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RECHERCHES

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3e1FJtn etLE CARACTÈRE A.IICIIITECTURAL.

DE LÀ CATHgDKALLE DE LYON,

PRÉSENTÉES 4t1 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE*

PARI.

MEMBRE DE PIUSIFiilIIS SOCI}TÊS SAVANTES A LYOX,

Exlrail au Conque-rendu des séances archéologiques 10124es à Lyonen 4862 par ta Socidté française d'archéologie.

-CAEN,

TYP. DE A. I1MDEL, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,--

ILUE Enoroc

13.BIBLIbYÏtQUE

--- Documo

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RECHERCHES

imI deFlaji et

LE CARACTÈRE ARChItECTURAL

DE LA CATHÉDRALE DE LYON,

PRÉSENTÉES Alt CONGRÈS AI%CÉOLOGtQUE.

L'architecture si complexe en apparence de notre églisemétropolitaine ; le style si distinctif de chacune (le SCS di-visions ; la différence de hauteur entre les voûtes de l'abside'et celles des transepts et (le la grande nef, l'ont fait envis"agercomme une oeuvre toute de pièces et de morceaux, commeune agrégation de divers plans soudés les uns aux autres àdifférentes époques, et sans unité de conception.

Cette appréciation inexacte de notre monument atellerrient divulguée , & préconisée avec tant d'insistancequ'on a fini par l'adbcitre comme une vérité incontestableet les traités d'archéologie , en voulant renfermer dans unepériode exdcte chaque transforinatioi (le l'architecture (lumoyen-âge, n'ont l)5 peu contribué à donner raison , enquelque sorte, à cette manière de juger la vieille basilique'lyonnaise.

Cependant, les savants, tels que les de Caumont et autres,en donnant à l'archéologie monumentale ses formules et ses

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rA

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divisions , n'ont pensé qu'à étaMir (les points (le repère, ailmoyen desquels ils plissent se reconnaitre au milieu (le cettevariété de styles' que présentent les nombreux édifices ro-mans et ceux (le la période ogivale; niais Us n'ont jamais euen vue évidemment (le faire , ;d'une simple classification , tinprincipe invariable etaboiuflhls ii'ontpuouloir enseignerque chaque modification de stye ,-dans l'art de bâtir 1 com-mençait juste à une époque déterminée, au milieu ou à la lin(l'un siècle, par exemple, ci faisait place méthodiquementetà jour fixe, à une autre entente artistique.

L'enthousiasme avec lequel on s'est jeté sur les premiersécrits traitant de l'art du mo yen-âge a empêché (le discernerce qui était de principe fondamental, d'avec ce que l'on nedevait envisager que coitinie une simple nomenclature deconvention essentiellement variable. On n pris celle-ci à lalettre, contrairement à la pensée de cciii qui l'avaient établieen premier I cii et bien souvent oit en n fait l'applicationirréfléchie lorsqu'il s'est agi de déterminer l'âge et le styled'une foule (le monuments historiques.

Mais aujourd'hui que la science n marché et que, grâceà des investigations patientes et sûres, elle est arrivée à fairela Iumièi' sur les origines et les phases diverses des con--sti'uctions gothiques, il est permis de juger l'architecture

- mixte (le no&e cathédrale d'une, toute autre façon qu'elle nel'a été jusqu'à présent. On a été long-temps à croire que

l'adoption du style ogival , concurremment avec l'ornemen-tation romane, ne pouvait étre le tait d'un tnême architecte,parce que l'on voyait là deux arts particuliers qui indiquaientdeux époques distinctes, bien éloignées l'une de l'autre. Cetteopinion ne peut plus se soutenir maintenant.

Parmi les monuments qui présentent comme le nôtre etd'une manière encore plus inexplicable et plus prononcée,l'alliance du pleiIi'cintre et de l'arc brisé , nous citerons;

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en premier lieu, l'église de St,-GeSer (Oise), que l'on faitremonter ir 4136. Là; le plein-cintre apparaît dans tout le -haut du monument , tandis que l'ogive règne seule dans leplan inférieur. Et en second lieu •, la cathédrale de Noyonélevée, suivant M. Violl'et-Leduc, de 4150 à 4490, ce re-marquable édifice • qui présente avec notre primatiale unegrande conformité de plan dans la disposition des travCes etle tracé des voûtes, n toutes les arcades du rez-de-chausséeet celles de la galerie du premier étage ouverte en ogive,pendant que l'arc plein-cintre se montre exclusivement dansles petites arcatures cIta second triforium et clans les grandesfenêtres de la nef centrale.

Il fut donc une époque où l'art était libre et' ne se ré-suniit pas , comme au XflJ. siècle, en une formule; etcette époque , long-temps méconnue et mal déliiie au point(le vue artistique , c'est le XII'. siècle. Le style ogivalo,ttÇriahon c,'Yrase trouve parfaitement constitué au XII ,. gMuk. On""°"' t'et.'ttl')comprend dès-lors que les architectes • gothiques de cetteéppque, encore sous l'influence romane, qui avait laissé desoeuvres d'une grande importance et d'une grande valeurn'aient pas cru deoir s'abstenir d'un style qui , employéavec discernement et intelligence, ne pouvait que donner àleurs 'édifices de l'imprévu et de la variété. -

Ou sait aujourd'hui que les premiers mouumeûts-types del'architecture gothique se sont élevés dans l'Jle-de-Fraffce etla région limitrophe dans tout le bassin de l'Oise et unepartie de la Champagne. Par conséquent, la cathédrale de

'Noyon et l'église de St.-Germer que nous venons (le citer,s9nt deux édifices originaux du style ogival primitif.

