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SANTÉ,LA TABLE RONDE J’AI CHANGÉ MA VIE / PIERRE VERCAUTEREN : MON 1 ER EMPLOI / PIERRE LECLERCQ, A CAREER IN DESIGN / DESIGN YOUR CAREER PIERRE LECLERCQ PHOTO MIREILLE ROOBAERT

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santé,la table ronde j’ai changé ma vie /Pierre vercauteren :

mon 1er emPloi / P i e r r e leclercq, a career in design /

Design your career

pierre leclercqPHOTO MIREILLE ROOBAERT

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Référencé par Voutch

MON PREMIER EMPLOI Après des études en sciences politiques et un master en études européennes à Louvain, j’ai envoyé une candidature spontanée à l’OBCE (Office belge du commerce extérieur), aujourd’hui régionalisé. Alors que j’ai terminé ma licence en juin 84 et le master en septembre, je suis entré à l’OBCE en janvier 85. J’y ai d’abord occupé un poste qui devait être temporaire, comme responsable du secteur des relations commerciales de la Belgique et du Luxembourg avec les pays de

l’Est (Union soviétique, Allemagne de l’Est, Pologne, Tchécoslovaquie, Mon-golie). Finalement, j’y suis resté deux ans, avant de devenir adjoint du chef de service, responsable des relations avec l’AELE (Association européenne du libre-échange), qui regroupe les pays hors UE (Islande, Norvège, Liechtenstein, Suisse).MON PREMIER SALAIRE Ce devait être un montant ridicule car j’ai dé-buté au milieu du mois de janvier dans le cadre d’un contrat 4/5 qui était imposé à tous les nouveaux engagés

de l’OBCE. En fin de mois, j’ai touché le salaire d’un 2/5 temps. J’étais déjà bien content d’avoir trouvé ce premier job car, paradoxalement, on demande souvent à de jeunes diplômés d’avoir… de l’expérience.MES PREMIERS ACQUIS PROFES-SIONNELS Ce premier emploi m’a permis de voir de l’intérieur comment fonctionne une administration publi-que, certes atypique puisqu’en lien étroit avec les entreprises et de nom-breux partenaires étrangers. J’ai pu vivre de l’intérieur les qualités et les

limites de la fonction publique avant de rejoindre le monde académique qui m’avait toujours attiré. En tant que professeur de politique internationale, je donne un cours sur la gouvernance globale qui, je pense, me permet d’ap-préhender la vie politique belge dans un contexte plus large, notamment en ce qui concerne les défis et les trans-formations des États et la question de la centralisation/décentralisation de pas mal de pays européens.MA FIN DE CARRIÈRE RÊVÉE Je n’y pense absolument pas. Certai-

nement continuer à avoir autant de plaisir dans mon job qu’aujourd’hui, en faisant de l’enseignement, de la recherche et en étant au service de la collectivité.MES CONSEILS AUX PLUS JEUNESNe pas lâcher ses rêves même s’il faut parfois emprunter des chemins détournés pour arriver à ses fins, comme ce fut mon cas par rapport à la carrière universitaire. Propos recueillis par NAthALIE CObbAUt

Depuis les élections 2003, on le voit dans tous les médias commenter les soubresauts de la vie politique belge. Pourtant, ses premières amours vont à la politique internationale à laquelle il a consacré ses premières années professionnelles et qu’il continue d’explorer dans ses cours et ses recherches universitaires.

Mon premier emploi PIERRE VERCAUTEREN, professeur de sciences politiques aux fucaM PH

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-Laissons tomber, Fergusson.

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J’ai changé ma vieYolande Regaert

Il y a les raisins de la colère, les fleurs du mal. Et si la persévérance avait, elle, le goût de l’hibiscus ? C’est en tout cas cette plante que Yolande Regaert a choisi de travailler pour parfumer ses sirops, confits, vins, liqueurs, vinaigres, sels… « C’est une fleur difficile à travailler, explique-t-elle, qui demande un très long processus. » Elle a d’ailleurs laissé tomber l’idée d’une production par d’autres entreprises. Trop coûteux pour celles-ci. Pour l’instant, c’est elle qui s’en occupe, dans son atelier de 28 m2 à Carnières. Un abri de jardin sert d’entrepôt pour les bocaux. « De toute façon, je préfère garder ce côté artisanal qui me permet un contact avec les gens. » Elle a bien été approchée, lors du Salon Professionnel de l’Alimentation Fine et des Produits Frais auquel elle a participé en mars à Courtrai, par une grande société de distribution. « Mais cela ne m’intéresse pas, confie-t-elle. D’abord je n’ai que deux mains pour travailler. Ensuite, les investissements sont trop importants pour pouvoir raboter les prix, et mes produits y perdraient sûrement en qualité. Les premiers touchés seraient les fermiers au Burkina car il faudrait diminuer le prix de l’achat de l’hibiscus. » L’histoire de Biscus, la marque qu’elle a fait protéger, a démarré il y a huit ans. Yolande Regaert, coiffeuse de formation, était

