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Revue de presse du 15 au 19 mars 2010 Paris félicite avec réserve le président togolais Gnassingbé pour sa réélection - Le Monde - 19/03/20100 p. 3 « Si la qualité d'une élection africaine se mesure à la nature et à la rapidité des congratulations
adressées de l'étranger, le président du Togo, Faure Gnassingbé, a quelques questions à se poser.
[…] Nicolas Sarkozy, lui, a attendu la "proclamation définitive", jeudi 18 mars, de la réélection de
Faure Gnassingbé avec 60,88 % des voix, pour lui adresser ses "félicitations" et ses "vœux de
succès", tout en soulignant "l'ampleur des efforts qui restent à accomplir en faveur (...) de
l'enracinement de la démocratie dans toutes ses dimensions". »
Togo: les autorités françaises font profil bas - africa.blogs.liberation.fr - 19/03/2010 p. 5
« Les autorités françaises ont fait profil bas. Contrairement à l'Union africaine, qui s'est empressée de
reconnaître la victoire du sortant, Faure Gnassingbé, pas question, cette fois, de se prononcer sur les
résultats de l'élection avant que le nom du vainqueur ne soit officiellement confirmé par la Cour
constitutionnelle togolaise. […] Mais si la France s'abstient, désormais, de saluer unilatéralement la
victoire des dirigeants amis dans son ancien pré carré, elle ne va pas jusqu'à dénoncer les conditions
douteuses dans lesquelles se déroulent ces scrutins. On l'a vu au Gabon en août dernier. Le Togo
illustre à nouveau cet état de fait. »
Togo : François Boko, ex-ministre, incrimine Gnassingbé : « C’est du gangstérisme électoral » - Libération - 12/03/2010 p. 6
« Ancien ministre de l’Intérieur du Togo, François Boko a démissionné avec fracas en 2005. Il avait
refusé d’organiser des élections truquées en faveur de Faure Gnassingbé. […] Il décrit les
mécanismes de la fraude électorale lors de la présidentielle du 4 mars 2010, un scrutin une fois
encore contesté. […] "La veille du scrutin, des militaires en civil ont distribué des bulletins de vote
déjà remplis, avec de l’argent. Pour éviter que les électeurs prennent l’argent et votent selon leur
www.progosa.com
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choix, les autorités ont versé une tranche de 5000 FCFA (7,60 euros), en promettant l’autre moitié à
chaque électeur qui reviendrait avec le vrai bulletin, vierge." »
Justice : Bolloré poursuit France Inter « pour l'exemple » - Rue89 - 13/03/2010 p. 7
« La Socapalm est entrée dans le giron du groupe Bolloré en 2000. Cette palmeraie emploie 300
salariés permanents et 1600 journaliers. La description de leur travail est dantesque. […] Julien-
François Gerber est doctorant suisse en économie écologique des plantations industrielles […] : « Le
reportage est relativement doux comparé à la réalité sur place. Les gens gagnent 1,5 euros par jour.
Avec les arriérés de salaires, cela permet à la direction de les retenir sur place. » […] Martine
Orange, journaliste à Mediapart, auteur d'une longue enquête (jamais attaquée) sur les structures
financières du groupe Bolloré […] : « La société laisse les dettes sur place, mais remonte les
bénéfices au Luxembourg. Sa vraie richesse est là, Vincent Bolloré y puise la manne financière pour
mener ses batailles boursières. » […] Didier Taillet, fondé de pouvoir de Micheline de Rivaud, l'une
des héritières de l'empire du même nom, a étudié de près les structures du groupe : « […] Dans le
bilan de Socfinal, Socapalm remonte 45% de bénéfices. Tout cela permet d'échapper à l'impôt, avec
des défiscalisations très confortables. Tout ce travail en Afrique remonte dans les paradis fiscaux… »
Bolloré ou le Cameroun au stade Germinal - Libération - 12/03/2010 p. 10
« "Bolloré licencie à tout va, distribue des salaires de misère, ne respecte pas les concessions et
bénéficie de l’appui des pouvoirs publics qui volent à son secours à chaque difficulté." »
Règlement des droits sociaux : 30 milliards Fcfa détournés au chemin de fer - Africatime.com - 16/03/2010 p. 11 « 10 ans après la concession de la Régifercam, les employés reversés à Camrail réclament le
règlement de leurs droits à pension, soit environ 29 milliards Fcfa. […] Des menaces de paralysie
totale des différents axes ferroviaires sèment la confusion. Cette situation sur le fil de rasoir augure
pour la Camrail, les nombreux voyageurs et l’économie globale camerounaise qui en découle, un
manque à gagner conséquent de plusieurs milliards de francs. […] Le processus de transfert de
compétence entamé en Janvier 1996 et ayant abouti à la signature d’une « convention de concession
de l’activité des chemins de fer » à la Bolloré Africa Logistics, s’est avéré lacunaire pour près de 603
travailleurs. En effet, ces agents ayant œuvré régulièrement pour l’ex-Régifercam s’insurgent contre
une violation évidente et intolérable du régime de leur pension. »
Pour tout renseignement
Stéphanie Erbs - 01 53 29 96 00
Retrouvez maintenant les archives de la revue de presse Progosa sur www.progosa.com
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Paris félicite avec réserve le président togolais Gnassingbé pour sa réélection - Le Monde - 19/03/20100
Si la qualité d'une élection africaine se mesure à la nature et à la rapidité des congratulations
adressées de l'étranger, le président du Togo, Faure Gnassingbé, a quelques questions à se poser.
