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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
N o v e m b r e – D é c e m b r e 2 0 1 4 | N u m é r o 1 1 – 1 2
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Production animale Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes Page 444
Environnement Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Page 458
Production végétale La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible Page 474
Chez les vaches allaitantes, une alimentation optimale est importante. Des essais menés par Agroscope ont montré que selon le type de fourrage – sec ou humide – et la race de vache, le fourrage est valorisé différemment. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00
Rédaction francophoneSibylle Willi Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57
SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82
e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireNovembre–Décembre 2014 | Numéro 11–12
443 Editorial
Production animale
444 Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes
Isabelle Morel et Adrien Butty
Production animale
452 Test d’efficacité de divers conser vateurs pour foins humides Ueli Wyss
Environnement
458 Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse
Daniel Bretscher, Sabrina Leuthold-Stärfl,
Daniel Felder et Jürg Fuhrer
Production végétale
466 Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé
Hans-Rudolf Forrer et al.
Production végétale
474 La culture du maïs pour assainir les sur-faces contaminées par le souchet comes-tible
Martina Keller, René Total, Jürgen Krauss et
Reto Neuweiler
Production végétale
482 Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels
Esther Bravin, Johannes Hanhart, Dante Carint
et Dominique Dietiker
Production animale
490 L’avenir des prairies en Europe – 25e
congrès de la Fédération européenne des herbages Ueli Wyss
492 Interview
494 Actualités
499 Manifestations
Listes variétales
Encart Liste suisse des variétés de pommes de terre 2015
Ruedi Schwärzel et al.
Editorial
443Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 443, 2014
La revue Recherche Agronomique Suisse paraît depuis janvier 2010. La
convention passée entre Agroscope (éditrice) et les institutions partenaires
(fig. 1) a été renouvelée le 23 juin 2014 et nous les remercions de leur
confiance. Pour mémoire, nous avons le plaisir d’accueillir, depuis mai 2014,
l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Rappelons que notre
revue Recherche Agronomique Suisse soutient l’adaptation et le développe-
ment de la société rurale en général - technique et scientifique en particulier.
Elle remplit cette mission en produisant, validant et transférant des savoirs et
des compétences, afin de rendre le monde agraire plus intelligible ; en por-
tant sur cette société et son fonctionnement un regard sans complaisance.
Agroscope et les institutions partenaires articulent disciplines scienti-
fiques et savoirs pragmatiques pour les faire converger sur des thèmes fédé-
rateurs ou des questions communes (les sciences de la terre, les sciences de
la vie; l’écologie; etc). Le fossé entre science et société se comble peu à peu
grâce aussi à la revue Recherche Agronomique Suisse qui revendique ce
transfert de connaissances.
L’enquête de satisfaction adressée aux lecteurs de la revue en 2013 a mon-
tré des résultats réjouissants, avec une moyenne générale élevée de satisfac-
tion (voir édito RAS 5 (7 – 8), p. 271, 2014). En outre, il est apparu que l’érosion
constatée dans le monde de la presse écrite s’est stabilisée pour notre revue,
quand bien même les abonnements online n’ont cessé d’augmenter.
A cet égard, nous avons le plaisir de vous annoncer la parution prochaine
d’une version iPad/iPhone et smartphone.
Dans les coulisses de la rédaction
Ainsi, grâce au renouvellement de notre Convention, vous retrouverez ces
prochaines années un comité de rédaction (fig. 2) motivé, qui se réjouit de
continuer sa mission au profit de la société, de l’agronomie, de la recherche
mais avant tout, à votre profit, fidèles lectrices et lecteurs.
Renouvellement de la convention de Recherche Agronomique Suisse
Figure 2 | Le comité de rédaction: Judith Auer1, Sibylle Willi1, Beat Huber2, Evelyne Fas-nacht1, Andrea Leuenberger-Minger1, Thomas Alföldi3, Erika Meili1, Esther Weiss4, Karin Bovigny5 et Jean-Philippe Mayor1 (devant). 1Agroscope, 2HAFL, 3FiBL, 4Agridea, 5OFAG
Figure 1 | Les institutions partenaires: Recherche Agronomique Suisse (J.-P. Mayor), OFAG (B. Lehmann), HAFL (M. Schindler), Agridea (U. Ryser), Agroscope (M. Gysi), FiBL (D. Barjolle) et ETHZ (E. Frossard, absent).
«Faut-il rappeler qu’une
société sans commémoration
réduit le temps à une succes-
sion incohérente d’instants
qui passent et ne vont nulle
part ? Qu’elle détruit
l’historicité hors de laquelle
les vieux n’ont plus d’iden-
tité et les jeunes plus
d’appartenance?»
Boris Cyrulnik
Jean-Philippe Mayor, président de la revue Recherche Agronomique Suisse et responsable Corporate Communication Agroscope CCA
444 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
Les principaux facteurs de variation de la capacité d’in-
gestion chez les vaches allaitantes sont la race, le poids
vif, l’état d’engraissement, le stade de lactation et le lait
produit ainsi que le numéro de lactation. Le niveau d’in-
gestion dépend également de la composition de la
ration et de sa valeur nutritive. La régulation du proces-
sus de satiété peut s’opérer tant du point de vue énergé-
tique que physique. Pour cette dernière, le système de
prédiction français fait intervenir la notion des unités
d’encombrement, où chaque aliment est caractérisé par
sa capacité à être ingéré (INRA 2007).
Le taux d’humidité de la ration est rarement pris en
compte dans les systèmes d’estimation de l’ingestion
existants. Dans une revue décrivant les différentes
méthodes de prédiction des quantités ingérées chez les
vaches laitières (Faverdin 1992), la teneur en matière
I n t r o d u c t i o n
Afin de développer un modèle d’estimation de l’inges-
tion pour les vaches allaitantes, l’effet de la nature de la
ration sur l’ingestion a été étudié lors d’un essai. La plu-
part des valeurs d’ingestion obtenues avec le troupeau
de vaches allaitantes présent à Posieux de 2004 à 2012
ont été récoltées à partir de rations composées d’un
mélange d’ensilage d’herbe et de foin. Pour élargir la
base de données, un essai comparatif entre deux rations
iso-énergétiques – l’une à base d’ensilage d’herbe et de
foin et l’autre composée de foin ou regain – a été réalisé
durant la première moitié de la lactation avec des vaches
allaitantes de trois types génétiques différents (fig. 1).
L’effet potentiel de la nature de la ration pourra le cas
échéant être intégré dans le nouveau modèle.
Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantesIsabelle Morel1 et Adrien Butty2
1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse2Institut für Agrarwissenschaften, ETH, 8092 Zurich, Suisse
Renseignements: Isabelle Morel, e-mail: [email protected]
Les vaches du troupeau allaitant appartiennent aux races Angus et Limousin ou au croisement Limousin x Red Holstein. (Photo: Isabelle Morel, Agroscope)
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale
445
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
L’effet de la nature de la ration sur l’inges-
tion a été étudié dans un essai réalisé avec
36 vaches allaitantes de types génétiques
différents, durant les quatre premiers mois
de lactation. Les vaches appartenaient aux
races Angus (AN), Limousin (LM) et issues du
croisement entre Limousin et Red Holstein
(F1). Deux rations iso-énergétiques distri-
buées ad libitum, l’une sèche (S) composée
de foin et de regain et l’autre humide (H)
composée d’un mélange de foin et d’ensilage
d’herbe, ont été comparées. Les vaches ayant
reçu la ration S ont consommé 0,87 kg MS
par jour de plus que celles de la ration H à
partir du deuxième mois de lactation
(P<0,001) et 0,76 kg de MS par jour de plus
sur l’ensemble de l’essai (P=0,07). Des écarts
importants apparaissent entre types géné-
tiques (F1>AN>LM; P<0,001). La comparaison
des données d’ingestion mesurées dans cet
essai avec les formules de prédiction utilisées
actuellement a montré une sous-estimation
systématique de l’ingestion. En outre, aucune
formule ne prend en compte à la fois l’effet
du type de la ration et celui du type géné-
tique. Une nouvelle équation de prédiction
tenant compte de ces nouvelles données sera
publiée prochainement lors de la mise à jour
du chapitre consacré aux vaches allaitantes
du Livre vert.
sèche des fourrages n’apparaît que dans le système
d’équations de Lewis (1981). Peu de données existent sur
la comparaison entre une ration sèche et humide chez le
bovin. Muller et al. (1992) ont étudié pendant trois
années consécutives l’effet du mode de conservation
d’une même prairie sous forme de foin ou d’ensilage
d’herbe sur l’ingestion et les performances de bœufs ou
de génisses en croissance. Aucune différence n’est appa-
rue entre les deux types de fourrages au niveau de l’in-
gestion.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Animaux
L’essai a été réalisé avec 36 vaches allaitantes suitées,
appartenant à trois types génétiques («races») différents,
à raison de 12 vaches par race, soit Angus (AN), Limou-
sine (LM) et LM × Red Holstein (F1). Ces races se dis-
tinguent aussi bien du point de vue de leur précocité
que de leur niveau de production laitière. Les animaux
ont été répartis de façon équilibrée selon la race, la date
de vêlage et le poids vif à raison de six vaches et veaux
par race dans deux variantes expérimentales correspon-
dant à deux types de rations iso-énergétiques distribuées
aux vaches uniquement. L’essai a porté sur les quatre
premiers mois de lactation. Les veaux sont tous issus d’un
croisement des mères avec un taureau de race piémon-
taise.
Rationnement
La ration humide H (53 % matière sèche MS) était com-
posée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin
extenso, tandis que la ration sèche S (90 % MS) compre-
nait du foin et du regain (fig. 1). L’équilibre des rations
sur le plan énergétique a été optimisé en faisant varier
les proportions d’ensilage d’herbe et de foin de la ration
Figure 1 | L’ingestion volontaire par des vaches allaitantes de deux rations iso-énergétiques, l’une sèche à base de foin et de regain (à gauche), l’autre humide composée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso (à droite), a été comparée. (Photo : Isabelle Morel)
Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes
446 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
humide en fonction de la valeur nutritive des différents
lots de fourrages utilisés (tabl. 1 et 2). Les rations expéri-
mentales ont été distribuées ad libitum dans des crèches
montées sur balance permettant l’enregistrement indivi-
duel de l’ingestion des vaches, qui elles-mêmes étaient
munies d’une puce électronique. Un complément miné-
ral-vitaminique sous forme de bac à lécher (UFA 999, UFA,
Herzogenbuchsee, Suisse) et du sel pour bétail (pierres à
lécher de 5 kg) ont été mis à disposition des animaux. Les
veaux avaient libre accès aux mères, mais pas aux rations
de ces dernières. Ils disposaient d’un foin de bonne qua-
lité donné ad libitum dans un espace réservé.
Mode de garde
Les animaux ont été gardés en stabulation libre avec aire
d’affouragement sur caillebotis partiel, aire de repos sur
litière profonde et aire de sortie sur béton.
Mise en valeur
Les données ont été analysées avec une analyse de
variance à deux facteurs suivie d’un test de tukey HSD
(logiciel R).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Ingestion suivant la forme de la ration
Sur la durée totale de l’essai, les vaches de la variante S
ont consommé en moyenne 0,76 kg MS de plus que
celles de la variante H (P=0,07; tabl. 3). Cette différence
n’est significative qu’à partir du 2e mois de lactation
avec une différence d’ingestion de 0,87 kg MS (P<0,001).
La figure 2 représente l’évolution de la consommation
moyenne des groupes selon la forme de la ration et la
race pendant les 17 premières semaines de la lactation.
Après une ingestion très basse pendant la semaine sui-
vant le vêlage, la consommation de fourrage aug-
mente rapidement par la suite. L’effet du type de
ration sur l’ingestion se manifeste entre la 2e et la 4e
semaine de lactation. Une fois un certain pic de
consommation atteint (entre la 7e et la 9e semaine),
celle-ci se stabilise. Plus tard dans la lactation, les ani-
maux ingèrent régulièrement moins de fourrage
semaine après semaine. Dans la littérature, cette évo-
lution de l’ingestion est comparée à une courbe de lac-
tation (Lawrence et al. 2013).
Semained’essai
Ration sèche S Ration humide H
MS1
(%)NEL1
(MJ/kg MS)PAIE1
(g/kg MS)PAIN1
(g/kg MS)MS(%)
NEL(MJ/kg MS)
PAIE(g/kg MS)
PAIN(g/kg MS)
1 88,8 5,00 80,4 70,7 60,3 5,00 75,7 72,1
2 89,2 5,00 79,1 70,4 49,4 5,00 72,5 72,4
3 89,3 5,20 83,7 77,7 47,9 5,15 74,8 73,6
4 89,4 5,40 88,2 84,9 49,3 5,30 77,1 74,7
5 90,5 5,45 87,6 82,2 49,6 5,20 75,5 75,1
6 91,6 5,50 87,0 79,5 50,8 5,10 73,8 75,5
7 90,3 5,30 82,2 69,1 56,8 5,55 86,7 86,1
8 90,3 5,30 82,2 69,1 56,3 5,55 86,7 86,1
9 89,5 5,35 82,6 69,4 55,4 5,50 83,9 85,2
10 88,6 5,40 83,0 69,7 53,5 5,50 81,1 84,4
11 88,9 5,35 83,6 71,6 54,2 5,45 80,3 83,6
12 88,9 5,35 83,6 71,6 53,3 5,40 79,4 82,8
13 88,9 5,35 83,6 71,6 53,0 5,35 78,5 82,7
14 89,6 5,30 84,1 73,5 53,9 5,30 77,5 82,6
15 90,6 5,50 89,6 86,3 54,7 5,40 79,0 83,8
16 90,6 5,50 89,6 86,3 55,1 5,50 80,7 85,0
17 90,8 5,45 89,4 87,2 52,9 5,35 80,3 86,5
18 91,0 5,40 89,2 88,1 49,3 5,10 76,3 76,4
19 91,0 5,40 89,2 88,1 41,6 5,05 75,5 73,5
Moyenne 89,9 5,34 85,1 77,2 52,5 5,30 78,7 80,11MS = matière sèche, NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables
dans l’intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.
Tableau 1 | Valeur nutritive des rations hebdomadaires des deux groupes
Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale
447Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
Poids et note d’état corporel des vaches
L’écart maximal de poids vif moyen entre les trois races
au début de l’essai était de 20 kg (AN 685 ± 70, F1 702 ±
46 et LM 682 ± 58 kg). L’évolution du poids vif des ani-
maux montre que l’ingestion supplémentaire mesurée
lors de la distribution de la ration sous forme sèche a été
valorisée chez les F1 sous forme d’une prise de poids
supérieure de 24 kg au cours des quatre premiers mois
de lactation par rapport aux animaux du groupe H; en
revanche, aucune différence n’est observée chez les AN
et un effet inverse est constaté chez les LM avec 15 kg de
prise de poids en plus pour les vaches de la variante H
(fig. 4). Contrairement aux deux autres races, le poids
des deux groupes de Limousines n’était pas équilibré au
début de la période de mesure, avec 12 kg de plus pour
les vaches du groupe H. Au lieu de se réduire en cours
d’essai, l’écart a plutôt eu tendance à augmenter au
cours des mois de lactation, ce qui signifierait que les LM
valorisent mieux une ration humide qu’une ration sèche.
Le BCS (body condition score ou note d’état corporel)
des animaux est resté stable pendant toute la durée de
l’essai, en particulier pour les AN (entre 3,5 et 3,6) et les
LM (de 3,3 à 3,4). En raison de leur génétique laitière, les
F1 présentaient un état corporel moindre par rapport
Ingestion selon la race
Au tableau 3, il apparaît que les trois races se sont distin-
guées de façon marquée les unes des autres principale-
ment à partir du 2e mois de lactation (P<0,001). Selon
nos résultats et ceux de la littérature, des différences de
niveau d’ingestion étaient attendues entre ces races
(Petit et al. 1992; Manninen et al. 1998; Murphy et al.
2008; Emmenegger 2009). Sur l’ensemble de l’essai, on
observe effectivement un écart de consommation de
0,9 kg de MS entre F1 et AN et de 1,4 kg MS entre AN et
LM (F1>AN>LM; P<0,001). Ces effets ainsi que ceux de la
forme de la ration sont bien visibles également sur la
figure 2. Selon Murphy et al. (2008), dont l’étude a été
réalisée sur différents croisements avec du Limousin,
plus la génétique limousine est présente dans les croise-
ments, moins les animaux consomment de fourrage.
Drennan et al. (2004), qui ont comparé entre eux deux
croisements industriels Hereford x Friesian et Limousin x
Friesian, n’ont en revanche pas observé de différence
d’ingestion.
L’analyse de variance n’a pas montré d’interaction
entre les formes de ration et les races, ce qui permet de
conclure que l’effet de la forme de la ration sur l’inges-
tion est indépendant de la race (fig. 3).
ConstituantFoin extenso(tarissement)
Foin extenso(mélange ration H)
Ensilage(mélange ration H)
Foin/ regainration S
Foinveaux
Cendres 66 78 90 91 85
Matière azotée 58 77 170 124 118
Cellulose brute 361 357 223 272 279
Parois cellulaires (NDF) 602 630 389 511 598
Lignocellulose (ADF) 405 396 252 298 225
NEL1 4,1 4,2 6,2 5,4 5,2
PAIE1 58 64 88 86 83
PAIN1 36 48 107 79 751NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables dans l’intestin,
synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.
Tableau 2 | Teneurs en nutriments et valeur nutritive des fourrages (par kg MS)
Race (R) AN F1 LM Valeurs P
Forme Ration (FR) H S H S H S R FR R × FR
1er mois 14,7 15,8 15,8 15,4 13,7 14,4 0,1 0,4 0,5
dès le 2e mois 16,3 17,1 17,3 18,3 14,9 15,7 < 0,001 0,0 0,1
essai entier 16,0 16,8 17,0 17,6 14,6 15,4 < 0,001 0,1 0,1
Tableau 3 | Ingestion moyenne en kg MS par race et selon la forme de la ration
(AN: Angus; F1: animaux croisés LM × Red Holstein; LM: Limousin; (H=humide ou S=sèche)
Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes
448 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
aux deux autres races au moment du vêlage (3,1), mais
leur état s’est amélioré en cours de lactation pour
rejoindre celui des LM. En raison de leur production lai-
tière plus élevée, elles mobilisent davantage de réserves
corporelles durant la période post-partum, réserves
qu’elles reconstituent au-delà du 2e mois de lactation.
Poids des veaux et valorisation des rations
Toutes races confondues, les veaux dont les mères ont
reçu la ration H ont pris en moyenne durant l’essai 3,3 kg
de plus que ceux des mères avec la ration S (AN 0; F1 +4;
LM +3 kg). Cette différence n’est pas significative
(P>0,05). La production laitière des vaches n’ayant pas
12
13
14
15
16
17
18
19
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Inge
stio
n, k
g m
atiè
re s
èche
par
jour
Semaines de lactation
Angus -sèche
Angus - humide
F1* - sèche
F1* - humide
Limousin - sèche
Limousin - humide
Figure 2 | Evolution de la consommation moyenne des groupes selon la forme de la ration et la race (36 vaches, 6 par groupe).
Figure 3 | Lors de la comparaison entre races, le foin a été préféré au mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso aussi bien pour les Angus et les Limousines que pour les croisements Limousines x Red Holstein (de gauche à droite). (Photo: Isabelle Morel)
* Limousin x Red Holstein
Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale
449Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
aux veaux qu’une ration sèche, transformée en gain de
masse corporelle par la vache elle-même. Les veaux des
mères F1 sont effectivement ceux qui ont pris le plus de
poids durant l’essai, sans toutefois que la différence
soit significative (P>0,05). Cette tendance due à la pro-
duction laitière plus élevée a également été démontrée
par McGee et al. (2005).
pu être mesurée, la valorisation des rations évaluée à
partir des prises de poids des vaches et des veaux semble
ne pas être identique pour chaque race. Les LM
semblent mieux valoriser la ration sous forme humide
que sèche, alors qu’aucune différence n’apparaît chez
les AN. Chez les vaches F1, une ration humide serait
valorisée sous forme de lait et profiterait davantage
670
680
690
700
710
720
730
740
750
760
770
LG vêlage PV 1er mois PV 2e mois PV 3e mois PV 4e mois
Poid
s vi
f (kg
)
Phase de lactation
Angus - sèche
Angus - humide
F1* - sèche
F1* - humide
Limousin - sèche
Limousin - humide
Figure 4 | Evolution du poids vif des vaches entre le vêlage et le quatrième mois de lactation.
16,317,1 17,3
18,3
14,9 15,7
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
H S H S H S
AN F1 LM
Inge
stion
, kg
MS
par j
our
Variantes et races
Données essai
Livre vert
Emmenegger 2009
Figure 5 | Valeurs mesurées et estimées de l’ingestion à partir du 2e mois de lactation.(AN: Angus, F1: animaux croisés LM x Red Holstein, LM: Limousin, H: ration humide; S: ration sèche).
* Limousin x Red Holstein
450
Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
Comparaison avec les méthodes d’estimation actuelles
La figure 5 présente la comparaison des données d’in-
gestion obtenues dans cet essai avec les valeurs du Livre
vert d’une part (Agroscope 2013) et l’équation de pré-
diction publiée par Emmenegger en 2009 d’autre part.
On constate globalement que les deux méthodes d’esti-
mation actuellement disponibles en Suisse sous-estiment
systématiquement l’ingestion effective de 0,5 à presque
4 kg MS. En outre, le Livre vert actuel ne distingue pas
l’effet des races, alors que la nature de la ration est prise
en compte. A l’inverse, l’équation d’Emmenegger (2009)
propose une correction en fonction de la race, mais pas
du type de ration. La nouvelle équation qui sera publiée
lors de la prochaine mise à jour du chapitre consacré aux
vaches allaitantes du Livre vert tiendra compte de ces
deux facteurs de correction.
C o n c l u s i o n s
Selon cette étude, les animaux nourris avec une ration
sèche à base de foin et de regain ingèrent davantage de
fourrage que s’ils reçoivent une ration de valeur nutri-
tive équivalente, mais sous forme humide. Cette diffé-
rence de près de 900 g de MS par jour en pleine lactation
est importante pour la planification des rations dans la
pratique. Ce peut être un élément de décision quant au
choix du type de fourrage à produire dans l’exploitation,
tout en sachant que la valorisation sous forme de lait
pour les veaux ou de gain de masse corporelle pour la
vache elle-même d’une ration sèche ou humide peut
varier selon la race. Cet effet de la nature du fourrage
sur l’ingestion mérite d’être intégré sous forme d’un
coefficient de correction dans une équation d’estima-
tion de l’ingestion. Les recommandations actuellement
utilisées en Suisse sous-estiment systématiquement l’in-
gestion et n’intègrent pas simultanément l’effet de la
race et celui de la ration. Une nouvelle équation de pré-
diction tenant compte de ces nouvelles données sera
publiée prochainement lors de la mise à jour du chapitre
consacré aux vaches allaitantes du Livre vert.� n
451
Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Ingestione di una razione umida o secca
con vacche nutrici
Nel quadro di uno studio condotto con 36
vacche nutrici delle razze Angus (AN),
Limousin (LM) e ottenute dall'incrocio tra
Limousin e Red Holstein (F1) si è analiz-
zato l'effetto del tipo di razione sull'inge-
stione nei primi quattro mesi di lattazione.
Sono state confrontate due razioni
isoenergetiche somministrate ad libitum,
una secca (S) composta da fieno e grume-
reccio, l'altra umida (H, 53 % SS) composta
da una miscela di fieno e insilato d'erba.
