S2.2 La conflictualit sociale : entre pathologie,

cohsion sociale et changement social

S2 Intgration, conflit, changement

social

Le programme officiel

2.2 La conflictualit

sociale : pathologie,

facteur de cohsion

ou moteur du

changement social ?

Conflits sociaux,

mouvements

sociaux,

rgulation des

conflits, syndicat.

On montrera que les conflits peuvent tre

apprhends partir de grilles de lecture

contrastes : comme pathologie de

l'intgration ou comme facteur de cohsion ;

comme moteur du changement social ou

comme rsistance au changement. On

s'intressera plus particulirement aux

mutations des conflits du travail et des conflits

socitaux en mettant en vidence la diversit

des acteurs, des enjeux, des formes et des

finalits de l'action collective.

Acquis de premire : conflit.

Le plan du chapitre

I Les conflits sociaux, prsentation et consquences sociales

A Quest-ce quun conflit social ?

B Les consquences pour la socit des conflits sociaux

1) Pathologie de lintgration ou cohsion sociale ?

2) Moteur de changement social ou de la reproduction sociale ?

II Lvolution des conflits sociaux

A La mutation des conflits du travail

B Les conflits socitaux (les NMS)

Introduction Dans le chapitre sur la stratification sociale, nous avons vu que Marx

prvoyait une grande rvolution proltarienne. On interrogeait la notion de

classe sociale (face la moyennisation notamment) dans une socit qui

change ou ne change pas tant que a.

Dans le chapitre sur la mobilit, on montrait le poids de la famille et de

lcole dans la reproduction sociale (Boudon vs Bourdieu).

Dans le chapitre sur le lien social, Durkheim avait analys le processus

dindividuation (passage de la solidarit mcanique organique) des socits

industrielles.

Dfinition :

Dcortiquons la dfinition :

Ces conflits sont-ils facteurs de changement social ou de reproduction

sociale ? Permettent-ils la cohsion social ou sont-ils gnrateurs de

dsordre ?

Clairement, et comme nous lavions vu dans le chapitre S1.1, pour Marx,

les conflits permettent le changement social, cest mme les seuls moyens

pour renverser la bourgeoisie. Mais dautres sociologues vont sopposer

lui (G. Simmel, L. Coser).

Nous nous demanderons par ailleurs dans ce chapitre si le conflit est

gnrateur de lien social ou non. Enfin, nous analyserons lvolution des

conflits sociaux.

I Les conflits sociaux : prsentation et

consquences sociales

A Quest-ce quun conflit social ?

Nous allons tre amens dans cette section analyser toutes les facettes des

conflits sociaux et la 1re question laquelle nous allons rpondre est celle

des causes de ces conflits.

La raison qui vient en premier est parce que nous sommes humains et que

nous devons vivre ensemble. En socit les hommes sont interdpendants et

qui dit interdpendance dit rgles. Mais les rgles sont forcment

imparfaites. Elles peuvent accentuer des rapports de dominations

prexistants (conomiques, culturels ou sociaux) et gnrer des situations

conflictuelles.

La thorie de frustration relative

de T. Gurr va expliquer ce

processus conflictuel de faon

psycho-sociale. La frustration

relative reprsente lcart entre

le niveau desprance de

valeurs et la satisfaction des

attentes.

Ted Gurr (1936-)

Niveau desprance de valeurs :

Comme il y a un cart entre les esprances et la ralisation de celles-ci,

alors il y a frustration.

Celle-ci est relative car le modle de Gurr se veut tout sauf universel :

Des situations de frustration relatives, les individus vont dcider ou non dentrer

en conflit social. Celui va alors dans certains cas, pousser les individus mener une

action collective qui se traduira par un mouvement social.

Les cas de frustration relative

Du conflit social au mouvement social

Le conflit social peut se transformer en action collective dans un premier

temps.

Laction collective peut tre dfinie comme la mobilisation dindividus ou

de groupes dindividus ayant pour objectif datteindre des fins partages

Dit juste comme ca, une action collective est simplement un rassemblement

dindividus organis dans un but commun. Le fait que cela soit organis la

diffrencie naturellement de lmeute (laction collective est une action de

classe pour Weber).

