àpartirduRDUéquivalent)2013

19%

TauxderisquedepauvretéindividueldeshommesassujettisauRDU(àpartirduRDUindividuel)2013

19%

TauxderisquedepauvretédesfemmesassujettiesauRDU(àpartirduRDUéquivalent)2013

19%

TauxderisquedepauvretéindividueldesfemmesassujettiesauRDU(àpartirduRDUindividuel)2013

32%

RDUindividuelmédiandeshommes2013 68'825.‐CHFRDUindividuelmédiandesfemmes2013 51'317.‐CHFRDUindividuelmédiandeshommes2013/RDUindividuelmédiandesfemmes2013

1.34

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reste primordial pour comprendre le développement de la précarité. De ce fait, plusieursindicateurssonticiproposésàpartirdesdonnéessurlastructuredessalaires.Pourcequi estdesbassalaires, l'OFSconsidèrequ'unemployéperçoitunbassalaire lorsqueson salaire brut standardisé est inférieur aux deux tiers du salaire médian brut standardisé.Cette mesure "standardisée", qui sera largement utilisée ci‐après, permet de saisir larémunération par unité d'heure travaillée. La standardisation a l'avantage de permettre uncalcul de la rétribution réelle de l'heure de travail, que l'on peut étudier selon la branched'activité,l'âgeoulesexe,sansrisquedecomparerdestempsdetravaildifférents.Lalimitedel'exercice réside dans le fait que cela ne permet pas d'identifier le véritable salaire mensuelperçuetqu'ilnemetdoncpasenlumièrelaproblématiquedesbassalaireseffectifs.En 2010, en Suisse, l'OFS observait que 10,5% des postes étaient à bas salaire. Ces emploisétaientrétribuésàmoinsde3'986.‐CHF(2/3dusalairemédiansuissede2010)parmoispourun équivalent plein temps. Près de lamoitié des postes à bas salaire se concentrent dans lesquatre branches économiques suivantes: «Commerce de détail», «Restauration»,«Hébergement»et«Servicesrelatifsauxbâtimentsetaménagementpaysager».Concernantlesactifsoccupés,l'OFSconsidèrequ'unfoyeresttouchéparlapauvretélaborieusequand,malgrésonousessalaire(s)etunvolumed'emploitotalduménaged'aumoins90%,lesrevenussontinsuffisantspourcouvrirleschargesessentiellesduménage,baséessurleseuildepauvreté défini par les normes de la CSIAS. En Suisse, en 2012, 3,5% des personnes activesoccupées auraient été touchées par la pauvreté. Le tauxdepauvreté des actifs occupés seraitsupérieur à 10% pour les familles monoparentales et parmi les employés du secteur del’hébergementetdelarestauration25.Ilfautceladitsoulignerquedenombreuxtravailleurssontécartésdecettedéfinitiondepauvretélaborieuseetdelacatégoriedeworkingpoorenraisondela relation "insuffisante" avec l'emploi qu'ils entretiennent, c’est‐à‐dire lorsque le volumed'emploiduménageestinférieurà90%.Parailleurs,ilsepeutqu'unsalariéperçoiveunbassalaire,sansêtreconsidérécommepauvre,parexempleparcequ'ilvitseuldansunerégionoùlecoûtdelavieestpeuélevéoucarilreçoitdes prestations sociales. À l'inverse, desménages actifs occupés peuvent être en situation depauvretémalgrédessalairesnonconsidéréscomme"bas"selonlesnormesdel'OFS(lesfamillesnombreusesparexemple).Enfin, soulignons qu'entre 2001 et 2008, la proportion d’emplois atypiques et précaires aprogresséenSuisse26etenSuisseromande,oùletravailsurappel,letravailintérimaire27etlescontratsàduréedéterminéesontenaugmentation.Touscesphénomènessontunsigned'unemutationstructurelledumarchédutravail,susceptibledeprécariserlestravailleurs.À l'échelle genevoise, l'enquête Suisse sur les salaires (ESS) de l'OFS, qui est réalisée tous lesdeux ans auprès d'un échantillon d'entreprises, permet d'estimer les salaires versés dans leCanton. Cette base de données est utilisée pour identifier le salaire mensuel médian brutstandardisé, qui est la valeurde salaire telle que, dans lapopulation considérée, lamoitiédes 25OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).EnquêtesurlesrevenusetconditionsdevieenSuisse(SILC),2012.26WALKER, Philip,MARTI, Michael. "L’évolution des emplois atypiques et précaires en Suisse". In :LaVie économiqueRevuedepolitiqueéconomique,2010,n°10.p.55‐58.27 OBSERVATOIRE ROMAND ET TESSINOIS DE L'EMPLOI (ORTE). Evolution du travail intérimaire en Suisse romande:versionactualisée,chiffres2012.Genève:ORTE,2013.16p.

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employésontun salaire inférieurà cette valeur tandisque l'autremoitié gagnedavantage.Lesalairemédianstandardiséestl'indicateurderéférencedelarémunérationdel'unitédetravail(etnonpasduvrairevenusalarialdelapopulationvuesastandardisationsurunpleintemps).Par l'ESS, l’onpeutaussiobserver ladistributiondessalaires,etenparticulier lespremiersetderniers déciles, et les premiers et troisièmes quartiles. Le premier quartile est la valeur quisépare le quart des individus dont le salaire est inférieur aux autres trois quarts. Le premierdécileséparele10%desindividusdontlesalaireestinférieurauxautres90%.Cetteenquêteestdéclinéeàl'aunedugenre.Ceprismeestutilisépourdistinguerl'évolutiondessalairesdeshommes,quisontuniquementtributairesdufonctionnementdumarchédel'emploi,deceuxdesfemmes,dontl'évolutions'expliqueàlafoisparleseffetsdumarchédel'emploietparceuxdespolitiquesderéductiondesinégalités.L'observationdel'ensembledessalairesducantondeGenèvepermetdeconstaterqu'en2012,le salairemensuelbrutmédianstandardiséétaitde7'510.‐CHFparmois, soitun salaireplusélevéquelesalairebrutmédianstandardisésuisse,fixéà6'439.‐CHF28.SilecoûtdelavieestplusélevéàGenèvequedanslerestedelaSuisse,lessalairessemblentdoncl'êtreaussi,toutaumoinslesalairemédian.LeTableau1regroupelesobservationsprincipalesdel'ESSpourleCantondeGenève.

Femmes2012 Hommes2012 Différence Total2012

Salairedudécilesupérieur,standardisé(p90) 11883 16581 4698 14391

Salaireduquartilesupérieur,standardisé(q3) 9358 11093 1735 10177

Salairemédianstandardisé 7238 7770 532 7510

Salaireduquartileinférieur,standardisé(q1) 5427 5809 382 5655

Salairedudécileinférieur,standardisé(p10) 4034 4500 466 4288

Tableau1On observe qu'en 2012, le salairemédian des femmes est de 532.‐ CHF inférieur à celui deshommes(‐7%).Cetécarts'accentuedansleshautssalaires(lesalairedudécilesupérieur,p90dans le tableau ci‐dessus), arrivant à 28%, mais aussi dans les salaires les plus bas (décileinférieur),oùilsesitueà10%.Rappelonsquecettestatistiqueobservelarétributiondel'heuredetravailetnetientdoncpascompte des temps partiels. À titre indicatif, la situation sans "standardisation" du salaire àéquivalentpleintemps(enconsidérantdonclemontantréelsurchaquefichedesalaireàlafindu mois) montre que le salaire effectif médian des hommes serait de 7'486.‐ CHF contre5'902.‐CHFpourlesfemmes,soitunécartde21%.Cetécartimportantreflètedesdifférencesdites«structurelles»entre lesprofilsprofessionnelsdeshommesetceuxdesfemmes,quisontmoins présentes dans des fonctions dirigeantes mais très présentes dans des branches peu 28 OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT).EnquêtesuissesurlastructuredessalairesàGenève,résultats2012.Genève:OCSTAT,2015.4p.(InformationsStatistiques).

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rémunérées. Il s'explique surtout par la prévalencedu tempspartiel chez les femmes, par lesmécanismes de discrimination salariale directe et indirecte connus29 et par des inégalités degenre dans le parcours de formation et la carrière professionnelle. En 2012, un tiers destravailleuses (33.5%) étaient employées à un tauxd'emploi compris entre 50 et 89%, et plusd'unetravailleusesurdix(11.5%)étaitemployéeàuntauxd'emploiinférieurà50%,alorsque86.6%deshommesétaientemployésàplein‐temps30.En observant l'évolution du salaire mensuel brut médian standardisé entre 2008 et 2012(Tableau2)peutêtremiseenévidenceunecroissancegénéraliséedessalaires.Cettecroissanceestpourtantinégalementrépartie:alorsqu'elleestde+6,3%pourlesplushautssalaires,elleestinférieureà1%dansle10%dessalaireslesplusbas.

Évolutiondessalaires2008‐2012

Décilesupérieur +6.32%Quartilesupérieur +4.90%Médiane +4.28%

Quartileinférieur +3.01%Décileinférieur +0.99%

Tableau2

L'augmentationsalarialegénéraliséedoitdoncavanttoutêtreanalyséedemanièredifférentielleet selon son évolution dans le temps. À ce propos, l'analyse montre que l'écart entre lesextrémités(premieretdernierdécile)tendàsecreusertroisfoisplusvitequ'entrelesmilieuxdeséchelles(premierettroisièmequartile).L’onpeutendéduirequelestravailleursettravailleuseslesmoinsrétribuésontpeuprofitédelacroissancedessalairesetqu'ausurpluscelle‐ciserainsuffisantepoursuivrel'augmentationdescoûtsde la vie, parallèle à l'augmentationdes salaires se situantdans lehautde l'échelle. Cetélémentcontextuelserareprisdanslaconclusion.INDICATEUR6 Tauxdebassalaires

Formedel’indicateur TauxdebassalairesdeshommesTauxdebassalairesdesfemmes

Sourcedel’indicateur Enquêtesurlastructuredessalaires(OFS),chaquedeuxans

29VoiràceproposlanoteduBUREAUFÉDÉRALDEL'ÉGALITÉENTREFEMMESETHOMMES(BFEG)"Qu’est‐cequel’égalitédesalaires?".https://www.ge.ch/egalite/doc/egalite‐professionnelle/Definition‐Egal‐Sal.pdf 30OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT).ibid.

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39

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Unbassalaireestdéfinicommeunsalairestandardisé inférieurauxdeuxtiersdusalairebrutmédianstandardisé,doncunsalaire significativement inférieurausalairegagnépar l'individumédian.Àl'échellegenevoise,leseuildesbassalairessesitueà5'006.‐CHFpour40hparsemaine(soitdeuxtiersde7'510.‐CHF)31.PourlaSuisse,ceseuilsesitueà4'292.‐CHF(deuxtiersde6'439.‐CHF)32.Le taux de bas salaires est la proportion des salariés qui perçoivent un salairemensuel brutstandardisé inférieur aux deux tiers du revenu brut standardisé médian. Cet indicateur eststandardiséetseréfèredoncàlarémunérationdel'unitédetravailetnonpasausalaireeffectif.B. Analyse

En2012,àGenève,plusd'uneemployéesurcinq(21.04%)percevaitunbassalaire,alorsquecetauxestdeunsurseptducôtédeshommes(15.7%).

2008 2012 Evolution2008‐2012

Hommes 14.45% 15.77% +1.32%

Femmes 21.08% 21.04% ‐0.04%

Total 17.54% 18.21% +0.67%

Tableau3Encomparantlasituationen2008eten2012(Tableau3),ilapparaîtqueletauxdebassalairesaaugmentéde0.67pointsdanslesdernièresquatreannéesàGenève,commed'ailleursdanslerestedelaSuisse.Siletauxdebassalairesdesfemmesnesubitpratiquementpasdevariation(‐0.04%),celuideshommesaugmentesensiblement.Dansl'ensemble,lesinégalitésentrehautsetbassalairessecreusent.Lefaitquedanscecontexte,letauxdebassalairesparmilesfemmesquitravaillentnes'accroîtpass'expliqueprobablementparunediminutiondesdiscriminationssalariales selon legenre,ainsiquepard'autresfacteursenlienaveclapolitiquedepromotiondel'égalitéentrefemmesethommes tels qu'un meilleur accès à la formation et au perfectionnement, la réduction des"plafondsdeverre"oulamiseenplacedemesuresefficacesdeconciliationtravail‐famille.L'enquête de l'OFS33 démontre que le taux de bas salaires s'élève à presque 50% parmi lestravailleursettravailleuses"sansformationprofessionnellecomplète".Cetauxestsensiblementinférieurpourlesdiplômés(CFCoudiplômesupérieur).Letauxdebassalairesdestravailleursettravailleusesavecdiplômeuniversitaireestleplusbasetestinférieurà10%.

31OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT).Enquêtesuissesur lastructuredessalairesàGenève,résultats2012.Genève:OCSTAT,2015.p.132Ibid.33OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).EnquêtesurlastructuredessalairesàGenève(ESS).2008et2012.

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Cependant, l'analysedel'évolutionaucoursdesquatredernièresannéesmontreque lerisquede bas salaire s'est développé pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses diplômés, ycompris ceux et celles issus des hautes écoles et universités, ce qui remet en question l'idéereçueselonlaquelleundiplômemetàl'abrid'unbassalaire.Le tauxde bas salaires varie beaucoup selon le secteur. ÀGenève, ce sont principalement lesemployés et employées du commerce de détail, de la restauration et de l'hébergement, de lafabricationdetextiles,delafabricationdesdenréesalimentairesetboissonsainsiquedesautresservicesàlapersonnequisontlesplustouchés34.Sachantquecetindicateurestunemesurerelativequinesebasepassurunseuilabsoluoufixemaissurunécartparrapportàunemédiane,etquecommeiladéjàétésoulignél'écartentrelessalaireslesplushautsetceuxlesplusbastendàsecreuser,ilestàparierqu'enl'absenced'unchangementdetendancemajeur,lapartdebassalairescontinuerad'augmenterdanslesannéesàvenir.

INDICATEUR7 Tauxdesalariésavecunsalaireeffectifinférieurà

2'000.‐CHFetà3'000.‐CHFparmois

Formedel’indicateur

Tauxdesalaireseffectifsbrutmensuelsinférieursà2'000CHF(hommesetfemmes)Tauxdesalaireseffectifsbrutmensuelsinférieursà3'000CHF(hommesetfemmes)

Sourcedel’indicateur Enquêtesurlastructuredessalaires(OFS),chaquedeuxansA. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Cetindicateurmontrelapartdesalaireseffectifspouvantêtreconsidéréscommebasselonunseuilabsoluarbitrairequinedépenddoncpasde l'évolutionde lamédianedessalaires. Ilestcalculé sur la base du salaire effectif brut mensuel de chaque personne employée(respectivement le total d'hommes employés et le total des femmes employées), et est doncsensible aux variationsde la catégoriedes actifs occupés. Le seuil de2'000.‐ CHFa été choisipourreprésenterlapartd'emplois"d'appoint"surletotaldesemplois.Leseuilde3’000.‐CHFaété fixépourpermettre au lecteurdemettre en relation cet indicateur avec l'indicateur8quiprésenteletauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploiàrisquedepauvreté.

34Ibid.

Tauxdebassalaires2012 18.21%Evolutiondesbassalaires2008‐2012 +0.67%Evolutiondesbassalaires2008‐2012(hommes) +1.32%Evolutiondesbassalaires2008‐2012(femmes) ‐0.04%

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Cesfaiblesmontantsdesalairepeuventêtredusàuneoccupationàtempspartiel(sous‐emploiouchoix,parexempledanslecadredel'organisationfamiliale),àuntravailprécaire(travailsurappel,cumulde"petitsboulots"…)ouàunerémunérationinsuffisante.Vu la nature arbitraire de ces deuxbarèmes (2'000.‐ CHF et 3'000.‐ CHF), cet indicateur seraintéressantàobserverdansletemps.Àcepropos,unecomparaisoncorrectedanslesannéesàvenirimpliquerad'indexerleseuilde2'000.‐CHFetde3'000.‐CHFàl'évolutionducoûtdelavie.B. Analyse

L'Enquêtesuissesurlastructuredessalairesdémontrequ'en2012àGenève,presqueunsalariésursix(17.73%)percevaitunsalaireeffectifbrut inférieurà3'000.‐CHFparmoisetqueplusd'unsalariésurdix(10.93%)recevaitunsalaireeffectifbrut inférieurà2'000.‐CHFparmois.CesinformationssontlisiblesdanslaFigure12.

Figure12

Encorrélant ces informationsavec le sexe,onconstatequeplusd'une travailleuse surquatre(25.5%)gagneunsalairemensueleffectifinférieurà3'000.‐CHF,soit2,5plusqueleshommes(10.93%).Ceratioseréduità2pourleseuilde2'000.‐CHF(15,44%versus7%).

Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(total) 17.7%Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(hommes) 10.9%Tauxdesalariéesavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(femmes) 25.5%Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(total) 10.9%Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(hommes) 7.0%Tauxdesalariéesavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(femmes) 10.4%

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INDICATEUR8 Tauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploiàrisquedepauvreté

Formedel’indicateur Tauxd'actifs"avecuneforterelationàl'emploi"vivantdansunménageàrisquedepauvreté

Sourcedel’indicateur DonnéesduSI‐RDU

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Cet indicateur apporte un regarddeplus sur la pauvreté laborieuse. Il vise àmontrer la partd'actifsavecuneforterelationàl'emploi(laforterelationàl'emploiesticidéfiniecommelefaitdegagnerenmoyenneaumoins3'000.‐CHFbrutsparmois)etquisesituentdansunménagedéfini selon notre barème comme à risque de pauvreté. Ce taux est calculé par rapport àl'ensemble des personnes considérées "actives avec une forte relation à l'emploi", doncdépassant ces seuils. En sont ainsi volontairement écartés les personnes et foyers avec desrevenustrèsbas.Cetindicateurprésentel'avantage,parrapportauxdeuxindicateursprécédents,deprendreenconsidérationtouslestravailleursdelabasededonnéesRDU,ycomprislestravailleursquinebénéficient pas des prestations sociales. Cet indicateur est donc le seul qui fournit desinformationssurlaproblématiquedelapauvretélaborieusecachée.B. Analyse

Parmi les assujettis au RDU ayant gagné en moyenne au moins 3'000.‐ CHF par mois, 5.5%d'entreeuxvivaientdansunménageavecunrevenuau‐dessousduseuildurisquedepauvreté.Celasignifiequemalgrélefaitquecespersonnesgénérèrentunrevenu,ellesrestentàrisquedepauvreté.Legraphiquesuivant(Figure13)déclinecetterépartitionselonclassesd'âge.

Figure13

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Cesontprincipalementlespersonnesentre25et44ansquisontlesplusconcernéesparcettesituation, alorsque lesplus âgés sontmarginalement concernéspar ce risque.Cela s'expliqueparlefaitquel'unedesprincipalescausesdecettesituationestlefaitd'avoirdespersonnesàcharge.

INDICATEUR9 Tauxdebénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospice

généralactifsoccupés

Formedel’indicateur Taux de bénéficiaires de l'aide sociale de l'Hospice généralexerçantuneactivitééconomique

Sourcedel’indicateur Statistiqueinternedel'HospicegénéralExplication, pertinence et limites de l'indicateur

Les travailleursquiviventdansunménagedont le revenuest inférieurauminimumvitalontdroitàdesprestationsd'aidesocialeencomplémentaurevenu.Cettepopulationsedistinguedecelledesactifs avecune forte relationà l'emploivivantdansunménageà risquedepauvretéanalysée plus haut, par le fait que la statistique ne fixe pas un niveauminimal de relation àl'emploipourquelasituationsoitpriseenconsidération,etqu'elleneretientquelespersonnesquibénéficientdeprestationsd'aidesociale.Suivrel'évolutiondecetauxdansletempspermettrad'approfondirlelienentretravailetaidesociale,mais aussi d'observer dans quelle proportion l'aide sociale vient combler les salairesinsuffisantsdestravailleurs.A. Analyse

En 2014, 3'270 bénéficiaires de l'aide sociale de l'Hospice général (18%) sont des actifsoccupés35. Ces travailleurs viventdoncdansunménagequi,malgré les revenusdu travail, neparvient pas à couvrir sonminimum vital, et qui obtient l'aide sociale en complément à cesrevenus.Ilressortd'ailleursd’uneanalyseeffectuéepar l’Hospicegénéralen2012baséesur lenombrededossiers(etnonpassur lespersonnesbénéficiaires),que12%desménagesontunvolumed'emploitotalsuffisantpourentrerdanslacatégoriedeworkingpoortellequedéfinieparl'OFS(voir p.37), soit 1'621 ménages sur 13'24236. Selon cette évaluation, 49% des dossiersconcernant les actifs occupés recensés par cet indicateur peuvent être définis comme desworkingpoor.

35 Statistiqueannuelledel'aidesociale2014:Profilsdestitulaires(…),op.cit,.p.20 36HOSPICEGÉNÉRAL (HG).Statistiqueannuelle2012 :Analyse thématique sur lesdossiersASFLIASI.Lesménages "workingpoor".Documentinterneàl'HospiceGénéral.Genève:HospiceGénéral,2013.12p.

Tauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploivivantdansunménageàrisquedepauvreté

5.5%

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INDICATEUR10 TauxdebénéficiairesdesPCFam

Formedel’indicateur

TauxdebénéficiairesdePCFamdanslapopulationNombredesbénéficiairesdePCFamMontantmédiandesPCFam

Sourcedel’indicateur StatistiqueSOSTAT(OFS)A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Pour soutenir la population des travailleurs avec enfants à risque de pauvreté, le Canton deGenève a introduit en 2012 une aide spécifique sous forme de prestations complémentairescantonales pour les familles (PCFam). Ces prestations ont permis à environ 380 familles dequitterlerégimed'aidesocialeaupremiersemestre201337.LesPCFamsontdestinéesauxparentsquitravaillent,dontlerevenunesuffitpasàcouvrirlesbesoinsvitauxduménage.L'octroidesPCFamestsoumisauxconditionssuivantes:

‐ êtreunefamilleavecaumoinsunenfant‐ travailler(volumed'emploiminimumexigé:40%pourunefamillemonoparentaleet90%

autotalpouruncouplebiparental).‐ avoir résidé pendant aumoins 5 ans à Genève (contrairement à l'aide sociale, qui est

accessibleàtouteslespersonnesdomiciliéesàGenèvesansconsidérationdeladuréederésidence)

‐ disposerd'unrevenuau‐dessousduseuilPCFam(supérieuràceluidel'aidesociale)Lerevenutotalobtenuencumulantlerevenud'uneactivitésalariéeetlesPCFamestsupérieuràcelui qu'une famille recevrait si elle ne percevait que l'aide sociale, demanière à garder uneincitationclaireàl'emploi.Le chiffre concernant les bénéficiaires des PCFam est intéressant à bien des égards etmérited'être retenuen susdesautres indicateursdéjàprésentés,notammentpar sonciblage sur lesfamilles qui travaillent tout en étant à risque de pauvreté. L'observation de l'évolution dumontantmédiandesPCFammontrerasil'écartentrelerevenudesfamillesetleseuilfixéparlesPCFams'accroîtoudiminue.Deplus,cet indicateur,commeleprécédant,metenévidencedes

37Statistiqueannuelledel'aidesociale2014(…),op.cit,p.20

Tauxdesbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralactifsoccupés2014 18%

Tauxdesménagesactifsoccupéspercevantl'aidesocialedel'Hospicegénéral2012 12%

Nombredesbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralactifsoccupés2014 3'270

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situations où l'Etat intervient pour compléter le revenu, lorsque le travail ne permet pas degénérerparlui‐mêmelesrevenusindispensables.B. Analyse

LesPCFamontétéintroduitesenautomne2012.Commemontréparletableau4,en2014,l'oncomptait 1'432dossierPCFampour4'863bénéficiaires, etuneprestationmédianede1'189.‐CHF par mois. Le taux des bénéficiaires des PCFam dans la population genevoise s'élevait à1.04%38.En comparaison avec l'année précédente, une augmentation du taux et du nombre desbénéficiaires est constatée. Il s'agira d'observer l'évolution de cette prestation sur la durée,avantdeproduireunequelconqueanalyse. 2013 2014 Variation

