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Nous ne serons plus jamais seuls Un film de Yann Gonzalez Produit par Cécile Vacheret Sedna films sEDNA FILMS – Tél : +33 (0)1 43 72 06 80 Fax: 33 (0)1 48 78 47 79 20 Quai de Loire -- 75 019 PARIS- sednafi[email protected] SARL au capital de 45 000 Euros – RCS PARIS B 453 428 435 – Code APE 922B

Sedna films - Clermont ISFF · My Bloody Valentine fut le chef de file. La musique joue d’ailleurs un rôle essentiel dans ce film, et sera connectée de manière viscérale aux

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Nous ne serons plus jamais seuls

Un film de Yann Gonzalez

Produit par Cécile Vacheret

Sedna films

sEDNA FILMS – Tél : +33 (0)1 43 72 06 80 Fax: 33 (0)1 48 78 47 7920 Quai de Loire -- 75 019 PARIS- [email protected]

SARL au capital de 45 000 Euros – RCS PARIS B 453 428 435 – Code APE 922B

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Synopsis

Une fête, la nuit. Des adolescents dansent et s’aiment comme si c’était la première et la

dernière fois.

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1/ Entrepôt désaffecté / Intérieur Nuit

Une musique bruyante, mais comme lointaine, enveloppée dans une sorte de coton sonore.

Les détails d’une fête, des lambeaux de visages : une bouche ouverte qui semble hurler, la

main crispée d’un garçon qui témoigne d’une danse nerveuse, les paupières fermées d’un

autre garçon, une bouteille de vodka bue à même le goulot par une fille, les pieds d’une autre

fille en train de danser, une cigarette brûlée contre un bras et deux rangées de dents qui

s’entrechoquent, les paupières du garçon qui commencent à s’ouvrir, la bouche d’une fille qui

rit, les paupières du garçon qui continuent de s’ouvrir et laissent apparaître ses yeux retournés,

la bouche de la fille qui rit de plus belle, les yeux du garçon qui reviennent à la normale, son

sourire.

Puis, la situation et les personnages deviennent plus lisibles, les plans plus larges, la musique

plus mélodique.

On distingue mieux le décor de la fête : un entrepôt à l’abandon, tagué et seulement meublé

de deux ou trois vieux canapés défoncés, d’une chaîne hi-fi et d’une table recouverte de

bouteilles d’alcool et de jus de fruits. Par terre, des cadavres de bouteilles et des cigarettes

écrasées.

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Ils sont une petite vingtaine d’adolescents, entre 15 et 17 ans, autant de filles que de garçons.

Quelques-uns sont assis sur les canapés, certains sont endormis, mais la plupart d’entre eux

dansent, avec toute la frénésie propre à leur âge. Ils forment un évident cercle d’amitié, on

sent qu’ils se connaissent bien, qu’il n’y a entre eux ni gêne ni pudeur. Ils sautent par terre,

suent, boivent, jouent à se bousculer, se prennent dans les bras, rient beaucoup.

Au cœur du petit groupe de danseurs, on remarque Sacha et Betty, un garçon et une fille qui,

tout en dansant, se regardent avec une intensité toute particulière.

La musique bat son plein : les corps se heurtent, certains garçons se jettent sur d’autres, les

corps tombent à terre, les filles rient et se cognent elles aussi. Filmés au ralenti, les

mouvements des adolescents sont décomposés à l’extrême, comme suspendus dans l’espace,

certains donnent l’impression de flotter ou encore d’être figés dans un mouvement de fureur

et d’extase mélangés.

Parmi les graffitis, on aperçoit des mots et phrases tels que : « Feu ! feu ! », « Ne jamais

crever », « Maintenant, le monde peut se dissoudre »… Autant d’inscriptions qui, filmées en

gros plan, viendront ponctuer la danse et le reste des images comme des cartons de cinéma

muet.

Tout en poursuivant leur danse, les adolescents se rapprochent les uns des autres et font mine

de se dévorer : ils se mordent le cou, les bras, se lèchent le visage comme des chiens fous, se

roulent par terre.

Au sol, une des filles rit de manière convulsive, elle est secouée par des spasmes si violents

qu’elle retombe à terre chaque fois qu’elle tente de se relever.

