8
Résumé Les changements climaques sont suscepbles d’avoir des effets considérables sur la sécurité sanitaire des aliments, tant directs qu’indirects, menaçant la santé publique. Du fait de l’évoluon de la configuraon des pluies, de l’augmentaon des phénomènes météorologiques extrêmes et de la température moyenne annuelle, nous commencerons à faire face aux impacts des changements climaques. Ceux-ci auront une incidence sur l’apparion et la persistance des bactéries, des virus, des parasites, des algues nuisibles, des champignons et de leurs vecteurs, ainsi que sur le tableau des maladies d’origine alimentaire correspondantes et le risque de contaminaon toxique. Parallèlement à ces impacts, l’évoluon de la pression des ravageurs aura une incidence sur la présence de résidus chimiques issus de pescides et de médicaments vétérinaires dans les produits d’origine végétale ou animale. Le risque de contaminaon des aliments par des métaux lourds et des polluants organiques persistants à la suite de modificaons des variétés culvées, des méthodes de culture, des sols, de la redistribuon des sédiments et du transport atmosphérique à longue distance, s’accroît du fait des changements climaques. Les facteurs de risque et les maladies sensibles au climat figureront parmi les principaux responsables de la charge mondiale de maladie d’origine alimentaire et de mortalité, y compris la sous-nutrion, les maladies transmissibles, les maladies non transmissibles, les maladies diarrhéiques et les maladies à transmission vectorielle. L’impact des changements climaques ne se manifestera pas de la même manière dans les différents systèmes alimentaires. Certaines régions devraient connaître une augmentaon de la producon alimentaire ; toutefois, de manière générale, on s’aend à ce que les changements climaques projetés aient des conséquences négaves sur la sécurité alimentaire, en parculier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 1 Les effets des changements climaques sur la sécurité alimentaire et, par conséquent la nutrion, sont étroitement liés aux effets sur la sécurité sanitaire des aliments et la santé publique et doivent être examinés conjointement. L’OMS, avec les secteurs de l’agriculture, de l’environnement et d’autres secteurs concernés, doit être disposée à appuyer les autorités naonales, en parculier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et dans les pays les plus touchés, en maère de préparaon et d’intervenon face à ces effets On s’aend à ce que les changements climaques entraînent entraîne une contaminaon bactérienne, virale et pathogène modifiée de l’eau et des aliments en modifiant les caractérisques de survie et les modes de transmission par le biais des fluctuaons des paramètres météorologiques, tels que la température et l’humidité. La température liée au climat et l’humidité, la proliféraon fongique et la formaon de mycotoxines entraîneront des variaons des schémas d’occurrence. Les mycotoxines sont produites par certains 1. Miraglia, M., H.J.P. Marvin, G.A. Kleter, P. Balani, C. Brera, E. Coni, and F. Cubadda et al. 2009. “Climate change and food safety: An emerging issue with special focus on Europe”. Food and Chemical Toxicology 47 (5): 1009-1021. doi:10.1016/j.fct.2009.02.005 SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS, changements climatiques ET RÔLE DE L’OMS DÉPARTEMENT SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS ET ZOONOSES Les sciences du changement climaque et de la sécurité sanitaire des aliments sont des domaines de recherche en évoluon rapide. Bien qu’aucun document ne puisse à lui seul traiter de manière exhausve des répercussions du changement climaque sur la sécurité sanitaire des aliments, dans cee première publicaon, l’OMS fournit une synthèse de plusieurs préoccupaons qui ont été mises en évidence dans la liérature. La présente publicaon ne vise pas à examiner toutes les conséquences possibles, ni à démontrer que les scénarios menonnés dans le présent document auront de plus profondes répercussions sur la sécurité sanitaire des aliments que les scénarios qui n’ont pas été indiqués en référence. Organisaon mondiale de la Santé, 2018. Certains droits réservés. La présente publicaon est disponible sous la licence CC BY-NC-SA 3.0 IGO. FÉVRIER 2019

Sécurité Sanitaire deS alimentS changements climatiques et ... · et environnementaux de la santé tels que l’air pur, l’eau potable, la nutrition et la sécurité alimentaire,

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RésuméLes changements climatiques sont susceptibles d’avoir des effets considérables sur la sécurité sanitaire des aliments, tant directs qu’indirects, menaçant la santé publique. Du fait de l’évolution de la configuration des pluies, de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et de la température moyenne annuelle, nous commencerons à faire face aux impacts des changements climatiques. Ceux-ci auront une incidence sur l’apparition et la persistance des bactéries, des virus, des parasites, des algues nuisibles, des champignons et de leurs vecteurs, ainsi que sur le tableau des maladies d’origine alimentaire correspondantes et le risque de contamination toxique. Parallèlement à ces impacts, l’évolution de la pression des ravageurs aura une incidence sur la présence de résidus chimiques issus de pesticides et de médicaments vétérinaires dans les produits d’origine végétale ou animale. Le risque de contamination des aliments par des métaux lourds et des polluants organiques persistants à la suite de modifications des variétés cultivées, des méthodes de culture, des sols, de la redistribution des sédiments et du transport atmosphérique à longue distance, s’accroît du fait des changements climatiques.