Nombre de dossiers 1029 1'432 + 403

Nombre des bénéficiaires 3422 4863 +1'441

Taux de bénéficiaires des PCFam dans la population Genevoise

0.74% 1.04% + 0.3

Revenu médian avec PCFam 5'379 5'478 + 99

Montant médian de versement (par mois) 1'174 1'189 +15

Tableau 4

Tauxdesbénéficiaires desPCFamdanslapopulationgenevoise 2014 1.04%NombredesbénéficiairesdesPCFam 2014 4'863MontantmédiandesPCFam(parmois)2014 1'189

3.3. INDICATEURSSURLESDETTESETLESURENDETTEMENT

Commedéjàsoulignéenintroduction,ilestrelativementfaciledansnotresociétédeconsommerau‐delà des moyens à disposition, par des emprunts et des crédits. Cette possibilité peutconduireàdessituationsd'endettement,voiredesurendettement,c'est‐à‐direquand"lapartdurevenudisponibleaprès lacouvertureduminimumvitalnepermetpasderemplir lesobligationsfinancièresdansundélairaisonnable"39.L'endettement est un vecteur de pauvreté et la pauvreté peut être un vecteur desurendettement.Lelienentresurendettementetpauvretéainsiqueleurseffetssurlasantésontconnus.Lesspécialistesde lapréventioncontre le surendettementsoulignent que la santéestl'undespremiersdomainesdélaisséparunepersonneprisedanslaspiraledusurendettement.Le renoncement aux contrôles réguliers ou aux soins, ainsi que l'absence de couverture pourcausedenonpayementdesprimesd'assurance(l'unedespremièresfacturesqu'unepersonne 38OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Résultatsdelastatistiquedeprestationscomplémentairespourfamilles,GEGenève,2014.In:Statistiquesuissedesbénéficiairesdel’aidesociale(SOSTAT2014).Documentinterne.39CARITASSUISSE.Quandlesdettesmenacentlequotidien:Laproblématiquedesurendettementetdelapauvreté.Lucerne:CARITAS,2013.p.5

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surendettéeometdepayer),ontunimpactmajeursurlasantédesindividus,enplusdel'impactnégatifsurleplanpsychiquequ'unesituationdeprécaritéetd'incertitudepeuventoccasionner.Selonuneétudede2010réaliséeenFrance40sur3'500ménagesbénéficiairesdeprestationsdeconseil contre le surendettement, 94.8% des personnes suivies se déclarent préoccupées etanxieuses(contreseulementle18,1%danslapopulationfrançaisedanssonensemble).85%despersonnesendettéesquidemandentconseilmentionnentunepertedesommeil,62%accusentdesdouleurs lombalgiques,61%une fatigue chronique, 48%desmauxd'estomacet 44%despalpitations.12%desparticipantsà l'étudeprennentdesanxiolytiques,9%dessomnifèreset6%desantidépresseurs.23%ontétédiagnostiquéesdépressives.L'étudemetaussienévidencelefaitqu'avoirdesdettesouêtresurendettédétériorelesrelationsconjugalesetfamiliales,avecdesconséquencesaussisurlesenfants.Ilestdèslorsessentield'observerl'évolutiondessituationssocio‐économiquesetdesantédesfoyers (sur)endettés. Au niveau fédéral, un module spécifique de l'enquête SILC récolte desinformationsdétailléessurl'endettementdesménages.Toutefois,commedéjàmentionné,cetteenquêtenepermetpasd'extrapolerlesrésultatsd'unseulcanton.L'enquête montre qu'en 2013, 59.6%41 des personnes en situation de privation matériellevivaientdansunménageavecaumoinsunedette42,alorsquecepourcentages'élevaità31.8%dans lapopulationgénérale.78.9%despersonnesensituationdeprivationmatérielleavaientaumoinsunarriérédepayement,contrele15.3%danslapopulationgénérale(Figure14).Il ressort que le fait d'être en situation de privationmatérielle ou de pauvreté est fortementassocié avec le fait d'avoir des dettes et des arriérés de payement. Ce constat appuie lespolitiquesdepréventiondelapauvretébaséesaussisurlapréventioncontrel'endettementetlesurendettement.Il apparaît par ailleurs que les catégories les plus représentées parmi les personnes ayant untauxd'arriérédepayementsontlesjeunesâgésd'entre18et24ans(27%),lespersonnesavecunniveaude formationélémentaireou inférieur(24.3%), leschômeurs(39.2%)et les inactifs(24.7%),lesménagesavecenfants(22.5%)etlesfamillesmonoparentales(28.1%)43.Lesdétailssontreprésentésdanslegraphiquesuivant(Figure14).

40CHAMBREREGIONALEDESURENDETTEMENTSOCIALÎLEDEFRANCEPARIS(CRESUS).Etudeexclusive:Surendettementetsanté.Disponibleàl'adresse:http://www.cresusalsace.org/cresus/etude‐exclusive‐surendettement‐et‐sante.html[consultéle17.11.2015]41SILC,op.cit.,201342Cepourcentagecomprendtouteslesdettes,dontlesempruntsimmobiliers. 43 SILC,op.cit,2013

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Figure14

Il est intéressant de souligner, en l'absence de données SILC à l'échelle genevoise, qu'unéchantillonnageparrégionsgéographiquesamontréquelarégionlémaniqueprésenteuntauxdedettesetd'arriérésdepayementplusélevéquelerestede laSuisse(Figure15).Ainsi,si lapartdepopulationvivantdansunménageavecaumoinsunarriérédepayementestde17.7%pourl'ensembledelaSuisse,cechiffregrimpeà26.3%pourlarégionlémanique.

Figure15

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DeuxindicateurscentréssurGenèvesontproposésdanscerapport,baséssurlastatistiquedesbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénérald'unepart,surlesstatistiquesduProgrammeCantonaldeLuttecontreleSurendettementd'autrepart.Contrairement aux autres indicateurs du rapport déjà discutés, l'indicateur appelé "élémentsstatistiquesdespersonnesconsultant lesservicesdedésendettement"n'estpasprésentésousforme de taux car il n'a pas été possible de croiser les données concernant les personnesconsultant les services de désendettement et les données de la population générale. Cetindicateurprésentedoncuneséried'élémentsstatistiquesquineconsidèrentquelespersonnesayantconsulté lesservicesdedésendettementdans lecadreduProgrammeCantonaldeLuttecontreleSurendettement.INDICATEUR11 Tauxdedossiersdel'aidesocialeprésentantdes

dettes

Formedel’indicateur Taux de dossiers de l'aide sociale de l'Hospice généralprésentantaumoinsunedette(totaletparannéepasséeétantbénéficiairedel'aidesociale)

Sourcedel’indicateur Statistiquedel'HospiceGénéral

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Cetindicateurfournitdesinformationssurlessituationsd'endettementparmilesbénéficiairesdel'aidesociale.Ilmetenévidenceunpublicparticulièrementàrisquederester(sur)endetté,car"enraisondesdettescontractées,l'incitationàselibérerdel'aidesocialeestfaible.Encasdereprised'uneactivitélucrative,lapersonneconcernéerisqueunesaisiedesalaireouuneexistenceastreinteauminimumvitaldudroitdespoursuites.En sortantde l'aide sociale, lesbénéficiairessurendettés ont pour seule perspective le passage d'un minimum vital à un autre. Cettecirconstancenuitautravaild'intégrationdel'aidesociale"44.

Cet indicateurpermetd'observer lescorrélationsentreaidesocialeet(sur)endettement,etdequestionnerdansquellemesurelesdettessontunfreinàlaréinsertion.B. Analyse

Selon les statistiques de l'Hospice général, presque un dossier sur deux (7'186 sur 14'889)présentaitunproblèmed'endettementen2014.Lesdettessont ladeuxièmeproblématique laplusprésentedans lesdossiersde l'Hospice, justeaprès lemanquede formation45.Cesdettesremontentgénéralementàavantledébutdesprestationsd'aidesocialeetpeuventêtreduesàdesempruntset leasingnonpayés,des faillites,desarriérésdepayement surdes facturesouencoredespoursuites.Ellespeuvent cependant aussi apparaître en coursd'aide,par exempleparcequ'onauraitnégligédepayerdesimpôtsoulaprimedecaissemaladie.

44CONFERENCESUISSEDESINSTITUTIONSD'ACTIONSOCIALE.Dettesetaidesociale:DocumentdebasedelaCSIAS.Berne:CSIAS,2014.p.245Statistiqueannuelledel'aidesociale2014:Profilsdestitulaires…,op.cit,.28p.

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Pour quelques centaines de bénéficiaires de l'aide sociale particulièrement proches d'uneréinsertionprofessionnelleetd'unesortiedudispositifd'aidesociale,l'Hospicegénéralorganiseunsoutienaudésendettementavecl'interventionfinancièred'unefondationprivéegenevoiseetaveclesoutiendesorganisationsactivesdanslaluttecontrelesurendettement.Àreleverquelaproblématiquedel'endettementestunpeumoinsprésenteparmilesnouveauxdossiersd'aidesociale,ouvertsdepuismoinsd'uneannée,oùelleconcerne41%descas(Figure16). La présence de cette problématique augmente ensuite de manière linéaire selonl'anciennetédudossier,jusqu'àatteindre54%dutotalpourlesdossiersouvertsdepuistroisansouplus.

Figure16

Il existedoncuneassociationpositive entre l'endettement et laduréede l'aide sociale, cequilaissepenserquelefaitd'avoirdesdettesconstitueunobstacleàlasortiedel'aidesociale.Desliensdecausalitéentrecesdeuxfacteurssontceladitdifficilesàétablir,lesdeuxétantfortementliésauxpropriétéssocialesdubénéficiaire.Ainsi, lespersonnessansdettesaurontcertesplusd'incitations à se réinsérer et à retrouver une indépendance économique qu'une personneendettée, toutefois onnepeut conclureque les personnes endettées restentdans ledispositifd'aide sociale par commodité ou par manque d'incitations. En effet, ces personnes cumulentsouvent plusieurs problématiques sociales et s'avèrent être les plus éloignées du marché del'emploi,cequiréduitaussileurpotentield'insertion.

41.144.3

48.354.0

48.3

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

< 1 ans > 1 ans <2 ans

> 2 ans <3 ans

> 3 ans TOTAL

En %

Taux de dossiers ayant un problème de dettes

Source : Statistique de l'Hospice général, 2014

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INDICATEUR12 Elémentsstatistiquesdespersonnesconsultantlesservicesdedésendettement

Formedel’indicateur Elémentsstatistiquesdespersonnesconsultantlesservicesdedésendettement dans le cadre du Programme Cantonal deLuttecontreleSurendettement(PCLS)

Sourcedel’indicateur ÉvaluationinterneduPCLS(donnéesCSPetCaritas)

A. Explication,pertinenceetlimitesdel'indicateur

Cet indicateur est construit en se basant sur l'évaluation de la phase pilote du ProgrammeCantonal de Lutte contre le Surendettement (PCLS) effectuée par la DGAS46 et présente desinformationsstatistiquesrécoltéesparlesprestatairesoffrantdesservicesdedésendettement,soitlesassociationsCaritasetCSP.Lesdonnéesstatistiquesrécoltéesdonnentdes indicationssur la compositiondupublicayantfait appel à des prestations dans le cadre de ce programme et concernent, dès lors, une partrestreinte du public touché par cette problématique. De plus, les modalités d'accès auprogrammepeuventavoirdeseffetssurlescaractéristiquesdugroupequienbénéficie(effetdesélection).Il faut donc souligner que cet indicateur est présenté à titre illustratif (à défaut d'autresindicateursplusexhaustifsetdynamiques)etn'estpasapprofondiparuneanalysedétaillée.Sonpeaufinageetsonsuividansletempspermettrontd'ajusterletravaildeprévention,maisaussidemieuxcernerlescaractéristiquesdespersonnessurendettéesdemandantdel'aide.B. Analyse

Lesgraphiquessuivants(Figure17)illustrentlacompositiondupublicayantfaitappelauPCLS,selonlescritèressuivants:sexe,âge,situationfamiliale,revenumensuel,ampleurdeladetteetniveaudeformation.

46DIRECTIONGÉNÉRALEDEL'ACTIONSOCIALE(DGAS),Programmecantonaldeluttecontrelesurendettement(PCLS):Rapportetévaluationsurlaphasepilote(01.09.2011–31.08.2014).Genève:DGAS,2015.

