15 samedi 13 janvier 2018 L’OLJ WEEK-END le lendemain. Les stars de la décennie, telles que la Madonna liba- naise, la danseuse Samira Toufic, la multitalentueuse Férial Karim s’y produisent dans l’ambiance disco au goût du jour, lumières, paillettes, poussière d’étoile. Teddy under a rainbow Avec cela et la guerre, la guerre et cela, Beyrouth est pour Roy une sorte de Disneyland paradoxal enfermé derrière le petit écran. Il fera de tout pour rejoindre ce rêve. Son film de diplôme, B comme Beyrouth, dans lequel la comédienne Carmen Lebbos tient le premier rôle, préfigure le style du jeune réalisateur obsédé par la capitale libanaise, son bling-bling, sa guerre, sa violence et ses talentueux et si enviables orphelins. Suivra Under a rainbow, un montage des vidéos paternelles juxtaposant Ré-Mi Bandali et spectacles du Casino. Et si, entre-temps, il cofonde Zoukak, l’excellente ONG qui promeut le théâtre expérimental et la scénothérapie au Liban, il n’en revient pas moins à ses premières amours, à la caméra qui mange du réel et recrache de l’onirique. Au bout de sept ou huit ans à Beyrouth, il n’a pas encore évacué la violence des paradoxes qui résume son lien à la ville. Et quand il tombe sur une interview de Nahla Chahal dans laquelle la journaliste et activiste souligne en substance que « le problème de la politique au Liban est qu’elle manque de créativité », il sait ce qu’il lui reste à faire, entre films et installa- tions. Cette période commence à Ashkal Alwan où il bénéficie de l’influence de l’artiste Alfredo Jaar. Objects in mirror are closer than they appear ; Mondial 2010 (qui a gagné le Teddy Award pour le meilleur court-métrage au festival du film international de Berlin en 2014) ; The Beach House ; Here and There, Close to here (exposée à Sharja, Sao Paolo et au MaxxI à Rome) ; autant d’œuvres issues du réel libanais, primées et célébrées pour leur portée universelle. Pour simplifier, on va dire que Roy Dib est réalisateur, mais il est bien plus que cela, même si, depuis 2014, il accumule les prix internationaux pour ses vidéos et courts-métrages. Tour à tour cinéaste, metteur en scène, acteur, artiste polymorphe et critique d’art, il a peu à peu opéré un glissement vers l’art conceptuel en s’intéressant au récit politique. Sur la scène du Hishik Bishik Show, le phénoménal spectacle de cabaret qui se donne à Metro al-Madina depuis 2013, Roy Dib joue un rôle d’animateur. Ceci est son corps. À la fois présent et absent, totalement dans le rôle, avec une admirable économie d’effets. Né en 1983 au Koura qu’il n’a quitté qu’en 2001, il appartient à la génération de la guerre, mais n’a connu de la guerre que les imag- es retransmises à la télévision. La guerre, c’était Beyrouth. Chez lui, au nord, c’était calme. Un peu trop. Il regardait en boucle Ama- ni sous l’arc-en-ciel, un mélodrame créé sur mesure pour la petite Ré-Mi Bandali, enfant star qui jouait le rôle d’une fillette restée orpheline avec son frère après que leurs parents ont été fauchés par les bombardements. Avec sa cousine, Roy jouait à incarner les jeunes personnages du film. Première expérience d’acteur, première fascination pour le cinéma qui ne le quittera plus jamais, première intuition du pouvoir de l’image, à la fois cathartique et créateur de sens au-delà du sens. À l’âge d’aller à l’université, Roy Dib se rend à Beyrouth. On