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Savoirs Naturalistes Populaires en GUADELOUPE NOUVEAU VOYAGE AUX ISLES DE L'AMÉRIQUE CONTEN AiN T UHISTOIRE NATURJELLE DE CES PAYS, l'Origine, les M»urs, la Religion et le Gouvernement des Habitans anciens ct modernes. Les Guerres ec les Evénemens singulier: qui y sont arrivés pendant ie séjour que l'Auteur y a fait. Par le R. P. LabAT, de l'Ordre des Frères Prêcheurs. Nouvelle Edition augmentée considérablement, et enrichie de Figures en Tailles-douces. A PARJS, RUE S JACQUES, Chez Ch. J. B. Delespine, Imp. Lib. ord. du Rov, à la Victoire et au Palmier. M. DCC XLll 1:-, AppTiihiilion cl Pnoiièyc .'.u Roy MEMOIRES DES NOUVEAUX VOYAGES FAITS AUX ISLES FRANÇOHES DE L'AMÉRIQUE. <d <*' A^

Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

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Page 1: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Savoirs Naturalistes Populaires en GUADELOUPE

NOUVEAU

VOYAGE

AUX ISLES

DE L'AMÉRIQUE

CONTEN AiN T

UHISTOIRE NATURJELLE DE CES PAYS,

l'Origine, les M»urs, la Religion et le Gouvernementdes Habitans anciens ct modernes.

Les Guerres ec les Evénemens singulier: qui y sont arrivéspendant ie séjour que l'Auteur y a fait.

Par le R. P. LabAT, de l'Ordredes Frères Prêcheurs.

Nouvelle Edition augmentée considérablement,et enrichie de Figures en Tailles-douces.

A PARJS, RUE S JACQUES,

Chez Ch. J. B. Delespine, Imp. Lib. ord. duRov, à la Victoire et au Palmier.

M. DCC XLll

1:-, AppTiihiilion cl Pnoiièyc .'.u Roy

MEMOIRES

DES

NOUVEAUX VOYAGES

FAITS

AUX ISLES FRANÇOHESDE L'AMÉRIQUE.

<d<*'

A^

Page 2: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

EXTRAITS de "Nouveaux Voyages. .. "R.P. LABAT

Plantes Nommées décrites l-rillustrées]

Çode_MI_Moa_lnventelreÎÎSî.iiÇ-tiëiïE!9SC 201 Abrlko Abricotier I

C 203 Bennenn 'Qenenler I

C 011 Bwa denn Ool» d'Inde î

C ;-'l Chedèk Chedecq )

0l9 Cheaparèy 'Aloêa .Carataa *

C C2« Oiktana Herbe eux rlèchee.. H

a 564 Endigo 'indigo»*'

C 215 Flg "Pigue I

« 565 Flgyé 'Figuier

031 Fwenjlpenny* Frenchlpanna . . . ^

C 034 Gonbo Julngaabo Il

C 035 Gouyav Goyave Il

i; 037 Cwened Grenadier I

136 'Hontèz 'Senaltlve coaaune I>

A 597 laortèl Bol» laaortel "

C 221 Jinjanm 'Glngeabre " .

C 067 Kechlaen 'Cechlaen .Coeur de boeuf... i

C 043 Kelbee 'Celabaasler I

C 047 Kerapat "l-alae Christi, Ricin Il

C 054 Koroaol 'Coroaaoliar !

C 517 Meniok 'Manioc"«îl

Í 506 'Maneenilyé 'Hencenilierîl

372 Médalnyé bayé 'Médecinier .Pignon d'Inde., i*

073 Médelnyé béni Médecinier «

C 075 Monben Monbin'<

Mousseabey"C 293 Petet 'Patetee"

C -509 Piatech 'Plateche dea lelee H

C 0B8 Pona kannèl Poaaler de cenelle Il

CA 311 Pona lyann Poaae llanne I)

C 091 *Pwa dangol Pois d'Angola

AC 584 Roukou Roucou''*'*

C 339 Sewlz Cerlalerl'

A 586 Tabak 'TabacM:ll

A 556 'Tandakeyou Tendre è celllou !l

C 123 wekèt flaèl 'Poaae de raquette '*

C 125 Zaboka 'AvocatU

C ',52 Zannanna 'Ananas34

C 554 Zoliv Olivier3*

C >?7 Zyana 'Igname3S

©Le» François oni donne le nom d'Abikoc a un frviii que ici Espagnols appellent

MuDCT. C« nom Françon ne lui convient que piwf la (.ouJi.ur <lc la chai/, car pourtout le lau il oe lui reucmble point du tout.

L'arbre qui lt porte vient (nod, et il e« un des plus beaux arbrcj que l'onpuisse voir. Son bois c« blanchâtre, ses fibres asset groncs, liantes ; soo écorce eugrise ordîiwiremi'ni, assci unie ; ses K-uille* lonpics île six i sept pouces en manièred'élipse, un peu puinrui |>ar un bout, sonr d'un très-beau veril, ct pres<)ue del'épaisseur d'urx pic-rc de ({uinze lois , comme ks branches soni assez égales, grartdeset fon garcúes de icuillts, il (ait un ombrage dvirmant. Sixi fruit est presque rond,quelquefois dc lâ figure d'un cceur dooi li puinre est cmoussër, i] a depuis troispouces jusqu'à sept poufi-s de diamètre, il rsi couvert d'une écorce griiiire del'épaisseur d'un cru, et nritmc davantage, iotu- «.t liante cummt du cuir. Après qu'on» (ait une ou Jeux imiuoni a cette ¿torce de toute b haureur du l/uit, oa tt 1ère

coaune si on écorchoir le iruii ; on trouve m«is cette éctKCc une pellicule jaunlcreassez-furrc, quoique mince, et adhéraiiie à la cliait , aprts qu'on l'a enlevée on trouveU chair du fruit qui est jaune, (etree axninc celle d'une citrouille, ct &nne ocieuraromatique qui fait plaisir.

Quand on le isange crud, il laisse dans la bouche uik fort borutc odeur, maisun peu amere et gomeuse. L» maniere ordinaire de le manger est de le couperpar tranches assez minces que l'im met pendant une heure dsr\s un plat avecdu vtn et du sucic, cela lui ôte son amertume ct sa gomme, il est cxccllcoe pourla poitrine, trèvsain et (ort nourrissant ¡ on trouve dans son milieu uni, deux «souvent trois rtuyiut fiot comme des oeufs de pif;ai>ns, et même pltu selon la gtoa-seur du fruit, ils sont plats d'un côté, raboteux et (ort durs, ils [enferment uneamarKie blanche et asset amere que l'on prétend &ire bonne pour resserrer.

Cet arbre est mile et femelle, le mâle ne poete que trés-rareroent, ou pourparler juste il se contente de fleurir uns rien rspporter. La femelle rspporte be»u-ooup, et deux fois l'année comme tous les autres atbres de l'Amérique. Quand on ne

trouve qu'un noyau dans un fruit,c'est immaryquablemeni un arbrefenxlle qui en pcoviervlra. Lorsqu'ils'en trouve davanuge cela est casuel.On est assuré («r beaucoup d'expc-fiences, qu'il est autant d'années irapporter du fruit qu'il a été dc moiscn terre ivant de lever. On se sen

de ce fruit pout faire de 1» marme¬lade ou des pètes qui se ct>nscrventlong-iems, elles sont fort pecxtKaleset astringentes, agréables au goût etd'une tnis-bonne odeur. Les Espa-

gjsols le focu aussi entrer ilans lacomposition d'une marmelade, où Usmêlent du gingembre, des épicerieset des odeun donc ils reraplisientdes Oranges tju'ils fonc confire etqu'Us cirent au sec. Ils usent beau¬coup de ces sortes d'oranges, sur toutle matin et aptes le repas, ils pré¬tendent que cela les soucient, et leuraide beaucoup è U digestion. Cestune tté*-bo<u>e confiture.

Souffu voytft ja.» Iilti Frtmouti dt t'Amrri,i;ir < !094l

Page 3: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

ON peut dire <^uc tous les fruits de l'Amérique, ceux qui sont d'un plus grandusage, sont la Banane et la Figue. Cette dernière est une espèce de Barune.Les arbres, ou pour parler pltu juste, les plantes qui lc3 portent sont si sem¬

blables, qu'à moins d'avoir une ttj»-grandc cotinoissaïKe du ptïs, il est presqueimpossible de les distinguer les uns des autres, quand on ne voit pu leur fruit.

La Banane que les Espagrtols appellent Planrtin, a onlinairemeiu un pouceera enriron de diamètre, ct tlix à do\¿e pouces de lonig. Elle n'est pas rotule, maisplutôt cocntnc un cxagooe dotu les angles seroient ¿moussez ct les côccz un peuCOQvezts. Les bouts se terminent cn peinte exagone un peu courbe. La peau qui estlisse ct yertc avant que le iruit ait atteint tout sa pcifecdon ct sa maturité, jaunitiorsqu'il est mûr. Elle a environ deux lignes d'épaisseur, elle est forte et souple commeune peaa de diamots. Elle renferme un substance jaunâtre, dc la consistance d'unfromage bien gras, saiu aucune graipe, mais seulement quelques fibres assez grosses,qui lembletu reprcse&ccr une espèce de crucifix mal formé, quand le fruit est coupépar 9oa travers.

©

Jt^ttJtA etc.Tiaue,r .

Siyii.s enttct-c

Nouveau voyage aux IsUs Prtnçoists d» l'Aménatte (I696¡

Page 4: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

©

Le bois d'Inde vient ordinairement tort ¿jranc: et fort gros. Son bois esc rou¬geâtre, dur, roide et pesant ; son écorce est jaunâtre et assez vive ; ses feuilles sontsemblables pour la forme à celle de nos Lauriers, à la vérité un peu plus petiteset plus minces, mais d'une odeur plus force cc plus aromatique. Il porte deux foisl'année de petites fleurs blanches qui rougissent un peu vers leur extrémité ; ellessont par bouquets, ausquels .lucccdcnt de petircs graines grosses comme la sixièmepartie d'une noix muscade et de la même cotvsistcncc, dont l'odeur et le goût estsemblable à celui cjue prodùiroient le cloud de gérofle, la canelle ct la muscade s'ilsétoient pfla ensemble. Les tamiers, les tourdrcs ou grives, les perdrix ct les perro¬quets rechercfient ce graines et les mangent avec une avidité surprenante : ils s'enengraissent extraordinairement, ct leur chair contraac cn mème-tcms le goût de cestrois épiceries. On s'en sert communément dans les sauces, mais sur tout quand onsale du ctxhon. On saupoudre de sel ct dc ces graines bien pilées toutes les ct)uches dcviande i caesure qu'on les arrange dans les jarres ou dans les barils, a on les couvredc feuille» sèches du même arbre, ccjmme on fait en Europe des feuilles de laurier.La viande ainsi accommodée contracte un goût et une odeur admirable.

Je n'ai pas dc peine à aoire qu'il est défendu de. transporter de ces sortes dcgraines en France ; car il est certain qu'elles suppléeroient aux autres épiceries quidcmcurcnaicnt ainsi sans débit.

Cet arbre est long-tems i croître, comme il arrive à tous les bois extrêmementdurs comme il est. Des deux petits que j'avois achetez un fut rompu par accident.J'ai laissé l'autre dc plus de dix pieds de haut c¡uand je suis parti des Isles, mais iln'avoit encore porte ni fleurs ni fruits, quoiqu'il eût plus de douze ans. Il estvrai cju'il étoit planté dans un endroit assez exposé au vent. Cet arbre vient ordinai¬rement dans des terrea sèches a arides. Je croi pourtant qu'il vicndroit encore mieux-dans de bonne terre, cependant on le trouve rarement dans de bon terrain. Il y ena quantité dans l'isle de Sainte-Croix, à la grande terre de la Guadeloupe, à la Gre¬nade, aux Grenadins, à Niarie Galante, dan.^ les montagiies du vieux Fort dc lamcmc Isle, au gros Morne de la Martinique au quartier de la Tartane, ct vers ledernier ni!-df-sac des Salines On se .sert dc cc bois pc^ar faire des rouleaux dc mou-Lin, des dents de balancier, des rais de roue et autres ouvrages. On pourroit en fairede belles planches, car il se polit fore bien, mais comme il est dur, les ouvriers lenégligent et ne manquent pas de mauvaises raisons pour couvrir leur paresse. C'estainsi qu'ils en usent à l'égard de plusieurs auaes arbres dont je parlerai daas lasuite cjui n'ont point d autres défauts que d'êae durs, et par conséquent difficilesà travailler.

L'oranger de la Barbade, qu on nomme aussi Chadecq, lIu norn de telui qui 1 aapporté i la Martinique, aoît plus vite et porte du fruit beaucoup plutôt que lesautres. On en a vu qui ayant été semez de graine, ont rapporté à trois ani a óenúIl est vrai qu'ils étoient plantez seuk et non en Itzieres, cr qui fait une differencefort cxxisidérablc, ccmime je le dirai d-aprés,

La feuille de crt oranger est beaucoup plus graixlc que celle des trois autresespèces. J'en ai trouvé qui avoient plus de six pouces dc longueur, sur trois botupouces dc largeur, saru compter la partie échancrée ct coupée en forme de cceur quila soutient « l'attache i la branche. Elle est-ferme, épaisse, bien nourrie, d'un verdfoncé par dessus, plus p41e et tirant sur le jaune par dessous. Il n'est pas nécessairede dire que sa fleur est plus grande et plus grosse que celle dei oranges ordinaires,c'est une conséquen� qui se presente d'elle-même. J'ai vu de ces fleurs presque aussigrosses que le pouce, qui cxhaloient une odeur des plus agréables, quoique forte ctproportionnée i la fleur d'où elle sortoit.

Le fruit qui succède à ces fleurs est très^gros. Rien lu monde n'est plus beauen ce gcfue. J'en ai yû de près dc vingt-quatre pouces de circonférence ; La plûf)anressembfent assez à des poires dc bon-chréticrL Leur écorce qtu est semée de plusieursboutons et autres inéjpüitez, est de douze jusques à seize Ugnes d'épaisseur. La chairen est blant^e, molle, légère, spongieuse et pleine d'un suc acide, a peu agréable.Le dedans est divisé en plusieurs cellules pleine de grumeaux assez pressez les unscontre les autres, excepté vers le centre du fruit, où l'on trouve ordinairement un

vuide. Le goût de ces grumeaux estmêlé d'une douceur fade avec quel¬que chose d'aigre; de sorte qu'il s'enfaut bien que la bonté de ces oran¬ges réponde à leur beauté, ni qu'elleapproche de celle des oranges de laChine; aussi ne les cmploye-t'on

jamais qu'en confiture. Les gens quis'en veulent donner la peine les fontconfire toutes entières, de la même

maniere qu'on confit les limes.

Nouveau voyage aux Isles Françaises de l'Amérique (1694)

Page 5: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

AloCi <ru. Cjj>e£ftifiif J'^n. .Tettm^Jmf-/^ Teri.

; ne c^ratru ejtn.

' - etzjlenry dirnt-

On se sert urdtnairemcnt d'un bois mol appelle toi, au lieu dc mèche, il estexcellent pour cc seul usage, et inutile pour tout autre ; il vient d'une plante appelleeGaratas, que l'on trouve Qon-seulcmcnt par toute l'Amcrique. mais qui vient encore

parfaitement bien en Espagiïc et enItalie, à laquelle on donne très-mal-à propos le nom d'aloës. Sa racineest une bulbe ronde, filasseuse, dcla coosistciKc et couleur d'un oi¬

gnon dc lis. Elle pitxjuit autourd'elle des. feuilles dc dctix à trois

pictis de longueur, larges dans leurnaissance de quatre à cinq pouces,creusées en canal, et se terminant

cn ime pointe triangulaire. Leurépaisseur, qui est de plus d'impouce daiu le bas, diminue à pro¬portion qu'elle s'approche de lapoinrc. Elles sont composées d'unassemblage dc filets longs, forts etsouples, remplis, ou plutôt environ¬nez d'une matière verdâtre, épaisseet gluante ; et verte, dont les bordssont garnis de pointes comme desépines, rondes, pointues et assezfones.

Lorsque cette plante est danssa maturité, ce qui loi arrive selonles climats chauds ou tempérez oùelle est plantée à deux on trois ans,elle pousse de son centre im jet dequinze à vingt pieds de hauteur, dequatre à cinq pouces de diamètredans sa naissance, qui se termine enpointe, à trois ou quatre pieds au-dessous de laquelle il croît des'«"q^» de petits boutons remplis

d un coton blanc, doux et fb comme de la soye. Ces boutons l'ouvrant, le coton sechange en fleurs blanchâtres composées de cinq feüüics qui forment ime maniered'étoile, avec quelques étamines dans le miUcu. Leur pied l'alonre aloes, s'èlt^ienc

de la tige, et forme de petits br.mchagcs foibles, er qui se séchcnr aisément ; ce^:peotes branches avec leurs fleurs font un panache fort agréable qui dure quinze àdix-huit jours, après quoi elles sèchent ct tombent, et le jet qui les a portées cn faitautant dès qu'il est toiit-àfait sec.

NomveM voyage aux Isles Francoises d* l'Amérique (1700)

©I^ mar.erc de ce ;et est de même nature que celle des feuilles, c'est-à-dite^longs filets, remplis et eniourcz de la mime muriere que les feuilles, avec une peauverte ct mince qu. se lève aisément dès que le jet est sec II devient pourTrs

Les hommes blancs, bruns, no.rs et rouges qui habitent l'Amérique, et quisont «rooûtumct â himer ne manquent jamais d'avoir sur eux leur provision de toi

Pour ce qu. est des feüiUcs du Garatas, que les Espagnols appellent Cara¬guatá, ct les Indiens Maguey, on cn rire du fil comme dc la pitte ct du balisierainsi que ;e lai dit dans ma premiere Partie.

Après que les feuilles sont coupées, fendues en deux ou uois parties dansroute leur longueur, er quelles ont été amorties au feu ou au soleU, on les passeà moiaè dans le n coulant dune co.de, dont le bout est attaché à un arbre oui quelqu'autre corps solide. On tire en..uitc un des bouts assez fortement, pourtaire passer lautre partie au travers du nccud ; ce qui dépouille tous les filets dela raaücre dont ils étoient environnez. On remet ensuite la même fcuUle dans len coulant, et entortillant les filets déji dépouillez autour de la main on faitpasser 1 autre parce par le même niud, pour la dépouiller comme ia ¿remiereet on a de cette manière un fil naturel, très beau et très-fort. Les Oraïbes lerordent, et cn font de petites cordes pour rabancr leurs hamacs, qui durent biendavantage que celles dc coton. Ils cn font aussi pour leurs arcs. Ces cordes ne sontpomt sujettes comme celles de chanvre ou de lin, aux différens changemens que

ou la sécheresse causent dans ces sortes dc corder. On en fait aussi dela toile et des bas . j'en ai vu qui étoient dune très-grande beauté, ct fort frais.ft d'vm très-bon usé.

On prétend que la racine cc les feuilles dc Caracas broyées a jenées dansune nvierc enyvrcnt le poisv>n d'unt telle maniere qu'u flotte sur l'eau, et se lais.scprendtc â la main.

On dit encore que la déc,<tlon de ses feuilles, avec un peu de chilé ou poivred Inde, c'est-à-dire dc piment, est un purgatif également bon et bénin, qui étantdonne aux femmes accouchées depuis peu dc jours, les rétablit promptement ensanté, et leur redonne leurs forces. Us feuilles étant cuites au feu, on en exprimeune liqueur comme .:ne espèce dc vjn qu'on regarde comme un remède spécifiquepour les Astmïtiques. Et ces mêmes fcüUles étant pilées et appliquées en manierede cataplasme sui des membres froissez, ou qui ont des débilitez dc nerfs qui lesprivent de leurs fonaions en tout ou en partie, les rtmc«ent infailliblement daleur premier état. ^'^

Il y a pl-usieors espèces de cene plante qui ne different entr'clles que par f.grandeur de leurs feuilles : on s'en sert de toutes pour les mêmes usages av ""cette différence, que plus les feuilles sont petites, plus aussi le fU qu'on en tir-est beau, fm ct déHé, ct les ouvrages qu'on en fait plus recherchez. '^*"

Les Médecins disent que ente plante est sèche ct froide, ct que son suc prisintérieurement ou appliqué sur la poitrine, guérit les fièvres. Je n'ai point vÙcette opération, ainsi je n'en dirai rien.

Page 6: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

L'indigo est composé du sel et de la substance des feuilles, ct dc l'écorce d'imeplante qui porte le même nom; de sorte qu'on peut dire que c'est la dissolution oudigestion de la plante, causée par la fermentation qu'elle a excitée dans l'eau où onl'a mis tremper.

On a fait autrefois beaucoup d'indigo dans la Paroisse du Macouba, Il n'y a niruisseau ni riviere où l'on ne trouve des indigoteries, c'est-à-dire, des bacs ou cuvesde maçonnerie bien cimentées où l'on met en digestion la plante dont on tire cettecouleur.

Ces cuves sont triples pour l'ordinaire les unes au dessus des autres en manierede cascade; en sorte que la seconde qui est plus basse que le fond de la premierepuisse recevoir la liqueur contenue dans la premiere, lorsqu'on débouche les ouver¬tures qu'on a ptatiquées dans le fond de la premiere, et que la troisième puisserecevoir à son tour cc que la seconde contenoit

La premiere, la plus grande et la plus haute de ces cuves s'appelle la trempoireou la pourriture; on lui donne ordinairement vingt pieds de long sur douze à quinzepieds de largeiu, et trois à quatre dc profondeur. On nomme la seconde la batterie ;elle est presque de moitié plus petite que la premiere. Et la troisième qui est beaucoupplus petite que la seconde, s'appelle le diablotin.

Les noms des deux premieres conviennent parfaitement à leurs usages, parcequ'on met tremper la plante dans la ptemiere où elle fermente, se macere et devient

comme en fumier et pourriture, après que les sels et la substance de la feuille et del'écorce se sont répandus tians l'eau par la fermentation que la chaleur et la maturitéde la plante y a crxcitée. C'est dans la seconde qu'on agite et qu'on bat cette mêmeeau imprégnée et chargée de sels de la plante, justqu'à ce que les ayant ramassez,réunis ct comme coagulez les uns avec les autres, on ait formé les grains qui com¬posent la teinture.

Quant au nom de la troisième, je ne voi pas bien comment il lui convient, àmoins que cc ne soit, parce que cette cuve est plus colorée que les deux autres, àcause que l'indigo déjà formé y séjnurrunt, la teint et la colore par conséquenti?eaucoup davantage.

A quoi je dois ajouter, qu'il n'y a qu'à Saint I^Dmingiie qu'on se sert de ceterme. On appelle reposoir cette dernière cuve aux Isles du vent, ct ce nom luiconvient parfaitement, puiscjuc c'est dans celle-là que l'indigo commencé dans latrempoire. et perfectionné dans la batterie, s'unit, se met en masse, se détache des

parties d'eau qu'il avoit encore, les pousse au dessus et se repose au fond de la cuved'où il est tiré pour irre mis dans des sachets, et ensuite dans les caisses comme nousle dirons ci- après.

O.l ne doit rien épargner pour la coiistrucnon et la solidité de ces cuves; laforce df la fermentation est s; grande, qu'a moins que la maçonnerie et l'enduit nesoient très-bien faits, et tî'un ciment choisi ct travaillé avec soin, elles se fendent, et

il ne iant qu'une fente très-médiocre pour faire écouler une cuvée d'indigno, et causerune perce considérable au propriet..irc.

®

J /j A-.^«y.ir/ o ^J^M'A^-^' /'letJt.^t*. .\V.-.'-.v ././</ .'..../i.t. . Í-..I- .'.-^ y\»».*.A/>' y/i. <;.;. - y .

^^

Quand cc malheur arrive, voici un remc-de aisé et infaillible, et dont je puisrépondre, parce que j'en ai l'expérience. Prenez des coquilles de mer de quelquer-spéce qu'elles puissent être, pilçz-les sans les faire cuire, réduisez-les cn poudre, etles pa.v.ez par le tamis fin. Prenez dc la thaux vive en même quantité, et passée autamis; mêlez ces deux <:hoses ensemble avec autant d'eau qu'il en faut pour faire unmortier ferme, et avec le plus de diligence que vous pourrez remplissez-en les fentesdc vos cuves. Cette mixtion fait corps, s'arrache ct se sèche dans le moment, ct remédiesur le champ à l'ècoulcracnt de la matière qui sortoit de la aive.

