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M. Claude BEAUFORT Animateur M. Jean-Claude ANTONINI Maire d’Angers, vice-présedent région Pays de la Loire M. François BONNEAU Président de la région centre et de la Mission Val de Loire M. Jacques AUXIETTE Président de la région Pays de la Loire M. Jean-Michel BERARD Préfet de la région Centre M. Dominique TREMBLAY Directeur de la Mission Val de Loire M. Jean MUSTELLI Conseiller d’Etat, ancien ambassadeur de France auprès de l’UNESCO Mme Céline FUCHS Centre du patrimoine mondial SÉANCE INTRODUCTIVE

Séance introductive

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M. Claude BEAUFORTAnimateur

M. Jean-Claude ANTONINIMaire d’Angers, vice-présedent région Pays de la Loire

M. François BONNEAUPrésident de la région centre et de la Mission Val de Loire

M. Jacques AUXIETTEPrésident de la région Pays de la Loire

M. Jean-Michel BERARDPréfet de la région Centre

M. Dominique TREMBLAYDirecteur de la Mission Val de Loire

M. Jean MUSTELLIConseiller d’Etat, ancien ambassadeur de France auprès de l’UNESCO

Mme Céline FUCHSCentre du patrimoine mondial

SÉANCE INTRODUCTIVE

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M. Claude BeaufortChaque année se retrouvent les acteurs du territoire ligérien qui veulent donner leur plein sens àce que représente l'inscription du Val de Loire au patrimoine mondial de l'humanité ; trois villesont trouvé la vocation particulière d'accueillir ces rencontres annuelles : Orléans, Tours, et Angers.L'an dernier nous étions à Orléans, nous sommes cette année à Angers, et sans doute l'an prochainà Tours, il revient donc au Maire d'Angers de nous accueillir dans sa ville pour ces cinquièmesrencontres. Et puis, M. le Maire, hier soir vous avez quitté les responsabilités de Président de laMission Val de Loire, c'est donc à la fois un adieu et c'est un salut d'accueil que vous faites à tousnos amis qui sont dans votre cité ce matin.Si vous voulez bien rejoindre la tribune.

M. Jean-Claude ANTONINIMme la Secrétaire de la convention France-Unesco, M. le Préfet de la Région Centre, M. le Président de la Région

des Pays de la Loire, M. Le Président de la Région Centre, Président de la Mission Val de Loire, M. le Préfet du

Maine-et-Loire, c'est vraiment avec une émotion certaine que je vous accueille ce matin à Angers pour

la cinquième édition des rendez-vous du Val de Loire - ces rencontres itinérantes qui montent et descendent

le fleuve depuis des années.

Il y a quatre ans, en ce même lieu en vous recevant j’étais loin de me douter que quelques mois et un scrutin

régional plus tard, je deviendrais Président de la Mission Val de Loire, mission créée pour gérer et valoriser

l'inscription du Val de Loire sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, et ce, pour un mandat de trois ans.

Vous l'avez dit, Monsieur, j’ai quitté la présidence de la Mission Val de Loire depuis hier soir en vertu de la règle

imaginée par les deux Régions d'une présidence tournante du mandat régional et je dois dire que je suis

particulièrement fier et heureux de céder cette responsabilité à François BONNEAU, Président du Conseil

régional du Centre.

Au cours de ces trois années, avec l'ensemble des élus et de l'équipe, nous avons souhaité impulser une dynamique

forte de valorisation de l'inscription du Val de Loire sur la Liste du patrimoine mondial notamment en matière de

tourisme et d'ouverture internationale.

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Pendant cette période, le Val de Loire s’est doté d'une signalétique d’appartenance avec la pose du girouet Val de

Loire - patrimoine mondial, dans les 160 communes du site. C’est une signalétique discrète et élégante qui est

parfaitement intégrée à la Loire.

Et puis, le Val de Loire s'est engagé beaucoup plus en profondeur, dans une démarche d'excellence qui rassemble

pour la première fois les grands sites touristiques et culturels, châteaux et monuments à l'échelle de la Loire, de

Nantes à Sully-sur-Loire. Les châteaux de Nantes, Angers et Saumur, le cadre noir et l'abbaye de FONTEVRAUD

sont désormais partenaires de cette démarche.

L'objectif est simple : augmenter la fréquentation touristique du Val de Loire en agissant ensemble dans le

domaine de la promotion, de la qualité de l'accueil, de la médiation, et de l'accessibilité.

De plus, l'utilisation du label Val de Loire-patrimoine mondial a été ouverte aux gestionnaires de sites touristiques

et culturels privés. Dans le même temps, la Mission Val de Loire a conduit à son terme l'élaboration du schéma

d'orientation marine et ports de Loire qui vise à réanimer le fleuve par le développement d'une navigation

de loisir adaptée à ses contraintes - parties intégrantes d'un tourisme durable respectueux de l'environnement

et du paysage.

À terme, plus de 150 000 visiteurs par an devraient ainsi pouvoir naviguer sur la Loire.

Depuis 2005 la Mission anime la maîtrise d'ouvrage de la Remontée du Sel, manifestation itinérante au fil du

fleuve qui met en valeur la batellerie traditionnelle et illustre le patrimoine historique et culturel lié au fleuve.

Tous ces projets viennent et viendront renouveler l'offre touristique du Val de Loire, au même titre que la Loire

à vélo dont la Mission assure désormais la gestion de la marque pour le compte et avec le soutien des deux

Conseils régionaux.

Par ailleurs, l'expertise de la Mission en matière de paysage s'est développée avec la publication d'un guide

« vivre et faire vivre les paysages du Val de Loire » et la réalisation d'études approfondies sur des sites pilotes afin

de proposer des orientations à l'échelle de l'ensemble du site inscrit.

Il est évident que l'enjeu est considérable, il s'agit de préserver les qualités patrimoniales, la valeur universelle

exceptionnelle du site du Val de Loire avec un leitmotiv : « mieux vaut convaincre que contraindre ».

Pendant cette même période, le Val de Loire s'est engagé dans des voies nouvelles, de coopération internationale :

coopération entre les vignobles du patrimoine mondial, coopération décentralisée entre collectivités riveraines

de la Loire et d'autres grands fleuves de la planète - le Niger et le Mékong pour commencer, demain peut-être

le Saint-Laurent. La signature de la charte de coopération Loire Niger a notamment permis l'obtention de fonds

européens au bénéfice du Niger dans le cadre d’un programme de coopération porté par l'UNESCO.

Cette ouverture internationale s'est concrétisée dans la préfiguration de l'institut international fleuves et patrimoine

qui a permis de fédérer les universités du Val de Loire désormais associées à ces actions de coopération voulue

par les Régions avec d'autres grands fleuves.

