47
Sylvain Rousselot Requête et Mémoire À propos du détournement de correspondance à l’hôpital Guillaume Régnier de Rennes Novembre 2016

Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Sylvain Rousselot

Requête et Mémoire

À propos du détournement de correspondance à l’hôpital Guillaume Régnier de Rennes

Novembre 2016

Page 2: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Table des matièresRequête................................................................................................3Mémoire...............................................................................................7

1 Arguments.....................................................................................82 Conclusions.................................................................................103 Lettre de Madame XXXXX à moi-même, contenant ses instructions « en cas de crise » (écrite avant l’internement)........114 Ma lettre à Madame XXXXX (écrite pendant l’internement)......135 Transcription de la conversation téléphonique professionnelle avec Madame Boyer, cadre de l’unité Morel (Appel du 23-05-2016 à l’hôpital Guillaume Régnier).......................................................156 Plainte à la CRUQPC...................................................................217 Mon premier recommandé à madame XXXXX............................238 Transcription de la conversation téléphonique professionnelle avec le Docteur Giraud, psychiatre de madame XXXXX (appel du 6-06-2016 à l’hôpital Guillaume Régnier)......................................249 Lettre de madame XXXXX à moi-même......................................2710 Complément de plainte à la CRUQPC.......................................3011 Lettre de la directrice adjointe, Madame Jehanno, à moi-même........................................................................................................3212 Désignation de la personne de confiance (après la sortie de l’hôpital).........................................................................................3313 Résumés et dates des courriers échangés................................3414 Recours gracieux adressé à l’hôpital........................................3615 Avis de réception des recommandés adressés à madame XXXXX........................................................................................................3816 Avis de réception du recours gracieux (décision implicite)......4117 Enregistrements sur CD-ROM..................................................42

Page 3: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Requête

Page 4: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Sylvain RousselotXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

Au Juge AdministratifHôtel de Bizien3, Contour de la MotteCS4441635044 Rennes Cedex

1er novembre 2016

Objet : Contestation d’une décision administrative concernant la violation du droit de correspondance au CHU de Rennes

Madame, Monsieur le Juge,

J’ai l’honneur de contester la décision de :

L’hôpital Guillaume Régnier,

108, avenue du Général Leclerc

B.P. 60321

35703 RENNES CEDEX 7

de rejeter mon recours gracieux, demandant :

• de faire cesser le détournement de la correspondance des personnes

hospitalisées en psychiatrie, et de rendre aux patients les courriers actuellement retenus dans leurs dossiers médicaux,

• de me rembourser, au titre du préjudice matériel, la somme de 26,16 €,

pour les frais que j’ai dû engager pour contourner et contester l’interception de ma correspondance avec une patiente, et pour les trois enveloppes pré-timbrées que j’ai envoyées inutilement dans mon premier courrier,

• de m’indemniser, au titre du préjudice moral, de la somme de 3000 €,

pour l’atteinte au droit fondamental de correspondance.

Le rejet a été obtenu par absence de décision explicite dans un délai de 2 mois. Une copie de l’accusé de réception du recours gracieux est disponible en pièce jointe.

Les faits sont les suivants :

4

Page 5: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Du 17 au 25 mai 2016, j’ai envoyé trois courriers à mon amie XXXXX, hospitalisée sans consentement en psychiatrie à l’unité Morel, de fin avril à fin juin (j’ignore les dates exactes).

Parmi ces courriers, deux ont été interceptés : une lettre simple et un colis de dattes ; un seul a été remis : une carte postale.

Ceci constitue une infraction aux articles :

• 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, qui protège le

droit au respect de sa correspondance, et qui dispose que :

2. Il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans l’exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi

or justement, aucune ingérence n’est prévue en l’espèce,

• L3211-3 du Code de la Santé Publique, qui dispose que, en ce qui

concerne la personne atteinte de troubles mentaux :

[…] elle dispose du droit :

[…]

5° D’émettre ou de recevoir des courriers ;

Parmi les droits que possède le patient « En tout état de cause »,

enfin, si une faute personnelle venait à être découverte, à l’article :

• 432-9 du Code Pénal, qui punit :

Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission, d’ordonner, de commettre ou de faciliter, hors les cas prévus par la loi, le détournement […] de correspondances […]

En ce qui concerne Madame XXXXX, l’ordre de détourner sa correspondance a été prononcé dès le début de son hospitalisation, et maintenu en vigueur jusqu’à ce que je me plaigne auprès de l’administration et même un peu après, soit pendant plus d’un mois environ.

En ce qui me concerne, mon courrier adressé à Madame XXXXX a été détourné dès que j’ai commencé à lui écrire, jusqu’à ce que l’ordre d’interception soit levé par son médecin référent, soit pendant une à deux semaines environ.

Je dispose des preuves suivantes :

5

Page 6: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

• l’enregistrement téléphonique d’une conversation professionnelle avec

la cadre responsable de l’unité Morel, Madame Boyer, qui me déclare que la distribution du courrier est soumise à l’approbation du médecin,

• l’enregistrement téléphonique d’une conversation professionnelle avec

la psychiatre référente de Madame XXXXX, le Dr Giraud, qui me déclare que le détournement de la correspondance est soumis au secret médical,

• une lettre de Madame XXXXX, qui me déclare ne pas avoir reçu mon

colis de dattes, et qui me demande comment j’ai su qu’elle avait été internée, alors que je le lui écrivais dans ma première lettre,

• une lettre de la directrice adjointe, Madame Jehanno, qui me déclare

que les courriers de Madame XXXXX lui ont été remis « dès que son état clinique l’a permis », c’est-à-dire qu’ils ont effectivement été retenus jusqu’à ce que son psychiatre en décide autrement.

Je vous transmets ces preuves en pièce-jointe, ainsi que la transcription des enregistrements.

Je vous remets également la liste des pièces.

À cause de la censure exercée sur ma correspondance, j’ai dû envoyer mes courriers en recommandé à Madame XXXXX, et deux lettres de plainte à la CRUQPC ; en outre, j’ai été profondément inquiet des déclarations de Madame Boyer, du Docteur Giraud et de Madame Jehanno, la première allant jusqu’à affirmer que même les courriers recommandés ne seraient pas donnés.

Étant donné que l’hôpital pratique également l’interdiction de visite, l’interdiction de téléphoner et l’isolement en cellule, comme ce fut le cas pour Madame XXXXX, le droit de correspondance acquière une importance considérable pour les personnes privées de liberté, car c’est le seul moyen par lequel elles peuvent recevoir le soutien moral de leurs proches et garder contact avec le monde extérieur.