Le vacche cui era stata somministrata la
razione S hanno consumato 0,87 kg di SS
in più al giorno rispetto a quelle nutrite
con la razione H a partire dal secondo
mese di lattazione (P < 0,001) e 0,76 kg di
SS in più al giorno su tutto l'arco dello
studio (P = 0,07). Si riscontrano scarti
considerevoli tra le varie razze (F1 > AN >
LM; P < 0,001). Il confronto tra i dati
sull'ingestione rilevati nel corso di questo
studio e le formule di previsione attual-
mente applicate evidenzia che l'ingestione
viene sistematicamente sottovalutata.
Inoltre, nessuna di queste formule
considera contemporaneamente tipo di
razione e razza. Una nuova equazione di
previsione che tenga conto di queste
nuove informazioni verrà pubblicata
prossimamente nel quadro dell'aggiorna-
mento del capitolo sulle vacche nutrici del
Libro verde.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014
Bibliographie ▪ Agroscope, 2013. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert).Accès: http://www.agroscope.ad-min.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr. [août 2014]
▪ Drennan M. J. & McGee M., 2004. Effect of suckler cow genotype and nu-trition level during the winter on voluntary intake and performance and on the growth and slaughter characteristics of their progeny. Irish Jour-nal of Agricultural and Food Research 43 (2), 185–199.
▪ Emmenegger J., 2009. Futteraufnahme und Lebendgewichtentwicklung von Mutterkühen und Mutterkuhkälbern unterschiedlicher Rassen im Le-bensabschnitt Geburt bis zum Absetzen. Bachelorarbeit ETH Zürich, 41 p.
▪ Faverdin P., 1992. Alimentation des vaches laitières: Comparaison des différentes méthodes de prédiction des quantités ingérées. INRA Prod. Anim. 5 (4), 271–282.
▪ INRA, 2007. Alimentation des bovins, ovins et caprins. Ed. Quae, Versailles Cedex, 307 p.
▪ Lawrence P., Kenny D.A., Early B. & McGee M., 2013. Intake of conserved and grazed grass and performance traits in beef suckler cows differing in phenotypic residual feed intake. Livestock Science 152 (2-3), 154–166.
▪ Lewis M., 1981. Equations for predicting silage intake by beef and dairy cattle. Proceedings of the sixth silage conference, Edinburgh, 1981, 35–36.
▪ Manninen M., Aronen I. & Puntila M.-L., 1998. Effect of type of forage offered and breed on performance of crossbred suckler heifers and their calves. Agricultural and Food Science in Finland, 7 (3), 367–380.
▪ McGee M., Drennan M. J. & Caffrey P. J., 2005. Effect of suckler cow ge-notype on milk yield and pre-weaning calf performance. Irish Journal of Agricultural and Food Research 44 (2), 185–194.
▪ Muller A., Micol D., Dozias D. & Peccatte J. R., 1992. Foin ou ensilage pour les bovins en croissance en système herbager. INRA Prod. Anim. 5 (2), 121–126.
▪ Murphy B. M., Drennan M. J., O’Mara F. P. & McGee M., 2008. Perfor-mance and feed intake of five beef suckler cow genotypes and pre-weaning growth of their progeny. Irish Journal of Agricultural and Food Research 47 (1), 13–25.
▪ Petit M., Jarrige R., Russel A. J. F. & Wright I. A., 1992. Feeding and nutri-tion of the suckler cow. In: R. Jarrige, C. Béranger (éd.) World Animal Sci-ence C5. Beef Cattle Production, 191–208.
Intake of a dry or a moist ration by suckler
cows
The effect of type of ration on feed intake
was studied in a trial with 36 lactating cows
of the Angus (AN), Limousin (LM) and
Limousin x Red Holstein cross breeds (F1)
during the first four months of lactation.
Two iso-energetic rations fed ad libitum
were compared: a dry ration (D) composed
of hay and aftermath, and a moist ration (M,
53 % DM) composed of a mixture of hay and
grass silage. The cows fed ration D con-
sumed 0.87 kg DM more per day than those
fed ration M from the second to the fourth
month of lactation (P<0.001), and 0.76 kg
DM more per day over the entire trial period
(P=0.07). Major differences were observed
between the different genetic types
(F1>AN>LM; P<0.001). A comparison of the
ingestion data measured in this trial with
the prediction formulas currently used in
Switzerland revealed a systematic underesti-
mation of feed intake. Moreover, no predic-
tion formula took simultaneous account of
the effect of ration type on the one hand,
and genetic type on the other. A new
prediction equation taking these new data
into account will be published shortly, once
the ‘suckler cow’ chapter of the Swiss
feeding recommendations for ruminants
(Green Book) is updated.
Key words: feed intake, suckler cow, silage,
hay.
452 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
fourrage s’échauffe et moisit. L’emploi d’agents
conservateurs, la plupart à base d’acide propionique,
permet d’empêcher le développement des micro-orga-
nismes.
Dans cet essai, l’efficacité de divers micro-orga-
nismes (bactéries lactiques et levures), d’enzymes
ainsi que du produit Sil All Hay a été testée à l’échelle
du laboratoire avec un fourrage ayant une teneur en
matière sèche (MS) de 75 %.
I n t r o d u c t i o n
Le foin séché au sol n’affiche pas toujours une teneur
en matière sèche supérieure à 85 %, valeur requise
pour garantir une conservation sans problème. Cet
état se rencontre principalement avec les balles très
fortement pressées, d’où l’humidité résiduelle ne peut
s’échapper que lentement. Divers micro-organismes se
développent alors, notamment les moisissures, et le
Test d’efficacité de divers conservateurs pour foins humidesUeli Wyss, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]
Installation expérimentale pour mesurer l'échauffement du foin humide. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale
453
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
Le foin séché au sol doit être suffisamment
sec à la récolte pour assurer un stockage sans
problème. Une alternative est l'utilisation
d’agents conservateurs pour empêcher
l’échauffement et l’altération du fourrage.
L'efficacité de divers micro-organismes
(bactéries lactiques, levures et enzymes) ainsi
que d’un produit contenant divers acides a
été testée à l’échelle du laboratoire avec un
foin humide (75 % de matière sèche).
Seul le contrôle positif à base d'acide
propionique est parvenu à éviter l’échauffe-
ment et l'altération du foin humide. Les
variantes étudiées avec différents micro-
organismes ou un produit chimique ne se
sont pas révélées efficaces. Le foin humide
s’étant échauffé, il était fortement moisi à la
fin des tests.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Pour les essais, du regain (2e coupe – riche en graminées,
à prédominance ray-grass) a été humidifié de manière à
obtenir une teneur en MS de 75 %. En raison du nombre
de variantes, l’essai a été réalisé en deux séries. Chaque
variante a été répétée trois fois. Une variante sans ajout
de produit d’ensilage a servi de contrôle négatif et une
variante avec de l’acide propionique de contrôle positif
(produit Luprosil: 99,5 % acide propionique), ceci pour
les deux séries. Les différentes variantes figurent dans les
tableaux 1 et 2. La souche de bactéries lactiques Pedio-
coccus pentosaceus, la souche de levures Pichia anomala
et l’enzyme chitinase de la firme Lallemand ont été étu-
diées seules et en combinaison. Le produit Sil All Hay de
la firme Danstar Ferment, qui contient du sorbate de
potassium, du benzoate de sodium et du propionate de
sodium, a été également testé. Pour tous les traitements,
sauf le contrôle positif, les produits ont été dilués dans
l’eau. Les dosages ont été respectés selon les recomman-
dations des firmes. Pour le contrôle négatif, la même
quantité d’eau a été appliquée.
Les essais ont été réalisés à l’échelle du laboratoire,
sur l’installation développée par Meisser (2001). Le four-
rage a été introduit dans des cylindres en PVC pour être
compressé à 175 kg de MF/m3 (matière fraîche par m3).
Chaque cylindre a été muni d’une sonde pour relever et
enregistrer les températures toutes les 30 minutes pen-
dant la durée de conservation de 30 jours. Les teneurs
en MS et divers paramètres chimiques ont été relevés
avant et après les 30 jours de conservation. Les nutri-
ments ont été déterminés par spectroscopie dans le
proche infrarouge (NIRS). L’azote insoluble (NADF) a
aussi été analysé. La charge en microorganismes (bacté-
ries aérobies mésophiles, moisissures et levures) dans le
foin au début des tests et spécialement les moisissures
dans toutes les variantes et répétitions à la fin des tests
No DescriptionDosage par 100 kg
de fourrage
1 Contrôle négatif –
2 Contrôle positif = acide propionique 600 g
3 enzyme chitinase 0,15 g
4 Pediococcus pentosaceus 1011 UFC
5 Pichia anomala (dosage 1) 1010 UFC
6 Pichia anomala (dosage 2) 1011 UFC
Tableau 1 | Variantes pour la première série No DescriptionDosage par 100 kg
de fourrage
7 Contrôle négatif –
8 Contrôle positif (acide propionique) 600 g
9enzyme chitinase et
Pediococcus pentosaceus0,15 g
1011 UFC
10enzyme chitinase et
Pichia anomala0,15 g
1010 UFC
11Pediococcus pentosaceus et
Pichia anomala1011 UFC1010 UFC
12 Sil All Hay 40 g
Tableau 2 | Variantes pour la deuxième série
Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs
454 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
ont été déterminées. L’évaluation statistique a fait l’ob-
jet d’une analyse de variance et d’un test de Bonferroni
(programme SYSTAT 13).
R é s u l t a t s
Teneurs en MS et nutriments
Les teneurs en MS et les nutriments présents dans le
fourrage avant le stockage figurent dans le tableau 3
pour les deux séries. Dans les trois groupes de micro-
organismes bactéries, moisissures et levures, la charge
était élevée, selon les valeurs d’orientation VDLUFA
(tabl. 4). Toutefois, la charge en micro-organismes à la
récolte est élevée, selon Adler et al. (2014), la charge en
micro-organismes dans le foin diminue significativement
si le foin était stocké dans de bonnes conditions jusqu’à
l’affouragement.
Températures pendant la conservation
Toutes les variantes des deux séries, exceptées celles du
contrôle positif, se sont rapidement et considérablement
échauffées (fig. 1 et 2). L’inefficacité de la souche de bac-
téries lactiques ajoutée peut s’expliquer par le fait que
les bactéries lactiques sont actives en conditions anaéro-
bies, ce qui n’est pas le cas avec le stockage du foin
humide. Même le produit Sil All Hay n’a pas empêché
l’échauffement. Il semble que le dosage de 400 g/t soit
insuffisant. Comme le montrent les résultats de Wyss
(2012), le dosage du produit joue ici un rôle déterminant
pour obtenir un effet.
Teneurs en MS et nutriments après stockage
Au cours de la conservation de 30 jours, l’altération du
foin de plusieurs variantes a entraîné la formation d’eau,
ce qui se remarque par des teneurs en MS plus basses.
Après la conservation, seul le foin du contrôle positif a
montré des teneurs en MS supérieures à 75 %. Pour ce
dernier, il n’y a pas d’altération ni de dégradations par
des micro-organismes.
MS CendresMatière azotée
Cellulose brute
ADF NDF SucresNADF
N total
% g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS %
Première série 74,7 80 117 249 271 468 130 3,0
Deuxième série 75,0 74 115 253 274 482 132 2,3
ADF: lignocellulose; NDF: parois; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total.
Tableau 3 | Teneurs en MS et en nutriments du foin avant l’essai pour les deux séries
Bactéries aérobies mésophileslog UFC/g
Moisissureslog UFC/g
Levureslog UFC/g
Première série 8,3 6,3 6,1
Deuxième série 8,3 6,2 6,2
UFC: unité formant colonie.
Tableau 4 | Charge en micro-organismes dans le foin avant les tests
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 720 768
Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
°C
Durée (heures)
Contrôle négatifContrôle positifEnzyme ChitinasePediococcus pentosaceus Pichia anomala-dosage 1Pichia anomala-dosage 2
Figure 1 | Evolution de la température – première série (différence de température avec la température ambiante; tempéra-ture ambiante moyenne 21,5 °C)
Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale
455Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total,
plus la digestibilité de la matière azotée diminue.
La détérioration des foins a eu aussi des effets sur les
pertes en MS et sur la teneur en NEL (tabl. 5 et 6). Prati-
quement aucune perte en MS n’a été observée dans le
contrôle positif. Au contraire, dans les autres variantes,
des pertes en MS élevées ont été déterminées. La même
situation est observée à propos des valeurs énergé-
tiques NEL. Des valeurs en NEL significativement plus
élevées ont été observées dans le foin humide du
contrôle positif.
De plus, il y a eu des différences significatives entre le
contrôle positif et presque toutes les autres variantes
concernant les cendres, la matière azotée, les consti-
tuants pariétaux et le sucre (tabl. 5 et 6).
De même, la part d’azote insoluble par rapport à
l’azote total – paramètre important pour décrire le pro-
cessus de dénaturation – a montré des différences signi-
ficatives entre les variantes de la première série. Pour la
deuxième série, les différences n’étaient pas significa-
tives. Le contrôle positif a obtenu dans les deux séries les
valeurs les plus basses. Selon Weiss et al. (1992), plus la
Teneur en MS%
Cendresg/kg MS
Matièreazotée
g/kg MS
Cellulosebrute
g/kg MS
ADFg/kg MS
NDFg/kg MS
Sucresg/kg MS
NADF /N total
%
Pertes en MS
%
NELMJ/kg MS
Contrôle négatif 73,3a 84b 135b 310b 361b 593c 58a 5,7b 11,5b 5,1b
Contrôle positif 78,2b 60a 117a 254a 268a 489a 138b 2,4a 0,2a 5,7a
Enzyme chitinase 73,3a 90b 135b 311b 359b 594c 62a 4,4ab 13,1b 5,1b
Pediococcus pentosaceus 74,1a 84b 130b 306b 352b 576bc 64a 5,3b 9,5b 5,1b
Pichia anomala (dosage 1) 73,6a 88b 129b 313b 360b 590bc 63a 5,6b 12,6b 5,0b
Pichia anomala (dosage 2) 74,5a 74ab 127ab 297b 345b 555b 69a 4,5ab 9,7b 5,3b
SE 0,53 3,1 2,0 3,4 4,5 6,9 4,2 0,42 1,1 0,06
Seuil de signification *** *** *** *** *** *** *** ** *** ***
MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie nette
pour la production laitière.
SE: erreur standard; n.s.: non significatif; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001.
Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 720 768
Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
°C
Durée (heures)
Contrôle negatifContrôle positif
Enzyme Chitinase + P. pentosaceusEnzyme Chitinase + Pichia anomala
P. pentosaceus + Pichia anomala Sil All Hay
Figure 2 | Evolution de la température – deuxième série (différence de température avec la température ambiante; température ambiante moyenne 21,0 °C)
Tableau 5 | Paramètres chimiques du foin humide pour la première série après conservation
Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs
456 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
Evaluation sensorielle et moisissures
Après la conservation d’une durée de 30 jours, le foin
humide de toutes les variantes, sauf celui du contrôle
positif des deux séries, était entièrement moisi. Il déga-
geait une forte odeur d’ammoniac.
Les analyses complémentaires portant sur les moisis-
sures ont confirmé l’évaluation sensorielle. Selon les
valeurs d’orientation de VDLUFA (2012), seules les
valeurs pour le contrôle positif étaient au degré I, ce qui
correspond à des valeurs normales. Pour toutes les
autres variantes, les valeurs ont été classées au degré IV,
ce qui est déjà considéré comme altéré (fig. 3).
C o n c l u s i o n s
•• Le foin humide non traité se conserve mal. Il
s’échauffe et moisit.
•• Le contrôle positif avec l’acide propionique a permis
d’éviter l’échauffement et l’altération du foin.
•• Les divers produits testés ne se sont pas révélés
efficaces. Le foin humide traité s’est échauffé et était
moisi à la fin des tests. Ceci s’explique d’une part par
les conditions de stockage qui ne sont pas idéales pour
les bactéries lactique et, d’autre part, par un dosage
insuffisant. n
0,01,02,03,04,05,06,07,08,09,0
10,011,0
contrôle négatif
Enzyme Chitin
ase
Pichia anomala dosage 1
contrôle positi
f
Enzyme Chitin
ase + P. pentosaceus
Sil All H
ay
log
UCF
/g
Limite entre qualité normale et nombre légèrement élevé
première série deuxième série
b a b b b b b a b b b b
contrôle positi
f
Pediococcus p
entosaceus
Pichia anomala dosage 2
contrôle négatif
Enzyme Chitin
ase + P. anomala
P. pentosaceus + P. anomala
Figure 3 | Moisissures dans le foin humide (UFC: unité formant colonie).
Teneur en MS%
Cendresg/kg MS
Matièreazotée
g/kg MS
Cellulosebrute
g/kg MS
ADFg/kg MS
NDFg/kg MS
Sucresg/kg MS
NADF/N total
%
Pertes en MS
%
NELMJ/kg MS
Contrôle négatif 70,9a 90b 138b 299b 344b 567b 47a 6,3 16,9b 5,2b
Contrôle positif 78,5b 67a 116a 253a 267a 469a 140b 3,4 -0,7a 5,6a
Enzyme chitinase + P. pentosaceus
73,6ab 84ab 132ab 302b 342b 563b 64a 4,3 11,9ab 5,2b
Enzyme chitinase + P. anomala
72,3ab 81ab 130ab 312b 351b 579b 63a 5,3 14,9b 5,1b
P. pentosaceus + P. anomala
72,6ab 83ab 136b 302b 344b 564b 62a 5,7 15,3b 5,3b
Sil All Hay 74,2ab 76ab 131ab 299b 339b 561b 73a 4,7 9,5ab 5,3b
SE 1,35 3,8 3,4 3,1 4,9 6,6 5,4 0,99 2,6 0,05
Seuil de signification * * ** *** *** *** *** n.s. **
MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie
nette pour la production laitière.
SE: erreur standard; n.s.: non significatif ; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001.
Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).
Tableau 6 | Paramètres chimiques du foin humide pour la deuxième série après conservation
Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale
457Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Effect of preservatives in moist hay
Field-dried hay must be sufficiently dry
at harvest for problem-free storage.
Alternatively, preservatives that
prevent heating and spoilage may be
added to the hay. In a trial, the efficacy
of various microorganisms (lactic acid
bacteria, yeasts and enzymes) as well
as of a product containing various
acids was tested in moist hay with a
DM content of 75 % on a laboratory
scale.
The positive control with propionic
acid was the only one preventing the
heating and deterioration of the hay.
The variants with different microor-
ganisms or a chemical product were
not effective: the forage heated, and
was highly mouldy at the end of the
test.
Key words: hay, preservatives, lactic
acid bacteria, yeasts, enzymes.
Test di efficacia di vari conservanti per
il fieno umido
Il fieno essiccato al suolo deve essere
sufficientemente asciutto al momento
del raccolto per garantire una conser-
vazione senza problemi. Un'alternativa
è l'utilizzo di conservanti per impedire
il riscaldamento e il deterioramento del
foraggio. È stata testata l'efficacia di
vari microrganismi (batteri lattici, lieviti
ed enzimi) e di un prodotto contenente
diversi acidi su un fieno umido con un
tenore in sostanza secca del 75 per
cento sulla scala del laboratorio.
Soltanto il controllo positivo a base di
acido propionico ha consentito di
evitare il riscaldamento e il deteriora-
mento del fieno umido. Le varianti
testate con diversi microrganismi o con
un prodotto chimico non si sono
rivelate efficaci. Il fieno umido si è
riscaldato e al termine dei test è
risultato decisamente ammuffito.
Bibliographie ▪ Adler A., Kiroje P., Reiter E. & Resch R., 2014. Einfluss unterschiedlicher Trocknungsverfahren auf die Futterhygiene von Raufutter. Bericht über das 19. Alpenländische Expertenforum, 54-67.
▪ Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d'Agriculture 33 (2), 61–65.
▪ Weiss W. P., Conrad H. R. & St. Pierre N. R., 1992. A theoretically-based model for predicting total digestible nutrient values of forages and con-centrates. Anim. Feed Sci. Technol. 39, 95–110.
▪ Wyss U., 2012. Efficacité d’un agent conservateur du foin humide – résul-tats 2011. Recherche Agronomique Suisse 3 (6), 314–321.
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458 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-
tion du climat (GIEC) estime que, sur le plan mondial,
13,5 % des émissions anthropogènes de gaz à effet de
serre peuvent être attribués à l’agriculture. Adoptant
un angle de vue encore plus large, Bellarby et al. (2008)
chiffrent le pourcentage des émissions agricoles directes
et indirectes de 17 à 30 %. Cet écart peut être expliqué
par les différences de segmentation sectorielle et par la
délimitation territoriale des approches des bilans. Les
méthodes-cadres du GIEC pour les inventaires nationaux
de gaz à effet de serre limitent l’observation aux sources
d’émissions de la production agricole directe. En général,
ce type d’approche se fait uniquement dans la perspec-
tive de la production, c’est-à-dire des «impacts environ-
nementaux directs des branches de l’industrie et des ser-
vices à l’échelle nationale» (Jungbluth et al. 2011; EEA
2013). Au contraire, la perspective de la consommation
englobe «tous les impacts environnementaux directs et
indirects le long de la chaîne de production et de
consommation d’un produit consommé sur le territoire
national». Dans l’UE et en Suisse, les denrées alimen-
taires font ainsi partie des biens de consommation les
plus responsables des émissions de gaz à effet de serre
(Jungbluth et al. 2011; EEA 2013).Etant donné la grande diversité des approches utili-
sées pour les bilans, les limites du système et les angles
d’étude sont des facteurs importants dans l’élabora-
tion des stratégies de réduction. Différentes études
récentes tentent donc de représenter l’agriculture et la
filière alimentaire dans une perspective intégrale et
complète (Garnett 2011; Smith et Gregory 2013; EEA
2013). L’étude présentée ici fournit les bases de don-
nées nécessaires pour les décisions de politique agri-
cole et de politique climatique en Suisse. Les émissions
de gaz à effet de serre liées à l’agriculture et la filière
alimentaire suisses sont prises en compte tant dans la
perspective de la production que dans celle de la
consommation. Par ailleurs, ce premier récapitulatif
montre où des recherches sont encore nécessaires. Les
analyses détaillées ultérieures doivent pouvoir s’ap-
puyer sur les principes établis.
I n t r o d u c t i o n
L’agriculture et la filière alimentaire sont des sources
importantes d’émissions de gaz à effet de serre, dans le
monde entier comme en Suisse. Les émissions se pro-
duisent tout au long de la chaîne alimentaire, au travers
de la fabrication des agents de production, des processus
biochimiques dans la production animale et végétale, et
de la transformation et du transport des denrées alimen-
taires. Dans la «Stratégie Climat pour l’agriculture», l’Of-
fice fédéral de l’agriculture a formulé des objectifs de
réduction (OFAG 2011): d’ici 2050, au moins un tiers des
émissions dues à la production agricole doivent être
réduits grâce à des mesures techniques, d’exploitation et
d’organisation (perspective de production). Des adapta-
tions du comportement de consommation et d’alimenta-
tion doivent permettre de réduire les émissions d’un
autre tiers (perspective de consommation). Des inven-
taires d’émissions sont nécessaires pour définir et contrô-
ler les mesures et objectifs.
Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en SuisseDaniel Bretscher1, Sabrina Leuthold-Stärfl1, Daniel Felder2 et Jürg Fuhrer1
1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Daniel Bretscher, e-mail: [email protected]
Les importations de denrées alimentaires sont la cause principale de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’agri-culture et la filière alimentaire en Suisse. (Photo: Kara, Fotolia.com)
E n v i r o n n e m e n t
Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement
459
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
L’agriculture et la filière alimentaire sont des
sources importantes d’émissions de gaz à effet
de serre. Les inventaires d’émissions sont à la
base des stratégies de réduction et des
contrôles d’impact. Les efforts faits jusqu’ici
pour tirer des bilans se caractérisent souvent
par des visions sectorielles relativement étroites.
Dans la présente étude, les émissions de
l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse
font l’objet d’une approche intégrale, tant dans
la perspective de la production que dans celle
de la consommation. Tandis que du point de
vue de la production, les émissions ont légère-
ment reculé en dépit de l’augmentation de la
production, les rejets totaux de gaz à effet de
serre par l’agriculture et la filière alimentaire
ont augmenté au total de 15 % depuis 1990.
Cette hausse est principalement due aux
importations de denrées alimentaires, qui ont
augmenté de bien 70 % depuis 1990. Les
résultats mettent en évidence un écart considé-
rable entre les objectifs de la «Stratégie Climat
pour l’agriculture» et l’évolution des émissions
liées à la consommation. Les principales actions
à envisager consistent notamment à encourager
les habitudes alimentaires respectueuses du
climat, mais aussi à accroître l’efficience de tous
les domaines de la production.
M é t h o d e
Principes généraux et portée de l’étude
L’agriculture et la filière alimentaire sont subdivisées en
sept secteurs partiels (secteurs de production) (fig. 1). Le
trajet du point de vente au consommateur à la maison,
la transformation dans les ménages ainsi que les déchets
et leur élimination ne sont pas pris en compte. Lors de
l’enregistrement des émissions liées aux importations et
aux exportations de denrées alimentaires, les limites du
système sont fondamentalement les mêmes. Les émis-
sions causées par les denrées alimentaires exportées ne
sont pas portées au compte de la Suisse et sont mention-
nées comme des valeurs négatives.
Contrairement aux approches territoriales et basées
sur la production, le relevé des émissions liées à la
consommation ne fait l’objet d’aucune méthode stan-
dard. Le principe primaire repose sur les méthodes de
deux études de Jungbluth et al. (2007) et Jungbluth et
al. (2011). Dans tous les domaines, les émissions de
dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de pro-
toxyde d’azote (N2O) sont calculées. CH4 et N2O sont
convertis en équivalents CO2 (éq. CO2) à partir de leur
potentiel de réchauffement global sur 100 ans. Les fac-
teurs utilisés sont les suivants: pour CH4, facteur 21, pour
N2O, facteur 310.
Bases de données
Les méthodes de calcul des domaines de la production
agricole directe, de la consommation d’énergie ainsi que
de l’utilisation des terres, changement d’affectation des
terres et foresterie, UTCATF (LULUCF: Land Use, Land Use
Change and Forestry) sont soit repris directement de
l’inventaire national des gaz à effet de serre, soit
s’orientent sur les bases méthodologiques correspon-
dantes (OFEV 2013). Dans les domaines des intrants, des
importations et des exportations, l’approche suivie est
celle de l’analyse de cycle de vie. Les importations et les
exportations de biens sont reprises des statistiques doua-
nières suisses et regroupées suivant la disponibilité des
données d’analyses de cycle de vie (facteurs d’émission)
(AFD 2013, tabl. 1).
Dans le domaine de la transformation, les branches
et les groupes de biens 15 et 16, soit la «fabrication de
denrées alimentaires», ont été pris en compte (OFS
2002). Les NAMEA (National Accounting Matrices inclu-
ding Environmental Accounts) attribuent à ces branches
les émissions correspondantes à partir de l’inventaire
national des gaz à effet de serre (Sutter et al. 2009). Les
répartitions entre les différentes branches secondaires
se font en fonction du pourcentage des employés
(équivalents plein temps). Les intrants d’autres branches
pour la «fabrication de denrées alimentaires» sont
déterminés à partir des tableaux EE-IOT (environmen-
tally-extended input-output-tables) et NAMEA
(Nathani et al. 2013).
R é s u l t a t s
Au total, l’agriculture et la filière alimentaire sont res-
ponsables en moyenne de l’émission de 14,6 millions de
tonnes d’éq. CO2 net par an – à noter que les émissions
ont progressé de plus de 15 % entre 1990 et 2011 (fig. 2
et tabl. 2). En Suisse, les émissions de gaz à effet de serre
par habitant causées par l’alimentation étaient de
l’ordre de 2 t éq. CO2 durant toute cette période. Les
principaux domaines d’émission sont la production agri-
cole directe et les importations de denrées alimentaires.
Tandis que les émissions de la production agricole directe
ont baissé d’environ 8 % de 1990 à 2011 du fait de la
baisse des effectifs animaux et de l’emploi des engrais
minéraux, les émissions dues aux importations de den-
rées alimentaires ont augmenté de bien 70 % durant la
même période.
Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse
460 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
Perspective de la production
Les émissions dans le domaine des intrants, de la consom-
mation d’énergie et de l’UTCATF sont faibles en compa-
raison. Pour les émissions des intrants, les engrais azotés
gourmands en énergie pèsent notamment lourd dans la
balance avec 0,3–0,4 millions de t éq. CO2 par an (fig. 3).
Au début des années 90 notamment, les émissions de
gaz à effet de serre liées à la production étaient légère-
ment en recul. Au contraire, les émissions des aliments
pour animaux importés ont considérablement augmenté
depuis 1990 (+210 %) et ont pratiquement atteint le
niveau des engrais azotés en 2011. La production de pes-
ticides ne joue pratiquement aucun rôle.
Les émissions de la production agricole directe sont
dominées par les émissions de CH4 issues de la digestion
des animaux de rente (44 %) et par les émissions de N2O
provenant de la fertilisation (38 %). Le reste provient du
stockage des engrais de ferme, 11 % de CH4 et 7 % de N2O.
Parmi toutes les sources d’émissions de la production agri-
cole directe, les bovins jouent le rôle prédominant. Ils sont
responsables de plus de 85 % des émissions de CH4 et
contribuent aussi largement aux émissions de N2O.
Deux tiers des émissions énergétiques des exploita-
tions agricoles sont dus à l’emploi de tracteurs et de
machines, ainsi qu’au séchage de l’herbe, tandis que le
dernier tiers est dû au chauffage des serres. Les ten-
dances sont stables dans le temps, à l’exception du
séchage de l’herbe qui n’a pratiquement plus d’impor-
tance aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas en 1990.
L’énergie grise, liée à la fabrication des bâtiments agri-
coles et des machines ainsi qu’à la mise à disposition de
l’énergie directe, n’a pas été prise en compte. Selon
Latsch et al. (2013), la charge énergétique correspon-
dante est pratiquement deux fois plus élevée que la
consommation directe d’énergie.
Les sources et les puits du domaine UTCATF sont esti-
més séparément pour les herbages et les terres arables,
ainsi que pour les sols minéraux et les sols organiques
(sols tourbeux). Les pertes de carbone dans les sols orga-
niques drainés et exploités sont les principales respon-
sables des émissions dans ce domaine. Les sols minéraux
qui représentent une surface nettement plus importante,
sont supposés se trouver en équilibre lorsque l’affecta-
tion agricole reste inchangée. Par conséquent, ils ne pro-
duisent pratiquement pas d’émissions. Les fortes fluctua-
tions des valeurs absolues du domaine UTCATF sont dues
à la variabilité annuelle de la biomasse disponible.
Perspective de la consommation
L’intégration des domaines de la transformation, de l’im-
portation et de l’exportation des denrées alimentaires,
permet d’élargir la perspective de la production à la
Importations de denrées alimentaires
Production agricole directe CH4 et N2O issus de la production agricole directe
(secteur 4 des inventaires nationaux des gaz à effet de serre)
Consommation d’énergie (énergie grise)bTr
ansf
orm
atio
n (tr
ansf
orm
atio
n,
cond
ition
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UTCATFc
Exportations de denrées alimentaires
Mén
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élim
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–2,3
9,3
5,6
0,7
0,7
0,0–1,2 1.4
(B)
(A)
Figure 1 | Perspective production (A) et perspective consommation (B) de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse. Les chiffres et surfaces des rectangles correspondent aux émissions en 2011 en millions de tonnes d’équivalents CO2. Les flèches représentent l’évolution durant la période 1990–2011: tendance stable, émissions en hausse, émissions en baisse.
a: Fabrication d’agents de production agricole
b: Consommation d’énergie dans les
exploitations agricoles
c: UTCATF: Utilisation des terres et changement
d’affectation des terres
Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement
461Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
De 1990 à 2011, les exportations ont augmenté de plus
de 140 %. Les émissions les plus importantes peuvent
être imputées aux produits laitiers et aux œufs, qui
parallèlement sont responsables de la majeure partie de
l’augmentation. La répartition des émissions entre les
différents groupes de produits montre que les intensités
d’émissions élevées sont déterminantes pour les pro-
duits carnés, tandis que les quantités absolues jouent un
plus grand rôle pour les produits végétaux.
D i s c u s s i o n
Le total des émissions comptabilisées et la répartition
entre les différents domaines de l’agriculture et de la
filière alimentaire correspondent bien aux résultats des
autres études (Garnett 2008; Jungbluth et al. 2011). Par
rapport aux objectifs de réduction de la stratégie Climat
pour l’agriculture, il reste encore beaucoup à faire
(fig. 5). On constate notamment une augmentation des
émissions dans la perspective de la consommation depuis
1990. Cette hausse peut s’expliquer en grande partie par
la croissance démographique et par les importations de
perspective de la consommation. Le pourcentage de ces
domaines est passé d’environ 42 % à environ 54 % durant
la période observée.
Un peu plus de deux tiers des émissions imputables
au domaine de la transformation sont dus à la fabrica-
tion de denrées alimentaires, tandis que le reste pro-
vient des branches fournisseuses. A côté de l’industrie
des produits boulangers, la transformation du café, du
cacao, des épices, etc., la transformation du lait ainsi
que les abattoirs et la transformation de la viande sont
les domaines qui pèsent le plus lourd dans la balance. Ni
le total des émissions, ni leur répartition entre les diffé-
rentes branches et les différents biens n’ont changé de
manière significative depuis 1990.
La contribution des importations nettes de denrées
alimentaires (importations moins exportations) s’élève
en moyenne à près de 38 % du total des émissions de
l’agriculture et de la filière alimentaire, sachant que les
émissions correspondantes ont nettement augmenté
depuis 1990 (+57 %). La plupart des émissions sont cau-
sées par les importations de viande et de produits car-
nés, de légumes et de fruits, ainsi que de boissons (fig. 4).
Agent de production / Denrée alimentaire
Facteur d’émission Source
Engrais(selon la Liste des positions tarifaires AFD)
2834 Nitrites, nitrates 0,4
Hillier et al. 2011
3101 Engrais d’origine animale ou végétale 0,0
3102 Engrais azotés 2,2
3103 Engrais phosphatés 0,5
3104 Engrais potassiques 0,4
3105 Engrais mixtes, autres engrais 0,7
Pesticides
Insecticides 18,7
Lal 2004Fongicides 14,3
Herbicides 23,1
Aliments pour animaux Aliments pour animaux 0,7 Jungbluth et al. 2007
Import Export
Importation / Exportation
Animaux vivants AV 8,2 9,7
Jungbluth et al. 2007
Viande et produits carnés VPC 9,7 9,1
Poissons et crustacés PC 9,4 9,3
Produits de laiterie et œufs PLO 5,7 5,7
Autres produits d’origine animale APA 0,4 0,8
Plantes vivantes et fleurs PVF 1,2 0,4
Légumes, fruits LF 1,2 0,4
Café, thé, cacao, épices CTC 3,8 1,5
Céréales, produits céréaliers CPC 0,9 1,0
Graines et fruits oléagineux GFO 1,5 1,4
Huiles et graisses animales et végétales HGAV 3,5 7,7
Sucres, sucreries, miel SM 0,8 0,7
Autres denrées alimentaires ADA 0,8 0,7
Boissons BO 1,4 0,2
Tabac et produits à base de tabac TPBT 0,8 0,6
Tableau 1 | Facteurs/intensités d’émissions (données des analyses de cycle de vie) des agents de production et des denrées alimentaires en kg d’équivalents CO2 par kg de produit
Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse
462 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
denrées alimentaires qui vont de pair. C’est pourquoi, les
inventaires d’émissions GIEC centrés sur le plan sectoriel
et territorial sont insuffisants pour établir des stratégies
de réduction. L’inventaire national des gaz à effet de
serre couvre uniquement les domaines «production
directe agricole», «consommation d’énergie», «UTCATF»
et «transformation», qui représentent en moyenne 58 %
des émissions, sachant que ce pourcentage a baissé en
continu durant la période d’observation.
Le volume d’émissions qui peut être appréhendé par
des mesures prises dans la perspective de la consomma-
tion est donc presque deux fois plus important que celui
qui peut être appréhendé dans la perspective de la pro-
duction. L’étude de Jungbluth et al. (2011) était déjà
arrivée à la conclusion que le secteur des denrées ali-
mentaires prenait beaucoup d’importance dans la pers-
pective de la consommation et que les émissions impor-
tées de l’étranger représentaient bien plus de 50 %.
L’observation intégrale a en outre l’avantage de montrer
si une mesure de réduction conduit seulement à dépla-
cer une émission dans des domaines non pris en compte
et notamment à l’étranger. Qu’une telle tendance ait
existé dans le passé est confirmé par le fait que les émis-
sions liées à la production ont diminué au fil du temps,
tandis que les émissions liées à la consommation ont
augmenté.
Qualité des données et pertinence
Le potentiel d’un domaine par rapport à la réduction des
gaz à effet de serre ne peut pas dépendre exclusivement
du niveau des émissions correspondantes. Des facteurs
tels que l’incertitude ou la sensibilité aux conditions 10,0
15,0
20,0
Mill
ions
de
tonn
es d
’équ
ival
ents
CO
2 pa
r an
ImportationsTransformationUTCATFConsommation d’énergieProduction agricole directeIntrantsExportations-5,0
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Figure 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse de 1990 à 2011.
UTCATF: Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (LULUCF: Land Use / Land Use Change and Forestry)
1990 2011 1990 2011
Millions de t d’équivalents CO2 % %
Intrants 0,58 0,69 4,2 4,5
Production agricole directe 6,09 5,60 43,8 36,2
Consommation d’énergie 0,85 0,72 6,1 4,7
UTCATF 0,56 0,09 4,0 0,6
Total perspective production 8,07 7,10 58,1 45,9
Transformation 1,41 1,41 10,2 9,1
Importations 5,37 9,27 38,7 59,9
Exportations –0,96 –2,31 –6,9 –15,0
Total perspective consommation 5,83 8,37 41,9 54,1
Total 13,90 15,47 100,0 100,0
Tableau 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire suisses en 1990 et 2011
Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement
463Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
Dans le domaine de la transformation, les incertitudes
portent notamment sur la répartition des émissions au
sein du domaine à l’aide de chiffres indicatifs. En outre,
il n’est pas possible d’attribuer les gaz à effet de serre
aux processus qui couvrent plusieurs branches, comme le
transport, le refroidissement ou le conditionnement.
Sans analyses plus détaillées, il est donc particulièrement
difficile d’établir des stratégies de réduction.
D’autres études sont également nécessaires dans le
domaine des analyses de cycle de vie. La grande impor-
tance et la large fourchette des valeurs spécifiques aux
environnementales sont également décisifs. Dans ce
contexte, il faut souligner les domaines UTCATF et trans-
formation. D’infimes variations des réserves en carbone
du sol peuvent conduire à des émissions significatives ou
à des puits allant jusqu’à 3 millions de t éq. CO2 (OFEV
2013). Pour les données d’analyses de cycle de vie des
denrées alimentaires également et particulièrement
pour la production d’aliments pour animaux, les émis-
sions UTCATF associées ne sont souvent considérées que
de manière très générale. D’énormes lacunes de connais-
sances existent encore dans ce domaine.
0,0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Mill
ions
de
tonn
es d
’équ
ival
ents
CO
2 pa
r an
Aliments pour animauxPesticidesEngrais mixtes, autres engrais Engrais potassiquesEngrais phosphatésEngrais azotés
Figure 3 | Emissions de gaz à effet de serre du domaine des intrants de 1990 à 2011.
Animaux vivants
Viande et produits carnés
Poissons et crustacés
Produits de laiterie et œufs
APA
PVF
Légumes, fruits
Café, thé, cacao, épices
Céréales, produits céréaliers
Graines et fruits oléagineux
Huiles et graisses animales et végétales
SMADATPBT
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
-0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
Fact
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mis
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(kg
d’éq
uiva
lent
CO
2) p
ar k
g
Importations nettes en millions de t.
Figure 4 | Facteurs d’émissions et importations nettes de différents groupes de denrées ali-mentaires (sans les boissons) en 2011. Produits animaux: carrés rouges; produits végétaux: cercles verts; indéterminé: losanges bleus. Les proportions des surfaces correspondent à la contribution aux émissions des importations nettes. Abréviations: voir tableau 1.
464
Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
produits dans la littérature montrent que de nom-
breuses recherches sont encore requises. Par ailleurs,
des facteurs d’émissions constants ont été établis pour
tous les produits/marchandises sur l’ensemble de la
période. Dans le domaine des intrants comme dans celui
des importations et exportations des denrées alimen-
taires, les intensités d’émissions sont toutefois générale-
ment en recul.
Enfin, les domaines «Ménage» et «Déchets et élimi-
nation», non pris en compte, sont loin d’être négli-
geables: l’étude de Garnett (2011) considère que ces
domaines (catering compris) sont responsables d’envi-
ron 20 % des émissions liées à l’agriculture et à l’alimen-
tation. En outre, c’est aussi là qu’ont lieu la plupart des
pertes et des déchets de denrées alimentaires, qui, si on
pouvait les empêcher, contribueraient à la réduction des
gaz à effet de serre.
C o n c l u s i o n s e t p e r s p e c t i v e s
Du côté de la production, des mesures dans le domaine
des intrants et de la consommation d’énergie seraient
relativement faciles à mettre en pratique. Mais le volume
d’émissions est trop faible pour en attendre des réduc-
tions d’envergure. Si l’on se limite par contre au grand
domaine de la production agricole directe et de l’UTCATF,
les possibilités techniques de réduction des émissions
sont très restreintes. Les processus biochimiques dans la
production animale et végétale sont étroitement imbri-
qués les uns dans les autres et difficilement influençables.
D’autre part, certaines mesures isolées ne conduisent
souvent qu’à un simple déplacement des émissions ou
entraînent des effets secondaires indésirables. Les straté-
gies supérieures qui visent une augmentation de l’effi-
cience (p. ex. augmentation de l’efficience de l’azote)
sont nettement plus prometteuses, car premièrement,
elles agissent sur l’ensemble de la filière et deuxième-
ment, elles entraînent également des réductions dans le
domaine des intrants et de l’énergie.
Tandis que les stratégies établies dans la perspective
de la production visent essentiellement à augmenter
l’efficience de la production de plus gros volumes, la
perspective de la consommation inclut également le
comportement des consommatrices et des consomma-
teurs ainsi la composition du panier de la ménagère,
c’est-à-dire les moteurs fondamentaux des émissions.
Les produits animaux qui émettent beaucoup de gaz à
effet de serre jouent un rôle clé. Par conséquent, le pas-
sage à une alimentation de plus en plus végétarienne
serait extrêmement prometteur, d’une part à cause du
grand volume d’émissions de la production animale et
d’autre part, parce que les effets se font sentir dans tous
les domaines de la chaîne alimentaire (cf. p. ex. Stehfest
et al. 2009, Popp et al. 2010, Smith et Gregory 2013).
Avec la mesure «Alimentation plus respectueuse des res-
sources naturelles» du plan d’action Economie verte et
les enseignements tirés du Programme national de
recherche «Alimentation saine et production alimen-
taire durable» (PNR 69), des efforts sont faits pour pré-
senter plus concrètement le potentiel d’amélioration de
l’alimentation sur le plan écologique et pour mieux
l’exploiter. n
Domaine cible Emissions
Domaine cible production
Production dedenrées alimentaires
Emissions perspectiveproduction
Emissions perspective consommation
75
80
85
90
95
100
105
110
115
120
1990
1995
2000
2005
2010
2015
2020
Indi
ce 1
990
= 1
00 %
Figure 5 | Evolution des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse (perspective de la consommation) ainsi que de la production agricole et des émissions associées (perspective de la production). Les surfaces en couleur correspondent aux objectifs cibles de la «Straté-gie Climat pour l’agriculture».
465
Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014
Evoluzione delle emissioni di gas serra nella
filiera agroalimentare svizzera
La filiera agroalimentare rappresenta una fonte
significativa di emissioni di gas serra. Gli
inventari delle emissioni sono alla base delle
strategie di riduzione e dei controlli degli
effetti. Finora, tuttavia, i tentativi di bilancia-
mento sono stati spesso caratterizzati da
limitati punti di vista settoriali. Nel presente
studio, le emissioni derivanti dalla filiera
agroalimentare svizzera vengono considerate
con un approccio integrale dalla prospettiva sia
della produzione sia del consumo. Mentre, dal
punto di vista della produzione, le emissioni si
sono leggermente ridotte nonostante la
crescita in termini di output, dal 1990 i gas
serra derivanti dalla filiera agroalimentare sono
aumentati complessivamente del 15 per cento.
La causa principale è costituita dalle importa-
zioni di alimenti, che dal 1990 sono aumentate
di un buon 70 per cento. I risultati rivelano un
notevole divario di obiettivi tra le prescrizioni
della «Strategia sul clima per l'agricoltura» e
l'evoluzione delle emissioni basate sui consumi.
Le più importanti opzioni di intervento sono la
promozione di un'alimentazione rispettosa
dell'ambiente, ma anche l'incremento dell'effi-
cienza in tutti i settori produttivi.
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l’intention de l’Office fédéral de la statistique (OFS), Neuchâtel.
Development of greenhouse gas emissions
in the Swiss agriculture and food sector
The agriculture and food sector is a major
contributor to greenhouse gas emissions.
Emission inventories serve as a basis for
reduction strategies and the respective impact
assessments. To date however, efforts at
assessment have frequently been character-
ised by limited sector perspectives. Adopting
an integral approach, the present study
reviews emissions from the Swiss agriculture
and food sector from the perspectives of both
production and consumption. Whereas
emissions from the production perspective fell
slightly in spite of rising output, greenhouse
gas emissions from the total agriculture and
food sector have risen by a total of 15 % since
1990. The main reason for this is food
imports, which have increased by more than
70 % since 1990. The results reveal a consider-
able gap between the goals of the «Climate
Strategy for Agriculture» and the trend of
consumption-based emissions. The main
options for action are the promotion of a
climate-friendly diet and the increase of
efficiency in all areas of production.
Key words: greenhouse gas emissions, food
system, agriculture, food consumption.
466 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
Jusqu’en 1974, Fusarium nivale (aujourd’hui dans le genre
Microdochium), l’agent pathogène de la pourriture des
neiges qui ne forme aucune mycotoxine, était l’espèce de
loin la plus répandue (Häni 1977). Dans 86 % des échantil-
lons de blé, on observait une infestation par Microdo-
chium de 1 % ou plus. En moyenne, 13 % des grains étaient
infestés (tabl. 1). Les fusaries pures ne jouaient qu’un rôle
secondaire et FG n’était identifié que dans 6 % des échan-
tillons. En moyenne, seuls 0,1 % des grains étaient infestés
par FG. C’est pourquoi on n’accordait alors qu’une faible
importance aux fusaries, mais aussi parce qu’on ne parlait
presque pas des mycotoxines à l’époque. A l’exception de
F. poae, les chiffres des infestations n’ont pratiquement
pas varié dans un autre monitoring réalisé de 1991–1999.