Les facteurs de risque et les maladies sensibles au climat figureront parmi les principaux responsables de la charge mondiale de maladie d’origine alimentaire et de mortalité, y compris la sous-nutrition, les maladies transmissibles, les maladies non transmissibles, les maladies diarrhéiques et les maladies à transmission vectorielle.

L’impact des changements climatiques ne se manifestera pas de la même manière dans les différents systèmes alimentaires. Certaines régions devraient connaître une augmentation de la production alimentaire ; toutefois, de manière générale, on s’attend à ce que les changements climatiques projetés aient des conséquences négatives sur la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.1 Les effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et, par conséquent la nutrition, sont étroitement liés aux effets sur la sécurité sanitaire des aliments et la santé publique et doivent être examinés conjointement. L’OMS, avec les secteurs de l’agriculture, de l’environnement et d’autres secteurs concernés, doit être disposée à appuyer les autorités nationales, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et dans les pays les plus touchés, en matière de préparation et d’intervention face à ces effets

• On s’attend à ce que les changements climatiques entraînent entraîne une contamination bactérienne, virale et pathogène modifiée de l’eau et des aliments en modifiant les caractéristiques de survie et les modes de transmission par le biais des fluctuations des paramètres météorologiques, tels que la température et l’humidité.

• La température liée au climat et l’humidité, la prolifération fongique et la formation de mycotoxines entraîneront des variations des schémas d’occurrence. Les mycotoxines sont produites par certains

1. Miraglia, M., H.J.P. Marvin, G.A. Kleter, P. Battilani, C. Brera, E. Coni, and F. Cubadda et al. 2009. “Climate change and food safety: An emerging issue with special focus on Europe”. Food and Chemical Toxicology 47 (5): 1009-1021. doi:10.1016/j.fct.2009.02.005

Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

DÉPARTEMENT SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS ET ZOONOSES

Les sciences du changement climatique et de la sécurité sanitaire des aliments sont des domaines de recherche en évolution rapide. Bien qu’aucun document ne puisse à lui seul traiter de manière exhaustive des répercussions du changement climatique sur la sécurité sanitaire des aliments, dans cette première publication, l’OMS fournit une synthèse de plusieurs préoccupations qui ont été mises en évidence dans la littérature. La présente publication ne vise pas à examiner toutes les conséquences possibles, ni à démontrer que les scénarios mentionnés dans le présent document auront de plus profondes répercussions sur la sécurité sanitaire des aliments que les scénarios qui n’ont pas été indiqués en référence.

Organisation mondiale de la Santé, 2018. Certains droits réservés. La présente publication est disponible sous la licence CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

FÉVRIER 2019

champignons (moisissures) présents dans les cultures et peuvent causer des effets toxiques aigus et provoquer des problèmes de santé chroniques (dont le cancer) chez l’homme et le bétail.

• Les changements climatiques ont également été décrits comme étant un « catalyseur de l’expansion mondiale » de la prolifération d’algues dans les océans et les lacs, interagissant avec la charge d’éléments nutritifs provenant de l’écoulement des engrais dans les plans d’eau.

• Ce risque élevé de zoonoses émergentes, les changements observés concernant la survie des agents pathogènes et les altérations des maladies à transmission vectorielle et des parasites chez l’animal peuvent nécessiter l’utilisation accrue de médicaments vétérinaires, ce qui pourrait entraîner une augmentation des concentrations de résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments d’origine animale. Cette situation pose non seulement des risques aigus et chroniques pour la santé humaine, mais elle est aussi directement liée à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens des agents pathogènes humains et animaux.

• L’application de pesticides ainsi que les résidus que l’on retrouve par la suite dans les denrées alimentaires sont de plus en plus préoccupants en raison des changements climatiques, des modifications des systèmes agricoles et du comportement des agriculteurs pour s’adapter aux changements climatiques.

• La fréquence croissante des inondations terrestres liées aux changements climatiques aura un impact sur la contamination de l’environnement et la présence de substances chimiques dans les aliments via la remobilisation des sédiments fluviaux contaminés et de la pollution des terres agricoles et de pâturage qui en résulte.

• Les changements climatiques augmentent la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont un impact sur la sécurité alimentaire. Dans les régions où les approvisionnements en denrées alimentaires ne sont pas sûrs, les populations ont tendance à adopter une alimentation moins saine et à consommer davantage « d’aliments impropres à la consommation » – dans lesquels on retrouve des substances chimiques, microbiologiques ou autres qui posent des risques pour la santé et qui contribuent à accroître la malnutrition.