est en 2001, il a 18 ans et les facultés de cinéma des institutions privées sont trop onéreuses pour ses moyens. Il s’inscrit à la faculté des arts scéniques de l’Université libanaise. Bien lui en prend, car on y bénéficie d’un enseignement global axé sur le théâtre avec suffisamment de notions de réalisation pour que le projet de fin d’études consiste en un court-métrage. C’est là qu’il tombe en amour du cinéma d’Antonioni et de Godard, du flou digital qui le pousse à « aller voir ce qu’il pourrait faire là-bas ». Il faut préciser ici, et par ailleurs, que le père de Roy Dib a toujours à portée de main, dans les années 80, une caméra armée d’un 8 mm et une cassette dans la vidéo du téléviseur, prête à enregistrer. Le soir, il enregistre entre autres les spectacles qui se donnent à cette épo- que au Casino du Liban, et le jeune Roy est autorisé à les visionner ROY DIB, RÉALISATEUR ET ARTISTE CONCEPTUEL, 35 ANS Ce qu’il préfère UN ACTEUR/ UNE ACTRICE PRÉFÉRÉ(E) ? Ahmad Zaki/ Jeanne Moreau. UN CHANTEUR/ UNE CHANTEUSE PRÉFÉRÉ(E) ? Sayyed Darwich/ Oum Kalsoum. UN ÉCRIVAIN PRÉFÉRÉ ? Raafat Majzoub. UN PEINTRE PRÉFÉRÉ ? Caravaggio. UNE COULEUR PRÉFÉRÉE ? Le mauve. UN PLAT PRÉFÉRÉ ? La kebbé nayyé. UN TRAIT DE CARACTÈRE PRÉFÉRÉ ? Être passionné. UNE VILLE PRÉFÉRÉE ? São Paulo. UN ANIMAL PRÉFÉRÉ ? Le panda. UN ÉMOTICON PRÉFÉRÉ ? Le smiley avec la tête à l’envers. UN ALCOOL PRÉFÉRÉ ? Le whiskey. UNE TÂCHE MÉNAGÈRE PRÉFÉRÉE? Faire la vaisselle. UN COMPLIMENT PRÉFÉRÉ ? Tu résous les problèmes. UNE PARTIE DE L’ANATOMIE PRÉFÉRÉE ? Le cou. UN OUTIL TECHNOLOGIQUE PRÉFÉRÉ ? Le smartphone. Nada Dagher Dib SA MÈRE Roy a toujours été parmi les premiers de sa classe, même à l’université. C’est un garçon aimable et sociable, à l’aise avec tout le monde. Son éduca- tion, son environnement et sa passion pour la musique ont beaucoup influencé sa vision et sa créativité théâtrale. Attiré par l’art et le théâtre depuis son enfance, il n’en a pas moins suivi une scolarité classique irréprochable de bout en bout. La projection de son court- métrage Mondial 2010 l’a fait connaître du public. Et sa toute dernière pièce, Close to here, interprétée par Julia Kassar, a rencontré un grand succès. Carmen Dib Issa SA SŒUR Roy Dib, mon frère aîné, a une personnalité totalement à l’opposé de la mienne, ce qui a toujours attisé ma curiosité et m’a poussée à rechercher son influence. Il est incroyablement indépendant, sûr de lui-même, épanoui, ambitieux et rien ne lui fait peur. Confiant et courageux au point d’abandon- ner toute sa vie au Liban-Nord et de déménager à Beyrouth pour poursuivre sa passion et ses études en théâtre. Enfant, il aimait beaucoup exprimer ses idées par le dessin, et je Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL), L’Orient-Le Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (papier et web) sur un artiste (âgé de maxi- mum 35 ans), toutes disciplines confondues (cinéma, musiques, peinture, sculpture, photo, illustration, street art, danse, mode, design, architecture, cuisine, etc.), et lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, YouTube, Snapchat…) pendant 30 jours, jusqu’à la date de publication du prochain artiste. Chaque année, douze artistes seront en lice pour le prix L’OLJ-SGBL (5000 USD le 1er, 2000 USD le 2e et 1000 USD le 3e). Les lecteurs de L’OLJ voteront à 50%, et le vote d’un