I n t r o d u c t i o n
Importance et présence des espèces de Fusarium
Les champignons Fusarium font partie des principaux
agents pathogènes dans les cultures de céréales. Les
fusaries sont redoutées non seulement pour les pertes
de récolte et de qualité qu’elles causent, mais aussi et
surtout pour les substances toxiques qu’elles produisent,
appelées mycotoxines. L’espèce de Fusarium dominante
dans le blé est Fusarium graminearum (FG). Elle forme
les mycotoxines déoxynivalénol (DON), nivalénol (NIV) et
zéaralénone (ZEA), qui entraînent une faiblesse du sys-
tème immunitaire, une réduction de l’alimentation ou
des troubles de la fécondité.
Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du bléHans-Rudolf Forrer1, Tomke Musa1, Fabienne Schwab2, Eveline Jenny1, Thomas D. Bucheli1, Felix E. Wettstein1,
Keqiang Cao3 et Susanne Vogelgsang1
1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Duke University, Center for the Environmental Implications of Nanotechnology, Durham, NC 27708, USA3Agricultural University of Hebei, College of Plant Protection, Baoding 071001, Chine
Renseignements: Hans-Rudolf Forrer, e-mail: [email protected]
Les plantes médicinales agissent aussi contre les fusaries: écorce de bourdaine (Fran-gula alnus), racines de rhubarbe (Rheum palmatum) et farine de galle chinoise (Galla chinensis) avec galle du chêne (G. legnosa). (Photo: Hans-Rudolf Forrer, Agroscope)
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Ecorce de bourdaine Frangula alnus
Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale
467
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
Ces dernières années, l’importance des
fusaries et de leurs toxines a fortement
augmenté dans le blé. Les plantes médici-
nales pourraient être un moyen de lutte
écologique. Des suspensions de Galla
chinensis (galle chinoise) et d’acide tannique
ont inhibé la germination des spores et la
croissance du mycélium de Fusarium
graminearum in vitro de 75 à 100 %. En
chambres climatisées avec du blé «Apogee»
infecté de manière artificielle, des traite-
ments à l’acide tannique, à base de
G. chinensis et de Rheum palmatum (rhu-
barbe chinoise) ont réduit la teneur des
grains en déoxynivalénol (DON) de 67 à 81 %.
Bien qu’elle n’ait donné aucun résultat ni
in vitro ni en chambre climatique, l’écorce de
bourdaine (Frangula alnus) a réduit la teneur
en DON de 60 % lors d’essais sur le terrain
avec deux variétés de blé d’automne. L’effet
également élevé de l’acide tannique et de
G. chinensis peut s’expliquer par la toxicité
fongique. Nous expliquons l’effet de F. alnus
par une induction de résistance. Nous avons
pu montrer pour la première fois que des
substances végétales pouvaient offrir une
vraie alternative à l’utilisation de fongicides
de synthèse dans la lutte contre les fusaries
du blé.
2007–2010: 60 fois plus de F. graminearum
Avec l’importance croissante de la sécurité des denrées
alimentaires et des aliments pour animaux, la surveil-
lance des mycotoxines ainsi que des rapports mention-
nant leur augmentation dans le monde, les fusaries dans
les céréales occupent désormais le devant de la scène. Le
dernier monitoring suisse du blé de 2007–2010 montre
que ceci était justifié: 76 % des échantillons étaient
infestés par FG et en moyenne 6 % des grains de blé
étaient infestés (résultats non publiés).
La teneur moyenne en DON de ces échantillons s’éle-
vait à 0,65 ppm (mg/kg) et 17 % des échantillons dépas-
saient la valeur limite de 1,250 ppm pour les céréales
non transformées. Comment expliquer l’augmentation
en flèche de l’infestation par FG et donc la charge en
DON? Les monitorings du blé ont montré que les pro-
blèmes de FG et de DON survenaient généralement là
où le blé faisait suite à des cultures de maïs mises en
place par semis direct ou avec un travail du sol minimal.
Avec ces techniques, les restes des plantes de maïs, sou-
vent atteintes de FG, demeurent à la surface du sol. Le
champignon FG hiverne dans les restes de maïs et forme
des fructifications au début du printemps avec des
ascospores qui infectent le blé à la floraison. La forte
augmentation des problèmes causés par FG peut s’expli-
quer par le fait que de 1960 à aujourd’hui, les cultures de
maïs en Suisse sont passées de moins de 5000 ha à plus
de 60 000 ha, et que ces vingt dernières années, la ten-
dance a été de ménager le sol et de renoncer au labour.
Facteurs de risques: maïs et protection du sol
Le développement très important des infestations par
FG entre 1991–1999 et 2007–2010 est sans doute dû à
l’extension des cultures sans labour, à la mise en place
croissante de variétés de blé sensibles à FG, ainsi qu’au
fort recul de la variété de blé Arina, qui possède des
résistances uniques à FG. Tandis qu’Arina représentait
plus de 80 % de la surface cultivée en blé dans les années
1980 et en représentait encore plus de 60 % dans la
période 1991–1999, ce pourcentage a chuté à moins de
10 % aujourd’hui.
PériodeNombre
d’échantillonsMicrodo-
chium spp.F. gramin–earum (FG)
F. poae(FP)
F. avenaceum (FA)
F. culmo-rum (FC)
F. crookwell-ense (FCr)
1971–1974a 101 12,8 (86) 0,1 ( 6) 0,2 (15) 0,4 (30) 0,2 (13) –
1991–1999b 550 10,1 ( – ) 0,3 ( – ) 1,1 ( – ) 0,2 ( – ) 0,1 ( – ) –
2007–2010c 527 12,7 (90) 6,0 (76) 1,9 (60) 0,9 (38) 0,1 ( 7) 0,1 ( 9)
a) Häni 1977, b) Schachermayr et Fried 2000, c) Vogelgsang et al., en production.
Tableau 1 | Infestation par Fusarium des grains de blé d’automne en 1971–1974, 1991–1999 et 2007–2010 (moyennes de tous les grains avec infestation en %, entre parenthèses % des échantillons de blé avec au moins 1 % d’infestation; –: pas d’indication)
Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé
468
120
100
80
60
40
20
0
TA 0,
1 %TA
1 %
GC 0,1 %
GC 1 %
RP 0,
2 %RP
1 %
FA 0,
2 %FA
1 %
cd d bc cd ab abc a abc
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
Connaissant la problématique, la vulgarisation a
conseillé soit de ne pas planter de blé à la suite du maïs,
soit de broyer les restes de maïs et de les enfouir dans le
sol (Blum et al. 2011).
En termes de surfaces, le blé et le maïs sont les prin-
cipales grandes cultures. C’est pourquoi il est n’est pas si
simple de les séparer dans les rotations. D’un point de
vue économique et compte tenu de la protection du sol,
le retour au labour serait lui aussi problématique. La
question FG/DON reste donc un problème d’actualité.
Les cultures conventionnelles quant à elles ont souvent
recours aux fongicides de synthèse.
Dans les cultures bio, le risque d’une infestation par
FG est moindre que dans les autres formes culturales du
fait de l’emploi plus fréquent de la charrue. Avec l’aug-
mentation des cultures de maïs et la tendance à un tra-
vail plus respectueux du sol, le risque de voir les charges
en toxines augmentées s’accroît ici aussi. C’est pourquoi
de 2003 à 2005, nous avons testé l’adéquation d’antago-
nistes, de plantes médicinales et de stimulateurs des
défenses naturelles dans la lutte contre le Fusarium, tout
comme nous l’avions fait pour remplacer le cuivre dans
la lutte contre le mildiou de la pomme de terre (Dorn et
al. 2007). Des résultats prometteurs ayant été obtenus
avec les plantes médicinales, nous nous limiterons à ces
dernières dans cet article.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Sélection de pathogènes et de plantes médicinales
Dans nos essais, nous avons utilisé trois isolats de F. gra-
minearum (FG) et un isolat de F. crookwellense (FCr),
obtenus à partir de grains de blé provenant de diffé-
rentes régions du Plateau. Les conditions de culture et
de multiplication des fusaries sont décrites dans Forrer et
al. (2014).
Les effets du matériel végétal suivant ont été étu-
diés: farine de galle chinoise (Galla chinensis: GC), de
racines de rhubarbe chinoise (Rheum palmatum: RP) et
d’écorce de bourdaine (Frangula alnus: FA). La farine
GC a donné de bons résultats contre M. majus, l’agent
pathogène de la pourriture des neiges des céréales, et
la farine de FA, de GC et de RP contre Phytophthora
infestans dans les pommes de terre (Vogelgsang et al.
2013; Hu et al. 2009; Krebs et al. 2007). Ces produits
végétaux contiennent tous des tannins et d’autres
substances phénoliques ayant des effets antibiotiques
et antioxydants, qui ont trouvé leur application dans la
médecine ou la diététique. Comme GC contient près de
70 % d’acide tannique (tannic acid: TA), nous étudions
également dans nos essais ce polyphénol végétal à
masse moléculaire élevée. Le fongicide de synthèse
Pronto Plus® (principes actifs tébuconazole et spiroxa-
Figure 1 | Influence des suspensions d’acide tannique (TA), Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus®
(PrP) sur la germination des spores (à gauche) et la croissance du mycélium (à droite) de Fusarium graminearum (FG0407); PrP non représenté pour la croissance du mycélium car complètement inhibé avec 0,1 %. Moyennes avec erreurs standards (germination des spores) ainsi que box-plots avec valeurs médianes, max. et min. (croissance du mycélium, les traitements avec des lettres semblables ne se distinguent pas statisti-quement, rang ANOVA avec test de Dunn, p < 0,05). Les données sont représentées par comparaison (%) aux valeurs des procédés témoins.
% croissance du mycélium
% concentration
0
20
40
60
80
100
0,01 0,1 1 10
PrP
TA
GC
RP
FA
% germination des spores
Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale
469Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
pourquoi, seul un isolat FG a été utilisé dans les essais in
vitro. Avec Pronto Plus® (PrP) et des suspensions d’acide
tannique (TA) et de galle chinoise (GC), des concentra-
tions de 0,2 % et de 1 % ont suffi à empêcher totalement
la germination. Avec la rhubarbe chinoise (RP) et l’écorce
de bourdaine (FA) par contre, même des suspensions à
10 % (fig. 1) n’y sont pas parvenues. La situation était
similaire en ce qui concerne la croissance du mycélium:
tandis que PrP inhibait totalement la croissance du mycé-
lium dès une concentration de 0,2 %, des suspensions de
mine) a également fait partie des tests à titre de réfé-
rence pour l’efficacité des produits végétaux (Forrer et
al. 2014).
Tests: laboratoire, chambre climatisée et champ
L’effet des produits végétaux sur la germination des
spores et la croissance du mycélium de FG a été étudié in
vitro en laboratoire. Au cours d’essais en chambre climati-
sée avec des infections artificielles au Fusarium (spores de
FG/FCr en suspensions au moment de la floraison) du blé
de printemps «Apogee» (Bugbee et Koerner 1997), les
chercheurs ont étudié l’effet sur l’infestation des épis et la
contamination des grains par la mycotoxine DON. De
2006 à 2010, des essais sur le terrain ont été effectués avec
les variétés de blé «Runal» et «Levis» infectées de manière
artificielle par des suspensions de spores, comme en
chambre climatique. Enfin, en 2010, un essai sur le terrain
a été réalisé avec des infections semi-naturelles au Fusa-
rium. Nous avions en effet répandu de la paille de maïs
contaminée par FG/FCr sur la parcelle d’essai en novembre
2009. Dans les essais avec des infections artificielles, des
suspensions de produits végétaux à 5 % ont été appli-
quées un jour avant et/ou après l’infection. Dans l’essai en
plein champ, avec des infections semi-naturelles, les trai-
tements ont eu lieu avant et/ou après une période d’in-
fection FusaProg pendant la floraison (Musa et al. 2007;
www.fusaprog.ch). Les procédés, les méthodes d’analyses
et de statistique sont décrits dans Forrer et al. (2014).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Effet in vitro des plantes médicinales
La germination des spores de l’isolat de F. crookwellense
(FCr) et des trois isolats de F. graminearum (FG) a été
inhibée de la même manière par l’acide tannique. C’est
0 10 20 30 40 50 60 70 80
témoin
1
témoin
2
TA av
. inf.
TA ap
. inf.
PrP av
. inf.
0 25 50 75
100 125 150 175 200
% d’infestation (épi) ppm déoxynivalénol (DON)
a a ab ab b ab a c a a abc bcd d bcd cd ab e
TA av
. et a
p. inf
.
GC av. e
t ap.
inf.
RP av.
et ap
. inf.
FA av
. et a
p. inf
.
TA av
. inf.
TA ap
. inf.
PrP av
. inf.
TA av
. et a
p. inf
.
GC av. e
t ap.
inf.
RP av.
et ap
. inf.
FA av
. et a
p. inf
.
témoin
1
témoin
2
Figure 2 | Essais en chambre climatisée: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) avec infection artificielle par Fusarium graminearum du blé de printemps «Apogee» sur l’infestation des épis (surface en %) et sur la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Abréviations: tém. 1 et 2: témoins avec application d’eau du robinet normale et acidifiée à pH 4,0; av. inf., ap. inf. et av. & ap. inf.: Application avant (av), après (ap) et avant et ap-rès (av.& ap.) l’infection (inf.). Moyennes avec erreurs standards de deux répétitions d’essais. Les procédés marqués des mêmes lettres ne présentaient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05).
Figure 3 | Essai en chambre climatique: matrice du diagramme de dis-persion qui illustre les rapports entre le rendement, le poids de mille grains (PMG), l’infestation des épis et la teneur en DON du blé Apogee lors des essais en chambres climatisées. Les chiffres dans les cases correspondent aux coefficients de corrélation de Spearman; le secteur avec des valeurs absolues supérieures à 0,9 est mis en évidence.
Rendement
PMG
Infestation
DON
0,66 -0,74 -0,64
0,66 -0,92 -0,93
-0,74 -0,92
-0,95
-0,64 -0,93 0,95
Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé
470 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
1 % des produits végétaux GC et TA ont permis d’obtenir
des réductions de croissance de 80–85 % (RP: 10 %). Avec
FA, il n’a pas été possible de mesurer une inhibition sta-
tistiquement significative. Les essais ont montré que TA
et GC avaient de bons effets inhibiteurs sur les champi-
gnons, néanmoins dix fois inférieurs à ceux du fongicide.
RP avait également un faible potentiel inhibiteur, mais
pas FA. Des résultats semblables ont été obtenus in vitro
avec GC et M. majus, le champignon responsable de la
pourriture des neiges (Vogelgsang et al. 2013).
Essai avec la variété de blé «Apogee»
Comme les suspensions de TA et de GC avaient un pH de
près de 4,0, nous avons mis en place deux procédés
témoins à l’eau du robinet – l’un d’entre eux avec de
l’eau acidifiée jusqu’à atteindre un pH de 4,0. Les épis
des deux procédés témoins affichaient environ 60 % de
surface infestée en moyenne des deux séries d’essais et
des procédés et la teneur en DON des grains Apogee
s’élevait à plus de 125 ppm (mg/kg). Comme dans les
tests in vitro, PrP a eu le plus fort effet inhibiteur sur
l’infestation et a réduit la contamination en DON de
98 %. Pour les produits végétaux, le TA appliqué avant et
après l’infection a réduit l’infestation de manière statis-
tiquement significative de 80 %. Tous les produits végé-
taux, à l’exception de FA et d’un procédé TA (traitement
uniquement avant l’infection), ont réduit la teneur en
DON de manière significative de 67–80 % (fig. 2).
Comme le montre la matrice du diagramme de dis-
persion des données de mesures des essais réalisés en
chambres climatisées avec «Apogee», des relations très
étroites ont été observées entre l’infestation des épis,
les poids de mille grains et la teneur en DON des grains,
avec des coefficients de corrélation absolues de plus de
0,90 (fig. 3).
Les résultats présentent une forte corrélation avec
ceux des expériences in vitro: un excellent effet de PrP,
suivi de TA, GC et RP, mais aucun effet de FA.
Essais sur le terrain avec des infections artificielles
De 2006 à 2010, les effets de TA, GC et FA ont été étudiés
dans le cadre d’essais en plein champ avec des infections
artificielles provoquées par des suspensions à base de
spores de FG et FCr. Pour des raisons de ressources, RP
n’a pas été testée. Le résultat de l’infection dans les
essais en plein champ dépend de divers facteurs externes,
comme le développement de la plante hôte et les condi-
tions météorologiques au moment de l’infection. La
figure 4 montre comment l’infestation et le rendement
ont évolué au fil des ans. En dépit de différences marquées entre les années,
des corrélations étroites hautement significatives
(p < 0,001) ont été observées entre les valeurs de
mesures (Spearman, n = 227): –0,806 entre l’infestation
et le rendement, –0,840 entre le rendement et la
teneur en DON, et 0,899 entre la teneur en DON et en
NIV. Hormis FA, qui a donné des effets aussi bons sur le
terrain que TA et GC, les résultats obtenus correspon-
daient à ceux des essais in vitro et en chambres climati-
sées. Il est également intéressant de constater que PrP
à l’exception du rendement, n’a pas eu de meilleurs
résultats, statistiquement parlant, que les produits
végétaux (fig. 5).
Avec PrP, le rendement était en moyenne de 37 % et
avec les produits végétaux de 13–23 % (TA) supérieur à
celui du témoin. Le rendement plus élevé obtenu avec
PrP peut en partie être expliqué par le large spectre
d’efficacité de ce fongicide dans le cas de maladies des
feuilles et des épis. Les bons résultats de FA non toxique
pour les champignons ne peuvent s’expliquer que par
l’induction de mécanismes de résistance, c’est-à-dire
l’élicitation de défenses immunitaires propres à la
plante. Une induction de résistance par FA a également
été identifiée dans des essais contre le mildiou de la
vigne (Gindro et al. 2007).
Figure 4 | Essais en plein champ: infestation de Fusarium et rende-ment de deux variétés de blé («Runal» et «Levis», six procédés, cf. fig. 5) et infections artificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006–2010. Les boxplots avec médiane com-prennent les données des deux variétés et de tous les procédés. Les boxplots, qui se caractérisent par les mêmes lettres, ne présen-taient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05); 2007 n’a pas été prise en compte dans la comparai-son des années, car seuls cinq procédés ont été testés.
2006 2008 2009 2010
2006 2007 2008 2009 2010
50
40
30
20
10
0
8
6
4
2
0
% d’infestation des épis
rendement (t/ha)
2007
a – b d c
a – b c a
Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale
471Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
les 6–7 juin. Conformément au classement dans la liste
des variétés de céréales recommandées par Agroscope
(www.swissgranum.ch), nous avons mesuré un rende-
ment plus élevé de 25 % pour «Levis» (catégorie I) par
rapport à «Runal» (catégorie supérieure). La résistance
Essai sur le terrain avec des infections semi-naturelles
Dans cet essai réalisé en 2010, le système de prévision
FusaProg (Fusarium et DON) a été utilisé pour détermi-
ner la période d’application des produits (Musa et al.
2007). FusaProg indiquait des périodes d’infection pour
Figure 5 | Essais en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» avec des infections artificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006 et 2008–2010: influence des suspen-sions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur l’infestation des épis par Fusarium, le rendement du blé, la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON) et en nivalénol (NIV). Moyennes avec erreurs standards de 4 essais avec 2 variétés et 4 répétitions. Abréviations et statistiques comme dans fig. 2.
01234567
t/ha Runal
01234567
t/ha Levis
0
2
4
6
8
Témoin
TA(1)
TA(2)
GC(1)
GC(2)
FA(1)
FA(2)
PrP(1)
ppm DON Runal
0
2
4
6
8
10
Témoin
TA(1)
TA(2)
GC(1)
GC(2)
FA(1)
FA(2)
PrP(1)
ppm DON Levisdifférences non significatives, p=0,118 a ab ab ab ab ab ab b
a b bc b bc bc bc ca bc bc a b bc ab c
10
Figure 6 | Essai en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» et infections semi-natu-relles par Fusarium causées par les chaumes de maïs: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur le rendement du blé et la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Moyennes avec erreurs standards de 4 répétitions. Abréviations: (1) Applications le 7.6.2010, (2) le 7.6.2010 et le 8.6.2010; lettre sous les colonnes comme dans fig. 2.
0,0 2,5 5,0 7,5
10,0 12,5 15,0 17,5 20,0
Témoin
TA av
. inf.
% d’infestation des épis
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0 t/ha rendement
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0 ppm DON
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5 ppm NIV
a b bc b bc c a b b b b c
a b c bc bc c a b cd bc cd d
TA av
. et
ap. in
f. GC av
. et
ap. in
f. FA av
. et
ap. in
f.
PrP av
. inf.
Témoin
TA av
. inf.
TA av
. et
ap. in
f. GC av
. et
ap. in
f. FA av
. et
ap. in
f.
PrP av
. inf.
Témoin
TA av
. inf.
TA av
. et
ap. in
f. GC av
. et
ap. in
f. FA av
. et
ap. in
f.
PrP av
. inf.
Témoin
TA av
. inf.
TA av
. et
ap. in
f. GC av
. et
ap. in
f. FA av
. et
ap. in
f.
PrP av
. inf.
472
Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
aux fusarioses des épis est classée comme moyenne pour
«Runal» et comme «moyenne à faible» pour «Levis».
Dans les échantillons du procédé témoin «Runal», nous
avons mesuré 3,7 mg/kg (ppm) resp. 8,5 mg/kg DON avec
«Levis». Ces contaminations en DON correspondent bien
aux valeurs relevées dans la pratique pour du blé semé
directement après du maïs (Vogelgsang et al. 2011).
Comme dans les essais en plein champ avec infec-
tions artificielles, l’effet des produits végétaux sur les
infections semi-naturelles était bon à très bon. Sur la
moyenne des deux variétés et dans le cas d’un et de deux
traitements, la teneur en DON a été réduite de 54 %
resp. 70 % avec TA, de 27 % resp. 54 % avec GC et de 59 %
resp. 55 % avec FA (fig. 6). Les fongicides à base de Tria-
zoles ont également permis d’obtenir des réductions de
DON de 50 % (Forrer et al. 2000) resp. 60 % (Edwards et
al. 2010) en Suisse et en Grande-Bretagne. Dans cet essai,
PrP a réduit la teneur en DON du blé de 87 %, ce qui
devrait venir du choix de la période de traitement opti-
male grâce à FusaProg.
Comme dans les essais en plein champ avec infection
artificielle, l’efficacité de FA était très bonne ici aussi.
