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Décembre 2014 Conjoncture 16 Royaume-Uni : le pari risqué du « Brexit » Catherine Stephan Le Royaume-Uni, qui a souvent été un membre récalcitrant de l’Union européenne (UE) depuis son adhésion en 1973, fait à nouveau entendre sa différence. Le premier ministre conservateur, David Cameron, a ravivé les tensions entre son pays et ses partenaires européens en souhaitant renégocier certaines des conditions de sa participation à l’UE. Il souhaite notamment que Londres puisse rapatrier certaines des prérogatives jusqu’ici dévolues à Bruxelles, et que les spécificités du modèle britannique soient davantage prises en compte. David Cameron entend ainsi répondre à la montée en puissance, du UKIP (United Kingdom Independance Party), un parti favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, et aux membres les plus « eurosceptiques » de son parti. Il est même prévu que, en cas de victoire des conservateurs aux prochaines élections générales de mai 2015, la question de l’appartenance du Royaume- fasse l’objet d’un référendum, au plus tard en 2017. Or, si les Britanniques restent partagés sur la question, l’euroscepticisme gagne du terrain et l’issue du scrutin est incertaine. Il apparait donc pertinent de mesurer quelles seraient les conséquences politiques et économiques d’un retrait du Royaume-Uni de l’UE, ou « Brexit ». Nous retracerons, dans une première partie, l’histoire de la relation tumultueuse entre le Royaume- Uni et l’UE, et restituerons le contexte dans lequel a émergé le débat sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE. Nous tenterons ensuite dévaluer les conséquences pour le Royaume-Uni d’une sortie de l’UE. Nous examinerons en particulier le type d’accords que celui-ci pourrait, le cas échéant, négocier. Dans une dernière partie, les effets de l’immigration sur l’économie britannique, thème largement mis en avant par le UKIP et le parti conservateur, seront abordés. Etre ou ne pas être dans l’UE ? Une ancienne question Un membre à part L’annonce, en janvier 2013, de la tenue, d’ici 2017, d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, s’inscrit dans un climat de défiance historique du Royaume-Uni à l’égard de la construction européenne. Le Royaume-Uni n’a souhaité adhérer à la Communauté économique européenne (CEE), fondée en 1957, qu’à partir du milieu des années 1960. Il s’est progressivement retrouvé en perte de vitesse vis-à-vis de la France et de l’Allemagne au lendemain de la seconde guerre mondiale et du processus de décolonisation qui s’en est suivi. Le PIB a en effet progressé en moyenne de respectivement 5,2% et 5,8% par an en France et en Allemagne entre 1950 et 1974, tandis qu’il n’a augmenté que de 3,2% sur la même période au Royaume-Uni (cf. graphique 1). lesté de son empire, le Royaume-Uni, de crainte de s’isoler d’une Europe en plein essor et désireux de 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1950=100 Royaume-Uni France Allemagne Graphique 1 Moindre performance du Royaume-Uni jusqu'au milieu des années 1970 Source : Datainsight

Royaume-Uni : le pari risqué du « Brexit

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Décembre 2014 Conjoncture 16

Royaume-Uni : le pari risquédu « Brexit »

Catherine Stephan

Le Royaume-Uni, qui a souvent été un membrerécalcitrant de l’Union européenne (UE) depuis son adhésion en 1973, fait à nouveau entendre sadifférence. Le premier ministre conservateur, David Cameron, a ravivé les tensions entre son pays et ses partenaires européens en souhaitant renégocier certaines des conditions de sa participation à l’UE. Ilsouhaite notamment que Londres puisse rapatrier certaines des prérogatives jusqu’ici dévolues àBruxelles, et que les spécificités du modèle britanniquesoient davantage prises en compte. David Cameron entend ainsi répondre à la montée en puissance, du UKIP (United Kingdom Independance Party), un parti favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, et aux membres les plus « eurosceptiques » de son parti.

Il est même prévu que, en cas de victoire des conservateurs aux prochaines élections générales de mai 2015, la question de l’appartenance du Royaume-fasse l’objet d’un référendum, au plus tard en 2017. Or, si les Britanniques restent partagés sur la question,l’euroscepticisme gagne du terrain et l’issue du scrutinest incertaine. Il apparait donc pertinent de mesurer quelles seraient les conséquences politiques etéconomiques d’un retrait du Royaume-Uni de l’UE, ou« Brexit ».

Nous retracerons, dans une première partie,l’histoire de la relation tumultueuse entre le Royaume-Uni et l’UE, et restituerons le contexte dans lequel a émergé le débat sur le maintien du Royaume-Uni ausein de l’UE. Nous tenterons ensuite d’évaluer lesconséquences pour le Royaume-Uni d’une sortie de l’UE. Nous examinerons en particulier le type d’accords que celui-ci pourrait, le cas échéant, négocier. Dans une dernière partie, les effets de l’immigration sur l’économie britannique, thème largement mis en avant par le UKIPet le parti conservateur, seront abordés.