Peu après la présidentielle du 4 mars, le fils du dictateur Gnassingbé Eyadéma avait reçu les
félicitations de ses homologues ivoirien, Laurent Gbagbo, et tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, qui ne
passent pas pour des parangons de démocratie.
Nicolas Sarkozy, lui, a attendu la "proclamation définitive", jeudi 18 mars, de la réélection de Faure
Gnassingbé avec 60,88 % des voix, pour lui adresser ses "félicitations" et ses "voeux de succès", tout
en soulignant "l'ampleur des efforts qui restent à accomplir en faveur (...) de l'enracinement de la
démocratie dans toutes ses dimensions". Le contraste est net avec l'empressement avec lequel la
France avait salué, en 2005, la calamiteuse première élection de M. Gnassingbé qui s'était soldée par
500 morts. A l'époque, le satisfecit du ministre français des affaires étrangères Michel Barnier,
évoquant un "succès", avait contribué à enflammer la rue. Nicolas Sarkozy, lui, au nom de l'UMP,
avait dénoncé une "mascarade".
Cette fois-ci, le processus électoral n'a causé aucune victime. "C'est la seule avancée", résume
l'opposant François Boko. Les partisans de Jean-Pierre Fabre, principal challenger du président
sortant, crédité officiellement de 33,93 % des voix, assurent que M. Fabre est le véritable vainqueur.
Ils dénoncent un "énième hold-up électoral", mais ne parviennent pas à mobiliser dans la rue une
population surtout occupée à survivre et qui reste terrorisée par le souvenir de la répression de 2005.
"En réalité, nous venons de vivre une élection transparente, ouverte, telle que le Togo n'en a jamais
connu, même si des imperfections ont été notées, réplique au Monde, le premier ministre togolais,
Gilbert Houngbo, de passage à Paris jeudi 18 mars. Les deux candidats sont séparés par 550 000
voix et l'opposition le sait. Elle prétend avoir gagné, mais elle est incapable de fournir la moindre
preuve."
La saisie par des gendarmes, de milliers de procès-verbaux (PV) du vote et d'ordinateurs, mardi 9
mars, dans des locaux appartenant à l'archevêché de Lomé et loués par l'opposition pour y installer
son centre de saisie informatique, renforce les doutes sur la sincérité du scrutin. Ce jour-là, les forces
de l'ordre auraient attendu le départ des observateurs de l'Union européenne, pour faire irruption
dans les lieux où les militants de l'Union des forces de changement (UFC) de M. Fabre compilaient
les PV, précisément avec l'intention de dénoncer des fraudes. Les gendarmes ont interrompu ces
opérations. "Incapables de démontrer la fraude, ils étaient en train de fabriquer de faux PV au
scanner pour intervertir les résultats", assure le premier ministre.
L'opposant François Boko, qui connaît bien les moeurs électorales togolaises pour avoir été ministre
de l'intérieur du général Eyadéma, a une tout autre explication. "Le vote avait été tellement falsifié en
amont par l'introduction d'électeurs fictifs ou d'achats de voix, que les procès-verbaux attribuaient
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jusqu'à 90 % des voix au président sortant dans certaines régions. C'était si embarrassant que les
autorités ont voulu empêcher la divulgation de ces résultats".