Tauxdesdossiersavecdesdettes2014 48.3%Tauxdesdossiersavecdesdettes,<1ans 2014 41.1%Tauxdedossiersavec desdettes,>3ans 2014 54%

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Figure17

L'on observe une répartition presque équitable entre hommes et femmes. Une majorité debénéficiairesduprogrammeontentre31et50ans.Lescélibatairessonttrèsprésents.Lerevenumensueldespersonnesayantdemandéde l'aidesesituepour les troisquartsentre3'000.‐et10'000.‐CHF.Presqueunquart(24%)despersonnesontunedetteinférieureà20'000.‐CHF.

Elémentsstatistiquesdespersonnesconsultantlesservicesdedésendettement

54%entre31et50ans44%célibataires31%detteentre21'000et50'00022%sansformation39%avecunrevenumensuelentre3'000et5'00036%avecunrevenumensuelentre5'000et10'000

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3.4. PAUVRETÉETSANTÉ

La motion M1950 demande d'évaluer l'impact de la pauvreté sur la santé, notamment sousl'angledel'incidencedesmaladieschroniques,del'augmentationdesfacteursderisqueetdelavulnérabilitéaccrue,etsurl'espérancedevie.Cependant,silapauvretén'estpasfacileàdéfinir,forceestdeconstaterquelasanténel'estpasdavantage.L'Organisationmondialedelasanté(OMS)définitlasantécomme"unétatdecompletbien‐êtrephysique,mentaletsocial"etinsistesurlefaitqu'elleneseréduitpasseulementàuneabsencedemaladiesoud'infirmités47.La loi genevoise sur la santé précise que "la santé consiste enun état physique, psychique etsocialqui favoriseà toutâge l'équilibrede lapersonneauseinde lacollectivité"48.Danscetteperspective,santéprécaireetpauvretéapparaissentcommedeuxélémentsconvergents,cequibrouillelesfrontièresconceptuellesetempiriquescar,d'unecertainemanière, lamaladiepeutêtreperçuecommeuneformedepauvretéàpartentière.Demanièrepluslarge,lesexpertssoulignentqu'iln'estpassimplededépasserlescorrélationsstatistiquesobservéesentrepauvretéetsantéetdedéterminerdesliensdecausalitéclairs.Celaestnotammentdûà laprésencedenombreux facteursquipeuvent influencertant lasituationsocio‐économique que la santé, dont le travail (type d'activité, volume travaillé, rétribution,conditions,etc.)etleniveaudeformation.Commelesoulignel'OFS,"l'associationentrerisquedepauvretéouprivationmatérielleetétatdesantédégradépeut correspondreàdesmécanismesoù c'est la fragilité socialequi,pardiversesmédiations(conditionsdevie,detravail,delogement,habitudesdevie),estàl'origined'unmoinsbonétatdesanté.Maisàl'inverse,lesproblèmesdesantépeuventaussiengendrerunedifficultéàacquérirunrevenusuffisant(limitationsdel'activitéprofessionnelleoudutauxd'activité)"49.

Cecidit,ilestlargementreconnuquelasituationsocioéconomiqueaunimpactsurlasantédespersonnes.Selonuneestimationpubliéeparl'Officefédéraldelasantépublique(OFSP),l'étatdesantédépendraitpour40à50%de facteurs socio‐économiqueset comportementaux, etpourenviron20%defacteursenvironnementaux.Le30à40%restantdépendraitdeprédispositionsgénétiques(20à30%)etdusystèmedesoins(10à15%).Delamêmemanière,l'impactdelapauvreté(ausenssocio‐économique)surl'espérancedevieetl'étatdesantéestconfirmépardenombreusesétudesinternationalesetsuisses50.Ducôtédel'OFS, le volet "santé autoévaluée" de l'enquête SILC conclut que les individus à risque depauvreté déclarent une santé deux fois moins bonne que le reste de la population51. Lesindividusàrisquedepauvretérencontrentdavantagedeproblèmesdesantéde longuedurée(41%contre31%)et sontplus souvent freinésdans leurs activitéspourdes raisonsde santé 47Préambuleà laConstitutionde l'Organisationmondialede laSanté, telqu'adoptépar laConférence internationalesur laSanté,NewYork,19‐22juin1946.48Art.2delaloigenevoisesurlasantédu7avril2006.49OFFICEFÉDERALDELASTATISTIQUE(OFS).Etatdesanté, renoncementauxsoinsetpauvreté.Enquêtesur les revenuset lesconditionsdevie(SILC)2011.In:ActualitéOFS,2013.p.550 Voir par exemple FORNEY, Yannick. Les inégalités devant lamort: longévité différentielle en Suisse selon les catégories socio‐professionnelles (1991‐2004). Thèsededoctorat:MentionDémographie.Genève:UniversitédeGenève,2011 ;GUBÉRAN,Etienne,USEL,Massimo.Mortalitéprématuréeet invalidité selon laprofessionet laclassesocialeàGenève.Ecartsdemortalitéentreclassessocialesdanslespaysdéveloppés.Genève:Officecantonaldel’inspectionetdesrelationsdutravail(OCIRT),2000.51Etatdesanté,renoncementauxsoinsetpauvreté(…),op.cit,p.4

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(32% contre 21%). Cette statistique met également en évidence le fait que les personnes àrisquedepauvretérenoncent2,5foisplussouventauxsoinsquelerestedelapopulation,etquecet écart est encore plus net si l'on considère les personnes en situation de privationmatérielle52. L'OFS en tire la conclusion que "les personnes ayant renoncé à des consultationsmédicalesoudentairespourraisonfinancièreontunétatdesantémoinsbonquelesautres"53,cequirisquederenforcerdavantageencorelesinégalités.Lamajoritédecesétudes,commeparexempleleprogrammederecherche"Inégalitésdesantéetdemortalité,trajectoiresettransitionsdesantédansuneperspectivedeparcoursdevie"auseindu Pôle de recherche national "Lives", sont pensées à échelle nationale. Leurs données nepermettentdoncpasdeproduiredesrésultatsàlaseuleéchellegenevoise.Par ailleurs, un Concept cantonal de promotion de la santé et de prévention est en coursd'élaborationsous l'égidede laDirectionGénéralede laSanté(DGS)duCantondeGenève.Lerapport,attenduaucourantdel'année2016,permettrad'approfondirlarelationentrefacteurssocio‐économiquesetsanté,etdeclarifierl'étatdesituationdanscetteproblématiqueàGenève.Dansl'attentedecerapportd'expertsetdanslebutd'éviter lesdoublons,maisaussiauvudumanque de données à disposition à ce jour, il a été décidé de ne pas produire d'indicateursportantsurlarelationpauvreté‐santédanslecadredecerapport,etd'enévaluerlapertinenceàla lumière de l'analyse approfondie réalisée par la DGS, lors de la reconduction du présentrapport.Dèslors,seuleuneprésentationsuccinctedequelquesrésultatsissusdetroisbasesdedonnéesà disposition est proposée dans les lignes qui suivent, pour aussi comprendre les limitesrencontréedanslarecherched'indicateursfiablesetdebonnequalité.1) EnquêteSuissesurlasanté

L'Enquête Suisse sur la Santé (ESS) de l'OFS réalise un sur‐échantillonnage genevois et estproduite tous les5ans.Sonéchantillonestde taille troprestreintepourpermettre l'étudedesous‐groupesspécifiquesàpartirdecritèrescommelesalaireoulasituationfamiliale.Les résultats de l'ESS montrent qu'une partie relativement importante de la population ducanton de Genève déclare ne pas être en bonne santé. Ainsi, la population genevoise estproportionnellementmoinsnombreuseàsedéclarerenbonneoutrèsbonnesanté(77%)parrapport au reste de la population suisse (83%)54. Il ressort par ailleurs que les résultats del'autoévaluationdel'étatdesantévarientselondesindicateurssocioéconomiquestelsleniveaudeformation(voirFigure18),cequiseretrouveaussiàl'échellesuisse.

52Ibid.p.653Ibid.p.754 D'AIUTO, Chiara.Lesgenevois et leur santé:Enquête suisse sur la santé (ESS), résultats comparés1992–2012. Genève: OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT),2015.

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Figure18

2) BUSSanté(HUG)

ÀGenève,l'unitéd’épidémiologiepopulationnelle(UEP)desHôpitauxuniversitairesdeGenèveréalise annuellement une étude sur l'état de santé et l'accès aux soins avec un échantillonreprésentatif de la population genevoise. Cet enquête, connue sous le nom de "BUS santé",fournitdesinformationssurlerenoncementauxsoinspourdesraisonséconomiques.Deplus,elle permet de distinguer les soins médicaux généraux (couverts par la LAMal) des soinsdentaires(noncouverts).Leconstatdurenoncementauxsoinsdesantépourraisonéconomiquese faitpardéclarationdes participants à l'enquête et ne repose pas sur une analyse objective des situationséconomiques.Lesrésultatsdecetteenquêtedoiventdoncêtreprisavecprécaution.Lafigure19montrequ'àGenève,en2014,unepersonnesurseptarenoncéàunsoindesantépour des raisons économiques (15.3% des participants à l'étude). Ce taux concerne, dans ledétail, 9.1% de renoncements à des soins médicaux non‐dentaires et 11.1% à des soinsdentaires,lesdeuxpouvantbienentendusesuperposer.

Figure19

31.2

24.8

21.2

10.3

15.3

26.6

15.3

17.6

7.1

11.1

15.6

16.1

13.4

5.4

9.1

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

<3000 chf

3000‐4999 chf

5000‐6999 chf

7000‐9499 chf

TOTAL

En %

Revenu

 men

suel

Participants à l'enquête ayant renoncé à un soin pour des raisons économiques 2014

Source: BUS Santé (HUG), 2014

Taux de renoncement aux soins non‐déntaires Taux de renoncement aux soins dentaires Taux de renoncement aux soins

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Parmi les bas revenus (moins de 3'000.‐ CHF par mois), presque une personne sur trois arenoncéàdessoinsdesanté(31.2%).Lerenoncementauxsoinsdentairesestparticulièrementélevé dans cette catégorie de revenus (plus de 26%), alors qu'il baisse sensiblement dans lacatégoriesuivante(3'000‐4'999CHF).Lerenoncementauxsoinsdesanténon‐dentairesestenrevanchepeuinfluencéparleniveauderevenuetfluctueentre13et16%,saufpourlesrevenusdépassantles7'000.‐CHF,oùilestclairementinférieur(5.4%).Ensuperposantcesdeuxindicateurs,onobservequelerenoncementauxsoinsestinversementproportionnelauxrevenus,cequitendàdémontrerquelasituationmatérielleréelleinfluencelerenoncementauxsoins.DesanalysesplusapprofondiesontétéeffectuéesparleschercheursduBUSsantéenutilisantl'échantillonquiréunitlesobservationseffectuéesentre2007et201055.Cesanalysesontpermisdemettre en évidence que les facteurs les plus associés au renoncement aux soins pour desmotifsfinancierssont:avoirdesenfantsàchargeâgésdemoinsde15ans,êtredivorcé,avoirunemploipeuqualifié,avoirunniveaudeformationinférieureàlamaturitéetêtreunefemme.Les chercheurs duBUS santé ont par ailleursmis en évidence le fait que le renoncement auxsoinspourdesraisonséconomiquesaaugmentéparmilesparticipantsdontlerevenumensuelestinférieurà3'000.‐CHFparmoisetque5%desparticipantsn'ontpasétéenmesuredepayeraumoinsunefoisleursprimesd'assurancemaladieaucoursdesdouzederniersmois56.À cepropos, soulignons que l'augmentation constante et conséquentedesprimesd'assurancemaladie a un impact sur le choix de la franchise des assurés, ce qui peut inciter certainespersonnesàrenonceràdessoins. 3) Bénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralavecunproblèmedesanté

