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Explorer le facteur humain dans le changement global RAPPORT 2015 RENCONTRES INTERNATIONALES DE CAUX www.caux.ch

Rencontres internationales de Caux: Rapport 2015

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Découvrez les rencontres internationales de Caux: 8 rencontres qui explorent différents aspects du "facteur humain dans le changement global".

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Explorer le facteur humain dans le changement global

RAPPORT 2015RENCONTRES INTERNATIONALES DE CAUX

www.caux.ch

VISION

La vision de la Fondation CAUX – Initiatives et Chan-gement est un monde en paix, juste et durable, dans lequel tous agissent en pleine conscience de notre interdépendance et de notre responsabilité au plan mondial.

MISSION

Établie en 1946, la Fondation CAUX – Initiatives et Changement (CAUX – I&C) réunit des personnes de tous horizons lors des conférences, formations et sé-minaires locaux ou internationaux qu’elle organise en Suisse, principalement dans son Centre de Ren-contres, l’ancien Caux Palace.

Que sont les Rencontres de Caux ? 4

Confiance et intégrité dans une économie mondialisée 6

Gouvernance équitable pour une meilleure sécurité humaine 8

Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité 10

Forum international des bâtisseurs de la paix 12

Pour relancer une Europe inachevée 14

Les enfants, acteurs de changement de la société 16

Graines d’inspiration 18

Impact Initiatives Challenge 20

Programmes en parallèle aux rencontres 22

N.B.: «Caux» est souvent utilisé comme abréviation pour le Centre de Rencontres de Caux et l’ensemble des bénévoles, stagiaires, personnel et participants.

CAUX – I&C offre ainsi un espace privilégié permet-tant d’inspirer, de former et de mettre en réseau des individus, des groupes et des organisations du monde entier, afin qu’ils puissent s’engager de manière effi-cace et novatrice dans la promotion de la confiance, du leadership éthique, d’un mode de vie durable et de la sécurité humaine.

L’approche de CAUX – I&C vise à catalyser un chan-gement global grâce au changement personnel. La Fondation opère selon ses valeurs de respect absolu de la dignité humaine, de la vérité, de la solidarité et de l’attention envers autrui à tous les niveaux de la vie publique et personnelle. Elle recommande la ré-flexion silencieuse comme moyen d’accès à la créati-vité et à l’inspiration.

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SOMMAIRE

LA FONDATION CAUX – INITIATIVES ET CHANGEMENT (CAUX – I&C)

souligné l’importance d’Initiatives et Changements. Il expliqué que l’ex-périence de Japonais ayant visité Caux en 1950 a influencé la société japonaise jusqu’à aujourd’hui.

Ma première participation aux Ren-contres de Caux fut une expérience extraordinaire et captivante. Je crois profondément que Caux offre un espace unique et privilégié à ceux qui souhaitent assumer davantage de responsabilités dans la société civile, l’économie et la politique, construire un avenir meilleur et dé-couvrir de nouveaux chemins qui n’ont peut-être pas encore été tra-cés. Car c’est seulement grâce à la capacité de nous transformer nous-mêmes que nous pourrons avancer dans le monde et y jouer un rôle significatif.

Barbara HintermannSecrétaire Générale

Fondation CAUX – I&C

Juste avant que ne débutent les Rencontres de Caux 2015, je suis allée me promener près du Caux Palace. J’appréciais la beauté du lieu et son histoire unique – un engage-ment de presque 70 ans en faveur de la paix, de la réconciliation, du leadership éthique, de la sécurité humaine et de la durabilité. Alors que j’admirais le lac Léman et les Alpes suisses, je réalisai soudain que, dans les jours suivants et pendant tout l’été, des centaines de per-sonnes allaient voyager pour venir jusqu’à Caux. Elles apprécieraient la sérénité de l’endroit, l’inspiration qu’il suscite et les rencontres qu’il génère. J’ai ensuite imaginé toutes ces personnes rentrant chez elles avec une énergie et une inspiration renouvelées qu’elles transmettraient à leur tour à leur entourage. Cha-cune, en s’efforçant de se changer elle-même, contribuerait à transfor-mer sa communauté, mais aussi son pays et petit à petit le monde. Et cette année, j’allais être l’une de ces personnes.

Je n’ai pas été déçue. Tout l’été, je n’ai vu que des participants enthou-siastes imaginant des solutions simples et réalisables à des pro-blèmes d’intérêt général et parta-geant des exemples de bonnes pra-tiques. Comme les années précé-dentes, le manque de transparence dans les entreprises et les gouver-nements a suscité beaucoup d’inté-rêt. Les cas récents de fraudes inter-nationales (par exemple la FIFA et Volkswagen) ont démontré, une fois de plus, l’urgente nécessité pour les dirigeants de s’engager à respecter des principes éthiques rigoureux pour conserver la confiance des

consommateurs et des actionnaires et, plus largement, celle de la so-ciété dans son ensemble. Caux a créé un environnement sûr pour examiner ces enjeux délicats, parta-ger des expériences personnelles et discuter d’actions communes.

Les flux migratoires sont des phé-nomènes fréquents dans l’histoire humaine. Pourtant, ces derniers mois, l’afflux de centaines de milliers de migrants et de réfugiés – notam-ment dans les pays européens – a provoqué d’intenses débats et ten-sions au niveau politique. À Caux, le séminaire « Pour relancer une Eu-rope inachevée » a souligné le be-soin de solidarité et d’empathie de la part des pays européens et la né-cessité d’accueillir des migrants et des réfugiés, souvent bouleversés et épuisés par le dangereux périple qu’ils viennent d’endurer.

Les participants ont rappelé que l’Europe ne devait pas oublier qu’elle s’est appuyée sur des migrants pour se construire. La Fondation CAUX – I&C a donc reconnu l’utilité de créer une plateforme d’échanges sur le sujet. Dès l’année prochaine, elle s’impliquera davantage et offrira sa longue expérience en matière de construction de la confiance. L’ob-jectif est de faciliter le dialogue entre les différents acteurs concer-nés par les questions migratoires actuelles.

La commémoration du bombarde-ment atomique d’Hiroshima en 1945 fut un moment émouvant de ces Rencontres de Caux. Le maire actuel de la ville, M. Kazumi Matsui, a envoyé un courrier à Caux et a

CAUX RAPPORT 2015 3

ÉDITORIAL

Que sont les Rencontres internationales de Caux ? Chaque été, la Fondation CAUX – Initiatives et Changement organise et coordonne des conférences internationales destinées à aborder un certain nombre de questions mondiales associées aux thèmes essentiels de la Fondation, à savoir, la construction de la confiance, le leadership éthique, un mode de vie durable et la sécurité humaine. Les conférences ont lieu au Caux Palace, le Centre de rencontres de la Fondation sur les hauteurs de Montreux, en Suisse, pas très loin de Genève.

Chaque conférence est organisée par une équipe principalement formée

de bénévoles engagés qui développent et mettent en œuvre le programme de la conférence.

Toutes les conférences partagent une même structure : chaque jour com-mence par un temps de réflexion en si-lence pour assimiler les expériences de la journée précédente et gagner en pers-pective. La vue imprenable depuis le Caux Palace sur le lac Léman et les montagnes environnantes constitue une toile de fond magnifique. Pendant la journée, les participants sont également invités à rejoindre des « groupes de communauté » afin de rencontrer et de partager leurs expériences avec les

autres. Enfin, chacun est invité à aider les bénévoles dans diverses tâches pra-tiques. En effet, pendant la saison des conférences, l’aspect opérationnel du centre, des tâches ménagères aux repas et à la logistique, est principalement géré par des bénévoles et les jeunes par-ticipants au Interns Leadership Pro-gramme (voir page 22), venus du monde entier. Cette diversité d’âges, de milieux et de cultures est un aspect essentiel de l’expérience de Caux.

Caux offre une atmosphère unique, créée lorsque les partici-pants, les bénévoles et les stagiaires de tous milieux et cultures :• Se rencontrent et apprennent à se

connaître• Prennent le temps de réfléchir et

d’agir sur des questions spéci-fiques, personnelles et mondiales

• Echangent avec des penseurs vi-sionnaires et des acteurs du chan-gement du monde entier

Au cours des années, Caux s’est forgé la réputation d’être une plateforme pour le dialogue interculturel et interreli-

Ouverture officielle des Rencontres Internationales de Caux 2015

Le dimanche 28 juin, Antoine Jaulmes, Président de la Fondation CAUX – Initiatives et Changement, Ambassadeur Anne Lugon-Moulin, cheffe de la Division de l’Afrique sub-saharienne, Département fédéral des affaires étrangères, et Laurent Wehrly, Syndic de Montreux ont officielle-

ment ouvert les Rencontres internatio-nales de Caux 2015. Les participants à cette journée ont également pu visi-ter le Caux Palace et en apprendre plus sur la saison 2015 des Rencontres et sur les activités d’Initiatives et Changement dans le monde.

gieux. Caux fournit un espace sûr pour tous ceux qui souhaitent partager leurs pensées et leurs expériences, échanger meilleures pratiques et outils, et élargir leur réseau. L’approche holistique de CAUX – I&C met l’être humain au pre-mier plan, mettant ainsi tout le monde sur un pied d’égalité et brisant les cloi-sonnements. En résumé, Caux crée un environnement destiné à inspirer, for-mer et mettre réseau les groupes et les organisations afin de construire un monde en paix, juste et durable.