Cette ouverture a montré que ces fleuves royaux qui avaient servi de synthèse et de berceau à l'humanité avaient

réellement une identité commune, une identité humaine, une identité culturelle, une identité affective.

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Enfin, deux chantiers majeurs emblématiques et porteurs de dynamique nouvelle ont été ouverts pour

les années qui viennent :

D'abord l'amorce d'une coopération entre les sites français du patrimoine mondial en invitant en Val de

Loire les gestionnaires des 31 sites français à se rencontrer pour la première fois en 2004 à Fontevraud.

Depuis septembre 2007, ces sites sont rassemblés dans l’association des biens français inscrits par l'UNESCO et

présidés par un défenseur notoire du patrimoine ligérien : M. Yves DAUGE.

La démarche d'extension du site inscrit au Val de Loire afin d'intégrer des châteaux de Chenonceau et

d’Angers, ainsi que le pont-canal de Briare a fait l'objet d'un dossier qui a été présenté par l'Etat auprès des

instances de l'UNESCO pour décision.

Alors, je dois dire, qu'au terme de ce mandat, j’ai à vous avouer tout le plaisir, et tout l'intérêt que j'ai trouvés a

assurer cette présidence de la Mission Val de Loire pendant trois années. J'y ai réellement pris la mesure de tous

les enjeux attachés à la Loire et appris, qu'à son image, le sujet complexe et parfois tumultueux fait cohabiter

opinions et intérêts a priori divergents.

J'ai également beaucoup apprécié la qualité de l'équipe dirigée par Dominique TREMBLAY qui, dans sa diversité,

partage le même enthousiasme et la même passion pour la Loire. Non, la Loire n'est pas un long fleuve tranquille,

mais c'est ainsi que nous l'aimons. Elle nous appartient à tous, à tel point que nous tenons à poursuivre et

amplifier les démarches pour la protéger, la valoriser, durablement, au service de notre territoire, de ses habitants,

avec ses habitants.

Alors je dis simplement : M. Le Président de la Région Centre bonne navigation, bon vent, bonne Loire.

Merci M. le Maire d’Angers. Président BONNEAU puisque c'est la première rencontre du nouveauPrésident de la Mission Val de Loire avec les militants du Val de Loire, si vous voulez reprendre latribune et nous exprimer l'état d'esprit dans lequel vous prenez vos fonctions.

M. François BONNEAU :M. le Maire, M. le Préfet de Région Centre, M. le Préfet du Maine-et-Loire, Monsieur l'Ambassadeur, M. le Président

de la Région des Pays de la Loire, Mesdames et Messieurs les élus, responsables, passionnés et amis de la Loire,

c'est un grand honneur d'être aujourd'hui ici avec vous, en exerçant la responsabilité de Président de la Mission

après le mandat qui a été celui de notre ami Jean-Claude ANTONINI.

C'est pour moi à la fois évident et important. Evident d'être là parce que la Région Centre a été, vous le savez,

fortement impliquée dès l'origine dans la candidature du Val de Loire pour l'inscription UNESCO. Elle a été ensuite

très impliquée dans la valorisation de l’inscription avec la mise en place de la Mission Val de Loire.

C'est important aussi d'être là parce qu’en tant que Président de la Mission Val de Loire, je vois un lien évident

avec ma responsabilité de Président de Région. Je voudrais tout d'abord dire que ce qui s'est passé hier soir

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- lorsque mon collègue et ami Jacques AUXIETTE, Président de cette Région, et moi-même nous avons été portés

aux responsabilités de la Mission Val de Loire - est tout à fait significatif de l'importance que notre territoire et que

ma Région portent à la Loire, au Val de Loire, à l'inscription au patrimoine mondial et à l'action de la Mission.

C'est important de le dire, parce qu’à l'évidence, le travail qui a été fait jusqu'à maintenant a ouvert de grandes

voies - des voies justes, des voies du développement autour du Val de Loire, autour de l'inscription. Oui,

Jean-Claude ANTONINI a fait un travail remarquable avec les élus et avec son équipe. Un travail remarquable par

ce que je crois que nous savons tous que Jean-Claude ANTONINI c'est d'abord une volonté. C'est aussi - et dans

cette matière c'est important - la recherche d'un consensus autour de grands projets, ainsi qu’une conception

novatrice. C'est grâce à Jean-Claude ANTONINI que la dimension d'ouverture internationale - poussée et portée

notamment par Yves DAUGE - a pris corps et qu’en trois années beaucoup de chemin a été accompli.

Alors, oui, la responsabilité que je prends en présidant cette Mission, responsabilité que je prends avec Jacques

AUXIETTE, va bien évidemment articuler très fortement le chemin ouvert par la Mission Val de Loire et les

volontés que nous exprimons dans nos politiques régionales.

Je suis heureux de faire cela avec, j'en suis persuadé, le soutien de l'ensemble des acteurs de la Loire. Le Val de

Loire c'est un site vaste, vous le savez. C'est un territoire qui s'étend sur 280 Km et qui illustre absolument notre

volonté d'une interrégionalité entre la Région des Pays de la Loire et la Région Centre. C'est un projet qui unifie et

qui rassemble 800 km2. C’est un projet qui rassemble nos deux régions, quatre départements, 160 communes

et qui intéresse plus d’un million d'habitants. C'est un projet qui est à l'évidence un projet transversal puisqu'il

interpelle à la fois nos volontés d'ouverture internationale, nos projets culturels, nos projets économiques et

nos projets touristiques.

C'est un projet qui mérite à l'évidence que nos deux Régions s’engagent comme elles le font. Par rapport à l'avenir,

allons à l'essentiel, poursuivons et innovons. Aller à l’essentiel c'est d'abord renforcer la conscience collective

à travers la sensibilisation des habitants, l'éducation des plus jeunes - éducation à l'environnement, au paysage,

à la culture de la Loire qui est à la fois le présent et dans le passé.

C'est aussi, pour ce qui nous concerne, renforcer, valoriser l'ensemble des initiatives privées, publiques qui font

que les paysages de la Loire seront demain mieux connus et mieux perçus. C'est aussi un enjeu de développement

des programmes d'action qui ne prendront sens et qui ne seront efficaces que si véritablement ils sont concertés,

que si ces actions sont concrètes, que si globalement, en matière de protection et de mise en valeur du site, nous

arrivons à porter tout cela dans une perspective internationale d'échanges culturels économiques et scientifiques.

C'est aussi créer des plus-values culturelles et économiques. La Loire, le Val de Loire recèlent d'atouts majeurs

dans la compétition internationale entre les territoires, pour l'accueil et le développement d'activités économiques

et notamment des activités du futur.

