16
GĂ©rard TAPONAT MANAGER RH DRH : une aventure humaine Bien plus qu’une fonction PrĂ©face de Jeremy Roffe-Vidal

RH - Furet

  • Upload
    others

  • View
    11

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: RH - Furet

GĂ©rard TAPONATMANAGER RH

DRH : une aventure humaine Bien plus qu’une fonction

Préface de Jeremy Roffe-Vidal

Page 2: RH - Furet
Page 3: RH - Furet

humaine

DRHaventureune

4432DRH.indd 1 08/01/2020 16:01

Page 4: RH - Furet

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web

www.deboecksuperieur.com

Dessin en couverture par GabsMise en pages : SCM, Toulouse

De Boeck SupĂ©rieur s.a., 2020Rue du Bosquet, 7 – B-1348, Louvain-la-Neuve

Tous droits rĂ©servĂ©s pour tous pays.Il est interdit, sauf accord prĂ©alable et Ă©crit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le prĂ©sent ouvrage, de le stocker dans une banque de donnĂ©es ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque maniĂšre que ce soit.

DĂ©pĂŽt lĂ©gal :BibliothĂšque nationale, Paris : fĂ©vrier 2020 ISSN 2030-3661BibliothĂšque royale de Belgique, Bruxelles : 2020/13647/016 ISBN 978-2-8073-2724-5

4432DRH.indd 2 09/01/2020 11:17

Page 5: RH - Furet

GĂ©rard TAPONAT

humaine

DRHaventureune

Bien plus qu’une fonction

Préface de Jeremy ROFFE-VIDAL

4432DRH.indd 3 08/01/2020 16:01

Page 6: RH - Furet

4432DRH.indd 4 08/01/2020 16:01

Page 7: RH - Furet

Préface 5 Préface 5

Préface

Voici plus de 25 ans que je travaille dans la fonction RH, et cela me passionne : c’est une aventure humaine extraordinaire ! L’humain m’a toujours interpellĂ©. C’est pourquoi, trĂšs tĂŽt, je me suis intĂ©ressĂ© aux Ressources Humaines avec deux moteurs : faire progresser les gens et avancer en Ă©quipe. D’emblĂ©e, mon parcours professionnel s’est inscrit dans les RH et j’ai eu la chance d’y avoir rapidement des responsabilitĂ©s. J’ai participĂ© Ă  de fortes croissances et partagĂ© des pĂ©riodes de dĂ©croissance. Et, quels que soient le poste occupĂ© et le groupe, j’ai toujours goĂ»tĂ© et goĂ»te encore pleinement chaque instant. Les RH font partie de ma vie !

Le management RH a beaucoup Ă©voluĂ© avec le temps mĂȘme si de nombreux paramĂštres sont restĂ©s inchangĂ©s. Le profil du manager RH s’est considĂ©rablement transformĂ© avec les annĂ©es : il est peu Ă  peu devenu plus catĂ©gorique et moins empa-thique en donnant une part croissante aux Ă©lĂ©ments d’analyse tirĂ©s de donnĂ©es comp-tables dans les processus dĂ©cisionnels. Depuis lors, soyons honnĂȘtes, nous en sommes probablement restĂ©s au mĂȘme point : une pensĂ©e comptable.

Or, nous le savons, l’un des enjeux de la mission des RH est de dĂ©velopper le mĂȘme ADN entre tous les collaborateurs, en lien avec les valeurs de l’entreprise, afin d’avancer en Ă©quipe et de faire progresser l’ensemble. À la fonction RH, en tandem avec le management, de recrĂ©er sans cesse une nouvelle dynamique avec toujours plus d’énergie, d’idĂ©es nouvelles et l’envie d’aller plus loin et de progresser. Pour cela, la valeur la plus importante est la confiance. C’est la confiance qui crĂ©e l’engagement. Elle est la base de la relation et de l’implication des Ă©quipes. En tant que RH, nous avons Ă  ĂȘtre de vĂ©ritables GPS pour savoir oĂč trouver l’engagement et tirer le meilleur parti des compĂ©-tences et des talents de chacun. Il y a en effet une corrĂ©lation entre engagement et performance. D’oĂč l’importance, pour les managers, d’ĂȘtre proches de leurs Ă©quipes et d’adopter un style de travail et un Ă©tat d’esprit privilĂ©giant l’écoute, l’agilitĂ© et la crĂ©ativitĂ©.

