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SEMAINE DES ÎLES MALOUINES Paris, du 20 au 24 octobre 2014 Esmeralda 1212, piso 10, Ciudad de Buenos Aires (C1007ABR) Tel: +54 11 4819 7212 | www.cancilleria.gov.ar | [email protected]

Semanine Des Iles Malouines

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  • SEMAINE DES LES MALOUINESParis, du 20 au 24 octobre 2014

    Esmeralda 1212, piso 10, Ciudad de Buenos Aires (C1007ABR)

    Tel: +54 11 4819 7212 | www.cancilleria.gov.ar | [email protected]

  • Ambassade de la Rpublique Argentine en FranceMinistre des Affaires trangres et du Culte

    Rpublique Argentine

    SEMAINE DES LES MALOUINESParis, du 20 au 24 octobre 2014

  • Autorits

    Mme Cristina Fernndez Prsidente de la Nation

    M. Anbal Fernndez

    Chef du Conseil des ministres

    M. Hctor Marcos Timerman

    Ministre des Affaires trangres et du Culte

    M. Eduardo Zuan

    Secrtaire aux Affaires trangres

    M. Daniel Filmus

    Secrtaire aux Affaires relatives aux les Malouines, Gorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux espaces maritimes environnants dans lAtlantique Sud

    M. Javier Esteban Figueroa

    Sous-secrtaire aux Affaires relatives aux les Malouines, Gorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux espaces maritimes environnants dans lAtlantique Sud

    Mme Mara del Carmen SqueffAmbassadrice de la Rpublique Argentine en France

  • Cet ouvrage a t publi par le secrtariat aux Affaires relatives aux les Ma-louines, Gorgie du Sud, Sandwich du Sud et aux espaces maritimes environnants.

    Les textes et les documents que vous trouverez ci-dessous font partie du recueil des interventions prsentes lors des activits de la Semaine des les Malouines. Organis par lAmbassade de la Rpublique Argentine en France, ledit vnement a eu lieu Paris et Toulouse, du 20 au 24 octobre 2014, sous la gestion de Madame lAmbassadrice Mara del Carmen Squeff, et lors de la visite en France de Monsieur lAmbassadeur Daniel Filmus, secrtaire aux Affaires relatives aux les Malouines.

    Lensemble des vnements ont fait partie des activits dinformation et de dif-fusion au sujet des droits souverains et de la position de la Rpublique Argentine quant au diffrend concernant la souverainet sur les les Malouines, les les de lAtlantique sud et les espaces maritimes environnants menes par lAmbassade de la Rpublique Argentine en France.

    M. Daniel Filmus

    Secrtaire aux Affaires relatives aux les Malouines,

    Gorgie du Sud, Sandwich du Sud

    et aux espaces maritimes environnants.

    Mme Mara del Carmen Squeff

    Ambassadrice de la Rpublique Argentine en France

  • 4QUIPE DES LES MALOUINES AU SEIN DE LAMBASSADE EN FRANCE :

    Mme Rosa Delia Gmez Durn

    Conseillre, responsable de la section Politique

    M. Alexandre Soppelsa

    Mme Aixa Igielberg

    M. Hugo Marn

    Equipo de diseo y edicin

    Ins Tenewicki

    Sol Prieto

    Juan Peyrou

    Ezequiel Diaz Ortiz

  • 5Documents

    I. Inauguration de lexposition de photos Les les Malouines, le Sud argentin en images la Mairie du 5e arrondissement de Paris, le mardi 21 octobre 2014.

    Intervention de Monsieur le Professeur Jacques Soppelsa.

    Collection bilingue de pomes portant sur les les Malouines lus dans une activit potique et musicale.

    II. Confrence de Monsieur lAmbassadeur Daniel Filmus lUniversit Toulouse Jean Jaurs :

    Paul Groussac et la persistance actuelle du colonialisme britannique

    Universit Toulouse Jean Jaurs, Campus Le Mirail, le mercredi 22 octobre 2014.

    III. Table ronde : Les les Malouines, le colonialisme et le no-colonialisme au XXIe sicle

    Maison de lAmrique Latine, le jeudi 23 octobre 2014

    Intervention de Monsieur lAmbassadeur Daniel Filmus.

    Intervention de Madame le Professeur Paz Andrs de Santa Mara.

    Intervention de Monsieur le Dput Sergio Coronado.

    Intervention de Monsieur le Professeur Bernard McGuirk.

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  • 7Prsentation sur les les Malouines dans le 5me arrondissement de la Mairie de ParisI

    Jacques Soppelsa

    Pour lhomme de la rue, en France, les Iles Malouines, cest quoi? cest o? trente ans aprs le conflit, Il nest sans doute pas inutile de rappeler en effet que cet ar-chipel (deux grandes iles spares par un dtroit et quelques 750 ilots, tals sur presque 12 000 Km2 au cur de lAtlantique Sud, hauteur du 51 parallle) est situ moins de 470 kilomtres des ctes de Patagonie.

    Son contexte gologique, sa nature physique, la faune et la flore qui lentourent (comme le montre de toute vidence lexposition qui nous runit ici aujourdhui) sont quasiment identiques ceux de la Patagonie voisine!

    Or, parmi les arguments de revendication de la souverainet dun Etat lgard de tel ou tel territoire, les rfrences les plus frquentes concernent, soit les donnes lies la Gographie, soit celles lies lHistoire, soit, mieux encore, leur conjugaison!

    Des arguments gographiques:

    Quant la polmique entretenue par Londres vis vis de Buenos Aires en matire darguments gographiques, le flau de la balance penche, sans nul doute pos-sible, du ct de lArgentine.

    Les Iles Malouines baignent dans le mme continuum gologique que la Pata-gonie, via le plateau continental, rappelant, nonens volens, les cas de figure au demeurant classiques relevs aux Paracelses, aux Spratleys ou au Kamtchaka

    Quant la donne biogographique, soulignons, avec les responsables delexpo-sition, que les animaux qui peuplent les les sont les mmes que ceux de la Pa-tagonie argentine, (des cachalots aux lions de mer, des manchots aux baleines pilotes.), que les lphants de mer qui se reproduisent sur la pninsule Valds

    I. Lintervention de Monsieur le Professeur Jacques Soppelsa, Maire adjoint du 5earrondisse-ment de Paris, a eu lieu lors de linauguration de lexposition de photos Les les Malouines, le Sud argentin en images qui a fait partie de la Semaine des les Malouines, organise par lAmbassade de la Rpublique Argentine, la Mairie du 5earrondissement de Paris, le mardi 21 octobre 2014.

  • 8arrivent jusquaux Malouines pendant lune des tapes de leur cycle annuel, et que les diffrentes espces doiseaux font leurs nids sur les deux sites.

    Quant la flore, la formation vgtale qui domine, le tusock, est celle de la steppe patagonne et les alguescochatyuyo tapissent tout autant les fonds marins du littoral de Patagonie que ceux de larchipel malouin.

    Mais ces considrations gographiques, singulirement difiantes, sont, pa-radoxalement, secondaires par rapport la gamme des arguments favorables Buenos Aires au regard de lHistoire proprement dite des Malvinas.

    Des arguments lis lHistoire:

    Les Britanniques brandissent ici un argument au demeurant lui aussi classique : lutis possidetis juris, loccupation et le peuplement.

    Cet argument ne tient pas quand on rappelle:

    1) loccupation: les Anglais voquent une occupation continue depuis 1833, certes, mais cette occupation dmarre par un coup de force, Londres ex-pulsant la garnison argentine installe Puerto Argentino, avec comme cons-quence le fait que, depuis bientt deux sicles, Buenos Aires ne cesse de rap-peler Las Malvinas sont un bras arrach au corps de la nation argentine.

    2) Quant au peuplement, depuis cette date, il est, de facto, britannique, et pour cause, puisque Londres na cess denvoyer ses colons, les kelpers, pour laplupart leveurs de moutons dorigine cossais. .Et les rsultats du rfrendum (sic) organis par la Ggrande Bretagne auprs de ces derniers, en Mars 2013, ne pouvaient gure surprendre: 98,8% de ces sujets britanniques se sont dclars effectivement favorables au maintien de larchipel au sein du Royaume Uni! A vrai dire, ce sont les 1,2% de votes hostiles qui ont pu surprendre!