Pour atteindre ces objectifs, quelques directions nous paraissent essentielles.

Tout d’abord le label patrimoine mondial. C’est un label pour un rayonnement mondial, et il nous faut - et nous

voulons - autour de cela communiquer. La conduite du projet de valorisation s’appuie sur un levier qui peut

s’avérer décisif. Le label Val de Loire patrimoine mondial a fait l’objet d’un dépôt de marque dont la gestion a été

confiée par l’État à la Mission Val de Loire.

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La communication de la Mission Val de Loire vise deux objectifs principaux : il s’agit d’une part de favoriser

l’appropriation de l’inscription par les ligériens. Le développement d’un fort sentiment d’appartenance à un

territoire d’exception qui implique des exigences nouvelles en termes de préservation et de valorisation est tout

à fait indispensable.

Il s’agit également de saisir cette opportunité de l’inscription pour enrichir l’image du Val de Loire, notamment à

l’international, et aller au-delà de l’image traditionnelle des châteaux de la Loire. Cela suppose évidemment

d’associer les principaux communicants du Val de Loire à l’élaboration d’une stratégie globale qui par nature

s’inscrit dans la durée.

Il s’agit également pour nous de préserver. C’est une vision patrimoniale nouvelle qu’il convient de porter.

Ces enjeux justifient une démarche globale de préservation des paysages à l’échelle du territoire inscrit. Préserver

ce n’est pas figer, ce n’est pas mettre « sous cloche », c’est avancer en étant conscient de la valeur qui nous a été

léguée par l’histoire. Mais c’est aussi éclairer les transformations par une exigence environnementale et un respect

de l’histoire qui à mon avis impose l’imagination et la marche en avant.

Nous devons également valoriser l’inscription UNESCO qui est un levier puissant qui peut être utilisé encore

davantage, nous en somme persuadés. C’est un levier dont l’effet dépasse largement les limites du site inscrit.

Il nous permet et nous permettra de travailler au renouvellement et à la qualification de l’offre touristique avec

des chantiers importants : des chantiers comme la Loire à vélo, la navigation de loisir, la mobilisation des grands

sites – châteaux et monuments -, le tourisme viticole.

Oui, nous avons beaucoup à faire et je voudrais, si vous le permettez, mentionner, en tant que Président de

Région, le travail que nous faisons, que nous engageons, autour du château de Chaumont, à la fois avec le festival

des jardins, mais aussi avec la prise en responsabilité par la Région Centre du château de Chaumont. Nous avons

la volonté de faire du château de Chaumont un lieu de création contemporaine qui fasse que les touristes et les

habitants de nos régions puissent, dans un même mouvement, ressentir la richesse de la Loire, de la création en

matière de paysage et de création contemporaine. Je crois que la Région Centre a directement illustré ses volontés

par son engagement fort dans le cadre de Chaumont.

Et nous devons également comprendre. Il nous faut développer, partager la connaissance. J’évoquais tout à

l’heure les jeunes générations qui sont à la fois les écoliers, les collégiens, lycéens, mais c’est également celles et

ceux qui, dans les universités, s’engagent dans le domaine de la recherche. Nous devons partager la connaissance,

la mise en réseau des acteurs, la mise en réseau de ceux qui portent véritablement les témoignages du passé et

ceux qui par leurs recherches apportent des éclairages pour l’avenir. C’est le passé tourné vers l’avenir :

il s’agit de comprendre cette articulation pour prendre nos responsabilités dans le présent.

Enfin, nous devons mobiliser - et c’est bien l’objet, c’est bien la finalité de la charte d’ engagement Val de Loire

patrimoine mondial qui a été signée le 25 novembre 2002 à Orléans par les principales collectivités territoriales du site.

C’est bien aussi, l’objectif de ces Rendez-vous qui permettent de nous enrichir de l’expérience des autres, de

partager les valeurs authenticité, d’intégrité.

C’est aussi, des rencontres qui nous permettent très humblement, au regard de la responsabilité qui est la nôtre

par rapport à la Loire, de nous interroger sur la manière dont nous pouvons exercer nos responsabilités publiques,

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associatives, pour être à la hauteur de l’inscription, à la hauteur de l’histoire, à la hauteur des enjeux

environnementaux et culturels.

Alors oui, la Mission Val de Loire n’est pas quelque chose « à côté », quelque chose qui constituerait une espèce

d’annexe aux politiques publiques : la Mission Val de Loire est au cœur des politiques publiques régionales. La

Mission Val de Loire est là pour éclairer, pour porter, pour accompagner les volontés d’interrégionalité, les volontés

communes des acteurs de la Loire et du Val de Loire. C’est dans ce cadre que nous assumerons, ensemble,

nos responsabilités pour porter plus loin le travail qui a été accompli par Jean-Claude ANTONINI ces trois

dernières années.

Merci de votre attention.

Merci Monsieur Le Président, vous l'avez rappelé, c’est l’effort conjoint de deux grandes Régionsqui doivent assurer le succès de cette entreprise, il est donc très logique que votre collègue lePrésident Jacques AUXIETTE, Président de la région des Pays de Loire nous apporte aussi l'évocation de l'effort conjoint qu'il assume dans cette mission.

M. Jacques AUXIETTEM. le Préfet de la Région Centre, M. le Préfet du département de Maine-et-Loire, M. le Maire d'Angers,

M. le Président de la région Centre, chers collègues, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs les élus

départementaux, régionaux et locaux, Mesdames et Messieurs les maires, quelques mots très rapidement après

les interventions de Jean-Claude ANTONINI et de mon collègue Président de la région Centre, nouveau

Président de la Mission.

Je voudrais à mon tour, saluer le travail qui a été fait par Jean-Claude ANTONINI, les élus des deux régions et le

personnel de la Mission au cours de ces trois dernières années.

Jean-Claude ANTONINI, à travers son propos tout à l'heure, a dressé rapidement un bilan de l'action et un état

des lieux et le nouveau Président, Président de la région Centre, vient à la fois de prendre acte de ce bilan et de

dresser quelques perspectives que nous confirmerons au cours des mois prochains.

Je voudrais simplement dire dans quel état d'esprit j'ai souhaité, en accord avec le Président de la région Centre,

nous impliquer encore plus en tant que Région dans la démarche qui vient d'être présentée. Ceci vient d'être

rappelé, la Mission a été créée en 2002 - 2002-2004 périodes d’installation de la Mission et 2004-2007 périodes

de consolidation dont nous venons de voir les principaux résultats.

Et puis, s'ouvre à partir d’hier soir une nouvelle étape dans le rôle et la place que doit jouer désormais la Mission.