Etre ou ne pas être dans l’UE ? Une ancienne question

Un membre à part

L’annonce, en janvier 2013, de la tenue, d’ici 2017,d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, s’inscrit dans un climat de défiance historique duRoyaume-Uni à l’égard de la construction européenne. LeRoyaume-Uni n’a souhaité adhérer à la Communautééconomique européenne (CEE), fondée en 1957, qu’àpartir du milieu des années 1960. Il s’est progressivement retrouvé en perte de vitesse vis-à-vis de la France et del’Allemagne au lendemain de la seconde guerre mondiale et du processus de décolonisation qui s’en est suivi. Le PIB a en effet progressé en moyenne de respectivement 5,2% et 5,8% par an en France et en Allemagne entre 1950 et 1974, tandis qu’il n’a augmenté que de 3,2% sur la même période au Royaume-Uni (cf. graphique 1).Délesté de son empire, le Royaume-Uni, de crainte de s’isoler d’une Europe en plein essor et désireux de

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Graphique 1

Moindre performance du Royaume-Uni jusqu'aumilieu des années 1970

Source : Datainsight

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bénéficier d’un marché plus vaste, a donc demandé à adhérer à la CEE. Il a, dans les années 1960 (en 1963 et 1967), essuyé plusieurs refus de la part de la France compte tenu des liens qu’il entretenait avec les Etats-Unis. Toutefois, le Royaume-Uni, alors gouverné par leparti conservateur, a finalement rejoint la CEE en 1973.Cette adhésion fut confortée à l’issue du référendum dejuin 1975 sur son maintien ou non au sein de la Communauté européenne (avec 67,2% de voix favorables).

Les relations entre le Royaume-Uni et l’UE ontensuite continué d’être houleuses. En renforcant leurs liens économiques et politiques, les pays fondateurs dela CEE (République Fédérale d’Allemagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) voyaient notamment le moyen d’éviter une nouvelle guerre. En revanche, l’intérêt du Royaume-Uni pour la CEE s’estrapidement cantoné au marché unique. En 1983, la Première ministre, Margaret Thatcher, parvient ainsi à négocier un rabais dans sa participation au budgetcommunautaire (le « chèque » britannique 1 ). LeRoyaume-Uni, dont l’industrie était alors en déclin etl’agriculture ne représentait que 1,6% de la valeurajoutée brute (contre 4,3% pour la France en 1983), refusait de payer plus qu'il ne recevait du budget européen, consacré en grande partie à la politiqueagricole commune (PAC). Le budget consacré à la PAC, qui équivaut toujours à presque 40% du budget total de l’UE, équivalait à 70% du budget en 1985.

En revanche, le Royaume-Uni, qui ne parvient pas à enrayer sa forte inflation, décide en 1990 d’adhérer auSystème Monétaire Européen (SME2), créé en 1979,afin de bénéficier de davantage de crédibilité. Cette expérience sera, toutefois, de courte durée. Le Royaume-Uni conserve un différentiel d’inflation positif avec l’Allemagne, et la hausse du taux de changeeffectif réel de la livre sterling par rapport à celui du mark allemand s’accompagne de la dégradation de sacompétitivité à l’exportation. Sous la pression desmarchés, le Royaume-Uni décide finalement de quitter le SME, en 1992. Cette sortie s’accompagnera d’uneforte dévaluation de la livre.

Le Royaume-Uni ratifie cependant le traité de Maastricht en 1992 sous réserve de ne pas adopter lamonnaie unique. Le retour au pouvoir des travaillistes, en 1997, s’accompagne, en outre, d’une tonalité plusfavorable. Le chapitre social du traité de Maastricht et letraité d’Amsterdam sont signés en 1997 et 1999. A la fin des années 1990, le Premier ministre Tony Blair signe le traité d'Amsterdam. Il ratifie par ailleurs la Convention

européenne des droits de l'homme, qui a pris force deloi au Royaume-Uni en octobre 2000.

L’adhésion du Royaume-Uni reste toutefois soumiseà conditions. Celui-ci bénéfice d’options de retrait (clause d'exemption, dite « opting-out »). Ces conditionsconcernent également le refus de participer à l’Unionéconomique et monétaire et à l’espace Schengen 3 .L’interprétation de la Charte des droits fondamentaux del’UE par la Cour de justice du Royaume-Uni est, par ailleurs, restreinte en particulier en ce qui concerne les droits relatifs à la solidarité. Il bénéficie en outre d’unrégime dérogatoire pour l’ensemble des mesures adoptées dans le cadre de l’espace de liberté, desécurité et de justice, lequel intègre les politiquesrelatives aux contrôle aux frontières, à l’asile et àl’immigration, les coopérations judiciaire et policière. Il peut décider d’appliquer ou pas une mesure. LeRoyaume-Uni est enfin le seul Etat membre parmi les Vingt-Huit à ne pas être soumis à une discipline budgétaire accrue, après qu’il a refusé de signer le Pacte budgétaire en décembre 2011.

Calcul politique à haut risque

La renégociation des traités voulue par DavidCameron s’inscrit dans le droit fil d’une vision d’uneEurope cantonnée au marché unique. Dans sondiscours de janvier 2013 sur l’avenir de l’Europe et la place du Royaume-Uni, David Cameron a mis en avant l’importance pour l’UE d’améliorer la compétitivité dedes Etats membres en assurant un meilleur fonctionnement du marché unique dans les services, lessecteurs de l’énergie et du numérique. Il souhaite également que la spécificité des pays membres puisseêtre prise en compte par l’UE en leur offrant davantagede flexibilité dans la mise en œuvre de certainesrèglementations. La législation européenne sur le tempsde travail est particulièrement visée. Le Premier ministre britannique souhaiterait également que le Royaume-Uni puisse rapatrier certaines des prérogatives dévolues à l’UE, et approfondir le marché unique des services.David Cameron met, enfin, l’accent sur la mobilité des travailleurs et les prestations sociales qui leur sontaccordées.

