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REUNION sur LES CAFE DEUIL
Qu’est-ce qu’un café-deuil ? Présentation de Rosette POLETTI
En Suisse, un sociologue thanatologue a organisé des cafés mortels depuis 2004. On y parle de la mort, des secrets autour de la mort, des deuils. Il y a aussi des cafés théologiques, des cafés philosophiques. Personnellement, dès 1984, j’avais organisé des « Onco lunch », rencontre pour personnes atteintes de cancer et soignants autour d’un repas-sandwich à midi. J’ai eu diverses expériences avec des personnes traversant une épreuve particulière : parents d’enfants malades, parents de jeunes s’adonnant à la drogue, entre autres. J’ai toujours été frappée par l’aide et le soutien extraordinaire qu’un groupe peut apporter. Présidente de l’Association Suisse, Vivre son deuil, je me suis posée beaucoup de questions sur le peu de succès des groupes de soutien aux endeuillés qu’offrait notre association. En y réfléchissant et surtout en interrogeant de nombreuses personnes en deuil, j’ai réalisé qu’il existait une « peur » de parler de son deuil dans un groupe constitué lorsqu’on n’a jamais expérimenté ce type de relation de groupe. L’idée des cafés-deuils s’est alors imposée : On peut ajouter le besoin d’adresser des populations comme les jeunes adultes et adolescents. Pour ce faire :
obtenir l’accord d’un établissement pour « tenir un café deuil » dans ses locaux puis inviter le public concerné à venir partager quelque chose des deuils qu’ils ont vécu.
Par cela offrir l’expérience d’une écoute bienveillante, d’un partage, d’une possibilité de se dire.
Permettre peut-être, la demande de vivre une expérience de groupe de soutien-partage plus longue.
Cela fait maintenant quatre ans qu’à travers « Vivre son deuil » nous organisons des « cafés-deuils ». Actuellement, nous en avons organisé 23 en Suisse Romande et deux en France. Ils ont eu lieu dans des cafés, dans un tea-room, dans une cafétéria d’hôpital, dans une salle de billard attenante au café. La plupart du temps, le tenancier qui est intéressé à nous offrir ses locaux a une bonne raison de le faire, il a lui-même (ou elle a elle-même) vécu un ou des deuils. Le déroulement du café-deuil Chaque situation est un peu différente, selon le lieu qui reçoit le café-deuil. Parfois, le café est occupé par d’autres clients qui se mêlent ou ne se mêlent pas au café-deuil. En général ils sont avertis de ce qui va se produire par le tenancier ou les affiches annonçant le café-deuil. Certains s’en vont car ils ne peuvent entendre les partages. « C’est beaucoup trop triste, je m’en vais ! » disait un homme en bleu de travail qui était venu boire sa bière, en remettant sa casquette. Parfois, le café-deuil a lieu dans une petite salle du café, ainsi les clients habituels ont le choix de venir participer ou non. Le nombre de personnes présentes est très variable : de 15 à 150 personnes environ. Il n’y a aucun moyen de le savoir d’avance. Bien entendu, cela pose quelques problèmes logistiques qu’on peut toujours résoudre.
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Les cafés-deuils
« Lorsque les mots ne viennent plus au bord des lèvres, ils s’en vont hurler au fond de l’âme. »
Christian Bobin Les cafés-deuils Il s’agit d’un type d’activité mis en place tout d’abord par l’Association Suisse « Vivre son deuil » et inaugurés par Rosette Poletti sa présidente en 2007. Actuellement, suite à une formation donnée à des intervenants de « Vivre son deuil » France, des cafés-deuils ont lieu à Paris et dans différentes villes françaises. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de rencontres informelles organisées dans des cafés, des salons de thé, cafétérias d’établissements comme des maisons de retraite, dont le but est d’offrir un espace où toute personne peut parler de ses deuils. Pourquoi des cafés-deuils En France, en Suisse, en Belgique, les différentes associations « Vivre son deuil » ont constaté une diminution du nombre de personnes intéressées par l’appartenance à un groupe de soutien ou d’entraide pour endeuillés. Ceci s’explique par une crainte de l’engagement sur 6 à 10 séances planifiées d’avance et par de multiples autres modifications des habitudes de vie. Constatant, néanmoins, que les difficultés de vivre un deuil sans être soutenu et sans pouvoir en parler contribuent toujours plus à péjorer la santé physique et mentale des individus, les associations « Vivre son deuil » sont en permanence à la recherche de nouveaux moyens d’aller au-devant des endeuillés. C’est pourquoi, constatant l’intérêt du public pour les cafés théologiques, les cafés philosophiques, les cafés littéraires, les cafés mortels (animés par le sociologue Bernard Crettaz en Suisse) et les cafés psychologiques, l’Association Vivre Son Deuil Suisse, a mis en place des « cafés-deuils », depuis 2007. A ce jour, 25 cafés-deuils ont eu lieu en Suisse Romande. Les participants sont, en général de 18 à 150 selon les lieux où ils sont organisés. Ces cafés-deuils utilisent une infrastructure déjà existante: café, salon
de thé, cafétéria.