Ambassadeur Anne Lugon-Moulin, cheffe de la Division de l’Afrique subsaharienne, Département fédéral des affaires étrangères

Antoine Jaulmes, Président de la Fondation CAUX – Initiatives et Changement

4 CAUX RAPPORT 2015

RENCONTRES INTERNATIONALES DE CAUX

Rencontres de Caux – été 2015

1421 personnes

100 nationalités

Europe 65 % Asie 12 % Afrique 13 % Amériques du Nord et du Sud 8 % Australie et Nouvelle-Zélande 2 %

Participants 1008 Bénévoles 217 Stagiaires 66 Scholars 20 Artistes 9 Personnel 38 Équipes 144

Vue d’ensemble détaillée : âge et sexe

0

50

100

150

200

250

300

350

0–5 6–17 18–25 26–35 36–45 46–55 56–65 66–80 80+

28 127 262 299 175 201 167 141 21

Nombre

638

783

1008

65 %

2 %

8 %

12 %13 %

217 6620

938

144

 Hommes 638

Femmes 783

CAUX RAPPORT 2015 5

QUELQUES CHIFFRES

Sunil Mathur, président-directeur général de Siemens Corporation en Inde et en Asie du Sud

Emmanuel Mutisya, Professeur assistant de projet du Programme en sciences du développement durable de l’Université de Tokyo

Wendy Addison, fondatrice de Speak Out, Speak Up et Alia Benomar, entrepreneuse

La séance d’ouverture a été marquée par le thème de la lutte contre la

corruption. Sunil Mathur, président-di-recteur général de Siemens Corporation en Inde et en Asie du Sud, a raconté comment l’entreprise internationale a analysé en profondeur sa culture d’en-treprise à la suite d’un énorme scandale de corruption à la suite duquel tout le comité exécutif a démissionné. Le tra-vail minutieux entrepris pour détecter les failles et la transformation de l’entre-prise qui a suivi, ont fait de Siemens la meilleure entreprise du monde en ma-tière de conformité d’entreprise, selon l’indice de durabilité Dow Jones.

deux directeurs d’une célèbre société de bien-être et de fitness où elle travaillait comme trésorière du groupe au niveau international. Alia Benomar, avec le soutien de son grand-père, a exposé la corruption au sein de l’entreprise fami-liale de minoterie, la plus grande du Maroc.

En parallèle, la « Caux Round Table », un réseau international de chefs d’entre-prises expérimentés qui travaillent en-semble pour renforcer l’entreprise pri-vée et la gouvernance publique afin de créer une économie mondiale durable, a organisé une réunion sur la responsa-bilité des entreprises de créer une éco-nomie mondiale durable. La Business School de Lausanne et Leadership for Transformation ont offert une formation en leadership orientée sur l’action (Im-pact Leadership). Divers ateliers ont été organisés avec pour thèmes le lea-dership intérieur, la paix, le leadership basé sur les valeurs, et le leadership basé sur les objectifs, dirigé par Pedro Langre, directeur exécutif de « Oxford Leadership » au Mexique.

Michael Smith, un membre de l’équipe TIGE, a également présenté son livre, Great Company, qui expose des récits de prises de décisions fondées sur la conscience issus des conférences TIGE et d’ailleurs depuis la crise financière de 2008.

Des chapitres nationaux de TIGE sont sur le point d’émerger. Des discussions ont eu lieu sur l’établissement de cha-pitres en Australie, au Danemark, au Mexique, aux Pays-Bas, en Écosse, en Suède, en Suisse, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Un modèle de persévérance

Wendy Addison, fondatrice de Speak Out, Speak Up, a dénoncé ce que l’on considère comme le plus gros scandale d’entreprise de l’histoire de l’Afrique du Sud. Dénoncer n’a pas été un choix facile. Elle a raconté : « J’avais peur.

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CONFIANCE ET INTÉGRITÉ DANS UNE ÉCONOMIE MONDIALISÉE

Former les leaders pour une transformation économique26 juin – 1er juillet. L’objectif de cette neuvième conférence annuelle était d’encourager les leaders à travailler pour le bien commun, et de présenter des histoires et des modèles de transformation personnelle et économique. La conférence a adopté une approche ho-listique, donnant aux participants le temps et les outils pour l’exploration intérieure, le développement des compétences et la création de synergies pour travailler sur un objectif commun.

Parmi d’autres histoires inspirantes, on peut mentionner celle de l’entrepreneur kenyan Emmanuel Mutisya, dont le re-fus de payer des pots-de-vin pour cor-rompre la police a créé un précédent qui a encouragé d’autres Kenyans à re-fuser de se soumettre aux normes de corruption. Wendy Addison, originaire d’Afrique du Sud, a courageusement dénoncé un détournement de fonds par

Jane Royston, fondatrice de Natsoft SA

Participants lors de la visite de Tergon, une entreprise sociale fabriquant des chaises ergonomiques

Emmanuel Jeger, consultant et coach, animateur de l’atelier «Gérer le changement dans des équipes non permanentes»

J’étais très mal à l’aise. J’ai dû choisir entre ma loyauté envers mes collègues, mon contrat de travail et mon contrat social avec la société. J’ai essayé d’éva-luer l’impact de mon silence sur la so-ciété, et c’est ce qui m’a encouragée à franchir le pas. »

Son courage lui a coûté son travail et sa carrière. Ayant reçu des menaces de mort, elle s’est réfugiée au Royaume-Uni avec son fils de 12 ans. Les cadres corrompus ont finalement été condam-nés à la prison, mais sans revenu ni éco-nomies ou pension, elle s’est retrouvée sans rien : « J’étais littéralement à la rue. J’ai rejoint un groupe de mendiants. Je négociais avec eux : j’écrivais une lettre ou un CV pour eux et, en retour, ils me laissaient le meilleur endroit pour men-

dier. Mais même si j’avais été bannie du terrain de jeu de la vie, je restais aux portes de l’espoir chaque jour sur mon morceau de carton. »

Depuis 2012, elle a « dédié [sa] vie à [se] reconstruire, à lancer Speak Out, Speak Up (son organisation de soutien à ceux qui dénoncent la corruption), puis à ai-der les autres. »

Avec le recul, elle dit de ces moments difficiles : « C’est lorsque nous traver-sons les moments les plus difficiles de nos vies que souvent nous trouvons notre vraie raison de vivre. Rien n’est jamais fini, nous évoluons constam-ment. »

Long terme ou court terme ?

Le débat d’experts « Business for Peace » a mis un accent sur le fait que les gouvernements et les entreprises ont de plus en plus d’opportunités de res-pecter les principes et pratiques de res-ponsabilité sociale dans l’entreprise. Des lignes directrices sur les droits de l’homme et des entreprises ont déjà été définies par de multiples organisations, y compris la « Caux Round Table ». S’il est admis que le rôle des états est de protéger les droits de l’homme, on considère de plus en plus que les entre-prises devraient également jouer un rôle protecteur. Jane Royston, entrepreneur et lauréate du prix « Femme d’affaires suisse de l’année », a partagé son his-

toire et ses opinions sur l’éthique dans le monde des affaires : « Si je dois résu-mer en deux mots, il s’agit de confiance et d’intégrité. » Le traitement inégal des employés est la raison pour laquelle Jane Royston a quitté une grande entre-prise d’informatique alors qu’elle sem-blait être au plus fort de sa carrière. Elle a finalement fondé sa propre entreprise d’informatique, NatSoft, qui s’est révé-lée être un succès, incorporant ses propres idées et valeurs. Pour elle, le travail d’équipe et le dévouement sont devenus des priorités, et non les béné-fices. Selon Jane Royston, toute entre-prise cherchant le succès doit se concen-trer sur un avenir à long terme.

CAUX RAPPORT 2015 7

Construire la confiance pour une gouvernance éthique inclusive3–8 juillet. Michael Møller, directeur général du bureau des Nations Unies à Genève, a donné le ton pour la conférence « Gouvernance équitable pour une meilleure sécurité hu-maine ». « Il y a tant de problèmes à résoudre que l’on ne peut plus compter exclusivement sur les gouvernements », a-t-il déclaré. « Nous devons tous collaborer. Chacun d’entre nous a la responsabilité d’apporter sa propre contribution en fonction de son expertise. »

Les 200 participants étaient venus de 44 pays pour découvrir comment y

parvenir. Ils ont parlé d’initiatives desti-nées à fournir de l’eau propre aux vil-lages indiens, à construire la confiance entre les Chypriotes grecs et turcs, ou à permettre aux femmes de prendre part aux affaires nationales du Mali. M. Møl-

ler a publié sur Twitter que la confé-rence « a mis en valeur l’énorme poten-tiel de la société civile ».