Je demande donc que le rejet de mon recours gracieux soit annulé, et que l’hôpital soit condamné à y faire droit.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

_________________________Sylvain Rousselot

6

Page 7: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Mémoire

Page 8: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

1 Arguments 1 Le détournement de correspondance dans un hôpital psychiatrique,

ordonné par un psychiatre, est illégal, en vertu des articles 8 de la CEDH, L3211-3 du CSP et potentiellement 432-9 du CP.

2 La responsabilité de l’administration est établie :

2.1 par la reconnaissance des faits, à la fois orale ou écrite, de Mme Boyer, du Dr Giraud et de Mme Jehanno,

2.2 par une lettre de Mme XXXXX, qui déclare ne pas avoir reçu mon colis, et qui ignore comment j’ai su qu’elle avait été internée.

3 Le fait de téléphoner à l’hôpital, pour demander des nouvelles d’une amie, ne constitue pas une atteinte au secret médical, en vertu de l’article L.1110-4 du CSP, §8 :

3.1 « En cas de diagnostic ou de pronostic grave, le secret médical ne s’oppose pas à ce que la famille, les proches de la personne malade ou la personne de confiance définie à l’article L. 1111-6 reçoivent les informations nécessaires destinées à leur permettre d’apporter un soutien direct à celle-ci, sauf opposition de sa part. Seul un médecin est habilité à délivrer, ou à faire délivrer sous sa responsabilité, ces informations. »

3.2 le diagnostic ou pronostic grave est démontré par le fait que Madame XXXXX a été internée de force, enfermée dans une cellule d’isolement et attachée à un lit avec une sonde pour la nourrir.

3.3 Ma relation d’amitié avec Madame XXXXX est illustrée par :

3.3.1 une lettre, datant d’avant l’internement, dans laquelle Madame XXXXX me donne des instructions « en cas de crise », me confiant la charge de prévenir ses proches, de lui apporter à manger, et de la faire transférer à la Clinique XXXXX à Nantes, au cas où elle serait internée à l’hôpital de Rennes, duquel elle avait tiré une expérience traumatisante en 2015. Rien n’était plus important pour elle que de ne pas séjourner à nouveau dans cet établissement.

3.3.2 Un document, datant d’après l’internement, dans lequel Madame XXXXX me désigne comme sa personne de confiance, en vertu de l’article L1111-6 du CSP. Madame XXXXX m’a écrit plus tard qu’elle avait choisi une nouvelle personne de confiance, cette désignation n’est donc plus valable, mais elle renseigne sur la nature de nos relations.

8

Page 9: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

3.4 J’ajoute que l’hôpital a mis tout en œuvre pour empêcher Madame XXXXX de recevoir le soutien de ses proches, interdisant les visites, le téléphone et même le courrier ; étant resté à cette conception psychiatrique infâme de « l’isolement total du fou » jusqu’à ce que celui-ci devienne parfaitement docile.

4 L’enregistrement téléphonique de conversation professionnelle est légal dans la mesure où l’article 226-1 du Code Pénal, tout juste évoqué et non-cité par Mme Jehanno, punit seulement l’atteinte volontaire à « l’intimité de la vie privée d’autrui » (§1).

4.1 La compréhension correcte de cet article est donnée par la cour de cassation, qui confirme cette interprétation et rejette le pourvoi d’un fonctionnaire dont une conversation téléphonique professionnelle avait été enregistrée (Audience publique du mardi 11 mars 2014, N° de pourvoi : 12-87905).

4.2 C’est quand même fort d’évoquer la protection de l’intimité de fonctionnaires, alors que ceux-ci bafouent sans ménagement la vie privée de citoyens en détournant leur correspondance ! N’est-ce pas plutôt la colère de gens qui se croient tout permis et qui ont été pris « la main dans le sac » ?

4.3 Sans ces enregistrements, il aurait été très difficile de démontrer l’infraction. Vu le contenu des échanges avec Mme Boyer et avec Mme Jehanno, les cadres sont dans une position de couverture de leurs agents, ce qui aurait encore plus ajouté à la difficulté de la preuve, si ces enregistrements n’avaient pas été réalisés.

4.4 Par conséquent, ces enregistrements sont à la fois légaux et nécessaires à la manifestation de la vérité.

5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume :

5.1 « Par les dispositions de l’article L. 3211-3 du code de la santé publique, le législateur a entendu assurer le plein exercice du droit des personnes placées d’office d’émettre ou de recevoir du courrier. En décidant qu’une personne placée d’office ne pourrait émettre des courriers qu’à la condition qu’ils soient adressés à leurs destinataires par l’intermédiaire d’un avocat, le centre hospitalier spécialisé a illégalement restreint le droit de cette personne d’émettre des courriers. »

9

Page 10: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

2 Conclusions• Le détournement de correspondance des personnes internées en

psychiatrie à l’hôpital Guillaume Régnier doit cesser.

• Le préjudice matériel a été évalué ainsi : quatre recommandés

4,92+4,92+6+4,92=20,76 €, trois enveloppes pré-timbrées 3*1=3 €, deux courriers envoyés à la CRUQPC 1,60+0,80=2,4 €, total :26,16 €.

• Le préjudice moral revient à cette question : à combien estime-t-on le

respect au droit fondamental de correspondance de la CEDH ? Si le montant est trop faible, nul doute que l’hôpital se grattera le ventre de devoir l’indemniser ; et si ce n’est dans cet hôpital, les psychiatres d’autres établissements seront assurés d’une quasi-impunité en s’emparant, pour « raisons médicales », des courriers adressés à leurs patients. Non, une indemnité suffisante doit être payée, une jurisprudence dissuasive doit être établie, pour qu’un avertissement solennel soit lancé : l’État fait grand cas des Droits de l’Homme dans toutes les parties de la société, y compris dans les hôpitaux psychiatriques. C’est pourquoi je demande la somme de 3000 euros.

10

Page 11: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

3 Lettre de Madame XXXXX à moi-même, contenant ses instructions « en cas de crise » (écrite avant l’internement)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXX

11

Page 12: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

[photographie de madame XXXXX]

12

Page 13: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

4 Ma lettre à Madame XXXXX (écrite pendant l’internement)17-05-2015

Bonjour XXXXX,

Tu ne répondais plus à mes mails et tu étais toujours sur répondeur : j’ai donc téléphoné à ton amie XXXXX dans l’hypothèse que tu aies été internée.

XXXXX m’a raconté que tu avais été internée à l’hôpital Guillaume Régnier et non à la clinique XXXXX. Malheureusement, il n’y a plus de place à la clinique XXXXX, j’ai téléphoné : si on devait organiser ton transfert, le délai d’attente serait de quatre semaines.

Que désires-tu ?

Si tu veux passer au régime de soins libres, il faut que tu déclares avoir conscience de ton trouble et souhaiter poursuivre un traitement volontairement. Le chef d’établissement n’est pas tenu d’accéder à cette demande, mais si ta mère ou ta personne de confiance te soutiennent dans ta démarche, il ne peut pas s’y opposer1.