Je la caractériserai - et notre implication, je crois, le démontre - étape d’intégration du rôle et de la place de la

Mission dans les politiques publiques, régionales et interrégionales. Je souhaite que, à la fois les élus de ma

Région et les services - et je crois que nous sommes en phase avec les propos du Président BONNEAU - puissent

mieux qu'ils ne l'ont fait jusqu'à maintenant intégrer cette réalité et cette chance que constitue l'inscription au

sein du patrimoine de l'humanité de la Loire et du Val de Loire.

Donc, première démarche, première volonté qui je crois est importante : cette démarche d'intégration.

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Réciproquement, il faut aussi que la Mission en tant que telle, non seulement poursuive le travail engagé et

préserve cette créativité qui doit être la sienne dans certain un nombre de domaines, mais – et je terminerai par cela –

prenne également en compte les politiques publiques régionales.

Quelques exemples : toute la partie environnementale fait partie des préoccupations des collectivités - pas seule-

ment des régions, mais aussi des départements et des communes qui sont présents et représentés ici.

Dans le domaine de l'économie et notamment de l'économie touristique, nous avons au sein des Régions et au

sein des collectivités, des politiques de développement.

Pour ce qui concerne la dimension universitaire, notamment autour de l'Institut des fleuves, nous avons là encore

les uns et les autres une démarche qui est souvent contractualisée avec l'État et prend en compte le développement

des recherches et des politiques universitaires.

Et puis, le dernier point qui a été soulevé et qui me semble tout à fait important, c'est cette dimension d'ouverture

internationale. Dans ce domaine encore, les collectivités dont la région, dont les régions, ont une politique de

développement à l'international.

Par conséquent, cette nouvelle étape d’intégration doit nous permettre d’amplifier et de concrétiser les réflexions

qui ont été développées au cours de ces trois années et de les intégrer tout à fait normalement dans les politiques

publiques régionales.

M. le Préfet de la région Centre, nous sommes bien évidemment conscients de la nécessité d'une relation étroite

avec l'État. C’est lui qui est responsable du label, même si la Mission a justement pour objet - et c'est une situation

originale - de faire en sorte que ce label puisse s'affirmer sur ce territoire. Nous souhaitons bien évidemment que

les relations avec l'État - au niveau des responsabilités qui sont les nôtres, mais aussi dans une démarche de

complémentarité sur le plan financier, notamment à travers le Plan Loire Grandeur Nature - puissent intégrer les

préoccupations qui sont celles des autres institutions qui se préoccupent de la Loire. Il s’agit de faire en sorte que

nous ayons une plus grande efficacité dans de nombreux domaines, y compris une efficacité dans l'utilisation des

fonds publics dont nous partageons la responsabilité dans un certain nombre de domaines.

Pour terminer, le Président BONNEAU a évoqué des sites prestigieux dont Chaumont, je terminerai par un autre

site, s’il le permet, pour équilibrer la vision des sites entre les deux régions. Nous nous sommes investis avec un

certain nombre de personnes présentes dans la salle autour de Fontevraud, propriété de l'État dont nous assumons

l'animation avec une équipe renouvelée au sein de l’association que je préside. Je souhaite également que

Fontevraud puisse être utilisée comme un lieu où la Loire est mise en scène.

Je souhaite donc que nous puissions, à partir du travail très important de consolidation qui a été fait au cours de

la période précédente, poursuivre les activités engagées en les intégrant complètement, à la fois dans les politiques

de nos régions, mais aussi dans celles des autres collectivités qui sont présentes sur ce grand espace, tout en les

liant, M. Préfet de région, avec les préoccupations et les compétences qui sont les vôtres dans le cadre,

notamment, de l'actuel contrat de projet.

Bonne journée à tous.

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Merci M. le Président, M. BERARD, M. le Préfet de la région Centre, vous avez vu l’attention queportent les Présidents des deux régions sur l’implication de l'État dans la Mission. Il vous revientmaintenant de conclure ces propos introductifs au titre de vos responsabilités de Préfet derégion Centre, coordonnateur du Plan Loire Grandeur Nature.

M. Jean-Michel BERARDMM. les Présidents de région, chers collègues, Jean-Claude VACHER, Monsieur l'Ambassadeur, vous m'autoriserez à

m’adresser d'abord à Jean-Claude ANTONINI qui nous accueille comme maire. Nos relations amicales maintenant

un peu anciennes, justifient, M. le maire, que je sois présent dans votre ville au moment où vous quittez une

responsabilité à laquelle chacun a pu vous sentir particulièrement attaché. C'est aussi pour moi l'occasion d'un

petit moment de nostalgie, vous savez combien Angers, que j’ai eu l’occasion de servir pendant un peu moins de

trois ans il y a quelques années, est restée chère à mon souvenir.

Je voudrais à cette occasion, comme les précédents orateurs et d'une manière qui n’aura rien de convenu, saluer

l'impulsion que vous avez donnée à la Mission à un moment où, une fois franchie la phase initiale, il convenait de

lui donner le cap. Je pense que l'équipe animée par M. TREMBLAY a répondu à notre attente collective.

Je voudrais dire aussi à François BONNEAU, maintenant que nous avons l'occasion de travailler de manière plus

étroite depuis quelques mois, que je me réjouis de le voir prendre les commandes du syndicat mixte.

J’ai bien relevé, M. Le Président de la région Centre, M. Le Président de la région des Pays de la Loire, que vous

aviez fait un choix important, à savoir que ce sont les patrons des deux exécutifs régionaux qui dorénavant se

retrouvent en charge du pilotage du syndicat mixte. J'ai bien senti également, à travers vos propos, que ce n'était

pas un choix uniquement symbolique, à tout le moins la marque de l'intérêt que vous portez à cette institution,

à sa démarche et puis votre souci d'en voir tirer le meilleur parti.

Je voudrais à cet égard vous dire que l'État sera, je crois, comme il l’a été d'ailleurs dans le passé, un partenaire

loyal et un partenaire constructif. Notamment j'avais eu l'occasion avec Jean-Claude ANTONINI et avec Agnès

THIBAL pour la région Centre, de tenir séance de travail à Fontevraud l'année dernière, de façon à refonder nos

relations et de manière à mieux assurer le pilotage de la Mission. Je crois que les dispositions concrètes qui ont

été arrêtées à cette occasion, notamment celle d'une présidence en collégialité avec les régions de la conférence

territoriale, sont de nature à organiser utilement notre coopération et nous veillerons à en tirer le meilleur parti.