Le département fédéral des affaires étrangères a sponsorisé 25 leaders du Mali, du Tchad et du Niger. Nombre d’entre eux sont impliqués dans la réso-lution de conflits dans leurs pays. Un atelier dirigé par des experts en média-tion des Nations Unies a également at-tiré un public nombreux. Ils ont aussi participé à des ateliers sur les réponses à la violence extrémiste où ils ont été rejoints par des membres du parlement somalien, un haut représentant du Nigé-ria et des chefs d’ONG d’Afrique et du Moyen-Orient.

Des Arméniens et des Turcs sont venus chercher une façon de lutter contre l’hostilité résultant de la brutalité de leur histoire. Les Ukrainiens ont présenté un film sur la guerre dans l’Est de l’Ukraine et ont reçu les excuses émouvantes de l’éminent historien russe Andrei Zubov. Ce dernier a animé avec Alexander Zinchenko, le vice-directeur de l’Institut

ukrainien de la mémoire nationale, l’ate-lier « Comment gérer le passé », qui s’est concentré sur les évènements tra-giques de l’histoire des deux pays et a discuté des étapes à suivre pour arriver à la guérison.

Co-Willing

Un réseau africain, appelé Commitment of the Willing ou Co-Willing, a organisé une rencontre lors de cette conférence. Ce réseau a été formé pour travailler pour l’intégrité dans le leadership. Il est formé de personnes actives dans la for-mation axées sur les compétences, le dé-veloppement durable et la lutte contre la corruption. Elles sont venues partager leur expérience et apprendre à renfor-cer leurs propres initiatives et celles des autres. Parmi les participants se trou-vaient Hans Herren, qui a reçu le World Food Prize (le prix mondial de l’alimen-tation), l’avocat d’Afrique du Sud Paul Hoffman d’Accountability Now, et Ekuru Aukot, qui a dirigé le comité d’experts qui a mis au point la Consti-tution kenyane de 2010.

Michael Møller, directeur général du bureau des Nations Unies à Genève

8 CAUX RAPPORT 2015

GOUVERNANCE ÉQUITABLE POUR UNE MEILLEURE SÉCURITÉ HUMAINE

Les médias peuvent-ils non seulement raconter mais transformer les nou-velles ? La façon dont les nouvelles sont racontées pourrait-elle inspirer les lec-teurs et les téléspectateurs à lutter contre la corruption, protéger l’environnement, résoudre les conflits ? C’est le défi dans lequel s’est engagée l’entreprise kenyane Fountain Media Group Ltd.

Des plateformes telles que Buzzfeed, qui se concentrent sur les nouvelles posi-tives, gagnent en popularité. Dans le monde entier, le public souhaite lire des nouvelles plus positives. Le président-di-recteur général et rédacteur en chef, Be-dan Mbugua, et la célébrité de la télévi-sion kenyane, Johnson Mwakazi, ont parlé de l’importance d’une alternative aux principaux groupes de radio télévi-sion actuels. Ils ont présenté leur ap-proche lors de l’atelier « Le défi des mé-dias : journalisme, intégrité et espoir.»

Les deux hommes sont catégoriques : il y a beaucoup de belles histoires qui valent la peine d’être racontées : « Nous avons besoin de médias qui peuvent faire les choses différemment. Des mé-dias qui font l’éloge du bien. » Il est clair pour eux que les problèmes du monde nécessitent également notre at-tention, mais pas sans potentielle solu-tion: « Même une mauvaise solution vaut mieux que pas de solution du tout », déclare Mwakazi. C’est comme cela qu’est né Fountain Media, avec l’objectif de transformer la nation à l’aide d’initiatives communautaires créa-tives.

Une question qui a beaucoup préoc-cupé le Kenya est le nombre d’hommes décédés des suites d’une consommation excessive de boissons alcoolisées artisa-nales illégales. À Kiambu, des femmes

ont lancé une organisation – Mothers Against Drug Abuse (Les mères contre la toxicomanie) – pour lutter contre ce phénomène. Fountain Media s’est rallié à leur cause. Très vite, des milliers de femmes ont manifesté leur soutien et ont recruté d’autres femmes au-delà de Kiambu.

Fountain Media Group s’est également penché sur la lutte contre la corruption. Comment avoir un impact sur la corrup-tion généralisée et acceptée dans les affaires au Kenya ? Fountain Media a offert de faire de la publicité aux entre-prises qui refuseraient de payer les pots-de-vin. Certaines ont accepté le défi, of-frant une belle histoire à Fountain TV, et la publicité aidant les entreprises en retour. À ce jour, plus de 500 entre-prises ont accepté le défi.

Gérer le passé et le présent

Pour marquer le centenaire du génocide arménien, des jeunes d’Arménie, de la diaspora arménienne et de Turquie se sont rassemblés pour discuter de leur passé commun et de la façon dont cela les affecte. Les dialogues se sont princi-palement tenus en privé dans le cadre du Musa Dagh History Hike Project, di-rigé par Eugene Sensenig-Dabbous de l’Université de Notre Dame du Liban. Cependant, des ateliers ont eu lieu chaque jour au cours desquels le public était invité à en apprendre plus à travers des documentaires, des chansons et di-verses présentations. Fructueux, le dia-logue a permis d’engager des discus-sions profondes sur la vérité, le pardon, l’acceptation et le dépassement de la haine, commençant ainsi un voyage per-mettant l’acceptation du passé.

Participant au «Musa Dagh History Hike Project»

Bedan Mbugua, président-directeur général et éditeur en chef de Foundain Media Group Ltd

Daphrose Barampama, Présidente de Femmes artisans de paix

« Nous avons besoin de médias qui peuvent faire les choses différemment. Des médias qui font l’éloge du bien. »

CAUX RAPPORT 2015 9

Contre-amiral Neil Morisetti, Envoyé spécial du Royaume-Uni pour le climat et la sécurité énergétique, 2009–13

Dr Michael Schluter, Président et direc-teur général de Relational Research

Enraciner le développement durable10–14 juillet. Le dialogue a examiné le lien entre la restauration des terres, la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et la résolution de conflit. Il s’est concentré sur les solutions qui peuvent permettre de développer les initiatives qui allient construction de la confiance et gestion durable des terres afin d’aider les communautés à échapper au cercle vicieux de la dégradation des terres et des conflits, les remplaçant par des environnements prospères et en paix. Les cinq jours du dialogue ont été remplis par d’intenses questionne-ments, des conversations animées, des solutions intelligentes, des histoires personnelles et des moments d’introspection.

Le dialogue était organisé en partena-riat avec « Initiatives Land, Lives,

Peace » (Initiatives pour la terre, la vie et la paix), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Plus de 100 professionnels des domaines de la construction de la confiance et de la restauration des terres, y compris des agriculteurs, des activistes, des responsables politiques, des scientifiques et des hommes et femmes d’affaires, y ont participé.

Le dialogue a adopté une approche clas-sique mais complexe centrée sur trois facteurs : les aspects environnemental, économique et social, permettant un échange horizontal et vertical productif entre les spécialistes, les responsables politiques et la société civile. Le deu-xième jour, les participants ont examiné des solutions flexibles pour une gestion durables des terres, le troisième jour, ils se sont penchés sur les échanges dans le contexte d’un marché mondialisé, en particulier sur l’utilisation de l’eau, le quatrième jour, ils ont examiné les as-pects de la construction de la confiance, enfin, le cinquième jour s’est conclu par un appel à l’action.

Parmis les intervenants, le contre-amiral Neil Morisetti (Retd.), du Royaume-Uni, a présenté lors de son discours une vue d’ensemble des dernières tendances en termes de menaces de la sécurité mon-diale induites par le changement clima-tique. Michael Schluter, président et di-recteur général du « think tank » Relational Research, a, lui, présenté le modèle de « pensée relationnelle ».

Joseph Montville, directeur du pro-gramme « Guérir la mémoire histo-rique » de l’École d’analyse et de réso-lution de conflits de la George Mason

University, a parlé de l’utilisation de la psychologie politique dans les questions relationnelles dans le domaine des terres et de la sécurité. Il a déclaré que « les différents groupes ayant expérimenté une histoire de perte ont avantage à tra-vailler ensemble dans des projets concernant les terres, l’eau et l’alimenta-tion, présentant des bénéfices matériels évidents pour tout le monde, y compris leurs enfants, car cela leur donne une vraie motivation pour réussir, psycholo-giquement, spirituellement et financière-ment ».

10 CAUX RAPPORT 2015

DIALOGUE DE CAUX SUR LA TERRE ET LA SÉCURITÉ

Lancement d’un livre

Ilan Chabay, enseignant à l’Institut d’études avancées sur la durabilité de Potsdam, a présenté le nouveau livre qu’il a co-édité, intitulé Land Restoration: Reclaiming Landscapes for a Sustainable Future. Ce livre est né de discussions tenues lors de pré-cédents Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité, de nombreux contributeurs étant d’anciens parti-cipants/intervenants.