jury (L’OLJ, SGBL et grands noms/experts du monde artistique) comptera pour les 50% restants. Ce qu’en dit le mentor - GHASSAN SALHAB Je ne me souviens plus très bien comment j’ai rencontré Roy Dib, par des amis communs sûrement, mais une relation a commencé à voir le jour lors de la création de sa vidéo Under a rainbow, dans le cadre de Videoworks (Ashkal Alwan). J’étais alors consultant pour les différents projets. Très vite, l’on pouvait percevoir que dans son travail, se conjuguaient le désir et la nécessité de dire à quel point le personnel, l’intime et le collectif sont liés, pour ne pas dire noués. Cette quête de dialogue, peut-être impossible, était déjà là. Et dans les projets qui suivirent, cela n’a fait que se confirmer, quels que soient le champ et le support travaillé, au risque de s’égarer (passage obligatoire, si je puis dire…), telle une véritable obsession. Et l’art est essentiellement une quête obsessionnelle… GHASSAN SALHAB EST SCÉNARISTE, RÉALISATEUR ET PRODUCTEUR. n’oublierai jamais le jour où il a couvert presque la moitié du mur avec un grand papier blanc pour dessiner la Sainte Vierge portant l’enfant Jésus dans ses bras. Pour moi, mon frère est un mélange de calme et de folie, de passion, de lib- erté, de créativité, d’affection et de sens des responsabilités… Raafat Majzoub SON AMI RÉALISATEUR Son installation vidéo, Objects in mirror are closer than they appear, décrit l’ensemble de son œuvre à ce jour : Roy présente des miroirs cynique- ment prophétiques qui nous invitent à reconsidérer nos positions. C’est crucial dans le Liban d’aujourd’hui. Toujours équipé d’une Lokki et doté d’un appétit de café insatiable, Roy fend la vie avec le sérieux d’un expert-comptable et le charisme d’un chat de gout- tière. Il est du signe du Lion, ceci expliquant cela. Je vais profiter de L’Orient-Le Jour pour lui envoyer un message privé : « Roy, je vais t’accrocher ce néon, achète la perceuse. » Rana Eid SON AMIE SOUND DESIGNER J’ai rencontré Roy Dib avant le tournage de son long-métrage The Beach House. Nous nous sommes rencontrés pour parler du scénario et préparer le sound design en amont. Le sujet du film m’a tout de suite intéressée, mais ce qui m’a le plus marquée, c’est Roy lui-même. C’est un homme hy- perpassionné par son travail. Il parcourra un très beau chemin parce qu’il sait jongler entre les concepts et l’émotion. On peut faire des films très profonds tout en s’amusant comme rarement. C’est ce que fait Roy. Akram Zaatari SON AMI ARTISTE Un lieu familier est un lieu que l’on comprend, mais que l’on ne reconnaît pas avec précision. Il est réconfortant de faire l’expérience du familier dans des lieux auxquels on se sent connecté et où l’on peut commander des touches de comportement ou de langage, juste ce qu’il faut pour ne pas se sentir étranger. Un lieu étranger est ce lieu auquel on est exposé, mais dans lequel on ne peut naviguer. Éprouver une telle aliénation dans des endroits qui sont indifférents à la personne que vous êtes est extrêmement libérateur. Le lieu étranger ne vous reconnaît pas. Le lieu familier sollicite votre engagement. Il y a un lieu entre les deux vers lequel je voudrais migrer. Il se situe dans les films de Roy Dib. « Je veux aller voir ce que je pourrais faire là-bas, dans le flou digital… » CE QU’EN DISENT LES PROCHES Page réalisée par FiFi ABOU DIB

