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Juillet 2014 Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes

Schéma directeur

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Page 1: Schéma directeur

Juillet 2014

Schéma directeur

de développement de

l’irrigation des légumes

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 2 -

Synthèse du schéma directeur :

La production de légumes s’est développée historiquement en Bretagne du fait des potentialités permises par son climat océanique et la qualité des terres, et le savoir-faire des hommes. La production de légumes industries, de plants de pomme de terre et maraîchage est aujourd’hui une filière de diversification importante en Bretagne, territoire d’élevages. La filière de légumes industries est développée principalement en diversification d’une activité d’élevage par près de 800 exploitations, dont 1/3 se sont spécialisées avec une surface moyenne de 26 ha. Les producteurs de légumes industries sont regroupés en OP (organisation de producteurs) qui contractualisent avec 6 groupes coopératifs ou privés, possédant 9 usines de transformation en Bretagne dont 5 dans le Morbihan. Près de 90 producteurs cultivent également chaque année plus de 1 000 ha de plants de pomme de terre, principalement sur le secteur de Pontivy. Toujours en production légumière, plus de 200 exploitations ont créé une activité spécialisée en maraîchage. L’irrigation a été développée sur le Morbihan depuis les années 1990 pour assurer la qualité du produit (absence de fil pour le haricot…), les rendements, homogénéiser le calibre de certains légumes afin de faciliter leur transformation, étaler le calendrier de production sur la saison et maîtriser la planification des approvisionnements des industries… L’irrigation dans le Morbihan a une forte spécificité par rapports à d’autres bassins de production. Du fait des conditions océaniques, seule une irrigation de complément est nécessaire. Elle est assurée principalement par stockage hivernal des eaux de ruissellement en créant des plans d’eau d’une taille moyenne actuelle de 20 – 25 000 m3. Les pouvoirs publics, collectivités territoriales ont accompagné financièrement ce développement. Entre 2007 et 2013 le Conseil Général du Morbihan et le Conseil Régional ont poursuivi cet appui avec une aide de 20% chacun sur les installations fixes. Après subvention, le coût du stockage hivernal pour les producteurs reste encore important avec un montant moyen de l’ordre de 450 à 500 €/ha/an (150 -200 €/ha après amortissement financier des installations fixes).

L’irrigation est une assurance incontournable pour les producteurs spécialisés et pour la filière, dans un contexte climatique de réchauffement avec des sécheresses à répétition (2003, 2005, 2010, 2011), pour des cultures à valeur ajoutée à forts coûts d’intrants (semences…).

Entre 2005 et 2011, la Préfecture et la profession agricole ont mené une opération concertée de régularisation et de mise en conformité de 340 plans d’eau d’irrigation, afin de réduire les atteintes à l’environnement (opérations de déconnection des cours d’eau de 27 plans d’eau, suppression de 15 retenues…) et sécuriser ces équipements.

Le volume d’eau stocké, destiné à l’irrigation, est estimé à 7 millions de m3 sur le Morbihan. Il permet d’irriguer 50% de la surface emblavée en légumes industries et plants de pomme de terre sur le département. L’objectif de ce schéma directeur est de maintenir le potentiel d’irrigation en productions légumières, et si possible développer la part des surfaces irriguées, tout en préservant l’eau et les milieux aquatiques. Pour y parvenir 100 000 m3 de volume stocké sont à créer chaque année d’ici 2020.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 4 -

SOMMAIRE

1. LA PRODUCTION DE LEGUMES EN BRETAGNE ......................................................................................................... 5

1.1. La production de légumes en Bretagne pour la transformation...................................................................................................5

1.2. La production de plants de pomme de terre : ...............................................................................................................................8

1.3. La production de légumes en maraîchage : .................................................................................................................................8

1.4. La production de légumes frais de plein champ : .........................................................................................................................8

2. ETAT DES LIEUX DE L’IRRIGATION SUR LE DEPARTEMENT DU MORBIHAN ....................................................... 9

2.1. Objectifs recherchés du développement de l’irrigation en légumes industries et plants de pomme de terre : .........................9

2.2. Historique du développement de l’irrigation sur le Morbihan et des plans de financement public : ....................................... 11

2.3. Un développement basé sur la création de plans d’eau alimentés par les eaux de ruissellement : ...................................... 13

2.4. Opération coordonnée de mise en conformité de 340 réserves d’irrigation de 2005 à 2010 pour réduire les impacts sur les milieux et sécuriser la filière : ...................................................................................................................................................... 14

2.5. Photographie des plans d’eau d’irrigation du Morbihan (volume, alimentation, localisation…): ............................................ 15

2.6. L’irrigation en légumes industries en Bretagne, une technique raisonnée et rationnée : ....................................................... 19

a) Modalités techniques : ......................................................................................................................................................... 19

b) Aspects économiques : ........................................................................................................................................................ 20

2.7. L’irrigation en maraîchage : ........................................................................................................................................................ 21

3. MAINTIEN ET DEVELOPPEMENT DE L’IRRIGATION SUR LE DEPARTEMENT DU MORBIHAN ......................... 22

3.1. Objectifs recherchés .................................................................................................................................................................... 22

3.2. Facteurs d’évolution de la filière de légumes industries dans le Morbihan .............................................................................. 22

3.3. Cadre réglementaire .................................................................................................................................................................... 23

3.4. Principes du développement de l’irrigation, en matière de localisation des plans d’eau et d’alimentation en eau ............... 29

a) Objectifs de développement ........................................................................................................................................... 29

b) Localisation ..................................................................................................................................................................... 29

c) Alimentation en eau ........................................................................................................................................................ 30

d) Financement public ......................................................................................................................................................... 30

PROCEDURE TYPE POUR UN PRODUCTEUR SOUHAITANT DEVELOPPER L’IRRIGATION ................................... 31

Annexes : ............................................................................................................................................................................... 32

Plan type d’un ouvrage de répartition – prise d’eau sur cours d’eau : .............................................................................................. 32

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 5 -

1. LA PRODUCTION DE LEGUMES EN BRETAGNE

1.1. La production de légumes en Bretagne pour la transformation

La Bretagne est le berceau de la production française de légumes de plein champ destinés à la transformation. Cette production s’est mécanisée et développée depuis les années 1960-70. En 2012 près de 21 000 ha de légumes destinés à la transformation sont ainsi cultivés en Bretagne. Le haricot et le pois sont les deux légumes les plus produits.

Graph 1 : Surface par légumes produits en Bretagne destinés à l’industrie de transformation entre 2003 et

2012 – source CENALDI. Les surfaces en production sont dans une tendance à la baisse depuis 2003 (-26%), avec une chute surtout depuis 2010. Les volumes de production suivent une évolution similaire, bien que les augmentations de rendement en atténuent les effets (-7% par rapport à 2003). Les légumes demandant le plus souvent une irrigation de complément sont les haricots, flageolets, épinards, brocolis, petites et grosses carottes, céleris, courgettes… Les pois légumes ne sont pas ou peu irrigués.

Graph 2 – Surfaces des légumes les plus fréquemment irrigués en Bretagne - source CENALDI.

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

En ha Evolution des surfaces par légume POIS

HARICOTS

FLAGEOLETS

EPINARDS

AUTRES

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 6 -

La Bretagne représente 34% des surfaces de légumes d’industrie française, principalement des pois, haricot et flageolet. C’est la région phare des brocolis et épinards, avec respectivement 95 % et 60% de la production française. Elle est en concurrence avec les autres grandes régions de productions du Nord- Picardie et le Sud-Ouest qui irriguent 100% de leurs surfaces en légumes à partir de nappe.