Page 7: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Tout le monde sçait ou doit sçavoir, que l'indigo est une teinmre dont on sesert pour teindre en bleu les laines, les soyes, les toiles et les étoffes à <qui on veutdonner cette couleur.

Les Espagnols l'appellent anillo. Le plus beau qui se fasse chez eux, c'est-à-diredans la nouvelle Espagne, vient de Guatimala, ce qui fait que bien des gens l'appel¬lent simplement Guatimalo. On en fait aussi dans les Indes Otientalcs, particuliè¬rement dans l'Empire du grand Mogol, au Royaume de Golconde ct autres lieux desenvirons, comme M. Tavernier le rappone dans les relations de ses voyages. Onappelle celui-ci en Europe plus communément, de l'inde que de l'indigo ou de l'annil,prenant pour nom propre le nom du pays où U a été fabriqué.

L'Indigo est une plante qui croîtroit jusqu'à deux pieds de hauteur, et f)eut-être même davantage, si on ne la coup)it p.is. Dès qu'elle sort de terre elle se diviseen plusieurs petites tiges noueuses, et garnies dc beaucoup de petites branchescomme des scions, qui ont chacune quatre ou cinq et jusqu'à dix couples de feuillesterminées p;ir une seule qui fait l'extrémité. Ces feuilles sont ovales, tant soit peupointues, 3S.sez unies ct fortes, d'un verd brun par dessus, plus pâles ct comme argen¬tées par dessous, elles sont charnues et douces au toucher. Les branches se chargentde petites fleurs rougtfàtrcs, dc la figure à peu près de celles du genêt, mais pluspetites, ausquelles succèdent des siliques d'environ un pouce de longueur ct de peude gtos-seur, qui renferment des graines ou semences apprcxhantcs pour la grosseuret la consistence dc celles des raves, d'une couleur rouge-brune.

Cette plante demande une bonne terre,.^rasse, unie, et qui ne soit point tropsèche; eile mange et dégraisse beaucoup le terrain où elle croîr, et veut ètte seule.On ne peut prendre trop de précaution pour la tenir nette et empêcher les herbesde quelque nature qu'elles soient de croître auprès d'elle.

On sarcle et on nettoyé jusqu'à cinq fois le terrain où l'on veut planter la grained'Indigo. Il me semble qu'on devroit dire semer, mais le terme dc planter est consa¬cré dans nos Isles, te je ne croi pas me devoir brouiller pour un mot avec nos habi¬tans. estimables par une infinité d'endroits, quoique dans l'habitude d'estropier laLingue Françoise. On pousse quelquefois la propreté si loin qu'on balaye le tetraiiicomme on balayeroit une chambre. .Après cel?. on fait les trous ou fosses où l'ondoit inenro ies graine-. : pour cet ettet les esc'aves ou autres qui doivent y travailler,se rancer.r ^. i.:ie miViie lirnc à l.i tèi <. Ol! :r.iiri, et iiiarchant à roculoii.s, ils font

de pcrittr, liasses de la largeur de Icar ¡'. Jl la profondeur de deux à trois [K>iices,éloignées en rous sens 'es unes des urrc, d'environ un ined, et en ]it;ne droite leplus qu'il est possible.

Lorsqu'ils sont arrivez au bout du terrain, chacun se munit d'un petit sac degraines, ct remontans sui leurs pris, ii.s mettent dans les fosses qu'ils viennent de faireonze ou treize graines.

Ce travail est le plus pénible qu'il y ait dans la Manufacture de l'Indigo; car ilfaut que ceux qui plantent soient toujours courbez, sans se redresser, jusqu'à ce quela plantation de toute la longueur dc la piece soit achevée; de sorte que quand elle estgrande, te qui arrive presque toujours, ils sont obligez de demeurer deux hcurtrs, etwjiivctir .iavantagc dans cette posture

Lorsqu'ils sont arrivez au haut de la pièce, ils reviennent sur leurs pas etrecouvrent les fosses où ils ont mis la graine, en y poussant avec le pied la terrequ'ils cn ont tirée, et ainsi la graine se trouve couverte d'environ deux pouces dcterre.

Quoique toute saison soit bonne pour planter l'Indigo, il faut fxxirtant se biengarder de le mettre cn terre dans un tems sec; il est vrai que la graine peut se conser¬ver un mois entier en terre, sans se gâter, mais on s'expose lorsqu'on plante ainsi, àla voir enlever par la vermine ou par les vents, ou étouffée par les herbes qui naivsent avec elle, de maniere que les habitans .sages ne risquent jamais dc planter à sec,c'est-à-dire, dans un tems où probablement ils n'espèrent pas de la pluye, un, deux,ou trois jours après que la plantaison est achevée. On choisit donc pour l'ordinaireun tems humide, et qui promette dc la pluye, et alors on est sûr de voit la plantesortir de terre trois ou quatre jours après qu'elle y a ètè mise.

Quelque précaution qu'on air prise pour nettoyer le terrain où les graines ontété plantées, il ne faut pas s'endormir quand l'Indigo est hors dc terre, parce que labonté du terrain, jointe à l'humidité et à la chaleur du climat, et aux abondantesrosées qui tombent toutes les nuits, fait naître une quantité prodigieuse d'herbes quicioufferoient et gâteroie&r absolument l'Indigo, si on n'avoit pas un soin extrêmede sarcler dès qu'il cn paroît, et d'entretenir la plante dans une propreté extriordi-naire, souvent même les herbes sont en partie cause qu'il s'engendre une espèce dechenilles qui dévorent cn moins de rien toutes les feuilles.

Depuis que la plante est sortie de terre, il ne faut que deux mois pour qu'elleait atteint une parfaite maturité, et qu'elle soit cn état d'être coupée : si on attendoitdavantage elle fleuriroit, ses feuilles deviendroient plus sèches a plus dures, ellesdonneroient par conséquent moins de substance, et la couleur en seroit beaucoupmoins belle.

Après cene premiere coupe on peut continuer à couper les nouvelles brancheset feuilles que la plante ptoduit de six en six semaines ou environ, supposé que letems soit pluvieux, et qu'on prenne bien ses mesures pour ne pas couper dans unrems de séchefc.s.sc. parce cjue l'on [)trdroit ini.iilliblemcnt la plante, ou comme onparle d.i;r ';; [< ' ^ln -..ijuc -, c. .l'U;:-. (;,". '.criut ol'.iigt li^. r-.plantcr; mais toutesciio.se;. ct.in! l^ieri mcnagees, la plante peut durer deux aiir; -es, après quoi il fautl'arratiiei ei plante: tic nouveau.

La plante ét.mt .irrivèe à sa te <,u ;)!; reeonnou aux feuilles qui de-vieniienr [ (.,.>: il es er inoiiis ..i¡i:pli.-. on !.: '.ciupe a (jut Iqu^'S pcaiie:, lior^ deterre. On se sert pour la couper de grands couteaux courbe-, faits en maniere dcfaucilles. Quelques ha'pitan-- en frmr des faisseaux comme lies doubles h)Oii(s de foinafin qu'un iNegre les puisse porter aiiement à !a trempoire, m. us la plupart la met¬tent dans de grands morct-aiix de i>r"sv te^ile tju'on lie par ic ouatre coins, et celaest plus coin)iUM.!e. l.i plantt es; ,iii»ius m.inif}c et moins foulée, et celles qui sont{x.cites .sont eni|xjrtees aus.si siiicineiit '.jue les grandes, tt d'ailleurs on fait le tr.i-vail avec plus de diligence de trttt rn mien, la que de faire de. .U>ttes, et comme letems esi jiréeiei)^ par loiit < i vnr 'on' ;\me''ii.)ue 'm iv s.-iunit trup prendre de,l\ v...ll!Ui;i ; ..I .; t I, \t,.!\\l \: Í

Page 8: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

©Dix-huit ou vingt paquets d'herlies de la grosseur chacun de deux bottes de

foin ou environ, suffisent pout remplir une trempoire dc !.i grandeur que j'ai ditci-devant. Après qu'elle a ité remplie d'eau cnsorte qu'elle couvre les herbes, onmet des pieces ele bois dessus afin que les herbes ne s'éleveiu point par dessus l'eau,à peu près comme on fait sur le raisin qu'on mer au prcssou, et on laisse fermenterle tout. Selon que la chaleur est plus ou moins grande, et que l'herbe ou la planteest plus ou moins mûre, la fermentation se fait pluttk ou plus tard, quelquefois ensix, huit ou dix heuies, quelquetoii on «.se obligé d'attendre ju.squ'à dix-huii et vingtheures. Il est très-rare que cela aille jamais plus loin. On voit pour lors l'effa dehl fermentation, l'eau s'échauffe er 'oouillonnc de »ous côrez comme on voit le raisinbouillir dans la cuve, et l'eau qui étoit claire-au commencement, s'épaissit insensible-.iieut a devient d'une touleut de bleu, tirant sur le violet. Alors Siins toucher en

aucune façon aux herbes, on ouvre les robinets qui sont au fond dc la trempoire, eton laisse tomber dans la batterie toute cette eau chargée des sels et de la substance

dc la plante que la fcimentation en a détachez; et pendant qu'on jette comme unechose inutile, et presque pouric, l'herbe qui étoit dans la trempoire, et qu'on lanettoyé pour la remplir de nouvelles herbes, on bat l'eau qu'on a fait tomber de latrempoire dans la batterie. On se servoit autrefois d'une roue à palerttes dont l'essieuétoit posé sur le milieu de la cuve, et que l'on rcmuoit par le moyen de deux mani¬velles qui étoient au bout du même essieu. Au lieu de palettes on y a mis ensuite depetits caissons sans fond, et après cela d'autres dont les fonds croient percez de trousde tarière; à présent on se sert d'une espèce de sceaux assez grands attachez à defortes perches posées sur des chandeliers par le moyen desquels les Nègres élèventl'eau, la banent et la remuent violemment ct continuellement, jusqu'à ce que les selset autres parties de U substance de la plante se soient mis etuemble, et comme coa¬gulez suffisamment pour faire corps. C'est à prendre ce moment bien juste que l'onreconnoît la science de l'Indigotier, c'est-à-dire dc celui qui conduit le travail del'Indigotcrie. Car s'il fait cesser dc battre un peu trop tôt, le grain qui n'est pas encorefotmé demeure répandu dans l'eau saos couler et s'amasser au fond de la cuve, et seperd avec l'eau quand on est obligé de la lâcher, ce qui cause une perte considérableau propriétaire; ou, si étant formé on continue dc la h«ttre, on le dissout, et on tombedans le même inconvénient. Il faut donc prendre ce moment, et aussi-tôt qu'on l'atrouvé il faut cesser de battre, ct laisser reposer la matière.

On se sert pour le trouver d'une petite tasse d'argent destinée uniquement à cetusage; on la remplit de cette eau pendant que les Nègres la battent, ct selon ejoel'on remarque que la fécule se précipite au fond de la tasse, ou qu'elle demeurerépandue, on cesse, ou on continue dc batue.

Après qu'on a cessé de battre, on laisse reposer la matière, la fécule se précipiceau fond de la cuve, ct s'y amasse comme une espèce de boue, et l'eau déchargée detous les sels dont eile avoit été imprègoéc surnage au dessus, et s'éclaircit. Pour lotson ouvre les robinets qu'on a pratiquez dans la batterie à différentes distances dufond, et on laisse écouler cette eau, et quand on est arrivé à la superficie de la fécule,cn ouvre les robinets du fond afin que toute la fécule tombe dans le diablotin oareposoir.

C'est là qu'on la laisse se rasseoir encore un peu dc tems, après quoi on lamet dans des sachets de toile de quinze à dix-huit pouces taillez en pointe, où elleachevé dc se purger du reste de l'eau qui étoit encore restée entre ses parties. Quandcela est achevé on l'ètend dans des caissons de trois à quaae pieds de long sur deuxpieds de large, et environ trois ponces dc jîrofondeur, et on l'expose à l'air pour lafaire sécher entièrement.

On observe de ne la point exposer au soleil parce qui! mangeroit la couleur eola séchant, et o.''; ,'. ua ires-graiid soin de la garder dt. la pluye .«arte qu'elle la dissoudroit et la gâteroit entièrement

Il arrive ejueiquefois que les chenilles se merrent dan 1 indigo, et pour peuqu'on les y souffre elles mangent toutes les teuiUes, souvenr même jusqu'à l'et-orccet le hour des hri-nrhes, et font mf/iirir l"s souches; c't.'st ¡icr'lr" snr. 'ems de vouloirles détruire ou les empêcher dc ravager toute une pièce, en leur coupant chemin parquelque fossé. Le plus sûr est de eoujjcr promptement l'indigo à quelque âge qu'ilsoit, et dc jetter pèle mêle dans la trempoire les plantes tt les chenilles, elles ren¬dent en crevant ce qu'elles ont dévoré, et l'indigo n'en est pas moins beau.

Il est vrai que quand la plante n'a pas atteint sa parfaite maturité, elle rendbeaucoup moins; mais plu-sicurs expériences ont fait connoitre que la couleur qui envient est beaucoup plus belle, de sorte qu'on gagne d'un côté ce qu'on perd de l'autre.

L'Jndi^o .'.e vendoit aux Isles du Vent en I6y4. depuis trois livres dix solsjusqu'à quant livres la livre, selon J.: beauté ct le nombre des batimens qui étoienten charge. Je l'ai vu depuis à un prix bien au-dessous de celui-là; quoiqu'il en soit,l'habiipnt ne laisseroir pas de faire un profit très-considérable, quand il ne le vendoitque quaranre sols la livre; parce qu'il faut bien moins d'attirail ct de dépenses pourcette Manufacture que pour une sucrerie.

Page 9: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

©Je m'avisai eiKore de faire travailler un autre arbre, que l'on n'avoit jamais

mis à aucun usage. On l'appelle figuier sauvage. Si la bonté répondoit à sa grosseurct à sa grandeur, ce -seroit une espèce dc prtxlige. J'en ai vu qui avoient plus dcvingt pieds de circonférence au-dessus des cuisses qui le soutiennent : car quoique lecx>rps dc l'arbre soit forr gros, ct autant garni de racine qu'auctm des autres arbres,qui à la vérité en ont assez peu comme je l'ai remarqué dans un autre endroit, il est.«oûtcnu par des cuisses, comme par autant d'arboutam qui l'appuyent de tous cotez,qui occupent rant de terrain que j'en ai mesuré, qui dc l'cxtrémiré d'une cuisse à celle

qui lui etoit opposée, y compris le diamètre dc l'arbre, fai.soieru plus de soixante etoix pieds dc diamètre. Quoique cette largeur paroisse exorbitante, la nature toujours

sage dans sa conduite et dans ses producticms a pourvu par ces puissantes cuisses aubesoin qu'avoit cet arbre d'être fortement soutenu, à cause de ia quantité dc très-

-grosses braïKbcs quil pousse et qui .sont si étendues, et si remplies d'autres branchesmoyennes, couvertes ou plutôt char¬gées de feuilles, que sans ce secours,il lui seroit impossible dc résisteraux vents même médiocrçs, bien loin

dc pouvoir se soutenir dans ces tem¬

pêtes horribles, qu'on appelle oura¬gans.

Le bois ct l'écorce dc cet arbre

sont presque entièrement semblablesau figuier franc, mais ses feuilles

approchenr plus pour la figure decelles du noyer que d'aucune autre,elles sont fortes, douces, Lissées, d'unverd clair luisant par-dessus et pluspâle par-dessous, et cnsi grand nom¬bre, qu'elles font un ombrage impé¬nétrable aux rayons du Soleil, quel¬ques vifs qu'ib puissent être.

Les fruits sont de pcrites figuesun peu plus grosses que des oeufs

de pigeon, qui ont un goût fade, quifait qu'elles ne sont recherchées quedes oiseaux : leur peau devient pres¬que entièrement jaune quand ellessont mûres, ce qui n'artiveroit point,à cc qu'on prétend, si cettaincs mou¬ches ne les piquoient.

J'avois bil abbanre i)uel<|ueviint Jr (,s jrbre) |X>ur hcùler. c|uaiqiM' n m wt:pas un fort hon bois pour dtsuffcr; a»u ils nccupuicm un lefrjin, dont j'svu0 ifaite ; foblifcai cstfin nés xieurs <k k>ii^ nalpi luuac Irucr^pujinancc, (Ten scierquelques btllca. 11 en vrai qu'il oi difficile, paicc qu'u est on peu coionncua: maisromme ii esc blaac. plein, ci sans nonids, je voulos nw quel effet foroicnt 1rs pun¬ches qui en scnicm faites. }e ne ne trompai pas; j'en eus ilr ion bdlcsi, « oa pruiCB tim dc quelque largeur qu'on en puisse souhaiict, attendu la jçiomcw de cesubces. Elles sont Wjeres quand elles sont scchcs, ct elles sc<tirni prompiesnent ; ellessont iT^proprea k faite des lambrb et autres rMvnjecs i)ui ne demandeiu pas dubois bien fort. II letoii excellent pour la Sculpture âani ivtnmc 'il est, dnux, liant, etsans noeuds. Noa Ntptt s'en scrveitt pour faite drs jcamellrs, c'cst-i-dire. des scbilles,des platt, des asaictirs. des cueillicn, et aunes ustrtKilln de tattap, pacct qu'il Mcnupc ais6iseai. ct qu'il n'est pôiiK du icaii feitdanL On dii qur les poux dt bois s'yattachent iacSeiBCnl. ;c le dpirots bien : cependant je i>e l'^i pnint rcntirqur (htmtvlui que j'ai lai) meure en oeuvre.

lorsque le (tuii dc cet arbre csi mûr, rot le rendn-vous de louics sortes il'oi-ftaut, ct sur loui do grivn ou tnur>lcs v)ui ruitmni, cl qui .«'cii .itgn'an.m i, nwi-veille. 'Cet oisca* car trfo-boiL II jr en a dc dru» nories; les unes orH 1rs pieds gfii . le»autres les ont jaunes; ces dcmiefcs sont ttxifours les plus jrastcs. ct pat {nns«)uenr lr?plus leitdtcs, « kl pius dtíicaica. Ca oiseaux Trvlrm cite jcvls, ci les nsahirs des ar¬bres où ils K nncoeuent. sana penaenrc aux autres oiseaux de venir amngrr avcr eux.Ils >ÍHtfacnl il grands owpa dc ber. 1rs r»ni>rr>. le* im-fln. 1rs pi-mvium ti aiMira. t-cs

mlaiu cn pcmncm ymnt'tti avcr Jes iktikIs ciniUiu qui Simm laiu dr t'rin dr ch>.-viil.

Page 10: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

®Les Franchipannes rouges et blanches vicnneni sur un arbrisseau qui n'a rjcn

de beau que ses fleurs. Lt pied vient assez gros et )ette quantiré dc branches, maismal faiies et encore plus mal disposées. Lo bois est blaochârrc, l'écorce est d'un verdpâle ; il est tentlre. sporsgieux ct rempli d'une nioijcllc blanche comme le sureau, sesfeuilles sont longues et plus larges à leur extrémité qu'au bout qui les joint à labranche. Les fleurs naissent par gros bouquets dans le milieu des feuilles qui neviennent pour li^rdin.ure qu'au bout des branehe> , elles ressemblent assez aux Lis,excepté qu'elles sont plus longues, en plus grande qviatuité, plus étroites, plus souplesct moins épaisses. Leur txlcur est douce et agréable; les bouqueo cjuc ces fleursforu naturellcmcnt, sont attachez à une queue qui sort de deux pouces du milieu desfeuilles. Cet arbrisseau porte des fleurs route l'année. Il vient de bouture fon faci¬lement Il faut observer de fermer avec de la dre noire, dont je parlerai dans unautre lieu, le bout coupé que l'on met en terre, ct faire deux ou trois petites incisionsdans la partie qui est enterrée pour déterminer la fève dc la branche à s'écoulerdoucement par-là, et y prcxhiire des ratines ; en moins dc quatre mois il est repris,pousse des feuilles ct dô bratudies et pone des fleurs.

Les Grenadiers communs viennent fort bien ct sont toujours couverts de feuilles,de fleurs et de fruits. Il y a comme en Europe des Grenades douces ct tigres, maisles Grenadiers nains sont les plus beaux arbustes que l'on puisse voir. On les peutretenir à la hauteur dc dix à douze p>ouccs. On cn peut faire des bordures n lestailler à peu près comme le buis, satu que cela les empêche de produire des fleursct des fruits, ejai par rappon à leur pedtesse « à la délicatesse dc leurs branches,ne semblcroiciu en être jamais sonu, si on ne Jes y avoit vus anaciiez, car ils sont dcla grosseur ordinaire des Grenades, ct d'un goût bien plus agréable et plus savoureux.On a soin de metue des morceaux de planches ou de thuiles sous les fruits, sans quoiils périroient sur la terre où ils sont, l'arbre ne les pouvant soutenir.

i'.ift-i'irj-^re rliH l-re:

Un arbre don' on ne peur ^e

passer daivs une habitati' n. est uncalcbassie:. Les F.spagno'*: l'appellent, Higuero Son étone est blan¬châtre ct rjb(!:eusc; son huis est pius co'iacc que dur, il vient mieux dc boutureque de graine, et porte bien plutôt; il s. Transplante aisément

Page 11: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

J'ai parlé jusqu'à présent des herbes potagères tjui sont venues d'Europe, envoici trois csp>éccs qui sont originaires de l'Amérique ct dc l'Afrique.

La premiere est le Guingambo, elle aoît d'ordinaire de U hauteur de cinq iSIX pieds, SCS feuilles qui sont grandes, ridées, rudes n découpées, ressemblent assezà celle de U guimauve.

S* fleur est d'un blanc tirant un peu sur le jaune ct sans odeur paniculierc';c'est une espèce de cloche composée dc cinq feuilles rondes i l'extrémité, de couleurrougeâtre qui renferme un pistil en forme de cloud, avec de petites barL>cs ou èti-mincs dc couleur jaune.

Ce pistil se change cn un fruit dc la grosseur d'un oeuf moyen tpù est composédc plusieurs côtes. Il renferme quantité de graines grisiucs dc la grosseur des petitspois dc France. On fait cuire ce fruit avec la viande ; il ex assez bon quand il estjeune, parce que pour lors il est tendre, mol, se cuit aisément, et donne du goût aubouillon, mais à mesure qu'il mûrit il devient dur, ct si fort qu'il n'est plus sup>-portable. A quelque ige qu'on le prenne, il n'y a gucrcs que des Nègres, des engageza dc pauvres gens qui cn usent, ausquels il faut joindre les filles ct femmes aéollcsqui mettent daru un ragoût qui leur est particulier ct qu'on appelle Callarou, toutessones d'herbes, et sur tout les plus mauvaises et les plus dégoûtantes. Je parleraidans un autre eiuiroit de ce ragoût aéolle.

Il y a deux espèces dc Guinguambo distinguées seulement par leur fruit. Lapremiere est celle que je viens dc dèaire. Quant à la seconde, elle pone des fruitsplus petits, plus ronds ct plus longs, ct dont la pointe est recourbée ctunmc celle descornichons.

La seconde herbe potagère est appellee Moussembey ; sa tige qui est fort bran-<huc est chargée de deux sortes dc feuilles; les unes qui sont fon petites sont atta¬chées trois à trois à une queue asseï courte. Les autres qui sont beaucoup plusgrandes a divisées pat quatre coupures en cinq parties inégales, sont soutenues par

une queue ronde ct veloutée. Sa fleur se forme d'un bouton ovale qui se partage cnquarre panics, du milieu desquelles son un petit pied qui porte t^atre früillcsblanches ovales longues. Cest ce pied qui soutient le fruit qui n'est autre chosequ'une silique tpi renferme beaucoup de pcrites semences ou graines griiitres quiont à peu près la figure d'un rognon applatL Ces siliques ont quaue à cinq poucesde long sur cinq à six lignes de large.

On voit assez par cene description, que cc fruit n'est j>as d'un grand usage, etqu'on ne se sen que de ses feuilles. Ceux qui les employcnt sont à peu près les mêmesqui se servent du Guingambo.

Les Pois d'Angóle sont originaires du Royatune de ce nom sur la côte d'Afrique,d'où ils oot été apportez aux Isles par les vaisseaux qui vont chercher les Nègres ences quartiers-là. Ils ressemblent assez à nos pedrés fèves, excepté pour la couleur ;car ils sont bruns, aussi viennent-ils dc la côce des Nègres ; ils forment un péritarbrisseau fort agréable qui dure sept ou huit ans, et quelquefois plus selon labonté du terrain ; il fleurit et pone da fruit pendant presque toute l'année ; l'écorcede l'atbrisseau est verte et fort mince, il est assez branchu, ses feuilles sont longues,ècroircs, minces, et d'un verd un peu brun...

