Revue Le Mouvement Socialiste 1899

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Revista francesa de crítica social, literaria e artistica. A revista jamais ultrapassou 300 exemplares.

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*r%

Le

Mouvement

Socialiste

?o

^LE

fflouYement SocialisteREVUEBI-MENSUELLEINTERNATIONALE

Premire Anne.

Tome

I

ONT PARU DANS CE VOLUME DES ARTICLES DED' .Vi)m:h,

:

Ai.rkht, IIi:nuv Bai i;u Edouahi) liiaiNsKiN, E. Bkhtii Louis Bosqukt, Hibkiit BotuciiN, Paul Bhoussk, E. Bimi': Ettohk Ciccotti, a. Dkwinne, Lon Deshaiks, Paul Dramas A.-Ei;iii>i.NAM) ItivROLi), Paiilo Iglksias, Jean Jauiis, Kaul Kautsky IIlbekt Lauakueli.k, Anto.mo Labuiola, Marcel Laxdrieu, Alb. Lvy Lionel Lani>ry, \V. Liebknecht, Jean Longuet, Rosa Luxemburg Karl Marx, Karl Meyer, Octave Mirbeau, Q. Nofhi E. PopoviTCH, r. Pinardi, W. Quelcii, Albert Richard Rivire, Gabriel Sombart, Louis Rvelin J. G. SoREL, Sorgi:e, D' Sudekum, Thouoroff E. Tharaui), Emile A'andervelde Vlii:(;i;n. Vamuihaik.erexAutiusTii Ukukl,

Max

'5

V"

PA R sI

\

Georges BELLAIS, diteur'

17,

RUE CUJAS^

S99

DCLARATIONexacte ducritique

Le but de cette Revue est de donner une reprsentation mouvement socialiste dans son ensemble. Du

point de vue thorique, elle suivra l'incessant travail de qu'exerce sur elle-mme la pense socialiste, dans la rvision permanente de ses mthodes que lui impose le dveloppement des faits. Du point de vuepratique, elle dcrira les expriences ralises ou tentes par le proltariat dans son activit, et fournira les ren-

seignementsde tous

d'ordre politique,

conomique,

statis-

tique, syndical, coopratif, municipalles jours.telle

qu'exige la lutteet leur

Une

Revue

est ncessaire.

Les grandes publica-

tions socialistes, par leur priodicit lointaine

caractre doctrinal, sont impuissantes retenir toutes les

manifestations thoriques et pratiques du mouvement socialiste. Et le journal quotidien, esclave de l'actualit,

ne peut toujours tirer des faits les enseignements qu'ils comportent. C'est cette place demeure vide entre la grande revue et le journal que nous voulons combler. Il y a encore cette Revue une autre ncessit. Les reprsentations qu'on a donnes jusqu'ici du mouvement dogmatiques et uniont t peut-tre trop souvent latrales. Dogmatiques, car on a fait apparatre parfois le mouvement rel comme une subordination des faits des formules abstraites, et non pas comme l'action des masses ouvrires luttant pour leur mancipation. Unilatrales, en

2

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

ce double sens que, d'une part, on a t port ne tenir compte que du mouvement national et qu'on a pouss le chauvinisme socialiste jusqu' interdire nos camarades de l'extrieur le moindre regard sur notre action intrieure et que, d'autre part, on ne s'est gnralement proccup que de dcrire l'activit de telle ou telle fraction du proltariat organis. De sorte que, pris entre ce dogmatisme et cet unilatralisme, les militants de notre parti ont pu rarement atteindre une notion raliste et une vision d'ensemble du mouvement socialiste. C'est cela mme que nous tendrons leur donner.;

Le but de

cette

Revue

est encore

et surtout

de

fournir les lments de comprhension et de critique du

mouvement

socialiste.;

La

thorie est

moins un systme

n'indique pas l'avance les solutions pratiques, mais elle est le point de dpart qui permet d'y arriver. Donner une notion claire de cette base thorique, fil conducteur de notre activit au milieu deselle

qu'une mthode

phnomnes sociaux, sera notre tchesocialiste varient sur le

essentielle.

D'au-

tant plus que les conceptions qui se partagent la pense

but final de notre mouvement et

sur la tactique suivre pour le raliser. C'est aux principes formuls par Marx et Engels que nous nous rattacherons, ce double point de vue du but final et de latactique.

La socialisation des moyens de production et d'change, but final du mouvement socialiste, est la rsultante de l'volution conomique et la ralisation d'un idal social. Le rgime socialiste sera substitu au rgime capitaliste,parce qu'il est une ncessit conomique et une ncessit morale. Et ce but final, le mouvement socialiste ne peut pas l'envisager ni sous la perspective du dogniatisme ni sous celle de l'empirisme. Les dogmatiques, dans la com-

DECLAHATIOXtemplatioli

Jet

du

but, oublient le

mouvement,

s'imaginent

par une sorte de gnration spontane, fera subitement irruption comme un voleur dans la nuit . Les empiriques, dans la fascination du mouvement, perdent de vue le but, et. dsorients en face de la complexit de la socit capitaliste, s'embourbent dans leur marche ttons et leur rformisme conservateur. Pour nous, aprs avoir pos le but final et en avoir dduit une reprsentation suffisante, qui s'oppose autant une ignorance systmatique qu' une description dil n'y a pas se procuper taille de la socit future, autrement de sa ralisation immdiate ou lointaine. Nous savons qu'il ne deviendra ralit que lorsque seront remplies les conditions ncessaires sa mise en uvre. Et c'est cette conscience des conditions pj^alahles qui nous spai'e du simplisme dogmaticpie, comme notre conception du but en tant que directrice du mouvement nous loigne du rformisme empirique. Le but nous tant indiqu par le dveloppement co-

que

la socit socialiste,

et l'volution morale, c'est du mouvement solui-mme que se dgage la notion de la tactique. C'est la tendance passer, dans la marche au but, de la diversit la synthse qui forme le ressort du mouvecialiste

nomique

ment. Diverses sont les origines historiques des lmentsfoi'mant le proltariat, divers les intrts

momentans

des diflrentes couches de la classe ouvrire, diverses les directions qui se disputent le mouvement ses dbuts, diverses les formes nationales de l'action socialiste. Et pourtant c'est en une forme synthtique que tendent se

fondre ces multiples oppositions. Aussi toute la tactique consiste-t-elle activer cette volution vers l'unit organique. Car c'est dans ce mouvement d'ensemble, o viennent fusionner les formes et les ides contraires, que se prcisent peu peu les conceptions communes du proie-

4tariat.

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

De

sorte

que

c'est

des efforts combins des masses

ouvrires que se dgagent de plus en plus les rgles directrices

du mouvement.

Ces rgles directrices se ramnent exprimentalement aux deux notions suivantes, fondamentales de la lutte de classes. La premire, c'est l'organisation du proltariat en parti conomique et politique de classe, afin de modifier son profit les rapports politiques et Juridiques existants. Organisation conomique, c'est--dire groupement de la classe ouvrire en des institutions conomiques syndicats, coopratives, moyens actuels de dfense et d'attaque, prparation ncessaire l'organisation socialiste, cole d'ducation pratique et de formation administrative. Organisation politique, ce cpii ne veut pas dire l'unique action parlementaire mais ce qui signilie action sur tous les rouages politiques de la socit bourgeoise par le proltariat, au moyen de mandataires fortement

contrls et dirigs par

lui.

La deuxime rgle directrice, c'est la mise en uvre progressive du principe de l'Internationale V mancipa:

tion des

travailleurs doit tre l'uvre des travailleurs

eux-mmes. De plus en plus, mesure que le cercle s'largit, que le mouvement devient un mouvement de masse et non plus de fractions de masses, c'est pour ellemme et par elle-mme qu'agit la classe ouvrire, prenant une conscience croissante de sa personnalit complexe. Leproltariat tend toujours plus sesocialiste, faire

mener lui-mme,

se

librer des individus, et, n'acceptant plus de raison d'Etat

ses

moyenssi

d'action,

en pleine indpendance la critique de chaque moment de son dveloppeest le porteur et le con-

ment.

Maisducteur

le

mouvement ouvrier

du mouvement socialiste, il n'est pas tout le mouvement. Le proltariat ne peut pas ngliger toutes les

DECLARATION

3

forces qui veulent se joindre lui pour briser les cadres

sociaux actuels. Il est le point d'attraction de tous les lments en rvolte contre la socit bourgeoise. Ce n'est cpi'au premier degr que le mouvement socialiste est un mouvement ouvrier il est, au second degr, un mouve:

ment humain. Non seulementdfendet

le proltariat

manciperaprsent,il

l'humanit avec lui, mais encore,sation, et se

dans

le

l'acquit de la culture et les conqutes de la civili-

pose comme le reprsentant des opprims des faibles, quelque classe qu'ils appartiennent.l les ides matresses

de cette Revue. Elle y du mouvement et son apprciation des faits de la vie quotidienne. Mais la fidlit aux principes n'est pas l'exclusivisme. La discussion y trouvera sa place car l'essence de la pense socialiste est le libre examen et la libre critique. Nous inspirant de la mthode raliste de Marx, nous opposerons l'unit des dogmes l'unit des tendances gnrales.

Ce sont

restera fidle, dans sa description

;

LA RDACTION.

L'UNIT SOCIALISTED'un mouvementliste

lent,

mais

irrsistible, le parti socia-

franais s'achemine vers l'unit; et coup sr,

lorsqu'en 1900 se runira Paris le Congrs socialiste international, le socialisme franais sera organis pourfaire accueil au proltariat des deux mondes. Nul, dans notre parti, ne conteste plus la ncessit d'une union plus troite de tous ses lments. Les anciennes organisations

ont rendu et rendent encore des services excellents mais leur effort dispers n'a pas toute l'efficacit possible. Aussi, depuis quelques annes, tous les militants clierclient-ils le moyen d'organiser l'unit d'action. C'est au Parlement d'abord que l'Unit socialiste a trouv un organe. Au lendemain des lections un peu confuses encore, mais puissantes, de 1893 un groupe socialiste fut:

constitu la Chambre. L se l'encontrrent et s'accordrent des reprsentants de presque toutes les organisations. Le Parti ouvrier franais, le Comit rvolutionnaire central, la fraction possibiliste de la nuance de Brousse, les socialistes indpendants qui acceptaient le

communisme, y dlibraient amicasouvenir des longues et pres luttes du pass tait presque aboli. Mais des lments htrognes s'taient glisss aussi dans le groupe. Les anciens boulangistes, les radicaux socialistes qui s'imaginent que le socialisme se rduit quelques dclamations contre les financiers, s'taient mls au parti socialiste proprementcollectivisme ou le

ment

:

le

L UNIT SOCIALISTE

7

dit. En revanche les dputs du Parti ouvrier socialiste rvolutionnaire s'autorisaient de cette bigarrure, de cette confusion pour ne pas prendre place, officiellement, au groupe socialiste. Ils avaient avec lui des relations ami-

mais ils n'y taient pas inscrits. Cette confusion ne pouvait durer et l'union apparente ne pouvait tre achete par une quivoque. La ncessitcales,

apparut de dfinir les principes du parti. Millerand pronona le discours de Saint-Mand et, quelques jours aprs, le groupe socialiste formulait nettement sa doctrine socialisation de la proprit capitaliste, conqute du pouvoir politique par le proltariat organis en partie de classe, union et action internationales des travailleurs. Du coup:

lments boulangistes et pseudo-socialistes taient rejela scission n'est devenue trs apparente au public que dans l'allaire Dreyfus mais elle tait dj accomplie. Le groupe socialiste de la nouvelle Chambre ne compte plus que des socialistes et tous les socialistes de la Chambre, qu'ils appartiennent au Parti ouvrier franais, au Parti socialiste rvolutionnaire, la Fdration des travailleurs socialistes de la Seine, au Parti ouvrier socialiste rvolutionnaire ou aux Indpendants, y sont inscrits. Ainsi l'organe parlementaire de l'unit socialiste est dfinitivement constitu. Mais connne la vie parlementaire ne rsume pas toute la vie, toute l'action du parti socialiste, il est besoin d'une organisation plus vaste qui comprenne toutes les forces du socialisme et rponde toute l'tendue de sa tche. Il est invitable que l'unit, l'alise dans l'ordre parlementaire, s'tende toute l'action du parti. C'est bien ce qu'ont voulu signifier, il y a dix mois, les dix mille socialistes parisiens runis au Tivoli Yaux-Hall. Les organisations y ont reu mandat, sans abdiquer leur autonomie, de chercher une forme d'unit organique et permanente. On neles

ts

:

:

:

8

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

peut dire qu'elles aient abouti encore une formule complteet durable, mais elles s'en rapprochent tous les jours.