Notre supposition selon laquelle FA induit des résis-
tances sur «Runal» et «Levis» en a été renforcée. Le fait
qu’une deuxième application de FA n’apporte pas
d’amélioration, comme c’est le cas avec les produits
végétaux toxiques pour les champignons comme TA et
GC, est un indice supplémentaire qui confirme cette
hypothèse. L’écorce de bourdaine a également donné
de bons résultats en ce qui concerne le rendement,
qu’elle a amélioré en moyenne de 10 % par rapport au
témoin (PrP: 22 %). Le fait que FA ne soit pas passé der-
rière TA (9 %) pour le rendement montre que l’induction
des résistances et la production des agents inhibitrices
ne se font pas au détriment du rendement. Une ques-
tion demeurait néanmoins encore en suspens: pourquoi
FA n’avait-elle aucune influence sur l’infestation par le
Fusarium et la teneur en DON dans les essais avec «Apo-
gee»? La réponse est peut-être qu’«Apogee» ne dispose
pas de locus de caractères quantitatifs (quantitative trait
locus = région d’un chromosome qui a une influence sur
le développement d’un critère phénotypique quantita-
tif) du chromosome 3BS, important pour la résistance au
Fusarium. Ce manque de résistance n’a pas d’importance
pour «Apogee», car la variété était destinée à la produc-
tion de blé dans les stations spatiales (Bugbee et Koerner
1997).
C o n c l u s i o n s
Ces essais montrent que l’induction de résistance à l’aide
d’écorce de bourdaine (FA) constitue un bon moyen de
réguler les fusaries et de réduire le risque des myco-
toxines dans les cultures de blé bio. Cela pourrait égale-
ment être une alternative à l’utilisation des fongicides
appliqués sur les épis dans la production intégrée. Pour
ces deux systèmes culturaux, l’acide tannique agissant
directement de manière toxique sur les champignons
(TA) ainsi que la galle chinoise (GC), qui a donné des
résultats semblables à ceux de FA, pourraient également
convenir. Quel que soit le produit, il est décisif de l’appli-
quer de manière ciblée en fonction du stade de crois-
sance du blé et du risque d’infection. On peut supposer
qu’en appliquant l’inducteur de résistance FA au début
de la floraison, suivi d’une application de TA ou de GC
peu avant ou juste après la période d’infection, les résul-
tats seront encore meilleurs qu’avec les fongicides tradi-
tionnels. Pour que FA puisse être employé de manière
optimale, il est important de tester la réaction des prin-
cipales variétés à FA et d’en savoir plus sur le spectre et
la dynamique de production des substances induites.
Ceci permettrait également de savoir si des substances
utiles à la diététique sont également formées en cas
d’utilisation de FA (Forrer et al. 2014) �n
473
Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014
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Rabarbaro, frangola e tnnine contro le infezioni
da Fusarium e le micotossine nel frumento
Negli ultimi anni la presenza nel frumento dei
funghi del genere Fusarium e delle loro tossine
è aumentata notevolmente. I Fusarium possono
essere contrastati in modo naturale con piante
medicinali, come dimostra questo studio:
sospensioni ricavate dalla Galla chinensis e
dall'acido tannico hanno inibito del 75–100 per
cento la germinazione delle spore e la crescita
del micelio del Fusarium graminearum in vitro.
In esperimenti condotti in camera climatica con
la varietà «Apogee» infettato artificialmente, i
trattamenti con acido tannico, G. chinensis e
Rheum palmatum (rabarbaro cinese) hanno
ridotto del 67–81 per cento il contenuto di
deossinivalenolo (DON) nei chicchi. La corteccia
della frangola (Frangula alnus) non ha dato
alcun effetto né in vitro né nella camera
climatica, mentre nelle prove sul campo con due
varietà di frumento il contenuto di DON è stato
ridotto del 60 per cento. L'effetto positivo sia
dell'acido tannico che della G. chinensis si
spiega con la tossicità del fungo, mentre quello
della F. alnus lo imputiamo all'induzione di
resistenza. Per la prima volta siamo riusciti a
dimostrare che le sostanze vegetali costitui-
scono una reale alternativa all'uso di fungicidi
nella lotta contro i Fusarium nel frumento.
Control of Fusarium fungi and mycotoxins in wheat
with rhubarb, alder buckthorn and tannins
During the past few years, the importance of
Fusarium fungi and their toxins in wheat has
increased significantly. This study demonstrated that
fusaria can be controlled organically with medicinal
plants: Suspensions of Galla chinensis and tannic acid
inhibited spore germination and mycelial growth of
Fusarium graminearum in vitro by 75 to 100 %. In
climate chamber experiments with artificially
infected «Apogee» wheat, treatments with tannic
acid, G. chinensis (Chinese galls) and Rheum palma
tum (Chinese rhubarb) reduced the deoxynivalenol
(DON) content in grains by 67 to 81 %. Although the
bark of alder buckthorn (Frangula alnus) showed no
effect either in vitro or in the climate chamber, it
reduced the DON content of two winter-wheat
varieties by 60 % under field conditions. The good
efficacy of tannic acid and G. chinensis can be
explained by fungal toxicity, whereas that of F. alnus
can be explained by resistance induction. This is the
first time, that plant compounds proved to be a true
alternative to synthetic fungicides for controlling
Fusarium fungi in wheat.
Key words: botanical, Fusarium graminearum,
induced resistance, mycotoxin, wheat.
474 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
agricoles contribue encore à la propagation de cette
adventice. Souvent, on manque de temps pour nettoyer
les machines et les outils à fond. Parfois aussi, les produc-
teurs/productrices n’ont pas conscience du problème. En
outre, il est difficile, voire impossible, de nettoyer les
machines comme les récolteuses totales de betteraves à
sucre dans un laps de temps acceptable (pointes de tra-
vail, dépendance par rapport aux conditions météorolo-
giques, nécessité économique d’exploiter au mieux les
machines). Les autres facteurs de propagation du sou-
chet comestible sont par exemple les plants, les résidus
de récolte, la terre adhérente, les boues de lavage ou les
fragments de sol provenant des régions touchées (Keller
et al. 2013; Bohren et Wirth 2013). Il suffit de peu de
tubercules, en théorie un seul, pour coloniser une nou-
velle surface. En une saison de végétation, un seul
I n t r o d u c t i o n
Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) fait partie
des adventices les plus problématiques et les plus redou-
tées au monde (Bryson et Carter 2008). Il est apparu pour
la première fois en Suisse, il y a environ 30 ans. Entre-
temps, il s’est beaucoup répandu et est devenu un pro-
blème dans les exploitations maraîchères, mais aussi
dans les exploitations de grandes cultures (Keller et al.
2013). Le souchet comestible se multiplie par voie végé-
tative par l’intermédiaire de tubercules dans le sol (Stol-
ler et Sweet 1987). Ils se disséminent facilement dans
d’autres surfaces, exploitations et régions, via les outils
de travail du sol, les machines et notamment les machines
de récolte. La tendance à déléguer un nombre de plus en
plus grand d’opérations à des entreprises de travaux
La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestibleMartina Keller, René Total, Jürgen Krauss et Reto Neuweiler
Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Martina Keller, e-mail: [email protected]
Figure 1 | Les fleurs de souchet comestible sont caractéristiques et faciles à reconnaître. Sur la par-celle, il est cependant primordial d’identifier le souchet comestible à des stades plus précoces de son développement.
La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale
475
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.)
est l’une des adventices les plus redoutées au
monde. Il constitue une menace de plus en
plus importante pour les exploitations de
grandes cultures et de cultures maraîchères
en Suisse. Il se multiplie et se répand par
l’intermédiaire de tubercules formés par voie
végétative. Il est aussi important d’empêcher
la propagation de ce fléau que de réduire la
pression d’infestation sur les parcelles
touchées. La culture du maïs sur plusieurs
années avec lutte intensive contre les
adventices est une stratégie prometteuse.
Des essais en plein champ ont été conduits
sur trois ans (2011–2013) dans des cultures de
maïs pour déterminer l’effet de différents
herbicides, de l’application fractionnée et de
la lutte mécanique sur le souchet comestible.
Les résultats ont montré qu’il fallait privilé-
gier l’application fractionnée par rapport à
l’application unique. S-Metolachlor, Benta-
zone, Rimsulfurone combinés avec Méso-
trione ont donné de bons résultats contre le
souchet comestible. S-Metolachlor combiné
avec des passages de la sarcleuse a réduit le
peuplement. Une application tardive en
pulvérisation sous-foliaire a permis de
réduire encore la pression d’infestation.
La culture du maïs avec pour objectif de
réduire la pression du souchet comestible
nécessite une lutte contre les adventices très
intense, bien au-delà des mesures habituelles.
«tubercule mère» peut ainsi engendrer plusieurs cen-
taines à plusieurs milliers de nouveaux tubercules (Boh-
ren et Wirth 2013). Lors des mesures ultérieures de tra-
vail du sol, le souchet comestible se dissémine sur toute
la surface et dans certaines circonstances également
dans d’autres parcelles. En Suisse, il existe des herbicides
(partiellement) efficaces contre le souchet comestible,
mais ils ne sont autorisés que dans certaines cultures. Si
les autres adventices sont éliminées avec succès par les
herbicides, le souchet comestible n’est plus en concur-
rence qu’avec la plante cultivée (Bryson et Carter 2008).
Dans les cultures peu compétitives, ceci peut conduire à
d’importantes pertes de rendement. De plus, le souchet
comestible est alors en mesure de se multiplier considé-
rablement dans ces cultures (Keeley 1987). La situation
est particulièrement précaire dans les cultures maraî-
chères, dans lesquelles une forte proportion de souchet
comestible peut entraîner une perte totale de la récolte
(comm. pers. L. Collet, Grangeneuve) et empêcher par la
suite la mise en place de certaines cultures. Mais même
dans les pommes de terre et les betteraves à sucre, des
peuplements denses de souchet comestible peuvent cau-
ser des pertes de rendement de 40 %, respectivement
60 % (relevé propre 2013). Dans ces cultures, le risque de
propagation est en outre très élevé, d’une région à
l’autre également. Compte tenu de ces éléments, il est particulière-
ment important d’empêcher la dissémination et d’en-
rayer la première infestation de manière conséquente
(plantes isolées, zones d’infestation localisées) (cf. Kel-
ler et al. 2013). Cependant, il faut encore trouver des
stratégies de lutte efficaces pour réduire ou tout au
moins stabiliser la pression du souchet comestible dans
les surfaces où l’infestation est déjà relativement
homogène et d’une ampleur moyenne à élevée. L’ob-
jectif à long terme devrait être d’assainir la surface et
d’éradiquer tout risque d’infection. Une stratégie de
lutte qui paraît prometteuse consiste à cultiver du
maïs sur plusieurs années. En effet, des herbicides
autorisés en Suisse dans les cultures de maïs ont une
certaine efficacité contre le souchet comestible et, de
plus, une lutte mécanique est également possible.
D’autre part, le maïs nécessite des conditions de germi-
nation similaires à celles du souchet comestible. Par
conséquent, en choisissant la date de semis, il est pos-
sible d’harmoniser l’application des herbicides par rap-
port au stade de développement du souchet comes-
tible. Après fermeture du peuplement, le maïs apporte
beaucoup d’ombre, pendant une longue période, ce
qui réduit la germination des autres plantes de sou-
chet comestible (Keeley 1987; Keller et al. 2013; Ano-
nyme 2014a).
Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible
476 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
Ce projet avait pour objectif d’étudier 1) l’effet de diffé-
rents herbicides en application unique et fractionnée; 2)
l’effet de mesures mécaniques, notamment en combi-
naison avec la lutte chimique et 3) l’effet de mesures de
lutte intensives contre le souchet comestible dans la
culture du maïs pendant plusieurs années. Il s’agissait de
trouver plusieurs possibilités de lutte efficaces, suscep-
tibles d’être utilisées immédiatement et à moyen terme
dans la pratique.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Trois essais en plein champ (A, B et C) ont été réalisés
dans la vallée du Rhin saint-galloise avec du maïs sur le
même site durant trois ans (2011 – 2013). Le sol était
composé d’argile limoneuse à forte teneur organique.
Les températures annuelles moyennes étaient de 11,7 °C
en 2011, de 10,2 °C en 2012 et de 9,5 °C en 2013. Les
précipitations annuelles s’élevaient à 1302 mm en 2011,
1322mm en 2012 et 1247 mm en 2013 (www.agrometeo,
station météorologique la plus proche du site d’essai).
Les essais ont été conçus sous forme de blocs complets
aléatoires, l’essai A comptait quatre répétions, B deux et
C trois. Dans les essais A et C, la taille des parcelles était
de 6 m × 10 m, dans l’essai B de 6 m × 20 m. L’essai A a
étudié l’effet de différents herbicides et de combinai-
sons d’herbicides en applications simple et fractionnée
(2 ×) (tabl. 1 et 2). Pour la comparaison entre application
simple et fractionnée, les parcelles ont été subdivisées
en parcelles secondaires (3a, 3b, 4a, 4b). L’essai B portait
sur les variantes de sarclage avec et sans lutte chimique.
L’essai C a testé les méthodes de lutte intensives avec
combinaisons d’herbicides et jusqu’à trois applications.
En 2011, les variantes 11 et 12 étaient identiques, car les
conditions météorologiques défavorables n’ont pas per-
mis une autre application de Bentazone dans la variante
12. Les variantes ont été adaptées après la première
année d’essai sur la base des résultats obtenus. Durant la
troisième année d’essai, les variantes ont été maintenues
à l’identique, sauf les variantes 12 et 14. Dans ces deux
variantes, Rimsulfurone et Mésotrione ont été appliqués
en mélange en post-levée lors du premier traitement.
Toutes les applications herbicides effectuées jusqu’au
BBCH 13 – 16 ont été pratiquées avec un pulvérisateur de
parcelle (Schachtner). Les conditions météorologiques
étaient très différentes durant les trois ans, de sorte que
les deux applications en post-levée n’ont pas pu être
effectuées à des stades de développement du maïs exac-
tement semblables. Les chercheurs ont veillé à ce que la
majorité des plantes de souchet ait au moins cinq feuilles
lors des applications. L’application tardive sous-foliaire
dans le maïs a été effectuée à l’aide d’un pulvérisateur
dorsal (Foxmotori.IT) au stade BBCH 63 (2011, 2012); et
au stade BBCH 39 (2013). La quantité d’eau était de 400
l/ha pour tous les traitements. Pour améliorer l’effet
mouillant sur les feuilles, on a utilisé 0,5 l/ha d’Exell
(2011) et 0,5 l/ha de Break-Thru (2012 et 2013) en post-
levée. La sarcleuse a été passée deux fois au stade BBCH
12 – 13 et encore une fois au stade BBCH 15 – 16 avec un
porte-outil (FOBRO-Mobil, Bärtschi-FOBRO AG).
L’efficacité des procédés a été évaluée de la façon
suivante: au début de l’essai au printemps 2011 et en
Description des variantes
Herbicides/ mécanique
Principe actif, dose d’application g/ha
Période d’intervention
(BBCH)
Essai A
1Témoin non
traité–
2_2011 Dual Gold S-Metolachlor, 1920 PRb
3a Callisto Mésotrione, 150 13
3b Callisto Mésotrione, 2 x 75 13,16
4a_2011 Dasul Nicosulfurone, 60 13
4b_2011 Dasul Nicosulfurone, 2 x 30 13, 16
5 Permit Halosulfurone-méthylea, 2 x 15 13, 16
Essai B
a Sarclage 13, 16
bDual Gold S-Metolachlor, 1920 IBSc
Sarclage 13, 16
c_2011
Dual Gold S-Metolachlor, 1920 PR
Sarclage 13, 16
Essai C
10_2011
Permit Halosulfurone-méthylea, 2 x 15 13, 16
Titus Rimsulfurone, 2 x 5 13, 16
Basagran Bentazone, 960 63
Callisto Mésotrione, 75 63
11_2011
Basagran Bentazone, 2 x 960 16, 63
Callisto Mésotrione, 75 63
12_2011
Basagran Bentazone, 2 x 960 16, 63
Callisto Mésotrione, 75 63
13_2011
Titus Rimsulfurone, 2 x 5 13, 16
Callisto Mésotrione, 3 x 75 13, 16, 63
Basagran Bentazone, 960 63
14_2011
Callisto Mésotrione, 150, 75 16, 63
Basagran Bentazone, 960 63aNon autorisé en Suisse bPrélevée cTraitement de pré-semis incorporé
Tableau 1 | Variantes d’essai 2011, herbicides, dose et période d’application
La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale
477Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
automne, quatre échantillons de sol ont été prélevés
(quatre carottes par parcelle, profondeur 0,2 m, volume
total 10 l, correspond environ à 0,05 m²). Les échantillons
ont été stockés au frais (env. 2 °C), puis placés dans des
pots en serre. Le nombre de tiges aériennes a été compté
au bout de quatre semaines (SCSerre).
L’évaluation s’est faite avec le programme de statis-
tique R (version 3.1.1). Pour l’évaluation des différentes
années, le SCSerre de l’année précédente a été inclus
comme co-variable dans le modèle. Cette méthode a
permis de prendre en compte les différents antécédents
des parcelles. Les essais ont été mis en valeur séparément.
L’effet de bloc a été modélisé comme étant fixe. Une
réduction du modèle a été opérée à l’aide du critère
d’information Akaike (Akaike information criterion, AIC)
en utilisant la fonction «step». Les moyennes ajustées
(least square means) ont été calculées avec le package
«lsmeans» de R.V. Lenth (2014). L’évolution du peuple-
ment de souchet comestible au fil des ans a été représen-
tée de manière descriptive pour les différentes variantes.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
L’envahissement d’une parcelle par les mauvaises herbes
est généralement hétérogène sur l’ensemble de la sur-
face (exemple: Nordmeyer et Zuk 2002; Gerhards et
Oebel 2006), notamment pour les espèces vivaces. La
Description des variantes
Herbicides / mécanique
Principe actif, g/haPériode
d’intervention (BBCH)
Essai A
1Témoin non
traité–
2Adengo
Isoxaflutole, 2 x 37,1 12-13, 15-16
Thiencarbazone, 2 x 14,85
12-13, 15-16
Cyprosulfamideb, 2 x 24,8
12-13, 15-16
Callisto Mésotrione, 2x75 12-13, 15-16
3a Callisto Mésotrione, 150 12-13
3b Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16
4a Adengo
Isoxaflutole, 74,2 12-13
Thiencarbazone, 29,7 12-13
Cyprosulfamideb, 49,6 12-13
4b Adengo
Isoxaflutole, 2 x 37,1 12-13, 15-16
Thiencarbazone, 2 x 14,85
12-13, 15-16
Cyprosulfamideb, 2 x 24,8
12-13, 15-16
5 PermitHalosulfurone-méthylea,
2x1512-13, 15-16
Essai B
a Sarclage 12-13, 15-16
bDual Gold S-Metolachlor, 1920 VSEc
sarclage 12-13, 15-16
c
Dual Gold S-Metolachlor , 1920 VSE
sarclage 12-13, 15-16
Basagran SG Bentazone, 960 63
Essai C
10Permit
Halosulfurone-méthyle, 2 x 15
12-13, 15-16
Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16
11Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16
Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16
12dTitus Rimsulfurone, 10 12-13
Callisto Mésotrione, 150 15-16
13
Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16
Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16
Basagran SG Bentazone, 960 63
14d
Titus Rimsulfurone, 10 12-13
Callisto Mésotrione, 150 15-16
Basagran SG Bentazone, 960 63aNon autorisé en Suisse bSafener cTraitement de présemis incorporé d En 2013, Titus et Callisto ont été appliqués sous forme de mélanges lors de la première
application dans ces deux variantes de l’essai.
Tableau 2 | Variantes d’essai 2012 et 2013, herbicides, dose et période d’application
1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes
Nom
bre
de p
ouss
es d
e so
uche
t com
estib
le
010
2030
4050
ab
a
abab
ab
b
a
Essai A(s)
Essai C(ns)
Essai B(ns)
Figure 2 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2011 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 1. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.
Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible
478 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
contamination de la surface d’essai par le souchet comes-
tible était elle aussi très variable, ce qui explique que
l’amplitude de variation des données était relativement
élevée. Au début de l’essai, on comptait environ neuf
pousses de souchets comestibles par pot. Cela corres-
pond environ à 180 pousses par m² avec une dispersion
de ±144 pousses par m² (SD). Par conséquent, des diffé-
rences significatives n’ont été observées que dans peu
de variantes. Il est néanmoins possible de dégager des
tendances.
Dans l’essai A, dans cinq cas sur six, le SCSerre était net-
tement plus bas dans les variantes avec application frac-
tionnée que dans la variante correspondante avec une
seule application (fig. 2; fig. 3 et fig. 4.; 3b versus 3a, 4b
versus 4a). En 2013, dans les échantillons de sol de par-
celles témoins non traitées (variante 1) placés en serre,
moins de souchets comestibles (SCSerre) ont germé par
rapport aux variantes avec herbicides comme 4a. Ce
résultat est dû à l’importante concurrence exercée par
les autres adventices, en particulier par le panic pied-de-
coq (Echinochloa crus-galli) et la renouée persicaire
(Polygonum persicaria). Cette pression très forte des
adventices qui s’étaient développées les années précé-
dentes sans lutte contre les mauvaises herbes, a eu un
effet très inhibiteur sur le souchet comestible. Bryson et
Carter (2008) ont déjà rapporté que le souchet comes-
tible n’avait pu s’établir par exemple dans le sud-est des
Etats-Unis qu’après l’introduction des herbicides et par
conséquent la disparition des autres adventices. Dans
notre essai, la perte de rendement dans la parcelle
témoin non traitée a augmenté jusqu’à 100 % en 2013.
Dans l’essai A, l’Halosulfurone-méthyle (variante 5) s’est
révélé le principe actif le plus efficace sur les trois ans
(par rapport au témoin) (fig. 2, fig. 3 et fig. 4). La valeur
relativement élevée du SCSerre en 2013 vient de la prise en
compte des antécédents de la parcelle, le SCSerre de l’an-
née précédente ayant été ajouté comme co-variable. Par
ailleurs, l’Halosulfurone-méthyle n’a pas été suffisam-
ment efficace contre le millet commun. Jusqu’en 2013,
ce dernier s’est multiplié de manière tellement massive
qu’il faisait une forte concurrence au souchet comes-
tible et à la culture. Au contraire, la variante 10 (Halosul-
furone-méthyle combiné à Rimsulfurone) dans l’essai C
était encore exempte d’adventices en 2013 et ne présen-
tait qu’une très faible proportion de souchet comestible.
Toutefois, l’Halosulfurone-méthyle n’est pas autorisé en
Suisse (www.blw.admin.ch; état août 2014). Dans l’es-
pace européen, l’Halosulfurone-méthyle est autorisé en
Italie, en Grèce et en Espagne pour les cultures de riz
(Anonyme 2014b-e).
Dans l’essai B, le SCSerre était nettement plus bas deux
années d’essais sur trois avec les variantes combinant
mesures chimiques et mécaniques qu’avec la lutte seule-
ment mécanique avec sarclage (fig. 2, fig. 3 et fig. 4;
variantes b et c versus a). Dans la variante avec sarclage
sans traitement supplémentaire aux herbicides, le souchet
comestible n’a pas pu être suffisamment éliminé, en parti-
culier dans les lignes. L’herbicide racinaire S-Metolachlor a
donné de bons résultats. Ce principe actif nécessite cepen-
dant une certaine humidité du sol pour atteindre sa pleine
1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes
Nom
bre
de p
ouss
es d
e so
uche
t com
estib
le0
2040
6080
Essai A(s)
Essai B(ns)
Essai C(s)
ab
ab ab
ab
b
b
a
A
AB
B
A A
Figure 3 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2012 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.
1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes
Nom
bre
de p
ouss
es d
e so
uche
t com
estib
le
020
4060
80
Essai A(s)
Essai B(ns)
Essai C(ns)
a
ab
abab
b
ab
ab
Figure 4 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échan-tillons de sol de l’automne 2013 (moyennes ajustées, lsmeans). Nomb-re par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.