Dans ce chapitre, il est intressant de ne prendre en compte que les actions

collectives qui ont pour objectif de rsoudre un conflit social (par exemple,

on exclue les actions collectives de type : organiser un pique-nique).

Albert O. Hirschman (1915-

2012)

A. O. Hirschman en 1970 prsente les

diffrentes possibilits qui soffrent

aux individus lorsquils sont en

conflit :

Une illustration graphique

Le groupe social A entre en conflit social avec le groupe B, par exemple

parce que ce 1er groupe, ici de consommateur estime que le Coca Cola

contient trop de sucre (le groupe B est lentreprise Coca Cola).

Que se passe-t-il lissu de chaque stratgies mise en place par le groupe A ?

M. Olson (le paradoxe de laction collective) a montr quil existait un autre

problme dans les dcisions de passer laction collective.

Cest le problme du passager clandestin (ou Free rider) :

A quel autre sociologique peut-on rapprocher lanalyse dOlson ?

Pourquoi laction collective se fait-elle tout de mme ?

Enfin, une action collective peut devenir un mouvement social sous

certaines conditions que nous allons tudier maintenant.

Dfinition stricte de mouvement social : Ensemble actions collectives qui

ont pour objectif la mise en place dun nouvel ordre social.

Cette dfinition permet de comprendre lune des grandes diffrences entre

les actions collectives et les mouvements sociaux. Les 1ers nont pas

dambition majeures alors que les 2ndes si.

Ex de mouvement social :

Recherchez des exemples de mouvements sociaux dans lhistoire :

A. Touraine (proche des ides de Marx) va

chercher les conditions sous lesquels une

action collective devient un mouvement

social (triangle IOT) :

Principe didentit :

Principe dopposition :

Principe de totalit : Alain Touraine (1925,)

Un exemple de mouvement social ? : Les mouvement anti-CPE (contrat

premire embauche) en France en 2006.

Contexte : Le gouvernement de Villepin propose un contrat (un CDI) pour les jeunes rallongeant

notamment la priode dessai 2 ans contre actuellement entre 2 4 mois maximum selon le type

demploi. Les tudiants vont alors se mettre en grve pour faire retirer le projet de loi.

Le mouvement anti-CPE a-t-il des aspects comparables au mouvement de 1968 : grve

gnrale annonce, tudiants, lycens en phase, soutien populaire... ?

Franois Dubet : Je dirais que dans l'ordre politique, ce mouvement a des aspects comparables,

parce que la crise gouvernementale est extrmement forte, que les risques de violences incontrles

sont de plus en plus grands, et qu'il peut y avoir une crise qui dure. Mais sur le plan sociologique, ce

mouvement n'est pas comparable celui de mai 1968, car les tudiants de 1968 taient une jeunesse

relativement favorise, confiante dans son avenir et dans son intgration sociale, mais trs critique

l'gard de la culture, juge rpressive, autoritaire, vieillotte, de la socit dans laquelle ils s'apprtaient

entrer. Aujourd'hui, les tudiants ne critiquent gure cette socit, ils sont surtout soucieux d'y

trouver une place. Par exemple, le mouvement tudiant ne critique pas l'Universit et n'en appelle pas

"une autre faon de vivre". Je crois que la comparaison la plus sage serait peut-tre celle de

dcembre 1995, et non celle de mai 1968.

Extraits du Monde du 23/03/06

Le mouvement anti-CPE remplit-il les conditions du triangle IOT de

Touraine ?

Pour Touraine, dans un mouvement social, il y a une lutte pour le contrle

de lhistoricit (cest--dire du sens du devenir de la socit). Cette

vision du mouvement social est extrmement contraignante. Cest

pourquoi, une dfinition plus souple des mouvements sociaux peut-tre

accepte :

B Les consquences pour la socit des conflits sociaux

1) Pathologie de lintgration ou moteur

du changement social ?

On peut dabord analyser le conflit

comme tant une pathologie de

lintgration sociale, c'est--dire comme

gnrant des situations danomie,

dexclusion ou de disqualification

sociale. Le conflit peut dtruire le lien

social, cest ce quE. Durkheim et plus

rcemment R. K. Merton ont tent de

dmontrer.