Alors évidemment aujourd'hui nous sommes dans un contexte un peu particulier, celui des cinquièmes Rendez-

vous du Val de Loire. Je crois qu'il est bon de rappeler que ces rencontres constituent en fait le comité de

développement du montage originel et qu’il associe par là même société civile et valeurs de l'inscription dans

des échanges et des capitalisations d’expériences.

C'est donc à ce titre que je voudrais, mais brièvement, rappeler quelle est la responsabilité de l'État à l'égard de

l'institution et la manière dont il entend l’assumer.

Cela a été rappelé, le montage peut sembler complexe, mais l'État à une triple responsabilité.

D'abord c’est lui qui est le signataire de la Convention du patrimoine mondial autrement dit qui a participé

à la création du concept du patrimoine mondial pour les biens culturels et naturels d'une valeur exceptionnelle

universelle.

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C’est l'État qui propose l'inscription de nouveaux biens sur la Liste du patrimoine mondial qui sont aujourd'hui

pour ce qui nous concerne au nombre de 31.

Enfin, c'est sans doute le plus important dans ce qui nous occupe, c'est l'État qui est responsable vis-à-vis de

l'UNESCO de la conservation du bien et de la transmission aux générations futures du patrimoine ainsi constitué.

Il a donc juridiquement la responsabilité de la réussite et peut-être plus encore de l'éventuel échec.

Naturellement sur le fond c’est une responsabilité qui n'a de sens que parce qu'elle est partagée dans le cadre de

leurs compétences respectives avec les collectivités publiques du site du Val de Loire qui sont nos partenaires

pour le respect des termes de la Convention.

Alors, ce site est un peu particulier et je crois qu'il est opportun de le rappeler. Pour obtenir l'inscription l'État a

pris en compte ces spécificités, d'abord sa dimension géographique exceptionnelle et aussi ensuite sa nature de

paysage culturel vivant. Je voudrais insister sur ce point.

Cette spécificité justifie en elle-même le dispositif un peu complexe du syndicat mixte, de la conférence territoriale,

de nos rendez-vous du Val de Loire. Ce dispositif est destiné à assurer la cohérence des interventions publiques et

au moins autant à mobiliser tous les acteurs concernés par cette inscription.

Cette recherche de cohérence exige un partenariat confiant entre l'État et les collectivités territoriales et naturellement

au premier chef entre l'État et les régions - c'est la condition d'efficacité des politiques publiques que nous

devons conduire.

Et à cet égard, l’exemple de la gestion des paysages qui sera évoqué aujourd'hui est éloquent : il convient de

concilier voire de combiner l'information et la sensibilisation, la mise en œuvre d'outils réglementaires pour des

espaces sensibles, la préservation des qualités patrimoniales du site, mais tout en permettant l'évolution nécessaire

liée aux besoins d'infrastructures, de logements des populations.

C'est pour cela qu'il convient d'innover, pour imaginer, pour améliorer un cadre cohérent de l'action publique à

l'échelle du site inscrit et à cet égard je pense que la confrontation à laquelle la prochaine table ronde doit nous

inviter entre différentes expériences internationales est particulièrement bienvenue.

La Mission Val de Loire, dans la logique du concept même de patrimoine mondial, est donc légitime dans son

engagement dans des logiques de coopérations internationales et d'échanges avec d'autres sites inscrits.

Je crois néanmoins que pour en tirer parti, il importe que cette démarche s'articule avec celle plus globale de la

coopération décentralisée de l'ensemble des collectivités du Val de Loire, à commencer par les collectivités régionales.

En tout cas, l'État accompagne et continuera à accompagner cette ouverture internationale ; j’en veux pour

preuve la reconnaissance par le ministère des Affaires étrangères du projet d'échange entre la Loire, le Niger, le

Mékong présenté par la Mission au titre de l’Institut fleuves et patrimoine.

Alors cet engagement de l'État se concrétise sur le plan financier. L’État le fait, vous l'avez d'ailleurs rappelé, dans

le cadre de deux instruments dont il n'a pas le monopole, mais qu'il abonde et au pilotage desquels il participe :

le Plan Loire Grandeur Nature et le programme opérationnel FEDER Loire. S’agissant de ce dernier notamment au

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titre de ses volets thématiques, valorisation du patrimoine et développement durable et recherche, données,

information.

Alors bien sûr, l'aire géographique d'application de ces deux contractualisations est plus vaste que celle qui nous

préoccupe aujourd'hui. Il n'empêche que le Val de Loire patrimoine mondial est au cœur de cette aire géographique

et à ce titre a vocation à être concerné de manière tout à fait prioritaire.

Voilà donc pourquoi l'État est en mesure d'accompagner les initiatives du territoire, je devrais dire des territoires,

qui contribuent à la préservation et à la valorisation culturelle et patrimoniale de ce site inscrit.

J'étais présent ici, certains se le rappelleront sans doute, lorsque la première tentative d'inscription a connu

l'échec. Au-delà de la déception du moment qui a pu être surmontée par la passion, par la persévérance d'une

petite équipe - on a cité Yves DAUGE, je ne voudrais pas manquer de le faire – , cet épisode a été pour moi l'occasion

de mesurer à la fois l'exigence de la démarche et les espoirs qu'elle a pu susciter.

Alors aujourd'hui, que nous l'avons méritée, cette chance, cette responsabilité nous oblige et je souhaite que les

échanges d'aujourd'hui nous confortent dans cette conviction.

Merci.

Merci M. le Préfet, nous allons, présenter si vous le voulez bien, ce que va être l'activité de lajournée puisque ces rencontres ont toujours une volonté d'apporter un plus à la démarche de laMission Val de Loire. Il revient au directeur de la Mission, Dominique TREMBLAY, de nous dire cequi a inspiré l'architecture de ces cinquièmes Rendez-vous.

M. Dominique TREMBLAYJuste quelques mots très rapides pour que chacun comprenne bien pourquoi et comment les cinquième

Rendez-vous du Val de Loire ont été organisés et vont se dérouler.

D'abord les objectifs.

Le premier objectif est effectivement, comme à l'accoutumée, d’apporter un regard extérieur au travers de

témoignages sur la gestion d'autres sites européens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Ce regard

extérieur, cette ouverture, nous avons souhaité vous la présenter en référence aux quatre éléments constitutifs

des paysages culturels du Val de Loire : l’eau, la pierre, la vigne, le jardin. C'est pour cela que nous sommes allés

chercher des références sur le Danube pour l’eau, en Grèce pour la pierre, sur le Haut Douro pour la vigne et

auprès des jardins de Dessaü pour les jardins.

Et à chacun de ces responsables nous avons posé la question : comment fait-on pour faire vivre les valeurs du

patrimoine mondial ? Quels sont les plans de gestion qui ont été mis en place ?

