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J u l i e G i l l e s d e l a L onde
Mini-mémoirepourlemoduledeMETSOCREQUALetANAQUAL
Janvier2017
Master2SantéPublique–Organisationetsystèmesdesanté
Seformeràsetransformer.Exempledupharmacienacteurdesantépublique.
2
I. Contexteetenjeuxdutravaildemandé...............................................................................................3
II. Problématisation..............................................................................................................................................................3
1) «Pharmacie»:apriorietpré-notions................................................................................................................3
2) Analyseréflexiveducorpusdetextes...................................................................................................................6
3) Questioninitialederechercheetjustification........................................................................................10
4) Limitesdelaquestionderecherche......................................................................................................................11
III.Enquêteethnographique.....................................................................................................................................13
1) Choixduterrain.................................................................................................................................................................................13
2) Accèsauterrain..................................................................................................................................................................................13
3) Recueildesdonnéesdeterrain....................................................................................................................................16
a. Entretiensindividuels...................................................................................................................................................................................16
b. Observation:richessesetdifficultéssoulevéesparl’atypieduterrain..........................16
IV. Analysedesdonnéesd’enquête..................................................................................................................22
1) Explicitationdelatechniqued’analyse.............................................................................................................22
2) Miseenévidencedecatégoriesconceptuelles........................................................................................22
V. Conclusion..............................................................................................................................................................................30
VI. Annexes.....................................................................................................................................................................................31
1) Annexe1:Entretien1,réalisépartéléphonele21/01/17.Duréetotale:
79mn20........................................................................................................................................................................................................................31
2) Annexe2:Entretien2,réalisépartéléphonele25/01/17.Durée83mn........50
3) Annexe3:extraitsdel’observationethnographiquedesitesweb...........................67
4) Annexe4:extraitsdeJournaldeBord,aller-retoursterrain-analyse..................69
I. Contexteetenjeuxdutravaildemandé
Ce mémoire-pharmacie est le résultat d’un travail individuel demandé par les enseignants
responsablesde la formation à la recherche en sciences sociales au seindumaster2de santé
publique proposé par l’université Paris Sud. Ce mémoire, demandé aux étudiants suivant le
parcours centré sur l’organisation des soins et des systèmes de santé, est à visée double:
formativeetévaluative.Ildoitnouspermettre,entantquechercheur-apprenti,de«pratiquer»
la démarche de recherche en sciences sociales en nous confrontant à un terrain d’enquête.
Parallèlementilpermetauxenseignantsd’évaluerl’acquisitiondenotionsthéoriquesenseignées,
la capacité à problématiser à partir d’une thématique imposée, l’appropriation d’outils
méthodologiquesspécifiquesetlamiseenœuvredetechniquesderecueildedonnéespropresà
ladémarchesociologiqueen santé.Cedoubleenjeu, formatifetévaluatif,est loind’êtreanodin
carnonseulementilconditionnelaréussiteàundiplômeuniversitairemaisenplussedoitd’être
formateurdansuntempsimpartirestreint.Aussilathématiqueest-elleimposée(«pharmacie»),
letypederecueildedonnéeschoisiàl’avance(entretienetobservation)etlimité(unentretienet
une observation). Le travail ne se veut donc pas exhaustif mais plutôt transparent dans une
démarcheexplicitée,débutéemaispotentiellementinachevée.Lathématique«pharmacie»aété
donnéeaugrouped’étudiantsaudébutdumoisd’octobre2016,associéeà ladistributiond’un
corpusdetextesdevantasseoirlaproblématisation.Lerendus’estfaitàlafindumoisdejanvier
2017.
II. Problématisation
1) «Pharmacie»:apriorietpré-notions
Danscettepartie,jefaislechoixd’explicitermoncheminementdepenséedepuisl’annoncedela
thématique jusqu’à l’élaboration de ma question de recherche «de départ». L’annonce de la
thématiquepharmacieaétéunvécuecommeunpoids,unnon-intérêt,une interrogation-que
vais-jebienpouvoirdirelàdessus?–surmacapacitéàmelancerdansunsujetqui,plusquene
pas m’intéresser, me dérange. J’ai fait le choix de noter mes a priori sur le sujet avant d’en
discuteraveclegrouped’étudiantsoubiendecommenceràlirelecorpusdetextes,souhaitant
rester «naïve» des représentations extérieures, explorant ce que ce «dérangement»
interrogeaitenmoi.Cesnotesontétéconsignéesdansunjournaldeborddébutéle10octobre
2016. Ce journal a été un outil de travail individuel, d’explicitation de mes prénotions et de
support de réflexivité autour de ma posture de chercheur-médecin-praticien face à l’objet
pharmacie.
4
J’aiessayédedéconstruirelesdifférentesposturesquejepouvaisavoirfaceàlapharmacieetau
pharmacien: celle de consommatrice, médecin, professionnelle de santé, enseignante et
nouvellementchercheuse.
Lemoi-consommatriceetprofessionneldesantéfaceaupharmacien-commercial.
Lapharmaciem’évoqueenpremierlieulepharmaciend’officine,personnagecommerçantavide
de profit commercial sous couvert de soins de santé. Je pense au développement de la
parapharmacie, de l’incitation à la consommation. La consommatrice que je suis apprécie le
médicamentcommeobjetdeconsommation.Cetteconsommation induitemedérangedansma
posture de médecin. Je ressens une tension entre les recommandations de bonnes pratiques,
l’évaluationdesservicesmédicauxrendus(SMR)desmédicamentsetlapharmacovigilancefaceà
une industrie pharmaceutique qui hyper-produit, hyper-incite à la consommation de
médicamentsnonremboursésàl’efficacitéthérapeutiquedouteuse.Jemedemandecommentle
pharmacien peut se positionner face au déremboursement de certains médicaments: accablé
poursesfinancesouconscientdes«bonnes»raisonsdecedé-remboursement?
Lemoi-prescripteurfaceaupharmacien-juge.
Dansmonactivitédesoindeprescripteurdemédicaments, je ressens lepharmaciend’officine
commeuninspecteurdemaprescription,vérificateurdedose–cequiesttoutàfaitsonrôle-et
enmêmetempsvérificateurde«mon» indication thérapeutique. Jeressens l’incompréhension
éventuelle d’un confrère devant une prescription ayant sens dans le colloque singulier de la
consultation et qui, décontextualisé peut devenir objet de critiques. Je pense par exemple à la
prescription d’un médicament dont l’efficacité thérapeutique n’est pas démontrée mais est
utiliséedélibérémentpar leprescripteurcommeobjetmédicament,«placeboassumé»dans le
cadre d’une décision partagée. Comment le pharmacien peut-il évaluer la pertinence de cette
prescriptiondanssaposturederesponsabledeladélivrance?J’aidumalàidentifierd’oùvient
cetaprioricarilnemesemblepasl’avoirjamaisvécudansmonexercice.
Lemoi-médecin-généralistefaceàl’expertdumédicament.
Les connaissances du pharmacien m’interrogent: je ne sais pas ce qu’il sait. Je projette des
connaissancescentréesuniquementsurlemédicament.Etenmêmetemps,jecritiquecettefaçon
d’envisager la discipline par la connaissance! C’est justement ce que je revendique en tant
qu’enseignante de médecine générale: ne pas considérer une discipline uniquement par les
connaissances du professionnel (le savoir) mais plutôt par ses compétences acquises par
l’apprentissage, son savoir-être, son savoir-faire. Et pourtant, je réalise que je n’envisage le
pharmacienqueparlesconnaissancesqu’ilaengrangéesàlafacultésurlemédicament-unique
objetdesonapprentissage.Lemédecinque jesuisaunevisionplutôt toxiquedumédicament,
objet d’espoir pour le patient mais dont l’effet thérapeutique est souvent décevant et moins
fondamentalquel’alliancethérapeutiquemédecin-patient.
5
Lemoiquisevoitdansunmiroir
Alleràlapharmaciemegèneetcettegèneestenlienavecmonstatutdemédecin.Jesuisdansle
dilemmededevoirmentionnerounonmonmétierquand,aucomptoir,jemevoisexpliquerles
modalitésdeprisemédicamenteuse.Entrerdanslapharmacieentantquemédecinc’estcomme
recevoirunpharmacienouunmédecindansmoncabinet.C’estmemettrefaceàmonsemblable;
mereconnaîtredanslesyeuxdel’autre: ledocteurenblouseblanche,quidétientlesavoir,qui
expliqueà.Cetteposturemegène,ellequestionnema légitimitéde jeunemédecinquicraint le
manquedesavoir,quidoute.
Lemoi-enseignantquiabordelemétierparlescompétencesprofessionnelles
J’essaie de réfléchir aux différentes compétences que le pharmacien d’officine –j’imagine- doit
mettreenœuvreauquotidien,enplusdesonexpertisepharmacologique. Jeréalisequ’ilaune
fonction d’acteur de santé de premier recours, d’éducateur en santé et acteur de prévention,
professionneldesantéencollaborationavecd’autressurunterritoire.Ilestamenéàdévelopper
desliensavecsesclients-patientsatteintsdemaladiechroniqueetmetdoncenjeudesqualités
de communicant et facilitateur de la relation. Il doit surement être aussi gestionnaire et
comptable d’une petite entreprise, capable de gérer des stocks et des liens avec des acteurs
extérieurs(fournisseurs,publicitaires).
Lemoi-professionnel-de-santé-moralfaceau«méchantpharmaciencorrompu»
Cetteexplicitationdemesapriorisurlapharmacieetlepharmacienmepermetderéaliserqueje
pensemesituerducôtedes«bons»dansmaposturedemédecingénéralistehumain,prochedes
patients,dansl’écouteetl’accompagnement,désintéresséedel’argent…Jepeuxobserverquele
pharmacien m’apparaît comme vil commercial ne cherchant que le profit, au détriment de la
sécuritédeses«clients».Jediaboliselaprofessionsansvraimentenconnaîtresesfondementset
sacomplexité.Jeréalised’ailleursqueseullepharmaciend’officinem’apparaît.Jenepensepas,à
ce stade, aux autres façons d’exercer le métier de pharmacien. Cette tension manichéenne et
simplistem’évoquelescritiquesquejepeuxporterenversmapropreprofession: lesmédecins
généralisteslibérauxmultipliantlesactesaudétrimentdelarelationaupatient,médecinspour
lesquels la prescription médicamenteuse «express» est souvent bien plus rentable que des
explications et conseils ciblés. Accuser le pharmacien comme je le fais spontanément, c’est
«tomber» dans ce cliché-même que je déplore au sein de ma propre discipline. Je prends
conscience de cette prénotion quim’habite, comme s’il existait une bonne façon d’exercer son
métier et une mauvaise. Cette pensée m’aide à nuancer ma position et envisager l’objet
professionnel de santé comme multiple et diverse. Il existe une grande variété de façon
d’envisager sonmétier en tantqueprofessionnelde santé etn’imaginerque la figure altruiste
désintéresséeesttoutaussiabsurdequed’envouloiràlafigurediaboliséequin’aquefairedes
individus.Jecautionnel’imagequimeressembleetrendrecelaconscientmepermetuneprisede
distancenécessaire.
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2) Analyseréflexiveducorpusdetextes
J’aiutiliséuntableaupourlalectureducorpusavecdifférentessectionspermettantd’expliciter
qui parle, à qui, avec quels enjeux, dans quel contexte et enfin ce que ce textem’évoquait ou
commentilm’aidaitàmodifiermesreprésentationset«medéplacer»parrapportàmonobjet
d’étude.
L’articledelarevueSWAPS1nousprésentelediscoursd’unpharmacienacteurdesantépublique
engagé sur un territoire dans une démarche militante tournée vers l’usager. Le phénomène
étudiéestlepharmacienauservicedel’accèsauxsoinsetdelaréductiondesrisques.Lapratique
concernéeestladélivranced’unmédicamentdesubstitutionauxopiacés.Lareprésentationque
ce textemobilise est la santépour tous.Cettedémarchevadans le sensde ladélégationde la
prescription des médecins aux pharmaciens. Les deux professionnels s’inscrivent dans une
démarchecommune(l’accèsauxsoins)etcomplémentaire(ladélivrancefacilitéepeutaméliorer
l’observance)oùchacunestunmaillonnécessairedelachaîneduparcoursdesoinsdesgens,à
l’interface entre la prise en charge individuelle (un patient toxicomane qui se présente à la
pharmaciepour ladélivranced’unMSO)etcollective (faciliter l’accèsausoind’unepopulation
spécifique). L’enjeu sous-tendant ce discours est l’évolution nécessaire d’un professionnel qui
doitseformerencontinu.
L’interviewd’AlainDeccachepubliéedansunedesrevuesdel’INPES2nousprésentelediscours
d’ununiversitaireensantépubliquedont lapostureestbeaucoupplusdistanciéede l’objet.Le
contexte belge est l’autorisation des officines à faire de la publicité, au risque de la
commercialisation de la santé. Le phénomène étudié est l’évolution des rôles: celui du
professionnel (pharmacien)mais également l’évolutionde la façond’envisager lepatient.D’un
patientmaladeversunepersonneautonome,acteurdesasanté,participantetinteragissantavec
un professionnel qui quitte sa posture de détenteur du savoir vers un facilitateur «au service
de», «dans l’intérêtde». C’estundiscours analytiquedescriptif dansunepostureneutred’un
paysagesocialchangeant.Lefaitsocialesticil’empowerment,l’autonomiedelapersonne,laco-
expertisepatient-professionneldesanté.Lerôledupharmaciendoitchangers’ilveuts’affranchir
del’imagecommerçanteetprendresaplacedansledomainedelasantépréventive.Delasanté
commerciale(guérirenconsommantdumédicament)verslasantépréventiveetéducative(aller
bien/rester en bonne santé en modifiant/adaptant ses comportements). Le pharmacien est
desserviparsonimagedecommerçantpourceladoitquittercetteposition.
1RobinetS.Quelstatutpourlabuprénorphine?Lespharmaciensrisquentdemoinss’impliquer.DossierSWAPS2006;43(feuillet2):11-3.
2DeccacheA.Dossier«médecins-pharmaciens:lesnouveauxéducateurs?»,éducationpourlasanté:reconnaître«lesnouveauxrôles»desmédecinsetdespharmaciens.LaSantédel’Homme2005;376:9-13.
7
Un article du Monde 3 nous présente ensuite l’interview d’un représentant syndical des
pharmaciensd’officineàproposdesnouveauxrôlesdupharmaciendanslecadredelaloiHPST.
Cet article milite pour les nouveauxmodes de rémunérationplus que les nouveaux rôles. Ces
nouveauxmodesderémunération(augmentationd’unepartfixesurréalisationd’objectifs)sont
présentéscommepermettantde«limiter lacourseauchiffre»etpalierauxpertesderevenus
liées à la baisse des génériques. L’article véhicule une représentation de l’officine en faillite,
obligée de déposer le bilan face à des charges croissantes justifiant cette nécessaire
augmentationderevenuparforfaits.Cetextedresseleportraitd’unpharmacienquidoitadapter
sonactivitépour«survivre».
L’articleparudansSudOuest4nousprésentelamêmethématiqued’unpointdevueplustournée
vers le patient, puisque le journaliste précise qu’il s’agit d’encadrer la rémunération des
pharmaciens d’officine «sans rien changer pour le patient». La nouvelle convention centrée
patient est présentée comme permettant de rémunérer un acte bénévole déjà pratiqué au
quotidienpar lepharmacien(«encadrer larémunérationsansrienchangerpour lepatient») -
acteurdepréventionàpartentière-sansamoindrirleservicerenduauconsommateur(système
gagnant-gagnant). A la suite du texte, un sondage pose la question de la légitimité de cette
rémunération du conseil pharmaceutique. L’opinion des personnes interrogées (5668) est
unanime: le conseil fait déjà partie du rôle du pharmacien et ne devrait pas bénéficier d’une
valorisation financière spécifique. Cet article pose la question de la valorisation sociétale et
financièredurôledupharmaciencommeacteurdeprévention.Parextension,ilposelaquestion
de lalimitedurôle.Touslespharmaciensont-ilsvocationàdeveniracteursdesantépublique?
Rémunérer cette mission c’est la considérer comme partie intégrante du métier lui-même.
Comment lepharmacienenvisage t’il ces changementsdemissions au fil du temps?Comment
l’identité professionnelle se transforme t-elle avec les évolutions de société? Et quels sont les
moyensdeformationauservicedecetteidentitéprofessionnellequichange?
LedocumentdetravaildelaDREES5schématisel’évolutiondeseffectifsdesprofessionsdesanté
(hors médecins) entre 1990 et 2010. Les pharmaciens sont 74000 en 2010, ils sont les
professionnelsdesantélesplusnombreuxetdontlenombrecroîtchaqueannée.Cetarticlepose
laquestiondel’adéquationdel’offreaveclademande.Cependantlaprésentationdechiffresen
valeursabsoluesnenouspermetpasderépondreàcettequestion.
3GarricA.Lespharmaciensvontêtrepayéspourleursconseils.Lemonde.fr(pagecrééele16/03/2012,dernièreconsultationle29/01/2017).
4[Auteurinconnu].Lespharmaciensserontbientôtrémunéréspourleursconseils.SudOuest.fr(pagecrééele30/03/2012,dernièreconsultationle29/01/2017).
5SicartD.Lesprofessionsdesanté,documentdetravailDREES.Sériesstatistiques2011;158:18.
8
Le textesuivant6estunextraitdurapportde l’InspectionGénéraledesAffairesSociales(IGAS)
datantde2011.L’IGASestunestructurepubliquequiintervientàlademandedesministèressur
des missions d’audit, d’évaluation des structures, de conseil aux pouvoirs publics. Ce rapport
mentionne le rôle du pharmacien face au patient et non plus uniquement face au produit
(médicament). Les enjeux qui sous-tendent ce rapport sont le maintien d’un équilibre
économiquedesofficines,larevalorisationdelaprofessiondanslacoopérationprofessionnelle,
laquelleapparaîtcommeunpointcentral.Lacoopérationprofessionnelleestprésentéesous le
joug du transfert de tâches. La tension médecin-pharmacien est présentée par le prisme du
partage/transfert des tâches. Ce rapport IGASmet en lumière une «lutte des territoires» qui
rappelle fortement les rôles historiques de ces deux professionnels. Historiquement 7 , le
pharmacienetlemédecinavaientdesrôlesconfondusde«savantsducorpshumain».Iln’yavait
pas demédecin de campagne. L’apothicaire du 19ème siècle était le professionnel de premier
recours,prochedelapopulation,dontilrecueillaitlaplainteetproposaitunremède.Lemédecin
apparaissait comme le prescripteur des riches personnalités dans les grandes villes. La
séparationdesrôlesse faitaumomentoù lemédecindevientclinicien,à l’époquedeBichatet
Addison.Lesmédecinsquiexerçaientjusqu’àprésentexclusivementàhôpital,s’installentenville
dès la findu19èmesiècle.Laprofessionmédicalese«corporatise»dans lasecondemoitiédu
19ème et rejette l’apothicaire. Deux professionnels qui semblent avoir toujours travaillé en
parallèle l’un de l’autre et dont la relation professionnelle est sous-tendue par de forts enjeux
économiques:nepasprendre laplace[demarché]de l’autre.Lerapportde l’IGASévoqueune
inspection des affaires sociales qui semble prise en étaux entre deux organisations
professionnelles très influantes, chacun militant pour le maintien de son «territoire». Une
mesure prise dans le sens de l’un allant forcément heurter l’autre. Ce principe de vase-
communiquantinterrogelesmissionsspécifiquesdechacun.Oùs’arrêtelerôledupharmacienet
où commence celui dumédecin? Le transfert de compétences est pertinentmais ne peut pas
s’opérersansformation(actevaccinalparexemple).Cependant,lerapportprésenteladélégation
desmissionsprofessionnellescommeunenjeuéconomique(quiestpayépoureffectuer l’acte)
plusquedisciplinaire(commentdeuxprofessionnelspeuventcollaborerautourd’unemissionde
santé).Seloncerapport,lespharmaciensseraient«demandeursdejouerplusleurrôled’acteur
desantépublique»,leproblèmeétantlanonvalorisationdecetteactivitédeprévention/conseil
en santé, le «manque de confiance en eux» et le «sentiment d’isolement». On assiste à cette
tension de rôle de deux professionnels qui semblent totalement inconscients de leurs rôles
respectifs.D’oùl’émergencedecettemenaceressentiedechaquecôté.Commentpermettreàces
deuxprofessionnelsd’apprendreàavancerensemble?Commentenvisager lamissiondesanté
publique du pharmacien d’officine devant ces enjeux économiques au premier plan? La
valorisationdesmissionsdesantépubliqueest-elle suffisantepour inciter lesprofessionnelsà
6BrasPL,KiourA,MaquartB,MorinA.Pharmaciesd’officine:rémunération,mission,réseau.Rapportdel’IGASremisauMinistèredelaSanté2011;34-8.
7GrmekD.HistoiredelapenséemédicaleenOccident,tome3:duromantismeàlasciencemoderne.1999.edSeuil,Paris;422p.
9
s’impliquer?Laformationprofessionnellecontinueest-elleuneclefpourlamiseenœuvredeces
nouvellesmissions?
L’articledeGrégoryReyes,publiédansManagement&Avenir8dépeint l’imaged’unpharmacien
gestionnaire d’entreprise devant survivre dans un secteur incertain et complexe en
transformation: des frais généraux qui augmentent, une concurrence proche, une clientèle
volatile…Cehommed’affaireparaîtdéconnectéduchampdelasanté,obnubiléparunestratégie
managériale au service de la rentabilité. Cet article m’évoque la tension entre deux identités
professionnelles,cellechérissantunidéal(leprofessionnelquejevoudraisêtre:leprofessionnel
idéal,l’acteurdesantépublique,leprofessionnelauservicedupatientetdelapopulationdeson
territoire)etcellesoumiseàuneréalitéfinancière(leprofessionnelquelasociétém’obligeàêtre
poursurvivre: leprofessionnelréel,celuiquidoittenir laboutique,nourrir lafamille,payerles
charges,maintenirsonofficine«envie»).Legestionnaireetl’acteurdesantépubliquepeuvent-
ilsexisterenunseuletmêmeprofessionnel?Unarbitragedesesmotivationsprofessionnelles
est-il obligatoire pour ce professionnel soumis à deux enjeux contradictoires: la santé ou la
rentabilité?
Danslamêmedynamique,l’articledesEchos9ouvresurlathématiquedelamarchandisationde
lasanté.Laventedesproduitsd’officineseveutcroissanteetexcédentairemaissurtoutlaplus
accessible possiblegrâce au supermarché. Ultime évolution de la santé malmenée par un
capitalismeultralibéralquiagitcommeunrouleaucompresseursurdesbiensdeconsommation
devenus tous identiques. Lemédicament disparaît dans lamasse de production, absorbée par
cetteimmensemachinepolitique,faisantquestionnerlestatutdupharmacien:est-ilvictimed’un
système qui le dépasse et le pousse à se transformer pour ne pas disparaître? Ou bien est-il
acteurprincipaldanscettecourseeffrénéeauprofitd’unesociétégouvernéeparl’argent?
LecorpusdetextefinitavecuneinterviewdeLionelEchinard10quinouslivresaréflexionautour
dumédicamentdanslecontextedesnouvellesmissionsdupharmacien.Ilparled’un«poison»
dont la consommation est dangereuse et nécessite d’être limitée plus qu’encouragée. Le
pharmacienagitalorscommeunfiltrequidevraitenthéorieempêchersaconsommationplutôt
que d’en faire la publicité. Evidemment cette façon d’envisager le rôle du pharmacien est
antinomique avec le maintien d’une activité professionnelle pérenne basée avant tout sur la
vente. A nouveau, la mise en lumière de cette tension entre deux enjeux contradictoires qui
semblent irréconciliables: santéet rentabilité. Le conseil et laprévention, s’ils sontassurésde
8ReyesG.Lesmutationsdumétierdepharmacientitulaire:lecasd’officinesdecentrecommercial.Management&Avenir2011;46:79-99.
9BellanM.LesmargesdespharmaciensdanslecollimateurdeBercy.Lesechos.fr(pagecrééele28/07/2014,dernièreconsultationle29/01/2017).
10LalandeM.Gardiendespoissons,interviewdeLionelEchinard;dossierdésertsmédicaux«oùestleproblème».Pratiques2013;60:56-9.