alors au chômage après la remise de sa librairie « pour raisons familiales ». Un jour, quelqu’un lui a demandé de récolter du matériel scolaire pour une école au Togo. « J’ai alors fait un appel radio et en une journée mon garage était plein. » De fil en aiguille, elle a commencé à s’intéresser à l’Afrique de l’Ouest. Et plus particulièrement au Burkina Faso, le pays des « hommes intègres ». « Pour moi, il était important que tous les fonds que je récoltais soient reversés au centime près », raconte-t-elle. C’est là-bas qu’elle a découvert le jus d’hibiscus, vendu congelé sur le bord des routes par les femmes burkinabées. « En rentrant en Belgique, j’ai cherché pour elles une solution à la séparation du fruit et de l’eau dans les glaçons. » Ce fut le début d’une longue aventure avec cette fleur aux multiples propriétés médicinales. Avec sa cuisine comme terrain de (très) nombreuses expérimentations. Le produit est difficile à travailler, on l’a déjà dit. Mais c’est que « Madame Hibiscus », comme certains la surnomment, est aussi très perfectionniste. « Tant que je n’arrivais pas à avoir ce que je voulais, je recommençais. Cela m’a amenée à faire d’ailleurs quelques erreurs. J’ai par exemple jeté des quantités de vin car je le trouvais trop râpeux. J’ai appris par la suite que c’était normal. C’était le tanin et j’aurais dû

le laisser simplement vieillir. » Derrière la vente de ses produits, elle continue de caresser son projet : soutenir des projets de développement au Burkina. Mais elle n’en est pas encore à ce stade. « J’ai rencontré de nombreux obstacles. D’ailleurs, les personnes qui ont soutenu mon projet à la Région wallonne ont vraiment dû faire preuve de beaucoup de patience. » Avec le recul, mieux vaut en rire. Lorsqu’elle a voulu lancer son activité, par exemple, on lui a dit que son accès à la profession n’était plus valable. Elle a donc repris des cours, obtenu un nouvel accès, et appris que le premier était, tout compte fait, toujours bon. Ensuite, sa première récolte de fleurs d’hibiscus burkinabé a été complètement perdue. « Mes contacts n’ont pas pensé à tenir les poules à l’écart de la cour où séchait la première récolte… » Même si les moments de découragement ont été nombreux, Yolande Regaert semble aujourd’hui très optimiste. Le Salon Tavola 2010 lui a permis de lancer les ventes, et un distributeur s’occupe de prospecter les épiceries fines. Des foires et marchés artisanaux sont également prévus. « Maintenant je respire. J’espère vraiment y arriver et refaire des choses pour le Burkina. C’est mon plus grand rêve. » LILIANE FANELLOwww.biscus.be

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CE QUI NOUS DIStINgUE DE NOS CONCURRENtSL’UCM est la seule organisation patronale interprofessionnelle francophone représentative des in-dépendants, PME et entreprises. Elle veille à ce que les décisions, à tous les niveaux de pouvoir, de la com-mune à l’Europe, prennent en compte leurs intérêts. À l’heure actuelle, plus de 75.000 indépendants et 25.000 sociétés nous font confiance ! L’UCM est présente dans 25 bureaux en Wallonie et à Bruxelles. Nous sommes un Groupe multiservices constitué en ASBL, géré par et pour des indépendants. Chaque euro est réinvesti dans la défense et la promo-tion des indépendants.

EN QUOI NOUS DÉSIRONS D’AbORD PROgRESSERLe Guichet unique permet déjà à un indépendant sur deux d’entreprendre et de réussir son projet. Il offre en effet un accompagnement complet et personnalisé en matière d’aide à la création d’entreprise, de finance-ment, d’engagement de personnel,

de gestion de l’énergie, de conseils en matière d’environnement… La passion du client est notre leitmo-tiv. Notre objectif est d’élargir au maximum notre gamme de services afin que l’indépendant et le patron de PME n’ait qu’une porte à franchir, la nôtre. Nous nous y employons tous les jours.