Le régime de soins libres te fait recouvrer tous tes droits de citoyenne.

Tu peux choisir ou révoquer ta personne de confiance à tout instant : si tu as besoin d’une personne de confiance qui suive tes instructions, ma proposition tient toujours.

En tout cas, tu as la liberté d’écrire et de recevoir du courrier (article L3211-3). Si tu voulais désigner une personne de confiance, il te suffirait de remplir le formulaire en trois exemplaires et de les envoyer :

_ un à ton domicile, ou dans ton casier à l’hôpital (c’est ton exemplaire),

_ un à la personne de confiance,

_ un à l’administration de l’hôpital (par exemple à la secrétaire).

Je suis vraiment désolé que tu aies été internée à l’hôpital Régnier et non à la clinique XXXXX. Il faut prendre ton mal en patience.

Tu devrais user abondamment de ton droit d’écrire des lettres. Écris à tes amis, à ta mère : cela te soutiendra moralement et te fera passer le temps.

Je t’écrirai régulièrement.

1 Les deux conditions de l’article L3212-1 du CSP ne sont plus réunies, par conséquent, les articles L3212-8 et/ou L3212-9 s’appliquent (note du 13-11-2016).

13

Page 14: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Use aussi de ton droit de choisir ta personne de confiance. Si tu me désignes, envoie-moi aussi une lettre dans laquelle tu déclares avoir conscience de ton trouble et souhaiter poursuivre un traitement volontairement. Je pourrai alors te faire passer au régime de soins libres.

Très cordialement,

Sylvain.

PS : actuellement je suis en déplacement. Pour m’écrire il faut utiliser l’adresse :

Sylvain Rousselot

XXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXX

Téléphone : XXXXXXXXXX

Sinon, mon adresse est :

XXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXX

Je t’envoie également ta propre lettre où tu m’exprimais ta volonté. Il y a plusieurs numéros de téléphone, peut-être que certains te seront utiles…

Je t’embrasse,

Sylvain.

14

Page 15: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

5 Transcription de la conversation téléphonique professionnelle avec Madame Boyer, cadre de l’unité Morel (Appel du 23-05-2016 à l’hôpital Guillaume Régnier)

Conversation avec la première secrétaire

00 :00-00 :29 [Attente]

00 :29-00 :45

Secrétaire 1 : Guillaume Régnier, bonjour.

M. Rousselot : Bonjour, j’aimerais parler au docteur Giraud s’il vous plaît.

Secrétaire 1 : Oui, veuillez patienter s’il vous plaît. Veuillez patienter.

M. Rousselot : Oui.

00 :45-00 :56 [attente]

Conversation avec la deuxième secrétaire

00 :56-1 :11

Secrétaire 2 : Secrétariat G05 bonjour.

M. Rousselot : Bonjour, j’aimerais parler au Dr Giraud s’il vous plaît, j’ai téléphoné ce matin.

Secrétaire 2 : Vous êtes Monsieur ?

M. Rousselot : Monsieur Rousselot Sylvain.

Secrétaire 2 : Alors, je vous fais patienter un instant s’il vous plaît.

M. Rousselot : Très bien.

01 :11-04 :34 [Très longue attente]

04 :34-08 :00

Secrétaire 2 : Allo ?

M. Rousselot : Allo, bonjour…

Secrétaire 2 : Oui, non, vous êtes toujours au secrétariat, je viens de voir avec le docteur Giraud-Moubèche, il va pas pouvoir prendre la communication, mais qui me dit qu’elle est en relation avec la famille…

M. Rousselot : Oui.

Secrétaire 2 : De Madame XXXXX et qu’elle ne peut pas donner d’autres informations à d’autres personnes que la famille.

15

Page 16: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

M. Rousselot : Oui, mais il s’agit en fait des conditions générales d’internement de XXXXX qui concerne apparemment tous les patients notamment la question du courrier.

Secrétaire 2 : Oui.

M. Rousselot : Oui, voilà j’ai appelé… Je… Ce n’est pas possible de lui parler en personne ?

Secrétaire 2 : Non, non. Voilà : elle est en contact avec la famille uniquement, la personne est majeure, elle est en contact avec la famille, du coup rapprochez-vous de la famille pour éventuellement faire passer des messages.

M. Rousselot : Mais voyez-vous j’ai envoyé un courrier…

Secrétaire 2 : Vous pouvez également écrire au Dr Giraud.

M. Rousselot : J’ai envoyé un courrier… j’ai envoyé plusieurs lettres à XXXXX, et au secrétariat, samedi, on m’a dit qu’elle ne les avait pas reçus. Donc ça, c’est un problème administratif, j’aimerais savoir, j’aimerais avoir des précisions sur ce sujet. Puisque les patients, normalement, devraient pouvoir recevoir du courrier.

[La secrétaire et M. Rousselot parlent brièvement en même temps, incompréhensible.]

M. Rousselot : On m’a dit que le Docteur Giraud avait donné pour instruction que les patients ne pouvaient plus recevoir, ne pouvaient pas recevoir de courrier sans autorisation.

Secrétaire 2 : Alors ça, effectivement, les médecins, on peut… peuvent en avoir la décision, tout à fait.

M. Rousselot : D’accord.

Secrétaire 2 : Ça peut être temporaire. Oui. Tout à fait.

M. Rousselot : D’accord. Pendant un certain temps. Donc ils ne peuvent pas recevoir de courrier…

Secrétaire 2 : De courrier, d’appel, de visite… Voilà, c’est en fonction, c’est le médecin qui décide.

M. Rousselot : D’accord. Et est-ce qu’ils peuvent émettre des appels téléphoniques ou envoyer des courriers ?

Secrétaire 2 : Les patients ?

M. Rousselot : Oui.

Secrétaire 2 : Si c’est accordé par le médecin, oui.

16

Page 17: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

M. Rousselot : D’accord, c’est-à-dire qu’il faut qu’ils aient l’autorisation du médecin pour…

Secrétaire 2 : Oui, bien sûr ! Oui.

M. Rousselot : D’accord. En fait c’est ce genre de renseignement que je voulais savoir.

Secrétaire 2 : D’accord.

M. Rousselot : Donc c’est pour ça que je voulais obtenir le Dr Giraud. Parce que c’est lui qui donne ces instructions et je voulais savoir comment ça se passait.

Secrétaire 2 : C’est à son appréciation, effectivement.

M. Rousselot : D’accord, donc vous avez une liste de patients qui n’ont pas le droit de communiquer avec l’extérieur.

Secrétaire 2 : Ah non pas du tout, il n’y a pas de liste, c’est en fonction de l’état de la personne qui est hospitalisée.