Cette volonté réformatrice a également une viséepolitique. Le parti conservateur, qui ne pourra pluscompter sur le parti libéral, en forte perte de vitesse, pour former une coalition, souhaite donner des gages auxpartisans, de plus en plus nombreux, du UKIP. Le succèsde ce parti, qui prône le retrait du Royaume-Uni de l’UE et

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fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille, est en effet grandissant depuis quelques années. Cesuccès est peut-être également le fruit du rejet par les Britanniques de la classe politique actuelle. Il a ainsi réalisé une percée lors des dernières élections européennes de mai 2014 en remportant 27,5% des voix(contre 25% et 23,9% pour respectivement les travaillistes et les conservateurs), soit près de 10 points de plus que lors du précédent scrutin de 2009. Les résultats du UKIP ont par le passé été moins favorables aux élections nationales qu’européennes, mais les quelques siègesconquis aux élections locales de mai 2014 (gains de 163 sièges sur 4262 au total en Angleterre, soit plus de 163qu’aux précédentes élections,) lui permettent d’asseoir unpeu plus son ancrage au niveau local et de bénéficier d’un tremplin pour les élections législatives.

David Cameron souhaitait également, en annonçantla tenue d’un référendum, apaiser les tensions au sein de son propre parti, dont certains membres ont rejoint leUKIP, et bénéficier de son soutien à quelques mois desprochaines élections parlementaires.

Le parti conservateur toujours en mauvaise posture

A quelques mois des élections générales, le particonservateur reste en mauvaise posture selon les sondages. L’écart se réduit entre les travaillistes, qui devraient continuer à bénéficier d’un ancrage plus favorable en Ecosse4, et les conservateurs. Selon unrécent sondage de YouGov 5 , les travaillistes et lesconservateurs étaient même à égalité (à 32% d’intentions de vote favorables début décembre, contre 15% pour le UKIP).

Toutefois, les intentions de vote en leur faveurévoluent peu. « L’Eurosceptiscime » de David Cameron semble légitimer et profiter surtout au UKIP. C’était eneffet un pari risqué pour David Cameron que de centrer son discours sur l’Europe alors que les Britanniquesétaient, selon les enquêtes, peu préoccupés par les problématiques européennes. Selon plusieurs sondagesréalisés par YouGov, l’Europe n’était une préoccupationque pour 24% des Britanniques interrogés en novembre(contre 14% d’entre eux en mai dernier). Les problématiques européennes divisent, par ailleurs, les Britanniques. L’écart entre ceux qui souhaitent que le Royaume-Uni reste membre de l’UE et ceux qui aspirent à ce qu’il la quitte, est très serré. Selon un sondage de YouGov réalisé fin octobre, ces derniers sont même arrivés en tête (43%) pour la première fois depuis mars 2014.

La posture de David Cameron n’a pas, par ailleurs, totalement apaisé les tensions au sein de son propre parti. Plusieurs membres se sont désistés. Le UKIP estmême parvenu à obtenir, cette année, ses deux premiers postes de député à la Chambre des Communes, quand Douglas Carswell et Mark Reckless, qui firent défectionau parti conservateur pour le UKIP, furent réélus lors d’élections partielles en octobre et novembre.

Des partenaires européens peu enclins à céder aux requêtes britanniques

La rénogocation des traités voulue par Londres a été fraichement accueillie par les autres dirigeants européens. Les reqêtes britanniques, qui nécessitentune modification des traités, seront vraisemblablementrejetées. Les dirigeants européens ne prendront pas le risque de soumettre à référendum un nouveau traité oumême de raviver le débat au sein de leur pays aumoment où l’Europe inspire de plus en plus de défianceparmi la population. La plupart des dirigeants craignent par ailleurs qu’en répondant favorablement aux demandes du Royaume-Uni, d’autres Etats membres souhaitent obtenir certaines concessions.

Les demandes, qui pourront être satisfaites dans lecadre des traités actuels, comme la simplification des procédures, pourraient, en revanche, trouver un certainécho auprès des dirigeants européens et faire l’objet de négociations. Le traité de Lisbonne permet, en effet,d’assouplir certaines règles communautaires. Selon un rapport du Comité des affaires étrangères de laChambre des Communes de mai 2013, l’effet d’une limitation de la liberté de circulation ou du souhait du Royaume-Uni de durcir les règles de versement desprestations aux immigrés variera selon que les Britanniques cherchent à modifier une législationsecondaire ou à amender les principes de libre circulation des personnes dans les traités. Auquel cas,une modification des traités sera nécessaire.

Le débat devrait donc s’articuler autour del’interprétation des traités et des marges de manœuvrequ’ils offrent.

Il est en effet de l’intérêt de l’ensemble des dirigeants européens de trouver un terrain d’ententepour que le Royaume-Uni reste membre de l’UE. Sonretrait serait financièrement préjudiciable. L’UE perdrait un des principaux contributeurs au budget européen. LeRoyaume-Uni participe en effet à hauteur de 12,2% aubudget européen (en 2013), contre 16,7% pour laFrance et 21% pour l’Allemagne, une fois pris en

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compte le rabais de 4,3 milliards d’euros accordé au Royaume-Uni (cf. graphique 2). Celui-ci était par ailleurscontributeur net au budget de l’UE à hauteur de 0,46% du revenu national brut en 2013, contre 0,4% pour laFrance et 0,49% pour l’Allemagne.

Le départ d’un pays pourrait également créer un mauvais précédent. En outre, l’Allemagne ne voudra pas prendre le risque de voir le Royaume-Uni quitter l’UE. Celui-ci, qui a une approche plus « libérale », offre en effet un contrepoids à la France et aux pays du sud dans le cadre des négociations à Bruxelles. Vue des Etats-Unis, la perspective de voir un allié historiquesortir d’une zone représentant autant d’intérêtséconomiques que l’UE n’est guère plus populaire.