Dénoncée par les observateurs de l'UE, la non-transmission des résultats par le système satellitaire
sécurisé financé par Bruxelles, s'expliquerait, selon M. Boko, par le même souci. "A quoi cela sert-il
que les Européens financent cette élection pour 9 millions d'euros s'ils n'exigent pas la transparence
?", s'interroge M. Boko. "Si l'UE n'avait pas financé, elle se serait privée d'un droit de regard, répond
un haut diplomate européen. L'élection aurait été pire encore."
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Togo: les autorités françaises font profil bas - africa.blogs.liberation.fr -
19/03/2010
Par Thomas Hofnung
En avril 2005, Paris n'avait pas eu ces pudeurs. Quelques jours à peine après l'élection présidentielle
au Togo, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Michel Barnier, avait évoqué «un
déroulement globalement satisfaisant» du scrutin. Sur place, de multiples incidents avaient pourtant
émaillé cette élection jouée d'avance, tant il était clair que le clan du défunt président Eyadéma,
décédé deux mois auparavant, n'entendait pas lâcher le pouvoir et les rentes de situation afférentes.
Pour mémoire, une chaîne de télévision française avait filmé des militaires débarquant dans un
bureau de vote pour embarquer les unes... Les ressortissants français installés à Lomé firent les frais
du parti pris affiché par leur gouvernement. Plusieurs agressions eurent lieu contre des intérêts
hexagonaux, et nos compatriotes vécurent dans l'angoisse durant quelques jours. Rien de
comparable, toutefois, avec la Côte d'Ivoire, où quelques mois auparavant, une véritable chasse aux
Français eût lieu.
Cinq ans plus tard, les autorités françaises ont fait profil bas.
Contrairement à l'Union africaine, qui s'est empressée de reconnaître la victoire du sortant, Faure
Gnassingbé, pas question, cette fois, de se prononcer sur les résultats de l'élection avant que le nom
du vainqueur ne soit officiellement confirmé par la Cour constitutionnelle togolaise.
C'est chose faite depuis ce jeudi: le fils d'Eyadéma a remporté, selon les chiffres officiels, l'élection
avec 60,88% des voix contre 33,93% à son principal adversaire, Jean-Pierre Fabre. L'opposition, qui
a dénoncé des fraudes massives, n'a pas réussi à mobiliser l'opinion qui, vraisemblablement, reste
traumatisée par la féroce répression de la contestation qui suivit le scrutin en 2005.
Plusieurs centaines de personnes furent tuées, à Lomé mais aussi dans plusieurs villes de province.
Mais si la France s'abstient, désormais, de saluer unilatéralement la victoire des dirigeants amis dans
son ancien pré carré, elle ne va pas jusqu'à dénoncer les conditions douteuses dans lesquelles se
déroulent ces scrutins. On l'a vu au Gabon en août dernier. Le Togo illustre à nouveau cet état de fait.
De manière diplomatique, l'ex-puissance coloniale appelle simplement de ses voeux à
«l'approfondissement de la démocratie».
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Togo : François Boko, ex-ministre, incrimine Gnassingbé : « C’est du gangstérisme électoral » - Libération - 12/03/2010
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Justice : Bolloré poursuit France Inter « pour l'exemple » - Rue89 - 13/03/2010
« Lorsque nous avons compris qu'une campagne de presse était lancée contre le groupe, Vincent a
décidé d'y mettre un terme en attaquant. » Tapi au fond de la salle d'audience, le communicant
Michel Calzaroni ne cache rien de la volonté de son client. En poursuivant en diffamation France
Inter, Vincent Bolloré veut faire « un exemple ».
En décembre, nous avions raconté la première audience de ce procès. Mercredi et jeudi, le tribunal a
soupesé le reportage de Benoit Collombat (avec qui j'ai co-dirigé un livre sur le patronat) diffusé le 29
mars 2009, Cameroun : l'empire noir de Vincent Bolloré.
Bolloré veut « stopper une campagne de presse »
Si vous ne l'avez pas écouté, ce récit long format décrit la façon dont la société civile perçoit les
activités du groupe Bolloré au Cameroun : train, installations portuaires ou encore les plantations. Un
tableau plutôt sombre où le concessionnaire n'apparaît pas sous son meilleur jour.