10
façon pertinente et responsable, mettent en péril cette officine-entreprise qui n’a pour seul
moyendesurviequelesrecettesissuesdelavente.Cetteinterviewnousdresseleportraitd’un
professionnelengagéquin’apaslesmoyensd’exercersesfonctionsencohérenceavecsesidéaux
et son éthique personnelle. L’usager n’est plus une priorité, il est devenu un simple outil au
serviceduprofit.L’acteurdesantépubliquecontinuedelutterparconvictionmaissansillusion.
3) Questioninitialederechercheetjustification
Le corpusde textenousprésente lepharmaciend’officinecommeunacteurde santépublique
voué à se transformer au rythme de l’évolution de la société. Comme le rappellent Fassin et
Dozon dans leur Critique de la Santé Publique11: une approche anthropologique, la santé
publiqueapparaîtà la foiscommeunsavoiretunsavoir-faire,uneméthodeetunétatd’esprit.
Unarticled’IsabelleMomas12, enseignanteà la facultédepharmacieParisDescartes,publiéen
2008définitlasantépubliquecomme«unedisciplined’action,visantàprotéger,promouvoiret
restaurerlasantédespopulations».[…]Elleexplicitelescontoursd’unchampdisciplinairequi
n’a cessé d’évoluer au cours des dernières décennies. «Pour remplir samission, elle [la santé
publique]s’appuiesur les législationsréglementairessanitairesetsociales.Ellearecoursaussi
bien à des mesures sanitaires que sociales ou d’éducation et de promotion de la santé. Ces
approches complémentaires impliquent unemultidisciplinarité associant sciences biologiques,
médico-pharmaceutiques, environnementales, de l’ingénieur mais aussi humaines et sociales,
juridiqueset économiques.Ce large champestpartagéentredenombreuxacteursquidoivent
œuvrer en synergie.[…] La pratique du pharmacien implique certes un exercice individuel et
personnel mais aussi une prise de conscience de la dimension collective et sociétale des
problèmes de santé auxquels il est confronté. Il doit être formé à entrer en communication
directeetaiséeaveclesautresprofessionnelsdelasanté, lespatientslespouvoirspublicsetle
corps social». Ce professionnel change et ce changement doit, devrait, s’accompagner d’une
formation.Laformationcontinuedeceprofessionnelquimuesembleunenjeuimportantdepart
leslimitesflouesdesesrôles.Undesanglesd’aborddelaformationpeutdoncêtrelaformation
professionnellecontinue.Aussileprofessionneldoit-ilseformermaisseformeràquoi,dequelle
façon, grâce à quelles ressources et avec quels objectifs? Quelle serait alors la place de cette
formationcontinuedanslarencontreaveclesprofessionnels,lespatients,lespouvoirspublicset
le corps social? Quelle est l’offre de formation à sa disposition? En quoi la formation
professionnellepeut-elleêtreunoutild’apprentissagedanscecontexted’évolutiondurôle?Les
nouvellesmissionssemblentl’intéresser(uneimmensemajoritédepharmaciensaimeraientplus
desantépubliquedansleurrôle)sousréservequ’ilsaientlesmoyensdelesexerceretdoncd’y
11DozonJP,FassinD.Critiquedelasantépublique:uneapprocheanthropologique.2001.edBalland,Paris;361p.
12MomasI.Lasantépubliqueetlepharmacien:desenjeuxprimordiauxdeformation.Annalespharmaceutiquesfrançaises2009;25-31.
11
être formés. Mais comment le pharmacien acteur de santé publique se forme t’il à se
transformer?Quelleestlaplacedelaformationcontinuedanscettetransformation?
Ainsi,l’objetinitialdecetravailserad’explorerenprofondeurlesliensquelepharmacien
- en posture de professionnel de santé publique - entretient avec la formation
professionnellecontinuedanssonprocessusdetransformation.
4) Limitesdelaquestionderecherche
Unedesquestionsrelativesauxlimitesdecetravailseraitcelledutyped’exerciceprofessionnel
à explorer. Le corpus de texte nous présente la figure du pharmacien d’officine, en
transformationdanssesrôlesetentensionentredeuxenjeux:lasantépubliqueetlarentabilité
financière.Afind’explorer laplacede la formationprofessionnellecontinuedanscesenjeuxde
transformationetdetension,laquestionseposedel’existenced’enjeuxdifférentsselonletype
d’exercice professionnel. J’aurais grand intérêt à intégrer différents terrains si j’en avais le
temps.Cependant,étantdonnéqueletempsetlaconsignesontlimitéspourcetravail,lesautres
dimensions de la profession(inspection en santé publique, évaluation et gestion des risques,
biologie, pratique hygiéniste hospitalière, industrie pharmaceutique) ne seront donc pas
exploréesdanscettepremièrepartied’étude.Jemelimiteraiiciaupharmaciend’officineausens
large(deville,hospitalière intérieure),commeterrainexploratoire. IsabelleMomasapporteun
cadre théorique descriptif à ces fonctions de santé publique du pharmacien en détaillant les
différencescompétencesmisesenjeuenfonctiondutyped’exerciceprofessionnel.Al’officine,le
pharmacien agit en conseiller de santé et acteur de prévention. Les domaines dans lesquels il
peuts’investirsontnombreux:substitution,personnesâgéesethandicap,maladieschroniques,
contraception, préventiondesmaladies sexuellement transmissibles. Il a également un rôle de
donneur d’alerte lors d’apparition de nouvelles pathologies, épidémies ou problèmes
iatrogéniques. Il peut être amené à prodiguer des soins de première urgence. A l’hôpital, les
activitésdesantépubliquedupharmaciens’inscriventdans ledomainede l’évaluationausens
large complétée par une formation à l’épidémiologie et en gestion des risques. Au sein de la
pharmacie intérieure, le pharmacien mène des actions de promotion du bon usage des
médicaments,matériels,produitsouobjetsetparticipeàdesréseauxdeprofessionnelsdesanté,
réseaux ville-hôpital ainsi qu’à l’évaluation de leur organisation et fonctionnement. Il a la
responsabilité de la notification d’effets indésirables à la pharmacovigilance, entre autres. Il
concourt à la sécurisation du circuit du médicament et des dispositifs stériles. Il participe à
l’évaluationdesprocédures.Enfin,ilestresponsabledelasurveillancesanitaireetlescontrôles
del’eauetl’air.
Concernant la formation continue, le terrain est vaste également. Dans un premier temps,
j’aimerais rester le plus ouverte possible quant aux différentes formes qu’elle peut prendre:
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formations présentielles, en ligne, lectures de revue etc. Les résultats préliminaires pourront
éventuellementpermettreuncadreplusrestrictifdansunsecondtemps.Etantdonnéquej’aidu
malàentrevoirl’étenduedespossibles,jesouhaiteadopterunepostureinitialetrèsinductiveet
observercequisurgitpourensuiteréajusterlequestionnementinitial.
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III. Enquêteethnographique
1) Choixduterrain
Afindecomprendrelesmoyensd’apprentissageauservicedusavoir,savoir-fairedelaméthode
et de l’état d’esprit, je souhaite pénétrer l’univers singulier d’un pharmacien soumis à cette
évolution, en exercice. Pour intégrer ce terrain de la formation professionnelle continue, j’ai
penséquelepharmacienlui-même–enpositiondeformé–transformé–setransformant-serait
uninformateurdechoix.Sonexpériencedeterrainetsonvécuéventueldeformations-passées,
encoursouenvisagées-pourraits’avérerrichedesens.Ceterrain,c’estaussiceluidesacteurs
delaformationcontinuec’estàdirel’ordrenationaldespharmaciens,lesdifférentsorganismes
de formation sur le marché, les organisateurs de ces formation, les formateurs ainsi que les
organismesévaluateursdecetteoffredeformation.
L’offre de formation est essentiellement véhiculée par internet et on imagine aisément
qu’internet soit donc la voie d’accès (probablement quasi exclusive) à la formation
professionnellecontinue;lapremièreinterfaceentreunprofessionnelendemandeetl’étendue
despossiblesquis’ouvredevantlui.Cetravailnécessitantunrecueildedonnéesparobservation,
la question se pose du terrain à aller pénétrer et observer. Une autre piste pourrait être celle
d’une formation continue présentielle organisée par un organisme quelqu’il soit. Cependant,
cetteréaliténeseraitqu’unefaçontrèsétroited’aborderlaquestioncarellenepermettraitpas
de comprendre le chemin qui amène le professionnel à cette journée présentielle. L’intérêt
d’observer l’offre de formation par le biais des sites internet des organismes de formation est
d’analyserlafaçondontlaformationprofessionnellecontinueestprésentéeauprofessionnel,la
valorisationdecertainesthématiques,lamiseenavantdecertainesactualités.
Cechoixrestrictifs’inscritunefoisdeplusdanslacontraintedel’exercice,lequelconsisteenun
terrainunique.
Dans le cas où je pourraismenermon travail à bien, j’essaierais évidemment de pénétrer les
univers singuliers des différents organismes de formation, de rencontrer les responsables de
l’évaluation de ces formations, éventuellement les accompagner pendant une mission
d’évaluation.
2) Accèsauterrain
Initialement, au moment où je cherchais un pharmacien informateur, j’ai pensé à la
pharmacienne qui tenait une officine dansmon quartier. Il se trouve qu’elle savait (je neme
souvienspluscomment)quej’étaismédecin.Depuisquelquesannées,àchacunedemesvisites,
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elle m’accueillait chaleureusement (presque trop) avec un «Bonjour Docteur, comment allez-
vous? Que puis-je faire pour vous?». Cette attention particulière me gênait presque, ce qui
m’avait même poussée à changer d’officine «habituelle» depuis quelques temps. Alors que
j’envisageaisdenepasrévélermonstatutdemédecinlorsdel’entretienàmener,jemesuisdit
que-peutêtre-cetteattentionparticulièrequ’elleexprimaitàmonégardpourrait«jouerenma
faveur»etluipermettred’accepterplusfacilementl’entretien.Jemeprésentedanssonofficine
unsoirdudébutdumoisdejanvierautourde18h30etmeprésenteàsoncomptoiralorsqu’il
n’y a aucun autre client. Après quelques secondes d’hésitation, elle me reconnaît: «Mais
Docteur! c’estvous!Commentallez-vous?Ça fait longtempsque jenevousaiepasvue ici!».
Ellecitealorsdesdétailstrèsprécisdeladernièreconversationquenousavonseueilyaenviron
deuxans,époquedelasoutenancedemathèsed’exercice.«Jemesouvienstrèsbien,vousveniez
desoutenirvotrethèse–unsujettrèspointu–etc’estvraiquevoilà…euh…àcemomentlà,ona
toujourspleinsd’étoilesdanslesyeux,desprojets…etensuiteons’aperçoitque…ilpeutaussiy
a voir euh…quelques…euh…déceptions». Son visage se ferme et elle laisse un silence. Jeme
demande de quoi elle parle mais voyant son souvenir si précis à mon égard, je suis alors
persuadée qu’elle va accepter la proposition que je suis sur le point de lui faire… Elle me
demandesijemesuisinstalléeetoùest-cequej’exerce.Jeluiexpliquequej’exerceencentrede
santéàmi temps,alternantavecuneactivitéd’enseignanteà la faculté.«Ahdoncvousêtesen
centredesanté…çaveutdirequequandvousêteseuh ...maladeoueuh…pasbieneuh…vous
pouvezêtre remplacée…c’est çahein?». J’acquiesceen trouvant étrange sapremière réaction
concernantcemoded’installationparticulier.Aprèsquelques instants, je luisignifieque jesuis
venuelavoirpourquelquechosedeparticulieret luidisquelquesmotssur lemasterdesanté
publiqueetletravailautourdupharmacien.Jeluidemandesielleaccepteraitquejel’interviewe.
Ellefaitunbonenarrièreetsonvisagesefermeànouveaubrutalement.«Ahnon.Non,non,je
suisdésolée, jenedonnepasd’interview,jamais.»Ellesemblealorstrèsmalàl’aise,cequime
met assezmal à l’aise également. Je suis très surprise de sa réactionque j’envisageais, sans le
moindredoute,bienveillanteetpositive.«Cen’estpasvous,c’estsimplementque…non…jene
donne jamais d’interview… c’est impossible, désolée.» J’essaie de la rassurer sur le terme
d’interview, réalisant que peut être le terme, trop journalistique, lui a paru trop intrusif ou
personnel…Jeluipréciselecaractèreanonymeetsanspièged’uneéventuelleconversation.J’ai
soudain peur que le terme «sociologie de la santé» que je viens de prononcer, l’ait effrayée,
évoquant peut être une démarche analytique pouvant paraître déplacée ou douloureuse? Elle
m’assurequecen’estpasça,cen’estpasmoi,c’estjustequ’ellenedonnejamaisd’interview.Elle
semble à ce stade vraimentmal à l’aise. Je lui demande alors si elle pourraitm’adresser à un
confrère du quartier. «Euh bah non… je ne vois pas…». Je m’étonne alors: «Ah, vous ne
connaissezpasvosconfrèresduquartier?Vousn’avezpasdecontactentrevous?–Sisi,bien
sûr!C’estjustequeeuh…jenevoispasàquijepourraisvousadresser…euh…quiaccepteraitde
répondreàvosquestions, cegenred’interview…Non.Désolée,vraiment.C’estnon,voilà. Jene
peux pas vous aider.» Je suis alors très surprise et déçue de cette réaction qui m’échappe
complètement. J’ai l’impression que la situation s’est complètement renversée en l’espace de
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quelquessecondes. Je luiavouemadéception, luidisantquecen’estpasgrave,que jerespecte
évidemmentcerefusetquejevaistrouverquelqu’und’autre.Nesachantquerajouter,jelasalue
etm’envais.Alasortiedelapharmacie, jerestependantquelquesminutesunpeuabasourdie.
J’ai-biensûr-consciencequ’ilnes’agitqued’unterraind’enquêteetque,quoiqu’ilarrive,toute
expérienceestrichedesens,mais j’aiunesensationétrange; l’impressiond’avoir«débusqué»
quelquechose:unesouffrance,unmalêtre,untabou. Jerepenseànoséchangesdesdernières
annéesetréalisequej’entresouventdansunepharmacievide,raisonpourlaquelleelles’affaire
versmoisirapidement,medemandantcequejedésire.Jelavoissystématiquementseuledans
son officine, souvent occupée au téléphone. Les textes explicitant les difficultés de certaines
officinesàmaintenirleurentrepriseàflotprendsoudaintoutsonsensetj’aiimmédiatementune
visiondecettepharmacienned’officineenréellesouffrance,projetantquel’entretienauraitété
beaucoup trop douloureux pour elle. Je repense aux deux remarques qu’elle m’a faites: les
déceptionsprofessionnellessuiteauxgrandsespoirsetbeauxprojetsdedébutdecarrièreetla
visiondel’exercicesalariécommepermettant«d’êtreremplacée»encasdeproblème.J’ailatrès
nettesensationquecesdeuxremarquespourraientparlerdesonressenti,d’avoirétédéçuparla
réalité de l’officine et l’impossibilité de s’arrêter de travailler, tenue par les contraintes de
l’exercicelibéraletlapressiondeschargescroissantes.Jemeposealorslaquestiondelasantéde
cespharmaciensd’officinesouspression,exerçantseuls:quellessont lespossibilitésencasde
réellesouffranceautravail?Quelaccompagnementexistet’il?Ya t’ildesmoyensdes’extraire
d’une activité devenue trop étrangère aux objectifs professionnels initiaux (idéaux,
représentations erronées, déceptions)? Cette expérience, n’ayant pourtant duré que quelques
minutes,mepermetuntrèsnetdéplacementvisàvisdemonobjetderecherche.Lavisiond’un
pharmacien commerçant avide de profit est vite contre balancée par l’idée d’une potentielle
souffrancedansuneactivitéprofessionnelledevenuevidedesensauquotidien.
Jememetsalorsenrecherched’unsecondinformateurenremontantlarueetm’arrêtedansla
pharmaciensuivante,mefaisantlaremarquequelesdeuxofficinesnesetrouventqu’àquelques
centaines de mètres l’une de l’autre. J’entre dans la pharmacie et m’approche du comptoir,
apercevantunhommesansblouse,manifestementletitulaire.Jefaisattentionànepasréutiliser
lesmêmesmotsetbannit«sociologie»,«interview»etfaitattentiondenepasmentionnerque
je suismédecin. Jeme présente comme «étudiante enmaster de santé publique, réalisant un
travailsurlepharmacien»etintéresséepour«échanger,discuterautourdel’évolutiondurôle
du pharmacien», restant volontairement très évasive. Surprise, je le vois qui hoche la tête,
acquiesçant sans trop poser de questions. Il sort alors son agenda et je réalise que c’est la
planificationd’unrendez-vousquivaposerproblème.Sesdisponibilitéssonttrèsrestreintes,en
lienavecdesplageshorairesdeforteaffluencedansl’officine.Jeréalisequ’ilaextrêmementpeu
de flexibilité dans son emploi du temps… me permettant également de revoir mes
représentationsd’untitulaireàl’arrièreboutiquequin’estjamaisenpremièrelignedelavente
desmédicaments. Nous convenons d’un rendez-vous que je suis quasiment certaine d’annuler
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maisn’osantpasrefuseralorsqu’ilvientdemettrecinqbonnesminutesà trouverunmoment
pournotreentrevue,jenedisrien.Jelesalueetquittel’officine.
Endifficultéquandà larecherched’un informateur, jepenseàunepersonnedemafamillequi
estpharmacienneenmilieuhospitalierprivéetmedemandesielleseraitlapersonnedechoix.Je
pensespontanémentquejesuisplusàlarecherched’unpharmaciend’officinedevillepuisaprès
réflexionjeréalisequejesouhaitemefocalisersurlepharmacien-acteurdesantépubliqueetsa
formation.Elleadoncprobablementuneexpériencequipeuts’avérerriche;d’autantplusqueje
n’aivraimentaucuneidéeducontenuréeldesonactivitéquotidienneetaimel’idéed’arrivertrès
naïve de représentations vis à vis de son métier. En effet, la déconstruction de mes a priori
(premièrepartie)m’apermisd’observerquej’arrivaissurleterraindel’officinedevilleavecune
«valise»déjàlourdedereprésentations.L’idéedepénétrermonterrainparunanglequim’est
inconnu (ie le rôle d’un pharmacien d’officine interne à un établissement hospitalier) me
paraissaitunoutilintéressantdedistanciationsupplémentaire.
3) Recueildesdonnéesdeterrain
a. EntretiensindividuelsUnpremierentretientéléphoniqueaétémenélesamedi21Janvier2017avecunepharmacienne
d’officineinterneàunecliniquechirurgicaleprivéedelarégiond’Aquitaine(durée79mn).Jen’ai
paseuàmeprésentercarils’agissaitd’unepersonneprochedemafamilleaufaitdemonmétier
demédecingénéraliste. Je luiaiprésentémaformationencoursdemaster2, lecontexteet les
enjeuxdecetteentrevuenécessaire.
Un second entretien téléphonique a été mené le mercredi 25 Janvier 2017 avec une
pharmaciennedelarégionProvenceAlpesCôted’Azur,ayantfaittoutesacarrièreenofficinede
villeets’étantbeaucoupimpliquéedanslaformationcontinue(durée83mn).Mêmesil’exercice
demandé pouvait être considéré réalisé suite au premier entretien, une opportunité s’est
présentée,depouvoiravoiraccèsà cette seconde informatrice. J’ai considéréquecetéclairage
via lebiaisdeofficinedevilleétaitnécessaire,d’autantque lapremière informatriceoffraitun
pointdevue très limitéde l’offrede formation continue,probablementen lienavec son statut
hospitalier.
Leguidethématiqueétaitvolontairementtrèsouvert.Lesthématiquesd’intérêtétantl’évolution
dumétieretdes rôlesprofessionnels, le liensingulierde l’informateuravec«lemonde»de la
formationcontinueenpharmacieetplusspécifiquementledétailéventueldel’offredeformation
disponiblesurlemarché,connueoudéjàexpérimentéeparl’informateur.
b. Observation:richessesetdifficultéssoulevéesparl’atypieduterrain
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L’observation de l’offre de formation continue via internet a volontairement été réalisée sur
plusieurs jours afin de s’en imprégner plus profondément. En effet, le contact avec cet espace
virtuel s’est avéré très «froid»: accessible via un écran d’ordinateur et ne permettant pas
d’interactionaveclesacteursdeterrainoud’intégrationd’informationssensoriellesendehorsde
lavue(partiellementl’auditionavecquelquesvideo).J’airessentiquemonimplication,lefaitde
payerdemapersonne, sur ce terrainétaitnécessairement limitée, tout comme lapossibilitéde
tisserdulienaveclesobservés(Savage,2000).Ceterrainavaitcependantlaparticularitéd’offrir
unegrandevariabilitédesituations(nombreuxsitesavecdesengagementstrèsdifférentsdans
la formation continue) et de m’apparaître bien plusproblématique que familier. J’ai tenté de
développer une connaissance fine de l’intérieur de ce monde social étudié (en considérant
l’espace internet comme unmonde social) avec un regard critique et réflexif. Un des enjeux
supplémentairesaétéd’imagineraccéderà cemondesocial«dans lapeau»d’unautreacteur
c’est à dire en me mettant «à la place de», c’est à dire un pharmacien à la recherche d’une
formationoubiencherchantuneinformationrelativeàlaformationcontinueengénéral.
L’analyse de l’entrée dans le terrain a donc été succincte, pour les raisons mentionnées
précédemment. Pendant la présence sur le terrain, j’ai pris des notes de façon constante et ai
pratiquélacomparaisonconstante(desdifférentsélémentsauseind’unmêmesiteainsiquedes
disparitésd’unsiteàl’autre).
J’aimesuissentieàl’aise,dansunesituationquim’estfamilière(mêmesileterrainnel’étaitpas)
dans le sens où je consultemoi-même les sites des organismes de formation continue dans le
milieu de la médecine générale. J’ai alors adopté une posture, non pas d’experte, mais de
participante.Ce référentiel apuêtreunoutil supplémentairedecomparaisonauserviced’une
forme de réflexivité (je parviens à être réflexive sur ce que je vois car je peux en partie le
comparer à un autremonde social que je connais). J’ai aussi pu ressentir une crainte initiale
devantcettegrandelibertédedéplacement,pouvoircliquerpartout,ouvrirunnombreillimitéde
pages web. Cette observation rejoint celles de Jouët et Le Cardon (2013) selon lesquelles le
repérageetlasélectiondesélémentsàétudiersurlewebn’estpasévident,lecorpusétanttrès
vaste. C’est un terrain qui comporte également un risque certain de «diversion». En effet,
internet possède une capacité inouïe à nous détourner de l’objet initial (fenêtres surgissantes,
boîtederéceptionouverteetc.).
Leguidethématiqued’observationportaitsurlecontenudesmessagesaccrocheursincitantàla
participation, l’image de la profession véhiculée via le catalogue de formation, le caractère
assumé ou plutôt dissimulé du lien entre la formation et l’industrie pharmaceutique, les
éventuelsespacesdeventede l’industriemêléeà l’offredeformation. Jecherchaiségalementà
observer à quel point cette offre de formation est visible pour un participant non aguerri, les
détourséventuelspourtrouveruneformationspécifiqueetlesmoyensàdispositionpouraffiner
sesrecherches.
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La sélection des sites à consulter et observer s’est faite grâce aux deux entretiens menés. Le
premierentretienabeaucoupévoquél’OMEDIT-Aquitaine,quiestl’ObservatoireduMédicament,
des dispositifs médicaux et de l’Innovation Thérapeutique de la région Aquitaine. Le site de
l’OMEDIT Aquitaine possède une page d’accueil sobre et épurée, une écriture bleue sur blanc
plutôtdiscrètesansimageniphoto.Cettepaged’accueilprésentequatrechapitres:présentation,
commissions, contact et actualités sans aucune publicité. En se mettant dans la peau d’un
pharmacien qui chercherait une formation, je clique naturellement sur le lien «Formations
OMEDITAquitaine: en savoir plus.» Ce lienmène à unepage toujours aussi sobreprésentant
cinq lignes, correspondant aux cinq formations proposées. En cliquant sur chacune de ces
formations,onn’accèdenonpasàundescriptifattractifmaisàunsimpleformulaired’inscription
à remplir en ligne. Le contenu des formations proposées est centrée sur le bon usage du
médicamentetlacoordinationville-hôpitalavecuneimportanceparticulièremisesurlaqualité,
lasécuritéetl’efficiencedelapriseencharge.Ontrouvefacilementlaformationàlaconciliation
médicamenteuse dont parle la participante 1. Ce site internet ne propose quasiment aucun
descriptifdesactionsmenéesparl’OMEDIT.Onestdansl’inversedel’incitatif,laformationn’est
presquepasassezvisible.Celam’évoqueunoutilpourunparticipantaguerriquiconsultelesite
pourallerchercherleformulaire,étantdéjàtrèsaufaitdecequ’ilvientychercher.
