Revenus Pétroliers en Afrique Subsaharienne

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    JUMBO

    Dpartement de la RechercheAgence Franaise de Dveloppement

    Direction de la Stratgie

    Dpartement de la Recherche

    5, rue Roland Barthes

    75012 Paris < France

    www.afd.fr [email protected]

    Agenc

    eFranaisedeD

    veloppement

    Production, fiscalit, transparence et gestiondes revenus ptroliers en Afrique subsaharienne

    et en zone franc : la chance des Africains ?

    Blaise Leenhardt

    Rapport thmatique

    1SEPTEMBRE 2004

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    Le rapport Jumbo de lAFD

    Le rapport Jumbo de l'AFD est rdig dans le cadre des runions

    bisannuelles des ministres des Finances des pays de la zone franc.

    Le rapport du mois d'avril - Conjoncture et prvisions - prsente

    les analyses conjoncturelles et les prvisions macro-conomiques par

    pays, labores partir du modle Jumbo.

    Le rapport du mois de septembre - Rapport thmatique - propose

    plusieurs tudes thmatiques et transversales sur les politiques et

    dynamiques conomiques qui visent contribuer aux rflexions sur

    les politiques conomiques mises en uvre dans les pays de la

    zone franc.

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    sommaire

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 3

    1. Rsum analytique 7

    2. Situation et volution de la situation ptrolire en Afrique subsaharienne 10

    2.1 Place actuelle de lAfrique dans le monde et poids relatif des acteurs africains :lAfrique subsaharienne est-elle un acteur ptrolier qui saffirme ? 10

    2.2 Perspectives de lAfrique centrale et de la zone franc 11

    2.2.1 Perspectives globales 11

    2.2.2 La question de la scurit on shore 13

    3 La fiscalit ptrolire et son volution en Afrique subsaharienne et dans le monde 15

    3.1 Rflexions sur les rgimes fiscaux ptroliers 15

    3.1.1 La rente ptrolire et son partage 15

    3.1.2 L'histoire : fiscalit ptrolire, culture et mondialisation 17

    3.2 Une volution la baisse de la fiscalit ptrolire en ASS 21

    3.2.1 Dfinitions des termes et problmes macroconomiques et statistiques d'estimation 21

    3.2.2 O en est la pression fiscale ptrolire en zone franc ? 26

    3.3 La modlisation de la fiscalit ptrolire 29

    3.3.1 La modlisation de la fiscalit traditionnelle dans les maquettes Jumbo(redevance proportionnelle couple un impt sur les bnfices) 29

    3.3.2 La modlisation d'un contrat de partage de production tels qu'ils se gnralisenten Afrique : le cas d'cole soudanais 30

    3.3.3 Partage de production : l'exemple du Congo, et comparaison avec une fiscalittraditionnelle : l'exemple du Gabon 35

    4 L'EITI et la gestion de la gouvernance et de la bonne gestion des recettes ptrolires 39

    4.1 Ptrole et dveloppement 39

    4.1.1 Effets macroconomiques du secteur ptrolier : la maldiction ptrolire 394.1.2 Effets ngatifs sur les institutions et la croissance : une position extrme,

    la redistribution directe aux populations de la manne ptrolire 40

    4.2 L'EITI et la politique prconise par les IFI 41

    4.2.1 La vision des IFI : amliorer le management des revenus ptroliers 41

    4.2.2 L'EITI 41

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    sommaire

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 4

    5. Etudes de cas sur les progrs de la transparence ptrolire en zone franc :

    le Gabon, le Congo, le Tchad 44

    5.1 Le Gabon 44

    5.1.1 Les rformes structurelles dj entreprises en accord avec le FMI dans le domainede la transparence et de la gouvernance ptrolire 44

    5.1.2 Les rintgrations de recettes extrabudgtaires dj opres par le Gabon 44

    5.1.3 Le modle fiscal tabli en coopration entre la DGE et la Direction des hydrocarbures 46

    5.2 Le Congo 48

    5.2.1 La vision des IBW de la transparence au Congo lors de l'article IV de mars 2003 48

    5.2.2 La vision des IBW un an aprs : l'expos de Anton Op de Beke Chattam House : Oil sector transparency initiative 49

    5.3 Le Tchad 51

    5.3.1 Le dispositif de gestion des revenus ptroliers 51

    5.4 Conclusion : propositions de travail 52

    ANNEXES

    Avant-projet rvis des consignes en matire de dclaration.

    Initiative sur la transparence des industries extractives 54

    1. Vue densemble 55

    2. Comment remplir le modle de dclaration 56

    3. Glossaire terminologique 57

    4. Etendue des dclarations 60

    5. Principes de dclaration 61

    6. Avantages drivs 63

    6.1 Exigence de dclaration 63

    6.2 Avantages drivs de ltendue 1 63

    6.3 Avantages drivs de ltendue 2 65

    6.4 Identifier les avantages drivs consquents 65

    7. Principes et traitements comptables spcifiques 66

    7.1 Comptabilit de caisse 66

    7.2 Units de dclaration 66

    7.3 Devise de dclaration 66

    7.4 Paiements provisoires 67

    7.5 Production de gaz naturel et gaz associ 67

    7.6 Evaluation davantages drivs en nature 67

    8. Modle de saisie pour lentit dclarante dun gouvernement daccueil 68

    9. Modle de saisie pour lentit dclarante dune compagnie 70

    10. Consignes en matire de recueil 73

    11. Modles de compagnies regroupes 74

    12. Exemple dorganigrammes davantages drivs 76

    13. Rfrences et sources dinformations 80

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    Liste des tableaux

    1. Recettes et profits des acteurs , Golfe de Guine, Afrique centrale 12

    2. Dcomposition de la valeur du baril composite de produits raffins dans l'OCDE 16

    3. Dcote des bruts en zone franc par rapport au panier WEO 23

    4. Comparaison multicritre des conditions fiscales dans diffrents pays d'Afrique etdans le monde, pour un champ thorique de 100 millions de barils 26

    5. Recettes ptrolires figurant au TOFE 27

    6. Pression fiscale apparente en zone franc (en pourcentage) 28

    7. Fiscalit ptrolire rapporte aux exports dans des pays ptroliersd'Afrique et du Moyen Orient 28

    8. Part de l'Etat (Government Take), pression fiscale apparente (PFA).Taux de rentabilit interne (TRI) et VAN du projet 34

    9. Principales caractristiques du projet 34

    10. Part de l'Etat. Pression fiscale apparente TRI et VAN avec des cots triples 35

    11. Variation entre les projections d'avril 2000 et de septembre 2000 des donnes concernantles finances publiques pour 1996-99 (valeurs en points de PIB) 45

    12 Variations rsultantes dans les projections Jumbo du PIB 46

    13. Pression fiscale apparente technique ressortant du modle DGE/DGH : A Redevances 47

    14. Pression fiscale apparente technique ressortant du modle DGE/DGH : B Profits 47

    15. Pression fiscale apparente technique ressortant du modle DGE/DGH : Total = A+B 47

    16. Redressement des moins value fiscales sur CPP 48

    Liste des graphiques

    1. Place relative de l'Afrique dans le monde. Evolution de la production de brut africaincompare celle d'autres rgions productrices majeures 10

    2. Poids relatif Afrique du Nord et ASS en matire d'exports 10

    3. Les principaux pays exportateurs d'ASS 11

    4. Les nouveaux entrants et la redistribution des cartes en zone franc 115. Perspectives probabilises de production africaine 11

    6. Taux de Prlvement de l'Etat ( Government Takes levels), monde. 19

    7. Evolution de la part de march de l'OPEP dans l'ensemble du march mondial et prvisions 20

    8. Histoire longue du prix rel du ptrole 21

    9. Cot technique d'un baril de brut suivant diffrentes sources en 1999 ($ par bbl) 22

    10. Les prvisions de prix du ptrole et les ralisations 24

    11. Pression fiscale apparente sur longue priode 27

    12. Variation du taux de pression fiscale apparent en fiscalit traditionnelle 29

    13. Production annuelle 32

    sommaire

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2005 / 1 5

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    14. Ventilation annuelle des cots de fonctionnement (Opex) et d'investissement (Capex) 32

    15. Hypothse de prix de la socit PFC en 2002 32

    16. Evolution annuelle du chiffre d'affaires 33

    17. Partage contractuel entre cost oil et profit oil 3318. Cost oil en excs 33

    19. Profit oil de l'Etat et de la compagnie 33

    20. Cash flow 33

    21. Recettes de l'Etat en $ par baril suivant les deux fiscalits pour un mme champ 36

    22. Protection de l'Etat avec la fiscalit la congolaise dans le cas d'investissements

    non rentables et surdimensionns 37

    23. Evolution de la dcote du Kitina en 2000 et 2001 38

    AVERTISSEMENT

    Les analyses et conclusions de ce document sont formules sous la responsabilit de leurs auteurs et

    ne refltent pas ncessairement le point de vue officiel de l'Agence Franaise de Dveloppement.

    sommaire

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 6

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    Ce rapport aborde plusieurs thmes lis au ptrole avant

    d'examiner la nouvelle transparence ptrolire dans les

    divers pays producteurs de la zone franc.

    La section 2 fait le point sur la situation actuelle, l'volu-tion passe et les perspectives de la production ptrolire

    en Afrique subsaharienne (ASS). Il en ressort : (i) que

    l'Afrique a toujours t un acteur important sur le march

    mondial (7 10 % de la production et des exportations

    nettes et 7 % des rserves) ; (ii) que l'ASS y tient une place

    croissante. Pour autant, certains pays ctiers arriveraient

    maturit ptrolire, tandis que des perspectives consid-

    rables d'exploitation de l'offshore profond se matrialise-

    raient progressivement tandis qu'apparaissent de nou-

    veaux producteurs au centre du continent. Par ailleurs, laquestion de la scurit on shore comme off shore apparat

    centrale pour les perspectives d'investissements : le conti-

    nent n'est pas l'abri de convulsions aussi importantes en

    termes de consquences ptrolires que celles que

    connat le Moyen-Orient aujourd'hui, comme le montre la

    situation nigriane durant l'anne 2003 et le premier

    semestre 2004.

    Dans la section 3, le rapport aborde la question de la fis-

    calit ptrolire et, partant, de la dimension historique etculturelle du problme. Il dcrit l'ventail des fiscalits

    l'chelle mondiale et la plage extrmement importante des

    taux de pression fiscale pesant sur les bnfices des entre-

    prises de l'amont du secteur (de 30 100 %). Dans cet

    ensemble, la place de l'ASS - en comparaison avec la zone

    frontire concurrente de l'Asie du Sud-Est - apparat

    globalement moins fiscalise. Ce rapport explore les

    diverses explications ce phnomne. Suivant les pays,

    les champs ptroliers et les annes, tel motif l'emporte sur

    d'autres pour expliquer les rsultats fiscaux de l'ASS. L'un

    des dilemmes majeurs, dans le cadre d'une baisse gnra-

    lise de la fiscalit officielle dans le monde, est celui de

    savoir qui l'emportera entre la rduction de l'vaporation

    extra-budgtaire et la diminution de la rente elle-mme du

    fait de l'augmentation des cots de recherche-dveloppe-ment d'un ptrole de plus en plus rare et cher, en attendant

    la prochaine variation la baisse des prix mondiaux.

