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LE SEMEUR DU KASAÏ Revue pluridisciplinaire Numéro 2, premier semestre 2009

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Le Le semeur du Kasa, numro 2/2009

Le Semeur du Kasa (LSK) est une revue scientifique pluridisciplinaire publie grce au projet Leadership en dveloppement coopratif financ par lAgence canadienne de dveloppement international, dans le cadre du programme de partenariat des Collges canadiens (PPCC). Le Collge Boral est le matre duvre du projet dont le site est www.kuetu.com

Les textes publis dans cette revue expriment librement les opinions de leurs auteurs. Ils nengagent pas la responsabilit des diteurs institutionnels que sont lInstitut suprieur de dveloppement rural (ISDR-Tshibashi) et l'Institut suprieur de dveloppement intgral (ISDI). La codition assume par le Collge Boral est de type technique. Un comit dappui scientifique constitu de Kasaens de la Diaspora collabore la ralisation de la revue.

Pour toute correspondance concernant les droits dauteur et le contenu de la revue (articles, comptes rendus, notes et remarques) et toute demande concernant la rdaction, prire de sadresser : Le Semeur du Kasa, ISDR-TSHIBASHI, B. P. 70 Kananga, Kasa occidental, Rpublique dmocratique du Congo. [email protected] ou Comit scientifique appui E-mail: [email protected] ou encore le coditeur technique : Les ditions Glopro ([email protected]).

2009 Le Semeur du Kasa et les auteurs Dpt lgal Premier trimestre 2009

Bibliothque nationale de la RD Congo KK 3.0704 57057

ISSN 1913-9608

La reproduction ou reprsentation de cette revue, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manireque ce soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur au Canada. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

Direction

Rdacteur en Chef : Modeste Bukasa Tubadikukub, Directeur de lISDR

Rdacteur : Lambert Museka Ntumba, Directeur de lISDI

Administrateurs

Andr Nkongolo, Secrtaire acadmique de lISDR

Jacques Kanku, Secrtaire acadmique de lISDI

Comit de rdaction

Honor Mukadi Luaba, Boniface Beya Ngindu, Joseph Mputu, Mulamba Katoka, Genevive Tuanyishayi Mulopo, Evelyne Tshiabidi.

Comit scientifique de slection

Bonaventure Bibombe, Josphine Bitota, Antoine Bushabu, Joseph Kabamba, Andr Kabasele, Franois Kabasele, Joseph Kalamba, Sylvain Kalamba, Philippe Kanku, Philippe Malu, Franois Mpamba, Paul Mukenge Bantu, Joseph Mulumba Musumbu, Parice Munabe, Etienne Mutshipayi, Pierre Mvita, Albert Ndomba, Maurice Ndjondjo, Alphonse Ngindu Mushete, Ntumba Mwena Mwanza, Paulin Ntumba Ngandu, Jean-Adalbert Nyeme, Ren Okitundu, Albertine Tshibilondi, Jean-Pierre Tshikuna Matamba, Pierre Tshimbombo.

Comit scientifique d'appui

Bululu Kabatakaka, Eddie Kabasele, Andr Kazadi, Jean Pierre Kapongo, Martin Kalulambi Institut de recherche et dinformation sur le Kasanstitut de recherche et dinformation sur le Kasa

LE SEMEUR DU KASA Revue pluridisciplinaire

Numro 2, premier semestre 2009

mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]

Le semeur du Kasa, numro 2/2009

Le Semeur du Kasa (LSK) est une revue scientifique pluridisciplinaire publie grce au projet Leadership en dveloppement coopratif financ par lAgence canadienne de dveloppement international, dans le cadre du programme de partenariat des Collges canadiens (PPCC). Le Collge Boral est le matre duvre du projet dont le site est www.kuetu.com

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Pour toute correspondance concernant les droits dauteur et le contenu de la revue (articles, comptes rendus, notes et remarques) et toute demande concernant la rdaction, prire de sadresser : Le Semeur du Kasa, ISDR-TSHIBASHI, B. P. 70 Kananga, Kasa occidental, Rpublique dmocratique du Congo. [email protected] ou Comit scientifique appui E-mail: [email protected] ou encore le coditeur technique : Les ditions Glopro ([email protected]).

2009 Le Semeur du Kasa et les auteurs Dpt lgal Premier trimestre 2009

Bibliothque nationale de la RD Congo KK 3.0704 57057

ISSN 1913-9608

La reproduction ou reprsentation de cette revue, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manireque ce soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur au Canada. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

Direction

Rdacteur en Chef : Modeste Bukasa Tubadikukub, Directeur de lISDR

Rdacteur : Lambert Museka Ntumba, Directeur de lISDI

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Andr Nkongolo, Secrtaire acadmique de lISDR

Jacques Kanku, Secrtaire acadmique de lISDI

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Honor Mukadi Luaba, Boniface Beya Ngindu, Joseph Mputu, Mulamba Katoka, Genevive Tuanyishayi Mulopo, Evelyne Tshiabidi.

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Bonaventure Bibombe, Josphine Bitota, Antoine Bushabu, Joseph Kabamba, Andr Kabasele, Franois Kabasele, Joseph Kalamba, Sylvain Kalamba, Philippe Kanku, Philippe Malu, Franois Mpamba, Paul Mukenge Bantu, Joseph Mulumba Musumbu, Parice Munabe, Etienne Mutshipayi, Pierre Mvita, Albert Ndomba, Maurice Ndjondjo, Alphonse Ngindu Mushete, Ntumba Mwena Mwanza, Paulin Ntumba Ngandu, Jean-Adalbert Nyeme, Ren Okitundu, Albertine Tshibilondi, Jean-Pierre Tshikuna Matamba, Pierre Tshimbombo.

Comit scientifique d'appui

Bululu Kabatakaka, Eddie Kabasele, Andr Kazadi, Jean Pierre Kapongo, Martin Kalulambi

Institut de recherche et dinformation sur le Kasa

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Le semeur du Kasa, numro 2/2009

Le Semeur du Kasai Revue pluridisciplinaire Numro 2/2009 __________________________________________________________________________________________

tudes et essais Cosmas Mbope Mingambenge, Les conflits identitaires en rd congo : origines, facteurs et consequences pour la decentralisation. P.1-13 Eddie M. Kabasele, Lean N. Lumu et P.Pierre T. Kapongo, Effet de linoculum rhizobien fabrique localement sur la croissance, la nodulation et le rendement du niebe (vinga unguiculata l warp). P. 14-21 Paulin Ntumba Ngandu, Lexploitation artisanale du diamant de Tshikapa et son impact sur la population et lenvironnement. P.22-40

Kambala Kabasele, La problmatique de lamende transactionnelle par lofficier de la police judiciaire en droit positif congolais. P.41-53

Jean KajiI Mbuyi Le territoire de luiza face au dfi du dveloppementsocio conomique de la province du Kasa central : analyse et perspectives. P.54-66

Jean Pierre Kembe Mpangula, Limpact de lordonnancement dans lexecution du budget de ltat la division provinciale des finances au Kasai Occidental : de 2002 2006. P.67-77

Alphonse Bebeja Nyembo, Lautomdication, un danger : cas de la commune de Nganza. P.78-87

Comptes rendus

Boniface Beya Ngindu, Lecture plurielle. P.88-97

Jos Tshisungu wa Tshisungu, La culture politique des Congolais, Sudbury/Canada, d. Glopro,

2008, 85p.

Gilbert Kalumbu Ngindu : glise et Politique au Congo Lopoldville (1960-1967) Kananga, d.

Bidia, 2008, 202p.

Kadima Mpoyi Longsha : Maintenant ou jamais, Kinshasa, Ed. Lisanga, Imprimerie de Katoka,

2008, 230 p.

Mgr Marcel Madila Basanguka, Paroles inaugurales, Kinshasa, Editions LEpiphanie, 2008, 84p.

Le semeur du Kasa, numro 2/2009

Le Semeur du Kasai Revue pluridisciplinaire Numro 2/2009

LES CONFLITS IDENTITAIRES EN RD CONGO : ORIGINES, FACTEURS ET CONSEQUENCES POUR LA DECENTRALISATION

Cosmas Mbope Mingambengele Chef des travaux, ISDR-Tshibashi

PREAMBULE Les problmes identitaires constituent des questions chaudes et de grande actualit travers le monde depuis lAntiquit grco romaine, lEgypte pharaonienne, la Msopotamie et lAfrique contemporaine. Aprs laccs des Europens lAfrique, les conflits de leadership, dimplantation des comptoirs et des luttes dintrts amena le souverain allemand OTTON VON BISMARCK de convoquer la Confrence dite de Berlin pour dcider du partage de lAfrique en 1885, malheureusement sans Afrique et sans Africains. Chaque puissance reprsente par ses explorateurs et ses commerants avait dj plant son drapeau le long de la cte et parfois dans larrire pays, marque doccupation officielle de la zone. Cest ainsi que le souverain belge, le roi Lopold II acquiert le bassin du fleuve Congo. Les rapports des missionnaires David Livingston et Morton Stanley avaient dj prsent ltude du milieu lorsque Stanley disait en confirmant sans chemin de fer le Congo ne vaut pas un penny . Le roi Lopold II devint le souverain du bassin du Congo et soumis tous les peuples autochtones sous lEtat Indpendant du Congo avec 2 345 410 km2. Jadis ces peuples constituaient des nations autonomes, diviss en Royaumes (Kongo, Kuba, etc.) et Empires (Lunda, Luba, etc.) et des peuples autochtones dissmins travers le pays en principauts sans organisation politique, sociale et culturelle solide. Selon les sources historiques, la plupart des peuples de la RDCONGO, seraient venus de lUBANGI CHARI aprs avoir travers le dsert du Sahara en provenance de la valle du Nil, considr par Cheik Anta Diop renchrit par Joseph Ki Zerbo comme la zone de diffusion et de migrations des peuples de la REDCONGO. Du Katanga au Kasa, de lUbangi Chari, de lIturi, des Ueles au Bas-Congo, du Lac Moero au lac Victoria, tous ses rclament dun anctre commun. Les Baluba du Kasa et ceux du Katanga sont originaires du Sanga Lubangu. Les Bakongo, quils soient de Bandundu ou du Bas-Congo se rclament du roi Nzinga Kuvu ; les Ngbandi, les Ngbaka, les Ngombe et les Mongo des Ueles sont des peuples soudanais ayant travers le Sahara pour se sdentariser autour du lac Tchad et du fleuve Ubangi. Les Cokwe du Katanga et du Kasa sont apparents. Les Nilotiques de la cte orientale, de lempire de Chaka Zulu la cte Ethiopienne et en Erythre sont descendants de la Reine de Saba, elle-mme originaire des ctes de la Mer Rouge et des plaines de la Msopotamie entre le Tigre et lEuphrate.