Lesecondsiteobservéaétésélectionnégrâceà la listedesites transmispar laparticipante2,
très impliquée dans lemilieu de la formation continue.UTIP Innovations s’affiche comme «la
référence en formation continue pour les professionnels de santé. La page d’accueil est très
chargéeavecundéfilédephotosreprésentantdespharmaciensaucomptoird’uneofficineavec
desmessagesclefsécritsurchacunedesphotos:«laformationc’estaussiuninvestissement»,
«desgenspassionnés»,«améliorermapratiqueauquotidien».Cestroismessagesconcernent
plusieursmotivationsquipeuventpousser le visiteur à s’inscrire et sélectionnentdes types de
pharmaciens différents. La formation continue est aussi «un investissement» s’adresse
probablementàuntitulaired’officinesoumisàdescontraintesdegestionetd’investissement.Ce
messageappelle àmiser sur le «capital formation»évoquant l’articledeGregoryReyes. «Des
gens passionnés» s’adresse à des personnes passionnés par leur travail, qui ont certainement
déjà conscience de l’importance de se former en continue, qui se sentent probablement
concernés par une forme de militantisme pour la formation au service de l’évolution des
pratiques, les nouveaux rôles du pharmacien. Ce slogan évoque les interviews de Stéphane
Robinet et Lionel Echinard. L’amélioration des pratiques au quotidien s’inscrit dans une
dynamiquedequalitédes soins,de sécuritédupatient.Ce sloganviseplutôt lepharmacienen
exerciced’officine,nongestionnairemaisplutôtaucontactdelapopulation,concernéparlamise
àjourdesconnaissancesetledéveloppementdecompétences.Unschémacoloréprésenteàcôté
lecatalogueinteractifdesformationsc’estàdirelesdifférentsformatsdeformationdisponibles:
e-learning, pratiques de groupes, stages, évènements et un espace«à la page» dont il est
finalementassezdifficiledesavoirdequoiils’agitmêmeencliquantsurlelien.Ceschémaestun
19
lienversunepagequiprésentetouteslesformationsdisponiblesselonlecalendrieràvenir.La
paged’accueilaffichedefaçoncentralelelogoOGPDC(OrganismeGestionnairedesProgrammes
de Développement Continu), évoquant le caractère «validant» des formations proposées par
UTIP.UnesectiondebasdepageprésentedesarticlesprovenantduJournalOfficielministériel
surladispensationdumédicamentetundossierspécialdel’ordredespharmaciensénonçantles
nouvelles règles selon lesquelles la réalisation du DPC (Développement Personnel Continu)
devient obligatoire pour tous les pharmaciens à compter du 1er janvier 2017. Le catalogue
propose des formations dont les thématiques sont des pathologies fortement prévalentes
(asthme,diabète,hypertensionetc.), ledépistage(cancerduseinetcancerducolon)ouencore
des thématiques de prévention (grossesse, contraception, alimentation). Les formations sont
présentéessousl’angledelaconvivialité,del’échangeaveclespairs(UTIPAIRS),dupartageau
servicedel’apprentissage(«seretrouverensembleentreconfrères,çapermetdetoutingérer»).
La formation se revendique «simple, conviviale et efficace». Lesméthodes pédagogiques sont
explicitées et légitimées (l’échange de pratique entre pairs est «la meilleure pratique
d’amélioration professionnelle selon la HAS»). Il est possible de consulter la liste des
intervenants, lesquels affichent chacun quelques lignes de présentation sur leur pratique et le
lienqu’ilsontaveclaformation(professeuruniversitaire,formateurimpliquédansleDPCetc.).
Cesintervenantssontinvitésàdéclarerleursliensd’intérêts,lesquellessontrenduespubliques.
Onpeutdoncvoircertainsnedéclarantaucunconflitetd’autresmettantàjourlescongrèspayés
et honoraires touchésde l’industrie. Cet organismede formation tel qu’il apparaît sur son site
webm’évoquelesiteduCollègeNationaldesGénéralistesEnseignants,revendiquantlasolidité
pédagogique et remettant l’apprentissage par compétences au centre: dépistage, éducation,
prévention, premiers recours, urgence. Aucune publicité ou affichage de l’industrie ne
transparaît, en dehors de certains liens d’intérêts énoncés par les intervenants. Cet organisme
véhiculel’imaged’unprofessionneldesantécompétent,prochedesthématiquesprévalentesde
santé publique. L’apprentissage des compétences nécessaires aux nouvelles missions du
pharmacienn’estpasaffichéexplicitement.Cesitesepositionnecommesouhaitant«attirer»les
gestionnairesverslaformation(«seformer,c’estaussiuninvestissement»)etnonpascomme
unorganismedeformationauxtechniquescommercialesetmanagériales.Làencore,onsentune
forme de dichotomie entre ces deux professionnels: le clinicien au contact de la population
concerné par la problématique de santé publique inhérente à sa profession et de l’autre le
gestionnairepour lequel l’enjeuprincipal se trouve être la rentabilité de son entreprise, avant
toutautrechose.
J’aichoisil’organismeOCPFormation,égalementcitéparladeuxièmeparticipantepourillustrer
unorganismedeformationportéparuneentreprisegrossiste.Lapaged’accueildusitewebde
l’OCPFormation change radicalement avecUTIP Innovations. Lapaged’accueil est illustréede
quatrephotosauto-défilantesquiprennentquasiment toute la surfacede lapage.Lapremière
représente une femme de profil, vêtue d’un tee-shirt blanc, souriante (et aux dents blanches)
portant un casque audio devant un ordinateur, associée à un slogan «Suivre une formation à
20
distance et profiter d’un formateur en direct». La seconde représente un homme semblant
animerungrouped’environ6-7personnesdont3ou4portentuneblouseblanche(semblet-il).
Iltientunetablettedanslesmainsetsetrouvedansunepiècelumineused’alluretrèsmoderne
avec de grandes baies vitrées derrière lui. Le slogan associé est«Se former en petits groupe,
échangeretpartagersesexpériences».Latroisièmephotoreprésenteunclavierd’ordinateurde
profilcadréseulementsurlesdeuxmainsdel’utilisateurassociéàun«enrichirsescompétences
entouteautonomie».Enfinladernièreimageestunetabletteposéesurunetable,prisede¾de
profil.LesloganaffichésurlecadrephotodéfilantestCesquatreimagesévoquentlamodernité,
latechnologiedepointe,lesnouveauxmodesd’apprentissage(formationàdistance,pargroupes
depairs), l’universnumérique,connecté, instantané(un formateur«endirect)etpersonnalisé.
Leseul«marqueur»dumétierdesantéiciestl’aperçud’uncoldeblouseblancheauniveaudela
photo2.Sanssavoirque l’organismeproposedes formationsàdesprofessionnelsdesanté,on
pourrait aisément imaginer une entreprise quelconque de conseil, audit, formation
professionnelleautre.Seulleterme«professionneldesanté»évoquelepublic-cible.Lesautres
sloganssontrelatifsàl’inscription«Inscrivezvousàl’undenosprogrammesDPC!»,«quelsque
soient vos préférences et vos objectifs, nous avons une formation qui vous correspond». Cet
organismetournéprofessionnel(contrastantavecleprécédenttournéproblématiquedesantéet
patient) se positionne en prestataire de service et présente la santé comme un domaine
professionnellambda.Leprofessionneldesantén’estqu’unsalariéd’entrepriseparmid’autres,
cadre au sein d’une société innovante. Le site affiche son agrémentDPC et propose en bas de
pageunlienintituléLink4youquimèneàunepageprésentantunserviced’aideàlagestionde
projet pour des professionnels engagés dans une dynamique de changement: «moi, titulaire,
initiateur du changement dans mon officine», «partager la vision du changement et créer
l’enthousiasmeautourduprojet»,«optimiserl’organisationdemonofficine»,«embarquermes
équipesdanscenouveauprojet»etc.Cettepagemerappellel’articledeGregoryReyeprésentant
l’officine comme une entreprise comme les autres, régit par des enjeux de gestion et de
management.Leparticipantestunclientqu’onchercheàattireravecdesargumentsdevente;
«97%desatisfaction»pour illustrer laqualitéd’unedes formations.Làencoredesphotosqui
défilentmontantdesapplicationssurSmartphone.Onestdansl’airedelapharmacie-entreprise
qui se veut innovante, moderne et attractive. Le participant qui consulte ce site peut se
reconnaîtredanscette imagedupharmacienagentde lamodernité,évoluantavecsonépoque,
numérique et connectée, voulant proposer l’innovation à sa clientèle et défier la concurrence.
OCPestuneentreprisegrossiste.Or,surlesiteOCPFormation,iln’yaabsolumentaucunencart
publicitaireliéàOCP.SansconnaîtrelasociétéOCP,ilestabsolumentimpossibledesavoirqu’il
s’agit d’un grossiste. Cet aspect rappelle les propos de la participante 2 qui décrivait cette
volontaire «schizophrénie»des laboratoiresqui créent leur entreprisedeDPC séparémentde
l’entrepriseinitialeafind’afficheruneindépendancevisàvisdesorganismesd’accréditationdes
formations.
21
SANOFIest le4èmesitewebque j’aichoisipour illustrer la formationofferteparun laboratoire
pharmaceutique. La branche formation est accessible via l’onglet «Notre engagement pour les
professionnelsdesanté»et«pourlasantépublique».SANOFIserevendique«acteurdesanté
global»,termepourlemoinsévasifdontlesensn’estpasexplicité.Unforumdesantépubliquea
vocationà«favoriserleséchangesentrelesdifférentsacteurs».Lesjournéespharmaceutiques
SANOFI s’inscrivent dans la démarche «relation client». Cette démarche «qui nous distingue,
nousvaloriseetnousplacecommeinterlocuteurincontournabledupharmacienhospitalier».La
santépubliqueapparaîtcommeunconceptmarketingdéconnectédesesmissionsspécifiques.Le
laboratoire se positionne comme «expert» du médicament et des maladies chroniques. Il
véhicule l’image d’un acteur qui «s’engage pour» une cause d’intérêt général. Les termes
employés sont génériques et universels «favoriser les échanges entre différents acteurs»,
«échanger sur des problématiques multiples» sans les citer ni les détailler. La charte de
l’informationpromotionnelleestprésentéeexplicitement,illustrantlamissiondulaboratoirede
«délivreruneinformationdequalitésurlesmédicaments(…)etdepromouvoirleurbonusage
auprèsdesprofessionnelsdesanté».Lelaboratoiretenteunedémarchedetransparencesursa
missiondeformationcentréesurlemédicament,danslerespectdesbonnespratiques.Lapage
est construite pour un lecteur qui ne connaîtrait par le laboratoire SANOFI. Revendiquer
l’indépendancedelamissiondeformationaubonusagedumédicamentquandonestsoitmême
laboratoire les fournissant.Exempleultimede l’envahissementde l’industriedans la formation
professionnellecontinueetdel’utilisationdelasantépubliquecommed’un«atoutmarketing»
plutôtqued’uncontenu.SANOFIplaceleparticipantvisiteurdusiteenacteurquidoitchoisirsa
formation,trierlesinformationsetsefaireunaviscritiquesurl’offre.
22
IV. Analysedesdonnéesd’enquête
1) Explicitationdelatechniqued’analyse
Lecadrethéoriquechoisipourl’analysedesdonnéesd’enquêteaétéceluidelaGroundedTheory
selon Glaser et Strauss. Cette méthode mêle parallèlement collecte, analyse et rédaction sans
caractère linéaireavec laparticularitéd’unaller-retourpermanententre le terrainet l’analyse.
Plusieurs activités se sont succédées, composées de 3 types de codage (ouvert, axial, sélectif)
réalisés de façon itérative. Tout d’abord, le matériau a été lu plusieurs fois, afin d’en être
imprégnée,etannoté.Cetteannotationavaitvocationàexpliciteretdécrire.Lecodageouverta
ensuite consisté en l’étiquetage du vécu des informateurs et l’amorce d’une conceptualisation.
Certainesétiquettespouvaientreprendrelesmotsdesacteurs(invivo)quandellesconstituaient
la description la plus fidèle du phénomène à élucider. L’étiquetage ne s’est pas fait
mécaniquement mais au contraire s’est inscrit dans une démarche à visée analytique. En
s’interrogeantsur lescaractéristiquesduphénomène(c’estàdiresespropriétés), lechercheur
conceptualisedesnotionsquidésignentlephénomèneàétudier.Cesconceptualisationssontdes
catégories.Un codage axial a ensuite consisté en l’organisationdespropriétés théoriques, leur
articulationetleurintégration.J’aiensuitecherchéàorganiserlescatégoriesentreelles.
2) Miseenévidencedecatégoriesconceptuelles
Letravailanalytiqueréalisésurdeuxentretiensindividuelsetuneobservationethnographiquea
permisdemettreenévidence4grandescatégories:
a. Lebesoindeformation:pourquoi,commentetavecquelsobjectifs?
Lebesoindeseformerestunecatégoriedéfinieparplusieurspropriétés:toutd’abordlebesoin
renvoie à l’idée de la nécessité, laquelle a différentes origines. Cette nécessité peut être
extrinsèquequandlepharmacienreçoitdesdirectivesissuesdesinstitutions(ex: lesnouvelles
missions du pharmacien). Ces nouveaux rôles appellent à de nouvelles compétences à
développer.Cesmissionsmettent largementen jeu lacollaborationprofessionnelle(délégation
delavaccination,conciliationmédicamenteuse).
Onnousabeaucoupparlédelaconciliationmédicamenteuseetjetrouvequec’esttrèsintéressant
etçademandebeaucoupdetempsetd’allervoirlepatientenchambrepourdiscuteravecluidece
traitement.Alorsjel’aiunpeuexpérimentélà.Maisc’esttrèschronophage,ilfautrécupérertousles
documentsdupatient,j’allaisvoirl’anesthésistegénéralement,onfaisaitlepointsurlestraitements
dupatient,surcequ’ilfallaitcontinueroupas,onregardeenfaitcequidiverge,làoùilyapeut-
êtreeuuneerreurdeprescription,lesdifférentspoints.
23
Participante1
Le besoin de se former peut également surgir directement du terrain. Ce terrain peut être le
territoiredesoindupharmacien(unepopulationparticulièrementreprésentéesurunterritoire
donnée qui pose un problème de santé spécifique) mais également le patient lui-même. Le
patient complexe présentant une pathologie chronique dont la prise en charge est
pluridisciplinairepeutdirectementfaireémergerunbesoindeformation.
Lespharmaciensquisesontformésàçasonttoutàfaitaptesàlefaire,jepenseparexempleàla
vaccinationpourlagrippe,làc’estdudirect(rires).Maisilfautuneformationderrière,parquiet
comment?Ceseraitformidabledeprivilégierparexemplelesinfirmièresduquartierdanslequelle
pharmacien exerce et que ce soit elles qui soient indemnisées par l’état pour former les
pharmaciens.Commeça,çapermettraitunerencontreauniveauduquartier,uneespècedenotion
deconcurrence,parexemplel’infirmièremeprendmonboulot,etlepharmaciendefairedessousen
plus.L’infirmièrequ’estcequ’ellegagne?Ellegagnemoinsde6eurosquandellepiquelepatientet
de ça on leur retire des impôts. Vaudrait mieux que le pharmacien lui signale qu’il y a des
pansements à faire pour telle et telle personne. Vous voyez ce serait plus intéressant pour elle
d’avoirunemeilleureconnaissanceaveclespharmaciensduquartier.Moijeverraisbiençacomme
ça, que la formation se fasse autour du patient, de l’habitat du patient. Car le pharmacien est
assujettiàunquartier,uneofficinenepeuts’ouvrirques’ilyalenombred’habitantsdéfinisdansun
endroitdonné,donclesenjeuxdesantépubliquedoiventêtredanscequartier-là,qu’estcequ’ilfaut
faireconcrètement,lasantébuccodentaire,lediabètecarilyadespopulationsàrisque?Ilyades
quartiers avec des populations maghrébines importantes avec des diabètes avec des enjeux
énormes, une éducation aussi à la diététique, dans lequel le pharmacien pourrait s’impliquer au
niveauduquartier.
Participante2
Lanécessitédeseformerpeutvenirdupharmacienlui-même(intrinsèque)dansunedimension
déontologique: mis en position de responsabilité, le professionnel ressentir ce besoin de se
formation pour asseoir sa légitimité auprès de son équipe et améliorer ses pratiques. Dans le
contexteactueld’avancéescientifiquepermanente,lamiseàjourdesconnaissancesestunenjeu
important.
Bah,enfait,géranteçaveutdirequequelquepartj’aiuneindépendancepourexercermonmétier
donc logiquementc’estàmoiquereviennent toutes lesdécisionssur lemédicamentet lapriseen
charge médicamenteuse dans mon établissement. Le but d’être gérante c’est d’avoir cette
indépendanceetdepouvoirprendredesdédisionsenayanteucetteformationdepharmacien.
Participante1
24
Lebesoindeseformerc’estaussiuneobligation.Depuisquelquesannées, lespharmaciensont
une obligation de formation continue directement issue du Conseil National de l’Ordre des
Pharmaciens.
Pourquoi ona étébeaucoupà se former sur la conciliationmédicamenteuse ?C’est parceque ça
nousintéressaitmaisc’estaussiparcequeçavalidaitnotreformationquiestdevenueobligatoireet
c’esttrèsdifficileaujourd’huidefairedesformationsvalidantespourleDPC.
Participante1,pharmacienned’officinehospitalière
Cebesoindeformationestcentrésuruneoffretrèsciblée.Lepharmaciensaittoutàfaitdequoi
ilabesoindanslecadredesaformation.
Par exemple, il y a des pharmaciens qui ont des formations de reconstitution pou les
chimiothérapiesdoncàcemomentlà,ilsontbesoinduDUdestraitementsanti-cancéreuxaprèsily
atoutcequiestenrapportaveclemétierdepharmaciens.Doncilyaaussidesformationssurles
fluides médicaux puisque on est responsable del’approvisionnement en oxygène, tous les gaz-
médicaments… donc ça aussi jeme suis intéressée, voir quelle formation il pouvait y avoir. Donc
c’estvraiquelesidéesdeformation,j’enmanquepas…
Participante1
b. Pouvoirseformer:uneproblématiquedupharmaciensalarié
Pouvoirseformerestdevenuunenjeudetaillepourlepharmaciensalariéquinepeutpaspasser
outrel’autorisationdesongestionnaire.Desmoyensdiversessontnécessaires:toutd’abord,un
budget. Le gestionnaireou la structure gestionnairedoiventpouvoir inclure le salariédansun
plandeformation.
Au niveau de nos directions, ils [les ressources humaines] nous mettent pas sur les plans de
formation.Ilsnousmettentpaschaqueannéeuneformationspécifiqueauxpharmaciens.Doncça
c’estencoreproblématique…aprèsjenesaispasquellesobligationssontauniveaudesemployeurs.
Participante1
Deseffectifssontnécessairescarlesalariéauraabsolumentbesoind’êtreremplacépendantson
absence.Leséquipesfonctionnanttrèssouventàfluxtendu,lemanqued’unepersonnen’estpas
envisageableauseind’uneéquipependantuneàdeuxjournéescomplètes.Enfin,cetteformation
nécessiteunminimumd’organisationdans la gestiondes équipe, emploi du temps, calendrier,
prévisionenamont.
25
Un soutien des institutions politiques est nécessaire pour asseoir cette possibilité ainsi qu’un
soutien de l’équipe. En effet, les formations autour des nouvelles missions du pharmacien
mettantenjeulacollaborationprofessionnelle,laquellen’aaucunsenssilepharmacienestseulà
seformerauseind’uneéquipeoud’unestructure,l’idéalétantd’allerseformerenbinôme.
Cette possibilité de formation (dans le sens de l’opportunité) pourrait varier en fonction du
statutduprofessionnel.
Ahouioui, complètement.C’estunpeuunedouble casquette.Moi,monposte, je suispharmacien
salarié.Enfin,jesuisgérantesalariée.Danslemot«gérante»,ilyalefaitqu’ilfautquejemegère.
Et en même temps je suis quand même salariée donc c’est vraiment une problématique car
l’établissementàsedire«bon,bahelleestgérantedoncc’estcommeuneprofessionlibérale»alors
quenon,c’estcommeuneprofessionsalariée
Participante1
Lapremièreinformatricesemblaitpenserquelaformationcontinueestbienplusaccessiblepour
les pharmaciens travaillant dans les hôpitaux publics plutôt que privés. Pour l’officine, c’est
encoredifférent car legestionnaireaura tendanceà soutenirun salariédont la formation sera
rentable(ex:optimiserleconseiletdonclavente)etenmêmetemps,lestatutdesalariépermet
une certaine forme d’indépendance au pharmacien qui, délivré de cet enjeu permanant de
rentabilitécariln’estpasgestionnaire,peutfairedeschoixdeformationpluscentréssurlasanté
publique.
Ouionpeut ledire commeça. Ils [lespharmaciens salariés]bénéficientd’uneplusgrande liberté
mais ils sont assujettis au bon vouloir de l’officine. Par exemple, s’ils veulent aller faire une
formation.Laformationdoitêtrepriseenchargeparlaformationcontinuedoncilssontassujettis
à l’approbation de leur titulaire. C’est en cela que la loi a changé un petit peu les choses. Les
titulaires,responsablesdelaformationdeleursadjoints,ontlibérélesfondsallouésàçapourque
du personnel aille se former. Mais ça n’a duré qu’un temps… l’objectif étant de toute façon, une
optimisationdufonctionnementderentabilitédel’officine,ilfallaitquecetempsallouéapporteun
plusdel’ordredelarentabilité.
Participante2
Lasolitudepourraitêtreunepropriétédubesoindeformationquiévoluedefaçoncontraireavec
lanécessitéetlebesoin.Pluslepharmacienestseul,moinsilalapossibilitéetlanécessitédese
former.Plusilestentouré,plusilcollabore,plusilauralanécessitédeseformer(apprendrela
collaboration professionnelle) et plus il pourra le faire (équipe plus fournie permet l’absence
d’uncollègueplusfacilement).
c. Choisirsaformation:pourquoi,commentetavecquelsobjectifs?
26
Seformervameneràfairedeschoix.Choisirc’estavanttouttrierlaformationadaptéeausein
d’uncataloguepléthorique.L’obligationdeDPCmiseenplaceilyaquelquesannéessembleavoir
participéà lamultiplicationdesorganismesde formationetde l’offrede formationelle-même.
CetteoffresecomposedeDiplômesUniversitaires,formationsdel’industriepharmaceutique,de
lapharmacovigilance.Choisirc’estégalementdevoirs’informerdesnouveautés,descalendriers
deformation,desformationsdequalitéparleboucheàoreille(réseau)etréaliseruneveillede
l’actualité, laquelle peut également se faire par l’intermédiaire d’un abonnement à une revue.
Choisir c’est aussi savoir résister dans un contexte où le pharmacien est devenue la cible
principalesdesdispositifsmarketingdel’industrievisantàaméliorersespartsdemarchésurle
terraindelaformationcontinue(payante!),résisteràcettecourseeffrénéeversleprofit(image
dupharmacien-tiroircaisse),résisterà lamédiocritéd’unepartiedelaprofessioncentrésurla
vente et dont les objectifs de santé publique deviennent totalement accessoires (ou bien
seulementdesargumentssupplémentairesdevente)etàl’individualismequiendécoule.
Par exemple, la presbyacousie, il y a un petitmois, non plus que ça. En septembre…Il y a eu un
intervenantquiestvenu, ilétaitenvoyéparun laboenfaitquivenddesappareilsquipermettent
d’entendremieuxdanslesofficinesmaisilappartenaitàlacelluledeformationonvadiredulabo,
derecherche,pasdeformation.Ildisait«nonnonmaismoijen’appartiensqu’àlarecherchedonc
moijevaisvousfaireuneformationsurl’oreilleinterne,commentellefonctionne,commentlessons
arrivent, comment ils sontpropagés, qu’est cequi est endommagéen casdepresbyacousie, voilà.
