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GĂ©rard TAPONATMANAGER RH
DRH : une aventure humaine Bien plus quâune fonction
Préface de Jeremy Roffe-Vidal
humaine
DRHaventureune
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Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web
www.deboecksuperieur.com
Dessin en couverture par GabsMise en pages : SCM, Toulouse
De Boeck SupĂ©rieur s.a., 2020Rue du Bosquet, 7 â B-1348, Louvain-la-Neuve
Tous droits rĂ©servĂ©s pour tous pays.Il est interdit, sauf accord prĂ©alable et Ă©crit de lâĂ©diteur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le prĂ©sent ouvrage, de le stocker dans une banque de donnĂ©es ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque maniĂšre que ce soit.
DépÎt légal :BibliothÚque nationale, Paris : février 2020 ISSN 2030-3661BibliothÚque royale de Belgique, Bruxelles : 2020/13647/016 ISBN 978-2-8073-2724-5
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GĂ©rard TAPONAT
humaine
DRHaventureune
Bien plus quâune fonction
Préface de Jeremy ROFFE-VIDAL
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Préface 5 Préface 5
Préface
Voici plus de 25 ans que je travaille dans la fonction RH, et cela me passionne : câest une aventure humaine extraordinaire ! Lâhumain mâa toujours interpellĂ©. Câest pourquoi, trĂšs tĂŽt, je me suis intĂ©ressĂ© aux Ressources Humaines avec deux moteurs : faire progresser les gens et avancer en Ă©quipe. DâemblĂ©e, mon parcours professionnel sâest inscrit dans les RH et jâai eu la chance dây avoir rapidement des responsabilitĂ©s. Jâai participĂ© Ă de fortes croissances et partagĂ© des pĂ©riodes de dĂ©croissance. Et, quels que soient le poste occupĂ© et le groupe, jâai toujours goĂ»tĂ© et goĂ»te encore pleinement chaque instant. Les RH font partie de ma vie !
Le management RH a beaucoup Ă©voluĂ© avec le temps mĂȘme si de nombreux paramĂštres sont restĂ©s inchangĂ©s. Le profil du manager RH sâest considĂ©rablement transformĂ© avec les annĂ©es : il est peu Ă peu devenu plus catĂ©gorique et moins empa-thique en donnant une part croissante aux Ă©lĂ©ments dâanalyse tirĂ©s de donnĂ©es comp-tables dans les processus dĂ©cisionnels. Depuis lors, soyons honnĂȘtes, nous en sommes probablement restĂ©s au mĂȘme point : une pensĂ©e comptable.
Or, nous le savons, lâun des enjeux de la mission des RH est de dĂ©velopper le mĂȘme ADN entre tous les collaborateurs, en lien avec les valeurs de lâentreprise, afin dâavancer en Ă©quipe et de faire progresser lâensemble. Ă la fonction RH, en tandem avec le management, de recrĂ©er sans cesse une nouvelle dynamique avec toujours plus dâĂ©nergie, dâidĂ©es nouvelles et lâenvie dâaller plus loin et de progresser. Pour cela, la valeur la plus importante est la confiance. Câest la confiance qui crĂ©e lâengagement. Elle est la base de la relation et de lâimplication des Ă©quipes. En tant que RH, nous avons Ă ĂȘtre de vĂ©ritables GPS pour savoir oĂč trouver lâengagement et tirer le meilleur parti des compĂ©-tences et des talents de chacun. Il y a en effet une corrĂ©lation entre engagement et performance. DâoĂč lâimportance, pour les managers, dâĂȘtre proches de leurs Ă©quipes et dâadopter un style de travail et un Ă©tat dâesprit privilĂ©giant lâĂ©coute, lâagilitĂ© et la crĂ©ativitĂ©.