CE QUE NOUS APPORtONS à NOS COLLAbORAtEURSNous sommes plus de 800 collabo-rateurs à partager la même vision du service à travers cinq valeurs clés : passion du client, mais aussi engagement, dimension humaine & proximité, qualité et enfin, pro-grès. Nous avons tous acquis une parfaite maîtrise technique dans un ou plusieurs domaines d’activités : organisation patronale, lois sociales, allocations familiales, secrétariat so-cial, conseil en création ou transmis-sion d’entreprise. Expert ou désireux de le devenir, vous jouez un rôle de premier plan dans la concrétisation des projets de nos clients. Leur réus-site, c’est aussi la vôtre !

Changer le monde… avec des fleurs d’hibiscus

Quand la tempête emporte son nid, l’oiseau se remet au travail, inlassablement. C’est un peu à cette image que nous fait penser Yolande Regaert. Aujourd’hui, elle est enfin près du but. Sa petite entreprise de produits alimentaires à base d’hibiscus est bel et bien sur les rails.

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Pierre Leclercq

TalentRares sont ceux qui, comme Pierre Leclercq, designer chez BMW, peuvent dire : « J’ai 150 % de ce que j’avais rêvé à l’école.» Et rares aussi, ceux qui peuvent rouler dedans.

Qui sait ce que ce gars-là serait devenu s’il n’avait eu un oncle nommé Pierre Seron, créateur de la série B.D. des Petits Hommes ? Les héros miniaturisés vivant en marge des humains du village provençal imaginaire d’Eslapion sous Rajevols, ont nourri l’enfance du Bastognard Pierre Leclercq. Comme l’ont fait plus tard ceux d’un autre Seron, son cousin Frédéric, père de la sorcière Mélusine qu’il dessine sous le nom de Clarke. « Pensez, quand j’étais gosse, mon oncle m’emmenait avec lui aux séances de dédicace, j’étais à côté de tous les auteurs de ces B.D. que j’aimais. Evidemment, j’ai adoré dessiner, comme j’adorais les voitures – ah, la Ferrari 328 de Magnum ! » Le futur biographe de Pierrot Leclercq, 37 ans aujourd’hui, n’aura guère de difficulté à identifier les fées qui se sont penchées sur le berceau – vraisemblablement un landau 4 x 4 – du petit garçon nourri aux Matchbox, qui griffonnait des voitures partout. « Qu’est-ce que j’ai dû en poncer, des dessins que j’avais faits sur les bancs d’école au Séminaire de Bastogne… De la B.D., j’aurais bien voulu en faire mais il faut pour ça un autre niveau de dessin… Vers 16/17 ans, j’ai visité l’École de la Cambre, c’est ce qui m’a donné l’envie de faire du design. Et du design automobile, en premier lieu. »Dessin, design, la ligne claire était tracée depuis le début, alimentée par les lignes des voitures de son enfance de contemporain de l’Alfetta, de la première série 3 BMW, plutôt la Porsche 911 que la 928, la Citroën DS et la CX et bien sûr, les Ferrari 328, F 40. Entendez, le dessin seulement, car il n’a jamais été fou de mécanique. « Ni même de bagnoles, au contraire de certains des gars avec qui j’ai été à l’école et qui ne parlaient que de ça toute la journée. Ils étaient capables de dire sur quelle série de tel modèle un détail avait été modifié, de vrais archéologues ! Moi, ma première voiture, à 19/20 ans, était une Alfa 33, j’étais tombé amoureux de sa ligne. Et pour finir, je l’ai vendue pour 10.000 FB tant elle m’a causé d’ennuis. Mais je la regrette encore. »