Le Comit de vigilance cr il y a trois mois, au moment o de sourdes menes de coup d'tat militaire menaaient la Rpublique, ne pouvait durer. Improvis en vue d'une crise et sous le coup du danger, il comprenait quelques lments libertaires dont le rle dans l'affaire Dreyfus fut excellent, mais qui ne peuvent ni ne veulent entrer dans l'organisation politique du socialisme. De plus des groupements de quartier ou des coalitions accidentelles y tenaient autant de place que les organisations nationalement constitues; enfin, les Indpendants, n'ayant pas d'organisation propre, n'taient reprsents au Comit de vigilance que par ui dtour, comme dlgus des journaux socialistes. Mais ce Comit de vigilance, si prcaire qu'il ft, n'en a pas moins rendu un grand service. En rapprochant un moment toutes les forces socialistes et rvolutionnaires pour une action hors du Parlement, il a complt et agrandi l'unit purement parlementaire du parti. Le proltariat a eu une grande joie de constater en face du pril l'union de tous les militants, et le Comit devigilance ne s'est dissous que pour prparer une organisation plus durable, mieux tudie. Il a invit toutes les organisations nationalement constitues former un Comit permanent d'entente. Celles-ci ont rpondu l'appel etdsmaintenantce Comit existe. Il comprend sept dlgus du Parti ouvrier franais, sept du Parti socialiste rvolutionnaire (ancien Comit rvolutionnaire central), sept de la Fdration des travailleurs socialistes de la Seine (nuance Brousse), enfin sept du Parti ouvrier socialiste rvolutionnaire. Toutes les difficults de dtail ont t rgles dans un esprit trs amical. Ainsi l'Alliance communiste rvolutionnaire, qui reprsentait une sorte de fusion du Co-

L UNIT SOCIALISTE

9

mit rvolutionnaire central et d'lments dissidents du Parti ouvrier socialiste rvolutionnaire, a accept d'tre reprsente au Comit par le Parti socialiste rvolutionnaire. Toute tentative pour majorer par des ddoublements l'influence d'une organisation dtermine est donccarte d'un commun accord. Enfin le Comit a invit tous les socialistes indpendants qui acceptent les trois principes essentiels du socialisme, s'organiser pour

envoyer aussi sept dlgus. Dj deux grands groupements d'Indpendants ont t constitus, et ils vont s'entendre d'ici peu de jours pour dsigner en commun les sept dlgus. On peut donc dire qu' partir du 1 janvier courant le Comit d'entente socialiste est dfinitivement fond. Une comprend que des forces socialistes et il comprend, par dlgations, toutes les forces socialistes. Grand pas vers l'unit Mais ce Comit d'entente, que fera-t-il ? quel sera son rle? quel sera son pouvoir? comment appellera-t-il !

l'action toutes les nergies

du proltariat? Voil le problme que se posent tous ceux qui ne veulent pas queIl serait puril

un vain mot et comme un cadre vide. de dissimuler que les grandes organisations constitues entendent limiter trs troitement son action. Elles ne le considrent pas comme un organisme distinct, ayant sa force propre. Ses dcisions ne peuvent engager les organisations qu'avec le consentement de celles-ci et le Comit ne doit intervenir en rien dans leur fonctionnement. P]t en fait, on ne voit pas comment le Comit d'entente, qui ne procde que des organisations, pourrait se substituer elles. O serait son principe de force et d'autorit? Il en sera ainsi tant qu'un appel direct n'aura pas t adress toutes les forces socialistes, tous les groupements dissmins dans le pays pour que, runis en unl'unit sociale reste:

lO

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

la question se

Congrs national, ils crent vraiment l'unit du parti. Et pose ainsi, trs nettement le Comit d'en:

tente socialiste, tel qu'il est dfini aujourd'hui, est-il le terme du mouvement d'unit? ou, au contraire, doit-il

avec le consentement des organisations qui y dlibrent, prparer un Congrs socialiste et la fusion des organisations ?

me concerne, je dclare trs nettement que seconde solution qui me parat la meilleure. Ou plutt il me semble qu'elle est invitable et que la force des choses y conduira. Mais il n'est pas douteux qu'elle se heurte encore la rsistance des organisations. Ceux qui conoivent l'autonomie des organisations, avec un organe de dlibration commune, comme le typeEnce quic'est cette

de l'organisation franaise, donnentdeux raisons principales dont je ne mconnais pas la valeur. Ils prtendent d'abord qu'il serait dangereux d'appeler directement en un Congrs national tous les groupes socialistes,dfinitif

sans le contrle des organisations car on risquerait ainsi de remettre la direction de notre parti et l'interprtation de la doctrine des hommes inexpriments le sociatisme a une croissance rapide et bien des recrues viennent lui qui ne sont pas encore suffisamment: ;

d'hui

pntres de l'ide nouvelle. Ces recrues trouvent aujourdans les grandes organisations anciennes desle parti

cadres solides. Brise* ces cadres, ce serait jeter

dans les aventures. Ce serait permettre aux nouveaux venus mal prpars encore de brouiller la figure de notre parti, dont les traits ont t si pniblement fixs par un long effort de pense rvolutionnaire. Je rponds que cette objection serait grave s'il s'agissait en effet de convoquer ds maintenant un Congrs socialiste national en dehors des organisations, sans leur assentiment et sans leur concours. Mais il n'en est rien.

LUNITK SOCIALISTE

II

C'est le Comit d'entente, expression des organisations qui

convoquerait. Ce sontdonc les organisations qui convoqueront par lui. Leur accord pralable estncessairepour qu'il n'y ait dans la formation et la marche du premier Congrs aucune surprise. Il est donc certain que ce sont elles, dans les diverses rgions et circonscriptions, qui influe-

ront sur le choix des dlgus au Congrs. Lorsque, kParis, au Comit d'entente, toutes les grandes fractions socialistes auront dcid qu'il y a lieu de runir un Congrs gnral du parti, pour dresser en face de la bourgeoisie le proltariat unifi, cet accord retentira dans toutes les circonscriptions. Et les fractions s'entendi'ont pour le choix des dlgus au Congrs, comnie elles se seront entendues Pai'is pour la convocation du Congrs.

Ainsi ce sont des militants prouvs, trs pntrs de latradition socialiste et rvolutionnaire, qui seront lus.

ami Millerand dans la runion du force avec une grande l'avait Tivoli, que la diversit des organisations est en France un fait historique, et qu'il serait peu sage de faire, en quelque sorte, violence l'originalit du socialisme franais en l'accommodant aux formes unitaires de l'Allemagne ou de la Belgique. Mais d'abord, ce mouvement d'unit socialiste se produit partout, dans tous les pays. Il se dessine en Angleterre comme en France. Il n'y a pas de peuple o le socialisme soit condamn, par une sorte de dispersion atavique, la faiblesse et l'incohrence. Il est trs vrai que les grandes organisations socialistes de notre pays reprsentent des forces histoobjecte en second lieu, et notredit,

On nous

ricpies,

retentit

des moments historiques. En chacune d'elles un branlement du pass. La tradition blanquistervolutionnaires fran-

est le glorieux cho des luttes

aises. Toujours en France depuis un sicle les rvolutions bourgeoises ont eu leur cime une lueur socialiste.

12

LE MOUVEMENT SOCIALISTEla

Seule

recueillir

bourgeoisie tait prpai^e, conomiquement, le bnfice de la Rvolution. Mais le prol-

grandes villes jouait, dans la priode de combat, un rle dcisif. De l, dans beaucoup d'esprits, la pense qu'une minorit agitante pouvait brusquer les vnements et fixer enfin aux mains du peuple la victoire rvolutionnaire. Il y a l, coup sr, un grand fait hisrique de la vie franaise. De mme il tait invitable qu'aprs l'crasement de l'hroque tentative proltarienne de 187 1, des jeunes gens se disent Pour vaincre, il faut une ide claire. Ce n'est plus par des soulvements confus, c'est par un programme prcis de rvolution sociale que le proltariat doit s'affirmer dsormais. Le compromis proudhonien est mort, il ne reste plus que le communisme moderne, tel que Marx l'a formul. Et l'origine du Parti ouvrier franaistariat concentr des:

se rattache ainsi des

vnement

dcisifs.

encore il tait naturel que la classe ouvrire, si souvent dupe par les meneurs politiques, chercht son point d'appui dans les organisations syndicales, dans les groupements purement ouvriers. De l la tendance dont est n le Parti ouvrier socialiste rvolutionnaire. Et enfin, lorsque le discrdit des autres partis, lorsque la faillite de l'opportunisme et du radicalisme eut ouvert au socialisme le champ de l'action politique et lectorale,

De mme

comment

les

nouveaux venus;

se seraient-ils tous

encadrs dans une des organisations rivales? Ils ne voulaient pas en adopter les querelles et ils restaient en dehors pour travailler l'union, au rapprochement de tous. De l les Indpendants. Ainsi chacun des grands groupements rpond, en effet, une priode ou un aspect de l'action socialiste et rvotionnaire franaise. Il n'y a pas eu floraison arbitraire de groupements de rivaux. Chacune des organisations

l'unit socialistesocialistes

i3

a sa racine distincte dans l'histoire natio-

nale.