Louise Baker, Coordinatrice des Relations extérieures, politiques et négociations à la CNULCD

Joseph Montville, Directeur du Programme pour la guérison de la mémoire historique à l’école d’analyse et de résolution de conflit, George Mason University

Délégation du Kenya

Louise Baker de la CNULCD a insisté sur l’agenda de mise en oeuvre, la neu-tralité de la dégradation des terres étant l’objectif de la communauté internatio-nale. Elle a dit que «Nous devons prendre nos responsabilités», être plus ambitieux et nous ne devrions pas avoir peur de la technologie.

Après la Conférence, CAUX – I&C, en partenariat avec World Vision Interna-tional, a organisé un événement de suivi à la Maison internationale de l’environ-nement de Genève le 15 juillet. L’évé-nement a permis de partager les conclu-sions du Dialogue de Caux 2015 avec la communauté environnementale de Genève au sens large, et de continuer les discussions et la réflexion sur l’enra-cinement du développement durable. Lors de cet événement, la délégation kenyane s’est engagée à organiser un Dialogue sur la terre et la sécurité au Kenya en 2016.

Dialogue entre jeunes et experts

Pour impliquer les plus jeunes, le Dia-logue de Caux a organisé une discussion entre 40 jeunes écologistes enthousiastes et trois experts, Julia Marton-Lefèvre, an-cienne directrice-générale de l’UICN, Luc Gnacadja, ancien secrétaire exécutif de CNULCD et Geoffrey Lean, corres-pondant pour l’environnement du Daily Telegraph de Londres. C’était une op-portunité unique pour un échange entre générations sur les connaissances sur le sujet, les meilleures pratiques, mais éga-lement sur les valeurs et les convictions

personnelles. Dans un contexte de chan-gement climatique et de conflit, les ques-tions de leadership, d’attitude et de prise de décisions ont été les priorités de la soirée.

Première mondiale

Le jour du 30ème anniversaire du concert Live Aid en Éthiopie, le réalisateur primé Mark Dodd (The Man who Stop-ped the Desert) et le protagoniste Tony Rinaudo de World Vision Australie, ont présenté le film « Ethiopia Rising : Red Terror to Green revolution » (L’ascen-sion de l’Éthiopie : De la terreur rouge à la révolution verte). Le film raconte une entreprise de restauration des terres incroyablement réussie en Éthiopie à travers l’histoire émouvante d’un homme, Aba Hawi, qui a mobilisé sa communauté pour sauver leur village de l’extinction, et lutter contre la famine, la sécheresse et la guerre.

CAUX RAPPORT 2015 11

Transformation non violente des conflits : dignité, participation et inclusion16–19 juillet. Le Forum international des bâtisseurs de la paix 2015, organisé en partena-riat avec l’« Institute for Conflict Transformation and Peacebuilding » (ICP), a réuni approxi-mativement 70 participants du monde entier travaillant dans le secteur de la construction de la paix et a fourni une plateforme pour l’échange de meilleures pratiques et d’expé-riences dans la transformation non violente des conflits.

« Ne vous contentez pas de rêver la paix, faites-là »

Parmi les événements clés du forum on peut mentionner :

• une discussion d’experts sur l’applica-tion des principes de dignité, de par-ticipation et d’inclusion, menée par Koenraad van Brabant d’Interpeace, Ajsa Hadzibegovic de Civic Alliance, Catriona Gourlay de PeaceNexus, et Daphrose Ntarataze Barampama des Femmes Artisans de paix

• une présentation par Abbas Aroua, directeur de la Fondation Cordoue de Genève, sur les perspectives de l’Is-lam/du monde arabe sur la transfor-mation non violente des conflits

• et une série de quatre ateliers dirigés par des experts leaders dans le do-maine de la construction de la paix.

L’atelier d’Ajsa Hadzibegovic a exa-miné les facteurs réduisant l’autonomi-sation des jeunes et les empêchant de militer pour la construction de la paix. L’atelier de Simon Fisher, expert en ré-solution de conflicts à l’Université d’Oxford Brookes a analysé comment nous nous voyons dans notre travail sur les conflits. L’atelier de Jean Brown et de Shoshana Faire a encouragé les par-ticipants à l’introspection pour com-prendre les histoires que nous transmet-tons aux futures générations. Enfin, l’atelier de Tanja Mirabile, co-directrice de ICP, a analysé le rôle du modérateur dans un dialogue efficace pour la trans-formation non violente des conflits.

Alors que le forum touchait à sa fin, les participants ont eu l’opportunité de ré-fléchir sur les idées développées et les manières dont ils pourraient les appli-quer à l’avenir dans leur travail.

est une source d’inspiration et de force, et a permis aux participants de quitter Caux inspirés et remplis d’une énergie nouvelle.

La paix commence chez soi

Le Forum met la personne au centre de la construction de la paix grâce à des séances interactives, d’échanges et des exercices de groupe. Cette approche a ainsi permis aux participants de réflé-chir à leurs propres pratiques. « Com-ment pouvez-vous promouvoir la paix si vous vous trouvez vous-mêmes impli-qués dans des conflits personnels ? » « Comment puis-je aider les autres à guérir de leurs blessures si les miennes sont à vif ? », a conclu un participant. Ce forum s’est révélé être une excel-lente opportunité pour les participants de découvrir et d’appliquer un principe fondamental d’I&C : « Soyez le change-ment que vous voulez voir dans le monde. »

Koenraad van Brabant, conseiller principal en consolidation de la paix, Interpeace

Certains participants ont déclaré que le forum les a encouragés à considérer les conflits sous un nouvel angle et à utiliser de nouveaux outils dans leur travail, tels que l’analyse des champs de force (Force Field Analysis). D’autres, inspirés par les trois principes de dignité, d’in-clusion et de participation, ont expliqué qu’ils veulent désormais impliquer toutes les parties prenantes dans des zones de conflits, y compris celles qui sont les plus difficiles à atteindre.

Le soutien offert par un solide réseau de personnes partageant les mêmes idées

12 CAUX RAPPORT 2015

FORUM INTERNATIONAL DES BÂTISSEURS DE LA PAIX

Considérant ce principe au niveau orga-nisationnel, Catriona Gourlay de Peace-Nexus a abordé une question très im-portante et pourtant souvent ignorée : en tant qu’organisation de construction de la paix, appliquons-nous les principes que nous cherchons à promouvoir ? Comment gérons-nous le conflit à l’in-terne ?

nécessiter des changements, ou même un réexamen complet, et certains s’y op-poseront, mais « même si vous devez être flexible dans la mise en œuvre, res-tez déterminés ». Le Forum était l’occa-sion parfaite de rappeler que la paix commence chez soi.

Catriona Gourlay, directrice générale, PeaceNexus Foundation

Nina, participante à un Cercle de paix

Abbas Aroua, directeur de la Fondation Cordoue de Genève

Les Cercles de paix

Cet été, des Cercles de paix et une formation pour facilitatrices ont été of-ferts en français et en anglais par le programme d’I&C Femmes Artisans de paix. Ce programme, qui fêtera son 25ème anniversaire l’été prochain, rassemble principalement des femmes pour promouvoir la paix, en commen-çant par elles-mêmes.

Nina, une jeune Suissesse âgée de 18 ans, a participé à un Cercle de paix, ainsi qu’à la formation. Elle partage ici son expérience :

« Un Cercle de Paix rassemble 10 à 12 personnes – chacune d’entre nous par-tage avec les autres ce qu’elle se sent de partager. Pour certaines personnes c’est très difficile de parler de leur vécu. On aborde des sujets touchants ; des his-toires d’exils, d’abus sexuels, de meurtres … Ces moments sont forts en émotions – on finit toutes un peu par pleurer.

Personnellement, il ne s’est rien passé de tragique dans ma vie. Ce que j’avais à dire était un peu futile comparé aux autres – mais une vie n’a pas besoin d’être tragique pour qu’elle soit racon-

tée et pour qu’elle soit écoutée. Per-sonne n’est jamais vraiment en paix – nous avons tous des choses à parta-ger. Etant la plus jeune du groupe, j’ai surtout beaucoup appris des autres, je me suis imprégnée de leurs histoires personnelles. J’ai vraiment ressenti une connexion mutuelle entre les par-ticipants. Nous nous faisons confiance, et nous respectons cette confidentia-lité. »

Cela peut être très difficile mais c’est également fondamental. « Les bénéfi-ciaires de notre travail nous voient comme des exemples. Vous devez être un bon exemple pour votre propre cré-dibilité au sein d’une communauté. Les donateurs apprécient aussi beaucoup cela. » Elle a insisté sur le fait qu’appli-quer les principes que l’on promeut est aussi essentiel pour l’efficacité d’une or-ganisation. L’organisation pourrait bien

CAUX RAPPORT 2015 13

Comprendre les enjeux, construire des valeurs et des centres d’intérêt communs16–19 juillet. Cette conférence était organisée dans le cadre d’un projet sur quatre ans visant à engager des citoyens européens de tous les milieux dans des actions destinées à développer un esprit de partenariat et de solidarité dans tout le continent.