La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale
479Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
comestible a été confirmé dans l’essai (2011: variante, 11,
12). Une application sous-foliaire ultérieure de Benta-
zone dans le maïs a conduit à une réduction supplémen-
taire des pousses de souchet comestible dans cinq cas sur
six, indépendamment des mesures prises au préalable
(2012 – 2013: c versus b, 14 versus 12, 13 versus 11). L’appli-
cation tard dans la saison a permis d’appréhender les
souchets comestibles à germination tardive et d’empê-
cher ainsi la formation de tubercules.
L’observation des résultats sur plusieurs années
montre qu’une application fractionnée est préférable à
une application simple (fig. 5). Cependant, l’application
fractionnée de Mésotrione a elle aussi conduit à une
augmentation de l’infestation sur les trois ans. Halosul-
furone-méthyle et Rimsulfurone en application frac-
tionnée, ainsi qu’une lutte très intensive en trois appli-
cations (Mésotrione et Rimsulfurone en doses
fractionnées combinés à une application sous-foliaire
ultérieure de Bentazone) ont permis de stabiliser voire
de réduire la pression du souchet comestible.
meso 1x meso 2x mech/chem rim/halo 2x rim/mes/ben
Variantes
Nom
bre
de s
ouch
ets
germ
és
020
4060
80
Avant l’essai201120122013
Figure 5 | Evolution des variantes sélectionnées sur les trois années d’essai. Meso 1x: Mésotrione appliqué une fois en post-levée précoce; meso 2x: Mésotrione appliqué deux fois en doses fractionnées en post-levée; mech/chem: S-Metolachlor, sar-clage, Bentazone (2012, 2013 en traitement sous-foliaire tardif); rim/halo 2x: Rimsulfurone et Halosulfurone-méthyle appliqué deux fois en doses fractionnées, et en plus en 2011 Bentazone et Mesotrione en traitement sous-foliaire tardif; rim/mes/ben: Bentazone appliqué en post-levée, Bentazone et Mésotrione en traitement sous-foliaire tardif (2011), Rimsulfurone et Méso-trione appliqués deux fois en doses fractionnées en post-levée et Bentazone en traitement sous-foliaire tardif (2012–2013).
efficacité. L’application en prélevée ou en pré-semis incor-
poré (non autorisée sous cette forme en Suisse, état août
2014) permet également de lutter une nouvelle fois contre
le souchet comestible en post-levée lorsque les résultats
sont insuffisants du fait du manque de précipitations.
L’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection
Organization) propose par exemple également le maïs en
monoculture et l’application systématique de S-Metola-
chlor pour assainir la surface (Anonyme 2014a). Cette
recommandation a pu être confirmée par l’essai B.
Dans l’essai C, Rimsulfurone et Mésotrione répartis
en application fractionnée (fig. 3 et fig. 4; variante 11,
2012 et 2013) ont donné de bons résultats. Seules
quelques tiges ont été comptées dans les pots. Rimsulfu-
rone et Mesotrione appliqués successivement (fig. 3,
variante 12; 2012) ou en mélange en prélevée (variante
12; 2013) ont eu des effets moins satisfaisants, c.-à-d. un
SCSerre plus élevé.
L’effet très important, déjà documenté, du principe
actif Bentazone (Anonyme 2006) contre le souchet
480
Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
C o n c l u s i o n s
La culture du maïs pendant plusieurs années stabilise le
peuplement de souchet comestible et permet très pro-
bablement de le réduire. La condition est toutefois de
procéder à une lutte contre les adventices d’une inten-
sité qui va bien au-delà des mesures habituelles. Il s’agit
de procéder à plusieurs applications d’herbicides, de sar-
cler plusieurs fois, d’effectuer des traitements factionnés,
de pulvériser des mélanges d’herbicides et de combiner
les produits. Une application sous-foliaire tardive dans le
maïs est prometteuse et serait souvent également néces-
saire pour éviter que les souchets comestibles à germina-
tion tardive ne forment des tubercules. En pratique, la
technologie Dropleg (buses orientées vers le bas) et un
pulvérisateur automoteur avec une garde au sol suffi-
sante permettent d’appliquer ces traitements (fig. 6 et
fig. 7) (Rüegg et Total, 2013). Ce système permet de très
peu toucher le maïs (jusqu’à la hauteur des buses) et de
réduire considérablement le risque de phytotoxicité. La
lutte contre le souchet comestible dans le maïs revient
cher et ne vaut parfois pratiquement pas la peine à court
terme pour les exploitations de grandes cultures exten-
sives. Les exploitations maraîchères intensives ainsi que
les exploitations cultivant les pommes de terre et les bet-
teraves à sucre dont les parcelles sont touchées sont en
revanche très probablement contraintes de mettre ces
surfaces en maïs tout en intensifiant la lutte contre les
adventices, bien que la valeur ajoutée de cette culture
d’assainissement soit nettement moindre et que les
débouchés fassent défaut.
Actuellement, la Suisse manque d’incitations, de
possibilités et de conditions-cadres pour lutter efficace-
ment contre le souchet comestible sur toutes les surfaces
concernées dans l’ensemble du pays. Pourtant, il est
extrêmement important de lutter intensivement et sys-
tématiquement contre cette adventice pour que nos sols
demeurent un facteur de production à long terme. n
Figure 6 | Les souchets à germination tardive doivent être éliminés pour éviter la formation de nouveaux tubercules et la multiplica-tion de cette adventice.
Figure 7 | La technique des droplegs et un pulvérisateur automo-teur permettraient également de lutter contre le souchet comes-tible dans le maïs à une période tardive.
481
La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Reduction of yellow nutsedge infestation levels
in highly infested fields: Continuous maize
cropping as potential control strategy
Yellow nutsedge (Cyperus esculentus L.) is
among the most dreaded weeds worldwide. In
Switzerland, it has increasingly become a
problem for vegetable growers and arable
farmers. This weed propagates and disperses via
vegetative tubers in the soil.
Producers are facing an important challenge:
They have not only to stop the weed’s further
dispersal but also reduce infestation levels in
fields already broadly infested with yellow
nutsedge. For the later a promising strategy is
continuous cropping of maize combined with
intensive weed control.
Field trials were carried out in maize during 3
years (2011–2013). Aims were to determine the
efficacy of different herbicides, split application,
and mechanical control against yellow nutsedge.
The results clearly showed that split application
was superior to single application. S-metolachlor,
bentazone, and rimsulfuron combined with
mesotrione showed high efficacy. S-metolachlor
combined with hoeing passes reduced infesta-
tion levels. A late under-leaf application addi-
tionally reduced yellow nutsedge.
Cropping maize with the aim to reduce yellow
nutsedge infestation levels requires a very
intense weed control that will exceed current
intensity levels considerably.
Key words: Bentazone, Halosulfuron-methyl,
mechanical weed control, S-Metolachlor, splitting.
Zigolo dolce: il mais come possibile coltura di
risanamento
Lo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.) è una
delle malerbe più temute in tutto il mondo;
in Svizzera sta diventando sempre più una
minaccia per le aziende dedite all'orticoltura
e alla campicoltura. La riproduzione e la
diffusione avvengono tramite tubercoli
formatisi per via vegetativa. Oltre a impedire
un'ulteriore diffusione è importante ridurre
l'attacco sui lotti interamente infestati. Una
strategia molto promettente in questo senso
è una coltivazione pluriennale di mais con
metodi intensivi di gestione delle malerbe.
Nell'arco di tre anni (2011–2013) sono state
eseguite prove sul campo per il mais al fine
di determinare l'effetto di diversi erbicidi,
del trattamento frazionato e della lotta
meccanica allo zigolo dolce.
I risultati hanno mostrato che un tratta-
mento frazionato è preferibile a un'applica-
zione. S-Metolachlor, Bentazone e Rimsulfu-
ron, combinati con Mesotrione, hanno
mostrato una buona efficacia contro lo
zigolo dolce. L'S-Metolachlor combinato con
passaggi di sarchiatura ha ridotto la pre-
senza dell'infestazione. Un'applicazione
tardiva nell'ipofillo ha provocato un'ulteriore
riduzione dell'infestazione.
Una coltivazione di mais avente l'obiettivo
di ridurre l'infestazione dello zigolo dolce
richiede una gestione delle malerbe molto
più intensiva delle procedure solitamente
addottate.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014
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482
de cent producteurs qui ont transmis des données détail-
lées inscrites manuellement dans un livret. Les données
relatives aux variétés, rendements, produits phytosani-
taires, engrais, heures de travail et charges salariales ont
permis de fixer les prix. Ces livrets se trouvent actuelle-
ment dans les Archives de l’histoire rurale à Berne. Depuis
1997, la banque de données SOA enregistre les données
techniques de production sous forme électronique.
Saisie détaillée des données
La gestion de cultures pérennes exige une planification à
long terme et de grands investissements (de 40 000 fr./ha
pour les pommes jusqu’à 150 000 fr./ha pour les cerises
de table, cf. Arbokost 2014). De plus, ces cultures sont
sujettes à de fortes variations de rendement dues aux
conditions climatiques. Il est donc nécessaire d’avoir une
base de données détaillée et durable afin de développer
des supports d’aide à la planification. Au moyen du logi-
ciel Asa-jAgrar, les exploitations de référence SOA enre-
gistrent quotidiennement ou hebdomadairement les
tâches liées à la production de fruits pour chaque par-
celle. Tant la précision, la régularité que la durabilité de
la saisie des données sont variables. Pour les producteurs,
l’enregistrement régulier des données techniques de
production est très exigeant, particulièrement en
période de pics de travail comme à la récolte. En raison
de cette tâche non négligeable, il ressort une certaine
fluctuation des données au sein du réseau d’exploita-
tions. Le réseau actuel n’est pas représentatif de toute la
Suisse, mais plutôt du canton de Thurgovie (Bravin et
Dietiker 2013) qui comprend 30% des surfaces de
pommes de table en Suisse (OFAG 2014a).
Financement
Le projet SOA est financé par l’Office fédéral de l’agricul-
ture (OFAG) – suite au travail d’Agroscope et Agridea –
ainsi que par la Fruit-Union Suisse (FUS) qui participe aux
coûts du logiciel informatique ASA-jAgrar. Le soutien
financier du secteur arboricole permet aux exploitations
de référence d’utiliser le programme ASA-jAgrar gra-
cieusement.
A r b o r i c u l t u r e e n p o i n t d e m i r e
Support Obst Arbo (SOA) est un projet conduit par Agri-
dea et Agroscope et cofinancé par la Fruit-Union Suisse
(FUS) qui favorise la compétitivité de l’arboriculture
suisse. Le projet se consacre à l’analyse de données de
techniques de production et d’économie d’entreprise
ainsi qu’à l’élaboration de supports de conseil pour
le secteur arboricole. Afin de concrétiser le projet,
25 exploitations de référence transmettent des données
relatives à la production (coûts de main d’oeuvre, des
machines, des produits phytosanitaires, des engrais et
des investissements, ainsi que le produit réalisé).
Principe dès 1947
En 1947 déjà, la station fédérale de recherches de Wädens-
wil commençait à enregistrer des données économiques
d’exploitations, afin de proposer un support de conseil
en arboriculture et d’obtenir des chiffres clés pour la for-
mation des prix (Meli 1991). Jusqu’en 1996, ce sont près
Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnelsEsther Bravin1, Johannes Hanhart2, Dante Carint2 et Dominique Dietiker2
1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil2Agridea, 8315 Lindau
Renseignements: Esther Bravin, e-mail: [email protected]
Pommiers dans le canton de Thurgovie.
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale
483
Rés
um
é
Le projet Support Obst Arbo (SOA) est conduit
par Agridea et Agroscope. Grâce à l’instauration
d’un logiciel informatique, le projet propose des
données utiles en arboriculture tant pour la
pratique, le conseil, ou la recherche. 25 exploita-
tions de référence enregistrent leurs données
annuellement. Des évaluations de la rentabilité
de l’exploitation sont ainsi possibles, jusqu’au
niveau de la variété. L’analyse des données –
avec des coûts de main-d’oeuvre et de machines
normés – révèle que la moitié des producteurs
n’obtient aucun bénéfice, ou présente même des
pertes, ce qui restreint la marge de manœuvre
pour de futurs investissements. La gamme des
variétés des producteurs SOA montre que les
variétés Gala, Braeburn et Golden Delicious sont
toujours très appréciées. Néanmoins, les variétés
alternatives comme Milwa, Fuji, Nicoter ou
Scifresh ont pris de l’importance ces dernières
années. Les diverses variétés ont une rentabilité
très différente. Gala, Braeburn et Fuji sortent du
lot. En revanche, Golden Delicious et Diwa s’en
sortent mal. Les prix à la production de Golden
Delicious sont trop bas. Pour Diwa les prix sont
bons mais les rendements assez faibles. A
travers SOA, Agroscope et Agridea mettent à
disposition des données scientifiques et tech-
niques utiles à la pratique, formation, conseil et
recherche dans le secteur de l’agriculture et de
l’agroalimentaire.
Aperçu du réseau SOA
De 1997 à 2012, 45 exploitations arboricoles de toute la
Suisse ont pris part au réseau; 39 produisent selon les
directives de la production intégrée (PI) et 6 selon les
directives Bio Suisse. 18 à 25 exploitations par année par-
ticipent au réseau. Les données de 80 ha de pommiers,
10 ha de poiriers, 3,5 ha de cerisiers et 1,5 ha de pruniers
sont enregistrées. En 2013, les exploitations du réseau
provenaient du canton de Thurgovie (9 exploitations),
Saint-Gall (3), Argovie (2), Vaud (2), Valais (2), Soleure (1),
Zoug (1) et Zurich (1).
Evaluation au niveau de l’exploitation
Les données SOA permettent aux exploitations de réfé-
rence d’obtenir des indicateurs sur l’économie de leur
entreprise et ceci pour chaque parcelle et variété. Ainsi,
les producteurs peuvent par exemple évaluer la situation
économique d’un verger en particulier. Les chiffres réels
tirés des exploitations de référence tels que les heures de
main-d’oeuvre et d’utilisation des machines, les coûts de
protection phytosanitaire, d’engrais et d’infrastructures
sont utilisés pour ces évaluations. Afin de pouvoir com-
parer les exploitations, les coûts de main-d’oeuvre et des
machines sont normés. En accord avec la Fruit-Union
Suisse, les salaires sont fixés comme suit: 20.30 fr./MOh
pour la main-d’oeuvre externe, 24 fr./MOh pour la main
d’oeuvre familiale et 34.35 fr./MOh pour le chef d’exploi-
tation. Les coûts des machines sont calculés selon les
données du rapport coûts-machines d’Agroscope. Seules
les parcelles en plein rendement (p. ex. de la 4e à la 15e
année pour les pommiers), d’une surface d’au moins 0,10
ha et d’une densité de plantation de 1000 à 4000 arbres
par hectare sont prises en compte dans l’analyse.
La figure 2 présente les bénéfice/pertes (en fr./ha)
des années 2008 à 2011 par quartier variétal et par
exploitation (P01 à P13). Pour cette analyse, seules les
exploitations ayant transmis les données au réseau SOA
sans interruption de 2008 à 2011 ont été prises en consi-
dération. Le nombre de quartiers variétaux par exploita-
tion est représenté entre parenthèses (par exemple 41
pour l’exploitation P01), la surbrillance bleue du texte
indique la surface totale de pommiers par exploitation
(en 2011). La grande variabilité des résultats au sein des
exploitations (entre 6617 et 13 046 fr./ha) peut être
expliqué par les grandes divergences de bénéfice/pertes
en fonction du quartier variétal ou de l’année.
En raison de l’hétérogénéité de l’échantillon, il n’est pas
possible de tirer des conclusions au niveau de l’exploita-
tion. La surface des cultures de pommiers ou le nombre
de quartiers variétaux par exemple n’ont que peu d’in-
Figure 1 | Flux de données au sein du réseau SOA.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Arboriculteurs
Fruit-UnionSuisse
AGRIDEA
Agroscope
Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels
484
fluence sur le bénéfice ou les pertes. Le résultat final est
surtout influencé par des facteurs difficilement mesu-
rables, tels que l’expérience du producteur, les condi-
tions climatiques et l’alternance.
Il est cependant inquiétant de constater que la moi-
tié des producteurs obtiennent un bénéfice nul ou
même des pertes sur la moyenne des années considé-
rées. Il s’agit certes d’analyses avec des chiffres normés
qui ne correspondent que peu à la réalité (le chef d’ex-
ploitation et la main-d’oeuvre familiale ne perçoivent
normalement pas de salaire, mais reçoivent ce qu’il reste
à la fin de l’année). Il n’empêche que ce résultat ne laisse
pas de marge pour une réduction supplémentaire des
prix à la production. Les producteurs auront de grosses
difficultés à surmonter une diminution supplémentaire
des prix de la part du commerce en gros et de détail ou
suite à la libéralisation du commerce de l’Union euro-
péenne. A cela s’ajoute l’insécurité sociale en raison des
variations du bénéfice (ou des pertes) allant jusqu’à
40 000 fr./ha par an.
Evaluation des variétés
Le choix des variétés est déterminant pour la réussite de
l’entreprise. SOA contribue à donner des recommanda-
tions pour la pratique au niveau de la variété et de la
parcelle. Le prix, le rendement et la qualité (Mouron &
Carint 2001) sont les facteurs qui sont le plus influencés
par le choix variétal. En cas de choix variétal approprié,
le producteur peut s’attendre à un bénéfice sur plus de
quinze ans. En revanche, s’il choisit une variété qui n’est
plus demandée sur le marché, qui est très sensible à la
production ou peu productive, l’arrachage ou le surgref-
fage aura probablement une forte influence sur les
coûts. Pour les producteurs, il serait avantageux que le
commerce en gros et de détail communique clairement
ses stratégies de choix variétal (p. ex. contrat de culture),
ce qui n’est pas le cas actuellement.
Evolution des variétés principales
Les différentes analyses qui peuvent être tirées du réseau
SOA sont présentées ci-dessous. Elles ont été effectuées
-50 000
-40 000
-30 000
-20 000
-10 000
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
Béne
fice/
pert
es (F
r./ha
)
Bénéfice/pertes
A A A A A AB AB AB ABC BC CD CD D
P01 (41)4,5 ha
P02 (68)4,5 ha
P03 (39)3,5 ha
P04 (38)3,5 ha
P05 (64)6 ha
P06 (59)4,5 ha
P07 (16)1 ha
P08 (66)5,5 ha
P09 (33)6 ha
P10 (89)6 ha
P11 (87)8 ha
P12 (48)7,5 ha
P13 (48)2 ha
Figure 2 | Bénéfice/pertes calculés par producteur de 2008 à 2011.
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Surfa
ce (h
a)
Gala
Golden Delicious
Toutes les sortes
Figure 3 | Evolution des surfaces totales des exploitations de Gala et Golden Delicious du réseau SOA de 2000 à 2011.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale
485
tiers variétaux de Gala et Golden Delicious des années
2000 et 2001 ont été comparées avec celles des années
2010 et 2011.
Rendement
Les rendements de Gala et Golden Delicious du réseau
SOA correspondent aux valeurs expérimentées dans la
pratique. Les rendements de Golden Delicious sont
généralement plus élevés que ceux de Gala (OFAG
2014b). Les rendements moyens tirés des valeurs SOA ne
se différencient toutefois pas de manière significative
entre Gala (2010/11) et Golden Delicious (2010/11).
L’augmentation du rendement de Gala de 3228 kg/ha de
2000/01 à 2010/11 est à relever. En revanche, le rende-
ment de Golden Delicious a diminué puisqu’en 2010 il
était particulièrement bas (1/4 de moins).
Produit
Afin de calculer le produit, le rendement est multiplié
par le prix de la catégorie (de qualité). Les producteurs
obtiennent de meilleurs prix avec Gala (en fr./ha) qu’avec
Golden Delicious, ce qui implique que le produit est aussi
plus élevé. En 2000/01, les producteurs de Gala ont
obtenu 1.03 fr./kg (prix moyen de la classe 1, classe 2 et
cidre). Dix années plus tard, ils recevaient 0.90 fr./kg
(-13 %). Le prix de Golden Delicious est par contre resté
stable, 0.70 fr./kg. La chute des prix de Gala s’explique
par l’augmentation du rendement et des surfaces de
cultures ces dernières années. La situation est différente
pour Golden Delicious. Les faibles rendements n’ont pas
avec les variétés principales Gala et Golden Delicious.
Avec 36 %, les variétés Gala et Golden représentent plus
du tiers de la surface totale de pommiers en Suisse. Au
sein du réseau SOA, ces deux variétés sont très impor-
tantes, avec 34 % de la surface de pommiers. Golden
Delicious était la variété principale des exploitations SOA
jusqu’en 2006, puis Gala l’a détrônée en 2007 (fig. 3).
En raison de l’alternance rencontrée chaque année
en production de pommes, l’analyse de la productivité
est plus pertinente si l’échantillon comprend au moins
deux années. Pour analyser la productivité et la rentabi-
lité de Gala et Golden Delicious, les moyennes des quar-
Boskoop 3%
Braeburn 9%
Cox Orange 2%
Cripps Pink (Pink Lady®) 2%
Elstar 2%
Gala 21%
Golden Delicious 14%
Gravensteiner3%
Idared3%
Groupe Jonagold 6%
La Flamboyante (Mairac®) 2%
Maigold 3%
Milwa (Diwa®, Junami®) 3%
Scifresh (Jazz®) 3%
Topaz 2%
autres 23%
Distribution des variétés
Figure 4 | Distribution des variétés de pommes par surface en Suisse, 2013.
2000/01 2010/11
Gala (SQ=28)
Golden Delicious(SQ=63)
Gala(SQ=62)
Golden Delicious(SQ=55)
Rendement (kg/ha) 32 756 42 462* 35 984 36 371
Prix (fr./kg) 1,0 0,7 0,9 0,7
Produit (fr./ha) 33 758 29 549 32 276 25 670*
Coûts de production (fr./ha)
35 532 32 630 28 641 29 800
Bénéfice/pertes (fr./ha) -1774 -3081 3635 -4130*
*Différence significative (test t, sig. bilatérale, p<0,05) entre les variétés Gala et Golden
Delicious sur les années 2000/01 et 2010/11.
Tableau 1 | Comparaison de la moyenne du rendement, du produit, des coûts de production et du bénéfice/pertes de Gala et Golden Delicious pour les années 2000/01 et 2010/11 (QV = nombre de quartiers variétaux) de tous les producteurs PI du réseau SOA.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels
486
été compensés par une augmentation des prix. Ainsi, les
produits de Golden Delicious en 2010/11 étaient signifi-
cativement plus faibles qu’en 2000/01. La situation du
marché pour Golden Delicious est plus difficile qu’il y a
dix ans. Depuis 2001, en moyenne 50 ha de Golden Deli-
cious sont arrachés chaque année en Suisse et ne sont
pas renouvelés. Parallèlement, les surfaces de Gala ont
augmenté de 30 ha par année. En 2009, Gala a détrôné
Golden Delicious en tant que variété la plus cultivée en
Suisse.
Coûts de production
En arboriculture, les coûts de récolte représentent au
moins 20 % des coûts totaux de production (Arbokost
2014) et 55 % de l’investissement en main-d’oeuvre
(fig. 8).