Nouve*a e/^uyj;* aux ùles Françotses de .^Amérique ii69fi)

Page 12: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

®

JB ne 3Ç»i comment j'ai différé jusqu'à prtwnt à parler dti Coysve», qui est iln

fruit très-bon, et si commun dsnj route l'Ameritjue, qu'on en trouve pax tout, etsouvent où on ÍK voudroii pai et plus <)u'on en voudroit, parce que l'srbrisscau

qui le porte vient rr^facOement par Iour où m Jir^inr tombe, et remplit en peu detenu les aavannes. Ce ituit texscmble assex i U pomme de rsinetie, excepté qu'il atuse ooortmne i peu près ctx&tnc celle de la grenade, sur le bout oppoaé à la que\>ë.Soo écotce pairolt unie et douce, qusjid oo la refarde de loin, mais on U tiouve rudea pleine d*io¿g*üiez hxsqu'oo la considcfc de plus près. Elle a trois lignca ou envi-roo d'épaisseur, cjnaod je fruit est enctx'e verd, ct un peu davanta^ lorsqu'il a tootesa nsaiurité. Elle renferme une subauncc rouge tn blandse, selim la qualité ou Tes-pece du frujt. Cette subatsocc avant d'être mûre est dc U consistence d'une poauneeu d'une poire verte, mais elle devictu oonme le dedatu d'utte nèfle bien marc,ouaod elle a toute aa maiurité. Cette subatanoe renferme ct est m¿lée d'une quantitéde petites paioes blanches ou rougdtrcs, fon inégales et laboieuscs, de la groaseurd'une graine de navette, » dures qu'elles rtC se dijcreru jaraait. Les hommes et lesanimaux les teodcni comme ils les ont pris, saru que la chaleur ruiurcile lû le fer-mcoi de la digestion j ajrcnt lait aucune impccision ni pu étetixire ou rDOcTifîcx leurgecmt. Dc-U virru que les animaux <]ui en ont mangé, les rettderu avec leurs excrc-mcns darts les savannes ou prairies où ils paissent toute l'année, ils prenrteiH taáne,levetM et pcoduisent des arbrisseaux qui couvriroient et giteroiem enrierement lessavaiuKs si on a'avtw pas aoib de les arracher.

U f a des Goyaves dc plusieurs cspcccs,'lcs plus connues soot le< blanches etles rouges, La ooulcut de la peau dc toutes les deux est la même, c'csri-dire, vertesavant qu'eUes aoiou ntftret. et d'un iaonc de eima quand elles le aooL Maia lesimes ocu le dedans biaise; ct les autres l'oot ttwge, ou pour parler plus juste de cou¬leur de chair. Les graines ou pépins qu'elles tcofeimem sow de la coulrur de lapolpe.

On dit que les blanrhrs aoot plus délicates que les touges. J'ai mangé des uikcset des auties une ioAnité dc fois, aans y txowcr de iliffereiKe quajid elles se sont trou¬vées dans un même degré de maturité, ct daru la même cxpositioD aa solciL Car il estcemio que les fnùts d'un même arbre diffcrcat en bonté, selon qu'ils sont placez ducAeé da midi tn du septcsurioo : que les premien m&riasau bien mieux, er otu leursuc plos cuit et plus épuré que celui des sectxids. Cette differeiKc se remarque ciKX>rcdans te même fruit, dont le cAté qui est continuelleinetu exposé an soleil, est tou¬jours plus colocé ct meiUeui que celui qui a'/ est pas exposé.

L'arbre qui produit les Goyaves, ou le Goyavier, est pturAt on arbrincau qu'unarbre. Je n'en ai point vu ({ai cttt plus de sept k huit pouces de diamettic L'écorcem grise avec de pctittj taches brunes, elle est ftxt mince, et fon adhérente au boispendant que l'arbre est sur pird, mais elle se détache aiséinent, se fend ct se couleausi-tAt qu'il est abbaru. Le bois est giisitre-, les fibres soot longues, fines, preMées.ffiéicci et flexibles, ce qui le rend coriace cf diilioic à cuuper. ba feuille est pommepar les deux boua, trois lois plus loogue que large, assci bien nourrie, rude au tou¬cher, d'un vcrd pâle ; elle est traversée dc beauctxip de nervures. Cet arbrisseau poussebcauoxip dc branches, et quaiuiié de fcüdlcs toujours couplées.

Il fleurit detix fois l'anoéc Sa Qcur ressemble assez k une fleur d'oranger épa.ooûie; elle est bUoche, clic a une odeur fon douce ct agréable, mais beaucoup moinsde consi iretace que la flctir «Torange; il porte do fruit en abondance. Comme ontrouve de ces arbres daiu tous les endroits, on trouve aussi dans les saiiont de la

macuiii^ de Ictus fruits des txscaux de toute espèce qui s'y asscmblciu pour les maa-get. Les ptntxfstea, les periquea, '.es Aras, les ramiers, les merles rcchercheot cesfnúcs, en mangetu ipantité ct l'en engraissent extrémemenr On m sftr de ne pasmanquer de grives ou lourdes qtiaad les GoTaves soot mûres, car elles cn sooi fonfriaitdex et si gourmandes, qu'elles chassent à grands coups de bec les autres oiseaux.Cest poui lots qu'oo en prend en <]uantité. saiu se donner la peine de les tircT: cettechasse est pour les cofans, ils (oeit des actrapes avoc un crin de cheval ct une Goyavebien mure, ct cn prenoetu en quantité. Nous svons des gtivcs de deux sones, de gri¬ses rt de noires, celles qui ont les pievls jaunes sont toujours les plus grasses, et patconséquent les plus délicates.

Cc fruit est si sain qu'on le peut manger eo quelque état (]u'il soit, satu cruodrcd'en être incommodé. Si oo le mange vcrd il tcsserte le venue, ct si on le mange bienmûr il le lichc. Ses boorgcoos bouillis avec ua peu d'orge ct tic rcgiisac font unetisaiuM excellente pour la diaiéc, ct même pont le flux de sang lorsqu'il n'est pastrop mvetcre.

On mange cc fruit ca plusieurs manieres. Leí femmes, dont le goût est ocdi-naiiemcnt dépravé, l'aiment mieux verd que tfnnd il ex mOr. Je roc Suis irtniv*quelquefois dans tics maisons, où cinq ou six femmes ou filles Ocoles faiaoïencloltation ; je regardois avec ctootyjoeni co elles pouvoient manger desGuyavcs vertes, tics cannes dc suctc, des oranges, des melons d'eau et des ananas, cttout cela sans pain, sans vin et saru crevct. Est-ce la bonté des fruits ou celle de leurtempérament qui les ctsnservoit ?

J'ai mangé des Gojavcs cuites an lou» tt devant le feu. comme on fait cuiredes pommes, avec un peu de sucre. Cette manioc ^ n'est pas des plus usitées oelaisse pas d'être fon bonne.

La maniere la plus ordinaire île les accommoder, esc après les avoit pelées légè¬rement, de les ooupet par tranches et ks mettre pendant une demie beiue dara le vinavec on peu tic ptmdrc dc cancUc:

On ks met en compote co deux fafont. La premiere çst apria les avoir peléeslégèrement de les faire boûill» dana l'eaa dairc. )uaqu'á cc qu'elles soient k dcssi-cuircs. apcis cjuoi oo les retire et on les fai égonter. On les coupe aloes par moitiezou par quarticn. ct on achève dc les (aii« cuire daos un sircp clarifie et de peu dcoxuisteoce, dans lequel <xi met un peu île canelle cn bàion.

L'autre BBanJeie est de les vuidcx aprts tes avoir pelées, pour Acer toute lapulpe et les graines. On fair bouillir dana do siicrc darifié cette pulpe ct ces graine»,pcndaru cja'oa fait cuire à demi la chair du fruit dans l'eau claire On passe ensuitele sucre où la. pulpe et les graines oot boâslli, dans m linge, n oo les presse pour enexprimer tout le suc, et oo achevé de faite cuire les Goyaves dans oe wc avec unpeu de caiselle. Certe compote est boooe, elle est pectorale; oo eo donne auxmalades. '

On se sert encore des Goyaves pour faire dc la gelée. Pour cet effet on faitbouillir les Goyaves pelées et coupées par morceaux, jusqu'à oe qu'elles soient pres¬que cooson et qu'il reste peu d'eau. On la pccise poux lors daos un linge pouren erprimer nxit le suc, qu'on ache%-e dc faire cuire dans un sirop bien clarifié, et dcla consistence nécessaire. On y jeta quelcpics goûta d'essence d'ambre ou auoe; eale retiran! dc dessus le feu ef en refroidissant, d prend la ccxuisiencc de gelée. Si onveur lui dooner une belle oxjlcur rouge, il n'y a tju'à y mêler un peu de sirop ou dc)m5 rl'oje'Jlc de Guinée, ou de pocnmei de raquertcs.

Enfin on se sert des Goyaves pout faire des pires ct des candis, cotrunc on lait(ie^ autres friiit^

Le bois du Goyavier est tres-bon a brûler. 11 lait un leu vi( e: ardenr, ef durebc^iucoup. On en (>ii aussi d'ncrilcnt charbon pour les forges

Page 13: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

u V ^ trois espèces Ue sens».ves. à, ,e ne cra.gnois dc me trop éloigner ducntunent cotnuiun, ,c les réduirois à deux; à celle qui est épineuse, qii est la meU-

les fcmlles dc 1 une wnt plus grandes que celles dc l'autre. Tout le monde sçait quecette plan« est appellee «^itn^e, ou plante vive, patceque dès qu'on la touche. ¿>¡tsvcc un Uton, soit ave<: la maui, ses feuilles s'approchent l'une de l'autre, se fer¬ment, ct demeurent quelques momens comme collées ensemble, après quoi elles sel'^Z'Zf' '^''''^T' }'^- ""*°°° ordinaire. On se sert souvent de cette prtvprictè, pour «irprendrc la simplidté de ceux qui ne U sçavent pas et r^^ZSZ.ment des fille, à qui l'on fait aoire que le moulent de^ fe^'S' tS S^",de leur sagesse, ou du contraire. uiwquc

Je ne sçai où le Père du Tertre avoit les yeux quand Ü dit avoir cherché cettepUnte sans U pouvoir uouver à la Guadeloupe, et n'en avoir trouvéT^bTequ à S Christophe au Quartier de Qyonne. Rien n'est plus commun qiTS^!herbe Se quelqu une des trois espèces qu'on la souhaite à la Marrinique, la Gi^cloupe. l^Dominique. Marie<>al.nte, et autres Isles, on la trouve pSTUt f^lSisTe,^ °'"' " ^ '^°'^^¿°^-nt dans les terrains seTct arldtT^"« A^tJT^'^l ^'""^ "^ ^' ^'"* P""" ^" ^" «P""- ^^^ ^i"t de «meneeet de bouture. U raone qui prodmt ct qui soutient U tige est longue d'un demi-picdou envuon. assez gt«« tcts la superficie de 1. terre finissant encinte. clHtbrune, le dedans est blanc, moelleux, spongieux, sans o£ir. d'une savcuî^

pent à tcrtC, se pUent et s'entrclassent, elles sont souples, tendres, mSl¿^tSl^X'í^r "°.P^ °°í""' « ^°" P«-~^ Ses feûulcs viennent ;.u-^Chaque peate branche ou scion en * depuis on« jusqu'à quinze, Uest rare d«i trouver plus ou moins. Elles sont deux fob plus \o^ qH^^esd un verd brun par-dessus, plus dair par-dessous. Elles sont assez fo^q^qu'Scharnues, et toutes garnies sur le dessous et par les bords de petites ^inïfi^droites ct assez fortes. ^ '

« d/1^ "l"if î '""/ ^^"'^ "T ^"^"" ^' '1"='"^'^ ^' P«'° fiJ«^ blancs, finset déliez, loftg dun dcmr pouce, dont les extrémitez sont arrondies en forme de bou¬ton ;aune, en U place desqucUes on vou enfin sortu dc peutcs siliques brunes quilenferment des semences o^^llcs. planes, dures, brunes, eWi^ronnées^d'un petit uad une couleur plus brune. Chaque silique est environnée sur ses bords d'uTespecede cordon composé depcrites épines courtes, sèches, grises, qui semblent être di^^sèe, de maniere à empèdicr qu on ne puisse prendre les semences de la plante

Quelques gens prétendent que les feuilles dc cene espèce infusées dans dccau, et pris« comme l'Ipecacuanha. produisent le même eff«. S'ilne s'agit que dc

hure vomir ds ont raison; car rien au monde n'y.çst plus propre, mais Ü faut êtrehabdc pour composer un remède, d'un poison aussi vif et a4i fon qu'est le Tedes ^Ues de cene plante. Le Public me dispensera dc lu. apprendre ce que Tai«tendu due sur cea, Ü suffit qu'U sçadie que le remede u'Sque ct spSiqucon^e ce po«>n est la raane de la même plante préparée a prise cmme jcTdlaiavant de fmir cet article. '

®

J'enyi'ùve.

carrtmttm

Les deux autres espèces dc sensitives que le Père du latte regarde comme lesvéritables, et qu'il dit qu'il n'a trouvées qu'à S. Christophe, ne sont point épineuses.Elles croissent en arbrisseau. J'en ai vu par tout à la Martinique dc quatre ct cinqpieds dc haut, leur tige est délicate, fragile, moelleuse, couverte d'une écorce vcrtcmmce, assez adhérente. Elle pousse beaucoup de brandvs qui se subdivisent etirameaux ct cn petits scions où les

feuilles sont attachées deux à deux,de manière qu'en se rétrécissant ouse couchant, elles se referment pres¬que l'une dans l'autre : elles sont

d'un verd brun avec de petits pointsrouges. La fleur de cene espèce estun bouquet dc très petites itxscs àdnq feuilles de couleur bleue avec

un peu de rouge, ausquelles succè¬dent des siliques longues de deuxpouces ou 'environ, minces, délica¬tes, et remplies dc petites grainesplates, ayant presque la figure d'uncoeur, dures, « d'une couleur denoir lustré.

On distingue cette espèce cnmâle ct femelle, « cette tiistinction

se prend uniquement par la gran¬deur des feuilles qui sont plus gran¬des dans le mile que daru lafemelle. Mais avant de convenir

de cela, il faudroit sçavoir bienexaaeraent, s'ils sont dc même ige.dans un terrain également bon,dans une égale exposition, et bitnd'autres circotistanccs que je n'aipas examinées, et qui rae paroisscntassez peu importâmes.

Niuvcan i;,)a,^e a:tx islfs Fratiçoties dt l'Afin-riquc (169S)

Page 14: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Le bois immond est encore excellent f>our faire des lizJercs. Un lui a donnécc nom, parce qu'il dtue très-long-tcms, qu'il réprend aisément quand on l'a plantédc bouture, ct qu'en tjuclquc endroit que cc soit qu'on le mette, il est rare qu'il n'yprofite pas à merveille II porte des feuilles en quantité ; elles sont petites er déli¬cates, de la figure à peu près dc celles de la vigne vierge, ct d'un vcrd un peu pâle.D fleurit tieux fois l'année. Ses fleurs sont longuettes et rtxides, d'un rouge ft^t ècla-tanr ; dies ressemblent cn quelque chose au chevrefeûil. les siliques qui succèdentaux fleurs, x>nt à peu près coimmc celles des haricots de France, plus plates à lavérité, aussi ne sont-elles remplies (jue dc petites fèves noires, plates, assez tendres ctfon ameres. Je ne sçachc pas qu'on en ait jamais fait aucun usage. Les oiseaux mêmequi mangent d'autres graines fott ameres, ne touchent point à celles-là. On ne lesscmc point pour multiplier l'espèce de l'arbre, parce qu'il vient be8uct>up mieux dcbouture cjue dc graine. Quand il est planté seul, il vient assez grand et gros. J'en aiVÛ de plus d'un pied de diamètre, ct dc quinze à liix-huit pieds dc tronc ; mais cdaest rare. Le dedans du bois est blaivc, ses fibres sont longues et mêlées ; ct qpoicjucdéliées, elles sont fones et si souples, qu'elles ne rompent que très-difficilement ;elles sont toujours imbibées de beaucoup de scve, ct c'est ce <jui lui donne tant dcfacilité à prendre radnc où l'on le transplante. C'est im bois ftJrt coriace, ct parconséquent très-diffidle à couper. Son écorce est mince, assez adhérente, ct d'un verdirès-pilc. Elle est toute coupée du haut en bas par dc petites lignes un peu enfoncées,qui par la réflexion la font paroînc de loin comme grise. Le tronc et les branches sontchargez dc beaucoup de petites épines.

Lorsqu'on veut faire des liziercs de cc bois, on ouvre la terre par un petit fosséou rigole de sept ou huit pouces de large et de deux pieds dc profondeur. On étêteles branches qu'on veut planter, ct on les réduit à une hauteui à peu près égale, aprèsquoi on fait deux ou trois entailles vers le bout qu'on met cn terre, pour determinerplus aisément la sève à pousser des racines par ces endroits. On les met en terre à

quatre ou cinq pouces !es uns dtrs autres. On doit observer d'enircmclcr les branchesgrosses avec les pctiten, :ifin qu'dles se .soutiennent mieux, ct on doit prendre gardeen les plantant, de ne poin: écorcher leur pe^u ou èccrcc, cr dc ne point trop fouler laterre dont on remplir i* rigole, maisla combler seulement, a l'affermiravec le pied, et sur tout de choisir

un lems dc pluye pour rravailler àcet ouvr.igc. Quand le bois estrepris ct qu'il a poussa rte> jets assezgrands et assez fons, on peut les cn-trelasser et les lier ensemble pourleur faire prendre ccnc siruation quifomfie extrêmement une liziere, oules étêter afin qu'ils poussent plusdc 'Hanches, rr a.j'j^ dcviennrmplui forts.

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Lej Pommes Ju Li.-i,>:ies sont ies fruit:, de ccr ¡ains ozici.^. ou comme on du

aux Isles, dc certaines lianncs qui courent ct qui multiplient beJu«.oup. La feuilleest d'un très-beau vcrd, assez mince, divisée on échancrée en quarre endroits ; elleapproche de la vigne folle, la queue qui l'amche à la tige est asitj courte, clic estgarnie à sa naissance dc deux petites feiiilles ovales ct d'un filet assc:: long et tortillé,par lequel la tige se soutient en s'attachant à toot cc qu'elle renconrre ; les feuillessont cn grand nombre, ct font par conséquent un bel ombrage. Cette lianne portedes fleurs violertcs à leurs exnémitez, faites h peu près comme ilt:. clochettes d'unpouce dc diamètre, ct d'environ autant dc hauteur, ctxnposées de filets assez gros,dont les extréthltcz sont de couleur dc pourpre ; ils sortent d'un t'orid jaune, au milieu

duquel s'élére un pistil «ie même couleur, qui a un peu la Qgurc d'un marteau, quiest chargé tie trois petits boutons i^ ont celle d'un dou ; c'est cc qui a fait donnerà cette fleur le nom dc fleur dc la Passion. Les fruits qai succèdent à ces fleurssoot de la grosseur d'un et dc la même figure, excepté qu'ils soiu égalementpointus par les deux bouts. Leur écorce qui est verte au commencement, devientjaune quand le fruit est mûr ; elle n'a pas plus d'épaisseur qu'un écu, ni plus dcconsistence eja'xia parchemin. Elle est remplie d'une li<]ucur grisâtre, épaisse commede la gomme dètiêmpée et remplie de petites semences, grises, assez dures et fongluantes. Pour manger ce fruit on fait avec la dent ct le couteau une petite ouvertureà un des bouts, ct oo soce par-là tout ce qu'il contient, qui semble une gdée sucréedans latjudlc oo auroit mis du suc dc grenade.

Cc fruit est fo« boo pour la poitrii>e, il est rafraîchissant ct dc botme txlcur.On en donne aux malades.

Les rats en soot exaêmexocnt friands, ils oc maot^cnt jamais de se aouvcrsous cette plante, sur ttxit quand le fruit est mûr, et d'y attirer par conséquent lesserpens : os deux irxximmoditcz m'obligèrent bien-tôc à me défaire de ces liatmes.

Page 15: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Le Gingembre ck la racirse d'une plaine ^tn vient aiscz itxiilui, dont lafeuille longue, étroite, asset douce au touchait, est Kmblabic i celle des ro&eaux,excepté tju'elle est bien plus petite en toutes !' i,n<. La tige ne croit jamais à plusde deux pieds de haut, ses teijilles viennent coijplies lies deux côou dc la tige. Ellessont d'un verd gas, ()uand elles sont jeunes; elles ,sunissctu cn m&rissant, et sesechcsi entsercmcnt, lorsque la racine a toute la maturité qui lui est tscccssaiie.

Ces racines vicnneiu plates, larges et de diKereoies figures. Commurs^iDciK ellesressemblent k des paies d'cyycs, n c'est pour cela qu'oo les appelle da pata plutôtque des racines dc giogcmbrc; ella soru noueuses, chargea (fcxcreaccssca ct depctia bouttns. DUs sorx ircs-pcu avarst en terre, souvent même ella soot presqu*dehors ct tout k découvert. On en atMivc de larges cooutse la paulntc <le la main,n êpaissa d'un bon pouce. Leur peau est mince, de cixileur dc cbair, loraqu'clla sontvertes, et grisa, quand ella aoot sèches. La substance es» blanciic et fcnne, de lacoosistaisce da navet. Elle cal asaci compacTc ct pesante. Elle est traversée par da net-vnra ijui panent dc l'etidroai par ou elle icooir k la tige, et <]ui se rêpandeiu daruroute sa largeur ct longueur, crunme la muscles et la veina dans la membra ducorpa. Ces taervura sont rcmplja dun'suc plus piquant ei plus fort que le reste de lachair, qui est d'autant plus dcMCX, qu'elle est cloigrHT de ca mj-ruia ou qu'elle estmoins mdre.

CcTsc planrc '<rrr uikc bcMuxc tcrrc, mass un peu légère, c'est pour cela<]u'elle vvTU à merveille daru ccnc paroc dc 1 ble, qui est ilcpuia le grand cul-de-aac juaqu'l U dvierc dc la Cabcsicrrc, oà le terrain est dc ccxce espèce.

On planee le Gingembre sur la fin de la uisui: da pluyes, c'est-à-dire, cnOciobre et Novembre Apcis <)ue la terre a éxé labourée à la houi, oa mec dc piedeo pied ua pcxii morctan de la même plante qu'on a conserva dc la dcmiercrécolte, ct sur iour dc ceux qoi ont plus dc cKevelure, et oo le coavrc dc Dois kquatre dcsiges dr terre ll pousse an bout dc sept ou huit iours, k peu près cocnnscloot la dboula; il se fortàSc peu k peu. Sa fcuilla lella que je la ai décrites,s'êtcndau et couvreni leur terre, <]ue l'on est obligé jusqu'à oc lesaa-U de tenir biennette. H jette cependant sa racina (m pana, plus ou moins granda, ct ifuneq\taiuité proportiocnéc à La bonté du terrain que cetre plante dégraisse et mangebcaocoupk On connoâ qu'il est o>Ar k sa fcuilla qui jaurússent, qui se fanent, ctqui sédscni à la fin; pour lors oa arrache la plante avec ses parcs, ct <)uaisd on voitqu'Q l'en est té^»ri cjuelqa'iaAc, oe la dseicbe avec la houe. On sépare la tige dapara es la coupant ou la rotnpam, ct t>n les étend sut tia cliya que l'oo exposeà l'air et au vent, mais junáis au soleil, et er^ore moins au four, cocnxise le dix le

iieur l'Emery dans son Traité do Alimens, et le sieur Pomet dans son' HistoireGénérale da Drogua, prenuere PartK page 6l Ca àcvx Auteurs d'ailleurs si

rccDttunandablcj par leur cxactáosdc et par leur traviil, ont cu nxr ca artjde U a

sur quelques auira dc mauviLis mémoires; iis loor si bonnette gens, <juc j'espèrequ'us T^ . iTOuTcronl paa mauvais que je les en avcrriise. c^uarsd l'occasioo s'en^.'fiicrucra, cs^^irust deux la méinc Javcui. La raisou poujquoi t>Q ne. s'est jamaisaviaé de faire aécber le Giagcssbrc an ftxir oo as soleil est, piarce que la sasbatancc¿<L ce frtui étant délicate, elle aeroit birr>-<¿x oujcicment ooruumée, de mainjetcqu'il ne rcaccroii presque plua que la peau avec tris- peu de cisair-, ai aécbe cr siaridej c^'ellc ne seroâi piñizcó état ¿c servir.