Ils sont ponctuels, on ne s'inscrit pas pour y participer, ils sont gratuits et
permettent d'aller à la rencontre des gens là où ils sont. Ils n'ont pas de buts thérapeutiques particuliers.
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ANIMER-FACILITER UN CAFE DEUIL
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Buts des cafés-deuils
Offrir un lieu de parole où l'on peut mettre des mots sur l'indicible, sur ce que l'on n'ose pas dire, sur ce que les proches ne veulent plus écouter.
Offrir un espace pour se dire et écouter les autres, donner la possibilité de laisser résonner en soi la peine de l'autre et permettre l'empathie et la compassion.
« Comme moi, l'autre connaît la peine, la solitude. »
« Comme moi, il recherche à diminuer sa souffrance. »
Parler du défunt. Se situer face à lui. Dire ce qui s'est passé lors du décès et lors du deuil.
Réaliser que son vécu personnel est partagé par d'autres qui traversent aussi l'expérience du deuil.
Faire l'expérience d'oser dire ce que l'on n'a jamais osé dire.
Ce que disent les participants
J'ai réalisé que j'étais normal. Je me suis remise à espérer (rencontre de deux mères d'adolescentes mortes par
suicide dont l'une disait « voir la lumière au bout du tunnel !) Cela m'a fait du bien de pouvoir dire des choses que je n'avais jamais dites. J'ai senti tellement de soutien.
Je n'aurai jamais imaginé que l'on m'écoute comme ça ! Je me suis sentie très proche des autres.
Quand ça a été fini, j'ai réalisé qu'il y avait du bruit dans le café, mais pendant le café-deuil je n'avais rien entendu.
Cela m'a redonné du courage d'entendre ce que d'autres personnes avaient vécu. Je me suis sentie moins seule avec mon chagrin.
« Règles» de base pour les participants (Le Cadre) Chacun a la liberté totale de parler ou de se taire. On n'a pas besoin de donner son nom, ni de s'identifier. Une écoute respectueuse des autres est demandée. Personne ne donne de leçon à personne, pas de jugement de valeurs. Chacun parle de son vécu plutôt que du vécu des autres ou de théories. Garantie de Confidentialité
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Les cafés-deuils ont été jusqu’ici organisés par l’Association Vivre son Deuil et
« facilités» (animés) par des membres de cette association.
Le rôle des animateurs est de s’assurer des aspects pratiques tels que :
Annonces du café-deuil Contacts avec le propriétaire ou gérant du lieu de la rencontre. Accueil des participants. Introduction et explication quant aux buts du café-deuil. Donner les règles de fonctionnement et les rappeler, si nécessaire, au cours
de la soirée. Etablir des liens entre les témoignages pour permettre aux participants d’insérer
leur vécu dans une histoire collective.
A la fin du café-deuil, donner des informations concernant les possibilités « d’aller
plus loin !» telles que groupes de soutien, lignes téléphoniques d’écoute des
endeuillés, ou entretien de face à face.