Pour les participants venus des quatre coins de l’Europe, la conférence

était l’occasion de réfléchir et d’échan-ger leurs idées sur les valeurs euro-péennes et les questions d’actualité : telles que conflits récurrents, les vagues de migration massives, la fragilité des droits des minorités et la façon de gérer le passé. En groupes, les participants ont pu discuter de leurs inquiétudes et de leurs espoirs, et faire des propositions pour l’avenir.

Beaucoup de temps a été consacré à la vision et aux idées de deux des pères fondateurs de l’Europe, Monnet et Schuman, avec la visite de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe de Lau-sanne et une présentation par son direc-teur, Gilles Grin, ainsi que par Jeff Fountain, directeur du Centre d’études et de recherches européennes Robert Schuman.

l’American University de Washington, a, elle, prononcé un discours très émou-vant, explorant les questions théoriques pour la construction d’un récit européen commun et les moyens pratiques de transformer les tensions à travers le changement social.

Le dernier jour, les participants se sont engagés à agir pour continuer à relancer l’Europe inachevée pour l’année à ve-nir. Certains ont exprimé leur intention de lancer des initiatives comme jouer un rôle plus actif dans le rassemblement des groupes minoritaires en Europe. Un projet spécifique a été évoqué : un voyage pour la paix dans toute l’Europe en 2018. Ce projet comprendrait la vi-

Les intervenants principaux de la séance plénière d’ouverture étaient les sui-vants : Ahmet Shala, ambassadeur du Kosovo au Japon et ancien ministre des finances; Stephanie Hofmann, profes-seur adjoint du Graduate Institute de Genève; Cathy Nobles, militante pour la construction de la paix; et par vidéo-conférence depuis l’Italie, Leoluca Or-lando, le maire de Palerme en Italie.

Christoph Spreng, délégué d’I&C au-près du Conseil de l’Europe, a évoqué le 60ème anniversaire des Déclarations de Bonn-Copenhague et le rôle qu’y a joué le changement personnel. Margaret Smith, de la Faculté pour la paix inter-nationale et la résolution des conflits de

Aurora Martin, Faculté des sciences politiques, Univer-sité de Bucarest et conseil-lère principale auprès du gouvernement de Roumanie, et Cathy Nobles, fondatrice et directrice de la Reconci-liation Walk Community

Gilles Grin, directeur de la Fondation Jean Monnet

14 CAUX RAPPORT 2015

POUR RELANCER UNE EUROPE INACHEVÉE

Exposition photographique : Au-delà de mes murs

site d’endroits où des conflits ont eu lieu (ou ont encore lieu) afin de partager des histoires pratiques pour la construction de la confiance et la résolution des conflits.

Rencontrez les jeunes ambassadeurs : la perspective des jeunes sur l’Europe

Cette année, la conférence a également lancé son programme pour les jeunes ambassadeurs : 35 ambassadeurs âgés de 18 à 25 ans, représentant 24 pays.

Pour Lina, jeune ambassadrice d’Alba-nie, la conférence était une excellente opportunité de découvrir sur quels pro-jets les autres jeunes travaillent pour construire une Europe meilleure. Elle a déclaré : « Malgré notre diversité, nous avons des valeurs communes. Il existe un grand besoin de coopération entre les pays européens et de promotion d’une plus grande cohésion sociale. » Pour elle, être une jeune ambassadrice lui a permis « de débattre de manière positive et constructive avec d’autres jeunes originaires de régions en conflits ». Elle est rentrée chez elle avec un fort désir de rester engagée en déve-loppant son organisation Breaking Bar-riers, dont l’objectif est de lutter contre les stéréotypes raciaux et religieux et de développer une plateforme en ligne pour des articles et des blogs abordant les défis et les espoirs de l’Europe.

Pour Bastian, jeune ambassadeur origi-naire d’Allemagne, participer à la confé-rence l’a aidé à mieux comprendre l’identité de l’Allemagne. C’était égale-ment l’occasion de discuter des défis auxquels l’Europe fait face et de construire un réseau d’individus de tous âges et de tous milieux pour aborder ensemble ces problèmes et prendre des initiatives. Il a conclu : « Nous allons res-ter en contact pour travailler sur nos

idées et les mettre en œuvre. L’approche de Caux est très holistique. Ce que j’ai appris ici m’a changé d’un point de vue personnel et un jour j’utiliserai ces ex-périences sur le plan professionnel. »

La mobilité : un droit inaliénable ?

Le maire de Palerme en Italie, Leoluca Orlando, a marqué les participants de la Rencontre. Ce politicien anti-mafia de longue date défend maintenant une autre cause qui inquiète directement tous les pays européens : les migrants.

M. Orlando a expliqué que, pour lui, la mobilité devrait être un droit inalié-nable. Il est de notre devoir d’accueillir ceux qui fuient leur pays pour sauver leur vie, car « nous ne choisissons pas où nous sommes nés mais nous pouvons choisir où nous voulons vivre et mou-rir ». C’est pourquoi il a « tiré la son-nette d’alarme face à une Europe qui semble trahir les raisons mêmes pour lesquelles elle est née. »

Ses paroles, puissantes et déterminées, ont renforcé le désir de la conférence d’une Europe plus inclusive et ouverte aux autres. Grâce à M. Orlando, le conseil municipal de Palerme a ap-prouvé la Charte de Palerme sur la mo-bilité humaine internationale. Il défend actuellement ses idées pour une Europe plus humaine et plus respectueuse.

L’exposition photographique itiné-rante d’Undine Groeger, « Au-delà de mes murs » (Within My Walls and Beyond), a été inaugurée au cours de cette conférence. L’exposition pré-sente un cheminement personnel pour comprendre le passé de l’Alle-magne en représentant trois généra-tions qui ont connu la construction et la chute du mur de Berlin. En paral-lèle, elle ouvre une fenêtre sur un lieu rappelant l’ancienne Allemagne de l’Est, la Transnistria, une zone de conflit gelé de l’ère post-soviétique entre la Moldavie et l’Ukraine. Cette exposition sera visible à Caux Expo jusqu’au 16 janvier 2016 et invitera les visiteurs à engager un dia-logue sur les murs qui existent encore en nous et dans les communautés.

Bastian, jeune ambassadeur d’Allemagne

CAUX RAPPORT 2015 15

chargé de la migration, des affaires inté-rieures et de la citoyenneté, avait quant à lui spécialement enregistré un message vidéo diffusé lors de la conférence.

L’intervention d’une autre personnalité, Nkem Orakwue, fondatrice du parle-ment des enfants et directrice générale d’une chaîne télévisée dédiée aux en-fants au Nigéria, a également marqué les esprits.

Durant cette semaine de conférence, les participants ont eu la chance d’apporter leur contribution au Commentaire Gé-néral des Nations Unies sur les adoles-cents commissionné par le Comité des droits de l’enfant, grâce à un atelier di-rigé par Gerison Lansdown et Darren Bird, tous deux consultants internatio-naux spécialisés dans les droits de l’en-fant. Parallèlement, les rapporteurs de chaque atelier se sont réunis pendant la semaine pour mettre au point la présen-tation qu’ils allaient faire devant le Par-lement européen abordant les points es-

La participation était au cœur du pro-gramme de CATS où tous les parti-

cipants ont pu partager leurs expé-riences, échanger concepts et idées, et discuter de leurs connaissances sur la participation des enfants au sein de la société, le tout dans un environnement de confiance à la fois ludique, interactif et respectueux de chacun.

Les principaux intervenants ont été une source d’inspiration pour tous en racon-tant leurs histoires de lutte pour la dé-fense des droits et de la participation de l’enfant dans la société. CATS a en effet accueilli des représentants d’institutions internationales, comme Kirsten Sand-berg, ancienne présidente du Comité des droits de l’enfant au sein des Na-tions Unies; Judith Diers, directrice de la section développement et participa-tion des Adolescents à l’UNICEF ou en-core Julie Ward, députée européenne et fervente défenseur des droits de l’enfant au Parlement européen. Dimitri Avra-mopoulos, Commissaire européen

Enfants et adultes, partenaires pour le changement ?27 juillet – 2 août. La conférence intitulée « Les enfants, acteurs de changement de la société » (CATS) a été organisée en partenariat avec Initiatives et Changement France, Eurochild, Universal Education Foundation et Child to Child. L’objectif principal de CATS 2015 était de mettre au jour les différentes formes de collaboration et de partenariat possibles entre enfants, jeunes et adultes afin de garantir que l’implication des enfants soit vraiment respectée à tous les niveaux de la société.