Durant ces derniĂšres annĂ©es, de nombreuses start-up RH, les outils numĂ©riques et les Ă©volutions du droit du travail ont progressivement tenu des fonctions complĂ©-mentaires de celles du manager RH dans son travail quotidien jusquâĂ parfois le rem-placer. Par ailleurs, nos dĂ©cisions sont certainement de plus en plus rationnelles et impartiales, en rĂ©ponse Ă la complexitĂ© croissante du monde. NĂ©anmoins, est-il pos-sible de se passer dâun manager RH ? Probablement pas ! Avons-nous le droit de sta-gner ? Certainement pas ! Sommes-nous prĂȘts Ă changer et Ă construire un nouveau management RH qui replace lâhumain au centre ? Nous nâavons pas le choix : câest vital tant pour lâavenir de la fonction que pour celui de lâentreprise !
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6 DRH, une aventure humaine
Câest tout le sens de lâouvrage et de la rĂ©flexion que nous propose ici GĂ©rard Taponat. Je connais la pertinence de sa rĂ©flexion sur la fonction RH quâil exerce et sa capacitĂ© Ă agir en avance de phase sur des sujets novateurs dans ce domaine. Dans le secteur des hautes technologies â et Ă lâĂ©chelle du monde â dans lequel jâanime aujourdâhui ces « richesses humaines », comme aime Ă les qualifier GĂ©rard, je mesure combien lâinnovation sociale demeure fondamentale pour reconnaĂźtre et dĂ©velopper les talents.
Si tous les pays du monde ne disposent pas dâun cadre RH identique Ă celui de la France, il nâen demeure pas moins que les approches que ce pays dĂ©veloppe consti-tuent des modĂ©lisations inspirantes. Puisquâil nous faut adopter un nouveau mode de fonctionnement, saisissons-nous de cette aventure de la DRH pour aborder la com-plexitĂ© du monde social.
Jeremy Roffe-Vidal,Executive Vice-Président et DRH du Groupe IDEMIA
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Prélude 7 Prélude 7
Prélude
La question revient rĂ©guliĂšrement dans les entreprises : oĂč est la DRH ? Mais que fait la DRH ? A-t-on besoin encore dâune DRH Ă lâheure de la connectique ? Les sondages rĂ©guliers auprĂšs des salariĂ©s ne vont pas dans le sens dâune opinion favorable quant Ă lâutilitĂ© et au sens de cette fonction dans le contexte Ă©conomique contemporain. Dans le mĂȘme temps, tout le monde sâaccorde Ă reconnaĂźtre que nombre de nos dĂ©fis dâentreprise, â en France mais pas seulement â, sont prioritairement dâordre social, donc thĂ©orique-ment gĂ©rĂ©s par la DRH. Les entreprises les plus en pointe sur la question ont fait le choix de ne plus disposer en interne de la totalitĂ© de cette fonction, mais reconnaissent avoir besoin de ses compĂ©tences, mĂȘmes externalisĂ©es. Et les fameuses start-up me direz-vous ? Elles nâont pas de DRH Ă leur lancement, ce qui ne les empĂȘche pas de se dĂ©ve-lopper. Lorsquâelles dĂ©cident de sâen doter, elles procĂšdent souvent diffĂ©remment quant Ă leur animation et Ă la dĂ©finition de leur mission. Il nâexiste pas de modĂ©lisation propre aux start-up puisque câest la dynamique et le pragmatisme qui semblent dicter leur organisation dans le domaine RH. Câest dâailleurs la jeunesse dâesprit qui caractĂ©rise les traits communs de leur action, centrĂ©e sur un besoin prĂ©cis et une rĂ©ponse adaptĂ©e au dĂ©fi de tout groupe humain et professionnel.