Avant qu’un éventuel référendum en décide, le maintien du Royaume-Uni dans l’Union continuera d’êtreassuré au prix de rapports tendus. La nomination du président de la Commission européenne, Jean-ClaudeJuncker, en fournit un exemple. David Cameron jugeait que ce dernier avait été, par le passé, trop favorable àl’accroissement des pouvoirs de Bruxelles au détriment de ceux des Etats, et estimait qu’il revenait aux dirigeantseuropéens de nommer le président de la Commission. En contrepartie du choix de M. Junker, le Royaume-Uni a pu faire nommer, en la personne de Jonathan Hill, un homme au profil plutôt eurosceptique au poste clé de Commissaire en charge de la stabilité financière, des services financiers et de l’union des marchés de capitaux.Plus récemment, le Royaume-Uni a menacé de ne plusse plier aux verdicts de la Cour européenne des droits de l’Homme notamment sur l’expulsion d’extrémistes islamistes ou le droit de vote des détenus, refusé au Royaume-Uni. Ces menaces ont davantage valeur desymbole, la Cour ne faisant pas partie des institutions del’UE, mais témoignent de la volonté de David Cameron defaire pression sur ses partenaires européens.

Des conséquences du Brexit Pour le Royaume-Uni, quitter l’UE reviendrait d’abord à s’éloigner, sinon à se priver, d’un marché où se noue l’essentiel de ses échanges.

Le marché unique, accélérateur d’échanges commerciaux

Les échanges entre le Royaume-Uni et l’UE (exportations et importations) ont en effet connu un essor important jusqu’à la crise de 2008 (cf. graphique 3). Leséchanges de marchandises ont progressé de près de 75% depuis 1999, tandis que les échanges de services ont doublé. La moitié des exportations de marchandiseset plus du tiers des exportations de services (36% du total au premier semestre) sont ainsi destinées à l’UE (cf.graphique 4). En outre, près de la moitié (48,4% du total en 2011) des investissements directs à l’étranger du Royaume-Uni se font dans le reste de l’UE, les Pays-Bas étant un partenaire privilégié (13% des investissements directs totaux). De même, près de la moitié des investissements directs au Royaume-Uni (47,7% en 2011) ont été réalisés par ses partenaires européens.

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Contribution du Royaume-Uni au budget européenen 2013 (% du total des ressources propres)

Source : commission européenne

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Essor des échanges avec l'UE au cours des années 2000 (mds de GDP)

Source : Office for National Statistic

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US13,2%

Chine4,6%

Brésil0,7%

Russie1,5%

Inde2,2%

Autres27,7%

Graphique 4

Pays destinataires des exportations de marchandises (moy. sur 9 premiers mois de 2014)

Source : Office for National Statistic

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Il est difficile de mesurer précisément l’effet del’intégration européenne sur les échanges commerciaux des pays membres. Ceux-ci auraient vraisemblablementété importants sans le marché unique en raison de laproximité géographique, de la taille des pays membres,et de leur histoire commune. Toutefois, l’adhésion du Royaume-Uni à l’UE lui a vraisemblablement permis d’accroître ses échanges avec ses partenaires européens en lui donnant accès au marché unique, c’est-à-dire un marché où règne la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et descapitaux. Cela signifie l’absence de quotas ou de droitsde douane pour le commerce de marchandises et de barrières non-tarifaires (exigences de sécurité,d’emballage ou respect des procédures administratives nationales) grâce à une réglementation européenne commune ou au principe de la « reconnaissance mutuelle », qui permet d’accorder aux lois et normestechniques en vigueur dans un État membre la même validité chez l’ensemble des pays membres de l’UE.

Un rapport du CER (Center for European Reform)de juin 2014 estime d’ailleurs que le marché unique apermis au Royaume-Uni d’accroître ses échanges de marchandises de 55%. Les échanges de servicesdestinés à l’UE ont d’ailleurs progressé deux fois plus rapidement que la croissance du PIB de cette zone entre 1999 et 2013. A titre de comparaison, ceux àdestination des Etats-Unis ont davantage progressé(6,5% par an, contre 5,4% pour l’UE), mais ils n’ontaugmenté qu’à un rythme 1,5 fois plus rapide que la croissance américaine.

Un gain financier relatif, une perte d’influence

certaine Il est de même difficile d’estimer les effets d’une

sortie du Royaume-Uni de l’UE sur les échangescommerciaux. Ils dépendront des accords que parviendra à conclure le Royaume-Uni avec sespartenaires commerciaux. De nouveaux accords de libre-échange devront être mis en place à l’issue d’unepériode de transition6. Le Royaume-Uni définira avec lespays européens les nouveaux contours de sa participation au commerce intra-européen. Plusieurs options s’offriraient à lui.

Il pourrait, au côté de la Norvège, de l’Islande, de laSuisse, et du Liechtenstein, adhérer à l’Association européenne de libre-échange (AELE), laquelle, àl’exception de la Suisse, forme avec l’UE, l’Espaceéconomique européen (EEE)7. Celui-ci permet aux pays

membres, en contrepartie d’une participation financière8, de bénéficier de la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux au sein d’un marché intérieur. Des politiques communautaires dites politiques « horizontales » comme la politique derecherche et développement, la politique sociale,l’éducation, la protection des consommateurs et la politique environnementale peuvent aussi être couvertes. Ces accords lui permettraient de bénéficier d’un marché intérieur à moindre coût. La Norvège aainsi participé, en 2013, à hauteur d’environ 665 millions d’euros au budget de l’UE (soit autour de 0,2% du RNBde 2013)9. Toutefois, le Royaume-Uni se retrouverait à devoir appliquer des réglementations qu’elle critiquevigoureusement aujourd’hui sans pouvoir influer sur les décisions prises par l’UE.

Le Royaume-Uni pourrait encore, comme laSuisse, négocier une série d'accords bilatéraux etsectoriels avec l'UE. Ces accords ne concernenttoutefois pas les services financiers. Ils devront par ailleurs être renégociés lorsque la législation européenne est modifiée, et là encore, le Royaume-Uni devra s’acquitter d’une contribution, et devraitappliquer la règlementation européenne sans avoir pu influer sur son contenu. Il y a enfin les accords de libre-échange négociés dans le cadre de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce), mais l’UE peutaussi demander des contreparties à la réduction ou àla suppression de barrières tarifaires, en matière de législation en droit du travail ou de santé.