    La baisse de la fiscalit induite par l'augmentation des

    cots d'extraction devrait entraner une diminution de la

    rentabilit fiscale du secteur et, malgr l'accroissement de

    la production, les recettes fiscales des Etats assises sur le

    ptrole n'en seront pas ncessairement augmentes pour

    autant. Ce point a dj t mis en avant par l'quipe du

    FMI en charge du Nigeria.

    Dans ce cadre de cette problmatique, deux modlisationssimples de la fiscalit ptrolire utilises dans la maquette

    Jumbo sont dtailles l'usage des prvisionnistes de la

    zone. Ces derniers doivent en effet effectuer des prvi-

    sions sur les recettes fiscales issues de ces secteurs en

    liaison avec leurs collgues comptables nationaux et les

    Directions des mines ou des hydrocarbures de leurs pays

    respectifs, dans le cadre de la transparence de la gestion

    des recettes ptrolires comme de l'initiative EITI

    (Extractive Industry Transparency Initiative) laquelle ont

    adhr ou devraient adhrer tous les pays ptroliers de lazone. L'exemple d'une modlisation d'un contrat de parta-

    ge de production peut en particulier tre utile aux prvi-

    sionnistes gabonais qui ont labor un nouveau modle de

    prvision des recettes ptrolires rpondant aux souhaits

    du FMI.

    Cette formalisation pdagogique devrait galement

    permettre de poser les termes gnraux d'un contrat

    type de partage de production et de dterminer les para-

    mtres adapts aux caractristiques des divers champs

    potentiels du golfe de Guine, proposant ainsi des pistes

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 7

    Rsum analytique

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    de rflexion une possible harmonisation fiscale dans la

    zone, dfaut d'une uniformisation, et limitant ainsi une

    concurrence fiscale contre-productive entre Etats voisins.

    Aprs la question des recettes ptrolires, la section 4

    aborde la question de la dpense, c'est--dire de l'utilisa-

    tion et de la bonne gestion de ces recettes. Aussi rappel-

    le-t-on brivement la nombreuse littrature sur la mal-

    diction ptrolire . Les effets macroconomiques des sec-

    teurs ptroliers et miniers se dclinent en effet en volatilitdes recettes, faible effet d'entranement, syndrome hollan-

    dais et dfaut de bonne gouvernance

    Les effets ngatifs de la ressource ptrolire sur les institu-

    tions et la croissance peuvent amener la proposition de

    Xavier Salaa-i-Martin et Arvid Subramanian, dveloppe

    dans un document de travail rcent du FMI, d'une redistri-

    bution directe aux populations de la manne ptrolire en

    lieu et place de son utilisation par l'Etat central, proposition

    extrme qui thorise la pratique effective de l'Etat

    d'Alaska, aux Etats-Unis. A l'oppos, la gestion la nor-vgienne, moins individualiste et plus confiante dans les

    capacits d'un Etat dmocratique de grer dans l'intrt

    collectif, prvoit qu'une grande partie des recettes ptro-

    lires soit verse dans un fonds destin aux gnrations

    futures. L'exemple de la politique suivie par la province

    canadienne de l'Alberta, riche en ptrole et en shistes bitu-

    mineux, qui dveloppe dans le domaine de la gestion des

    recettes ptrolires une coopration avance avec la

    Guine quatoriale, le Gabon et Sao Tom et Principe,

    devrait tre tudi prochainement .

    En conclusion de cette partie est prsente de mani-

    re dtaille l'Initiative pour la Transparence des Industries

    Extractives (ITIE-EITI), initie par le Royaume Uni et soute-

    nue par la France1, laquelle ont adhr le Gabon, le

    Congo-Brazzaville et pourraient adhrer le Cameroun, le

    Tchad, le Niger et la Guine quatoriale. Les consquences

    oprationnelles et les questions encore en suspens

    concernant cette initiative sont abordes en fin de cha-

    pitre, en particulier la question du tiers de confiance .

    Enfin, la section 5 dcrit l'tat de la transparence ptro-

    lire dans trois pays de la zone (Congo-Brazzaville, Gabon,

    Tchad2).

    Le Gabon, qui a dj rintgr par deux fois (en 1998 et

    2001) des recettes et dpenses extrabudgtaires pouvant

    aller jusqu' quatre points de PIB, a construit un modle de

    prvision et de suivi des recettes ptrolires grce un tra-

    vail inter-administratif. Il a annonc au premier semestre

    2004 sa volont d'adhrer l'EITI.

    Le Congo-Brazzaville, cit en exemple pour ses avan-

    ces dans le domaine de la transparence, publie sur le

    Web des contrats ptroliers, pratique controverse par cer-

    taines compagnies et certains observateurs. Il vient,comme le Gabon, d'annoncer au premier semestre 2004

    sa volont d'adhrer l'EITI, ce qui permettra au Congo

    d'avancer, au-del de la transparence actuelle sur les

    recettes hors bonus et autres recettes exceptionnelles,

    vers une plus grande transparence.

    Au Tchad, la mise en uvre de la loi ptrolire est une

    premire remarquable. Cette loi ne concerne par ailleurs

    que 70 % des recettes, ce qui laisse le champ des am-

    liorations futures.

    En conclusion, le rapport formule quatre propositions de

    travail pour transposer au plan macroconomique et statis-

    tique les exigences de transparences dans le domaine

    ptrolier :

    rsum analytique

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 8

    1 Une initiative multi participants lance par Tony Blair au som-met de Johannesburg en en septembre 2002 :

    compagnies : Shell, BP, ExxonMobile, Chevron, Statoll, Total,Bgas, API, RioTinto, AngloAmerican, Conoco, DeBeers,Newmont, Repsol, Marathon ; investisseurs : reprsentant US 6.9 trillions : (ISIS, ING, UBS,Swiss, Connecticut, TIAA-CREFT) ; ONG : Publish What You Pay, Global Witness, Save theChildren, CAFOD, Transparency International, Soros/OpenSociety Institute ; donateurs : G8 (GB initiateur, USA, France), Norvge ; IFI's : BM et FMI.Etats actuellement participants : Ghana, Nigria , Azerbadjan,Kirghistan, Congo-Brazzaville, Gabon.

    2Au Tchad, faute de mission sur place cette anne, le rapport secontente de rappeler la loi ptrolire mise en place en collabora-tion avec la Banque mondiale.

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    1. La mise sur pied, en liaison avec Afristat, la (les)

    Banque(s) centrale(s) et les services nationaux de compta-

    bilit nationale, d'un manuel zone franc d'tablissement

    des comptes du secteur ptrolier et para-ptrolier dans le

    cadre des travaux de comptabilit nationale. Ce manuel

    serait tabli partir d'une srie de sminaires de rflexion

    et de formation tudiant la comparaison des comptes par

    pays. Il pourrait galement donner des claircissement en

    matire de Comptes Satellites du Secteur , construire

    dans le cadre EITI-ITIE (cf. point 3 ci-aprs).

    2. La mise sur pied, en liaison avec la (les) Banque(s) cen-

    trale(s), les ministres nationaux des Finances et des

    Mines, d'un vade-mecum sur la fiscalit ptrolire souhai-

    table en zone franc.

    3. La mise sur pied, dans chaque Etat et dans le cadre de

    l'opration EITI-ITIE (ptrole), d'un groupe interministriel

    compos de comptables nationaux, de prvisionnistes du

    ministre des Finances et de techniciens de la Direction

    des hydrocarbures, dont l'objet sera :

    d'tablir en liaison avec les autres parties prenantes

    l'initiative (socits prives, tiers de confiance, cabinets

    d'audits) des Comptes Satellites du Secteur Ptrolier

    l'usage du public pour les annes passes, et une prvi-

    sion pour l'anne en cours et venir diffusion plus res-

    treinte ;

    d'aider le tiers de confiance et les autres parties pre-

    nantes l'initiative adapter les questionnaires standard

    EITI aux spcificits du pays, puis aider au dpouillement

    des questionnaires, leur confrontation d'ensemble et la

    rdaction du rapport de synthse.

    4. La cration ventuelle d'un Secrtariat africain pour

    impliquer la zone franc dans cette initiative d'origine britan-

    nique et tenter d'obtenir un consensus rgional sur le choix

    du (des) tiers de confiance.

    rsum analytique

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 9

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    L'Afrique a un poids quasi constant dans la production

    mondiale depuis plus de 30 ans, variant entre 7 et 11 %.L'offre augmente chaque anne, depuis 20 ans, de 4-5 %

    l'an et ne faiblit pas. L'extraction y est aujourd'hui sup-

    rieure celle de l'ex-URSS (en redressement aprs une

    forte chute conscutive la fin de l're sovitique) comme

    celle des Etats-Unis d'Amrique dont la production dcli-

    ne depuis 30 ans (dpassement du pic de Hubert).

    A l'intrieur mme de l'Afrique, le poids de l'Afrique au Sud

    du Sahara est aujourd'hui du mme ordre que celui de

    l'Afrique du Nord si on considre les exportations nettes de

    ptrole. Le bloc Libye, Algrie, Egypte exportait en 2003prs de 3,7 millions de barils jours tout comme l'Afrique au

    Sud du Sahara. Mais la croissance de ces exportations est,

    sur longue priode, plus du double en Afrique subsaha-

    rienne : si on prend comme point de dpart le point bas

    correspondant la moyenne des quatre annes prcdant

    le contre choc ptrolier de 1984, la croissance des expor-

    tations subsahariennes est en effet de prs de + 4% en

    volume par an pendant vingt annes, comparer + 1,6%

    pour l'Afrique du Nord.

    Si, nouveau, on dcompose les rsultats globaux del'ASS, on voit apparatre les exportateurs majeurs que sont

    le Nigeria (102 millions de tonnes en 2002), l'Angola (42

    millions de tonnes en 2002), dpass de peu par la zone

    franc (44 millions de tonnes).

    Le Nigeria se caractrise par une stagnation de sa produc-

    tion depuis 1996 tant du fait des troubles qui perturbent la

    production que de la volont de l'Etat de faire participer la

    socit nationale aux oprations on-shore, et du manque

    de capitaux pour ce faire (avec la nouvelle lgislation per-

    mettant les contrats de partage de production en place

    du traditionnel MOU (Memorandum Of Understanding), la

    production devrait crotre nouveau.L'Angola et la zone franc, au contraire, connaissent une

    croissance forte depuis 20 ans qui, contrairement au cas

    nigrian, s'est maintenue ces dernires annes. La crois-

    2.1. Place actuelle de l'Afrique dans le monde et poids relatif des acteurs africains :

    l'Afrique subsaharienne est-elle un acteur ptrolier qui s'affirme ?