Ce livre est le fruit de plusieurs annĂ©es dâanalyse, dâobservation, de rencontres, de missions et dâenseignement en EMBA1 avec des crĂ©ateurs dâentreprises. Il est Ă©gale-ment le fruit des missions de transition que je conduis depuis une quinzaine dâannĂ©es maintenant. Par commoditĂ© de conceptualisation, lâouvrage parle dâentreprise Ă©mer-gente, rĂ©unissant sous cette expression Ă la fois les start-up, les B Corp2, les entreprises Ă mission et toutes les formes Ă©mergentes qui renouvellent la conception classique de lâentreprise.3 On a parfois lâimpression dâĂȘtre dans une grande saga dont le titre serait
1. Executive Master of Business Administration de LâUniversitĂ© Paris Dauphine et lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al.2. B Corp : acronyme de benefit corporation, labellisation dâentreprises qui se fixent des objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux et qui rĂ©pondent Ă des critĂšres exigeants en matiĂšre de compati-bilitĂ© et de transparence. Les B Corp cherchent Ă repenser la notion de succĂšs dans les affaires et mettent les performances de lâentreprise au service de lâintĂ©rĂȘt public.3. Jâappuie mon analyse RH et managĂ©riale sur tous les reportages sur les start-up qui fleurissent dans les journaux ainsi que sur toute une sĂ©rie dâouvrages dans la veine de celui de Jacque lecomte, Les entreprises humanistes (Les ArĂšnes, 2016), Ă©galement sur les travaux de Michel Godet (cf. Bonnes nouvelles des conspi-rateurs du futur, Odile Jacob, 2012 ; La France des bonnes nouvelles, Odile Jacob, 2013 ; Le courage du bon sens, Odile Jacob, 2009), les ouvrages de BĂ©nĂ©dicte manier (Un million de rĂ©volutions tranquilles, Les Liens qui libĂšrent, 2012), Marie-HĂ©lĂšne et Laurent de cherisey (Passeurs dâespoir I & II, Presses de la Renaissance, 2005 et 2006)âŠ
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8 DRH, une aventure humaine
Ă la recherche de la dĂ©marche perdue. Tout un bouillonnement dâidĂ©es et de concepts irriguent les entreprises aujourdâhui. De lâentreprise libĂ©rĂ©e Ă lâholacratie, en passant par les modes autogestionnaire et autoresponsabilisant, câest toute la hiĂ©rarchie, lâorga-nisation et lâanimation qui semblent vouloir ĂȘtre revisitĂ©es autour de lâobjectif dâentre-prendre et des rĂŽles que chaque salariĂ© doit remplir. Face Ă cela, invitation est faite aux start-up comme aux entreprises historiques â immergĂ©es dans leur fonctionnement traditionnel â dâĂ©merger en matiĂšre dâanimation sociale. Cela ne concerne pas unique-ment la mutation de leurs modes de fonctionnement, notamment sur lâaspect digital ou architectural. Entreprendre, pour une DRH, câest inventer, dĂ©velopper et trans-mettre. Ce nâest pas seulement gĂ©rer, car dâautres â demain, les robots intelligents â peuvent trĂšs bien le faire. Entreprendre, pour une DRH, câest ĂȘtre dans lâĂ©tonnement â au sens philosophique du terme â Ă lâĂ©gard du corps social dont elle a la charge et vis-Ă -vis des missions professionnelles auxquelles elle doit sâatteler. Les crĂ©ateurs de « jeunes pousses » (start-up) dâentreprise ne veulent dâailleurs pas copier un modĂšle quâils connaissent bien et dont ils ont eu lâexplication ou lâexpĂ©rience. Dans cette optique, la DRH est une fonction dâanticipation et non de gestion des ressources, de crĂ©ation et non de soumission Ă une concurrence ou un marchĂ©. Dans les grands remous de lâaventure dâentreprendre, on prĂ©fĂšre ĂȘtre embarquĂ©s quâemportĂ©s ! Rappe-ler cela nâest pas chose facile Ă une Ă©poque marquĂ©e par une grande fatalitĂ© sociale associĂ©e Ă une telle idĂ©ologie de lâefficacitĂ© dans les pays dĂ©veloppĂ©s que lâon se demande si ce nâest pas lâhomme lui-mĂȘme qui empĂȘcherait lâavĂšnement du nouveau monde professionnel quâon nous promet et qui assurerait la rĂ©ussite.