Robert

King

Merton

(1910-

2003)

Emile

Durkheim

(1858-

1917)

Le normal et le pathologique (Les Rgles de la Mthode Sociologique,

1894) : Le fondateur de lcole franaise de sociologie, Durkheim

distingue les faits sociaux normaux des faits sociaux pathologiques. Ainsi,

les faits sociaux qui reviennent de faon rgulire sont considrs

normaux : travailler, se marier, aller faire ses courses,. sont des faits

sociaux normaux.

Mais loriginalit de cette approche est de considrer des faits immoraux

comme normaux : le suicide, le crime, les violences diverses...

Ce qui est considr par Durkheim comme pathologique, cest une

variation trop rapide des faits sociaux.

Nous avions dans le chapitre S2.1 que pour Durkheim lanomie pouvait

tre considre comme une pathologie de lintgration sociale. Les

situations de conflits sociaux sont dues lanomie, ce qui revient dire que

les conflits sociaux sont pathologiques pour Durkheim.

Merton et Durkheim font le mme constat : Lanomie entrane des conflits

sociaux . Mais la dfinition danomie diffre quelque peu entre les deux

sociologues :

-Pour Merton, lanomie est

-Pour Durkheim,

Les liens entre intgration sociale, anomie et rgulation sociale chez

Durkheim

Que ce soit pour Merton ou pour Durkheim, le dfaut dintgration

sociale explique lanomie, qui explique lmergence des situations de

conflits sociaux

Un exemple de conflit anomique : les meutes de banlieues de 2005

Extrait vido du reportage Le Droit de Savoir (jusqu 4min02)

Montrez que les meutes de banlieues peuvent-tre vues comme des

situations de conflits sociaux anomiques (au sens de Durkheim et de

Merton).

En fin de compte, le conflit peut provenir de situations pathologique de

lintgration sociale comme nous venons de le voir. Mais il peut aussi tre

lui-mme porteur de pathologie dans un contexte priori normal .

Vido : Grve SNCF (reportage TF1)

Montrez que le conflit lui-mme est pathologique (cest--dire quil dtruit

le lien social) :

Synthse : Le conflit comme pathologie de lintgration :

Le conflit social peut tre analys comme tant le produit dun contexte

anomique (groupe social pas assez intgr). Alors le groupe peut chercher

montrer et dnoncer sa situation par des comportements anormaux.

(cas 1)

Le conflit social peut aussi tre la source dune situation pathologique

dintgration sociale puisquil peut dtruire de la cohsion sociale. (cas 2)

Le conflit peut aussi tre vu comme un facteur de cohsion sociale

Cette approche du conflit est celle de G. Simmel (1858-1918). Le conflit

est peru comme un facteur dintgration sociale cette fois.

Il est invitable (il fait partie du fonctionnement normal de lorganisation

sociale), et positif (puisquil contribue lintgration sociale) et il peut

conduire au changement social. Cest ce quavance Simmel qui fait du

conflit lune des formes les plus stables des interactions sociales. Pour lui

cest plutt la paix qui est la situation anormale socialement. Simmel

prtend que le conflit est une forme de socialisation permettant la

rsolution des contraires .

Enfin, pour Simmel, les conflits sont dautant plus forts que les individus en

conflits sont gaux. En effet, il est plus facile dtre en conflit entre citoyens

gaux que face au roi, au dictateur ou au chef de tribu.

Le conflit permet lintgration lintrieur de chaque groupe

Vido dune manifestation

Expliquez pourquoi le conflit peut permettre lintgration sociale.

Le conflit permet aussi lintgration entre groupes sociaux adversaires

Vido INA Mai 1968

Pourquoi peut-on dire que le conflit cre du lien social entre les groupes

sociaux adversaires ?

Le conflit peut conduire un changement social qui favorise lintgration

sociale, parce que ce changement rsulte dun compromis entre les groupes

en conflits.

A. Hirschman avance lide selon laquelle le capitalisme a t sauv par les

contestations en son sein qui lont conduit a volu. Cette ide peut tre

reprise linverse sagissant du systme sovitique qui, en touffant la

contestation, na pas su se rformer ce qui aurait entran son dclin, et qui

peut galement tre applique lentreprise, qui peut se priver dun facteur

de dynamisme interne en touffant les conflits.

Les changements issus des conflits permettent une meilleure intgration dun

groupe jusque-l marginalis (par exemple, les conflits relatifs

lhomosexualit, aux droits des minorits,). L. Coser voque le rle de

soupape de scurit que peut remplir le conflit social, qui peut permettre

une vacuation des tensions sociales, vitant ainsi un conflit social majeur.