Mais

si

chacune

d'elles

repi'sente

une force

histo-

rique, le inouvement qui aujourd'hui les rapproche et

qui demain les unifiera, est aussi une force historique. Ce ne sera pas porter atteinte l'originalit duce sera au contraire lui donner tout son relief que d'harmoniser en un grand parti tous ces lments varis. Comme l'enfant dont la physionomie complexe reflte des ascendances multiples, le socialisme franais unifi exprimera les traditions diverses d'o il est sorti. Au dehors, en Allemagne, en Angleterre, ce n'est pas non plus par l'unit que dbute le socialisme. Marx et Lassalle reprsentaient des forces distinctes, des moments distincts de la pense allemande. L'histoire a opr la fusion des lments que d'abord elle avait heurts. Quoi de plus oppos en Angleterre que le Parti du travail indpendant et la Fdration sociale dmocratique D'un ct, c'est la tradition unioniste, renouvele par le socialisme et leve l'ide, mais toujours dominante. De l'autre, c'est la conception thorique du socialisme, qui si longtemps rpugna au proltariat anglais pris de problmes immdiats. Kt pourtant ces deux forces, d'abord contraires, vont se rapprochant tous

socialisme franais,

!

les jours.

Cette diversit d'origine donnera d'emble au socia-

lisme franais unifi richesse et vie.

On pourrait craindre

que dans ce grand parti unique les initiatives hardies soient un peu amorties plus la masse s'accrot, plus les dplacements en sont malaiss. Mais la varit mme des lments composants obligera le parti unifi laisser le jeu le plus libre toutes les forces. Il y aura harmonie, il n'y aura ni crasement ni uniformit. Et quelle puissance, quand, en face de la dsorganisa:

l4

LE

MOUVEMENT SOCIALISTEun

tion croissante de tous les pouvoirs, le socialisme se dres-

sera un, visiblement

!

Quelle vie aussi lorsque dans de grands Congrs priodiques toutes les questions de doctrine, de mthode, de tactique, qui intressent le socialisme, c'est--dire l'humanit mme, seront publiquement discutes Qu'on y prenne garde. La pense d'un grand parti ne peut s'immobiliser sans prir. En Allemagne, dans ce pays prtendu de la discipline, de l'autoritarisme socialiste, toutes les questions sont sans cesse agites. Il ne suffit pas de prononcer toujours les deux ou trois formules essentielles, pour rsoudre les problmes. L'adaptation de ces Ibrmules au mouvement de la vie, leur confrontation incessante avec les faits, supposent un perptuel veil de pense. Je n'ai point numrer aujourd'hui les ques!

si diverses, si pressantes, si vastes, qui nous sont poses par les vnements et que nous devons rsoudre sous peine de dchance. Mais pour qu'elles soient rsolues selon la vie, il faut qu'en effet toutes les forces vives

tions

du socialismebrer.

et

du

proltariat soient appeles en dli-

de Congrs nationaux tre surpris par des crises, comme l'affaire Dreyfus, l'tat de dispersion. Il faut que tout le pays socialiste soit mis en face des problmes et que la tactique convenable soit dbattue et fixe au grand jour. Pour pouvoir donner un mandat prcis leur dlgus au Congrs, tous les groupes, tous les socialistes seront obligs de mettre les cpiestions l'tude, de les discuter dans des runions publiques, et ainsi une incessante agitation de la pense prparera le proltariat rvolutionnaire son grand rle prochain. C'est donc une ncessit imprieuse qui nous conduit l'unification du parti et l'organisation priodique de Congrs nationaux.l la ncessit vidente

De

priodiques.

Nous ne pouvons pas

L UNITE SOCIALISTE

ID

demeurant, comment le parti socialiste franais ne presserait-il pas son uvre d'organisation ? Il va tre oblig de prparer le Congrs socialiste international de 1900. Ds maintenant, il est certain que toutes les forces, que toutes les fractions du socialisme franais donneront au proltariat universel le spectacle d'une parfaite concorde. Au fond, l'unit est faite dans les esprits et dans les curs. Mais de plus, les dlgus socialistes franais vont venir en trs grand nombre Paris pour le Congrs socialiste international n'y aura-t-il point l en fait un premier Congrs gnral du socialisme franais? Les scissions qui se produisirent Paris en 1889, ne sont plus craindre. Comment ds lors ce premier Congrs gnral du socialisme franais ne serait-il pas appel dcider que tous les ans un Congrs se runira? Nous sommes dans la marclie vers l'unit. Il se peut que ces ides paraissent encore prmatures ou imprudentes aux grandes organisations. Je crois qu'elles rpondent au sentiment d'un grand nombre de militants dans le pays. En tout cas, elles ne peuvent aljoutir sans pril qu'avec l'assentiment et par le concours des organisations elles-mmes. Il vaudrait bien mieux attendre plusieurs annes encore l'unification complte et visible du parti que de l'essayer en dehors des organisations. Ce sont elles, nos glorieuses anes et ducatrices, qui doivent prendre en main l'uvre d'unit. Tout notre effort sera de leur rappeler que, de l'avis de beaucoup, l'heure est venue.;

Au

Jean Jaurs.

LA LIBERT DE L'ENSEIGNEMENT

Commeest

la socit,

bien loin d'tre

un

cristal solide

un organisme

susceptible de, (i)

en voie de transformation

changement et toujours le problme de l'instruc-

tion et de l'ducation publiques se pose sans cesse en des termes nouveaux. Toute crise sociale apparat comme

une critique dcisive des mthodes et des programmes d'enseignement. Et c'est l'un des excs ordinaires de l'idologie bourgeoise, que de rejeter uniquement surl'cole les erreurs

de la conscience vulgaire et les lenteurs

du progrs industriel. On en pourrait trouver la preuve dans toutes les discussions rcentes, dans les propositions relatives la Loi Falloux qui ont t dposes au

Parlement. Le problme se pose aujourd'hui dans la lutte des partis, parce qu'il est l'un des points brlants de l'actualit . Et une question essentielle domine tous les projets, toutes les rformes possibles, il s'agit de savoir s'il convient de maintenir la libei't de V enseignement. Elle intresse les socialistes d'une faon toute spciale.

Peuvent-ils s'associer des mesures restrictives telles que l'tablissement d'un certificat d'tudes ? doivent-ils rclamer le monopole pour l'Etat ? ou bien faut-il qu'ils se prononcent pour la libert, comme une garantie.

(i)

Marx. Prface du Capital.

LA LIBERTE DE L ENSEIGNEMENT

1']

comme une armeadversaires ?

qui pourrait tre tourne contre leurs

LE CERTIFICAT D ETUDESSi le parti socialiste se propose tout d'abord de satis-

immdiates de la classe ouvrire, dans rvolution prsente le reprsentant et le dfenseur par excellence des intrts de l'avenir. L'instruction scientifique et professionnelle, l'ducation morale sont naturellement pour lui des objets d'tude et de critique. La socit moderne impose toute entreprisefaire ls revendicationsil

est

sociale des caractres spcifiques, des conditions dfinies

d'existence et de dveloppement,

La

critique socialiste

dcouvre dans leurs raisons essentielles tous les vices apparents et secrets de l'instruction tous les degrs, parce qu'elle ne peut pas mconnatre la ncessit qui subordonne l'enseignement public aux besoins de la production et de l'change. L'cole est toujours faite l'image de la socit, et jusque dans l'cole on peut constater la sparation et l'antagonisme des classes. Les universits, les lyces et les collges sont rservs la bourgeoisie. L'cole primaire avec son minimum de culture est seule, de trs rares exceptions prs, accessible auxtravailleurs.

Dans cet tat des choses le proltariat ne peut proposer que des mesures provisoires, que des rformes partielles. Son programme d'instruction et d'ducation nepourra tre ralis que par la transformation de la proprit prive en proprit sociale. Les classes disparaissent alors parce que leurs bases conomiques sont dtruites, et l'cole est vritablement ouverte tous sans distinction, elle peutsatisfaire toutes les curiosits et toutes les aptitudes indi-

l8viduelles,serait

LE

MOLVEMEX SOCIALISTEles

rpondre tous

besoins deet le

la socit.

Ce

une utopie que de croire que

la bourgeoisie

pourrait adopter cecontre ses

programme

mettre en uvre,

pouvait en gnreuse viendrait se briser contre les rapports de production. La terre ou l'usine rclament ds l'ge de douze ou de ti'eize ans tous les enfants des travailleurs. Comment aussi concevoir l'cole et la thorie socialistes au cette contradiction sein mme de la socit bourgeoise ? Mais il ne sufft pas de spculer avec complaisance sur les beauts du monde lutui", il vaut mieux ne pas s'attarder trop longtemps ce chant des sirnes, cette musi([ue de l'avenir . Et telle est l'histoire prsente, que le proltariat ne peut ni s'en moquer ni s'en dsintresstn\ Les socialistes sentent bien qu'ils doivent exercer une action sur l'enseignement public, ds maintenant et sans dlai, et cette action ne peut tre qu'une action de classe. Ils ont combattre la fois l'influence que peuvent avoir sur l'cole l'Eglise et l'Etat. c( Ce qu'il faut plutt, c'est proscrire au mme titre de l'cole toute influence du gouvernement et de l'Eglise. (i). Plus et mieux que les rpublicains de toutes nuances, les socialistes connaissent les dangers que prsentent l'esprit de domination, le dogmatisme des Eglises. Ils savent aussi qu'on ne peut pas concilier vritablement l'autorit du dogme et la servitude de la foi avec le libre exanum, l'esprit de doute et de rvolte qu'exigent la science, l'histoire et la philosophie. Sans doute on peut prtendre qu'il n'y a pas d'une part une mathmali({ue, une astronomie, une physique laques, et d'autre part une mathmatique, une astronomie, une physique religieuses. Depuis longtemps dj l'orgueil de la foi a t humili etintrts les plus vidents. Si elle

former

le dessein, cette tentative

:

(i)

Marx. Remarques critiques sur

te

programme

de Gotlia,

LA LIBERTE DE L ENSEIGNEMENT

I9

dompt par

les

dcouvertes de la raison. Mais ce n'est

pas une chose indiffrente que la mthode et les tendances selon lesquelles ces sciences sont enseignes. Elles importent d'autant plus qu'il ne sufft pas d'apprendre aux enfants et aux jeunes gens les vrits qui sontau-dessus de toute contestation, qu'il faut encore prparer esprits aux discussions ouvertes, aux recherches actuelles et vivantes, aux vrits cpii sont dans le devenir. Comment surtout les religieux et les prtresles

peuvent-ils se faire professeurs de philosophie, d'histoire,

d'conomie polititpie et de morale ? De tels matres sont ncessairement suspects puisqu'ils ne relvent pas exclusivement de leur conscience et de leur raison. Ils pourront tre clairs et instruits, mais toujours, s'ils sontsincres, leur

enseignement sera conforme leurs fonc-

tions sacerdotales, leur nature de prtres. Toute philo-

sophie, toute histoire, seront subordonnes la religion,

des Encycliques des papes et des Saintes critures. L'Eglise ne peut vrai dire enseigner que le catchisme. Ce livre demeure pour elle leet toute politique sera tire

mauvaise grce se plaindre qu'on jamais su donner ses fidles qu'une culture confessionnelle borne aux rites et aux formules et non une culture vraiment vanglique et religieuse. Son got et son besoin de domination se satisfont plutt par une propagande superficielle et extensive que par la cration d'une vie intrieure intense et profonde. C'est que l'exgse des dogmes n'est pas sans danger; pour quelques thologiens rudits cpii persvrent dans la soumission, d'autres tout en restant prtres se rvoltent pour rformer la religion, comme Luther et Calvin, d'autres enfin abjurent pour admettre des explications, naturalistes comme Spjnosa et Renan. Appliqus sincrement la socit moderne, leslivre principal. P]lle aait

exil

Dieu des

coles, parce qu'elle n'a

20

r>E

MOUVEMENT SOCIALISTE

principes du christianisme doivent conduire au socialisme chrtien. L'glise pourtant menace d'interdit l'abb

Dans, pour

satisfaire les plaintes et les

rancunes des

clricaux et des conservateurs belges. Si les'tendait, se gnralisait, elle

mouvement

ne manquerait pas de le condamner comme une hrsie. Les socialistes chrtiens ne pourront plus alors se dire socialistes, sans renoncer l'Eglise et ses uvres.Si l'on peut porter de telles accusations contre l'ensei-

gnementtrale,

et contre l'esprit

de l'glise,

faut-il

exiger detout

tout candidat aux grandes coles, Polytechnique, Cen-

Saint-Cyr, de tout fonctionnaire futur, de

tudiant, qui s'inscrit dans

uneles

facult, qu'ils aient t

pendant deux ou

trois

ans

lves des lyces et des

collges de l'Etat? Faut-il instituer

un

certificat d'tudes?