L< Glo^aobfcaJûai' séché, après avoir été cueilli dans aa. pariaurr m»rarité,ae cx^iacrv* tant <}oe. l'on Tcnt. D est çcpasdanr vrai que le tems ftitinintj» icnjcnrssa lx)uii..-et ia'aabacaoc^.«i <|a'autaai ^'oo le peut, il faut' tata ^ plia récent,'ce Cfll esé aisé il ctmoûinr, car phu il vieillit et plus soo poids diminoi D faut<^'>l *ov bica iong-cesiia dana rean douce im talée, r/ant de s'y ccrroaipre, qiaia^ B*«« faoVment ^ t étt cueilli trop lit, oa qu'il ait été coiutaiUé ou serrédant k tnagaxja avant d'être parfaiicment tet Cest pourrant ce qucTavartce et latnaavaiaa toi iont Éaire tjudqne&iis aux hadwans, ci ce que llfooraooc «Jes itar-ti's'xls. OQ da Icnrv cncnmis ne conooh pas.

NntM^eSM voyég* sut liUl Ff. Je l'/imrrùfu* f/696)

le ira dc cette maitthandise ne tloat jamais être fort cha, parct^'cUe te setca gn±jtx, c'eai^.djrc qa'oa -en remplit da toaara, ou qu'on s'en Wn- à. (csàfUrles vddc>14e« htànjenn as^rc jaafrhàndisa qui sont dans un TasSaeMi^iiif' tjóot lespctijiricxaàttt oa ka Caparaiort da btrimmi utanuu toujours Icsr cdafte; ptttéjile U llBiltia aâoa Jc-pçtdt,il csi'sAr que J'bnaidité qfo'cllc a 'opatracW peñkotló-'W/y. Tai^i^rira IOQ)ouca .<»i«»»dér»Um>rat, catnmc il acrm^.taHollaadiaât-cWtya.^c'^ploiad.dia géioflc, qnottjiic Ws.aatdocs o^ maà^iaèji^fûji nioa ed'iftrtiViil làm' 1mm n^coaü» ^piatuité-. Os trsawl'imt au poidr ct!iia,-*gbH6« tptmanques»^ ca atna^tat. d'eaat.de mer a xfù icspc, parce que . octi^ '«axdbad&cétam fctt sç^'élic iOmlAe- aiaémmt de l'eaa qn 'on kii dotattc^.'ctl aintmcttctjoàjKMyciiiiti snis^vo^dBe.

Dc^ ikfta. itiirñíít ta 1691 >»qa'à ù gnote de 1702; Ur.óiog^sahreà 'vihi t^ jGaàdckaipoVptf»- dn )os<ya'à»»;namrtc livra lc;i^Q|. :Ccsr'>a-,FCixOQntidéxa£le,'ti'ca>>fCga?dc la bçsliié qa'il:y a à faire cette maiciMm&^'iiit&cstid^ia' tx^ boa dâsii-ct d'un grand «sage, sol «pot daas la pays troÛa yk%*^fialittitbtodes'^ wdaes 'Ja^MC bcaia csDnM^'.crfaá'.pac ctxsséqocb^ IlVea '^/grande consoinmátáDo. 'Les, Fpi^srrt, mêlent, lé .,jj»gic»ntxc avec-le pO(VTC,''>âO'pcB

cañrllr,''ef aptfa la avoié-p3ex et paascx au taiaii,.& «cadcaroecosBpoaé.aiMi ic noa ¿îTéptceclc douce, et le vmdcut tahoe ataçt.'cbe^ jtjodàqajltôir ocxtatt <|iv le Giogetahc* qàî csr à fort bo*; aaairché, en faste lé* litsài qùàisa plue

Qaeiqot U dimai.dcs Isfetaoït ion chaod, on ne laisse paa d'y ffann«iMiaiune qaáóiic^ cnotidetabU de <ïin^|cmlirc On. dit tjoe c'est pout réaàtas k U.^)ipgtatsdc bumidité dn payi^ Uo^ je' inangt crud, quand il esc .Tcrd,-')i^'.ï a'cst pasmaovaia, ou bica oà le fait cnifire ct il est bien meillcTU.

Lonqa'oa le vox onfiic iTbisc jnanierc à pouv«>ir.éii« ftittu^'.k dTautuatiugens, <» le cucüle loDg-oans avant qu'il soit fflùr, et lorsqu'il *cÉr'éñcz>cc si «cssdrc,<ftc sa fibres ne te iliatingucait pceàqnc'pas du rcsic dc la chaii, kâ.jM-lcar dntxé nipar leur otxdeur, <]oi est tonjourajdiis font que celle. 'da fcsit^ci^ le gcatce avecsoin pour enlever conte la 'pCaaÇ tt' oo le coupe' par tranffri,; aaai apptochcr lemoins quil est póasiblc des groaac» nervures,, te qa'oo acsic. aiafxBCtsi an coupet.On le lait ticmpcx ttoit oo -ijoiitr^ )oun -w^ Teau de miei^ ^pacToa change draxtoà» j>ar jtsar, et cnsoÏK pcadabt.tepc oal.héic jooo.daïai^.rcaà doocc, qne l'oa(harige aocsi ;deux' fob en' visgt-qaafte.bcurcs.- Après cela on le fait boAülir igrande caa penlaor îine bonne et oa' le rcnáer daru l'c»! frakhe pcndanron jour. Après qa'il^'oi est ori 'ex égoûié. oo le met dans un tir»p foiblc, Hksis biendarifié et toot chaud, tana orpCTKWni Ty faire boñülir, oà oo le laiaae petadancvingt-qnatrc brores. Oofen rctiie au bout dc ce tcms-li; on le laisse égootcr, ctoo le met tiaias un autre sirop plus fort <]ue le premier; ce (fi'oa fait tioat foorsde uiixt, Ot) jette Itxis ers sirota ccxnmc inutiles, p*rcc qu'ils oot cootracté icxjtle reste de Dcreté, et du goût trop piquaru du fruit : enfin oo le met daas tmsiroç> tic oonsÈscxocc bien Clarifié, oô or le Uisv si on veut le cxatiscivcr lic^ñde. rtd'o6 oo le tire quand ôo vcix le menre à sec, comnse je l'ai cxplit^ué datu nn antrerodiOtt, en parUni dca cjtroru et autres fruits du pays.

11 est cooscarK tst^ le -O'ffigonbre confit de cette maniere perd too goôt acreet swrdicant, rt t>c Uisae j«s de cocuerver sa chaleur et sa aooa boooca «^alitez.

Si on en mange le marin, il achevé de faire la digestion ties slunens-rju'oot prb le soir, qui i>c toot pas encoce bien digcrcx H cónsocamc la ficgma quitcni liaos l'cscoaMC; il iseioyc la conduits, il excite t'appctsi; il provoque l'orinc etrend ITialrine douce ;» de bonne odeur.

Si on le mange après lé repas, U aide à la digestion et chaoc la vcncr, maiscomme il fanr ascr de ttiuta la choaa i|ueli^ bonisea i^'ella s(>iet>t avec laodé-racioo, n ' fatu uaer de celle-ci avec beaucoup de discretion ct de sagesse, parce(qu'elle CSC extrénKxseot chaude, cc que tjuclt^uc toin qu'ocr. prenne, on ne pese ni6ccr que socskreié, ta;is ries dimiiVurr âc u thalcuc

On ÇDcusok t^'il est bien fait, ct tel que je viem tic ilire, ipaad on le voir «Taoïectnlcur d'ambre, fon clair et prestjtse osnsparcnt, qo'il est tendre «ous ls detM tainêtre mol, n que son sirop ev Sien cUir.

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Page 16: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

LE Palma Christi que les Caraïbes et les habitans de la Guadeloupe et aunes Islesappellent Carapwt, est un arbrisseau si utile, qu'on n'oublie jamais d'en cultiverun bon nombre dans les habitations. Son trotK ne vient jamais plus gros que le

bas de la jambe. Son bois est léger, noueux, prescjue vuide, n'ayant qu'un peu demoelle blanche comme le sureau, dont la quantité diminue à mesure que l'arbre vieil¬lit. Son écorce est grise, mince et polie. Ses fciiillcs approchent un peu de celles de lavigne, quoi qu'elles soient beaucoup plus petites, plui minces ct plus rudes. Il portedeux fois l'année des bouquets comme des gousses de châtaignes, plus |>ctites à lavérité ct sans piquans. Quand quelque gousse d'un bouquet commence à s'ouvrird'elle-même, c'est une marque que tout le liouqucr est mûr, et qu'il est tems de kcueillir. Les gousses qui ne scmt pas ouvertes, s'ouvrent facilement en les pressantentre les doigts ; il en sc^rt une amande comme une fève ordinaire, un peu plus plated'un côté que dc l'autre, extrêmement lisse, polie, luisante, de couleur brune, avec dcpetircs lignes, filets et points qui composent coinme une espèce de feuillage qui paroîtargenté. Quand l'amande est nouvelle, outre ces lignes argentées, on y remarque quel¬ques petits points jaunes et noirs, qui s'effacetw à mesure que l'amande vieillit. Lededans de cette amande est blanc, d'une consistence assez terme et huileuse, et d'un

goût un peu amer.On s'en sen à faire dc l'huile en cette maniere. On pile dans un mortier dc

bois de goyac ou autre miiucre, les graines ou amandes défoüillécs de leurs gousses,quoi on les t.tu bouillir dans tic l'eau, ct à mesure qu'elles bouillent, on enlevé

avec une cuillier Ihiiilc qui surnage. Lorsqu'elles n'en rendent plus, on verse l'eaupar inclination, et on presse le marc enveloppé dans une grosse toile, afin d'acheverdc tirer ce qui y restoit.

Cene huile est douce, sans mauvais goût ni mam'aisc odeur, aussi transparentecjue l'huile d'olive ; elle éclaire pour le moins aussi-bien et ne fait point dc fumée.

Elle est admirable pour oindreles membres qui sont engourdis pardes douleurs froides, en la mêlant

avec dc l'esprit dc vin, et ayant pré¬paré la partie par de fones friaionsavec des linges neufs ct chauds.

Elle soulage aussi très-prompte-ment et guérit les meurtrissures etles conttisions, en menant sur les

endroits meunris des compresses im¬bibées de ccnc huile la plus chaudequ'on la puisse supponer avec del'eau-de-vie, qu'il n'y faut mêler quequand l'huile est hors de dessus lefeu. ...

Elle est encore spécifique pourtoutes sones dc coliques. On cn faitprendre au malade une cuillerée etdemie dans sept ou huit cuillerées debouillon. EHe exciti. à un vomisse-

rr.i-i)!' qui i.-iiiponc i.'i.iii liMcmenr ':

mal, outre qu'elle purge parfaite-tement bien.

Ceux qui veulent avoir cenehuile plus parfaite, saru dangerqu'elle rancisse jamais ou qu'ellecontraae de mauvaise odeur, et larendre aussi agréable au goût et à la'vûë que l'huile d'amandes douces, ladoivent faire par expression simple¬ment sans eau chaude ni feu; on se

contente dc bien piler les amandes,après quoi on enveloppe cf marcdans une toile qu'on met sous la

presse pour en exprimer l'huile. JeJïoi que celle qui est faite dc cenemaniere est meilleure que l'autrepour les médicamens.

Pa¿m£írCdifdj-i¿ OÏL RActniù

CJvirà.

Page 17: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Larb.-v. que les h'rani,ois appellent (^rotóolicr et ion irji; se lidrnnic

Guanabo chez les Espagnols, Cachimán ou Monin chez quclqi.c j .iucrts Européensqui habitent l'Amérique ; pour moi je croi que le Corossolier est une des ttoisespèces dc Cachimán que l'on trouve aux Islcs. Les François qu; eu trouvèrent beau¬coup de ccnc espèce en nne Isle Hollandoisc près de la côte dc Carac, appellee Cura¬cao ou Curasso, ou Corossol par corruption, ct qui en rapportèrent l'espèce aux IslcsFrançoises, lui ont donné le nom de cetw Isle au lieu du sien propre, s<iit qu'ils nele sçusscnt point, soit pour quelqu'autre raison qui n'est point venue i ma connois¬sance.

Lorscju'il est planté seul il vient de la grandeur ct dc la grosseur d'un poiriermédiocre. Son bob est blanchâtre, son écorce grise, mince, unie. Ses branches quisont cn grand nombre, droites, souples ct ployantes, sont garnies dc quantité de petitsscions couveru dc feuilles qui y sont attachées deux à deux pat des queues assezcourtes. Les feuilles ont environ quatre pouces de longueur, sur un pouce et demi àdeux pouces dc large cn maniere d'ovale allongée, avec une paire pointe à rextrê¬mité. Elles soot d'un verd un peu brun, assez fortes, roides et cassantes, ct d'unebonne épaisseur. Cet arbre fleurit ct pone du fruit deux fois l'année. Ses fleurs sontde petits boutons qui en s'épanoiiissant deviennent un peu touges. Le fruit qui leursuccède étant dans ta parfaite maturité, a depuis quatre jusqu'à six pouces de diamètre,et huit à neuf pKxices de hauteur ; <xi en trouve qui pèsent sept â huit livres. Sa figure.approche toujours de celle d'un coeur un peu mal formé. Il est couvert d'une écorceépaisse comme une pièce de nente sols, d'un beau vcrd gai, marquée et partagéecomme en écailles, garnies dc petites èlcvatiofvs en forme dc pointes cmoussées cttrop tendres pour faire du mal. On connoît que le fruit est mûr, quand ces petitespointes commencent à noircir, ct que la queue qui l'artachc à l'arbre qui a pourl'ordinaire trois à quatre piouccs de long et de la grosseur d'un ruyau de plume àécrire, change de couleur et se flétrit ; pour lors si on ne le cueille pas il tombe àterre, ct les bestiaux qui en sont fort avides, ne manquent pas de le manger. Lalubstance renfermée dans cène écorce est toute blanche, dc l.i consistence ¡i peu près

d'un melon bien mûr, soutenue par quantité de fibres longues et délicares ; elle estI emplie d'un suc agréable, sucré avec une peú:e pK>inte d'aigreur qui rafraîchit etqui réjouit le cour. On en laisse manger quelques tranches aux malades, parce qu'onprétend qu'il rempere les ardeurs dc la fièvre. 11 est cerîain que c'est un remede spéci¬fique pour guérir la diirèe, lorsqu'elle est causée pa,- I;; chnîf vr

La substance de ce fruit renferme quantité de graines noires comme de ]>etitesftvcs, si dures, qu'elles ne se digèrent jamais; c'est cc qui fait que les chevaux etles boeufs qui cn mangent beaucoup devierment malades, et souvent en meurent. Onen a ouvert quelques-uns dont on a trouvé les intestins et même la vessie remplis dcces petites graines. A cela près, c'esr un très-bon fruit, des plus agréables ct desplus ra fraie hissanj.

On le cueille souvent avant qu'il soit tout-à-fait mûr ; on le pele, on le coupepar nanches, et après cn avoir ôté les graines, on le frit avec l'huile ou le beure, oule seing doux que les Espagnols appellent Manteca, qui signifie Beurre. Quand onfait signifier à ce mot du seing Jeux, on ajoute de puerco : Manteca dc puerco, ct onle mange avec un jus d'orange. Quelquefois après qu'il est coupé par tranches bienminces, on le passe dans une p3rc claire, a on le fait frire comme des bignets auxpommes, et on le mange avec le sucre n le jus d'orange.

Si on exprime le suc dc ce fruit, on cn fait une liqueur tout-à-fait rafraîchissantect agréable, cn y mettant un peu de suctc pour corriger la pointe de ses acides. Sion la laisse fermenter pendant trente à quarante heures, clic perd toute son acidité,a devient comme un petit vin gaillard et des plus agréables, mais qui donne furieu¬sement à la tête. Ce vin demeure dain sa bonté pendant un jour ct demi ou deuxjtxirs, après cjuoi il t'aigrit insensiblement, et cn cinq ou six jours il devient unvinaigre des plus forts.

Le corossolier vient beaucoup mieux de graine que de bouture. Quand on cnTCUt faire des liziercs, on plante les graines en pépinière, ct lorsque les jets ontquatorze ou quinze pouces de hauteur, on les leve dans un tems dc pluye, et on lesplante au cordeau comme j'ai dit cy-devant en parlant des orangers. Ces sortes dcliziercs viennent fort vite ; elles sont très-bonnes, couvrent bien les lieux qu'ellesdoivent garder. Leurs feuilles qui sont fortes et cn grand nombre, résistent facilementà l'impétuosité du vent, ct leur bois qui est fort souple ct ployant, est moiru sujet àse roinprc c[ue des arbres plus roides, et plus forts. Quand on veut donner à ces liziercsune force cxtcaonlinaire, on entrclassc les premieres branches des pieds qui sont voi-situ les .uns des autres, ct on les attache ensemble jusqu'à ce qu'elles ayent ptis ccncfituatJod ; après quoi on les laisse monter environ deux pieds, et on recommence dcnouveau à les cntrelasscr, ce qu'on omtinuë dc faire jtisqu'à cc qu'ils soient arrivezà la hauteur qu'on veut donner, pour lors on les Brrêrc en les ètêtant, afin cjue lepied et les branches se fortifient ct jettent une plus grande quantité de branches etde feuilles. Après les orangers rien n'est meilleur pour couvrir les cacoyeres et auneslieux qu'on veut défendre du vent, sur tout si on fait des liziercs doubles. Cet arbreporte du fruit à trois aru, lorsqu'il est seul, mais quand il est en liziere, il lui cnfaut six ou sept. Cest une règle générale que les arbres qu'on plante cn liziere sontle double du rems, avant dc rapporter du fruit.

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Le Manioc est un arbrisseau dont l'écorce est grise, rouge ou violcne selon lesdifférenrcs espèces de bois qu'elle couvre. L'écorce de toutes les espèces est fortmince. 11 croit jusqu'à la hauteur de sept ou huit pieds. A cene hauteur le troncest gros comme le bras. Le tronc er les branches sont remplis dc n assez prèsles uns des autres, avec de petites excrescences qui marquent les endroits où étoientles feuilles qui sont tombées ; car à mesure que l'arbre croît, les feuilles quittent lebas des rameaux, et il ne s'en trouve qu'aux parties les plus hautes. Ce bois est molct cassant, il vient dc bouture mieux que de graines, du moins on est sûr de n'avoirque peu de racine bonne à m;inger si on sème la graine qu'il porte. Sa feuille estcomme un trefile allongé, ou plutôt comme une moyenne feuille de vigne que l'onauroit fendue le long dc ses nervures, et à qui on n'auroit laissé de chaque côté qu'undemi doigt de large. Sa principale racine en pousse trois ou quatre autour d'elle, etjusqu'à six ou sept de différentes grosseurs et longueurs, selon l'âge de l'arbre ct labonté du terrain. J'en ai vu de grosses comme la cuisse, mais cela est extraordinaire.Communément elles sont de la grosseur des plus grosses bette-raves. L'écorce desracines est dc la couleur de celle de l'arbre, c'est-à-dire qu'elle est grise quand le boisest gris, rouge quand il est rouge, mais le dedans est toujours blanc, et de la con¬sistence des navets, il y a des racines qui sont mûres à huit mois. On l'appellel'arbre ou le manioc qui les produit. Manioc blanc ou d'ozicr. Les autres espècescomme le Manioc à grandes feuilles, le Manioc rouge et les autres espèces, ontbesoin de quatorze ct même de dix-huit mois pour avoir toute leur grandeur et leurmaturité.

On sçait déjà que cet arbrisseau vient de boututc, toute la façon qu'il y a pourle planter, est de faire une fosse d'un pied et demi de long ou environ, et de cinq àsix pouces de profondeur, dans laquelle on couche deux morceaux de ce bois dequinze à dix-huit pouces dc long, dont on laisse un des bouts un peu hors dc terre,après quoi on les couvre avec la terre qui est sortie du trou où on les a mis. Suivantla bonté du terrain on éloigne les fosses les unes des autres, pour l'ordinaire on laissedeux pieds et demi de distance entre elles. On a soin dc sarcler les herbes qui viennenrautour de crainte qu'elles ne suffoquent les nouvelles plantes.

Quand on juge que les racines ont atteint toute la grosseur et la maturitéqu'elles peuvent avoir suivant la qualité du Manioc qui les a produites, on les arrachedc terre à mesure qu'on en a besoin, ce qui se fait en arrachant l'arbre tout entieravec lequel les racines ne manquent pas de venir, ct en cas que quelqu'une s'ensépare, ce qui est aisé dc remarquer, on la fouille avec la houe. 11 ne faut pas unegrande force pour arracher ces sortes d'arbres, car outre que les tettes ne sont pasexnêmement fortes, les racines ne sont pas bien avant dans la terre. Quand ces racinessont arrachées, les Nègres destinez à cet ouvrage, en gratent ou ratissent l'écorceavec un méchant couteau comme on fait aux navets, et les jettent dans un canot

plein d'eau où on les lave bien, après quoi on les grage, c'est-à-dire qu'on les réduiten une espèce de farine fort humide qui ressemble à de la grosse scieurc de bois,ce qui se fait en passant fortement la racine sur une rappe de cuivre, comme onpasse le sucre. Ces rappes de cuivre qu'on appelle grages, et le travail que l'on faitpar leur moyen, grager, ont quinze à dix-huit pouces de longueur sur dix à douzepouces dc largeur. On les anache avec de petits clouds sur une planche de trois piedsct demi de long ct d'un pied de large, non pas de toute l'étendue de leur largeur, maisen ccinrrc.

®Le Nègre qui grage met un bout de la planche où la grage est attachée

dans un canot ou auge de bois, ct appuyé l'autre bout contre son estomach, il y aa côté de lui un panier où sont les racines bien gratées ct bien lavées, il en prend uneà chaque main, ct la passe ct repasse sur la grage en l'y appuyant fortement, jusqu'àcc qu'il l'ait réduire cn farine.

Après qu'on a gratté tout ce qu'on a arraché de racines, on prend la farinequi est dans le canot, et on la porte à la presse pour exprimer tout le suc dont elleest remplie. On regarde ce suc comme un poison, non-seulement pour les hommes,mais aussi pour les animaux qui en boivent ou qui mangent de ces racines avantque le suc en soit exprimé. Le Père du Tertre ct les autres qui ont parlé de cc sucdisent qu'il n'est pas un poison mal faisant quoiqu'il cause la mort ; mais qu'ayanttrop de substance, l'estomach des animaux ne le peut digérer, et qu'ils en sontétouffez. Ce qui paroît en cc que les animaux qui en meurent n'ont point du toutles parties nobles altérées, mais seulement la poitrine enflée.

Les différentes expériences que j'ai faites dc cc suc m'ont convaincu, qu'outrecene abondance dc substance nourrissante, une partie dc sa malignité consiste danssa froideur qui arrête la circulation du sang, engourdit les esprits, et cause enfin lamort sans offenser les parties nobles de l'animal : la raison sur laquelle je me fonde,est que le meilleur remède qu'on ai trouvé jusqu'à présent pour sauver la vie auxanimaux qui en ont bû, est d'exciter en eux de violcns mouvemens en les faisant

courir le plus vite que l'on peut, les échauffant cn leur faisant avaler de l'eau-de-viela plus forte avec de la Thériaque, après leur avoir fait avaler de l'huile pour lesexciter à rcjcner ce qu'ils ont pris ; cn un mot, cn réveillant les esprits, et mettantle sang en mouvement.

Les animaiu qui s'accoutument au manioc peu à peu, n'en reçoivent aucuneincommodité, au contraire ils s'engraissent de même que nous voyons les Turcs nerecevoir aucime incommodité de l'opium, quoiqu'il s'en trouve qui en prennent plusqu'il n'en faudroit pour faire mourir deux ou trois autres personnes qui n'y seroientpas accoutumées comme eux. Ce qui me fortifie dans ma pensée est que le suc perdtoute sa malignité dès qu'on l'a mis sur le feu, ce qui ne peut provenir d'autre chosesinon que la chaleur a mis ses parties en mouvement. Nos Sauvages qui en mettentdans toutes leurs sauces n'en sonr jamais incommodez parce qu'ils ne s'en serventjamais que quand il a boiiillL

On se sert de cc suc pour faire de l'amidon en le faisant dessécher au soleil oùil devient blanc comme la nége, pour lors on l'appelle Mouchache, comme qui diroitenfant de Manioc, car le mot Mouchache qui est Espagnol, signifie un enfant. Ctsuc a un petit goût aigre qui se perd à mesure qu'il vieillit. On se sert dc la mou¬chache pour faire des gâteaux qui sont aussi délicats que s'ils étoient faits de la plusfine fleur de farine de froment. Si quelqu'un cn veut voir, jai de quoi contentersa ouiositè.