Toutefois, ce qui teste encore à déterminer, c'est le ino-ment précis où le style gothique se montre sur tons lespoiPts du sol français dès qu'il est connu. Assez générale-ment, on assigne à la diffusion de cet art dans quelques.une

'y

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- de nos provinces , et notamment dans le lyonnais. une date• - beaucoup plus récente que cellè indiquée par l'âge 4es con-

structions où il apparaît. Fil ce qui concerne notre cathé-,draie en particulier, on s 'est obstiné à attribuer au XII.siècle le style des transepts et (le la grande nef, tandis qu'on

• renferme exactement dans la tin du XI?. siècle le sanctuaireet les deux chapelles absidales. La ligne de démarcationest, comme ou le voit , très-nettement (racée. Nous allmis.essayer de restituer à chaque division de noire intéressantédifice l'état civil que lui assigne la marche rationnelle destravaux.

Commencée de 1173 à 1176, sous l'archevêque Guichard,la basilique lyonnaise s'élèse à une époque où l'art de bâtircomme uous l'avons dit , tic s'astreint pas à un type uniqueniais où il est essentiellement libre et prend divers aspectssous une mêiue main, coilservacit les traditions de l'architec-,

t t.uce romane intimement liées au st y le ogival. Toutes les -églises de notre province commencées ou achevées à peuPrès au même temps que la métropole , telles que celle (leSt.-Paul, à Ivon, qui date du milieu du XII'. siècle, et

celle de Belleville ( Rhôn) , consacrée par l'archevêque Gui-•chard en 1179, cii sont une preuve évidente. -

I] n'y a pas eu dans le Lyonnais , que nous sachions dutmoins, (l'école provinciale d'architecture, et la plupart denos églises anciennes d'une certaine importance ont toutesune origine ou clunisienne •ou bourguignonne. C'est à cettedernière qu'appartient notre primal iale. En l'absence (lepreuves écrin,s et de documents authentiques établissant cefait, nous n'a'ioas qu'à ouvrir le Dictionnaire d'architecture,

de M. Viollet-Leduc, et là nous trouverons matière à nouséclairer complètement à cet égard. Système de constructioncaractère de la flore des chapiteaux, beauté du style: toutcela est expliqué, analysé, déniontré dans le savant ouvrage

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avec une précision et une justesse d'aperçus qui fie laissentaucun doute dans l'esprit , quand nu compare l'architecture

bourguignonne avec celte que présente la cathédrale deLyon.

Or, en Bourgogne , en raison même (le la proximité décette province avec la Champagne où liait en même tempsque dans l'Ile-de-France le style gothique, cet art se montretout complet presque aussitôpprès sa première manifestation.L'architecte bourguignon ,appelé par l'archevêque Guichardpour dresser le plan de. sa basilique, nous apporte le styleogival précisément W s plus belle époque car ce que lascience vient de constater, c'est que cet art n'apparaît danstoute sa perfection et dans toute sa pureté qu'au momentmême de sa naissance, -

o Comme tous les grands styles, dit M. Ernest Relia!),« le gothique fut parfait eu naissant. Trop habitués à juger'

ce sty le par les ouvrages de sa décadence , nous oublions'u souvent qu'il y eut pour le style ogival, avant les exagé-

rations des derniers temps, un moment classique où ilo connut la mesure et la sobriété. 'Les petits édifices élevés

eu quelques années et d'une parfaite unité, nous ren-'seignent bien mieux à cet égard que les grandes catlté-draIes, achevées presque ' toutes au x Ive. siècle. L'églised5 Si -Leu d'Esserans, dont M. Vitet a, je crois, 1e mérite'd'avoir le premier révélé la. rare élégance celle d'Agnetz

o près de Clermont ]a salle d'Ourscamps hi belle églisew cistercienne de Longpout-, ou même celle de St.-Yved« 'de Brairie , sont d'excellents modèles aussi\ pur , aussicc frappants d'unité , que le plus beau temple grec. Les

églises élevées par les Croisés en Palestine brillent aussi- -• par leur sévérité. On ne peut placer trop haut ces concc structions simples et grandioses du premier style ogival.

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« Les lignes verticales n'empêchent pas de fortes lignes ho-u rizontles (le se dessiner. Les chapiteaux , tous semblablesu entr'eux clatis tin même édifice et composés de feuilleso élégantes, rappellent encore le galbe corinthien, les bases« sont rondes et ornées de moulures simples ; tout l'aspectu de la colonne est antique et d'une juteproportion. L'ogive,« dont on exagérera plus tai'd l'acuité, est à peine sensible« à St.-Leu ,-l'ahside, à distance, parait toute romane. On

lie VSC qu'à des hauteurs modérées; le bâtiment paraitu assez large les fenêtres sont de taille moyenne , presque,u sans divisions intérieures. Tout l'édifice respire une droi-

ture de jugement, on idntiment de justesse dont on ne« tardera pas à 'se départir (1).