L'glise conserverait ses lves jusqu' l'ge de quatorze

ou quinze ans,

et ce

moment

elle

devrait les livrer

rUnivcj'sit? Non, parce que cette mesure serait inefficace, parce qu'elle serait d'une application difficile, parcequ'elle serait dangereuse.

Le

noinl)re des tudiants inscrits

dans

les

facults

catholiques, dans les coles suprieures libres est trs

Ces tudiants sont tous trs peu prs contraints de prendre des inscriptions dans les facults de l'tat, qui confrent seules les grades l'echerchs. Dans l'ordre de l'enseignement suprieur il y a sinon en droit, au moins en fait, monopole de l'tat. En demandant que le certificat d'tudes soit tabli on avoue que les professeurs des facults sont incapables par eux-mmes de neutraliser l'action des matres congrganistes. La cure peut bien durer deux ans, cinq ans et plus, elle n'a rien de spcifique. Les symptmes persistent toujours, les lves de l'glise sont marqus 4e caractres ineffaables. Un traitement prventif d'une dure de deux ou trois ansrestreint.

LA LIBERTE DE L ENSEIGNEMENTfera-t-il

21

une victoire de

cet insuccs relatif de

rensei-

gnement suprieur

coup sr naf de le croire. Inefficace, la mesure serait au fond inapplicable. L'Eglise aurait un moyen trs simple de tourner la loi. Ce moyen, elle en use dj pour d'autres fins. Elle a reconnu que certains jugent l'instruction donne par l'Universit sup? Il serait

congrganistes bien peu philosophique, pes d'amendes infliges aux ouvriers de l'industrie franaise. Ils ont t cits la Chambre par le citoyen Renou lors de la discussion de la loi sur les salaires des ouvriers au sujet de la suppression des amendes A Limoges, dans une fabrique de cartonnage, aprs 5 miminutes de retard, l'ouvrier compltera l'heure de travail, mais elle ne sera pas paye. Dans une autre, si le travail n'est pas suffisamment confectionn aux yeux du patron et du contrematre, l'ouvrier devra le reprendre ou le cder moiti prix. Dans ces mmes fabriques, une srie d'infractions est punie d'une amende de o fr. 25 et le salaire maximum de ces ouvriers est de i fr. 25. Dans les fabriques de porcelame de cette mme ville on donne une prime au mouchardage en rendant tous les ouvriers responsables des dgts du matriel ou des locaux jusqu' ce que l'auteur en soit connvi. L'ouvrier porcelainier qui s'absente, se voit retenir 5o centimes par qtiart d'heure d'absence injustifie, sur un salaire de 3 4 francs par jour. A Grenoble, si l'ouvrier typographe laisse son paquet de composition sur le marbre aprs preuve faite, il devra le recomposer. S'il n'a pas fait les coi-rections indiques sur les preuves,' il est d'abord frapp d'une amende de i franc, et en cas de rcidive renvoy sans huitaine, en dpit de l'article 1780 du Code relatif au contrat de louage. S'il arrive aprs la porte ferme on lui retient le retard, plus i franc d'indemnit, sous:

ClIROXIQUE SOCIALEprtexte de prjudice caus. L'ouvrier gagne un5o centimes l'heure.

4^

maximum

de

A l'Imprimerie gnrale, il y a environ 5o articles portant des amendes de lo centimes lo francs. Celui (jui est charg de brosser les chiens chaciue matin est l'amende s'il oublie d'accomplir cette besogne.garde-barrire qui gagne amendes si elle oublie de former la barrire ou de se prsenter au passage du train avec un drapeau la main.les voies ferres

Sur

de

l'Etat, la

/J

francs par mois est expose des

Dans les grands magasins de Paris les amendes ne sont jamais infrieures 25 centimes si les employs dcouchent, on prlve 3 francs sur leur salaire mensuel de 60 francs. Dans une de ces maisons le relev des amendes infliges aux employs se monte Go,ooo francs par an. Dans des maisons de couture, aux . petites trottins de i3 ou 14 ans on retient pour tous prtextes une heure pour un salaire de j5 centimes i fr. 00 au minimum.;

A Saint-Girons (ici c'est le citoyen Zevas qui cite) pour im prjudice de 2 ou 3 centimes, on retient l'ouvrire d'un atelier de fabrication de papier cigarettes jusqu' 5 francs et;,

70 par jour, de sorte que les ouvrires sont parfois rduites travailler ime ou deuxles salaires varient

de o

fr.

5o

i fr.

semaines pour payer les amendes qu'elles ont pu encourir.

pour remdier aux dfauts de 2 ime amlioration la lgislation industrielle protectrice de la vie, de la sant et de la moralit des employs de commerce 3 une amlioration la situation des ouvriers de la confection 4 une loi protgeant la libert du travail contre le terro:

Au Reichstag allemand. 1" im projet de annonce

Un passage du discours du trneloi;

l'assurance contre l'invalidit et la vieillesse

;

;

risme des grvistes.

Ces projets ne sont pas encore dposs, mais on peut prvoir que les trois premiers ne contiendront pas grand'chose,

tant donnes les expriences antrieures. Quant au dernier, onl)eut

prjuger de son caractre ractionnaire par

le

discours

4

LE

MOUVEMENT

SOCIALISTE

que rEmpereura prononc en septembre Oyenhausen(Westphalie), par lequel il annonait la loi contre les coalitions, punissant de prison les grvistes qui tenteraient d'empcherla libert

du

travail.

jugement port sur ces projets par Bebel au Reichstag, dans la sance du i5 dcembre On fait grand bruit maintenant autour de la future loi sur l'assurance contre Tinvalidit et la vieillesse. Si j'en juge par ce que nous en conVoicile:

naissons, les ouvriers n'v gagneront rien; c'est surtout MM. les agrariens qiu en profiteront et dont on dgrvera les districts.

Et plus loinla

:

marcheles

main dans

la

Nous voyons comment l'tat, qui main avec les employeurs, considre

organisations ouvrires comme ses ennemis, connnent il la porte ses propres employs des postes et tlgraphes, et les ouvriers des ateliers militaires, maritimes et des chemins de fer, quand ces ouvriers osent faire partie d'une organisation.... Si donc partout clate la haine contre les ouvriers, qu'on ne vienne pas nous parler ici de rformes sociales Il est incomprhensible vraiment qu'on parle sans cesse du terrorisme des ouvriers, l o il n'y a que le terrorisme des employeurs.... Depuis les discours impriaux de Bielefeld et d'Oyenhausen, les juges condamnent pour ainsi dire par ordre !

met immdiatement

!

D'ailleurs l'attitude du Bundesrath (Conseil Fdral) indique assez qu'on ne fera rien en politique sociale, sauf des mesures de police contre les ouvriers. Ainsi le Reichstag a vot le 3 mai 1898 une rsolution du Centre catholique demandant aux gouvernements fdrs de dposer im projet de loi pour abolir les restrictions contenues dans la loi sur les coalitions.

Il

soit

demandait notamment a) que amend en ce sens que les:

le 1 52

du Code Industriel

coalitions, les associations

ayant i^our but l'amliration des conditions du travail et du salaire, soient permises aussi dans le cas o elles ont trait, non seulement aux intrts immdiats des coaliss, mais aux intrts gnraux des ouvriers, et aussi les associations ayant pour but de provoquer des changements dans la lgislation et l'administration de l'tat b) (ju'i *soit permis aux

;

CHRONIQUE SOCIALEassociations professionnelles de se fdrer,et d'avoir,

47sous

certaines conditions, la personnalit juridique. toutes ces propositions, le Bundesralli a dclar qu'il ne

A

donnerait pas suite, ou bien, ce qui revient au mme, il les a renvoyes au chancelier de l'Empire. Toute une srie de projets vots au Reichstag le 7 avril 1897, relatifs aux employs de commerce, la fermeture des magasins 8 heures,

au service des femmes dans les restaurants, tout cela n'est encore, au Bimdesratli, qu'en prparation ou dans les commissions. Pour ce qui est d'une rsolution vote par le Reichstag le II mars 1897, relative aux ouvriers des exploitationsagricoles et forestires, aux valets de ferme, le n'a pas encore pris po^ition, et ainsi de suite....

gouvernement

QUESTIONS MUNICIPALESLe premier programvie municipalsocialiste allemand.

La Social-Dmocratie allemande n'a pas encore de programme mimicipal ollicicl. Le Congrs des conseillers municipaux socialistes du Brandebourg qui s'est tenu Berlin le 27 dcembre i8t)8, a tent im premier essai de programme municipal, d surtout l'initiative de Singer. 55 dlgus taient prsents ce Congrs, et aussi des conseillers des grandes villes, Leipzig, Hambourg, Stettin. Le Congrs a adopt le programme suivant 1" Suffrage universel direct, gal et secret pour les lections municipales. Pas de limitation au droit de suffrage des indigents secourus jar la comnume. Les lections doivent avoir lieu un dimanche.:

2

Lacisation des coles et frcpientation obligatoire des

seides coles primaires de l'tat. Gratuit de l'enseignement et et des fournitures scolaires dans les coles primaires,

tous les degrs pour les lves que leurs capacits rendent aptes recevoir ime instruction suprieure. Organisation descantines scolaires. Nomination de mdecins chargs d'inspecter rgulirement les lves et les coles. Rpartition du

nombre des lves dans

les classes selon les ncessits

pda-

48

LE

MOUVEMENT SOCIALISTE

gogiques. Organisation dclasses spciales pour les lves les moins bien dous. Pour les deux sexes, jusqu' l'ge de i8 ans, tablissement d'un enseignement primaire suprieur donn tous les jours de la semaine et pendant les heures de travail dans les fabiques. Organisation et dveloppement des biblio-

thques et des salles de lectures populaires. 3" Cration et entretien d'un service mdical et hyginique d'aprs les dernires donnes de la science (bains communaux, dsinfection, places de jeu, subvention aux socits de gjTnnastique, hygine des maisons et logements). 4 Assistance convenable aux pauvres et orphelins. Organisation d'asiles et de halls pour se chauffer, sans contrle dela police.