    Les arguments de la partie argentine sont notoirement plus crdibles, comme le souligne une rapide vocation du contexte historique:

    La dcouverte des iles suscite des polmiques, car Londres conteste les faits!

    Pourtant, ds 1520, lquipage de Magellan consigne la dcouverte de larchipel, confirme par Esteban Gomez puis par Diego de Riberta. A lpoque, cette zone de lAtlantique Sud, suite au Trait de Toresillas de 1494 sign entre Madrid et Lisbonne, est sous la bannire hispanique, un partage territorial qui sera reconnu ultrieurement par les Anglais eux-mmes, via le Trait Amricain de 1670, entre lEspagne et leRoyaume Uni!

  • 9A la suite dEsteban Gomez, des navigateurs comme Simon de Alcajaba ( qui Charles Quint confie le gouvernement de lensemble des territoires dvelopps au sud du 35eme parallle, ou comme Alonso Camargo, qui avitaille sur larchipel le 12 Juin 1540, conforte lemprise castillane sur la rgion.

    Pourtant, lEncyclopedia Britannica prtend que cest le Commandant du vaisseau anglais Desire, John Davis, qui aurait effectivement, repr les iles en 1592!

    Et, pour compliquer laffaire, en 1600, le Hollandais Sebald de Weerdt sjourne quelques jours sur laGrande Ile (quil nomme Sebald!) avec son quipage!

    Un sicle aprs, ou presque, la premire vritable escale(quelques 3 semaines) est le fait, en 1690, du capitaine anglais John Strong, qui va baptiser les iles Falk-land en hommage son amiral!

    Mais, rendant plus complexe encore le dossier, et en dpit du fait que, lors de la Paix dUtrecht de 1713, (paix ratifie par les Anglais), lensemble de la zone est de nouveau reconnue comme membre part entire de lEmpire espagnol, cestlquipage franais dAntoine Louis de Bougainville qui, en 1764, prend rel-lement possession de larchipel, un archipel que lenavigateur baptise Iles Ma-louines, en honneur de ses marins, natifs de Saint Malo.

    Lanne suivante, sous la pression de Madrid, les Malouines repassent sous la tu-telle espagnole; la France reconnait cette dernire et les Malouins vacuent larchipel.

    En 1790, Londres, son tour, par le Trait de San Lorenzo, reconnait latutelle hispa-nique et sengage ne constituer aucun tablissement sur les ctes orientales

    de lAmrique du Sud ni sur les les environnantes!

    La souverainet espagnole stend donc de 1765 1816. Plus dun demi-sicle.

    Et, avec laccession de lArgentine lIndpendance, les Iles malouines (las Mal-vinas) sont alors considres comme faisant partie intgrale du territoire hrit de lancienne mtropole.

    En 1820, lOfficier de marine argentin David Jewett prend ses fonctions de premier

    gouverneur Puerto Argentino et, le 10 Juin 1828, Buenos Aires cre un Comman-dement Politique et Militaire des Malouines, confi Louis Vernet.

    Durant toute cette priode, prs de 150 ans, Londres ne se manifeste pas.

    Mais, le 3 Janvier 1833, lquipage dune corvette de la marine britannique, sans avertis-sement, expulse par laforce les autorits argentines et sinstalle sur larchipel! LUnion Jack flotte sur Puerto Argentino, rebaptis Port Stanleypour bientt deux sicles!

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    Deux sicles durant lesquels Londres va grer lepeuplement progressif des les, en important les leveurs cossais que nous voquions supra. Deux sicles au cours desquels Buenos Aires ne va pas cesser de demander la restitution des Islas Malvinas.

    Si on tente un bilan comparatif et objectif des arguments des deux parties:

    1) Londres voque loccupation effective, depuis 1833 et son coup de force, et le peuplement corollaire. Notons toutefois que la position des Anglais sest dur-cie, comme par hasard, au del de lintrt stratgique de larchipel, (sur la route du Cap Horn) par ladcouverte, dans les annes soixante dix, de superbes r-serves dhydrocarbures..

    2) Buenos Aires peur prsenter six arguments complmentaires:

    - la proximit gographique;

    - le continuum gologique;

    - la communaut biogographique, animale et vgtale;

    - la dcouverte de larchipel;

    - lhritage de lEmpire hispanique;

    - loccupation effective, jusquen 1833.

    Le flau de labalance, cest le moins que lon puisse crire, penche de manire impressionnante du ct de la partie argentine. Dautant que cette dernire est plus que jamais coute par les Nations Unies..Notons, par exemple, la Rsolution 2065 par laquelle lONU reconnait lexistence dun diffrend de souverainet entre le Royaume Uni et la Rpublique argentine, et invite les deux parties n-gocier afin de trouver une solution politique au diffrend. La Grande Bretagne na jamais donn suite.

    Depuis 1989, le Comit Spcial de Dcolonisation a t saisi de laquestion des Ma-louines, un Comit salu en 2004 par le Prsident Nestor Kirchner, qui rappelait que Buenos Aires faisait preuve de la plus large de ngocier afin de mettre un terme ce diffrend ancien.

    Le Royaume Uni a continu faire la sourde oreille, associant son refus de re-prendre des ngociations en invoquant le droit lautodtermination des peuples. LONU, sur ce plan, a rappel de manire parfaitement claire quune population place et implante par la puissance coloniale, ce qui est le cas de la population des Malouines, nest pas un peuple ayant droit la libre dtermination, puisquil ne se diffrencie pas du peuple de la mtropole.

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    ILES MALOUINES: Le Sud argentin en images II

    Mardi 21 octobre 2014

    Chants / Pomes-Sebastan Rossi - Voix/GuitareToms Bordalejo - GuitareMatas Reynoso - Bandonon

    1. Gabriela Mistral, Patagonia Lejana. Versin original.

    Hierba inmensa y desvalida,

    slo silencio y espaldas,

    palpitador reino vivo,

    Patagonia verde o blanca,

    con un viento de blasfemia

    y compuncin cuando calla,

    patria que alabo con llanto,

    Verde patria que me llama

    con largo silencio de ngel

    y una infinita plegaria

    y un grito que todava

    escuchan mi cuerpo y mi alma.

    (fragmento de Patagonia la lejana, de Gabriela Mistral).

    1. Gabriela Mistral, Patagonie lointaine. Traduction en franais.

    Herbe immense et dmunie,

    silencieuse et voute,

    rgne vivant palpitant,

    Patagonie verte et blanche,

    avec un vent de blasphme

    et de communion quand il se tait,

    Patrie que je loue avec pleurs,

    Verte patrie qui mappelle

    avec un long silence dange,

    une infinie prire

    et un cri qui encore maintenant

    sondent mon corps et mon me.

    (extrait de Patagonie lointaine, de Gabriela Mistral)

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    2. Jos Pedroni, Malvinas, Cantos del hombre libre (1960). Versin original.

    Tiene las alas salpicadas de islotes,

    Es nuestra bella del mar.

    La Patria la contempla desde la costa madre

    Con un dolor que no se va.

    Tiene las alas llenas de lunares

    Lobo roquero es su guardin.

    La Patria la contempla

    Es un ngel sin sueo

    La Patria junto al mar

    Ella tiene los ojos en sus canales fros.

    Ella es la prisionera que no pide ni da

    Su correo de amor es el ave que emigra.

    La nieve que cae es su reloj de sal.

    Hasta que el barco patrio no ancle entre sus alas

    Ella se llama Soledad

    2. Jos Pedroni, Malouines, Chants de lhomme libre (1960). Traduction en franais.

    Elle a les ailes parsemes dlots,

    Elle est notre belle de la mer.

    La Patrie la contemple depuis la cte mre

    Avec une douleur qui ne sen va pas.

    Elles a les ailes tachetes

    Le loup de mer est son gardien

    La Patrie la contemple.

    Elle est un ange sans sommeil

    La Patrie auprs de la mer

    Ses yeux sont dans ses froids canaux

    Elle est la prisonnire qui ne demande rien ni ne donne rien

    Son courrier damour est loiseau migrateur

    La neige qui tombe est son sablier de sel.

    Tant que le bateau de la Patrie ne jettera pas lancre entre ses ailes

    Elle sappellera Solitude.