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La majorit des peuples de lAfrique centrale et de la RD CONGO ont une mme origine. Mais le dbat est encore houleux entre les chercheurs et les scientifiques sur cette question dorigine des peuples. Il y en a qui considrent une origine unilinaire et dautres considrent des origines multiples, cest--dire en plusieurs directions. Cela nest pas un grand problme tant donn que cest un dbat dcoles. Lessentiel pour nous est de retenir que les peuples de la RD CONGO ont des origines lointaines communes. Ils sont arrivs par vagues, et aprs les prgrinations se sont tablis sur lactuel territoire, le bassin du fleuve Congo devenu dabord proprit historique personnelle du roi belge puis de la colonie belge en 1908. Ces peuples dans leurs diversits avaient cr des nations fortes et consolid lunit nationale sur le plan politique, conomique, social, religieux et culturel. Avant la confrence et lActe de Berlin les peuples des royaumes Kongo et Kuba par exemple croyaient que leurs entits constituaient les limites de lunivers et quen dehors deux il ny avait pas dautres peuples ; leurs rois taient les seuls souverains qui reprsentaient le Crateur sur la terre, leurs collectivits les plus lointaines constituaient les confins de la terre. Plus tard, les contacts, les caravanes, les conqutes des terres, la recherche de pturages, le portage de biens des explorateurs puis des colons ont mis plusieurs peuples en contact, ont suscit des conflits doccupation, dhgmonie, de leadership et dautorit entre souverains et chefs traditionnels. Notre proccupation sarticule autour de la problmatique :

1. Quelles sont les origines des conflits identitaires des peuples de la RD CONGO considrs comme originaires de la mme rgion et ayant pour la plupart un anctre commun ?

2. Quels sont les facteurs la base des conflits identitaires ? 3. Quelles sont les consquences et les effets ngatifs de ces conflits identitaires des peuples

congolais ? Quelles sont les stratgies mettre en place pour rsoudre et radiquer ces conflits en vue de susciter lintgration, la cohabitation pacifique et la participation de tous la dcentralisation et au dveloppement durable de la RD CONGO.

I. LES ORIGINES ANTHROPO-HISTORIQUES DES CONFLITS IDENTITAIRES

Selon Thomas HOBBES, dans le contrat social, la nature animale de lhomme la rendu belliqueux. Et cette belligrance est la base des guerres, des conflits individuels et collectifs, interethniques, intertribaux et inter claniques, des tensions, des msententes, des divisions, des discriminations, lisolement des uns par les autres, de la marginalisation, de la domination, de la subordination et de lexploitation de lhomme par lhomme. Cest ainsi que les peuples du Latium Rome disaient :

Lhomme est un loup pour lhomme Qest-ce quun conflit ? Quest-ce quune identit ?

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1. Un conflit

Etymologiquement le lexme conflit vient de : Cum-fluctus qui signifie tre en dsaccord avec, ne pas tre pour, ne pas sentendre avec, ne pas avoir le mme entendement que, ne pas tre du mme avis que. Ainsi, le conflit oppose un individu dans son fort intrieur, oppose deux personnes, deux groupes ou plusieurs groupes qui ne sont pas de mme avis.

1. De la typologie des conflits Il existe plusieurs types des conflits.

a. Selon leur dure, lon distingue les conflits ponctuels, circonstanciels ou occasionnels, et les conflits historiques (Palestine Isral, Hutus Tutsis, Wallons Flamands, etc.)

b. Selon leur nature, lon distingue des conflits politiques (guerres des Ploponnse, conqutes

dAlexandre le Grand, etc.) ; des guerres conomiques (Kowet Iran, Sahara occidental Polisario, etc.) ; des guerres de religions (les croisades, etc.) et culturelles (coutumes, traditions avilissantes...) ; des conflits idologiques ou philosophiques (francophonie, Commonwealth, etc.).

2. Lidentit

Lidentit est lensemble dlments didentification, de connaissance et de prsentation dune personne ou dun citoyen appartenant tel pays, telle communaut ou une telle entit territoriale. La Dclaration Universelle des Droits de lHomme ou mieux la Convention relative aux Droits de lEnfant, consacrent qu la naissance chaque enfant doit avoir un nom et une nationalit... Lidentit est aussi un droit pour chaque homme de possder un nom, une nationalit pour se sentir appartenir un groupe dtermin, un espace gographique ou une communaut dhommes bien dfinie. Les conflits identitaires en RD CONGO ont commenc : La priode prcoloniale Dans lAfrique des villages, Jean-Marc Ela, ce prtre camerounais tmoigne que lAfrique noire tait constitue dun amalgame des villages et une mosaque de peuples et des langues. Les villages constituent des grandes entits politico administratives, sociales et culturelles. Cest elles qui fondent les groupements, les secteurs et les collectivits. Lautorit du chef stend sur plusieurs villages qui fondent un royaume ou un empire. Comme la plupart des peuples de la RD CONGO sont 90 % de sdentaires excepts les peuples lautochtones et faible proportion des nilotiques et des peuples pasteurs de lEst, les migrations et les dplacements taient rares. Chaque peuple voulait se contenir et se protgeait par rapport linstinct de protection. Chaque peuple se croyait seul et son entit gale lunivers, car les connaissances go ethnographiques et anthropologiques taient mdiocres, la vie des peuples ntait pas documente et

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lcriture ntait pas encore dveloppe, les voies de communication comme les sentiers battus taient peine rparables, sauf les cours deau, les rivires et les fleuves navigus par les pirogues. Dans un rayon trs restreint, les tam-tams, les sifflets, les cris lancs sur les fatires des toitures des maisons taient peine intercepts. Il fallait en tre initi pour saisir la dtonation et la smantique. Les conflits commencent avec llan des chefs vers loccupation de lespace, la recherche dhgmonie (conqute de pouvoir) et lon utilise les subterfuges de tout genre :

Les armes blanches (flches, lances, machettes) Les ftiches tlcommands et tlguids et blouissants Les femmes...

et les conqutes des richesses et des biens matriels. Ainsi des peuples ont soumis dautres peuples leur autorit, ont agrandi leurs cercles, leurs entits et leur autorit. Beaucoup sont rests opposs vivant dans ladversit et linimiti. Durant la colonisation, la mtropole a utilis lEglise et la voie de la religion pour pacifier les peuples diviss, opposs et crer une nation. Les glises chrtiennes ont utilis les batitudes et le confessionnal pour tre lcoute du monde colonis et duquer les uns et les autres. Aprs 100 ans dvanglisation, les valuations faites aux centenaires des glises catholiques et protestantes ont prouv que le changement de mentalits et le modelage de comportements sont une uvre de longue haleine pour amener les peuples vangliss leur propre promotion. La priode coloniale Le recadrage du pays et des peuples au dbut de la colonisation de la RD CONGO tait un devoir ultime pour permettre la mtropole de matriser la situation, de pacifier les peuples et de consolider lautorit de lEtat partout. Les intrts scuritaires, stratgiques et dveloppementalistes en dpendaient. Ltendue du pays, la diversit culturelle, et la nouveaut pour les Belges dtre en contact permanent et de prendre la direction du pays en prservant tout prix les intrts de la couronne taient un casse-tte pour la mtropole.

A. Les dcoupages territoriaux 1 Sur le plan de la gopolitique international A lissue de la confrence de Berlin en 1885, la R.D.CONGO avait des longues frontires avec tous les voisins avec une ouverture sur lestuaire de Moanda :

Au Nord: La RCA, le Soudan et lOuganda Au Sud : LAngola et la Zambie A lEst : Le Rwanda et le Burundi avec lesquelles elles formaient la Rpublique du Congo, Ruanda-Urundi. A lOuest: Le Congo-Brazzaville.

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En effet, le trac frontalier a arbitrairement divis les territoires et les peuples en dehors des lments physiques qui constituaient dj des frontires naturelles comme :

Le Fleuve Congo entre Kinshasa et Brazzaville Le Fleuve Ubangi entre la RD CONGO et la RCA Les Lacs Victoria, Edouard et Albert entre la RDCONGO et lOuganda Le Lac Tanganika entre la RD CONGO et le Burundi Le Lac Moero entre la RD CONGO et la Zambie.

A cet effet, le trac frontalier qui divise les territoires a aussi divis les peuples mme si les liens sociologiques et de parent anthropologique, sociale et culturelle ont demeur :

Les Lunda au Sud se sont mietts et disperss en R.D.CONGO, en Zambie et en Angola Les Cokwe en R.D.CONGO et en Angola Les Kongo en RD CONGO, au Congo Brazzaville et en Angola Les Ngbandi en RD CONGO et en RCA Les Hema, Lendus, Azande et Bowa en RD CONGO, en RCA et en Ouganda Les Tutsis et Hutus en RD CONGO, au Rwanda et au Burundi.

2 Sur le plan de la gopolitique nationale et interne Le premier dcoupage territorial interne aprs la passation de lEtat Indpendant du Congo la Belgique a consacr quatre (4) provinces pour constituer le Congo Belge. Ce fut notamment :

La Province du Congo Kasa La Province de lEquateur La Province Orientale La Province du Katanga.

Du Congo Belge la Rpublique Dmocratique du Congo en passant par la Rpublique du Zare, notre pays a connu cinq (5) dcoupages administratifs :

a) De 1907 1919 : 4 Provinces b) De 1919 1962 : 6 Provinces, lorsquen 1933 la Ville de Kinshasa et la Province de Kivu furent

leves comme entits Provinciales compltant les 4 premires Provinces. c) De 1962 1966 : 21 Provincettes d) De 1966 1987 : 9 Rgions e) De 1987 nos jours : 11 Provinces.

Ainsi :

1. La Province de Lopoldville a leu comme chef-lieu Lopoldville, Capitale du pays 2. la Province du Kasa a eu comme chef-lieu LUSAMBO puis LULUABOURG en 1945 3. la Province du Katanga, chef-lieu Elisabethville (Lubumbashi) 4. la Province du Kivu, chef-lieu Constermansville (Bukavu) 5. la Province Orientale, chef-lieu Stanleyville (Kisangani) 6. la Province de lEquateur, chef-lieu Coquilathville (Mbandaka).

