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Bibliotheca HISTORIA ANTIQUA MACEDONICA Monographiae

no 5

NADE PROEVA

LES ETUDES

SUR LES ANCIENS MACEDONIENS

Edition-Difusion „MACEDONIA PRIMA“ – Ohrid, R. Macédoine

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HISTORIA ANTIQUA MACEDONICA

POSEBNI IZDANIJA

Kniga 5

NADE PROEVA

STUDII

ZA ANTI^KITE MAKEDONCI

Skopje

1997

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Biblioteka HISTORIA ANTIQUA MACEDONICA

Urednik

Pasko KUZMAN

Recenzenti

Borka JOSIFOVSKA

Elena KOLEVA

Tehni~ko re{enie

Miodrag TODOROVI]

Likovno re{enie

Aleksandar KONDEV

Lektura

Lidija SIMOVSKA-POPOVSKA

Izdava~

Macedonia Prima

Ohrid, R. Makedonija

All rights Reserved Site prava se za{titeni. Za koristewe na knigava vo ce-lina ili delovi od nea vo pe~atot i javnite glasila potrebna e dozvola od avtorot.

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RESUME

Les études sur les anciens Macédoniens

L'intention de cet ouvrage n'est pas de présenter l'histoire des anciens Macédoniens de la manière habituelle, c’est-à-dire en ordon-nant les événements suivant une chronologie et en traitant in primo leur aspect politico-militaire; au contraire, son idée directrice consiste à aborder les questions souvent insuffisamment étudiées, ou tout à fait négligées que sont leurs institutions, leur religion, leur appartenance ethnique etc. En un mot, le thème de cet ouvrage est l'histoire de la société des anciens Macédoniens. Y sont présentées les connaissances actuelles des sciences historiques, susceptibles d'être complétées et modifiées par les recherches et apports futurs de la science. Pendant longtemps, l'histoire des anciens Macédoniens avait été étudiée dans le cadre de l'histoire des Grecs anciens (certains ont mal-heureusement toujours préservé cette approche), bien que les scientifi-ques soient loin d'être unanimes concernant leur appartenance ethnique. Selon cette approche, les anciens Macédoniens deviennent „intéressants“ à partir du règne de Philippe II lorsque les histoires macédonienne et grecque s'entrecroisent au point qu'il est impossible de les étudier séparément. Or, malgré le fait qu’avec la défaite de Cheronée en 338 av.J.C., les Hellènes sont sous la domination de Macédoniens – car le sage et perspicace Philippe II a su inclure les nombreuses poleis grecques dans le cadre de sa monarchie par des moyens diplomatiques et convenables reposant sur l'institution koine eirene – il est arrivé que, contrairement à tous les exemples pareils de l'Histoire de l'humanité, l'histoire du vainqueur soit étudiée en tant que partie de celle du vaincu!? La raison en serait surtout le prestige culturel de la polis athénienne, sans oublier la motivation politique