L'étatdesantéestappréciéparlesassistantssociauxlorsdel'ouverturedudossieràpartirdesinformationstransmises,etestmisàjourunefoisparannéelorsd'unbilan.Lesproblèmesdesanté recensés ne conduisent pas tous à une incapacité de travail pouvant potentiellementreleverdel'assuranceinvalidité,carils'agitdetoutproblèmedesantémentionnélorsd'unbilanetdépassant lepetitsoucidesantépassager.Dessituationsà la frontièredecesdeuxrégimessociaux (aide sociale et assurance invalidité) peuvent cela dit apparaître dans cette base dedonnées, notamment en raison des restrictions des critères d'accès aux prestations de l'AIrésultantdesdeuxdernièresréformesdelaLoifédéralesurl'assurance‐invalidité.Lafaiblessedecettebasededonnéesrésidedanslefaitquel'appréciationdel'étatdesantéesteffectuéeparunprofessionneldudomainesocial,quin'estpasforméàl'évaluationmédicaledel'étatdesantéd'unindividu.Deplus,hormislessituationsparticulièrementévidentes(maladiesdiagnostiquées ou problèmes majeurs exprimés lors de l'entretien), demeure le risque que

55 GUESSOUS, Idris.Renoncement aux soinsde santé pourdes raisons économiques: Inégalités sociales etde santé :un enjeupourGenève.Supportdel'interventionauFORUM" Lesinégalitéssocialesetdesanté:unenjeupourGenève"du22mai2012.Disponibleàl'adresse:http://goo.gl/G6L04H[consultéle17.11.2015]56 À ce sujet, voir aussi GUESSOUS, Idris, GASPOZ, Jean‐Michel, THELER, J. M., et al. "High prevalence of forgoing healthcare foreconomic reasons in Switzerland: a population‐based study in a regionwith universal health insurance coverage". In:Preventivemedicine, 2012, vol. 55, no 5. p. 521‐527; WOLFF, Hans, GASPOZ, Jean‐Michel, GUESSOUS, Idris. "Health care renunciation foreconomicreasonsinSwitzerland".In:SwissMedicalWeekly,2011,vol.141,p.w13165

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l'information ne soit pas saisie. En raison de ce biais, les résultats qui suivent revêtent unevaleurindicative.À Genève, en 2014, 5'607 titulaires de dossiers d'aide sociale de l'Hospice général (38% dutotal) ont été évalués par leur assistant social comme "ayant unproblèmede santé physique,psychiqueoulesdeux"57.Leurnombreaugmentedemanièresignificativeavecl'âge,commelemontrelegraphiquesuivant(Figure20).

Figure20

Danslesclassesd'âgeslesplusjeunes,cesontprincipalementdesproblèmesphysiquesquisontsignalés, alorsquedans les classesd'âgeplus avancées, lesproblèmespsychiqueset le cumuldesdeuxproblèmesdeviennentplusimportants.La statistique de l'Hospice Général nous indique aussi que parmi les personnes dont unproblème de santé a été identifié, les personnes "seules dans le dossier et vivant seules" sontsurreprésentées58.

3.5. CONCENTRATIONGÉOGRAPHIQUEDELAPRÉCARITÉETINÉGALITÉS

Laprécaritéetlapauvretésontrépartiesdefaçoninégalesurleterritoire.Leprixdulogementesttrèsélevédanscertaineszonesducantondufaitde leur localisationetdelaqualitédeviequ'ellesassurent(services,infrastructures,transports,etc.),etaccueillentdèslorsunemajorité 57Statistiqueannuelledel'aidesociale2014:Profilsdestitulaires…,op.cit,.p.1458HOSPICEGÉNÉRAL(HG).ibid.p.14

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depersonnesplusaisées.Àl'inverse,lespersonnesetménagesavecdesbasrevenustendentàseconcentrerdansdeszonesoù les loyerssontplusbas.Ceszones,que la littératurenommeparfois"quartierspopulaires",sontsouventcaractériséesparunequalitédeviemoinsélevée,enraisondeleurlocalisation,del'insécuritéouencored'uneinfrastructuremoinsdéveloppée.Cephénomèneestconnusouslenomdeségrégationspatialeetpeutêtreunfacteurd'aggravationdelaprécaritéetdelapauvreté.Plusieurs politiques publiques fédérales et cantonales ont empoigné ce phénomène enpromouvant la mixité sociale. A Genève, la Politique de cohésion sociale en milieu urbain(PCSMU),dont lespremièresactionsreposentsur lesanalysesduCentred'analyseterritorialedesinégalités(CATI‐GE),enestunedéclinaison.Le CATI‐GE, crée en 2009, a produit plusieurs analyses approfondies de la concentration depopulationsprécariséesdanslecantondeGenève.Cesdernièresreposentsurl'exploitationdediversesbasesdedonnées,dontlastatistiqueofficielleduchômageetcelledel'OCSTAT.Le dernier rapport du CATI‐GE, datant de 2014, analyse la concentration de populationsprécarisées à l'aide de 6 indicateurs59 et à l'aune d'un barème statistique fixé au premierquartile,avecunedoublefocale: lacommunedanssonentieret lesdifférentessous‐partiesouquartiers,appelés"sous‐secteurs".Celasignifiequepourchacundesindicateurs,unclassementdes communes est effectué, et que les communes qui se situent dans le dernier quart duclassementdansaumoins5des6 indicateursrésultentéligiblespour lapolitiquedecohésionsocialeenmilieuurbain.Descartessynthétiquesontétéproduites,quisontreprisesici(Figures21et22).Lesrésultatsdecetteanalyseontleurplacedanscerapportcarilspermettentdeconcevoiretorienterdespolitiquesderéductiondelapauvretéancréesauplanlocal,parexempleavecdescampagnes d'information pour les habitants d'un quartier, sur leurs droits aux prestationssocialesouavecledéveloppementdemesuresspécifiquesd'insertionprofessionnelle.Ellessontaussi utiles pour déterminer où investir au plan préventif, par exemple en renforçantl'encadrementscolaireoulesinfrastructures.Selon les analyses du CATI‐GE60, en 2013, les communes de Carouge, Chêne‐Bourg, Genève,Lancy, Meyrin, Onex, Thônex, Vernier et Versoix présentent une haute concentration depopulationsprécarisées(Figure2161).

59Lerevenuannuelbrutmédiandescontribuablesimposésaubarèmeordinaire(2009);lapartd'élèvesissusdemilieumodesteoudéfavoriséparrapportautotald'élèvesrésidentsdanslacommuneoulesous‐secteur(2012);lapartdecontribuablesàbasrevenu(2009);lapartdechômeursinscritsenpourcentagedelapopulationde15‐64ans(2012);lapartdebénéficiairesdel'aidesocialeoudeprestationscomplémentairesenpourcentagedelapopulationrésidente(2011);lapartd'allocationsdelogementenpourcentagedunombretotaldelogementsurlacommuneoulessous‐secteurs(2012).60CENTRED'ANALYSETERRITORIALEDESINÉGALITÉSÀGENÈVE(CATI‐GE).AnalysedesinégalitésdanslecantondeGenèvedanslecadredelaPolitiquedecohésionsocialeenmilieuurbain:Rapport2014.Genève:UniversitédeGenève,2014.96p. 61CENTRED'ANALYSETERRITORIALEDESINÉGALITÉSÀGENÈVE(CATI‐GE).ibid.p.42

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Figure21

Laplus haute concentrationdepopulations précarisées se trouvedans certains sous‐secteursbiendéterminés,visiblesdanslaFigure2262.Celaconcernelesbasrevenus, lesélèvesissusdemilieumodeste,letauxdechômage,d'aidesocialeetd'aidesaulogement.

Figure22

Cesconstatsdevrontêtremisàjouretgardésàl'espritdanslamesureoùilsdémontrentquelesdifficultés des personnes en situation de précarité ont tendance à s'accumuler et qu'à celas'ajoutent des dynamiques de concentration géographique de la précarité qui risquent 62CENTRED'ANALYSETERRITORIALEDESINÉGALITÉSÀGENÈVE(CATI‐GE).ibid.p.48

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d'aggraver la situationdeménages lesplusdéfavorisés. Cette aggravation se ferait avant toutpar le biais du logement: une forte présence de grandes cités avec des appartements à loyermoins élevés que dans le reste du canton peut s'observer dans les sous‐quartiers et lescommunesidentifiées.

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SYNTHÈSEETDISCUSSION

Letableausuivantrésumelesprincipauxrésultatsquisedégagentdecesindicateurs.

SYNTHESEDESRESULTATS

Indicateursdepauvreté

1.Tauxd'aidesociale Tauxd'aidesocialeausenslarge(OCSTAT‐OFS)2014 13.6%Tauxd'aidesocialeausensstrict(OCSTAT‐OFS)2014 5.4%Bénéficiairesdel'aidesocialeausenslarge(OCSTAT‐OFS)2014 63'904Bénéficiairesdel'aidesocialeausensstrict(OCSTAT‐OFS)2014 25'303

2.Tauxdesur/sous‐représentationàl'aidesociale

Personnesseules +65%Famillesmonoparentales +100%Personnessansformationpostobligatoire +64%Etrangers(HorsUEetALE) +125%

3.Tauxderisquedepauvreté TauxderisquedepauvretédesassujettisauRDU2013 18.7%AssujettisauRDUàrisquedepauvreté2013 49'92960%duRDUéquivalentmédian2013 37'105.‐CHFÉcartderisquedepauvretémédian2013 9'013.‐CHF

4.Tauxderisquedepauvretéhypothétiquesansprestationssociales

TauxderisquehypothétiquedepauvretédesassujettisauRDUsansprestationssociales2013

25.6%

AssujettisauRDUàrisquedepauvretéhypothétiquesansprestationssociales2013

68'214

Écarthypothétiquederisquedepauvretémédiansansprestationssociales2013

14'566.‐CHF

5.Tauxderisquedepauvretéindividuel

TauxderisquedepauvretédeshommesassujettisauRDU(àpartirduRDUéquivalent)2013

19%

TauxderisquedepauvretéindividueldeshommesassujettisauRDU(àpartirduRDUindividuel)2013

19%

TauxderisquedepauvretédesfemmesassujettiesauRDU(àpartirduRDUéquivalent)2013

19%

TauxderisquedepauvretéindividueldesfemmesassujettiesauRDU(àpartirduRDUindividuel)2013

32%

RDUindividuelmédiandeshommes2013 68'825.‐CHFRDUindividuelmédiandesfemmes2013 51'317.‐CHFRDUindividuelmédiandeshommes2013/RDUindividuelmédiandesfemmes2013

1.34

Indicateursdelaprécaritéliéeàl'em

ploi

6.Tauxdebassalaires Tauxdebassalaires2012 18.21%Evolutiondesbassalaires2008‐2012 +0.67%Evolutiondesbassalaires2008‐2012(hommes) +1.32%Evolutionbassalaires2008‐2012(femmes) ‐0.04%

7.Tauxdesalariésavecunsalaireeffectifinférieurà2'000.‐CHFetà3'000.‐CHFparmois

Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(total)

17.7%

Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(hommes)

10.9%

Tauxdesalariéesavecsalaireeffectifinférieurà3000.‐CHF(femmes)

25.5%

Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(total)

10.9%

Tauxdesalariésavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(hommes)

7.0%

Tauxdesalariéesavecsalaireeffectifinférieurà2000.‐CHF(femmes)

10.4%

8.Tauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploiàrisquedepauvreté

Tauxd'actifsavecuneforterelationàl'emploivivantdansunménageàrisquedepauvreté

5.5%

9.Tauxdebénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospice

Tauxdesbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralactifsoccupés2014

18%

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généralactifsoccupés Tauxdesménagesactifsoccupéspercevantl'aidesocialedel'Hospicegénéral2012

12%

Nombredesbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralactifsoccupés2014

3'270

10.TauxdebénéficiairesdesPCFam

TauxdesbénéficiairesdesPCFamdanslapopulationgenevoise2014

1.04%

NombredesbénéficiairesdesPCFam2014 4'863MontantmédiandesPCFam(parmois)2014 1'189.‐CHF

Detteset

désendettement 11.Tauxdedossiersdel'aide

socialeprésentantdesdettesTauxdesdossiersavecdesdettes2014 48.3%Tauxdesdossiersavecdesdettes,<1ans2014 41.1%Tauxdedossiersavecdesdettes,>3ans2014 54%