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Vous remarquerez que ce dcoupage du Congo Belge en 4 Provinces puis en 6 fut un hritage de la dcentralisation coloniale effectue dans des conditions arbitraires et hsitantes qui ne tenaient pas compte des ralits ethniques, politiques, conomiques et culturelles. Ainsi, les ples de dveloppement du Congo Belge se sont raliss selon les vises imprialistes. Aprs le 30 juin 1960, et prcisment en juillet 1960, les engouements indpendantistes et conflictuels naissent. Ils dbouchent sur les troubles sanglants et les incertitudes politiques qui dboucheront plus tard lclatement Congo en plusieurs provinces. Les successions katangaise et Sud kasaenne, les revendications provinciales mises en sourdine par le gouvernement central inciteront les trois tables rondes congolaises dont :

la table ronde de Kinshasa la table ronde de Tananarive la table ronde de Coquilathville.

Pour envisager la cration des nouvelles provinces, selon Robert CORNEVIN, ce projet fut ltude du Premier Ministre Cyrille ADOULA, lissue du conclave de LOVANIUM du 02 aot 1961 pour le mme auteur la rorganisation des structures administratives provinciales devait tre mieux chappe en tenant compte de la diversit ethnique des peuples dans leurs aspirations vers une autonomie compatible avec lunit nationale, lintgrit territoriale et lintrt de tous. Cette opinion tait justifie par des sentiments de frustration quprouvaient certains groupes lss dans leurs droits et par les ambitions que nourrissaient certains leaders politiques de lpoque de possder un espace de pouvoir, en loccurrence une province stendent aux limites de leurs ethnies. Cest ainsi quau terme de la loi du 09 mars 1962, abrogeant larticle 7 de la loi fondamentale, la Rpublique Dmocratique du Congo, du moins ses 6 provinces vont clater dabord en seize (16) provinces pendant les vacances parlementaires du mois daot pour passer au nombre de vingt-et-une (21) en date du 16 octobre 1922. Il sagit de :

1. La Province de Lopoldville : en 4 Provinces

Lopoldville Kongo centrale : chef-lieu Mpumbu Lo Kwango : chef-lieu Kenge Kwilu : chef-lieu Mai-Ndombe.

2. La Province de lEquateur : en 3 Provinces

Cuvette centrale: chef-lieu Coquilathville Moyen Congo: chef-lieu Lisala Ubangi: chef-lieu Gemena

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3. La Province Orientale : en 3 Provinces

Uele: chef-lieu Faulis (Isiro) Haut Congo : chef-lieu Stanleyville Kibali huri: chef-lieu Bumba

4. La Province du Kivu : 3 Provincettes

Nord-Kivu: chef-lieu Kirothe Maniema: chef-lieu Kindu Sud-Kivu: chef-lieu Bukavu

5. La Province du Katanga : en 3 Provinces

Nord-Katanga: chef-lieu Albertville Lualaba: chef-lieu Kolwezi Sud-Katanga: chef-lieu Eville.

6. La Province du Kasa : en 5 Provinces

Sankuru : chef-lieu Lodja Unit kasaenne: chef-lieu Tshikapa Lomami: chef-lieu Kabinda Sud-Kasa: chef-lieu Bakwanga Luluabourg: chef-lieu Luluabourg.

Devant la difficult dparpillement et le souci de consolider lunit nationale, le Gnral MOBUTU prit la dcision de procder au regroupement des provincettes aprs sa prise de pouvoir en 1965. Lordonnance du 10 avril 1966 complte par celle du 27 avril 1966 fixa le nombre des provinces 8 plus la ville de Kinshasa soit :

1. La Province du Congo central: Matadi 2. la Province de l Equateur: Mbandaka 3. la Province Orientale: Kisangani 4. la Province du Kivu : Bukavu 5. la Province du Katanga: Lubumbashi 6. la Province du Kasa Oriental: Mbuji Mayi 7. la Province du Kasa Occidental: Kananga 8. la Province de Bandundu: Bandundu 9. la Ville Province de Kinshasa: Kinshasa

Il y a lieu de noter que le changement dappellation des chefs-lieux comme indiqu ci-haut interviendra plus tard avec le changement de nom du pays en 1972.

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Aussi faudra-t-il attendre 22 ans aprs soit de 1966 1988, pour que la Province du Kivu soit de nouveau quadrill et ramena trois provinces titre exprimental dans le cadre de lapplication de la politique de dcentralisation des provinces en rgions. Ces provinces sont : 1. La Province du Nord-Kivu: Goma 2. La Province du Sud-Kivu: Bukavu 3. La Province de Maniema: Kindu. Tous ces dcoupages ont miett le pays et bouscul les gouvernants et les gouverns. Les territoriaux et les structures administratives ont connu dnormes mutations et transformations si pas inutiles mais vaines. En ce dbut de la 3me Rpublique, la constitution de la Rpublique du 18 fvrier 2006 prne encore la dcentralisation accompagne dun dcoupage territorial qui ramne :

les Provinces 25 les Villes 21 les Territoires 145 les Collectivits 737 les Groupements 5397 les Cits l 98

(cfr Atlas de la R.D. Congo publi par le Pre Lon de Saint Moulin, Kinshasa 2006) Ces divisions et subdivisions du pays divisent aussi les peuples qui se rclament tantt natifs, de originaires, de autochtones et indexs comme non originaires ou trangers sous les appellations diverses de BABUTA, BILULU, KUNAKUYA... qui vont tre cautionns dans des discours politiques des gouverneurs considrs hommes dEtat. Aprs avoir suivi ce film des dcoupages territoriaux dans le souci de russir la dcentralisation, reprons alors les facteurs la base des conflits identitaires.

II. Les facteurs la base des conflits identitaires en R.D.CONGO. Plusieurs facteurs sont la base des conflits identitaires en R.D.Congo. Il sagit de :

1. Les facteurs politiques

a) La conqute du pouvoir politique Nul nignore que la dtention du pouvoir politique procure lautorit qui a le pouvoir de dcision. Les politologues de lcole machiavlique rptent : le pouvoir corrompt . Lorsquon le dtient, on veut le maintenir le plus longtemps possible. Cest lgant, cest honorable, cest excellent. Mais au fil des sicles, plusieurs dentaires du pouvoir public ont abus jusqu instaurer les rgimes aristocratiques et monarchiques conduisant des dictatures sanguinolentes de pouvoir vie.

Cest ainsi que les peuples travers le monde de lhistoire ont lutt acharnement vers la dmocratie qui garantit la rotation du pouvoir, le systme de mandat et consacr le choix des dirigeants par les peuples souverains primaires. Mais mme en dmocratie, il y a des fraudes et des abus.

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b) Les conflits doccupation despace et conflits frontaliers

Acte de Berlin en 1885 pour rsoudre les conflits doccupation Dossier KAHEMBA pour rsoudre la question frontalire entre la RD CONGO et lAngola.

c) Les conflits de pouvoir coutumier

Depuis la colonisation et la politique de INDIRET RULE, les conflits entre chef traditionnel se sont multiplis et intensifis surtout que cest lautorit de lEtat qui procde par arrt ministriel la reconnaissance et la nomination des chefs de groupement devenus aussi des fonctionnaires salaris de lEtat.

2. Les facteurs conomiques La consolidation du pouvoir politique et de tout autre pouvoir requiert laccumulation des richesses et des capitaux. Cette recherche ultime et effrne des richesses et de lucre qui caractrise les hommes politiques de ce monde est la base des conflits autour :

Des zones minires De la gestion des entreprises juteuses De limprialisme et des problmes de gopolitique international.

La traite de noirs et la colonisation avaient toutes de vises conomiques, de mme que larche de zo.

3. Les facteurs culturels et idologiques La conqute des espaces entre la Francophonie, le Commonwealth, la Ligue Arabe, la Ligue des Etats noirs dAfrique, lUnion Europenne, lUnion Africaine, la Perestroka.

4. Les facteurs religieux et philosophiques Les guerres de religion et la prolifration des sectes religieuses. Aprs avoir identifi les facteurs essentiels l la base des conflits identitaires, quelles sont alors les consquences de ces conflits identitaires sur la dcentralisation et le dveloppement de la Rpublique Dmocratique du Congo ?

III. Les consquences des conflits identitaires sur la dcentralisation et le dveloppement autocentr de la R.D.Congo.

1. La dcentralisation et le dveloppement autocentr

Si la dcentralisation signifie une politique qui soutient ladministration de proximit, le rapprochement des dirigeants des dirigs ou mieux la dlocalisation du centre dimpulsion de grande dcision des Entits centralises vers les Entits dcentralises en vue de permettre :

La participation des peuples la gestion du republica Le contrle citoyen du patrimoine public

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La gouvernance dcentralise garantissant la scission la corruption, k la fraude, limpunit et aux non respects des droits humains.

La vigilance tout azimut des peuples, souverain primaire, la gestion de la respublica peut conduire au dveloppement autocentr de la Rpublique. La dcentralisation permet dans un systme dmocratique que les populations connaissent rellement leur environnement se tiennent la main dans la main pour sautogrer et sauto promouvoir. Cest supprimer toutes les distances entre les dcisions et les bnficiaires.