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 10

    2. Situation et volution de la production ptrolire en ASS

    Graphique 1. Place relative de l'Afrique dans le monde. Evolution de la

    production de brut africain compare d'autres rgions productrices

    Source : World Crude Oil Production (Including Lease Condensate),1970-2002, EIA-DOE et WDI pour l'Afrique.

    Graphique 2. Poids relatif Afrique du Nord et ASS en matire d'exports

    Source : WDI jusqu'en 2001, Jumbo et estimation AFD

    pour les annes suivantes.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

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    sance moyenne des exportations angolaises reste prochede + 9 % l'an tandis que celle de la zone franc, partant

    d'un niveau plus lev, se limite + 5 % en moyenne.

    A l'intrieur de la zone franc, enfin, on assiste une impor-tante redistribution des cartes et plus prcisment en

    CEMAC, avec l'apparition de nouveaux pays producteurs.

    2.2.1 Perspectives globales

    Une croissance importante de la production ptrolire est

    prvue par de nombreux observateurs en ASS et, en parti-

    culier pour les pays du Golfe de Guine et de la zone

    franc3, par les experts de la Task Force du CSIS sur les

    enjeux nergtiques des Etats-Unis en Afrique4.

    Une augmentation importante est anticipe l'horizon

    2009. La probabilit de passer de 4 5,5 millions de barils/

    jour entre 2004 et 2009 (+ 37,5 % en 5 ans) serait de 90 %,

    de 50 % de passer 6,5 millions (+ 62,5 %), enfin de 10 %

    de passer 7,5 millions de barils/jour compte tenu desrserves actuellement prouves et de l'incertitude sur les

    rserves exploitables potentielles connues. Il en dcoule- rait des recettes importantes pour les Etats et des profits

    apprciables pour les compagnies internationales (IOC :

    International Oil Company).

    On notera le niveau lev de la part des Etats (Government

    Take) et sa variabilit importante. L'un des objets du pr-

    sent rapport est de prciser la signification de ce taux et

    d'en proposer un mode de calcul en zone franc.

    Ces projections, largement illustratives et hypothtiques,

    puisque reposant sur de nombreuses hypothses de prix

    Situation et volution de la production ptrolire en ASS

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 11

    Graphique 3. Les principaux pays exportateurs d'ASS Graphique 4. Les nouveaux entrants et la redistribution des cartes

    en zone franc

    2.2 Perspectives de l'Afrique centrale et de la zone franc

    Source : WDI jusqu'en 2001, Jumbo et estimation AFDpour les annes suivantes.

    3 Curieusement dnomms West Africa tant dans le rapport.dePFC Energy, West Africa Petroleum Sector Oil Value Forecast andDistribution (Washington,D.C.: PFC Energy, December 12, 2003que dans David L. Goldwyn and J. Stephen Morrisson, PromotingTransparency in the African Oil Sector, Recommendations for U.S.Policy, A Report of the CSIS Task Force on Rising U.S. EnergyStakes in Africa, mars 2004.

    4 Les tudes du CSIS peuvent tre trouves sur le site du CSIS(Center for Strategic and International Studies, www.csis.org).

    Graphique 5. Perspectives probabilises de production africaine

    Source : Mike Rodger, PFC Energy, en milliers de barils/jours.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    12/80

    de production et de fiscalit, ont l'avantage de nous don-

    ner une premire illustration d'un possible de l'Afrique cen-

    trale ptrolire, et nous serviront introduire les problmes

    que peut poser cet accroissement notable de la produc-

    tion. Les rsultats par pays sont dtaills ci-aprs, accom-

    pagns pour la plupart d'entre eux des rsultats des

    tudes de PFC Energy disponibles sur le site du CSIS.

    2.2.1.1 Les pays producteurs : maturit ptrolire

    dans certains pays ctiers, perspectives considrables

    de l'offshore profond, de nouveaux producteurs au centre

    du continent

    Le Nigeria dtient probablement 60 % de la richesse p-

    trolire de la rgion et continuera en avoir la part la plus

    importante l'avenir. Au cours de la prsente dcade (2002-

    2010), le gouvernement devrait recevoir 110 milliards de dol-

    lars de revenus ptroliers, puis 95 milliards supplmentaires

    sur la priode suivante que PFC arrte 2019. Bien que laproduction des champs en eau profonde pse d'un poids

    croissant dans les flux financiers venir, la production et les

    rserves en eau peu profonde et terre vont continuer

    reprsenter la part la plus importante des recettes. Suivant

    l'analyse de PFC Energy, 103 milliards de dollars provien-

    dront de la production terre et en eau peu profonde, alors

    que seulement 7,4 milliards proviendront de la production en

    eau profonde. Le volume total des rserves dcouvert ce

    jour au Nigeria est approximativement de 50 milliards de

    barils dont 23 milliards ont, d'ores et dj, t extraits.

    L'Angola est le deuxime pays en termes de richesse

    avec approximativement 23 % des recettes futures pr-

    vues. Avec une production en eau profonde qui a dbut

    en 2001, l'Angola verra ses ressources futures dpendre

    plus de ce type d'exploitation que de l'on shore ou de l'eau

    peu profonde. La valeur moyenne attendue sur la priode

    2002-2019 par PFC Energy est de 94 milliards de dollars

    pour la seule production en offshore profond. La produc-

    tion en eau peu profonde est suppose dcrotre et savaleur tomber d'une moyenne de 4-6 milliards de dollars

    en 2004 3-4,5 en 2010. Le volume total des rserves

    dcouvert ce jour en Angola est approximativement de

    23 milliards de barils dont 5 milliards ont, d'ores et dj,

    t extraits.

    Au Tchad, la production du bassin enclav de Doba est

    dsormais effective avec la construction du pipe-line

    Tchad-Cameroun. L'exploitation par Exxon-Mobil devrait

    dgager, selon PFC Energy, des recettes fiscales hauteur

    de 3,8 milliards de dollars sur la priode 2002-2029. Levolume total des rserves prouves au Tchad, de 1 milliard

    de barils, est relativement modeste.

    La Guine quatoriale, sur la base des dcouvertes

    actuelles, devrait maintenir un niveau stable de production

    offshore durant toute la dcade et recevoir environ 10 mil-

    liards de dollars d'ici 2010, puis 5,8 milliards de dollars

    supplmentaires d'ici 2019. Ces projections de PFC

    Energy ne tiennent pas compte des revenus potentiels

    d'un projet de gaz naturel liqufi (LNG) envisag. Le volu-

    me total des rserves dcouvert ce jour en Guine qua-

    Situation et volution de la production ptrolire en ASS

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 12

    2002 - 2010 2010 - 2019 2002 - 2019

    IOCS GOVT GOVT TAKE IOCS GOVT GOVT TAKE IOCS GOVT GOVT TAKE

    Nigeria $ 28,026 $ 110,065 80 % $ 26,180 $ 95,011 78 % $ 54,206 $ 205,076 79 %

    Angola $ 28,651 $ 42,623 60 % $ 34,852 $ 51,275 60 % $ 63,504 $ 93,898 60 %

    Eq. Guinea $ 6,361 $ 9,689 60 % $ 4,876 $ 5,647 54 % $ 11,237 $ 15,336 58 %

    Gabon $ 2,989 $ 8,988 75 % $ 1,701 $ 5,095 75 % $ 4,690 $ 14,083 75 %

    Congo $ 3,727 $ 7,333 66 % $ 3,288 $ 6,452 66 % $ 7,015 $ 13,784 66 %

    Chad $ 5,465 $ 2,158 28 % $ 2,953 $ 1,650 36 % $ 8,418 $ 3,808 31 %

    Cameroon $ 784 $ 2,362 75 % $ 442 $ 1,331 75 % $ 1,226 $ 3,693 75 %

    Total $ 76,003 $ 183,218 71 % $ 74,292 $ 166,461 69 % $ 150,296 $ 349,678 70 %

    Source : Mike Rodgers, PFC Energy (millions de dollars courants, hypothse de prix moyen du ptrole 22.5 $/bbl sur la priode,mais variant entre 17 et 27, cf graphique 14).

    Tableau 1. Recettes et profits des acteurs, Golfe de Guine, Afrique centrale

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    13/80

    toriale est approximativement de 1,8 milliard de barils dont

    350 millions de barils ont d'ores et dj t extraits.

    Le Cameroun, qui est l'un des plus anciens pays produc-

    teurs d'Afrique centrale, est sur un profil de production

    dcroissant. Sans dcouverte significative, on assistera

    une rosion des recettes sur les 20 ans venir. Les

    recettes devraient s'lever 2,3 milliards de dollars jus-

    qu'en 2010, puis 1,4 milliard en deuxime priode. Le

    volume total des rserves dcouvert ce jour au

    Cameroun est approximativement de 1,4 milliard de barils

    dont 1,1 milliard a, d'ores et dj, t extrait.

    Le Congo Brazzaville est galement un vieux pays pro-

    ducteur on shore et en eau peu profonde d'Afrique centra-le dont la production de ce type est appele dcliner. Par

    contre, son profil de production va tre dop par l'entre

    en production de dcouvertes en eau profonde, mais il faut

    s'attendre une lente rosion des recettes fiscales dont la

    valeur devrait passer de 7,3 milliards de dollars sur la

    priode 2002-2010 6,5 milliards pour la priode suivante.

    Le volume total des rserves dcouvert ce jour au Congo

    est approximativement de 3,1 milliards de barils dont 1,6

    milliard ont d'ores et dj t extraits.

    Le Gabon est, lui aussi, un pays dont le profil de produc-

    tion devrait dcliner en l'absence de dcouvertes nou-

    velles. Sa production se partage en une production terre

    et une production en mer peu profonde. L'exploration en

    eau profonde n'a connu ce jour qu'un succs limit. Le

    Gabon va connatre une baisse de ses recettes sur la

    priode 2002-2010 et sur la priode suivante avec, selon

    les estimations de PFC Energy, 9 milliards puis 5,1 milliards

    de dollars. Le volume total des rserves, dcouvert ce

    jour au Gabon, est approximativement de 4,5 milliards de

    barils dont 3,1 milliards ont d'ores et dj t extraits.

    Au Soudan, avec un pipe line presque quivalent celui

    amenant le ptrole de Doba au port de Kribi, le Soudan est

    un pays producteur proche du Tchad a bien des gards.

    Nous le citons pour mmoire.