Le rôle de l’OMS dans la lutte contre l’impact des changements climatiques sur la sécurité sanitaire des alimentsSi le défi consistant à enrayer les changements climatiques et à inverser la tendance actuelle transcende les intérêts d’un seul pays, l’atténuation de ses effets sur la santé est à la fois possible et nécessaire. Dans tous les États Membres de l’OMS, il conviendrait que les systèmes de santé, en collaboration avec les secteurs de l’agriculture, de l’environnement et d’autres secteurs concernés, soient capables de prévenir, de détecter et de gérer les risques alimentaires associés aux changements climatiques et ce d’une manière qui favorise l’équité en santé et qui garantisse que personne ne soit laissé de côté. Il existe plusieurs façons d’y parvenir:

Les autorités sanitaires des États Membres, avec le soutien de l’OMS, devraient être pleinement conscientes des risques accrus spécifiques d’origine alimentaire qui sont associés aux changements climatiques, préparées à y faire face et élaborer des plans nationaux (notamment des plans de financement et d’investissement) en conséquence.

Comme souligné dans le treizième programme général de travail, l’OMS doit renforcer sa collaboration avec les secteurs autres que celui de la santé au niveau national pour faire face aux effets sanitaires des changements climatiques. L’OMS, en collaboration avec l’ensemble des secteurs concernés, notamment ceux de l’agriculture et de l’environnement, œuvrera au financement des investissements dans la sécurité sanitaire des aliments et la lutte contre les changements climatiques et intégrera la question de la sécurité sanitaire des aliments dans son approche des changements climatiques afin de fournir des conseils politiques, de formuler des lignes directrices, et de fournir des interventions qui soient complets et efficaces dans tous les secteurs.

Intégrer la sécurité sanitaire des aliments aux approches visant à atténuer les effets des changements climatiques sur la santé afin de fournir des conseils politiques complets et efficaces, des lignes directrices et des interventions dans tous les secteurs, selon une approche « un monde, une santé ».

Conduire des évaluations scientifiques des risques pour fournir les données probantes justifiant l’élaboration et l’adoption de normes en matière de sécurité sanitaire des aliments et d’orientations sur les mesures de sécurité sanitaire des aliments, ainsi que pour évaluer les risques émergents pour la sécurité sanitaire des aliments.

Aider les pays à améliorer la préparation aux situations d’urgence, la riposte et le renforcement des capacités en vue d’une meilleure gestion de la menace que représentent les risques d’origine alimentaire accrus associés aux changements climatiques.

Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS2

3Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

IntroductionNotre climat évolue rapidement, avec des effets perturbateurs, et cette

évolution progresse plus rapidement que tous les changements enregistrés au

cours des 2000 dernières années.

Les changements climatiques ont non seulement un impact sur les déterminants sociaux

et environnementaux de la santé tels que l’air pur, l’eau potable, la nutrition et la sécurité alimentaire, mais ils ont également des conséquences majeures sur les systèmes de production alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments.

On estime déjà aujourd’hui qu’environ 600 millions de personnes – soit près d’une personne sur 10 dans le monde – contractent une maladie après avoir consommé des aliments contaminés et 420 000 en meurent chaque année ;2 ce chiffre devrait augmenter en raison des changements climatiques qui modifient le milieu agricole et industriel ainsi que les comportements observés chez les hommes et les animaux, et les ravageurs.

Les effets des changements climatiques sur la sécurité sanitaire des aliments et la santé publique sont étroitement liés aux effets sur la sécurité alimentaire et sur la nutrition, et doivent être examinés ensemble. Il importe que l’OMS soit disposée à appuyer les autorités nationales, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et les pays les plus touchés, dans le cadre de la préparation et de la riposte à ses effets. Cela suppose notamment de fournir des informations sur les menaces que les changements climatiques constituent constitue pour la sécurité sanitaire des aliments, de coordonner l’examen des données scientifiques sur les liens entre les changements climatiques et la sécurité sanitaire des aliments et d’aider les pays à renforcer leurs capacités à gérer les impacts des changements climatiques liés à la sécurité sanitaire des aliments, étroitement liés aux politiques en matière de malnutrition et de sécurité alimentaire.

Les changements climatiques ont un énorme impact sur la disponibilité et la sécurité sanitaire des aliments que nous consommons et devrait entraîner une augmentation significative des risques pour la santé publique en raison de ses effets sur les bactéries, les virus, les parasites, les produits chimiques et les toxines liés aux maladies d’origine alimentaire. Les changements climatiques devraient devrait également agir sur la résistance aux antimicrobiens et les zoonoses, lesquelles sont directement liées à la sécurité sanitaire des aliments. Diverses altérations induites par les changements climatiques influent sur les comportements qui ont une incidence sur la sécurité sanitaire des aliments, notamment : les comportements des humains, des animaux et des vecteurs, l’évolution des agents pathogènes, la survie des organismes et

des ravageurs, les comportements en matière de croissance et de transmission.3 La probabilité de survenue de tels incidents est plus forte dans les pays où les systèmes de suivi et de surveillance des denrées alimentaires sont moins solides et donc incapables de détecter une contamination de l’environnement ou chimique, augmentant ainsi davantage le risque pour la santé publique résultant de l’exposition chronique et aiguë à des contaminants.