Cet ouvrage se positionne comme un « anti-manuel du DRH » dâun manuel usuel contemporain tout Ă lâaffaire de sa version « 5.0 » ou de lâIntelligence Artificielle. Cet anti-manuel se veut ĂȘtre de lâordre de lâIntelligence Naturelle (IN) : celle qui tient lâoutil et non lâinverse ; celle qui puise sa rĂ©flexion dans ses propres ressources. Car tout obser-vateur attentif notera le dĂ©calage qui existe entre le fonctionnement classique de la gestion des ressources humaines et la nature de lâanimation de ces mĂȘmes ressources par rapport aux dĂ©fis humains qui sont aujourdâhui Ă relever. Anti-manuel, Ă©galement, car il ne cĂšde pas Ă lâeffet de mode lancĂ© par les promoteurs dâune « DRH 5.0 » qui automatiserait les missions basiques de la DRH grĂące au digital et Ă ses algorithmes. Anti-manuel, encore, car il va contre ceux qui ont rendu les armes en fusionnant les responsabilitĂ©s RH avec le management, en transformant leurs managers en DRH. Dans cet ouvrage, jâaborde la « DRH 1.0 » (un point câest tout), câest-Ă -dire la DRH qui se posi-tionne rĂ©solument au cĆur de lâanimation des « Richesses Humaines » : câest-Ă -dire Ă la dimension humaine du travail et de ses relations. « Big Data » nâest pas « Big DRH », et les machines intelligentes que lâon propose de mettre en place dans la fonction RH ne sont que des machines statistiques qui mettent en avant des contextes et des utilisa-tions4. Ce nâest pas lâalgorithme en lui-mĂȘme qui nous intĂ©resse, ni la masse de donnĂ©es quâil considĂšre, mais les intentions et les objectifs pour lesquels on y recourt.
Un anti-manuel pour revenir aux fondamentaux dâune Direction des Ressources Humaines qui va au-delĂ du seul rĂŽle de partner du business et qui est plus quâune fonction auxiliaire de tous les types de manĆuvre Ă©conomique ou financiĂšre. Le choix
4. Cf. Dominique Cardon, Ă quoi rĂȘvent les algorithmes, Nos vies Ă lâheure des big data, coll. « La rĂ©publique des idĂ©es », Seuil, 2015.
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Prélude 9
dâune DRH recouvre celui de la dimension humaine des organisations avec tout ce que cela signifie dâambition politique, dâexercice et dâutilitĂ© sociale, de souci des compĂ©-tences et de qualitĂ© des emplois⊠Or, bien souvent, on note un vĂ©ritable dĂ©samour du corps social vis-Ă -vis de cette « direction ». Et cela entraĂźne une dissolution, une dĂ©per-dition, voire une capitulation de la fonction5.
Une question de fond demeure dans nombre de nos entreprises aujourdâhui en gĂ©nĂ©ral, et dans nos politiques sociales en particulier : le pessimisme de nos motiva-tions et le fatalisme de nos dĂ©cisions. En nous focalisant sur lâunique utilitĂ©, nous avons perdu le sens. En abandonnant des projets de grande portĂ©e, nous sommes devenus spectateurs des projets des autres. En ne croyant plus en un au-delĂ de nous, nous errons dans le quotidien⊠Combien de DRH sont ainsi partis Ă la recherche du « sens » perdu ; replace « lâhumain » au cĆur de lâorganisation ?
Nous nous sommes rĂ©fugiĂ©s dans une idĂ©ologie du changement dont chaque annonce chasse la prĂ©cĂ©dente, sans jamais rejoindre lâobjectif de stabilitĂ© ou de com-pĂ©titivitĂ© que le premier projet recherchait. Câest le changement lui-mĂȘme quâil faut changer maintenant afin dâĂ©viter des orientations contradictoires avec le temps. LâidĂ©o-logie du changement permanent masque en rĂ©alitĂ© une absence de vision globale, de projet et de promesse. Il faut revenir Ă lâoptimisme stratĂ©gique.
5. Xavier Baron, Fonction Ressources Humaines : histoire dâune capitulation, revue « LâExpansion » n° 803, 26 mars 2015.
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CHAPITRE 1DRH, le veilleur des mondes
« Quâest-ce quâĂȘtre une personne responsable ?
Prenons lâimage de la boussole.