« C'est indigne », rétorque Dominique Lafont. Face à ces « accusations graves et mensongères », le
directeur général de la branche Afrique assène :
« Bolloré en Afrique est une entreprise citoyenne. (…) Notre stratégie est de désenclaver l'Afrique. »
Il attend donc de la justice « réparation ».
La Socapalm, une entreprise publique privatisée en 2000
La Socapalm (société camerounaise de palmeraies) est entrée dans le giron du groupe en 2000,
après privatisation. Cette palmeraie de 9 000 hectares (12 600 terrains de football) emploie 300
salariés permanents et 1600 journaliers. La description de leur travail est dantesque.
Isabelle Ricq, 26 ans, photographe, a passé un mois sur place en février-mars 2009 :
« Nous avons fait un tour dans la plantation de Kienké. Aucun des ouvriers n'avait un casque, très
peu avait des gants ou des pantalons longs. Ils se surnommaient eux-mêmes les “esclaves de la
Socapalm”. Ils sont employés par des sous-traitants qui leur doivent des mois de salaires, ils sont pris
en otages. »
Charles Fongio, 56 ans, secrétaire général de la Socapalm, 30 ans de maison réplique :
« Les équipements doivent être adaptés, comme des bottes dans les champs. Il est difficile d'avoir
des casques, car il faut garder de la convivialité dans le travail. »
Et le témoin insiste sur la politique sociale de l'entreprise :
« Les logements ont été construits par la Socapalm. Nous avons obligation de loger et soigner ces
gens. Tout est gratuit. Le plus bas salaire est 1,5 fois le SMIC camerounais. »
Selon la grille des salaires de 2009, un coupeur gagne entre 32 000 FCFA (50 euros) et 183 000
FCFA (270 euros) par mois.
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Julien-François Gerber, 29 ans, est doctorant suisse en économie écologique des plantations
industrielles. Il a observé les relations des riverains avec la plantation d'octobre 2006 à février 2007 :
« Le reportage est relativement doux comparé à la réalité sur place. Les gens gagnent 1,5 euros par
jour. Avec les arriérés de salaires, cela permet à la direction de les retenir sur place.
La Socapalm a été punie en 2001 pour ses pollutions. Elle a payé une amende, mais rien n'a changé.
Il y a un ruisseau d'huile non traitée qui sort de l'usine et va directement dans la rivière.
Il n'y pas d'accès à l'eau potable, les latrines sont pleines avec une odeur épouvantable. M. Pajot, le
directeur de la plantation, m'a dit : “Je sais bien, les conditions de vie sont déplorables, c'est la sous-
traitance…” »
Problème : M. Pajot n'a pas été cité comme témoin par la partie civile. Or, il est au cœur de la
polémique. Pourquoi le journaliste ne fait-il pas état du point de vue de la direction ?
Didier Sudre, 48 ans, opérateur son de Radio France. Il était sur place, en février 2009, pour un
rendez-vous pris avec M. Pajot.