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    3. Atahualpa Yupanqui, La Hermanita perdida (1979). Versin original.

    Malvinas, tierra cautiva

    de un rubio tiempo pirata,

    Patagonia te suspira

    toda la pampa te llama.

    Seguirn las mil banderas

    del mar, azules y blancas,

    pero queremos ver una

    Sobre tus piedras clavada.

    Para llenarte de criollos

    Para curtire la cara.

    Hasta que logres el gesto

    tradicional de la Patria.

    3. Atahualpa Yupanqui, La petite sur perdue (1979). Traduction en franais.

    Malvinas, terre captive

    dun temps blond et pirate,

    la Patagonie se languit de toi

    Toute la Pampa tappelle.

    Ils seront toujours l les mille drapeaux de la mer,

    bleus et blancs,

    mais nous voulons en voir un

    sur tes pierres plant.

    Pour te remplir de criollos.

    Pour tanner ton visage.

    jusqu atteindre le geste

    traditionnel de la Patrie.

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    4. Jorge Luis Borges, Juan Lpez y John Ward. Los conjurados (1985). Versin original.

    Les toc en suerte una poca extraa.

    El planeta haba sido parcelado en distintos pases,

    Cada uno provisto de lealtades de queridas memorias, de un pasado sin duda heorico, de derechos, de agravios, de una mitologa peculiar, de prceres de bronce, de aniversarios, de demagogos y de smbolos.

    Esa divisin, cara a los cartgrafos, auspiciaba las guerras.

    Lpez haba nacido en la ciudad junto al ro inmvil.; Ward, en las afueras de la ciudad por la que camin Father Brown. Haba estudiado castellano para leer al Quijote.

    El otro profesaba el amor de Conrad, que le haba sido revelado en un aula de la calle Viamonte.

    Hubieran sido amigos, pero se vieron una sola vez cara a cara, en unas islas demasiado famososas, y cada uno fue Can, y cada uno, Abel.

    Los enterraron juntos. La nieve y la corrupcin los conocen.

    El hecho que refiero pas en un tiempo que no podemos entender.

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    4. Jorge Luis Borges, Juan Lpez et John Ward.Les conjurs (1985). Traduction en franais.

    Une poque trange leur choua.

    La plante avait t divise en diffrents pays, chacun pourvu de loyauts, de mmoires chres, dun pass sans doute hroque, de droits, daffronts, dune mythologie particulire, dminents hommes en bronze, danniversaires, de dmagogues et de symboles. Cette division, chre aux cartographes, tait propice la guerre.

    Lpez tait n dans la ville auprs du fleuve immobile; Ward, dans les faubourgs de la ville o Father Brown avait march. Il avait appris le castillan pour lire le Quichotte.

    Lautre professait lamour de Conrad, qui lui avait t rvl dans une salle de cours de la rue Viamonte.

    Ils auraient pu tre amis, mais ils se sont vus une seule fois face face, dans des les trop renommes et chacun des deux fut Can et, chacun, Abel.

    On les enterra ensemble. La neige et la corruption les connaissent.

    Le fait que je vous conte eut lieu en un temps que nous ne pouvons pas comprendre.

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    5. Len Giecco, Slo le pido a Dios (1978).Versin original.

    Slo le pido a Dios Que el dolor no me sea indiferente Que la reseca muerte no me encuentre Vaca y sola sin haber hecho lo suficiente

    Slo le pido a Dios Que lo injusto no me sea indiferente Que no me abofeteen la otra mejilla Despus que una garra me ara esta suerte

    Slo le pido a Dios Que la guerra no me sea indiferente Es un monstruo grande y pisa fuerte Toda la pobre inocencia de la gente Es un monstruo grande y pisa fuerte Toda la pobre inocencia de la gente

    Slo le pido a Dios Que el engao no me sea indiferente Si un traidor puede ms que unos cuantos Que esos cuantos no lo olviden fcilmente

    Slo le pido a Dios Que el futuro no me sea indiferente Desahuciado est el que tiene que marchar A vivir una cultura diferente

    Slo le pido a Dios Que la guerra no me sea indiferente Es un monstruo grande y pisa fuerte Toda la pobre inocencia de la gente Es un monstruo grande y pisa fuerte Toda la pobre inocencia de la gente

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    5. Len Giecco, Je demande juste Dieu (1978).Traduction en franais.

    Je demande juste Dieu Que la douleur ne me soit pas indiffrente, Que la sche, sche mort ne me trouve pas Vide et seul, sans en avoir fait assez.

    Je demande juste Dieu Que linjustice ne me soit pas indiffrente, Que lon ne me gifle pas lautre joue, Aprs quune main ne mait rafl cette chance.

    Je demande juste Dieu Que la guerre ne me soit pas indiffrente, Cest un norme monstre qui pitine Toute la pauvre innocence des gens.

    Je demande juste Dieu Que la duperie ne me soit pas indiffrente, Si un tratre a davantage de pouvoir que quelques uns, Que ces quelques uns ne loublient pas facilement.

    Je demande juste Dieu Que le futur ne me soit pas indiffrent, Condamn est celui qui doit partir Vivre une culture diffrente.

    Je demande juste Dieu Que la guerre ne me soit pas indiffrente, Cest un norme monstre qui pitine Toute la pauvre innocence des gens.

    II. La slection de pomes prsents faisait partie dune activit potique musical ouverte au public qui a eu lieu lors de la Semaine des Malouines louverture de lexposition pho-tographique Malouines, le Sud argentin en images, organise par lAmbassade de la R-publique Argentine dans le 5me arrondissement de la Mairie de Paris,le mardi 21 Octobre de 2014. La traduction des pomes a t ralis principalement par le professeur Maria Angelica Semilla Duran .

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    Paul Groussac et la persistance actuelle du colonialisme britanniqueIII

    Daniel Filmus

    Bonjour toutes et tous, et merci dtre l. Je suis venu Toulouse comme Argentin pour remercier un Franais, originaire de cette belle ville, davoir offert mon pays une solide vidence de ses droits sur une importante partie de son territoire national.

    Paul Groussac fut lauteur de nombreux travaux concernant lhistoire argentine. Celui qui nous runit aujourdhui, comme son auteur le savait bien, touche au plus profond des sentiments du peuple de mon pays. Je veux parler des droits historiques argen-tins sur les Iles Malouines, illgitimement occupes depuis 1833 par le Royaume-Uni. Le titre de son livre est Les Iles Malouines, nouvelle exposition dun vieux litige.

    Cet essai a t crit en 1898 et publi en 1910 en Rpublique Argentine, en franais, pour clbrer le premier centenaire de la Rvolution de Mai. En 1936, linitiative du Snateur socialiste Alfredo Palacios, il fut galement publi en espagnol dans le but, comme la dit ce parlementaire depuis son sige au Snat, je cite: que tous les habitants de la Rpublique sachent que les Iles Malouines sont argentines, et que la Grande-Bretagne, sans titre de souverainet, sen est empar par un abus de force.

    Je vais me rfrer brivement aux principales ides que Paul Groussac expose dans le texte. Dans les premires pages, il explique que lexamen rflchi des documents et actes historiques la convaincu que la Rpublique Argentine, en tant quhritire de lEspagne, a sur les les en dispute exactement les mmes droits que sur la Pata-gonie, et provenant des mmes origines. Des faits historiques quil rapporte pour donner un fondement sa conviction, je reprends les suivants:

    En 1744, le Commodore Anson insista auprs de lAmiraut britannique sur lintrt dexplorer les Iles de lextrmit de lAmrique mridionale.

    Lindication allait tre mise en uvre par lAmiraut en 1748, mais lEspagne contesta cette initiative qui lsait ses droits souverains sur les rgions vises et lAngleterre abandonna le projet. Paul Groussac signale que tout est trs claire-

    III. La confrence Paul Groussac et la persistance actuelle du colonialisme britan-nique fut prsente par lAmbassadeur Daniel Filmus lUniversit de Toulouse Le Mirail, Toulouse, en France, le 22 octobre 2014.

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    ment expos dans le clbre document de Samuel Johnson1, conseiller pay par Georges III dAngleterre. Cet auteur, reprenant les donnes historiques des do-cuments officiels communiqus par le Ministre anglais, reconnaissait que les Anglais ne pourraient sapproprier les territoires de lAmrique du Sud, et je cite textuellement, quen mettant sac les Espagnols.