Si. -Jean (le Lyon n'est pas un édifice (le transition , maisune église complètement ogivale , et les réminiscences ro-malles qui s'y montrent n'affectent 'en rien le système généralde la Construction, Uukresle , nul indice de tâtonnementnulle indécision dans l'exécution de cette oeuvre importante;et cela n'est pas étonnant. Ce n'est point l'a une productionnaturelle de notre sol, un art qui essaie chez tiens de suiviele mouvement artistique du Nord: c'est une importation descontrées voisines de la nôtre ; c'est l'oeuvre d'un homme quipossède tous les secrets de cette nouvelle manière de bâtir,qu'il a étddiée jusqu'à sa source; qui sait ce qu'il veut, et

•comment il doit procéder pour obtenir tels ou tels résultats.C'est le principe ogival qui a-tracé (tans l'abside les arcades -

des travées, d'un caractère ferme et d'une grande simplicitéde profils; qui a dessiné les longues fenètres du rond-point,d'un aspect noble et sévère ; qui a dressé ces robustes pilesd'angles montées en grand appui-cil de pierre doue , cati-tonnées de nombreuses colonnes destinées à recevoir les arcs

(3) Revue des Deux-AJu,ictcs, 1". juillet f862.

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(les chapelles absidales et (les transepts, puis les nervures desvoûtes ogivales de l'abside et de la grande nef; qui, etiflu,a-complété, par l'emploi d'au'cs-boutants savamment calculés,

l'admirable structure du monument.Les disparates de stye et, d'ordonnance intérieure, que

loti remarque entre l'abside , les transepts et les premièrestravées. de la grande nef, ne résultent pas de modilications.introduites dans le plan primordial de L'oeuvre, par suite dechangements successifs dans la direction des travaux, commeoit le croit encore elles ont été prévues et raisonLiéeSd'avance , et ne sont que la conséquence du programmeimposé à l'architecte, en raison de la diversité des matériauxqu'il avait à employer, et de certaines traditions liturgiques

religieusement conservées 'dans notre province. Quatre clo-chers (levaient régner sur le monument , en signe de la

1. primatie de l'église de Lyon, et l'abside, comme presque

toutes celles de nos vieilleséglises_'lnyonnais , devait être

moins élevée que la nef centrale: -Nous n'avons pas à discuter ici les taisons de cette par-

ticularité architecturale nous constatons k fait, que tout , le

inonde eeut vérifier tout aussi bien que nous. On retrouvecette disposition du chevet (le notre cathédrale dans unefoule d'églises qui sont, pour ainsi dire, aux portes de Lyonet parmi lesquelles nous pouvons citer celles de Villefranche,de Salles, de. Deuicé, de Cbessy, de Savigny, d'Ou'liénas. deVemaison., de Grigny, de Ternay , de Si. -André-le- Bas, àVieillie, ,etc. , etc. Notre ancienne primatiale, sous le vo -cable de Si, -Étienne, présentait le même fait de construction.Quelques rares gravures nous ont conservé l'aspect intérieurdu sanctuaire, au-dessus duquel on voit trois baies, en ogive

simple, s'ouvrant dans le mur d'intersection. mais une, dis-

position de plan qui est commune à tontes nos ancienneséglises, même é celles où l'abside est tic même hauteur (IUC

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la grande nef, c'est l'absence de déambulatoire contournantle chevét, ainsi que le • comporte le plan de la basiliquelatine; -

Obligé de se renfermer, pour l'étude de son plan d'en-semble , dans tes données que nous venons d'indiquer , l'ar-chitecte de notre cathédrale ne pou-iait assurément prendrede parti plus sage et plus rationnel que celui auquel if s'estarrêté, et le monument, dans sa pensée, ne (levait pas seprésenter sous un autre aspect. - -

Nous ne saurions nous rendre à cette opinion, par exemple,qui veut absolument que la grande nef ait été.entenduedans le principe , avec la même hauteur- que l'abside, etque les proportions n'en aient été modifiées que par suited'une nouvelle impulsion dans les travaux: ou à cet antresentiment encore , que le sanctuaire , au tootfleiit où l'onentreprit la grande nef, était trop avancé pour qu'onn'ait pasjugé à propos delui donner plus d'élévationafin de le raccorder avec cette derinêre partie de l'édi-fice.

En voulant renfermer exclusivement dans les dernièresannées du XII'. siècle, la construction de l'abside et desdeux chapelles latérales , on a cru avoir complètement séparéde celui de la grande nef un st y le lui généralement paraît lui•être de beaucoup antérieur ; mais on n'a pas assez fait at-tention que ce caractère de l'architecture romane se trouvaitici plus étroitement lié à l'architecture ogivale qu'on ne l'asupposé.

Toutes les parties basses du monument nous offrent denombreux et importants spédmens du style roman, mais nonde la construction romane. Dan's les transepts, ce sont (lesespèces de niches pratiquées dans le mur, on des arcadessimulées abritant des fenêtres. Dans les collatéraux, toutesles piles engagées présentent la môme structure, et les mêmes

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profils dehases que: celles faisant retoili du sanctuaire sur les

chapelles absidales . ; quelques-unes même despiles (les 'basses-nefs, dans les premières travées , sont couronnées de •ha-

piteaux romans. C'est entre ces piles, romanes par la, baseet par la tête, que s'ouvre le petit porche qui .déhouchesur la cour de l'archevêché. - Là , le style ogival nous ap-paraît entièrement conformd, et nous montre des profilset des détails de chapiteaux que nous avons déjà reconnusdans l'abside, dans les transepts et dans la grande tf; depins, ce qui est pour nous l'indice que ce travail doit êtreattribué à la direction particulière de l'architecte fondateur.,c'est que les colonnettes, qui reçoivent les retombées del'arc-doubleau et des nervures d'arête de cette petite con-strUctiuil, ne soit pas en pierre, mais e&înarbrc. Or, Feuj-ploi (lu marbre dans la structure (le noire monument, mêmelorsqu'il s'agit du.style gothique, nous paratt un fait qui nepeut que rStonter à l'origine des premiers travaux.