Graphique 3 : Part des surfaces en légumes industries par grandes régions de production – moyenne 2008-2012 – source CENALDI

En Bretagne, la zone traditionnelle de production est située sur le Morbihan et le sud-Finistère. 50% des légumes industries produits en Bretagne le sont dans le Morbihan. Le Morbihan est le 1er département producteur avec 17% des surfaces françaises en légumes industries. 800 exploitations du Morbihan produisent du légume industrie.

Carte 1 : Densité des producteurs par canton en 2012 – source CENALDI

54%

28%

57%

35%

36%

43%

11%

36%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Pois Haricots Flageolets

Sud-Ouest

Bretagne - Pays de Loire

Nord-Picardie-Centre

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 7 -

Les 2 000 producteurs bretons sont regroupés au sein d’OP, organisation de producteurs. Les OP Bretonnes au 1er janvier 2014 en légumes industries sont : UFM – Cecab, Triskalia, St Yvi Cornouaille. Ces OP contractualisent chaque année des tonnages de légumes avec les différents industriels propriétaires d’outils de transformation. Les usines de transformation de légumes industries sont implantées dans les bassins de production. Les 9 usines bretonnes sont réparties sur le Morbihan (5), le Finistère (1) et les Côtes d’Armor (3). Elles transforment ces légumes pour une vente sous forme de conserves (4 usines) ou de surgelés (5 usines). Ces moyens de transformation ont été développés par des groupes coopératifs (Cecab, Gelagri) et privés (Ardo, les Mousquetaires, Dujardin, Greenyard Foods).

Carte 2 : Localisation des usines de transformation de légumes en Bretagne – source UOPLI

Liste des usines localisées dans le Morbihan = - Groupe CECAB : usines appertisées de Locminé et Lanvénégen - Groupe Greenyard Foods : usine surgelé de Moréac - ARDO : usine de Gourin - Les Mousquetaires : usine de Locoal-Mendon

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 8 -

1.2. La production de plants de pomme de terre :

La Bretagne est l'une des trois régions historiques de production de plants en France, avec 5.000 ha emblavés chaque année. La production est majoritairement située dans le Nord Finistère (3.250 ha et 120 producteurs) et le Morbihan (1.100 ha pour 90 producteurs). Cette production existe également dans les Côtes d'Armor (450 ha et 45 producteurs) et le Sud Finistère (200 ha et 20 producteurs).

Sur le Morbihan, la production est surtout présente dans le bassin de Pontivy, et plus particulièrement sur les communes comme Cléguérec, Neuillac et Noyal-Pontivy.

1.3. La production de légumes en maraîchage :

Sur le Morbihan, près de 200 exploitations ont développé une activité de maraîchage. A dire d’experts deux grands systèmes ont été développés :

La très grande majorité des exploitations est en circuit de commercialisation court. Les moyens de production sont en moyenne basés sur 1 000 à 5 000 m² de tunnels froids et 1 à 6 ha de légumes de plein champ. Les exploitations sont réparties sur tout le département avec une concentration plus forte à proximité du littoral et des agglomérations.

Quelques exploitations produisent des volumes plus conséquents avec un circuit de commercialisation en gros. Les moyens de production sont en moyenne basés sur des serres verres ou multi-chapelles chauffées de l’ordre de 5 à 10 000 m², et 5 à 10 000 m² de tunnels froids et 5 à 15 ha de légumes de plein champ. Les exploitations sont principalement concentrées sur le secteur côtier, entre Auray et Lorient, notamment sur des communes comme Plouhinec, Erdeven.

1.4. La production de légumes frais de plein champ :

La production de légumes frais est majoritairement développée sur le littoral du nord de la Bretagne avec 2 300 exploitations, et 33 000 ha, basée notamment sur les emblématiques productions de choux-fleurs (22 500 ha), artichauts (8 600 ha), et sur 215 ha de serres (tomates, fraises)- source Cérafel. Cette filière est peu développée sur le Morbihan.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 9 -

2. ETAT DES LIEUX DE L’IRRIGATION SUR LE DEPARTEMENT DU MORBIHAN

2.1. Objectifs recherchés du développement de l’irrigation en légumes industries et plants de pomme de terre :

L’irrigation a été développée sur le Morbihan pour :

- Assurer la qualité du produit, absence de fil pour le haricot, qualité de la tête de brocoli…, et assurer les rendements ;

- Homogénéiser le calibre de certains légumes pour faciliter leur transformation (pomme de terre…) ;

- Étaler le calendrier de production sur la saison et maîtriser la planification des approvisionnements des industries ;

- Être compétitif vis-à-vis des autres bassins de production irrigués à 100% : Nord Picardie, Sud-Ouest en France ; autres pays…

Selon le légume produit et la situation pédoclimatique de l’exploitation, l’irrigation peut s’avérer indispensable. Elle est incontournable sur le Morbihan pour produire des carottes destinées à l’industrie (grosses et petites carottes) et brocolis. Pour les autres légumes, qui représentent les surfaces les plus emblavées, les producteurs peuvent se passer d’irrigation dans certains secteurs du département avec des terres profondes et une pluviométrie conséquente et régulière (nord-ouest – secteur du Faouët, Gourin).

Sur le reste du département l’irrigation est une sécurité importante de rendement et de qualité, ou indispensable à la production de légumes. La nécessité de l’irrigation est d’autant plus importante vers l’Est du département. Les sols destinés aux légumes sont dotés en effet pour la plupart d'une bonne réserve hydrique qui permet une autonomie correcte mais pas suffisante : Réserve Utile 60 à 80 mm suivant la culture pour un déficit hydrique moyen durant l’été de 180 à 250 mm selon les secteurs.

D’après l’étude en cours de finalisation en 2014 de l’UOPLI sur l’état des lieux de la filière bretonne de légumes d’industries, les surfaces irriguées ont peu évolué entre 2005 et 2012. Sur 11 425 ha produits dans le Morbihan, le taux de surface équipée en irrigation reste stable à 49%. L’évolution par légume est minime sauf pour les flageolets où le taux baisse.

Légumes Surface produite dans le Morbihan

en 2012

% irrigable en 2012

% irrigable en 2005

Commentaire fréquence irrigation

Petits pois 4 295 ha 36% 30% Peu irrigué en dehors des années

de sécheresse

Haricots 3 740 ha 51% 55%

Chaque année irrigué Epinards 1 362 ha 80% 74%

Flageolets 1 025 ha 17% 44%

Légumes racines (carottes…)

541 ha 91% 100%

Choux (brocolis…) 353 ha 95% 100%

Autres 109 ha 83% 94%

Total 11 425 ha 49% 49%

Tableau 2 – Surface irriguée dans le Morbihan par légume - Source UOPLI – 2005 et 2012

(Les données pour 2012 sont basées sur la réponse de 72% des irrigants ; la place de l’irrigation est donc probablement un peu minorée)

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 10 -

La production des légumes est répartie sur tout le département, et est réalisé par deux types d’exploitations :

- des exploitations d’élevages, non spécialisées en légumes, avec une surface consacrée aux légumes réduite. L’étude menée par l’UOPLI sur les données 2012 recense dans le Morbihan 557 non irrigants, avec une surface moyenne en légumes de 11 ha.

- des exploitations qui se sont spécialisées en légumes industries et/ou plants de pomme de terre, tout en étant en majorité des exploitations d’élevages. L’étude menée par l’UOPLI sur les données 2012 recense 239 irrigants avec une surface moyenne en légumes de 23 ha. L’irrigation assure la stabilité de la production en légumes d’une année sur l’autre. C’est sur ces exploitations que s’est développée la production de légumes comme les carottes, céleris, brocolis….