    Cette reconnaissance venant de la main dun conseiller du roi anglais et le d-sistement mme des Britanniques prouvent quen 1749, la Grande-Bretagne tait officiellement notifie que lEspagne revendiquait ses droits de souverainet et de domination sur les Iles Malouines.

    En 1764, le navigateur franais Antoine de Bouganville entreprenait la colonisation de ces Iles sous les auspices du Duc de Choiseul, Ministre de la Marine de Louis XV, et du propre Roi.

    Mais lEspagne nallait pas tarder lever une protestation au Ministre franais pour avoir envahi des territoires considrs comme dpendant de ses domaines continentaux. En effet, depuis le XVIme sicle, lEspagne exerait ses droits de souverainet et de domination sur toute la partie sud du continent amricain jusquau Dtroit de Magellan y compris, considrant galement comprises les zones adjacentes au Dtroit avec les les voisines dcouvertes et dcouvrir. Ces droits avaient t reconnus de faon expresse par la Grande-Bretagne en signant le Trait dUtrech en 1713 entre autres, comme Johnson le savait trs bien.

    La question entre lEspagne et la France fut rsolue lamiable. La France recon-naissait sans inconvnient le droit de domination de lEspagne.

    Paul Groussac raconte que le Capitaine anglais Byron, grand-pre du fameux pote, fut appel en 1764 par lAmiraut britannique pour concrtiser le programme de Anson. Celui-ci a pris possession secrtement dun tout petit lot de larchipel ma-louin, appel Saunders par la suite, et fonda l-bas Port Egmont.

    Cependant, comme le rapporte Samuel Johnson, cit par Groussac, les Espagnols exhortrent les Anglais, et je cite cet auteur, se retirer tranquillement dun ta-blissement quils ne pourraient jamais justifier en droit ni maintenir par la force, fin de la citation.

    Mais les choses nen sont pas restes l. La menace de guerre y a t trs prsente.

    1. The Works of Samuel Johnson, Thoughts on the Late Transactions Respecting Falklands Islands, 1771, Pafraets & Company, Troy, New York, 1913; vol 14, pag 34-80. Pris du site internet http://www.samueljohnson.com/falklands.html, pages 1-4

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    Aprs de longues tractations, lEspagne et la Grande-Bretagne sont arrives un accord, concrtis dans la dclaration catgorique de lAmbassadeur espagnol, le Prince de Masserano, accepte sans rserves ni protestations par le Duc anglais de Rochford, et je cite,: La restitution Sa Majest Britannique de la possession du Fort et du Port appels Egmont, ne peut ni ne doit modifier en aucune manire le droit antrieur de souverainet sur les Iles Malouines, dune autre faon appeles Falkland (22 janvier 1771). Cet accord na pas t bien reu par le Parlement britan-nique car il signifiait, comme il a t signal, la reconnaissance expresse des droits dEspagne sur les Malouines.

    Le 22 mai 1774, trois ans aprs la restitution, les Anglais abandonnaient lIle Saun-ders, appele lpoque, dans les documents officiels britanniques, Ile de Falkland, toujours au singulier. Lors de la discussion de 1770, il na jamais t question de larchipel, mais de lune seulement des Iles Malouines. En abandonnant le lieu, le commandant anglais Clayton laissait une plaque dans laquelle il dclarait que le Fort de Port Egmont dans lIle Falkland appartenait au Roi Georges III dAngle-terre. Un an aprs labandon, le capitaine espagnol Callejas trouvait la plaque et lamenait Buenos Aires. Trente ans plus tard se produisait la premire invasion anglaise du Ro de la Plata. En 1807, le Colonel anglais Beresford, trouvant la plaque dans les archives de la ville, lenvoya immdiatement Londres. Aucune manifesta-tion ni rserve ntaient faites alors par le Gouvernement britannique, comme il ne lavait pas fait depuis 1775, date laquelle la plaque avait t retire. Mme lide de possession symbolique avait t oublie.

    32 Gouverneurs espagnols se sont succds la tte de toutes les Iles Malouines, de faon rgulire et ininterrompue jusqu la dindpendance des Provinces Unies, par rapport lEspagne. Cette Indpendance fut reconnue par la Grande-Bretagne en 1825. Plusieurs annes auparavant, le Gouvernement de Buenos Aires avait dj assum lexercice de sa souverainet sur les Iles Malouines en tant quhritire dEspagne, conformment au principe uti possidetis, universellement admis.

    Le 2 janvier 1833, le Capitaine Onslow, commandant du navire de guerre britan-nique Clio, prenait les Iles Malouines par la force, en expulsant ses autorits et la population, crant ainsi une dispute de souverainet entre lArgentine et le Royaume-Uni qui durerait plus de 180 ans. Comme dit Paul Groussac, et je le cite, il a t ncessaire un coup de force dAngleterre, aprs soixante ans dabandon tranquille, pour arracher lArgentine, peine mancipe, ce bout dempire colo-nial que lEspagne vieillie et extenue avait, cependant, su conserver.

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    Mesdames et Messieurs,

    Paul Groussac nous offre lvidence quaussi bien la France que lAngleterre avaient reconnu les droits espagnols sur les Iles Malouines, droits que lArgentine a hrits dEspagne. Le Royaume-Uni usurpa les Iles Malouines en sachant trs bien, comme nous lavons vu, quelle navait aucun titre pour valider sa conqute. Et cest juste-ment a, un acte illicite, dans le seul objectif de forcer loccupation dun territoire qui lui rapporterait une utilit stratgique. Cette action militaire sinscrivait dans une pratique habituelle du processus dexpansion de lEmpire Britannique, consis-tante dans le contrle des passages entre les ocans.

    On peut citer dautres exemples de ses conqutes, comme lAfrique du Sud, en 1806; Oman-Muscat, en 1809; lIle Maurice et les Iles Seychelles, en 1810; lIndon-sie (Java), en 1811; Singapour, en 1819; la Birmanie, en 1824; Malaca, en 1824; Hong-Kong, en 1839; Aden, en 1839; lAfghanistan en 1839; la Nouvelle Zlande en 1840 et Shanghai Canton en 1842. Il faut se rappeler qu lpoque, ni le Canal de Suez ni le Canal de Panama nexistaient encore, raison pour laquelle le contrle du Cap de Bonne Esprance ainsi que celui du Cap Horn prenaient une importance su-perlative dans la politique impriale britannique. La conqute par la force des Iles Malouines, en 1833, sinscrit dans cette logique, en vue du contrle du seul passage naturel entre les Ocans Atlantique et Pacifique.

    Nous, je veux dire lArgentine, faisons partie de ces pays qui ont souffert laction coloniale avant darriver une vie politique indpendante. Nous comprenons bien la logique imprialiste du XVIIIme sicle. Ce qui est impossible comprendre, cest la persistance de cette mme logique impriale au XXIme sicle.

    Comme en 1833, le contrle des passages entre ocans permet au Royaume-Uni non seulement de maintenir une station navale dapprovisionnement, laquelle contribuait le dpouillement de navires, mais aussi exhiber aujourdhui la plus grande base militaire au Sud du parallle de 50 degrs Sud. Cette prsence est par ailleurs une source de proccupation pour les pays de la rgion, exprime de nombreuses reprises.

    De la mme faon que par le pass, lexploitation outrance par le Royaume-Uni des levages de bovins sauvages introduits par lArgentine a provoqu leur disparition et leur remplacement par lexploitation de moutons ; de la mme faon que le colonia-lisme britannique a commis des abus en matire de pche de phoques et de baleines, animaux protgs par le Gouvernement de Buenos Aires au moyen de lgislations trs svres en vue dviter galement leur extinction; de la mme faon, le Royaume-Uni essaye actuellement dexploiter notre ptrole et commet des dprdations de nos mers en vendant des licences de pche pour des priodes allant jusqu 25 ans.