Oit ne peut admettre, en effet, que ce porche soit une -substructiôn ajoutée postérieurement à la mise en place despiles qui l'avoisinent, et que les murs latéraux ,- qui relient

ces piles entr'elles , n'aient été montés que long-temps aprèsque celles-ri furent élevées. L'analyse de la constructionsur ce point, dément une telle supposition.

Mais c'est surtout dans l'ancien Porche , communiquantautrefois avec l'église St. -Étienne (collatéral nord ) et tian's-

formé aujourd'hui en sacristie , que nous trouvons unexemple encore plus frappant-de l'alliance intime .de deuxstyles , que l'on dirit appartenir à deux époques hin dis-tinctes. On voit, en effet, au-dessus de ]'entrée de ce porche,

• une dééoration en arcatures simulées bù l'on reconnaît,

sans hésiter , la structure, les détails &-tout le style ;entin

• des ouvertures duriforiurn de la grande nef. L'analogie est

com plète et ne laisse rien à désfrer, -

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kl'int&ieur, les jambage de la pEtte , en marbre blancainsi qu& le linteau qui la recouvré attestent dans l'oi'neinentation de la partie supérieure, Uli caractère qui tientenebre de. l'époque romane; tandis que les colonnetts,'égaleinènt en marbre blanc, sur lesquelles rposeifl les net

vureï diagotiies de la i'oOte , révèlent , par les détails .deleurs chapiteaux et de leurs b;îses, le style que l'on attribueinvariablement au XIII", siècle. Il ne restera aucun doutedans l'esprit de personne • stit' lès rapports intimes de con-sttuctiôn et la simultanéité (le mise en oeuvre de la grandenef et des collatéraux , quand flous aurons fait retnarqierque, sur l'un des jambages éii 'marbré de la porte presque-romane du porche en question, nous a yons découvert un-sigue,gi'aphirjue j, qui se trouve exactement rappelé sur'deux fûts de la pile engagée à gauche de l'entrée, et sur l'uudes piliers de la grande nef, placé en regard de cette mêmePile. -

Des observations trés-attbutjves sur ce fait nous fini aiuej,éà recojînaitre que tous les piliers 'le la grande nef portent les -mêmes contremaiqttes que celles empreintes au ciseau surles assises des murs, et sur les fûts des Piles engagées desnefs latérales. Ces cohtremarques, que l'on retrouve lesmêmes, aussi bien à Peu (le distance du sol que dans toutes lesparties hautesdu monument ,dans les galeries des transepts etde l 'abside, ' et sur le mur d'intersection- 'qui s'élève au-dessusdu sanctuaire, sont des - lett; :es majuscules appartenant Itl'épigraphie de la fin du XIP, siècle et ducowmenceme,ttlu XlU'. ; elles sont généralement d'une grande pureté defornie et dune l'are élégance, -

Sans pouvoir préciser dans quelles limiies s'est exercéel'impulsion personnelle du Premier maure de l'oeuvre, lesdocuments historiques, nons faisant complètement défaut à ccsujet, nons trouvons du moins dans ces c unir ehiarques d'as-

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sises disséminées sur divers points du monument, la' preuveévidente de' la mise à exécution (lit plan généial, comprenantà la fois l'abside , les transepts et les six premières travées-

(le la grande nef. En effet, 'nulle trace d'interruption ne sefait remarquer dans en trois partiS de l'édifice à leurs pointsde jonctipu, nulle souiure, nulle. reprise. L'emploi constant

dc matériaux de premier choix, la beauté de l'appareil , les

soins apportés à la taille et à la pose tout indique , aucontraire • une directien énergique et puissante faisant exé-cuter rapidement une oeuvre d'ensemble. La pensée toutentière de l'architecte fondateur se révèle ànos yeux dans

ces divers Travaux. C'est l'art (lu XII. siècle exécutépartie N cette même époque et partie dans les preniièies

années du XIiI'.Il est permis de croire, en effet, que dans les vingt-quatre

ans qui séparent la date (le l'entreprise du commencement

du XIII'. siècle (de. 1176 à 1200), on ne s'est pas bornéà élever seulement les chapelles absidaies et une partie. du

sanctuaire jusqu'au triforium, par exemple car, au-delà,le style ogival règne en maître et sous cette i,il1uenc orien-tale, qui se manifeste dans la décoration intérieure de l'ab-side; dû entreprendre et achever tout le jalonnement duplan à terre • ainsi que les deux premières travées de la

grande nef. Nous avons, pour établir cette délimitation., desraisons toutes particulières , qu'il serait trop long de

dé-

velopper ici, Notre supposition , conforme d'ailleurs N lamarche tiaturelle de la construction dont. on a 'n déjà se

rendre compte par l'inspection des nefs latérales , n'a riend'exagéré, quand on songe que la cathédrale de Ileims .a étébâtie dans l'espace de trente ans, sons la direciiot (lu nièmearchitecte, Robert de Concy, et celle de No yo n , dans qua-

rante ans.Mais, an inilicu de ce désordre apparent de plusieurs styles

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amalgamés dans la conception du plan de la basilique lyon-naise ., quel ordre et quelle harmonie dans Chaque partie de

J'oeuvre! ,Avec quelle aisance et quelle précision chaque'ilétail vient y prendre sa plade marquée (l'avance! Est-cc lehasard d'un raccord qui a fait trouver, entre le point (ledépart des arcades majeures du triforium de la grande nefet le niveau du cordon en saillie qui règne au-dessus, l'es-pace nécessaire pour qu'elles pussent se idévelopper dans desi admirables proportions 7 Non, sans doute: le hasard n'estpas mathématicien àc point-là. Cet espace a été prévit etcalculé dès le principe, dans la hauteur donnée aux deuxétages de galeries qui règnent dans le sanctuaire et-se relientd'une manière si logique avec celles des transepts et de lagrande nef. L'architecte avait jugé que , si de simples baies,cri plein-cintre on en ogive obtuse étaient suffisantes dans lesparties du monument où les fenêtres sont de dimensions