samedi 13 janvier 2018 ROY DIB, RÉALISATEUR ET ARTISTE ...Sayyed Darwich/ Oum Kalsoum. UN ÉCRIVAIN PRÉFÉRÉ ? Raafat Majzoub. UN PEINTRE PRÉFÉRÉ ? Caravaggio. UNE COULEUR PRÉFÉRÉE

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15samedi 13 janvier 2018L’OLJ WEEK-END

le lendemain. Les stars de la décennie, telles que la Madonna liba-naise, la danseuse Samira Toufic, la multitalentueuse Férial Karim s’y produisent dans l’ambiance disco au goût du jour, lumières, paillettes, poussière d’étoile.

Teddy under a rainbowAvec cela et la guerre, la guerre et cela, Beyrouth est pour Roy une sorte de Disneyland paradoxal enfermé derrière le petit écran. Il fera de tout pour rejoindre ce rêve. Son film de diplôme, B comme Beyrouth, dans lequel la comédienne Carmen Lebbos tient le premier rôle, préfigure le style du jeune réalisateur obsédé par la capitale libanaise, son bling-bling, sa guerre, sa violence et ses talentueux et si enviables orphelins. Suivra Under a rainbow, un montage des vidéos paternelles juxtaposant Ré-Mi Bandali et spectacles du Casino. Et si, entre-temps, il cofonde Zoukak, l’excellente ONG qui promeut le théâtre expérimental et la scénothérapie au Liban, il n’en revient pas moins à ses premières amours, à la caméra

qui mange du réel et recrache de l’onirique. Au bout de sept ou huit ans à Beyrouth, il n’a

pas encore évacué la violence des paradoxes qui résume son lien à la ville. Et quand il tombe sur une interview de Nahla Chahal dans laquelle la journaliste et activiste souligne en substance que « le problème de la politique au Liban est qu’elle manque de créativité », il sait ce qu’il lui reste à faire, entre films et installa-tions. Cette période commence à Ashkal Alwan où il bénéficie de l’influence de l’artiste Alfredo Jaar. Objects in mirror are closer than they appear ; Mondial 2010 (qui a gagné le Teddy Award pour le meilleur court-métrage au festival du film international de Berlin en 2014) ; The Beach House ; Here and There, Close to here (exposée à Sharja, Sao Paolo et au MaxxI à Rome) ; autant d’œuvres issues du réel libanais, primées et célébrées pour leur portée universelle.

Pour simplifier, on va dire que Roy Dib est réalisateur, mais il est bien plus que cela, même si, depuis 2014, il accumule les prix internationaux pour ses vidéos et courts-métrages. Tour à tour cinéaste, metteur en scène, acteur, artiste polymorphe et critique d’art, il a peu à peu opéré un glissement vers l’art conceptuel en s’intéressant au récit politique. Sur la scène du Hishik Bishik Show, le phénoménal spectacle de cabaret qui se donne à Metro al-Madina depuis 2013, Roy Dib joue un rôle d’animateur. Ceci est son corps. À la fois présent et absent, totalement dans le rôle, avec une admirable économie d’effets. Né en 1983 au Koura qu’il n’a quitté qu’en 2001, il appartient à la génération de la guerre, mais n’a connu de la guerre que les imag-es retransmises à la télévision. La guerre, c’était Beyrouth. Chez lui, au nord, c’était calme. Un peu trop. Il regardait en boucle Ama-ni sous l’arc-en-ciel, un mélodrame créé sur mesure pour la petite Ré-Mi Bandali, enfant star qui jouait le rôle d’une fillette restée orpheline avec son frère après que leurs parents ont été fauchés par les bombardements. Avec sa cousine, Roy jouait à incarner les jeunes personnages du film. Première expérience d’acteur, première fascination pour le cinéma qui ne le quittera plus jamais, première intuition du pouvoir de l’image, à la fois cathartique et créateur de sens au-delà du sens. À l’âge d’aller à l’université, Roy Dib se rend à Beyrouth. On est en 2001, il a 18 ans et les facultés de cinéma des institutions privées sont trop onéreuses pour ses moyens. Il s’inscrit à la faculté des arts scéniques de l’Université libanaise. Bien lui en prend, car on y bénéficie d’un enseignement global axé sur le théâtre avec suffisamment de notions de réalisation pour que le projet de fin d’études consiste en un court-métrage. C’est là qu’il tombe en amour du cinéma d’Antonioni et de Godard, du flou digital qui le pousse à « aller voir ce qu’il pourrait faire là-bas ». Il faut préciser ici, et par ailleurs, que le père de Roy Dib a toujours à portée de main, dans les années 80, une caméra armée d’un 8 mm et une cassette dans la vidéo du téléviseur, prête à enregistrer. Le soir, il enregistre entre autres les spectacles qui se donnent à cette épo-que au Casino du Liban, et le jeune Roy est autorisé à les visionner