2. Les consquences des conflits identitaires en R.D.Congo.

1. La dcentralisation suivie des dcoupages territoriaux La dcentralisation comme nous lavons dfini, suivie des dcoupages territoriaux nest pas une mauvaise chose dans la mesure o notre pays qui stend sur une superficie de 2.345.41O km avec 60.000.000 dhabitants plus tendue que plus le pays est moins vaste qui se sont dcentraliss en vue de la bonne gouvernance de lespace national. La France comme le disait lHonorable MBADU avec ses 550.000 Km2, entre quatre fois en RD Congo et est dcoupe en 100 dpartements ou provinces, en 341 provincettes ou territoires, en 4039 centres ou secteurs chefferies et 36.782 communes ou groupements. LAllemagne qui, avec 375.050 Km2, sept fois moins que la R.D. Congo, moins vaste que la Province de lEquateur qui mesure 403.282 km2 est pourtant dcoupe en 16 rgions ou Lander ou provinces en 26 Districts ou Territoires, et en 16127 Communes Secteurs ou Chefferies. La province orientale actuelle, la plus vaste de notre pays avec ses 503.293 km2 est aussi vaste quun pays comme lEspagne et dpasse de loin le Cameroun qui a 475.442 km2 et la Sude qui a 449.964 km2. Les provinces du Katanga et de lEquateur avec respectivement 496.877 km2 et 403.282 km2 sont de moins plus tendues que le Japon 377.801 km2. La Cte dIvoire 322.801 km2. LItalie 301.278 km2. Le Bandundu qui a 295 km2 supplante le Royaume Uni avec 244.100 km2, la Roumanie 237.500 km2. Le Kasa Oriental et lOccidental et le Maniema, avec respectivement 169.886 km2, 156.987 km2 et 132.250 km2 de superficie sont plus vastes que la Core du Nord 120.538 km2, la Core du Sud 99.221 km2, le Portugal 62.072 km2. Le Sud-Kivu, le Nord-Kivu et le Bas-Congo avec respectivement 69.13O km2, 594.831 km2 et 53.620 km2 dpassant largement les Pays-Bas 34.182 km2. La Suisse 41.418 km2.

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La Belgique 30.518 km2. La ville de Kinshasa est avec ses 9.965 km2 3 fois plus tendue que le Luxembourg 2.586 km2. Notre pays peut aussi dcouper il ny a pas de problme. Le problme majeur qui nous recule est la conflictualit. La conflictualit ngative et permanente des Africains disent la langue et les dents appeles vue densemble se querellent mais la langue ramasse souvent son sang parpill sur les dents et avale. Vous me direz aussi nest-ce pas quen Occident il y a des conflits ?

Entre Belges, Flamands et Wallons En Allemagne du temps du mur de Berlin En Core du Nord et Core du Sud Aux USA entre dmocrates et rpublicains Entre blancs et noirs.

Mais, il ny a plus de guerre, des tueries, des massacres et des gnocides comme nous le connaissons en Afrique et au Congo.

2. La nature des conflits identitaires en R.D.Congo

1) Les Provinces du Nord, du Sud-Kivu et de Maniema Cette entit a connu environ trois dcoupages et lon croyait quelle serait la plus paisible de province. Elle est le foyer des guerres et la zone de tension. Les villages entiers sont supprims, pills et brls. Les Zimba et les Rega au Maniema se disputent sans cesse les frontires et les zones minires. Au Nord-Kivu les Nande se sont les nombreux et majoritaires dans les institutions. Ils considrent les Hutus et les Tutsi comme des non originaires.

2) Dans les provinces de lEquateur, du Kasa Oriental et du Kasa Occidental Les Mongo, Baluba et Lulua considrs comme majoritaires considrent les autres comme de petits peuples et les isolent et la cohabitation est difficile car connat des frictions. Elle nest pas pacifique.

3) Dans le Bas-Congo Laffaire Bundu Dia Kongo (BDK) est phnomnale et ne peut permettre une vie paisible dans la province.

4) Dans le Katanga Les peuples du copperbelt se sentent toujours plus scuriss que les peuples du Katanga agricole. Les Rund de Lualaba considrent les autres peuples toujours comme des esclaves, des sons peuples, des sujets que le MWATYAVU tient en sous tendance. Lorsque les Sanga se rclament originaires de Kolwezi

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parce que venus de Lubudi plus proche, les Ndembo se rclament autochtones et les Rund se considrent comme propritaires des terres.

5) Dans lEquateur, le Kivu, le Kasa et la Province Orientale

Dans les provinces de lEquateur et du Kivu, les peuples autochtones considrs comme les premiers occupants du bassin du Congo sont marginaliss, humilis et mme privs de linstruction, des soins de sant primaires et de la participation relle aux institutions politiques. Dans la province orientale au district dIturi, les Lendu vivent ken rivalits historiques et sculires avec les Hema venus du Nord comme peuple pasteur la recherche de pturages et ayant bnfici de la protection de lhomme blanc, ont joui de linstruction et de lconomie de la rgion en hritant les concessions de colons les rendant ainsi trs riche. Minoritaires, ils dominent les autochtones sdentaires.

3. Les consquences des conflits identitaires face la dcentralisation et au dveloppement en R.D.Congo.

Quand bien mme la dcentralisation est une technique, elle constitue dabord un tat desprit. Pour tre vritablement dcentralise parce que le dveloppement entendu comme processus dautopromotion par lautodtermination, la dcentralisation requiert des ttes dcentralises, des hommes acquis la cause de la dcentralisation. Tant que les conflits identitaires demeurent et sintensifient kil ny aura pas de bonne dcentralisation et pas de dveloppement parce que le peuple congolais se nie, se rejette et se marginalise mutuellement. La dcentralisation requiert que les peuples dans sa diversit se tiennent la main dans la main pour quun coup donne une flamme. Comment voulez-vous accepter un libanais ket vous excluez un natif mme sil est non originaire ? La dcentralisation est participative, elle ne requiert pas les divisions et lexclusion. Au Kasa Occidental, lorsque tel est nomm Ministre les autres les rpugnent et disent quils ne sont pas reprsents. Cela cre des frustrations qui sont la base :

Du retard De la dispersion dans la dfense des projets rgionaux De la dmotivation de bonne foi Limpraticabilit des routes de desserte agricole Du manque du leadership et du memberschip.

Le dveloppement est globalisant et total. Vincent COSMAO dit on ne se dveloppe pas seul, on se dveloppe avec les autres .

Leffort dans la production en dpend La mise en commun des ides par la concertation Le dialogue et le consensus en dpend.

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CONCLUSION Eu gard ce qui prcde, disons que la gouvernance de la Rpublique Dmocratique du Congo requiert une vritable dcentralisation des esprits des hommes et des entits territoriales grer, une ducation permanente des citoyens, des prposes la gestion des E T D et du cadre infrastructurel doit dj commencer ds aujourdhui et le processus doit progress au fil de temps. Le dcoupage territorial nest pas urgent tant que les populations ne seront pas acquises la tolrance la pacification, au dialogue et mieux au changement des mentalits et des comportements. Quil sagisse de la dcentralisation ou de son corollaire le dcoupage territorial, tous sont des stratgies dmocratiques en vue du dveloppement durable. Que lon sache dans chaque coin que le dveloppement nest pas seulement laffaire des originaires et des autochtones, elle est laffaire de tout le monde mme des trangers, sinon nos pays nauraient pas besoin de la coopration bilatrale ou multilatrale qui implique les expatris. Il est temps me faire asseoir dans le systme ducatif des valeurs rpublicaines de nationalisme, de patriotisme, de lunit nationale, de citoyennet responsable et que lon dise abas ceux qui croient que dcentralisation et dcoupage signifient scessionnisme, sparatisme ou autarcie. La dcentralisation nest mme pas encore le fdralisme.

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Le Semeur du Kasai Revue pluridisciplinaire Numro 2/2009

EFFET DE LINOCULUM RHIZOBIEN FABRIQUE LOCALEMENT SUR LA

CROISSANCE, LA NODULATION ET LE RENDEMENT DU NIEBE (VINGA UNGUICULATA L WARP)

Eddie M. Kabasele1, Jean N. Lumu2, J.Pierre T. Kapongo3

1 Chercheur, Centre de Recherche SED Montral, Canada 2 Assistant, Institut Facultaire des Sciences Agronomiques & Forestires de Mweka, RDC

3 Chercheur, Centre de Recherches sur les Culture Abrites et Industrielles Harrow, Canada Rsum Nous avons tudi linfluence de diffrents amendements du sol cultivable (inoculum rhizobien, NPK, compost, prcdent cultural) ainsi que leurs combinaisons sur la fixation biologique dazote et sur le rendement du nib H36 Mweka. Lanalyse de la variance a dmontr quil y a des diffrences statistiquement significatives entre les amendements tests. Les rsultats indiquent que linoculation au rhizobium de fabrication locale utilis seule et ou combine soit la dose minimale de NPK ou soit au sol du prcdent cultural, la luzerne tropicale amliorent la fixation de lazote atmosphrique et le rendement du nib.

1. Introduction

Lagriculture au Kasa est caractrise par la faible productivit des sols gnralement sablonneux, lesquels sont aussi qualifis de pauvres (Bukasa, 2007). La croissance dmographique de la province dans son ensemble aurait entran une pression sur les ressources en terres cultivables au point o les rendements dj faibles font que la production agricole ne rponde plus la croissante demande en aliment par les populations kasaennes. Ailleurs, les solutions reposeraient sur lutilisation des engrais chimiques et organiques, lagrandissement despaces cultivables, lamlioration des techniques et varits culturales et/ou toute combinaison de ces moyens.

Les engrais chimiques bien que performants seraient la base des problmes environnementaux srieux (Pimental, 1997 ; Bloem et Barnard, 2001). Actuellement, au Kasa la bourse de la plupart des agriculteurs ne leur permet pas dacqurir ces intrants. Lagrandissement des espaces cultivs est important mais difficile raliser du fait que linstrument aratoire rudimentaire utilis par la plupart des cultivateurs devient une corve pour eux. Ils doivent se courber pour piocher, labourer, dfricher, bcher et sarcler. Ils ne peuvent non plus faire face aux matriels agricoles de grande performance comme les charrues, herses, moissonneuses, batteuses, les herbicides et autres pour la raison dj annonce plus haut. Lamlioration des varits culturales qui serait une alternative viable souffre du manque de financement qui frappe de la

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recherche agronomique travers les institutions dtudes suprieurs, universitaires et des recherches scientifiques sur toute ltendue de la rpublique.

Le choix de lamlioration des techniques culturales savre une alternative intressante sur laquelle la solution dans les conditions actuelles du Kasa peut tre envisageable. Il pourra consister innover les techniques culturales, notamment le mode de semis ou culture, les travaux pr et post rcoltes ainsi que la pratique de jachre, rotation, et lagriculture intgre llevage. A premier vue, ces techniques seraient dun atout considrable ; cependant, llevage au Kasa ntant pas dvelopp suffisamment, loption de lintgrer lagriculture reste thoriquement applicable avec une remise en question quant sa faisabilit du moins pour linstant. En dautres termes incorporer llevage et lagriculture ne reste quun vu raliser. Il ne sera faisable quau moment o llevage sera dvelopp de sorte que le fumier issue de l puisse tre utilis comme fertilisant du sol.