Partout et sur tous les visages, on peut lire les désirs exacerbés et la joie, parfois jusqu’aux

larmes.

Dans un coin, en-dehors du cercle des danseurs, Sacha et Betty se rapprochent et s’embrassent

avec passion. Ils se regardent et s’embrassent de nouveau.

Près d’eux, le reste du groupe continue de danser, de boire, de rire…

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Sacha interrompt son baiser. Il recule un peu sans cesser de regarder Betty. Leurs yeux

brillent d’émotion. Sacha sourit à Betty. Son visage est lumineux. Il ferme les yeux, il a l’air

extrêmement heureux et pendant un bref instant, il disparaît progressivement, s’efface de

l’image (à l’aide d’un trucage de surimpression). Le visage de Betty montre des signes

d’épouvante. Devant elle, il n’y a plus personne.

L’entrepôt est soudain plongé dans le noir pendant quelques fractions de seconde. Lorsque la

lumière revient, Sacha a réapparu.

Betty se précipite dans ses bras.

Le reste du groupe continue de danser, comme si rien ne s’était passé.

Fondu au noir.

2 / Entrepôt désaffecté / Intérieur Nuit

Plus tard.

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Une fille très ivre, Anna, danse toute seule au milieu de la pièce, une bouteille de whisky à la

main.

Le groupe de danseurs s’est sensiblement réduit, et les adolescents ne sont plus que six ou

sept sur la piste. Parmi eux, Sacha et Betty enlacés.

Sur le canapé, les corps avachis ou assoupis du reste du groupe.

La caméra se rapproche du visage d’Anna, la fille qui danse toute seule. Elle est très belle,

mais son visage commence à se déformer, comme en proie à une angoisse extrême. Elle ouvre

la bouche pour hurler, ses yeux sont exorbités.

Deux garçons, Ivan et Nassim, se lèvent du canapé et s’approchent d’elle, tentent de la

rassurer. Sacha et Betty les imitent.

Le visage congestionné et en larmes d’Anna.

2 / Zone industrielle / Ext. Nuit, puis aube

La bande-son est désormais silencieuse, à l’exception d’un bruit de fond qui pourrait être celui

d’une usine en activité.

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Le petit groupe de cinq adolescents (Sacha, Betty, Anna, Nassim et Ivan) marche dans la nuit.

Autour d’eux, un paysage de banlieue ou de ville industrielle. Les rues désertes donnent sur

des friches et usines à l’inquiétante beauté nocturne.

Ivan et Nassim soutiennent Anna. Sacha et Betty sont juste derrière eux, main dans la main.

Le visage d’Anna semble apaisé, serein.

Le groupe poursuit sa marche en silence. Malgré leur fatigue et leur gueule de bois, ils

affichent un visage radieux et sont tous comme en apesanteur, dans la plénitude du moment

présent.

Ils marchent longuement, traversent des paysages de ruine et de fumée, comme s’ils foulaient

les vestiges d’un monde ancien.

On entend les premières nappes synthétiques d’une musique douce et mélancolique.

Soudain, ils s’arrêtent tous les cinq, sans raison apparente. Ils se rapprochent, se collent et se

serrent, les têtes des uns sur les épaules des autres.

Face à eux, le soleil est sur le point de se lever.

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Sacha a l’air particulièrement ému.

Nassim est lui aussi au bord des larmes.

Betty regarde Sacha tendrement et lui caresse les cheveux.

Nassim prend les mains d’Anna et de Sacha.

Anna embrasse Nassim sur la joue et se détache du petit groupe. Elle marche lentement en

direction du soleil. Gros plan sur sa main tendue vers le soleil qui commence à se lever.

La lumière du soleil éclate sur le visage des cinq adolescents, jusqu’à faire disparaître leurs

silhouettes, comme dans un ultime fondu au blanc.

Fin

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Note d’intention du réalisateur

Ce film est né d’une proposition d’un ami cinéaste, Cheng-Chui Kuo, qui, il y a

quelques mois, a demandé à cinq auteurs de participer à une collection de courts métrages

tournés en Super-8 Noir et Blanc et ayant pour thème « Le Désir ». Cette commande est pour

moi l’occasion de chercher, d’explorer d’autres sentiers, ce qui ne remet pas en cause pour

autant mon attachement personnel à ce court métrage.