M. Rousselot : D’accord.

Secrétaire 2 : C’est le médecin qui en juge…

M. Rousselot : Et donc les lettres que j’ai envoyées, qu’est-ce qu’elles sont devenues ? Vous les avez ouvertes par exemple pour vérifier le contenu ?

Secrétaire 2 : Alors, ça je pourrais pas du tout vous répondre, normalement c’est au dossier et remis au patient quand l’autorisation est donnée.

M. Rousselot : D’accord. j’aurai bien aimé pouvoir parler à un responsable, en fait.

Secrétaire 2 : C’est-à-dire un responsable ?

M. Rousselot : Eh bien, la personne qui s’occupe de l’unité et qui décide de genre de chose, voilà.

Secrétaire 2 : Je vais voir si j’arrive à joindre la cadre de l’unité qui est donc Madame Boyer. Quittez pas, un instant.

M. Rousselot : D’accord.

Conversation avec Madame Boyer, cadre de l’unité Morel

08 :00-09 :00 [Attente]

09 :00-13 :36

Madame Boyer : Oui allo ?

17

Page 18: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

M. Rousselot : Allo, bonjour ?

Madame Boyer : Bonjour, je suis Michelle Boyer, je suis la cadre responsable de l’unité.

M. Rousselot : Très bien. Je m’inquiétais du sort d’une amie qui est à l’unité Morel qui s’appelle XXXXXX.

Madame Boyer : Hum hum.

M. Rousselot : J’ai téléphoné samedi à l’unité et on m’a dit que toutes les communications de XXXXXX avec l’extérieur étaient coupées.

Madame Boyer : Hum hum.

M. Rousselot : C’est ça ?

Madame Boyer : Oui, tout à fait.

M. Rousselot : Et donc…

Madame Boyer : Jusqu’à décision médicale.

M. Rousselot : D’accord. On m’a dit également que l’unité Morel n’avait pas distribué mes lettres à XXXXX.

Madame Boyer : Ça je suis pas persuadée, je pense que certains courriers, on lui donne, mais c’est le médecin qui décide.

M. Rousselot : C’est le médecin qui décide, c’est ça ?

Madame Boyer : Oui.

M. Rousselot : D’accord. Donc… Et est-ce qu’elle peut envoyer des lettres, par exemple, heu… bah, tout dépend…

Madame Boyer : Non, [inaudible] Si elle le souhaitait. Mais là je pense qu’elle est pas, elle ne le fait pas actuellement.

M. Rousselot : Elle ?

Madame Boyer : Non, je pense que oui on lui laisserait si elle demandait à le faire on lui laisserait, mais là pour l’instant ce n’est pas sa demande.

M. Rousselot : D’accord. Et comment ça se passe concrètement, les lettres qui ne sont pas transmises aux patients…

Madame Boyer : Elles lui seront transmises quand elle sera apte à les recevoir.

M. Rousselot : D’accord. Et est-ce que ces lettres sont ouvertes par exemple pour vérifier leur contenu ?

18

Page 19: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Madame Boyer : Non, du tout, du tout. Ha non, pas du tout. Justement, c’est pour ça qu’on les donne pas. Les cartes postales, on les donne. Puisque effectivement c’est que de l’écriture, mais sinon le courrier ou les petits colis, c’est pas donné.

M. Rousselot : Donc quand c’est une carte postale, vous pouvez voir le contenu et à ce moment-là vous donnez.

Madame Boyer : Ho, c’est pas… on regarde pas le contenu, Monsieur.

M. Rousselot : D’accord. Je voulais aussi poser d’autres questions : est-ce que XXXXX, quand elle est arrivée, elle pouvait sortir dans le parc ?

Madame Boyer : Je sais plus, ça fait plus d’un mois qu’elle est arrivée… Pour quelle raison vous me demander cette question ?

M. Rousselot : Eh bien, bah parce que il fait beau et je me disais que si elle restait enfermée toute la journée, ce serait dur pour elle.

Madame Boyer : Oui mais pour l’instant, en fait, voilà : donc pour l’instant en fait son état médical ne le permet pas.

M. Rousselot : Pardon ?

Madame Boyer : Son état médical ne le permet pas.

M. Rousselot : Donc elle ne peut pas sortir dehors, c’est ça, elle ne peut pas aller dans le parc ?

Madame Boyer : Non. Non.

M. Rousselot : Ok. Bon est-ce que lorsque XXXXX est arrivée…

Madame Boyer : Elle ne peut pas recevoir de visite non plus jusqu’à décision médicale.

M. Rousselot : D’accord. Et lorsque XXXXX est arrivée, est-ce qu’elle a pu conserver ses vêtements de ville ou alors, elle a été mise en pyjama ?

Madame Boyer : Mais, mais, mais, vous me posez, excusez-moi, vous me posez beaucoup de questions, là, je suis liée au secret professionnel, donc, je m’interroge de… pourquoi vous me posez ces questions ?

M. Rousselot : Eh bien, parce que je crois que les patients ont le droit de recevoir du courrier malgré la décision médicale, je pense que c’est important qu’ils puissent recevoir du contact, des contacts de l’extérieur. Et je voulais savoir si les conditions étaient bonnes, si elle était bien traitée, ce genre de chose… je suis un ami proche de XXXXX.

19

Page 20: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Madame Boyer : Oui. Oui, oui. Bah je peux vous dire qu’elle est bien prise en charge au niveau médical, et elle est bien traitée, y’a pas de, y’a pas de soucis par rapport à ça.

M. Rousselot : Oui mais par exemple, est-ce qu’elle a été mise en pyjama ou alors est-ce qu’elle a pu au moins conserver…

Madame Boyer : Je ne vous répondrai pas à ces questions qui sont d’ordre médical, Monsieur. Donc je vous invite à vous renseigner auprès de la famille, mais je ne vous donnerai pas d’information concernant cette patiente.

M. Rousselot : D’accord. Mais est-ce que je pourrais savoir si mes courriers, si jamais j’envoie un courrier recommandé à XXXXX…

Madame Boyer : Je viens de vous… non, c’est pas… je viens de vous répondre Monsieur. C’est évalué…

M. Rousselot : Les courriers recommandés ne sont pas transmis ?

Madame Boyer : C’est le médecin qui évalue. Pardon ?

M. Rousselot : Les courriers recommandés ne sont pas, ne sont pas transmis ?

Madame Boyer : C’est la même chose. C’est pas parce qu’il est recommandé qu’elle l’aura plus facilement. D’accord ? c’est le médecin qui décide…

M. Rousselot : Mais alors qui c’est qui signe alors ?

Madame Boyer : Comment ?

M. Rousselot : Dans ce cas-là, qui signe le recommandé ?

Madame Boyer : Ah bah ça sera pas signé, il sera retourné à l’envoyeur.