ROY DIB, RÉALISATEUR ET ARTISTE CONCEPTUEL, 35 ANS

Ce qu’il préfère UN ACTEUR/ UNE ACTRICE PRÉFÉRÉ(E) ?Ahmad Zaki/ Jeanne Moreau.

UN CHANTEUR/ UNE CHANTEUSE PRÉFÉRÉ(E) ?Sayyed Darwich/ Oum Kalsoum.

UN ÉCRIVAIN PRÉFÉRÉ ?Raafat Majzoub.

UN PEINTRE PRÉFÉRÉ ?Caravaggio.

UNE COULEUR PRÉFÉRÉE ?Le mauve.

UN PLAT PRÉFÉRÉ ?La kebbé nayyé.

UN TRAIT DE CARACTÈRE PRÉFÉRÉ ?Être passionné.

UNE VILLE PRÉFÉRÉE ?São Paulo.

UN ANIMAL PRÉFÉRÉ ?Le panda.

UN ÉMOTICON PRÉFÉRÉ ?Le smiley avec la tête à l’envers.

UN ALCOOL PRÉFÉRÉ ?Le whiskey.

UNE TÂCHE MÉNAGÈRE PRÉFÉRÉE?Faire la vaisselle.

UN COMPLIMENT PRÉFÉRÉ ? Tu résous les problèmes.

UNE PARTIE DE L’ANATOMIE PRÉFÉRÉE ?Le cou.

UN OUTIL TECHNOLOGIQUE PRÉFÉRÉ ?Le smartphone.

Nada Dagher Dib SA MÈRERoy a toujours été parmi les premiers de sa classe, même à l’université. C’est un garçon aimable et sociable, à l’aise avec tout le monde. Son éduca-tion, son environnement et sa passion pour la musique ont beaucoup influencé sa vision et sa créativité théâtrale. Attiré par l’art et le théâtre depuis son enfance, il n’en a pas moins suivi une scolarité classique irréprochable de bout en bout. La projection de son court-métrage Mondial 2010 l’a fait connaître du public. Et sa toute dernière pièce, Close to here, interprétée par Julia Kassar, a rencontré un grand succès.

Carmen Dib Issa SA SŒUR Roy Dib, mon frère aîné, a une personnalité totalement à l’opposé de la mienne, ce qui a toujours attisé ma curiosité et m’a poussée à rechercher son influence. Il est incroyablement indépendant, sûr de lui-même, épanoui, ambitieux et rien ne lui fait peur. Confiant et courageux au point d’abandon-ner toute sa vie au Liban-Nord et de déménager à Beyrouth pour poursuivre sa passion et ses études en théâtre. Enfant, il aimait beaucoup exprimer ses idées par le dessin, et je

Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL), L’Orient-Le Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (papier et web) sur un artiste (âgé de maxi-

mum 35 ans), toutes disciplines confondues (cinéma, musiques, peinture, sculpture, photo, illustration, street art, danse, mode, design, architecture, cuisine, etc.), et lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux

(Facebook, Instagram, Twitter, YouTube, Snapchat…) pendant 30 jours, jusqu’à la date de publication du prochain artiste. Chaque année, douze artistes seront en lice pour le prix L’OLJ-SGBL (5000 USD le 1er, 2000

USD le 2e et 1000 USD le 3e). Les lecteurs de L’OLJ voteront à 50%, et le vote d’un jury (L’OLJ, SGBL et grands noms/experts du monde artistique) comptera pour les 50% restants.