12.Elémentsstatistiquesdespersonnesconsultantlesservicesdedésendettement

Pasdetauxàproprementparler

Lesdifférentsindicateursdecerapportpermettentdedresserunpremierétatdesituationdelapauvreté–dans les limitesde sadéfinition–àGenèveetde créerun "momentzéro"àpartirduquel il sera possible de saisir les évolutions futures et de réfléchir aux interventionsnécessairespourajusterlapolitiquedeluttecontrelapauvreté.Lechoixdecesindicateursaétémotivéparlapossibilitéqu'ilsoffrentdeproduireuntableaudelasituationsuffisammentglobal,quipermetted'appréhenderl'ensembledelaproblématiquedela pauvreté àGenève. Le fait que ces indicateurs puissent être reconduits dans le temps sanslimitationd'accèsauxdonnéesestunélémentpositifsupplémentaire.Acestade,lesélémentssuivantsressortentdel'analyseetpeuventêtremisenexergue: Unepauvretéquinepeutêtrechiffréedemanièreunivoque

ÀGenève,lenombred'assujettisauRDUàrisquedepauvretés'élèveraità49'929,soituntauxde18.7%.CechiffresuggèrequelecantondeGenèvesesitueraitlégèrementendessusdurestede la Suisse, qui affiche un taux de risque de pauvreté de 14,5%. Cela dit, une véritablecomparaison entreGenève et le reste de la Suisse n'est pas pertinente, en raison des optionsméthodologiqueschoisiesdanslecadredel'élaborationdecerapportpourcalculerlerisquedepauvretéàGenève.Onobserveaussique13,6%delapopulationgenevoise,soit63'904personnes,estaubénéficedeprestationsd'aidesocialeausens large.Encomparaison fédérale,etdans l'impossibilitédecomparerdemanièrerigoureusecetauxàceluid'autrescantonsdufaitquelesprestationsetlesbarèmesdiffèrentd'uncantonàl'autre,l'onpeutretenirqueleCantondeGenèveprésentel'undestauxd'aidesocialeausenslargelesplusélevésdeSuisse. Des salaires insuffisants pour faire face aux dépenses courantes et des inégalités

salarialesquis'agrandissent

Certainssalairesnepermettentpasdepréserverlestravailleursdelapauvretéoudurisquedepauvreté.Commeiladéjàétédémontréà l'échellesuisse, lessalaires lesplusbasnesuffisentparfoispasàcouvrirleminimumvitalnécessairepourfairefaceauxcoûtsdelavie,notammenten présence d'enfants à charge, et cela même pour des emplois à plein temps. Plusieursindicateursdurapportconfirmentcettesituationetdémontrentquepauvretéetemploipeuventse superposer. Ainsi, si 5,5% des actifs avec une forte relation à l'emploi sont à risque depauvreté,onconstateaussique18%desbénéficiairesdel'aidesocialedel'Hospicegénéralsontdesactifsoccupés.

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Cette situation interpelle les fondements des dispositifs d'aide sociale et des prestationscomplémentaires qui, dans ces situations, viennent compléter par une aide publique uneinsuffisance des salaires. Elle crée aussi des effets de seuil entre régimes sociaux et premiermarchédutravail,quipeuventêtreunfreinàl'insertionetàl'autonomiedesindividus.L'analyse rappelle aussi que derrière une croissance généralisée des salaires (le salaire brutmédian standardisé a connu une croissance de +4.28% entre 2008 et 2012) se cachent dessituations très différentes: les bas salaires restent relativement stationnaires avec unecroissanceinférieureà1%,alorsqueleshautssalairesprogressentdeplusde6%.Celasignifiequelesinégalitésentrelessalairessecreusentetquelesbassalairess'éloignentdeplusenplusde la médiane et des hauts salaires, avec des risques importants de voir le nombre detravailleursàrisquedepauvretécroître.Cela étant, cette approche quasi binaire (salaire suffisant versus salaire insuffisant) restethéorique,puisqu'ellenetientpascomptedelatypologiedestrajectoiresdechaqueindividu,nid'ailleursdel'augmentationdesrisquessurlemarchédutravailfaceàuneéconomieglobalisée,dansuncontextedecompétitivitéexacerbée. Plusieursgroupesàrisquedepauvreté

L'analyse des indicateursmontre que les famillesmonoparentales et les familles nombreuses(troisenfantsouplus)sontplustouchéesparlerisquedepauvretéquelesfamillesbiparentalesetlescouplessansenfants.Lesfamillesmonoparentalesavecunoudeuxenfantsprésententuntauxderisquedepauvretédeuxfoissupérieurauxfamillesbiparentalesaveclemêmenombred'enfant.Cetécartseréduitlégèrementpourlesfamillesavec3enfants(35%pourlesfamillesmonoparentales,20.6%pourcellesbiparentales).Cesrésultats confirment lesconclusionsdesétudesinternationalesethelvétiquessurlesrisquesdepauvretéselonlaconfigurationfamiliale.L'enquêtesuggèreaussiqu'unautrepublicestparticulièrementexposéaurisquedepauvreté:celuidespersonnesnonmariéessansenfants.CespersonnesontuntauxderisquedepauvretéselonleRDUplusélevédutauxgénéral(25.5%contre18.7%),tauxquiseraitsupérieuràceluides couples sans enfants, à celui des couples avec enfant(s) et même à celui des famillesmonoparentalesavecunseulenfant.Cerésultatétonnantinterrogel'échelled'équivalenceemployée,danslamesureoùlaméthodede calcul surestime peut‐être les économies d'échelle réalisées au sein des familles ou sous‐estime les épargnes faitesparune cohabitation entrepersonnes "célibataires" selon le critèrefiscal.Il interrogesurtoutlalimitedenepaspouvoirappliqueruneéchelled'équivalencepourlescouplesenunionlibre,cequibiaisedefaitlerésultatenaugmentantlenombredepersonnescélibataires considérées comme à risque de pauvreté. L'échelle d'équivalence appliquée auxcouplesmariéssous‐estimed'ailleurs lapauvretédes famillesavecdespersonnesàchargedeplusde14anspuisque,fautedeconnaîtrel'âgedespersonnesàcharge,unmêmepoidsde0.3aétésystématiquementattribué,contrairementàcequefaitl'OFS.Cesconstatssuggèrentquel'analysesurestimelégèrementlapauvretédesassujettisnonmariésetappelleàrecueillirdesdonnéesplusfinespourapprofondirlesdifférentsfacteursderisqueselonlasituationfamiliale.Eneffet,onobservequelerisquedepauvretéserépartitinégalementselonl'âge,cequiinviteàanalysercettesituationàl'aunedesétapesdevieetdeladisponibilitédes prestations sociales. Les jeunes adultes non mariés, en particulier, doivent faire l'objet

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d'analysesplusfouilléescarlesdonnéesrécoltéesàcejours'avèrentêtrelacunaires.Cepublicest identifié par ailleurs comme particulièrement à risque d'exclusion sociale, ce qui fait qued'autres interventionsensusdel'aideauplanfinanciers'avèrentnécessairespourprévenir lerisquedepauvretéetd'exclusiondecettepartiedelapopulation.Les femmes, enfin, sont presque deux fois plus exposées à un risque de pauvreté lorsqu'ellesdoivent compter seulement sur leur propre revenu. Elles perçoivent encore des salairesinférieursauxhommesetsontsurreprésentéesdanslescatégoriesdesbassalaires,desemploisà temps partiel, des parents élevant seuls des enfants. Même dans un ménage qui n'est pasconsidéréàrisquedepauvreté,ilestpossiblequ'unepersonnesetrouvedansunesituationdepauvreté monétaire ou de privation matérielle quand le revenu dépend d'un partage desressourcesquin'estpastoujoursgaranti.Pourtoutescesraisonsetensusdutauxindividuelderisquedepauvretédéjàsupérieuràceluideshommes,lesfemmessontlesplusconcernéesparlapauvretéet,entantquegroupesocial,méritent d'être listées parmi les publics à risque de pauvreté. En ce sens, la politique depromotion de l'égalité entre femmes et hommes mérite d'être considérée aussi comme unepolitiquedeluttecontrelapauvretéetlaprécarité. Deseffetssurlasantédifficilesàsaisir

L'analyse réalisée n'a pas permis de préciser les effets de la pauvreté sur la santé et surl'espérance de vie. Les indicateurs retenusmontrent un taux de renoncement à des soins desantéparmanquederessourcesparticulièrementélevé(15,3%).Lesous‐totalpourlessoinsdesantéautresquelessoinsdentairesestégalementélevé,sesituantà9,1%.Selonlesdonnéesdel'Hospicegénéral,plusd'un tiersdesbénéficiairesde l'aidesociale (38%)ontunproblèmedesanté.Cesrésultats,quinerépondentpourtantpasàlaquestiondeseffetsdelapauvretésurlasanté,devront être à l'avenir approfondis enmettant en relation les indicateurs du présent rapportavec ceuxdu rapportde laDGS sur la relation entre facteurs socio‐économiques et santé, quisortiraen2016.Aceproposet commesoulignéenpréambule, laDGASproposede reconduirecetteanalyseàcinqansd'intervalle,d'unepartpourquelapériodicitédelamiseàjourdesdonnéesduprésentrapportcoïncideaveccelledel'enquêtesuissesurlasantédel'OFS,d'autrepartafindedisposerdesuffisammentdereculentrelesmisesàjourpouridentifierlestendancesencoursetaboutiràdesconclusionspluspertinentes.

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CONCLUSION

Le15mai2013,leConseilfédéralaadoptéleconceptduProgrammenationaldepréventionetdelutte contre la pauvreté pour la période de 2014 à 201863. Le but de ce programme est decontribuerà lapréventionetà la luttecontre lapauvretéen soutenant lesacteurscantonaux,communauxetprivésdansleurseffortsenlamatière.Leprogrammeconcentresesactivitéssurquatre champs d’action: "chances de formation des enfants, des jeunes et des adultes","intégration sociale et professionnelle", "conditions de vie" et "mesures de l’efficacité etmonitoring".Le premier volet du programme, qui sera évalué à mi‐chemin et à sa fin en 2018 avec larédaction d'un rapport à l'intention du Conseil fédéral pour décider des suites utiles, a pourobjectif d’élaborer des bases de travail spécifiques, d’évaluer les mesures existantes etd’identifier et de promouvoir les bonnes pratiques. En d'autres termes, ce programme prendaujourd'huilaformed'uneentréeenmatièresoutenantdesprojetsspécifiquesetanalysantlesmesures mises en place aux niveaux cantonal et communal. Des options précises sur lesinterventions ciblées en lamatière à privilégier ne sont pas formulées à ce jour, laissant auxcantonslerôled'identifierlesprioritésetdemettreenœuvrelesmesuresnécessaires.LecantondeGenèvedisposed'undispositifdeprestationssociales,dontlesprincipalessontnotammentmentionnéesdanslaloisurlerevenudéterminantunifié(LRDU),du19mai2005.Ils'agitdesprestationssuivantes(cf.l'art.13LRDU):

- lessubsidesdel’assurance‐maladie,ensoutienauxpersonnesetfoyersavecunRDUinférieuràunseuilfixé,pourlepaiementdesprimes;

- l’avance des pensions alimentaires, en soutien aux créanciers d’une pensionalimentairelorsquecelle‐cin'estpasverséeparledébiteur;

- les allocationsde logement, pour permettre à des locataires en difficulté financièred'obtenirunsubside;

- lessubventionspersonnaliséeshabitationsmixtes(HM),soituneaidepersonnaliséeverséeparl'EtatàunlocatairedelogementHM;

- lesprestations complémentaires fédérales à l’AVS et à l'AI, accordées lorsque lesrentesetautresrevenusnecouvrentpaslesbesoinsvitaux;

- les prestations complémentaires cantonales à l’AVS et à l'AI, en complément auxprestationscomplémentairesfédérales;

- les bourses et prêts d'études, soit des aides financières subsidiaires destinées auxpersonnesenétudesouenformation;

- lesPCFam, en soutien à la populationdes travailleurs avec enfantsdont le revenunesuffitpasàcouvrirlesbesoinsvitauxduménage;

- l’aidesociale,quiestaccordéeauxpersonnesdontlesressourcesnepermettentpasdecouvrir leurs besoins de base, et qui a pour objectif l'insertion sociale, économique etprofessionnelledesbénéficiaires.