Pour l’automobile, circulez, y a rien à voirEntre un papa médecin un peu hésitant quant à l’avenir dans le design et une maman qui était plus cool, c’est la mère qui l’a emporté comme d’habitude, au prix d’une transaction : Pierrot n’irait pas à La Cambre, mais à Saint-Luc à Liège. Là, l’accueil des profs l’a dissuadé d’avouer qu’il ne rêvait qu’au design auto. « Ceux qu’on a interrogés les premiers et qui, comme moi, voulaient faire ça se sont fait engueuler. Le prof leur a dit qu’il y avait une école en Suisse pour ça… J’ai fait mes quatre ans à Saint-Luc et j’y suis allé ensuite. » L’Art Center College de Vevey, succursale d’une école californienne, était en effet une des cinq écoles au monde où on pouvait apprendre le métier sous la houlette de pros du design. Ford la sponsorisait massivement. Mais quand Pierre Leclercq y arrive, au mitan des années 90, Ford se retire, l’école doit fermer. « Le président du collège est arrivé des Etats-Unis et nous a dit « Si vous voulez, vous êtes les bienvenus à la maisonmère, à Pasadena ». Trois ans en Californie, à 24 ans, dans une école où les meilleurs designers côtoyaient des photographes, des illustrateurs, des cinéastes, il ne fallait pas me le dire deux fois ! » Le papa – aujourd’hui très fier de son fils – a assuré. Pour Pierre Leclercq, c’était la deuxième ou troisième transhumance d’une série dont il a perdu le compte. Entre travail et déménagements, rien que ces quinze dernières années, il a changé onze fois d’adresse : Belgique, Suisse, USA, Italie, Allemagne, USA, à nouveau l’Allemagne, à nouveau les USA, l’Allemagne… Les premiers stops, sur le parcours, étaient des entretiens chez Pinin Farina à Cambiano, près de Turin et chez BMW, déjà. Puis, après un tour au Salon de Genève avec son portfolio, il reçoit deux offres en Italie, chez Zagato et au bureau de design de Ford, à Turin. Après trois mois chez Zagato, il rappelle Ford. « C’était fantastique, mais bordélique au possible. Et puis, on designait des transpalettes industriels. On était loin des voitures. » Chez Ford, coup de bol. Il n’y a pas trop de travail, alors on dit aux gars de l’équipe dans laquelle se trouve Pierre Leclercq de s’occuper d’un projet un peu oublié dans une cave, chez Ghia. Ce sera le showcar de la StreetKa, version cabriolet de la petite populaire de Ford, une des sensations du Salon de Turin 2000.

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Pierre en a fait le tableau de bord et l’intérieur. « Elle a été très bien accueillie au Salon, si bien que l’Angleterre a décidé de la produire. Mais ils ont mis dedans le tableau de bord standard de la Ka… »

le concessionnaire d’arlon lui a dit merci, mais…Ce genre de frustration est monnaie courante dans les grands groupes automobiles, où le marketing et les économies d’échelle prennent plus souvent le pas que chez BMW, paraît-il, dans les décisions. Fatalement, on s’y fait. Mais après treize mois chez Ford, il saute sur l’occasion qui lui est offerte de rejoindre Adrian Van Hooydonck, son patron actuel, à l’époque chef du studio de design de BMW en Californie. Il travaillera neuf mois à Munich, sur un projet jamais concrétisé. Les équipes de designers, chez BMW – 25 pour l’extérieur, 15 pour l’intérieur – sont constamment mises en compétition sur les nouveaux projets qui verront peut-être le jour cinq ans plus tard. Quand l’une d’entre elles l’emporte, elle reçoit la responsabilité de toute la voiture. Une technique qui assure une meilleure homogénéité du produit, en finale, mais qui comporte aussi sa part de frustration, quand certaines équipes trustent deux ou trois projets… « On se bat tous les jours mais on a encore la chance de pouvoir proposer de nouveaux concepts. On est en compétition pour les showcars, mais c’est encore bien plus excitant de travailler pour une vraie voiture, qui sera construite à 400 ou 500 exemplaires par jour. Vous développez les proportions avec les ingénieurs, en partant d’un “package” technique. Vous dessinez, vous créez une maquette et cette maquette finit par arriver sur la route. » Au passage, Pierre tord le cou à l’idée fausse, mais répandue, que les voitures finissent par se ressembler toutes parce qu’elles seraient conçues avec les mêmes programmes informatiques. Une idée popularisée par l’ironie d’un célèbre sticker californien pour lunette arrière : « Conçue par un ordinateur, construite par un robot, conduite par un crétin ». Eh bien, le premier terme, en tout cas, est faux. De même que, en automobile du moins, l’adage selon lequel la forme suit la fonction : « C’est vrai pour les produits, les objets. Mais notre boulot, c’est un vrai boulot de styliste, nous essayons de dessiner les plus belles voitures possibles. Moi, je commence par la ligne du toit, celle des fenêtres, puis les roues et la voiture naît sur le papier, une première ébauche qui permet déjà de juger sa ligne. Bien sûr, une voiture se vendra mieux qu’une autre pour des tas de raisons, parce qu’elle se comporte mieux, qu’elle est plus économique, offre plus de place, plus de plaisir de conduire, etc. Mais c’est le design qui est vraiment le moyen le moins cher de se différencier des autres marques. C’est risqué, bien entendu, car le design est la seule chose qui, dans une voiture, ne laisse personne indifférent, tout le monde a un avis catégorique là-dessus… »Mais ça fonctionne. À preuve, le dernier S.U.V. (Sport Utility Vehicle) de chez BMW, le X6, belle machine à plaisir dessinée par Pierre Leclercq. Elle est sur la route aujourd’hui, entièrement issue d’un design crayonné sur papier. Le premier exemplaire vendu en Belgique l’a été à Bastogne, suite à une conversation entre le client et Pierrot, que tout le monde connaît dans la région comme le loup blanc. « Je lui en avais parlé et il l’a commandée avant sa sortie, annulant du même coup sa commande d’un X5. Ce qui fait que le vendeur de la concession régionale d’Arlon m’a à la fois remercié et tiré les oreilles, pour lui avoir fait perdre une vente… » Le prochain X5, peut-être, aura le coup de patte Leclercq. Il est à nouveau en lice pour le développement du nouveau modèle, comme il l’est sur d’autres projets. Décision à la fin juin. D’ici là, le design continue. Pierre Leclercq s’amuse beaucoup à modéliser sur ordinateur, en 3D, l’intérieur de l’appartement qu’il a acheté à Munich. Il y a créé un escalier, de nouveaux aménagements virtuels, avant de les faire réaliser par l’entrepreneur. Un jour peut-être, comme le Petit Prince de Saint-Ex le demandait, il dessinera le garage et la voiture pour aller dedans. Pour l’instant, son cœur balance entre une Aston Martin et une Lamborghini Murciélago, dessinée par Luc Donkerwolcke, un autre grand Belge du design. Peu importe le rêve, si on peut le dessiner, il existe. StÈVE POLUS