Les moyens autres que ceux prcits pourront certes apporter un gain la production agricoles tels que lutilisation des lgumineuses fixatrices dazote atmosphrique, la prvention des pertes pr et post rcoltes des denres alimentaires. Ils sont salutaires, pratiques et bnfiques dans le cas du Kasa (Pieri 1989). Les lgumineuses, cultives comme prcdents culturaux ont la capacit de faire bnficier de lazote aux cultures qui leur succdent dans une rotation. Les mmes lgumineuses peuvent en plus tre utilises comme source des protines dans lalimentation humaine et animale (Dakora, 1985). Cependant, les lgumineuses au Kasa sont cultives sur des petites superficies des terres, puisque elles sont considres comme les cultures du second plan, et aussi elles sont exposes toute sorte des pestes (insectes et maladies) sans quun moyen de lutte approprie soit envisag en gnrale. Les efforts sont plus consenti a la production du mas, du riz et du manioc qui constituent les cultures vivrires principalement lies aux aliments de base.

En outre, le fonctionnement adquat de la fixation dazote symbiotique par les lgumineuses a des pralables quant aux conditions physico-chimiques et biologiques (Mandimba et Djondo, 1996) et cologiques des sols (Mulongoy, 1985). Il exige que les sols aient une quantit minimale dazote et dune quantit considrable en oligolments soient dune acidit faible, chose que les sols tropicaux du Kasa nont pas en gnral (Pursono et al. 1986 ; Kabasele, 1987).

Lobjectif de cette tude est de dterminer leffet de linoculation de rhizobium dune fabrication locale, des quelques amendements et de leurs combinaisons sur la nodulation et le rendement dune lgumineuse. Le nib est utilis comme la plante lgumineuse hte. Les autres amendements consistent en terre de jachre dont le prcdent cultural est une lgumineuse, la luzerne tropicale (Stylosanthes guyanensis (Aublet) Sw), lengrais compose (NPK), le compost provenant de la luzerne tropicale. Le nib a t choisi dans cette essaie pour son adaptabilit aux sols du Kasa.

2. Matriels et Mthodes

2.1 Site exprimental

Le tableau suivant indique les taux mensuel des prcipitations, le nombre de jours de pluie, la temprature en degr Celsius, les moyennes mensuelles de lhumidit relative en % et la dure dinsolation enregistrs lors de la priode dexprimentation.

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Tableau 1 PRINCIPALES CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES DE LA PERIODE EXPERIMENTALE

Paramtres climatiques MOIS (*)

OCT

NOV DEC FEV MAR AVR

Taux mensuel de prcipitation (mm) 91.7

87.2 120.5 125.6 86.3 112.1

Nombre de jours de pluie 8 6 11 9 5 7

Temprature moyenne (C) 25.0 25.0 26.0 22.6

Moyennes mensuelles de lhumidit relative(%)

86.8 85.9 84.2 85.1 83.9 84.7

Dure dinsolation (heures) 197 205 198 193 201 199

Source : Centre de Dveloppement Rural Intgr de Mweka.

(*)Aucune donne climatique du mois de mai ne nous a t transmise.

Le tableau 2 donne les rsultats des analyses de quelques lments physicochimiques du sol du site exprimental. Ils sagit de pH, phosphore (P), le fer (Fe), Azote (N), les bases changeables. Il prsente aussi les rsultats de lanalyse granulomtrique du sol

Tableau 2 PRINCIPALES CARACTERISTIQUES PHYSICO CHIMIQUES DU SOL DU SITE EXPERIMENTAL

Profondeur (cm)

pH H2O

P assimilable (mg/100g)

Fe changeable (ppm)

Azote total (%)

Somme des bases changeables (mq/100g de sol)

Analyse granulomtrique

Sable limon argile

0-20 4.3 3.1 0.51 0.11 1.26 81 3 15

20-40 4.2 3.4 0.42 0.10 1.85 72 3 14

40-60 4.2 3.5 0.07 0.12 1.22 79 3 17

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2.2. Matriels

i. Prparation de linoculation

Linoculum rhizobium tait fabriqu une semaine avant son application. Il tait compos de 30 nodules frais broys provenant des racines du soja (Glycina max) nettoyes leau distille dans 30 ml dempois du riz bouilli. Cette solution tait place la temprature ambiante pour 2 jours puis dans le frigo pendant 3 jours la temprature de 3 o C. La dose dinoculation tait 10 gr dinoculum pour 100 graines du nib imbibes dans 200 ml deau distille pendant 24 heures avant le semis.

ii. Prparation du sol

Le sol fut pass dans un tamis de 2 mm de diamtre de maille et sch lair libre. Il provenait de lhorizon superficiel (30 cm). Dans la plupart des cas, il tait colonis par landropogon et autres espces vgtaux non identifies.

Le compost tait principalement compos des feuilles et lianes de la luzerne tropicale, entasses dans un endroit humide et laisses lair libre pendant 6 mois. Le compost tait appliqu deux semaines avant le semi, raison de 4 kg par mettre carr.

Le sol du prcdent cultural, la luzerne tait prlev et tamis avant dtre plac dans les pots. La luzerne tropicale tait en jachre pour plus de 4 saisons de culture soit un minimum de deux ans.

Lengrais utilis tait du type NPK (40-30-30). Il fut appliqu en deux priodes : soit 5 jours avant le semis et 2 jours aprs la leve complte du nib pour une dose totale de 5gr par pot.

Le cultivar H36 du nib utilis tait acquis du Programme National Lgumineuse (PNL) de la station de lINERA Ngandajika.

2.3. Mthode

2.3.1. Le dispositif exprimental

Le bloc compltement randomis (BCR) tait utilis avec dix traitements rpts quatre fois pour un total de 40 pots par saison de culture. Les traitements appliqus sont dcrits comme suit :

T0 : tmoin

T1 : Inoculum de rhizobium

T2 : NPK

T3 : compost

T4 : Prcdent culturel

T5 : Inoculum et NPK

T6 : Inoculum et Compost

T7 : Inoculum et prcdent cultural

T8 : NPK et Compost

T9 : NPK et prcdent cultural

T10 : Compost et prcdent cultural

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2.3.2. Analyses statistiques

Les analyses statistiques des donnes taient faites grce au logiciel de SAS (Software Analysis System, 2001). Lanalyse de variance (ANOVA) a t adopte et le test de comparaison de Duncan fut appliqu pour juger les diffrences entres les moyennes de traitements au seuil de 0.05.

3. Rsultats

Il relve du tableau ci-aprs que les moyennes affectes de la mme lettre ne sont pas significativement diffrentes au seuil de 0.05. En gnral, les amendements utiliss diffrent du tmoin. Linfluence de tous les amendements est statistiquement significative au seuil de 5%. Leffet de linoculum de rhizobium seul ou combine au prcdent cultural est dominant par rapport aux autres traitements utiliss.

En effet, la nodulation du nib est 1,90 ; 2,32 et 2,28 fois plus que chez le tmoin respectivement pour les amendements de linoculum de rhizobium seul, et en association avec le NPK et le prcdent cultural.

Le poids de nodules dus aux traitements de linoculum de rhizobium seul et de ses combinaisons avec le prcdent cultural est 3,78 et 3,50 fois plus que le tmoin.

Ces deux traitements se distinguent quant au nombre de gousses, leur poids et la biomasse en gnrale.

Tableau 3 EFFET DE L'INOCULUM RHIZOBIEN, NPK, COMPOST, PRECEDENT CULTURAL ET LEUR COMBINAISON SUR LES PARAMETRES DE CROISSANCE ET LA NODULATION DU NIEBE

TREATMENTS

NOMBRE DE

NODULES

POIDS DE

NODULE (gr)

NOMBRE DE

GOUSSES

POIDS DE

GOUSSES (gr) BIOMASSE(gr)

T0 31,08 15,06 a 1,08 0,57 a 5,89 0,71 a 4,39 0,63 a 40,19 2,33 a

T1 61,28 29,61 b 5,30 1,60 b 17,02 4,57 b 15,81 1,76 b 81.25 1,76 b

T2 42,05 21,32 c 3,08 0,74 c 10,97 6,73 c 10,91 1,11 c 70.34 5,87 c

T3 46,09 32,18 c 2,06 0,81 a 8,69 3,56 c 9,75 1,86 c 69,78 6,54 c

T4 54,16 27,20 d 2,51 1,07 a 13,02 5,78 c 11,90 2,24 c 73,58 21,51 c

T5 71,08 39,38 e 3,78 1,98 c 14,48 5,53 c 12,25 1,66 c 73,88 20,74 c

T6 49,00 26,00 c 2,18 0,72 a 9,08 3,51 c 10,98 2,15 c 70.46 6,98 c

T7 72,18 43,20 e 4,78 2.36 b 18,53 2,66 b 15,88 1,89 b 83.44 1,32 b

T8 48,33 35,21 c 3,98 2,52 c 11,09 5,95 c 10,89 0,88 c 71.67 6,58 c

T9 56,48 36.29 d 3,96 1,55 c 12,82 3,74 c 11,95 0,35 c 71.98 7,83 c

T10 58,21 19,50 d 3,87 2,12 c 13,68 3,85 c 12,69 1,51 c 74,98 8,31 c

Dans le tableau 4, les rsultats des traitements ayant une mme lettre ne sont pas significativement diffrents au seuil de 0.05. Il indique aussi que les amendements ont t statistiquement significatifs pour influencer le rendement du nib et ses paramtres par rapport au traitement tmoins. Linoculation au

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rhizobium seul comme ses combinaisons au prcdent cultural et au NPK ont plus que doubl le rendement du nib. Ces traitements ont t beaucoup plus dterminants pour les nombres de graines par gousse du nib en comparaison avec le traitement tmoin.