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résolue qui émanait du nouvel État grec sur ce plan, profitant chaque fois des guerres balkaniques et mondiales pour élargir son territoire aux dépens du territoire ethnique de ses voisins et surtout de celui des Macédoniens actuels. Quand on fait mention des anciens Macédoniens, s'impose d'abord et en premier lieu la question de leur appartenance ethnique, l'une des plus complexes et des plus politisées de l'histoire de l'Antiquité. Les raisons en sont nombreuses dont on ne citera que les plus importantes: a) le niveau de la méthodologie historique à l'époque où cette question commence à être étudiée; b) la pauvreté des sources narratives, pratiquement les seules sources disponibles à cette même époque; c) la politisation de cette question; Au départ, l’étude de l'histoire des anciens Macédoniens était basée sur les glosses peu nombreuses et sur les sources narratives. Le plus souvent ces sources ne sont pas contemporaines aux événements auxquels elles se référaient, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas totalement fiables du fait qu’elles ont été recopiées plusieurs fois. De plus, elles nous sont parvenues dans un état fragmenté, abordant les sujets de manière plutôt subjective et arbitraire en vue de justifier ou d’expliquer un état de choses. Aujourd'hui, la priorité est donnée aux sources épigraphiques, numismatiques et matérielles car elles sont contemporaines aux événe-ments, authentiques, objectives et spontanées. La richesse des données onomastiques des sources épigraphiques et la particularité de la culture matérielle est sans comparaison avec la dérision des sources narratives dans la mesure où sans les premières, l'étude de nombreuses questions de l'histoire d'un peuple serait inimaginable. Tout d'abord il faut noter que les recherches menées jusqu'à pré-sent ont suivi une méthodologie erronnée: en d'autres termes, une des questions non résolues jusqu' à nos jours, la question de l'appartenance ethnique des anciens Macédoniens était mal formulée. Or, il ne s'agit pas de se demander si les anciens Macédoniens étaient des Grecs, mais de se poser la question de ce qu'ils étaient réellement. Pour arriver à des résultats justes il est indispensable d'étudier l'histoire des Macédoniens de point du vue macédonien et non pas comme une partie de l'histoire grecque, car beaucoup de leurs institu-

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tions civiques et militaires sont uniques dans le monde grec, démontrant une continuité depuis l'époque archaïque malgré l'influence hellénique. Quant à l’hellénisation supposée des anciens Macédoniens, il faut souligner que l'usage de la langue grecque, qui à cette époque était la seule langue écrite, est un élément de l'acculturation des peuples barbares qui ne change pas leurs caractéristiques et ne peut pas être la preuve de la grécité des anciens Macédoniens; qui plus est, cela ne peut être valable pour l'époque et l'empire d'Alexandre le Grand dans lequel les peuples, les religions, les langues ou les dialectes se mêlent à tous les niveaux. Ainsi l'hellénisation est–elle une concession à la mode du temps pour gagner du respect; c'est un critère selon lequel les peuples mesurent leur acquis culturels, elle ne signifie pas une assimilation complète des populations qui l'acceptent.

* * *

Une analyse des sources narratives bien connues et maintes fois déjà interpretées, sur la langue et l'identité ethnique des anciens Macé-doniens ainsi que de la tradition légendaire sur les Argeades, appuyée par les données onomastiques, prouve que: – les données d'Hérodote (VIII, 43, 137/8) n’identifient pas explicitement les Doriens et les Macédoniens – les Macédoniens pour les Héllenes étaient barbares: porteurs d’une autre langue, d’une autre religion et d’autres coutumes, qui sont des éléments principaux définissant l'ethnos (Her., VIII, 144). – la notion de barbares n'est pas le résultat d'un conflit entre Philippe II et Athènes comme le pensent certains, car ils sont déjà appelés barbares dans les sources du Ve s. (Trasimachos, Pseudo-Herodos). – l'origine de la dynastie macédonienne n’est pas d'Argos de Péloponèse mais d'Argos Arestikon (Apian., Syr., 63;Diod. VII, 15; G. Synk., I, 373), ce qui est confirmé par le nom Maketa, le vieux nom d'Orestide. – la tradition légendaire sur l'origine de la dynastie macédonienne est le résultat de la propagande d'Alexandre Ier, pour faire „oublier“ la participation du côté perse au cours des guerres