Durant ces derniĂšres annĂ©es, de nombreuses start-up RH, les outils numĂ©riques et les Ă©volutions du droit du travail ont progressivement tenu des fonctions complĂ©-mentaires de celles du manager RH dans son travail quotidien jusqu’à parfois le rem-placer. Par ailleurs, nos dĂ©cisions sont certainement de plus en plus rationnelles et impartiales, en rĂ©ponse Ă  la complexitĂ© croissante du monde. NĂ©anmoins, est-il pos-sible de se passer d’un manager RH ? Probablement pas ! Avons-nous le droit de sta-gner ? Certainement pas ! Sommes-nous prĂȘts Ă  changer et Ă  construire un nouveau management RH qui replace l’humain au centre ? Nous n’avons pas le choix : c’est vital tant pour l’avenir de la fonction que pour celui de l’entreprise !

4432DRH.indd 5 08/01/2020 16:01

Page 8: RH - Furet

6 DRH, une aventure humaine

C’est tout le sens de l’ouvrage et de la rĂ©flexion que nous propose ici GĂ©rard Taponat. Je connais la pertinence de sa rĂ©flexion sur la fonction RH qu’il exerce et sa capacitĂ© Ă  agir en avance de phase sur des sujets novateurs dans ce domaine. Dans le secteur des hautes technologies – et Ă  l’échelle du monde – dans lequel j’anime aujourd’hui ces « richesses humaines Â», comme aime Ă  les qualifier GĂ©rard, je mesure combien l’innovation sociale demeure fondamentale pour reconnaĂźtre et dĂ©velopper les talents.

Si tous les pays du monde ne disposent pas d’un cadre RH identique Ă  celui de la France, il n’en demeure pas moins que les approches que ce pays dĂ©veloppe consti-tuent des modĂ©lisations inspirantes. Puisqu’il nous faut adopter un nouveau mode de fonctionnement, saisissons-nous de cette aventure de la DRH pour aborder la com-plexitĂ© du monde social.

Jeremy Roffe-Vidal,Executive Vice-Président et DRH du Groupe IDEMIA

4432DRH.indd 6 08/01/2020 16:01

Page 9: RH - Furet

Prélude 7 Prélude 7

Prélude

La question revient rĂ©guliĂšrement dans les entreprises : oĂč est la DRH ? Mais que fait la DRH ? A-t-on besoin encore d’une DRH Ă  l’heure de la connectique ? Les sondages rĂ©guliers auprĂšs des salariĂ©s ne vont pas dans le sens d’une opinion favorable quant Ă  l’utilitĂ© et au sens de cette fonction dans le contexte Ă©conomique contemporain. Dans le mĂȘme temps, tout le monde s’accorde Ă  reconnaĂźtre que nombre de nos dĂ©fis d’entreprise, – en France mais pas seulement –, sont prioritairement d’ordre social, donc thĂ©orique-ment gĂ©rĂ©s par la DRH. Les entreprises les plus en pointe sur la question ont fait le choix de ne plus disposer en interne de la totalitĂ© de cette fonction, mais reconnaissent avoir besoin de ses compĂ©tences, mĂȘmes externalisĂ©es. Et les fameuses start-up me direz-vous ? Elles n’ont pas de DRH Ă  leur lancement, ce qui ne les empĂȘche pas de se dĂ©ve-lopper. Lorsqu’elles dĂ©cident de s’en doter, elles procĂšdent souvent diffĂ©remment quant Ă  leur animation et Ă  la dĂ©finition de leur mission. Il n’existe pas de modĂ©lisation propre aux start-up puisque c’est la dynamique et le pragmatisme qui semblent dicter leur organisation dans le domaine RH. C’est d’ailleurs la jeunesse d’esprit qui caractĂ©rise les traits communs de leur action, centrĂ©e sur un besoin prĂ©cis et une rĂ©ponse adaptĂ©e au dĂ©fi de tout groupe humain et professionnel.