L’irrigation en plants de pomme de terre est une nécessité économique sur le Morbihan. L’écart de rendement est en effet de 10 à 12 T/ha sur la moyenne des 10 dernières années entre les productions irriguées et non irriguées. En 2013 sur les 1 000 ha produits sur le Morbihan, 47 % sont irrigables. La production morbihannaise a par ailleurs un avantage qualitatif sur le plan sanitaire, par rapport aux zones de Bretagne Nord, grâce à la faible présence de mildiou et des bactéries des genres Pectobactérium et Dickeya responsables de la maladie de la "jambe noire".

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 11 -

2.2. Historique du développement de l’irrigation sur le Morbihan et des plans de financement public :

L’irrigation a été développée sur le Morbihan en deux vagues :

- Lancement de l’irrigation de façon plus ou moins empirique dans le Morbihan suite à la sécheresse de l’été 1976.

- Développement de l’irrigation sur le département suite aux années sèches de 1987-1990 qui ont démontré la fiabilité et la qualité des productions irriguées, avec la création d’associations syndicales libres d’irrigation, et avec l’appui de plans de financement montés au niveau de la région Bretagne et mobilisant des fonds du Feader, du Conseil Général du Morbihan…

Depuis les années 2000, le potentiel d’irrigation reste plafonné à 50% de la surface emblavée. Les créations de retenues compensent l’arrêt de producteurs dont les moyens de production en légumes ne sont pas utilisés par les repreneurs.

Grands projets Morbihan 2000 – 2006

Année Nb

projets Nb

réserves

Volumes cumulés des

réserves Investissement

2000 10 7 132 600 m3 812 623 €

2001 8 7 114 600 m3 787 517 €

2002 3 3 111 000 m3 300 462 €

2003 1 0 33 740 €

2005 6 6 116 500 m3 512 113 €

2006 8 8 178 350 m3 992 013 €

Total 36 31 653 050 m3 3 438 468 €

Dans les projets sont intégrés les extensions de réseaux ;

Le volume moyen des retenues créées sur cette période est de 21 000 m3. Les élus du Conseil Régional de Bretagne et des Conseils Généraux du 56 et du 29, continuent d’apporter leur soutien au développement de l’irrigation sur la période 2007/2013 à hauteur de 40% de subvention. Ce programme a été notifié à la commission européenne et validé en juillet 2009.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 12 -

Depuis les années 2007, la création de plans d’eau d’irrigation en Bretagne et dans le Morbihan est stoppée. Dans le Morbihan, d’un volume annuel créé de 2000 à 2006 de 93 000 m3, la construction de plan d’eau s’est réduite à 17 600 m3/an de 2007 à 2013.

Graphique 3 : Volume annuel de plan d’eau créé en Morbihan de 2000 à 2013 - Chambre d’agriculture du Morbihan

Le renforcement réglementaire, notamment de protection des zones humides, est la principale explication de cette baisse dans la création de réserves d’irrigation. Trouver des sites suffisamment grand pour créer une réserve (env. 1 ha pour une réserve de 20 000 m3), avec des matériaux hydromorphes en profondeur sur toute la surface, tout en n’étant pas classé en zone humide est devenu ardu.

Graphique 4 : Analyse des principales explications de la rupture de création de plans d’eau d’irrigation dans le Morbihan – Chambre d’Agriculture du Morbihan.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 13 -

2.3. Un développement basé sur la création de plans d’eau alimentés par les eaux de ruissellement :

La Bretagne repose sur un socle fait de granites et de schistes où les nappes aquifères sont de très petites tailles et difficilement exploitables. Les prélèvements d’eau pour l’alimentation en eau potable sont réalisés à 80 % en eaux de surface (cours d’eau et plans d’eau). Les débits d’étiage sont sévères mais la pluviométrie en hiver est particulièrement abondante. Il n’y a jamais pénurie d’eau dans les rivières bretonnes en hiver. La variation des débits entre l’été et l’hiver est de 1 à 10 environ.

C’est cette réalité physique qui a amené les irrigants depuis les années 1990 à se doter de réserves collinaires pour protéger la ressource estivale car ces dernières se remplissent l’hiver à une époque où l’eau est abondante. Elles sont alimentées en majorité par ruissellement seul, et pour une partie par complément par des sources superficielles, et/ou prélèvement sur cours d’eau en période hivernale. La part prélevée en période hivernale est très faible, estimée à 0.16 à 0.22 % de la lame d’eau hivernale sur la base de 7 millions de m3 d’eau stocké pour l’irrigation. Et les réserves ne participent pas à l’augmentation du volume des prélèvements en période d’étiage. L'impact direct des retenues collinaires sur l'environnement est ainsi très limité de par leur taille modeste, le remplissage basé sur le stockage hivernal…

Ces réserves sont déconnectées du milieu hydrologique dès que le trop-plein ne coule plus, c'est-à-dire au cours du printemps. La réalimentation par la pluviométrie estivale est inexistante, sauf en cas de pluies d’orage abondantes. Elles se trouvent donc plus ou moins vides au début de l’automne, selon la pluviosité de l’année. Elles se remplissent avec les premiers ruissellements d’hiver. Elles ne contribuent ainsi pas au phénomène d’eutrophisation qui peut être constaté sur certains cours d’eau en période estivale.

La capacité de la réserve fixe, avant l'implantation des cultures, le volume disponible, et oblige le producteur à un ajustement annuel des surfaces à irriguer et à avoir un très bon pilotage de l'irrigation (type de rationnement).

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 14 -

2.4. Opération coordonnée de mise en conformité de 340 réserves d’irrigation de 2005 à 2010 pour réduire les impacts sur les milieux et sécuriser la filière :

De 2005 à 2011, une opération coordonnée de mise en conformité des plans d’eau d’irrigation a été mise en œuvre face au constat d’irrégularités de très nombreux plans d’eau. Cette opération a été menée de concert entre la profession agricole (Chambre d’agriculture, FDSEA, JA, et les OP Cecab, Coopagri, Cam, St Yvi,) et la Préfecture (DDTM).

Les objectifs définis par les acteurs, profession agricole et Préfecture, sur cette démarche de mise en conformité des plans d’eau d’irrigation du Morbihan étaient de :

- régulariser les retenues d’irrigation conformes à la législation en terme de mode d’alimentation mais qui ne possèdent pas d’acte réglementaire alors qu’elles devraient en posséder ;

- mettre en conformité les autres plans d’eau, avec des modalités adaptées selon le mode d’alimentation en eau et les antécédents (acte réglementaire, subvention publique), en prenant en compte l’ensemble des demandes, avec un souci d'équité et de cohérence.

Les modalités de mise en conformité ont été basées sur 4 critères croisés :

- existence ou non d’acte réglementaire préexistant ;

- date de création du plan d’eau (avant ou après 1993 – date du décret d’application de la loi sur l’eau de 1992) ;

- subvention publique du plan d’eau et/ou du réseau d’irrigation ;

- mode d’alimentation en eau.