Selon lui, les conflits sont ncessaires pour viter les guerres et rvolutions

sociales.

2) Moteur du changement social ou de la reproduction sociale ?

Lapproche du conflit entranant le changement social est celle de K. Marx,

et a notamment t prolong par A. Touraine. Selon cette grille de lecture,

le conflit social est peru comme un facteur de changement social. Par

consquent, le conflit : est peru comme invitable (il est lexpression de

contradictions insurmontables de la socit) et est peru comme positif (il

doit permettre lmergence dun nouvel ordre social).

Lhistoire de toute socit jusqu' nos jours est l'histoire de luttes de

classes. Homme libre et esclave, patricien et plbien, baron et serf, matre

de jurande et compagnon, bref oppresseurs et opprims, en opposition

constante, ont men une lutte ininterrompue, tantt ouverte, tantt

dissimule, une lutte qui finissait toujours soit par une transformation

rvolutionnaire de la socit tout entire, soit par la disparition des deux

classes en lutte.

Karl Marx, Friedrich Engels, le Manifeste du Parti Communiste, 1848

Rappel : Quels sont les grands modes de production qui succdent ?

Rappelez pourquoi le proltariat doit renverser la bourgeoisie dans

lanalyse de K. Marx.

Donc la premire condition pour la naissance dun rel mouvement social

entranant le changement, est la classe pour soi.

Marx, de plus, va thoriser linstant o le proltariat aura lopportunit de

mettre fin ce mode de production.

La baisse tendancielle du taux de profit :

Le capitalisme est amen saffaiblir voir sautodtruire car long terme,

le profit de la bourgeoisie va tendre vers 0. Il lexplique par la baisse de

rentabilit de laccumulation de capital. Le potentiel daccroissement des

richesses nest pas infini selon Marx.

Les faits, depuis plus dun sicle vont infirmer lintuition de Marx : malgr

de nombreuses crises conomiques, le profit continue de crotre et les

ingalits se sont rduis sans rvolution proltarienne. Le capitalisme ne

sest pas rellement affaibli.

Dans la ralit, le conflit nentrane quasiment jamais de rvolution sociale

mais conduit deux phnomnes inverses :

(a) Deux exemples pour traiter des conflits comme rsistance au

changement social : La rforme des retraites 1995 (VIDEO) la manif

pour tous.

Montrez que le conflit pour avoir comme objectif la rsistance au

changement social.

Autres exemples :

(b) Le conflit peut aussi engendrer du changement social marginal et

progressif :

Institutionnalisation des conflits (ou rgulation des conflits) :

Les premires rvoltes ouvrires ont dbouch sur la cration et la

reconnaissance des syndicats (1884). Les reconnaitre, cest pouvoir garder

un il sur elle et dune certaine manire les rguler. Les revendications

ouvrires au 19me, quand elles s'expriment en l'absence de syndicats

reconnus, passent par l'meute, l'action politique violente et radicale (les

rvoltes des Canuts Lyon, la Commune de Paris) allant jusqu' la prise du

pouvoir. Au 20me, l'action syndicale, en mme temps qu'elle obtient de

rels progrs, canalise les revendications dans des expressions plus

contrles (les grandes ngociations avec les pouvoirs publics en 36 et en

68).

La naissance des syndicats permet dinstitutionnaliser les conflits mais encore

fallait-il que ces syndicats soient relis leurs opposants (le patronat). Cest la

deuxime phase de linstitutionnalisation (la rgulation) :

Le collge des dlgus lus (1920)

Le comit dentreprise lu (1945)

Les dlgus syndicaux dsigns par les syndicats (1968)

Le comit dhygine, de scurit et des conditions de travail (1982)

Ainsi que les fameuses lois Auroux (1982) qui modifient le code du travail de

30% et limitant ainsi le pouvoir patronal :

Interdiction de licenciement pour causes politiques, syndicales ou religieuses

Droit dexpression des salaris

Dotation financire minimale de 0.2% de la masse salariale brute pour le

comit dentreprise

Obligation de ngocier au moins une fois par an sur les salaires, les

conditions et la dure de travail

Droit de retrait pour le salari en cas de danger

Les pouvoirs publics ont rapproch les syndicats du pouvoir dcisionnaire

dans les entreprises, ce qui les rend puissants socialement, mais

impuissants pour mener le changement social.