Ce livre est le fruit de plusieurs annĂ©es d’analyse, d’observation, de rencontres, de missions et d’enseignement en EMBA1 avec des crĂ©ateurs d’entreprises. Il est Ă©gale-ment le fruit des missions de transition que je conduis depuis une quinzaine d’annĂ©es maintenant. Par commoditĂ© de conceptualisation, l’ouvrage parle d’entreprise Ă©mer-gente, rĂ©unissant sous cette expression Ă  la fois les start-up, les B Corp2, les entreprises Ă  mission et toutes les formes Ă©mergentes qui renouvellent la conception classique de l’entreprise.3 On a parfois l’impression d’ĂȘtre dans une grande saga dont le titre serait

1. Executive Master of Business Administration de L’UniversitĂ© Paris Dauphine et l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al.2. B Corp  : acronyme de benefit corporation, labellisation d’entreprises qui se fixent des objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux et qui rĂ©pondent Ă  des critĂšres exigeants en matiĂšre de compati-bilitĂ© et de transparence. Les B Corp cherchent Ă  repenser la notion de succĂšs dans les affaires et mettent les performances de l’entreprise au service de l’intĂ©rĂȘt public.3. J’appuie mon analyse RH et managĂ©riale sur tous les reportages sur les start-up qui fleurissent dans les journaux ainsi que sur toute une sĂ©rie d’ouvrages dans la veine de celui de Jacque lecomte, Les entreprises humanistes (Les ArĂšnes, 2016), Ă©galement sur les travaux de Michel Godet (cf. Bonnes nouvelles des conspi-rateurs du futur, Odile Jacob, 2012 ; La France des bonnes nouvelles, Odile Jacob, 2013 ; Le courage du bon sens, Odile Jacob, 2009), les ouvrages de BĂ©nĂ©dicte manier (Un million de rĂ©volutions tranquilles, Les Liens qui libĂšrent, 2012), Marie-HĂ©lĂšne et Laurent de cherisey (Passeurs d’espoir I & II, Presses de la Renaissance, 2005 et 2006)


4432DRH.indd 7 08/01/2020 16:01

Page 10: RH - Furet

8 DRH, une aventure humaine

À la recherche de la dĂ©marche perdue. Tout un bouillonnement d’idĂ©es et de concepts irriguent les entreprises aujourd’hui. De l’entreprise libĂ©rĂ©e Ă  l’holacratie, en passant par les modes autogestionnaire et autoresponsabilisant, c’est toute la hiĂ©rarchie, l’orga-nisation et l’animation qui semblent vouloir ĂȘtre revisitĂ©es autour de l’objectif d’entre-prendre et des rĂŽles que chaque salariĂ© doit remplir. Face Ă  cela, invitation est faite aux start-up comme aux entreprises historiques – immergĂ©es dans leur fonctionnement traditionnel – d’émerger en matiĂšre d’animation sociale. Cela ne concerne pas unique-ment la mutation de leurs modes de fonctionnement, notamment sur l’aspect digital ou architectural. Entreprendre, pour une DRH, c’est inventer, dĂ©velopper et trans-mettre. Ce n’est pas seulement gĂ©rer, car d’autres – demain, les robots intelligents – peuvent trĂšs bien le faire. Entreprendre, pour une DRH, c’est ĂȘtre dans l’étonnement – au sens philosophique du terme – Ă  l’égard du corps social dont elle a la charge et vis-Ă -vis des missions professionnelles auxquelles elle doit s’atteler. Les crĂ©ateurs de « jeunes pousses Â» (start-up) d’entreprise ne veulent d’ailleurs pas copier un modĂšle qu’ils connaissent bien et dont ils ont eu l’explication ou l’expĂ©rience. Dans cette optique, la DRH est une fonction d’anticipation et non de gestion des ressources, de crĂ©ation et non de soumission Ă  une concurrence ou un marchĂ©. Dans les grands remous de l’aventure d’entreprendre, on prĂ©fĂšre ĂȘtre embarquĂ©s qu’emportĂ©s ! Rappe-ler cela n’est pas chose facile Ă  une Ă©poque marquĂ©e par une grande fatalitĂ© sociale associĂ©e Ă  une telle idĂ©ologie de l’efficacitĂ© dans les pays dĂ©veloppĂ©s que l’on se demande si ce n’est pas l’homme lui-mĂȘme qui empĂȘcherait l’avĂšnement du nouveau monde professionnel qu’on nous promet et qui assurerait la rĂ©ussite.