Les principaux effets des changements climatiques : l’élévation du niveau de la mer, la hausse de la température moyenne mondiale, le réchauffement des océans, les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses, vagues de chaleur, précipitations intenses, ondes de tempête) et l’acidification des océans auront un impact significatif sur ces comportements, les pays à revenu faible ou intermédiaire étant touchés de manière disproportionnée.

Les changements climatiques devraient devrait entraîner environ 250 000 décès supplémentaires par an entre 2030 et 2050 ; l’augmentation de la mortalité associée à la sécurité sanitaire des aliments devrait contribuer à ce chiffre.4 Il convient d’ajouter ce chiffre aux quelque 500 000 décès supplémentaires par an qui ont été calculés comme conséquence des changements de régime alimentaire et de poids corporel dus aux changements climatiques d’ici 2050.5

Les facteurs de risque et les maladies sensibles au climat contribueront considérablement à la charge mondiale de morbidité et de mortalité, notamment la sous-nutrition, les maladies transmissibles, les maladies non transmissibles, les maladies diarrhéiques et les maladies à transmission vectorielle.2

Phénomènes météorologiques extrêmes et catastrophes naturellesLes changements climatiques accroissent la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des températures extrêmes plus fréquentes, de fortes précipitations, des cyclones tropicaux intenses et des zones étendues touchées par la sécheresse et les inondations – par exemple, en 2080, 2 à 7 millions de personnes supplémentaires par an seront touchées par des inondations côtières.3

Pendant et après une catastrophe naturelle telle qu’une inondation ou un tsunami, les risques pour la sécurité sanitaire des aliments sont accrus, car dans de nombreux cas, il est impossible de stocker ou de cuire correctement les aliments en raison du manque de locaux ou de combustible. Le manque de moyens d’assainissement peut alors aggraver les risques, entraînant une augmentation des

2. WHO estimates of the global burden of foodborne diseases. Organisation mondiale de la Santé. Genève, 2015. http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/199350/9789241565165_eng.pdf?sequence=1 (en anglais) ; résumé d’orientation en français disponible à l’adresse http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/200048/WHO_FOS_15.02_fre.pdf?sequence=1.

3. Tirado, M.C, R Clarke, L.A Jaykus, A McQuatters-Gollop, and J.M Frank, 2010. Climate change and food safety: A review. Food Research International 43 : 1745-1765.doi. disponible à l’adresse http://dx.doi.org/10.1016/j.foodres.2010.07.003.

4. Quantitative risk assessment of the effects of climate change on selected causes of death, 2030s and 2050s. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2014. http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/134014/9789241507691_eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y.

5. Springmann, Marco, Daniel Mason-D’Croz, Sherman Robinson, Tara Garnett, H Charles J Godfray, Douglas Gollin, Mike Rayner, Paola Ballon, and Peter Scarborough, 2016. Global and regional health effects of future food production under climate change: A modelling study. The Lancet 387 (10031): 1937-1946. doi:10.1016/s0140-6736(15)01156-3.

4Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

cas de maladies d’origine alimentaire y compris l’hépatite A, la fièvre typhoïde et les maladies diarrhéiques, comme le choléra et la dysenterie. Les personnes

souffrant des conséquences directes de la catastrophe sont parfois déjà

exposées au risque de malnutrition; il est donc essentiel que les denrées alimentaires

qu’elles consomment soient sûres.

D’ici 2020, entre 75 et 250 millions de personnes devraient être soumis à un stress hydrique accru en Afrique

subsaharienne.3 Toutefois les sécheresses représentent également un risque nutritionnel pour la population en raison du risque accru de contamination par l’eau des aliments et des cultures, car les agriculteurs ont de la difficulté à trouver de l’eau douce pour l’irrigation et ont de ce fait recours à une eau non potable ou recyclée. L’utilisation d’eau insalubre pour les cultures a été et continue d’être directement liée aux flambées épidémiques et aux maladies d’origine alimentaire.

Sécurité sanitaire des aliments: comment les changements climatiques ont un impact sur nos alimentsBactéries, virus et protozoaires parasitesSelon les estimations, les bactéries, les virus et les protozoaires parasites ont été à l’origine de plus de 2 milliards de pathologies en 2010, soit 31 millions d’années de vie ajustées sur l’incapacité.2,6 En outre, on estime que 29 % de ces maladies ont été transmises par des aliments contaminés.5,2

Il est attendu que les changements climatiques entraîneront une augmentation de la contamination bactérienne, virale et pathogène de l’eau et des aliments en modifiant les caractéristiques des modes de survie et de transmission du fait des fluctuations des paramètres météorologiques, tels que la température et l’humidité. Une contamination encore plus importante de l’eau utilisée pour l’irrigation peut aussi avoir un impact sur la sécurité sanitaire des cultures et des animaux qui les consomment, ainsi que sur la production alimentaire qui en résulte.