M. Rousselot : Bon, eh bien… Je vous remercie de ces renseignements.

Madame Boyer : Oui, je vous invite à vous rapprocher de la famille pour avoir un peu plus de renseignement. Eux peuvent vous en donner mais moi je ne peux pas, enfin, en termes de ma qualité de responsable, je ne peux pas vous donner des renseignements médicaux sur une patiente.

M. Rousselot : Oui, mais là il s’agit des droits du patient.

Madame Boyer : Oui, je sais, mais ils sont respectés ces droits du patient, vous inquiétez pas, on a un juge des libertés et de la détention qui évalue son dossier régulièrement.

M. Rousselot : Je vous remercie. Au revoir.

20

Page 21: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

6 Plainte à la CRUQPC

Date : 23 mai 2016

Objet : Plainte au sujet du droit de correspondance à l’Hôpital Psychiatrique Guillaume-Régnier et de la violation d’autres droits

À qui de droit,

Je soussigné Sylvain Rousselot, demeurant au :

XXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXX

ai l’honneur de porter plainte entre vos mains contre :

le docteur Giraud-Moubèche et madame Boyer, exerçant tous deux au CHU Guillaume-Régnier, 108 avenue du Général-Leclerc, Secteur psychiatrie, Unité Morel, 35703 Rennes,

en raison des faits suivants :

Le week-end du 14 et 15 mai j’ai appris que mon amie XXXXX avait été internée au secteur psychiatrique du CHU Guillaume-Régnier, Unité Morel.

J’ai donc voulu lui remonter le moral, et je lui ai envoyé une lettre, une carte postale et un petit colis contenant des dattes.

Samedi 21 mai, j’ai téléphoné à l’hôpital psychiatrique pour joindre XXXXX. On m’a refusé la communication. Appelant une seconde fois, j’ai demandé si XXXXX pouvait au moins recevoir ses lettres. La secrétaire m’a déclaré que toutes les communications de XXXXX avec l’extérieur étaient coupées, y compris le courrier. Appelant une troisième fois, j’ai pu obtenir le nom du responsable qui en avait donné l’ordre : le docteur Giraud.

Cela contrevient aux articles L3211-3 du Code de la Santé Publique et 432-9 du Code Pénal.

En tant qu’émetteur, je suis victime de l’interception de mon courrier.

La liberté de correspondance fait partie des rares droits que la psychiatrie ne peut retirer aux patients internés. Cette liberté est indispensable à l’exercice de leurs autres droits : désigner une nouvelle personne de confiance, communiquer avec leur médecin, dénoncer une violation de leurs droits à l’Administration ou à la Justice…

Sans la liberté de correspondance, tous ces droits tombent en poussière.

Lundi 23 mai, j’ai retéléphoné à l’hôpital psychiatrique dans le but de demander des explications au Dr Giraud, et d’obtenir la preuve que les droits

21

Page 22: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

de XXXXX n’étaient pas respectés : j’ai enregistré la conversation, dont je vous joins une copie sur CD sous forme audio non-éditée et sous forme de script.

Le Dr Giraud a refusé la communication. Après avoir obtenu quelques renseignements de la secrétaire, j’ai demandé à parler à un responsable, et on m’a transmis le cadre de l’unité Morel, madame Boyer, qui m’a confirmé que les lettres envoyées à XXXXX étaient bien interceptées, comme celles de nombreux patients. J’en ai profité pour lui poser d’autres questions.

Madame Boyer m’a appris que XXXXX n’a pas le droit de sortir dans le parc depuis un mois. Même les prisonniers ont le droit à une promenade d’une heure par jour.

Madame Boyer a refusé de me dire si XXXXX avait été dépouillée de ses vêtements de ville. Si c’est le cas, ce serait une atteinte flagrante à la dignité des patients, déjà dénoncée par l’inspecteur général des prisons dans son rapport de 20122, et donc une nouvelle violation de l’article L3211-3 du CSP. Le port obligatoire du pyjama n’a aucune raison médicale ici, il humilie les patients et renforce leur sentiment de spoliation.

Je suis profondément inquiet de l’étendue de la violation des droits de XXXXX dans cet établissement, avec impossibilité de communiquer avec elle, même par écrit. Tant que les psychiatres jouiront de l’impunité dans les hôpitaux, les inspecteurs auront beau les dénoncer dans leurs rapports, rien ne changera.

En vous priant de donner à cette affaire la suite qu’elle comporte,

Veuillez agréer, madame, monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

_________________________Sylvain Rousselot

2 Rapport de visite : Centre Hospitalier Guillaume Régnier, Rennes (Ille-et-Vilaine), 10-20 septembre 2012, p. 51. Copie jointe sur le CD.

22

Page 23: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

7 Mon premier recommandé à madame XXXXXXXXXXX, 25-05-2016

Lettre n°4

Bonjour XXXXX !

J’espère que tu vas bien.

Je ne fais pas très long, car je sais que le Dr Giraud intercepte tout ton courrier, et donc que tu ne toucheras probablement jamais ce recommandé.

Si par hasard tu le recevais, sache que je t’ai envoyé un petit colis contenant des dattes, une lettre et une carte postale qui sont actuellement retenus dans ton dossier médical.

Garde courage.

Je t’embrasse,

Sylvain.

23

Page 24: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

8 Transcription de la conversation téléphonique professionnelle avec le Docteur Giraud, psychiatre de madame XXXXX (appel du 6-06-2016 à l’hôpital Guillaume Régnier)

Conversation avec la première secrétaire

00 :00-00 :13 [Attente]

00 :13-00 :45

Secrétaire 1 : Guillaume Régnier, bonjour.

M. Rousselot : Bonjour, pourrais-je parler au docteur Giraud s’il vous plaît ?

Secrétaire 1 : Alors, Giraud-Moubèche : veuillez patienter s’il vous plaît.

00 :25-00 :44 [attente]

Conversation avec la deuxième secrétaire

00 :44-1 :54

Secrétaire 2 : Secrétariat G05 bonjour.

M. Rousselot : Bonjour, je suis Monsieur Rousselot, pourrais-je parler au docteur Giraud s’il vous plaît ?

Secrétaire 2 : Un instant.

0 :53-1 :54 [attente]

Conversation avec le Dr Giraud

1 :54-5 :18

Dr Giraud : Allo ?

M. Rousselot : Allo, bonjour ?

Dr Giraud : Allo ?

M. Rousselot : Je suis bien en communication avec le Dr Giraud ?

Dr Giraud : Tout à fait.

M. Rousselot : Bonjour, je me présente, je suis Monsieur Rousselot.

Dr Giraud : Oui.

M. Rousselot : Et je vous appelle pour savoir s’il y a…

Dr Giraud : Une question juste avant de commencer : est-ce que vous m’enregistrez ?