Cet ouvrage se positionne comme un « anti-manuel du DRH Â» d’un manuel usuel contemporain tout Ă  l’affaire de sa version « 5.0 Â» ou de l’Intelligence Artificielle. Cet anti-manuel se veut ĂȘtre de l’ordre de l’Intelligence Naturelle (IN) : celle qui tient l’outil et non l’inverse ; celle qui puise sa rĂ©flexion dans ses propres ressources. Car tout obser-vateur attentif notera le dĂ©calage qui existe entre le fonctionnement classique de la gestion des ressources humaines et la nature de l’animation de ces mĂȘmes ressources par rapport aux dĂ©fis humains qui sont aujourd’hui Ă  relever. Anti-manuel, Ă©galement, car il ne cĂšde pas Ă  l’effet de mode lancĂ© par les promoteurs d’une « DRH 5.0 Â» qui automatiserait les missions basiques de la DRH grĂące au digital et Ă  ses algorithmes. Anti-manuel, encore, car il va contre ceux qui ont rendu les armes en fusionnant les responsabilitĂ©s RH avec le management, en transformant leurs managers en DRH. Dans cet ouvrage, j’aborde la « DRH 1.0 Â» (un point c’est tout), c’est-Ă -dire la DRH qui se posi-tionne rĂ©solument au cƓur de l’animation des « Richesses Humaines Â» : c’est-Ă -dire Ă  la dimension humaine du travail et de ses relations. « Big Data Â» n’est pas « Big DRH Â», et les machines intelligentes que l’on propose de mettre en place dans la fonction RH ne sont que des machines statistiques qui mettent en avant des contextes et des utilisa-tions4. Ce n’est pas l’algorithme en lui-mĂȘme qui nous intĂ©resse, ni la masse de donnĂ©es qu’il considĂšre, mais les intentions et les objectifs pour lesquels on y recourt.

Un anti-manuel pour revenir aux fondamentaux d’une Direction des Ressources Humaines qui va au-delĂ  du seul rĂŽle de partner du business et qui est plus qu’une fonction auxiliaire de tous les types de manƓuvre Ă©conomique ou financiĂšre. Le choix

4. Cf. Dominique Cardon, À quoi rĂȘvent les algorithmes, Nos vies Ă  l’heure des big data, coll. « La rĂ©publique des idĂ©es Â», Seuil, 2015.

4432DRH.indd 8 09/01/2020 11:17

Page 11: RH - Furet

Prélude 9

d’une DRH recouvre celui de la dimension humaine des organisations avec tout ce que cela signifie d’ambition politique, d’exercice et d’utilitĂ© sociale, de souci des compĂ©-tences et de qualitĂ© des emplois
 Or, bien souvent, on note un vĂ©ritable dĂ©samour du corps social vis-Ă -vis de cette « direction Â». Et cela entraĂźne une dissolution, une dĂ©per-dition, voire une capitulation de la fonction5.

Une question de fond demeure dans nombre de nos entreprises aujourd’hui en gĂ©nĂ©ral, et dans nos politiques sociales en particulier : le pessimisme de nos motiva-tions et le fatalisme de nos dĂ©cisions. En nous focalisant sur l’unique utilitĂ©, nous avons perdu le sens. En abandonnant des projets de grande portĂ©e, nous sommes devenus spectateurs des projets des autres. En ne croyant plus en un au-delĂ  de nous, nous errons dans le quotidien
 Combien de DRH sont ainsi partis Ă  la recherche du « sens Â» perdu ; replace « l’humain Â» au cƓur de l’organisation ?

Nous nous sommes rĂ©fugiĂ©s dans une idĂ©ologie du changement dont chaque annonce chasse la prĂ©cĂ©dente, sans jamais rejoindre l’objectif de stabilitĂ© ou de com-pĂ©titivitĂ© que le premier projet recherchait. C’est le changement lui-mĂȘme qu’il faut changer maintenant afin d’éviter des orientations contradictoires avec le temps. L’idĂ©o-logie du changement permanent masque en rĂ©alitĂ© une absence de vision globale, de projet et de promesse. Il faut revenir Ă  l’optimisme stratĂ©gique.

5. Xavier Baron, Fonction Ressources Humaines : histoire d’une capitulation, revue « L’Expansion Â» n° 803, 26 mars 2015.