La production alimentaire elle-même peut également être directement touchée par les changements climatiques en raison de l’altération des taux de survie et/ou de la multiplication de certains agents pathogènes d’origine alimentaire. Par exemple, la

multiplication de Salmonella spp., une des causes principales des maladies d’origine alimentaire, qui serait responsable de plus de 50 000 décès en 2010,2 est fortement tributaire de la température. Une augmentation de la température, ou la durée des épisodes de températures élevées dans des zones géographiques particulières, peut fournir de meilleures conditions pour la multiplication de Salmonella spp. dans les denrées alimentaires. Tel que cité par l’OMS dans le rapport de 2017 sur la protection de la santé en Europe contre les changements climatiques, les cas de salmonellose augmentent de 5-10 % pour chaque augmentation de 1 °C de la température hebdomadaire lorsque les températures ambiantes sont supérieures à 5 °C.7 Dans le même rapport, citant une étude menée au Kazakhstan, l’incidence de la salmonellose a augmenté de 5,5 % avec une augmentation de 1 °C de la température mensuelle moyenne.

Autre source importante de maladies d’origine alimentaire, on estime que vibrio cholerae est à l’origine de plus de 760 000 maladies et de 24 000 décès chaque année.5 Le bacille est fréquemment associé à la consommation d’organismes contaminés qui filtrent l’eau, tels que les moules et les palourdes. Les changements climatiques ont été décrits comme un agent favorisant l’expansion mondiale de la prolifération d’algues qui contaminent ces organismes qui filtrent l’eau.8

Mycotoxines et phycotoxinesLes mycotoxines sont des composés naturellement produits par une grande variété de champignons (moisissures) qui peuvent provoquer des effets aigus, y compris la mort, ainsi que des maladies chroniques dues à une exposition prolongée, notamment divers types de cancer. On estime que 25 % de la production agricole mondiale annuelle est contaminée par des mycotoxines. On sait que les mycotoxines sont plus fréquentes dans les régions au climat chaud et humide.9 Les mycotoxines peuvent se développer avant la récolte dans les cultures laissées sur pied et bon nombre d’entre elles peuvent augmenter considérablement, même après la récolte si les conditions après récolte favorisent le développement de moisissures. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) conclut que du fait des changements des conditions climatiques la récolte des grains pourrait intervenir à un taux d’humidité supérieur aux 12 à 14 % requis pour un stockage stable,10 augmentant ainsi le risque de formation de mycotoxines.

L’exposition alimentaire des humains aux mycotoxines peut se produire soit directement, par la consommation de cultures contaminées, soit indirectement, par la consommation d’aliments d’origine animale provenant du bétail ayant consommé des aliments contaminés. Les cas d’intoxications provoquées par les

6. L’année de vie ajustée sur l’incapacité est une mesure de la charge globale de morbidité, exprimée comme le nombre cumulé d’années perdues en raison de problèmes de santé, d’incapacité ou de décès précoce.

7. Protéger la santé en Europe face au changement climatique : édition 2017. OMS, Bureau régional de l’Europe ; Copenhague. http://www.euro.who.int/fr/publications/abstracts/protecting-health-in-europe-from-climate-change-2017-update.s.

8. Paerl, Hans W., and Jef Huisman. 2009. Climate change: A Catalyst for global expansion of harmful cyanobacterial blooms. Environmental Microbiology Reports 1 (1): 27-37. doi:10.1111/j.1758-2229.2008.00004.x.

9. M. Peraica, B. Radic, A. Lucic, and M. Pavlovic, 1999. Les effets toxiques des mycotoxines chez l’homme. Résumé en français page 763. Bulletin de l’OMS, 77. http://www.who.int/bulletin/archives/77(9)754.pdf.

10. Climate change and food security, A framework document. FAO, 2008. http://www.fao.org/forestry/15538-079b31d45081fe9c3dbc6ff34de4807e4.pdf.

5Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

mycotoxines sont fréquents en Afrique, en effet le Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN)11 recense chaque

année plusieurs événements liés à la sécurité sanitaire des aliments, chacun

entraînant une maladie ou un décès chez les populations particulièrement vulnérables.

Les zones géographiques touchées par le développement des aflatoxines dans le maïs et le

blé devraient changer en fonction de l’augmentation des températures – les prévisions indiquent que la contamination par les aflatoxines et les problèmes connexes de sécurité sanitaire des aliments seront plus fréquents en Europe avec une hausse de 2 °C de la température.12 Selon les estimations, une augmentation d’un degré de la température moyenne mondiale entraînerait une baisse de 6 % des rendements mondiaux moyens du blé.13 Cette diminution de la disponibilité alimentaire peut entraîner un risque accru pour la santé publique dû à l’intoxication par les mycotoxines, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les petits agriculteurs et leurs familles vendent localement et consomment ce qu’ils cultivent, étant ainsi contraints de vendre et de consommer des cultures contaminées pour survivre.