    En Cte d'Ivoire, faible production couvrant cependant la

    consommation intrieure ; trs faible fiscalit, du moins si

    on retient les donnes isoles dans le TOFE.

    2.2.1.2 Les pays frontires et les prospects en ASS

    En Mauritanie, des dcouvertes importantes, une mise en

    exploitation prochaine5.

    A Sao Tom et Principe, des dcouvertes importantes,

    une mise en exploitation prvue pour 2007 dans le cadre

    d'une zone de dveloppement conjointe avec la Rpu-

    blique du Nigeria et sur la base de principes de transparen-

    ce et de gouvernance ayant fait l'objet d'une dclaration

    publique par les prsidents Obasanjo et de Menezes dans

    le cadre de l'Intiative nigriane pour la transparence des

    industries extractives (NEITI-INTIE).

    Au Niger et Mali, des potentialits se confirment. Nous

    citons ces pays pour mmoire.

    2.2.2 La question de la scurit on shore

    D'aprs le Financial Times du 13.07.2004, au Nigeria, des

    miliciens locaux dtournent le ptrole des pipelines, le raf-

    finent et le revendent moins cher aux populations locales.

    Cette rbellion conomique qui agite le golfe du Niger fait

    partie d'un conflit complexe qui souligne l'aggravation de

    la crise affectant les habitants et les compagnies ptro-

    lires de la rgion du Delta. Certains y voient une histoirecomplique faite de pauvret, de criminalit et d'incomp-

    tence politique qui ont amen certains conseillers de la

    Royal Dutch/Shell comparer la situation du Delta celle

    de la Tchtchnie ou de la Colombie.

    Les pertes de Shell et d'autres socits ptrolires exploi-

    tant l'on shore nigrian ont atteint prs de 50 % de leur

    capacit de production terre en 2003 et au premier

    Situation et volution de la production ptrolire en ASS

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 13

    5 Et un modle de contrat de partage de production d'ores et

    dj disponible sur le site Internet du ministre des Finances.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    14/80

    semestre 2004. Cela ne peut plus tre occult dans les cal-

    culs conomiques des compagnies et risque d'affecter les

    flux d'investissements.

    La pauvret endmique dans le golfe de Guine, attise par

    l'ampleur des revenus issus du ptrole et sa non-redistribu-

    tion la population, pourrait amener terme un rejet crois-

    sant de l'exploitation ptrolire. Jusqu'ici la production off-

    shore avait t pargne : pendant les annes de troubles et

    de guerre civile que le Congo a connues par exemple, la

    croissance du PIB ptrolier et des investissements en mer a

    continu. L'conomie ptrolire n'a en rien t atteinte. Il en

    a t de mme en Angola, dans un contexte gopolitique

    diffrent.

    L'attaque de plusieurs plate formes ptrolires au Nigeria

    sonne comme la fin d'une poque : ce n'est plus seule-

    ment une population que les socits ptrolires devront

    affronter, mais des organisations maffieuses efficaces qu'il

    risque d'tre coteux et difficile de combattre.

    Situation et volution de la production ptrolire en ASS

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 14

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    15/80

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 15

    3.1.1 La rente ptrolire et son partage6

    L'intensit des tensions lies au ptrole s'explique en par-ticulier par l'ampleur des revenus que gnre son exploita-

    tion, que l'on a coutume de rassembler sous l'appellation

    de rente ptrolire . Ce terme gnrique ne doit cepen-

    dant pas masquer la grande htrognit de ces revenus,

    du point de vue de l'analyse conomique.

    Du ct des producteurs, la forte dispersion des cots

    de production est l'origine des phnomnes de rente. En

    effet, pour s'en tenir aux cots techniques de production,

    c'est--dire la somme des cots d'exploration, de dve-loppement et d'extraction, l'ventail va d'un peu plus de 2

    $/baril en Irak 10 $/b en mer du Nord, voire plus de 14

    $/b pour certains gisements off shore aux Etats-Unis. Dans

    la mesure o un seul gisement ne suffit pas satisfaire la

    demande mondiale, la thorie conomique, dans la ligne

    des analyses classiques de Ricardo, prvoit l'apparition

    d'une rente minire au profit des producteurs bnficiant

    des cots les moins levs. Le prix est en effet thorique-

    ment gal au cot du gisement marginal dont la mise en

    exploitation est ncessaire pour satisfaire la demande :pour chaque gisement bnficiant d'un cot de production

    infrieur, la rente est gale l'cart entre le prix et son

    propre cot de production. Cette rente diffrentielle est

    donc lie une spcificit fondamentale des industries

    minires, savoir la non-reproductibilit l'identique des

    conditions de production, dans la mesure o celles-ci

    dpendent des caractristiques et de la localisation de la

    ressource naturelle qu'il s'agit d'extraire.Bien qu'elle en reprsente la majeure partie, la rente mini-

    restricto sensu n'est cependant pas la seule composante

    de la rente diffrentielle totale. En effet, tous les caractres

    physiques de la ressource sont susceptibles d'engendrer

    des diffrences de cots qui bnficient alors, pour un prix

    donn, aux gisements qui jouissent des conditions les plus

    favorables (et psent, rciproquement, sur la rente des

    autres producteurs). On peut ainsi mettre en vidence

    l'existence :

    de rentes de qualit, lies aux diffrences dans la com-position chimique des bruts extraits : celle-ci est en effet

    extrmement htrogne selon les gisements, s'agissant

    notamment de la densit (mesure par le degr API*) et du

    contenu en soufre. La demande actuelle de produits raffi-

    ns traduit l'importance de la consommation d'essence et

    de produits lgers similaires ainsi que le poids des normes

    environnementales concernant la dsulfuration. Les bruts

    les plus lgers et faible contenu en soufre sont donc

    favoriss, ce qui se traduit concrtement par l'existence de

    diffrentiels de prix mesurs partir des bruts de rfren-ce, les bruts de moindre qualit subissant une dcote ;

    de rentes de position, lies pour un march de consom-

    mation donn au cot de transport. Pour les gisements qui

    ont un accs direct la mer, cet lment est peu discrimi-

    nant (par opposition notamment au gaz naturel), les cots

    de transport par tanker tant relativement faibles (1 2 $/b

    en moyenne) ; en revanche, il peut devenir trs pnalisant

    dans le cas de ressources enclaves et loignes des

    grands centres de consommation, comme celles de la

    Caspienne, du Tchad ou du Soudan.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    6 Extrait de l'excellente tude sur les Problmes gopolitiques lis la production et aux changes de ptrole, Promotion Copernic,

    ENA,

    3.1 Rflexions sur les rgimes fiscaux ptroliers

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    16/80

    Au-del, l'analyse en termes de rentes diffrentielles ne

    suffit pas rendre compte de la situation actuelle du mar-

    ch ptrolier. Ce sont en effet les pays disposant des

    rserves les plus leves (i.e. ceux du Moyen-Orient) quibnficient aussi des cots de production les plus faibles.

    La logique conomique aurait donc voulu qu' l'chelle

    mondiale les investissements en exploration et production

    fussent concentres dans ces pays ; leur production aurait

    alors vinc (par une pression la baisse sur les prix) les

    gisements les plus coteux et la part de l'OPEP dans la

    production mondiale serait bien suprieure ce qu'elle est

    actuellement. Cependant, partir du dbut des annes

    1970, la fermeture de l'amont de ces pays aux investisse-

    ments trangers et la mise en place de quotas de produc-tion limitatifs par l'OPEP ont eu pour consquence de

    rduire artificiellement la part de ces gisements bas

    cot dans la production mondiale. L'augmentation du prix

    qui en est rsulte a rendu possible la mise en exploitation

    de gisements cots plus levs (les pays consomma-

    teurs tant du reste disposs payer davantage pour pou-

    voir diversifier leurs approvisionnements et bnficier de

    l'effet stabilisateur des surcapacits). Le march ptrolier

    fonctionne donc rebours de la logique ricardienne : cesont les pays faible cot de production de l'OPEP (et

    notamment l'Arabie Saoudite) qui tiennent le march, et

    non les producteurs marginaux. Les mouvements de prix

    dtermins par le producteur d'appoint (swing producer),

    qui sont d'autant plus forts que la demande est peu las-

    tique, incitent les producteurs cot lev entrer ou

    sortir du march : le cot marginal a donc tendance sur le

    moyen terme s'galiser au prix, et non l'inverse. Aux

    rentes diffrentielles vient donc s'ajouter une rente de

    monopole , lie la raret artificielle cre par la politiquedes producteurs faible cot.

    Du ct des consommateurs, il est prfrable de parler

    de surplus (au sens de gains l'change que l'analyse

    conomique attribue ce terme) plutt que de rente.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 16

    Tableau 2. Dcomposition de la valeur du baril composite de produits raffins dans l'OCDE

    Source : OPEC Oil Bulletin.

    PAYS PRIX DU BRUT PRIX DES TAXES MARGE INDUSTRIELLE PRIX DE MARCH DU BARILCOMPOSITE

    1998 2002 1998 2002 1998 2002 1998 2002

    Etats-Unis 12,0 23,9 13,5 15,1 14,4 16,4 39,9 55,3

    Allemagne 12,4 26,0 52,7 57,4 17,9 12,6 83,0 96,1

    France 12,4 26,6 74,1 64,5 15,7 19,8 102,2 110,8

    Royaume Uni 12,6 26,1 89,6 90,9 29,4 27,0 131,7 144,0

    Union europenne 12,4 24,5 64,2 58,2 18,0 15,2 94,5 97,9

    PAYS PRIX DU BRUT PRIX DES TAXES MARGE INDUSTRIELLEPRIX DE MARCH DU BARIL

    COMPOSITE

    1998 2002 1998 2002 1998 2002 1998 2002

    Etats-Unis 30 % 43 % 34 % 27 % 36 % 30 % 100 % 100 %

    Allemagne 15 % 27 % 63 % 60 % 22 % 13 % 100 % 100 %

    France 12 % 24 % 73 % 58 % 15 % 18 % 100 % 100 %

    Royaume Uni 10 % 18 % 68 % 63 % 22 % 19 % 100 % 100 %

    Union europenne 13 % 25 % 68 % 59 % 19 % 16 % 100 % 100 %

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    17/80

    L'ampleur de ce surplus rsulte des prfrences des

    consommateurs (et notamment de la faible lasticit-prix

    de la demande). Il comporte une part absolue et une

    part diffrentielle (par rapport aux autres sources d'nergie,

    dans la limite des marges de substitution). Trop souvent

    nglig par l'analyse car en grande partie subjectif, ce sur-

    plus n'en fait pas moins l'objet d'un partage, opr en par-

    ticulier par la fiscalit sur les produits ptroliers destins

    la consommation, qui reprsente en moyenne prs de 50%de la valeur du baril composite dans l'OCDE, avec de

    fortes variations selon les pays.