  • 25

    La proccupation suscite par ces mesures unilatrales a t expressment mise en avant par lUnion de Nations Sud-amricaines (UNASUR), par la Communau-t des Etats Latino-amricains et Caribens (CELAC), le MERCOSUR, les Etats Membres de la Zone de Paix et de Coopration de lAtlantique Sud, le Sommet Ibro-amricain et de lAmrique du Sud et des Pays Arabes (ASPA) et, encore r-cemment par lOrganisation Latino-amricaine de lEnergie (OLADE).

    Limprialisme britannique dantan et les outils dont il sest servi pour se perptuer prsentent aujourdhui un nouveau visage mais gardent leur mme essence. Le Royaume-Uni essaye aujourdhui de dissimuler le manque de lgitimit quil na jamais ni en occupant le territoire, derrire la rclamation de libre dtermination invoque pour une population quil continue de transplanter forte dose dans le cadre dun contrle migratoire ferm et peu transparent.

    Le Royaume-Uni encourage limmigration de population britannique, de ses co-lonies, ex colonies ou pays membres du Commonwealth travers principalement les deux outils que sont sa politique dalination de terres et ce quon appelle je cite textuellement- le Falkland Status. Ce dernier est concd directement par le Gouverneur colonial nomm par le Royaume-Uni aux Iles Malouines en reprsenta-tion de la Couronne britannique. Selon les illgitimes- dispositions coloniales, une personne laquelle est accord ce statut peut rsider dans les Iles, tre inscrit au Registre lectoral pour voter ou tre lu aux charges publiques. Cest le Gouverneur colonial qui laccorde et seulement aux ressortissants britanniques, aux ressortis-sants britanniques doutre-mer, ceux qui ont t ressortissants du Royaume-Uni et des Colonies ou ressortissants britanniques des Territoires Dpendants. En ce qui concerne la possibilit de travailler aux postes ne pouvant pas tre couverts par des rsidents, le personnel est recrut lextrieur des Iles, habituellement au Royaume-Uni, Sainte Hlne, en Australie ou en Nouvelle Zlande, avec des contrats dure dtermine. Il faut un permis pour travailler dans les Iles. Tout ce qui fait quen pratique plus du 90% des habitants des Iles soient de nationalit britannique, membres du Commonwealth ou venant de territoires dpendant du Royaume-Uni. Trs habilement, la lgislation illgale ne discrimine pas entre na-tionalits, mais elle le fait dans les faits car tout dpend en dernire instance de la dcision ultime du reprsentant dans les Iles du Gouvernement de la Couronne. Comme on peut le voir, il sagit dune population maintenue artificiellement me-sure pour soutenir loccupation, discriminant les Argentins continentaux.

    Les chiffres du dernier recensement colonial de lanne 2012 illustrent la grande rotation de la population des Iles. Ainsi, la politique britannique de contrles mi-gratoires ferms que je dcris ici, ajoute lexode de certains habitants des Iles,

  • 26

    entranent une fluctuation de 38% de la population tous les dix ans, en gardant son nombre dhabitants inchang. Et, selon les mmes donnes dmographiques britanniques, seulement 47% des habitants des Iles sont ns sur place, sur une population totale de 2840 personnes.

    Nous pouvons trouver les prtendues normes qui essayent de justifier la persis-tance de limprialisme contemporain dans ce quon appelle le Livre Blanc2 adopt par le Royaume-Uni en 1999, actualis lors de sa deuxime version dite en 20123, o sont poses les bases de sa politique concernant les territoires sous son occu-pation. Il est tabli dans ce texte que chaque territoire doit dterminer son dsir ou non de maintenir des liens avec le Royaume-Uni, et il est bien spcifi quil ny a pas dintention dimposer lindpendance contre les dsirs des peuples concerns. On y parle dune relation moderne entre le Gouvernement britannique et les territoires, base sur quatre principes, savoir : libre dtermination, obligations et responsa-bilits partages, libert aux territoires pour conduire ses affaires intrieures au plus haut niveau possible et lengagement du Royaume-Uni de promouvoir le d-veloppement conomique des territoires. Enfin, dans ce document, dont les deux versions ont t contestes par lArgentine, la puissance coloniale assume lenga-gement de maintenir une forte prsence militaire afin de garantir sa prtendue souverainet sur les territoires quelle occupe dans lAtlantique Sud.

    Ces ides ont conduit le Royaume-Uni concevoir que dune certaine faon lexer-cice de la libre dtermination constitue le statut actuel du maintien des liens avec le Royaume-Uni. Dans le cadre de cette apparemment nouvelle forme de relation, le Royaume-Uni accorde des pouvoirs fictifs dautonomie aux habitants transplan-ts des les, en gardant pratiquement toutes les dcisions du fonctionnement de la colonie entre les mains du Gouverneur, qui est un fonctionnaire britannique nomm par la Reine.

    Le droit la libre dtermination ne correspond pas cette population. Les Nations Unies ont expressment rejet en 1985 lapplication de ce principe cette ques-tion, car la population des Iles Malouines nest pas un peuple, et encore moins

    2 Le nom officiel du document est Partnership for Progress and Prosperity, Britain and the Overseas Territories, Presented to Parliament by the Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs by Command of Her Majesty, march 1999.

    3 Le nom officiel du document est The Overseas Territories, Security, Success and Sustai-nability, Presented to Parliament by the Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs by Command of Her Majesty, June,2012.

  • 27

    un peuple domin ou sous le joug dune puissance coloniale pouvant tre sujet titulaire du droit la libre dtermination.

    Appliquer le principe de libre dtermination signifierait de promouvoir la cassure de lintgrit territoriale argentine et valider loccupation par la force dune partie du territoire national. Cela signifierait de donner la voix une partie de la popu-lation de la puissance doccupation pour quelle devienne une sorte darbitre dans une dispute qui concerne son propre pays, comme le reconnat lensemble de la communaut internationale travers les Nations Unies.

    Le cadre juridique pos par les Nations Unies depuis lanne 1964 et ritr jusqu nos jours sur cette Question, concerne bien une question coloniale, spciale et particulire, car elle porte sur une dispute de souverainet qui doit tre rsolue par le moyen de ngociations entre les parties en tenant compte des intrts des habitants, conformment la Rsolution 1514 de la Assemble Gnrale, qui est la norme fixant llimination du colonialisme sur le principe de la libre dtermination et, comme cest le cas ici, du principe dintgrit territoriale.

    Rsultat de cet appel de la Communaut internationale, ds 1966, nos deux pays ont maintenu des ngociations bilatrales dans le cadre desquelles ont t envisages diffrentes formules de solution, et rdig des documents, valids et mme paraphs, par lesquels le Royaume-Uni a accept de reconnatre la souverainet argentine. Ces changes ont dur jusquen 1982. La communaut internationale, comme avant 1982, a continu de reconnatre lactualit et la nature de la controverse ainsi que lappel ngocier, lanc lArgentine et au Royaume-Uni travers nombre de dclarations, anne aprs anne, par lAssemble Gnrale et le Comit Spcial de Dcolonisation.

    De mme, lOrganisation des Etats Amricains (OEA), les Sommets Ibro-amri-cains, le Sommet de Pays Sud-amricains et de Pays Arabes (ASPA), la Zone de Paix et de Coopration de lAtlantique Sud (ZPCAS), le Groupe des 77 plus Chine, et le Systme dIntgration Centre-amricain (SICA) se sont manifests de faon ritre en faveur de la reprise des ngociations bilatrales.

    Mesdames et Messieurs, respectable public,

    Comme la bien montr Paul Groussac, les Iles Malouines ont t le territoire l-gitime de lEspagne. Les titres hispaniques avaient la force du droit public espa-gnol, repris par des instruments internationaux reconnus urbi et orbi par toutes les Nations, y compris le Royaume-Uni aprs, la dcouverte et des actes rpts de souverainet. LArgentine a hrit de ce territoire en prenant son indpendance dEspagne. Son occupation militaire par le Royaume-Uni na pas fond une cause

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    lgitime dannexion ni pour le droit international en vigueur au moment de loccu-pation ni pour le droit international en vigueur actuellement.

    La persistance actuelle de limprialisme britannique continue dtre un illicite in-ternational qui porte atteinte aux droits argentins, casse lintgrit territoriale de mon pays et empche mon peuple dexercer vraiment le droit de libre dtermina-tion dans cette partie de son territoire.