Quitter l’UE pour mieux commercer avec la Chine ? Pas si simple...

Le Royaume-Uni, qui ne fera plus partie d’aucune union douanière, devra, également, négocier desaccords de libre-échange bilatéraux avec les pays non membres. Il s’agit d’ailleurs des arguments mis en avant par le Royaume-Uni en faveur d’une sortie de l’UE. Celui-ci, en libéralisant certains marchés, notamment celui de l’agriculture, espère importer des produits àmoindre coût. Le Royaume-Uni, qui bénéficierait dedavantage de marges de manœuvre pour négocier des accords de libre-échange, souhaite également développer ses échanges avec les pays endéveloppement, notamment avec la Chine, à destinationde laquelle les exportations de biens et services ont respectivement déjà été multipliées par 8,5 et 9 depuis 2000. La part de la Chine dans les exportations totalesde marchandises est ainsi passée de 0,8% en 2000 à

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4,5% au cours du premier semestre 2014, tandis que celle de l’UE, en proie à une croissance atone, est passée de 60,3% à 44,6% (cf. graphique 5).

Toutefois, la moindre performance du Royaume-Uni par rapport à l’Allemagne tient probablement davantage à une meilleure compétitivité et spécialisation de cette dernière sur le segment des biens d’investissement.

Il n’est par ailleurs pas certain que Londres parvienne à bénéficier d’accords plus avantageux que ceux déjà négociés par l’UE avec des pays tiers. En cas de sortie de l’UE, le Royaume-Uni ne disposera pas d’un poids politique et économique aussi important face aux Etats-Unis et aux économies en pleine croissance telles que la Chine ou le Brésil. Le Royaume-Uni, onzième exportateur mondial de marchandises selon l’OMC (2,6% du total en 2012, soit 474 milliards deUSD) et deuxième exportateur de services (6,4% du total) derrière les Etats-Unis, ne bénéficie probablementpas de la taille critique pour négocier des accords bilatéraux plus favorables que ceux conclus par l’UE, premier exportateur mondial de marchandises et de services (respectivement 14,7% et 24,8% du total des exportations extra-UE (27)).

Contraintes règlementaires, un faux débat ?

David Cameron met régulièrement en avant le poids de la réglementation pour fustiger l’UE. Les pays européens bénéficient toutefois déjà de marges demanœuvre pour mettre en place leur propre législation dans les domaines couverts par la règlementationeuropéenne. L’économie britannique est par conséquent déjà peu réglementée. Selon l’indicateur mesuré parl’OCDE, qui prend en compte les barrières aucommerce et à l’investissement, les obstacles à l’entreprenariat ainsi que l’implication de l’Etat, le

Royaume-Uni est l’un des pays de l’OCDE dont lemarché des biens est le moins régulé. De même,l’indice qui mesure le degré de protection sur le marché du travail montre que la régulation du marché britannique est moindre que celui des autres pays européens (cf. graphiques 6 et 7).

Une plus grande dérèglementation sera par ailleursprobablement difficile. Elle nécessite d’une partl’adhésion de la population britannique notamment sur le marché du travail. D’autre part, le Royaume-Uni sera vraisemblablement contraint de se plier à certaines normes (environnementales, sociales...) pour accéder aux marchés internationaux de biens et de services. Lesproduits devront notamment se conformer auxstandards européens. Le secteur bancaire est particulièrement concerné. Le Royaume-Uni a déjàadopté de nouvelles règles prudentielles, mais devra, hors de l’UE, adopter une supervision proche de celle en vigueur au sein l’UE. Dans le cas contraire, l’UE pourrait refuser aux banques britanniques, comme à n’importe quel pays tiers, l’accès au marché unique.

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Evolution des parts de marché(en % des exportations totales de marchandises)

Source : Office for National Statistics

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marchés des biens

Graphique 6

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Source : OCDE, données 2012 *Plus l'indicateur est élevé , plus le marché est régulé

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4 Emplois temporairesEmplois temporairesContrats à durée indéterminée

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Indicateur de régulation sur le marché du travail*

Source : OCDE, données 2013 *Plus l'indicateur est élevé, plus le marché est régulép g

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Une perte d‘attractivité

Les spécificités de l’économie britannique au sein de l’UE (un marché moins réglementé, l’accès au marché unique) attirent actuellement de nombreux investissements directs de pays non-membres. Le Royaume-Uni, une ported’entrée vers le marché unique et auprès des instances européennes, est ainsi le pays européen dont la part des investissements directs en provenance des Etats-Unis est la plus importante (28,8% du stock en 2012 selon Eurostat, contre 15% en moyenne dans l’UE et 10% pour l’Allemagne et la France). Il est également le payseuropéen qui investit le plus aux Etats-Unis (18,4% dustock des investissements directs aux Etats-Unis en 2012selon l’OCDE). Le Royaume-Uni, qui devra adopter des standards sur lesquels il ne pourra plus influer, serait donc vraisemblablement moins attrayant s’il quittait l’UE.

Le secteur financier risque d’être particulièrement concerné. Des établissements bancaires de pays tiers,installés à Londres pour profiter du marché unique, préféreront redéployer certaines activités au sein de l’UE, si cette démarche leur est moins coûteuse que de se plier à la fois aux réglementations de leur paysd’origine, de l’UE et à celles, mêmes proches, du Royaume-Uni.