    Par exemple, en France, la TIPP a rapport 163,948 mil-

    liards de francs en 1999 (25 milliards d'euros), auxquels il

    convient d'ajouter 37,664 milliards de francs de TVA nette

    sur les produits ptroliers (5,7 milliards d'euros) : la France

    a ainsi pu avoir, certaines annes, davantage de revenus

    ptroliers que l'Arabie saoudite. Si l'on met en rapport ce

    poids de la fiscalit sur les produits ptroliers avec la part

    dsormais prpondrante des Etats producteurs dans lepartage de la rente la production, on doit conclure que le

    revenu ptrolier est plus que jamais contrl par les Etats.

    Ce point mrite d'tre rappel et met quelque peu en

    dfaut la thse des partisans d'une politique librale dont

    la justification ultime est la baisse des prix destins aux

    consommateurs, dont on dtaille ci-aprs la pense et

    l'action.

    3.1.2 L'histoire : fiscalit ptrolire, culture

    et mondialisation 7

    La fiscalit considre ici est la fiscalit de l'amont ptro-

    lier, c'est--dire la fiscalit de la recherche et de l'extrac-

    tion d'hydrocarbures, en excluant l'aval, le raffinage et la

    distribution qui lui sont pourtant intimement lis. Suivant

    les pays, les rgions et les poques, elle peut bnficier

    directement aux municipalits ou aux administrations pro-

    vinciales ou rgionales seules, ou en association l'Etat

    central, ou enfin exclusivement ce dernier. Quoi qu'il en

    soit, une compagnie ptrolire, pour tre autorise pros-

    pecter dans un primtre donn et y exploiter les rser-

    voirs et ressources naturelles qui pourraient y tre dcou-

    vertes, doit d'une manire ou d'une autre entrer dans unerelation contractuelle lgale avec le propritaire de cette

    ressource naturelle. Cette relation contractuelle, qu'il

    s'agisse d'une licence, d'une concession, d'un affermage,

    d'un contrat de service ou de partage de production ou de

    profit, comprend en gnral, outre les impts, taxes et

    redevances, des paiements spcifiques et de nombreuses

    autres conditions. On peut considrer que c'est cet

    ensemble de conditions qui constitue le rgime fiscal du

    primtre considr, mme si la proprit de la ressource

    naturelle est purement prive, car du point de vue du licen-ci, du concessionnaire ou du fermier, c'est le paiement

    total qui importe, qu'il soit d l'Etat et/ou un propritai-

    re priv.

    La proprit prive des rservoirs subsiste encore aux

    Etats-Unis d'Amrique o la proprit prive de la terre

    s'tend gnralement au sous-sol. Dans le reste du monde

    et, bien sr, dans le domaine public aux Etats-Unis, les

    rservoirs sont trs gnralement un bien public (c'est le

    cas de l'eau par exemple). L'intgration de l'exception

    amricaine dans la rflexion est ncessaire, non seulementdu fait que ce pays a t le berceau de l'industrie ptroli-

    re, mais aussi du point de vue thorique puisque c'est

    autour du corpus de pense amricain et donc de la pro-

    prit prive du sous-sol que s'est initialement dveloppe

    la rflexion thorique sur les rgimes fiscaux du secteur

    ptrolier. Il est clair en effet que l'existence d'un droit rser-

    vataire sur l'exploitation du sous-sol est trs important

    dans le processus de formation des prix et a un effet de

    mark-up.

    Nanmoins les choses peuvent tre diffrentes quand lesressources naturelles sont des biens collectifs. Dans ce

    cas, il y a fondamentalement deux possibilits : dans la

    premire, la collectivit peut autoriser un libre accs la

    ressource : cela bnficierain fine aux consommateurs par

    le biais de prix moins levs. Dans la deuxime, l'inver-

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 17

    7 On s'inspire largement, dans ce paragraphe, des rflexions deBernard Mommer (Oil Prices and Fiscal Regimes, Oxford Institutefor Energy Studies, May 1999). B. Mommer a galement publi :Fiscal Regimes and Oil Revenues: Alaska, the UK and Venezuela.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    18/80

    se, l'Etat ou la collectivit agiront comme un propritaire

    priv : les pays principalement exportateurs de matires

    premires minrales, et plus particulirement ceux en

    dveloppement, sont videmment intresss percevoirde tels revenus, qui peuvent reprsenter une part trs

    importante de leurs ressources, qui plus est en devises

    trangres.

    Du fait de cette distinction, les rgimes fiscaux ptroliers

    peuvent tre diviss en deux catgories. La premire peut

    tre appele librale et la deuxime rentire. Avec un

    rgime fiscal libral, le taux marginal de pression fiscale

    est nul, le taux moyen est faible. L'Etat taxe seulement les

    profits exceptionnels en prenant garde ne pas dcoura-

    ger le flux libre des investissements. Toutes les rglemen-tations constitutives de ce mode de fiscalit pointent la

    mme direction : aboutir aux prix les plus bas possibles et,

    pour ce faire, favoriser la coopration entre diffrents op-

    rateurs suivant la nature des champs ptroliers et de la

    gologie, tout en stimulant la comptition entre les compa-

    gnies sur un march ouvert.

    A l'inverse, les rgimes fiscaux rentiers sont caractriss

    par un taux de taxation marginal positif (par exemple une

    redevance proportionnelle due sur la production, que des

    profits soient dgags ou non) et un taux moyen lev, cequi limite le flux des investissements. La rglementation

    peut chercher galement favoriser l'efficacit des inves-

    tissements et la productivit mais, fondamentalement, le

    but est de collecter la rente la plus leve possible et non

    d'obtenir des prix bas. Pour atteindre un tel objectif, l'exis-

    tence d'une compagnie nationale peut fournir une aide

    apprciable (si le degr de maturit de la socit le per-

    met). En tant qu'oprateur industriel, elle permet aux Etats

    propritaires de tisser des relations contractuelles com-

    plexes avec les compagnies ptrolires prives et, parexemple, d'utiliser celles-ci en tant que fournisseurs de

    service, produisant du ptrole pour le compte de la com-

    pagnie nationale et non pour leur compte propre. Dans ce

    cas, c'est la socit nationale et,in fine, l'Etat qui dcident

    des prix et des quantits.

    En comparant les rgimes fiscaux libraux et rentiers, deux

    cas apparaissent aux deux extrmits du spectre : le pre-

    mier est un rgime libral radical o il n'y a pas de propri-

    taires et o les compagnies ptrolires font face directe-

    ment aux consommateurs ; le deuxime rgime, rentier

    radical, o les compagnies n'ont aucun droit et o ce sont

    les propritaires qui font face au march.

    Comme le montre le graphique 6, l'Irlande, les Etats-Unis

    (en eau profonde) et le Royaume Uni8 ont une fiscalitptrolire librale radicale, tandis qu' l'oppos les pays de

    l'OPEP ont une fiscalit rentire radicale. Entre les deux, il y

    a tout l'ventail des possibles. Que techniquement les sys-

    tmes fiscaux prennent la forme d'un impt sur les bn-

    fices associ une redevance, d'un contrat de partage de

    production ou d'un contrat de service importe peu, c'est le

    prlvement total rel de l'Etat qui fait la diffrence.

    Au del de ces deux modles, la situation actuelle s'ex-

    plique aussi par des raisons historiques. Durant les six pre-

    mires dcennies du XXme sicle, le rgime fiscal desEtats-Unis s'est dvelopp comme la rfrence mondiale

    en la matire. Ce rgime est mixte car il contrebalance le

    principe de proprit prive des ressources minrales (le

    domaine public aux Etats-Unis n'tait pas concd initiale-

    ment mais afferm sur le modle du fermage priv, de l'af-

    fermage dirait-on aujourd'hui). Puis les choses ont volu,

    les concessions aux socits ptrolires se sont gnrali-

    ses. Ce modle fiscal fut adopt dans la majorit des pays

    en dveloppement (et en zone franc, ceci prs qu'un droit

    minier la franaise le nuanait, ou que Lyautey, auMaroc, pour viter l'appropriation par des socits tran-

    gres, crait une Socit nationale des phosphates).

    L'usage qui en fut fait, dans un contexte gnral de rapport

    de force ingal entre l'Etat dont tait originaire la compa-

    gnie et le pays dans lequel elle oprait, donna cette fisca-

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 18

    8 Notons que celui-ci part d'une position plus radicale encore dansce domaine et vient tout rcemment d'lever la pressionfiscale sur les socits ptrolires de 30 40% ( la fiscalit commune de 30 % de l'impt sur le bnfice s'ajoute depuis2003 une surtaxe ptrolire de 10 %).

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    19/80

    lit un caractre lonin avr, mettant la production de

    ptrole sous le contrle total des compagnies trangres

    possdant la fois les capitaux et la technologie et procu-

    rant l'investisseur un haut degr de scurit juridique

    grce au principe dit des droits acquis .

    Dans un deuxime temps, le mouvement de dcolonisa-

    tion de l'aprs-guerre, consacrant la souverainet nationa-

    le des nouveaux Etats, a mis au premier plan leur droit de

    disposer librement de leurs ressources. Avec la fondation

    de l'OPEP en 1960, un ensemble d'Etats adoptait une fis-

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 19

    Graphique 6. Taux de Prlvement de l'Etat (Government Takes Levels), monde

    Source : Johnston (d'aprs D.Johnston & Co).

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    20/80

    calit rentire radicale remettant en cause les anciens

    contrats de concession pour culminer avec les nationalisa-

    tions des annes 1970. Dans la zone OPEP, les compa-

    gnies ptrolires internationales ne sont plus concession-naires, mais deviennent des fournisseurs de services de

    production ptrolire et de simples acheteurs de brut.

    Cette volution radicale de l'OPEP, double d'un compor-

    tement de monopole, suscita en raction une rponse lib-

    rale radicale dans les pays consommateurs de ptrole.

    Grce une gestion efficiente de leurs propres ressources

    ptrolires couple une fiscalit librale incitative, ceux-

    ci russirent maximiser la production non OPEP. Le plus

    bel exemple russi de rponse librale est, pour de nom-

    breux observateurs, la politique mise en uvre parMargaret Thatcher9 en Mer du Nord.

    Dans les annes 1980-1990, la politique librale n'est pas

    reste confine aux pays ptroliers du Nord et s'est ten-

    due au monde en dveloppement et mme des pays

    OPEP. Un lment majeur de cette extension est la fin de

    l'Union sovitique avec, pour consquence, l'entre du

    secteur ptrolier russe dans un cadre de travail libralis.