    Mais revenons Paul Groussac. Nous sommes ici en France, terre gnreuse qui a accueilli en exil beaucoup dArgentins, comme San Martn et tant dautres compa-triotes et qui a aussi reconnu lpoque les droits espagnols sur les Iles Malouines. Nous sommes Toulouse o est n Carlos Gardel, icne emblmatique du tango de mon pays, qui a exprim avec le sentiment de son chant lternel retour des exi-ls. En ce lieu, qui a tant de sens pour lArgentine, est n Paul Groussac, un Franais ami de lArgentine, un fils adoptif de mon pays, comme il se considrait lui-mme.

    Il a occup une place dimportance dans la culture argentine, en faisant de lenseig-nement dans de prestigieuses institutions ducatives et en dirigeant la Biblioth-que Nationale. Dans cette dernire, son travail a jet les bases de la constitution de catalogues, de ltude duvres du pass historique du pays, de la mise en uvre de mthodologies modernes de classification et de lenrichissement du patrimoine bibliographique de linstitution.

    Paul Groussac aimait lArgentine et il a voulu crire en langue franaise le rsultat de ses recherches pointues sur les Malouines pour que toutes les Nations puissent connatre dans la langue diplomatique les termes de cette dispute et contribuer de cette faon sa solution. Il a eu ensuite lintention de traduire son uvre en espagnol mais, surpris par la mort, ce fut au Snateur socialiste Alfredo Palacios de raliser ce dsir posthume.

    Cest un grand plaisir pour moi dtre ici aujourdhui et pouvoir rendre hommage et remercier ce Franais, grand ami de mon pays, qui a si bien compris lhistoire et la sen-sibilit des Argentins, et qui contribua par son talent au dveloppement de ma patrie.

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    Le nouveau colonialisme britanniqueIV

    Daniel Filmus

    Les Iles Malouines forment un archipel situ sur la plateforme continentale argen-tine, dans lAtlantique Sud. Le 3 janvier 1833, des forces militaires britanniques ont expuls par un abus de force les autorits et la population argentines, en occupant illgitimement ce territoire national et en produisant par cet acte une dispute de souverainet avec lArgentine qui dure jusqu nos jours. Le Gouvernement britan-nique donna au territoire usurp le caractre de colonie, et transplanta de la popula-tion prdominance britannique afin de perptuer sa permanence sur ce territoire.

    Laction militaire laquelle je fais rfrence sinscrivait dans une pratique habituelle du processus dexpansion de lEmpire Britannique, consistante dans le contrle des passages entre les ocans.

    On peut citer dautres exemples de ses conqutes, comme lAfrique du Sud, en 1806; Oman-Muscat, en 1809; lIle Maurice et les Iles Seychelles, en 1810; lIndon-sie (Java), en 1811; Singapour, en 1819; la Birmanie, en 1824; Malaca, en 1824; Hong-Kong, en 1839; Aden, en 1839; lAfghanistan en 1839; la Nouvelle Zlande en 1840 et Shanghai Canton en 1842. Il faut se rappeler qu lpoque, ni le Canal de Suez ni le Canal de Panama nexistaient encore, raison pour laquelle le contrle du Cap de Bonne Esprance ainsi que celui du Cap Horn prenaient une importance su-perlative dans la politique impriale britannique. La conqute par la force des Iles Malouines, en 1833, sinscrit dans cette logique, en vue du contrle du seul passage naturel entre les Ocans Atlantique et Pacifique.

    Nous, et je veux dire lArgentine, faisons partie de ces pays qui ont souffert laction coloniale avant darriver une vie politique indpendante. Nous connaissons bien la logique imprialiste du XVIIIme sicle. Ce qui est impossible comprendre, cest la persistance de cette mme logique impriale au XXIme sicle.

    Comme en 1833, le contrle des passages entre les ocans permet au Royaume-Uni non seulement de maintenir une station navale dapprovisionnement, la-quelle contribuait le dpouillement de navires, mais aussi dexhiber aujourdhui

    IV. La prsentation de lAmbassadeur Filmus sur Le nouveau colonialisme britannique a eu lieu durant la Table Ronde sur le thme Malouines, colonialisme et nocolonialisme au XXIme sicle qui sest tenue la Maison de lAmrique Latine, Paris, le jeudi 23 octobre 2014.

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    la plus grande base militaire au Sud du parallle de 50 degrs Sud. Cette pr-sence est par ailleurs une source de proccupation pour les pays de la rgion, exprime de nombreuses reprises.

    De la mme faon que par le pass, lexploitation outrance par le Royaume-Uni des levages de bovins sauvages introduits par lArgentine a provoqu leur disparition et leur remplacement par lexploitation de moutons ; de la mme faon que le colonia-lisme britannique a commis des abus en matire de pche de phoques et de baleines, animaux protgs par le Gouvernement de Buenos Aires au moyen de lgislations trs svres en vue dviter galement leur extinction; de la mme faon, le Royaume-Uni essaye actuellement dexploiter notre ptrole et commet des dprdations de nos mers en vendant des licences de pche pour des priodes allant jusqu 25 ans.

    La proccupation pour ces mesures unilatrales a t expressment voque par les Chefs dEtat et de Gouvernement de lAmrique Latine et des Carabes lors de leur dclaration de Riviera Maya, au Mexique, le 23 fvrier 2010, et de nombreuses reprises au sein de lUnion de Nations Sud-amricaines (UNASUR), du MERCOSUR, des Etats Membres de la Zone de Paix et de Coopration de lAtlantique Sud, du Sommet Ibro-amricain et de lAmrique du Sud et des Pays Arabes (ASPA) et, encore rcemment, de lOrganisation Latino-amricaine de lEnergie (OLADE).

    La possession britannique des Iles Malouines est, et a t, depuis le moment mme de lusurpation, dirige exclusivement maintenir loccupation du territoire. Cest impor-tant de le souligner car lutilisation stratgique militaire et lexploitation illgitime des ressources nont jamais concern un peuple colonis soumis la puissance occupante. Il ny a jamais eu aux Iles Malouines un peuple colonis. Les habitants que le Royaume-Uni a transplants dans les Iles au moyen de contrles migratoires trs stricts depuis

    lusurpation ont t et continuent dtre jusqu aujourdhui loutil de loccupation.

    Lobjectif premier de loccupation se voit dj clairement dans les documents de lpoque, et je cite comme exemple une correspondance de 1838 du Secrtaire aux Relations Extrieures Palmerston, o il dit que loccupation britannique des Iles Malouines est extrmement limite en extension, car elle vise le but daider notre droit de souverainet plus quune colonisation complte. De mme, les instruc-tions donnes Robert Moody, deuxime Gouverneur colonial, dsign en 1841, parlent de sa dsignation au gouvernement dun tablissement o les droits de sa majest sont fonds seulement sur la priorit doccupation.

    Ces ides ont dtermin que les Anglais ont peu peu bti un plan officiel doc-cupation du territoire. En effet, dans le paquet dinstructions de la dsignation de Moody on parle dune occupation avec des habitants britanniques afin damliorer

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    les services logistiques pour le commerce britannique et il est prcis limportance dune station navale. Le mme Moody, dans un rapport de 1842, recommande damener des habitants des Iles Shetland et Orcades en raison de leur rsistance une vie dure- et des habitants de Hastings, Ecosse ou Brighton afin dtablir des scheries de poisson.

    Limprialisme britannique dantan et les outils dont il sest servi pour se perptuer prsentent aujourdhui un nouveau visage mais gardent leur mme essence. Le Royaume-Uni essaye aujourdhui de dissimuler le manque de lgitimit quil na jamais ni pour occuper le territoire, derrire la rclamation de libre dtermination invoque pour une population quil continue de transplanter forte dose dans le cadre dun contrle migratoire ferm et peu transparent.