Une perte d’influence du Royaume-Uni auprès desinstances européennes lui serait par ailleurs très préjudiciable, au moment où le droit du Royaume-Uni deréaliser des transactions dans la monnaie unique sans faire partie de la zone euro est actuellement remis en cause. La BCE souhaite que les chambres de compensation assurant le règlement-livraison de produits financiers, principalement libellés en euros, soient physiquement installées sur le solde la zone euro afin de mieux évaluer les risques et permettre l’accès à la liquidité banque centrale 10 . Le Royaume-Uni, qui a saisi la Cour européenne de justice sous prétexte que cette décision est contraire aux règles dumarché unique, ne pourra plus agir sur la décision de laBCE une fois sortie de l’UE.

L’enjeu est de taille en raison des liensparticulièrement étroits entre le Royaume-Uni et la zoneeuro dans le secteur financier. Les banques européennes sont très présentes sur le marché de financement de gros(activités régulières de prêts, d'emprunts et denégociations entre les institutions financières). En septembre 2014, 35% des actifs étrangers des institutionsfinancières monétaires (IFM) britanniques se situaient au sein de l’UE (hors Royaume-Uni) et 20% de leurs actifs étaient libellés en euros, soit 38% des actifs libellés endevises étrangères (cf. graphiques 8 et 9).

La City conservera certains atouts pour lesinvestisseurs étrangers (infrastructures de marché, expertises, usage de l’anglais), mais l’affaiblissement dela place de Londres sera particulièrement pénalisante compte tenu du poids du secteur financier dans l’économie britannique. Celui-ci reste prépondérantmalgré la crise de 2008. Ce secteur (activitésfinancières et d’assurance) représente à lui seul 7,5% de la valeur ajoutée brute. Les exportations de ce secteur représentent à eux seuls près de 32% desexportations de services et 13,5% des exportations totales de biens et services.

La question migratoire

Un sujet central malgré une conjoncture favorable

Le débat sur l’immigration intervient au moment où leRoyaume-Uni affiche une croissance robuste du PIB (+3% en g.a. au T3 2014, après +1,7% en 2013) au

28%

6%

35%

31% Etats-Unis

Japon

UE (horsRoyaume-Uni)

Autres

Graphique 8

Répartition géographique des actifs étrangersdes IFM (hors Banque d'Angleterre) par pays*

Source : Bank of England*Données d'octobre 2014

47%

20%

33%GBP

Euros

Autresdevises

Graphique 9

Répartition par monnaie des actifs des IFM(hors Banque d'Angleterre)*

Source : Bank of England

*Données d'octobre 2014

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Décembre 2014 Conjoncture 23

regard de celle de la plupart de ses partenaireseuropéens (+1,3% en g.a. pour l’UE 28 au T3 2014 après +0,1% en 2013) (cf. graphique 10). De même, l’économiebritannique a créé près de 1,8 million d’emplois depuis lareprise du début de 2010, soit une progression de 6%. Elle affiche un taux de chômage de 6% (niveau de juillet à septembre) au plus bas depuis l’automne 2008.

Toutefois, plus de la moitié des Britanniques (55% selon un sondage de novembre de Yougov) considère que l’immigration est le problème le plus important auquel est confronté le pays. L’immigration a pu devenir unleitmotiv au moment où les Britanniques devaientsupporter la modération salariale et des mesures deconsolidation budgétaire. La détérioration du pouvoir d’achat des ménages et de la qualité de leur emploi aucours de ces dernières années est, en effet, allée de pair avec le repli du taux de chômage. Malgré des signes d’amélioration, la progression des salaires de l’ordre de1% par an (bonus inclus) était jusqu’à présent inférieure àl’inflation (+1,5% sur un an au troisième trimestre 2014). En effet, nombre d’emplois créés l’ont été dans dessecteurs à faible productivité (services administratifs et de soutien, secteur de la santé et de l’action sociale). La productivité horaire de l’ensemble de l’économiedemeurait ainsi, au deuxième trimestre 2014, inférieurede 2,2% à celle du premier trimestre 2008. La qualité del’emploi s’est en outre dégradée. Depuis la reprise dudébut de 2010, les auto-entrepeneurs, dont 28,3%travaillaient à temps partiel au troisième trimestre (contre24% en 2007), ont représenté près du tiers des créationsd’emplois. Les salariés à temps partiel, dont une forte proportion souhaite travailler à temps plein (à 16,5% destravailleurs à temps partiel fin septembre, contre 9,4% en 2007), ont également représenté 27,6% de ces créations (cf. graphique 11).

Progression de l’immigration en provenance de l’Union européenne

S’il reste majoritaire, le nombre d’immigrés enprovenance des pays extérieurs à l’UE a diminué depuisfin 2011. A l’inverse, celui en provenance de l’UE a nettement progressé depuis 2012 (+228 000 sur 12 mois glissants au T2 2014, contre +201 000 personnes en 2013 et +158 000 en 2012). Cette progression est due essentiellement à l’augmentation du nombre demigrants en provenance des pays « historiques » de l’ancienne UE à 15 (hors Royaume-Uni) 11 , attirés probablement par les bonnes performances de l’économie britannique. La progression du nombred’immigrés en provenance des pays de l’Est plusrécemment entrés dans l’Union en 2004 (« UE 8 » : République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie,Lituanie, Pologne, Slovaquie et Slovénie) est de moindre ampleur (cf. graphique 12). La hausse du nombre de migrants en provenance de l’UE2 (Roumanie et Bulgarie), particulièrement visés par le UKIP, est plus récente (mi-2013). Des mesures transitoires (quotas selon les professions, exigence de diplômes) avaientété prises au moment de l’adhésion de ces pays à l’UE en 2007 jusqu’au 1er janvier 2014, date à partir de r

laquelle ils ont pu travailler librement au sein de l’UE.