Bénéfice/pertes
Le bénéfice, respectivement les pertes, indique les
finances restantes par hectare et par année lorsque les
coûts de production sont pondérés par le produit. Dans
le calcul du bénéfice/pertes, tous les produits (y compris
les paiements directs) ainsi que les coûts de production
(coûts de main-d’oeuvre familiale et coûts du capital
inclus) sont pris en compte. Les coûts de main-d’oeuvre
et des machines vus plus haut ne permettent pas aux
producteurs de Golden Delicious (2000/01 et 2010/11) et
Gala (2000/01) de couvrir leurs coûts. Seule Gala (2010/11)
permet aux producteurs d’obtenir un bénéfice. Comme
mentionné, les chefs d’exploitation et la main-d’oeuvre
familiale ne perçoivent souvent qu’un faible salaire. Les
arboriculteurs ne peuvent obtenir de bénéfice que s’ils
adoptent de faibles salaires pour la main-d’oeuvre fami-
liale.
Bilan
Au vu des mauvais résultats obtenus avec Golden Delicious,
la diminution des surfaces de culture observée ces der-
nières années prend tout son sens (2001: 1144 ha, 2013:
576 ha). Néanmoins, cette variété est toujours cultivée sur
15 % des surfaces de pommiers (fig. 4). Golden Delicious
présente effectivement des caractéristiques intéressantes
telles que des rendements élevés et réguliers ainsi qu’un
bon rendement à la récolte (kg/MOh) (fig. 6). De plus, la
plupart des producteurs ont des compétences avec Golden
Delicious et l’introduction d’une nouvelle variété impli-
querait un investissement supplémentaire ainsi qu’un
risque de pertes de rendement. Selon les producteurs, Gol-
den Delicious continuera à perdre du terrain.
Nouvelles variétés et variétés déjà établies
Gala, Golden Delicious et Braeburn sont les variétés prin-
cipales du réseau d’exploitations (43 % au total). Cela
correspond aux surfaces cultivées au niveau national
(42 %, OFAG 2014a). Etant donné que les prix moyens à
la production des variétés établies sur le marché comme
Golden Delicious sont en train de chuter (Bravin et al.
2008), les arboriculteurs essaient d’obtenir des recettes
plus élevées avec les nouvelles variétés. Ainsi, Nicoter,
Fuji et Milwa font partie des variétés les plus cultivées du
réseau SOA avec chacune 3 ha, après les trois variétés
principales et Jonagold. Au niveau suisse (fig. 4) les
Boskoop 7%
Braeburn 1%
Cox Orange 7%
Elstar 5%
Gala 13%
Golden Delicious 29% Gravensteiner
5%
Idared 4%
Jonagold 10%
Maigold 11%
Topaz 1%
autres 7%
Distribution des variétés 2001
Boskoop 3%
Braeburn 16%
Cox Orange 3%
Elstar 2%
Gala 19%
Golden Delicious 11%
Gravensteiner 4%
Idared 0%
Jonagold 7%
Maigold 4%
Topaz 4%
autres 27%
Distribution des variétés 2011
Figure 5 | Distribution des variétés de pommes par surface, exploitations SOA, 2001 et 2011.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale
487
gold ne présentent aucune différence significative et se
situent entre 35 et 45 tonnes par hectare. Avec 32 t/ha,
les rendements de Fuji sont significativement plus bas
que ceux de Golden Delicious. Les rendements de Nico-
ter et Milwa sont encore bien plus bas (env. 20 t/ha).
Golden Delicious et Braeburn obtiennent les meilleurs
rendements à la récolte (136 et 137 kg/MOh). Ceci n’est
point surprenant puisque Golden Delicious a des fruits de
gros calibre et Braeburn des pommes lourdes (denses).
La figure 7 met en évidence le produit ainsi que le
bénéfice et les pertes en francs par hectare. Le bénéfice/
pertes permet d’évaluer la rentabilité de la variété et le
produit permet d’établir la productivité. Les coûts de
production moyens s’élèvent à environ 27 200 fr./ha avec
un rendement moyen de 33 t/ha. En ce qui concerne le
bénéfice et les pertes, deux groupes sont distincts: le
premier comprend Gala, Braeburn et Fuji (bénéfice
moyen: 4238 fr./ha). Le second groupe est constitué de
Jonagold, Golden Delicious, Nicoter et Milwa (pertes
moyennes: -2652 fr./ha). Cependant, Nicoter et Jona-
gold présentent encore un bénéfice, tandis que Golden
Delicious et Milwa accusent des pertes. Aucune diffé-
rence significative entre les variétés n’est constatée au
sein des différents groupes. Il semblerait que la rentabi-
lité et la productivité soient fortement liées (une faible
productivité implique une plus faible rentabilité). Gol-
den Delicious fait exception en obtenant une bonne
productivité mais une mauvaise rentabilité. Le problème
réside dans le principe de fixation des prix et l’interac-
tion de l’offre et de la demande. Deux facteurs princi-
paux impliquent une diminution de la rentabilité: i) une
production élevée et ii) une baisse d’attractivité de la
variété sur le marché. Une production élevée peut impli-
variétés Scifresh, Milwa, La Flamboyante et Cripps Pink
représentent 10 % de la surface totale de pommiers
(OFAG 2014a). En Europe, les variétés Club corres-
pondent à 5 % des parts du marché (Schwartau 2010).
La distribution des variétés au sein du réseau SOA (fig. 5)
a fortement évolué de 2001 à 2011. Les surfaces de Brae-
burn et de Gala ont augmenté, tandis que celles de Gol-
den Delcious, Jonagold et Maigold ont diminué.
La figure 6 présente le rendement et le rendement à
la récolte (kg de pommes par MOh) des huit variétés
principales du réseau SOA. Bien que le rendement à la
récolte dépende du rendement, d’autres facteurs l’in-
fluencent: par exemple la couleur, le mode de conduite,
la taille et la technique de récolte. Seuls les quartiers
variétaux qui étaient entre la 4e et 15e année de produc-
tion de 2009 à 2012 sont pris en considération. Les ren-
dements de Golden Delicious, Gala, Braeburn et Jona-
Braeburn (11)
Milwa (5)
Fuji (4)
Gala (14)
Golden Delicious (10)
Jonagold (7)
Nicoter (4)
15
20
25
30
35
40
45
80 90 100 110 120 130 140
Rend
emen
t (t/h
a)
Rendement à la récolte (kg/MOh)
Figure 6 | Rendement et rendement à la récolte par variété (moyenne 2009–2012). La dimension du disque indique l’importance (en surface) des variétés. Le nombre de producteurs de la variété concernée est indiqué entre parenthèses.
Braeburn
Milwa (5)
Fuji (4) Gala (14)
Golden Delicious (10)
Jonagold (7) Nicoter (4)
-15 000
-13 000
-11 000
-9000
-7000
-5000
-3000
-1000
1000
3000
5000
7000
9000
11 000
13 000
15 000
0 5000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000
Béné
fice/
pert
es (C
HF/h
a)
Produit (CHF/ha)
Figure 7 | Produit, bénéfice/pertes par variété (moyenne 2009–2011). La dimension du disque indique l’importance (en surface) de la variété. Le nombre de producteurs est indiqué entre parenthèses. Données du réseau d’exploitations SOA.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
488
Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels
quer une diminution du prix à la production (par
exemple lorsqu’une grande récolte est attendue au
niveau national). Une baisse d’attractivité de la variété
implique également une réduction des prix, en revanche
les coûts de production ne sont pas touchés mais seule-
ment le produit.
Quatre variétés de pommes (fig. 7) présentent un
bénéfice annuel (Braeburn, Gala, Fuji et Jonagold). En
revanche, les variétés Milwa et Golden Delicious pré-
sentent des pertes. Les résultats insatisfaisants de Milwa
sont la conséquence de faibles rendements, environ
20 tonnes par hectare (4e, 5e, et 6e années de production).
Répartition du travail en production de pommes
Les données des exploitations SOA permettent de tirer
des conclusions quant au temps investi dans la produc-
tion de pommes. Les données enregistrées montrent que
les producteurs SOA investissent entre 550 et 620 heures
de main-d’œuvre par hectare (MOh/ha) pour la produc-
tion de pommes. La répartition des différents travaux
(moyenne de toutes les exploitations PI) est très similaire
entre 2001/02 et 2011/12 (fig. 8). Seul l’éclaircissage
requiert proportionnellement plus de temps. L’évolution
de la gamme variétale (fig. 5), les conditions météorolo-
giques ou la charge en fruits peuvent en être la cause.
Avec 55 %, la récolte représente plus de la moitié des
heures de travail totales. L’éclaircissage est en seconde
position avec 15 à 20 %. L’éclaircissage permet d’éviter
l’alternance (ou de la réduire) ainsi que de favoriser la
qualité de la récolte. La taille et la protection phytosani-
taire favorisent aussi la qualité mais sont également des
travaux arboricoles exigeants en heures de travail.
Données pour la pratique
Avec les résultats SOA, les arboriculteurs disposent de
chiffres clés et d'informations permettant d’augmenter
la rentabilité de la production fruitière et de prendre des
décisions stratégiques importantes. Ils sont en possession
d’éléments permettant d’évaluer leur propre situation
économique. Les résultats SOA sont utilisés tant dans le
secteur du conseil que de la formation. A travers SOA,
Agroscope et Agridea proposent des données scienti-
fiques et techniques utiles à la pratique, à la formation
et au conseil dans le secteur de l’agriculture et de
l’agroalimentaire, mais également au sens de l’ordon-
nance sur la recherche agronomique (ORAgr).
Le programme de simulation Arbokost se base sur les
informations et expériences accumulées par SOA pour le
calcul du cashflow. Cet instrument de planification en
arboriculture est mis à disposition en ligne.
Données pour la recherche
Les informations du réseau SOA sont également utilisées
dans le domaine de la recherche. Des données sont déjà
mises à profit du secteur de l’environnement pour des
évaluations ou des calculs d‘écobilans. Elles sont égale-
ment utilisées pour évaluer le potentiel de baisse des
coûts des pommes génétiquement modifiées (FiBL, EPF)
ou pour estimer le potentiel économique de la produc-
tion fruitière dans les pays en transition (FiBL). Seules des
données précises, sur le long terme et sans interruption
permettent de mettre à disposition une base de données
fiable pour d’importants projets de recherche. � n
Eclaircissage15%
Travail du sol 2%
Fertilisation 1%
Récolte55%
Installation3%
Installations fixestravaux annuels
4%
Protection phytosanitaire
5%
Taille13%
Administration etautres travaux 2%
Répartition du travail 2001/2002
Eclaircissage20%
Travail du sol 2%
Fertilisation 1%
Récolte55%
Installation2%
Installations fixestravaux annuels
4%
Protection phytosanitaire
4%
Taille11%
Administration etautres travaux 1%
Répartition du travail 2011/2012
Figure 8 | Répartition du travail, moyenne de tous les quartiers variétaux 2001–02 et 2011–2012.
Remarques
Cet article mentionne les noms des variétés. Voici leurs marques:Milwa = Diwa®, Nicoter = Kanzi®, Scifresh = Jazz®
Certaines informations contenues dans cet article ont déjà été publiées dans Bra-vin et al., 2013, SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizerische Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
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Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Support Obst Arbo: risultati per
l’aboricultura professionista
Nel 1947 l’odierna stazione di ricerca
Agroscope cominciò con la raccolta di
dati aziendali della produzione
frutticola per la pubblicazione d’infor-
mazioni di consulenza e indici per la
formazione dei prezzi. Oggi il progetto
Support Obst Arbo (SOA), diretto da
Agridea e Agroscope,genera dati
tecnici per la produzione, la consulenza
e la ricerca. Tra le 20 e le 25 aziende
frutticole mettono i loro dati a disposi-
zione del progetto per valutare la
redditività a livello aziendale e di
parcella varietale. Dall’analisidei dati
con gli indici normalizzati dei salari e
delle macchine risulta che la metà dei
produttori ha un utile netto medio di
zero o è addirittura in perdita. Ciò
limita fortemente i futuri investimenti.
Dal 2001 al 2011 la distribuzione
varietale si è sviluppata. Sebbene Gala,
Braeburn e Golden Delicious restino le
varietà più diffuse per la produzione,
varietà alternative quali Milwa, Fuji,
Nicoter o Scifresh hanno aumentato la
loro superficie. La redditività tra le
diverse varietà è molto differente:
Gala, Braeburn e Fuji ottengono i
risultati migliori, mentre Golden
Delicious e Milwa hanno i risultati
peggiori. Golden Delicious soffre a
causa dei bassi prezzi alla produzione.
Milwa invece è pagata bene ma i
raccolti restano al di sotto delle
aspettative.
Bibliographie ▪ Arbokost 2014, Betriebswirtschaftliches Modell für den Obstbau, Accès: www.arbokost.agroscope.ch
▪ Bravin E. & Dietiker D., 2013. Jahresbericht SOA 2012, Schweizer Zeit-schrift für Obst- und Weinbau 149 (3), 12–14.
▪ Bravin E., Dietiker D., Hanhart J. & Carint D., 2014. SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13.
▪ Bravin E., Leumann M. & Amsler P, 2008. Klasse I. - Anteile sinken, Früch-te und Gemüse 9, p 27.
▪ Meli T., 1991. Kosten und Erträge in Tafelapfelanalgen. Station fédérale de recherches en arboriculture, viticulture et horticulture, Wädenswil.
▪ Mouron P. & Carint D., 2001. Rendite-Risiko-Profil von Tafelobstanlagen. Teil I: Renditepotenzial, Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau, 137 (5), 78–81.
▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014a. Statistiques fruits, Les cul-tures fruitières de la Suisse, statisfique des surfaces 2013. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00013/00083/00096/01188/index.html?lang=fr
▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014b. Statistiques fruits, Les cultures fruitières de la Suisse, culture de pommes et de poires, estimati-on des cultures 2005 à 2013. Accès: http://www.blw.admin.ch/the-men/00013/00083/00096/01188/index.html?lang=fr
▪ Ordonnance du 23 mai 2012 (état le 1er janvier 2013) sur la recherche agronomique (ORAgr), SR 915.7
▪ Schwartau H., 2010. Liegt die Zukunft in den Club-Sorten?, European Fruit Magazine 2 (4), 20–22.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014
Support Obst Arbo: results for the
professional arboriculture
In 1947 today’s date Agroscope started
the collection of on farm data to draft
extension information and indices for
grower prices. Agridea and Agroscope
lead the project Support Obst Arbo
(SOA), which gives detailed basics for
growers, extension and research.
20–25 references fruit farms deliver
their data to the project to evaluate
the on farm and on plot profitability.
The evaluation with normed salary and
machine costs shows that the benefit
of the half of the growers is equal to
zero or lower. This limits the flexibility
of investments. From 2001 to 2011 the
variety distribution has changed. Gala,
Braeburn e Golden Delicious are still
the most popular varieties. However
Milwa, Fuji, Nicoter and Scifresh
increased in surface. The profitability
between cultivars is very variable:
Gala, Braeburn e Fuji achieve better
results, while Golden Delicious and
Milwa have poor results. This because
Golden Delicious is low in price and
Milwa has low yield despite good
prices.
Key words: economics, fruit produc-
tion, network, productivity.
490 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014
E c l a i r a g e
L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbagesUeli Wyss
Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]
rope, la sécheresse estivale représentera à l’avenir un
problème toujours plus important. L’agriculture multi-
fonctionnelle, qui empêche l’abandon des terres à la
friche et l’érosion du sol, gagnera en importance dans
cette aire géographique. La production de semences
adaptées aux conditions arides représente donc un défi
supplémentaire.
De l’herbe pour les ruminants
Avec une production de lait en constante augmentation,
l’alimentation des vaches basée sur les herbages doit de
plus en plus souvent être complétée par du maïs et des
aliments concentrés. Or, on observe dans différents pays
une tendance vers une alimentation basée davantage
sur les herbages et une production de denrées alimen-
taires estampillées AOC, appellation qui apporte une
valeur ajoutée aux produits. Par conséquent, il sera tou-
jours plus important à l’avenir de tenir compte aussi bien
L’avenir des prairies en Europe était au coeur des débats
lors du 25e congrès général de la Fédération européenne
des herbage. Cet événement s’est tenu du 11 au 17 sep-
tembre dernier à Aberystwyth, au Pays de Galles (GB) et
a rassemblé près de 300 personnes en provenance de 39
pays.
L’importance des surfaces herbagères et des activités de
recherche en Europe du Nord, en Europe centrale et en
Europe méridionale a été soulignée dans trois confé-
rences qui proposaient une vue d’ensemble de la théma-
tique. Les conditions climatiques dans ces régions sont
très diverses, ce qui se répercute sur la croissance de
l’herbe et sur la période de végétation. Le changement
climatique en cours entraînera dans les pays nordiques
une hausse des températures et donc une prolongation
de la période de végétation, avec très probablement
une augmentation de la biomasse. Dans le sud de l’Eu-
Visite à la ferme de David Lee, président de la Société britannique de prairies. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)
L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbages | Eclairage
491Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014
de la durabilité écologique qu’économique et de faire
en sorte qu’il y ait suffisamment de surfaces herbagères
destinées à l’alimentation des ruminants. Mais les prai-
ries doivent également remplir leurs fonctions de main-
tien de la biodiversité, de protection des eaux et du pay-
sage. La société attend des prairies qu’elles remplissent
toutes ces fonctions simultanément, ce qui est pourtant
difficilement réalisable. Des compromis doivent donc
être trouvés, l’agriculteur-trice tenant un rôle de premier
plan dans l’ensemble du système.
La qualité et l’authenticité des produits laitiers et
carnés basés sur les herbages sont une autre priorité. Le
profil des acides gras du lait et de la viande représente
un indicateur important pour l’identification du four-
rage et la certification de l’authenticité des produits.
Les herbages sont certes le fourrage le plus impor-
tant pour les ruminants, mais ils sont en même temps –
ou plutôt leur biomasse – très demandés pour les instal-
lations de biogaz. De plus, la biomasse riche en lignine
peut être une source de combustible.
Défis et perspectives
Prins et Kessler (2014) ont abordé dans leur présentation
les points suivants, tous d’une importance cruciale pour
le futur:
1. Les surfaces herbagères remplissent de plus en plus
souvent des objectifs multifonctionnels, raison pour
laquelle les chercheurs-euses des divers domaines de
recherche doivent travailler de façon pluridisciplinaire.
C’est à cette seule condition que des situations
«gagnant-gagnant» peuvent être créées.2. Pour maîtriser ces nouvelles tâches et réaliser des
études, l’EGF favorise la formation de groupes de
travail spéciaux. Actuellement, il en existe plusieurs qui
étudient les thèmes suivants: systèmes de production
laitière, pâture, prairies temporaires et permanentes.
3. L’EGF est la seule organisation européenne non
politique qui organise régulièrement des congrès sur
le thème des surfaces herbagères.
4. Souvent, les décisions politiques sont prises sur la
base d’essais réalisés dans le court terme. L’EGF
intervient auprès des décideurs politiques et fait
clairement comprendre que des essais sur le long
terme sont nécessaires pour évaluer valablement les
développements en matière de systèmes écologiques.
5. Avec la croissance de la population et l’utilisation de
la biomasse à d’autres fin que la production de
denrées alimentaires, de grands défis s’annoncent
dans le futur qui ne pourront être relevés que si les
spécialistes des différents domaines voués aux
herbages collaborent étroitement.
6. La formation des experts en production herbagères
doit être améliorée dans de nombreux pays. L’EGF
peut grandement y contribuer grâce à son réseau et à
l’échange d’informations.
Prochain symposium et prochain congrès
Le prochain symposium de l’EGF aura lieu du 15 au
17 juin 2015 aux Pays-Bas avec le thème suivant: «Sur-
faces herbagères et fourrage dans les systèmes de pro-
duction laitière à production élevée». Quant au pro-
chain congrès général de l’EGF, il se tiendra du 5 au
8 septembre 2016 en Norvège et aura pour thème «La
multifonctionnalité des prairies dans la bioéconomie
européenne». n
La Fédération européenne des herbages
La Fédération européenne des herbages (Euro
pean Grassland Federation, EGF) a été fondée
en 1963 à Hurley en Grande-Bretagne par onze
pays, dont la Suisse. Elle a été créée dans le but
de développer les contacts et l’échange entre
les diverses associations actives dans le do-
maine des herbages en Europe, soit entre les
milieux scientifiques, la vulgarisation, la pra-
tique agricole et les milieux politiques. Actuel-
lement, elle regroupe 39 pays européens. Le
premier congrès international a eu lieu en 1965
à Wageningen (NL). L’EGF organise chaque an-
née, en alternance, un congrès général et un
symposium.
Le congrès général a déjà été organisé à deux
reprises en Suisse. La première fois en 1971 à
Lausanne avec pour thème «Comparaison entre
prairies permanentes et temporaires» et la se-
conde fois en 2004 à Lucerne sur le thème «Sys-
tèmes d’utilisation des terres dans les régions à
dominance herbagère». Depuis 2004, Willy
Kessler, de l’Institut des sciences en durabilité
agronomique IDU d’Agroscope, est le secrétaire
de l’EGF. Joseph Nösberger, professeur émérite
en production fourragère à l’EPF de Zurich, en
est un des présidents d’honneur depuis 2004.
Bibliographie ▪ Prins W. H. & Kessler W., 2014. The European Grassland Federation at 50: past, present and future. Grassland Science in Europe 19, 27–35.
492 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014
Johan Six, professeur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich
En mars 2013, Monsieur Johan Six a été nommé Profes-
seur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich. Aupara-
vant, il menait des recherches et enseignait à l’Université
de Californie, Davis, USA. Ses recherches se basent sur les
interactions entre les plantes, les organismes du sol et les
éléments organiques du sol dans les agroécosystèmes,
prairies et forêts, et sur la manière dont ces interactions
sont influencées par l’homme.
Monsieur Six, vous menez des recherches sur les agro
écosystèmes durables. Qu’estce qui vous fascine dans
ce domaine?
Je pense que mon enthousiasme pour ce sujet s’est révélé
durant mon enfance, lorsque je travaillais au jardin
potager avec mon père. Ma famille est originaire de Bel-
gique et a des liens étroits avec la République démocra-
tique du Congo. Dans ma jeunesse déjà, j’ai appris à quel
point nous sommes privilégiés en Europe. Chez nous,
lorsqu’il y a de mauvaises récoltes, nous pouvons acheter
de la nourriture au magasin. En République démocra-
tique du Congo, comme dans bien d’autres pays en voie
de développement, les gens souffrent de faim lorsqu’ils
n’ont pas ou peu de récoltes. C’est une des raisons pour
lesquelles j’ai commencé à mener des recherches plus
approfondies sur la gestion durable des agroécosys-
tèmes et sa contribution à la sécurité alimentaire.
Sur quels points particuliers se concentre votre
recherche?
L’objectif principal de mon travail est d’explorer et com-
prendre le fonctionnement des agroécosystèmes. Mes
recherches portent sur différentes échelles, allant de
processus qui se déroulent en quelques secondes dans le
sol jusqu’aux changements dans les agroécosystèmes qui
s’étendent sur plusieurs décennies. Au final, ces nou-
velles connaissances doivent contribuer une utilité pra-
tique.
Quel est le plus grand défi pour une gestion durable
des agroécosystèmes?
Pour moi, le principal défi est de donner un poids égal
aux aspects écologiques, économiques et sociaux des
agroécosystèmes. Par le passé, de nombreuses solutions
proposées pour une gestion durable des agroécosys-
tèmes ont échoué précisément parce que ces trois aspects
n’ont pas tous été pris en compte. Aujourd’hui encore, il
nous est souvent difficile de considérer les agroécosys-
tèmes de manière intégrale.
Quelles sont les possibilités pour relever ces défis?