    Le Royaume-Uni encourage limmigration de population britannique, de ses co-lonies, ex colonies ou pays membres du Commonwealth travers principalement les deux outils que sont sa politique dalination de terres et ce quon appelle je cite textuellement- le Falkland Status. Ce dernier est concd directement par le Gouverneur colonial nomm par le Royaume-Uni aux Iles Malouines en reprsen-tation de la Couronne britannique. Selon les illgitimes- dispositions coloniales, une personne laquelle est accord ce statut peut rsider sur les Iles, tre inscrit au Registre lectoral pour voter ou tre lu aux charges publiques. Cest le Gouverneur colonial qui laccorde et seulement aux ressortissants britanniques, aux ressortis-sants britanniques doutre-mer, ceux qui ont t ressortissants du Royaume-Uni et des Colonies, et aux ressortissants britanniques des Territoires Dpendants. En ce qui concerne la possibilit de travailler aux postes ne pouvant pas tre couverts par des rsidents, le personnel est recrut lextrieur des Iles, habituellement au Royaume-Uni, Sainte Hlne, en Australie ou en Nouvelle Zlande, avec des contrats dure dtermine. Il faut un permis pour travailler dans les Iles. Tout ce qui fait quen pratique plus du 90% des habitants des Iles soient de nationalit britannique, membres du Commonwealth ou venant de territoires dpendant du Royaume-Uni. Habilement, la lgislation illgale ne discrimine pas entre nationa-lits, mais elle le fait dans les faits car tout dpend en dernire instance de la dcision ultime du reprsentant dans les Iles du Gouvernement de la Couronne. Comme on peut le voir, il sagit dune population maintenue artificiellement me-sure pour soutenir loccupation, et discriminant les Argentins continentaux.

    Les chiffres du dernier recensement colonial de lanne 2012 illustrent la grande rotation de la population des Iles. Ainsi, la politique britannique de contrles mi-gratoires ferms que je dcris ici, ajoute lexode de certains habitants des Iles, entranent une fluctuation de 38% de la population tous les dix ans, en gardant

  • 32

    son nombre dhabitants inchang. Et, selon les mmes donnes dmographiques britanniques, seulement 47% des habitants des Iles sont ns sur place, sur une population totale de 2840 personnes.

    Nous pouvons trouver les prtendues normes qui essayent de justifier la persis-tance de limprialisme contemporain dans ce quon appelle le Livre Blanc4 adopt par le Royaume-Uni en 1999, actualis lors de sa deuxime version dite en 20125, o sont poses les bases de sa politique concernant les territoires sous son occu-pation. Il est tabli dans ce texte que chaque territoire doit dterminer son dsir ou non de maintenir des liens avec le Royaume-Uni, et il est bien spcifi quil ny a pas dintention dimposer lindpendance contre les dsirs des peuples concerns. On y parle dune relation moderne entre le Gouvernement britannique et les territoires, base sur quatre principes, savoir : libre dtermination, obligations et responsa-bilits partages, libert aux territoires pour conduire ses affaires intrieures au plus haut niveau possible et lengagement du Royaume-Uni de promouvoir le d-veloppement conomique des territoires. Enfin, dans ce document, dont les deux versions ont t contestes par lArgentine, la puissance coloniale assume lenga-gement de maintenir une forte prsence militaire afin de garantir sa prtendue souverainet sur les territoires quelle occupe dans lAtlantique Sud.

    Ces ides ont conduit le Royaume-Uni concevoir que dune certaine faon lexer-cice de la libre dtermination constitue le statut actuel du maintien des liens avec le Royaume-Uni. Dans le cadre de cette apparemment nouvelle forme de relation, le Royaume-Uni accorde des pouvoirs fictifs dautonomie aux habitants transplan-ts des les, en gardant pratiquement toutes les dcisions du fonctionnement de la colonie entre les mains du Gouverneur, qui est un fonctionnaire britannique nomm par la Reine.

    La structure institutionnelle rsultant de la prtendue constitution de 2008, fixe un cadre dans lequel les facults excutives, lgislatives et judiciaires se confondent dans la figure du Gouverneur colonial qui, son tour, fonctionne constitutionnelle-ment comme un reprsentant du pouvoir de la Reine. Ceci raffirme un rgime bas sur la suprmatie nocoloniale du Royaume-Uni sur les Iles Malouines.

    4. Le nom officiel du document est Partnership for Progress and Prosperity, Britain and the Overseas Territories, Presented to Parliament by the Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs by Command of Her Majesty, march 1999.

    5. Le nom officiel du document est The Overseas Territories, Security, Success and Sustai-nability, Presented to Parliament by the Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs by Command of Her Majesty, June,2012.

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    Un clair exemple en est larticle 11 de la Constitution coloniale de lanne 20086, par lequel la Reine se rserve le pouvoir total de sanctionner la lgislation pour la paix, lordre et le bon gouvernement des Iles, ainsi que celui damender la lgislation en vigueur actuellement.

    La clause paix, ordre et bon gouvernement, vide de contenu concret, a t utili-se non seulement pour largir les pouvoirs du colonialisme mais aussi pour sou-tenir des autoritarismes et lapartheid. Un exemple actuel en est lexpulsion par le Gouvernement britannique des habitants de lIle Diego Garca de lArchipel de Chagos, territoire britannique doutremer, travers un Ordre Excutif, qui fait ap-pel aux raisons de paix, ordre et bon gouvernement du territoire. 7

    Il faut que ce soit clair que le droit la libre dtermination ne correspond pas cette population, ensemble de sujets britanniques rsidant en territoire argentin. Les Nations Unies ont expressment rejet en 1985 lapplication de ce principe cette question, car la population des Iles Malouines nest pas un peuple, et encore moins un peuple domin ou sous le joug dune puissance coloniale

    6. The Falklands Islands Constitution Order 2008, conteste par le Gouvernement argentin le 6 novembre 2008 par Note 331/2008 du Ministre des Relations Extrieures, du Commerce International et du Culte Direction Gnrale des Malouines et de lAtlantique Sud- adresse lAmbassade du Royaume-Uni de la Grande Bretagne et de lIrlande du Nord Buenos Aires.

    7. En 1966, le Gouvernement Britannique accordait avec les Etats-Unis la cession de lArchi-pel de Chagos pour que ce pays y installe une base militaire dans lIle Diego Garca. Laccord tablissait que lle serait remise sans population, pour une priode de 50 ans. Les habitants de Diego Garca furent forcs abandonner leurs foyers ; dans leur grande majorit, ils furent dports vers lIle Maurice et les Seychelles sans aucune aide la relocalisation ; ils se sont retrouvs sans argent, sans travail ni logement, dans des conditions dextrme pauvret et de discrimination ethnique et raciale.En 2000, le Tribunal Suprieur de Justice du Royaume-Uni se pronona en faveur du droit des chagosiens retourner dans larchipel, lexception de Diego Garca. En 2004, le gouverne-ment britannique a utilis une prrogative royale pour casser cette dcision du tribunal. En 2006, le Tribunal Suprieur de Justice a mis un arrt dclarant illgale lexpulsion par le Gouvernement britannique des habitants de leurs foyers (Lide quun ministre puisse, au moyen dun Ordre Excutif, exiler toute la population dun territoire britannique doutremer et affirmer quil le fait pour la paix, lordre et le bon gouvernement est, pour nous, rpu-gnante. Judges, Lord Justice Hooper et Mr Justice Cresswell. ver Britain shamed as exiles of the Chagos Islands win the right to go home, by Neil Twedie, The Telegraph, 12 may 2006) Face cette situation, le gouvernement porta laffaire devant la Chambre des Lords, qui annula en 2008 la dcision de justice et refusa nouveau aux chagosiens la possibilit de revenir dans leurs foyers.

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    pouvant tre sujet titulaire du droit la libre dtermination, comme ltablit la Rsolution 1514 de lAssemble Gnrale. Il sagit au contraire, dune population implante par la propre puissance coloniale, comme nous lavons clairement mon-tr ci-dessus. Les Iles Malouines sont un territoire colonial car le Royaume-Uni y a fix l un rgime de colonies pour lexercice de son imprialisme, mais il ny a pas de peuple colonis, victime de domination par une socit diffrente et plus puissante. Il sagit des propres sujets de la puissance occupante.

    Appliquer le principe de libre dtermination signifierait de promouvoir la cassure de lintgrit territoriale argentine et valider loccupation par la force dune partie du territoire national. Cela signifierait de donner la voix une partie de la popu-lation de la puissance doccupation pour quelle devienne une sorte darbitre dans une dispute qui concerne son propre pays, comme le reconnat lensemble de la communaut internationale travers les Nations Unies.