Kesz Valdez, lauréat du Prix international de la paix pour les enfants et co-fondateur de C3 Championing Community Children

sentiels soulevés lors de la conférence et insistant sur l’importance de faire en-tendre la voix des enfants sur les ques-tions politiques.

16 CAUX RAPPORT 2015

LES ENFANTS, ACTEURS DE CHANGEMENT DE LA SOCIÉTÉ

La conférence s’est avérée être une ex-périence concrète de la participation des enfants. Un jeune participant a confié : « La conférence CATS nous a rappelé l’importance de l’esprit d’équipe et de la coopération entre adultes et enfants dans nos vies. Nous avons pu en vivre tous les aspects grâce aux activités de CATS, que ce soit par les jeux, les tâches ménagères, les groupes commu-nautaires ou les temps de partage. »

Kesz Valdez

Un intervenant a particulièrement im-pressionné les participants avec son his-toire, émouvante et source d’inspiration à la fois. Kesz Valdez est originaire des Philippines. En 2012, à seulement 13 ans, il remporta le Prix international de la paix pour les enfants. Il est également le co-fondateur de C3 Championing Community Children, une ONG qui vient en aide aux enfants des rues. Alors qu’il n’était qu’un enfant, son père l’en-voyait fouiller les ordures d’une dé-charge de Cavite, aux Philippines. Pour échapper aux violences familiales, il fuit, mais continua à vivre sur la décharge dans des conditions précaires.

Quelques années plus tard, il tomba ac-cidentellement sur un tas de pneus en feu et fut secouru par un travailleur so-cial qui le prit sous son aile, puis l’adopta. Kesz découvrit alors ce que cela signifie de vivre décemment, en sé-curité, sans connaître la faim et surtout, entouré d’amour.

Il n’oublia cependant jamais ses compa-gnons d’infortune qui vivaient encore dans la rue. Convaincu qu’il pouvait les aider en dépit de son jeune âge, il passa à l’action. Pour ses 7 ans, il distribua des sandales à des enfants des rues pour qu’ils ne se blessent plus les pieds.

Le récit de la vie de Kesz et sa détermi-nation à mettre tout en œuvre pour ve-nir en aide aux enfants des rues ont été ovationnés par l’audience. Égal à lui-même, Kesz est resté humble, porté par la volonté d’agir. Il souhaite suivre des études pour devenir travailleur social, comme son père adoptif, et pouvoir ainsi continuer à défendre et protéger les enfants des rues. Son témoignage a suscité une grande admiration et nous espérons qu’il aura permis au public de se rendre compte qu’il n’est jamais trop tôt ou trop tard pour s’engager.

Bibliothèque Humaine

Un matin, le grand hall de Caux s’est transformé en bibliothèque. Mais au lieu de livres de papier, les partici-pants étaient attendus par des per-sonnes prêtes à leur conter une his-toire. La Bibliothèque Humaine fonctionne sur le même modèle qu’une bibliothèque traditionnelle. Les « lecteurs » peuvent emprunter des livres et les rapporter à la biblio-thèque une fois lus. A une différence près : les « livres » sont des personnes qui racontent des histoires liées aux droits et à la participation des enfants. Chaque lecteur a eu la chance de pouvoir écouter trois histoires. A l’is-sue de chaque histoire, un dialogue entre « livres » et « lecteurs » s’enga-geait. Cette idée créative a permis de nouer un lien très fort entre les parti-cipants, lien que seul le partage d’his-toires personnelles rend possible.

Peu de temps après, il créa sa propre organisation, C3-Championning Com-munity Children, qui vient en aide aux enfants des rues en leur enseignant des notions d’hygiène, de santé et de droit. Elle les encourage aussi à s’engager dans la vie de la communauté. C3 leur offre des kits d’hygiène mais également, dans la mesure du possible, des chaus-sures, des jouets et du matériel scolaire.

Depuis sa création en 2006, C3 est venu en aide à plus de 10 500 enfants au sein de 48 communautés différentes, a soi-gné plus de 3000 blessures et distribué quelque 4000 brosses à dents.

Le Prix international de la paix pour les enfants a offert à C3 une notoriété et une aide financière internationales.

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Partager l’inspiration qui façonne nos vies 4–9 août. « Graines d’inspiration » 2015 a offert aux participants une expérience hors du commun au cours de laquelle ils ont pu tisser des liens et s’imprégner de l’histoire de Caux. Des ateliers, des productions théâtrales, des rencontres et des groupes de discussion ont ouvert les esprits à de nouvelles possibilités.

Kwame Reed est un jeune acteur et poète qui vient d’un quartier défa-

vorisé de Londres. Il a commencé à re-penser sa vision de « l’homme [qu’il] souhaite être ». Yasmine Kamel, égale-ment originaire de Londres, a entamé « son propre cheminement, poussée par la curiosité d’apprendre qui [elle est] et qui [elle veut] véritablement être ». Hi-tomi Mitsutake, professeure du Japon, se décrivait comme « très introvertie » a découvert « la joie de communiquer avec les autres ». Quant à l’acteur an-glais Steve Stickley, il a redécouvert « la beauté de l’Islam ».

Les ateliers ont proposé des activités très variées, allant de la sculpture japonaise sur bois à la compréhension de l’électri-cité, de la danse à un dialogue sur l’inclu-sion, de la spiritualité de la musique à une marche silencieuse. En soirée, le pro-gramme comprenait : le tumultueux « Nora’s Ark » de Janet Stickley; l’adapta-tion pour marionnettes de « Don Qui-chotte » par la Commedia Gillet; « Race »,

le one-man show de Steve Stickley sur les Jeux olympiques de Berlin de 1936; enfin, « Lunacy or the pursuit of the goddess », véritable tour de force de June Boy-ce-Tillman. L’Intermission Youth Theatre (IYT) a captivé l’audience avec une série de sketchs intitulée « Family Drama », une réflexion sur les défis de la vie familiale dans les villes anglaises contemporaines.

Parmi les intervenants, on peut citer Lil-lian Cingo d’Afrique du Sud, ancienne responsable du Phelophepa Train, une association qui propose des services de santé dans des communautés rurales re-culées, ainsi que trois Somaliens issus de clans rivaux qui ont commencé un dia-logue. Mohamed Mumin a évité les So-maliens pendant les 18 premières an-nées qu’il a passées en Europe. Il a expliqué qu’il a pu changer grâce à I&C. « Si vous détestez, c’est que vous êtes malade. Pour guérir, il faut vous libérer vous-même, aimer, pardonner, être positif .»

Intermission Youth Theatre (IYT)

M. Mitsuhisa Kato, d’I&C Japon

Commémoration d’Hiroshima

Le troisième jour de « Graines d’inspira-tion » avait pour thématique : « Entendre des voix cachées : Commémoration d’Hiroshima ». Pour le 70ème anniversaire du bombardement, le maire d’Hiro-shima a envoyé une lettre à Initiatives et Changement. Dans sa lettre, il lance un appel à la paix et évoque le rôle que

IYT a vu le jour au printemps 2008 et s’est donné pour mission de travailler avec des jeunes potentiellement sujets à la délinquance, des délinquants ou encore des jeunes sans perspectives d’avenir. Ils s’inspirent de pièces de Shakespeare et les réinventent en ajou-tant des expressions de la rue au texte d’origine, créant ainsi leur propre in-terprétation, profondément contempo-raine. Par ce travail, ces jeunes ren-

forcent leur créativité théâtrale, gagnent en confiance et font preuve d’ambition. Cette année, des fonds ont été récoltés afin d’offrir aux membres du Youth Theater 2015 la chance de participer à « Graines d’inspiration ». Le Caux Pa-lace a offert un cadre très différent des quartiers de ces jeunes. Là-bas, ils sont trop souvent confrontés à la nouvelle qu’une tragédie a encore touché l’un des leurs. Certains membres de la troupe

quittaient pour la première fois le Royaume-Uni. L’éloignement géogra-phique leur a ouvert de nouvelles perspectives et l’énergie qu’ils déga-geaient a fait vibrer la Rencontre. De nombreuses amitiés se sont nouées et comme le dit si bien l’IYT : « Il suffit de la rencontre entre deux mondes pour que de belles choses sur-viennent. » Pour en savoir plus : www.intermissionyouththeatre.co.uk

GRAINES D’INSPIRATION

Haïkus

Après les commémorations, chacun a retrouvé son groupe communau-taire pour partager ses impressions et ses réflexions. Un groupe a dé-cidé d’écrire des haïkus. Un haïku est une forme poétique tradition-nelle au Japon ; elle est considérée comme la forme la plus brève au monde. Écrire des haïkus a permis aux participants d’exprimer leurs sentiments avec concision. En voici deux exemples :

Dis-moi pourquoiquelque chose d’horribledoit se passerpour nous apprendreque l’on a besoin de paix. Bo Giss, Suède

Des milliers de grues en papier,nous rappellent des douleursmais un vœu de paix demeure. Nik Dee Dahlstrom, Suède

l’organisation a joué pour restaurer la confiance au Japon après la guerre.