    Dans les pays d'Afrique au Sud du Sahara, de nouveaux

    contrats de partage de production,a prioriplus conformes

    l'idologie librale10, se sont largement rpandus sousl'impulsion des compagnies et des institutions de Bretton

    Woods. Globalement la fiscalit a diminu, la production a

    stagn dans les pays qui gardaient une fiscalit rentire

    leve (Nigeria, Cameroun) et s'est au contraire accrue

    dans des pays fiscalit moins lourde : une certaine forme

    de concurrence fiscale semble apparatre entre les Etats,

    bien qu'elle soit difficile observer du fait de l'opacit des

    contrats, de la fiscalit extrabudgtaire, mais aussi de la

    concurrence entre compagnies ptrolires qui les amne

    surenchrir les unes sur les autres.Certains ont pu croire que la poursuite de ce courant lib-

    ral devait amener long terme une diminution du prix du

    ptrole (croyance particulirement accentue au lende-

    main de la forte baisse des prix de 1998-1999). Mais un

    autre phnomne est l'uvre, qui a un effet inverse. Ce

    phnomne est d'ailleurs sensible depuis plus d'unedcennie et on peut se demander si la plus belle dcision

    apparemment russie de la politique librale, la baisse de

    la taxation ptrolire en mer du Nord, n'aurait pas d, en

    tout tat de cause, tre prise mme avec une idologie

    rentire, si on voulait exploiter les gisements du plateau

    continental du Royaume-Uni. En effet l'exploitation offsho-

    re, et plus particulirement en offshore profond, tant

    beaucoup plus coteuse et risque qu' terre, la marge

    brute d'exploitation et son partage entre les oprateurs et

    l'Etat en sont diminus d'autant. Pour exploiter la mer du

    Nord, il fallait de toute faon baisser la fiscalit y affrent.

    Le dpassement du pic de Hubert aux Etats-Unis dans les

    annes 1980, la raret croissante des rserves d'hydrocar-

    bures amenant explorer des rgions plus difficiles malgr

    les avances technologiques permanentes tirent les cots

    de la recherche/exploitation ptrolire la hausse

    terme et donc aussi les prix du ptrole.Entre les deux effets, l'un de baisse des prix du fait de l'ex-

    tension d'une politique librale de baisse de la taxation,

    l'autre de croissance des prix du fait de l'inflation des cots,

    on ne sait qui va l'emporter, indpendamment du fait qu'un

    acteur pouvant agir puissamment sur les prix reste prsent

    dans la partie : l'OPEP (voir graphique 7). Une chose reste

    probable cependant : que les prix montent ou baissent

    moyen terme, la part revenant l'Etat producteur dans l'ex-

    ploitation ptrolire devrait, elle, diminuer.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 20

    9 Un certain europano-centrisme nous fait citer en premier cettegrande initiatrice de l'extension de la politique librale l'ensembledu monde, mais il faut ici aussi citer, si on en crois P. Nol, RonaldReagan et la politique de production amricaine du bien publicglobal scurit nergtique (Ramses, 2005).

    10 Bien que, rptons-le, c'est le niveau absolu du taux fiscaleffectif qui caractrise l'aspect libral ou rentier d'un contrat,et non sa forme juridique.

    Graphique 7. Evolution de la part de march de l'OPEP dans l'ensemble du

    march mondial, et prvisions

    Source : AIE, Pierre Noel, CFE, IFRI, RAMSES 2005.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    21/80

    3.2.1 Dfinitions des termes, problmes

    macroconomiques et statistiques d'estimation

    Les considrations prcdentes taient largement tho-

    riques et s'appuyaient sur des concepts gnraux de

    cot et de prix. Un des intrts de la macroconomie

    quantitative, dans sa dimension statistique, est de mesurer

    autant que possible les concepts. En l'occurrence, dans le

    cadre des rflexions sur le ptrole, qu'est-ce qu'un cotd'extraction du baril de ptrole ? Et de quels prix du ptro-

    le parle-t-on ? Ces points prciss, comment, ensuite,

    aborder la question de la mesure de la fiscalit ptrolire

    d'un pays, son volution dans le temps et les comparai-

    sons avec les autres pays ?

    Cot technique d'extraction d'un baril de ptrole

    On trouve parfois dans la littrature des cots techniques

    de production d'un baril de brut suivant les rgions de

    production, dont il est difficile de dfinir le primtre :

    incluent-ils le cot de la recherche, du dveloppement ?

    De quel type de recherche ? Cela comprend-il les puits

    secs creuss cette anne-l, dans la mme rgion, le

    mme bloc ou dans une autre rgion du mme pays ? et

    les dpenses centrales et non rparties des compagnies ?

    L'intervalle de temps de la mesure est lui-mme ambigu :

    parle-t-on du cot technique d'un champ une anne don-

    ne (mais alors, ses caractristiques varient considrable-ment suivant l'anne de la mesure et suivant la dure sur

    laquelle sont amorties les diverses composantes des

    investissements de recherche et dveloppement), ou envi-

    sage-t-on la totalit de la dure de vie des champs ptro-

    liers ? Dans ce dernier cas, cela signifie que l'on se livre au

    calcul de comptable prvisionniste qui consiste valuer

    les dpenses d'investissement et de fonctionnement rali-

    ses (en cours et prvues) pour un champ donn rappor-

    tes au cumul des quantits extraites et qu'il est prvu

    d'extraire sur toute la dure rentable de la vie du champ.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 21

    Graphique 8. Histoire longue du prix rel du ptrole

    Source : BP Amoco complt par nos soins (dollar constant de 1998-2004).

    3.2 Une volution la baisse de la fiscalit ptrolire en ASS ?

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    22/80

    Puis enfin, pour une rgion ou un pays donn(e), on calcu-

    le la somme pondre de ces divers cots techniques. Le

    problme, on le voit, est complexe.

    En ce qui concerne la zone franc, on doit esprer que lesrunions de comptables nationaux autour du thme des

    Comptes satellites du secteur ptrolier proposs en fin

    de cette tude permettront d'aboutir un calcul satisfai-

    sant. L'utilisation brutale des comptes nationaux actuels

    pour les annes 1998 ou 1999 quand ils sont disponibles

    donne en effet des rsultats surprenants.

    En gardant en mmoire les incertitudes signales ci-des-

    sus, on observera avec intrt le graphique 9 prsentant

    un ventail mondial des cots pour l'anne 1999. On

    observe un relatif accord entre les sources, un facteur mul-

    tiplicatif de 1 5 ou 7 entre l'OPEP on shore et la rgion la

    plus chre (la Russie). L'Afrique (offshore) apparat comme

    une des rgions les plus chres (surtout en matire dedveloppement, nettement moins en matire de recherche,

    si cette distinction est fiable). Par contre, les rsultats du

    Nigeria sont trs comptitifs, quivalents aux autres

    OPEP on shore d'une autre source.

    La mesure des productions

    Cette question, apparemment simple, pose en fait des pro-

    blmes dlicats. Tricher sur la production est d'abord la

    manire la plus simple de frauder pour les compagnies

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 22

    Graphique 9. Cot technique d'un baril de brut suivant diffrentes sources en 1999 ($ par bbl)

    (a) Cot total nv (non ventil) :

    The Economist, Vol. 350, 1999 ;

    (b) Ystein Noreng, Les stratgies

    des compagnies d'Europe du

    Nord, donnes de 1999 ;

    (c) Les Echos, 6/9/04.

    Source : ADL 1999, Long Term Outlook.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    23/80

    ptrolires, mais aussi de masquer leur production relle

    pour les Etats, que ce soit pour cacher des recettes extra-

    budgtaires ou pour respecter formellement des quotas de

    production dcids par un groupement d'Etats (l'OPEP parexemple). Souvent en Afrique de l'Ouest, les services fis-

    caux installent et entretiennent leurs propres compteurs

    volumtriques aux points d'embarquements. Il est clair

    que c'est ce niveau que se situent les fondements de la

    transparence et qu'une opration comme l'EITI-ITIE n'a de

    sens que si, au-del de la publication des sommes payes

    par les compagnies, les vraies quantits extraites sont

    galement connues.

    Les prix internationaux du marchCe rapport suppose connu du lecteur le problme de diff-

    rence de qualit des bruts entranant des diffrences de

    prix sur le march international (brent, WTI, Arabian light) et

    une dcote par rapport un brut choisi comme rfrence,

    ainsi que les questions de vente au comptant ou terme,

    fab ou caf (le fret est estim en gnral 1-2$ par baril)

    un point de livraison ou d'embarquement donn.

    Du point de vue de la transparence statistique et macro-

    conomique, deux points mritent d'tre souligns :

    L'volution rcente de la dcote de certains bruts

    En ce qui concerne la dcote actuellement observe en

    zone franc, videmment variable suivant les pays (et pour

    un pays donn suivant l'volution relative des qualitsextraites) et suivant les annes, les estimations du modle

    Jumbo indiques dans le tableau 3 ci-dessous.

    On notera que, contrairement ce qui avait t constat

    sur la priode 1993-1998 o la dcote variait quasi propor-

    tionnellement avec le prix, reprsentant un pourcentage

    fixe de celui-ci (c'est ainsi que la dcote avait t mod-

    lise en projection dans Jumbo), la priode rcente se

    caractrise par une quasi constance de la dcote, et par-

    fois par une baisse, par rapport des priodes de prix plus

    bas, 1999 par exemple. Cela pourrait tre le signe d'uneplus grande transparence.

    La calcul de cette dcote Jumbo rsulte en fait du tra-

    vail ex-post du projectionniste lors de l'intgration dans le

    modle des rsultats constats ou estims sur le pass

    en tonnage et en valeur courante nationale, pour la pro-

    duction, les exportations et la consommation intrieure. Ce

    travail est ralis partir des diffrentes statistiques

    publiques disponibles (douanes, impts, hydrocarbures,

    IBW). Si l'on nglige les ventes termes (ou plus prcis-

    ment, leurs variations d'une anne sur l'autre), la rgula-rit de la production et des exportations ptrolires vite

    ces calculs les dlicats problmes de variations de

    stocks (sauf pour certaines cargaisons ) et celui plus dif-

    ficile encore des variations mensuelles du change CFA/$

    pouvant contrarier les mouvements de prix.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 23

    1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    WEO (1/3 Brent, Dubai, WTI) 19,3 13,1 18,0 28,2 24,3 25,0 29,0

    Congo 15,4 12,9 14,6 23,6 23,1 24,0 27,8

    Gabon 17,9 11,1 17,2 27,2 22,8 24,1 27,9

    Guine Equatoriale 18,8 12,6 17,7 27,7 23,8 24,7 28,5

    Cameroun 17,6 11,8 16,5 25,8 22,2 23,1 27,0

    Dcote Congo 3,9 0,2 3,4 4,7 1,2 1,0 1,2

    Dcote Gabon 1,3 2,0 0,8 1,0 1,5 0,9 1,1

    Dcote Guine quatoriale 0,5 0,5 0,3 0,6 0,5 0,2 0,5

    Dcote Cameroun 1,7 1,3 1,4 2,4 2,1 1,9 2,0

    Source : Jumbo.