Tableau 4. EFFET DE L'INOCULUM RHIZOBIEN, NPK, COMPOST, PRECEDANT CULTURAL ET LEUR COMBINAISON SUR LES PARAMETRES DU RENDEMEMT DU NIEBE

TREATMENTS

NOMBRE DE

GRAINES/GOUSSE

POIDS DE

100 GRAINES (gr)

RENDEMENT EN

GRAINES (gr/m2)

T0 4,04 1,01 a 9,11 0,68 a 39 0,00 a

T1 15,04 0,16 b 16,25 1,95 b 87,79 0,00 b

T2 8,06 1,31 c 13,05 1,88 c 50,91 0,00 c

T3 9,85 1,79 c 12,06 1,77 a 48,87 0,00 c

T4 11,10 1,24 c 12,69 1,74 a 53,54 0,00 c

T5 15,99 1,34 b 13,75 1,72 c 80,56 0,00 b

T6 7,74 6,85 c 12,78 1,76 a 49,44 0,00 c

T7 16,07 1,20 b 15,98 1.02 b 88,29 0,00 b

T8 8,37 1,28 c 13,99 1,44 c 54,66 0,00 c

T9 10,99 0.29 c 13,96 1,45 c 72,59 0,00 d

T10 11,33 1,42 c 13,89 1,73 c 73,77 0,00 d

4. Discussion et conclusion

Nous avons tudi linfluence de diffrents amendements du sol cultivable (inoculum rhizobien, NPK, compost, prcdent cultural) ainsi que leurs combinaisons sur la fixation biologique dazote et sur le rendement du nib H36. Ces amendements taient choisis car ils sont la porte de toutes les bourses des cultivateurs de la rgion except pour le NPK dont la dose tait minimise servant ainsi dun indicateur sinon dun signal fort dterminant la quasi raret de lutilisation des fertilisants chimiques dans lagriculture paysanne Mweka.

Lanalyse de la variance a dmontr quil y a des diffrences statistiquement significatives entre les diffrents amendements tests. Les rsultats indiquent que linoculation au rhizobium de fabrication locale utilis seule et ou combine soit la dose minimale de NPK ou soit au sol du prcdent cultural, la luzerne tropicale amliorent la fixation de lazote atmosphrique et le rendement du nib.

La nodulation du nib amend linoculum de rhizobium seul, et en association soit avec le NPK ou soit avec le prcdent cultural tait influence de 1,90 ; 2,32 et 2,28 fois plus que celle du traitement tmoin respectivement. Le poids de nodules dus aux traitements de linoculum de rhizobium seul et de sa combinaison avec le prcdent cultural est 3,78 et 3,50 fois plus que le tmoin.

Ces traitements se sont distingus quant au nombre de gousses, leur poids et la biomasse en gnrale de tous les autres.

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Les amendements utiliss dans cet essaie ont galement tait statistiquement significatif pour influencer le rendement du nib et ses paramtres. Linoculation au rhizobium seul et ses combinaisons au prcdent cultural et au NPK ont plus que doubler le rendement du nib.

Ces observations corroborent avec les rsultats de Nwanga et al (2000). Ces derniers ont not une augmentation de 6.3 fois la biomasse et de 15.6 fois le rendement en gousse de Mucuna puriens pour les traitements avec linoculation rhizobienne par rapport aux traitements non inoculs. Ils corroborent les observations faites par Oswald et Ransom, (2001).

En effet, les matires organiques du sol du prcdent cultural en association avec ses bactries fixatrices dazote seraient des contributeurs des prouesses du traitement linoculum (Wey et Obaton, 1978). Bon nombre dauteurs indiquent que les matires organiques sont rputs riches en oligolments qui sont favorables la fixation dazote atmosphrique (Pieri, 1989 ; Bationo et al., 1998 ; Thiangarajan et Ahmad, 1992).

Il serait mieux de bien poursuivre les essaies aux champs pour confirmer ces observations. En outre, il vaut mieux mener les tudes pour identifier linoculum de rhizobium fabriqu localement ainsi que celles de sa faisabilit en termes de cot de sa fabrication et de son application.

Nous recommandons que les tudes comparatives soient conduites pour dterminer la performance et la dose optimale par rapport une souche de linoculum rhizobien commercial dj utilise. Nous suggrons aussi que les tudes plus approfondies puissent dterminer les compositions chimiques de la biomasse de la luzerne, du sol de la jachre sur lequel il tait utilis. Une ralisation des analyses bactriologiques du compost de la luzerne nest pas ngliger ainsi que le mode dapplication et la dose optimale pour lefficacit de la nodulation et le rendement meilleur du nib.

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Le Semeur du Kasai Revue pluridisciplinaire Numro 2/2009

LEXPLOITATION ARTISANALE DU DIAMANT DE TSHIKAPA ET SON IMPACT SUR LA POPULATION ET LENVIRONNEMENT

Paulin Ntumba Ngandu Professeur associ ISP/Kananga

INTRODUCTION Lexploitation du diamant au Congo est rvlatrice dun phnomne tout fait original tmoignant du dynamisme de certaines couches sociales congolaises face au processus de dsalarisation, de chmage et des impaiements qua connu la RDC depuis lindpendance jusqu ce jour. Pour vivre ou survivre ces couches se lancent dans cette activit dangereuse et harassante o certains laissent leur vie suite aux conditions tragiques. Lobjet de cette tude est de fournir une vue densemble sur la mthodologie de fonctionnement de lexploitation artisanale Tshikapa, ses objectifs, ses structures et son impact sur la population et lenvironnement. Dune superficie de 26.217 km2, le territoire de Tshikapa est bti au confluent de la rivire du mme nom et de la rivire Kasa avec ses eaux boueuses. Nagure, ce fut un centre minier et industriel dimportance, sige dune filire de la toute puissante Forminire , Socit Minire et Forestire du Congo. Le territoire diamantifre de Tshikapa est situ, par route 256 Km de la ville de Kananga, 1000 Km de Kinshasa, la capitale du pays, 460 Km dIlebo et 140 Km de la Rpublique dAngola. Il est situ dans la partie sud de la Province du Kasa Occidental et est limit :

au Nord par les territoires dIlebo et de LUEBO ;

au sud par la Rpublique dAngola ;

lEst par le territoire de Kazumba ;

lOuest par les territoires de Kahemba et Gungu de la Province de Bandundu[1] Pour saisir la quintessence de cette tude nous posons trois questions :

i. Comment exploite-t-on le diamant Tshikapa ? ii. Quels sont les procds et les mthodes utilises aujourdhui pour cette exploitation ? iii. Cette exploitation est-elle de nature favoriser le dcollage conomique du Territoire de Tshikapa ?

Nous pensons que lexploitation artisanale du diamant est actuellement anarchique parce quelle est moins profitable lintrt public et ne favorise pas le dcollage conomique de lhomme du Kasa Occidental, ni de son environnement. Ceci claire la mise en corrlation du diamant et du sous-dveloppement Tshikapa. Certes, lexploitation artisanale du diamant qui sopre 90 % dans linformel a produit une couche moyenne de la socit incapable de favoriser le dveloppement communautaire.[2]

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Nos investigations sur ce sujet ont t rendues possibles grce la mthode historico comparative. Pour recueillir quelques donnes ncessaires cette tude, nous avons recouru lanalyse fonctionnelle et lobservation participante et indirecte. I. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LEXPLOITATION ARTISANALE DU DIAMANT I.1. LES EXPLOITANTS ARTISANAUX DU DIAMANT Lexploitation du diamant est une tche trs dangereuse cause des accidents qui sy produisent. Cette activit reste encore trs dure. Elle est excute par des personnes physiquement fortes et dune manire artisanale ou manuelle. Parmi les exploitants, on retrouve une population active constitue de maris et clibataires, surtout de sexe masculin. Bon nombre de jeunes chmeurs, scolariss ou non, sont souvent rencontrs dans les mines en pleine activit dexploitation du diamant. A Kamonya, Diboko, Nsumbula, Sala Mbote, etc, les enfants de moins de dix ans sont en plein travail dans des mines. Parmi eux, il faut distinguer les originaires du coin et les immigrs. La division du travail, devenue actuellement phnomnale dans plusieurs mines, fait quon distingue les propritaires, les non propritaires et les creuseurs ou Ba Mumbula . Cette catgorie sociale est constitue dans le mode de production artisanale ou traditionnelle des travailleurs indpendants ou creuseurs libres. Ici, le creuseur est la fois travailleur direct et indirect. Dans le mode de production artisanale capitaliste le creuseur est un travailleur direct sous le contrle et la supervision de pourvoyeur quon appelle dpenseur .[3] Le dpenseur est un investisseur indirect qui joue un rle financier sur une surface appartenant un chef de chantier. Comme le mot lindique, le dpenseur est celui qui fait des dpenses, qui a le droit dacheter, de commun accord avec les creuseurs, toute la production du diamant du chantier. Il nourrit les creuseurs et finance tous les travaux. Les autres catgories dexploitants sont constitues de ngociants cest--dire des nationaux intervenant dans lachat et la vente du diamant. Dans cette optique, nous parlerons des creuseurs et des trafiquants. I.1.1. LES CREUSEURS Ce sont des exploitants artisanaux du diamant, ils creusent et vendent le produit de leur travail aux trafiquants ou ngociants de diamant directement ou par le truchement des commissionnaires. Quel que soit le temps que les creuseurs mettent dans leurs activits dexploitation du diamant, les trafiquants senrichissent au dtriment des creuseurs, qui se trouvent dans une position dsquilibre durant des annes. Le produit est directement vendu par eux au dpenseur qui soustrait les dpenses quil avait faites avant de le vendre son tour aux trafiquants. Dans ces oprations le creuseur se trouvant dans une position dsquilibre, est mal rtribu. Les creuseurs sont comme des ouvriers, des travailleurs directs ou indirects dmunis et qui cherchent les moyens de subsistances. Ce sont des gens physiquement sans moyen matriel ou sans argent, incapables de raliser le minimum vital. Ils vivent au jour le jour et souvent, ils dpensent en une seule fois leur avoir ainsi gagn.

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Le mtier de diamant connat une attraction trs considrable pour une bonne portion de la population des milieux ruraux du Kasa Occidental. La concentration massive des exploitants en divers chantiers miniers est la base de plusieurs problmes socio-culturels, politiques et conomiques Tshikapa.[4] I.1.2. LES TRAFIQUANTS OU NEGOCIANTS DU DIAMANT Ce sont des acheteurs du diamant auprs des creuseurs et des dpenseurs. Ils constituent la catgorie de la population la plus envie compte tenu du statut social que leur reconnaissent les autres couches de la population. Ce sont les privilgis qui possdent quelques biens de prestige tels que : maison, motos, vhicule, etc. Ils sont dtenteurs des moyens de production dans lexploitation artisanale du diamant par rapport aux creuseurs qui sont considrs comme des ouvriers pris en charge pendant toute la priode dextraction artisanale du diamant.. Nous naurons pas tort de dire que ce sont des pres nourriciers des mineurs mais dont lobjectif est de rcuprer leur argent avec bnfice quand ceux-ci auraient ramass les diamants. Juridiquement, le dpenseur est un pourvoyeur de fonds et, de ce fait, il est associ au creuseur. Lun donne sa force physique et lautre donne sa contribution financire. Mme si le creuseur meurt, le pourvoyeur ne sera pas arrt parce quil ny a pas un contrat de service, le creuseur nest pas un ouvrier ou un employ du pourvoyeur comme cest le cas des mineurs de la Forminire ou actuellement de la MIBA ou de la Gcamines, on reconnat une association pure et simple entre les deux parties et non les relations demployeur employ. Ainsi, sont reconnus, associs dans un puits de diamant : le creuseur, le dpenseur et le chef de chantier. Tout propritaire dun puits engageant un groupe de creuseurs est soumis la convention avec le groupe. En cas de russite, le partage se fait selon la convention, en cas dchec, il se prsente deux possibilits.