Les participants et organisateurs se sont souvenus des nombreuses victimes de la bombe atomique aux côtés de la délé-gation d’I&C Japon. M. Mitsuhisa Kato, le représentant d’I&C Japon, a lu la lettre de Kazumi Matsui, le maire actuel d’Hiroshima. M. Matsui y appelle à un désarmement nucléaire total, car les armes atomiques sont « le mal absolu ». Il encourage aussi les « personnes du monde entier [à] aller témoigner et [à aller] au-delà des différences de nationa-lité, de race et de religion ».

Dans sa lettre, M. Matsui raconte aussi que les maires de Nagasaki et d’Hiro-shima se sont rendus à Caux en 1950, alors qu’ils faisaient face au défi de la reconstruction du Japon après la guerre. Ils ont été profondément influencés par ce qu’ils ont appris lors de leur visite. « Si chaque personne écoute sa conscience, elle peut s’orienter dans une direction positive et apporter des chan-gements bénéfiques non seulement au

sein de sa famille, de son travail, de son école, de sa communauté et de sa na-tion, mais aussi au sein des relations entre les hommes et les pays .»

Un autre membre de la délégation japo-naise, Nobuko Nakajima, a profondé-ment ému l’assistance en racontant l’his-toire d’une de ses enseignantes. Cette femme avait eu la vie sauve grâce à un arbre qui l’avait protégée de l’explosion. Quelque temps plus tard, alors que trou-ver du sens à sa vie lui était devenu dif-ficile, elle a marché près du même arbre et y a vu une petite pousse. « Surprise et émue par la force de cet arbre qui essayait de vivre », elle a trouvé dans cette pousse le courage de recommen-cer à zéro. Dès lors, elle s’est donné pour mission de raconter cette histoire à ses élèves et de les inciter à ne jamais perdre espoir.

Cette séance très émouvante s’est finale-ment tournée vers l’avenir, avec l’espoir que la paix s’installe durablement et que le monde ait la détermination de ne plus jamais répéter les mêmes erreurs.

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Inspirer, former et mettre en relation la prochaine génération d’acteurs du changement10–15 août. La deuxième édition d’Impact Initiative Challenge (IIC) a regroupé des jeunes acteurs du changement de tous milieux et pays d’Europe. L’objectif de cette conférence était d’encourager les participants à réfléchir sur leur identité et leurs aspirations pour les aider à développer leurs propres idées et à les réaliser.

Les premiers jours de la conférence étaient dédiés au développement

personnel, avec des thèmes comme : « Être soi-même », « Définir ses objec-tifs » et « Aspirations », et préparaient les participants à la seconde partie consacrée, elle, à l’action avec des ses-sions intitulées « Engagement » et « Etapes suivantes ».

En posant la question : « Qui suis-je ? », le premier jour a donné le coup d’envoi au cheminement intérieur. Les interve-nants Mami Veza, coach en développe-ment personnel, et Pierre-Antoine Bar-raillé de la Fondation Praneo ont partagé leurs histoires personnelles, toutes deux marquées par une profonde transformation intérieure. Puis, ils ont in-vité chaque participant à entreprendre ce voyage intérieur par la pratique de la réflexion, de courtes méditations et d’échanges.

Tous les après-midi, les participants pou-vaient se plonger dans le concret et dé-velopper de nouvelles compétences en assistant à l’un des quatre ateliers pro-posés : « Développement personnel pour entrepreneurs », « Entrepreneuriat social », « Des idées à la réalité : visuali-ser votre histoire (pensée visuelle) » et un espace ouvert aux personnes ayant des questions précises.

Chaque atelier répondait à un besoin spécifique et permettait aux jeunes ac-teurs du changement d’aborder les questions de manière très concrète. On leur a ainsi demandé de schématiser une idée et de la promouvoir ou encore de sortir de leur zone de confort pour renforcer leur confiance en eux.

Après avoir appris que la persévérance et le courage étaient les clés du succès, ils ont pu mettre ces notions en pratique

en montant jusqu’aux Rochers-de-Naye. Certains s’y sont attelés le soir, passant la nuit là-haut; d’autres l’ont fait le matin suivant. Au sommet, Tessa Wernink, co-fondatrice de Fairphone, a exploré la thématique du jour : « Aspiration : l’art de se fixer des objectifs et des ambi-tions », avec, en arrière-plan, la superbe vue sur les Alpes suisses.

IIC peut être perçue comme la pre-mière étape pour définir et réaliser ses objectifs. Deux anciens participants de la conférence 2014 l’ont bien prouvé en présentant « Mosquée verte », un projet qui ne cesse de se développer. Cette année, les participants pourront conti-nuer à recevoir du soutien après leur séjour à Caux. Pour leur permettre de rester en contact les uns avec les autres, une communauté virtuelle sera créée et des conférences téléphoniques et des rencontres seront organisées. Les parti-cipants pourront ainsi s’aider mutuelle-ment à avancer dans leurs projets qui visent tous à construire un monde plus juste, durable et en paix.

Exprimer visuellement ses pensées

La « pensée visuelle » n’est peut-être pas un concept familier, mais c’est un outil de réflexion et d’organisation précieux. Au cours de l’atelier « Visualiser votre histoire : des idées à la réalité », les par-ticipants ont appris à s’en servir et ont compris comment un tel outil pouvait les aider dans leur vie professionnelle et personnelle.

20 CAUX RAPPORT 2015

IMPACT INITIATIVES CHALLENGE

La pensée visuelle et la facilitation gra-phique consistent à utiliser des images et des dessins pour organiser ses pen-sées, mais aussi pour trouver de nou-velles idées et les clarifier. Cette mé-thode s’appuie sur l’écoute approfondie, de simples dessins et des méthodes de facilitation pour visualiser des processus compliqués et contribuer à mettre de l’ordre dans la complexité de la pensée.

Comme l’a expliqué Tamar Harel qui a animé les sessions, ce n’est pas la qualité du dessin qui compte, mais le fait qu’il « apporte de la clarté à des situations opaques ». Trop de personnes s’inter-disent de dessiner, simplement parce

Un soutien pratique aux entrepreneurs sociaux

Pour pouvoir participer à l’atelier sur l’entrepreneuriat social, il fallait déjà avoir une idée d’entreprise. Tout au long de la semaine, cet atelier a aidé les participants à mieux définir leur projet et à apprendre à le défendre devant une audience.Avec le soutien d’un coach profession-nel, ils ont réfléchi à leur projets éva-luant leurs forces et leur faisabilité. Ils ont aussi discuté de leurs motivations et compris que c’est la passion – et non l’argent – qui est la véritable clé du succès. L’atelier a encouragé les participants à s’appuyer sur le « Business Model Canvas » pour affiner leur projet. Cet outil de gestion stratégique et entre-

preneuriale permet de décrire, dessiner et mettre à l’épreuve un business model. Il aide les jeunes entrepreneurs à affiner leurs plans en leur faisant se poser les bonnes questions, comme : « Quel est votre produit ? Est-ce qu’il répond aux besoins de vos clients ? »A la fin du séminaire, les jeunes entre-preneurs sociaux ont présenté leur pro-jet aux autres participants. Ils ont dû défendre leurs idées et en démontrer la valeur. Entre autres projets, on peut ci-ter l’application smartphone pour don-neurs de sang et l’entreprise sociale de fabrication de smoothie. Ces deux pro-jets seront lancés cette année avec le soutien des coaches impliqués.Pendant l’atelier, les participants ont pris

qu’elles ne se sentent pas suffisamment douées. Mais, même si l’on n’est pas très bon, il peut être extrêmement utile de dessiner dans le cadre de la pensée visuelle.

Après le premier atelier les participants étaient déjà capables d’organiser leurs pensées et leurs idées en dessinant. Ils ont été aidés par des techniques, des modèles, un accès à une banque d’images gratuites et l’analyse de leurs dessins. Tout cela leur a permis de s’améliorer et de voir précisément à quel point la facilitation graphique est un outil utile pour transformer ses idées en projets plus concrets.

conscience de l’importance d’avoir un retour sur leur projet. Ils ont aussi réalisé que discuter de ses idées et même demander de l’aide peut ré-soudre de nombreux problèmes. Mais surtout, cela peut aussi ouvrir de nou-velles perspectives et renforcer la mo-tivation à se lancer. Car, après tout, la première cause d’échec est de ne pas avoir essayé.

CAUX RAPPORT 2015 21

Le Caux Scholars Program (CSP)Vingt étudiants de seize pays différents ont été sélectionnés pour participer à cette formation de quatre semaines sur la transformation des conflits et la consolidation de la paix. Ce pro-gramme annuel forme des étudiants à l’analyse des conflits, à la compréhension des facteurs qui les créent et les alimentent et leur apprend des méthodes pratiques de résolution des conflits.

