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Résume: La notion de traumatisme dans l’enseignement de Lacan Logique du concept dans ses différentes versions Pablo Reyes Doctorant Département de Psychanalyse, ED Pratiques et théories du sens Université Paris VIII – Vincennes Saint Dénis Cette thèse est consacrée à l’élucidation des notions de traumatisme présentes dans l’enseignement de Jacques Lacan. Malgré le profond renouvellement de la théorie et la pratique analytique introduit par Lacan, le concept de traumatisme n’est pas abordé explicitement et le mot « traumatisme » apparaît rarement. Par rapport au traumatisme, nous avons seulement des allusions, des références ponctuelles ou son utilisation dans des contextes où le thème central n’est pas le traumatisme. Cette situation n’a pas découragé les analystes lacaniens, qui ont proposé différentes approches du traumatisme à partir des indications données par Lacan au cours de son enseignement. Ainsi, parmi les élaborations théoriques actuelles, on peut constater différentes approches du traumatisme dans la théorie lacanienne qui prend son appui sur des élaborations spécifiques à un moment de l’enseignement du psychanalyste. Dans ce contexte, il était nécessaire de réaliser une révision théorique systématique pour comprendre ce que Lacan a dit sur le trauma, de montrer ses différentes versions, et enfin de pouvoir en déduire des logiques pour saisir ce concept dans la clinique. La question qui a animé notre recherche peut s’articuler dans les termes suivants : quelles sont les versions du traumatisme élaborées par Jacques Lacan au cours de son enseignement ? Afin de répondre à cette question, nous avons divisé notre travail de thèse en cinq chapitres, chacun étant consacré à la façon dont Lacan aborde la notion de traumatisme, en suivant une perspective chronologique de son enseignement. Dans le premier chapitre, nous avons montré l’antinomie entre le concept d’histoire et celui de traumatisme. Le traumatisme est ce qui s’articule à la limite de l’histoire, sans y entrer, c’est-à-dire sans pouvoir se dire, car il résiste à l’histoire.

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Résume: La notion de traumatisme dans l’enseignement de LacanLogique du concept dans ses différentes versions

Pablo ReyesDoctorant Département de Psychanalyse, ED Pratiques et théories du sens

Université Paris VIII – Vincennes Saint Dénis

Cette thèse est consacrée à l’élucidation des notions de traumatisme présentes dans l’enseignement de Jacques Lacan. Malgré le profond renouvellement de la théorie et la pratique analytique introduit par Lacan, le concept de traumatisme n’est pas abordé explicitement et le mot « traumatisme » apparaît rarement.

Par rapport au traumatisme, nous avons seulement des allusions, des références ponctuelles ou son utilisation dans des contextes où le thème central n’est pas le traumatisme. Cette situation n’a pas découragé les analystes lacaniens, qui ont proposé différentes approches du traumatisme à partir des indications données par Lacan au cours de son enseignement. Ainsi, parmi les élaborations théoriques actuelles, on peut constater différentes approches du traumatisme dans la théorie lacanienne qui prend son appui sur des élaborations spécifiques à un moment de l’enseignement du psychanalyste.

Dans ce contexte, il était nécessaire de réaliser une révision théorique systématique pour comprendre ce que Lacan a dit sur le trauma, de montrer ses différentes versions, et enfin de pouvoir en déduire des logiques pour saisir ce concept dans la clinique. La question qui a animé notre recherche peut s’articuler dans les termes suivants : quelles sont les versions du traumatisme élaborées par Jacques Lacan au cours de son enseignement ? Afin de répondre à cette question, nous avons divisé notre travail de thèse en cinq chapitres, chacun étant consacré à la façon dont Lacan aborde la notion de traumatisme, en suivant une perspective chronologique de son enseignement.

Dans le premier chapitre, nous avons montré l’antinomie entre le concept d’histoire et celui de traumatisme. Le traumatisme est ce qui s’articule à la limite de l’histoire, sans y entrer, c’est-à-dire sans pouvoir se dire, car il résiste à l’histoire. Le traumatisme s’articule aux images brisées du corps propre, qui par un effet de symbolisation, insistent sans pouvoir s’intégrer dans le discours que constitue l’histoire, comme nous l’avons montré à partir de deux exemples abordés par Lacan.

Dans le deuxième chapitre, nous avons abordé la question du traumatisme dans son rapport au désir. Le traumatisme est alors situé comme le moment inaugural de la relation à l’Autre, c’est-à-dire comme le moment de rencontre du désir de l’Autre, sous la forme d’un désir fermé et opaque face auquel le sujet demeure sans ressources symboliques (« Hilsflogiskeigt »). Le traumatisme se produit alors par la mortification du corps engendrée par l’entrée du sujet dans le langage.

Dans le troisième chapitre, le traumatisme est abordé à partir du rapport du sujet au désir de l’Autre, celui-ci étant attrapé dans la structure de l’Œdipe. Cette structure est à considérer comme la matrice de la médiation symbolique, à savoir un appareil qui permet de médiatiser le désir du sujet. Dans ce contexte, la signification du phallus s’avère centrale, car elle permet d’articuler à proprement parler une dialectique du désir.

Le traumatisme peut se localiser à partir de l’équivoque entre la fonction de médiation du phallus et l’émergence du signifiant phallique. Le traumatisme apparaît comme l’expérience

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du désir de l’Autre sans médiation, expérience qui fait appel à la restitution de la médiation du désir à travers la signification phallique. Afin de mettre en évidence cette version du traumatisme, nous avons pris deux exemples commentés par Lacan : Hamlet et André Gide.

Dans le chapitre quatre, nous prenons en considération les modifications de la notion d’objet petit a à partir de l’introduction de la Jouissance, dont le modèle est élaboré par Lacan à partir de la notion de das Ding. Dans ce contexte, le traumatisme est avant tout la rencontre du réel dans l’au-delà du fantasme. Le traumatisme se constitue par une « traversée sauvage du fantasme », forçage du cadre défensif du fantasme et rencontre du réel de l’objet petit a. Nous avons abordé deux exemples : la place de l’objet dans la scène primitive de l’homme aux loups et dans le texte L’oubli du nom propre.

Dans le cinquième chapitre, nous avons voulu montrer comment la définition du traumatisme est renouvelée par Lacan dans son dernier enseignement à partir du concept de l’Un-tout-seul. L’Un s’instaure comme une nécessité du discours qui émane de l’inexistence, c’est à partir de ce passage de l’inexistence vers l’existence que nous devons situer le traumatisme.

Dans ce contexte, il faut préciser que le traumatisme s’explique en partie par le rapport du parlêtre au corps. Le traumatisme se localise justement dans l’effort du parlêtre de constituer un nouage qui lui permet de maintenir ensemble le corps, la lalangue et le réel, comme nous l’avons mis en évidence dans le cas de Joyce.

Dans notre recherche, les différentes versions du traumatisme que nous avons pu repérer nous ont amené aux conclusions suivantes. D’abord, le traumatisme est avant tout une réponse de l’inconscient face au réel qui est en jeu pour tout parlêtre. De cette manière, il s’agit, avant tout, d’une réponse singulière, invention qui permet au sujet de donner une consistance à son rapport au corps. Ainsi, la réponse traumatique n’est jamais standard, de la même manière que ce qui constitue un événement traumatique.

Miller, GérardDirecteur de Recherche

Alberti, ChristianeCo-directeur de Recherche