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médiques (interpretatio macedonica). La preuve en est que la légende sur son origine d'Argos n'est pas mentionnée par l'oracle delphique. – les Pélagoniens sont une tribu macédonienne, ainsi que les Pé-oniens qui s'appelaient jadis Pélagoniens (Strab., VII, frg. 38), ce qui est confirmé par l'ancêtre commun Pelagon/Pelegon, père d'Asteropaios, le chef des Péoniens-les alliés des Troyens. D'autre part l'Emathie s'appelait jadis Péonie (Polyb., XXIII, 10, 4). – la coalition entre les Péoniens et des Troyens est contradictoire avec l'origine grecque supposée des Péoniens, car la guerre contre Troie fut menée par les Achéens! – les Encheléens dans les sources les plus anciennes ne sont pas des Illyriens (Hec., fr. 73; Her., IX. 42–43; Apoll., Bibl., III, 54). Ils seront englobés plus tard à cause du prestige de l'état Illyrien et de l'interêt croissant des Grecs et Romains pour cette région (Pseudo-Skylax, 24–25; Paus., IX, 5, 3, IX, 5, 13; Appian., Illyr., 9, 2; Etienne de Byzance, Etym. Magnum, s.v.). Ainsi Encheleus est devenu fils d'Illy-rios, et lui même fils de la nymphe Galatée et du cyclope Polyphème, frère de Celte et Galate. Mais, l’historien grec Mnaseas avait écrit qu' Engelanes était un autre nom pour Encheléens. La graphie de leur nom avec un „gamma“ au lieu d'aspirée sourde „kh“, est une caracté-ristique de la langue macédonienne. L'onomastique, elle non plus, ne confirme leur origine illyrienne. – l'ancien nom de la Macédoine, soit Emathie (Il XIV, 226; Strabo, VII, fr. 11; Plin., HN IV, 10) fut remplacé par celui de Macédoine par la constitution d'état d'Argeades (Orestis=Maketa) au plus tard au VIIIe/VIIe s. av. J.C. avec la naissance de la conscience d'appartenance à un peuple. – après la migration des Bryges en Asie Mineure, les enclaves bryges maintenues en Macédoine sont mentionnées par Hérodote (VII, 185); Appien (Bell. civ., II, 39), Strabo (VII, 5, 8; VII. 5, 9; VII, fr. 25); Ps.-Scymne (434, 437); Etienne de Byzance (Etnika, s. v. Bryx), Plutarque (Vita Brut., 45). L'analyse linguistique des glosses macédoniennes montre que les mots qui ne peuvent pas s'expliquer par l'étymologie grecque sont

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les plus nombreux, ce qui est probablement dû à la composante indo-européenne pré-grecque, et elles sont apparentées à la langue phry-gienne. Les sources épigraphiques sont irremplaçables pour cette sorte d'études, vu les données onomastiques. Malheureusement les recherches onomastiques sont toujours colorées de nationalisme et sous l'impact des anciennes théories telles que la panillyrienne et la panthrace. Auparavant les noms qui n'étaient pas grecs étaient classés soit comme thraces soit comme illyriens. Les mêmes noms étaient parfois expliqués tantôt comme illyriens, tantôt comme thraces, qui plus est par les mêmes savants. Cela était affirmé surtout au sujet des régions aux confins macédo-illyriens ou macédo-thraces où les deux élèments ethniques se touchaient. Certes des coïncidences existent, mais elles peuvent s'expliquer par la couche la plus ancienne, celle des Bryges, qui s'étendaient entre la côte adriatique (l'Illyrie méridionale) et l'Egée (l'embouchure de Strymon). L'analyse de l'anthroponymie non-grecque en Haute Macédoine démontre que les noms considerés d'habitude comme illyriens ou thra-ces sont peu nombreux. Quelques noms thraces (Eptaikenthos, Mou-kakenthos) proviennent des confins thraco-macédoniens où les éléments ethniques étaient mêlés. Les noms épichoriques en Macédoine ayant des analogies en Asie Mineure se rattachent aux Bryges. Le reste des Bryges, émigrés en Asie Mineure apres la guerre de Troie (Strabo, XIV, 68) sont mentionnés en Macédoine par Hérodote (VI, 45; VII, 185) Strabo (VII, 327) Etienne de Byzance (s.v. Brygias) et ils ont dû participer à l'ethnogénèse des Macédoniens. Il faut souligner que la plupart de ces noms ne sont attestés ni en Thrace ni en Illyrie et qu'un certain nombre d'entre eux manque complètement en Thrace aussi bien qu'en Illyrie (c'est-à-dire qu’ils n'existent pas dans l'onomastique thrace et illyrienne proprement dite), donc ils ne peuvent être rattachés ni à l'illyrien ni au thrace. Certains noms sont sans analogie, mais d'autres sont attestés en Asie Mineure, voire en Phrygie, le pays où les Bryges de Macédoine s'étaient installés après avoir quitté la Macédoine. Ceux qui sont restés sont attestés à la fois par les auteurs anciens ainsi que par la toponymie (Edessa, par ex.) et l'anthroponymie. En réalité, il s'agit d'onomastique