Le second objectif, c'est faciliter l'échange, l’expression des acteurs, le repérage des innovations dans les champs

de préoccupations thématiques de l'inscription, à savoir le tourisme, la culture, la coopération internationale, et

bien sûr la gestion des paysages. Voilà pour les objectifs.

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La méthode : une matinée consacrée à l'international avec ces interventions de représentants d'autres sites sous

le regard d'un grand témoin, M. Jean MUSITELLI , qui présenta à deux reprises en tant qu'Ambassadeur de France

auprès de l’UNESCO, le dossier du Val de Loire devant le Comité du patrimoine mondial. Merci beaucoup,

M. MUSITELLI , d'être présent pour conclure cette matinée.

Après un moment de convivialité, c'est-à-dire le repas du midi, nous passerons cet après-midi à la deuxième

partie de la journée qui, cette fois, sera consacrée au Val de Loire, aux témoignages, aux activités, aux projets avec

l'intervention de 12 témoins dans le cadre de quatre ateliers. Ces ateliers seront également pour vous l'occasion

de vous exprimer, de poser des questions, d'exprimer vos réflexions et vos propositions.

Après ces travaux en atelier, nous aurons donc une restitution en séance plénière. Cette restitution sera assurée

par quatre universitaires de nos universités qui ont été citées tout à l'heure. Leur présence est significative et

montre l’importance de la connaissance de ces démarches.

Cette table ronde de restitution sera clôturée par Yves DAUGE, Président de la toute nouvelle association des sites

français du patrimoine mondial, et Isabelle LONGUET, secrétaire générale de la Convention France UNESCO.

Je voudrais simplement vous signaler que dans le hall du centre des congrès vous pouvez dialoguer avec le

responsable du site Internet de la Mission qui pourra vous présenter les services de ce site que je vous invite à

consulter (valdeloire.org). Je vous indique également que nous mettrons prochainement en ligne les éléments

de synthèse relatifs à cette journée.

Et donc enfin, au nom de toute l'équipe qui a préparé ces Rendez-vous, je remercie l'ensemble des intervenants

qui ont bien voulu répondre à notre invitation.

Je vous remercie pour votre présence qui constitue un signe fort de votre intérêt et je vous souhaite donc

une excellente journée.

Merci.

Merci Dominique, merci messieurs d’avoir bien voulu ouvrir cette journée, et sans perdre detemps je vais proposer aux participants de cette table ronde consacrée à la manière dont on faitvivre les valeurs du patrimoine mondial, de bien vouloir rejoindre la scène : Mme FUCHS, MmeBROUSKARI, M. SOOS, M. WEISS, Mme CORTEZ, et M. l'Ambassadeur MUSITELLI.

Vous l'avez entendu dans les propos que vient de nous tenir Dominique TREMBLAY, il s’agit defaire notre miel, permettez cette expression familière, d’un certain nombre d'expériences qui àtravers le monde peuvent enrichir la démarche d'inscription du Val de Loire au patrimoine mondial de l'humanité. Je vous présenterai au fur et à mesure de leur intervention des grandstémoins venus de Suisse, de Grèce, de Hongrie, du Portugal et d'Allemagne, ainsi que l’apportqui sera le leur.

Je voudrais tout d'abord saluer dans cette table ronde la présence de l'Ambassadeur Jean MUSITELLI qui a été celui qui a défendu, au nom de la France, l'inscription du Val de Loire

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au patrimoine mondial à l’occasion de deux réunions du Comité, la première à Marrakech et laseconde à Cairns.

Alors, M. l'Ambassadeur, vous partagez avec Yves DAUGE la paternité de cette entreprise et decette réussite. C’est la première fois que vous nous rejoignez, je crois, pour les Rendez-vous duVal de Loire. Il va être intéressant pour vous de voir la maturité qu'a prise cette initiative. Définirun paysage culturel vivant, c'était quand même présenter un concept très élaboré qui pouvaitposer un certain nombre d'interrogations, de doutes ou alors d'inquiétudes.

M. Jean MUSITELLIJe vous remercie. Je voudrais dire d'abord tout le plaisir que j'ai à être ici et je veux remercier les organisateurs qui

ont songé à m'inviter. Pour moi c'est un petit peu un retour aux sources ; ça me ramène à sept ou huit ans en

arrière dans le sens que vous avez évoqué et revenir ici en 2007 après avoir connu ce qui a été le cheminement

de l'inscription du site et voir à quel point cette entreprise aboutit au résultat que l'on peut constater, c'est

vraiment un très grand réconfort et une grande fierté en ce qui me concerne.

Je suis vraiment très impressionné de voir à quel point la mobilisation des élus à travers les deux Présidents

de région, et de l'État, à travers ses représentants, témoigne que la bataille que nous avons menée valait

évidemment la peine d'être menée.

Alors, en ce qui me concerne vous parlez de paternité, c’est abusif. Yves DAUGE, en effet, en a été la cheville

ouvrière ; plus que cela « le deus ex machina » de cette entreprise.

C'est un projet extrêmement ambitieux, un projet comme on n'en avait sans doute jamais présenté à l'UNESCO -

en tout cas jamais présenté par la France. Parce que, vous l'avez signalé, c’était une façon d'essayer de renouveler

la conception du patrimoine mondial, de sortir de ce qu’avait été la pratique depuis l’origine de la mise en œuvre

de la convention de 1972 : axer essentiellement les inscriptions sur le patrimoine monumental, traditionnel, des

monuments isolés, de la pierre, des cathédrales gothiques, des temples grecs, des palais de la Renaissance.

Et il s'est avéré, notamment au début des années 90, que la façon dont était mise en œuvre la Convention du

patrimoine mondial aboutissait très largement à surreprésenter le patrimoine européen et créait une sorte de

climat de frustration de la part d'un très grand nombre de pays, notamment des pays en développement, des

pays du Sud qui avaient du mal à entrer dans ces catégories.

Et l'idée de mettre en avant cette notion de paysage culturel, c'est-à-dire d'un patrimoine qui témoigne de

l'interaction entre l'activité de l'homme et la nature, telle que prévue par la Convention, cette idée-là avait aussi

pour but d'essayer d'élargir les possibilités d'inscription.

J'étais vraiment très heureux que la France prenne une initiative de ce type, précisément pour ouvrir de plus

larges perspectives à des pays qui disposaient d'un patrimoine moins classique, moins important.

Ceci a suscité une certaine perplexité dans les instances du patrimoine mondial, tant le projet était nouveau.