Rduction de tous les impts communaux en impts diSuppression de tout impt indirect sur les denres de premire ncessit et de tout impt de capitation. 6" Mise en rgie par la commune de tous les travaux d'clairage, construction, pavage, transport, soustraits l'exploita5

rects.

tion prive.7 Rvision du systme des entreprises soumissionnes concession des fournitures et travaux communaux seulement aux entrepreneurs qui s'engagent par contrat payer leurs ouvriers des conditions de salaire et de travail dbattues entre eux et les organisations ouvrires. Interdiction d'accorder aucun travail aux membres de la municipalit qui ne:

doivent pas tre intresss aux entreprises industrielles

et

communales.8 Salaire suffisant et journe maximum de huit heures aux ouvriers occups par la ville. Organisation d'une caisse de pension et de secours pour les veuves et les orphelins. Application des lois d'assvuance contre les accidents, l'invalidit,

la vieillesse.

libert des coalitions ouvrires et

cette libert.

Mise en vigueur de dispositions assurant la empchant toute entrave Prsence d'une commission ouvrire dans toutesmunicipales.

les entreprises(f

Municipalisation de la police, des marchs, des constructions, des logements, des transports, de la sret, etc.

CHRONIQUE SOCIALElo"

49

Organisation de conseils d'arbitrage industriel. Extension de l'assurance contre les maladies l'industrie domestique.11 Gratuit

des enterrements.

LES CONGRESCongrs national des mineurs belges Charleroi. Le Congrs s'est runi la Maison du Peuple du Roton de Charleroi, le dimanche 25 dcembre 1898, sous la prsidenced'Alfred Defuisseaux.

Cavrot rend compte de la dmarche que les dputs mineurs ont faite auprs de M. Nyssens, ministre du travail. Les dputs ont demand au ministre d'intervenir pour la constitution d'un Conseil de charbonnage. M. Nyssens a rponduil ne pouvait interdes conseils de l'industrie et du travail, et il ne peut crer ct d'eux autres organismes. Il s'est refus catgoriquement intervenir en quoi que ce soit aljprs des patrons. Les dlgus font des rapports sur les lettres qui ont t envoyes aux directeurs des charbonnages auciuie rponse n'est parvenue. Les dlgations personnelles qui se sont rendues auprs des patrons n'ont pas abouti dans leur mission. Une discussion s'engage sur la situation de l'industrie charbonnire. Les dlgus sont unanimes constater la prosprit des charbonnages, reconnue d'ailleurs par la Revue Industrielle de novembre 1898 et par le Moniteur des intrts matriels. Dans le Borinage, la situation de l'industrie depuis le dernier Congrs, est splendide il n'y a pas de

que nivenir.

oflciellement, ni officieusement,existe,a-t-il

Il

dit,

:

;

stocks.le Centre que la diffrence entre les salaires est grande d'aprs les charbonnages. Sauf Maurage, la plupart des charbonnages font des bnfices exorbitants. Bascoup a fait i,3oo,ooo francs de bnfices, Houssu

C'est dans

la plus

400,000 francs, etc.

Les salaires, assez levs en certains endroits, n'ont pas4

50

LK MOUVEMENT SOCIALISTE;

augment en proportion des bnfices patronaux il ne sont que de 3 5 francs par jour dans le Borinage. I^'organisationouvrire y fait dfaut.

Aprs une longue discussion, l'ordre du jour suivant est vot par 46 groupes et 2 abstentions La grve tant devenue invitable, par suite de l'intransigeance des patrons et du refus hautain d'entrer en pourparlers avec les dlgations des ouvriers, alors qu'en France les patrons ont accojjt d'entrer en pourparlers avec les manda:

taires des

mineurs

;

Le Congrs dcide Ds ce jour, les ouvriers des quatre bassins sont:

invits

prpareret

se

ressoiuces ncessaires pour soutenir la grve trouver prts entrer en campagne au premierles

signal.

mune des quatreliste.

Le prsent ordre du jour sera affich dans chaque combassins et communiqu la presse socia

Congrs des conseillers communaux socialistes belges. Le Congrs s'est runi Bruxelles le 20 dcembre 5o communes avaient envoy des dlgus. A signaler parmi les plus importantes discussions celle cjui s'est engage sur les prochaines lections communales. L'ordre du jour suivant, adopt par acclamation, a clos le;

dbat sur ce point Considrant que des lections communales ont lieu l'anne prochaine et qu'il serait utile de voir la i>ropagande se faire sur quelques grandes rformes dmocratiques Considrant qu'il y a possibilit pour les communes d'obtenir des subsides de l'tat et de la province pour certaines: ;

institutions

comme

les distributions d'eau, les coles

mna-

gres, etc.

;

les

Considrant, d'autre part, que la loi du 9 aot i88() autorise communes et les institutions de bienfaisance construire

des habitations ouvrires et la Caisse gnrale d'pargne procurer des capitaux dans ce but;

4

CHRONIQUE SOCIALE

5l

en vue des lections communales de 1899, se mettre d'accord pour raliser principalement les rformes suivantes a) Gnralisation des mesures protectrices du travail minimum de salaire, barme de traitement, dure du tra-

Engage

les socialistes,

:

:

vail, etc.

;

b)c)

Organisation d'une distribution d'eau Organisation d'coles mnagres avec cantines sco; ;

laires

d) Construction d'habitations ouvrires.

J.

Rivire.

MONOGRAPHIELA BOURSE DU TRAVAIL DE PARISTravail de Paris, remise aux syndicats en ferme en 1893 sur l'ordre de M. Dupuy, sous le prtexte que les syndicats qui y avaient leurs bureaux n'avaient pas reconnu la loi de 1884. Au point de vue strictement lgal, le gouvernement et pu se borner refuser l'accs de la Bourse aux seules organisations en cause; il tait j^our cela suffisamment arm par le premier dcret instituant la Bourse en 1887. Mais il avait voulu porter un grand coup aux organisations ouvrires et tout fut mis en uvre, tant directement qu'indirectement, pour entretenir une agitation qui entrana mme les syndicats rguliers et les fit se solidariser avec les irrguliers, dans les protestations de ces derniers. La Bourse du Travail fut rouverte en i8t)6, par M. Mesu1887, fut

La Bourse du

du commerce. Un dcret ministriel du 5 dim rglement du Conseil nmnicipal de janvier 1896, la rgissent. Le dcret a institu une conunissibn consultative compose de dix dlgus de syndicats ouvriers, six membres du Conseil municipal de Paris, deux membres reprsentant la prfecture de la Seine et deux autres le ministre du commerce. Celte couunission est appele donner son avis sur les adjnissions des syndicats, la rix;

augmenter

la

;

;

dieux

et

souvent plus perfectionns.

REVUE CRITIQUEIl

OQ

MOUS semble naturel en Europe que les entreprises gazires mme ville fusionnent; il y a dans ce cas (comme dans celui des tramways) une base territoriale pour le trust; la concurrence ne peut gure se l'aire. On admet, aujourd'hui, en Amricfue que ces monopoles de fait doivent donner lieu des concessions municipales malheureusement en Amrique les numicipalits sont trs corromj)ues et les contrats de concession donnent lieu beaucoup de tripotages. Le trust du i)trole a aussi une base territoriale; le transport ile l'huile brute se fait au moyen de canalisations aussi longues que le chemin de fer de Paris Bordeaux deux canalisations de ce genre ne peuvent gure s'tablir en concurrence l'une de l'autre sur la mme direction il y a donc monopole de fait; et ce monopole est d'autant plus fort que le trust s'est assur l'appui personnel et frauduleux des principaux administrateurs des chemins d fer, en sorte qu'il est, pratiquement, le matre absolu des moyens de transport de la matire premire. Ce trust est arriv ses fins en employant beaucoup de manuvres dloyales mais le public est bien servi et ne se plaint pas. Des raffineries gigantesques ont t montes, permettant d'utiliser tous les sous-produits et de les vendre bon march. La plus forte coalition qui existe est celle de Carnegie et Rockfeller le premier possde des fonderies colossales, places prs de houillres excellentes; le second a achet les meilleures mines de fer du Lac Suprieur. En runissant leurs intrts, ils sont parvenus rduire le prix de la tonne de rails Chicago de 29 dollars 17 dollars et expdier sur l'Angleterre. Ils ont fond leur entreprise sur un bon march assez prononc pour cfue l'emploi des produits puisse s'tendre. Ici encore la base de la coalition est territoriale c'est l'appropriation des mines d'une richesse trs remarquable.d'une;;

;

;

:

:

On a fait beaucoup de lois contre les trusts ; mais elles n'ont gure t dangereuses que pour les socits faillies. Un Amricain disait l'auteur Elles ont t faites par des gens qui ne dsiraient pas les voir appliquer et qui se sont arrangs pour les rendre inapplicables. Beaucoup de personnes:

6o

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

pensent que l'opinion publique exigera quelque jour des mesures plus efficaces le directeur de l'Institut technologique de Boston, Walker, ne mettait pas en doute que le peuple se dbarrasserait des trusts. II est fort douteux que les trusts aient rendu des services l'industrie amricaine Walker contestait mme au syndicat de ptrole d'avoir mieux fait que n'auraient fait des compagnies isoles. L'avantage de traiter en grand les sous-produits semble largement compens par l'inertie d'ime grande administration, qui ne peut pas suivre, avec la souplesse ncessaire, les progrs incessants d'une chimie prodigieusement variable. Walker reprochait aux trusts d'tre peu favorables l'esprit d'invention ce reproche doit tre bien fond mais les fusions sont encore trop rcentes pour qu'on ait pu souffrir beaucoup de la routine propre aux grandes administrations. Les syndicats sont encore dirigs par les spculateurs hardis cpii les ont fonds, et ce n'est qu' la gnration suivante qu'on pourra reconnatre les vices propres de ces organisations.;;

;

;

G. SOREL.

BULLETIN BIBLIOGEAPHIQUE

LIVRES ALLEMANDS, FRANAIS, ITALIENSDie Agrarfrage. Eine Uebersichf her die Tendenzen der modevneii Landwirthschaft iind die Agrarpolitik der Socialdemokratie. Karl Kautsky. (Verlag von Dietz, Stuttgart, 1899.) La Question Agraire (coup d'il sur les tendances de l'agriculture moderne et sur la politique agraire de la Social-Dmocratie), tel est le titre de l'uvre capitale que Karl Kautsky, l'un des thoriciens essentiels du socialisme international, publie chez Dietz en ce moment mme. Nous ne pouvons aujourd'hui venant peine de recevoir cette uvre remarquable que signaler nos lecteurs cet vnement, l'un des plus marquants du mouvement doctrinal socialiste dans ces dernires annes. Nous en donnons un Jref aperu. Le livre se compose de deux parties l'une qui s'occupe des tendances actuelles de la production et de la proprit agricoles, l'autre qui expose, d'a[rs l'esprit de la doctrine, les rformes possibles et dsirables en priode capitaliste, au profil soit de l'agriculture en elle-ninie comme branche de la production nationale, soit des salaris agricoles et des petits pro^ pritaires. volution de l'agriculture depuis le Moyen-Age, rente sous tous ses aspects, supriorit de la grande entreprise agraire, sur-travail et sons-consommation des petits propritaires, latifundia, concurrence des i)roduits des pays neufs, pntration des procds industriels dans l'agriculture, telles sont les graves et intressantes questions traites dans la premire partie de l'ouvrage. Cette premire |)arlie se termine par un remarquable chapitre sur les forces motrices du mouvement historique contenqiorain, la grande industrie capitaliste qui absorbe peu peu la petite industrie et projette son ombre sur les petits producteurs agricoles, de plus en