Effectivementc’étaitextrêmement intéressantmaisderrièreaprès ildit«maismoi jeneprésente
aucunproduit», certes il neprésentait aucunproduit.Mais les représentantsqui avaientpayé la
salle, eux avaient l’autorisation de nous présenter dans un petit coin de la salle, les produits qui
pouvaientsupplémenteràcettepresbyacousieparexemple.
Alors en fait, c’est maintenant une grosse machinerie financière, et depuis l’obligation du DPC,
d’abordtouslesans,maintenantonestpassésàdeuxanspuisàtroisans,c’estdevenuunetrèstrès
grossemachine à sous. Donc il y a énormément d’organismes qui s’occupent de la formation du
pharmacien.Lemotsantépubliquesevendbien.Tout lemondemetlasantépubliqueenavant,y
comprisetsurtoutleslabosquiontbiencomprisleurintérêtlàdedans…
Participante2
Ce choix peut se manifester par un encadrement strict des liens avec les laboratoires. Par
exemple, les structures hospitalières vont mettre en place des chartes à l’attention des
laboratoires, leur demandant de respecter un code de bonne conduite et un circuit codifié
d’entréedansl’établissement.
Par contre, dans mon établissement, il y a une vraie politique pour lutter contre l’intrusion des
labos.Quandjesuisarrivéeaudébut,ilyavaitdeuxoutroisreprésentantsmédicauxquivenaient
27
me voir à la pharmacie pour me dire ce que eux, ils avaient de spécifique, tout ça. Et c’était
compliquécardéjàjepouvaispasforcémentlesrecevoir…aujourd’huic’estplusdutoutcommeça
cardéjàonadesprocéduresinternes,leslabospeuventplusseprésentercommeça,ilsdoiventdéjà
seprésenteràladirectiondesachats,fairedespropositions.
(…)
Enlutte…Enfinjesaispassic’estvraimentunelutte,c’estunbonchoix,debonneslimites.Chacuna
saplaceetunpartenariat,maisquin’estpas intrusif. Ilscommercialisentunproduit,on l’achète,
aprèsilsontdesservicesd’informationmédicale,ilyatoutl’aspectrèglementaire,onfaitremonter
delapharmacovigilance,oulesmatériovigilances.Aprèsilyapasdedémarchage…enfinilyena
toujoursmaisentoutcasonluttecontreça…
(…) L’entreprise des médicaments, ils ont opté pour une charte sur le démarchage de l’industrie
pharmaceutique dans les établissements de santé et ils sont en train demener une enquête pour
savoircommentçasepassedanslesentreprisescommelamienne,voircomments’introduisentles
laboratoirespharmaceutiques, voir s’ils respectent les codeset toutça.Enfindeplusenplusc’est
trèscontrôlétoutçac’estàdirequ’il fautqu’ilsprennentrendez-vous, ilsontpasledroitdevenir
sansprévenir,ilfautqu’ilsportentunbadge.
Participante1
Enfin,ceprofessionnelquichoisitdevraapprendreàévaluerseschoixcarlaformationcontinue
n’apasl’airencoretrèsencadréeetévaluée.
Iln’yenapas.Aujourd’aujourd’hui,jen’enconnaispas.Etpourtant,j’encôtoiebeaucoup!Maisje
n’en connais pas. Y a que les formations universitaires, et encore! Même les formations
universitaires, même les DU… Dès qu’il y a possibilité de faire vendre un produit, vous voyez
intervenirquelqu’un.Yaquedeslaboratoiresquisontprésents.
Bahouimaisquid’autrepeutoffrirlesrepas?Lesorganismesdeformationdemandentpour
prendreenchargelaformation,unprogramme.Doncilleuresttoujoursfourniunprogramme
détaillé,qu’ilsoitsuiviouqu’ilnesoitpassuivipuisqu’iln’yaaucunevérification.Parcontre,le
programmeleurserafourniçac’estsuretlessoiréesleurserontindemnisées.
Participante2
Cette évaluation portera sur l’utilité sur le terrain clinique, la qualité de la formation et la
rentabilité pour son gestionnaire. Le professionnel qui choisit développe une forme d’esprit
critiqueetpeutmeneràdévelopperuneposturemilitante:s’engagerdanslaformationcontinue,
êtreprêtàs’autofinancer,défendrelesalariatetsoutenircertainesdécisionspolitiques.Enfin,le
professionnelpeut toujours faire lechoixd’une formationoptimisant larentabilitéde l’officine
oudesastructureplutôtquedepromouvoirlasantépublique…
28
d. Lacollaborationauservicedelatransformationetviceversa
L’acteur en transformation vers de nouvelles missions est un acteur collaboratif. Cette
collaboration mène à développer des nouveaux rôles et inversement l’apparition de ces
nouveauxrôlesforcelacollaboration.
Au niveau du diabète, la possibilité de dialoguer avec le médecin traitant, avec le médecin
endocrino, avec l’hôpital, sur certains sujets plus à risque que d’autres, là aussi ça a avancé. Par
exemple,j’aientêteunefemmeâgéequiavaitunproblèmedemycose,quiétaitdiabétique,ilaété
possible de faire intervenir l’endocrino; l’infirmière, lemédecin généraliste et le pharmacien sur
commentl’aideràdépassersonangoissecarellesefaisaitdesdextro6à7foisparjouràprendreen
chargeça,lecôtédiététiqueaussi,enprenantenchargeetçaapuêtrefaitàl’officine,enprenant
en charge…du temps accordé au patient, on est pas dans aujourd’hui pour demain, pas comme
l’antibiothérapie,onestvraimentdansuneaffairedemois,voired’années.Maiscettecollaboration
estefficace.
Participante2
En effet, il est impossible d’envisager l’entretien pharmaceutique ou la délégation de
compétencessansenvisagerunpartenariataveclesautresprofessionnelsdesantédeterritoire
(médecinsgénéraliste,infirmièresetc).Cettetransformationconcerneégalementlaposturevisà
visdupatient.Changerderôlec’estchangerdeposture.Lesnouvellesmissionsdupharmacien
vont dans le sens de la démarche éducative dans laquelle le patient devient expert de sa
condition.Lepharmacienpeutdevenirun facilitateuraccompagnateuretnonplusunmaîtreà
pensermoralisateur.Cettepostureestl’expériencedel’humilitéetlapertedelatoutepuissante
duprofessionneldesanté.
Oui et surtout qui limite les rencontres avec l’extérieur. Je pense qu’au départ, la loi était
extrêmement intéressante si celapermettaitd’avoirdes enjeuxditsde santépublique c’estàdire
que tous les acteurs sont autour du patient et de la société pour qu’elle soit le mieux encadrée
possibleentermedevigilance,d’attention,d’avancéedelacompétence…maisàquoionassiste?à
l’inverse!Alors,ondélivredespilulesdulendemain–alorsattention,jesuistoutàfaitfavorableà
ladélivrancedepilulesdu lendemain–àdes jeunes femmesquinesaventabsolumentpasceque
c’estquelecycleovarien,toutsimplementlacontraceptioncommentçapeutagir,enquoilaprise
d’une pilule tous les jours peut agir sur elles… le niveau d’éducation en santé - tout court - de
l’ensemble de la population est dramatiquement faible et là on est un peu sur des espèces de
pratiques magiques. Allez hop, on prend ça et on va être guéri, c’est magique. Pour moi, il y a
beaucoupbeaucoupde travail à faire sur le discours à tenir auxgens.Rienque ça. La teneurdu
discours.Ceseraitbienplusimportantaufinalquederevenirsuruneévaluationdesconnaissances
que peu ou prou, le pharmacien officinal et les préparateurs, quand même, ont. La qualité du
29
discours. Laqualitéde l’abord.Commentannonceràquelqu’unquiade l’hypertensionque çava
êtreuntraitementàvie?Sans,niledramatiser,nileminimiser,enlefaisantentrerdanslecadre
d’uneévolutionducorps,duvieillissementnormalpourbeaucoupdegens.Ilyatellementdechoses
àfaireentrerdanslediscours.Voilà,pourmoiceseraitplusimportant.Lesenjeuxdesantépublique
progresseraient d’avantage si on s’intéressait au discours tenu à la population. Mais bon, c’est
encoreuneautreproblématique
(…)
Moiaussi,moiaussic’estl’idéequej’enavais.Maispourcequej’enaivu,c’estpasçadutout.Encore
unefoisparcequ’onestdanscemilieulà,c’estencoreunefoislediscoursdumaîtreàl’élève.C’est
pasçalebut!C’étaitdesemettreaucôtédupatientetdevoirquellesdifficultésilaàvivreavecses
pathologiesetquelssont,selonlui,lesmoyensderemédieràcesproblèmeslà.Maisc’esttout,onest
justelàpourl’aideràmieuxvivresonquotidien,quandilexprimedesdifficultésavecsonquotidien!
Paspourluidonnerdegrandesleçons.Vousnedevezpasfaireciouça.S’ilnelesaitpas,tantmieux,
onluiapportequelquechosemaislaplupartdutemps…jepensequelespharmaciensn’ontpasété
formésàcettehumilitélà,quitterlablouseblanche,semettreàcôtédupatientetécouter…parce
quelepatientilesttrèsexpertdanscequ’ilsait…samaladie,ilsaitqueçal’aenvoyéàl’hôpital,il
saitqu’iln’apasbienobservé,ilsaitqu’ilapastoutcompriscaronluifaitprendre¼depiluleun
jouret…ildoitallersefairefairedesprisesdesang,iln’apasforcémentcompriscequ’étaitunINR
maisselonlesmotsqu’onutilise,ilpartiraenayantcompris,oupas.Etça…D’uncôtéoninfantilise
etdel’autre,onn’éduquepas.
(…)
Amaconnaissance,àpartl’ETP…etencoremêmel’ETP,çadépendquil’enseigne.Moijeparlaisde
l’EPCO, lesgensquej’aivusàl’EPCO, ilssontpersuadésqu’ilsonttoutcomprisàl’ETP, ilsontfait
deux jours d’ETP… c’est hallucinant. Non vraiment… il y a une telle conviction… il n’y a pas
d’humilité. Il fautsavoirécouterquechezcertains, larelaxationçamarchetrèsbienetparfoisça
peutsuffire.Quechezd’autres…qu’ilyapasforcémentbesoind’apporterdixmilleautressolutions.
Peutêtrequedeleurproposerd’allermarcheravecungroupedemarcheenmontagneunefoistous
les15joursceseraitpeutêtreaussiefficacequedefaireunrégimedraconiendanslequelilcraque
etquileursertàrien…carsimplementlemoraliraitmieux.Maistoutça,çanécessitedutemps,du
dialogue,del’écoute.Etc’estpastoujoursfacile.
Cette transformation est incitée par plusieurs biais: la validation obligatoire de crédits de
formation,larémunérationparforfais(nouveauxrôles,nouvellerémunération)maiségalement
grâceàl’utilisationdelasantépubliquecommeunoutildevente,unconceptdemarchandising.
Cettetransformationmetentensionl’idéalduprofessionnel: l’idéalhumainaltruiste, l’idéaldu
professionnelcompétentouencorel’idéalricheetayantréussiuneascensiondeclasse(l’image
dunotable).Cettetransformationpeutsejouerdansplusieursdirections:celledelarecherche
delarentabilité(l’enjeuestleprofit)oubiencelledel’améliorationdelapratiqueetdelasanté
de la population (l’enjeu est la santé publique). Le pharmacien qui se transforme est un
30
professionnelen«tensionderôle»quiseheurteàdesrésistanceséthiques,déontologiqueset
dereprésentationssocio-culturelles.
V. Conclusion
Cetravailaétépourmoid’unegranderichesseàplusieursniveaux.Toutd’abordd’unpointde
vueduchercheur,j’aidécouvertlarichessedetravaillersurunobjetquinemepassionnaitpas.
Partir de mes représentations négatives de l’objet pharmacien m’a permis non seulement de
prendre de la distance et de me déplacer face à lui mais également de construire une
problématique, appuyée par le corpus de textes. D’un point de vue dumédecin, j’ai découvert
grâceàcetravail, laprofessiondepharmacien,acteurdesantépubliquequi faitpartiedemon
environnementprofessionnelquotidien.
Undébutdetravailgrâceàdeuxentretienspréliminairesetuneobservationethnographiqueont
permisd’entrevoirdes«pistes»quipermettraientdepoursuivrecetravail.
Lepharmacienentantqu’acteurdesantépubliquevituneévolutionimportantedesesrôles,se
voit attribuer de nouvelles missions, se transforme au rythme d’une société mouvante. La
formation professionnelle continue est une dimension de cette transformation qui met le
pharmacien dans une dynamique de devoir identifier ses besoins de formation, pouvoir les
mettreenœuvre,choisiretsepositionnerfaceàuneoffregrandissante.Latransformationdesa
posture est très fortement liée à de nouvelles façons de collaborer, modifiant les interactions
qu’ilentretientaveclesautresprofessionnelsdesantéainsiqu’aveclepatient.
31
VI. Annexes1
2
1) Annexe1:Entretien1,réalisépartéléphonele21/01/17.Durée3
totale:79mn204
5
Est-ce qu’on pourrait commencer par…euh…est ce que tu pourrais me parler de ton6
parcoursprofessionnelenfait,toutsimplementmeraconter.7
8
Alors mon parcours professionnel si je reprends depuis le début, ben j’ai décidé de faire9
pharmacie j’étais trèsattiréepar lessciencesmédicales, lamédecine,eteuhet j’étaisenmême10
temps très attirée par tout ce qui est biologie, sciences de la nature, donc ça m’intéressait11
beaucoupl’aspectbotanique,toutça…toutcequiestenseignédanslesciencespharmaceutiques12
en fait… donc quand leme suis lancé là-dedans j’avais vraiment l’envie de travailler dans des13
officines,j’avaisrencontrélepharmacienducoindonc….pasloindelàoùhabitaientmesparents,14
pasloindecheznous…eteuh…çam’avaitquandmêmejetrouvaisquec’étaitintéressantdans15
l’aspectcommunicationaveclespatients,enfinbon…jetrouvaisqu’ilyavaitpasmaldecontact,16
jetrouvaisçaagréable,euh…,maisj’aicommencéàfairemesétudesetquandj’aifaitlesstages17
en officine c’est une autre approche du métier qui m’est apparue, et j’ai trouvé ça en fait18
beaucoupplusdifficilequecequejem’imaginaisenfait, j’aiunpetitpeudéchantésur…parce19
quepeutêtrel’aspectcommercialestplus,apparuplusclairement,çadépendaprèsdansquelle20
pharmacieontravaille,donc…bonj’aicommencéàréaliserquec’»taitpasexemptentcequeje21
voulaisfaire,ducoupjemesuisorientéeplutôtverslapartiesantépublique,sanitaireetsociale,22
toutçaquoi,j’aifaitunemaitrisedesantépubliqueetj’aifaitunDEAenépidémio,j’aivouluun23
peuenfaitquitterlemilieudelapharmacied’officine,doncpourretrouverpluslecôtéenquête24
épidémiologique, étude statistique sur la santé, ça m’attirait beaucoup aussi, et ensuite j’ai25
déménagéetd’autreschosesquisesontpassées,j’aiquandmêmetravaillédansunepharmacie26
d’officinependant3ans.Jemesuisrenducomptequec’étaitquandmêmeformidablecaronpeut27
habiteràpeuprèspartoutenFranceettrouverdutravailpas loindechezsoi ,c’estunréseau28
local,ilyadespharmaciespartout,etmoij’aitravaillédansunepetitepharmacied’officinedans29
larégionduMédoc,doncdanslarégionbordelaise,doncà50kmdeBordeaux,dansunezonetrès30
rurale et j’ai découvert encoreunepharmacied’officineque j’avais jamaisdécouvertependant31
mesétudescardansmesétudesàParisj’avaistravaillédansdesofficinesplutôtenvillevraiment32
et là cette pharmacie rurale, j’ai vraiment apprécié travailler là-bas parce que beaucoup de33
contact avec les cabinets médicaux des médecins généralistes qui étaient juste à côté de la34
pharmacie,unevraieconnaissancedespatients,parcequ’uneofficineyenavaitpasénormément35
auxalentoursdoncc’étaittoujourslesmêmespatientsquirevenaient, ilyavaitunvraiservice,36
un vrai suivi du dossiermédical avec les traitements qu’on pouvait leur dispenser et donc un37
partenariat.Etenplusilyavaitunemaisonderetraitepastrèsloin,ontravaillaitaveclamaison38
32
deretraite,c’étaittrèsintéressantleséchangesqu’onavaitaveclesdifférentsprofessionnelset39
les patients. Donc ça çam’a bien plu,mais enmême temps c’était assez loin de chezmoi car40
j’habitais à Bordeaux et euh j’ai reprismes études plus dansma partie de départ c’est-à-dire41
épidémiologie et hygiène et puis aujourd’hui je ne travaille plus en officine mais en secteur42
hospitalier,etc’estunemanièrederéunirunpeutoutcequej’aifaitjusqu’àprésent.Etducoup43
aujourd’huic’estvraiquejevoisplusbeaucouplespatients,maintenantc’estplusuntravaildans44
unepharmaciehospitalièredoncc’estencorecomplètementdifférent,doncvoilà…45
46
Etdoncquandtudisfinalementcequetufaismaintenant,çatepermetde«réunirtoutce47
quetuasfaitavant»,tupeuxendireplus?48
49
Ouibendanslecentrehospitalier,ducoupj’ailesmédecinsquisontsutplacedoncilyaunvrai50
travail d’équipe. Il y a un manque de temps mais on avance quand même vers ça avec une51
collaboration avec les différents professionnels, donc ça me plaisait vraiment de pouvoir52
retrouverçaetenmêmetempsilyatoutletravail,l’organisationdessoins,jesaispasdireça…il53
y a un travail avec les infirmiers, beaucoup de formation aux infirmières que le circuit du54
médicament?lepharmacienaunrôlecentralsurtouteslesinformationssurlemédicamentqu’il55
peutdonner,différentsprofessionnelsdesanté.C’estcequejetrouvaissuperintéressant.C’est56
vraique la seulechoseque je retrouvepasc’est ce lienavec lepatient,maisaujourd’hui, et ça57
c’estdesindicationsqu’onreçoitdesOMEDIT…58
59
C’estquoil’OMEDIT?60
61
Alorsc’estunorganismerégionalsur lemédicament,ças’écrit«OMEDIT», faudraitvoitceque62
c’est vraiment sur Internet. Donc nous on travaille pas beaucoup avec eux, on leur rend des63
rapports régulièrement, dans le cadre de la pharmacie hospitalière, dans le cadre du64
médicament,duremboursement^parrapportàlasécuritésocialeetilsnousdonnentbeaucoup65
d’indicationsetonabeaucoupdedocumentssurlesquelsonpeuts’appuyeretdernièrementon66
a eu une formation sur ce qu’on appelle la conciliationmédicamenteuse, donc en fait c’est un67
nouveau…c’estasseznouveauetçademanderaitàunprofessionneldesantéetparticulièrement68
au pharmacien de faire un bilan à l’entrée du patient à l’hôpital, un bilan de tous les69
médicaments,qu’ilprendparrapportàl’ordonnancedumédecingénéraliste,lesordonnancesde70
tous lesmédecins spécialistes, et par rapport à ce qu’il en interne et son hospitalisation et de71
travailler avec lemédecin surunbilanoptimisépour faire le tri cardeplus enplus il y aune72
évidence que beaucoup de patients qui rentrent avec une polymédication et qui ont parfois73
plusieursmoléculesquisontlesmêmes.Ilyadesaccidentsetdesinteractionsmédicamenteuses74
qui se révèlent enmilieuhospitalier aussi, et depouvoir lutter contre ça, onnous a beaucoup75
parlé de la conciliationmédicamenteuse et je trouve que c’’est très intéressant et ça demande76
beaucoupdetempsetd’allervoirlepatientenchambrepourdiscuteravecluidecetraitement.77
Alors je l’ai un peu expérimenté là. Mais c’est très chronophage, il faut récupérer tous les78
33
documents du patient, j’allais voir l’anesthésiste généralement, on faisait le point sur les79
traitementsdupatient,surcequ’ilfallaitcontinueroupas,onregardeenfaitcequidiverge,làoù80
ilyapeut-êtreeuuneerreurdeprescription,lesdifférentspoints,doncc’esttrèsintéressantet81
c’estvraiqueçademande45minutesparpatientpourfaireunvraibilan…82
83
Et comment ça s’organisedans tonexercicequotidien? il y aune sélectiondespatients84
quetudoisallervoir,commentçamarche?85
86
C’estpasquotidiennement,j’aifaitl’essaisurunesemaineparcequej’avaisuneformationetj’ai87
faitunrapportparrapportçaçaetçademandeuneorganisationcomplètementdifférentecar4588
minutes, bon, on est une clinique avec 120 lits et ça prendrait beaucoup beaucoup de temps.89
Aprèsc’estpas45minutesparpatientparcequeonfaitbeaucoupd’ambulatoire,maispassur90
lespatientsquirestentplusieursjoursetc’estvraiqu’onenauncertainnombre/Pourl’instant91
jecible lespersonnesâgées,deplusde70ans,euh,voilà jeciblecespersonnes-làcarellesont92
plusàrisquedebeaucoupdetraitement.J’ipasencorelasolutionpourlemettreenplace,après93
réflexionilyaundossierquiestsortisurlaHASetilsfontencoretravaillerlà-dessusetsurles94
pratiques vis-à-vis de ça et ça concerne aussi les pharmaciens d’officine justement parce que95
cette conciliation médicamenteuse demande peut-être aussi à avoir ce fameux dossier96
pharmaceutique97
98
Ouais,ouais,quelespharmacienspourraientouvrir99
100
Voilà et c’est vraiqu’à l’hôpital, nous actuellement, onestpasdu tout équipés, onnepeutpas101
regarderlacartevitaledespatients,onsaitpasdutoutcequ’ilsonteuenville.Enfaitc’estvrai102
qu’il y a une demande de communication entre les différents professionnels de santé qui103
aujourd’huin’estpasencoreinstalléequoi.D’ailleursmoiquandj’aifinimonexercicedefairede104
la conciliation sur certains patients j’ai dû attendre pour appeler des pharmaciens d»’officine105
pour savoir si le patient avait bien tel médicament pour la tension car j’avais parfois deux106
ordonnancesquimontraientdesdosagesdifférents,oudesposologiesdifférentsetonsavaitpas107
aufinalcequeprenaientlespatientsdonconappelaitlapharmacied’officinechezquilepatient108
allait,maisparcontreonm’aréponduc’estconfidentiel,donconpeutpasavoirderéponse109
110
Alorsquetuappelaisdepharmacienàpharmacien…111
112
Ouais,alorsilsparlentdesmessageriessécuriséespourpouvoirdiscutercegenredechoses,ça113
peut se comprendre que les pharmacies ne veulent pas donner ce genre d’information, si le114
patientn’estpasaucourant,çapeutsecomprendreetc’estvraiquec’estpasencoreconstruit115
surlesmodalitésd’échangeentrelespharmaciensouquandonappelleunmédecingénéraliste116
pour savoir par rapport au patient, c’est pas toujours évident d’avoir des informations, par117
34
rapportàlaconfidentialité.Alorsc’estvraiquelefaitdepouvoirconsulterlacartevitalejepense118
queçapourraitêtrevraimentbien.119
120
Etlàquandtudisla«conciliationmédicamenteuse»çal’airnouveau…121
122
ouais,c’estvraiqu’onétaitbeaucoupdepharmaciensàbénéficierdecetteformation,c’étaiten123
débutd’année,ilsenparlentbeaucoup,depuiscesderniersmoiscarilsontfaituneétudecomme124
quoiçapermettaitdediminuerlerisqued’accidentsliésauxsoins,notammentauxerreursetla125
priseenchargemédicamenteuse,depouvoirfairecetteconciliationàl’entréedupatientetàla126
soriteetdesavoircequ’ilvaprendreàl’entréemaissurtoutàlasortiedel’hospitalisationcaril127
va y avoir souvent beaucoup de médicaments prescrits dans les hospitalisations et qui sont128
parfois arrêtés. C’est assez nouveau et c’est un point qui fait partie des objectifs dans la129
certificationdesétablissementsdesanté130
131
Quiestàl’initiativedequi?delaHAStudis?132
133
Ben oui j’ai vu que la HAS y a un document pour expliquer et initier cette conciliation134
médicamenteuseilyaunmois…135
136