24

Page 25: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

M. Rousselot : Oui.

Dr Giraud : D’accord. Je suis pas du tout d’accord pour que vous m’enregistriez. Ce sera dit, ce sera enregistré.

M. Rousselot : Bon, d’accord. Je vous appelle pour savoir s’il y a encore des restrictions à propos du courrier de madame XXXXX. Ou si maintenant elle peut envoyer ou recevoir…

Dr Giraud : Alors, écoutez, je vais essayer d’être assez claire avec vous, Monsieur : je n’ai pas d’information normalement à vous donner concernant Mademoiselle XXXXX, je suis tenue au secret médical la concernant. Donc voilà : je reçois régulièrement des nouvelles de la famille, Mademoiselle XXXXX ne m’a pas nommément permis de vous donner quelqu’information que ce soit donc… ne vous a pas désigné en tant que personne de confiance, donc je n’ai pas d’information à vous donner.

M. Rousselot : D’accord, mais là il s’agit de la loi, il ne s’agit pas de secret professionnel.

Dr Giraud : Là il s’agit de ma, d’une patiente que je suis donc il s’agit du secret professionnel. On ne parle pas d’une manière générale, on parle d’une jeune femme que je suis. Voilà.

M. Rousselot : D’accord. Donc vous n’allez pas me donner de renseignement sur le fait que madame XXXXX peut recevoir ou non du courrier.

Dr Giraud : Je n’ai pas d’information à vous donner concernant ma patiente Mademoiselle XXXXX.

M. Rousselot : D’accord.

Dr Giraud : Et personne dans ce service n’a d’information à vous donner concernant cette jeune femme, puisque nous sommes soumis au secret médical la concernant.

M. Rousselot : D’accord, d’accord… Très bien. Donc je ne vais pas vous poser d’autres questions sur le sujet, mais pourrais-je vous poser d’autres questions ayant trait à la vie à l’hôpital, s’il vous plaît ?

Dr Giraud :…

M. Rousselot : J’aimerais savoir comme ça se passe un internement à l’unit…

Dr Giraud : Je ne vois pas trop à quel titre je pou… j’aurai à vous répondre, de toute façon.

M. Rousselot : Eh bien, je suis un…

25

Page 26: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Dr Giraud : Je sais que vous appelez régulièrement… Vous avez en plus déposé une plainte auprès de la direction, en retranscrivant des conversations enregistrées sans l’accord, sans avoir auto…, enfin, sans avoir demandé l’accord des personnes, sans les avoir même avertis que vous les enregistriez ; donc, voilà moi je crois que ça suffit là [inaudible]

M. Rousselot : Oui je sais mais…

Dr Giraud :… vous appeler, elle vous contactera elle-même. Hein ? Voilà je pense que c’est… c’est clair ?

M. Rousselot : Mais il s’agit d’une question légale, en fait, c’est pour ça que ça me paraissait important de…

Dr Giraud : Eh bien, vous la poserez à un juriste.

M. Rousselot : Est-ce que je peux vous poser d’autres questions ayant trait à la vie à l’hôpital, s’il vous plaît.

Dr Giraud : Non.

M. Rousselot : J’aimerais savoir comment cela se passe un internement à l’unité Morel.

Dr Giraud : Non, non, non : je ne vous répondrai à aucune question, je n’ai pas… je ne vois pas pourquoi j’aurai à vous répondre alors, répondre à des questions à quelqu’un que je ne connais pas.

M. Rousselot : Bon, en tout cas la plainte va suivre son cours, concernant…

Dr Giraud : Tout à fait.

M. Rousselot : L’interception du courrier.

Dr Giraud : Très bien.

M. Rousselot : Et j’obtiendrai les renseignements que je désire.

Dr Giraud : D’accord.

M. Rousselot : Au revoir.

Dr Giraud : Au revoir.

26

Page 27: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

9 Lettre de madame XXXXX à moi-même

[Recto]

27

Page 28: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

[verso]

28

Page 29: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

[enveloppe avec cachet de la poste]

29

Page 30: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

10 Complément de plainte à la CRUQPCDate : 10 Juin 2016

Objet : Complément de plainte

Référence : 4.4 – 56

À qui de droit,

Je viens de recevoir une lettre de mon amie XXXXX dans laquelle elle me confirme ne pas avoir reçu une partie de son courrier. En particulier, madame XXXXX me demande comment j’ai pu être au courant de son internement, ce qui suggère qu’elle n’a pas reçu ma première lettre dans laquelle je lui indiquais avoir téléphoné à l’une de ses amies.

Dans ma première lettre, je lui envoyais les papiers pour qu’elle puisse me désigner comme sa personne de confiance, comme nous en avions déjà discuté. Mon courrier a-t-il été intercepté pour cette raison ? Y a-t-il un tri des courriers de madame XXXXX en fonction de leur contenu ?

Je vous informe que j’ai envoyé une lettre recommandée à madame XXXXX renouvelant cette proposition. Je demande à l’administration de prendre toutes les mesures nécessaires pour que cette lettre parvienne à sa destinataire ; qu’elle ne soit ni ouverte, ni supprimée, ni retardée, ni détournée, et de s’assurer de même pour la réponse. Plus aucun courrier ne doit être intercepté, dans aucun sens. En d’autres termes, je demande à l’administration de faire respecter les articles L3211-3 et L1111-6 du CSP, et de ne pas oublier l’article 432-1 du Code Pénal, qui s’applique en l’espèce.

Ci-joint, la liste des courriers envoyés à madame XXXXX pour que l’administration puisse les retrouver et les remettre à leur destinataire.

Dans sa lettre, madame XXXXX me parle également de sa vie à l’hôpital :

Pour l’instant je suis en chambre d’isolement, c’est-à-dire un lit cloué au sol, un pot et de l’eau, avec en plus un traitement médical.

Je reprends conscience de ce qu’est la solitude et ce n’est pas agréable. Je suis « enfermée » et ça m’amène à craindre les mouvements brusques et les bruits tonitruants lorsque je sors en salle.

C’est cela que vous appeler un « soin » ? Enfermer une personne en cellule et la gaver de neuroleptiques, l’isoler jusqu’à ce qu’elle développe une phobie sociale ?

30

Page 31: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Il est attendu que l’isolement ou la contention soit décidé pour faire face à une situation de crise qu’aucun autre moyen ne permet de résoudre. La crise étant par définition limitée dans le temps, l’isolement et la contention devraient en tout état de cause être utilisés de façon brève, le temps strictement nécessaire à sa résolution ou à la mise en œuvre d’un autre moyen permettant d’y mettre un terme.3

Depuis combien de temps madame XXXXX est-elle retenue ainsi ? En vertu de quelle urgence ? Une urgence qui dure depuis un mois ? Ces enfermements prolongés, décidés en dehors des recommandations médicales officielles et du respect de la personne, ne sont rien d’autre que de la maltraitance (Articles 2, 3, 8, 10, 32 et 44 du Code de Déontologie Médicale). Je demande à l’administration de faire examiner madame XXXXX dans les plus brefs délais et de lui donner une vrai chambre, avec un accès à des toilettes normales et non à un pot. Je demande également que madame XXXXX puisse librement parler avec d’autres patients et d’autres personnes, y compris extérieures à l’établissement. Si madame XXXXX est encore forcée de porter ce pyjama indigne, signe de son affliction, rendez-lui immédiatement ses vêtements.