D’autres mycotoxines importantes sont produites par des espèces appartenant au genre de moisissure Fusarium, le maïs étant le principal aliment de base touché. La présence du Fusarium est liée au stress dû à la sécheresse, et le maïs de la saison sèche en Afrique australe et orientale contient souvent des toxines de Fusarium en grande quantité, sans toutefois provoquer de dommages visuels sur le maïs. Cependant, Fusarium est beaucoup moins fréquent dans les zones tempérées (nord). Selon les prévisions, en raison de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, les zones qui sont actuellement tempérées et où la présence de Fusarium est relativement faible seront plus propices à l’apparition de ce champignon et à la formation de toxines.

Les changements climatiques ont également été décrits comme un « catalyseur de l’expansion mondiale » de la prolifération d’algues, qui interagit avec la charge accrue de nutriments provenant du ruissellement des engrais dans les cours d’eau. Un certain nombre de ces algues produisent des composés toxiques, appelés phycotoxines, qui ont des effets néfastes sur les consommateurs humains de fruits de mer contenant ces toxines. Par exemple, les organismes filtrant l’eau, comme les moules et les palourdes, sont sujets à la contamination par ces toxines. Les symptômes que ces toxines peuvent provoquer après leur consommation sont, par exemple, l’intoxication paralysante due aux crustacés et une intoxication diarrhéique due aux crustacés.

L’intoxication ciguatérique est une maladie tropicale causée par la bioconcentration de toxines d’algues, appelées ciguatoxines (CTX), dans les réseaux alimentaires marins. L’intoxication ciguatérique est l’une des maladies dues à la consommation de fruits de mer contenant des toxines les plus répandues dans le monde. Le développement, la répartition et l’abondance des dinoflagellés associés à l’intoxication ciguatérique sont largement déterminés par la température et devraient évoluer en réponse aux changements climatiques induits par la hausse des températures océaniques.14 On peut l’observer dans les régions géographiques dans lesquelles des flambées d’intoxication ciguatérique ont été signalées, et celles-ci semblent s’être étendues géographiquement au cours des 20 dernières années.15

Zoonoses et autres maladies animalesLes flambées de zoonoses, maladies transmissibles de l’animal à l’homme par l’intermédiaire des aliments, pourraient augmenter pendant les périodes de temps plus chaud et de sécheresse, ce qui aura un impact considérable sur la santé publique. Il est attendu que les changements climatiques modifieront la survie des agents pathogènes dans l’environnement, les voies de migration, les porteurs et les vecteurs, ainsi que les écosystèmes naturels, ce qui contribuera à la survenue de flambées zoonotiques et à leur propagation.3,16

Dans le secteur de l’aquaculture, le réchauffement de l’environnement et des océans entraînera la prolifération d’organismes pathogènes, ce qui pourrait se traduire par une incidence accrue de mortalité massive de poissons ou une utilisation accrue et potentiellement mauvaise des produits chimiques pour lutter contre les maladies.3

Médicaments vétérinaires Le risque élevé de zoonoses émergentes, les changements dans la survie des agents pathogènes et les altérations des maladies à transmission vectorielle et des parasites chez les animaux justifieraient une utilisation accrue des médicaments vétérinaires pour faire face aux problèmes de plus en plus importants auxquels les agriculteurs sont confrontés. Il pourrait en résulter une élévation de la concentration de résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments d’origine animale, ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur la santé publique.3

11. Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN) OMS/FAO. http://www.who.int/foodsafety/areas_work/infosan/fr/.

12. Assunção, Ricardo, Carla Martins, Susana Viegas, Carla Viegas, Lea S Jakobsen, Sara Pires, and Paula Alvito (2018). Climate change and the health impact of aflatoxins exposure in Portugal – an overiew. Food Additives & Contaminants: Part A 35 (8): 1610-1621. doi:10.1080/19440049.2018.1447691

13. Chuang Zhao, Bing Liu, Shilong Piao, Xuhui Wang, David B. Lobell, Yao Huang, and Mengtian Huang et al. (2017) Temperature increase reduces global yields of major crops in four independent estimates. Proceedings of The National Academy of Sciences 114 (35): 9326-9331. doi:10.1073/pnas.1701762114

14. Kibler, Steven R., Patricia A. Tester, Kenneth E. Kunkel, Stephanie K. Moore, and R. Wayne Litaker. 2015. Effects of ocean warming on growth and distribution of dinoflagellates associated with Ciguatera fish poisoning in the Caribbean. Ecological Modelling 316: 194-210. doi:10.1016/j.ecolmodel.2015.08.020.

15. Friedman, Melissa, Mercedes Fernandez, Lorraine Backer, Robert Dickey, Jeffrey Bernstein, Kathleen Schrank, and Steven Kibler et al., 2017. An Updated Review of Ciguatera Fish Poisoning: Clinical, Epidemiological, Environmental, and Public Health Management. Marine drugs, 15 (3): 72. doi:10.3390/md15030072. 15(3).