Nouveau voyage aux Isles Françoises de l'Amérique (169^)

Page 19: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Il y a trois manieres dc presser àt manioc pour cn exprimer le suc. Deux sontordinaires aux Européens, la troisième csr particulière aux Sauvages.

La premiere est de menrc la farine aussi-tôt qu'elle est gragée dans un canotou auge de bois, dont le fond et les cotez sont percez dc trous dc tarrière, dans la¬quelle on a étendu une nane dc roseaux refendus afin d'envelopper la farine ct l'cm-pèchcr dc l'écouler par les trous de l'auge; et quand l'auge est pleine on remplitpar dessus cc qui reste de la nane que l'on couvre avec une planche dc la grandeurde l'ouverture du canot. On appuyé p>our l'ordinaire le canot contre un arbre oudu moins contre un poteau bien enfoncé cn terre, où il y a une mortaise où l'onfait entrer le bout d'une pièce dc bois dc huit à dix pieds de long, qui passe à anglesdroits sur le milieu du canot; on met sur la planche qui le couvre quelques morceauxde bois, afin que le bout de la pièce de bois opposé à celui qui est dans la mortaise,soit beaucoup plus élevé. Ce bout est accommodé et élargi avec quelques petircsplanches qu'on y a clouées, qui le rendent propres à recevoir de grosses pierres donton le charge, afin que par leur poids on fasse enfoncer la planche qui couvre le canot,et qu'ainsi on comprime la farine qui y est renfermée. Cene pièce de bob ainsichargée fait l'effa d'un levier.

La farine demeure douze ou quiruc heures à se décharger dc son suc, « mêmebeaucoup moins si l'instrument dont je viens dc parler qu'on appelle une presse, estbien fait, ct qu'on le puisse bien charger. On a soin de remuer une fob la farinependant cc tems là, afin qu'elle se presse également par tout, après cjuoi elle paroîtcomme une masse de pâte presque sèche

La seconde maniere est de matre le manioc gragé daru des sacs dc grosse etfonc toile que l'on met sous la presse satu se servir dc canot, les séparant les umdes auues par des planches. Cate maniere est plus cxpéditive, mab elle coûte nop,parce qu'elle consomme beaucoup de toile, qui est fort chère aux Islcs, à moins qued'avoir des sacs dc latanicr, ou d'écorce de mahot, comme on en a daru les petitesIslcs où ces plantes sont en abondance, mab qui coûtcroient autant que la toile sion les faisoit venir exprès dc ces Islcs-là.

La maniere des Sauvages est de mettre le manioc gragé dans une couleuvre dcroseau refendu, ou de latanicr, dont ils anachetu un bout à une branche d'arbre, ou

au faite de leur carba, et à l'aune ils y attachent une grosse pierte dont le poidstirant cn bas la couleuvre la fait renesslr, et exprime tout le suc du manioc.

La couleuvre est un cilindre dc six à sept pieds dc long quand il esc vuide, etde quatre à cinq pouces de diamcnre; il est composé dc roseaux refendus, ou delatanicr, nanès ou nessés à peu près comme seroient des bas de coton. On foule,on presse le manioc à mesure qu'on le fait entrer daru la couleuvre, ce qui augmentebeaucoup son diamanc cn même-tems que sa longueur diminue; mab le poids qu'onanache à son cxuémité la fait allonger cn diminuant son diametnc, ce qui ne peutarriver qu'en comprimant ce qui est dedaru, et en exprimant le suc On peut se

convaincre de ccnc expérience par l'exemple d'un bas dc chausse dont on augmen-teroit considérablement le diametnc en l'emplbsant dc beaucoup de pâte ou d'autrematière semblable, et dont on diminueroit cn même-tenu la longueut, mab à quion restimeroît toute sa longueur, cn diminuant son diamettre, si en le suspendantcn l'air on anachoit un poids à son exnémitè, parce que la pcsantctu du poids compri-meroit la matière qui y seroit renfermée, et la réduiroit en un moindre volume.

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C'est de la racine de manioc, aiiui gragée et pressée, qu'on fair la cassave ala farine du manioc, qui servent de pain à presque route l'Amérique.

Pour matre cette farine en cassave, il faut avoir une platine dc fer fondu,ronde, épaisse d'un bon demi pouce, et large d'cnvbon deux pieds. On la pose surun trépied ou sur des pierres, a on fait du feu dessous. Lorsque la platine est échauf¬fée i n'y pas pouvob souffrir le doigt, on y ma dc cc manioc gragé a pressé quel'on a fait passer par un hebicha, c'est-à-dire, par une espèce dc crible fait dc roseauxdécoupez, ou dc queues dc latanicr dont les trous quarrez ont environ deux lignescn tous sens, cc qui sert pour rompre les grumeaux daiu lesquels la farine s'estréduite sous la presse, la purger dc tous les morceaux qui n'auroient pas été biengragez, et la subtiliser autant qu'u est nécessaire. On m« donc de c«te farine ainsipassée environ l'épaisseur dc nob doigts sur route la platine; elle s'abaisse ous'affaisse à mesure qu'elle cuit, toutes les parties se prennent, se joignent, s'incor¬porent a se lient ensemble- Celui ou celle qui la uavaille aide à procurer ccnc liai¬son et cate compression, cn passant dessus et appuyant légèrement une spatule debob qu'il tient dc la main droite. Quand il juge que le côté qui touche la platine estcuit, ce qu'on connoît à ce qu'il n'y est plus adhérant, ct que la couleur qui étoit aucommencement fort blanche, devient rousse, il la tourne de l'autre côté, ce qu'il faiten passant la spamlc toute entière enne la platine ct la cassave qu'il élève assez poury pouvoir passer la main gauche, et élevant aiiui la cassave toute entière, il la faitraoraber sur la platine, sur le côté qui n'a pas encore senti la chaleur. C'est en cettesituation que la cassave achevé dc se cuire ; quand clic est tirée de dessus la platineon l'expose au soleil pendant deux ou nob heures afin d'achever dc dessécherl'humidité qui pourroit y ênc restée. La cassave aiiui cuite peut avoir nob à quanclignes d'épabseur dans ses bords, a un peu davantage daru son milieu, a peut peserdeux livres quand elle a vingt-nob à vingt-quanc pouces dc diamcnre. Le dedarudemeure blanc comme la neige, et les deux cotez sont d'une couleur d'or pâle quidonne envie d'en manger. Elle peut se conserver sept ou huit mob, et même davan¬tage, pourvu qu'on ait soin dc la mwcrc dans un lieu sec, et de l'exposer quelqucfobau soleil. J'en ai qui est faite dcpub plus de quinze aru, a qui est aussi bonne que lepremier jour a aussi tendre. C'est une nès-bonne nourriture, de facile digestionqui ne charge point l'estomach, a que les Européens même aiment autant que lepain de ftoment, dès qu'ils y sont accoutumez : 'û est vrai qu'elle paroît insipide aucommencement, mab on s'y fait bien tôt, tout comme ceux qui n'ont jamab mangé

dc pam ou de rb cuit dans l'eau ne trouvent goût à l'un ni à l'aune. La cassaves'enfle à vue d' quand on l'humcac avec du bouillon, ou qu'on la nempe simple¬ment dans l'eau ; cela semble prouver qu'elle renferme beaucoup dc substance.

Noiweau voyage aux Isles Françoises de l'Amerttt: !694)

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Lorsqu'on veut conserver cn farine le manioc gragé et pressé, cc qu'on faitdaru toutes les habitations parce que cela est plus commode, soit pour le conserver,soit pour le dbnibuer aux Nègres, soit enfin pour le traïuportcr d'un lieu à unautre, on doit avoir une poêle de cuivre dc nob à quanc pieds de diametnc, dont lefond soit plat, ct les cotez ou borcb de quanc à cinq pouces de hauteur ; on la montesur un fourneau dc maçonnerie avec un bord dc pierre de taille qui l'enchâsse bienjuste, ct qui augmente encore dc cinq OU six pouces la hauteur du bord du cuivre.Quand la pocle est un peu échauffée, on y ma le manioc passé par l'hebichet, et lapersonne qui le ttavaillc le remue sans cesse avec une csp>èce de petit rabot dc bobsemblable à celui dont les maçons se servent à Parb pour délayer la chaux et fairele mortier. Cc mouvement sen à empêcher que la farine ne s'anache à la poëlc,a ne se lie ensemble, dc maniere qu'elle reste comme dc gros sels roux quand elleest cuite, ct bien sèche. Cene maniere est bien pliu cxpéditive que de faire de lacassave. Lorsqu'elle est refroidie, on la mo daru des bariques ou daiu dc grandscoffres cn maniere dc soutes, où on la peut conserver les années entières, pourvuqu'elle soit daru un lieu sec, ou qu'on la fasse passer par la poêle tous les six mob.On peut la manga toute sèche, comme on mangaoit du pain qui seroit èmicné,ou coinme les Tura mangent leur rb quand il est cuit, et sans bouillon. Quand onl'huracCTc elle enfle extraordinairement, bien des geiu prétendent qu'elle est plusnourrissante que la cassave. Je sub persuadé que c'est la même chose.

Une pocle de trob à quatre pieds dc diametnc peut cuire nob barils dc farineen dix ou douze heures, chaque baril contient cinquante pots mesure de Parb, etCCS nois barils suffisent pour nourrir cinquante Nègres pendant une semaine, cnleur donnant à chacun trob pots, qui est tout cc qu'un homme peut manger. Ordi¬nairement on n'employc à cc uavail que deux Négresses, une qui soit forte parceque ce remuement continuel f)cndant dut ou douze heures est rude et fatiguant, exune vieille ou quelque enfant de douze ou neize ans pour passer le manioc dansl'hebicha, ce qui est plutôt un amusement qu'un navaiL

Les Sauvages ne font jamab de farine dc manioc cuite, ils n'usent que de cassavequ'ils font cuire tous les jours, et souvent autant dc fob qu'ils cn ont besoin, parcequ'ils la mangent toute chaude, aussi est-elle en cet état plus délicate ct plusapKkissante.

Les Sauvages qui n'avoicnt pa>: de grages dc cuivre avant l'arrivée des Euro-pèeru, se scrvoienr d'une planche dc racines ou de cuisses d'arbres, dans laquelle ilsfichoicnt de f>etits éclats dc cailloux fort aigus pour grager leur manioc. Ils s'enservent encore à présent quand les grages dc cuivre leur manquent.

Outre ces trois manieres ci-dessus d'ôrcr la mauvaise qualité du manioc cn

exprimant son suc, il y en a deux autres que les Nègres Maroru pratiquent quandils sont retirez datu les bob et aunes lieux où ils se réfugient. La ptemiere, c'est dcle coupcf par morceaux a de le matre tremper dans l'eau courante des tiviercs oudes ravines pendant sept ou huit heures. Le mouvement de l'eau ouvre les p>orcs dcla racine, a cnnaîne cc nop de substance. La seconde maniere est de le menrc cuiretout entier sous la braise. L'action du feu ma ses parties cn mouvement, a on leimange comme on fait des châtaignes ou des patates saru aucune crainte.

11 y a une espèce de manioc qui est exempt de ccnc qualité dangereuse. Onappelle Camanioc, comme qui dboit, le chef dc Maniocs. En effet, son bob, sesfeuilles a ses racines sont plus grandes a plus grosses que les auttes maniocs, on lemange sans dangct et saru aucune précaution. Mab comme il est beaucoup pluslong-tcms à croître et à mûrir, et que ses racines rendent beaucoup moins dc farineparce qu'elles sont plus légères et plus spongieuses que les aunes, on le néglige, apeu de gens cn plantent.

Les paits morceaux dc manioc qui ont échappé à la grage, les grumeaux quin'onr pû passer au uavers dc l'hebichet, o généralement tous les restes qu'onappelle les passures, ne sont pas inutiles ; on les fait bien sécher dans la pocle aprèsqu'on a achevé dc faire la farine, et ensuite on les pile dans un mortier pour lesréduire cn une farine nès-blanche dont on fait de la bouillie.

On s'en sert encore p>our faire une espèce de grosse cassave épaisse de nobou quanc doigts, qu'on fait cuire jusqu'à ce qu'elle soit presque brûlée, dont on sesert pour faire une bobson, appellee Ouycou, dont je vab parler.

Nouveau voyage aux ¡îles Francoises de l'Amérique (1694)

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Page 22: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

APR¿S que nous avons parlé du pain du paj's, il me partat nès^juste de dire unmot des boissons dont oii use communément.

L'Oujcou est la plus ordinaire dont usent ceux cjai n'ont point ¿e vin. LesEurOpéem ont apprb des Sauvages à la faire. On se sert pour cela de grands vasesde terre grise que l'on fair daru le pays. Les Sauvages, ct à leur imitatioa les Buro-p¿enS les appcUetit Canaris ; nom générique qui s'étend k tous les raisacaux deterre grands et petits, et à cpelquc usage qu'ils soientdestinez. II y en a tjui contien¬nent dcpub une pinte jusqu'à soixante ct quatre-vingts pots. Oft se sert dc cesgrands pour faire le Ouyccxi, on les remplit d'eau jusqu'à cinq ou six pouccis prèsdu bord ; ort y jette àexxx. àe cw grosses cassaves rompues, avec une tlonzaine de cer¬taines, pommes de terre, appellees patates, çoupèts par quartier, nob ou quatre potsdc ^os sirop de cannes, ou quand on cn manque, une douzaine tie cannes bienmûres coupées en morceaux et écnui^ avec autant de bananes bien mûres et bien

écrasées. Je donnerai dans un aune lieu la description des patates et des bananes.Tout ce mélange ¿tant fait, on bouche bien l'ouverture dû Canaris, a on le laissefertnenter durant deux ou trob jours, au bout desquels on leve le marc qui est venuau-dessus a cjui a formé une croute ; on se sert pour cela d'une écumoire ou d'unepièce dc calebasse d'arbre, dans laquelle on a fait de petits nous avec un fer chaud.La liqueur qui est dans les Canaris ressemble pour Itvs à de la bierre ; elle est rougeâ¬tre, forte, nourrissante, rafraîchissante, et elle enyvrc aiscmeuL Nos Françob s'yaccoutument aussi facilement qu'à la bierre.

T-fir., '.-

Les fruits qu't» appelle piftCackcsanot Islcs 'viennent d'fme planté tjui ne s'èievcgucrcs plus d'oA pie^'hors «^ teizc, eUe'itampe onlinairemeiit, parcoque sa tige esttrop foiblc pour la aoàtenir...fiip poime'ij^aantit^de jco dcücz, rougcitres et velus,accompagnez de petites cpiCDés, tjui portent dès^feuilles preitjue comme celles dumèlillot « des capucines qui soot juiocs avec uo {m» de roogè aux bords et à l'cxné-iniré; Elles doricpt peu, et leur délicatesse car cansie qu'eUes sont bien-tôt brûlées etconsommées par l'ardeur du SolciL Lefnur se trooiiè en. terre où il faut le chercher.Il est attaché à da filets et aux cberelntes que la tacioe pousse, et que la uge répandsur la terre, daps laquelie'ils enttt&t,-ct produiiéïK des pousses ou eusses dc douze,quinze a jusqu'à dix-buit lignes de longueur, snr.qoatre, dr>q et six rtgi>es de diamètre.Elles ii'ont giiércs plus d'épaisseur qu'on boa. parcheniin, ou comme celles desamaïKks tendres. Le dedaju est leTétn- d'une pctitç peau blanche, unie et lustrée :. ledehors est de couleur de bistre avecdes rayes plos bjaiKbes, clcN'ées au-dessus dufond, qui vont d'un bout de la oxjue i l'antre, « qui sont unies enseinble pard'autres petites lignes moins èleréesi qui partagent toute là superficie en cjuantitédc petites lozangcs. Le fruit qui est rerifcrroè dans Ces cosses a la figure d'une olive,quand il est seul, mab pour l'ordinaire, il y en a deux ou trob darù chaque ctisse,dont ik remplissent cxacrteroent la capacité, cc qui leur fait pretxlre différentesfigiucL Ces fruits ou amandes sont' couvertes d'onç pellicule rougcâne, quarxlonles lire dc tare, dont la couleur change o devient grise lorscjue le fruit est secCette peau est peu adhérente quand le irtiit-esc ttouveau, on n'a qt^'à le ptesscr ennelès doigts pour l'en dépouiller. Elle est plus adhérente lorsqu'il est sec La substancequ'elle couvre est blanche, compacte c* pesante, « a peu l'odeur et le goût du glandQuand le fruit est rôn dans sa cosse, cène pellicule s'en ra en poussière, « la subs¬tance blanche qu'elle rcn fermoir devient grise, et accjuiert le goût ct l'odeur deiamandes rôties.

Page 23: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

J ..'innif M.I

La pomme de Manccnillc, oude Mancenilier est tout-à-fait sem¬

blable à la pomme Dapb pour lacouleur, la grosseur « l'odeur. Pourle goût je n'en dirai rien, ma curio¬sité n'a pas été jusqu'à cn faire l'cx-perience. - Ce qu'il y a de certainc'est que cc fruit est un caustiquedes plus puissans, auquel on ne peutapporter d'autre remede que defaire avaler promptement dc l'huileen quantité aux animaux qui cn ontmangé pour leur faire vomir le fruit,« oindre les viscères avant que lesuc caustique y ait operé. L'arbrequi porte ces dangereuses pommesressemble si fon au poirier, que lesplus habiles y seroient trompez. Safeuille est la même aussi-bien que-son écorce, qui n'a d'autre differenceque d'être plus épaisse et remplied'un lait blanchâtre visqueux a cor¬rosif. Son bois sous l'aubier est gri¬sâtre, mêlé dc grandes « petitesondes de différentes teintes, chargéd'yeux dc perdrix, infiniment plusbeaux o mieux nuancez que tout ccque le noyer, le c a les racinesd'olivier peuvent produire.

Sa qualité caustique « veni¬meuse n'est pas seulement dans sonfruit, elle se trouve encore dans les

feuilles, dans le bob, dans le lait qui son de son écorce quand on y fait une incbion.daru son ombre même lorsqu'on a le malheur dc i^j endormir.

C« arbre qui pour l'ordinaire vient fort grand, croît toujours au bord de la merou des rivieres. Il est rare d'en trouver daru des terres éloignées dc l'eau. Lorsqu iipleut et qu'on passe sous cet arbre, il faut prendre garde de recevoir sur ses mains ouautre partie du corps, l'eau qui a coulé .sur ses feuilles, car elle cause des vessies surla chair coinme si c'ctoit de l'huile bouillante qui y fut tombée, « elle y excite unedémangeaison nès-douloureusc, et qui dure longIms. Elle est même capable dcfaire perdre la vue si elle tombe datu les yeux, ou si pat mégardc on se les frorteavec la main mouillée àe cette cau, elle cause d'abord, une enflure considerable, quide rouge qu'elle étoit au commencemenr, devient livide ct pleine de pus.

Le bob de co arbre n'est pas moins dangereux à travailler, à moins qu'il ne soitentiaement sec, ct cn cet état même sa poussière est un poison dont il faut bien se

Nouveau voyage aux ¡sles Francoises dc 'i'Amóriouc (¡694)

garder. Cest un mistere quand il faut l'abattre. On amasse auparavant qae d lo:.-cher du bois sec autour dc son pied, on y met le feu, et on s'en éloigne à cause desaccidens que la fumée{ causer. Lorsqu'on juge que le feu a consumé sonhumidité, on y mo la hache, observant d'avoir le visage et les mains couvencs d'unlinge, de crainte que la poussière qui en sort, le lait ou l'huniidité qui peut y êtrerestée, ne rejaillisse sur le vbage, dans la bouche, dans les yeux ou sur les mairu.Ceux qui le scient lucnt des mêmes précautions, aussi-bien que les Menubicrs ct lesTourneurs qui l'employcnt, car sa beauté le fait rechercher pour faire des cabincrs,des tables, des guéridons, ct autres sortes de meubles.

Nos Caraïbes se servent du lait de cet arbre pour empoisonnet leurs flèches; ilsfont pour cela une fente dans l'écorce, et y mettent le bout des flèchei qui s'imbibentdc la liqueur qui en sort qui est blanche comme du lait, mab plus épaisse et plusgluante. Ils laissent sécher les floches ainsi imbibées, et lorsqu'elles font une playeelles l'empoisonnent cn même tems.

On n'a point trouvé jusqu'à present d aune remede conne les playcs faites parles flédies emprisonnées, que le suc d'une certaine plante qui a été en.seignèc auxFrançois par un Sauvage. Les Caraihes l'appellent Toulola, a les François, Herbeaux flc'ches. Elles est assez semblable au Balbier, excepté cjue sa hauteur ne passegueres quanc pieds. Sa fleur est blanche tenfermée dans une peau verte, longue etpointue, qui cn s'ouvrant cn trob monne une pellicule tendre, unie, velue et creuse,au milieu de laquelle il y a un pet'it ja cn manioc de volute. Le fruit qui succède àcette fleur est une espèce de prbme à nois côtes, d'un rouge pâle et très-lisse, qui ren¬ferme une psetitc graine r.iboreuse.

La racine de cote plante trst une substance bulbeuse, blanche, aqueuse, et néan¬moins iVîscz ferme, garnie de quantité dc filets longs et secs. Elle est toute couvencdc membranes filamenteuses, anachées les unes sur les autres comme plusieurs enve¬loppes qui cachent une peau polie et un peu luisante, à la réirr^c di quelques filetsqui cn sortent. Sa figure est ronde ct presque conitjue.

Sa feuille est d'un vcrd cliiir anache au none par une queue loncue et canelée;elle est ronde ¡-«ar le bns, c'est-à-dire à sa naissance, quarre fois ou en\'iron plus lonjrueque large; elle se termine en pointe à peu près comme le fer d'une pique. Elle estforte a ferme presque comme du parchemin, o se roule d'elle-mcme aussi-rôt qu'elleest cueillie.

On pile la racine et on la fait infuser pour en faire ime ptbanne qu'on fait pren¬dre à ceux qui ont été blessés dc flèches empoisonnées. Elle a la vertu de chasser levenin, o de remp>è<Jia dc gagno les parties nobles; et cependant on applique lamême racine pilée et broyée en maniere de cataplasme sur la playe dont elle attirele venin; mais il faut <que cc remède soit applicjuè promptement : car pour peu qu'ontarde, pâina uavaille avec vitesse, il cotrompt les environs de la blessure; et .quandil s'est une foil communiqué daru de grands vaisseaux, la blessure devient mortelle.

L'ombre du Manccnilio n'est gueres moins dangereuse pour ceux qui s'y endor¬ment, (]ue aoo lait « son fruit Ils sont assurez de se nouvo à leur réveil enflezcxtraondinaircment, avec une migraine nés violente, et une fièvre nès-dangoeuse.Cest à force de jus de dnon o de cordiaux qu'on chasse Itf venin qui s'étoit insinuédans le corps. En un mot cet arbre est aussi dangereux qu'il est beau; en matioe debob on n'en p>cut pas nouvo qui en approche.

Page 24: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Le Medicinicr est fort commun

aux Islcs. On s'en sen assez souvent

pour faire des liziercs.Il y en a de trob espèces. La

plus commune que l'on trouve partout, ct dont on se sen pliu ordinai¬rement, est celle que je vab décrire.