• restreintes, il ne pouvait en être (le même pour la grande• nef où, en raison de l'élancement considérable de la voûte,• il était indispensable de donner an triforium plus d'un-portance et plus de valeur.' j

On reconnaît ici un art sagement étudié, intelligemmentcontènu; C'est un coursier généreux , plein de feu et denoblesse , niais docile à la main ferme et sûre qui le conduit.Aussi nulle exagération, nul mouvement désordonné dansl'architecture calme et sereine de notre majestueux édifice.Chaque division en a été conçue avec un sentiment exquisavec une haute raison de l'effet qu'elle dévait produire, et (lurôle qui lui était assigné dans l'ensemble de la construction.

L'abside, élevée presque en entier avec des matériaux ro-mains, revêt un caractère antique on ue peut mieux ap-proprié à l'origine et à la nature de ces belles assises deteinte sombre, sur lesquelles a reflété long-temps l'art d'ungrand peuple; de plus, sa-disposition particulière-, qui la fait

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ressembler à viné immense • niche pratiquée sous le murd'intersection, lui donne cet aspect mystérieux que coin-porte véritablement le sanctuaire, dont l'entrée ,. interditeiv la foule , ne doit être, accessible qu'au clergé officiant.

Les transepts, destiné iv porter des clochers, sont plusétroits que le vaisseau principal et présentent , sous unstyle sobre et ferme, une structure robuste, trapue et serrée,dans l'agencement de leurs divers étages. o:

La gt'ande; nef, enfla , où tout est largement dilaté,apparaît dans les proportions grandioses qu'implique na-turellenien .t sa dénomination. L'art prend ici un aspect,différent de celui de l'abside et (les transepts, niais toujoursen rapport avec sa destination; il est souple, élancérfiexible,viril en mêmemême temps et plein (le vigueur ; il se développesous la même main avec une facilité inouïe , comme pourservir ll souhait les inspirations de l'homme de génie quisait en tirer un si admirable parti , et le transformer en unemine inépuisable. .

Le XIII'.. siècle, selon nous , n'a pas eu la moindreinfluence artistique sur les travaux que nous venons de dé-signer; cette époque a donc, dans la construction de nouecathédrale, un rôle purement passif, en ce qui touche lessix premières travées de la grande nef, achevéesvers 421t0environ , où le pape Innocent IV consacra solennellement lemaître-autel. {i) -

C'est l'a que vient expirer la pensée de l'architecte fonda-teur. Mais l'édifice était constitué il restait peu à faire encomparaison des travaux accomplis. D'ailleurs , toutes lesindications , étaient données pour l'achèvement du vaisseau

•ellesse résumaient par un commencement d'exécution -de ladernièré pile libre de la nef principale, de.celles adossées au

5mur de façade , et des soubassements des trois portails, oùl'on trouve des assises de marbre cipolin provenant des ruinesdu forum velus.

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Les sixsix contreforts , avec leurs arcs-boutants , étaient-entièrement terminés et se dressaient aux flancs de la ca--thédrale, avec leurs amortissements pittoresques et la 'nia-gistrale statuaire qui décore les piles' butantes , ilh côtéméridional. - '4

Le clocher du transept nord avait atteint sa hauteur nor-male, et sur le haut des murs de la grande nef s'étendaiten gracieux festons l'élégante balustrade que l'on commitret qui s'arroiait juste an-dessus du dernier contrefort cor--respondant au point où 'les travaux à l'intérieur avaient cessé,c'èst-à-dire à la septième pile inclusivement.

A partir de ce moment; l'art du XIII', siècle apparaitt ,atec le caractère qui lui st propre, dans l'ornementation de

quelques' chapiteaux, dans la structure des deux dernièresfenêtres des nefs latérales et clans la première partie (le lafaçade. On a presque toujours attribué ce travail exclusive-ment au XIV. siècle. Nous croyons que c'est une crieur;car, en observant l'ordre chronologique de la constructionair est amené à penser comme nous ; de plus, les marqueset 15 caractères • grâvés sur les assises ne permettent aucun'doute à cet égard. M. Ptosper Mériniée, (lui a parlé de cette

s' magnifique page de l'ordonnance de notre cathédrale; n'hé-site' pas à en faird honneur au XIII'. siècle, par la raison

.que les personnages guerriers, représentés dans les petitscartouches des 'ébrasements des'portails, sonttous revêtus de

-là cotte de mailles, armure particulièrement usitée à cetteépoque du moyen-âge. -

Cependant, pour être plus exact, nous devons ajouter,qu'indépendamment des personnages guerriers couverts (le lacotte de mailles, on en trouve d'autres, 'revécus d'arnîuresforgées et la tête couverte (lu heaume pointu : ce qui indiquela flr du, XIII', siècle (1260 à'4280, environ).-

Au reste, on voit que déjà se fait sentir l'influence ar-

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listique du X1v. siècle dans quelques motifs de .l'orneinentation déjà les gables ?pii surmontent IS trois portessont garnis de choux rampants, détails qui se mohtrent dansles grandes archivoltes du triforium des deux d&nièrestravées, cohstrbits évidemment à la même époque.