De façon générale, je demande à l’administration de procéder à toutes les vérifications, à tous les contrôles nécessaires au rétablissement de tous les droits de madame XXXXX.

Veuillez agréer, madame, monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

_________________________Sylvain Rousselot

3 Rapport thématique : Isolement et contention dans les établissements de santé mentale, contrôleur général des prisons, 25 mai 2016.

31

Page 32: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

11 Lettre de la directrice adjointe, Madame Jehanno, à moi-même

32

Page 33: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

12 Désignation de la personne de confiance (après la sortie de l’hôpital)

33

Page 34: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

13 Résumés et dates des courriers échangésEntre parenthèses, dates approximatives. La chronologie est respectée.

Envoyés (par date d’envoi)

1. 17-05-2016 lettre détaillant comment j’ai su que madame XXXXX était internée, expliquant les articles L3212-8, L1111-6 et L3211-3 du CSP, et joignant 3 enveloppes pré-timbrées et la copie d’une lettre que madame XXXXX m’avait envoyée (pour les numéros de téléphone). Interceptée.

2. Carte postale. Remise.

3. Colis de dattes. Intercepté.

4. 25-05-2016 lettre recommandée n°1 exprimant mes doutes sur la possibilité de madame XXXXX de recevoir son courrier, et donnant la liste des 3 premiers courriers envoyés. Reçu le 1 juin. Signature inconnue, remise.

5. 23-05-2016 plainte à la CRUQPC.

6. Colis de chocolat. Probablement intercepté.

7. 06-06-2016 lettre recommandé n°2 résumant la situation des courriers et détaillant comment choisir sa personne de confiance, et rappelant qu’un « cadeau bon à manger » (le chocolat) a été envoyé. Reçue le 8 juin. Signature inconnue, probablement remise.

8. 07-06-2016 carte postale. Probablement remise.

9. 10-06-2016 : complément de plainte à la CRUQPC, suite à la réception de la lettre de madame XXXXX.

10. 10-06-2016 lettre recommandée n°3 décrivant ma prise de contact avec les proches de madame XXXXX, mes démarches auprès de l’administration avec en pièce jointe la plainte et le complément de plainte portés auprès de la CRUQPC, un petit calendrier, 3 nouvelles enveloppes pré-timbrées dont une indiquée à mon adresse et cette liste-même des courriers échangés. Reçue le 15 juin. Signature de madame XXXXX.

11. 10-06-2016 carte postale. Probablement remise.

12. 13-06-2016 carte postale. Probablement remise.

13. 16-06-2016 lettre recommandée n°4 contenant des nouvelles de la procédure, les paroles d’une chanson et une lettre de Madame XXXXX à madame XXXXX. Reçue le 22 juin. Signature de madame XXXXX.

34

Page 35: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Reçus (par date de réception)

1. (1-06-2016) daté du 30 mai, accusé de réception de la plainte déposée auprès de la CRUQPC.

2. (2-06-2016) daté du 1 juin, accusé de réception du recommandé n°1 à madame XXXXX (mauvaise signature).

3. 09-06-2016 lettre de madame XXXXX m’exprimant son soulagement de recevoir mon courrier, me parlant de son dénuement, de la censure de son courrier, de son isolement physique et de sa solitude.

4. 10-06-2016 daté du 8 juin, accusé de réception du recommandé n°2 à madame XXXXX (mauvaise signature).

5. (16-06-2016) daté du 15 juin, accusé de réception du recommandé n°3 à madame XXXXX (bonne signature).

6. (23-06-2016) daté du 22 juin, accusé de réception du recommandé n°4 à madame XXXXX (bonne signature).

7. (25-06-2016) datée 24 juin, lettre de la directrice adjointe déclarant que l’enregistrement téléphonique de preuves contre l’hôpital est interdit et que les courriers de madame XXXXX ont bien été retenus jusqu’à ce que son psychiatre en décide autrement.

35

Page 36: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

14 Recours gracieux adressé à l’hôpital

Date : Lundi 22 août 2016

Objet : Recours gracieux au sujet de la violation du droit de correspondance au CHU Guillaume Régnier de Rennes

Madame, Monsieur le directeur,

J’ai l’honneur de porter ce recours gracieux entre vos mains en raison des faits suivants :

Du 17 au 25 mai 2016, j’ai envoyé trois courriers à mon amie XXXXX, hospitalisée sans consentement à l’unité Morel du secteur psychiatrique de l’hôpital Guillaume Régnier de Rennes, de fin avril à fin juin (j’ignore les dates exactes).

Parmi ces courriers, deux ont été interceptés : une lettre simple et un colis de dattes ; un seul a été remis : une carte postale.

Ceci est une infraction aux articles :

_ L3211-3 du Code de la Santé Publique (droit n° 5),

_ 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme,

et, si une faute personnelle venait à être découverte, à l’article :

_ 432-9 du Code Pénal.

Je vous informe que je dispose des preuves suivantes :

_ l’enregistrement téléphonique d’une conversation professionnelle avec la cadre responsable de l’unité Morel, Madame Boyer, qui me déclare que la distribution du courrier est soumise à la décision du médecin,

_ l’enregistrement téléphonique d’une conversation professionnelle avec la psychiatre référente de madame XXXXX, le Dr Giraud, qui me déclare que l’interception du courrier est soumise au secret médical,

_ une lettre de madame XXXXX, qui me déclare ne pas avoir reçu mon colis de dattes, et qui me demande comment j’ai su qu’elle avait été internée, alors que je le lui écrivais dans ma lettre du 17 (non-recommandée),

_ une lettre de la directrice adjointe, Madame Jehanno, qui me déclare que les courriers de madame XXXXX lui ont été remis « dès que son état clinique l’a permis », c’est-à-dire qu’ils ont effectivement été retenus jusqu’à ce que son psychiatre en décide autrement.

Je vous transmets ces preuves en pièce-jointe, ainsi que la transcription des enregistrements.

36

Page 37: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Je vous remets également la liste des courriers échangés.

À cause de la censure exercée sur ma correspondance, j’ai dû envoyer mes courriers en recommandé à madame XXXXX, et deux lettres de plainte à la CRUQPC ; en outre, j’ai été profondément inquiet des déclarations de Madame Boyer, du Docteur Giraud et de Madame Jehanno, la première allant jusqu’à affirmer que même les courriers recommandés ne seraient pas donnés.