Mes courts précédents ont souvent traité de l’adolescence, mais avec un regard adulte, distant,

comme si celle-ci ne pouvait être regardée qu’avec la nostalgie et les regrets de ceux qui l’ont

définitivement perdue. Nous ne serons plus jamais seuls est, a contrario, une tentative

d’immersion dans la psyché adolescente et dans son imagerie : à travers la danse, saisir les

gestes, la rage, l’extase et la fureur propres à mes personnages.

À Nantes, où se déroulera le tournage, nous avons d’ores et déjà choisi une vingtaine

d’adolescents parmi plus de 150 postulants. Je souhaite travailler sur place et très en amont

avec la petite bande, afin qu’ils apprennent à se connaître et que nous réinventions tous

ensemble les mouvements dansés, les attitudes et les situations du futur film avec l’aide de ma

première assistante mise en scène, Nadège Catenacci, danseuse de formation. Celle-ci sera là

pour aider les acteurs à se préparer, à s’échauffer avant le tournage, mais la danse ne sera pas

réellement chorégraphiée, plutôt organisée de manière à capter au mieux les énergies

spontanées de chacun. Le tournage se déroulera en deux temps : d’abord un tournage relâché,

où nous recréerons une ambiance de fête tout en laissant les jeunes acteurs libres de leurs

gestes, avec une caméra prête à capter leur improvisation ; puis, une deuxième session où le

travail sera davantage encadré, plus méticuleux (notamment sur les plans de détails, les

ralentis et les moments narratifs). J’aimerais que Nous ne serons plus jamais seuls ressemble à

la fois à une fiction et à un documentaire sur la fiction en train de se faire.

Le Super-8, de par ses caractéristiques, m’a tout de suite donné envie de réaliser un film muet

et de travailler particulièrement sur l’aspect plastique du projet. Nous ne serons plus jamais

seuls représente une nouvelle expérience de cinéma pour moi, puisqu’il me permettra, pour la

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première fois, de m’attaquer à un vrai « film de montage », formellement plus éclaté, sans

doute moins sous contrôle que mes précédents. D’où ce scénario bref, qui est davantage une

sorte d’ébauche, un récit ouvert et perméable aux personnalités et aux propositions des jeunes

comédiens amateurs qui interprèteront le film.

Le format Super-8 Noir et Blanc m’évoque un retour au cinéma des origines. Avec son grain,

son noir charbonneux, il est pour moi irrémédiablement du côté du passé, de la nostalgie.

Pourtant, c’est la jeunesse d’aujourd’hui que j’ai envie de filmer, dans toute la diversité de ses

corps, de ses cultures, de ses tempéraments. Même si je sais qu’au fond, à travers eux et dans

les ténèbres du Noir et Blanc, ce sont les souvenirs enfouis de ma propre adolescence que je

retrouve un peu. La bande sonore du film semble elle aussi surgir d’un ailleurs lointain et

travaille sur ce même principe de palimpseste temporel : le morceau très contemporain

(« Come see » du groupe Belong) que je souhaite utiliser pendant la séquence de danse est

une actualisation du « shoegaze », mouvement musical né à la toute fin des années 80 et dont

My Bloody Valentine fut le chef de file. La musique joue d’ailleurs un rôle essentiel dans ce

film, et sera connectée de manière viscérale aux adolescents, à leurs gestes, à leurs regards.

Nous ne serons plus jamais seuls tente d’épouser, d’un point de vue plastique, les sensations

et les émotions de mes personnages :

-La rage, la pure dépense d’énergie à travers un début très syncopé, fragmenté, et constitué

uniquement de gros plans, de détails, dont certains seront traités sur le mode du flicker

(plusieurs motifs sont alternés et répétés très rapidement, créant ainsi un clignotement de

l’image).

-La joie et le désir à travers des ralentis dilatant et magnifiant les mouvements des

adolescents, qui donnent ainsi l’impression de flotter dans le cadre.

-La plénitude amoureuse : lorsque Sacha disparaît par un simple trucage de surimpression, on

peut penser qu’il est submergé par sa propre extase, transporté dans un au-delà de la matière

et du corps.