4432DRH.indd 9 08/01/2020 16:01

Page 12: RH - Furet

4432DRH.indd 10 08/01/2020 16:01

Page 13: RH - Furet

CHAPITRE 1DRH, le veilleur des mondes

« Qu’est-ce qu’ĂȘtre une personne responsable ?

Prenons l’image de la boussole.

Pour que l’aiguille rĂ©ponde, il faut un champ de force.Dans l’entreprise, il est constituĂ© par le projet de l’entreprise,

les principes d’action, les valeurs soumises Ă  une Ă©thique supĂ©rieure,celle de notre sociĂ©tĂ© et celle des personnes privĂ©es.

Mais le champ de force, l’appel, ne suffisent pas.Il faut Ă©galement une aptitude, un discernement.

Si l’aiguille est en bois, elle ne percevra rien.Si l’homme n’est pas de curiositĂ©, de compĂ©tence, de rĂ©flexion,

il ne percevra rien.

Enfin il faut une autonomie suffisante,qui permette à l’aiguille de pivoter autour de son axe.

C’est le problĂšme de la libertĂ©.Les mots “libertĂ©â€ et â€œĂ©thique” n’ont de sens que

par rapport Ă  la personne ;une libertĂ© qui ne rencontre pas une personne capable de s’en servir

pour ĂȘtre responsable n’a aucun intĂ©rĂȘt ;c’est un concept mort.

De mĂȘme, une Ă©thique qui ne rencontre pas une personne responsable n’existe pas.

La valeur centrale, qui donne existence et sens à toutes les autres,c’est la personne responsable ;

supprimĂ© ce centre, ce rĂ©vĂ©lateur,que resterait-il de ce que nous appelons les “valeurs”? Â»

François Guiraud

Le temps de la responsabilité, Paris, Fayard, 1990

4432DRH.indd 11 08/01/2020 16:01

Page 14: RH - Furet

4432DRH.indd 12 08/01/2020 16:01

Page 15: RH - Furet

Chapitre 1 - DRH, le veilleur des mondes 13

1. Comment ĂȘtre ou devenir DRH de nos jours ?

Chronique cinématographique

Deux expĂ©riences de cinĂ©ma m’ont interpellĂ© lors de la sortie de films qui impli-quaient la DRH  : La loi du marchĂ© de StĂ©phane BrizĂ©, avec Vincent Lindon (2015), et Corporate de Nicolas Silhol, avec CĂ©line Saillette et Lambert Wilson (2017). Je ne partagerai pas ici mes rĂ©flexions sur les scenarios de ces films, je veux seulement revenir sur les remarques spontanĂ©es des spectateurs au sortir de ces deux sĂ©ances. À chaque fois, j’ai entendu des commentaires similaires : « Mon DRH a le mĂȘme discours que dans le film Â» ; « La mienne utilise la mĂȘme langue de bois Â» ; « Tu vois, ce que je sais des RH, c’est ce qu’on vient d’en voir : tout est manipulation Â»â€ŠL’un aprĂšs l’autre, ces films ont chacun alimentĂ© la rĂ©flexion que j’avais enga-gĂ©e sur la fonction RH telle qu’elle est perçue aujourd’hui et telle qu’elle ressort dans diffĂ©rents sondages d’évaluation. Ce livre est l’un des fruits de cette rĂ©flexion. Son ambition est de contribuer Ă  renouveler la place de la fonction RH et de restaurer son apprĂ©ciation.

Si le terrain semble minĂ© lorsque la rĂ©flexion s’expose sur des sondages, des faits divers Ă©conomiques ou des plans sociaux pour tenter d’expliquer le sens d’une propo-sition RH aujourd’hui. À l’inverse, le champ des possibles est ouvert quand cette mĂȘme DRH se dĂ©ploie dans le monde professionnel Ă©mergent1. Car alors il s’agit seulement – on peut dire, simplement – d’observer les besoins exprimĂ©s et les rĂ©ponses appor-tĂ©es, de dĂ©crypter le social et les solutions trouvĂ©es, d’imaginer, de crĂ©er et de promou-voir de nouvelles pistes de travail.