1) Si le propritaire a encore des moyens, le creuseur lui reste attach, 2) Sil na plus de moyens, le creuseur devient libre de prendre tout autre engagement avec un autre

dpenseur ou pourvoyeur.[5] Le Chef de chantier est un exploitant minier, travailleur direct ou indirect selon le cas, mais dtenteur dune portion de terre gisement diamantifre lui octroye par le service des mines, conformment aux articles 4 et 33 de la loi minire. Cest lui qui distribue des puits aux creuseurs et aux dpenseurs sous certains accords. Ces accords sont faits selon les milieux et la culture des peuples. Si les Tshokwe de Kamonia rclament seulement 30 % des profits tirs du diamant au chef de chantier, chez les Bakwa Nyambi, ils prconisent la remise au Chef du chantier :

dune bche de gravier;

de 30 % des profits. Toutes leurs activits tournent autour dun souci permanent daccumuler davantage des richesses.[6] La plupart de trafiquants sont polygames. Pour eux, avoir beaucoup de femmes symbolise la richesse. Ils constituent une catgorie de la population la plus mobile de telle sorte quelle spanouit facilement grce aux voyages quils effectuent et aux nouvelles habitudes quils adoptent. Ils vhiculent une culture propre leur catgorie, une culture qui constitue la symbiose entre la tradition et la modernit.

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Lvaluation relle du diamant est difficile matriser en raison de plusieurs facteurs :

La plupart des trafiquants nont pas souvent un niveau dinstruction pouss pour valuer exactement le poids du diamant

Lesprit de lucre exagr amne souvent les trafiquants fausser les poids rels.

Le service national dexpertise se laisse souvent soudoyer en dclarant faible les quantits vendues, afin de minimiser la taxe de production.

Dautres trafiquants anims dun esprit de lucre ne dclarent pas leur diamant et prfrent lcouler dans les pays comme le Congo Brazzaville, le Burundi, le Sngal, la Belgique ou lAngleterre.

La libralisation en matire de transaction de diamant est encourage par lEtat.

Quelles sont les techniques et mthodes utilises par les mineurs artisanaux pour lexploitation du diamant Tshikapa ? I.2. METHODES DEXPLOITATION ARTISANALE DU DIAMANT A TSHIKAPA Avant de passer la mthodologie de lexploitation artisanale, disons un mot sur lexploitation industrielle et ses mthodes de travail. Ce recul sexplique parce que lexploitation artisanale qui domine dans les quatre coins du territoire de Tshikapa succde lexploitation industrielle applique pendant la colonisation. I.2.1. METHODES DEXPLOITATION INDUSTRIELLE DE DIAMANT En principe, les travaux prliminaires comprennent gnralement le dboisement des chantiers, la dviation ventuelle de la rivire et le drainage des zones exploiter. Le drainage est primordial dans les gtes dalluvions situs dans les fonds des valles ; gnralement marcageux en saison des pluies. Souvent, on y tablit une tranche profonde oriente suivant laxe de la valle en creusant jusquau substratum rocheux quon entame lgrement. Elle se plonge au moins sur une centaine de mtres en aval des chantiers et est complte de deux collecteurs, creuss au raccordement du fond de valle et des versants, en vue de recueillir les eaux de ruissellement voisin des chantiers.[7] La mine tant reconnue exploitable, il faut atteindre les graviers et les enlever pour les faire passer dans des installations de classement dnommes gnralement laveries ou pan plants. Lenlvement des striles et des graviers seffectuait uniquement au moyen de pics et de pelles. A ces procds manuels sont venus sadjoindre des procds hydrauliques et mcaniques. En maints endroits, labattage et le transport des striles se faisaient au moyen de monitors. Dans les mines une pelle lectrique enlevait les graviers avec un rendement horaire denviron 50 m3. Les graviers taient amens aux laveries, tandis quau dbut le transport de ces graviers tait effectu par porteur et par brouetteur. On faisait aussi usage de wagonnets et de transporteurs courroie.[8] Le pic et la pelle furent couramment employs dans les couches minces de graviers alluvionnaires avec un rendement de 3 6 m3 homme par jour. Dans les forts, la mcanisation lemportait sur les moyens manuels. Parmi les divers appareils employs, les payloaders (chargeurs) firent la fois lexcavation et le transport jusqu la laverie, condition que le gravier soit meuble et le sol stable. Les pelles lectriques pouvaient sattaquer des luvions plus consistantes ; le minage tait trs rarement employ pour les ameublir.

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En matire de transport, la brouette fut dusage courant dans les petites exploitations jusqu la distance de cent mtres. Au-del, le wagonnet pouss la main ou tir par un cble sans fin tait prfrable, mais manquait de souplesse dans les parcours tortueux ou accidents. Les convoyeurs courroies taient sensibles aux corchures que leur infligeaient les asprits des roches ; ils craignaient les argiles collantes et ne staient gure utiliss que dans les laveries. Dans les mines importantes, les gros camions dumpers associs des pelles mcaniques de taille moyenne, constituaient un ensemble puissant et souple, mais plus caractristique. En toute occasion, on avait lavantage de rapprocher le plus possible les laveries des fronts de taille. A cette fin, elles taient montes sur roues et leur assemblage put se faire rapidement. I.2.2. DE LA LOCALISATION DE LA MINE AU CREUSAGE ARTISANAL DE DIAMANT Pour localiser une mine riche, les mineurs se rfrent dans la plupart des cas aux anciennes prospections de la Forminire. Celle-ci avait laiss des repres conformment aux diffrentes prospections ralises. Entre autres repres, il y a soit des arbres soit une flche indiquant la direction vers laquelle le gisement peut fournir un rsultat fructueux, soit des inscriptions sur bton, soit des vieux canaux. Ces points de repres tenus secrets par la socit ont t divulgus par les travailleurs une fois rduits au chmage, devenant soit creuseurs clandestins eux-mmes, soit indicateurs des lieux o se trouvaient les gisements. Nayant pas de matriaux spciaux, les mineurs artisanaux creusent des trous de 1 1,50 m de circonfrence et de profondeur. Au moyen dun outil sondeur, ils peuvent dtecter le gravier. Si lopration est fructueuse, la localisation est accomplie, lalerte est donne et le travail peut commencer. A. DEPART POUR LE CREUSAGE Lexploitation est une tche de groupe dindividus gnralement nayant pas ncessairement des liens de parent entre eux. Ces individus poursuivent un mme intrt, ils nouent des rapports sociaux dune part entre eux et dautre part entre les propritaires ou chefs de lquipe et eux-mmes. Cette quipe, dnomme dingumba est bien structure et les tches sont rparties. Do la prsence de la division du travail. Chaque individu dans ce groupe, partir du Chef de lquipe jusquau simple creuseur mumbula , soccupe dune tche bien prcise, tche ralise par chacun en fonction de son mrite. Assez souvent, les travaux de lexploitation demandent plusieurs jours avant datteindre les graviers et cela loin des villages. Cest la raison pour laquelle les creuseurs sont obligs de rester dans les lieux o les travaux sexcutent. Lexploitation artisanale du diamant au Kasa Occidental est faite sans techniques appropries, ni tudes gologiques pralables, par la procdure tout fait intuitive et hasardeuse. La prospection du diamant lheure actuelle, est faite par tout creuseur, mme si ceux quon appelle chef des chantiers sont de premier prospecteurs de la nouvelle dcouverte de gisement payant. Lopration se fait le plus souvent laide de certains vieux outils du village. Les uns recourent aux anciens agents de la Forminire qui dtiennent encore les informations relatives aux lieux dimplantations de piquer et dautres signes didentification des sites. Les autres consultent la carte des sites diamantifres tablies par la Forminire. Cette prospection est hasardeuse et se fait souvent par des tests rpts du creuseur lui-mme ou dun groupe mobilis cet effet, faire des puits exprimentaux.[9] Lexploitation du diamant au Kasa de lOuest

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lheure quil est, connat, faible frquence, lutilisation de certains matriels modernes dexploitation comme la motopompe dvacuation deau, la drague, le scaphandre, etc. De ce fait, elle tend devenir semi industrielle. B. DESCRIPTION DES INSTRUMENTS DEXPLOITATION ARTISANALE DU DIAMANT Les diffrents instruments ci-aprs sont utiliss selon la nature des gisements. Nous distinguons gnralement deux types de gisements dont lun consiste creuser des puits et lautre plonger sous leau. Parmi ces instruments on retiendra :

1) La machette : Ce matriel, appel localement muela , est utilis pour dpister les terrains couverture vgtale (arbre) il est aussi utilis dans les puits circulaires, appels majimba , pour lenlvement de la couche minralise dans la galerie souterraine.

2) Le seau : appel localement mbeketshi . Rcipient mtallique utilis lorsquil y a trop de venues

deau dans le puits que lon veut exploiter.

3) Le gros fil de nylon : Appel nshinga ya nilon , de longueur variable selon la profondeur de puits circulaires ou on veut exploiter (la longueur moyenne est de 30 m). Ce fil est utilis pour le transport de matriels dexploitation, des personnes et pour les substances minralises et non minralises. Ce fil est attach un sac dans lequel est rempli les matriels dexploitation.

4) Lampe colman, lampe tempte, lampe torche et bougie : Appelez miendu , ces diffrents

matriels sont utiliss pour lclairage lorsquon veut exploiter la couche minralise en profondeur. Il importe de souligner que dans des galeries souterraines, on utilise souvent la bougie et la lampe torche.