Bilan de l’opération :

Type de plans d'eau Procédure administrativeNombre de

plans d'eau

Plans d’eau alimentés uniquement par ruissellement

(65%) ou aussi par source (35%)

Simple régularisation administrative

(délivrance d'un récépissé de déclaration)270

Plans d’eau alimentés par un cours d’eau

intermittent prenant sa source à moins de 300 m du

plan d’eau

Délivrance d'un RD avec mesures

compensatoires30

Plans d'eau déconnectés de cours d'eau : retrait de

point de pompage dans cours d'eau, travaux de

dérivation de cours d'eau, création ouvrage de

répartition…

27

Suppressions de plan d'eau (ouverture de la digue

aval ou arrêt d'utilisation en irrigation…) 15

342Total

Ces ouvrages ont été intégrés au plan de contrôle de la police de l’eau de la DDTM. Fin 2010, 45 plans d’eau d’irrigation ont été contrôlés par la DDTM sur les 340 déclarations faites en 2006.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 15 -

2.5. Photographie des plans d’eau d’irrigation du Morbihan (volume, alimentation, localisation…):

Le recensement agricole de 2000 donne un volume stocké en retenues pour l’irrigation des légumes industries de 6 639 440 m3. Afin de donner un aperçu du type de plan d’eau à usage agricole se rapprochant le plus de la réalité, un traitement a été réalisé sur la base des 340 plans d’eau d’irrigation du Morbihan recensés dans le cadre de l’opération coordonnée de mise en conformité et des plans d’eau d’irrigation créés depuis 2000. Le panel utilisé concerne plus de 200 exploitations agricoles irrigantes, pour un volume cumulé de 4,5 millions de m3 stocké soit près de 70% du volume stocké estimé par le RA 2000. A ce panel est rajouté 37 plans d’eau créés depuis 2000, représentant 709 000 m3.

Graphique 5 : Répartition des plans d’eau d’irrigation selon le volume stocké

Les plans d’eau d’irrigation utilisés dans le Morbihan ont des volumes stockés allant de moins de 5 000 m3 à 60 - 70 000 m3. Les retenues de moins de 10 000 m3 sont nombreuses (163 plans d’eau – 44% du panel), mais représentent un volume stocké faible (13 %). Ce sont les plans d’eau de plus de 10 000 m3 qui représentent un volume stocké important (87%).

La moyenne du volume stocké par plan d’eau est de 13 700 m3.

La moyenne est de 15 800 m3 pour les retenues construites depuis 1990.

La moyenne est de 21 000 m3 depuis 2000.

4

100

59

102

65

20 18

-

20

40

60

80

100

120

140

non renseigné

moins de 5 000 m3

de 5 000 à 10 000 m3

de 10 000 à 20 000 m3

de 20 000 à 30 000 m3

de 30 000 à 40 000 m3

40 000 m3 et plus

0

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 600 000

Nb Exploitations Volume des retenues

Répartition des retenues selon le volume

Page 16: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 16 -

Le développement est récent, 66% du volume stocké a été créé depuis 1990.

Graphique 6 : Répartition des plans d’eau d’irrigation selon l’année de construction

Les plans d’eau d’irrigation du Morbihan ont été créés avec un mode de remplissage principal par ruissellement. Historiquement une partie importante d’entre elles a été a limentée par une ou des sources superficielles. Du fait de l’opération concertée de mise en conformité des plans d’eau sur le Morbihan de 2005 à 2010, il n’y a plus de plans d’eau en barrage de cours d’eau. Soit elles ont été supprimées (digue aval ouverte) soit le cours d’eau a été dérivé et le plan d’eau alimenté en complément par une prise d’eau hivernale (ouvrage de répartition). Une trentaine de retenues ont été mises en conformité en conservant un mode de remplissage complémentaire par cours d’eau intermittent de faible longueur (< 300 m), avec mise en place de mesures compensatoires. Tous les plans d’eau d’irrigation créés depuis 2000 sont alimentés uniquement par ruissellement.

Graphique 7 : Répartition des plans d’eau d’irrigation selon le mode d’alimentation en eau en sus du ruissellement

- 12 8

61 72

166

49

-

20

40

60

80

100

120

140

160

180

0-non renseignéavant 1961

de 1961 à 1970

de 1971 à 1980

de 1981 à 1990

de 1991 à 2000

de 2001 à 2010

0

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

Nb Exploitations Volume des retenues

Répartition des retenues selon l'année de construction

2834

189

115

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

1. Ruissellement pur 2. Source 3. Prox. Source 5. Prise d'eau hivernal

0

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

Nb Exploitations Volume des retenues

Répartition des retenues selon le mode de remplissage en sus du ruissellement

Page 17: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 17 -

Les plans d’eau d’irrigation sont répartis sur tout le Morbihan, avec une dominance sur les deux SAGE les plus importants en surface, la Vilaine et le Blavet.

Graphique 8 : Répartition volumes stockés par SAGE

La plus forte densité des volumes stockés se trouve sur le secteur nord de Pontivy, région de production de légumes industries et de plants de pomme de terre, sur le secteur légumier historique du nord de Lorient et sur le secteur du bassin de production de Ploërmel.

Carte 3 : Localisation des plans d’eau d’irrigation

Répartition des volumes stockés par SAGE

BLAVET

34%

ELLE

5%

GOLFE - RIA

12%

SCORFF

12%

VILAINE

37%

Page 18: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 18 -

Carte 4 : Densité des plans d’eau d’irrigation en volume stocké

Légende

0

0 - 3 137.590257

3 137.590258 - 6 560.415993

6 560.415994 - 13 501.14596

13 501.14597 - 24 245.01563

Page 19: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 19 -

2.6. L’irrigation en légumes industries en Bretagne, une technique raisonnée et rationnée :

a) Modalités techniques :

Cultures irriguées : Les principales cultures irriguées avec des surfaces emblavées importantes sont le plant de pomme de terre et en légumes industrie le haricot, flageolet, épinards de printemps et d’automne, pommes de terre de sélection, d’industrie, et de consommation ; et en surface emblavée plus réduite les carottes, céleris, brocolis, choux fleurs… La pratique de la double culture permet d’améliorer la gestion de l’assolement des exploitations et d’assurer l’approvisionnement régulier des usines (pois ou épinards avant haricot, épinards d’automne ou chou-fleur après céréales …). Dimensionnement des retenues : L’évaluation des besoins en termes de capacité des

installations d’irrigation se base sur le quartile des années les plus sèches. C’est ce qui explique que le risque de gaspillage d’eau par lessivage ou ruissellement n’existe pas dans notre région. Gestion de l’irrigation : Les irrigants utilisent la méthode des bilans hydriques prévisionnels et

l’observation pour démarrer l’arrosage : suivi de l’ETP des cultures (Evapotranspiration potentielle) en lien avec la réserve utile en eau des sols (RFU - réserve facilement utilisable) et les précipitations. Ils sont tenus de gérer l’eau avec parcimonie, en particulier lors d’épisodes extrêmes de sécheresse non pris en compte dans le calibrage des installations. Pour exemple, selon les conditions pédoclimatiques, un haricot reçoit de 3 à 7 tours d’eau de 25 mm (soit de 750 m3/ha à 1 750 m3/ha) et un épinard de 2 à 4 tours d’eau. Aspersion par canon enrouleur : Système le plus adapté au changement annuel de parcelles

imposé par la gestion des rotations (5-6 ans par exemple entre 2 haricots) et suffisant pour une irrigation de complément telle que nécessaire en Bretagne Sud. Les enrouleurs sont équipés de systèmes de régulation électronique permettant une précision de réglage optimale. Réseau sous pression : Les réseaux sont développés sur l’ensemble de l’exploitation avec un

minimum de canalisations mobiles, ce qui limite les fuites. Le démarrage de l’irrigation est automatisé de façon à permettre une réactivité et une sécurité optimum de l’irrigation. On sécurise ainsi l’efficience en irriguant majoritairement de nuit.

Page 20: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 20 -

b) Aspects économiques :

Les marges brutes des légumes industries sont intéressantes pour les producteurs, avec des marges brutes à l’hectare en moyenne sur les 5 dernières années de 1 000 €/ha en pois de conserve, et 1 250 €/ha en haricot et flageolet (source CER 56). Ces données sont à comparer à la marge brute moyenne sur la même période en blé qui est de 680 €/ha (source CER 56).