Pour que lâaiguille rĂ©ponde, il faut un champ de force.Dans lâentreprise, il est constituĂ© par le projet de lâentreprise,
les principes dâaction, les valeurs soumises Ă une Ă©thique supĂ©rieure,celle de notre sociĂ©tĂ© et celle des personnes privĂ©es.
Mais le champ de force, lâappel, ne suffisent pas.Il faut Ă©galement une aptitude, un discernement.
Si lâaiguille est en bois, elle ne percevra rien.Si lâhomme nâest pas de curiositĂ©, de compĂ©tence, de rĂ©flexion,
il ne percevra rien.
Enfin il faut une autonomie suffisante,qui permette Ă lâaiguille de pivoter autour de son axe.
Câest le problĂšme de la libertĂ©.Les mots âlibertĂ©â et âĂ©thiqueâ nâont de sens que
par rapport Ă la personne ;une libertĂ© qui ne rencontre pas une personne capable de sâen servir
pour ĂȘtre responsable nâa aucun intĂ©rĂȘt ;câest un concept mort.
De mĂȘme, une Ă©thique qui ne rencontre pas une personne responsable nâexiste pas.
La valeur centrale, qui donne existence et sens Ă toutes les autres,câest la personne responsable ;
supprimĂ© ce centre, ce rĂ©vĂ©lateur,que resterait-il de ce que nous appelons les âvaleursâ? »
François Guiraud
Le temps de la responsabilité, Paris, Fayard, 1990
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Chapitre 1 - DRH, le veilleur des mondes 13
1. Comment ĂȘtre ou devenir DRH de nos jours ?
Chronique cinématographique
Deux expĂ©riences de cinĂ©ma mâont interpellĂ© lors de la sortie de films qui impli-quaient la DRH : La loi du marchĂ© de StĂ©phane BrizĂ©, avec Vincent Lindon (2015), et Corporate de Nicolas Silhol, avec CĂ©line Saillette et Lambert Wilson (2017). Je ne partagerai pas ici mes rĂ©flexions sur les scenarios de ces films, je veux seulement revenir sur les remarques spontanĂ©es des spectateurs au sortir de ces deux sĂ©ances. Ă chaque fois, jâai entendu des commentaires similaires : « Mon DRH a le mĂȘme discours que dans le film » ; « La mienne utilise la mĂȘme langue de bois » ; « Tu vois, ce que je sais des RH, câest ce quâon vient dâen voir : tout est manipulation »âŠLâun aprĂšs lâautre, ces films ont chacun alimentĂ© la rĂ©flexion que jâavais enga-gĂ©e sur la fonction RH telle quâelle est perçue aujourdâhui et telle quâelle ressort dans diffĂ©rents sondages dâĂ©valuation. Ce livre est lâun des fruits de cette rĂ©flexion. Son ambition est de contribuer Ă renouveler la place de la fonction RH et de restaurer son apprĂ©ciation.
Si le terrain semble minĂ© lorsque la rĂ©flexion sâexpose sur des sondages, des faits divers Ă©conomiques ou des plans sociaux pour tenter dâexpliquer le sens dâune propo-sition RH aujourdâhui. Ă lâinverse, le champ des possibles est ouvert quand cette mĂȘme DRH se dĂ©ploie dans le monde professionnel Ă©mergent1. Car alors il sâagit seulement â on peut dire, simplement â dâobserver les besoins exprimĂ©s et les rĂ©ponses appor-tĂ©es, de dĂ©crypter le social et les solutions trouvĂ©es, dâimaginer, de crĂ©er et de promou-voir de nouvelles pistes de travail.