Cet arbre vient de bouture bien

plus vîte et mieux que de graine. Sagrandeur ortiinaire est de douze àquiruc pieds, a d'environ cinq à sixpouces de diamètre. Je n'en ai pointVÛ qui excédât ces mesures. Le bobest blanc, spongieux, « assez tendrequand il est jeune ; il devient dm àmesure qu'il grossit en vieillis.<îant,sa moelle diminue ct laisse un vuide

dans son centre. Son écorce cjui aucommencement étoit tendre, ume,

adhérente et d'un verd pâle, devientblanchâtre, raboteuse ct crcvas.sét. Il

sort de l'écorce ct du Ixib lorsqu'on le coupt, aussi-bien que ties teuilles quand on lesamchc, un suc dc mauvaise oJciir, blanchâtre et épais comme dti lait, qui fait unetache fort vilaine sut le linge ct sur les étoffes où il tombe, qu'il est impossible

d'effacer. La feuille de cet arbre est grande, elle s'élargit par en-bas des deux cotezde sa principale nervure, après quoi elle se rctrcssit en fabant comme deux anglesémoussez, ct finit cn pwinte. Elle est assez épaisse, grasse, charnue, d'un verd gaio lubant ; elle est attachée aux branches par une queue assez fonc, de trob àquatte p>ouces de longueur. Co arbre dans sa médiocre grosseur, ne laisse pas dep)Ousser quantité de branches, qui s'entrclassent facilement ct ausquelles il est facilede faire prendre tel pli que l'on veut, ce qui convient pout faire des liziercs, capa¬bles d'empêcher les bestiaux d'entret dans les lieux qu'on veut conserver, ct dimi¬nuer l'impétuosité des vents.

Sa fleur n'a rien dc beau. Elle ne vient jamab seule, mab en bouquets composezde plusieurs fleurons à'xm blarK sale tirant sur le veri Chaque fleuron est composéde cinq feuilles en maniere d'étoile, qui font comme un cul de lampe arrondi avecun col plus resserré « terminé par l'extrémité des feuilles qui se renvosenr endehors. Le fond du fleuron est garni o comme rcofnmé enne dnq petites feuilles.C'est du cenne de ces fleurs que l'on voit sortir le fruit, ordinairement il est dc lagrosseur d'tme noix commune d'Europe. Son écorce est vote a luisante avant qu'ilsoit mûr ; elle devient jaune, unie « molasse quartd il est mûr ; « bnme, légère,ridée et cassante cjuand il est sec Elle tenfomc nob capsules presque niangulaires,dans chacune desquelles, il y a une noix ou pignon, eo'vcloppé de trob diffoentesenveloppes. La premiere-cst une peau assez mince o frangible, de couleur grise. Laseconde est plus épaisse et plus dure, de couleur brune. La noisième est une paitepellicule blanche, tendre et adhérente à la chair de la noix ou pignon qui est blanche,compacte, à peu près du goût des amandes. On lui a donné le rtom de Noix deMédecine ou de Pignon purgatif, à cause de la faculté qu'elle a de purgo.

Lorsqu'elle est recente, elle se partage naturellement en deux panics, entrelesquelles on tiouve une petite pellicule à qui on attribue une c]ualitè de purgoplus violemment qu'à ttnit le reste de la noix. Cette noix peur avob six i huit lignesde hauteur, sur trois à qnatre de diamètre. Elle est plus ronde d'un côté que de l'aune.

Quanc à cinq de ces noix selon l'âge o le temperament des p>crsonnes qui s'enveulent servir, suffisent pour pnirgo très bien. Mab cpiand oo en prend une plusgrande quantité, on s'expose à des vomissemciu auelSj o à des évacuariotu tropgrandes. Ceux qui arrivent aux Isles y sonr souvent nompez, ou par la démangeaisonqu'ils ont de gt)ûtcr de tous les fruits qu'ils voyent, ou par la malice dc ceux quiconnoissent le païs, qui leur en présentent saru les avertir de sa votu purgative.Une règle générale qu'il faut observer à l'égard des fruits qu'on ne connoît point,est de n'y point toucher, à moins qu'on ne voye qu'Us ont été bequoez p>ar les oiseaux.Ces animaux sont plus habiles que les hommes, qui avec toute leur raison, sont nom¬pez plvu souvent o plus fadlement qu'eux.

Il faut avouer que ces noix sont excellentes p>our ceux qui ont une nop granderépugnance à prendre des médecines, ce que je n'ose blâmer, dc crainte de me

condamna moi-même ; mab il faut qu'ils se servent dc cc fruit avec modération,er autant seulement que leurs forces a leur tempérament le peuvent permenre, n'enmangeant d'abord que nob ou quaue, et augmentant le nombre, si on voit que lespremieres ne font pas assez d'effo.

Les Espagnols, nos Chasseurs ou Boucaniers, nos Flibustiers o aunes geru quiont la pratique du pab, se purgent d'une manioc encore plus facile, o sans courirle mointire risque. Ils ne font que ptendre une orange de la Chine, ou à son défautune orange douce, ils la coupent par le milieu, et couvrent dc sel battu les deuxmoitiez cju'ils remettent l'une sur l'aune, et les laissent airui, pendant douze ouquinze heures, après cpioi ils les mangent à jeun, ct ils sont assurez d'être très-bienpurgez, et d'une maniere douce « saru dégoût.

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Le Mediciniet dc la seconde espèce est un arbrisseau dc sepi a huit pieds dehauteur, o dc la grosseur du bras. Ses feuilles sont larges, dèchiquoccs ou railléesen plusieurs parties. Il jette des bouquets composea de plusieurs fleurs à peu prèscoaune celles du Medieinier dc la premicic espèce, excepté qu'elles sont plus poites,d'une couleur dc feu nès-vivc, a que les queues qui les amchcnt aux branches sontmoins grosses, moiru longues, et de plusieurs couleurs. Le fruit qui succède à cesleurs est plus petit et plus délicat qne le premier, ct cependant il ne laisse pas de

purgo aussi violemment, lorsqu'on en prend une doze un f>eu trop forte.Il y a des gou qui mangent les feuilles de ccnc jca)ndc espèce cn salade avec

d'autres bobes, et qui prétendent qu'elles leur font faire autant de selles qu'ib ontmangé dc feuilles. Ma curiosité ne m'a pu porté à en faire rexpérience. Ainsi jelaisse à la liberté du lecteur d'en cobc ce cju'il lui plaira, ou d'en faire rexpérience,s'il esc en lieu de li pouvoir iaire.

Le Mcxücinio de b troisième op>ccc csr encore plus pedt que celui dc laseconde Ce n'est qu'un arbrisseau de trob à quanc pieds de hauteur, gros « propor¬tion ; ses fc)i01es soor grasses, huileuses et molles ; elles sont colorées dc vcrd, dcjaune o de rouge : elles sont pJus endocs et bien moins refendues que celles dc laseconde espèce, o tous leurs bords sont semez de petits points jaunes.

La fleur est oxnmc une petite rose à cinq feuilles, toute ronde, de couleur deponceau, dont le ccnttc est garni dc qudques petites étamines, couvencs d'une espècede pjoussicre dorée.

Le fruit n'est pas plus gros qu'une noisette dont le dehors est découp>é et commepartagé en six parties égales, qui composent uob capsules qui renferment trois petitesamandes bien plus délicates que celles des deux prcmicies esf>eces, qui purgent plusdoucement « avec moiru dc risques.

Je sub presque porté à croire que les feuilles dc cette dernière espace sont meil¬leures en salade purgative que celles dc la seconde. Du moins leur beauté sembleinvito les curieux à en faire rexpérience.

[24Nous jvons dans toute l'Amé¬

rique un arbn; qui approche si fortde l'Acajou que bien des gcru s'y

'tromperu, et les pfcnncnr 'facile-mcDt l'un pour l'autre : on l'ap-plcle Monbin; c'est nne e^>éce dePrunier qui ilevicni Ion gnjs, fortgrand, fon braiKhu, ct fort chargede feuilles. On le mo datu les

Savannes pour donner dc l'ombreaux bestiaux pendant là grandechalçur du jouL Tpujc la difference . - .qu'il y a de sa feuille à celle del'Acajou, est qu'elle est tant soitpeu plus grarkde, plus épaisse omoins frisée; son écorce est aussi

plus épaisse et plus crevassée; ilpone deux fob l'année des bou¬quets de petites fleurs jatmes, dontle calice est composé de six feuillesovallcs o pointues par les deuxbouts, avec quelques étamines rou¬geâtres, qui environnent on pisiillede mciDC couleur qui se diange enun fruit dc la figure à f>cu prèsd'une Prune dc Sainte Cathoine.

Ces fruits sont extrèrocracm verds o acres avant leur parfaite maturité; mabquand ils y sont parvenus, ente couleur change, ils deviennent rougcânes du côtéqui est exposé au soldi. « jaunes dc l'autre cot¿ Ils ont alors un goût tigtclct.un fjcu aromatique et doux, qui n'est pas désagréable; mab ils ont un noyausi démesurément gros, qu^il reste très-peu d'espace enne lui o la peau, rt parconséquent peu de chair. Les cnfans, o généralement tous les Créollcs, c'cstà-tlire,tous ceux qui sont nez aux Islcs, cn mangent avec plabb. On lâche les Cochonsdans les endroits où il y a beaucoup dc ces arbres, afin qu'ils ramassent les fruioqui torobeni, cc tjui les engraisse à nKrveille. On se sen dc cc fruit pour fairedc la Marmelade, a une espèce de' gelée qui ett très-saine o très-réjouissante;on en donne aux malades pour leur exciter l'appeut.

Le bob dc cet arbre est blanc ct filasseux, et se gâte fort aisément; je ne l'aïjamab VÛ cmploicr à d'autre usage, qu'à brûlo, faute d'aune; on en fait quel¬qucfob du douvain, lorsqu'il est d'une grosseur coruidèrablc; je aoi qu'on lesp)Ounoit cmploîcr à faire des canots, aussi-bien que le Poirier et le Cotonia rouge.

On dit qu'il y a une infinité de ces arbres dans la Terre-fomc. J'en ai 'vûbeaucoup à Saint Doming\ie qui étoicat nès-gros, o dont les fruits ^voient aussibeaucoup plus dc chair, et trtoient de meilleur goût qu'aux Islcs du 'Vent.

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la paute tat unt csjkvc de pomme de i.ri. i)ui i|;; olüc .isser Jr cc qu'onappelle cn FrarKC de» tiupuiaraboiir; : les Ks|uj;n<>l5 ii lo Por(U¿,-o¡j l'ippcllcoiHélmU. Je r»e sçai li clic ejt otijinalre de l'Aratriquc. ou li on \'y a apportée : cequi me feroit cn>ire qu'elle y ot naturelle, c est le grand uugc que rouj les lodieiutaru île la Terre-ferme que del Illa, cn fonr Usage, qui selon mrji n'nt paj uiseioible conjecture; car cci Peuple] soiu fort jaltxu de leurs andctmo marvicrci deae nourrir, et ctcept¿ le vtn cl l'eau-de-vie, rxxu ne voyoru point t^'ili ajrcot dupenchant, cà pour rua fruits ni pt>ur cJ» auues vivra vettasst d'Europe, ou accomo-dcx à ka maniere iTEorope. On trouve dn parâtes daru l'Aiie ct eo Afrique : dlavientKTv tris-bien en Irlande n cn An¿lctrre, et j'en ai vu croiire ct venir cn parfaiteiDMuricé à la Rochelle.

11 jr cn a tie piuaicun espèce*, <)ue l'on peut réduire à trots prinripaiei, içavoirla hl.rytwK les rouges ct la jaunes,

£Ue*,>e plantent de bouture en coupant cn mocceaux la tige iju'clles ootpousaic,^ OQ le fruit nstese, et mettant l'un cxi l'autre en terre ct l'en couvrantenvvtw d* trois oo quatre poocea. H 7 a da patata t)u'oa appelle patates de sixmr,r>,fnr* paxtxijn'oo pcétcod qu'elles croissent et mûxiaKix ilans cet espace detenu. Jt Ite içai ai dana lea tiède* pasaci cela éttsit vtai : pour ilaai celui-ci. U leuriant ploa <le deux mata. Cest uaiouti <]uelque cboae, car 0 (aat aa motas tjuatre mo«i Mates Ua aucrci, TcUct qu'elles soient ^cUa veulent une «otc lejctc ec aabioo-Dcwc; «Ues demaadcai de la plu^ tjuand ixs la plante, et Jxiis de la dbalaix et

tema lec jtBtjo'à es qu'on les lève, oa pout parler le lanjagn des Islo, iasc{u'à cc^oa les ioOiUe, car eifeañraneni il faot bâiller U ttín tenic U boue pour lesuumtA. La . dair île ces trtù cipeoea oc bcxusc. On . tsciaBc . cependant les iaaoetjsha i|a« Jei Cesc noa Bonrrinire légère, de (acdk. dlg6ioa, qui iia laiaaepas d'être (ort antianntirile, es. (jeu fcroii admirable eo loatc macùcte, si die n'^toâpaa aa pen »iiiai imi.

C'est le paao ordioairc ct presque la «eulc.cbosc fjat fon dorukc aa Negreaà Saim Domiôfiae et danr les Isles Angloaacs. A l'bcac* da dJiter le Coaunaisdeurlet ""« è la ptecc de pataica, o leur cn laiac foûiUéi' à chacun aa prt>vlstaopoo- «oucc la fouenit.. En m^me-tcms 00 coupe en pieces le boii ou la tige daparatra, <idc l'on Ccsact cn oxtc an lieu do fruit i]ue l'oo a tir^-, pat oe moyen 00cat |At <fca uuum loujoun, outre <)uc ceiks qn'on laiaae par mfgaide ou <|a'ooniglifc, parce cja'cllcs wnt trop petites, ik jaxnaii ck pousser ct dc

à merveinc.Iji (calille da pataca est Un peu plus grande (|u'un ¿eu, die appctxfae de la

(igora d'ito otEBC avec deux petjca fchaacrures; elle est mitvz, d'an beau verd,tort Maire, doace aq goût a aa cochcT. Sa tige ou son boit est d'un verd-pllc,plein ie tac, msdrc, flexible : U cxxirt ct pousac cparscité de rcicttooi et dc bran¬cha qui oouvteor bien vite tooie la surface de la icrrc. II ptxiate tie petÎRa Qeurtcoaurtf dés violettes doubles, mais qui sonr ptincs, à côeé dcaquellcs ruLJssent qvian-veé de petio (ilataens tortillez tfji prennent racine d¿s cjullf touchent la terrece prodoiscitt dn (ruic

J'ai 3a patata qui peatlicm jusqu'à cinq livra; mais oda n'en pas ordi¬naire, ct mc'ponc à crt>irc <]uc mon Confrere le Pcrc du Tertre t'est trotnpii, <{uar>dil a dit <fen avoir v4 qui pooient plos tic vingt livret, ct que civia tme cbote astexortiinaire; pent-êtrc <jae c'est tirte faute d'imprcsiion qo'oo a oublié de cbrrigcr.Codumutéineac la patates ont depoii deux justqu'à disq pouca de diamètre Leurfigure est trèa-irr^gtilicTe; 00 en yott tie rondo, d'ovala et daucra façoivs. Leurpeao est miitcr, unie, «ans chcvdure ou filanserss. La rouga otsr la peau ct lededans île couleur de chair : la blarscha Ct les jautKS ont la pean grite, ct le deilansblatsc on jaune.

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Ln fcuilla et le bois ne sont pas inutiln apr^ qu'its sont arrachei; on Indonne aux cbevaux ct aux baruf\ et sur tout aux ctxhoru; cait tKxirriturc 1rs

ensrùsc extrimcment, et rcixi leur chair ci lets lard fott ferma.

La patata ftxii une Vxtne partie <lc U nourriture da pctirs habtpins; t>n lafait cuire ilans un chaudron avec dn sel ci un peu «Tcaii, et on la cou'vte bien avecleurs feuilles, Lixsqu'clln sont h<Ts du feu, on couvre le chasidron avec une gtoatetoile afin de icsientt la frunce en iledans, et iju'ella acbcvcnt de mitotuier; ccpen-tlaot on (ail oisc pimentadc avec le |us de citron, le ael ci le piosctH <cras¿. Oncire la patam du chaudron, 00 4cc U peau, <fú c|uirtc la chair pour peu qu'on lapresse, et on la mange en la trempant daru la pimciuade.

Lorsqu'on ln (ait cuire avec la viande pour tenir lieu.dc pain, ontn/iw foruboa Boucaniers, 00* chasseurs dc Saine Domingue ct beanoMip dTiahirani : 00 aeooncenie tie la bien laver saru la peler; et on la met dans la marmite tjuaisd laviande est ¿cumie. Ella se cuiseiu airui, ct cn profitant de la graisK de la viande,elle lui ansmunit^uc leur suc ct leur odeur. Quand (out esc cuit on 6ce (aàlementU pean da patates, ct on la mange comme le pala avoc U viande, saas oublierla pimentaiie, c)ui oc la sauce bvoriie de bten da gens.

On la pdc et cxt la coupe par quarticn, lorsqu'en la veut taitc cuire atircla viande comme 00 fait la luvcts, I« carotte* ct aura radoct; pour Ion ellaK (oodent cntserement, et focx un pocagc ¿pais comme une porte d'un tris-boo geÔL

On les mange au desten comme du fruic Apris t]D'e]let aime cuca sous les ccn-dia rhantVa, on la pele ct on In sert arroaia tfun jos «forange avec du socre. On lamange soarcni toutn chàuda tans y rien ajourer, parce <]ue oe huit ¿tant cuit portela mace avec- lui, er est majeurs bors. je le croi mtatte plus sain de cetK maiaiere.

La pacaie ¿tant fotlUIée ci tirée hors de terre daat un tems ace, et cxpoa¿eun peu aa soleu ct mise dans un lieu sec, k cixiservc plus d'tu an. Oa ea poete cnEurope sans <)u'clks se gltcnt. Ln Angloit en tuent pltu tjoc nous : c'est souventle pain do ¿quipaga <le leurs vaisseaux, mitât dc ceux de guerre, sot tout de leursgardc-c4ca dn Itlea. ' Lorsqisc le sieur du Parc <]ui oonunaisdañ le C3>eval mariaprit cn 16 , le Jcraçy, vaisseau dc guene Anglots de cinquante canotu; on n'jtroovs pour tous vivra que quel<]ua bariU dc bccuf tallé et (oroe patates. On laloilillc en tout tetns et en loutn saisoru, ct i>n estinsc ce (mit ú bon et si tain,qu'tso fût cn proverbe. Que ceux qui rctourrscnr cn Europe apris avoir mangé tiapatata, mtumeoi aax Islcs pour cn man^ encore Je ne sçaunsis mvux comparerle goúi de cc fruit quand il est rAii, t^'i celui iks maroiu et da culs d'artichaiixmilei etuemble. Je ne prifter>ds pas pourtant imposer à personne la nécessité d'enjuger comme nsoi, parce cjue c'est une npccc de loi dc ne point disputer des goûts.

Je m'étontie K^lcmcnt que certaines Piorinccs de France qui oe vivent <jatàe cfaataigisn ou de bled iK>ir, r>e culii\-ent pas de patates, <)ui stmt iniinimcncroeiJlenm. <^i ne crii^çnent ni ls grèlc ni U feice, et à qui il ne fatsdroit tu plusque cinq mois pour venir en mnniriré I i xr-.Tieocc que j'ai (ait à la Rochelleme oxivainquanr que ce fruit peut venir |i.\r toute la France, aussi parfaitementdu moins quil vient cn Irlande ci in Anjloerrc. JPa.ta/r^

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l-c Coeur de Beuf est nssez semblable r.u corossolier quanr n l:i îciiillc rt à lafleur; aussi le regardc-con comme une «.-coniic c-ijuxe de Cr.chim'an ; i! est vrai

que la feuille es; .i.i jxn jjIus grande t-t moins jHjintuc'. Ixs bspagnols 1 appeJltntGuanaho Pintud-i. l.e r.oin dc Clur' de E^uf lui a été tlo.'î.ié p.ir les Fran(;ois, àcause dc la figure et de la couleur dc l'ccofcc de son fruit ; ces Jcu.\ choses le faisantassez ressembler ia un coeur de b L'écorce de ca arbre esr brune, rude et peuunie ; le bob est brun, ses fibres sont -longues et d'un assez gros grain. Il vient fortbranchu et charge de feuilles, il fnit par conséqutnr un fort bel ombrage, d'autantplus que ses branches sont assez ramassées. Le fruit qu'il porte n'est jamais si gtosque le corossol ; je n'en ai pomt vu qui passât quatre pouces de diamètre. Son écorceleit vcrie au commencement ; elle devient d'un rouge fonce quand il est mûr. Encet état elle a trois lignes ou environ d'épaisseur , cHc est forte ct liante. La substancequ'elle renferme est blanche, tirant taju soit peu sur le jjunc, de In consistence d'unecrème bien épaisse ; clic «i douce et un p>eu fade ; on corrige cc défaut avec unp>cu dc suctc ct d'eau dc ileur d'orange. Elle tsr fort nourrissante, astringente etd'assez facile digestion ; clic provoque l'urine, mais il en f'aut manger avec mcxiè-ration ; car le fruit est chaud ct sec, et pourroit enflammer le sang et les partiesnobles, cc qu'on cormoitroit bien-tôt par des rougeurs qui viendroient au visage, quiy causeroient une démangeaison violente er très-imp>ortunc. Il est vrai que le remedeest facile, ct que l'usage du corossolier a bicn-tór rncomraodc par sa froideur, cc quelt coeur dc b a gâté pat sa grande chaleur

On s'en sert avec succès pour arrêter let íiu> vio vtnrrc.Il faut prendre garde quand on coupe cer ¡«rbrc, de ne p,»s ;aire rejaillir le suc

ou l'eau qui se trouve dans son écorce et dans son bois, dan.s les yeux, on coureroitle risque de perdre la vue. Le remede à cet ¡tccident csr dc se laver Icî yeu.x avec du jusde limon. Cela cause un peu de douleur, mau c'e.st un ,-cmede ¡nta.illiblt, et peut-être le seul.

Lorsque ce fruit est tout-à-fait mûr ; on le rire dc son ¿^orcc avec une cuillier ;on le m« sur une assietc, et après en avoir ôté les graines qui ressemblent assez àcelles du corossolier, on répand dessus un peu d'cai; r!c fleur d'orange, avec du sucreet dc la poudre dc canelle. C'est une marmelade bien tôr faite et très-bonne. On en

fait aussi des pâtes ttès-dèlicates. Quand on le cueille avant qu'il soit mûr, on le coupe[>ar tranches, et on le fait comme ie corossol. Lorsqu'étant bien mûr on le coupepar tranches, ct qu'on le fait sécher au four ou au soleil. Jpr;.-? avoir été saupoudrédc sucre et d'un peu de jviudre de canelle, il se conserve long tems, ct devient commeune pâte naturelle, irhi bonne pour la poitrine-, qui .tide à la digestion, ct qui resserredoucement ceux qui ont le ventre trop libre, les Espagnol.*; le mclcnc avec l'abricotde Saint Domingue, dans la composition dont ils rempiis<cni Ici or'angcs donr j'aiparlé cy-devant

La troisième espèce de Cachimán est le Pommier dt canelle. Il ne croit jamaisassez pour être mis au rang des arbres, cc nest qu'un arbrisseau très-peu differentdes deux premiers pour le bois, la feuille et la fleur. Son fruit qui n'excède gueres lagrosseur d'un oeuf d'oyc, ressemble tout-à-fait à une pomme de Pin. La peau qui estdc répaisseur d'une pièce dc trente sols, est toute partagée ou paxseméc dc petitesécailles tendres, médioaemcnt élevées, d'un assez beau vcrd au commencement, maisqui se flétrit i mesure que le fruit approche dc sa maturité. Le dedans du fruit estpresque entièrement semblable au C de B cc qu'il a de particulier, est uneodeur dc canelle, avec une petite pointe de gérofle dont il remplit la bouche.

Ce fruit est chaud. Il est ami dc la poitrine. On cn fait des pites, des mar¬melades, ct une espèce de cotignac auquel il ne faut ajouter cju'un peu d'essenced'ambre, pour lui donner une odeur charmante, et en faire un manger délicieux.On prétend que les graines dc cc fruit concassées et infusées pendant vingt-quatreheures dans du vin blanc, lui donnent une vertu mcrvcillcuse pour soulager ceux quisont travaillez de la pierre ou de la graveile.

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Depuis le mois de Mars jusqu à la fin de Mai, c'est le tems de planter le Roucou,néanmoins quand vous le plantcticz des Février ct même J;'.nvicr, il vicndroit aussi,mais ne rapp>ortcroit pas plutôt que le planter cn Mars

11 ne faut pour le planter, après avoir netoyc sa terre, que taire de petits trous.ivcc lr, houe, ft jem-r dedans rrois ou quarre graines nu plus, comme on fait pour

planter des pois ou du mil.La tiistance la plus raisonnable est de huit pieds cn qu.irré ; on le sarcle et.' comme les autres arbres.