« A la Socapalm, nous avons attendu quatre heures. Un homme arrive en voiture, il entre dans le
bureau et repart. On me dit “c'est le patron de la Socapalm, M. Pajot”, avec qui nous avions rendez-
vous. Nous ne l'avons plus jamais revu. »
Les dettes restent sur place, les bénéfices remontent au Luxembourg
Pour Dominique Lafont, le groupe Bolloré n'est pas comptable de la gestion de la Socapalm :
« Cela passe par une participation minoritaire, via le groupe Fabri. Toutes les entreprises sont en
gestion directe, toutes sauf Socapalm. »
Martine Orange, journaliste à Mediapart, auteur d'une longue enquête (jamais attaquée) sur les
structures financières du groupe Bolloré, en particulier à partir de 1996 où il rachète l'empire colonial
Rivaud :
« Toute une partie de cet empire est au Luxembourg. Bolloré le partage avec les deux familles
historiques du groupe Rivaud : les Fabri et les de Ribes, appuyés sur quatre ou cinq holdings de
tête. »
Parmi ces holdings, la Socfinal :
« La Socfinal est une société cotée au Luxembourg. Bolloré en détient 38%. L'une de ses filiales
s'appelle Intercultures, c'est d'elle dont dépend la Socapalm, qui dégage entre 40 et 44% de marge
d'exploitation avant impôt. C'est une activité très profitable. »
Le fonctionnement est le suivant :
« La société laisse les dettes sur place, mais remonte les bénéfices au Luxembourg. Sa vraie
richesse est là, Vincent Bolloré y puise la manne financière pour mener ses batailles boursières. (…)
Il n'a jamais été partie prenante à la gestion quotidienne des plantations. Néanmoins, comme
actionnaire, il ne peut pas ne pas savoir ce qui s'y passe. »
Didier Taillet, fondé de pouvoir de Micheline de Rivaud, l'une des héritières de l'empire du même
nom, a étudié de près les structures du groupe :
« La Socfinal a été fondée en 1959, au Luxembourg, avec les Belges. Dans le bilan de Socfinal,
Socapalm remonte 45% de bénéfices. Tout cela permet d'échapper à l'impôt, avec des
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défiscalisations très confortables. Tout ce travail en Afrique remonte dans les paradis fiscaux… ce
n'est pas un scoop. Cela fonctionne depuis 1910. »
Alors, qui dit vrai ? Olivier Baratelli, avocat de Bolloré, interroge le journaliste :
- « Aujourd'hui, vous avez des doutes ?
- Non, dans la mesure où l'on a bien entendu un contraste entre le discours public de M. Bolloré, le
côté “tout est au mieux dans le meilleur des mondes” et la parole de ces gens, qui est la réalité. »
Dominique Lafont, dont on peut écouter l'interview en ligne sur le site de France Inter : « On ne joue pas avec le groupe. C'est vrai que le Cameroun est un pays dur. Nous aussi, on a des
témoins qui avaient peur des représailles. J'ai le sentiment que dans cette affaire, ce n'est pas le
groupe Bolloré auquel on s'est intéressé. C'est une affaire franco-française qui nous dépasse. »
Quelle affaire ? Quel complot ? Mystère… En attendant, le groupe Bolloré a lancé d'autres poursuites
devant la XVIIe chambre du tribunal de Paris, spécialisée dans les affaires de presse, contre :
• Isabelle Ricq, photographe indépendante
• L'hebdomadaire Témoignage Chrétien
Jugement de cette première affaire, le 6 mai 2010.
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Bolloré ou le Cameroun au stade Germinal - Libération - 12/03/2010
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Règlement des droits sociaux : 30 milliards Fcfa détournés au chemin de fer - Africatime.com - 16/03/2010
10 ans après la concession de la Régifercam, les employés reversés à Camrail réclament le
règlement de leurs droits à pension, soit environ 29 milliards Fcfa. Où est passé l’argent prévu pour la
circonstance ? Des années après les privatisations et concessions des anciennes entreprises
publiques, de nombreux problèmes d’ordre organisationnels et structurels ne cessent de mettre en
émoi l’actualité socioéconomique du Cameroun.
Au-delà des critiques décriant fermement la gestion souvent thésaurisatrice des nouveaux
acquéreurs, la mauvaise gouvernance chronique et les détournements récurrents, fragilisent la
crédibilité de l’Etat. Dans cette gestion souvent chaotique fermement remise en cause par les
institutions internationales, les commissions techniques chargées de gérer le processus de
privatisation règnent en toute impunité au grand dam des valeurs éthiques et du respect des droits
fondamentaux.
Dans ce tohu-bohu gestationnel propre au Cameroun qui indexe dans le cadre d’espèce l’ex-
Régifercam, des menaces de paralysie totale des différents axes ferroviaires sèment la confusion.
Cette situation sur le fil de rasoir augure pour la Camrail, les nombreux voyageurs et l’économie
globale camerounaise qui en découle, un manque à gagner conséquent de plusieurs milliards de
francs.
Griefs
La mise en concession de la Régifercam au profit de Camrail en 1996, marque le début des ennuis
pour les grévistes, ex employés de la Régie Nationale des Chemins de Fer du Cameroun reversés à
Camrail. Le processus de transfert de compétence entamé en Janvier 1996 et ayant abouti à la
signature d’une « convention de concession de l’activité des chemins de fer » à la Bolloré Africa
Logistics, s’est avéré en marge des procédures officielles, lacunaire pour près de 603 travailleurs.