Nouveau à la fois par son extension et par son caractère de paysage vivant, intégrant à la fois un patrimoine

historique d’une richesse fabuleuse comme les châteaux de la Loire et toute l'histoire qui y est liée, mais aussi

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un patrimoine vivant et surtout un patrimoine naturel. L'idée de prendre un fleuve comme fil directeur de cette

activité humaine est créateur d'un patrimoine extrêmement spécifique, original.

Alors, c'est ce qui explique sans doute que le Préfet de la Région Centre a fait allusion tout à l'heure au fait que

nous ayons dû nous y reprendre à deux fois pour cette inscription. C'est vrai que lors de la première réunion,

j’avais la charge d'accompagner ce projet. Il y a toute une procédure à respecter : le projet avait été examiné au

cours de diverses réunions, notamment du bureau du patrimoine mondial. On nous avait fait un certain nombre

de remarques notamment sur la gestion, la nécessité d'avoir un mode de gestion unitaire d'un site qui chevauchait

allègrement toutes les circonscriptions administratives et nous l'avions pris en compte.

Et donc nous sommes arrivés à la réunion du Comité du patrimoine mondial de Marrakech en 1999, où je

dirigeais la délégation française, pratiquement avec tous les clignotants au vert et tranquilles quant à l'accueil qui

devait être réservé au projet puisqu’il avait été, à tous les niveaux de la phase d’instruction, complètement

analysé. Et puis - mais ce sont les surprises de réunions internationales -, au moment de l'examen du dossier,

des représentants de quelques Etats se sont émus de la présence dans le périmètre du site d'une centrale

nucléaire, celle de Saint-Laurent des eaux.

A partir du moment où ce mot a été prononcé - « centrale nucléaire » - une espèce d’émoi, de trouble, s'est

emparé de la salle. Evidemment, les personnes qui avaient relevé ce fait n’avaient pas pris soin auparavant de

regarder le dossier et de noter le fait qu'il avait été instruit et visité dans tous les sens. Certains ont dit :

« Mais la France essaie de dissimuler le fait qu’il y a une centrale nucléaire sur le site ! ».

Nous sommes tombés des nues et ça a abouti à des discussions extrêmement passionnées au cours desquelles

j'ai été amené à donner un certain nombre d'explications et à demander en quoi la présence d'un symbole de la

modernité comme l’était une centrale nucléaire, était incompatible avec les critères du patrimoine mondial

– il s’agissait en l’occurrence de distinguer un paysage culturel et l'interactivité entre l’activité de l'homme et celle

de la nature. Personne n'était capable d'argumenter sur ce point.

Tout cela s'est terminé par un vote où il s'en est fallu d'une voix que nous n’obtenions la majorité des deux tiers

nécessaires, mais j'ai tout de même obtenu que le dossier ne soit pas ajourné complètement et que son examen

soit différé à la réunion suivante du Comité du patrimoine mondial, l'année suivante. Dès mon retour à Paris, la

mobilisation s'est faite et je dois dire que j'étais vraiment stupéfait de voir à quel point - le Préfet BERARD y faisait

allusion tout à l'heure-, cet échec provisoire a cristallisé et catalysé véritablement les énergies. Elus, représentants

de l'État, associations, universitaires, toutes sensibilités politiques confondues, tous ont contribué à créer ce

magnifique mouvement qui nous a permis d’obtenir une l’inscription au Comité suivant, à Cairns, en 2000.

Je voudrais juste, et j'en termine, je voudrais rendre hommage à deux personnes dans cette bataille :

à Yves DAUGE bien entendu auquel me lie une vieille complicité, mais également au Préfet MAGNE qui était

Préfet de la région Centre et qui, avec beaucoup d'intelligence, de subtilité et de ténacité, a su mobiliser les

énergies. Je remercie également Alain MARAIS qui a été le premier responsable de la Mission Val de Loire et

l’animateur infatigable de cette intervention.

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Alors, j'espère qu'au cours de cette journée vous pourrez mesurer cette forme de militance territoriale que l'inscription a permis et qui prend peut-être beaucoup de sens dans une époqueoù on réfléchit énormément sur le passage au développement durable, mais on y reviendrapeut-être un peu dans la conclusion de cette matinée.

Dans la première génération des inscriptions au patrimoine de l'humanité, il y avait une volontéde préserver des sites exemplaires de la civilisation mondiale.Quand on est dans un patrimoine culturel vivant, il faut faire plus que préserver : il faut gérer les évolutions.

Nous allons d'abord nous arrêter sur cette idée de plan de gestion et je crois que maintenant, onparle plutôt de systèmes de gestion. Il faut remettre nos concepts au goût du jour et pour celanous allons avoir une contribution tout à fait importante, celle de Céline FUCHS, expert associé àla section Europe et Amérique du Nord au Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle vanous dire exactement de quoi il s'agit et puis nous examinerons ensuite des pratiques vivantessur un certain nombre de territoires.

Mme Céline FUCHSMesdames et Messieurs, au nom du Directeur du Centre du patrimoine mondial, M. Francesco BANDARIN, je

voudrais remercier les responsables de la Mission Val de Loire, les autorités locales et régionales pour leur

invitation et surtout pour leur initiative répétée de réunir année après année l'ensemble des acteurs du Val de

Loire autour de la notion de patrimoine mondial.

Ma présentation va essayer de donner un cadre général à la notion de Convention du patrimoine mondial

et puis définir ce que l'on entend par plan de gestion ou système de gestion.

Alors, peut-être un petit résumé de ce qu'est la Convention du patrimoine mondial. Elle a été adoptée en 1972

par la conférence générale de l'UNESCO et l'intérêt de cette convention est qu’elle rassemble à la fois les notions

de patrimoine culturel et patrimoine naturel. A l'heure actuelle, c'est une convention qui est très bien représentée :

plus de 184 Etats parties l'ont ratifiée.

Actuellement, la Liste du patrimoine mondial est en quelque sorte victime de son succès : nous avons en effet

851 biens inscrits dont 660 biens culturels, 166 biens naturels et 25 biens mixtes. Pour la région Europe et

Amérique du Nord - le découpage territorial fait que l'Europe est associée à l’Amérique du Nord -, nous avons

423 sites inscrits ce qui représente à peu près 50 % de l'ensemble des sites inscrits actuellement, avec une

majorité de biens culturels.

Cette situation s'explique notamment parce que beaucoup de sites qui ont été inscrits au début de la

Convention. Par exemple, en 1978 sept sites sur 12 étaient européens, 25 sur 45 en 1979 et par la suite l'Europe a

toujours été très présente en inscrivant de manière assez traditionnelle des monuments comme les églises et

temples, etc...