    Tableau 3. Dcote des bruts en zone franc par rapport au panier WEO

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    24/80

    La dcote est un lment qui peut tre utilis par les Etats

    ptroliers, aprs les quantits, pour masquer une partie

    des recettes ptrolires. De mme, elle fait constamment

    l'objet de discussions entre les compagnies et l'Etat, d'oces multiples commissions, mixtes ou non, pour tablir

    mensuellement ou trimestriellement un prix post pour

    les diffrentes catgories de brut , i.e. une valeur fiscale

    mercuriale de rfrence ; d'o galement l'intrt a priori

    pour un Etat ptrolier de disposer d'une compagnie natio-

    nale susceptible de vendre elle-mme le brut et de

    connatre la vraie dcote du march (sauf, comme cela

    fut le cas au Congo, obtenir avec cette compagnie, une

    dcote beaucoup plus grande du fait de son inexprience).

    Les prvisions de prix

    On ne saurait en terminer avec la question des prix inter-

    nationaux du ptrole sans aborder le dlicat problme de

    la prvision des prix internationaux du ptrole et des

    erreurs systmatiques et continment renouveles perp-

    tres pendant des annes par les prvisionnistes, qui,

    selon certains, n'ont pas t sans consquences sur la

    recherche et le dveloppement et ont peut-tre entran un

    certain surinvestissement dans le secteur. Le graphique 10

    est particulirement loquent cet gard.

    Pression fiscale, part de l'Etat et Government Take

    Les ressources financires nettes qu'un Etat peut esprer

    obtenir via l'exploitation ptrolire ressortent de six cat-

    gories diffrentes :

    les bonus (de signature, de dcouverte, de mise en pro-

    duction, de seuils) ;

    les redevances proportionnelles et les royalties lies la

    production, la superficie etc. et qui sont dues, en tout tat

    de cause, que l'exploitation soit bnficiaire ou non ;

    les taxes et lments divers assis sur les profits (impt

    sur le bnfice des socits ordinaire et ventuellementspcial, partage du profit oil, dividendes, parts d'actionnai-

    re et revenus des participations dans les socits ptro-

    lires nationales et internationales) ;

    les revenus indirects (droits de douane, impts sur les

    salaires, autres impts indirects, la parafiscalit : scurit

    sociale, crypto-taxes comme la PID (Provision pour inves-

    tissements diversifis), les frais de formation) ;

    les cessions d'actifs et de participations ;

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 24

    Graphique 10. Les prvisions de prix du ptrole et les ralisations

    Source : Reprendre les indications portes sur loriginal

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    25/80

    enfin, en dduction des sommes prcdentes, il faut tenir

    compte des subventions verses et autres versements

    effectus suite des appels de fonds et des participa-

    tions aux travaux.

    Dans les TOFE tablis par le FMI, les catgories 1 3

    apparaissent gnralement en recettes ptrolires , la

    catgorie 4 apparat en recettes non ptrolires , la cat-

    gorie 5 en financements en dessous de la ligne, et lacatgorie 6 en dpenses courantes ou d'investisse-

    ments suivant leur nature, avec certains lments de la

    catgorie 4 qui apparaissent la fois en recettes et

    dpenses (PID par exemple) si elles sont dtailles.

    Lapression fiscale apparente ou fiscalit ptrolire rappor-

    te aux exports du modle Jumbo, utilise ci-aprs,

    reprend les catgories 1 3 (recettes ptrolires) thori-

    quement diminues de la partie 611, et les rapporte aux

    exportations en valeur de l'anne : cet indicateur simple et

    robuste permet de mesurer sommairement ce qui restedans le pays du fait de l'exploitation du ptrole. En effet,

    si l'on considre :

    que les salaires sont trs faibles en proportion de l'output

    dans cette industrie, que de plus la part nationale (tra-

    vailleurs nationaux et dpenses sur place des expatris)

    est encore plus faible ;

    que les consommations intermdiaires et autres inputs

    ncessaires au fonctionnement et la R&D sont quasi tota-

    lement imports,

    et que, enfin, le produit des ventes est gr l'extrieur,que les profits demeurent off shore et que seuls sont rapa-

    tris les impts et la part nationale des salaires,

    alors le bnfice pour la collectivit nationale est, en pre-

    mire approximation macroconomique et en ngligeant

    les salaires et les dpenses locales, limit aux impts.

    L'indicateur ci-dessus est donc fort utile tant en volution

    qu'en matire de comparaison internationale.

    Pour autant, cet indicateur peut aussi tre un faux ami : il

    ne s'agit pas d'une pression fiscale au sens propre du

    terme (un taux de fiscalit apparent de 30 % peut corres-

    pondre un taux d'impts sur les bnfices trs lev pour

    peu que des investissements importants aient t effec-

    tus). C'est pourquoi les professionnels du secteur utilisent

    d'autres statistiques pour s'orienter et choisir entrediverses possibilits d'investissements : en particulier le

    Government Take des Amricains, synonyme du fiscal oil

    ou part globale de l'Etat .

    La part globale de l'Etat , ou Government Take pour un

    gisement donn, une concession ou un bloc, est dfinie

    gnralement par la somme non actualise du cash flow

    net revenant l'Etat sur toute la vie commerciale du gise-

    ment rapporte au cash flow net total gnr par l'exploi-

    tation ptrolire (investissements de recherche relatifs au

    gisement, concession ou bloc inclus). Il reprend donc lescatgories 1, 2, 3 et 6 et les rapporte au profit total de

    l'opration. Son complment, la part de la compagnie

    ou Company Take, est l'lment de base permettant le cal-

    cul classique du taux de rendement interne du projet

    pour la compagnie, i.e le taux d'actualisation qui annule la

    valeur actualise nette des flux financiers avec un autofi-

    nancement de 100%.

    Dans les comparaisons internationales, on utilise galement

    une notion un peu plus large que le classique taux de retour

    sur investissement , le taux maximum d'accs de la com-pagnie au revenu brut , pourcentage maximum des revenus

    gnrs par l'exploitation que la compagnie peut librement

    utiliser pour recouvrer ses cots12. Son complment l'uni-

    t, que l'on peut aussi appeler taux minimum de pression

    fiscale apparent pluriannuel , proche de la somme pondre

    des taux apparents utiliss dans Jumbo, est la part mini-

    mum du revenu effectif que peut esprer l'Etat sur la vie du

    projet (supposant ce faisant que l'investisseur sature

    chaque anne ses droits dduction).

    On voit, avec ces derniers concepts, que les questions decomparaison internationale en matire de fiscalit ptroli-

    re sont effectivement traites par le biais des mthodes de

    choix des investissements. Aussi n'est-il pas tonnant de

    voir figurer dans le tableau 4, tabli en mars 2000 d'aprs

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le mondet

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 25

    11 Elle n'est pas connue et n'a pas grand sens en zone franco les socits nationales ptrolires ne reoivent pas de subven-tions. Ce n'est pas le cas au Nigeria, ou aux Emirats,o cet lment est trs important et peut fausser les comparai-sons internationales.

    12Associ ou non une limite suprieure annuelle.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    26/80

    les travaux de MM. Alexander et Johnston, le calcul de laVAN (et mme la probabilit de celle-ci compte tenu des

    chances de succs de la recherche). Ce tableau n'est rien

    d'autre que la gnralisation et l'extension du graphique 6.

    Il montre fondamentalement la comptition fiscale existant

    entre Etats et son apprciation par un filtre multicritre. A

    titre indicatif sont indiqus galement les rsultats d'un

    autre spcialiste amricain, Mike Rodgers, limits la

    seule part de l'Etat pour les pays d'Afrique centrale,

    objet de notre tude. On remarquera l'accord global entre

    les experts13.

    3.2.2 O en est la pression fiscale ptrolire enzone franc ?

    Quel est le taux rel actuel de pression fiscale ? O en est

    rellement l'volution de la pression fiscale ptrolire en

    zone franc ? Une baisse est-elle perceptible depuis un cer-

    tain temps ? Pour quels pays ? Quelles en sont les cons-

    quences pour les recettes venir ?

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 26

    PAYSType

    BonusPart du

    RedevanceLimite

    Ring-fencePression Part du

    VAN (2)VAN

    fiscalit (1) gouvernement sur cots fiscale* gouvernement probable

    millions $ % % % % % millions $ millions $

    Tchad (3) - - - - - - - 28 - -

    RU R + IS - - 0,0 - Non 0,0 31 433 65

    US OCS - Deepwater R + IS 1 - 0,0 - Non 0,0 37 400 59

    Nouvelle Zlande R + IS - - 5,0 - - 5,0 47 322 48

    US OCS - Standard R + IS 3 - 16,7 - Non 16,7 50 299 42

    Gabon - Deepwater CPP 1 5 6,0 77 - 12,8 53 273 41

    France R + IS - - 7,0 - Non 2,0 58 236 35

    Angola (3) - - - 5,0 - - - 60 - -

    Guine Equatoriale (3) - - - - - - - 60 - -

    Namibie R + IS - - 12,5 - - 12,5 61 231 35

    Congo Z CPP 20 12,5 - Non 12,5 67 195 29

    Congo B - Standard R + IS 1 15 12,0 65 - 20,0 70 170 25Congo B (3) - - - - - - -66 - -

    Gabon - Standard CPP 1 10 7,0 65 - 21,0 68 170 25

    Indonsie - Frontier CPP 1 10 0,0 85 - 14,6 74 159 23

    Cameroun (3) - - - - - - - 75 - -

    Libye CPP - 65 0,0 35 - 17,0 82 152 23

    Nigria - Deepwater CPP 30 - 2,0 100 Non 2,0 78 115 8

    Nigria (3) - - - - - - - 80 - -

    Egypte - Standard CPP - - 0,0 35 - 47,0 79 108 15

    Ghana R + IS - 25 10,0 - Non 10,0 77 107 16

    Norvge R + IS - 30 0,0 - Non 0,0 83 68 10

    Indonsie - Standard CPP 1 10 0,0 80 - 5,0 89 56 8

    Malaisie - Standard CPP - 15 10,8 50 - 35,0 86 52 8

    Vnzula 3e Round S/A 10 35 16,7 - - 16,7 93 34 3

    Irak CPP 10 28 0,0 40 - 54,2 93 11 2

    * Taux minimal apparent

    (1) R + IS = Redevance + Impt sur les Bnfices des socits ; CPP = Contrat de Partage de Production, CS = Contrat de Service.

    (2) VAN actualise au taux de 10%.

    (3) Mike Rodgers PFC Energy, Government take des Etats estims pour la priode 2002-2010.