5) Lacide : Pas de nom localement. Certains artisans utilisent lacide sulfurique pour bien nettoyer le

diamant, de lacide fluorhydrique pour attaquer le quartz de diamant

6) Une loupe : Pas de non localement, elle est utilise dans les comptoirs dachat de diamant pour tudier la qualit de diamant.

7) La pirogue en bois : Appel localement buatu , est un instrument qui permet de circuler la surface

de leau et datteindre les endroits o il a t indiqu quon peut trouver du diamant.

8) Mutete : Cest un terme local qui indique le tronc darbre ou bambou de chine, gnralement trs long, qui sert tester la profondeur de lit lendroit o lon peut prlever les graviers tamiser.

9) La planche darbres : Appel tshitupa tshia mutshi , planche assez rsistante sous forme dune

poulie gorge facilite le glissement du grand fil nylon pour faire monter les matriels, les personnes, les couches minralises et non minralises (voir exploitation par tranche souterraine).

10) La bche : Ce matriel est appel localement tshikasu . La bche joue un rle moteur dans

lexploitation du diamant, car elle sert creuser la terre contenant des graviers diamantifres.

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11) La pioche : Localement ce matriel a le mme nom que la bche (tshikasu). Elle est utilise lorsque le sol creuser apparat trs dure en cherchant dans ce cas, rendre mallable le socle en profondeur pour permettre aussi la bche de soulever les tas de sols jeter pour largir le puits du diamant.

12) Le Borasse : instrument sous forme dun gobelet qui sert aux plongeurs de ramasser les graviers sous

le fil de rivire. Cest un terme purement local.

13) La barre de mine : Cest un mtal de fer ou daluminium, pointu, qui est utilis pour tester le niveau en hauteur qui reste creuser pour atteindre la couche graveleuse connue sous le nom local de mutshianga , diffrents des agrgats tamiser pour rechercher le diamant. Cest avec cette barre de mine que les creuseurs arrivent dplacer facilement les grosses pierres (conglomtrats) qui sous-entendent les graviers. Ce matriel est appel localement mulonda .

14) Le Sondeur : Appel kateta localement, cest une barre de fer bton de 4 6 m de longueur. Cet

outil est utilis pour tester la rivire, si oui ou non elle contient des graviers diamantifres.

15) Le sac en coton et/ou en textile : Ces instruments vont aider les creuseurs recueillir la couche des graviers du puits jusqu lendroit o le tamisage sera effectu. La distance du puits la rivire o le tamisage a lieu varie de 5 10 m selon les carrires. Appels mifuku ces sacs sont utiliss dans plusieurs cas :

o Pour riger les digues dans un cours deau ; o Pour contourner le lit du cours deau ; o Pour lexcavation des couches non minralises dans les puits circulaires et aussi pour le transport de matriel des travaux ;

16) Le tamis : Appel munyingu , il est fabriqu laide de rcupration mtallique gnralement

contenue dans les pneus de marque Goodyear ou Michelin. Les fils sont monts sur un cadre en bois carre ou rectangulaire et utilis pour la sparation des substances utiles et non utiles dans leau, la dimension de la maille de tamis est de 35 m2.

17) Balance artisanale : Appele tshipimu . Cest une petite balance deux supports sur lesquels sont

attachs les petits fils de nylon. Elle est utilise pour connatre le poids du diamant. Artisanalement un carat vaut deux tiges dallumettes. Cet instrument est fabriqu laide du bois de 10 cm auquel on fixe de couture noires en position perpendiculaire qui soutiennent les plateaux de la balance fabriqus base des bouchons de bires (skol, fresco, primus, etc).

18) Balance lectronique : Mme fonction que la premire balance, mais elle donne les poids en carats

du diamant dune faon prcise.

19) La calculatrice : Dnomme localement kamua ka makumi . Cette petite machine sert calculer le montant quivalent la conjoncture dexpertise de la valeur du diamant quon veut vendre aux preneurs ou aux comptoirs dachat bass dans la rgion.

20) Le papier testeur : Dnomm localement dibeji ditoke . Il sagit de papier duplicateur de couleur

blanche de format A3 ou A4 rassembl pour servir de testeur de lclat adamantin de minerai et ainsi que pour critiquer le clivage de la pierre. Ce papier testeur est utilis par les acheteurs ambulants et

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les preneurs des comptoirs dachat du diamant.

21) Le moteur pression mcanique : Pas de nom localement. Cet appareil sert produire de lair susceptible dtre utilis pour la respiration sous leau par le plongeur (voir exploitation par plonge, figure n3).

22) La moto pompe : Pas de non propre localement. Elle est utilise dans des puits pour lvacuation

deau pendant la saison de pluie ou encore si le puits est creus dans un endroit o il y a beaucoup deaux. Sa puissance est de 10 m3/heure.

1.3. SORTES DEXPLOITATION ARTISANALE Aprs enqute, nous avons constat quil existe gnralement cinq sortes de sites dexploitation du diamant dans les mines du Kasa Occidental, spcialement dans le territoire de Tshikapa[10] savoir :

o Lexploitation le long de cours deau ou ndonda mayi ; o Lexploitation par digue ou musapa ou encore nkila ; o Lexploitation par plonge ou kazabula ; o Lexploitation en terrasse sche ou terrance ; o Lexploitation par tranche souterraine ou majimba.

I.3.1. LEXPLOITATION LE LONG DES COURS DEAU (NDONDA MAYI) Comme lindique son nom, cette technique consiste creuser des puits le long de la rivire quelques dix ou trente mtres de celle-ci, selon les milieux. Sa caractristique gnrale est que pendant le creusage, leau jaillit en grande quantit, accompagne du sable, do lutilisation soit des seaux soit des moto-pompes pour vacuer leau distance. Pour cette pratique, il faut beaucoup de bois pour renfermer les bords du puits contre lcroulement au cas o il y a imprudence des creuseurs. Cest ce procd dexploitation qui fut dcouvert le premier au Kasa de lOuest, la prsomption ayant t que le diamant est plus proche de la rivire ou cours deau. Cette formule est pratique gnralement partout lEst, au Sud tout comme au Nord-ouest de Tshikapa. I.3.2. LEXPLOITATION PAR DIGUE (MUSAPA OU ENCORE NKILA) Cette exploitation est riveraine et consiste soit diminuer la dimension du lit de la rivire par la construction des digues (cltures) soit dplacer le lit de la rivire par la construction des canaux de dviation deau. Dans le premier cas, la technique exige la construction des cltures solides et impermables en diminuant la largeur de la rivire. La partie retranche de lancien passage deau est rige en site dexploitation. Dans le second cas, il est question de donner au cours deau un nouveau lieu de passage, lancien lieu tant libre, devient un site dextraction des graviers. Ce type dexploitation garde les inconvnients du prcdent : croulement des parois du puits par boulement avec risque de mort et perte du travail investi. Si la largeur de la rivire est limite, sa profondeur et sa vitesse

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augmentent. Plus on sloigne de la rivire par dviation, les risques dboulement diminuent mais avec plus dinvestissement pour creuser une dviation. Nanmoins, avec les graviers et alluvions linfiltration latrale provoque des boulements. I.3.3. LEXPLOITATION PAR PLONGE (KAZABULA) Cest une mthode qui sopre en milieu aquatique. Une catgorie de personnes communment dnommes kazabuleurs ou plongeurs descendent jusquau fond du lit de la rivire munis dun rcipient dnomm Borasse servant recueillir les graviers quils mettent dans un sac. Cette mthode est beaucoup dveloppe Tshikapa sur les rivires Kasa, Tshikapa, Luangathimu, Luenda et autres ruisseaux. Elle est aussi employe Luebo sur la Lulua, la Kaluebo et autres rivires du Kasa Occidental. La condition pralable pour la pratique de cette mthode est la matrise de la nage par les pratiquants Il y a deux procds dans cette mthode : le premier consiste limmobilisation dune pirogue sur une rivire avec les cordes attaches aux arbres de part et dautre. Une longue planche appele muteta quitte, en position verticale, de la pirogue pour senfoncer dans le lit de la rivire. Cette planche sert de soutien au plongeur pour descendre le lit de la rivire. Le plongeur ramasse des graviers qui sy trouvent, qui seront par la suite tamiss et le diamant extrait. Cette activit ncessite au minimum deux plongeurs, une pirogue, deux cordes, une planche muteta et une bche borasse comme matriels. Il existe deux types de kazabuleurs . Ceux nez libre appels zulu pamba ou sans masque ou appareil moderne de respiration au fond de la rivire. Bien que le piqu soit plant au fond de la rivire, ce procd reste encore traditionnel et prsente le danger vident de noyade. Il se pratique un deuxime procd plus ou moins moderne par rapport au prcdent, par lutilisation des scaphandres. La mthode approprie pour le lit de la rivire se pratique en milieu dense. Elle consiste ancrer le scaphandrier non loin du rivage avec des sondes qui peuvent permettre daller cueillir par aspiration des chantillons des graviers diamantifres sous une quinzaine de mtre deau. Cet chantillonnage se fait en remontant les grandes rivires vers les cours deau les plus profonds par des prlvements faits dans le lit trs espacs au dpart puis de plus en plus resserrs. Au fur et mesure quon avance daval en amont la prsence de diamant se remarque sous deux aspects de gisements.

1) Primaire : en roche dans les pipes des roches kimberlitiques 2) Secondaire : des anciens dpts alluvionnaires contenant des agrgats solides dans lesquels on

trouve en outre le diamant, lor, le quartz et autres lments lourds. En effet, cette photo tire sur la rivire Shamubenzo, affluent de la Tshikapa prsente les plongeurs vtus des masques rattachs au compresseur dair par un tuyau en caoutchouc (sonde). Le compresseur dair fonctionne laide dun petit groupe lectrogne essence et a pour rle dalimenter le plongeur en air. Ce qui lui permet de faire plus longtemps dans leau. Cependant, il prsente aussi de danger de mort en cas darrt ventuel du moteur si la fourniture de lair est interrompue ; do lasphyxie du plongeur. Aussitt que lhomme ou scaphandre atteint le fond de lit, il remplit son seau ou son sac des graviers que ceux qui sont dans la pirogue ramnent difficilement la surface. Cette opration peut seffectuer au cours dune journe pour recueillir une quantit importante des graviers tamiser. Cest une pratique qui offre plus de possibilits de senrichir dans un laps de temps surtout si le gisement est riche. Cest aussi une activit trs dangereuse su