Ils rgulent et prviennent les conflits. Mme la grve est codifie : On

connait la date plusieurs jours ou plusieurs semaines avant, les autorits

connaissent et encadrent les parcours, les syndicats font tout pour viter

les dbordements car une grve qui dgnre rend peu crdible la cause

soutenue et lopinion la verra de faon ngative, comme les casseurs

pendant les mouvements sociaux de la rforme de retraites en 2009.

Enfin, les syndicats ont une place de choix dans les conflits puisque ce sont

eux qui forment le conseil des prudhommes (tribunal du travail). On

lappelle un conseil car il ny a pas de magistrature (pas de juge) mais des

conseillers lus par les salaris et les patrons. Ce sont les conseillers

prudhomaux. 50% pour les salaris et 50% pour le patronat. Et il y a des

lections (dernire en 2008, la prochaine aurait d avoir lieu en 2013 mais

elle a t repousse en 2015avant dtre supprime ?). 2/3 des

conseillers prudhomaux salaris sont des reprsentants de syndicats. On

voit donc clairement limplication dans la justice des syndicats. Ce qui les

institutionnalise plus.

Dernier lment de linstitutionnalisation des conflits : le jeu

dmocratique. Un bon fonctionnement dmocratique, une alternance, une

sparation des pouvoirs et des contrepouvoirs, assurent des conflits qui ne

tournent pas la rvolution.

Synthse : Le conflit engendre-t-il le changement social ?

II Lvolution des conflits sociaux

A Les mutations des conflits du travail

2 classes sociales sopposent au 19me sicle. Le proltariat (qui sapparente

surtout une large classe ouvrire) et la bourgeoisie (ceux qui possdent le

capital). Les conditions de vie du proltariat sont terribles : pas de limitation

de temps de travail (parfois 15 16h par jours), pas de repos le dimanche,

pas de limitation dge au travail, conditions de logement trs mauvaises,

salaires trs faibles (car il y a une foule prte prendre le relai dans lusine si

dmission).

Lanalyse de K. Marx traite longuement des conflits dsorganiss et violents

du 19me sicle et de la ncessit de sorganiser. En 1884, le droit de

syndicat nait en France et entame ce que nous avions appel

institutionnalisation des conflits dans la section prcdente.

Vido : Castel-Mutation de la socit salariale

Quelle est la thse de Castel ?

Les annes 1950-1970 sont considres comme un ge dor de la classe

ouvrire (voir S1.1). Cest parce quelle tait une classe pour elle, avec une

forte conscience dappartenance sociale. Cest aussi parce que

lindustrialisation est son apoge en France (+ de 40% des actifs sont

ouvriers).

PIA :

Analyse :

1906

1919

1936

1945

1950

1950

1956

1958

1968

1973

Les conflits portaient sur les conditions de travail et sur le partage des

richesses surtout.

Ces conflits aboutissent en faveur des ouvriers reprsents par les syndicats.

Le taux de croissance est lev (5% en moyenne par an) et 70% de celle

reviennent aux travailleurs. Les ingalits se rduisent donc pendant cette

priode !

Lclatement de la classe ouvrire, la dsyndicalisation (8% des actifs

aujourdhui, dont peine 5% dans les entreprises prives et 15% dans les

administrations et entreprises publiques), font baisser le nombre de jour de

grves (200 pour 1000 personnes par an), et donc automatiquement les

conflits sociaux lis au travail. Cependant les conditions de travail

continuent de samliorer :

Les conflits du travail baissent, notamment sous leffet de lclatement de la

classe ouvrire et la dsyndicalisation en France. Mais depuis la fin des annes

1990, un certain renouveau de ceux-ci semble apparatre.

Lanne 1995 (plan Jupp sur les retraites et la scurit sociale), ainsi que la

crise de 2008 vont contraster avec lide prcdente. Les conflits du travail

refont surface. On constate que les conflits deviennent plus violents

(Moulinex en 2001 menace de faire exploser lusine, les squestrations de

patrons pendant la crise financire, feu la production (les pneus bruls chez

Continental)).