Une volonté affiché de réduire le nombre d’immigrés

Le Royaume-Uni ne pourra introduire des quotaspour les immigrants en provenance de l’UE qu’en cas de sortie de celle-ci. A défaut, il n’aura pas l’aval desautres dirigeants européens, qui considéreraient qu’il ya entrave à la libre circulation des personnes et donc aux traités.

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014-8

-6

-4

-2

0

2

4

6 (g.a., %)

UE28

Zone euro

Royaume-Uni

Graphique 10

L'économie britannique se démarque de sespartenaires européens (évolution du PIB)

Source : Eurostat

3,5

3,7

3,9

4,1

4,3

4,5

4,7

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 201424,0

24,5

25,0

25,5

26,0

26,5

EmployésTravailleurs indépendants

Graphique 11

L'emploi soutenu par les travailleurs indépendants

Source : Office for National Statistics

En millions En millions

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Décembre 2014 Conjoncture 24

Leurs effets dépendront du durcissement de la politique migratoire. Une fois sortie de l’UE, leRoyaume-Uni pourrait, s’il le souhaite, appliquer auxrésidents de l’UE les mêmes règles que celles déjà appliquées aux travailleurs originaires de paysextérieurs à l’Espace économique européen (EEE) et àla Suisse. Celles-ci prennent en compte plusieurs catégories d’immigrés. Il y a d’une part celle quicomprend les « talents exceptionnels » (artistes,scientifiques), les entrepreneurs, qui doivent disposer d’un capital de 50 000 GBP, et les investisseurs àcondition qu’ils puissent investir 2 millions de GBP au Royaume-Uni. Une autre catégorie comprend lesmigrants hautement qualifiés, qui bénéficient d’une offred’emploi non pourvue par un résident britannique et rémunérée au moins 20 500 GBP par an. Elle inclut également les transferts de salariés intra-entreprises,les sportifs de haut niveau et les ministres du culte. LeRoyaume-Uni pourrait à nouveau offrir des visas aux travailleurs peu qualifiés, lesquels n’ont plus cours depuis l’entrée des pays de l’UE8 dans l’UE.

L’immigration est aussi un atout pour la croissance...

Un durcissement de la politique migratoire risqued’affaiblir l’économie britannique. La populationimmigrée européenne crée de la richesse en soutenant l’activité et le revenu national. En effet, le taux d’emploides immigrés européens est supérieur à celui desBritanniques (72,9% au T2 2014). Il atteignait 76,4% chez les individus de nationalité de l’un des pays de l’UE14, 81,7% pour ceux de l’UE8 et de 77% de l’UE2.L’ensemble de la population immigrée est, par ailleurs, en moyenne plus diplômée que les Britanniques. Selonl’ONS12, près de 38% des étrangers étaient, en 2011, au moins diplômés de l’enseignement supérieur13, contre

29,5% pour les Britanniques. Si les étrangers sont toujours sur-représentés dans les emplois de services peu qualifiés (18,9% des emplois en 2011, contre 9,3% pour les Britanniques), une part de plus en plusimportante d’entre eux occupe des postes nécesitant unniveau élevé d’études, tels que dentistes, enseignants(19,9%, contre 18,2% pour les Britanniques). Certains secteurs d’activité, comme la banque, la finance,l’assurance se nourrissent traditionnellement d’une population jeune et diplomée dont une part importanteest étrangère. En effet, 21,2% des étrangers sur le solbritannique y travaillent (contre 17,3% des Britanniques). Ces afflux constituent un atout, à unmoment où le Royaume-Uni se trouve, comme beaucoup d’autre pays d’Europe, confronté auvieillissement de sa population. Près de la moitié des immigrés a moins de 25 ans (47% en 2012, contre30,7% de la population britannique) et 91% ont moins de 45 ans (contre 58,1% en moyenne des Britanniques). Ils sont donc également un atout pour les financespubliques britanniques.

... et les finances publiques

Le thème de la libre circulation des personnes au sein de l’UE et de l’égal accès aux prestations est régulièrement mis en avant par le UKIP et DavidCameron, au moment où le gouvernement entend réduire son déficit budgétaire (de 5,6% du PIB en 2013-1414) et le poids de sa dette (87% du PIB). Le Premierministre a ainsi favorablement accueilli l’arrêt rendu, le11 novembre dernier par la Cour de justice de l’UE, qui permettrait d’exclure de certaines « prestations sociales en espèces à caractère non contributif » les citoyens del’Union économiquement inactifs qui se rendent dans unautre État membre dans le seul but de bénéficier de l’aide sociale.

L’immigration contribue cependant aussi positivement aux finances publiques. Selon une étude réalisée par le University College de Londres (UCL) 15 , les immigrés européens arrivés au Royaume-Uni depuis 2000, ont contribué à hauteur de 20 milliards de GBP aux finances publiques entre 2001 et 2011 (dont 5 milliards de GBP pour les européens en provenance de l’UE10). Les immigrés en provenance de pays extérieurs à l’UE y ont contribué àhauteur de 5 milliards de GBP. Les impôts payés par ceux en provenance de l’UE15 et de l’Europe centrale et de l’Est(l’UE10) sont respectivement supérieurs de 65% et 12%aux prestations reçues.

2008 2009 2010 2011 2012 2013 20140

50

100

150

200

250 En milliers

UE Hors UE

Graphique 12

Accroissement de l'immigration nette en provenance de l'UExii

Source : Office for National Statistics

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Un durcissement de la politique migratoire est donc peu souhaitable. D’autant que les 1 080 000 Britanniques, qui, selon l’OCDE, vivaient en 2009 au sein de l’UE15, pourraient eux aussi pâtir d’un durcissement de la politique migratoire.