Quand il pousse trop haut, on le châtre pour le faire épaissir, et convertirl'arbre cn buisson

On le cueille deux fois l'annce vtrs la saint Jean et vers Noel. Celui qui est

plaine en Mars, Avril, Mai, rapporte à Noel.Dès qu'il y cn a dans une grappe une cosse qui ouvre, toute la grappe est mûre,

ct celui qu'on cueille cn cet état s'appelle Roucou vcrd.Quand on le veut laisser st-cher davantage pour le garder « écaler ct faire à

son loisir, on attend à le cueillir qu'il y ait beaucoup plus de cosses sèches que dcvertes à la grappe, et on appelle cela Roucou sec.

Le Roucou verd ne se peut garder que quinze jours avant que d'être écalé ct fait,mais il rend un tiers plus que le Roucou sec et le roucou cn est plus beau.

Le Roucou sec se gardera fort bien six mois, et on le peut batue pour l'écaler,après l'avoir fait un peu sécher au soleil ct l'avoir remué.

Pour écaler le Roucou vcrd il ne faut que rompre la cosse du côté de la queue,a la tirer cn bas avec la peau qui environne les graines sans s'embarasser de cettepeau.

Après que vos graines sont écalées, il faut avoir un canot ou plusieurs, suivantce que vous avez dc Rcxicou à faire, que vous appeliez canot de trempe où vousmenrez vos graines à trois ou quatre fois, les battant un peu avec le pilon, environl'espace d'un Miserere; après quoi vous remplirez le canot d'eau à huit ou dixpouces près de ton bord : sur aois barils de graines, il faut bien cinq barils d'eau ;la plus claire et la plus vive est la meilleure. On le laisse au moins huit jours dansle canot de trcmjje, le remuant deux fois pat jour avec un rabot, un demi-quartd'heure environ à chaque fois.

Après qu'il a assez demeuré dans le canot de trem;^, on le passe dans desparuers sur le canot afin d'y faire tomber toute l'eau et les graines ; on les m« dansun second canot, appelle canot dc pile, qui doit être épais dc quatre pouces pardessous.

Si l'on veut remettre cn même-tems dc nouvelles graines à tremper, on doitretirer l'eau du canot de trempe, qui s'appelle premiere cau ; ct la mctac dans unautre canot, qui s'appelle canot dc .^ardc, parce que l'on y garde cette eau pour êtrepartagée sur la seconde et troisième c;'.:i pour cuire le Roucou.

Nouveau voyage aux Isles Françoises de l'Amérique (1694)

La graine qui est dans le i.aii<it de pile do¡t être bien pilée avec les pilons ctde bons bras, l'espace dun bun tju.irt d'heure iKi plus, en sorte que toute la graines'en sente ; on les mer ciprés tela uemiici dins !e même canot de pile, ou un autrecanot de tremiic une heure ou d^us dans l'eau claire ou qui aura servi, ensuite onles passe au panier, les frortani bien dans les moins en les passant, puis on les remetune seconde fois dans le c.uioi de pile p<iur les y repuer, frotter er passer encore unefois comme la premiere. Ccnc c.tii s'appelle sev.onde eau qui doit aussi être gardée.

Apre;, quoi il lau; les inciirc ^ ressuer l^ien enveiüpju-es dans son canot avec desfeuilles de Balisier. On minime te t.nuit, eanot a rcs.'-ner. Elles y doivent bien dcmeu-ler huit jours sans y loutlier, tt iiiiqu'à ce q'.i on voye qu files veulent moisir.

On les tire dc ce cani^t pour le^ mettre dans le c.uiot dc pile, où elles doiventêtre pile-cs la ¿ le^n^ie foiî., ptjii liotièes, r«;avées e; p.'i.^sécs deu.K fois, aprèsavoir trenijx- un j>"iur ou dc.a d.ui route, les Jeux eaux, et l'eau (¡ui en sort s'appelletroisième tau.

Il y en a qui les mettent eneoie ,i ressucr pour en tirer encore de l'eau à fairedu Roucou ; mais ce Roucou est trop foiblc, et cc n'est qu'un tems perdu, ct rendvotre Roucou de moindre qualité. On peut bien si l'on veut faire ceae façon, maisl'eau doi: servir à tremper d'autres ¡graines, comme l'eau de Roucou, c'est-à-dire,celle qui reste après avoir tiré les éiumes qui doit être mise dans un canot pourles garder à cet usage, que l'on nomme eanot à l'eau.

Outre cc canot on doit en avoir un autre, que l'on nomme canot à laver, quidoit toujours être plein d'eau afin que ceux qui manient les graines et le Roucous'y lavent les mains, ct y lavent les paniers, pilons et hebichcts, afin de ne rien perdre,car cette eau est plus propre a tremper les graines, « doit être jointe à l'eau duRoucou, parce que l'une et l'autre en contient toujours tm peu, et communique cetteimpression lorsque vous voulez faire votre Roucou, cc qui se doit faire incontinentaprès votre seconde eau tirée.

Il faut prendre cette eau et la passer sur un canot, appelle canot dc passe dansun hebichec Ce canot dc passe sera plus commode s'il est partagé par le milieu, carl'eau doit être passée tieux fois sur l'hebichet, qui doit être lavé souvent dans le canotà laver. Ce canot dc passe doit eue bien net, et l'on doit mêler i ceae seconde eauun bon tiers dc la premiere. On passe la troisième cau de même, la mêlant avec lesdeux tiers de la premiere.

L'eau ayant été passée deux fois à l'hebichet, doit être mise dans une ou plu¬sieurs chaudières de fer, la passant auparavant sur une toüc claire et souvent lavée.Cette eau étant mise sur le feu jette bien- tôt son écume, que l'on tire et met dans uncanot, apellé canot aux écumes.

Quand l'eau n'écume plus, elle n'est bonne qu'à mettte dans le canot à l'eaupour tremper les graines... Quana l'écume vient trop vite, il faut rlimîmu-r le feu.

Quand vous vous trouvez assez d'écumes pour les cuire, vous les mettrez dansune chaudière, appellee la batterie, sous laquelle vous faites d'abord assez grarxi feu,le diminuant à proportion que les écumes montent.

Il faut de tems en tems bien éclaircir vos chaudières avec de la pierre de pooce,sur tout la batterie.

Page 29: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Il faut à la batterie un Nègre qui mouvc presque continuellement, et détachele Roucou qui s'artêteroit au fond et aux bords de la batterie; et quand votre Roucousaute il faut diminuer le feu, car il en sauteroit la moitié ct il cuiroit trop vite : quandil ne saute plus, il ne faut laisser que du charbon sous la batterie, alors il ne faut plusqu'un peu mouvoir, et cela s'appelle vesscr.

Votre Roucou s'épaississant ct formant une masse, il le faut tourner et retournersouvent dans la chaudière, diminuant peu à peu le feu afin qu'il ne brûle pas; c'esta quoi il faut être bien exact, car le Roucou ne se cuit gueres en moins de dix oudouze heures.

Pour connoître quand il est cuit, vtius n'avez qu'à le tourner et retourner,mouiller votre doigt ou cracher dessus, ct quand le Roucou n'y prend plus, il est:\ur.

Quand il est en cet état, on le laisse un peu durcir dans la chaudière avec tmeth.ueur très-modcrce, en le rctouxnaut pour (¡u'il cuise et sèche de tous cotez.

Après l'avoir tiré il reste toujouts quelque gratin, ou partie du Roucou tenantà la chaudière qu'il ne faut pas mêler dans le bon Roucou, mais repasser avec de l'eauet des graines.

Le Roucou sortant de la batterie ne doit pas être mis en pain d'abord, mais ilfaut le mettre sur une planche en maniere d'une masse plate, et on le laisse refroidirhuit ou dix heures. Le Né^re qui le manie et fait les pains doit avoir les mains légè¬rement fronécs de beure frais, ou de sain-doux ou d'huile de Palma Christi.

Les feuilles de Balisier sont fort propres à les mettre en pain, que l'on fait leplus communément de deux à trois livres.

Le Roucou diminue considérablement, mais il a fait toute sa diminution endeux mois.

Pour faire de très-beau Roucou, il faut mettre tremper vos graines dans uncanot, et que ce soit du Roucou verd, et s'il se peut sortant de dessus l'arbre sans lebattre ni le piler, mais seulement le mouver, et passant les graines sur le canot lesfrotter avec les mains, puis les jetter après les avoir assez fronées; il montera surcette eau une écume ou graisse qu'il faut tiicr avec un écumoire. et la battant dansun vaisseau bien net, ou avec les inains sans la cuire la faire épaissir, et puis sécher àl'ombre; on aura de très beau Roucou, mais on pcrdroit trop à cene façon, et lesMarchands ne le voudroient pas payer à proportion de ce que l'on pcrdroit en quit¬tant l'autre maniere plus commune.

Cette marchandise valoir entore vingt sols la livre en 1694. elle avoit valu jus¬qu'à trente sols les années précédentes; mais la trop grande quantité que l'on cn fit,et la paix de Risvick, en firent baisser le prix jusqu'à six et sept sols la livre. Malgrécela ceux qui cn faisoient y trouvoicnt encore leur compte, parce qu'il ne faut presqueaucune dépense ¡xiur la faire. Les arbres «¡ui la portent sont plantez dans les savannes,où ils ne causent aucun préjudice à l'herbe, et par conséquent aux bestiaux qu'on yélève; ct les enfans dc six ou sept a.as y peuvent travailler, et en font autant que lesgrandes personnes.

La ttomperic que î'îhi jx-ur faire dans cette marthandi.se, consiste à mêler de Iîterre rouge bien ramis<!-c ou de la brique pilée dans les chaudières où on la cuit, urmoment avant qu'elle ait acquis sa dernière cuisson. Cette terre en augmente le poid:et le volume, mais lt moyen de connoitre cette fraude, est de mettre un pen de roucoidans un verre plein d'eau, si le roucou est pur il se dissout entièrement sans riet

laisser au fond, au lu... que :>il esi mêlé de terre ou dc brique, on la trouve au fontdu verre.

Quand O.T pese ; loutou on rabat cinq pour cent pcnir le poids des feuilles donil est enveloppe, et pour l'éguillcrtc qui le lie. C'est là sa tare.

1^ Roucou pour ètie ht-au doit erre d'un rouge ponct-au, doux au touchet, san'aucune dureté; il doit s'cieadre l-jcaucoup, et n'être jamais si dur, qu'en le touchanun peu forremonr, on n'y puisse lais.sçr quelqu'imprcssion. Quand on le rompt, l<dedans doit être plus vif encore tjue le dehors, sans cela on peut liire qu'il est altertou du moins qu'oiv lui a donné une cuisson trop forte et qui lui fait perdre unipartie de sa couleur, ct diminue considérablement son prix.

Les Indiens ou Oiraïbes cn font pour leur usage, car ils n'ont point d'autrehabits que cette peinture dont les femmes ont soin de les barbouiller tous les matins

Leur roucou est infiniment plus lx:au et plus fin que le nôtre. Il est d'un roug<éclatant presque comme le carmin, il foisonne à merveille quand on l'employé, mailes habitans ne trouveroient pas leur compre à en faire de cette qualité.

Les Indiens cueillent les gousses ec les épluchent comme nous, mais au Lieu d»mettre les graines dans l'eau, et des les y laisser fermenter, ils les frottent dans leur:

mains, qu'ils ont auparavan' trempées dans l'hiùle de carapat, jusqu'à ce que la petitipellicule incarnate soit détachée de la graine, ct réduite en une pâte très-claue citrès-fine. Alors ils la raclent de dessus leurs mains avec im couteau, ct la mettent suiune feuille bien propre qu'ils laissent sécher à l'ombre, de peur que le Soleil immange ct ne diminue sa couleur. Ce travail comme on voit est long et etmuyantmais il est bon pour des Caraïbes, qui sont les plus indolentes créarures du mondeQuand leur roucou est presque sec, ils en font des pelottes grosses comme le poin|qu'ils enveloppent dans des fetiilles de balisier ou de cachibou tju'ils conservent soigneusement. Dès qu'ils sont levez, c'est-à-dire, dès qu'ils sont sortis de leur hamacqils vont se laver tout le corps à la mer ou dans quelque riviere, et après que le venou le soleil les a séchez, ils viennent s'asseoir sur une petite sellette au milieu de leucarbet, où leurs femmes les viennent peigner ct trousser leurs dieveux, après tqucelles mètrent dans un couy un peu d'huile de carapat dans laquelle elles font dissou«ire du roucou qu'elles prennent avec un pinceau, et en peignent tout le corps dleur marL Je parlerai de leurs coutumes dans un autre endroit. Je dirai seulemenici que ccnc peinture leur conserve la peau, qu'elle empêche que le vent ou le soldne la fasse gerser et crevasser, ct qu'elle les préserve des piquûres des cousins, maringouins ou moustiques qui sont en très-grande quantité au tour de leurs carbets acases.

Nouveau voyage aux Isles Francoises ie l'AnUrique (1694)

Page 30: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

Comme la .uison des pluyes est le vrai tems du jardinage, j'envoyai à la Basse-terre chercher quelques pieds de cerisiers ptMir les planter dans mon jardin quej'avois soin dc remplir de toutes sortes d'arbres ct dc plantes. Cet arbrisseau ressem¬ble assez au Grenadier, le bois est gris, il jette beaucoup de branches bien chargées defeuilles, presque de même figure et couleur que celles du Grenadier, mais un peu plusgrandes et moins épaisses. 11 fleurit deux fois chaque année. Ses fleurs viennent perbouquets, elles sont compoées dc cinq petites feiiilles blanches, qui font une espècede calice, dont la capacité est toute (emplie de petits filets ou étamines blanches,douces ct déliées comme de la soyc : d'une odeur approchante de celle dc jasmia Lefruit qui succède à la fjcur est un peu plus gros que les cerises qu'on appelle à Pari»,des griottes, et dc même couleur. Sa queue est coune; le côté qui lui est opposé n'estpas rond, mais un peu plac avec un peut enfoncement dans le milieu. Cc fruit n'apoint de noyau, mais il a cn sa place une espèce de canil lage comme le zest d'unenoix composé de sbc petits ailerons d'une ligne et demie de largeur sur trois lignesde hauteur, qui n'a pas plus de dureté e: de soüdité que les zests des nobt quand ellessont mûres ct fi-aich«ncnt cueillies. Le goût de ces cerises approche assez de celuides griottes, mais il faut pour cela qu'elles soient bien mûres, car quAni cette qualitéleur mantoue, dies sont fort acides. /

On les confît comme les cerises d'Europe, et on fait dc la géléc; crues ou cuiteselles sont toujours fort bonnes ct fort saines.

Cet arbrisseau que l'on peut traiter presque comme le boûis, vient «le boutureou de graine : depuis que la graine est levée, ou que la bouture eu reprise, il ne fautque huit à neuf mois pour le voir rapporter du fruit.

Ü)IE bois appelle Tendre à caillou .it se trouve que dans les lieux sets, pierreux et

^ arides. Il tire son nom de sa grande dureté, qui le fait ressembler aux cailloux.Sa feuille est médiocre, ovale, dentelée, sèche ct comme brûlée du soleil, dc

sorte que de loin ces arlvcs paroi.s-sent rougeâtres ct comme grillez. Ils n'ont jamaisplus dc douze à quatorze pouces dc diamettre, du irniirs et sunt les plus gros que j'aivus. Quant à leur hauteur, elle est con.^idéniblc. On en irt uve de vingt-cinq àtrente pieds de tige; cet arbre a peu dc branchtrs ct n'est pas tr.ip fourni de feuilles.Son écorce est blanchâtre avec quantité de petites hachures : die n'a pas plus dequatre lignes d'épaisseur; elle est peu adhérente, se lève d'cllt-mcme, se .sèche etse roule dès que l'arbre csr abbani. L'aubour, l'aubier ou i ju'hcllc, car on se sert¿e tous ces noms aux Islcs pour signifier la mcmc chtrtc, t.« presque blarK, médio-crcrhent dur, et dc l'épaisseur du quart du diamettre du fcuV. il né vaut rien daKHit, ct se gâte très-aisément, mais le ctcur est admirable, égaicment bon dans lat<^rrc ct dans l'eau, d'une dureté extrême, fort toide et foa compact. Ses. fibres

sont longues, droites, ct tellement pressées les unes conue les autres, qu'il est plusfacile de les briser ou de les couper, que de les scpatcr. 11 est rouge cjuand on le

coupe; il perd sa couleur quand il est à l'air, ct devient presque gris.

Page 31: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

On rcconruiii cn Arrsirique <;uairc lonti At tabac, que l'on distingue les orudes autres, par It Tigurc de leur» fcílilli.-», cl point du tour par laurs geturea pré¬tendus. Ut ftcuasacnl « portent tous dc U graine igalcirscnt bonne, pour k rrptt>-duirv. Chaque tnpccc »c.mV»lnpUc «rcllc-mcme, sans aucun «Itcratitjo 00 tUmiira-tstjn, <)uc celle qui lui peul arrivrt tic la part du terrain oi elle ca» >em^, ou tfani-pUntc'e.

La prmsMrc capeca o U tabac ou Pcrun rcrd, cpit les Kabitaru isommcntsimplement le gratsd Pcruiv. Il car ainal «ppelli à cause dc U grandeur dc «es Icûil-Ica, et dc ta t>caut* de leur colons, tjlcs ont pour l'ortunairc vingt-quatre à vingt-six poum de loogueur, ct depuis douac justju'à quatorze pouces dc large. Elles «ontépaisses, charnuCa, cccorsèca, maniables, d'un trfs-beau vcrd; mais ctvnoK elles mudélicates et rempiles tic bcauctxip dc suc, elle) diminuent considérablement ens^bant, tM comoM on ¿k datu le paît, à la pente, c'cxt-à-dirc, lorxju'itani anachéesà (les pcrrbca tnt pulcttaa, oe les capoac à l'air pour les fsirc sMicr autant tpt'll estiséccasairc, podr les pouvoir oscctr* cn conic, et ctuuitc cn rouleau ou rolle, commcparler» IcS Htbitaf. Cetic dirrúautloo ou dicha est catue eju'on cultive moiiu cetteespèce, que celle «|u'on .nomme tabac k, langue.

Celoi-d a ka (efllIUs àpoa pets de mtmc loogueur que le préceticnr; mais eUetne passcftt pal aept à bult pouc^ dc largeur. Le rapport qu'elles o«u avec nrse lats-gue dc bccui lui a (ait ttofsocflc oom lie tabac à langue. Elles soru cbartnsâ;'paisses, forrea, liaiwcs, graasea « doucb tu toucbcr; avec cela ctlea tont moins rem¬plies de rue tt d'bumidir^ t;^ celles «lu grand f>etun, cc qui tait <}a'cllcs te conser¬vent id'icux, m «ipi'fJlei o« lotjfrcai presque point de décbcs ou d* dinùnuxia' à lapente. C** patifatiUctoBanc cette espaça qs'da cnltivc tur not aus Islca da 'ViLCcai4-dir«, à la Xlartji^iqoc,- U Guadeloupe, MaxU-Galanic, Saint Cbrlnophc, les.Saintes, la ^rltadc, la Gressade, U Barboudc, Anriguc. Nieves, Moruarrat, U Do-roinic)uc, SairMC Akusic, Saif)c 'Vir>ccnt, Sainte Croix n les Vierges, que l'on sppclieaussi les Antistca oa les Isles' Caraïbes. Aa lica que les Islcs tic J'vtnic Saint Do¬mingue, CcMTi M Colja, la 'Jama>(]uc,'la Tortu(,.ntle à 'Vache, ct autres voisitKSsont ippcllécs.les Uics. de icus. le VcaC Les premieres iont à l'Est, ct pat cons^qi>enr au vent des autres, parccquc les verMS sliscs qui Kxifllcni presque toujours,viervixnt de la BaiMlc dc list, et passent par ces premieres Isles avant d'aller ra-frilchir lesauDca.

Ls tro'ts'iémc espèce cat. le rsbtc dAmaionc, ainii nonuni, parcrqvic u grvinea ité apportée des enyirora de' la . riviere de ce nocn, qui est tous ls Ligne, c» quisépare le Brésil tics terres de Cayenne. La feuille de cc tabac est ausu longue quecelles tics deux espèces précédentes, maii clic est beaucoup plus large, a roodc à«on rruèmifé; çr qu'elle a encore de particulier C[ui U tüstinguc ties suties, est,que le» pcrites ttervûres ou cites tjul «oQtieruKor ls iexiille tombent perpendiculii-rcrT>eni sur U groue c6c« du milieu, au lieu que dans les autres espèces elles soi-vent le ctxiitxit tic Jt feuille, ct vont en biaisk/it ven li poinrc.

La (cilillcs dc cette espèce tont tort épsisses, ion charnues, bien ru]u/r>es, etquoiqu'elles paroiuent remplies de be«uc(^p tic lue, elles ne tiiminuent presquepoint à U pente Cc ttbac est dooc d'un rrés-grand rapport; et »««Ojémer^i U pour¬roit ps.uer pour le meilleur des trois espèces, «i on pouvoii «en «ervir tuui-rót qu'ile»t (lit, comme on «« sert des autres; miii il s ur^e odeur li forte et ti déngrcible,qu'il fsuc y être accodrumé «ic longue roiirx, pour n'être pas étourdi et provoqué tuviynitiemept quand <>n s'cQ sert, «oit cn (uméc, toit cn poudre, soit en

lorsqu'il est rwxjvrau. Cc défaut K' corrige pourtant à mesure qu'il vieillit; et ecusqui en ont gardé, l'ont trouvé excellent su bout tic dooie i>u quinsc mois. Msiscomme on cherche par cuui, et sur n>ui sux Itics, nn débit prcxnpr et un pn>i'it pré¬sent. Cl que pour l'ordiniirv lea affaires tics Hsbittru «oot dtns une «irui-tion à nepouvoir pat atirr^tc si li>ng-«cms le rcs'cnu de leui travail, ili simtnt mieux Kpsiser du produit ct>nsidér.-iblc qu'il.» suroient cn cnliivsni ce Tabac, que dc leItiitcr daiti leur» Mtgaisint le icttvi nécessaire pour lui ftirc pcrilrc cette mauvtitcqua lire.

Je Ka< pourtant par cxcpCTiertcc e/ut t^uarvi on le met rcsiucr pendant tcpt ouhuit jours iptés qu'il a cir 1 U pente le tems tKtlintirc pour ttrc prit à mettre cncorde.et qui>n l'expoK une sccotkIc ft>is à l'air pcrxisni urw couple de joun seule-

il dcvlenr aussi tluux ct d'uttc odeur aussi agréable que celui des autrescipcccs. C'est aux'Htbirsns k voit li cette aagmcniation dc travail Kra wfftsam-ment compensée pas y-g""^r^,;>x tiu p^fu iju'ds trouvcrdm eti lt cultrvanu

Lt quatrième ci|)Cv<; l'V relie qu'on nppcllc Tsbac de Vcrinc. C'est le nomd'un petit Village jiiué jopris do la Ville de Comaru dans la Terre ferme, sur leLac lie. Vcnciuela, d m'i la git'ine a cté apportée. Ce tabac est le plus petil dc ttxjs.Ses feuilles ^rriveni rarement à la longueur dc dix pouces j elles itxit étroites;rudci, ritiév-s, iun |:<.ini»'ii: ello ne laissent pas ccpcrtdani itític t*icl bina nour¬ries c; charnurs; msis oxxmc eltct nni beaucoup dc suc, elles liéchcotcn^ ou di¬minuent braucTMp ii la pente, n sont par ctNUéqueru d'un iris-médiocre rtpport.

Cc que cc Tabac a dc paniculier, ç/ni le fait rcgaxdct ooan>4 lf-plû| exccllencqtii soit au irtondc, csi urtc odeur douce, aromatlque,^ tpptochahal de celle du muscqu'il a nsnirellcrt>eni, «ju'il ctmservc, toit <)u'on le prcsux n. poódrfe, toit qu'on lefume, cr qu'il communique ti (arilcnscisl aux autres espèces' qis'oai mêla avec lai,que le tiers tw le quart dt retui<¡ suffit potir (aire pauct tout le reste pour Tabacde Vcrinc. Malgré cet avantage »io en cultive t^és-peu aux liles liu Vent; er Ce ji'e«pas lt seule faute iju'on pcui reprorhet à noa Iruultitcs en niaticrc'tiC' négligence ctd'intiotcncc Sur ks Msnufnciures dc leur Pals.