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Face au mouvement général de réduction des dépenses de santé dans tous les pays industrialisés, l’expiration prochaine de brevets et l’approbation de nouvelles molécules au compte-gouttes, l’industrie pharmaceutique est en quête de renouveau. Dans le jeu de la compétition mondiale, chacun s’efforce de trouver des relais de croissance dans de nouvelles activités. Matériel médical, diagnostic, OTC, génériques, compléments alimentaires, etc. Autant de diversifications, complémentaires à la pharmacie, qui leur permettent de mieux lisser les résultats, d’amortir les chocs liés à l’expiration des brevets de plusieurs blockbusters ou au déremboursement de certains produits majeurs. D’autres, au contraire, ont opté pour un repli sur la seule pharmacie, le plus souvent par le rapprochement et/ou l’acquisition de sociétés de biotechnologie. De son côté, le système de santé belge est en quête d’un subtil équilibre, tout d’abord entre une demande croissante et une offre restreinte de services de santé, ensuite entre la nécessité de

répondre aux besoins des personnes au niveau local et celle d’être préparés à des crises sanitaires majeures. Utilisateurs d’une main-d’œuvre très abondante, les systèmes de santé doivent plus que jamais se doter d’un personnel efficace et de la plus haute qualité. Tout en revalorisant un personnel soignant qui travaille « au lit du patient ». Autres défis : la question démographique (le vieillissement de la population en général et le vieillissement du personnel de santé), qui implique que le nombre de jeunes recrues ne suffit pas à compenser les départs ; la diversité du personnel de santé ; le faible attrait du large éventail de professions liées aux soins de santé et à la santé publique pour les nouvelles générations ; les flux migratoires de professionnels de la santé à destination et en provenance de l’UE ; la mobilité inégale à l’intérieur de l’Union et, notamment, la migration de certains professionnels de la santé de pays pauvres vers des pays plus riches de l’Union, ainsi que la fuite des cerveaux des pays tiers.

La table ronde

Santé :

Entre renouveauet scepticisme

Réunis autour de notre table ronde, modérée par Christine Thiran (ci-contre) – DRH des Cliniques Saint-Luc, élue Manager RH de l’année –, cinq spécialistes RH issu du secteur Healthcare tentent de répondre à nos questions.

Comment la crise a-t-elle impacté le secteur de la santé ? La tendance est-elle aux restructurations dans l’industrie pharmaceutique ? Le secteur des soins de santé a-t-il été revalorisé en termes d’at-tractivité ? Vos organisations attirent-elles davan-tage de profils que dans le passé ?