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indigène, de noms d'origine brygiens apparaissant presque exclusivement en Macédoine, attestés au coeur de l'aire géographique macédonienne d'une part, en Asie Mineure de l’autre et ne peuvent donc pas être traités comme des survivances. Les noms brygiens, édoniens et péoniens montrent que parmi les tribus brygiennes il faut compter les Mygdones, les Kréstoniens et les Péoniens, qui ont survécu non seulement à l'hellénisation mais aussi à la romanisation. Une certain parenté entre l'onomastique macédonienne et l'ono-mastique grecque est due à l’élèment indoeuropéen prégrec, à la répar-tition des noms macédoniens dans le monde grec au cours de l'expé-dition d'Alexandre le Grand, à l'émigration des nobles Macédoniens âgés plus de 15 ans après la défaite à Pydna (T.Liv., XLV, 32, 4), ect. Ces noms nous aident à nous dédouaner des théories traditionnelles, la panthrace et la panillyrienne, et montrent que les dénominations thraco-illyrienne ou thraco-phrygienne sont inexactes. Aujourd'hui il est clair que le phrygien était une langue très proche du macédonien et non pas du thrace, ni semblable au thrace, et que la Macédoine formait un district onomastique à part avec des noms propres particuliers. Ces noms montrent que la population n'était ni illyrienne ni thrace, et que le substrat brygien était le composant principal dans l'ethnogénèse des anciens Macédoneiens. Les données des sources archéologiques montrent une unité du culte des défunts entre la Basse Macédoine, la Pélagonie et la Péonie. La parenté est confirmée par les sources narratives: l'Emathie, l'ancien nom de Macédoine, jadis s'appelait Péonie (Polyb., XXVIII, 10,4). Il n'y a que dans la région de Bregalnica, où une partie des Péoniens s’étaient retirés (VIe s.) pour éviter le pouvoir d'état central des Argeades, que l'on trouve des tumulus, mais il faut dire qu'ils sont differénts de ceux de Thrace, ce qui est contradictoire avec l'origine thrace supposée des Péoniens. Il s'agirait de la vieille tradition des Tribales qui ne sont pas des Thraces comme on l'avait cru auparavant. La culture matérielle et le culte des morts dans la région d'Ohrid et ses environs montrent les mêmes caractéristiques. La culture dite Boubu{ti–Tren dans la vallée du Devol est différente du groupe Mati en Albanie du nord (au nord du fl. Shkumbi); elle est attribuée par certains aux Grecs, par des chercheurs albanais aux Illyriens, par d'autres aux Dassarètes. Mais il vaut mieux l'attribuer aux