16. Preneshni R. Naicker, 2011. The impact of climate change and other factors on zoonotic diseases. Archives of Clinical Microbiology, 2 (2:4): 1-8. doi:10:3823/226

6Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

L’augmentation des concentrations de résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments d’origine animale pose non seulement des risques

aigus et chroniques pour la santé humaine, mais est directement liée à

une augmentation de la résistance aux antimicrobiens chez les agents pathogènes

humains et animaux. Du fait de la fréquence croissante des maladies et des bactéries résistantes

aux antibiotiques, les humains sont davantage confrontés au risque de contracter une maladie, les changements climatiques et leurs effets sur le comportement humain contribuant à cette sensibilité aux maladies.

Pesticides et résidus de pesticides L’application de pesticides et la possibilité de concentration ultérieure de résidus dans les aliments sont des préoccupations constantes qui devraient devenir plus fréquentes en raison des changements climatiques, des changements des systèmes agricoles et du comportement des agriculteurs pour s’adapter aux changements climatiques. Par exemple, du fait des variations des températures moyennes et extrêmes et de la configuration des pluies, il est probable que les cultures seront cultivées dans des zones de culture différentes, ce qui aura pour effet d’attirer différents ravageurs, maladies et plantes nuisibles. En outre, un taux d’humidité et une température plus élevés augmenteront la pression des parasites et entraîneront une modification de la flore de plantes nuisibles, ce qui devrait accroître les besoins en pesticides.3

En conséquence, les modes d’utilisation des pesticides devraient évoluer. Il est prévu que de tels changements entraîneront un risque plus accru d’exposition élevée des humains aux pesticides par le biais des résidus dans les aliments.3

Contaminants de l’environnement et résidus chimiques dans la chaîne alimentaireL’élévation de la température des océans, l’augmentation de l’intensité des précipitations et les périodes prolongées de faible écoulement fluvial aggravent de nombreuses formes de pollution des eaux, notamment les sédiments, les nutriments, le carbone organique dissous, les agents pathogènes, les pesticides et les sels. Dans les régions où l’on prévoit une augmentation de la fréquence et de la gravité des précipitations intenses, les polluants (pesticides, engrais, matières organiques, métaux lourds, etc.) seront de plus en plus rejetés des sols vers les masses d’eau. Par la remobilisation des sédiments fluviaux contaminés causée par des inondations intérieures de plus en plus fréquentes et graves, les sols agricoles et les pâturages peuvent être contaminés par des contaminants de l’environnement persistants tels que les biphényles polychlorés (PCB) et les dioxines.

D’autres conséquences de l’élévation des températures des océans peuvent indirectement influer sur l’exposition humaine à des contaminants de l’environnement tels que le mercure dans certaines graisses de poisson et de mammifères. Le réchauffement des océans facilite la méthylation du mercure et l’absorption subséquente de méthylmercure par les poissons et les mammifères augmente de 3 % à 5 % pour chaque hausse de 1 °C de la température de l’eau. Le mercure est considéré par l’OMS comme l’un des dix principaux produits chimiques présentant un risque majeur pour la santé publique, avec des effets potentiellement toxiques sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, et constitue une menace pour le développement de l’enfant in utero et aux premiers stades de la vie.17

Sécurité sanitaire des aliments et malnutritionEnviron 25 millions d’enfants supplémentaires devraient souffrir de malnutrition d’ici à 2050. L’OMS a publié en décembre 2017 la conclusion selon laquelle « les aliments impropres à la consommation créent un cercle vicieux de diarrhées et de malnutrition menaçant l’état nutritionnel des plus vulnérables. Lorsque l’approvisionnement alimentaire est précaire, la population a tendance à s’orienter vers une alimentation moins saine et à consommer davantage de « produits impropres à la consommation » – présentant des risques chimiques, microbiologiques et autres pour la santé ».18

L’impact des changements climatiques sur la sécurité sanitaire des aliments devrait contribuer à accroître la malnutrition, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Des aliments sains et propres à la consommation sont essentiels pour lutter contre la malnutrition généralisée, et les aspects de la sécurité sanitaire des aliments et de la malnutrition doivent être examinés et traités ensemble.

Impact des changements climatiques sur les pratiques agricoles et d’élevageBien que les changements climatiques aient un impact direct sur les niveaux de contaminants ou les charges de pathogènes dans les aliments, ils ont aussi un impact indirect sur la sécurité sanitaire des aliments par la réaction humaine face aux changements climatiques.

L’élévation des températures et la variation des précipitations ont déjà incité les agriculteurs du monde entier à s’adapter aux changements climatiques par divers moyens, notamment : la

17. Mercure et Santé : Aide-mémoire N° 361. Organisation mondiale de la Santé. Genève, 2017. Disponible à l’adresse http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mercury-and-health.