Graphique 9 : Evolution des marges brutes par ha de 2008 à 2013 en pois, haricot, flageolet - source CER 56

L’irrigation permet aux producteurs équipés de stabiliser les performances d’une année sur l’autre et d’amortir les coûts de l’irrigation (amortissement plan d’eau, réseau enterré, coût électricité…). L’irrigation apporte une grande assurance en période de sécheresse, comme l’illustre le graphique ci-dessous, et contribue à un approvisionnement régulier de la filière.

Graphique 10 : Comparaison des marges brutes par ha en production de haricot sur 3 années dont 2003 avec une période de sécheresse marquée - source CER 56

Une exploitation qui souhaite développer une production de légumes a besoin de l’assurance de l’irrigation, vu la technicité de la production, les aléas climatiques, les coûts d’implantation de ces cultures…

Evolution Marge HARICOT en €/ha - Source CER 56

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Petits pois Flageolets Haricots

Page 21: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 21 -

Coût de création d’un plan d’eau d’irrigation et de son réseau d’irrigation fixe :

Equipement coût en € HT

Etudes (pré-étude de faisabilité, dossier loi sur l'eau...) 5 000 €

Création d'un plan d'eau, étanchéifié avec des matériaux

hydromorphes trouvés sur place (argiles) 3 €/m3

Plan d'eau étanchéifié avec une géomembrane 6 à 10 € / m3

Réseau d'irrigation (canalisation) + hydrants et accessoires 12 à 15 €/ml

Station de pompage et compteur 20 000 à 30 000 €

Extension ligne électrique 2 000 à 22 000 €

Les coûts varient en fonction de la longueur du raccordement électrique, de la configuration du terrain (dénivelé, regroupement du parcellaire). Ainsi le ratio longueur de canalisation / ha équipé peut varier de 45 à 80 m.

Sur une base d’une exploitation avec 45 ha de légumes irrigués (haricot, pois, épinards, pomme de terre), en prenant en compte la durée de l’amortissement de chaque investissement, les réparations et le coût de l’énergie, le coût annuel de l’irrigation est de 450 -500 € /ha de légume irrigué selon le volume, le type de retenue (hors géomembrane), la dispersion du parcellaire …, ceci après subvention à 40% des installations fixes. Après amortissement financier des installations fixes (plan d’eau et réseau d’irrigation et station de pompage sur 15 ans), le coût annuel est de 150 -200 €/ha. L’investissement est rentable pour l’exploitant si le plan d’eau est réalisé avec des matériaux hydromorphes trouvés sur place, et avec la mise en place de doubles cultures (épinards avant maïs, pois puis haricots…)

L’investissement dans un plan d’eau en géomembrane n’est pas rentable économiquement en productions de légumes industries, du fait du surcoût de la géomembrane, même avec 40% de subvention.

2.7. L’irrigation en maraîchage :

L’irrigation est indispensable à la production de légumes en maraîchage. Les besoins en eau à l’échelle de l’exploitation sont plus limités en maraîchage qu’en légumes industries vu les surfaces en production. Pour la grande majorité des exploitations existantes en Morbihan, basé sur un système de commercialisation en circuit court, les besoins en eau annuels sont de l’ordre de 5 à 10 000 m3. Du fait des petites surfaces emblavées, ces exploitations ont développé un système d’irrigation très différent des exploitations en légumes industries :

- Le plan d’eau se limite en général à un bassin de collecte des eaux de ruissellement et des eaux pluviales des tunnels.

- Ce bassin est alimenté principalement par forage. La SAU réduite ne permet pas de développer des plans d’eau d’irrigation alimentés en majorité par les eaux de ruissellement.

- Le forage est utilisé pendant toute la saison de production.

Marge HARICOT en €/ha - Source CER

Page 22: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 22 -

3. MAINTIEN ET DEVELOPPEMENT DE L’IRRIGATION SUR LE DEPARTEMENT DU MORBIHAN

3.1. Objectifs recherchés

L’irrigation est une nécessité pour la pérennité des emplois de la filière légumière (légumes industries, frais, maraîchage et plants de pomme de terre), des producteurs et de facto des emplois induits (usines de transformation…). Elle assure la pérennité des outils industriels par une meilleure planification des approvisionnements et une maturité homogène des produits. Elle permet à la région de rester compétitive vis à vis d’autres bassins de production où l’irrigation des cultures légumières est systématique. C’est aussi un moyen de maintenir une activité de diversification dans une région centrée sur les activités d’élevage.

L’objectif de ce schéma directeur est de maintenir le potentiel d’irrigation en productions légumières, et si possible développer la part des surfaces irriguées, tout en préservant l’eau et les milieux aquatiques.

3.2. Facteurs d’évolution de la filière de légumes industries dans le Morbihan

Facteurs de développement Facteurs de fragilité

- Demande des consommateurs en légumes transformés

- Savoir faire et légitimité climatique de la Bretagne dans la production de légumes

- Maintien et développement de l’irrigation (un atout face au réchauffement climatique)

- Plus grande spécialisation des producteurs

- Soutien et financement public

- Impact limité sur l’environnement de l’irrigation de complément par stockage hivernal

- Concurrence des autres bassins de production (Nord- Picardie) et autres Pays (Espagne, Pays-Bas, Belgique…)

- Vieillissement de la population des exploitants producteurs bretons de légumes

- Concurrence des grandes cultures

- Difficultés réglementaires à développer des plans d’eau d’irrigation

- Investissement élevé du stockage hivernal pour minimiser l’impact sur l’environnement

- Réglementation phosphore des élevages

Page 23: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 23 -

3.3. Cadre réglementaire

► Les études de faisabilité

Au stade des études préliminaires et indépendamment des rubriques de la nomenclature du code de l'environnement pouvant être concernés, le pétitionnaire devra vérifier que l'implantation du projet est compatible avec les documents de planification et respecte un certain nombre de règles.

Les points à prendre en compte sont notamment les suivants :

Plans de prévention des risques d'inondation,

Les périmètres de protection des captages d'eau potable,

Plan local d'urbanisme ou autre document d'urbanisme,

Présence de zones humides, le plan d'eau ne doit pas avoir d'impact sur les zones humides,

Présence de ZNIEFF ou de sites Natura 2000,

Règlement sanitaire départemental,

Pas d'implantation de retenue sur cours d'eau, ni lit majeur,

Respect d'une distance minimale de 10 m par rapport au cours d'eau ou 35 m des cours d'eau ayant un lit mineur d'au moins 7,5 m de largeur.

L'alimentation en eau doit également être examinée au stade des études préliminaires en respectant les principes suivants :

- Pas de prélèvement en période d'étiage, - Pas d'implantation sur source sauf si celle-ci est captée et renvoyée au cours d'eau aval.

Une alimentation par les seules eaux de ruissellement sera toujours privilégiée. Uniquement en cas d’insuffisance dûment prouvée de remplissage par ruissellement, il sera envisagé un mode d’alimentation complémentaire (forage, ou remplissage hivernal par prélèvement en cours d’eau).

En cas d’arrêt de l’irrigation sur une retenue d’eau, et de sa conservation en temps que plan d’eau de loisirs, suite à une demande du pétitionnaire, tous les dispositifs d’alimentation par prélèvement hivernal sur cours d’eau ou forage seront suspendus.