Les projets interdisciplinaires sont souvent évoqués
comme étant une approche appropriée, mais ils sont en
fin de compte trop peu mis en œuvre. Je pense toutefois
qu’une telle approche est des plus importantes. Nous
devrions nous efforcer de rassembler les meilleurs spé-
I n t e r v i e w
Johan Six, professeur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich | Interview
493Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014
cialistes de différentes disciplines, afin d’inclure les
aspects relatifs aux sciences naturelles, à l’économie ainsi
que les aspects sociaux. Il devrait donc y avoir plus d’oc-
casions permettant aux spécialistes de différentes disci-
plines de chercher des solutions ensemble.
A votre avis, quelles seraient les solutions?
Les solutions doivent à chaque fois prendre en compte
les spécificités locales, il n’y a pas de solution globale
valable partout. Ce qui peut par exemple s’avérer fai-
sable en Suisse ne peut pas simplement être transposé à
la situation au Kenya. En Europe, nous sommes par
exemple confrontés au problème des excédents de nutri-
ments dans les systèmes agricoles, tandis que dans la plu-
part des pays africains, le problème est de disposer de
suffisamment de nutriments. Comme les problèmes sont
différents, les solutions doivent l’être également.
Dans le domaine des agroécosystèmes durables, quels
sont les thèmes particulièrement importants en Suisse?
Tous les thèmes qui se rapportent à la gestion durable des
agroécosystèmes sont importants pour la Suisse. Notre
travail devrait mettre l’accent non seulement sur l’amé-
lioration de la gestion de nos propres surfaces agricoles,
mais également celle des surfaces dont nous importons
des produits agricoles, par exemple du soja pour les ali-
ments fourragers ou du cacao pour le chocolat.
En Suisse, l’agriculture bio est très populaire en tant
que méthode de gestion durable potentielle. Il subsiste
toutefois de nombreuses questions sur la façon de
concevoir l’agriculture bio de manière plus durable, et si
elle est effectivement durable dans différentes condi-
tions. Les pratiques du travail réduit du sol peuvent-elles
être utilisées de manière efficiente dans l’agriculture
bio? Comment pouvons-nous intensifier de manière
durable l’agriculture bio? Quelles possibilités s’offrent
aux cultures mixtes? La culture bio est-elle la meilleure
option pour l’agriculture urbaine?
Pour ce qui est de l’importation de produits agricoles,
il y aurait d’autres thèmes importants relatifs aux agroé-
cosystèmes tropicaux, par ex. la «gestion intégrée de la
fertilité des sols», «l’agroforesterie» et les «cultures
mixtes».
Votre déménagement en Suisse à l’ETH Zurich auratil
un impact sur votre recherche et sur l‘enseignement?
L’ETH Zurich offre des possibilités exceptionnelles pour
la recherche et l’enseignement. Depuis que je travaille à
l’ETH, j’ai lancé plusieurs nouveaux projets qui abordent
la situation concrète en Suisse. Le contexte régional a
changé, mais les questions de recherche fondamentales
restent les mêmes. A l’UC Davis en Californie, j’ai par
exemple déjà mené des recherches sur les émissions de
gaz hilarant provenant des surfaces agricoles, et mon
groupe travaille maintenant également sur ce genre de
projets en Suisse. Je participe en outre à des projets rela-
tifs à la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique.
J’apprécie l’attitude ouverte du paysage de recherche
européen envers les projets de recherche en Afrique.
Beaucoup de scientifiques suisses, actifs dans les
domaines agronomique et environnemental, mènent
déjà de nombreux projets dans les pays africains.Pour l'enseignement, j'emploie beaucoup d'exemples
tirés de nos projets de recherche actuels.
Qu’apprendront exactement les étudiants?
Nous voulons donner une compréhension approfondie
des agroécosystèmes dans nos cours. Pour ce faire, nous
abordons les problèmes scientifiques agronomiques de
la manière suivante: d’une part, nous intégrons systé-
matiquement les aspects écologiques, économiques et
sociaux; d’autre part, nous considérons la thématique à
différentes échelles spatiales et temporelles. Une bonne
approche consiste à intégrer les étudiants de manière
active, et à utiliser des stratégies d’enseignement parti-
cipatif. n
*Interview: Brigitte Dorn, Janine Graber et Anett Hofmann, ETH Zurich*adaptée et complétée à partir de l’INFO AGRARWIRTSCHAFT Juni
2013
494 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
Actualités
Henri Gilliand1 , Theodor Ballmer2 et Brice Dupuis1 1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon2Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich
Surfaces* de plants de pomme de terre visitées et admises en Suisse 2014
*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA)
Variété Surface inscrite (ha)Surface refuséeou retirée (%)
Surface admise
Total pour toutes les classes de certification (ha)
Répartition des surfacespar variété (%)
Agata 46,6 0,0 46,6 3,1
Agria 413,2 1,0 397,9 26,2
Alexandra 12,4 0,0 12,4 0,8
Amandine 48,6 0,0 48,6 3,2
Annabelle 48,2 0,0 48,2 3,2
Antina 1,0 0,0 1,0 0,1
Bintje 22,0 0,0 22,0 1,4
Blaue St-Galler 6,5 0,0 6,5 0,4
Celtiane 20,0 0,0 20,0 1,3
Challenger 18,4 0,0 18,4 1,2
Charlotte 162,5 0,0 162,5 10,7
Désirée 40,0 0,0 40,0 2,6
Ditta 58,7 0,0 58,7 3,9
Erika 13,3 0,0 13,3 0,9
Fontane 56,3 0,0 56,0 3,7
Gourmandine 25,8 0,0 25,8 1,7
Gwenne 4,2 0,0 4,2 0,3
Hermes 11,0 0,0 11,0 0,7
Innovator 100,4 0,1 99,3 6,5
Jelly 37,6 0,1 36,4 2,4
Lady Christl 35,5 0,0 35,5 2,3
Lady Claire 53,2 0,0 53,2 3,5
Lady Felicia 41,1 0,0 40,6 2,7
Lady Rosetta 35,3 0,1 34,0 2,2
Laura 12,6 0,0 12,6 0,8
Markies 59,5 0,0 59,5 3,9
Nicola 11,5 0,0 11,5 0,8
Panda 30,3 0,0 30,3 2,0
Pirol 11,5 0,0 10,8 0,7
Victoria 107,7 0,3 103,5 6,8
Total général 1544,3 1,6 1519,9 100,0
A c t u a l i t é s
495Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Agroscope Transfer N° 43
En 2013, les revenus par
exploitation ont nette-
ment augmenté par rap-
port à l’année précé-
dente, du fait des prix
plus élevés sur le marché
des porcs, des bovins et
du lait. Le revenu agri-
cole des exploitations de référence se monte à 61 400
francs par exploitation, contre 56 000 francs l’année pré-
cédente, ce qui représente une hausse de 9,7 %. Le
revenu agricole rémunère 469 900 francs de fonds
propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail
de 1,21 unités de main-d’oeuvre familiale par exploita-
tion. Suite à la hausse des taux d’intérêt, le revenu du
travail par unité de main-d’oeuvre familiale n’a pas
augmenté dans les mêmes proportions que le revenu
agricole (7,6 %, +3320francs). La variation du revenu du
travail par rapport à l’année précédente dépend consi-
dérablement du type d‘exploitation. Ainsi les exploita-
tions du type «Autre bétail bovin» et «Transformation»
ont pu améliorer leur revenu du travail par unité de
main d’oeuvre familiale de 8,7 %, resp. 63,7 % par rap-
port à l’année précédente grâce à des prix favorables
pour les porcs et les bovins, tandis que les types d’ex-
ploitation «Grandes cultures», «Vaches-mères» et «Che-
vaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenu chuter d’au moins
3 %. Le revenu extra-agricole s’élève en moyenne à
27 100 francs par exploitation et a légèrement aug-
menté (+360 francs ou +1,3 %) par rapport à 2012. Le
revenu total, qui se compose du revenu agricole et du
revenu extra-agricole, s’élève à 88 500 francs et a donc
augmenté de 5800 francs (+7,0 %) par rapport à 2012.
Dierk Schmid et Daniel Hoop, Agroscope
Auteurs
Dierk Schmid et Daniel [email protected]@agroscope.admin.ch
Octobre 2014
En 2013, les revenus par exploitation ontnettement augmenté par rapport à l’an-née précédente, du fait des prix plus éle-vés sur le marché des porcs, des bovins etdu lait. Le revenu agricole des exploita-tions de référence se monte à 61400 francspar exploitation, contre 56000 francs l’an-née précédente, ce qui représenteune hausse de 9,7%. Le revenu agricolerémunère 469900 francs de fonds propresinvestis dans l’exploitation ainsi que le tra-vail de 1,21 unités de main-d’œuvre fami-liale par exploitation. Suite à la hausse destaux d’intérêt, le revenu du travail parunité de main-d’œuvre familiale n’a pasaugmenté dans les mêmes proportionsque le revenuagricole (7,6%, +3320francs).La variation du revenu du travail par rap-port à l’année précédente dépend considé-rablement du type d‘exploitation. Ainsi lesexploitations du type «Autre bétail bovin»et «Transformation» ont pu améliorer leur
revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale de 8,7%, resp. 63,7%par rapport à l’année précédente grâce àdes prix favorables pour les porcs et lesbovins, tandis que les types d’exploitation«Grandes cultures», «Vaches-mères» et«Chevaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenuchuter d’au moins 3%. Le revenu extra-agricole s’élève en moyenne à 27100 francspar exploitation et a légèrement augmenté(+360 francs ou +1,3%) par rapport à 2012.Le revenu total, qui se compose du revenuagricole et du revenu extra-agricole, s’élèveà 88500 francs et a donc augmenté de 5800francs (+7,0%) par rapport à 2012.
En 2013, la prestation brute de la production porcine a augmenté de 20,9%.
Des résultats détaillés portant sur l’en-semble de l’exploitation se trouventdans les tableaux des pages 10 à 19.
EconomieAgroscope Transfer | N° 43 / 2014
Evolution économique de l’agriculture suisseen 2013Rapport principal n° 37 du Dépouillement centralisé des données comptables
(série temporelle 2004–2013)
Gab
rielaBrän
dle,
Agrosco
pe
Impressum
Editeur:AgroscopeTänikon 1, 8356 Ettenhausenwww.agroscope.chRédaction: Erika Meili
Mise en page et impression:Sonderegger Druck AG,Weinfelden
Prix: 6 fr. 30 l’exemplaire (montantminimum de la commande:30 francs, frais d’expédition noncompris)Commande: tél. +41(0)584803131,e-mail:[email protected]:www.agroscope.ch/transfer/frCopyright:©Agroscope 2014ISSN: 2296-7222 (print),2296-7230 (online)
Evolution écono-mique de l’agriculture suisse en 2013
Agroscope Transfer N° 28
Un fourrage sec de haute
qualité permet d’alimen-
ter les ruminants à un
coût avantageux en utili-
sant le moins possible de
concentrés. Cependant, la
qualité des ensilages en
silos-couloirs est souvent
l’objet de discussions, car on observe de lourdes pertes
dans la pratique suite à des mauvaises fermentations et à
la formation de moisissures. On sait que le degré et la
régularité du compactage du fourrage jouent un rôle
majeur. La présente étude montre que l’importante hété-
rogénéité de la compacité au moment de l’entreposage
pose un problème essentiel. Un remplissage régulier en
couches pas trop épaisses et l’emploi d’un distributeur
d’ensilage peuvent atténuer ce problème. Trois passages
minimum de véhicules d’environ 6–10 tonnes pour tasser
le fourrage permettent d’atteindre une densité suffisante.
Le processus global de compactage soulève encore de
nombreuses questions car les facteurs d’influence sont
multiples.
Roy Latsch et Joachim Sauter, Agroscope
TechniqueAgroscope Transfer | N° 28
Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir
Une répartition régulière des couches d‘ensilage à l’aide de distributeurs diminue le risque de post-
fermentation.
Juin 2014
Un fourrage sec de haute qualité permetd’alimenter les ruminants à un coût avanta-geux en utilisant le moins possible deconcentrés. Cependant, la qualité des ensi-lages en silos-couloirs est souvent l’objetde discussions, car on observe de lourdespertes dans la pratique suite à des mau-vaises fermentations et à la formation demoisissures. On sait que le degré et la régu-larité du compactage du fourrage jouentun rôle majeur. La présente étude montreque l’importante hétérogénéité de la com-
pacité au moment de l’entreposage poseun problème essentiel.Un remplissage régulier en couches pastrop épaisses et l’emploi d’un distributeurd’ensilage peuvent atténuer ce problème.Trois passages minimum de véhicules d’en-viron 6–10 tonnes pour tasser le fourragepermettent d’atteindre une densité suffi-sante. Le processus global de compactagesoulève encore de nombreuses questionscar les facteurs d’influence sont multiples.
Auteurs
Roy Latsch etJoachim Sauter
Photos:A
grosco
pe
Un compactage élevé et régulier des ensilages est la pierre angulaire d’un fourrage de première qualité.
Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir
A c t u a l i t é s
496
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Agroscope Transfer N° 44
Un risque de gonflement prononcé de la panse (météo-
risation) des bovins va certainement de pair avec des
conditions particulières pendant l’affouragement en
vert. Occasionnellement, ils peuvent pourtant se mani-
fester dans d’autres systèmes d’alimentation. Tous les
facteurs qui mènent à des météorisations ne sont pas
connus; par conséquent, l’évaluation du risque et de
l‘efficacité des mesures préventives n’est pas possible
avec certitude. Pour certains éleveurs, il s’agit d’un pro-
blème récurrent. Suite à leurs expériences, ils disposent
de tout un arsenal de mesures préventives plus ou moins
efficaces. Dans de nombreuses exploitations, les pro-
blèmes de gonflement de la panse surviennent périodi-
quement. Que l’on y soit préparé ou non, les pertes en
animaux qui s’ensuivent sont toujours douloureuses.
La présente fiche technique pour la pratique porte sur la
météorisation chez le bovin. Elle contient les thèmes sui-
vants:
• Apparition et formes
• Symptômes
• Facteurs de risque connus et supposés
• Traitement des météorisations
• Prévention
Andreas Münger, Agroscope
Animaux
Agroscope Transfer | no 44
Météorisation chez le bovinFiche technique destinée à la pratique
Octobre 2014
Auteur
Andreas Münger
Un risque de gonflement prononcé de lapanse (météorisation) des bovins va certai-nement de pair avec des conditions parti-culières pendant l’affouragement en vert.Occasionnellement, ils peuvent pourtantse manifester dans d’autres systèmes d’ali-mentation. Tous les facteurs qui mènent àdes météorisations ne sont pas connus ;par conséquent, l’évaluation du risque etde l‘efficacité des mesures préventivesn’est pas possible avec certitude. Pour cer-tains éleveurs, il s’agit d’un problèmerécurrent. Suite à leurs expériences, ils dis-posent de tout un arsenal de mesures pré-ventives plus ou moins efficaces. Dans denombreuses exploitations, les problèmesde gonflement de la panse surviennentpériodiquement. Que l’on y soit préparéou non, les pertes en animaux qui s’ensui-vent sont toujours douloureuses.
La présente fiche technique pour la prati-que porte sur la météorisation chez lebovin. Elle contient les thèmes suivants :
• Apparition et formes• Symptômes• Facteurs de risque connus et supposés• Traitement des météorisations• Prévention
And
reas
Mün
ger,Agroscope
Météorisation chez le bovin
497
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
Agroscope Science n° 5 / juin 2014
Différents projets ont déjà pu montrer l’applicabilité du
modèle SALCA-NO3 pour estimer le lessivage des nitrates
dans les eaux souterraines. De nombreuses cultures sup-
plémentaires ont été intégrées au modèle, p. ex. des varié-
tés de légumes. Il était en outre souhaité de partir d’une
approche du lessivage potentiel pour arriver à une estima-
tion du lessivage probable des nitrates. Avec la présente
version du modèle, ces deux objectifs ont été atteints pour
la modélisation de l’absorption d’azote et la minéralisa-
tion de la matière organique du sol.
Contrairement à l’ancienne version, le nouveau
modèle permet de distinguer les régions de plaine, de col-
lines et de montagne en Suisse, ce qui permet son utilisa-
tion dans un contexte climatique plus étendu. La modéli-
sation de l’élevage de porcs en plein air est également
venue s’ajouter. En outre, le modèle couvre une palette
plus large de cultures, légumes compris.
La quantité d’azote nitrique lessivée est estimée en
établissant la différence mensuelle entre l’azote minéra-
lisé disponible provenant de la matière organique du sol
(minéralisation nette d’azote) et l’assimilation d’azote par
les plantes, ainsi qu’en établissant la part d’azote lessivée
qui provient des engrais minéraux épandus à des périodes
défavorables.
Le lessivage probable des nitrates pendant une
période de culture se calcule en établissant la somme des
valeurs mensuelles dans la période de l’analyse de cycle de
vie, en commençant un mois après la récolte de la culture
précédente jusqu’à la date de récolte de la culture concer-
née. Cette méthode permet également de bien modéliser
les assolements qui incluent des cultures intermédiaires.
Le calcul de la minéralisation nette d’azote a pris en
compte les facteurs suivants: teneur en humus et en argile
du sol, apport de matière organique via les engrais de
ferme, intensité du travail du sol et assolement.
La publication est disponible uniquement en allemand.
Agroscope Science parait seulement sous forme électronique. La
publication peut être téléchargée au format PDF sur www.agroscope.
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Walter Richner, Hans-Rudolf Oberholzer, Ruth Freiermuth Knuchel,
Olivier Huguenin, Sandra Ott, Thomas Nemecek et Ulrich Walther
Modèle d’évaluation du lessivage des nitrates dans les analyses de cycle de vie – SALCA-NO3
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Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
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07.11.2014 Faire parler les gènes silencieux des champignons Agroscope et l’Université de Genève ont fait parler des
gènes de champignons jusque-là silencieux. En utilisant
des modificateurs épigénétiques, ils ont pu accéder à un
horizon de molécules actives inédites, présentant notam-
ment des activités fongicides redoutables pour lutter
contre les champignons nuisibles tant pour les cultures
que pour la santé. Le potentiel de cette démarche est
quasi infini et promet d’être à l’origine de découvertes
d’intérêt médical et agronomique inespérés.
06.11.2014 Le vecteur de la flavescence dorée sous haute surveillance En 2014, Agroscope et les services cantonaux de viticul-
ture ont mené une campagne nationale de surveillance
de Scaphoideus titanus. Outre une présence déjà établie
au Tessin, dans l’arc lémanique et le Chablais, le vecteur
est confirmé au Valais central. Les autres sites suisses
sous surveillance sont pour l’heure épargnés.
31.10.2014 Culture sous serre: la déshumidification par condensation permet d’économiser de l’énergie Les essais menés par Agroscope ont montré qu’une éco-
nomie d’énergie de 15 à 25 % était possible en utilisant
un déshumidificateur à condensation pour éviter les
excès d’humidité de l’air dans les serres. Cet appareil per-
met de réguler l’humidité sans gaspillage énergétique ni
impact négatif sur la culture.
21.10.2014 Les grandes cultures tirent parti des organismes du sol: plus de biomasse, moins de pertes d’éléments nutritifs Les organismes du sol jouent un rôle majeur dans les
grandes cultures: un réseau alimentaire souterrain effi-
cace à base de bactéries, de champignons et de micro-
faune peut améliorer la nutrition des plantes, augmen-
ter les rendements agricoles et réduire le lessivage des
éléments nutritifs. Une étude d’Agroscope publiée dans
le Journal of Applied Ecology montre qu’adopter un
mode d’exploitation respectueux du sol porte ses fruits.
Faire plus attention aux organismes du sol permet d’éco-
nomiser des engrais et de protéger les eaux.
03.10.2014 Viroses de la pomme de terre: un radar à puce-rons pour prévoir les risques La perte de production due aux infections virales repré-
sente un grand défi pour les multiplicateurs de plants de
pomme de terre. Les pucerons transmettent les virus en
début d’été. Ils volent de plantes malades en plantes
saines et infestent ainsi les tubercules en développe-
ment. Agroscope surveille ces vols à l’aide d’un piège à
aspiration et a développé un nouvel outil de prévision
permettant d’informer les producteurs sur les risques de
propagation des virus.
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
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Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s I n t e r n e t
Agrometeo Webapp – Prévision et gestion des risques pour l'agriculture
www.agrometeo.ch
Agrometeo est une plate-forme qui rassemble des outils
d’aide à la décision et des informations permettant une
meilleure gestion de la lutte phytosanitaire en agricul-
ture. Elle est basée sur un réseau constitué de plus de
150 stations autonomes, qui fournissent des données
météorologiques microclimatiques utilisées par diffé-
rents modèles de prévision des risques pour des mala-
dies fongiques et des ravageurs.
Novembre 2014
18.11.2014Journée de la recherche Profi-Lait 2014Profi-Lait, Agroscope, Agridea, HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen BE
20. – 21.11.2014Beerenseminar 2014Agroscope, SOV-FUSKartause Ittingen, Thurgau
21.11.2014AgriMontana AgriMontana / AgroscopeLandwirtschaftliches Bildungs- und Beratungs-zentrum PlantahofLandquart
Janvier 2015
22.1.20142. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 «Funktio-nelle Biodiversität in der Landwirtschaft»Agroscope INH8046 Zurich
Mars 2015
14. 03.2015Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch
18. – 19.3.20155. Tänikoner MelktechniktagungTänikon, 8356 Ettenhausen
V o r s c h a u
Janvier 2015 / Numéro 1
Le feu bactérien est un sérieux problème pour la culture de fruits à pépins en Suisse. Pour éviter de recourir aux antibiotiques, les chercheurs et chercheuses d’Agroscope explorent intensive-ment des approches alternatives. De nouveaux principes actifs, stra-tégies de protection phytosani-taire et mesures sont testés afin d’assainir les arbres atteints et d’obtenir des variétés de pommes et de poires robustes pour la culture de fruits à cidre. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
D a n s l e p r o a c h a i n n u m é r o
•• Recherche de variétés robustes pour une gestion
durable du feu bactérien, Anita Schöneberg et al.,
Agroscope
•• Les défis d’une production de pommes exemptes de
résidus, Michael Gölles et al., Agroscope
•• Croisements entre races laitières et à viande pour
optimiser la performance bouchère, Arlène Müller
et al., HAFL
•• Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies,
Peer Schilperoord, Alvaneu Dorf
Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014
Donnerstag, 22. Januar 2015
Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft2.Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015
Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH
Themen• Funktionen der Biodiversität – Beispiele und Potenzial• Von Bienen und Blumen: funktionelle Biodiversität vonBestäubern in Agrarlandschaften
• Bodenbiodiversität, Nachhaltigkeit und Ökosystem-Multi-funktionalität
• Ansaatwiesen – Pflanzeneigenschaften gezielt kombinieren• Ökonomische Bewertung der funktionellen Biodiversität
Anmeldeschluss: 13. Januar 2015
TagungsortAgroscopeInstitut für Nachhaltigkeitswissenschaften INHReckenholzstrasse 191, 8046 Zürich, Vortragssaal
Detailprogramm und Anmeldungwww.agroscope.ch/veranstaltungen> 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung
www.agroscope.ch
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économie agraire, techniques agricoles,
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Date
SignatureCette publication paraît en allemand et en
français. Elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.
Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’Office fédéral de l’agriculture
OFAG, la Haute école des sciences agrono-
miques, forestières et alimentaires HAFL,
AGRIDEA Lausanne & Lindau, l’Ecole
polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de
l’Environnement et l'institut de recherche de
l'agriculture biologique FiBL. Agroscope est
l’éditeur.