Ce qu'il faut peut-être relever pour la région Europe, c’est que nous sommes confrontés à plusieurs défis, notamment

celui du renforcement des capacités. Nous avons énormément de sites inscrits et donc potentiellement

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énormément d'acteurs, de personnes impliquées dans cette notion de patrimoine mondial.

Il est donc fondamental d'assurer au niveau des gestionnaires de sites une formation, un suivi sur la notion de

patrimoine mondial, la valeur, la défense des valeurs exceptionnelles universelles.

Cette démarche se complète notamment avec la diffusion de modèles de bonnes pratiques. Nous avons toute

une série de manuels de formation que nous réalisons en partenariat avec nos organes consultatifs qui sont

l’ICOMOS et l’IUCN - par exemple le projet de manuel pour les plans de gestion à destination des sites naturels ;

celui pour les sites culturels est encore en cours d’élaboration. C’est essentiel de donner des outils pour répondre

à la question « qu'est-ce qu'un site du patrimoine mondial aujourd'hui ? ».

Pour en revenir à la notion de gestion, on voit que c'est un concept qui a évolué dans le temps. Au début de la

Convention, on a inscrit énormément de sites, mais sans vraiment avoir de réflexion spécifique. Certes on inscrit

pour les générations futures, mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Et pour l'Europe, c'est d'autant plus intéressant que nous avons une diversité extrême en matière de biens inscrits :

nous avons des villes, des centres historiques, mais aussi des parcs nationaux, des bâtiments très spécifiques à

vocation religieuse ou bien des paysages culturels.

La réponse en termes de gestion doit naturellement s'adapter. Ce qui est essentiel et que j'aimerais relever c’est

que la gestion est un élément complémentaire de la protection. Les deux notions vont de pair parce qu'elles sont

complémentaires pour assurer la préservation de la valeur universelle exceptionnelle et assurer aussi l'intégrité et

l'authenticité du site pour les générations futures.

Une candidature à la Liste du patrimoine mondial doit bien sûr identifier les valeurs exceptionnelles universelles

d'un bien, mais aussi délimiter le bien dans l'espace avec des limites clairement définies (avec souvent une zone

centrale et une zone tampon qui sont deux éléments complémentaires). Au-delà de ces limites, il faut être clair

sur les cadres législatifs en vigueur et sur le système de gestion qui permettent d'assurer que ces valeurs soient

préservées pour les générations futures . J’insiste sur le fait, bien sûr, qu’il ne peut pas y avoir de gestion s’il n’y a

pas de système participatif. Une nomination est certes présentée par un État partie, qui en assume la responsabilité,

mais que devient-elle sans soutien au niveau local ?

Quelques outils pour un plan de gestion ou un système de gestion : il faut prendre en compte, je dirais, quatre

grands éléments qui sont :

L'administration : chaque site a une structure administrative et législative spécifique. Il s'agit donc pour

chaque site de réussir à intégrer un plan de gestion ou un système de gestion propre au patrimoine mondial

dans les systèmes existants et de développer des interactions entre ces différents organismes.

L'aspect financier : il y a tout un système à mettre en place et à développer. Par exemple mettre en place

une Mission Val de Loire, cela demande une réflexion en termes de personnel, d'organisation...

La notion de conservation : il faut pouvoir répondre à des problèmes spécifiques et cela nécessite aussi

du personnel compétent en la matière.

Et bien sûr ce qui est essentiel ce sont les notions de communauté et de sensibilisation. Je l'ai déjà dit,

mais je le répète : c'est essentiel d'avoir le soutien et la compréhension du concept de patrimoine mondial par le

grand public et les gens qui vivent à l'intérieur du site. J’ai utilisé le terme de comprendre pour protéger, mais je

crois que c'est vraiment la base du succès d'un plan de gestion ou d'un système de gestion.

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Je vais brièvement vous montrer différents plans de gestion qui existent. Nous avons une diversité de sites inscrits

sur la Liste du patrimoine mondial qui se reflète à travers des réponses tout aussi diverses. Il existe des plans de

gestion pour des sites historiques, des villes, pour les biens naturels, pour les paysages culturels et pour les biens

transfrontaliers - pour lesquels nous avons la difficulté supplémentaire de devoir coordonner deux systèmes

législatifs nationaux différents.

Je vais brièvement vous parler du rapport périodique, analyse faite par le Centre du patrimoine mondial auprès

de l'ensemble des sites inscrits, pour dresser un bilan après plus de 30 ans d’existence de la Convention.

Ce qui apparaît par rapport à la notion de gestion, c’est que plus de 60 % des gestionnaires de sites considèrent

qu’il y a des améliorations à faire au niveau de la gestion - soit le plan de gestion existe mais n’a pas de réelle

emprise ou de réel fonctionnement, soit il n’existe pas.

Il y a donc un vrai besoin de réfléchir et d'améliorer les plans de gestion ou les systèmes de gestion et de réunir

l'ensemble des acteurs autour de la préservation des valeurs exceptionnelles universelles.

Brièvement, quelques conclusions : la mauvaise compréhension de la notion de patrimoine mondial. C’est vrai

que c’est quelque chose de complexe et des journées comme celle-ci doivent permettre de s’exprimer,

d’expliquer et de discuter de la notion de patrimoine mondial.

Il y a aussi des questions sur la gestion touristique. En Europe, plus de 75 % des sites ont une vocation touristique,

il y a donc un vrai besoin de conduire une réflexion spécifique sur la façon dont on peut valoriser un site, mais

aussi gérer le tourisme qui pourrait découler de l'inscription.

J'aimerais terminer ma présentation en rattachant la notion de plan de gestion ou de systèmes de gestion à la

déclaration de valeur exceptionnelle universelle.

C'est un nouveau principe qui est demandé pour toute nouvelle nomination : il faut désormais produire une sorte

de déclaration, les terme de références pour lesquels un site est inscrit - les critères, ses valeurs en termes d'intégrité

et d'authenticité, les mesures de gestion en vigueur pour assurer l'évolution, la dynamique du site.

En fait, ce texte devrait être la base du plan ou du système de gestion : l’identification des valeurs pour lesquelles

le territoire a été inscrit et surtout des valeurs dans lesquelles les gens se reconnaissent, c'est-à-dire pour lesquelles

ils sont prêts à défendre et à assurer le maintien de la protection du site pour les générations futures.

En conclusion, j’aimerais faire passer le message qu’un plan de gestion, ce n'est pas une contrainte, un instrument,

un document de plus, qui va empêcher le développement d'une région ou d'un site, mais bien une opportunité

pour que l'ensemble des acteurs réfléchisse sur les valeurs d'un site qui méritent d'être défendues, et collabore

pour assurer l'évolution positive d'une région.

Je vous remercie.

Merci Mme FUCHS.

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