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Encheléens/Engelanes, la tribu la plus anciennement attestée sur ce territoire à peu près à cette époque, dont le nom a été remplacé par celui des Dassarètes, qui a prévalu à l'époque romaine: Strabon a noté que les Encheléens s'appelaient aussi Dassarètes (correction de la graphie fautive Sessaretes). Ensuite la nécropole du village de Trebeni{ta qui a des parallèles directs avec celle de Sindos (Tekelievo), la tombe du type macédonien à Basse Selce, la ceinture avec une représentation des soldats au bouclier macédonien, différente des ceintures illyriennes, etc, démontrent l'appartenance macédonienne de ces tribus, ce qui est aussi confirmé par les données onomastiques et littéraires (voir plus haut). Il faut aussi mentionner les types autochtones (les stèles funeraires anthropomorphes et amorphes) répandues en Lyncestide, Pélagonie et Péonie (Ie–IIIe s.), dont l'origine autochtone est confirmée par les stèles anthropomorphes anépigraphiques découvertes dans les nécropoles archaïques de Pélagonie ainsi que par leur onomastique indigène. La composante brygienne dans l'ethnogénèse des Macédoniens se voit confirmé par la parenté avec la langue phrygienne ainsi que les analogies d'Asie Mineure pour les noms épichoriques de la Macé-doine. Les Bryges n'ont pu participer dans la formation des Hellènes car les Bryges ne sont pas attestés à cette époque où la Grèce était peuplée par des Achéens. Un autre élément important pour la définition d'un peuple, la religion (Her., VIII, 144) bien que ces derniers temps aient paru quel-ques ouvrages de synthèse sur les anciens Macédoniens, est toujours très mal connue. Plus de 70 ans se sont écoulés depuis les dernières oeuvres sur la religion, malgré le nombre accru des sources épigra-phiques et archéologiques qui sont des plus importantes pour l'étude de cette question. Les raisons de cette situation sont bien connues: la religion, comme toutes les autres expressions des anciens Macé-doniens, était étudiée dans le cadre de l'histoire grecque, entre autre à cause de la présomption que les anciens Macédoniens étaient des Grecs. Dans le passé, si on admettait l'existence d'un panthéon macé-donien, ce n'était que pour l'époque la plus ancienne, et on pensait que depuis les IVe/IIIe s. les dieux olympiens avaient annexé ou s’étaient superposés aux dieux macédoniens de telle manière que le panthéon macédonien s'était hellénisé.

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Comme les autres manifestations de l'histoire et de la culture des anciens Macédoniens, la religion est aussi revêtue en „costume“ grec, car les sources écrites sont dues à des auteurs grecs s’exprimant en langue grecque. En d'autres mots il s'agit d'une manifestation qui est bien connue, mais passée sous silence qui est l'interpretatio graeca. Ainsi Hérodote, au lieu d'écrire le nom égyptien de la déesse, écrit: „Athène egyptienne“; sur l'épigramme de la statue érigeé en l'honneur de Demosthène on lit: Arès Makedôn=Ares macédonien etc. Le meilleur exemple de cette pratique des auteurs grecs nous est fourni par Polybe: dans le texte du traité d'alliance conclu en l'année 215 entre Hannibal et Philippe V les dieux sémitiques des Carthaginois portent des noms grecs! Cependant, malgré la pratique d'interpretatio graeca, les divini-tés macédoniennes peuvent etre reconnues, le plus souvent par des épi-thètes qu’on trouve surtout sur les inscriptions (Zeus:Hetaireos, Hyper-beretas, Hyperairetes; Hérakles: Propator, Patroios; Apollon Eteu-danikos; par leur épithètes topographiques: Hérakles Edessaios, Thea Almopia, Artémis: Gazoria, Gazoreitis, Blaganitis etc., ensuite parmi les glosses transmises par les lexicographes telles Aretos=Herakles, Adonaios=Poséidon, Darron, récemment attesté par une inscription qui a confirmé que la légende Derronaios sur les monnaies de Likkeios est une épithète d'Appolon, Eudalagines=Charites, Ehedorides=Nymphes, Zeirene=Aphrodite, Thaullos/Taumos=Ares, Sauadai=Silenes, ou dans d'autres sources où sont explicitement dénommés comme macédoniens tels que les Muses: Thourides=Pierides=Pipleiai, les bacchantes macédoniennes: Klodones=Mimallones=Maketai, etc. Il faut ajouter aussi les noms des fêtes: Peritia, Xandika, Karpaia, Telesia, etc., ainsi que le calendrier macédonien (Dios, Xandikos, Hyperberetaios, etc). Un certain nombre de divinités nous sont connues par des inscrip-tions et des reliefs. Les exemples les plus indicatifs sont le relief de la divinité Totoes „retrouvé“ au Musée Hongrois des Beaux-Arts; la dé-esse Ma sur la plaque en bronze au Musée de Resen; Draco et Dra-cena etc. En même temps il faut faire attention aux représentations des divinités qui ne conviennent pas au schéma de l'art grec: un tel exemple s’avère la plaque de Stobi sur laquelle est représenté