Ahoui c’est récent.Alorsdu coup tudis que tu as euune formation, est-ceque tupeux137
m’endireplus?Qu’est-cequ’ilyavaitlà-dedans?Commentontel’aproposée?138
139
Alorsdanscetteformationc’estOMEDITAquitainequimel’aproposédonconareçuunemail,140
tous les pharmaciens ont reçu un email et du coup je me suis inscrite, y avait beaucoup de141
professionnelsquejeconnaissais,yavaitdespharmaciensd’officine,parfoisyavaitdesmédecins142
quisontvenusaussi,yavaitdesanesthésistes.C’étaitassezpluridisciplinaire,c’étaitintéressant,143
donc ne fait on s’est réunis, y avait une formatrice qui nous a bien expliqués que y a des144
documentsquisontvalidésetqu’onpeututiliserpourfairecetteconciliationmédicamenteuseet145
c’est un document pour faire des entretiens par exemple avec le patient, ben le bilan du146
traitementquelepatientprend,enfintoutcequiconduitàlaconciliationdoncévidemmentilya147
euungranddébatsurletempsquelespharmaciensdisposentpourfaireçacarc’estvraique..148
onabienreçulesrapportsdelaHASmaisonapasplusdetempsdansnotreexercicepour.Enfin149
c’est très intéressant,maisyapaseud’aménagement,enplusondisposederiendepluspour150
meneràbiencetravail-là,onabeaucoupdiscutédeça,euhl’idéec’étaitdepouvoircommencer151
par cette formation, de savoir de quoi il s’agissait de de savoir ce que ça allait apporter pour152
l’établissement, c’était vraiment une initiation pour moi. En fait le matin on a eu une séance153
plutôt théorique donc l’après-midi on s’est réunis en groupe et on fait des cas cliniques donc154
c’était vraiment intéressant , donc on a fait des cas cliniques avec le patient qui arrive avec155
plusieursordonnances,parfoisilprendaussidestraitementsqu’ilaachetéschezsonpharmacien156
d’officine,vraiment lebilancompletdeceque lepatientprend,y compris l’automédication, ça157
35
c’étaitunevraiemiseenpratiqueetaprèsj’enaifaitpendantunesemaine,maisj’enaiconduit5158
ou6,pasplusparcequeparrapportautempsquej’avais, j’aipaspuenfairebeaucoupplus,et159
puisj’aiécritunpetitrapport,voilà…160
161
Çafaisaitpartiedetaformationdetesterdecequetuavaisapprisenpratique?162
163
Ouais…j’aieuàleurrenvoyerdeuxcasenfait,deuxconciliationsquej’aifaitespourqueçavalide164
ma formation.Alors c’est vrai quemoi j’ai trouvé ça intéressantparcequ’il y ades chosesqui165
sontpas trèsclaires,des foisauniveaudutraitementdupatient, il faut fairequandmêmeune166
enquête, c’est pertinent de pouvoir aussi poser à plat tout ça, quand il peut répondre car167
évidemmentçadépendaussidespatients.Oualorspouvoirappelerunprofessionnel,l’infirmière168
de ville ou ce genrede choses…et faireunpoint avec l’anesthésisteou lemédecinqui sont là169
pourprendreencharge,pourfaireunbilan…170
171
Le côté pluridisciplinaire de cette formation, tu trouvais que c’était particulièrement172
intéressant, c’était nouveau par rapport aux autres formations? Comment ça se passe173
d’habitude?174
175
Oui,jepensequec’étaitnouveauparcequ’enfaitlesmédecinssontpasforcément…c’estvraique176
la pharmacie…on est considérés…on a beaucoup de papiers à remplir, on est à la fois des177
professionnelsdesantéetàlafoisonaunelourdeuradministrativequiestquandmêmeénorme,178
attachée au pharmacien et qui n’attire pas les autres professionnels de santé, donc on a pas179
souventbeaucoupdevolontairesquiveulenttravailleravecnouscarjepensequ’ilyacetaspect180
administratif qui…enfin il faut écrire beaucoup de rapports, remplir des formulaires, c’est pas181
évident.Jetrouvaisquecetteformation,elleétaitintéressanteparcequejepensequ’ellepeut…,182
c’est aussi un échange entre le pharmacien et le médecin qui peut faire gagner beaucoup de183
tempsaussiaumédecin,etquiestvraimentdanslescompétencesdupharmacienetquifavorise184
un échange… et je dirais qu’il y aussi les infirmières, les infirmiers. Y avait aussi des cadres185
infirmiersparcequ’ilsontunrôleimportantparcequ’ilsquestionnentbeaucouplepatientsurle186
traitement, tout ça, quand le patient rentre dans l’établissement, j’ai trouvé que c’était187
intéressant…188
189
Quandtuparlesdelacompétencedupharmacien,estcequetupourraism’endireplus?190
Qu’est-cequ’ellessontcescompétencesdupharmacienpourtoi?191
192
Ben je trouve qu’en tout cas d’un point de vue…alors c’est vrai que je parle beaucoup de à193
l’hôpitalparcequ’enfaitlepharmacien,sonchampd’actionetsescompétencessontassezvastes,194
parce que le pharmacien peut s’occuper des dispositifs médicaux, de la stérilisation, des flux195
médicaux,ilyaunecentrale.Ils’occupebienévidemmentdesmédicaments,ilaunrôledansles196
anti-infectieux, dans la douleur. Il a beaucoup de casquettes et c’est vrai qu’il est investi dans197
36
beaucoupdechoses.Parrapportàlaconciliationmédicamenteuse,cequejetrouveintéressant198
c’estqu’ilserecentrevraimentsurlemédicament.Sescompétencesdanslemédicament.Surles199
annéesd’étudesquelepharmacienfait,c’estvraimentconcentrersurlemédicament,toutcequi200
concerne le médicament…pharmacocinétique, pharmacodynamique. Et je trouve que dans201
l’exercicequotidienaujourd’hui,danslemilieuhospitalier,ons’occupedebeaucoupdechoseset202
on est moins centrés sur le médicament et je trouve ça bien de se recentrer là-dessus. Alors203
évidemmentondispense…maispouvoirvraiment faire lesbilansd’un traitementd’unpatient,204
allervraimentdansl’analysepharmaceutiquedecequiestdonnéaupatient,c’estvraimentdela205
pharmacie clinique en fait, et ça c’était pas… j’ai pas eu l’impression dans mon expérience206
professionnelle de ces dernières années, que c’était vraiment ce qui m’était demandé. Et207
aujourd’huij’ail’impressionquec’estentraindechanger…208
209
Çaremetlemédicamentaucentremaisenmêmetempscequetudisquit’intéressec’est210
quetuasl’impressionqueçaremetlelienaveclepatient…211
212
…Etlemédecin…213
214
Etlesautresprofessionnels…215
216
Ouitoutàfait,jetrouvequeçarelielesprofessionnelsdesantéentreeux,c’estvrai…217
218
[Pausedequelquesheurescarentretieninterrompu]219
220
Donc on reprend. Je te rafraichis un peu lamémoire. Tu disais que ça te permettait de221
remettrelemédicamentaucentre,cequitesemblaitavoirdusens.Jetefaisaisrebondir222
que c’était aussi la relation au patient et aux autres professionnels dans ce nouveau223
concept.224
225
Ouaisexactement.Exactement.Qu’estcequejepeuxdiredepluslàdessus.Pasgrandchose.C’est226
vrai quemoi je pense que c’est le centre dumétier de pharmacienmais je ne sais pourquoi,227
quand t’es enposte tu t’éloignesquandmêmebeaucoupde ça.C’est ceque je ressensdemon228
expériencedanslespharmaciesdeclinique.Ongèrebeaucouplagestiondupersonnel,aprèson229
fait l’approvisionnement, les commandes, tout ça mais c’est vrai qu’on s’éloigne du suivi230
personnalisédupatient.Etla,laconciliationmédicamenteusej’aitrouvéçavraimentintéressant231
car çanous remetdans lapharmacie cliniqueet ça je trouveque c’est vraimentbien.Après le232
problème,qu’onrencontretous,ontrouvequec’estunconceptquiestvraimentbienmaisonn’a233
aucunmoyenpourpouvoirl’exercer:aucunmoyenhumain,financier…parcequeducoup,faut234
quandmêmequ’oncontinueàfaireletravailpourlequelonestengagésurnospostesdansles235
établissements.Doncvoilà,c’estvraiquelaformationétaittrèsintéressantemaisilyaungros236
37
pointd’interrogationsurcommentonvapouvoirmenercenouveaupointdansnosmétierset237
danslaviedetouslesjours.238
239
Lesformateursquivousontdispensécetteformation,c’étaitqui?240
241
Alorsc’étaitdespharmaciensdel’OMEDIT.Ilyavaitaussilepharmacieninspecteurcejourlàqui242
est venu nous parler, justement, de l’importance de la conciliation médicamenteuse, que ça243
commençaitàtouchertouslespharmaciens,mêmeslespharmaciensd’officine,notammentavec244
ledossierpatientsurlacartevitale.Ilyavaitunreprésentantd’officinequiétaitprésentcejour245
làaussi.Voilàdoncaprès,c’estvraiqu’ilyaeubeaucoupdequestionsaupharmacieninspecteur246
et au pharmacien de l’OMEDIT pour savoir s’il y avait avoir des enveloppes pour les247
établissementspourmettreenœuvre…maisbon,làdessus,çaaétéclair,pourl’instant,quenon.248
Ilfallaitqu’onvoit…enfin,l’idéec’estdelemettreenplaceunpeutouslesjoursetvoircequ’on249
peutygagneretenfaireunargument,lefairesedévelopperenfait.250
251
Etenmêmetempstudisquetun’aspaslesmoyensdelefaire…252
253
J’aivoululetesterpendantunesemaine.Quandj’étaisàlaformation,jel’avaisjamaisfaitdoncje254
savaispasdutoutcombiendetempsçaallaitmeprendreetbonvoilà je l’aiévaluéà30-45mn255
parpatient.Du reste, lespatientsque j’ai choisis c’estparceque c’était intéressant. C’étaitdes256
patientsquiavaientdéjàbeaucoupdemédicamentsetpourlesquelsilyavaitdéjàdesdoutessur257
certainsmédicaments. On pouvait voir qu’il y avait unmédicament qui était pas lemême sur258
l’ordonnance de ville que sur l’ordonnance de l’hôpital. Donc voilà du coup, on fait des259
recherches, tout ça… voilà c’est vrai que c’est 45mn pour faire la recherchemais après il faut260
pouvoir collaborer avec le médecin et s’est posé le problème… c’est vrai que les médecins,261
surtout lesanesthésistes, ils sontaublocopératoire,beaucoupen journée.Doncmoi, çac’était262
dans les servicesd’hospitalisation.Donc après, il fautpouvoir se trouverdespointsde rendez263
vousaveclesmédecinspourpouvoirleurmontrerlebilanmédicamenteux,leursexpliquer,qu’il264
puisse faire des changementsmédicamenteux donc voilà après il y a encore du temps avec le265
médecin.266
267
Du coup, si cette nouvelle fonction de conciliation médicamenteuse met en jeu la268
collaboration professionnelle, est-ce que votre formation a aussi consisté en la269
transmissiond’outilspourcollaborer,interagiraveclesdifférentsprofessionnels?270
271
Oui,quandmême.Aprèsonaeudessupports.Enfin,onaeubeaucoupdepapiersàremplir.Moi272
j’aipastrouvéquec’étaitvraimentjudicieux.Maisjevoispascommentonpeutfaireautrement273
car lesbilansdemédicaments faut les fairesurdesnouveauxsupportsaprès il fautrefairedes274
schémas de traitements avec des posologies tout ça, donc ça peut se transmettre à différents275
professionnels.Puisoneudesgrillespourfairedesentretiensaveclespatients.Onaeupasmal276
38
desupportspourpouvoir travailleravec lesdifférentsprofessionnels.Aprèscequ’ilya, il faut277
trouvereninternelespersonnesquisontintéresséespourtravailleravecnousetça…auniveau278
desmédecins et des infirmiers… enfin,moi jeme suis retrouvée un peu toute seule à le faire.279
Voilà,jesuisarrivéeavecmessupports,j’aifaitlesenquêtes.Après,toutlemondeétaitpartant280
pourcollaborermaisilyaunmanquedetempspourtouteslesprofessions.Donc,j’aipasencore281
vraimentd’idéepourlemettreenplacesansplusdemoyens,çamesembledifficile,maisceque282
je peux entrevoir c’est que ça… je pense que ça intéresse beaucoup les médecins que les283
pharmacienspuissentfairecegenredechosesparcequepoureux,c’estaussiungaindetempset284
une sécurisation de la prise en charge médicamenteuse. C’est vrai qu’à la consultation285
d’anesthésie, lesanesthésistessontcensés interroger lepatientet ils le fontdéjàmaisc’estpas286
évident car le patient il arrive pas forcément avec ses ordonnances de ville. Quand le patient287
arriveenhospitalisation,c’estvraiquesouventledossierestplusfournietc’estlemomentoùon288
peutvraimentfairelepointintégralementsurtoutcequ’ila.jepensequeçapeutintéresserles289
médecinsquelepharmacienfasseçamaisaprès,c’estdesquestionssurlamiseenplaceetles290
moyenshumainsqu’ilfaudraitdévelopperpourpouvoirremplircettemission.291
292
Ettoutàl’heuretudisaisquelemédicamentiln’étaitplusvraimentaucentrecartuavais293
pleins d’autres missions en dehors de ça, comment tu vois l’évolution de tout cela?294
Commentçaévolueselontoi?295
296
J’ai l’impressionquedeplusenpluslesmédicamentsreviennentaucentre.Entoutcas,c’estce297
quinousestdemandéquandonsuitl’OMEDITauniveaurégionaldoncc’estunobservatoiredes298
médicaments. Ce qui est demandé à la certification, à l’HAS c’est quand même très basé sur299
remettreaucentrelemédicament.Aprèsc’estvraiquedelààcequelemessagepasseauprèsdes300
directionsdesétablissements,car làmoi jesuisdansunétablissementprivé,bahc’estunpetit301
puelong.Onsentqueçavaêtreunobjectifmaissurterrainiln’ypasencorelaplacepourçaqui302
estfaire.Onsentquec’estunelignequiestentraindeseconstruiremaispourautant,onnenous303
apasenlevéd’autresmissionsdonc…304
305
C’estuntrucenplus…306
307
Voilà(rires)c’estuntrucenplus!Pourtantc’estuntrucquicorrespondvraimentànotremétier.308
Maisc’étaitpasforcémentdécritcommeçaavantetçaledevientdeplusenplusmaisc’estvrai309
que c’est un truc en plus car il faut quand même continuer à gérer l’approvisionnement, le310
référencementdesmédicaments…toutça,c’estnormalc’estaussinotremétiermaisçaprenddu311
tempsenplus.312
313
Finalementdanscequetudis,j’ail’impressiond’entendrequel’évolutiondupharmacien314
comme acteur de santé publique elle est importante, elle se tourne vers la qualité des315
soins,lapharmacovigilance,verslecircuitsécurisédumédicament,verslacollaboration316
39
professionnelle... Et enmême temps, j’ai l’impression qu’il y a tout une autre tendance317
dans la pharmacie qui va au contraire dans l’hyperconsommation du médicament,318
complètementeuh…nonsécurisée,lecôtétrès«capitaliste»,cettepharmacieauservice319
dubiendeconsommation…Commenttuperçoisçatoi?320
321
Bah…c’estvraiquedanslesétablissements,nousonvendpasdirectementlesmédicamentsdonc322
jeleressenspeutêtremoinsc’estvraicecôtélà.Onsentunpetitpeuprisenétauentred’uncôté323
leslaboratoirespharmaceutiques, lesautorisationsdemisesurlemarchédesmédicaments, les324
prescriptions desmédecins, le suivi des consommations demandées par la sécurité sociale… il325
faut rendre des rapports pour démontrer qu’il y a un bon usage dumédicament dans notre326
établissement,queçasefaitbiendans les indicationsdemandées.Doncoui, ilyaquandmême327
une pression sur la bonne gestion des médicaments, les bonnes indications. Par contre, c’est328
difficiledecollaborerparfoisaveclesmédecinslàdessuscarilssesententplussurveillésque…329
enfin ils sentent pas vraiment que c’est une collaboration. Alors que justement dans la330
conciliation médicamenteuse, je trouvais que la collaboration on la ressent plus. C’est plus331
intéressant,ilyaunvraiéchange.Alorsquequandonestsurdesjustificatifsdeconsommationà332
rendre…que ce soit la justification de consommationdes antibiotiques, parce qu’on a un gros333
suivi de consommation des antibiotiques dans notre établissement comme dans tous les334
établissements, c’est vraiment obligatoire. Donc voilà, on a un gros suivi de dossiers, on doit335
vérifier que lesmédicaments ont bien été prescrits selon les indications, selon les référentiels336
c’estvraiqueçac’estquelquechosequistassezexigeant.Etc’estvraiquefinalement,onaquand337
mêmedumalàavoirunebonnecollaborationsurcecôtélàaveclesmédecins,c’estpasévident.338
339
Qu’estcequiexistecommeformationpourçajustement:pourdévelopperdesliensavec340
lesprofessionnels,àcollaborer,àtravaillerenéquipe…341
342
Alorslà,c’estunebonnequestion!Enfin,moij’enn’aijamaisfaitentoutcas.Onparlebeaucoup343
deformationsdemanagement,toutçamaisjenepensepasquecesoitcegenredeformation,ça344
c’est plus pour gérer des équipes...je n’ai pas entendu parler de ces formations, de345
communication…etpourtantc’estvraiqueçaon le faitauquotidiendoncceseraitassezutile.346
Moi,j’enn’aipasfaitl’expérience.347
348
Est-ce que tu peux me parler de ce qui existe en formation continue quand on est349
pharmacien?350
351
Bahjustementtuvois,c’estassezdifficile.C’estassezdifficilelaformationcontinue.Pourquoion352
a été beaucoup à se former sur la conciliation médicamenteuse ? C’est parce que ça nous353
intéressaitmaisc’estaussiparcequeçavalidaitnotre formationquiestdevenueobligatoireet354
c’esttrèsdifficileaujourd’huidefairedesformationsvalidantespourleDPC.Déjàparcequenous355
on est salarié d’un établissement donc on a un plan de formation interne et on n’est pas356
40
toujours…enfinmoijesuisleseulpharmaciendansmonétablissementdoncjesuispastoujours357
représentéesurlesplansdeformationcarilyabeaucoupdeprofessionnelsquiontbesoindese358
former: des infirmières, des aides-soignants etc. du coup, il faut faire normalement une359
formation tous lesansmaisonn’apasbeaucoupdepropositionsde formation.Clairement, on360
n’en a pas beaucoup. Alors c’est vrai qu’on a celle-ci avec l’OMEDIT. Après on a vraiment les361
formations sur le médicament à proprement parler mais c’est plus les médicaments pour le362
diabète, les anticoagulants, lesmédicaments qu’il faut bien surveiller et pour lesquels on peut363
avoirdes formationscomplémentaires.Mais çac’est connuquedumondedespharmaciensen364
fait. Au niveau des ressources humaines des établissements, ils savent pas trop ce qu’il en est365
pourlesformationsauxpharmaciens.366
367
Quelssont lesorganismesdeDPCquiexistentendehorsde l’OMEDIT,quivousvalident368
descréditsdeDPC?369
370
Euh… bah j’en sais rien (rires). Parce que, qu’est ce que j’ai fait moi pour mon DPC? (elle371
réflechit) J’ai fait un formation en stérilisationmais ça c’était un organisme local en fait, qui a372
toujoursfaitdesformationspourlespharmaciensetquis’estarrangémaintenantpourqueces373
formationsvalidentleDPC.Etensuite,justement,j’aibeaucoupdedifficultésàsavoircequiest374
proposé. Quand je vais sur mon DPC après je tombe sur des formations mais qui sont pas375
directementenlienavecmaprofession,quivontpasm’intéresserdirectement…376
377
Parcequ’ellesconcernentquoi?Qu’estcequetuconsidèrescommenetecorrespondant378
pas?379
380
Bah en fait, c’est des formations qui sont faites à l’universitémais quand on voit le public, ça381
concerne beaucoup… bah il y a pour lesmédecins, je vois des choses pour les sages-femmes,382
pour les infirmiersmais c’estvraiquepour lespharmaciens c’estdifficile.Parexemple,moi je383
suis très intéressée pour faire undiplômeuniversitaire que je demandedepuis des années au384
niveau de mon service de ressources humaines mais pour l’instant il ne me l’ont pas encore385
validé…c’estunDUdestérilisation.CeluilàilestpasforcémentreconnuauniveauduDPC.Donc386
voilàilyaaussiunproblèmedereconnaissancedesformationsquinoussontvraimentutiles,je387
pense.388
389
Dequiçavientça?Tuasuneidéedequicelavient,ceshistoiresdereconnaissance?390
391
Non,c’estcomplètementtrès très flou.C’estcomplètementtrès très flou. Je…moimêmejen’ai392
paseubeaucoupd’informationpour leDPC. J’ai eu trèspeud’information sur leDPC.Donc, là393
dessus jenepourraipas t’endireplus.En fait,moi ceque je fais c’estque je contacted’autres394
pharmaciens,j’essaiedevoircequ’ilsontfaitcommeformationetaprès,sijepeuxm’inscrire…395
maisc’estvraimentdansuncercletrèsfermé.396
41
397
C’estquicegenredepersonnesquetucontactesquandtudemandesconseils?398
399
Bah c’est d’autres pharmaciens gérants. Sur le relationnel qu’on a … au niveau de notre400
profession.Moicesontlespharmaciensquibossentdanslesétablissementsquisontpastrèsloin401
dumien.Ducoup,onsetientaucourantmaistuvoispourlaconciliationmédicamenteuse,çaa402
euunsuccèsfoucartoutlemondesavaitqueçaallaitvaliderleDPC.Commetoutlemondeaces403
problèmeslàpourvaliderleDPCdonctoutlemondes’estinscritenmasse.404
405
Vousavezquellesobligationsdevalidation?Çafonctionnecomment?406
407
Bahenfait…moijesaispas…c’estuneformationparan.Jesuispastrèstrèsinformée.Moijesais408
quecelle-làellevalidaitpourunejournéedoncapparemmentc’estcequiétaitdemandéparma409
formation.Enfait, il faudraitque je fasseuneformationparun,d’uneoudeux journéesenfait.410
Moi c’est ce que j’ai compris. Je sais qu’il y avait une autre formation quim’intéressait, sur la411
polymédication des personnes âgées et qui était aussi proposée par l’OMEDITmais elle a été412
annulée cette année. Je les ai appelé en tout cas et elle avait été annulée. Une fois, ils l’ont413
réorganiséemaisquandj’airegardéc’étaitdansdeuxsemainesetdoncilyaaussileproblèmede414
pouvoirselibérerauniveaudesétablissements.Parcontre,ilsm’ontditqu’ilsallaientlarefaire415
en2017doncjemetiensinforméepourpouvoirlavaliderd’annéesenannéesmaistuvoisc’est416
vraiquec’estcompliqué.J’aipensé…moimêmejesuisenrecherchedeformation,quitteàmeles417
financermoi-mêmeparcequejesaisqueçavaêtrecompliquéauniveaudemonétablissement.418
Parcequelà,l’OMEDITproposedesformationsquisontgratuitesenfait.419
420
Oui,j’allaistedemandercommentc’étaitfinancéça.421
422
Bahlàc’étaitgratuit.Monemployeurn’apaseuàmefinancercetteformation.423
424
Donctoituespayéecommeunjourdetravailoutuprendssurunjourdecongé?425
426
Bah jesuismiseen formationdonc jesuispayéecommeun jourde travail.Maisenplus, ilme427
fautunremplaçantdonc l’établissementce jour là ilmeremplacedoncvoilà.Etparcontre, les428
autres formations sont souvent payantes. Alors l’établissement nous propose souvent des429
formations en e-learning. Cette année, ils nous avaient proposé un e-learning mais après430
recherche, ça ne me validait même pas mon DPC. C’était un e-learning sur le circuit du431
médicamentmaisquivalidaitleDPCpourlesinfirmiersmaispaspourlespharmaciens.432
433