Pascale vanrillaer,operational manager d’express medical en belgique :« L’intérim a été fortement touché, mais la crise a montré que le secteur de la santé était capable de

résistance. Elle a même joué en faveur du secteur non-marchand, qui apparaît davantage centré sur la personne et l’éthique et se démarque par la rapidité des prises de décisions, sa régularité et sa cohérence. Dans l’ensemble, la crise m’apparaît comme une immense opportunité pour le secteur des soins de santé : elle attire un nombre croissant de nouveaux talents. Avec pour défis : le besoin de préserver des niveaux de qualification élevés, l’augmentation de la technologie, la rapidité des processus et des politiques de ressources humaines dynamiques et adaptées. L’industrie pharma, quant à elle, ressort de manière beaucoup plus ambiguë. Au cours des derniers 18 mois, ce secteur a oscillé entre des licenciements massifs et des recrutements ostentatoires. Le pharma est en train de se repositionner au plan stratégique. Cette industrie jusqu’ici fort lucrative, traverse aujourd’hui une phase délicate, d’autant plus que les contre-coups de la crise ne datent pas d’aujourd’hui. La pénurie prolongée et systémique de financements soumet le modèle d’entreprises qui a alimenté la croissance de ce secteur au cours de ces dernières années à des tensions sans précédent. En raison, notamment, des contraintes politiques en matière de soins de santé. »

anne-marie de Krom,associate director recruitment chez Quintiles :« Le secteur de la santé se repositionne car d’ici dix ans, plusieurs brevets de médicaments « blockbusters » vont passer dans le domaine public. Entre-temps, la mise sur le marché de nouvelles molécules prend plusieurs années. Ce qui signifie une perte énorme, en termes de bénéfices, pour la pharma. La plupart des sociétés serrent donc la vis des coûts, éliminent ou revendent certaines activités, procèdent à des rachats de produits ou de filiales… Mais le secteur a aussi entamé des collaborations entre sociétés classiques du secteur ou avec des acteurs de la biotechnologie, souvent dans le but d’obtenir la masse critique nécessaire pour pouvoir continuer à investir dans la recherche, de plus en plus coûteuse. La mission du pharma se recentre beaucoup plus sur le patient qui devient l’interlocuteur final. L’expansion de la médecine personnalisée, basée sur le génome

du patient, demande davantage d’information, de communication et de transparence envers le médecin et le client final. Par ailleurs, les réglementations sont beaucoup plus fortes qu’auparavant. L’éthique prend une dimension plus importante. Ces aspects conjugués impactent considérablement certains métiers. C’est le cas pour les délégués médicaux, dont les profils se spécialisent. Quant aux nouvelles technologies, elles deviennent une composante incontournable pour de nombreuses fonctions. Le secteur recherche de nouvelles compétences. On observe aussi que plus en plus d’acteurs se tournent stratégiquement vers l’outsourcing ».

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La table ronde

Santé :vincienza iandolina,coordinatrice interim medical chez trace :« Le secteur des soins de santé apparaît comme le seul, avec le secteur public, où l’emploi, en nombre d’heures facturées, est plus intense qu’il y a un an. On manque aussi bien d’aides-soignantes que d’infirmières dans les hôpitaux et la plupart des cliniques. Un nombre croissant d’infirmières passent par l’intérim pour compléter leurs heures. Mais la crise aura eu un impact sur le recrutement des étudiants : ces derniers peuvent se faire engager comme auxiliaires de soins, dès la troisième année d’études. Mais d’année en année, ils manquent à l’appel ».

Jean-louis Fontaine,directeur adjoint du département infirmier des cliniques universitaires saint-luc :

« Parmi les étudiants, la tendance est à la spécialisation. Cette réalité concerne près de 85 % des étudiants de troisième année. Mais c’est un constat antérieur à la crise. Au plan du recrutement, 2009 a été une année exceptionnelle. Nous avons engagé plus intensivement, nous avons eu aussi beaucoup de demandes de durées contractuelles. Contrairement aux années précédentes, où le personnel de soins de santé privilégiait les ¾ temps. La crise a aussi attiré des profils qui, généralement, délaissent notre secteur : juristes, financiers, informaticiens manifestent un regain d’intérêt marqué ».

valérie lahier,rh manager de la clinique sare :

« Pour le personnel soignant, nous avons eu une très bonne année de recrutement. Beaucoup de personnes travaillant à temps partiel ont souhaité augmenter leur temps de travail. Nous avons aussi constaté que les jeunes faisant de l’intérim ont souhaité garder cette flexibilité. De manière plus large, l’hôpital s’est ouvert à des profils venus de secteurs totalement étrangers au monde de la santé. Le cas le plus frappant a été le recrutement d’un logisticien pour le bloc opératoire : nous avons longtemps cherché quelqu’un avec une expertise infirmière, pour finalement engager un informaticien. Cela suppose une gestion adaptée au plan des ressources humaines. C’est un vrai défi ».