Ce que jâaime dans la rĂ©volution sociale qui sâopĂšre avec le nouvel entrepreneu-riat, ce nâest ni la table rase du passĂ©, ni lâentreprise sociale utopique ; mais cette bonne dose de crĂ©ativitĂ©, mĂ©langĂ©e avec une expĂ©rimentation pratique et un peu de piment dâentreprise qui la caractĂ©rise : le tout dans un environnement bienveillant.2 Cette rĂ©novation arrive Ă point nommĂ© car voilĂ plusieurs annĂ©es que la DRH est bousculĂ©e par la conjonction de deux phĂ©nomĂšnes : un essoufflement de ses mĂ©thodes et de ses outils classiques par rapport aux enjeux contemporains dâune part, ainsi quâun certain dĂ©crochage relationnel avec le corps social dâautre part en tĂ©moigne le « RH bashing3 » dont dâexcellents ouvrages4 ont tentĂ© de faire un Ă©tat des lieux. Je suis persuadĂ© que nous assistons Ă une mĂ©tamorphose profonde de la nature mĂȘme des entreprises, des Ă©lĂ©ments psychosociaux qui les composent et, par voie de consĂ©quence, des besoins
1. Lâexpression « monde professionnel Ă©mergent » dĂ©signe ici les start-up et les entreprises qui ont com-plĂštement renouvelĂ© leurs pratiques en termes dâorganisation ou de fonctionnement. Elle comprend Ă©galement lâobservation dâentreprises Ă lâĂ©tranger ou de secteurs sociaux que lâon nâattendait pas sur le terrain RH (cf. Jacques lecomte, Les entreprises humanistes, Paris, Les ArĂšnes, 2016).2. Jâobserve le mĂȘme phĂ©nomĂšne pour la gestion humaine des questions sociales et managĂ©riales.3. Le terme bashing dĂ©signe un dĂ©nigrement systĂ©matique dans les mĂ©dias ou lâopinion publique.4. Collectif reconquĂȘte RH coordonnĂ© par Michel Barabel, Pour une fonction RH inspirante, Paris, Entreprise et CarriĂšres, 2017.
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Un ouvrage qui mise sur les richesses humaines
Sâappuyant sur une expĂ©rience professionnelle riche et ancrĂ© dans une dĂ©marche humaniste, cet « anti-manuel du DRH » se veut Ă la fois ouvrage de rĂ©flexion et guide opĂ©rationnel. DestinĂ© avant tout aux professionnels de la fonction RH et aux dirigeants, il propose une analyse et des pistes dâaction directement issues du terrain et transposables Ă dâautres domaines. Il peut ainsi sâadresser Ă tout manager.
Pourquoi un « anti-manuel » ? Parce que lâobservateur attentif constate lâinadaptation des processus habituels de gestion des ressources humaines â le « manuel » classique â aux dĂ©fis dâaujourdâhui et de demain. Les moyens pĂ©dagogiques et les mĂ©thodes proposĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©prouvĂ©s avec succĂšs au cours dâune longue pratique dans de grandes entreprises, mais aussi dans des start-up et des organisations syndicales.
Fort de son expĂ©rience, lâauteur affirme avec conviction que la fonction de manager RH est plus vitale que jamais pour lâentreprise, et quâelle doit sâappuyer sur un profond renouvellement pour remettre la personne au cĆur du projet collectif. Lâentreprise dâhier gĂšre ses ressources humaines, celle de demain se construit avec ses richesses humaines.
GĂ©rard Taponat Fort dâune expertise de 40 ans dans des contextes professionnels trĂšs divers ainsi que dans des relations sociales et syndicales dâenvergure, GĂ©rard Taponat est reconnu comme spĂ©cialiste des projets fondamentaux en stratĂ©gie sociale et expert des relations sociales. Son expĂ©rience de praticien est doublĂ©e dâune dimension de recherche et dâenseignement. Fondateur (2008) et directeur du Master NĂ©gociations et Relations Sociales de lâUniversitĂ© Paris-Dauphine, qui rĂ©unit Ă paritĂ© des cadres syndicaux et des cadres RH, il est Ă©galement professeur associĂ© Ă lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (Canada). Il est en outre PrĂ©sident dâIthaque Richesses Humaines, cabinet de conseil et dâaction spĂ©cialisĂ© en relations sociales et intervenant dans tous les domaines sociaux de la vie professionnelle.
DRH : une aventure humaine
www.deboecksuperieur.com
ISBN 978-2-8073-2724-5ISSN 2030-3661