Etc’étaitfaitparqui?Tuconnaissaisl’organisme?434
435
42
Non non, pas du tout, je sais plus, c’est une plateforme… ça a été choisi par le service des436
ressourceshumainesdemonétablissement.437
438
Tu disais que tout le monde se «précipite» sur le DPC, elle est liée à quoi cette439
précipitation?440
441
Bahauniveaudespharmacienscaronreçoitdescourriersde l’ordredespharmacienschaque442
année,nousdisaitqu’onauneobligationchaqueannéedevalidernotreDPC.Parexemple,onne443
l’apasvalidé(rires).Doncvoilàc’estvraiquec’estunevraieproblématiquepournouscarc’est444
vraiqu’enplus,onaenviedeseformer.Auniveaudenosdirections,ilsnousmettentpassurles445
plans de formation. Ils nous mettent pas chaque année une formation spécifique aux446
pharmaciens.Doncçac’estencoreproblématique…aprèsjenesaispasquellesobligationssont447
au niveau des employeurs.Nous, les obligations on les connaît par rapport à notre profession448
maisaprèscommeonestsalarié,c’estunpetitpeucompliqué…449
450
Etenmêmetemps,j’imaginequeleslibérauxontaussidesproblèmespourselibérerpour451
allerenformation…?452
453
Ouaisalorsc’estvraiqu’ilyavaitdesmédecinsàcetteformationetjepensequecertainsontété454
attiréspar le fait que çapouvait leur valider leurDPC.Moi jeme suisdit que j’allaisproposer455
cetteformationl’annéeprochainecarilsontditquepeutêtreilsallaientlarefairevoireessayer456
delaproposeràcertainsmédecinsdemonétablissementsetd’yretourneréventuellementavec457
unmédecin demon établissement car je pense que ce serait bien de pouvoir le faire avec un458
médecin.L’idéalc’estd’yallerenbinôme…Doncvoilàoui,toujoursc’estdifficileetjecroisque459
c’estdifficileaussipourlesétablissementsderécupérerlesformationsqu’ontfait lesmédecins460
carilssontenlibéraletducoup,voilà,ilsontpas…c’estdesformationsqu’ilsfontdanslecadre461
deleurprofessionlibérale.462
463
Etquandtudis«l’idéalc’estd’yallerenbinôme»,c’estparrapportàquoi?464
465
Bahpourlamiseenplaceaprès,pouravoirquelqu’uneninternequicomprennebiencomment466
çamarchepouravoirquelquepartunréférentavecquijepourraistravaillersurlestraitements467
médicamenteux. Alors, le problème c’est que … qu’on n’a pas UN médecin qui s’occupe des468
patients.Moi, ilyaunedizainedemédecinsanesthésistesdansmonétablissementdoncbon…469
après il faudrait que chacun soit engagé dans cette démarche pour que ce soit plus rapide et470
qu’onpuissepeutêtremettrequelquechoseenplace.471
472
Ouicarsitueslaseuleàteformeretquelesautresnesontpasaucourantdecequetu473
faisalorsqueçanécessiteunecollaborationprofessionnelle,c’estpasévident…474
475
43
Bah voilà, c’est pas évident. Alors parfois, il y en a que j’ai sensibilisés. Parfois, je faisais une476
conciliationavecunpatientparcequejetrouvaisqueledossierétaitintéressantmaisc’étaitpas477
forcément des médecins à qui j’en avais parlé avant donc ensuite ils se demandent un peu478
pourquoi je fais ça, pourquoi j’ai fait toute cette étude… bon, ça faisait aussi partie de la479
formation,depouvoirsensibiliserlesautresprofessionnelsdesantéàcequ’onfaisait.Maisc’est480
vraiquec’estmieuxsitoutlemondeestsensibilisé,sitoutlemondeestformé.481
482
Tout à l’heure, tu parlais de l’«envie de se former». Toi tumanifestes une envie de te483
former.Dequelleformationtuauraisbesoin?484
485
Alors moi ça fait 5 ans que je demande la formation Diplôme Universitaire de stérilisation486
puisque je m’occupe aussi de la stérilisation de mon établissement. Alors il y a un cadre de487
stérilisationdansmonétablissementquis’enoccupeavecmoimaisc’estvraiquevoilà, j’aurais488
besoind’approfondircedomainedemaprofession.Çafaitplusieursannéesquejedemandemais489
c’estvraiquec’estquandmêmeuneformationquisefaitsurplusieursjoursetpourl’instantje490
nel’aiencorejamais…J’enaiencorejamaisbénéficié.Simonétablissementnemelevalidepas491
danslecadreduplandeformation,çarestequandmêmecompliquédem’absenterdemapropre492
initiative,plusieursjours,aprèsçaveutdirequ’ilfauts’autofinancercetteformation.493
494
EtcommenttuasconnaissancedecegenredeDU,commenttusaisquelleestl’offre?495
496
Bahjem’enrendscompteparrapportauxexigences,parrapportàmonposte.Etjem’enrends497
compte car ce sont des formations qui sont sur le parcours hospitalier des pharmaciens, des498
pharmaciens qui sont en hospitalier. Il y a toute sorte de DU: DU de stérilisation, DU499
d’infectiologiequiest, jepense,assezintéressant.C’estsurtoutcesdeux-là,cesdeuxDUquime500
semblent très intéressants. Par exemple, il y a des pharmaciens qui ont des formations de501
reconstitutionpouleschimiothérapiesdoncàcemomentlà,ilsontbesoinduDUdestraitements502
anti-cancéreuxaprèsilyatoutcequiestenrapportaveclemétierdepharmaciens.Doncilya503
aussidesformationssurlesfluidesmédicauxpuisqueonestresponsabledel’approvisionnement504
enoxygène,touslesgaz-médicaments…doncçaaussijemesuisintéressée,voirquelleformation505
il pouvait y avoir. Donc c’est vrai que les idées de formation, j’en manque pas. Après c’est506
vraimentquecesoit intégrédans leplande formation,auniveaudesdirectionsetquechaque507
année, onpuissepartir en formationpourdes formationsqui correspondent vraiment ànotre508
profession.509
510
Danscequetudis,j’ail’impressionqueçavientdetoi,pasdutoutdetonétablissement.511
Quec’esttoiquidoistebattrepourréussiràteformer.512
513
Ahouioui,complètement.C’estunpeuunedoublecasquette.Moi,monposte,jesuispharmacien514
salarié.Enfin, je suisgérante salariée.Dans lemot«gérante», il y a le faitqu’il fautque jeme515
44
gère.Etenmêmetempsjesuisquandmêmesalariéedoncc’estvraimentuneproblématiquecar516
l’établissementàsedire«bon,bahelleestgérantedoncc’estcommeuneprofession libérale»517
alorsquenon,c’estcommeuneprofessionsalariée.Donc(rires),c’esttoutleproblème.518
519
Mais«gérante»,çaveutdiresegérersoi-même,pasgérerlesautres?520
521
Bah, en fait, gérante ça veut dire que quelque part j’ai une indépendance pour exercer mon522
métierdonclogiquementc’estàmoiquereviennenttouteslesdécisionssurlemédicamentetla523
prise en charge médicamenteuse dans mon établissement. Le but d’être gérante c’est d’avoir524
cette indépendance et de pouvoir prendre des dédisions en ayant eu cette formation de525
pharmacien.Aprèscommeonestquandmêmesalarié, c’est complètementutopiquedepenser526
qu’onestcomplètementindépendant.C’estcequicomplexifieunpeuleschoses.C’estpascomme527
un titulaire d’une pharmacie d’officine qui gère entièrement sa pharmacie quoi. On est quand528
mêmedansunestructure,avecunedirection,desdirectivesàsuivre,doncc’estvraiquecestatut529
estunpeuparticulieretjetrouvequeçacontribueàunesortedeflou.Onsaitpastrop…onsait530
pastrop…531
532
Donc finalement tu parlais de formation DPC, tu as évoqué une formation en ligne (e-533
learning)etqu’estcequetuvoiscommeautresmoyensderesteràlapage,resteràjour,534
mettreàjoursesconnaissances?535
536
Aprèsc’ests’abonneràunerevuemédicale.537
538
Humhum…539
540
Aunmomentj’avaisdescollèguesquisesontinscritsàPrescrire,unpetitbilan,despetitsquizz541
quipermettaientdevaliderdesformationsvalidantespourleDPC.J’aiapprisparuncollègueque542
ce n’était plus le cas, que ça validait plus le DPC. Donc, voilà on est plusieurs à essayer de se543
donnerdesinformationssurcequipourraitvalidernotreDPC,caronsaittrèsbientoutcequi544
nousfautenfindecomptecommeformation…etaprèssinononlitbeaucoupdedocumentation,545
on s’informe beaucoup hein… sur internet. Après tout ça, c’est pas pris en compte mais546
évidemmentonlefait.547
548
C’estquoiparexemple,quelledocumentationturegardes?549
550
Moi je vais beaucoup sur les sites de la HAS, de l’OMEDIT, après, comme je travaille dans un551
établissementoùonfaitdel’ophtalmologieetdel’urologie,quandjetravailleaveclesmédecins,552
je regarde aussi les publications qu’il y a dans ces spécialités là… eux ils m’envoient des553
publications,jevaissurPubMed,jeregardeunpetitpeucequiestfait.AprèsonaaussileCLIN,554
leComitédeLutte contre les InfectionsNosocomiales, auniveaurégional.C’estunecellulequi555
45
diffusedesinformationssurlebonusagedesantibiotiquesenrégionAquitaineet ilsfontaussi556
des formations donc c’est vrai qu’il y a de la documentation sur leur site. Il y aussi des sites557
propresaupharmacien,ilyaunsitequis’appellel’ADIPH,c’estuneassociationdepharmaciens558
hospitaliers.Enfaitonsefaitbeaucoupd’échangesdeprocédures,dedocuments,deplateforme559
oùcertainsmettenteninternelesprocéduressurlecircuitdumédicament,leschosesqu’ilsont560
mis en place et comme ça on peut s’en inspirer, donc c’est… après y a des rapports et toutes561
sortesdechoses. Je regardesouventcesiteetvoilàaprès, c’estbeaucoup l’OMEDITetpasque562
celui d’Aquitaine, l’OMEDIT de Poitou Charentes, deNormandie. Je fais un tour sur leurs sites563
pourvoircequ’ilenest.564
565
Et dans tout ce que tu as citées, ce sont des choses très indépendantes de l’industrie566
pharmaceutique567
Trèsindépendantes,non…568
569
Çaapasl’aird’êtrefinancépardeslabos,làtoutcequetuascités…570
571
Ahnon,làtoutça, leréseaudel’OMEDIT,c’estpublic…nonyarien,pasdeformationfaitespar572
leslabos.Aprèsj’aideslabosquiviennentetc’estvraiqueonpeutleurdemanderdesformations573
maismesformationspassentpasdutoutparleslabos.574
575
Etçac’estunchoixdetapartouc’estparcequ’ilsproposentrien?576
577
Ben maintenant, ils proposent plus rien, je pense qu’il y a quelques années, j’ai entendu que578
c’était pas comme ça mais depuis que je suis arrivée, les laboratoires, ils ont même plus, ils579
distribuentmêmeplusdestylos,agendas, calendriers.C’estvraiqu’onrecevaitdescalendriers580
mais maintenant non, y a plus rien. Alors de temps en temps, si quand même, on travaille581
beaucoup avec un labo sur les implants. On va demander une petite formation. Il va nous582
présenterlesimplants,quisontutilisésdansl’établissement.Onvaluidemanderdeprésenterla583
texture,lesspécificités,c’estvraiquesurlematériel,çapeutnousarriver.Onlefaitunefoispar584
an…585
586
C’estquasimentlaseulechosequisoitdonnéeparleslabosfinalement…587
588
Ouic’estplusdel’informationmédicalecarpourmoic’estpasdelaformationquoi.Aprèsc’est589
intéressant on connaît lematériel, tout ça quoi. Mais bon c’est de l’informationmédicale et à590
notredemandecarc’estpaseuxquidémarchentgénéralementpourfairecegenredechoses.591
592
Etçatupensesquec’estspécifiqueaufaitquetuesenmilieuhospitalierouestceque...593
594
46
Ben moi je suis dans un groupe assez fermé là-dessus. Déjà on a une direction des achats,595
donc…toutçac’estfiltréenamont,leslaboratoirespharmaceutiquespeuventpasvenircommeça596
pourprésenterleursproduits.Entoutcas,jesaisquechezmoiçasefaitpas.Jesaispassiçase597
fait beaucoup ailleurs. C’est vrai que quand j’étais étudiante y avait cette habitude, quand je598
faisaismonstagehospitalo-universitaire, toutes lessemainesonpouvaitavoirunstaffavecun599
laboquivenait,maisc’étaitilyalongtemps,etaujourd’huij’entendsplusparlerdecegenrede600
choses…601
602
Etlàdanscequetudisj’entendsqu’ilyaunesortedefiltre,del’établissementquiessaye603
debloquerleslaboratoirespharmaceutiques…604
605
Ouaisetd’ailleursonareçualorsjesaispastrèsbiencequ’ilenest…uneinformation…c’estun606
auditenfaitdecequefaitleLEM,l’entreprisedesmédicamentsilsontoptépourunechartesur607
ledémarchagedel’industriepharmaceutiquedanslesétablissementsdesantéetilssontentrain608
demeneruneenquêtepoursavoircommentçasepassedanslesentreprisescommelamienne,609
voircomments’introduisent les laboratoirespharmaceutiques,voirs’ilsrespectent lescodeset610
tout ça. Enfin de plus en plus c’est très contrôlé tout ça c’est à dire qu’il faut qu’ils prennent611
rendez-vous,ilsontpasledroitdevenirsansprévenir,ilfautqu’ilsportentunbadge.612
613
çamesurprend…danstoutcequetudis,vousallezbeaucoupversplusdesécurité,plus614
de vigilance, plus de santé publique, moins de labos, lutter contre l’industrie615
pharmaceutique.Finalementvousêtesplusdanscettetendance-là,plusquedansl’hyper616
libéralisationdumédicament,l’hyperconsommation,hyperindustriepharmaceutique…617
618
Alorslànouscomplètementoui,alorslà.Ouiaprèsonestobligédetravailleravecleslaboscar619
forcémentonleurcommandedesproduits,onessayederationnalisernosdépensesdonconfait620
deschoix.Yaunedirectiondesachatsquichoisitavecquelslabosonvatravailler,enfinentout621
casonadesindications,onsaitqueyadesessaisavecdeslaboratoiresavecdesmédecins,enfait622
yadifférentslabosetaprèsilsdéfinissentunchoixdeproduits,maisnous…alorslesmédecins,623
ilyabeaucoupdelaboratoiresquivontdanslescabinetsmédicaux,etensuiteonasouventdes624
demandesdesmédecinspourintroduirecertainsproduitsparcequeilsontentenduparlerdans625
leurprofession.Maisauniveaudenotreentreprisec’esttrèscontrôlé.626
627
Donconpeutêtrepharmacienetêtreenluttecontrel’industriepharmaceutique?628
629
Euh,bahouitotalement.Enlutte…Enfinjesaispassic’estvraimentunelutte,c’estunbonchoix,630
de bonnes limites. Chacun a sa place et un partenariat, mais qui n’est pas intrusif. Ils631
commercialisentunproduit,onl’achète,aprèsilsontdesservicesd’informationmédicale,ilya632
tout l’aspectrèglementaire,on fait remonterde lapharmacovigilance,ou lesmatériovigilances.633
Aprèsilyapasdedémarchage…enfinilyenatoujoursmaisentoutcasonluttecontreça…634
47
635
Etça,estcequ’ilyauneformationàça,estcequ’onvousformeàêtrecritiquevis-à-visde636
l’industrie,deslaboratoires,commenttutefaiscetteopinion,çavientd’où?637
638
Non pas vraiment. Non, non, il y a pas vraiment… enfin si, à la fac sur les différents, sur le639
médicament. Si, si, on avait des TP où on faisait des études, toute la partie des affaires640
règlementairesenfait.Après,moijemesuispasspécialiséelàdedansmaisonapprendvraiment641
àexaminerunedemandedemisesur lemarché,siçaapportevraimentunbénéficedoncilya642
vraiment quelque part une expertise à faire, un regard sur les produits commercialisés mais643
sinon,nonj’aipasdeformationàça.644
645
Enfait,c’estdèslafacultéqu’onvousainculquécetespritcritique?646
647
Ouimaisaprès,estcequ’onensertbeaucoup…nouslespatientsilsontdéjàleurstraitements648
médicamenteuxqu’ilsonteuenville.Doncsurlemédicament,entoutcasdansmaclinique,on649
n’instaurepasdemédicamentsnouveauxcarc’estunecliniquechirurgicaledoncletraitementil650
estvraimentchirurgical.Onadesantidouleursmaisonn’instaurepasdetraitementenfait.On651
essaiederespecterlacontinuitédelapriseenchargemédicamenteuse.Leproduit,lamolécule,il652
vacontinueràleprendrecheznousetonadeséquivalencesquisontpastoutàfaitpareildoncil653
fautqu’onlesvalideaveclemédecinetàlasortieilreprendsontraitementnormal.Voilà.Jesais654
pas si tu comprends ce que je veux dire. Il y a aucun traitement qui va être instauré pendant655
l’hospitalisationousinonçavaêtredestraitementsquivontcontinueràêtreprisdanslessuites656
del’opération.Maisonn’apasdetraitementcuratifquivaêtremisenplace.C’estvraimentdes657
interventionschirurgicales.Nousonfaitbeaucoupdecataractesparexemple.658
659
Doncsurlescataractesparexemple…660
661
Bahouicheznous,çavaêtresurlesimplants.Làc’estvraimenténorme,c’estvraimenténorme.662
Parcontre,dansmonétablissement, ilyaunevraiepolitiquepour luttercontre l’intrusiondes663
labos. Quand je suis arrivée au début, il y avait deux ou trois représentants médicaux qui664
venaientmevoir à lapharmaciepourmedire cequeeux, ils avaientde spécifique, tout ça.Et665
c’étaitcompliquécardéjà jepouvaispasforcémentlesrecevoir…aujourd’huic’estplusdutout666
commeçacardéjàonadesprocéduresinternes,leslabospeuventplusseprésentercommeça,667
ils doivent déjà se présenter à la direction des achats, faire des propositions. Après il faut668
vraimentquecesoitunedemandedesmédecinsquidoiventremplirdesformulaires, faireune669
demandepourunnouveauproduit,unnouvel implant. Ilsontdes formulairesàremplir.Après670
c’estvraiquesurl’expertiseentredeuxproduitséquivalents,onn’apasvraimentdeformation,671
çarestetrèsdifficile.C’estvraiquec’esttrèschirurgical,savoirquetelimplantdetellabovaêtre672
vraimentefficace…donnercetteprécisionauniveaudupharmacien,c’estvraimentdifficile…673
674
48
Pour revenir à la conciliation médicamenteuse, je trouve que c’est particulièrement675
intéressantcarc’estunnouveaurôlequ’onessaiedet’attribuer,situn’avaisaucunsouci676
administratif ou financier pour te former, de quoi aurais-tu besoin pourmettre cela en677
place?678
679
De temps en plus de pharmacien, vraiment. Après j’ai besoin de moyens humains dans mon680
établissement.Moijesuistouteseule.[…]JevaisdevoiryallerJulie,est-cequetuasbesoinqu’on681
serappelle?Est-cequetuasréussiàavoirmescollègues?682
683
Non,non, jepensequ’avec toutça j’aidéjàunénormeboulot.Oui j’aieuFanny,onadit684
qu’onserappelaitdemain.685
686
(rires)mapauvre!687
688
Doncjepensequeçavamesuffire.689
690
Fannyafaitpasmald’officine.Moitoutcequejetedis làc’estvraiment…c’estuneexpérience691
hospitalièredoncjesaispassiçarépondvraimentàtesinterrogations.Toitutecentraisplussur692
l’officine.693
694
Non,pasforcément.Moijem’intéresseaupharmacien-acteurdesantépublique,lecircuit695
du médicament, la sécurité, la pharmacovigilance. En fait, toi dans ce que tu dis, j’ai696
l’impression que tu te positionnes assez en acteur de santé publique au sein de ton697
établissement,tuvois?698
699
Oui,toutàfait.Bahenfait,c’estpourçaquejesuisrevenueverscepostelàcaraudébutj’avais700
faituneformationsantépubliqueetaufinalj’aitrouvéquec’étaitlesposteslesplusintéressants.701
702
Moijequestionnecequiconcernelaformationdupharmaciendanscecadrelàdoncc’est703
intéressant.Quetutrouvesdesformationsouquetun’entrouvespas,quetumecitesdes704
organismesoupas,cesontdéjàdesinformationsprécieuses.705
706
Aprèsmoijesuisdansunétablissementprivéett’auraisunpharmaciendansunétablissement707
public ça serait complètement différent après ça c’est… car ils ont beaucoup plus accès aux708
formationsdanslemilieuhospitaliser.709
710
Ahoui?Pourquoi?711
712
Les établissements privés, c’est complètement différent, c’est pas la même organisation, les713
médecinsexercentenlibéral…c’estvraimentdifférentdescentreshospitaliers.714
49
715
Pourtoi,danslepublicc’estplusfaciledeseformerencontinue?716
717
Oui,j’avaisuncopainquiétaitdanslepublic,ilmedisaitqu’ilsavaientcarrémentuncompteavec718
des heures de formation et chaque année ils peuvent partir en formation. Après ils ont des719
équipesplusfournies,ilssontrarementtousseuls.Nous,danslescliniques,onestvraimenttout720
seul, lepharmacien il estvraiment tout seuldonc forcémentc’estplusdifficilepourse former,721
trouverunremplaçant…Julie,jedoisvraimentyaller.722
723
Mercibeaucoup,mercipourtontemps.724
725
50
2) Annexe2:Entretien2,réalisépartéléphonele25/01/17.Durée1
83mn.2
3
Alorsmoi je suis devenu, je pense que ça explique aussima démarche par rapport à la santé4
publique, jesuisdevenuepharmacienaprèsavoircommencémédecineeten faitavoirréussià5
intégrer une première année de pharmacie, une deuxième année de pharmacie au lieu d’une6
deuxièmeannéedemédecine…j’étaisencoredansl’entredeuxoùilétaitencorepossible…voilà,7
dequandonétaitpasprisenmédecine,doncbenmafoicequ’onappelaitlesjesaispasquoi…les8
reçu collés…et après je me suis retrouvé en deuxième année de pharmacie alors que je ne9
souhaitais pas du tout faire pharmacie. Voilà, je suis d’une famille de médecins, pas du tout10
l’objectif que je visais, donc il a fallu que je découvre cemétier avec des yeux qui étaient pas11
forcément les plus bienveillants, puisque je n’en avais qu’une très piètre opinion je dois dire.12
Alorslaformationdepharmacienconsiste,consistait,enfinconsistetoujoursmaintenantenune13
première année commune, mais ensuite une diversification dans toutes sortes de choses14
notamment la botanique, notamment les champignons, notamment…voilà, pleins de domaines15
au-delàdesmédicamentsquisontenfaittrèsvastesettrèsouvertssurlemonde,etunpetitpeu16
différentes de lamédecine. Alors ça c’était un point intéressant et à l’époque (car j’ai l’âge de17
votre tante), à l’époque, pourmoi une découverte car j’imaginais que les pharmaciens étaient18
derrièreleurtiroir-caisseetdécouvraientlesordonnancesprescritesparlesmédecins.Jesavais19
pasdu toutqu’ilspouvaientavoirunequelconquecompétencede toute façon,neserait-ceque20
dans le traitementde l’ordonnance(toux).En faitetpar lasuite j’aiexercémométiermais j’ai21
toujoursétéintéresséeparl’importancedelasantépublique.Etparmilesamisavecqui j’avais22
faitmesétudesdemédecine,ilyenaquandmêmequisontdevenusmédecinsdesantépublique,23
etd’autresquisontrestésgénéralistes,donctoujourstoujourstrèstrèsimpliquésdanslerôlede24
l’interprofessionnalitéautourdupatientpourfaireprogresserl’améliorationdelanotiondela25
problématique de la santé dans la population (santé publique quelque part). Depuis une26
quinzained’années je faisde la formationcontinueeteffectivementdans le cadredeplusieurs27
organismes.Alorsjesaispassivousavezpuvoirdesnomsd’organismeoupasdutout28
29
J’enaitrouvéseulement3,jesavaisquePrescrirefaisaitdesformationsetsinondansles30
organismesdeDPC,monofficine,attendez…maformationofficinale31