Je ne souhaite pas pour autant négliger la narration de ce projet, et bien que le trajet du film

soit très simple, les adolescents, ici, ne sont pas seulement des figures, mais des personnages à

part entière. Après le chaos de la première partie, le film devient plus doux, plus inquiétant

aussi, tandis que cinq membres du groupe prennent davantage d’ampleur. La dernière

séquence en extérieurs soulève d’ailleurs un certain nombre de questions, et ce qui jusqu’ici

ressemblait à la simple évocation d’une fête devient plus trouble : qui sont vraiment ces

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adolescents ? Où se trouvent-ils ? Sont-ils condamnés à court terme ? Ce lever de soleil

marque-t-il la fin du monde ? Autour du petit groupe, les signes d’une civilisation déchue

viennent faire écho aux graffitis violents de l’entrepôt. Mais pour moi, cette piste

apocalyptique doit rester ouverte, en pointillés, comme une interprétation possible mais pas

forcément avérée : et si cette hypothèse, au fond, n’était qu’un excès adolescent de plus ? En

prenant conscience que la nuit qu’ils viennent de passer était la plus belle de leur vie et qu’ils

n’éprouveront jamais plus de sentiments aussi exacerbés, mes personnages font peut-être tout

simplement ici l’apprentissage de la mélancolie.

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Une partie du casting

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Citation de presse autour des films de Yann Gonzalez

BY THE KISS

By the Kiss se compose d'un seul plan fixe [...] attaqué, cinq minutes durant, par le

déséquilibre, [...] une expérience sensorielle se doublant d'une réflexion sur le cadrage et le

hors-champ. »Stéphane Khan, BREF, 2006

ENTRACTE

Entracte ou « deux amoureux imaginaires tentent de solder la terreur de vieillir dans undispositif de petit théâtre à la fois pop et brechtien. »Jean-Marc Lalanne, Les Inrockuptibles, 2008

«Dans la continuité de son magnifique premier court, Entracte prend l'exact contre-pied de lareprésentation contemporaine du sexe. [...] Entracte est un condensé de circonvolutions dudésir inquiet mais absolu, à l'âge des possibles. [...] Un cinéaste entier est en train de naître. »Donald James, BREF, 2008

« Entracte se présente comme un film à faire sur une jeunesse défaite. […] Yann Gonzalezmêle des souvenirs de la Nouvelle Vague, de la pop et du rock bruyant, et trois corpssinguliers. »Emmanuel Burdeau, Les Cahiers du Cinéma, 2008

JE VOUS HAIS PETITES FILLES

Je vous hais petites filles est "[...] d'une très grande beauté dans ses propositions de cinéma etcoulé dans une attrayante matière post-punk [...]."Julien Gester, Les Inrockuptibles, 2008.

Dans Je vous hais petites filles, « Du premier plan jusqu'au dernier, l'image-artifice [...]gouvernent le film. Il faut voir comment Gonzalez revisite et détourne le tableau L'origine dumonde de Courbet. [...] Ce troisième film est le meilleur du cinéaste, plus dense, plus abouti. »Donald James, BREF, 2009

« Avec Je vous hais petites filles, […] par-delà la diversité des registres, un même désir :fondre réalisme et visions, le lucide et l'extralucide ; faire prévaloir un principe d'intensité. »Hervé Aubron, Les Cahiers du Cinéma, 2009

« De l’audace, un poil d’insolence, des plans travaillés et de toute beauté qui s’allient avec unton décalé et décomplexé. »Paperblog.fr

LES ASTRES NOIRS

« Dans Les Astre Noirs, le décor en carton est l'écrin d'un monde beau et onirique, lesdialogues sonnent comme des alexandrins et la jeunesse se consume de lassitude. »Marjolaine Jarry, Télé Obs, 2009

Avec Les Astres Noirs, « Plongé dans un univers visuel criblé de références à Cocteau, lespectateur se perd dans une jolie poésie de la destruction. »Jérôme Ivanichtchenko, Télé Poche, 2009

« […] Des dialogues d'une rare intensité et une interprétation tragique. »Stéphane Delorme, Les Cahiers du Cinéma, 2010.