Qu’est-ce qui fait du CSP une expé-rience unique, bien différente

d’une formation académique classique ? La réponse est simple : ce sont les gens qui font toute la différence. Qu’il s’agisse des participants ou des organisateurs, ils ont pour point commun d’être vision-naires et totalement engagés pour la promotion de la paix. À travers ses dif-férents ateliers et formations, le pro-gramme s’attaque à des enjeux univer-sels, comme la consolidation de la paix et la transformation des conflits, et re-

met en question les schémas tradition-nels. Le CSP place l’individu au cœur des processus de paix et les participants qui proviennent de zones de conflit en sont la parfaite incarnation. Le pro-gramme de 2015 a rassemblé des parti-cipants issus de pays « ennemis », en conflits les uns avec les autres. Mais comment ces participants-là ont-ils pu dépasser la méfiance ? Comment ces « ennemis » ont-ils pu devenir amis ? La réponse réside dans cette humanité commune que chacun découvre et dans

Bourses AIESEC Interns Leadership Programme

ganise régulièrement des ateliers. Les bourses de la Fondation couvrent les frais d’inscription, l’hébergement et les repas, permettant ainsi aux lau-réats de participer à une des confé-rences. Cette année, Rebecca Jimé-nez, étudiante en anglais, géographie et ethnologie à l’université de Zurich, a ainsi pu participer au Forum. Nous lui avons demandé ce qu’elle retien-drait de son séjour à Caux : « J’ai énormément appris sur les processus de paix. Désormais, j’en appréhende mieux les problématiques et j’ai aussi pu vivre de nouvelles expériences. Caux est un monde en soi. Bien sûr, le cadre est à couper le souffle, mais Caux est surtout un lieu où des per-sonnes qui poursuivent le même but peuvent se rencontrer, un lieu qui nourrit le changement grâce aux échanges et au soutien offert. »

la transformation personnelle que le programme déclenche. En 2015, les Caux Scholars ont eu de nombreuses occasions d’apprendre les uns des autres et d’en savoir plus sur les enjeux globaux. Ils ont aussi co-organisé la rencontre intitulée « Gouvernance équitable pour une meilleure sécurité humaine », ce qui leur a permis d’échan-ger avec des experts de la consolidation de la paix et de la bonne gouvernance, mais aussi d’élargir leur réseau.

Chaque année, la Fondation offre cinq bourses à des étudiants en

Suisse qui sont membres d’AIESEC, la plus grande association d’étudiants au monde et pour laquelle la Fondation or-

Jane est l’une des participantes au Pro-gramme de leadership pour les sta-

giaires de Caux. Ce programme de cinq semaines est proposé chaque année deux fois à des jeunes âgés de 18 à 30 ans. L’objectif est de développer leurs compétences en leadership grâce à des ateliers et leur participation bénévole au bon fonctionnement du Caux Palace. Ce programme est une composante es-sentielle de l’approche de Caux de l’ap-prentissage par l’expérience. Jane a ac-cepté de nous en dire un peu plus sur le programme et de partager son expé-rience : «Le stage se base sur trois éléments fon-damentaux : les ateliers, les temps de travail et les temps de réflexion en si-lence. Cette année, nous sommes 30

Rebecca Jiménez, bénéficiaire d’une des bourses pour les membres d’AIESEC en Suisse

EN PARALLÈLE AUX RENCONTRES

Caux Artists ProgramCinq jeunes artistes avaient été sélectionnés pour participer au Caux Artists Program qui cette année mettait à l’honneur la formation vocale : Lisa Yasko (Ukraine), Shakti Pherwani (Inde), Anna Bychkova (Ukraine), Mer Ayang (Soudan du Sud) et Alexandra Nabokina (Ukraine). Ils ont été encadrés par les professeurs Kathy Gardner (USA), Grace Carter (Royaume-Uni) ainsi que par Bev Appleton (USA), le directeur du pro-gramme.

Forts d’une certaine expérience dans différents styles musicaux (opéra,

comédie musicale, jazz, classique ou pop), ces artistes étaient désireux d’ap-prendre des techniques qui rendraient leur travail plus professionnel. Certains artistes ont même pu travailler sur leurs propres compositions. Ce programme de quatre semaines était composé de cours de chant (travail en binôme), de répétitions communes et de soi-rées-concerts. Chaque jour, du temps était consacré pour participer aux acti-

vités de la conférence, se forger un ré-seau parmi les autres participants, tra-vailler seul, se reposer, ou assister au Montreux Jazz Festival qui se déroulait non loin du Caux Palace. Les artistes ont pu jouer lors du « Dia-logue de Caux sur la terre et la sécu-rité » devant l’Assemblée Globale d’I&C ainsi que lors de quatre spectacles sup-plémentaires. Lisa a par exemple chanté « Don’t cry for me Argentina » en hom-mage à son pays d’origine, l’Ukraine, tandis que Mer a interprété ses propres compositions sur la lassitude du peuple soudanais face au conflit. Les professeurs ont également foulé les planches en interprétant la comédie mu-sicale The Apple Tree, une parodie mo-derne truculente de l’histoire d’Adam et Ève. Les spectateurs ont été conquis par ces représentations, offrant une pause créa-tive et dynamique aux participants et aux volontaires. Le prochain Caux Ar-tists Program aura lieu en 2017.

Les bénévoles des Rencontres de Caux

jeunes venus des quatre coins du monde. Au début, nous parlions sans cesse de la vie dans nos pays respectifs. J’ai par exemple beaucoup appris sur la vie au Liban, j’ai même appris quelques rudiments d’arabe. Les ateliers nous incitent à l’introspec-tion et à l’échange avec les autres. Grâce à cela, je me sens plus ouverte au monde, j’ai développé une profonde

compréhension des différences cultu-relles. Ma manière de percevoir les gens a radicalement changé. J’avais tendance à mettre les personnes dans des cases et ce stage m’a appris à m’ouvrir au monde et à donner une chance à cha-cun.Une chose est sûre, une fois mon stage terminé, je reviendrai à Caux en tant que bénévole ! » Cet été, 217 bénévoles sont venus à

Caux pour aider au fonctionnement du centre pendant les rencontres. Par-mis eux, Bukiwe Maseko, originaire d’Afrique du Sud. Elle était respon-sable des tâches ménagères pour la sixième année.« Travailler à Caux est une réussite dans mon chemin de vie, parce que j’aime m’occuper des autres, et cela m’aide à mieux comprendre le monde, les différentes cultures et reli-gions, et les normes politiques d’autres pays. Je ne suis pas ici pour l’argent mais pour l’épanouissement de mon esprit, de mon âme et de mon cœur. Chaque année, je m’enrichis. J’ap-prends des autres, en particulier des jeunes stagiaires et je me fais des amis pour la vie.Il y a également l’esprit de la maison. Cet endroit est tellement chaleureux et accueillant. Vous avez le temps d’écouter les autres et de développer un véritable esprit d’équipe. Surtout, vous vous sentez épanoui de prendre soin des autres. Car c’est ce dont le monde a besoin. Nous avons besoin de prendre soin les uns des autres. Et ici vous en avez l’opportunité. »

Un grand merci à tous les bénévoles !

CAUX RAPPORT 2015 23

Rencontres internationales de Caux 2016 Explorer le facteur humain dans le changement global

29 juin – 3 juilletDialogue de Caux sur la terre et la sécurité

5 – 10 juilletConfiance et intégrité dans une économie mondialisée

12 – 17 juilletGouvernance équitable pour une meilleure sécurité humaine

19 – 23 juilletForum international des bâtisseurs de la paix

– et –

Pour relancer une Europe inachevée

26 juillet – 1 aoûtLes enfants acteurs de chan-gement de la société (CATS)

4 – 10 aoûtVivre la paix: 25 ans de Femmes Artisans de paix

12 – 17 aoûtGraines d’inspiration

Initiatives et Changement (I&C) est un mouve-ment mondial d’individus de tous milieux et cultures qui s’engagent à transformer la société en changeant les comportements humains, en com-mençant par les leurs.

CAUX – Initiatives et Changement:Centre de Rencontres Rue du Panorama 2 1824 Caux, Suisse P +41 (0)21 962 91 11 F +41 (0)21 962 93 55

Bureau de Genève Rue de Varembé 1 1202 Genève, Suisse P +41 (0)22 749 16 20

Bureau de Lucerne Luzernerstrasse 94 6010 Kriens, Suisse P +41 (0)41 310 12 61

Edition: La Fondation CAUX – Initiatives et Changement

Responsables de publication:Stéphanie Buri, Elodie Malbois

Révision:Stéphanie Buri, Elodie Malbois

Traduction de l’anglais:Marie-Louise Bautista et Elisabeth Deprez

Textes et Photos: Stéphanie Buri, Elodie Malbois, Céline Hinter-meister, Sabrina Lüthi, Maïlys Fourcade, Andreina Ravani, les équipes des conférences, Cecilia Segar, Mbindyo Kimanthi, Undine Groeger

Mise en page et impression: Brunner AG, Druck und Medien, 6010 Kriens, Switzerland, Novembre 2015

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