Quelles sont les compétences professionnelles émergentes dans le secteur ? Dans un contexte faisant interagir plusieurs corps de métiers, et des équipes pluridisciplinaires, la santé requiert-elle davantage de compétences managériales, de gestion de projets, de coordination ?

Jean-louis Fontaine,directeur adjoint du département infirmier des cliniques universitaires saint-luc :« Le monde hospitalier est plus que jamais caractérisé par un travail interdisciplinaire : les patients séjournent de moins en moins longtemps, ce qui engendre une sollicitation accrue de tous les métiers et les amène à développer des compétences pour lesquelles ils n’ont pas été formés, comme la communication ou l’organisation. Chacun doit pouvoir s’adapter aux exigences de ses partenaires de travail. Mais cette réalité suppose aussi une meilleure formation des managers qui doivent accompagner leurs équipes dans ce type de changement. Or, les managers actuels sont aussi producteurs. L’activité tournant de plus en plus, le problème réside dans le temps : une infirmière-chef d’équipe, par exemple, est phagocytée par les soins aux patients. D’où une difficulté à motiver, diriger ou corriger les équipes. À cela, s’ajoute la prise en charge des stagiaires, des intérimaires et des nouvelles recrues. Chaque année, nous accueillons entre 900 et 1000 stagiaires. Des infirmières de référence les accompagnent dans les premiers jours, expliquent les standards, les procédures, indiquent le matériel, etc. Cela paraît innocent, mais cet accompagnement nécessite aussi des compétences pédagogiques. Des compétences annexes au métier de base d’infirmière ».

Pascale vanrillaer,operational manager d’express medical en belgique :« La particularité de nos professions, c’est qu’elles sont très individualistes. Pour preuve : toute la formation des médecins est basée sur le colloque singulier. L’interdisciplinarité n’est donc pas un exercice facile. En Belgique, Express Medical a développé le concept « In House » : une consultante de l’agence travaille en interne dans la structure hospitalière. Sa mission est de favoriser la formation et l’intégration de nos infirmières intérimaires. Et de décharger ainsi les infirmières chef d’une charge supplémentaire. En parallèle à la polyvalence des métiers, on assiste aussi à un mouvement de diversification de fonctions dans les soins de santé. Une panoplie de nouveaux métiers, tels que des psychologues, des logisticiens, des biotechniciens, intègrent la structure. Cela donne de très bons résultats en termes de stabilisation des effectifs, car chacun peut se concentrer sur son expertise. Pour finalement préserver sa zone de confort ».

anne-marie de Krom,associate director recruitment chez Quintiles :

« Contrairement à la médecine ou aux services de soins, nos métiers ne s’apprennent pas dans les écoles ou les universités. Pour une fonction

de délégué médical, presque tous les profils scientifiques sont sollicités, à condition d’avoir de l’intérêt pour la santé et un niveau de bachelier. Nos formations internes prennent donc tout leur sens. Et nécessitent autant de temps que d’investissement. Car il s’agit d’apporter des informations ou des connaissances nouvelles au médecin. Beaucoup de nos métiers impliquent un apprentissage continu. Mais les carrières sont beaucoup plus mouvantes que dans le passé. Les jeunes n’hésitent plus à changer plusieurs fois d’entreprises au cours de leur carrière. Dans ce contexte, et dans l’outsourcing en particulier, les formations tendent à dépasser le cadre de l’entreprise. Elles sont orientées vers un projet client. Nous investissons donc pour nos clients ».