Ce qu’en dit le mentor- GHASSAN SALHABJe ne me souviens plus très bien comment j’ai rencontré Roy Dib, par des amis communs sûrement, mais une relation a commencé à voir le jour lors de la création de sa vidéo Under a rainbow, dans le cadre de Videoworks (Ashkal Alwan). J’étais alors consultant pour les différents projets. Très vite, l’on pouvait percevoir que dans son travail, se conjuguaient le désir et la nécessité de dire à quel point le personnel, l’intime et le collectif sont liés, pour ne pas dire noués. Cette quête de dialogue, peut-être impossible, était déjà là. Et dans les projets qui suivirent, cela n’a fait que se confirmer, quels que soient le champ et le support travaillé, au risque de s’égarer (passage obligatoire, si je puis dire…), telle une véritable obsession. Et l’art est essentiellement une quête obsessionnelle…

GHASSAN SALHAB EST SCÉNARISTE, RÉALISATEUR ET PRODUCTEUR.

n’oublierai jamais le jour où il a couvert presque la moitié du mur avec un grand papier blanc pour dessiner la Sainte Vierge portant l’enfant Jésus dans ses bras. Pour moi, mon frère est un mélange de calme et de folie, de passion, de lib-erté, de créativité, d’affection et de sens des responsabilités…

Raafat Majzoub SON AMI RÉALISATEURSon installation vidéo, Objects in mirror are closer than they appear, décrit l’ensemble de son œuvre à ce jour : Roy présente des miroirs cynique-ment prophétiques qui nous invitent à reconsidérer nos positions. C’est crucial dans le Liban d’aujourd’hui. Toujours équipé d’une Lokki et doté d’un appétit de café insatiable, Roy fend la vie avec le sérieux d’un expert-comptable et le charisme d’un chat de gout-tière. Il est du signe du Lion, ceci expliquant cela. Je vais profiter de L’Orient-Le Jour pour lui envoyer un message privé : « Roy, je vais t’accrocher ce néon, achète la perceuse. »

Rana EidSON AMIE SOUND DESIGNERJ’ai rencontré Roy Dib avant le tournage de son long-métrage The Beach House. Nous nous

sommes rencontrés pour parler du scénario et préparer le sound design en amont. Le sujet du film m’a tout de suite intéressée, mais ce qui m’a le plus marquée, c’est Roy lui-même. C’est un homme hy-perpassionné par son travail. Il parcourra un très beau chemin parce qu’il sait jongler entre les concepts et l’émotion. On peut faire des films très profonds tout en s’amusant comme rarement. C’est ce que fait Roy.

Akram ZaatariSON AMI ARTISTEUn lieu familier est un lieu que l’on comprend, mais que l’on ne reconnaît pas avec précision. Il est réconfortant de faire l’expérience du familier dans des lieux auxquels on se sent connecté et où l’on peut commander des touches de comportement ou de langage, juste ce qu’il faut pour ne pas se sentir étranger. Un lieu étranger est ce lieu auquel on est exposé, mais dans lequel on ne peut naviguer. Éprouver une telle aliénation dans des endroits qui sont indifférents à la personne que vous êtes est extrêmement libérateur. Le lieu étranger ne vous reconnaît pas. Le lieu familier sollicite votre engagement. Il y a un lieu entre les deux vers lequel je voudrais migrer. Il se situe dans les films de Roy Dib.

« Je veux aller voir ce que je pourrais faire là-bas, dans le flou digital… »

CE QU’EN DISENT LES PROCHES

Page réalisée par FiFi ABOU DIB