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Dyalos=Dionysos avec les démons de la tribu Antanoi, puis la stèle votive de Melnik etc. Les divinités attestées dans la vallée de la Strouma (Strymon) et chez les Edoniens très souvent sont interpretées comme thraces (telles que Bendida, Kotys, Dionysos d'origine brigo-édonienne, ce qui est confirmé par le nom du costume de Ménade: edonia himatia etc.), entre outre à cause du terme géographique, et non pas ethnique – „thrace“ – appliqué à la côte septentrionale de la mer égéenne. Les plus répandus parmi les cultes sont ceux du soleil (Helios en interpretatio graeca) et du serpent. La plus ancienne représentation du soleil se trouve sur le diadème en bronze du IXe s. av. J. C. de Vergina (Kutle{) et la plus fameuse sur le sarcophage de Philippe II, jusqu' aux représentations de l'époque romaine. Ainsi sur un groupe de stèles funéraires on trouve le schéma iconographique qui se rapporte au culte du Soleil et aux croyances du séjour de l'âme dans les zones astrales. Les interprétations qu'il s'agirait d'une influence orientale ou celtique sont inacceptables car manquent les attestations des cultes orientaux et celtiques, ainsi que les noms celtes et les imitations celtiques des monnaies. D'ailleurs les cultes étrangers sont peu attestés en Haute Macédoine vu le conservatisme des Macédo-niens à cet égard. La représentation du Soleil sur les monnaies péoniennes prouvent que les Péoniens n'étaient pas tout à fait différents des Macédoniens comme le pensent certains archéologues en créant ainsi une nouvelle pan-théorie, cette fois panpéonienne, car outre la langue, c'est la religion qui comptait pour définir l'appartenance ethnique. La religion macédonienne, malgré l'allure grecque – interpretatio graeca – était différente: les noms originaux des divinités, leurs épithètes sur les inscriptions, les noms religieux des mois, les noms de fêtes, le culte du Soleil dont la persistance jusqu' à l'époque romaine montrent les monuments funéraires, surtout dans la vallée du Vardar (Axios), la prédilection pour certaines divinites comme la par exemple déesse Mâ cappadocienne, sûrement identifiée avec une déesse locale encore inconnue, interpretatio graeca en forme de Dionysos d'une divinité autochtone (probablement Dyalos) de la tribu Antanoi sur le relief de Stobi, etc. Les noms grecs des divinités recouvrent les divinités autochtones, ce qui ne les prive pas de tout leur contenu propre. Dire que les divinités locales sont assimilées à des divinités grecques est une simplification. Mal-heureusement la vie

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religieuse est toujours très peu explorée, car comme beaucoup d'autres manifestations de l'art et de la vie des anciens Macédoniens, elle est étudiée dans le cadre de la religion grecque. L'analyse objective et sans préjugés des sources narratives, bien connues et maintes fois interpretées, sur la langue, la religion, les cou-tumes, l'identité ethnique des anciens Macédoniens, la tradition légen-daire sur les Argeades, appuyées par les données onomastiques et la culture matérielle dont on ne peut se priver dans l'étude de ces ques-tions, prouve qu’on ne peut pas explicitement identifier les Macédo-niens aux Hellènes, pour lesquels les premiers étaient des barbares. Outre la différence des composants ethniques, de l'onomas-tique, de la culture matérielle, ce qui contribua à séparer les Macédo-niens des Hellènes fut leur histoire politique et leurs institutions civiques et militaires qui, malgré l'influence hellénique avaient une continuité depuis l'époque archaïque (la persistance de la monarchie, malgré ses transformations au cours du temps, etc) et sont uniques dans le monde grec.

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