Les cafés-deuils sont un moyen parmi d’autres de contribuer à soutenir les endeuillés. Ils peuvent avoir lieu dans des lieux spécifiques :
cafétéria de maison de retraite (EMS en Suisse) cafétéria d’hôpitaux cafés – salons de thé
Ils peuvent aussi s’adresser à des populations spécifiques comme par exemple :
personnes handicapées personnel soignant écoles
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A partir de notes prises lors du séminaire de Rosette POLETTI pour la Fédération VSD fin 2010 en Bretagne (F. FILLIETTE, M. LEPAN, G. LEPAN)
TRAME GENERALE D’UN CAFE DEUIL
ACCUEIL :
Saluer les personnes individuellement.
Disposition de la salle : si possible faire que chacun se voie.
Pour le /les animateurs : se mettre en position chaleureuse d’ouverture, de patience, de validation et de
valorisation des paroles qui vont circuler.
DEMARRAGE :
Remerciements approfondi au groupe.
Présentation au groupe de l’association qui a organisé ce « Café Deuil »
Préciser rapidement les buts de l’Association qui sont d’apporter du soutien et d’aller vers les endeuillés en leur proposant autre chose par la suite
s’ils le souhaitent
RAPPEL DES BUTS DU CAFE DEUIL
Offrir un lieu de parole où l'on peut mettre des mots sur l'indicible, sur ce que l'on n'ose pas dire, sur ce que les proches ne veulent plus écouter.
Offrir un espace pour se dire et écouter les autres, donner la possibilité de laisser résonner en soi la peine de l'autre et permettre l'empathie et la compassion.
« Comme moi, l'autre connaît la peine, la solitude. » « Comme moi, il recherche à diminuer sa souffrance. »
Parler du défunt. Se situer face à lui. Dire ce qui s'est passé lors du décès et lors du deuil.
Réaliser que son vécu personnel est partagé par d'autres qui traversent aussi l'expérience du deuil.
Faire l'expérience d'oser dire ce que l'on n'a jamais osé dire.
RAPPEL DES REGLES (du CADRE)
Chacun a la liberté totale de parler ou de se taire.
On n'a pas besoin de donner son nom, ni de s'identifier.
Une écoute respectueuse des autres est demandée.
Personne ne donne de leçon à personne, pas de jugement de valeurs.
Chacun parle de son vécu plutôt que du vécu des autres ou de théories.
Garantie de Confidentialité Fonctionnement de la prise de consommation (selon les accords que vous avez pris avec le cafetier)
OFFRIR LA PAROLE AU GROUPE
Trois questions peuvent être utiles à avoir en réserve pour démarrer et faire circuler la parole.
1. Est ce que vous avez envie de parler d’un deuil vécu ?
2. Qu’est ce qui a été le plus difficile ?
3. Qu’est ce qui vous a le plus aidé ?
o Faire circuler la parole en reformulant, en se mettant en empathie avec les émotions exprimées. (Il
est utile de prévoir une boite de Kleenex)
o Les animateurs ne sont pas là pour faire de la théorie et en même temps ils peuvent recadrer les
choses erronées, mettre des mots sur les maux ou éclairer certains points.
o A la fin du Café Deuil (de 2 à 3 h max), donner les infos complémentaires sur les autres services de
l’association, distribuer la documentation, et…remercier beaucoup les gens de leur participation
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COMPETENCES DES ANIMATEURS / FACILITATEURS
S’adapter à l’imprévisible.
Si deux Facilitateurs, Il est important de définir les rôles de chacun. Le premier qui a le leader-ship et qui régule, l’autre qui observe et soutient ce qui se passe.
L’idée c’est que les facilitateurs vont gérer le processus de groupe avec un mélange d’autorité (rappel du cadre) et beaucoup de chaleur humaine.
Savoir gérer le fait que l’on ne va pas se revoir.
Gérer les gens du café qui s’approchent et parlent. Aider le groupe à prendre en compte ces interruptions éventuelles.
Gérer les bavards. Ex : Reconnaitre, remercier avec beaucoup de chaleur et ajouter « et si vous êtes d’accord on va partager le temps »
Gérer les donneurs de conseil. Ex : « j’entends que pour vous, vous avez trouvé une réponse… » et éventuellement se recentrer sur la personne à qui était adressé le conseil.
Gérer les gens qui posent un jugement : Rappeler le cadre et réexpliquer.
Se rappeler que chacun vit son deuil de façon différente.