► Contraintes réglementaires liées au Code de l'environnement

Le classement des cours d'eau

Les anciens classements concernant les ouvrages ont été révisés en 2012. L’article L 214-17 du code de l'environnement fixe deux listes de cours d'eau aux obligations distinctes :

Liste 1 : dans une logique de préservation de l'avenir, aucun nouvel ouvrage ne peut être construit "s'il constitue un obstacle à la continuité écologique" et le renouvellement des autorisations des ouvrages existants ne pourra se faire qu'à la condition qu'ils soient aménagés afin de permettre la continuité écologique.

Liste 2 : dans une logique ambitieuse de restauration, les ouvrages doivent "assurer le transport

suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs". Les ouvrages existants devront être aménagés dans un délai de 5 ans après la publication de la liste des cours d'eau, avec une obligation de résultat.

Les deux listes ne sont pas exclusives : les cours d'eau pourront, selon le cas, être classés en liste 1 uniquement, ou en liste 2 uniquement, ou en listes 1 et 2.

Les arrêtés de classement des cours d’eau au titre de l’article L214-17 du code de l’environnement ont été signés par le préfet coordonnateur de bassin le 10 juillet 2012 et publiés au journal officiel du 22 juillet 2012

Les arrêtés de classement sont consultables sur le site internet de la DREAL de Bassin : http://www.centre.developpement-durable.gouv.fr/rubrique Eau nature/ Eau et milieux aquatiques.

Ce classement est à prendre en compte lors d’un projet de remplissage complémentaire par prélèvement hivernal sur cours d’eau. L’ouvrage de répartition devra respecter la continuité écologique.

Page 24: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 24 -

Le Prélèvement

Prélèvement équipé d’un compteur : Conformément à l’article L 214-8 du code de l’environnement, les installations permettant d'effectuer à des fins non domestiques des prélèvements en eau superficielle, ainsi que toute installation de pompage des eaux souterraines, doivent être pourvues des moyens de mesure ou

d'évaluation appropriés. Leurs exploitants ou, s'il n'existe pas d'exploitants, leurs propriétaires sont tenus d'en assurer la pose et le fonctionnement, de conserver trois ans les données correspondantes et de tenir celles-ci à la disposition de l'autorité administrative. Lorsque le prélèvement d'eau est réalisé par pompage, la mesure est effectuée au moyen d'un compteur d'eau.

La nomenclature et les procédures de déclaration et autorisation

Selon son mode d'alimentation en eau, son positionnement par rapport au cours d'eau, la hauteur de sa digue, sa surface, la création de réserves d'irrigation peut être soumise à différentes rubriques de la loi sur l'eau en procédure de déclaration-autorisation de la loi sur l'eau (code de l'environnement et notamment les articles L 214-2 et suivants et l'article R 214-1). Le dossier de déclaration ou d’autorisation doit contenir les éléments mentionnés aux articles R 214-4 ou R 214-32 du code de l’environnement. Seules sont rappelées ici les rubriques les plus couramment rencontrées. Pour plus de précisions, se reporter directement au code de l'environnement.

Libellé de la rubrique Article L214-1 du CE

N° Opération soumise à

Autorisation si Opération soumise à

Déclaration si

Recherche d'eau par sondage, forage, en vue d'effectuer un prélèvement temporaire ou permanent dans les eaux souterraines, y compris les nappes d'accompagnement des cours d'eau

1.1.1.0

Opération soumise à déclaration

Alimentation du plan d'eau par forage, puits ou ouvrage souterrain

1.1.2.0 Volume prélevé ≥ 200 000 m3/an Volume prélevé compris entre 10 000 et 200 000 m3/an

Alimentation du plan d'eau par un prélèvement d'eau dans un cours d'eau

1.2.1.0 Prélèvement ≥1 000 m3/h ou ≥ 5 % du débit du cours d'eau

Prélèvement entre 400 et 1 000 m3/h ou représentant 2 à 5 % du débit du cours d'eau

Plans d'eau permanents ou non 3.2.3.0 Superficie ≥ 3 ha Superficie comprise entre 0,1 ha et 3 ha

Barrage de retenue 3.2.5.0 D'une hauteur > 10 m ou susceptible de présenter un risque pour la sécurité publique en raison de leur situation ou environnement

D'une hauteur comprise entre 2 et 10 m

Ouvrages dans le lit majeur 3.2.2.0 Surface soustraite ≥ 10 000 m2 Surface soustraite ≥ 400 m2 et < 10 000 m2

Installations, ouvrages, remblais et épis dans le lit mineur d'un cours d'eau constituant un obstacle à l'écoulement des crues

3.1.1.01° Opérations toujours soumises à autorisation

Installations, ouvrages, remblais et épis dans le lit mineur d'un cours d'eau constituant un obstacle à la continuité écologique

3.1.1.02° Entraînant une différence de niveau ≥ 50 cm pour le débit moyen annuel du cours d'eau entre l'amont et l'aval de l'ouvrage

Entraînant une différence de niveau > 20 cm mais < 50 cm entre l'amont et l'aval de l'ouvrage

Installations dans le lit mineur d'un cours d'eau étant de nature à détruire les frayères

3.1.5.0 Destruction de plus de 200 m2 de frayères

Dans les autres cas

Assèchement, mise en eau, imperméabilisation, remblais de zones humides ou de marais, la zone asséchée ou mise en eau étant

3.3.1.0 1 ha >0.1 mais < 1 ha

Enfin, le projet doit respecter les prescriptions générales de la rubrique 3230 et des autres rubriques concernées, quand les prescriptions générales existent (se reporter à l'arrêté du 27 août 1999 modifié)

Page 25: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 25 -

Prescriptions générales de la rubrique 3230 :

- cumul des surfaces si plusieurs plan d’eau - étanchéité de l’ouvrage - vidangeable en moins de 10 jours - évacuation de la crue centennale par un trop plein - pas dans le lit majeur et distance de recul par rapport au cours d’eau - maintien d’un débit minimal (L 432-5 du CE)

► Le respect du SDAGE

La maîtrise des prélèvements d'eau est un élément essentiel pour le maintien du bon état des cours d'eau des eaux souterraines et pour la préservation des écosystèmes qui leurs sont liés. Les orientations fondamentales du SDAGE ont pour objectifs de limiter l'impact des prélèvements sur le milieu naturel en préservant les usages prioritaires. Pour les plans d'eau destinés à l'irrigation, le SDAGE fixe les dispositions suivantes : Nota : Les retenues collinaires pour l'irrigation, ne sont pas concernées par la disposition 1 C-2

Dispositions

Pour les projets de plans d'eau ayant un impact sur le milieu, les demandes devront justifier d'un intérêt économique et/ou collectif

Disposition 1C -1

La mise en place de nouveaux plans d'eau n'est autorisée qu'en dehors des zones suivantes :

- ZRE, le Morbihan n'est plus concerné,

- les BV où il existe des réservoirs biologiques,

- les secteurs où la densité de plans d'eau est déjà importante, sur la base d'une cartographie élaborée par le préfet, en concertation avec la CLE si elle existe. La densité importante est caractérisée par tous critères localement pertinents (...).

Disposition 1C -2

Les plans d'eau doivent être isolés du réseau hydrographique par un canal de dérivation avec prélèvement du strict volume nécessaire à leur usage ou alimentés par ruissellement

Disposition 1 C-3

Les périodes de remplissage et de vidange doivent être définies au regard du débit du milieu, sans pénaliser celui-ci en période d'étiage, et suffisamment longues.