32
Alors en fait, c’estmaintenantunegrossemachinerie financière, et depuis l’obligationduDPC,33
d’abordtouslesans,maintenantonestpassésàdeuxanspuisàtroisans,c’estdevenuunetrès34
trèsgrossemachineàsous.Doncilyaénormémentd’organismesquis’occupentdelaformation35
du pharmacien. Lemot santé publique se vend bien. Tout lemondemet la santé publique en36
avant,ycomprisetsurtoutleslabosquiontbiencomprisleurintérêtlàdedans…37
38
AhOuais39
51
40
Donc beaucoup de labos, dont URGO,… enfin énormément de labos font des formations en41
mettantenavantlemotsantépubliquedèsqu’ilformulentleurentête,quisontdesformations42
ditesvalidantespourleDPC,ellespeuventl’êtredumomentqu’ilsontsouscritàuneobligation43
d’inscription à un organisme de l’ordre, qui est validant pour les DPC. Donc l’ordre des44
pharmaciens encourage vivement cette formation. L’ordre travaille avec un organisme qui45
s’appellel’UTIP.Alorsmoijetravaillepourcetorganismelà.Maispasbeaucoupdediffusioncar46
en faitc’estunemachineàsousderrière, très importante,quiades trèsgrosenjeux financiers47
derrière.C’esttrèsdifficilededémêlerleschevauxentreeux,decequiestvraimentlaformation48
pourlasantépublique.Toutenestquelquepart,onformelesgensc’estpasplusmal,etcequi49
faitvraimentavancerlaproblématiqueauniveaudusenspourlepatient,queçalefasseunpetit50
peuprogresser.Doncilyapleindethématiquespourlasantépubliquequipeuventêtrejesais51
pas, lediabète, l’obésité, l’anxiété, lamodec’était lapresbyacousie, lesseulsquisoient,donton52
est sûrs qu’ils font vraiment de la formation pour la santé publique, dansma région, c’était le53
centre de pharmacovigilance.Malheureusement ils n’ont plus ni le temps ni lesmoyens. On a54
diminué leur nombre de personnel, donc ils ne peuvent plus faire de la formation auprès des55
pharmaciens.Touslesorganismesquifontdeslogicielspourlapharmacieontleurproprecentre56
de formation,quelquesoit le logicielutilisé,quecesoitLGPI,quecesoitAlliance,quecesoit...57
tous les grossistes ont leur propre centre de formation aussi, et donc le CPM dans la région,58
quelque soit le grossiste si vous leur téléphonez-vous aurez des coordonnées de centre de59
formation.Lemoniteurdepharmacie.Tousproposentdesformationsenprésentiel,ouenligne60
61
Lemoniteurdepharmacie,c’estunorganismedeformation?62
63
Oui,ilseprésente.C’estunjournal,commePrescrire,maiscommePrescrire,ilpeutàlafoisfaire,64
ilproposeàlafoisdesformationsenlignevalidantes,desDPC.ToujourscettehistoiredeDPCau65
milieu,quiaunpeufaussélejeudepuisquelquesannées,enmêmetempsc’estunebonnechose66
car ça oblige les pharmaciens à se former mais en même temps sur du coup l’ensemble des67
organismesquiproposentdesformations68
69
Quifinance?alorsçaj’ainotionaveclemilieudelamédecine,onal’OGDPC,l’organisme,70
lagrosseenveloppenationalequiestredistribuéeauxdifférentsorganismesdeformation71
enfonctiondeleurs…justements’ilsontétélabellisésDPC.Etdecequejecomprendsde72
cequevousditesilyabeaucoupbeaucoupplusd’organismesdeformationdanslemilieu73
delapharmaciequedanslemilieudelamédecine.74
75
Je ne sais pas ce qu’il en est dans le milieu de la médecine, mais en pharmacie il y en a76
énormément.77
78
52
Et savez-vous quels sont les critères de validation de ces organismes? Comment ils79
obtiennentl’agrémentDPC?80
Alorsnous l’avionsobtenu,dansunestructuredissoutedepuis,nous l’avionsobtenuen faisant81
desdemandesauprèsdel’organisme,quidemandequ’onleursoumettechaqueannéelesthèmes82
sur lesquels on va parler, les intervenants, euh la durée de l’intervention, il faut unminimum83
d’heuresetenfonctiondeça,ilsdisentouiounonsic’estvalidantDPC,alorsaprèsc’estunpeu84
pluscompliquécarilfautsoumettretoutçaentempsetheureetrevalidel’agrémentDPCchaque85
année,ons’estfaitpiégerlà-dessusnous,étantdespetitsamateursettravaillantàcôtéetn’ayant86
aucunenotiondelagrossemachineriederrière,nousn’avonspasrenouveléentempsetheurele87
mailqu’ilfallaitenvoyerpourdire,ondemandelerenouvellementdenotreagrémentpourcette88
année.Etaprèsleremboursementsefaitaucasparcas,enfonctiondelaformationenvisagée.89
90
Etlàaveclesthèmesetlesintervenantsilyadesenjeuxpolitiqueslà-dessous,desenjeux91
degrossousdelabos?92
93
Biensûr,ilyadesenjeuxdegrossous,delabos,derrièrec’estévident.Carquifait,quipréparele94
supportd’intervention?c’estçalagrandequestion,lesupportd’informationauncoûtentemps,95
ilfautpréparerundiaporama,prépareruntexteetensuiteuncoûtenlocationdesalle,pource96
quietduprésentieletuncoûtenpapier, il fautdistribuerunsupportdecoursauxdifférentes97
personnesprésentes,etpayerlesrepas.Donccommec’estdesformationssurunjouroudeux,il98
fautpayer les repas.Doncoui il y adesgros sousderrière, les laboratoires, aussibienque les99
formations ont trouvé les astuces pour déconnecter les structures qui ont, c’est les mêmes100
structures derrière, en fait,mais qui ont juridiquement la structure qui fait la formation de la101
structure qui finance, même si c’est le même. Ils ont scindé en deux? Il y a d’un côté un102
organismequifinancentetdel’autre...Alorsparexemplel’organismedeformationquipropose103
desformationsactuellementdanslastructureàlaquellej’appartienss’appelleFORMUTIP.Ilya104
UTIL formation,UTIP,…sedécline lenomd’UTIPun tasdechoses,voilà…et sachantque l’UTIP105
c’estcequiserapporteauconseildel’ordre,c’estrégulé,letoutenpleineconnaissanceofficielle106
ou officieuse, enfin officielle sûrement du conseil de l’ordre. Puisqu’eux appuient ce type de107
formation. Après la qualité de formation, les formateurs ont une formation. Par exemple, la108
presbyacousie,ilyaunpetitmois,nonplusqueça.Enseptembre…Ilyaeuunintervenantquiest109
venu,ilétaitenvoyéparunlaboenfaitquivenddesappareilsquipermettentd’entendremieux110
dans lesofficinesmais ilappartenaità lacelluledeformationonvadiredu labo,derecherche,111
pasdeformation.Ildisait«nonnonmaismoijen’appartiensqu’àlarecherchedoncmoijevais112
vous faire une formation sur l’oreille interne, comment elle fonctionne, comment les sons113
arrivent,commentilssontpropagés,qu’estcequiestendommagéencasdepresbyacousie,voilà.114
Effectivement c’était extrêmement intéressant mais derrière après il dit «mais moi je ne115
présente aucun produit», certes il ne présentait aucun produit. Mais les représentants qui116
avaientpayélasalle,euxavaientl’autorisationdenousprésenterdansunpetitcoindelasalle,117
lesproduitsquipouvaientsupplémenteràcettepresbyacousieparexemple,ettoutçaparrainé118
53
parleconseildel’ordre,c’esttrèstrèsdifficilededémêlerleschevaux,delarentabilitéetduréel119
objectifdesantépubliquepourmoi.Obligerlespharmaciensàseformerencontinu,c’estcomme120
lesmédecins,cesontdesmétiersquiévoluentsanscesse,onatellementdechosesàapprendre121
touslesjours.122
123
Et commentpercevez-vous l’évolutiondumétierdepharmacien commeacteurde santé124
publiquedepuisledébutdevotrecarrière?125
126
Commeunpeumieuxperçupar lesmédecins,dans lamesureoùenétantmoinsnombreuxet127
ayant plus de charge, ça leur fait avec les infirmiers, un pied de plus pour s’appuyer pour les128
patients à l’extérieur peut être. Moi je vois ça comme ça. Je le vois bien dans le cadre de129
pathologies pluridisciplinaires, à savoir le diabète, le suivi de patients, unemeilleure relation130
entreacteursdesanté,maisc’estpaspartoutvécucommeça.Engénéral,c’estplutôtlechacun131
pour soi. Le pharmacien faisant quelques formations pour vouloir dire qu’il a validé son132
obligation d’ETP. Il existe de réels enjeux de santé publique. Notamment le SIDA, les grosses133
pathologiespluridisciplinaires,jevoisçacommeça134
135
ParrapportauSIDA,vouspouvezm’endireplus?136
137
Par rapport au SIDA, les pharmaciens de ville… alors en tant que pharmacien de ville, je fais138
partiede,j’aiétéamenéàfairepartieduCOREVIHPACA,doncjemedisqu’ilyaunCOREVIHà139
Paris,etjefaispartieentantquepharmaciendeville;c’étaitquelquechosedeformidable,caron140
peutfairevaloirquelespatientsçapermetdesrelationsmédecin.Hospitalierquijepenseétait141
plusdifficileavant.Après,çaresteduconfidentiel,soyonsclairs…c’estpas,tantdepharmaciens142
devillequi sontencontactavecdespharmacienshospitalierspourdire«encemoment je les143
suismal»,jepensequelàyunsouci,estcequ’onpeutsevoir,etaveclemédecindeville,c’est144
pasfacile.Quandlemédecindevilleestaucontact,auplusprèsdelafamilleetduquotidiendu145
patient,ilpeutavoirunrôleformidableàjouerensantépublique146
147
Est-cequevouspouvezpréciservraimentunpeupluscerôle,typediabèteousida,donc148
parrapportàcetteproximité,qu’estcequevousverriezcommenouveauxrôles?149
150
Benparexemple,parrapportauSIDA,laprésentationdesnouveauxtestsenofficine,apermisde151
faire quelques diagnostics sur des populations jeunes, et actives. Je dirai même plus qui sont152
venusacheterdes testsdansnotredépartement et chezqui ça a amenéquelques résultats, de153
jeunesentrepreneursquivoyagentbeaucoupetquiontdoncdesrelationsextraconjugalesetqui154
ontlesmoyensetontachetéplusieurstestsetquiontprisletempsd’allersefaireetdesemettre155
enrelationaveclesorganismesconcernéslorsquec’étaitpositif.Donclà,ouiilyaeulàunrôle156
desantépublique,si lepharmacienabien faitson travail,qu’ilabienmisenavantqu’il fait le157
test,bienciblerlapopulationquipeutêtreconcernée,ilpeutyavoiruneavancée.Auniveaudu158
54
diabète, la possibilité de dialoguer avec le médecin traitant, avec le médecin endocrino, avec159
l’hôpital,surcertainssujetsplusàrisquequed’autres, làaussiçaaavancé.Parexemple, j’aien160
têteunefemmeâgéequiavaitunproblèmedemycose,quiétaitdiabétique, ilaétépossiblede161
faire intervenir l’endocrino; l’infirmière, lemédecingénéralisteet lepharmaciensurcomment162
l’aider à dépasser son angoisse car elle se faisait des dextro 6 à 7 fois par jour à prendre en163
chargeça,lecôtédiététiqueaussi,enprenantenchargeetçaapuêtrefaitàl’officine,enprenant164
encharge…dutempsaccordéaupatient,onestpasdansaujourd’huipourdemain,pascomme165
l’antibiothérapie, on est vraiment dans une affaire de mois, voire d’années. Mais cette166
collaborationestefficace.167
168
Toutàl’heurevousdisiez«mieuxvuparlesmédecins»danslecadredelacollaboration169
professionnelle.Qu’estcequevouspercevezdececôté-là?C’étaitunenjeuducoup?170
171
Moi jepenseque leprofessionneldesantéquisaitdequoi ilparlequand ilparled’interaction172
médicamenteuse,quand ilparled’effetssecondaires,quand ilparledepathologies,entantque173
celuiquiconnaitlapathologie,quin’estpasjustesurleregistreduconciergedubasdelamaison.174
Non mais y a un peu de ça… dans certaines officines vous prenez peur, euh je pense que la175
compétenceaquandmêmeaugmentéau fildu temps, j’ai lesentimentqu’ilyaunsoucid’être176
pluscompétentqu’avantdelapartdesjeunespharmaciensquisortentaujourd’huietquisontun177
peumoins…alorspeutêtrequ’aufinalilsirontplustardplusversletiroircaisse.Maisquisont,178
qui arrivent à faire lapartdes choses entreune rentabilité immédiate en vendant10pastilles179
pour la toux et 4 sirops et qui vont plutôt savoir dire aux patients «écoutez, sachant vos180
antécédents,moijepréfèrevousdired’allerrevoirlemédecin,onenreparlequandvousl’avez181
vu»182
183
Alors on a étudié le rapport de l’IGAS de 2011 qui présente les nouveaux rôles du184
pharmacien, lesnouvellesmissions.Ona l’impressionquetoutescesnouvellesmissions185
elles invoquent la pluri professionnalité, la collaboration professionnelle justement,186
qu’estcequevouspercevezdeça?187
188
C’estdifficileàsavoir.Enfait, làencoreonestsurl’individualitéet lespharmaciensquisesont189
formésàçasonttoutàfaitaptesàlefaire,jepenseparexempleàlavaccinationpourlagrippe,là190
c’est du direct (rires). Mais il faut une formation derrière, par qui et comment? Ce serait191
formidable de privilégier par exemple les infirmières du quartier dans lequel le pharmacien192
exerceetquecesoitellesquisoientindemniséesparl’étatpourformerlespharmaciens.Comme193
ça,çapermettraitunerencontreauniveauduquartier,uneespècedenotiondeconcurrence,par194
exemple l’infirmière me prend mon boulot, et le pharmacien de faire des sous en plus.195
L’infirmièrequ’estcequ’ellegagne?Ellegagnemoinsde6eurosquandellepiquelepatientetde196
ça on leur retire des impôts. Vaudrait mieux que le pharmacien lui signale qu’il y a des197
pansementsà fairepour telleet tellepersonne.Vousvoyezceseraitplus intéressantpourelle198
55
d’avoir une meilleure connaissance avec les pharmaciens du quartier. Moi je verrais bien ça199
commeça,quelaformationsefasseautourdupatient,del’habitatdupatient.Carlepharmacien200
estassujettiàunquartier,uneofficinenepeuts’ouvrirques’ilyalenombred’habitantsdéfinis201
dansunendroitdonné,donclesenjeuxdesantépubliquedoiventêtredanscequartier-là,qu’est202
cequ’il faut faire concrètement, la santébuccodentaire, lediabète car ily adespopulationsà203
risque? Il y a des quartiers avec des populationsmaghrébines importantes avec des diabètes204
avecdesenjeuxénormes,uneéducationaussiàladiététique,danslequellepharmacienpourrait205
s’impliquerauniveauduquartier.Maislàcesontdesenjeuxpourlesquelslespolitiquesontleur206
mot à dire, c’est pas que les organismes de formation qui eut font du coup par coup et qui207
essayentdeplacerleursbillesquilesintéressent.208
209
Et concernant plus spécifiquement la pluri professionnalité, comment la formation elle210
accompagneça?211
212
Moijepeuxparlerquedansmoncascarlesautresc’estdifficile.Moij’aifaitunDUd’éducation213
thérapeutique. Dans ce cadre là j’ai rencontré des infirmières, des médecins, des éducateurs214
sportifs,autourd’uneproblématiquecentréesur lepatient.Effectivementdecesrencontres,et215
detouteslesstratégiespossiblesàmettreenœuvreautourdupatient,dansuncadredéfini,des216
tas de choses peuvent se mettre en place. Après tout le reste c’est de l’humain, c’est dû aux217
relation humaines et aux disponibilités de chacun, extrêmement difficiles de rendre les gens218
disponibless’ilsontpasunemotivationautre…c’estpourçaquelanotiondesantépubliqueelle219
stintéressantepourlesmobiliser…queleurintérêtfinancier,c’estpassisimpleetyadesgens220
qui par leur éducation sont tournés vers l’aide à autrui, et aprèsqui sontprêts à acquérir des221
compétencescomplémentairespourpouvoirfaciliteretmettreenœuvrecequileursembleun222
idéal de soins.Mais y a pas partout, ce n’est pas pour tous et ce n’est pas simple àmettre en223
évidence. Pour moi c’est un état d’esprit à développer plus qu’autre chose. Ça… ça c’est plus224
compliqué225
226
Et finalement dans ces types de formations qui mettent en jeu plein de professionnels227
différents, qu’est ce qu’il se passe? Comment ça se met en scène? Comment les228
professionnelséchangent,réalisentcequ’ilspeuventfaireensemble?229
230
Ilséchangentparledialogueetpardutempspasséencommun,deuxjoursparmoisensemble231
avec des discussions, une mise en cercle de l’ensemble des professionnels, pour que tous232
entendentcequiétaitimportantpourunprofessionnelsurlethèmeévoquéetvoirensuitecequi233
pouvait arriver de ce partage. A la limite ceci se faisait par des discussions deux par deux, où234
chacunprésentait l’autre,àtravers,aprèsavoirprisconnaissancedel’autre?çanepeutpasser235
queparunpartagedevaleurscommunes,qu’ilfautaupréalabledéfiniretpourlesdéfinirilya236
queletempsdudialoguequipermetdelefaire237
238
56
Etdanscequevousditesoùfinalement,çasélectionnepasdesgensquisontdéjàdansce239
partagedevaleurscommunes,l’altruisme,ledondesoi240
241
Malheureusement,encequiconcerne lasantépublique, je lecrainsunpeu.Maisçapeutpeut-242
êtresedévelopperdifféremment,jesouhaiteraisqueçasedéveloppedifféremmentmaisj’aipas243
lestouteslespistes.Lesseulespistesquej’aic’estdeconvoquerlesgensàdestasderéunionsen244
medisantquepluslesgensirontàdesréunionsensemble,plusyauradeslieuxauseindesquels245
discuter, se rencontreretpeutêtreconstruiredeschosesensemble.Maismalheureusement, le246
faitestquelesgensnesedéplacentques’ilyaunbuffet,descadeaux,doncc’estpasforcément247
cequenousavonsmisenavantetc’estendehorsdeshorairesde travail, jesaispascomment248
c’estdanslemilieumédical249
250
C’estdifficiledefairedescomparaisons.Danscequevousditesc’esttravaillerensemble251
c’estpartager,apprendreàseconnaître,passerdutempsensemble,çaçameparle.Quand252
onestchacundanssoncoinonestavecsespropresreprésentations,decequefaitl’autre,253
tantqu’onestenfermélàdedans,çaparaîtdifficiled’êtreensembleetdeco-construireces254
choses. Les incitations financières existent? Dans ce que vous disiez le terme santé255
publique,ildevientpresqueunmoyend’accrocher…256
257
Il se trouveque j’ai encorebeaucoupd’amismédecinsque je voisdans les soiréesnotamment258
pneumologie…ilyaunesoiréedébat,unbonrepasprêtdansungrandrestaurantetc’estcequi259
mobiliselesmédecinsàvenir.Aprèslefaitdefaireunrepaspermetdesrencontres,desmisesen260
contactetc’estàcemomentlàqueleschosespeuventsenouerautourd’unpatientdonné,une261
stratégiedepatientèledonnée,onestencorevraimentàquelquepart.Mêmeauniveaunational262
pourcequej’aipuvoir.Quimecontacte?Desgensquej’airencontrésaucoursdecongrèsetje263
nesaispascommentsortirdece… il fautensortird’ailleurs,pour faireprogresser leschoses.264
Donnerdel’espaceàchacunpourqueçaavance,notammentladiététiquejesuispersuadéequey265
a plein plein de choses à faire au niveau des écoles et là chacun est très compartimenté. J’ai266
essayé par rapport au diabète ou à la contraception de proposer des interventions avec des267
infirmièresdanslesécoles,auxcôtésdel’infirmièrepourrépondreauxquestionsdesjeunes,je268
n’aipasétéacceptéauseindel’établissementparcequec’estpasclassiquedonconfaitpas.Ya269
énormémentde«ilfautdesautorisations»,c’estsansfinquoi.Jesaispastrop,jepensequ’ilya270
énormémenténormémentà faire,que lepharmaciensoit impliquédedans,dans lequartierme271
sembleessentiel.Maislaplupartdutempslespharmaciensimpliquésdanslequartierilsontdes272
viséespolitiques,àviséeélectorale,c’estpaspareil.273
274
C’est-à-dire,quellienaveclesviséesélectorales?275
276
Ilsontenvied’avoirplusdepouvoiretlàilspassentparlepouvoir,làc’estlanotiondepouvoir,277
depouvoir électoral.C’est très compliqué lesmotivationsdesgenspourallerdans ledomaine278
57
public,me semblent complexesetdifficilesàdéterminer, il faut s’appuyer sur…je saispas sur279
quoid’ailleurs…parexemplej’aivudesgensselancersurdesconférencessuruntasdechoseset280
enfaitilsvoulaientsefaireélireparuntelouuntelauniveaudeleurpetiteville,pourêtreadjoint281
aumaire,doncbon...282
283
C’estpasdesmesuresmunicipalesquivont favoriser leschosesentre lesprofessionnels284
desanté.C’estvoirMidiàleurporte…285
286
C’est vrai, c’est vraiment des enjeux de pouvoir. Je sais pas trop. Les seuls en qui j’aurais une287
confiance absolue ce serait la pharmacovigilance, mais malheureusement… qui eux sont288
pluridisciplinaires, qui interviennent à la fois dans les services à l’hôpital, qui téléphonent au289
patient qui ont eu un problème d’interactionmédicamenteuse, qui touchent un peu toutes les290
tranchesdelapopulation,quiappellentlepharmacien,quiappellentlemédecinmaisàqui,pour291
prendrecetexemple,onaenlevédesmoyensavecdumondeetdonc ils fontcequ’ilspeuvent292
aveccequ’ilsont,etceuxlàonpeutpaslesaccuserd’enjeuxaveclemondedesgroslaboratoires293
pharmaceutiques. Car les gros laboratoires pharmaceutiques sont très impliqués dans la294
formationcontinuedespharmaciens.295
296
Alors eux, ils peuvent jouer un rôle dans la collaboration professionnelle, dans l’inter297
professionnalité?298
299
(toux…) les laboratoiresenvoientaussibiendes représentants sur la formation, autant chez le300
médecingénéralistequechezlepharmacienetlespharmacienssontformésparceslaboratoires301
dans les officines à la diététique, donc voilà vous allez avoir un labo qui va vous présenter…302
«Alors, je vais vous montrer la nouvelle gamme de produits, tenez ça par exemple pour les303
patientsdiabétiquesc’est formidable,çacontientducuivre,du jesaispasquoi, çavadiminuer304
l’appétenceausucre»etyauneespècedesimiliformationquivasefaireaveclemêmequiva305
allerchezlemédecinjusteaudessusquivasemettreàprescrirecetruclà.C’estcompliqué,c’est306
pasdelasantépubliqueça,c’estjustedumerchandisingunpeupoussé.307
308
Finalement l’industrie pharmaceutique est très centrée sur le produit si je comprends309
bien,passurl’organisationdesprofessionnelsentreeuxcarc’estpaslàqu’ilsvonttrouver310
leurmargeenfait311
312
Saufqu’ilsfontquandmêmedeschoses.Parexemplesurlediabèteilssonttrèsforts,SANOFIpar313
exemple, ils organisent des réunions interprofessionnelles, ils font venir des médecins, des314
pharmacienspourunesoiréeditedeformationsurlediabètedetype1oulediabètedetype2,315
n’importeetaucoursdelaquellevousaurezuntrèsbonexposédurappeldelapathologie,etde316
cequ’ilenest.Etàlasortiesurunepetitetablevoustrouvereztouteladocumentationsurleur317
dernièrestratégiemaisçaaurapasétéprononcé.C’estdifficiledelouvoyerdanslemilieudela318
58
formationcontinuemesemblet’il.Aprèsc’estpaspourautantqu’il fautrenonceraucontraire.319