Les fleurs <lc cet tjutire ctpécej'tic Tabac ttxti les mêmes tptaM à la tocmc età ta ciwicur. Elles ne diffcreru qisc par la grandeur qui est (ou)puH proportionitécà la grandeur de la tift q«*i les a produites. EUes soru portées- sur .>"* ^^9*1 u*exforte, tt sont cortïpostes J* cinq feuilles, qui apr*s avoir laïc un rajraa (Terrrirondemi police tic Icwiguctir, «'éponnülssent atru l'éloigner l'une dc l'sotre^ et- foot uncalice peniago qui renferme cinq étamines c( un pistillc tjui.cn l'allongcan |cchafttc m unf pctiie silii]u« i^i contient les graines ou seft>et»ccs de la plinte.

Ces graines ton» nnircs, aases fermes, de la grosseur à peu près, dc la figure etde la coh'iirerKC dc cdlcf du Hsvoc A mesure qu'elles mûristcni ls fleur rbange,et dc ctjulcur tic chair (qu'elle éioii auparavanc, clic devint feuille rrton*'. elle KfarUK enfin, te léehc ct rombc. qusrsd ¡s graine est arrivée l ur>c ptrftite minirité.

Si po n'tvoit pas loin d'arrêter lt plarue, dit crottroir coajours^'ct durcroiiplusicun armées. On cn t vu de cinq à six. pieds de haut, ct même, tiavanta gc dtrunoa Islfs. Vftis on l'arrête cn ccupant la. dgc, lotiqu'cile est arrivée à la hauteurde deu; pieds ou environ, et cela pour trail raisons.

Xa premiere, parceque si on la Itisaotc crohrCj.cUc tctoit à la fia trop exposéevent, qui poùtrt>it ls rompre, ct même I'trracfier.

Lt lecoode, parce que le suc ixi lt «évc se porcatu niiurTllcment à tugmcnteilt tige. Ici íeüilles msr%quero>mt à It fin de nourriture, elles tcroierit plus mirvr».plus petites, moinj chirnucs.

Ls troisième, pour l'etnpêcheT de grainer, psrceque le suc et la force de lipltnte concoursnt à' la cot^servation -de l'espèce, plutôt qu'à lt ' nourriture dcjfeuilles, qui ne lui sont d'tucunc utilité pour celt, ce tcrott tuctot dc tlimlnué surIl rvxirrirure lioru les feiiilles oot besoin pour ttriver tu point de petfection ouelles doivent eue pour fsirc dc bonne n\archarvü»e.

On ru ItisK croître tjae les plantes qu'on destine à fournir la graine pourl'armée suivante. D'ailleurs truelle i>écessité dc liiivct croître dc ces plantes qui doi¬vent être arrachées ct replantées chaque truiée. Il est vrti i]u'elles pourroieru durerlong-tems; msis leurs feuilles diminuéroicnt chaque jour, ct dcvieisdrolenc à la linrout-à-fait inutiles, et occupcttMcnt le terrain sans rapporter de profit.

Le Ttbac demande une tcne grasse,- rnédiocrcmctn (orte, profotlde, nhie, quine toh ni crop humide, ni txx>p t¿cbc, le moiru txpçtéc «¡o'il cat potaibU àux grandsvents, ct su trop grand SolciL Je ne parle point du froid qui lui «croit coocirt plusnuisible. On ne le connoli point dtnt noa Islca, si è* n'est wr k Hcama de quel¬ques htutes montagnes, où il ñ'jr a pai apparence que personne ailla planter duTabac.

Page 32: Savoirs naturalistes populaires en Guadeloupe

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Cette plante mtnge furieusement It rerre où elle croît; et comme clic oeporte rien tvcc elle qui li puisse améliorer, il est rare que lt raêroe tette puisse ser¬vir loag'Cenu à ls pcoduirc de lt qualité qu'elle doit avoir, à moiru f]ue ce oc soitune terre irés-grasae et unie, dont ta pluye r)c puisse pas cnctilocr la graisse, cibien profonde, tfin qu'elle puisse foumir lt substarKC nécessaire à entretenir ur^cplante aussi devoran». C'est par cette raison tjuc les terras ticuvcs lui toot infini-nscnt plui propres cjue celles qui ont déjà servi, ct t^uc les terrains qui xjnt cn c6-ticret soot bientôt épuisez, et ne peuvent fcxjrrùr qui trois ou <]UtcR levées ourécolrcs de boo Tabac, tpn^s quoi ils ne produisent plus que tics plantes ct detfeuilles avortées tans lue, sans subatincc, «ani odeur, tans force; ce <pii décrie lesPsis d'f>ù cllet vicnncnl, à csusc dc la mauvtise <]ualité du Ttbac <jú''tls prûiiulsenc

Supposé donc qu'on tit un terrtin tel que je vient dc le demander, on peutriisor\nablemeot eiperer du Ttbac d'une très-bonne qusiité, ct cn quantité luffi-wnte pour faire un profit coniidcraSlc

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I.CS Angloit ippcllcnt Poirier piquant ce que ntxis api>ellons Ra(|ueiics :>ukJsica, on pourroit ce me semble l'tpycllcr figuier piquant, pulique le fruit qu'il pones beaucoup de rapport à la figue txtlintirr. Opcrkl-int je croi t^u'ili ont raison, etque nrxu n'tvcxu pat ton : car si le fruit ressemble un peu à une poire, comme ilsle prétetsdeoi, il faut convenir que la feuille s ssseï ls ligurr d'une Raquette, ct lefruit celle d'une figue, mais garnies dc si lurtes épines. <]iic rien su morulc n'est pluspiquant.

Otte plante ne vient bien tjuc dans les tetres labloneuses, ci daru tes endroitssecs et sritics. Cett dans ces licux-U qu'elle profite à mcrvcitlc. Il n'f s cpi'à cntetrtrà moicit: une dc «« feuilles ou r<*^ts, comme on die aux Islcs, pour qu'elle prenneracine, et qu'elle produise bcauctxip cn peu dc icrai; Elle ressemble ï un ovtic uapeu allongé d'Un dc ces bouts, à peu prés ctvnme isous votons les Rtquerics; quaisdlene patte cat daru la grartdeur nattircUc, ct aa touche dtnt un terrain qui lui ctmvieni,cIVc a depuis sept juiqu'à neuf pouces de longueur, lur trois ou quatre pouces (lelargeur, et iwuf à dix ligtses d'épaisseur. La peau est verte, mince, ct licéc aux en¬droits qui ne sont pas charges d'épines. La chair est bJsnchitre, souple, de la consit-iciKC d'une rave un peu flévic, d'un goût qui seroit entièrement insipide sans unepetite amertume qu'il laiaae tians la bouche quand on la mache. Les battis tool muschargez dc pctjis bouquets d'épines ilroiics, courtes, fortes ct pointues. Ses deux siipcr-iKics le sont susai, mais les oouqucu sont lmc>i >>iu> yrua, et lea cpuKs plus longtiescc plus (tmcs, ils soot éloigi>n d'un pouce let uns des autres, ct posrt en quincoogetrês-ré(ulicrcmenL Chaque bouquet est ootiipoaé dc sept, iicuf ct onxe épine^ celles

qui spprochent du ccnttc sont Ion-/tt/tf,er j^j^j iun pouce ou environ, la Ion-

/"y"*" 'Toik. JC gueur des autres diminuí à mcsutctju'cllcs s'en éloignetu. Elles sonttoutes rxttaordiniircmeiu fortes,

roides et pointues; ct qut>i<)u'à leurbase, elles ne soient pas plus grosses .que les plumes tic l'tile d'un Moi¬neau, elles ne Itisscnt pas de percerls «emclle d'un soulier, ou d'une

boae du cuir le plus dur, le -plussec ct le plut fort

Lorique Icn uges tMit deux s trois picxii de hiiiieur, icuri teuillf, chi prîtes pous¬

sin un fruit s leur CKUCmiré, dont lt ligute apptocKe beaucoup |iU(s de cdie d.unelif(ue, que d une poue ou potnmc. 11 esc vcrd et dur, quand il commence a paroirrc,il change dc couleur à mesure qu'il croît, il rt>ugit peu t pe-u, ct devient en/in d'une(.oulnir de feu vive et éclatante lorsqu'il est ruui-l-ftit tnûr. 11 tient à ta tige par leIxjui le plus petit, e< picsentc le plus groi tout droit en l'air. C'est dtru le point deu maturité qu'il sort dc «on centre ui> bouron compose dc cinq feuilles, qui en «épn.nouisssnt font ur>c espèce de rulippe Je couleur orsngée, txj d'un rixij^ ptic, qui none\rk\ issn dc contisiertce, m ne force pour se tenir ilroites ci ujtiet, miu t^ui se rcnvci-sent sur le fruit deux ou trois jours après qu'elles sont écloses, et qui se fannenc,^ècllcnt et tombent cn moms dc deux fois vinyr-qustre heuii.s.

Le (ruii t'ouvre alors comme une gronudc, ou une fi;(uc qu'on t laissée troplong-tenu Jur ion pied. Le dedans psruii rempli de pctitti graines ou pepin». dontle dessein esc d'un trcvbesu rouge Incstnx, le dcdanj qui est i.v«t solide est blintCes graines sont enveloppées dans une mtiicrc cptitsc comme dc la gelée du plusbeau rouge tlu monde, et d'un goùc charmant, raélé dc douceur, «vec une petitefxjintc d'aigreur, qui :\iguisc I tppèiit, rcjoiiit le cocu/, n rafraiclm extrémcmenc.

Mais CCS roses «ont environnées dc beaucoup d'épines : car lt belle pciu tic cc fruirest couvenc d'une infinité de petites pointes presque imperceptibles, si fines, si per-

Cantes, li fragiles et si adhérentes cju'on se met Ica ifoigrt tout cn sang, dés qu'on ytouche. Quelques gaivds qu'on mette, ella percent an travers saru qu'on l'en apper-(oive que lorsqu'on tes sent, ct elles causent une démangeaison inaupportabic, sanscomptct le risque qu'il ;r <ic les laisser séjourner dans la diair. Cctic peau etc tiel'épaisicur dc celle des (igues. Le detiaru n'est pas toui-à-(ti( si rouge que le dchoci;(Ile n'est pas fort adhérente, ct te détache facilement d'une petite pellicule rouge,qui enveloppe les graines ct la matière litxu elles tont environnées.

Lorsqu'on les veut cueillit tans risque <ic se blesscT, il faut les recevoir dans uncoili ou autre vaiaaeau à n>esurc <]u'oo les sépare de leur tige svcc le couteau, aprèsquoi oa leve tvcc le ctxitcau iuk petite traochc de chaque cAcé, pour ptxivoir prctsdrcle frtu'r avec le pouce, et fun dca doiga dc la main gauche, pendant qu'ivec le cou-icaa t]u'on lient <ie la main droite, on crdcrc ttxitc la mpcrficic ctMvértc tfépines.Quartd il etc ainsi nettoxé, on coupe la peau cn croix, ct oo la détache facilement dcla peilictile rouge, qui tcaierme cc <]ui est bon k taaoga. Loct<^'3 j à queU^ucs joutique U (mil s'est ouvert lie lui-même, et qu'il esc par oonséquciK au-delà dc sa ¡useemanihté, oamme il n'a alors pccaque plui tic conaistmrc, ct qu'il rcsses&ble à unegelée liquide, Oo le mange tvcc une cucülicr.

Cette plante porte du fruit, ct Hcutit deux fois Tannéc. Plot clic se trouve daruun lieu sablonneux, chaud ct sec. plus ton fruit devient groa, et plein dc «uc ct delaveur.

On l'tppdle pD>\i^t <fe JUoucHe. aux Isles Francoises, <)uo«qu'3 n'ait tucunercsscmbisnoc svec les pommes, ct <]uc le huit donc il tpproche le plus pour la(igure ct pour la chair, soit la (igue

L'iiucctc c]u'on trouve dans ce fruit, «oie qu'il y naisse ou ntxi, car les «cniimcnssont ptnagei' li-desus, est à peu près dc II uille d'une grotte punaise. Ss tête nete distingue du rcscc du corps que par deux petio jreux qu'on y remarque, tt une

iris-petite gueule. Le dcsioui du ventre est garni de su pieds. crt>is de choque coré,ils oot chacun trou tnicles, ils ne loot pas plus gros i une extrémiré qu à I turre, ctne passent pas lt groaieur dun cheveu fort délié. Le dos dc l'tnimil est couvert d<

deux liles, qui ne iont p»i étendues comme celles des mouches, mais qui wns e.tcv.tier la longueur du corps, cn embrassent ct couvrent cxaaement toure la rondeurElles «ont d'une finesse, et d'une délicitesse «i gronde, «ju'elles iont presq-jc inutilei4 I'sniroil, qui ne peur l'en servir pour lélever en loir, mais leulemtnr pour sesoutenir quelques owmeni en Itir, retarder u chute et la rendre tnotni pricinitée.quand il est obligé pir lt violence qu'on lui fur de quitter les (ruirs où il ve oourruloit, er où il prenoir la couleur qui le (ait recherclier ct estimer Les lileJ, Ici pircti.et l'extrémité de la tète sont si dtlicates qu'elles ne peuvent pas luportcr l'j:dn;r dt.Soleil lani être bien tôr cotuociunei et réduites en poussière, ce qui fait que Jc% qtr'ilest sec, il n'a plui la fipjrc d'un animal, mus plutôt dune graine d une in-dicici.protieur, brune, et presque noire, chagiinée, luisante, et comme argr-rtce, ou <! -moini légèrement couvenc dune poussière blantlie iopjlprtble. et tout -i fur JtM-renre i leur peau

Outre I'svinrage qu on peur rirer des Rtquettcs pour lt nourrihir. de: Cochimiles, qui leronc le (ond d'un oès-riche commerce, qui dooncroi' lieu d'employetquonucè de cerres qui lonr inutilei. parce qu'elles «onr nop miigrei. ct trop i:ki-ípour produire des CaK>c4 du Ut.(i dc l/nrf.jo, du rouc.v. du rr>*r»a e, ,ui.e-.marchindues, il csr certtin que des Habitans qui ont peu de forces, l'y CYmrroienitnacher, cc devenir m peu de remi fon i leur aise, et en rtit Je (>oa»vei plus vivrment cette Manufacture, ov en cncrcpcciidrr d .iiiircs

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L'Avocat que les Espagnobappellent Prr» ÎAvocMo, es un(niit assez semblable potir la formeet la grosseur à la poire tie Boncri-tien. La qualité dc sa chair qui sefond d'elle-même daru la bouche,

le pourroit faire regarder commeune espèce dc pêche. L'écorce qui lecouvre est assez mince, quoique forteet liante, elle est (ort urue ct d'un

beau vcrd i]ui ne jaunit (]ue tpiand le fruit t atteint toute sa maturité. La chairde ce fruit es d'un rerd p&le, et n'a pieatjue point de coositteoce, efxu>A il est bienmûr, de aorte tju'on le petu manger avec une cuillier, comme si c'étoit de la geléect dc la marmelade, le goût qu'il a dans cet ctar appnxhc aster de celui d'unettxirte de moUelle de boeuf. 11 y en a qui le- mettent suc une assiette avec du sucreet un peu d'eau-roae, et de fleurs d'oranges.

Quand on les cueille avant qu'il soie toui-»-ftii mur, on le coupe par tranche,et on le mange avec le poivre et le tel comme des artichaux J la poivrade, dont ila pout 1cm le gtWii. De ijuelque maniere qu'on en use, il esc crèvbon pcxir l'estomach,chaud et fort nourriaiaxit. Le* bourgeoru de ses branches mis daru les ptisannes desPianistes, c'est-à-dire de ceux c]Ut ont U vérole, les soulagent beaucoup. Si on (aitboite leur infusion à Ceux (]ui par quelcjucs coups, ou (quelques chutes sont blessezà l'estoaiach. et qu'ils en uietit le nutin à jeun, il est certain rpi'clle letu (ait rejetterle lang caillé. L'uia^e de ce fruit arrête les ours de ventre et les disscnteries ; mabcomme J échauffe beaucoup, il provoque aussi les appétits vùiéricru.

Oo trouve dans «otv milieu un noyau presque rond un peu raboamx, qui nefcnlerme aucune amande, et (]ui n'a pas plus de dureté qu'un maroii dépouillé desa peau. Une beare après qu'il ex séparé du fruir il se |>artage cn deux ou trois,morceaux ; si c» te plante en cet i^ac, il ne leve point pircc que son germe estrompu ct glté ; de sotte c]ue i]uai>d on le voue pUnccr il fout le mettre cm terre darul'instant cju'il est tiré du fruk ; il demeure en rcrre huic uu dix jours avant que dcrien ptiuiset defiors ; il ptcxluit un assez bel arbre quoiqu'il n'approdic pas dc labeauté de l'abricocier, ton bois est grisâtre de même que jon écorce, sa feuille estlongue, pointue, peu épaisse, ct d'un assez beau verd. Les fleurs qu'il porte sont parpclortons ou bouquets, dont les fleurori ji<ez i-.niblablrt i Ici étoiles, onr sixpetices feuilles d'un blanc sale ou ¡aunûrte dont li milieu renferme neuf écimines,six de ees ètaoïicMS iont panchèes de diverts cdtez, et les crois aurrcs qui sont toutesdroites accolent dca boucotu jaunes dont l.i queue est courte, qui sont l'origine dufruic. Cette fleur a une ocieur assez agréable r, qui se- rèpaptl assez loin. L'arbre com-meiRC à porter du fruit i deux xins ec demi ihi iicis -.m-, jo plus card, il porte deuxfois l'année.

Nomvtéu voyait aux Iitti Franfoiiei de l'Amérique (1694)

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L'Ananas est cependant un des plu.<; beaux irujts du niunde, son '¿oci tr Mr.odeur repondent à sa beauté. 11 tessemble à une pomme de pin, ct c'est pout celaque les Espagnols l'appellent Pinas. Sa tête est couverte d'un bouquet de petitesfeuilles de même espèce que celles de la tige qui l'a porte, mais plus petites ct plusdélicates. Celles qui sont dans le centre sont rouges, elles .semblent former une

couronne sur le fruit Quand on coupe cette couronc ct qu'on la met en terre, ellepone du fruit au bout dc trois aru. Ce fruit vient sur une tige toute semblable à celledc l'artichaut, excepté que les feuil¬les ne sont pas découpées dans letirlongueur, mais tout d'une pièce,longues, assez étroites, ct garnies de

pointes tout le long de leurs bords,et terminées par une pointe. Lededans du fruit est composé d'uneinimité de f>etites fibres trèvtendrcs,environnées d'une chair jaune <jublanche, selon l'espèce du fruit, très-délicate, pleine d'un suc exqub. Jene sçaurois mieux en représenter legoût, qu'en disant tju'il tient du rai¬sin muscat, de la pesche ct de lapoire dc Boncrétien. Il y en a dcplusieurs espèces, la plus communeest de dix i douze pouces dc hau¬teur sur six à sept de diamètre. Il ya dont la forme est pointue commeun pain de sucre, op. les appelleAnanas au pain dr sucre. La troi¬sième espèce est l'Ananas de pite, il

est le plus petit, mais le meillcxu.CjF% fruits de quelques espit-ccs qu'ilssoient, sont très délicats. le premiera la chair blanche, les .lutrcs l'ont

tirant un peu sur ic ¡nunc. On

connoît cju'il est mûr quand sonécorce qui étoit verte commence àjaunir ; on le niaiicr rf.i.l ; aprèsl'avoif pelé, on le coupe pur tran¬ches. Quand on le m^ngc de cettefaçon, il fait souvent saij;ner lesgencives, sur tout s'il n'est pas tout àfait mûr. Ceux qui veulent éviter cetaccident et n'avoir nen à craindre de

sa qualité caustique, le cc^ipent par tranches a le mettenf pendant une heurednns un plat avec du vin et du sucre

NouteoM voyage aux Isles Françoises de l'Am¿r:,[ue i '69')}

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-] r ana.r

L'on trtnivc dans tou.-; les Lxus, e^sor fou; d:iii-' lis lieux sccs ei- ele-'^/-, de; nrbtcs

dont la feuille et le bois sont ptcsquc entièrement semblables aux véritables oliviers ;aussi les appelle-t "on. Oliviers sauvages. Leurs fruits sont de la grosseur de nos plusbelles olives, de la même figure, de la même couleui, nuis le noyau est beaucouptrop gros à proportion de la cbairqui le couvre, qui est très-miiKC ettrès-amcre.

Les perroquets, les grives et lesramiers cn mangent beaucoup dansla saison et s'en engraissent ; maisleur chair contracte aussi l'amertume

dn fruiL II 'est vrai que ccnc amer¬tume oe se répand pas par tout lect>rps, a qu'elle ne se trouve quedans les intestins ct dans le crou¬

pion ; de sotte que si les chasseursn'ont pas soin de vuider ces oiseauxdès qu'ils les ont mez, ct dc leurcouper le croupion) l'amertume secommunique par tout le corps, n ilest impossible d'en manger.

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Les ignames ct les patates sontdes fruits d'un si grand usage danstoute l'Amérique, que je ne dob pasremettre à un autre endroit d'en par¬ler, sur tout étant dans un quartieroù on cn ndtivc une quantité très-considérable.

L'igname est une espèce de Ixrtcrave qui vient grosse à proportion dc labonté du terrain où elle est plantée. Elle demande une bonne terre, forte, grasse,ct profonde. Sa peau est assez épaisse, rude, inégale, couverte de chevelure, et d'unviolet tirant sur le noir. Le dedans est dc la consistance des betcraves, soit qu'ellesoit cuite ou qu'elle soit ctuc; elle est d'un blanc-sale, et quelquefois tirant tant soitpeu sur la couleur de chair. Ce fruit est visqueux avant d'être cuir. Il se cuitaisément, il est léger, de facile digestion, et ne laisse pas d'être fort nourrissant.On le mange cuit avec la viande, ct pour lors il sert de pain ct de cassave. On le faitcuire seul dans l'eau, ou sous la braise, et on le mange avec la pimentadc, c'est-à-dire,le jus de dcn», le piment écrasé et le sel. La tige qui le produit est quarrcc de aoisà quatre lignes de face; elle rampe sur la terre, pousse des filamcns qui prennentracine; quand elle trouve des arbres ou des buissons, elle s'y arrache, monte etcouvre en peu de tems tous les endroits où elle peut pénétrer. Ses feiiilles viennentdeux à deux attachées à de petits pédicules quarrez un peu crochus; .elles sont enforme tic coeur avec une petite jxDintc, d'un verd-brun, assez épaisses, grasses etbien nourrici La tige pousse quelques épis couverts de petites fleurs en forme decloches, dont le pistile se change en une perite silique qui est remplie de petitesgraines noires. Je n'ai jamais entendu dire qu'on cn nit scmc; la plante vient beaucoupmieux de bourure et plus vite, si on la laisse faire eût couv.'';rA bien-tôt tour uq j'^.tdtn;il suffit d'en avoit planté une fois dans un endroit pour ; en trmivcr roujours. Onse sert de la tête du fruit avec une partie de la tige qui y csr attachée pciur cn pro-vigner l'espèce : on la coupe en quatre, et l'on nut les inoiitaux cn terre cloign« detrois à quatre pieds les uns des auttes. Ils prennent aisément, c; en moins dc cinqmois ils portent du fruit mûr ct bon à manger. On connoit jav tcuilits qvic le fiuita toute la grosseur et la maturité qu'il doit .ivoir, pane que pour .'ors tili:.; seflétrissent. Lorsque le fruir est tiré de ferre, on le lais'ic ua ¡-«eu au solcii pour seressuyer, après quoi on le met dans un lieu icc ou dani des tonncaujf, ct il peutse conserver les années entières sans se gâter et rien petdrc de .sa bonté.

Autres plantes de l'Inventaire des Plantes Nommées

identifiées dans "Nouveaux Voyages. . "R.P LABAT

Code NS Nom Inventaire_ ÎÎ25_5i '-â'^ôl

C 019 ChikowéChicorée

C 213 ChouChou

C 217 Fimél papayPapaïe

C 039 GvTO piman ... i ...... .Poivré d' Inde

C "220 Jirof.....Gérofle

C 222 OiwomonGiraumon

C 225 KakoCacao

C 228 KannCannes

C "240 Kannèl a bonbon Canelle

A 600 KarataGarata

C 242 KarotCarotte

C 245 KonkonbConcombre

C 055 KoupyéPourpier

C "250 LayAil

C 252 LétiLaitue

C "253 MadèChou caraïbe

C 290 Moulon fwansMelon de Fralice

C 303 Pèsi fwizéPersil

C 224 Ponm kajouPomme d'Acajou

C 318 Pwa bianPois blancs

C 332 Pwa tannPois verds

C 316 PwBroPoreaux

C 342 SivCiboule

C "355 ZonyonOignon