Disposition 1 C-3

Les plans d'eau doivent être équipés de système de vidange pour limiter les impacts thermiques et équipés également d'un dispositif permettant d'évacuer la crue centennale

Disposition 1C3

La gestion de l'alimentation et de la vidange des plans d'eau en dérivation du cours d'eau doit être optimisée au regard du transit sédimentaire de sorte de ne pas compromettre l'atteinte des objectifs environnementaux des masses d'eau influencées

Disposition 1C3

Un dispositif de piégeage des espèces indésirables doit être prévu Disposition 1C3

Les retenues collinaires exclusivement alimentées par des eaux de ruissellement sont autorisées sur l'ensemble du bassin

Disposition 1C3

Dans les bassins nécessitant une protection renforcée à l’étiage (BV de la Vilaine, îles), pas de nouveaux prélèvements dans les cours d’eau et les nappes souterraines du 1er avril au 30 octobre, en dehors de l’AEP

Disposition 7A1

Page 26: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 26 -

Analyse de la disposition 1C2 du SDAGE :

La disposition 1 C2 du SDAGE Loire-Bretagne de 2009 précise que la « mise en place de nouveaux plans d’eau n’est autorisé qu’en dehors des secteurs où la densité de plans d’eau est déjà importante. Deux critères sont donnés pour exemple :

- la superficie cumulée des plans d’eau est supérieure à 5% de la superficie du bassin versant ; - le nombre de plans d’eau est > 3/km². »

En analysant les données du panel de plans d’eau d’irrigation qui représente 70%

du volume stocké par rapport au RGA 2000 et les retenues crées depuis 2000 (voir point 2.5), sur ces 2 critères, les résultats obtenus sont :

- 0.01 à 0.16 % de la superficie du BV, donc bien inférieur au plafond de 5% ;

- 0,01 à 0,35 plans d’eau par km² donc bien inférieur au plafond de 3/km².

Carte 5 : Principaux bassins versants du Morbihan

En analysant les données des plans d’eau de plus de 1 000 m² (irrigation, loisirs…) recensés par le Sage Blavet où on rencontre les plus fortes densités de plans d’eau d’irrigation, la plupart des sous-bassins versants sont à une surface cumulée inférieure à 1% de la surface du sous bassin versant.

Carte 6 : Importance des plans d’eau par rapport aux bassins versants – critère surface – source Sage Blavet

Page 27: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 27 -

► Le respect des SAGE

Le règlement et les documents cartographiques d'un SAGE sont opposables à toute personne publique ou privée pour l'exécution de toute installation, ouvrage, travaux ou activité autorisée ou déclarée au titre de la loi sur l'eau (IOTA) (article L 212-5-2 du CE). Il existe dans le Morbihan trois SAGE approuvés :

- Le SAGE Vilaine - Le SAGE Blavet - Le SAGE Ellé, Isole, Laïta

Le tableau ci-dessous reprend les principales préconisations, dispositions et règles actuelles des SAGE concernant les plans d'eau d'irrigation.

Sage Vilaine, approuvé le 1er avril 2003 :

Extrait des préconisations du SAGE Référence

Les compteurs volumétriques doivent équiper l'ensemble des installations 54

La création de retenues à "remplissage hivernal" devant se substituer aux prélèvements directs dans le milieu en période de basses eaux doit être encouragée par les organisations professionnelles, les services de l'Etat et les financeurs publics.

57

Pour les projets nouveaux, les prélèvements directs ne sont pas autorisés durant la période d'étiage du 1er avril au 31 octobre dans les cours d'eau, ruisseaux, fossés, sources et nappes souterraines.

59

Pour les projets nouveaux, l'irrigation ne pourra être conduite qu'à partir de retenues créées pour cet usage, dont le remplissage sera exclusivement fait en période hivernale (du 1er novembre au 31 mars).

Les retenues doivent être déconnectées de la ressource naturelle en période d'étiage.

60

Sont interdites : - les retenues au fil de l'eau - les retenues en dérivation de cours d'eau si le dispositif de dérivation ne permet pas une

déconnexion en période estivale - les captages de sources (en dehors des systèmes de récupération des eaux de drainage) - les retenues et fosses en zone humide, zone inondable, en nappe alluviale ou nappe

d'accompagnement des cours d'eau

60

Le Sage Vilaine est en cours de révision pour mise en compatibilité du SDAGE. Il devrait être approuvé fin 2014.

Sage Ellé – Isole - Laïta - approuvé le 10 juillet 2009.

Extrait des préconisations du SAGE Référence

Aucune création de plan d'eau en dérivation ou sur le cours d'eau ainsi qu'au sein des zones humides

E3-115

Page 28: Schéma directeur

Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 28 -

Sage Blavet – approuvé le 15 avril 2014 :

Extrait des dispositions du PAGD Référence

Limitation de la création de nouveaux plans d’eau d’irrigation à certaines productions agricoles : […] la Cle encourage l’autorité administrative compétente à n’autoriser que les plans d’eau destinés à la seule irrigation des cultures légumières, des productions horticoles et de fruits rouges […]

3.2.40

Extrait du règlement Référence

Identification des secteurs du bassin où la création de certains types de plans d’eau et retenues collinaires n’est pas autorisée : L’implantation de nouveaux plans d’eau et de nouvelles retenues collinaires relevant de la nomenclature des IOTA […] ne peut se faire : […] - Pour les plans d’eau d’irrigation, qu’en dehors des bassins versants où il existe des réservoirs biologiques,

Cette règle ne s’applique pas aux réserves de substitution, […] retenues collinaires pour l’irrigation.

3.2.2

Préserver les zones humides, les sources et les champs d’expansion des crues. L’implantation de nouveaux plans d’eau ou de nouvelles retenues collinaires relevant de la nomenclature des IOTA […] n’est pas autorisée sur sources, sur zones humides et dans les champs d’expansion des crues Cette règle ne concerne pas : […] - Les plans d’eau et retenues collinaires existants et qui feraient l’objet de nouveaux actes administratifs (déclaration ou autorisation au titre des articles L. 214-1 et suivants du code de l’environnement) ; - La création de retenues collinaires et/ou plans d’eau en zones humides cultivées depuis plusieurs années et drainées pour lesquelles les fonctionnalités en termes de rétention d’eau et de capacité « épuratrice» sont très fortement amoindries ou ont totalement disparu.

3.2.3

Limiter les connexions entre les nouveaux ouvrages et les eaux souterraines : Afin de limiter les échanges entre les nouveaux ouvrages et les eaux souterraines, les nouveaux plans d’eau ou les nouvelles retenues collinaires relevant de la nomenclature des IOTA […] doivent être réalisés de manière à ce que le fond de ces ouvrages soit étanche et se situe au-dessus du plafond de la nappe concernée.

3.2.4

Vérifier l’étanchéité des ouvrages avant leur mise en service : Afin de s’assurer notamment, que lors de la création de nouveaux ouvrages, ceux-ci sont étanches et ne captent pas de sources, les nouveaux plans d’eau ou nouvelles retenues collinaires relevant de la nomenclature des IOTA […] devront être vidangeables totalement et vides avant leur 1ère mise en service.

3.2.5

Encadrer les périodes de prélèvements dans les cours d’eau : Afin de limiter les prélèvements dans les cours d’eau et donc de garantir leur débit aux périodes […] pour les nouveaux plans d’eau relevant de la nomenclature des IOTA […] l’alimentation complémentaire à partir d’un cours ne sera autorisée qu’entre le 1er décembre et le 30 avril.

3.2.6

Garantir un débit minimum nécessaire au bon fonctionnement des cours d’eau : […] Pour les nouveaux plans d’eau relevant de la nomenclature des IOTA […] le débit laissé dans la rivière ne pourra être inférieur à 25% du module.