18. Sécurité sanitaire des aliments : Aide-mémoire N° 399. Organisation mondiale de la Santé. Genève, 2017. Disponible à l’adresse http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/food-safety.

19. Moniruzzaman, Shaikh, 2015. Crop choice as climate change adaptation: Evidence from Bangladesh. Ecological Economics, 118, 90-98. doi:10.1016/j.ecolecon.2015.07.012.

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diversification des cultures, les systèmes agricoles mixtes culture-élevage, la modification des périodes de plantation et de récolte, l’utilisation de variétés résistantes à la sécheresse et de cultures à haut rendement sensibles à l’eau.19 Si ces adaptations contribuent à maintenir la production alimentaire, l’introduction de nouvelles cultures et méthodes de culture augmente également le risque d’introduction de maladies d’origine alimentaire que les populations et les systèmes de santé ne connaissent pas.

En ce qui concerne le bétail, l’introduction d’animaux d’élevage moins sensibles à la chaleur peut être un moyen de réduire l’effet d’une élévation de la température moyenne mondiale, mais ce changement peut accroître la sensibilité à certains agents pathogènes. Dans certaines régions, un plus grand nombre d’animaux peuvent être déplacés à l’intérieur afin d’éviter l’exposition à la chaleur et le stress, ce qui augmente les risques de transmission des maladies. Inversement, une élévation des températures augmentera la durée de la saison de pousse de l’herbe dans certaines régions, ce qui pourrait permettre un pâturage plus intensif du bétail et une exposition accrue aux vecteurs et à la faune.3

Le rôle de l’OMS dans la lutte contre l’impact des changements climatiques sur la sécurité sanitaire des aliments

Si la problématique des changements climatiques, à savoir y mettre fin ou inverser son évolution, est plus vaste que chaque pays, l’atténuation de ses effets sur la santé est à la fois possible et nécessaire.

Dans l’ensemble des États Membres de l’OMS, les systèmes de santé devraient être en mesure de prévenir, de détecter et de gérer les risques d’origine alimentaire de plus en plus importants qui sont associés aux changements climatiques, et ce d’une manière qui favorise l’équité en santé et qui garantisse que personne ne soit laissé de côté. Pour y parvenir, l’OMS collaborera étroitement avec les États Membres afin :

de faire prendre conscience de l’augmentation des risques d’origine alimentaire associés aux changements climatiques et de réunir les autorités sanitaires de tous les secteurs concernés tels que l’agriculture et l’environnement, pour permettre aux États Membres, avec le soutien de l’OMS, ’d’élaborer des plans nationaux en conséquence, en soulignant l’importance d’une approche de

collaboration intersectorielle aux niveaux national et international.

d’aider les pays à augmenter les investissements dans la sécurité sanitaire des aliments et les changements climatiques, la préparation aux situations d’urgence,

la riposte et le renforcement des capacités afin d’accroître la visibilité et mieux prévenir et gérer la menace que constitue les risques d’origine alimentaire

accrus qui sont associés aux changements climatiques. Au titre du Règlement sanitaire international, et eu égard à la mise en œuvre des

principales capacités, il faut notamment utiliser les réseaux existants, comme INFOSAN, pour détecter les flambées épidémiques de maladies d’origine alimentaire, mettre en place une riposte globale et renforcer de manière continue les capacités en matière de préparation et de riposte aux urgences de sécurité sanitaire des aliments.

d’intégrer la sécurité sanitaire des aliments dans son approche visant à atténuer les effets des changements climatiques sur la santé afin de fournir des conseils politiques, de formuler des lignes directrices, et de fournir des interventions qui soient complets et efficaces dans tous les secteurs, dans le cadre d’une approche « un monde, une santé ».

de conduire des évaluations scientifiques des risques afin de fournir des données probantes justifiant l’élaboration et l’adoption

Sécurité Sanitaire deS alimentS, changements climatiques et rôle de l’OmS

de normes de sécurité sanitaire des aliments et de lignes directrices relatives aux mesures de sécurité sanitaire ; et afin d’évaluer les risques émergents liés à la sécurité sanitaire des aliments.

d’intégrer le suivi et la surveillance : i) de l’eau, des sols et des aliments en vue de détecter les contaminants et les résidus chimiques, ii) des cultures en vue de détecter les résidus de pesticides, iii) des produits animaux pour contrôler la présence de résidus de médicaments vétérinaires, iv) des nouvelles maladies animales et humaines et v) le partage des informations relatives au suivi et à la surveillance est essentiel pour faire face aux changements climatiques environnementaux. Les données ainsi obtenues peuvent être utilisées pour identifier les problèmes émergents et les tendances en matière de contamination alimentaire et peuvent contribuer à l’évaluation des risques20.

20. Climate change: Implications for food safety. FAO, Rome, 2008. http://www.fao.org/food/food-safety-quality/a-z-index/climate-change1/fr/.

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