    Source : Alexander et Johnston, Why do business in New Zealand ?, New Zealand Petroleum Conference Proceeding, 19-22 March 2000.Le tableau a t restreint l'Afrique seule avec quelques Etats ptroliers majeurs comme rfrence. Les spcialistes de la zone franc noteront

    avec intrt les spcifications retenues pour la participation de l'Etat en zone franc.

    Tableau 4. Comparaison multicritre des conditions fiscales dans diffrents pays d'Afrique et dans le monde, pour un champ thoriquede 100 millions de barils

    13 A l'exception peut-tre de la Guine quatoriale, non estimepar MM. Alexander et Johnston de manire multicritre pour unchamp de 100 millions de barils mais estime avoir une Partde l'Etat de 45-47% dans le tableau 4.

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    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 27

    1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

    Cameroun 239 169 194 438 338 369 310 306

    Congo 297 138 276 466 465 398 419 515Gabon 644 499 369 815 753 609 585 508

    Guine E. 29 54 62 135 302 363 407 413

    Tchad 0 0 0 0 0 0 8 84

    CEMAC 1209 859 900 1854 1857 1738 1729 1825

    CEMAC hGE 1180 805 839 1719 1555 1376 1322 1412

    Source : 1997-2003 Jumbo, avril 2004 et pour 2004, TOFE FMI les plus rcents disponibles.

    Tableau 5. Recettes ptrolires figurant au TOFE

    Graphique 11. Pression fiscale apparente sur longue priode

    Source : RED FMI 1984-1997, Jumbo 1997-2004.

    Une chose est claire en zone franc : le total des recettes ne

    bouge gure alors que les prix sont levs ou trs levs

    depuis trois ans. Certes dans certains pays la production

    baisse ou stagne, mais la croissance des prix devrait l'em-

    porter .De mme, la pression fiscale apparente (qui tient compte

    du mouvement relatif des recettes et de la production), ins-

    trument utilis pour juger de l'efficacit de la politique fis-

    cale ptrolire, reste-t-elle constante ces dernires annes

    alors que (voir le graphique 11) cette pression fiscale ne

    devrait pas tre constante mais augmenter mcanique-

    ment avec les prix du ptrole. Or elle stagne ou baisse si

    l'on regarde l'histoire longue14, mais surtout, elle n'aug-

    mente pas, au contraire, sur les annes rcentes (sauf,

    lgrement, au Cameroun).

    Le tableau 6 page suivante donne les valeurs ressortant

    sur la priode 1999-2004 du modle Jumbo, en fonction

    des rsultats figurant dans les TOFE FMI pour les annes

    1999-2003 et projets (en avril 2004) pour 2004. A titre

    d'information, le mme taux, estim par le FMI partir dela moyenne de ses projections sur la priode 2002-2006,

    figure dans la dernire colonne. Les rsultats y sont enco-

    re du mme ordre, et mme moins levs (sauf au Gabon

    et au Tchad).

    14 On trouvera une analyse de l'volution historique longue du tauxapparent du graphique 12 dans les publications Jumbo de sep-tembre 2001 et septembre 1999. Le fait que la pression fiscaleapparente au Gabon dpasse 100 % en 1988 ne fait que traduirele dcalage d'une anne qui existait alors entre le recouvrement del'impt sur les socits ptrolires associ une baisse du prix duptrole (de 18.2 14.7 $/b).

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    28/80

    Par ailleurs, si l'on compare les niveaux absolus des fisca-

    lits ptrolire apparentes avec celles de certains autres

    pays d'Afrique (et d'Arabie titre d'information), on cons-

    tate qu'ils sont, l'exception encore du Cameroun, un

    niveau trs infrieur (notons qu'on a pris soin de mener des

    calculs mthodologiquement identiques, sauf pour le

    Nigeria15 o, ne disposant pas d'lments dtaills, nous

    avons retenu les estimations moyennes du FMI au sminai-

    re de Libreville de fvrier 2004). Dans les pays o l'on dis-

    pose de donnes annuelles, la croissance du taux appa-rent avec les prix internationaux est nette entre 2000-2003

    et 1999 (sauf en Algrie), phnomne que l'on n'observe

    pas en zone franc.

    Quelles sont les raisons de cette non-croissance du

    taux de pression fiscale apparent en zone franc ? Et pour-

    quoi les taux diffrent-ils ce point entre les pays et les

    poques ? C'est prcisment l'objet de la modlisation fis-

    cale que nous proposons dans les paragraphes suivant

    afin d'en dmonter quelques mcanismes et d'en dparta-

    ger autant que possible les causes parmi les principales

    que l'on peut identifier :

    la rentabilit relative des gisements, suivant leur taille et

    leur emplacement ;

    la concurrence fiscale entre Etats : pour attirer chez eux

    les investisseurs trangers, ou selon qu'elle provienne de

    la pression des pays du Nord pour imposer une diminution

    de la fiscalit ;

    la nature juridique des contrats utiliss, permettant un

    amortissement plus rapide, et un net dcalage dans le

    temps des recettes fiscales ;

    enfin, la persistance et l'volution des recettes extra-

    budgtaires.

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 28

    1999 2000 2001 2002 2003 2004 MOYENNE 2002-2006

    Cte d'Ivoire 14 13 12 1 6 13

    UEMOA 14 13 12 1 6 13

    Cameroun 45 58 53 64 57 66 51

    Congo 31 29 31 28 33 37 29

    Gabon 32 45 50 40 37 35 47

    Guine Equatoriale 16 17 26 26 27 27 18

    Tchad 6 7 11

    CEMAC 32 37 38 35 34 31

    ZONE FRANC 31 36 38 34 33 30

    Source : 1999-2004 Jumbo; Moyenne 2002-2006 FMI Atelier sur la gestion des recettes ptrolires et la transparence, Libreville, fv. 2004.

    1999 2000 2001 2002 2003 MOYENNE 2002-2006

    Algrie 74 76 71 69 71

    Angola 37 56 52 54 40 55

    Soudan 42 46 44

    Nigeria 88

    Arabie Saoudite 62 81 82 71

    Emirats Arabes Unis 56 70 75 77

    Source : 1999-2003 Art. IV FMI. Moyenne 2002-2006 FMI, Atelier sur la gestion des recettes ptrolires Libreville, fv. 2004.

    Tableau 6. Pression fiscale apparente en zone franc (en pourcentage)

    Tableau 7. Fiscalit ptrolire rapporte aux exports dans des pays ptroliers d'Afrique et du Moyen Orient (en pourcentage)

    15 Le Nigeria, pays pilote de la transparence ptrolire dans lecadre de l'initiative EITI-ITIE avec un engagement personnelimportant du Prsident Obasenjo, a fait l'objet d'tudes prcisesde la part du FMI, mais nous n'avons pu trouver encore les don-nes dtailles permettant de retrancher des recettes ptroliresles subventions verses la socit nationale : subventions dontla non prise en compte gonfle exagrment le taux de pression fis-cale apparent.

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    29/80

    Si, comme nous le croyons, on assiste bien une diminution

    de la pression fiscale en zone franc, la croissance venir de

    la production africaine risque de ne pas se traduire par des

    recettes fiscales plus leves : la ncessit de contrlercelles-ci et d'viter les dperditions est plus importante

    encore. C'est la conclusion laquelle arrive aussi l'quipe

    du FMI qui suit le Nigeria. D'o l'importance de modles fis-

    caux fiables ainsi que de la transparence, l'un paulant

    l'autre. Enfin, la baisse actuelle de la pression fiscale, qui

    s'explique pour partie par l'amortissement rapide des cots

    d'investissements permis par l'extension de l'extraction

    rglemente par des contrats de partage de production, doittre suivie, dans certains cas, par une remonte de la pres-

    sion fiscale et des recettes fiscales (sauf politique dlibre

    de sur-investissement continu des compagnies ptrolires) :

    c'est une ncessit pour le dveloppement de l'ASS.

    Le calcul traditionnel de la fiscalit ptrolire dans la

    maquette Jumbo mrite d'tre dtaill double titre, en

    tant que fiscalit ptrolire tout d'abord, mais galement

    du fait que contrairement aux autres impts modliss

    dans Jumbo (droits de douane, impts indirects, impts

    directs sur les mnages -salaires et autres revenus- et surles socits), c'est le seul type de fiscalit pour laquelle la

    pression fiscale apparente n'est pas suppose fixe en pro-

    jection : dans la maquette on distingue videmment les

    impts sur les produits ptroliers (taxes l'import et la

    pompe), qui concernent tous les pays qu'ils soient produc-

    teurs ou non, et la fiscalit sur le secteur ptrolier (en tant

    que producteur) qui ne concerne que les pays ptroliers

    d'Afrique centrale (et rcemment la Cte d'Ivoire). C'est de

    ce dernier impt dont il est question ici.

    La fiscalit assise sur la production diffre suivant les pays.Au Gabon par exemple, jusqu'en 2003 l'essentiel de la pro-

    duction, et en particulier le champ majeur de Rabi, tait

    tax suivant une fiscalit minire de concession tradi-

    tionnelle16 assise sur deux impts simples, une redevance

    proportionnelle (15-20 %) et un impt sur les bnfices (au

    taux de 73%17). Ds lors, en effet, le taux apparent est une

    fonction linaire par morceaux du rapport entre le cot

    d'extraction et le prix de vente (voir graphique 12).

    En effet, si E est la valeur de la production, A l'ensemble

    des charges fiscalement dductibles (fonctionnement +

    amortissement des investissements dductible), k le taux

    nominal de la redevance et b le taux nominal de l'impt surles bnfices ptroliers, l'impt d, D, s'lve :

    D = k E + b (E-A) (E-A>0) 18

    3. La fiscalit ptrolire et son volution en ASS et dans le monde

    AFD Jumbo Rapport thmatique Ptrole septembre 2004 / 1 29

    3.3 La modlisation de la fiscalit ptrolire

    Graphique 12. Variation du taux de pression fiscale apparent en fiscalit

    traditionnelle

    16 Et inspire de la fiscalit minire franaise.

    17Avec exceptions, certains oprateurs tant taxs un tauxinfrieur.

    18 On adopte ici pour le dernier terme la notation logique avec(E-A>0) = 1 si la relation est vraie, c'est--dire si E>A, et (E-A>0) =0 dans le cas contraire.

    3.3.1 La modlisation de la fiscalit traditionnelle dans les maquettes Jumbo

    (redevance proportionnelle couple un impt sur les bnfices)

  • 8/21/2019 Revenus Ptroliers en Afrique Subsaharienne

    30/80

    et le taux de pression fiscale apparent y est donc, si P est

    la production en baril :

    y = D/E = k + b (1-A/E) (1-A/E>0) =

    k + b (1-(A/P)/(E/P)) (1-A/E>0)

    Soit :

    y = k + b (1-x) (x A, et (E-A>0) =0 dans le cas contraire.

    20 Il en est de mme pour l'impt sur les bnfices dans tous