63LaConfédérationsoutientlaluttecontrelapauvreté[enligne].Disponibleàl'adresse:http://www.bsv.admin.ch/themen/gesellschaft/03331/index.html?lang=fr[consultéle09.12.2015]

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S'ajoutent à ces prestations les prestations fournies par des fondations et associationssubventionnées par l'Etat de Genève, dont l'activité s'inscrit dans les politiques publiques dudomaine santé‐social. Cela concerne en particulier l'aide et les soins à domicile (IMAD) et lapriseenchargedespersonnesnepouvantpasvivreàdomicilepardesinstitutionsspécialisées(établissementsmédico‐sociaux (EMS) et établissements pour personnes handicapées (EPH)),lesactivitésdesoutienàlafamille,lesmesuresd'actionsociale,etlesactionsenmatièred'asileetdemigration.LesmesuresdesoutienetdeconseilengestionadministrativeetfinancièredesdettesduProgrammeCantonaldeLuttecontreleSurendettement(PCLS)fontégalementpartiedecetteoffre.D'autresprestationssontaccordéesenfonctiondurevenu,commeleslogementssubventionnés,lessoinsdentairesgratuitsouàprixréduit(notammentparlebiaisduservicedentairescolaire)ouencorelechèqueannueldeformation.Le dispositif du canton est complété par des prestations communales, notamment enmatièred'accueild'enfantsenâgepréscolaire,demesuredesoutiensocialetd'insertionprofessionnelle.Ces différents dispositifs et prestations fondent un filet dense qui caractérise la politiquecantonaledeluttecontrelapauvretéetl'exclusionàGenèveetconjuguentmesuresd'assistanceetd'aideavecsoutiensàl'insertionsocialeetprofessionnelle.Ilconvientàceproposderappelerque la loi sur l’insertionet l'aide sociale individuellegenevoise (LIASI)met fortement l'accentsurl'insertionprofessionnelle,etquelesemploisdesolidarité(EdS)oulesallocationsderetourenemploi(ARE)etd'indépendantvontprécisémentdanscesens.Si la présente étude confirme que le travail peut être un rempart contre la pauvreté et laprécarité (le taux de risque de pauvreté des actifs avec une forte relation à l'emploi estnettement inférieur à celui de l'ensemble des assujettis au RDU genevois), elle rappellenéanmoins qu'un emploi, même à plein temps, ne protège pas nécessairement du risque depauvreté, et souligne que la pauvreté laborieuse est unphénomèneprésent àGenève, qui estvraisemblablementappeléàaugmenterdanslesannéesàvenir.À ce propos, l'accroissement des inégalités salariales démontré par plusieurs indicateurs, s'ildevait sepoursuivre,occasionneraituneaugmentationdunombredepersonnessesituantendessousduseuilde risquedepauvreté, etprobablement aussidespersonnesayant recours àdesprestationssocialesd'assistance.Ilfautdoncconclurequ'enl'absenced'unchangementdecap dans les politiques salariales, l'intervention de l'Etat pour remédier à la faiblesse desrevenus du travail sera appelée à augmenter, faisant dans les faits peser sur les financespubliquesuneinsuffisancedécoulantdel'évolutiondumarchédutravail.L'onpeutmêmeallerplusloin,enadmettantlanécessitédeluttercontreledésengagementdesemployeurs, dont l'insuffisance des salaires versés est comblée par les diverses prestationssocialesdélivréesparl'Etat,notammentlesPCFam.Àdessalairestropsouventinsuffisantss'ajouteàGenèveuncoûtdelavieélevé,observablesurlesbiensdepremièrenécessitémaisaussietsurtoutsurlesprixdulogementoulescoûtsdelasanté.L'aidesociale,entantquerelationd'assistance,devraitdansl'absolucorrespondreàunephase de transition. Or, sans action de l'Etat ciblée sur les corollaires à une sortie de l'aidesociale – à savoir, notamment, l'accès à un logement à prix décent, un salaire suffisant pourcouvrir leschargesduménageetdesprimesd'assurancemaladiedont lecoûtn'engendrepas

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desinégalitésdansl'accèsauxsoins–l'onpeutnonseulements'attendreàuneaugmentationdunombredepersonnesàl'aidesociale,maisenplusàuneprolongationdeladuréedelarelationd'assistance.Un autre constat mis en exergue par cette étude est la grande précarité des personnes sansdiplôme ou formation achevée, qui rencontrent d'importantes difficultés à s'insérerdurablementsurlemarchédel'emploi.Ledispositifd'aidesociale,entantquedernierfiletdudispositif, prendeneffet en chargeunnombre importantdepersonnesquin'ontpas réussi àentamer,acheverouà fairereconnaître(pourdespersonnesmigrantes)une formation,etquiparcettelimitationneparviennentpasàs'insérersurlemarchédutravail,celaendépitdeleursefforts.Ils'avèrequel'absencedeformationestundesélémentsquiaggravetouslesindicateursdepauvreté,deprécarité,d'aidesociale,desurendettementetdesanté,cequifaitdecepublicunecibleprioritairedelaluttecontrelapauvreté.Siunepisted'interventiondanscedomainedevait concerner la qualité du travail et des salaires, une autre devrait impérativementconcernerlaformation.Un renforcement des politiques de soutien à la formation des jeunes adultes en difficultépermettrait de sortir du dispositif d'aide sociale des personnes dont la carence principale sesitueauniveaudelaformation,etdefocalisercedispositifsurl'assistanceauxpersonnesdansle besoin et sur la (ré)insertionprofessionnelle des travailleursdéjà formés.Une réflexion entermes d'investissement social appelle à étoffer les incitations à entrer en formation ou à enreprendreune,pourceuxetcellesquil'auraientinterrompue,parexempleensimplifiantl'accèsauxboursesetprêtsd'étudesetenrenforçantlessoutiensetencouragements.CeconstatvientconfirmerlechoixduCanton,quiainscritdanslanouvelleConstitutionentréeen vigueur en 2013, l’obligation de se former jusqu’à l’âge de la majorité, et qui a fait de laformation professionnelle un axe prioritaire d'action. Des mesures se déploient actuellementdans le cadre d'un plan d’actions visant l'application de ce principe constitutionnel, dont letermeestprévupour2017avecunerefontedel’ensembledesprocessusetdispositifsdepriseenchargedesmineursensituationderisqueoudedécrochagescolaire.Pourconclure, l'onrelèveraque luttercontre lapauvretéet laprécarité,phénomènesdont leseffetssontmultiples,impliqued'agirsurdiversaspectsdufonctionnementdenotresociété,auniveauindividuelcommeauniveaucollectif.Les fondamentauxdecette lutteausens largecontre lapauvretéet laprécaritésontàGenèvementionnésdanslaloirelativeàlapolitiquedecohésionsocialeenmilieuurbain(A270),dontlebutest"depromouvoirlacohésionsocialeengarantissantàlapopulationuncadredeviesocial,économiqueetenvironnementaldequalitésurl’ensembleduterritoirecantonal"(article1).

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GLOSSAIRE

AssujettisauRDUContribuablespersonnesphysiquesdomiciliésdanslecantondeGenèveduranttoutel'annéeetimposés au barème ordinaire IBO, à l'exclusion des personnes imposées à la source, despersonnestaxéesd'officeetdesjeunesdemoinsde25ans.Bassalaire(OFS)"Unemploiestconsidéré,parconvention,«àbassalaire»lorsquelarémunérationrecalculéesurlabased’unéquivalentpleintempsde40heuresparsemaineestinférieureauxdeuxtiersdusalairebrutmédianstandardisé"64.

Capabilité"Une « capabilité » ou « capacité » ou « liberté substantielle » est, suivant la définition qu’enproposeAmartyaSen, lapossibilitéeffectivequ’un individuadechoisirdiversescombinaisonsdefonctionnements65,autrementdituneévaluationdelalibertédontiljouiteffectivement."66.

Décile"Enstatistiquedescriptive,undécileestchacunedes9valeursquidivisentunjeudedonnées,triéesselon une relation d'ordre, en 10 parts égales, de sorte que chaque partie représente 1/10 del'échantillondepopulation.

Ledécileestcalculéentantque10‐quantile.Donc: leseuildu1erdécilesépare le jeudedonnéesentreles10%inférieursetlerestedesdonnées;leseuildu9edécilesépareles90%inférieursdesdonnéesdes10%supérieurs.

Lerapportinterdécilecorrespondauratioentrelavaleurd'undécileetd'unautre"67.

Écartdepauvretémédianetécartderisquedepauvretémédian"L’écart de pauvreté médian représente la distance médiane entre le revenu disponible desménages de la population pauvre et le seuil de pauvreté; il indique dans quelle mesure lapopulationpauvreesttouchéeparlapauvreté.Pluslesrevenusdespauvressontéloignésduseuildepauvreté,plusl’écartdepauvretéestgrand.

L’écartderisquedepauvretémédianestcalculédemanièreanalogue:ilcorrespondàladistancemédiane entre le revenu disponible équivalent de la population pauvre et le seuil de risque depauvreté"68.

Échelled'équivalence"Pour comparer le niveau de vie deménages de composition différente, le statisticien recourthabituellementàune échelled'équivalence,de façonàobtenirun revenupar équivalent‐adulte.L'échelled'équivalencepréciselelienentrelaconsommationd'unménageetlenombred'adultesetd'enfantsquilecomposent,pourunniveaudeviefixé.Elleappréhendeleséconomiesd'échellesque

64CRETTAZ,Eric,FARINE,André.op.cit.,p.765Lanotiondecapabilitéestdéveloppéedansplusieursouvragesd’AmartyaSen,enparticulierdansÉthiqueetéconomieainsiquedansL’Idéedejustice.66 Capabilité.Wikipédia : l'encyclopédie libre [en ligne].Dernièremodificationde la page le 5 octobre2014 à 14:37.Disponible àl'adresse:https://fr.wikipedia.org/wiki/Capabilit%C3%A9[consultéle17.11.2015]67 Décile.Wikipédia : l'encyclopédie libre [en ligne].Dernière modification de la page le 14 octobre 2015 à 21:10.Disponible àl'adresse:https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cile[consultéle17.11.2015]68GUGGISBERGMartina,MÜLLERBettina,CHRISTINThomas.op.cit.,p.73

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réalise unménage de plusieurs personnes, principalement grâce au partage de biens à usagecollectif.Le logementest la fonctiondeconsommationpour laquelleceséconomiesd'échellesontlesplusimportantes"69.

Enfant(s)àchargeCelaconcernetous lesenfantsdemoinsde25ansrévolusetquisont fiscalementàchargeducontribuable au 31 décembre 2013. Dans le détail, "sont considérés comme étant à chargefiscalement:pourceluidesparentsquienassurel’entretienlesenfantsmineursdontlerevenubruttotalnedépassepas15'452.‐CHFparannéepourceluidesparentsquipourvoitàsonentretien,lesenfantsmajeurs,apprentisouétudiants,dont lerevenubruttotalnedépassepas15'452.‐CHFetdontlafortunebrutetotalenedépassepasCHF88'180.‐.

Sont considérés comme étant à demi‐charge fiscalement: pour celui des parents qui en assurel’entretien,lesenfantsmineursdontlerevenubruttotalestcomprisentre15'452.‐CHFet23'179.‐CHFparannéepourceluidesparentsquipourvoitàsonentretien,lesenfantsmajeurs,apprentisouétudiants,dont lerevenubruttotalestcomprisentre15'452.‐CHFet23'179.‐CHFetdont lafortunebrutetotalenedépassepas88'180.‐CHF.

Lorsqu’unenfantestàchargedeplusieurscontribuables, ladéductionpourchargede familleestrépartieentreceux‐ci"70.

Médiane"Lamédianeou valeur centralepartage l’ensembledes valeursobservées, classéesparordredegrandeur,endeuxmoitiésdetailleégale.Unemoitiédesvaleurssontau‐dessusde lamédianeetl’autre moitié au‐dessous. À la différence de la moyenne arithmétique, la médiane n’est pasinfluencéeparlesvaleursextrêmes"71.

Pauvretéselonseuilabsolu"La pauvreté absolue est définie comme le fait de ne pas atteindre unminimum vital donné.Àl'origine, on se fondait sur unminimum vital physique, couvrant uniquement les besoins poursurvivre (nourriture, habillement, logement, etc.). Dans les riches pays industrialisés, la surviephysiqueestcependantengénéralassurée.Leconceptabsolu,utiliséici,seréfèreparconséquentàunseuildepauvretéquicorrespondàunminimumvitalsocialdevantpermettrenonseulementdesurvivrephysiquementmaisaussideparticiperàunminimumdeviesociale"72.