Mais paradoxalement, la majorit des actions collectives sont

silencieuses :

Le chiffre de 8% de taux de syndicalisation est, de plus, relativiser car prs

de 40% des entreprises ont une prsence syndicale et plus de 80% dans

celles de plus de 500 salaris.

Bien que les conflits du travail ports par des syndicats forts ont eu tendance

diminuer, les conflits du travail demeurent et prennent des formes

extrmes : soit ils sont ultra-violents et rappellent les conflits du travail du

19me sicle, soit ils sont silencieux et non-mdiatiss mais bloquent tout de

mme les entreprises (dbrayage).

A cot de ces conflits sociaux traditionnelles, sont apparus progressivement

dans les annes 1970-1980 de nouveaux mouvement sociaux. Ils occupent

aujourdhui une place prpondrante dans les mdias et dans lopinion

publique.

Le thme des "nouveaux mouvements sociaux" merge au milieu des annes

soixante au moment o le mouvement ouvrier qui tait situ au creux de la

socit industrielle ne semble plus avoir le monopole des grandes

mobilisations sociales. On dsigne alors les objets les plus divers, du moment

qu'ils se distinguent de la figure classique du mouvement ouvrier :

mouvements noirs et luttes tudiantes aux Etats-Unis, et, partout,

mouvements cologistes, fministes, rgionalistes, pacifistes. Ces

mouvements ne concernent plus directement les problmes de la production

et de l'conomie, ils se situent dans le champ de la culture, de la sociabilit,

de la ville, des valeurs, et paraissent bousculer les formes classiques de

gestion du conflit social et de la reprsentation politique, ils mettent aussi en

scne de nouveaux acteurs comme les minorits , les femmes, les jeunes,

les classes moyennes fortement scolarises. Source : Dubet, Franois ((1993)), Les nouveaux mouvements sociaux , Paris, PUF, coll. ''in Franois

Chazel (dir), Action collective et mouvements sociaux

B Les conflits socitaux (les NMS)

A noter par ailleurs :

Les NMS sont hostiles tout fonctionnement de type syndical

Ils prfrent des assembles gnrales et un contrle de leurs dirigeants

Singularit des formes dactions collectives (occupation de locaux, buzz

mdiatique, publicits, grves de la faim).

Alors que les conflits du travail opposaient les travailleurs aux dirigeants

dentreprises ou lEtat (donc ceux qui nont rien contre ceux qui ont), les

NMS opposent souvent des cadres ou intellectuels lEtat (donc ceux qui ont,

pour ceux qui nont rien ). Cest un phnomne sociologique nouveau.

Cependant, les NMS ne sont pas vraiment nouveaux puisque les mouvements

rgionalistes durent depuis des dcennies, les mouvements pacifistes et

fministes existaient bien avant les annes 1970 (Olympe de Gouges et les

droits de la femme et de la citoyenne en 1791).

Cest Ronald Inglehart, sociologue amricain, qui apporta une justification

thorique des NMS, notamment dans son livre La rvolution silencieuse,

publi en 1977. Pour lui les mouvements sociaux sont gnralement orients

selon les valeurs dune socit. Les Trente glorieuses constituent une

priode de prosprit au cours de laquelle les revendications matrielles

tendraient perdre de limportance. Ainsi dans les socits occidentales, la

satisfaction des besoins matriels de lessentiel de la population permettrait un

dplacement du conflit vers des revendications plus qualitatives. () Cest au

final une rvolution culturelle qui est loeuvre selon lui dans nos socits

industrielles, do le titre de son ouvrage, travers les nouvelles gnrations.

Contrairement aux gnrations ayant connues les conflits mondiaux, la

gnration du baby-boom serait moins matrialiste, plus ouverte la

tolrance et plus sensible aux questions environnementales. Ce sont sur ces

nouvelles bases culturelles que se structuraient de nouveaux conflits sociaux

autour de nouvelles causes. Source : Eric Neveu, Sociologie des mouvements sociaux

Expliquez pourquoi les NMS se sont dvelopps, en insrant les ides du

texte prcdent avec ce qui a t dvelopp dans la partie IIA de ce

chapitre.

Exercice annexe

Un tableau de comparaison entre les conflits du travail et les NMS

Intgration sociale

Anomie

Changement social

Reproduction sociale

Conclusion