Maislepharmacienestextrêmementsollicitéparlecôtéfinancieretilnefautpasperdredevue320
quec’estuncommerceetétantuncommerçants’ilformeseséquipesil lesformeradanslebut321
d’unepartqu’ilssoientmieuxformésetqu’ilsaientundiscoursplusaccrocheurpourlaclientèle.322
Onva sur internetmaintenant et il est tout à fait susceptibled’avoirune formationpertinente323
maisilfautqueçaluirapportedessous,êtrebienformésurcequivaêtrevendeur,unflorilège324
de l’aromathérapie,de laphytothérapie,deshuilesessentielles.Après jedispasqueçamarche325
pas,maisçasevend,àlademande…326
327
C’estdifficiled’avoirdesobjectifsdesantépubliqueaucentre,c’estpas…danscequevous328
ditesçan’apasl’aird’êtrelepatientetlasantépubliqueaucentredesenjeux…329
330
Pourmoiçan’estpossiblequepourlesgens…enfinjedisunebêtise…çan’estvraiment…ilfaut331
s’appuyer sur une structure salariée derrière et pas sur une structure d’individus qui …332
d’individuelsquigagnentleurvieàcôté.Maispourtantlepharmaciend’officineilestseul.333
334
Finalement ce que vous voulez dire c’est qu’un pharmacien d’officine ne peut pas être335
danscesenjeuxlàs’ilestseuletqu’ildoitfairetournersoncommerce?336
337
Benoui,c’estuncommerçantquidoitpayersessalariés,quidoitpayersescharges,etquidonc338
raisonneenpetitcommerçant,pasenprofessionneldesanté.339
340
Alors comment c’est possible d’être rattaché aux structures salariées?Qu’est ce qui est341
possiblecommemoded’installation?342
343
Il y a des tas de pharmaciens qui sont dans des structures de santé, comme des maisons de344
retraite. Il y a des pharmacies d’intérieur, ils peuvent essayer de faire avancer ces345
problématiques. Ils le font mais sur ceux que j’ai côtoyé, ce sont eux qui font le plus,346
d’acharnement, car ils n’ont pas derrière d’enjeu direct de rentabilité, et c’est le gros gros347
problème des pharmacies d’officine, ce sont des petits commerçants qui ont une envie de348
rentabilitéetdoncilfaudraqueçaleurrapporte.Pourquoiilssebattentpouravoirdenouvelles349
missions? C’est parce que les missions vont être payées. Les vaccins vont être payés, les350
entretienspharmaceutiquessonttousrémunérés,trenteeurosl’entretien.Pourquoiilsfonttout351
ça?Carcesontdesobjetsderémunérationcomplémentaire.N’empêchequec’estintéressant…352
LesentretiensthérapeutiquessurlesAVKontapportéquelquechoseàcertainsdeleurspatients.353
J’enaifaitquelquesun,j’enaivufairequelquesuns.Caaapportéuneplusgrandeconfiancedu354
patient dans son professionnel de santé et en l’occurrence dans son pharmacien. C’est déjà355
beaucoup.Parcontre,lepharmaciend’officinelefaitQUEparcequeçaluirapportdessous.356
357
59
Finalement, il y a extrêmement peu de formations indépendantes… vous citez la358
pharmacovigilance…359
360
Iln’yenapas.Aujourd’aujourd’hui,jen’enconnaispas.Etpourtant,j’encôtoiebeaucoup!Mais361
je n’en connais pas. Y a que les formations universitaires, et encore! Même les formations362
universitaires,même les DU…Dès qu’il y a possibilité de faire vendre un produit, vous voyez363
intervenirquelqu’un.Yaquedeslaboratoiresquisontprésents.364
365
Pour que je puisse aller regarder des sites d’organismes de formation sur internet,366
pourriez-vousmedonnerdesnoms?367
368
Oui, bien sur. Tapez UTIP Formation. Regardez ce qui sort. OCP Formation. Essayez CPM369
Formation, c’est Comptoir Pharmaceutique Méditerranéen de formation. Après, vous pouvez370
taperLemoniteurdesPharmaciesFormation.371
372
Moij’avaistrouvéDMVP.Çavousparle?373
374
Nonçameditrienmaisilyenatellement.VouspouvezallertaperLGPIFormationContinue.Là375
cecoup-ci,c’estunlogiciel.376
377
Etpourlesgrossistes?378
379
OCPetCMP,cesontlesdeuxpremiersquimesontvenusentête.CERPFormationaussi.C’estun380
autre grossiste. Je suis devant mon ordinateur en train d’essayer de vous trouver d’autres381
organismes. Je pense à un rival d’UTIP. Un organisme de formation qui est beaucoup plus382
prétentieux,quiveutformerenoncologiemaisilssontextrêmementprétentieux…ilssontpas383
pluscompétentsquelesautres…maisilsseveulentpluscompétentsquelesautres.384
385
Est-cequel’obligationdeformationestunargumentpourquelespharmaciensaillentse386
former?387
388
Clairementoui,l’obligationafaitbougerleslignesmaispasforcémentdanslesensqu’onaurait389
pusouhaiter,àsavoirquedevantcetteobligation,ilyaeuunemultiplicationdesorganismesde390
formationquisesontdit«chouette,une façond’avoirde l’argent».Maisducoup, lesgensqui391
étaient lesplusmotivésaudépartsesontretrouvésunpetitpeuminoritairesetbalayéspar la392
vague,detoutefaçondevaientseformermais…etlesformationsontétéd’unniveaubeaucoup393
moins intense que les formations que faisaient le petit nombre qui souhaitait réellement se394
former.Onestpasséàune formationdemassequiestsouventbeaucoupplusquelconque.Par395
exemple,jevaisvousdonnerlestroisdernièrespropositionsdeformationquej’aireçues,queje396
trouve malheureuses. Si vous voulez, je vous prends une photo je vous l’envoie sur votre397
60
téléphone. Voilà donc c’est Forme-Utip: «minéraux, huiles essentielles, compléments398
alimentaires: savoir utiliser les compléments alimentaires» (elle lit). «Comment s’y retrouver399
pourquevotreconseilaitunevraievaleurajoutée?»D’accord?Bon,onestclairementdansla400
nécessitédevente.Jevousenvoieça.Ensuite,leconseilenhygièneetcosmétologie.«Deuxjours401
pour comprendre l’essentiel de la cosmétologie, acquérir de nombreux outils utiles pour le402
conseilenpharmacieavecdenombreuxcaspratiques».Sic’estpaspourrentabiliserça!Après,403
le petit appareillage orthopédique, c’est formidable de former les gens à l’orthopédie! Moi je404
serais pour qu’il y a ait une formation obligatoire par un DU d’orthopédie pour tous les405
pharmacienspuisqu’onvendde l’orthopédietoute la journée.Moi je l’ai faitceDUmaisbonlà,406
c’est deux jours pour «acquérir les connaissances théoriques et pratiques, découvrir et407
manipulerl’appareillageorthopédique».Etvoilà!Endeuxjours,toutestdittoutestfaitetvoilà,408
vousconnaissezTOUTlematérielorthopédique!Quevoulez-vousdemieux?Doncvoilà,onest409
sur…aprèsc’estpasforcémentbiendejugermaisonn’estpasforcémentdanscequiétaitespéré410
delaformationcontinueensantépublique.Jesuispassurequecesoitlasantépubliquequisoit411
enavant,mêmesiunemeilleurecompétencepermetunemeilleureapprochedespopulations.412
413
Et vous partagez cette déception avec des confrères? C’est quelque chose qui est diffus414
j’imagine?415
416
Oui, je partage cette déception avec des confrères! Mais en même temps, on se dit que c’est417
mieuxquerien!Onesttoujoursdansce«whaou,c’estqueça?bon,bahonespéraitmieux…»et418
enmêmetemps,l’essentielestquelesgensaientunemotivationpourallerdel’avantdansleur419
métier et se l’approprier ce métier. Donc pour que les gens se l’approprient mieux, s’ils420
l’investissent,c’estmieux.Voilà,onesttoujoursdanscettecontradictionlà.421
422
MmmMmm, je comprends tout à fait… (elle regarde sesmails en cherchant lesannoncesde423
formation). Mais vous êtes assommée demails comme ça? J’ai l’impression que cela ne424
manquepasdececôtélà…425
426
Oh là là, non, ça ne manque pas! Il y en a énormément. Il y en a minimum 3 nouveaux par427
semainealorsquej’aitoutmisenindésirable!428
429
Doncfinalement,ladifficultéestplusdanslefiltrageetletriplusquedansl’information430
j’ail’impression.L’informationnemanquepas.431
432
Tout à fait. Tout à fait. Alors il y a Gynécole aussi. Mais ça je crois que c’est partagé avec les433
médecins.434
435
Ahnon,jeneconnaispas.436
437
61
Alors,voustapezGynécoleFormation.Euxilsfontdessoiréesaussi.438
439
Parcequefinalement,cenesontpaslessoiréesleproblème,c’estquipaye,hein?!Carun440
repas,c’esttrèsconvivial,çafavorisel’échangeetc. leproblèmec’estquandc’estSANOFI441
quioffre…442
443
Bah ouimais qui d’autre peut offrir les repas? Les organismes de formation demandent pour444
prendreencharge la formation,unprogramme.Donc il leurest toujours fourniunprogramme445
détaillé,qu’ilsoitsuiviouqu’ilnesoitpassuivipuisqu’iln’yaaucunevérification.Parcontre,le446
programmeleurserafourniçac’estsuretlessoiréesleurserontindemnisées.447
448
Alorsparmileslabos,vouscitiezURGO…449
450
OuiURGOmaisclairement…tousleslabos.Tousleslabos.URGO,SANOFI,IPRAD…ilsvontavec451
Gynecoled’ailleurs. Ilsvendentdesproduitsd’hygiène intime.Alors, jesuisen trainderentrer452
surmonordi...Estcequeçamarche?(elleouvresaboîteemailenmêmetempsqu’ellemeparle).453
Alors.. reçus … oh misère 439 messages non lus.. EPCO! regardez un peu. EPCO Pharmacie.454
«Définiretconstruirelapharmacieofficinalededemain»,c’estaccrocheurçahein?!Voilàc’est455
euxquisontd’uneprétentionabsolue.456
457
Ahc’esteuxquifontdel’oncologie?458
459
J’aiparticipéàlacréationdecetEPCOdoncjesuispeutêtreunpeusévère…maisàlabasec’est460
uneassociationquiaétémontéepourfinancerlesvoyagesauxEtats-Unispourallerauxcongrès461
etc. N’empêche qu’eux, ils peuvent apporter une information pertinente… Après il y a la462
formationcontinue…maiscelle-civousdevezlaconnaître,avecUNIVADIS.463
464
AlorsUNIVADIS,lenommeparle.Jenemeformepasaveccetorganismemaisparcontre…465
466
Bien sur! Bah voilà sur internet, il y a toujoursUNIVADISqui s’adresse auxprofessionnels de467
santé.468
469
Donc finalement, dans tous ceux que vous avez cités, il n’y en a pas un seul qui soit470
indépendant?!Apartlapharmacovigilance…471
472
Apartlapharmacovigilance,j’enconnaispasunquisoitindépendant.473
474
Alorsmoij’aidiscutéavecunedemescousinesquiestpharmacienned’hôpitaletelleme475
citaitl’OMEDIT.476
477
62
Ahnon,jeneconnaispas.478
479
L’observatoiredumédicament…480
481
Cadoit allerdepaireavec lapharmacovigilance.Doncvoilà, (ellecontinuedeliresesmails) j’ai482
des formations qui me sont proposées. Là, on parlait d’URGO, voilà il est dedans! Voilà,483
vraiment… il y a beaucoupbeaucoupde choses. Il y a probablement beaucoupde choses à en484
sortirmaistantqu’onnefaitpasdutransdisciplinaire,àmonavisçasertàrien.Sionn’estpas485
dansdesformationsquis’adressentàl’ensembledeséquipes,parforcémentqu’officinalesmais486
aussimédicales,aveclesinfirmiers,leskinés,lesrééducateurssportifs…quelquepartjenesuis487
passurequeçafasseavancerlesenjeuxdesantépublique.488
489
Mmm Mmm… Mais alors vous disiez que finalement ça peut être ces pharmaciens490
d’officinesintérieuresquipeuventjouerserôle,est-cequevouslescôtoyez?Qu’estceque491
vousavezcommeinteractionsaveceux?492
493
Moienl’occurrence,j’ailaCOREVIH.Làc’estprincipalementleVIHmaisonvadirequec’estdu494
personnel on va dire… (elle lit ses mails) Encore un qui propose une formation. Comment il495
s’appelle celui-ci? Laboratoire Eurobio (elle lit avec un ton faussement enjoué) «vous propose496
pour cette année dans le cadre de l’épidémie de grippe, des tests de diagnostic rapides»Bah497
voilà, «ci-joint la fiche technique et l’offre du produit». Donc voilà, derrière une publicité de498
formation,lavente!C’estassezterrible.Aprèsjepensequec’estuntrèsbeausujet…maisqu’est499
cequevousavezcommeautrepiste?500
501
[J’explique le sujet de sociologie de la santé et évoque le rapport IGAS avec les502
problématiquesdetransfertdetâches,commelavaccinationparexemple…lefaitqueles503
médecinsfreinentfortementcesnouvellesmissionsdupharmacien.Coupécartroplong.]504
505
Cequin’estpasfaux,jeveuxdire.Ilyaquandmêmeunsuividupatientettoutsonsuivimédical506
quelesmédecinsrevendiquentetàjustetitre.Doncquelepharmacienpratiquel’acte,OKmaisil507
fautimpérativementqu’il lecommuniqueaumédecinetquelemédecinsacheàquois’entenir.508
Etpuispeutêtreque lepharmacienn’estpasbien informé.Si jepatientaeurécemment, jene509
saispasmoi,unzonaetqu’ilestalléachetésesmédicamentsailleurs,quesondossierdesanté510
n’est pas forcément ouvert, c’est peut être pas l’idéal de le vacciner tout de suite. Voilà, il y a511
vraimentdes chosesque lepharmacienne saitpasque, voilà,moi aussi je comprendsaussi la512
problématiquedumédecinquidit«Etoh!OKmaisdoucement!»513
514
Oui,alorsjesuisaussid’accordavecvousmaisj’ail’impressionquec’estplusauniveaude515
larémunération.Carfinalement, lavaccinationc’estquandmêmeunacteassezrentable516
pour le médecin dans le sens où c’est rapide et c’est côté 23 euros. Donc moi ce qui517
63
m’attristec’estplutôtlecôtéoùdèsqu’onretireauxmédecinsunacterapideetrentable,518
ilsprotestent…c’estdanscetenjeulà.519
520
(ellecontinue la lecturedesesmails) Alors, il y a un autre endroit où les pharmacienspeuvent521
s’informer,c’estlalettreduCRESPACA.Celle-civousnedevezpaslaconnaître.Çac’esttoutàfait522
intéressant. Euh, le CRESPACA, ça c’est vraiment un truc formidable. C’est un organisme qui523
diffuse de l’information et quimet au courant des formations continues. Je vous le fais suivre.524
Hop,voilà.525
526
Doncças’estunelettred’informationquiserevendiqueindépendante?527
528
Oui,çaserevendiqueindépendant.Bon,vousallezvoir…enmêmetemps,çadépenddelaCPAM529
maisilyadestasdechosesquisontintéressantsdessuscarçadonnedesinformationsquisont530
recoupéesparuntasdebiaisqu’onpourraitsouhaiterdepertinente.531
532
PourquoilefaitqueçaviennedelaCPAM,c’estpasparfaitementindépendant?533
534
Ah non non, je dis que c’est bien au contraire! C’est recoupé par un tas de biais donc c’est535
indépendant.Ildoityavoiruntasdefiltresquifaitqu’ilssontindépendants.Lesfiltressontbons536
maisc’estpas toujours faciledesavoirquel filtreestbon.Tiensparexemple(ellelitsesmails),537
voilàunlaboquichercheàfairedelaformation.Vousdevezaussienavoirdestonnes…538
539
Maisc’estl’ordrequidistribuevosadressesmailscommeça?Commentçasefaitquevous540
ayezautantdemails?541
542
Je sais pas… je vous envoie celui-ci. Hop, transféré. Pour voir ce qui nous arrive. C’est quand543
mêmepasmal…544
545
Prescrireestutilisé?546
547
Ouimaisleproblèmedeprescrirec’estqu’ilestpayantetunpeucher.Doncoui,ilestbienmaisil548
esttropcherdoncfinalement,ilestpeuutilisé.549
550
Toutàl’heure,vousdisiezqu’ilétaitquasimentimpossibledetenirsonofficinedansces551
enjeuxdesantépublique.Commentvousfaîtesvous?552
553
Moijesuissalariée.554
555
Ahmaisvousêtessalariéed’uneofficine?556
557
64
Jesuissalariéededeuxstructuresofficinalesdeville.Lapremièrec’estunepharmaciedeville,558
celledel’aéroport,repriseparunejeunefemmedontlepapaétaitassezrichepourluioffrirun559
officine…(ellereprendl’envoidesmails)560
561
Jenesavaispasquelespharmacienspouvaientêtresalariés…562
563
Quasimenttouslespharmacienssontsalariés.Ilyabeaucoupplusdepharmacienssalariésque564
de pharmaciens titulaires. Toutes les pharmacies de France ont un ou deux adjoints. L’adjoint565
c’estunpharmaciensalariédansunestructure.566
567
Maisquisontlestitulaires?568
569
Bah les titulaires ce sont ceux qui ont acheté le fond de commerce. Ils jouent leur rôle de570
pharmacien mais ils jouent surtout le rôle de gestionnaire. C’est eux qui doivent payer les571
salaires. Ce sont des petits commerçants qui doivent optimiser au mieux la gestion de leur572
officine.573
574
Doncsijecomprendsbienletitulaireiljouelerôledegestionnaire.Ilesttrèssoumisàcet575
enjeuderentabilité.Maislesadjoints,eux,quisontsalariéspeuventbénéficierd’uneplus576
grandeindépendance,liberté,onpeutdireçacommeça?577
578
Ouionpeutledirecommeça.Ilsbénéficientd’uneplusgrandelibertémaisilssontassujettisau579
bonvouloirde l’officine.Par exemple, s’ils veulent aller faireune formation. La formationdoit580
être prise en charge par la formation continue donc ils sont assujettis à l’approbation de leur581
titulaire.C’estencelaquelaloiachangéunpetitpeuleschoses.Lestitulaires,responsablesdela582
formation de leurs adjoints, ont libéré les fonds alloués à ça pour que du personnel aille se583
former. Mais ça n’a duré qu’un temps… l’objectif étant de toute façon, une optimisation du584
fonctionnement de rentabilité de l’officine, il fallait que ce temps alloué apporte un plus de585
l’ordredelarentabilité.586
587
MaisquandvousêtesenformationDPCvalidante,vousn’êtespasrémunéréepourvotre588
journéed’absence?589
590
Si,si,letitulaireestrémunéré.Ilaunerémunérationvoiremêmeuneindemnitécompensatoire.591
Commeen général, le personnel employé est toujours à flux tendu, à savoir qu’ils n’emploient592
quelestrictnécessaire,doncilestextrêmementdifficiledeseformer.Donclaplupartdutemps,593
lesadjointsfontleurformationsurleursjoursdecongé…594
595
Ahoui,doncçac’estencoreunélémentquilimitelespossibilités…596
597
65
Oui et surtout qui limite les rencontres avec l’extérieur. Je pense qu’au départ, la loi était598
extrêmementintéressantesicelapermettaitd’avoirdesenjeuxditsdesantépubliquec’estàdire599
que tous lesacteurssontautourdupatientetde lasociétépourqu’ellesoit lemieuxencadrée600
possibleentermedevigilance,d’attention,d’avancéedelacompétence…maisàquoionassiste?601
à l’inverse! Alors, on délivre des pilules du lendemain – alors attention, je suis tout à fait602
favorable à la délivrance de pilules du lendemain – à des jeunes femmes qui ne savent603
absolumentpascequec’estquelecycleovarien,toutsimplementlacontraceptioncommentça604
peutagir,enquoilaprised’unepiluletouslesjourspeutagirsurelles…leniveaud’éducationen605
santé-toutcourt-del’ensembledelapopulationestdramatiquementfaibleetlàonestunpeu606
surdesespècesdepratiquesmagiques.Allezhop,onprendçaetonvaêtreguéri,c’estmagique.607
Pourmoi,ilyabeaucoupbeaucoupdetravailàfairesurlediscoursàtenirauxgens.Rienqueça.608
Lateneurdudiscours.Ceseraitbienplus importantaufinalquederevenirsuruneévaluation609
des connaissances que peu ou prou, le pharmacien officinal et les préparateurs, quandmême,610
ont. La qualité du discours. La qualité de l’abord. Comment annoncer à quelqu’un qui a de611
l’hypertensionqueçavaêtreuntraitementàvie?Sans,ni ledramatiser,ni leminimiser,en le612
faisantentrerdanslecadred’uneévolutionducorps,duvieillissementnormalpourbeaucoupde613
gens. Il y a tellement de choses à faire entrer dans le discours. Voilà, pourmoi ce serait plus614
important. Les enjeux de santé publique progresseraient d’avantage si on s’intéressait au615
discourstenuàlapopulation.Maisbon,c’estencoreuneautreproblématique.616
617
Maisfinalement,lesnouveauxrôles,lesbellesmissions:l’entretienpharmaceutique,que618
vouspuissiezdiscuterd’untraitementantihypertenseuravecunpatientetc.c’estunpeu619
çal’idéequej’enavaisnon?620
621
Moiaussi,moiaussic’est l’idéeque j’enavais.Maispourceque j’enaivu,c’estpasçadu tout.622
Encoreune foisparcequ’onestdanscemilieu là, c’estencoreune fois lediscoursdumaîtreà623
l’élève.C’estpasçalebut!C’étaitdesemettreaucôtédupatientetdevoirquellesdifficultésila624
àvivreavecsespathologiesetquelssont,selonlui,lesmoyensderemédieràcesproblèmeslà.625
Mais c’est tout, on est juste là pour l’aider àmieux vivre son quotidien, quand il exprime des626
difficultésavecsonquotidien!Paspourluidonnerdegrandesleçons.Vousnedevezpasfaireci627
ouça.S’ilne lesaitpas,tantmieux,onluiapportequelquechosemais laplupartdutemps…je628
pensequelespharmaciensn’ontpasétéformésàcettehumilitélà,quitterlablouseblanche,se629
mettreàcôtédupatientetécouter…parcequelepatientilesttrèsexpertdanscequ’ilsait…sa630
maladie,ilsaitqueçal’aenvoyéàl’hôpital,ilsaitqu’iln’apasbienobservé,ilsaitqu’ilapastout631
compris caron lui faitprendre¼depiluleun jouret… ildoit aller se faire fairedesprisesde632
sang,iln’apasforcémentcompriscequ’étaitunINRmaisselonlesmotsqu’onutilise,ilpartira633
enayantcompris,oupas.Etça…D’uncôtéoninfantiliseetdel’autre,onn’éduquepas.634
635
Etlesformationsàça,ellessontinexistantes?636
637
66
Amaconnaissance,àpartl’ETP…etencoremêmel’ETP,çadépendquil’enseigne.Moijeparlais638
del’EPCO,lesgensquej’aivusàl’EPCO,ilssontpersuadésqu’ilsonttoutcomprisàl’ETP,ilsont639
faitdeuxjoursd’ETP…c’esthallucinant.Nonvraiment…ilyaunetelleconviction…iln’yapas640
d’humilité.Ilfautsavoirécouterquechezcertains,larelaxationçamarchetrèsbienetparfoisça641
peut suffire. Que chez d’autres… qu’il y a pas forcément besoin d’apporter dix mille autres642
solutions.Peutêtrequedeleurproposerd’allermarcheravecungroupedemarcheenmontagne643
unefoistousles15joursceseraitpeutêtreaussiefficacequedefaireunrégimedraconiendans644
lequel il craque et qui leur sert à rien… car simplement lemoral iraitmieux.Mais tout ça, ça645
nécessitedutemps,dudialogue,del’écoute.Etc’estpastoujoursfacile.646
647
Vousavezl’impressionqueceschoseslàchangentlorsdelaformationinitiale?648
649
Je n’en sais strictement rien. La fac est à Marseille et les jeunes qui en reviennent sont très650
compétents au niveaudes interactionsmédicamenteuses, ont demultiples talentsmais je suis651
pas sure qu’on leur ait appris ce genre de choses. Bon, je ne sais pas si je vous ai apporté652
vraimentquelquechose.653
654
Si,si,mercic’estextrêmementéclairant,mercibeaucoup.655
656
Tantmieuxsiçavousaide.C’estuntrèsbeautravailetc’estuntrèsbelobjetetc’estrichedesens657
pour l’avenir mais encore beaucoup beaucoup de travail à faire.658
67
3) Annexe3:extraitsdel’observationethnographiquedesitesweb
68
69
4) Annexe4:extraitsdeJournaldeBord,aller-retourterrain-analyse
70