C’est pourquoi je vous demande :

1. de faire cesser cette violation de la loi dans vos services, en faisant distribuer les courriers actuellement retenus par les psychiatres à leurs destinataires légitimes, et en prenant les mesures administratives, organisationnelles afin que l’ingérence dans la correspondance des patients soit arrêtée,

2. de me rembourser, au titre du préjudice matériel, la somme de 26 €16, pour les frais que j’ai dû engagés pour contourner et combattre la censure de mon courrier, et pour les trois enveloppes pré-timbrées que j’ai envoyées inutilement dans mon premier courrier,

3. de m’indemniser, au titre du préjudice moral, de la somme de 3000 €, pour l’inquiétude et le désagrément que vos agents m’ont infligés.

Dans l’attente de votre réponse,

Veuillez agréer, madame, monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

_________________________Sylvain Rousselot

37

Page 38: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

15 Avis de réception des recommandés adressés à madame XXXXXRecommandé du 2016-6-1 avec son prix.

38

Page 39: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Recommandé du 2016-6-8 avec son prix

39

Page 40: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Recommandé du 2016-6-15 avec son prix

40

Page 41: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

Recommandé du 2016-6-16 avec son prix

41

Page 42: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

16 Avis de réception du recours gracieux (décision implicite)Recommandé du 2016-9-1 avec son prix

42

Page 43: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

17 Enregistrements sur CD-ROMIl contient :

• Les enregistrements des conversations téléphoniques professionnelles

avec Mme Boyer et le Dr Giraud, format 3gpp non-édité, lisible avec VLC.

• Un dossier contenant cette lettre et ses images.

• Le rapport du CGLPL sur l’hôpital psychiatrique Guillaume Régnier.

43

Page 44: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

18 Pièce complémentaire

44

Page 45: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

19 Mémoire en réplique 1

Sur la qualité pour agir

La Convention Européenne des Droits de l’Homme garantit le droit de correspondance, qui s’applique autant aux courriers émis que reçus. Plaise à la défense de croire que les courriers émis ne sont pas protégés par la loi, et donc que je n’aurais pas à me plaindre de l’interception de ma correspondance avec Madame XXXXX.

Sur les CD-ROM

La défense prétend que je n’aurais communiqué qu’un seul CD-ROM au tribunal. L’argument est étrange, car je sais parfaitement avoir transmis les CD-ROM en quatre exemplaires, dans chacune des copies de mon mémoire. La défense prétendrait-elle ne pas avoir reçu les enregistrements, d’abord au cours de la procédure administrative, puis de l’instruction ? Ci-joint une énième copie du CD-ROM à destination de la défense, pour être sûr qu’elle puisse réécouter encore une fois la reconnaissance des faits par Madame Boyer.

Sur la faute

À propos de la culpabilité de l’administration, l’hôpital se défend vainement, car les preuves enregistrées et écrites sont accablantes. La Convention Européenne des Droits de l’Homme interdit toute ingérence non-autorisée de l’État dans la correspondance, ce qui inclut évidemment le fait de retenir les courriers des patients et de ne les transmettre que selon le bon vouloir d’un psychiatre. L’article L3211-3 du CSP précise bien la liste des droits qui, « en tout état de cause », ne peuvent jamais être entravés, et qui sont dans une société démocratique indispensables au respect des droits humains.

Ainsi, en violant le droit de correspondance de Madame XXXXX, l’hôpital a également violé mon droit, car dans une correspondance, il y a un émetteur et un destinataire, et on ne peut s’ingérer dans le droit de l’un sans s’ingérer dans le droit de l’autre. Tel est mon préjudice, et puisque Madame XXXXX est trop fragile pour demander réparation, je demande réparation pour moi-même, et je ne doute pas que Madame XXXXX sera heureuse de me voir gagner ce procès.

Par ailleurs, bien qu’elle dénie avoir commis une faute, la défense reconnaît que l’hôpital a bien retenu ma correspondance avec Madame XXXXX, elle cite à cet effet l’aveu écrit de la directrice adjointe, Madame Jehanno. C’est bien, mais pourquoi la défense n’a-t-elle pas ajouté au dossier la trace écrite de la

45

Page 46: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

décision ordonnant l’interception de la correspondance de Madame XXXXX, « jusqu’à décision médicale », selon les mots de Madame Boyer, pièce n°5, p. 18 du mémoire ? Ou bien, n’y aurait-il même pas de trace écrite, cette décision étant parfaitement arbitraire, selon le bon vouloir du psychiatre ?

Une autre question : l’hôpital a-t-il pris la décision d’arrêter le détournement de correspondance des patients internés en psychiatrie ? La défense ne cite aucune décision de ce genre. Doit-on en conclure que l’hôpital, même après une plainte administrative, même après une requête judiciaire, continue avant comme après de violer le droit fondamental de correspondance ? Tout en assumant les faits et en niant le droit, la défense ne manifeste aucune honte, aucun regret, et au contraire affiche cette suffisance des gens qui se croient au-dessus de tout, avec ce front de demander en sus une indemnité pour l’hôpital ! Si l’hôpital n’est pas condamné justement, il ne fait aucun doute qu’il continuera sur cette voie exécrable.

Quant au préjudice moral, que la défense relise la troisième demande formulée dans la requête : il s’agit bien de « l’atteinte au droit fondamental de correspondance ». L’inquiétude et le désagrément infligés par les agents de l’hôpital est lié à une violation précise du droit, ce n’est pas un simple caprice, comme le suggère la défense !

Sur les preuves

La défense écrit plusieurs paragraphes pour discréditer le témoignage et la signature de Madame XXXXX, et remettre en cause notre amitié. Il n’est pas étonnant que la défense s’adonne à des arguments aussi bas et aussi débiles, tant les aveux écrits de la directrice adjointe et les aveux oraux de la cadre du service sont accablants. Les preuves sont solides et concordantes : l’hôpital ne peut se départir de sa culpabilité. Sa ligne de défense, le déni, est vouée à l’échec.

46

Page 47: Régnier de Rennes Novembre 2016 - WordPress.com...5 Le Conseil d’État s’est déjà prononcé dans une affaire similaire (N° 280494, 6 avril 2007). En effet, il résume : 5.1

20 Mémoire en réplique 2

À propos de la date de la pièce n°4

Il s’agit évidemment d’une erreur de plume : il faut lire 17-05-2016 et non 17-05-2015. Dans mon récapitulatif des courriers échangés (pièce n°13, p. 34), et dans mon recours gracieux (pièce n°14, p. 36), je cite la date exacte. Si l’argument subsidiaire de la défense tient en une coquille, il ne pèse pas bien lourd.

47