Pour renforcer l’attractivité du métier d’infirmière, le gouvernement a prévu d’instaurer des primes annuelles pour les qualifications dans les domaines de la gériatrie, l’oncologie, et les services d’urgence. à court terme, elles devraient aussi s’appliquer dans les domaines de la diabétologie et de la pédiatrie. Comment concilier cette tendance à l’hyperspécia-lisation avec les besoins de polyvalence ? N’y a-t-il pas une contradiction avec les besoins réels de vos organisations ?

valérie lahier,rh manager de la clinique sare :« Il est normal d’augmenter ses connaissances et de miser sur la spécialisation. Mais au plan du recrutement, cela conduit à un paradoxe, car à notre échelle, nous ressentons toujours plus de difficultés à recruter des infirmières spécialisées (SIAMU, quartier opératoire, pédiatrie) que des profils polyvalents. Sans doute parce que les jeunes diplômés privilégient des structures plus grandes, avec une meilleure prise en charge ».

Jean-louis Fontaine,directeur adjoint du département infirmier des cliniques universitaires saint-luc :« Notre réalité est inverse : à part le quartier opératoire, nous avons plus de candidats que de postes disponibles dans des domaines tels que la pédiatrie, l’oncologie, les soins intensifs

ou les urgences. Les étudiants sont attirés vers les spécialisations car, au bout de 3 ans, ils ne se sentent pas prêts. Pédiatrie, psychiatrie, oncologie et gériatrie figurent au top. Le risque, c’est qu’une fois qu’on entre en spécialisation, on a tendance à perdre en polyvalence. Les nouvelles mesures nous ont aussi poussés à développer des équipes mobiles pour répondre soit à une charge de travail importante, soit aux difficultés de remplacements immédiats. Il s’agit donc d’unités de soins qui travaillent aussi bien en orthopédie qu’en chirurgie. Ces équipes sont divisées en différents secteurs et répondent à la fois aux besoins de polyvalence et de spécialisation. L’alimentation des équipes volantes est permanente et nécessite une formation continue ».

Chaque année, entre 2000 et 2500 postes d’infir-mières restent vacants. Comment vos organisations essaient-elles de contrer cette pénurie ?

Pascale vanrillaer,operational manager d’express medical en belgique :« La pénurie est réelle. Il convient de jouer sur toutes les pistes possibles. D’abord sur la promotion des métiers de la santé : il faut que l’accès aux études soit ouvert à un maximum de candidats. En interne, il faut aussi miser sur la différenciation des fonctions : une meilleure répartition des tâches permet de diminuer la charge réelle des professions en pénurie. Le recrutement à l’étranger constitue aussi une piste intéressante, mais est alourdi par les contraintes administratives, linguistiques, voire certains aspects éthiques (les systèmes de santé diffèrent d’un pays à l’autre). Ce qui est possible pour les métiers de l’informatique, où la langue véhiculaire est l’anglais, ne l’est pas forcément pour les soins de santé ».

valérie lahier,rh manager de la clinique sare :« Chez nous, la pénurie touche particulièrement le département nursing. Nous avons développé une série de nouvelles fonctions pour décharger le personnel soignant, nous avons aussi joué la facette interservices. Mais nous dressons un constat mitigé quant au recrutement dans d’autres pays, comme la Roumanie. La pierre d’achoppement, c’est la communication et la connaissance des langues, souvent trop faible. Or, les soins de santé restent un métier où non seulement la relation avec le patient joue un rôle prédominant, mais aussi où l’écriture, la rédaction de dossiers et le volet administratif priment ».

vincienza iandolina,coordinatrice interim medical chez trace :

« Le métier d’infirmière est exercé à 80 % par des femmes. Les métiers de la santé doivent davantage susciter de vocations auprès des hommes. Enfin, les acteurs devraient davantage considérer les agences intérim comme des partenaires de recrutement à court terme ».

Jean-louis Fontaine,directeur adjoint du département infirmier des cliniques universitaires saint-luc :« Un autre aspect, c’est qu’en comparaison avec le secteur marchand, nous ne luttons pas à armes égales en termes d’avantages extra-légaux. Or, c’est un facteur d’attraction parfois déterminant. Il est donc particulièrement difficile d’attirer des pharmaciens, certains médecins, des secrétaires médicales, des comptables et des cuisiniers pour collectivités ».

Propos recueillis par RAFAL NACzyk

SPF Finances 2Selor 9Tecteo 11Union des Villes et Communes de Wallonie 12Banque Nationale de Belgique 13Groupe SNCB 15Institut Scientifique de Santé Publique 16Commune de Erezée 16TEC 17IBSR 17Le Foyer Ixellois 19GRE Liège 19CPAS de Bruxelles 21Service Public de Wallonie 22CPAS de Saint-Josse-ten-Noode 23CPVP 23Ville de Herstal 25

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