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Le Royaume-Uni a accompagné la constructioneuropéenne au cours des dernières décennies malgré ses réticences à transférer certaines de ses compétences à Bruxelles. Le Premier ministre, David Cameron, a cependant ravivé le débat en proposant, en cas de victoire de son parti aux prochaines élections, latenue d’un référendum sur le maintien de son pays au sein de l’UE, au risque de conforter le UKIP et d’affaiblir son économie en cas de sortie de l’UE. Nous pouvons toutefois nous attendre à ce que le Royaume-Uni conserve sa place au sein de l’UE.

L’issue des prochaines élections générales et, lecas échéant, celle d’un référendum restent incertaines,mais les opposants à la sortie de l’UE, composés notamment des milieux d’affaires, feront en sorte d’éviter de réitérer l’erreur commise au moment de lacampagne sur le maintien ou non de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni. Les unionistes, confiants dans leur victoire, avaient alors attendu que les indépendantistesles devancent dans les sondages avant de s’engager activement dans la campagne. Ils devraient, d’autre part, tenter d’influer davantage sur la formulation de la question posée lors du référendum. Il est en effet plus facile de faire campagne pour le « oui » que pour le « non » comme ce fut le cas au moment du référendum sur l’Ecosse. Les Ecossais devaient alors répondre à laquestion « L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant ? ». Enfin comme cette année en Ecosse, la peur de l’inconnu pourrait influer sur les résultats etfavoriser le maintien du Royaume-Uni au sein de UE. Il est en effet dans l’intérêt du Royaume-Uni de préserversa place au sein de l’UE et d’y conserver son pouvoir d’influence en raison des liens commerciaux entre les deux zones.

[email protected] p @ ppAchevé de rédiger le 5 décembre 2014

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NOTES1 Le « rabais britannique» prévoit que le Royaume-Uni reçoive 66 % de la différence entre sa part des paiements de TVA et ceux sur le revenu national brut (RNB) et sa part des dépenses communautaires réparties. Ces 66% sont appliqués au total desdépenses réparties. Le financement de cette correction est réparti entre les autres États membres proportionnellement à leur part du RNB (à l’exception de l’Allemagne, de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Suède dont la contribution est plafonnée). 2 Le SME institue un système de taux de change fixes mais ajustables entre les monnaies des pays participants. Chaque monnaie se voit attribuer un cours pivot en écus, l'ensemble des cours pivots déterminant les taux de change des monnaies entreelles (cours bilatéraux). L'écu (European Currency Unit) était un « panier » de monnaies européennes où le poids de chacune,était fonction de la part des pays dans le PNB communautaire et dans les échanges intra-communautaires. Des marges defluctuation sont autorisées autour des cours bilatéraux 2,25% initialement et 6% pour la lire italienne et la livre sterling. 3 Un espace unique en matière de voyages internationaux et de contrôles frontaliers pour les voyages sans contrôle des frontièresinternes.4 Le maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni, à la suite du référendum du 18 septembre dernier, continuera à bénéficier davantage aux travaillistes qu’aux conservateurs malgré la montée en puissance du Parti national écossais. Ces derniers ne bénéficient actuellement que d’un seul siège de député (sur 306) écossais à la Chambre des communes.5 Sondage du 11 novembre 20146 En cas de sortie de l’UE, le Royaume-Uni ferait jouer l’article 50 du traité de Lisbonne, qui permet à un membre de faire jouer sa r« clause de sortie » de l’UE après une transition de deux ans. 7 L’Accord sur l’EEE ne couvre pas les politiques communes en matière d’agriculture et de pêche, l’union douanière, la politique7

commerciale commune, la politique étrangère et de sécurité, la justice et les affaires intérieures, ni l’union monétaire. L'extensiondu marché intérieur n'est pas complète : la libre circulation des personnes ne vaut que pour les travailleurs (alors qu'elle est totale pour tous dans l'UE) ; les contrôles aux frontières entre l'UE et les trois pays de l’AELE subsistent ; il n'y a pas de rapprochement des fiscalités. L'EEE n'est pas une union douanière (pas de tarif extérieur commun) ; il n'a pas non plus de politique commerciale commune vis-à-vis du reste du monde. Cependant, l’AELE coopère également de manière étroite avec l’UE dans plusieurs domaines, comme la justice et les affaires intérieures, la politique étrangère, la lutte contre le changement climatique, la politique énergétique et la recherche. 8 Les membres de l’EEE payent une contribution à l’UE. La contribution opérationnelle est fonction du poids de chacun des membres de l’EEE par rapport à l’ensemble des membres. Ces derniers participent également aux charges administratives(location de bureaux, personnels participant à des programmes spécifiques...).9 Ce chiffre comprend EUR 1,79 milliards accordés sur cinq ans (2009-2014) par l’EEE, auquel la Norvège contribue à hauteur de 97%, pour financer des programmes de réduction des disparités économiques et sociales en Europe. Il inclut également unecontribution de EUR 296 millions versée en 2013 et autour de EUR 25 millions destinés à financer les programmes de coopération INTERREG (soit NOK 200 millions).10 Tout organisme prenant en charge des titres libellés en euros pour une exposition de crédit nette journalière de plus de USD 5 milliards sur une des catégories de produits ou qui détient 5% de cette exposition est concerné.11 UE15 : Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Allemagne, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Irlande,Espagne, Suède, Royaume-Uni 12 Etude de l’Office for National Statistics de juillet 2013 réalisée en Angleterre et pays de Galles2

13 Au-delà du Certificates of Higher Education ou 4+ 14 Un exercice budgétaire s’étale du 1er avril au 31 mars de l’année suivante.15 « The Fiscal effects of immigration to the UK », Christian Dustmann and Tommaso Frattini, The economic Journal (124), Novembre 2014

Version électronique consultable avant l’édition papier sur :http://economic-research.bnpparibas.com

Rédacteur en chef : William de Vijlder

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