3.2.7

Limiter l’alimentation complémentaire des plans d’eau par forage Afin de limiter la pression de prélèvement qui pourrait concerner les nappes servant à alimenter des plans d'eau, pour les nouveaux plans d'eau relevant de la nomenclature des IOTA […] l'alimentation complémentaire par forage respectera trois principes : 1. La solution de complément par forage est utilisée seulement si les solutions de remplissage par les seules eaux de ruissellement, puis par prélèvement sur cours d'eau en période d'excédent hydrique n'ont pu répondre aux besoins.

2. Dans le cas où le volume d'eau prélevé annuellement est de plus de 10 000 m3, il ne pourra contribuer à remplir plus de 50% du volume du plan d'eau.

3. Le volume d'eau prélevé sera au maximum de 15 000 m3/an.

3.2.8

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 29 -

3.4. Principes du développement de l’irrigation, en matière de localisation des plans d’eau et d’alimentation en eau

a) Objectifs de développement

Le volume d’eau stocké destiné à l’irrigation des légumes industries et plants de pomme de terre est estimé à 7 millions de m3 sur le Morbihan. Il permet d’irriguer 50% de la surface emblavée en légumes industries sur le département et 50% des plants de pomme de terre.

Afin de maintenir voire renforcer la part de légumes irrigables, et ainsi sécuriser les productions comme le haricot – flageolet (voir tableau n°2), la production de plans de pomme de terre, donc les filières, l’objectif de ce schéma est de créer 100 000 m3/an de plans d’eau d’irrigation de légumes, soit 4 – 5 plans d’eau par an de 20-25 000 m3 d’ici 2020.

Pour répondre à la fois aux objectifs de maintien, voire de développement de l’irrigation, et de limiter les atteintes à l’eau et les milieux aquatiques, il est convenu que la création de retenues d’irrigation respecte les principes suivants :

b) Localisation

En dehors des zones humides : Les plans d’eau d’irrigation, dans l’objectif européen et national

de protection des zones humides, sont à créer en dehors des zones humides et du lit majeur des cours d’eau. L’inventaire communal des zones humides intégré au document prévisionnel d’urbanisme est la source principale d’information sur leur localisation. Toutefois la police de l’eau, lors de l’étude du projet de plan d’eau, peut être en mesure de repréciser si besoin la délimitation des zones humides en se basant sur l’arrêté du 1er octobre 2009.

Un plan d’eau d’irrigation peut être créé en limite de zone humide, à la fois pour bénéficier au maximum des eaux de ruissellement du bassin versant, et pour trouver des matériaux hydromorphes (au-delà de 40 – 50 cm de profondeur) permettant d’étanchéifier le plan d’eau.

Une réserve imperméabilisée avec une géomembrane coûte en effet deux à trois fois plus cher et ne peut se rentabiliser que sur des productions à forte valeur ajoutée (obligation de diversification légumière avec des légumes à récolte manuelle, choux, céleris, courgettes...). Très peu de producteurs sont concernés.

Pour permettre de sécuriser la majorité des surfaces en légumes (haricots, flageolets), seule l’irrigation par retenue imperméabilisée avec des matériaux étanches trouvés sur place est viable économiquement.

En zones humides non fonctionnelles : Les zones humides non fonctionnelles comme les

zones humides cultivées drainées ont perdu leurs fonctionnalités de zones humides, tant en terme de qualité d’eau (dénitrification) que de quantité d’eau (rétention). Par contre elles conservent des matériaux aptes à l’étanchéification des plans d’eau. Alliée à des mesures compensatoires, la création de plan d’eau en zone humide non fonctionnelle peut apporter un gain environnemental positif ou au moins équilibré. L’objectif de ce schéma est d’expérimenter la création de plans d’eau dans de telles zones et de le comparer à un système de plan d’eau en géomembrane hors zone humide, tant d’un point de vue économique qu’environnemental.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 30 -

c) Alimentation en eau

Le mode de remplissage recherché prioritairement est le captage des eaux de ruissellement en période d’excédent hydrique (automne-hiver).

Du fait de la difficulté de trouver des sites d’implantation (bassin versant suffisant, matériaux d’étanchéification, protection des zones humides…), des compléments d’alimentation en eau, si nécessaires, sont validés dans le Morbihan en cas d’apport insuffisant par ruissellement, et par ordre de priorité par :

- prélèvement sur cours d’eau en période d’excédent hydrique par la mise en œuvre d’un ouvrage de répartition maçonnée (plan en annexe 1) ; les ouvrages de répartition sont de taille modeste, adaptés au cours d’eau et aux besoins de prélèvement, avec des seuils < 20 cm qui n’entravent pas la continuité écologique,

- prélèvement par forage.

Ces compléments devront respecter les dispositions et règles des SAGE approuvés, notamment en matière de période et de modalités de prélèvements sur cours d’eau et par forage.

d) Financement public

Le plan de financement 2007/2013 notifié à la commission européenne ne permet pas de financer des plans d’eau alimentés par des compléments par forage et/ou par prélèvement en période d’excédent hydrique sur cours d’eau. Le schéma directeur a pour objectif de présenter aux financeurs publics l’importance de ces filières, du besoin de maintenir un appui financier aux développements de plans d’eau et réseaux d’irrigation en légumes sur la période 2014-2020. Il a aussi pour objectif de démontrer la nécessité de faire évoluer les dispositifs de subvention, et notamment d’intégrer la possibilité de remplissages complémentaires des plans d’eau par prélèvement en période d’excédent hydrique sur cours d’eau et/ou par forage.

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 31 -

PROCEDURE TYPE POUR UN PRODUCTEUR SOUHAITANT DEVELOPPER L’IRRIGATION

Etape n°1 : Etude de faisabilité Objectifs : Préciser et valider le projet d’irrigation ou au contraire l’arrêter

Contenu : Préciser les besoins en eau de l’exploitation Identifier le ou les sites d’implantation en prenant en compte :

- les aspects environnements comme les zones humides et zones protégées - le zonage d’urbanisme - la topographie - le bassin versant et l’alimentation par ruissellement et les compléments d’alimentation

éventuels - la propriété du foncier - le raccordement électrique

Préciser le mode de stockage (volume, alimentation,…) Analyse économique du projet Première approche de la faisabilité technique (sondages du sous sol pour vérifier la nature et la quantité de matériaux imperméables – argiles) Avec qui : Chambre d’agriculture, OP légumes et Bureau d’études pour les sondages.

Etape n°2 : Dossiers réglementaires - urbanisme

Demande de certificat d’urbanisme (CU) à déposer en 4 exemplaires à la mairie de la commune d’implantation du site et visite de la police de l’eau pour 1er avis sur les sites d’implantation et modes d’alimentation en eau. Avec qui : Chambre d’agriculture

Etape n°3 : Conception de la retenue

- Préciser le positionnement l’ouvrage, ses dimensions, ses modes de remplissage … - la conception de la retenue :

o étude hydrologique : volume disponible (capacité à se remplir)… o étude géomorphologique par relevé topographique o étude géologique et géotechnique

- réalisation d’un descriptif des travaux et estimation des coûts Avec qui : Bureau d’étude

Etape n°4 : Dossiers réglementaires

Réalisation d’un dossier d’incidence loi sur l’eau soumis à déclaration ou autorisation selon la surface au miroir, mode d’alimentation, implantation … Et de la déclaration préalable de travaux an matière d’urbanisme. Avec qui : Bureau d’étude

Etape n°5 : Demande de financement, avec la Chambre d’agriculture

Etape n°6 : Réalisation et suivi des travaux

Durée :

6 mois à 1 an

avant d’engager les

travaux

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Schéma directeur de développement de l’irrigation des légumes - Morbihan – juillet 2014 - 32 -

Annexes :

Plan type d’un ouvrage de répartition – prise d’eau sur cours d’eau :