:

plus sous sa dpendance divers titres. La seconde partie de l'ouvrage est plus importante encore peuttre, par son caractre d'actualit, la suite de longs dbats des congrs socialistes allemands et des discussions qui occupent la pense socialiste internationale sur la question dont elle s'occupe:

Cv2

LE

MOUVEMENT SOCIALISTE

politique immdiate de la dmocratie socialiste dans les (/aestions agraires. L'ide essentielle de Kautsky, qu'il reprsente depuis dj long-temps et qu'il a cette fois poursuivie dans tous ses dtails, est la distinction des revendications agraires qu'il groupe en trois sries l) Rp\'endications en faiseur de l'agriculture,:

La

de son di^eloppement technique et conomique ; II) Uevendications en faveur des paysans en tant qu'ils sont dj proltariss ou en tant que consommateurs ; III) Revendications en faveur de la petite proprit paysanne, des paysans en tant que propritaires. Autant l'auteur attache d'importance aux deux premires sries de rformes, autant, lldle ses principes gnraux, il s'oppose la troisime, qu'il considre comme inefficace, impuissante et ractionnaire. Mais ce ne sont pas quelques lignes htives (jui peuvent donner une ide de l'uvre matresse de l'minent thoricien socialiste. C'est une longue lude qu'elle exige et (jue nous lui consacrerons. D'autant plus que son retentissement sera norme dans le socialisme international, oii il va soulever de ncessaires discussions sur la tactique suivre en face de la petite proprit iiaysanne.

Hausku (vol. in-8 de xxxvniAlcan, diteur, Paris, 1898). On ne possde sur l'histoire du travail en France que des tudes gnrales mdiocres et quelques bonnes monographies l'auteur tudie une priode trs courte, s'tendant du milieu du quinzime sicle au commencement du dix-septime; les grands mouvements r^olutionnaires du quatorzime sicle ont t crass; l'industrie monopolise et protge ])ar Colhei-t n'est pas encore cre. Durant celte priode le gouvernement royal intervient, de plus eu plus, dans les conditions du travail, et cherche faire disparatre la libert des professions; les patrons rendent l'accs de leur classe trs difficile aux ouvriers. L'image idyllique, que l'on a parfois trace de l'ancien monde ouvrier, s'vanouit au fur et mesure que l'on approfondit la question, que l'on consulte un plus grand nombre de documents.Ouvriers du temps pass, par H.fr.,

262 pages, 6

cartonn

;

;

Il tramonto dlie schiavit, ])ar E. Ciccotti (vol. in-8 de 320 pages, Bocca, diteur, Turin, iSyt)). On a fait, dans ces dernires annes, beaucoup d'tudes sur l'conomie ancienne, et les travaux de Fustel de Coulanges ont jet une vive lumire sur les origines du servage. Le professeur Ciccotti a mis en uvre, avec beaucoup de talent, les rsultats de la science et a prsent un tableau d'ensend)le de l'histoire de l'esclavage en Grce et Rome. L'auteuiest l'un des marxistes les plus connus d'Italie et il a cherch utiliser, autant que possible, les rgles de la mthode de Marx cette circonstance donne ses livres, un intrt tout particulier. Il a mis en vidence l'importance considrable du travail libre

:

BULLETIN lIBLIOGUAPIIIQUE

63rgime du

Rome

et bien montr les relations qui existent entre le travail et les productions qu'on peut lui demander.

REVUES ALLEMANDES, FRANAISES, ITALIENNES, RISSESDie Neue Zeit (dcembre 1898). Les discussions souleves par Bernstein suivent toujours leur cours, et prendront plus d'intensit encore quand il aura lui-mme i)rcis ses ides, dans une brochure qui va paratre. Dans les numros de dcembre de Die Neue Zeit, Heinrich Cuno^v combat les opinions de Bei'nsteiu sur la Thorie de la Rvolution. D'aprs lui, Bernstein n'tudie (pi'uu ct de la question La petite production, au lieu de disparatre,:

reste-t-ellc l'tat stationnaire, et gagne-t-elle

mme du

terrain ?

Les chiffres peuvent sembler favorables Bernstein. Mais que classe-t-il sous les mmes chiffres ? Toutes les branches ranges sous la rubrique de la moyenne production ont-elles le caractre des moyennes industries? Gunow rpond 1 En mme temps que dans une branche de la production la concentration se produit, dans une autre branche s'acconqilit au mme moment la dcen2 il n'est pas possible de classer tel ou tel tablissetralisation ment sous la rubrique de la moyenne production, en prenant pour base le nombre des ouvriers occups ; 3 ni le nombre des ouvriers occups, ni la senmie des capitaux placs dans l'entreprise, ni la production ne ])euvent donner une notion exacte de la rul)rique sous laquelle il faut classer une entreprise dtermine. Ce n'est pas tout. Bernstein affirme que grce l'expansion du march universel, la production ne peut s'arrter, ni la catastrophe se produire. Il oublie 1 que le march n'est pas illimit; 2 que son point de saturation est d'autant plus proche (jue le dveloppement industriel des grands i)ays s'accentue et que la concurrence devient toujours plus intense. Contre Bernstein, Cunow croit la: ;:

catastroplie conomique,

o doit sombrer la socit actuelle. Le temps viendra, dit-il, ou tantt sur un point, tantt sur un autre, une brandie quelconque de l'industrie sera force de limiter soii exportation, et j^ar l mme son extension, alors que d'autrescontinueront se dvelo[)per, jusqu'au jour d'un arrt gnral, d'o on ne sortira que par la suppression du rgime capitaliste. Rvolution sanglante ou pacifique, nul ne peut dire comment elle se prodmra on ne peut qu'en indiquer la ncessit, en se plaant au point de vue dynamique.:

La Revue

Socialiste.

Depuis le mois d'octobre,le

J.

Jaurs publie

une revue

grand orateur montre, avec une sagacit admirable, les vrais points de vue du socialisme propos des vnements rcents; il fait voir que l'ide de justice n'est pas aussi vaine que l'aflirment imprudemment quelques-uns; il met politique,

o

nu

les

vrais sentiments qui

dirigent

les

nationalistes.

En

04

I-K

MOUVEMENT SOCIALISTE

octobre, Rienzi expose quelles sont les difficults que prsentent ([uelques-unes des formules des thories socialistes. En dcembre, Paul-Louis essaie de rfuter les opinions mises par le prcdent auteur et par Vandervelde; il prtend, notamment, que la loi d'airain est un axiome ncessaire, qui jette une vive clart sur

nifeste

questions conomiques. Cet article est mallieureux; il est maque Paul Louis n'a qu'une ide confuse de ce qu'on entend par loi d'airain; il confond plusieurs thories entre elles et n'est pas au courant de l'conomie contemporaine.les

Rivista critica del socialismo.

Il

n'existait pas jusqu'ici

une

grande Revue socialiste italienne; ce nouveau priodique comble donc une lacune; il sera largement ouvert et il conqite parmi sescollaborateurs d'ardents libraux non socialistes (comme les professeurs Pareto et Pantaleoni), le grand orateur rpublicain Bovio, le clbre sociologiste rpublicain Colajanni. A noter parmi les collaborateurs Bernstein; G. Renard, l'ancien directeur de la Revue Socialiste; les djmts socialistes belges Bertrand et Vandervelde; les dputs socialistes italiens Costa, Gatti, No fri; les professeurs Ciccotti, Zerboglio, etc. La Revue comprend des enqutes sur les ides sociales contemporaines, des articles d'actualit, des monogi'aphies, des tudes conomiques et des varits littraires. Le premier nuniro a paru le i" janvier.:

Rousskaa Mysl (La Pense russe), revue mensuelle de Moscou, tendances librales, parle, dans sa chronique de novembre, de la famine, autant, bien entendu, qu'en jjeut parler un organe musel. Aprs avoir constat que sur les huit dernires annes on en compte quatre de disette, la Revue fait ressortir le dprissement phjsiqiie de la population. Depuis l'introduction du service militaii'e universel (1874)' le nombre des conscrits s'est accru de 48 p. 100, tandis que la partie valide a diminu de 20 p. 100 parmi les conscrits non appels au service on a compt, dans la mme priode, 3i p. 100 des valides en moins et 100 p. 100 des invalides enplus.;

Naoutchnoe Obosrni (La Revue scientilique), Ptersbourg, dcembre i8g8. Un article sur le village russe dans l'idylle et dans la ralit. L'idylle c'est la conception des populistes russes, des admirateurs soi-disant socialistes de la vieille structure agraire, condamne disparatre du fait du dveloppement capitaliste. L'auteur, un adepte de la conception marxiste, dmontre, chiffres en main, que raccaparement de la terre pai-les gros paysans, devenus l'idole des populistes, collabore puissamment la dsagrgation du statu quo agraire. La masse paysanne proltarise, affranchie de la lourde chane fiscale qui leriAC au sol, se tourne vers l'industrie et perd, par suite, de plus en j)lus son caractre conservateur.

Le GrantSuresnes.

:

J.

LONGUET.

Imp. G. Richard

et

Husson,

i),

rue du Pont.

LES

VILLES TENTCULAmES^-*

Citoyennes

et Citoyens,

J'habite aux environs de Bruxelles, prs des plaines de Waterloo, une petite commune qui s'appelle La Hulpe. La ville, derrire les hautes futaies de la ibrt de Soigne, est invisible pendant le jour mais, le soir, quand la nuit est nuageuse, son spectre, son mirage, ses lumires, se;

refltant sur le ciel, rvlent sa prsence, et, trs souvent,

sur le pont du chemin de fer qui va vers la capitale,

j'ai

song ces vers de notre ami Emile VerhaerenLorsqueSculptentle

:

les soirs

lirniament de leurs manteaux d'Jjne, La ville au loin s'tale ot domine la plaine; Comme un nocturne et colossal espoir, Elle surgit dsirs, splendeurs, hantises. Sa clart se jjrojette en miroir,:

Son gaz myriadaire en buissonsC'est la ville lentaculaire!...

d'or s'attise.

C'est elle, en eftet, ce sont les grandes cits aux tenta-

cules d'acier,

filles

du capitalisme, quile

attirent,

de pluscollecti-

(l)

Confrence organise par

Groupe des tudiants

vistes de Paris, faite l'Htel des Socits savantes le j6 janvier 1899, sous la prsidence du citoyen Bnzecli, dput de Montpellier.