Pauvretéselonseuilrelatif"A ladifférencedesseuilsdepauvretéabsolus, lesseuilsrelatifsseréfèrentnonpasauxbesoins,maisàlarépartitiondesbiensouressourcesdanstoutelapopulation.Enrèglegénérale,soitilsserapportent aux quantiles inférieurs de la répartition des revenus, soit ils sont fixés commeproportion d’unemesure de la tendance centrale de la distribution (moyenne arithmétique oumédiane).Lesseuilslespluscourantsauniveauinternationalsesituentà50%et60%durevenudisponibleéquivalentmédiandelapopulation"73.

69HOURRIEZ,Jean‐Michel,OLIERLucile.Niveaudevieettailleduménage:estimationsd'uneéchelled'équivalence[enligne].Disponibleàl'adresse:http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=es308‐309‐310d[consultéle17.11.2015]70REPUBLIQUEETCANTONDEGENÈVE.Guidefiscal:Uneaidepratiquepourremplirvotredéclaration2013.p.1171GUGGISBERGMartina,MÜLLERBettina,CHRISTINThomas.op.cit.,p.7472Ibid.,p.1173Ibid.,p.12

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Personneàcharge(chargefiscale)Personne qui fait ménage commun avec le contribuable, dont le contribuable assure pourl'essentiel l'entretien. "Ascendants,descendants (autresque les enfantsà charge), frères, sœurs,oncles,tantes,neveuxetniècesquisontdansl’incapacitédesubveniràleursbesoins.Ilappartientaucontribuabledejustifierquecespersonnessontsansressourcesetqu'ilfournitdesprestationsàleurégard.

Sontconsidérésàcharge fiscalement:pourceluide leurprochequipourvoità leurentretien, lesprochesnécessiteuxdont le revenubrut totalnedépassepas15'452.‐CHFparannée etdont lafortunebrutetotalenedépassepas88'180.‐CHF.

Sontconsidéréscommeétantàdemi‐chargefiscalement:pourceluideleurprochequipourvoitàleurentretien, lesprochesnécessiteuxdont lerevenubruttotalestcomprisentre15'452.‐CHFet23'179.‐CHFparannéeetdontlafortunebrutetotalenedépassepasCHF88'180.‐

Lorsqu’unepersonneestàchargedeplusieurscontribuables, ladéductionpourchargedefamilleestrépartieentreceux‐ci"74.

Quartile"Enstatistiquedescriptive,unquartileestchacunedes3valeursquidivisentlesdonnéestriéesen4partségales,desortequechaquepartiereprésente1/4del'échantillondepopulation.Lequartileestcalculéentantque4‐quantiles.Le1erquartilesépare les25% inférieursdesdonnées ; le2equartile est lamédiane (50%)de la série ; le3equartile (75%) sépare les25% supérieursdesdonnées.

Ladifférenceentrele3equartileetle1erquartiles'appelleécartinterquartile;c'estuncritèrededispersiondelasérie"75.

Revenudisponibleduménage(OFS)"Lerevenudisponibleduménagesecalculeendéduisantdurevenubrutlesdépensesobligatoires,à savoir les cotisations aux assurances sociales, les impôts, les primes d’assurance‐maladieobligatoireetlespensionsalimentairespayées"76.

Revenudisponibleéquivalent(OFS)"Pouranalyserl’évolutiondesrevenus,onutilisecommegrandeurderéférencelerevenudisponibleéquivalentindividuel.L’unitéd’analyseesticil’«unitéd’équivalence».Cettepondérationpermetdecomparerleniveaudeviedeménagesdetailleetdecompositionsdifférentes.Lerevenuduménageestpource faireconvertienunménaged'unepersonne,autrementdit, ilestdivisépar lavaleurd'équivalencecorrespondantauménage.Cettevaleurestétablieenattribuantàchaquemembreduménagelesfacteursdepondérationsuivants:1,0àlapremièrepersonneadultedansleménage,0,5àchaqueautremembreâgéde14ansetpluset0,3àchaqueenfantdemoinsde14ans(ces

74REPUBLIQUEETCANTONDEGENÈVE.Guidefiscal:Uneaidepratiquepourremplirvotredéclaration2013.p.1175 Quartile.Wikipédia : l'encyclopédie libre [en ligne]. Dernière modification de la page le 5 juillet 2015 à 00:18. Disponible àl'adresse:https://fr.wikipedia.org/wiki/Quartile[consultéle17.11.2015]76GUGGISBERGMartina,MÜLLERBettina,CHRISTINThomas.op.cit.,p.74

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valeurscorrespondentà lanouvelleéchelled’équivalence,dite«modifiée»,de l’OCDE).La«valeurd’équivalence»équivautàlasommedecespondérations"77.

RDULe RDU est un montant calculé sur le revenu et la fortune, selon des modalités unifiées,permettantdedéterminerl’octroidesaidessocialescantonales.Lesprestationssocialesverséess’ajouterontensuiteauRDUaufuretàmesurequ’ellesserontdélivrées78.Un des principaux buts du RDU est celui d'équité financière et d'égalité de traitement. Cecipermet en effet que chaque franc de revenu soit pris en compte, quelle que soit son origine(revenu, prestation sociale ou autre source), et que l'équité de traitement soit garantie enstandardisantl'ordredanslequelilfautdemanderlesdifférentesprestationssociales.RDUéquivalentConstruitsimilairementaurevenudisponibleéquivalent(voir"revenudisponibleéquivalent"),saufque:

1. OnutilisecommebaseleRDUduménage,etnonpaslerevenudisponibleduménage.Différence:leRDUduménageestunrevenuavantpayementdesimpôtsetdesprimesdebase de l'assurance maladie (mais après payement des pensions alimentaires etcotisations sociales), le revenu disponible équivalent du ménage est ce qui reste durevenu brut après payement des dépenses obligatoires, à savoir les cotisations auxassurances sociales, les impôts, les primes d’assurance‐maladie obligatoire et lespensionsalimentaires.2. L'échelle d'équivalence ne s'applique qu'aux personnesmariées. Elle diffère decellesdel'OCDEparcequel'âgedespersonnesàchargen'estpasconnu.Commel'afaitl'OCSTAT79, on a attribué ici aux membres du ménage les facteurs de pondérationsuivants: 1,0 au contribuable, 0,5 au conjoint et 0,3 à chaque charge. La «valeurd’équivalence»correspondàlasommedecespondérations.

RDUindividuelL'unitéducalculduRDUestl'individu.AvantmêmededisposerduRDUduménageetduRDUéquivalent, on dispose d'un RDU pour chaque individu. Le RDU individuel contient tous lesrevenuspropresàlapersonne.Les revenus des enfants sont répartis à parts égales entre les revenus des deux parents (ilsfigurentdoncdanslerevenuindividueldechaqueparentà½deleurmontants'ilssontmariés,ouàpartentières'ilyunseulparent).Lesprestationssocialesattribuéesauménageetnonpasàl'individu,sontaussirépartiesàpartségalesentrelecontribuableetsonconjoint. 77OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).Situationmatérielle,pauvreté,satisfaction‐Revenudisponibleéquivalent.Disponibleàl'adresse:http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/00/09/blank/ind42.informations.420010.420003.html[consultéle17.11.2015]78cf.art.3LRDU 79 LANGEL,Matti.MixitésocialeetniveauderevenusdanslecantondeGenève.Genève:OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT),2013.24p.

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Salairemensuelbrut,effectifLemontant qui apparait effectivement sur le bulletin de paye dumois observé par l'enquête(octobreparl'ESS).Salairemensuel,standardisé"Lesalairemensuelcomprendlesalairebrutdumoisd'octobre,ycomprislescotisationssocialesàla chargedu salarié,undouzièmede l'éventuel treizième salaire etundouzièmedespaiementsspéciauxannuels irréguliers (bonus).En revanche, ilne comprendpas la rétributiondesheuressupplémentaires.

Les salaires mensuels sont standardisés, c'est‐à‐dire qu'ils sont recalculés sur la base d'unéquivalentpleintempsà40heuresdetravailhebdomadaireafindecomparerlesniveauxdesalaireindépendammentdunombred'heuresdetravaileffectuées"80.

Seuildepauvretéabsolu(OFS)"Lapauvretéabsolueestdéfiniecommelefaitdenepasatteindreunminimumvitaldonné.[...]EnSuisse,leminimumvitalsocialdécouledesnormesdelaConférencesuissedesinstitutionsd’actionsociale (CSIAS), qui servent de référence pour évaluer le droit à l’aide sociale. Ces normes sontappliquées dans la plupart des cantons et des communes et sont donc acceptées de manièregénérale.Leseuildepauvretéabsoludel’OFSestfixéd’aprèscesnormes.Ilsecomposed’unforfaitpour les frais d’entretien, des frais de logement individuels et de 100 francs parmois et parpersonnede16ansoupluspourd’autresdépenses[…]".81

Sous‐représentation"Dont le nombre de représentants est inférieur à ce qu'il serait selon une règle strictementproportionnelle"82.Surendettement"Lesurendettementestl’incapacitéderemplirsesobligationsfinancièresdansundélairaisonnableavec la partie du revenu qui reste éventuellement après la couverture duminimum vital. Cetteincapacitéestliéeàunedéstabilisationéconomiqueetsouventaussipsychosociale.Onparleausside surendettement quand une personne se sent psychiquement dépassée par l’obligation deremboursersesdettes"83.

Surreprésentation"Présenced'individus,d'unsous‐groupedansungroupedonné,supérieureàlapopulationmoyenneétudiée"84.

80OFFICECANTONALDELASTATISTIQUE(OCSTAT).Enquêtesuissesur lastructuredessalairesàGenève,résultats2012.Genève:OCSTAT,2015.p.481GUGGISBERGMartina,MÜLLERBettina,CHRISTINThomas.op.cit.,p.1182Sous‐représenté,sous‐représentée,sous‐représentés,sous‐représentées.DictionnairesLAROUSSE[enligne].Disponibleàl'adresse:www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sous‐représenté_sous‐représentée_sous‐répresentés_sous‐répresentées/73920[consultéle17.11.2015]83CARITASSUISSE.Quandlesdettesmenacentlequotidien:Laproblématiquedesurendettementetdelapauvreté.Lucerne:CARITAS,2013.p.5 84Surreprésentation.Wiktionary:ledictionnairelibre[enligne].Dernièremodificationdelapagele18juillet2015à15:01.Disponibleàl'adresse:http://fr.wiktionary.org/wiki/surreprésentation[consultéle17.11.2015]

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Tauxdeprivationmatérielle"Le taux de privationmatérielle se définit comme l’absence, pour des raisons financières, d’aumoinstroisélémentsparmineufdanslesdomainessuivants,définisauniveaueuropéen:capacitéde faire face dans un délai d’unmois à une dépense imprévue d’unmontant de 2000 francs,capacitédes’offrirchaqueannéeunesemainedevacanceshorsdesondomicile,absenced’arriérésde paiement85, capacité de s’offrir un repas composé de viande ou de poisson (ou équivalentvégétarien) tous les deux jours au moins, capacité de chauffer convenablement son domicile,possessiond’unlave‐linge(ouaccèsàunlave‐linge),possessiond’untéléviseurcouleur,possessiond’untéléphone,possessiond’unevoiture"86.

Working‐Poor(OFS)"Les working poor sont des personnes exerçant une activité professionnelle et vivant dans unménagepauvre.Sontconsidéréescommeexerçantuneactivitéprofessionnellelespersonnes:

–quitravaillentcontrerémunérationaumoinsuneheureparsemaine

–dontl’âgeestcomprisentre20et59ans.

Nous restreignons la catégorie des working poor aux personnes exerçant une activitéprofessionnellevivantdansunménagedont levolumed’activitécumulédesmembresduménageestégalousupérieurà36heuresparsemaine,soitaumoinsl’équivalentd’unposteàpleintemps(90%ouplus)"87.

85Lesarriérésdepaiementdeprimesd’assurance‐maladienesontpasprisescompte.86OFFICEFÉDÉRALDELASTATISTIQUE(OFS).LapauvretéenSuisse:résultatsdesannées2007à2012.In:ActualitésOFS,2014.p.787CRETTAZ,Eric,FARINE,André.op.cit.,p.17