Ce que j’aime dans la rĂ©volution sociale qui s’opĂšre avec le nouvel entrepreneu-riat, ce n’est ni la table rase du passĂ©, ni l’entreprise sociale utopique ; mais cette bonne dose de crĂ©ativitĂ©, mĂ©langĂ©e avec une expĂ©rimentation pratique et un peu de piment d’entreprise qui la caractĂ©rise  : le tout dans un environnement bienveillant.2 Cette rĂ©novation arrive Ă  point nommĂ© car voilĂ  plusieurs annĂ©es que la DRH est bousculĂ©e par la conjonction de deux phĂ©nomĂšnes : un essoufflement de ses mĂ©thodes et de ses outils classiques par rapport aux enjeux contemporains d’une part, ainsi qu’un certain dĂ©crochage relationnel avec le corps social d’autre part en tĂ©moigne le « RH bashing3 Â» dont d’excellents ouvrages4 ont tentĂ© de faire un Ă©tat des lieux. Je suis persuadĂ© que nous assistons Ă  une mĂ©tamorphose profonde de la nature mĂȘme des entreprises, des Ă©lĂ©ments psychosociaux qui les composent et, par voie de consĂ©quence, des besoins

1. L’expression « monde professionnel Ă©mergent Â» dĂ©signe ici les start-up et les entreprises qui ont com-plĂštement renouvelĂ© leurs pratiques en termes d’organisation ou de fonctionnement. Elle comprend Ă©galement l’observation d’entreprises Ă  l’étranger ou de secteurs sociaux que l’on n’attendait pas sur le terrain RH (cf. Jacques lecomte, Les entreprises humanistes, Paris, Les ArĂšnes, 2016).2. J’observe le mĂȘme phĂ©nomĂšne pour la gestion humaine des questions sociales et managĂ©riales.3. Le terme bashing dĂ©signe un dĂ©nigrement systĂ©matique dans les mĂ©dias ou l’opinion publique.4. Collectif reconquĂȘte RH coordonnĂ© par Michel Barabel, Pour une fonction RH inspirante, Paris, Entreprise et CarriĂšres, 2017.

4432DRH.indd 13 08/01/2020 16:01

Page 16: RH - Furet

Un ouvrage qui mise sur les richesses humaines

S’appuyant sur une expĂ©rience professionnelle riche et ancrĂ© dans une dĂ©marche humaniste, cet « anti-manuel du DRH » se veut Ă  la fois ouvrage de rĂ©flexion et guide opĂ©rationnel. DestinĂ© avant tout aux professionnels de la fonction RH et aux dirigeants, il propose une analyse et des pistes d’action directement issues du terrain et transposables Ă  d’autres domaines. Il peut ainsi s’adresser Ă  tout manager.

Pourquoi un « anti-manuel » ? Parce que l’observateur attentif constate l’inadaptation des processus habituels de gestion des ressources humaines — le « manuel » classique — aux dĂ©fis d’aujourd’hui et de demain. Les moyens pĂ©dagogiques et les mĂ©thodes proposĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©prouvĂ©s avec succĂšs au cours d’une longue pratique dans de grandes entreprises, mais aussi dans des start-up et des organisations syndicales.

Fort de son expĂ©rience, l’auteur affirme avec conviction que la fonction de manager RH est plus vitale que jamais pour l’entreprise, et qu’elle doit s’appuyer sur un profond renouvellement pour remettre la personne au cƓur du projet collectif. L’entreprise d’hier gĂšre ses ressources humaines, celle de demain se construit avec ses richesses humaines.

GĂ©rard Taponat Fort d’une expertise de 40 ans dans des contextes professionnels trĂšs divers ainsi que dans des relations sociales et syndicales d’envergure, GĂ©rard Taponat est reconnu comme spĂ©cialiste des projets fondamentaux en stratĂ©gie sociale et expert des relations sociales. Son expĂ©rience de praticien est doublĂ©e d’une dimension de recherche et d’enseignement. Fondateur (2008) et directeur du Master NĂ©gociations et Relations Sociales de l’UniversitĂ© Paris-Dauphine, qui rĂ©unit Ă  paritĂ© des cadres syndicaux et des cadres RH, il est Ă©galement professeur associĂ© Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al (Canada). Il est en outre PrĂ©sident d’Ithaque Richesses Humaines, cabinet de conseil et d’action spĂ©cialisĂ© en relations sociales et intervenant dans tous les domaines sociaux de la vie professionnelle.

DRH : une aventure humaine

www.deboecksuperieur.com

ISBN 978-2-8073-2724-5ISSN 2030-3661