En effet, ces agents ayant œuvré régulièrement pour l’ex-Régifercam s’insurgent contre une violation
évidente et intolérable du régime de leur pension. Avant la mise en concession de la société de
transport ferroviaire, l’Etat s’était engagé dans le protocole d’accord relatif au traitement du volet
social du 11 Décembre 1998, à sauvegarder les droits de Retraite des personnels actifs et retraités
relevant du statut particulier (identique à celui de la fonction publique) par la création d’un fonds de
pension spécial. Or contre toute attente, malgré des dispositions définissant et protégeant
succinctement le régime de pension des travailleurs de l’ex-Régifercam, ces derniers ont constaté la
perte de leurs droits à pension.
Le remboursement de leurs cotisations lors du paiement de leurs droits a été une procédure qui
abrogeait dans son ossature, les applications du décret 74 / 759 du 26 Août 1974 portant organisation
des pensions civiles dans plusieurs de ces articles. La somme de 2 milliards et demi sur la vingt huit
12
milliards de Francs CFA à rembourser, leur a été versé. Ce qui a poussé désormais les concernés à
réclamer soit le reversement de leur régime de pension au fichier solde de l’Etat au même titre que
leur collègue partis en retraite avant la concession, soit un rachat de pension estimé sur une période
de 30 ans s’élevant à 28 022 770 000 Fcfa.
Démarches vaines
Face à ce vice procédural d’un droit qui leur est pourtant légitime, les 603 agents de l’ex-RNCFC se
sont constitués en association afin de réclamer la réparation de ce préjudice. A cet effet, dans
l’optique de parvenir à un arrangement à l’amiable en dépit du refus de la commission technique de
Privatisation à souscrire à leur doléance, ces derniers ont épuisé les voies de recours ordinaires. En
moins de deux ans, en plus de la multiplication des rencontres et concertations, de nombreux
courriers ont été adressés tantôt au Chef de l’Etat, au Premier ministre, aux ministres des Transports,
du Travail et de la Sécurité Sociale, à l’Agence Française de Développement ou à la Direction de la
Camrail, dans le but de trouver une solution pacifique. Malgré un courrier de la société Camrail
requérant l’arbitrage du ministre des Finances afin de régler cette situation, rien n’a été fait.
Dans cette lancée, le ministre du Travail en 2007 a également adressé un courrier à son homologue
de l’Economie et des Finances de l’époque, soulignant le caractère dolosif et violateur du
remboursement des cotisations pour pensions aux personnels du Statut particulier de l’ex-Régifercam
reversés à la Camrail. Tout en précisant dans ce courrier la violation du Décret présidentiel N° 74/759
du 26 Août 1974 portant régime des pensions civiles en ses articles 5, 6 et 37, Robert Nkili nécessitait
de la part de son collègue, soit une prise en charge des revendicateurs par le Budget de l’Etat ou le
rachat de pension en guise de solution. Or malgré cette énième missive, la démarche s’est montrée
vaine.
Grève
Face à l’atrophie gouvernementale à solutionner ce problème fortement dommageable, l’Association
des Agents de l’Ex-Régifercam s’est réunie d’abord le 13 mars et entend fixer une ultime rencontre le
26 mars dans le but final d’officialiser un mouvement d’humeur. Dans une action généralisée qui
entend immobiliser les flux migratoires du transport ferroviaire sur l’ensemble du territoire,
l’association entend passer à la vitesse supérieure jusqu’à ce qu’une issue positive soit trouvée. «
Nous sommes des techniciens chevronnés et nous maîtrisons les méthodes de fonctionnement des
trains et de camrail. Il nous suffirait d’obstruer un seul secteur du réseau ferroviaire pour engendrer
un arrêt systématique.
Au vu de l’ampleur de l’incidence que cela suscitera, nous sommes convaincus qu’on nous prendra
enfin au sérieux. » Explique calmement un membre actif de l’association. « Notre transfert à camrail
n’émanait pas d’une sanction qui annulait nos droits à pension déjà acquis. Nous avons exploré
toutes les voies pacifiques possibles, désormais, quoi qu’il advienne à moins d’une solution efficiente
avant notre date buttoir, nous allons agir et aucune manœuvre dilatoire ne viendra nous faire changer
d’avis dans une situation qui a déjà trop duré.»