Donner de l’information si nécessaire. Le deuil, c’est personnel et en même temps il y a quelques similitude dans la « perte ». Il n’y a pas de gradation dans la souffrance.
Par rapport à la dynamique de groupe, c’est important de ne pas rechercher la perfection.
Selon le HO PO NO PO NO par Hew Leu Nettoyer notre désir de succès et notre peur de l’échec
EN RESUME
Accueil, chaleur humaine.
Accueillir ce qui arrive.
Oser énoncer et rappeler éventuellement les règles (le cadre)
Ecoute, pleine présence.
Maintien du cadre, brève explication.
Oser être imparfait.
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QUELQUES MYTHES A PROPOS DU DEUIL
LA DOULEUR DIMINUE SI ON L’IGNORE
IL EST IMPORTANT D’ETRE FORT FACE AU DEUIL
CE N’EST PAS L’INTENSITE DES PLEURS QUI SIGNE L’IMPORTANCE DE LA PERTE POUR
LA PERSONNE
IL Y A DES ETAPES A VIVRE QUI DOIVENT SE SUIVRE
COMMENT REPONDRE AUX QUESTIONS, REMARQUES OU CRITIQUES SUR LE CONCEPT DE
CAFE DEUIL
1. A QUOI CA SERT DE PARLER DE CE QU’ON RESSENT ?
Réponse possible : A partager, à soulager, à sortir de soi. Nommer quelque chose qui nous encombre ou
nous fait souffrir, de le nommer, d’en prendre conscience et d’être en contact avec
l’émotion nous met dans une meilleure vibration
2. UNE SEULE RENCONTRE NE RISQUE T’ELLE PAS D’ETRE NOCIVE ?
Réponse possible : Certes, quelques heures, c’est court. D’aucuns y trouveront peut-être ce
qu’ils étaient venus chercher. Pour les autres qui, le souhaitent, possibilité d’une suite avec
l’association. (Entretien, Groupe de soutien et d’entraide)
3. QUELLE GARANTIE DE CONFIDENTIALITE DE CE QUI EST DIT ICI ?
Réponse possible : Aucune. Néanmoins, il y a déjà l’anonymat. Par ailleurs il est important d’avoir confiance dans
l’engagement qui a été pris
4. EST-CE QUE CE N’EST PAS DEPRIMANT D’ENTENDRE TOUTES CES SITUATIONS ?
Réponse possible : Entendre toutes ces situations c’est faire l’expérience d’une solidarité, c’est
peut-être sortir en partie d’une solitude. L’expression des émotions peut nous mettre en
contact avec l’énergie adéquate :
TRISTESSE : Besoin de Consolation
COLERE : Besoin de Réparation
PEUR : Besoin de Protection
NB : Reposer la question au groupe à la fin
5. J’AI CESSE DE VIVRE A LA MORT DE MON ENFANT.
Réponse possible : Valider et……..
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LOGISTIQUE
Trouver un café ou autre lieu adéquat où faire le café deuil.
Parler avec le tenancier qui peut être intéressé personnellement.
Dispositions de la salle.
Négocier avec le responsable de l’établissement, les prises de consommations.
Fixer la date.
Publicité (Journaux, Radios locales, Salons funéraires, mail, Affiches etc…)
3 semaines avant la date.
Affichage dans le Café pour adresser les consommateurs habituels..
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EXEMPLE D’AFFICHE
CI DESSOUS
Les cafés-deuils
Vous avez perdu un être cher ?
Vous souhaitez soutenir un proche en deuil ?
Venez partager un moment avec d’autres personnes en deuil,
pour sortir de l’isolement, trouver des repères, témoigner si désiré.
Jeudi 6 octobre 2010 à Vaulruz - Bulle
Lundi 10 octobre 2011, au Café Milan - Bd. Grancy 54 - Lausanne
Les cafés-deuils se déroulent de 19h à 21h
Vous n’avez pas besoin de vous inscrire
Entrée libre – collecte à la sortie
Pour informations
Association Vivre Son Deuil Suisse
Case postale 98 - 1350 Orbe
Tél. 024 425 27 42 - Fax 024 441 81 72
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ANNEXES COMPLEMENTAIRES FOURNIES PAR
ROSETTE POLETTI
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