Les trois portails achevés, et les collatéraux montés jusqu'à

la hâuteup des premières tribunes i il restait à achever lesdeux dernières travées de la grande nef et bute la partie•supérieure de la façade. Ici se place une longue interruptiondans lias travaux. Près d'un siècle s'écoule avant- qu'ils•soient repris. Ce n'est qu'en 1330 que le premier signalde la continuation de l'oeuvre est donné. Le pape Clémentvient stimuler le zèle et la générosité des fidèles du accor-dant « à tous deux qui, avec douleur et confession &t quise de leurs péchés, visiteront l'église de SL,Jcau ,

depuis le midi de la St.-Jean-Baptiste jusqu'au lendemain,et contribueront par leurs aumônes à la -fabrique de laditeéglise les mêmes indulgences ci-devant accordées à ceutqui visitent à home les églises de Si. -Jean-de-Latran et dé

« SI-Pierre. n -Donnéà Avigmioh, le 13 avant les calendes dé féiiùr

l'an 15 du pontificat de Clément (Nou». arc/z,- dtt. Éhzôe;

t. Ï P. 158)..C'est à peu près vers ce temps que j vraisemblablement,- fuit

élevée là seconde partie de la façade où se trouve tliclsâsséla grande rose; car on retrouve dans Iti inaigré décorationde ce ému', c'est-à-dire dans les pinacles qui surmontent lesniches plaquées de chaque côté, àbsolufnent- les inêthe4détails que l'on remarque sur les trumeaux entre: les: troisportiques.

Dans tous les cas on ne se remit sérieusement à l'œuvréqu'en 1302, sous l'archiépiscopat de Philippe de Thute;C'est à l'aide des lihéraliléi de ce prélat, amant - jiic de ells-

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dii cardinal de Talaru et du cardinal de Saluces, que l'onacheva le cloche' du transept iiridioùai, puis la voûte et lesdeux dernières travées de ta grande nef, Le couronnementde la façade et les deux tours qui la surmontent • ne furentterminés que vers 1480 ,-sous le règne de Louis XI et lepbntifidatde Sixte IV: Les écussons où étaient sculptées lesarmes • de ces deux souverains sont placés contre la galerie-d'arcatures qui règne au-dessus des trois portails. Ces di-verses constructions rappellent exactement le caractère (lel'époque 1 :oÙ .elles furent entreprises, c'est-b-dire :la tin (luXlv'. siècle et la seconde moitié du XY. -

Bien , quece- fût alors le moment de la, décadence del'architecture - gothique, nous ne pouvons nous empêcher dereconnaîli'e encore, dans ce travail d'achèvement de notre -église primatiale; quelques grandes qualités. La rose de lafaçade est d'une légèreté, d'une élégance et doue puissanced'effet surprenantes ; la structure en est parfaite , et lesnervures des divisions d'une ténuité extrême et d'un profildélicieux, Les fenêtres des deux tours occidentales et cellequi ajoure le pignon sont dans de belles pr4ortiouis , et laourbure presque rondede leur ogive est d'un galbe parfait.

Il semble que le sentiment de la pureté des formes, si vi-siblement empreint sur chaque détail de la constructionprimitive, soit resté le génie- familier de l'oeuvre, durant lalongue période (les travaux, pour inspirer jusqu'à la fin ceuxqui: devaient en poser la dernière pierre, --

Mais au milieu des fluctuations diverses que t'ait subith Iraversties sècles et malgré les intermittences prolongéeset les changements de direction dans :Ia conduite de cettevaste entreprise, il est une pensée fondamentale, un caractèredominant pie rien n'a piioblitérer., et qui se reproduit avecune persistance Vraiment extraordinaire sur tous les pointsdu monument C'est eltype énergique, câline et majestueux

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(le là ligne horizontale, si franchement accusé dans la di'position de l'abside terminée en terrasse, dans les deuxmassives tours des transepts et dans l'ordonnance de noiremile façade. Celle-ci mérite quelque attention.

Quoiqu'édifiée partiellement, et à différentes époqûes'biendh4tantes les unes des autres, on peut remarquer ce faitparticulier, de l'absence complète de toute ligne saillante,dans le sens vertical on dirait que les constructeurs se sontconcertés d'avance, pour ne vouloir partout que des effeti.de surface. Dans la première partie, oeuvre du XI Il. siècle,qui est si remarquable , toute la décration morale est dis'posée et se lit dans le sens de lignes parallèles horizonialesles trumeaux, entre les portails, sont d'un faible relief et:indiquent seulement, mais ne dessinetit pas la ligne ascensionnelle.

Dans le milieu de la façade, ois a suivi, en l'exagérant; lemême parti, toutefois avec beaucoup moins de distinction-,et le XW. siècle s'y est conformé jusqu'à la fin , endonnait i que peu d'élévation aux deux tours jumeiles, afinde les raccorder avec celles des transepts.

il résulte -de cette entente un ensemble s{mple , austèreun peu froid peut-être , qui pourtant n'est point sang'grandeur. En compensation du maigre agencement des dé-tails d'ornementation de la partie- intermédiaire , de belleslignes rlécoiupent inonuinentalement la masse de cette façadeet lui donnentCli t -un ai r i inpiisant parfaitement en rapport avecle caractère magistral du vaisseau.