(>6

LE

MOUVEMENT SOCIALISTEproduits, les

on plus vers

elles, l'argent, les

hommes

des:

campagnesles

:

l'argent, sous

produits ord, renseignement,ganistes et

si la loiil

mme

rserve l'Etat le monopole de faudra fermer toutes les coles congrtoutes les coles libres sans exception.est seule praticable.

La

politique

du cadenas

Si l'on a lad'en-^

faiblesse d'admettre des

mesures de conciliation,

tr'ouvrir la porte, la loi sera tourne.

L'tat dirait en ce cas Les matres qui ont t forms par moi et choisis par moi, peuvent seuls dire la vrit. Je vous impose l'obligation de les entendre, ils auront seuls le droit de |)arler. Je refuse l'glise le droit d'enseigner parce qu'elle est une matresse d'erreurs et de mensonges. Toutefois je ne me rserve que le monopole de l'instruction, j'accorde la libert de l'ducation. Si vous avez des croyances religieuses, j'entends les mnager et les coles congrganistes pourront encore surveiller vos tudes et:

diriger vos consciences.

Non,

c'est

un monopole vritable

qu'il

faut tablir et

assurer par la rpression de toute tentative de fraude.L'instruction et l'ducation seront dsormais monopolises

comme

les allumettes et le tabac.

Ij'Etat sera seul

LE

MOUVEMENT SOCIALISTE;

vendeur ou distributeur de ces marchandises la consommation en sera obligatoire. La cons(|ucnce naturelle du monopole nepas l'instruction et l'ducation

et

dr plus

scra-t-elleIl

du peuple piir

l'Etat?

est

bon sans doute de vouloir protgerenvahissantsoitet

l'cole contre l'esprit

l'glise doivent-ils

dominateur de l'glise, mais les pchs de nous aveugler ce point qu'il nous impossible d'apercevoir leur tour les pchs deest toujours

l'Etat?

Sous ses diverses formes, l'tat

une expres-

sion adquate de la socit civile. Dans une socit capitaliste et bourgeoise, l'tat est ncessairement Capitalisteet bourgeois.Il

est l'instrument de la

ls travailleurs. Cette

ment sur

la

domination des capitalistes sur domination ne repose pas seuleforce conomique des choses, mais aussi sur

La bourgeoisie rclame pour ces institutions un respect sans critique et sans mesure. Ce sont, en effet, des armes dont elle sent intimement ({u'elle usera sans modration et sans scrupule. Et les socialistes auraient dans les vertus de l'tat bourgeois une foi assez imprudente pour lui confier exclusivement l'ducation du peuple Marx n'avait-il pas raison de penser que c'est au contraire le peuple qui doit fairela police, sur la magistrature, sur l'arme,!

l'ducation de l'tat ?

Dans

l'empire priisso-alleniandtire

aujourd'hui (et (pi'ondfaite qu'on a en

ne s'en

pas avec

vue

l'tat futur;

la mauvaise nous avons vu ce qu'il

au contraire l'tat qui a. besoin d'tre rudei)ar le peuple (i). Dira-t-on que dans la Rpublique franaise, aujourd'hui, l'tat est dmocratique, qu'il est soumis au contrle populaire ? Les syndicats illgalement poursuivis par les

en

est), c'est

ment duquc

(i)Marx. Remarques critiques sur

le

programme de Gotha.

,

LA LIBERT DE l'eNSEIGNEMENles ministres, les grvistes traqus

8y

juges, los bourses de travail arJiitraireiuent fermes par

sans merci par les

policiers et les soldats, rpondent l'objection. Quelles

que soient les traditions historiques, les liberts ac([uises, quel que soit le degr du dveloppement de^la production l'tat actuel ne peut tre que la dictature ractionnairede la bourgeoisie. Les premiers principes du gouvernement sont d'iuiposer partout et toujours le respect de la force et de l'autorit, d'assurer l'ordre matriel et moral. Il ne consent reconnatre aux professeurs et aux instituteurs leurs droits de citoyens, qu' la condition qu'ils ne songent

pas les exercer vritablement. 11 leur dnie le droit de ptition collective. Il leur accorde bien le droit de former des associations, mais restreintes et liuiites, .impuissantes et faciles dissoudre en raison de leur morcellement et de leur division. Si le gouvernenient est

permis aux instituteurs d'tre rpublidoivent accepter la conception gouverneuientale de la Rpublique. La tendance propre derpublicain,cains.il

est

Seulement

ils

l'tat est

de faire de tous les matres de renseignli, organis sous les auspices de la Petite Rpublique, sur l'initiative deJavu's,

mme du parti socialiste, que je ne fais que noter, soit du mme ordre que ceux qm ont abouti la

a rpondu par 1' entente sopremier et heureux elfet a t de lancer un appel pour la paix au nom de tout le proltariat franaiside laquelle onle

cialiste et

dont

LA SITUATION POLITIQUE EX FRANCE

I()3

au proltariat anglais (i). II y a eu unanimit sur celte ncessit d'entente. Chacune des organisations l'a exprime sontour et a pens qu'il fallait rgulariser les rapports qu'elles avaient dj entre elles. La presse socialiste t unanime discuter la question, sauf peut-tre la Lanterne de Millerand,qui,s'il

nous en souvient, a

t le

premier prconiser Vunionsa circonscription.

lectorale et l'a ralise sur son

nom dans

Quoile

riat, ce

en soit, au point de vue plus spcial du proltaqui ressort de cette priode, c'est que la France a t thtre d'une agitation sans pareille et que les forces dequ'il

l'Etat ont t un moment toutes aux prises avec celles de la minorit dmocratique et socialiste qui les a vaincues c'est;

que ce drame si complexe, dont une partie s'tait dj joue lors du boulangisme, s'est jou cette fois et s'est dnou en dehors^ du Parlement, la veulerie duquel s'est oppose la volont de la France ouvrire et dmocratique c'est que toutes les parties du socialisme, aprs quelques chicanes au dbut, ont d faire face, dans un effort commun, au danger menaant c'est encore que cette France ouvrire et dmocratique a reconquis un rni les diffrents groupes rpublicains;

;

de la Chambre siu* l'antismitisme et le nalionalisme, victoire lmentaire mais d'autant plus essentielle, et que le parti socialiste doit complter en forant ses lus de la Chambre la comprhension complte et constante de leur rle de dfense sociale et ouvrire c'est qu'enfin le proltariat a pris conscience de l'action qu'il pouvait exercer sur ses lus par ses groupements et sa presse et de l'action rvolutionnaire que seul il sera mme d'engager lorsqu'il aura finalement la pleine conscience de son entier dveloppement politique et conomique.;

Paul Dramas.

(i) De son ct, le groupe socialiste de la Chanifjre a dcid de se rendre la confrence jjarlemen taire franco-italienne organise par les dputs socialistes italiens, Rome en avril procliain.

L'ENSEIGNEMENT MANUEL

Dans un livre rcent dirig contre le socialisme, M. G. Le Bon s'occupe beaucoup de l'enseignement et s'lve contre lesmthodes suivies chez nous il lui semble absurde d'imposer aux jeunes gens des tudes abstraites sans intrt, qui ne les mettent pas en tat de lutter dans la vie relle il met l'avis qu'on pourrait fonder tout l'enseignement sur le travail manuel. Cette ide n'est, malheureusement, pas dveloppe; mais;

;

elle est

certainement excellente.

Je n'attache pas la moindre importance l'enseignement du travail manuel, tel qu'il est donn aujourd'hui, commeaccessoire de luxe, dans beaucoup d'coles. Ce n'est l qu'une parodie du vritable enseignement tel qu'il faudrait le prati-. quer. I^e travail ne doit tre ni un amusement, ou un art ni une application de prd'agrment l'cmplaant le jeu, tendus principes thoriques exposs, d'une manire abstraite, par des matres trangers aux professions. Il faut qu'il soit mi vrai travail et que la thorie soit vme dduction tire des mthodes pratiques que l'lve a appris employer. On attache ime importance exagre, dans les coles de tout ordre, la gomtrie; on prtend que cette science est bonne pour apprendre raisomier. Je suis d'un avis tout diffrent les enfants et leurs matres rplent, par cur, des chapelets de phrases, dont ils ne comprennent pas le sens exact. Ds que deux mathmaticiens veulent se mettre discuter sur les principes de leur science, ils ne peu\'ent plus s'entendre. Pourquoi donc ennuyer les lves avec des subtilits logiques et les assomnwr avec des dmonstrations compliques ? L'exprience a prouv, d'une manire surabondante, qu'on peut apprendre, trs rapidement et sans.peinc, toute la gomtrie lmentaire, en trs peu de temps, la

;

LEXSEIGXEMENT MANUELconditionlournitilet que depuis le jour o la mcanique a pris une place prpondrante dans le travail. Les machines sont des instru;

(jue

faut

ments de prcision qu'il faut conduire avec intelligence, qti'il entretenir avec amour, dont il faut constamment sutveiller les dfauts en vue de trouver des moyens de perfecI

ionner l'outillage.

(le

reproche nos industriels de faire trop souvent cher et ne pas assez soigner leurs produits tous les chefs d'ateliers disent qu'ils manquent de bons ouvriers mais peu d'entre eux savent, exactement, ce qu'il faudrait faire les thoriciens proposent de crer de nouvelles coles mais les rsultats obtenus jusqu'ici ont t fort peu satisfaisants. Ce qui manque, l'heure actuelle, pour assurer le [)rogrs, l'aire bien et conomi(piement, c'est le sentiment artistique. Ce sentiment ne fait jamais dfaut dans le monde; nous voyons souvent des ouvriers imaginer des dispositifs pleins d'ingniosit, (pii prouvent l'existence d'un sens artistique 1res dvelopp mais on fait tout pour dtruire ce sentiment par un enseignement maussade, pdanlesque et abstrait. II faut que l'homme travaille et produise des uvres plastiques; ;; ; ;

On

Io6

LE MOUVEMENT SOCIALISTEqu'il sente s'veiller;

pour

chez lui, d'une manire sre, le sentiment de l'art il faut qu'il fasse une uvre dont il comprenne l'importance il faut qu'il soit possd par le dmon du travail. Gela est impossible tant qu'on lui prsente l'uvre manuelle comme un accessoire, un amusement, et tant qu'on lui persuade que les thories sont bien suprieures la;

pratique.

L'exprience a montr, d'une manire frappante, l'opposition qui existe entre le sentiment artistique des lves et les principes des matres. Les hommes qui deviennent des crateurs, ont t, presque toujours considrs comme de mdiocres sujets dans les classes. Rien n'est plus faux que le jugement port par un professeur sur la valeur de ses lves il apprcie surtout ceux qui apprennent bien les thories qu'il leur enseigne, c'est--dire ceux qui n'prouvent pas le besoin de penser et d'agir par eux-mmes.:

Au commencement tait l'action , c'est un principe que Marx a souvent mis en vidence et qui doit toujours nous diriger

l'ducation et sur l'organisation des

quand nous avons raisonner sur la conduite, sur hommes.