Si nous examinons maintenant l'état d'achèvement desclochers - (les transepts et la manière dont ils sont éta blinous serrons que la ligne horizontale ne devait pas régnerseulement sur la façale. Tout indique que ces clochers ontatteint leur dernier degré d'élévation prévu et calculé parl'architecte, qui en a, dans le principe, déterminé les points

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d'appui. Celui du transept nord , qui remonte à la 'con-struction primitive, a tous ses contreforts d'angles surmontésde leur couronnement terminal. Celui du transept iiiri-Suai, achevé à la fin du XiV% ou dans les premières aiméesdu XV'. siècle , est entouré d'une balustrade ajourée et,déplus, flanqué d'une petite tourelle d'escalier, débouchantprécisément au niveau de. la plate-forme qui devait couvrirce clocher. Au reste, de part et d'autre, nulle trace de -trompes, dans, les angles de ces deux tours, qui puisseindiquer l'intention, de la part des constructeurs, d'y établirdes flèches. Sur ce point, au surplus, toute fantaisie. ar-chitecturale était interdite ; car ces clochers ne reposent passur des •murs pleins, mais sur tout un système d'arcs de4écharge ingénieusement conçu et rigoureusement combiné,:sans doute , pour ne supporter que le poids des maçonneriesqu'on y a élevées. Seules, les tours de la Façade présenu'nt -un commencement d'exécutjod de flèches, dont les souchesapparentes, sous une petite toiture, sont montées à O mètre30 centimètres au-dessus de la plate-forme. Mais c'est là,chez nous, une importation du XV. siècle. En effet, lepeu de monuments antérieurs à cette époque , (lui 11005

restent à Lyon, ne présentent aucun indice de ces sortes decouronnements sur leurs clochers, à moins que l'on neprenne pour une flèche la pyramide obtuse de. St.-Martind'Ainav.

Notre église de St.-Paiil , qui est du XII*. siècle, ne vitsoit de façade surmonté d'une flèche qu'au XV'.siècle, alors qu'il fut reconstruit. La flèche ancienne de St.-Nizier est à peu près de la même époque ; puis, c'est tout.Donc, dans notre pensée, si l'architecte qui a conçu le plande notre cathédrale avait pu, comme celui de Notre-Damede Remis • voit' soit s'achever sous sa direction , ilest certain (lue , suivant le t ype originel des édifices du

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Lyonnais, les tours de la façade se seraient termiiiées,aiusi.(Tue doivent l'être celles des transepts, simplement enplaie-forme avec balustrade évidée à jotr.

Mais, si quelques-uns de nos monuments religieux com-portent des flèches sur leuii façade, notus n'en voyons aucunconstruit en vued'tine toiture à grand comble. En général, le peud'élévation le nos clochers ne dominant le corps de l'édifice(lue de la bauteùr d'un étage, c'est-à-dire de 6 à 7 mètres,au.plus, s'oppose formellement à S genre de couverture;même lorsque la présence d'un pignon central semblerait-l'indiquer.

Celui de St.-Jean, par exemple, construit en même tempsque les tours occidentales qui partent., comme nous lavons,déjà fait remarquer, des indices certains de leur couronne-enient définitif, n'aurait jamais dû être considéré commel'indication d'un comble de même valeur, puisqu'il dépasse'de beaucoup la hauteur des tours. Il n'est pas possible d'ad-mettre que les constructeurs, au XV. siècle , aient jamaiseu en vue une toiture pareille, qui aurait masqué et annulé,ainsi que l'on peut eu• juger aujourd'hui, leurs clochersarrivés à leur dernier arasement. Toute la question est là,.et le simple bon sens se refuse à accepter tonte autre suppo-sition. Donc , dans la pensée de ceux qui lotit élevé , ce pi

-gnon n'a dû être qu'un simple motif de décoration destiné,,sans doute , à donne,' un peu de mouvement à la partie su-périeure de la facade , et à meubler , d'une manière quel-conque, l'espace libre entre les deux tours; mais nousconstatons (lue c'est là une faute, car ce détail d'architectureest en opposition avec l'ordonnance véritable de l'édilice,re-présentée par la disposition dè l'abside et la terminaison ration-nelle et normale des clochers-des transepts.

La méme erreur vient d'être commise dans la réfection dela façade de St,.-Nizier , car le pignon , récemment construit,.

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& dans Il but certainement d'3' adapter, tôt ou raid , unetoiture à grande pente, est plus élevé que la plate-forme (lestours entre lesquelles il se trouve placé: Seules, les bituresbasses sorti compatibles ave J'architecture type de nos églisesdu Lyonnais; et c'est en vain que l'on chercherait dans nosloca lités un seul exemple de couverture ancienne conçue dansl'esprit de celles que l'on vient de dresser sur notre vieilleéglise conventuelle des Cérdeliers , et sur la Primatiale. Cen'est pas impunémert que l'on porte la- main sùr l'architec-ture d'un pays et qu'on essaie de la transformer.-

Pour inaugurer cette fâcheuse innovation sûr la -premièrede ces deux églises, il a fallu en modifier la façade au pointde la rendre- tout-à-fait méconnaissable, et en ce (lui COQ-

cerne la seconde, le problème se présente d'une manière in-quiétante pour son ordonnance tout entière. C'est pôur l'ar-chéologie un grave sujet de réflexion.-. L'église (les Cordeliers en sera quitte pour voir relever

son unique clocher, (lui , sans cela, disparaîtrait derrière cecomble gigntesque dont on a sous les yeux un échantillon.Mais, à la Primatiale, ce n'est pas un seul clocher , maisquatre dont la construction (en supposant queèe soit exécu-table) devra litre exhaussée de S à 10 mètres au moins, soitqu'on se décide à les terminer en plate-forme , soit que l'onentreprenne de les surmonter de flèches, Et l'abside qu'eufera-t-on ? Ne faudra-t-il pas aussi la remonter jusqu'auniveau de la grande nef pour donner quelque apparence (leraison d'être 'à cette immense toiture qui s'arrête brusque-ment eu croupe tronquée sur, un mur horizontal au lieu devenir se terminer naturellement sur le rond-point?

De quelque manière que l'on envisage la estiori , l'alter-native est déplorable: ou le monument sera défiguré à jamaisen restant dans l'état actuel , ou il devra subir un remanie-nciit considérable qui équivaudra à une reconstruction presque

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totale. 0c veut-on en venir , nous le demandons? Auquel deces deux partis croira-t-on devoir s'arrêter? Sur ce . point lin-portant , nous appelons publiquement, au besoin l'attentionde M. le Ministre d'État. Un monument de la valeur et del'intérêt

dé la cathédrale de Lyon ne doit pas être sacrifié

à . une erreur manifeste , évidente , quels qu'en soient les au-teurs.,

S'il devait en être autrement, on établirait un précédentFActieux en faveur de tontes les bévues et méprises en cegenre qui ont pu déjà être commises, et on créh'ait, eu mêmetemps, un. laissez-passer regrettable pour toutes celles àvenir en leur assurant d'avance une complète impiaiiité.-- Il ne faut pas se le dissimuler, d'ailleurs , les restaurationsmonumentales, aujourd'hui , ne restent plus dans les sageslimites que les maîtres de la science leur avaient tracées audébut des études archéologiques elles ne se bornent plus àde simples réfections ou seulement à des travaux de consoli-dation , elles s'émancipent au point de dénaturer complète-ment les oeuvres originales sur lesquelles elles s'exercentCette tendance funeste est générale : elle gagne peu à peutous les esprits , et il semble que les hommes éminentschargés de veiller à la conservation de nos monuments histo-riques, soient impuissants à la maîtriser. Les deux exemplsque nous venotTs de citer sont des Faits inouïs dans les annalesclos travaux de ce'genre.

Pour justifier, à Lyon , l'adoption des toitures du Nordsur celles de nos anciennes églises pi) l'un vient d'en fairel'expérience, on n'a rien trouvé de mieux que - de tellil. ceraisonnement, et on a écrit dans les journaux de notre villù:à Le grand principe de l'architecture gothique c'est la ligne« verticale; donc, sur tous lesmonumetlts de cegaractèreil« faut substituer aux toitures basses, qui sont contraires à cc

priùcipc, les combles à grande pente qui couronnent tous

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les édificesédifices construits dans la période du Xlii'. au XI P.siècle, inclusivement , avec lesquels ils sont en par f2zitc

n harmônie Il (4)9

• Mais cette mani&e d'argumenter n'est pas sérieuse • carsi l'art ogival , dabs les colitréés où il a pris naissance con-serve généralernbnt tille tendance marque vers la ligne as-cendante , il est pourtant des exceptions contraires et asseznotables qu'il est bon de signaler.

La façade de Notre-Dame de Patis, dont toute i'ord&i-naute est disposée en zones, indique dans son ensemble leparti de la ligne horizontale nettement atcettté, et nulle-ment. celui de la ligne verticale, si caractérisé dans les façadesde •N(n?e-flarne de Chartres et de la cathédrale de Coutances.Amiens et Reims sont dans un parti mixte , nais qui se rap-proche plus de celui (le Notre-Dame de Paris que de celuiobservé à Chartres et à Coutances,• D'ailieurs,l'architecture ogivale n'est pas restée purementl'architecture du Nord elle s'est répandue dans toute l'Eu-rope , et s'est modifiée suivant le goût artistique des peuplesqui se la sont appropriée et les conditions climatériques despays où elle s'est implantée. (z)1 -

Moins subtilesque nous dans l'art des distinctions, tuaisplus habitués à juger de toutes choses avec les lumières dusimple bah sens, les derniers constructeurs de la cathédralede Lyon l'avaient sagement recouverte (l'une toiture bassesans s'inquiéter si die était contraire au « grand principe n

• de l'architecture ogivale, du moment qu'elle se trouvait enharmonie avec l'ordonnance générale de l'édifice, et qu'ellel aissait valoir les quatre clochers qui en dominaient la massed'une manière imposante. N'atantjamais pensé qu'ils (lussent

•être conséquents avec l'erreur qu'ils avaient commise, ces

(4) Coui'eier dé ÏiijÔn du 27 et Sdhzz public du 8 novembre 1861.

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constructeurs ont eu , au moins, le bon esprit 4e laisser lepignon en l'état, c'est-à-dire, privé du complément que parune erreur incroyable de nos jours on vient de lui donner;et, en cela, ils se sont montrés tout aussi logiques que ceuxqui ont élevé la façade de Notre-Dame de Paris, et l'ont cou-ronnée d'une galerie horizontale derrière laquelle vients'abriter un comble aigu.

En résumé, il est impudeut , on le voit , d'ériger en doc-trine certaines théories purement spéculatives. et de les faire

passer sans mûr examen du domaine de l'idéal dans celui de

la pratique. L'interprétation de l'architecture gothique, dansle sens exclusif et absolu de la ligne verticale, nous coudai-

rail infailliblement aux plus désastreuses conséquences nousdétruirions, peu à peu et à mesure (te restaurations suc-cessives ,le caractère originel des nombreusès églises de nosdiverses provinces qui, fort heureusement pour l'archéologie,ont conservé à travhrs les siècles leur ph ysionomie indivi-duelle ; nous en arriverions à ne plus posséder que des ïno-•numents travestis et défigurés, paraissant ramenés de viveforce à un type commun, contrairement aux prescrptions dela science et aux idées de la plus simple raison.

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Caen, typ. de A. Harda.

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