CHRONIQUE SOCIALEPROTECTION OUVRIERELa protectionautrichienne.la cration

Le Reischrath a vot, au dbut de dcembre,

des ouvriers de chemin de fer la

Chambre

de vingt-cinq chemins de fer locaux, d'une longueur de 85o kilomtres. Le devoir des socialistes tait de rclamer certaines dispositions protectrices des ouvriers employs leur construction, car la plupart de ces ouvriers n'ont pas mme un minimmn de protection. Dj, en 1892, les terrassiers soutenus par les de Vienne avaient demand des rformes Jeunes Tchques et les antismites ils obtinrent un succs partiel. Un deuxime essai fut tent rcemment lors de la cette fois, les antismites, construction des usines gaz: :

au pouvoir, ont dclar les prtentions ouvrires inadmissibles et constituant un attentat contre la municiarrivspalit.

Le vote de la loi sur les chemins de fer locaux a de nouveau provoqu une nergique intervention socialiste. Le ministre des chemins de fer dclara d'abord qu'il avait introduit dans les cahiers des charges des clauses en faveur des ouvriers, qu'il organiserait un contrle, qu'il y aurait un inspecteur de l'exploitation. Le docteur Verkauf,. dput socialiste, a rpondu au ministre. Il lui a demand de faire connatre ces fameusesil a signal le truck-sjrstem qui fleurit sur toutes de chemin de fer il a montr l'existence du marchandage dans la construction des chemins de fer. Il pri la Chambre de dcider l'introduction dans le cahier des charges de dispositions relatives au paiement des salaires, su comptant, jour fixe il a demand la responsabilit des

clauses; puisles lignes

:

;

Io8

LE MOUVEMENT SOCIALISTE

employeurs garantie par une caution pour les salaires arrirs, la limitation de la journe de travail, le repos hebdomadaire, des mesures ncessaires la protection de la vie et de la sant ouvrires. Notre ami Verlvauf a soulign la conlusion voulue faite par le ministre entre les chemins de fer en construction et ceux en exploitation ; et, par un autre projet de loi il a rclam la cration d'inspecteurs pour les travaux de construction dans tous les chemins de (er. Ces inspecteurs auront surtout examiner les conditions hyginiques des ouvriers dans leurs rapports, ils donneront des renseignements prcis sur les salaires, les conditions de logement et de sant des ouvriers qui y travaillent. El Tappui de ce projet de loi, le docteur Verkauf a cit des paroles du;

((ui allait

docteur Keizel, actuellement ministre, alors simple dput, beaucoup plus loin (jue lui-mme!

et

Cette proposition excita l'enthousiasme de la Chambre, sauf sur un point: le docteur de KozloAvski dclara qu'il tait d'accord avec Verkauf, except sur la construction juridique de la loi Et la rdaction de Verkauf a t rejete et renvoye une commission, qui fera son rapport sous huit semaines environ.!

Le

trai'ail

fdral vient de

femmes

e(

dans les briqueteries allemandes. Le Conseil promulguer une ordonnance sur le travail des des enfants dans les briqueteries elle doit rester;

en vigueur jusqu'ention actuelleles

1904.

fait uu tableau navrant de la situaposeurs sont occups toute la journe, soit quinze seize heures; quand il y a deux chauffeurs, ils font chaciui douze heures mais ordinairement il n'y en a qu'un, qu'on relve de temps autre et qui fait, parfois, dixhuit heures, mme le dimanche. Les femmes et les enfants rangent les briques au schoir ou terre; l'inspecteur de:

L'inspection du travail

;

Francfort-sur-Oder constate l'emploi illgal d'enfants, ^ui devraient tre l'cole . En 1895, les britjueteries et fabriques de (uvaux occupaient i-2,4 hon)nies, 18.900 fenunes ges de plus de i() ans, 11,800 garons et 1,800 jeunes liiles.

CIIIIOXIQUE SOCIALE

lOy

Une ordonnance du

27 avril 1893 avait autoris les brique-

douze heures par jour et soixante-six heures par semaine, alors que la loi gnrale limitait le travail des enfants (de i4 16 ans) dix heures et celui des fenunes onze heures (dix heures seulement le samedi). La nouvelle ordonnance ne mentionne plus la limite de soixantesix heures par semaine pour les briqueteries sans installation fixe ou un seul four le travail pourra donc atteindre soixante-dix heures (5 jours douze heures et le samedi dix heures). Dans les g-randes briqueteries, la dure est limite onze heures; mais dans ces installations, bien moins nombreuses que les autres, les ouvriers taient dj parvenus obtenir, eux-mmes, la rduction de la journe. L'ancienne ordonnance interdisait l'emploi des l'emmes et des enfants pour le transport des briques la nouvelle l'interdit autrement que dans des wagonnets et sur un plan dur . Il n'y a aucun progrs ralis.teries faire travailler: ;

MOUVEMENT SYNDICALlivre bleu

Le 14 janvier a paru le du Trade Board anglais, relatif la situation des Trade-Unions du Royaume-Uni ce volume est rdig par leLes syndicats anglais en i8gy.;

Chief-Labonr-Corresponclant, J. Burnett, ancien trade-unioniste, et tablit la situation de 1892 1897. En 1897, le nombre des syndicats a diminu de vingt et un, par suite de fusions; le nombre des membres a pass de 1,491,007 1,609,909 (augmentation 8 p. 100); 93 p. 100 sont des hommes; les femmes (119,77.5) appartiennent surtout la filature (81 p. 100). Le nombre total des travailleurs est valu 7 millions d'hommes et i million de femmes (non compris les domestiques et celles qui ne travaillent pas dans les fabriques et ateliers surveills) il y avait donc la lin de 1897 :21p. 100 de syndiqus. Les agriculteurs et pcheurs ne comprennent que 6,3 p. 100 de syndiqus si on les dduit, la proportion des syndiqus monte 25 p. 100. La proportion des fenunes organises est de I 10.; ;

IIO

LE MOUVEMENT SOCIALISTElesles 1,187 restant n'ont

Les syndicats ont en moyenne vingt ans d'existence;loo plus importants ont trente-cinq ans

que dix-neuf ans en moyenne; 693,000 trade-unionistes (43 p. 100) sont groups en i5i Trade-councils (sortes de Bourses du Travail) et 781,719 (48 p. 100) sont groups enla plupart des Trade-councils datent d'une 124 fdrations; vingtaine d'annes, les fdrations datent, presque toutes,

;

de 1888. Voici maintenant des renseignements statistiques relatifs aux 100 plus grands syndicats, qui groui^ent les deux tiers des trade-unionistes 26 (243,411 membres) n'accordent gure que des secours de grves 34 (264,048 membres) accordent en plus des secours de chmage; 41 (o5i,65o membres) donnent en plus des pensions aux vieillards, des secours en cas de mort et en cas d'accident. De 1892 1897 ces vSyndicats ont dpens: ;

:

En En En

Fr. secours de grve secours de chmage et autres. administration.

.

54. 281.^75 soit 23,5 p, 100 136.672.075 59,2 39.56i.i25 17,1

23o. 515.475

(La

livre sterling est

compte pour 25 francs.)NOMBREde

RKGKTTES(en francs)

DliPEN.SKS(en francs)

FORTUNE(en francs)

membresc)o3.98i

1892. 1894. 1896.

36.272. ia5 35 457 775 40.469.750 40 738 700 35 846 670 39.517.325.

.

.

.

.

.

924 584.

1897.

41.839.270 3o.837.3oo 54.693.000 49.,")49.275 47 4oi 800 .56.840.475. .

961.026.059.609

Augmentation proportionnelle par rapport 189618,4 p. 100 53,7 p. 100

3,9 p. 100 10,3 p. 100

Augmentation proportionnelle par rapport

1892

36,1 p. ix) 33,7 p. 100 40,5 p. 100 17,2 p. 100

CHRONIQUE SOCIALE

III

LA LUTTE DE CLASSESAngleterre. Le prsident du Board ofTrade, M. Bichtie a reu lcemuient une dlgation du Congrs des TradesUnions qui lui soumettait leurs dolances au sujet durenvoi en masse par les Compagnies des employs de chemin de 1er faisant partie du syndicat. M. Richtie rpondit qu'il n'approuvait nullement ces procds, puis il continua peu prs en ces termes:

L'Amrique et tous les pays d'Europe ont augment leurs exportations dans ces dernires annes les exportations anglaises ont au contraire diminu. Or c'est de l'clat florissant du commerce anglais que dpend le bien-tre du pays les ouvriers y sont autant intresss que les capitalistes. Il ne faut pas s'illusionner au sujet des conflits dplorables entre le capital et le travail ils ne font qu'aggraver encore les difficults dans lesquelles se dbat l'industrie anglaise. Il suffit de se rendre exactement compte des consquences de la grve des mcaniciens et de la grve des mineurs gallois. Quel a t en dfinitive le vainqueur dans les deux cas ? Ce n'taient pas les ouvriers. Mais ce n'taient pas non plus les patrons. Seul l'tranger a tir profit de ces grves. C'est l'tranger que; ::

sont alles les commandes, et quand les commandes s'en vont quelque part elles y restent d'habitude. La population de l'Angleterre a augment, et il faut lui trouver du travail or il sera impossible d'en trouver, si le capital ne se lance pas dans de nouvelles entreprises industrielles. Les grves effraient le capital et le font fuir. De grands capitaux anglais qui auraient pu aussi bien trouver im placement en Angleterre ont migr au cours des dernires annes l'tranger, c'est l un fait.;

Le

tsar dsire la paix politique.

Ne

serait-il

pas possible

d'arriver en Angleterre la paix industrielle ? Les Acts surl'arbitrage ont subi de vives attaques. Ils ont

nanmoinsne;

aid terminer heureusement bon

nombre de

conflits. Il

peut pas tre question de rendre l'arbitrage obligatoire ni le capital ni le travail n'en voudraient. Du reste il est impossible

II

.2

LE MOUVEMENT SOCIALISTEet le capitaliste

de forcer l'ouvrier travaillerfabrique.

exploiter mu-

sont noter dans ce discours de M. Richtic. apparat que l'Angleterre cesse de plus en plus, sous la pression de la concurrence trangre, d'avoir la suprmatie industrielle. D'autre part le gouvernement, par l'organe de M. Richtie, ne voit qu'un remde cet tat de choses il faut que les ouvriers soient modestes et se soumettent au capital. Evidemment ce discours n'aura pas de consquences pratiques immdiates, mais il est symptmatique, en ce sens que la lutte des classes tend devenir plus aigu en Angleterre, et que les Trades-Unions auront encore livrer bien des rudes

Deux chosesil

D'une part,

:

batailles

au

capital.

Divers faits montrent Organisation du patronat anglais. bien que la bourgeoisie anglaise commence s'organiser nettement en parti de classe et de combat. Sons le nom de Conseil parlementaire des Employeurs , vient de se constituer une association patronale. A la confrence qv prcdait cette constitution furent reprsentes les industries suivantes navigation, construction des machines, industries cotonnires, construction des navires, blanchisseries et teintureries, ameublement, d