    Le cadre juridique pos par les Nations Unies depuis lanne 1964 et ritr jusqu nos jours sur cette Question, concerne bien une question coloniale, spciale et particulire, car elle porte sur une dispute de souverainet qui doit tre rsolue par le moyen de ngociations entre les parties en tenant compte des intrts des habitants, conformment la Rsolution 1514 de lAssemble Gnrale, qui est la norme fixant llimination du colonialisme sur le principe de la libre dtermination et, comme cest le cas ici, du principe dintgrit territoriale.

    Rsultat de cet appel de la Communaut internationale, ds 1966, nos deux pays ont maintenu des ngociations bilatrales dans le cadre desquelles ont t envisa-ges diffrentes formules de solution, et rdig des documents, valids et mme paraphs, par lesquels le Royaume-Uni a accept de reconnatre la souverainet argentine. Ces changes ont dur jusquen 1982. La communaut internationale, comme avant 1982, a continu de reconnatre lactualit et la nature de la contro-verse ainsi que lappel ngocier, lanc lArgentine et au Royaume-Uni travers nombre de dclarations, anne aprs anne, par lAssemble Gnrale et le Comit Spcial de Dcolonisation.

    De mme, lOrganisation des Etats Amricains (OEA), les Sommets Ibro-amri-cains, le Sommet des Pays Sud-amricains et des Pays Arabes (ASPA), la Zone de Paix et de Coopration de lAtlantique Sud (ZPCAS), le Groupe des 77 plus Chine, et le Systme dIntgration Centre-amricain (SICA) se sont manifests de faon ritre en faveur de la reprise des ngociations bilatrales.

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    Mesdames et Messieurs, respectable public,

    Manquant de titres pour rester dans le territoire, le Royaume-Uni fait appel un gnreux principe comme celui de la libre dtermination, qui fut rig en dfense des peuples opprims, pour conserver une conqute, fruit de sa politique imp-riale du XVIIIme sicle, en utilisant la population quelle a elle-mme a transplan-te pour lutiliser comme un outil de cette occupation.

    Dans les Iles Malouines, le Royaume-Uni dfend des valeurs ngatives qui sont la perptuation de son imprialisme la faon du XVIIIme sicle, la perptuation dune conqute, la perptuation du colonialisme et enfin une attaque la libre dtermination du peuple argentin, priv de lexercice de ce droit sur une partie de son propre territoire.

    Mme si le Royaume-Uni essaye de le couvrir sous une nouvelle faade, de lap-peler relation moderne avec ses propres sujets, nous sommes ici en prsence du vieil imprialisme, o un pays puissant se sert dans les ressources dun pays mergent comme lArgentine. La persistance de limprialisme britannique actuel continue dtre un illicite international.

    Lesprit constructif et pacifique qui a toujours anim tous les gouvernements d-mocratiques argentins me porte ritrer aujourdhui devant vous lindfectible volont de mon pays de dialoguer avec le Royaume-Uni, comme nous lordonnent les Nations Unies, en vue de rsoudre une fois pour toutes cette longue et injuste dispute qui heurte depuis le premier jour les plus hauts sentiments de ma patrie.

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    Malouines, colonialisme et nocolonialisme au XXIme sicle V

    Paz Andrs Senz de Santa MaraTraduction non officielle

    Je souhaite tout dabord remercier lAmbassade de la Rpublique Argentine en France pour son aimable invitation participer cette table ronde, qui moffre loc-casion de faire la connaissance et dentendre Monsieur lAmbassadeur Daniel Fil-mus, Secrtaire dEtat aux Affaires concernant les Iles Malouines, le professeur Mc-Guirk et le Dput Sergio Coronado. De mme, cest avec plaisir que jchangerai sur la question du colonialisme au XXIme sicle avec les personnes ici prsentes.

    Le cas de Gibraltar partage avec celui des Iles Malouines de nombreux lments: sa qualification juridique selon le Droit international, la doctrine fixe par les Nations Unies pour sa solution, la rsistance du Royaume-Uni respecter ses obligations en tant que puissance colonisatrice et la tentative de dvier laffaire vers le principe de libre dtermination. Dans les deux cas, au dtriment du principe dintgrit territoriale.

    En ce qui concerne Gibraltar, outre la controverse territoriale, il y en a encore deux autres: lune porte sur les eaux adjacentes car lEspagne refuse doctroyer des espaces maritimes au-del du port et lautre sur listhme, occup par les Britanniques au XIXme sicle en invoquant des ncessits humanitaires ; en 1909 ils ont pos une grille en fer et profit ensuite de la guerre civile espagnole pour construire laroport. Par ailleurs, le fait que les deux Etats impliqus dans le contentieux soient membres de lUnion Europenne ajoute un autre lment distinctif. Cependant, je ne vais pas aborder ces dimensions particulires. Je me centrerai sur la perspective de la dcolonisation.

    Comme vous le savez, Gibraltar est une pninsule dun peu plus de 5 km2, domine par un Rocher qui lui donne son nom, et occupe une position stratgique lentre de la Mditerrane. Gibraltar compte actuellement 30.000 habitants. Le territoire

    V. La prsente exposition de Mme Paz Andrs Senz de Santa Mara, Professeure, de lUni-versit dOviedo, a eu lieu dans le cadre de la table ronde sur le thme Malouines, colonia-lisme et nocolonialisme au XXIme sicle durant la Semaine des Malouines, organise par lAmbassade Argentine, la Maison de lAmrique Latine, Paris, le jeudi 23 octobre 2014.

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    fut cd la Couronne de la Grande-Bretagne aprs la Guerre de Succession es-pagnole par larticle X du Trait dUtrecht de 1713 par lequel, avec la cession de la ville et le chteau de Gibraltar, son port, dfenses et forteresse a t incluse une clause de premire option pour lEspagne au cas o la Couronne britannique renoncerait au territoire. Donc, le contentieux est dj vieux de 300 ans.

    Aujourdhui, Gibraltar est un centre financier grce aux avantages accords aux socits par une lgislation fiscale qui ajoute au taux rduit dimpt le fait que

    sont exonres les entreprises qui ont leur adresse fiscale dans la colonie mais qui nexercent pas l leur activit, ce qui explique quil y ait presque 80.000 entreprises domicilies dans ce territoire. Lautre lment du systme de Gibraltar cest lopa-cit, qui agit comme un instrument dattraction de capitaux et qui persiste malgr la signature de certains accords dchange dinformation fiscale.

    Les distorsions que tout ceci produit sur les marchs financiers dEspagne et dEu-rope expliquent que la Commission Europenne et lOCDE se soient penches depuis longtemps sur la question. Un autre secteur conomique trs prospre est celui des jeux de hasard et les paris sur Internet, avec galement un taux dim-position trs faible. Par ailleurs, Gibraltar accueille une importante base militaire navale et arienne ainsi quune base dintelligence du Royaume-Uni, qui font partie du noyau stratgique de la politique de scurit et de dfense britannique. Je re-viendrai tout lheure sur ces bases.

    La consolidation du statut colonial de Gibraltar seffectue avec les Nations Unies. En 1946, le Royaume-Uni catalogue Gibraltar comme un territoire non autonome. Une fois approuve par lAssemble Gnrale, en 1960, la Rsolution 1514 qui en-gage le processus de dcolonisation, Gibraltar est inclus dans la liste des cas en attente. Cependant, comme cest le cas aussi avec les Malouines, la considration de Gibraltar comme situation coloniale na pas entran lapplication ce cas de lapproche gnrale lie au principe de libre dtermination; au contraire, les Na-tions Unies ont opt pour une formule spcifique selon laquelle cest le principe dintgrit territoriale qui prvaut, et la dcolonisation doit se faire au moyen de la rtrocession du territoire, laquelle on doit y parvenir par des ngociations entre les deux Etats. Cest ainsi qua t tabli ce que lon a appel le Consensus de 1964, ritr par des Rsolutions ultrieures de lAssemble Gnrale, lune desquelles avait mme fix la date du 1er octobre 1969 pour mettre fin la situation coloniale. En outre, les Nations Unies nont jamais proclam que les habitants de Gibraltar pouvaient tre considrs comme un peuple.

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    En dfinitive, le traitement donn cette affaire et celle des Malouines porte la conclusion que pour lOrganisation mondiale, la dcolonisation nest pas toujours lie au droit de libre dtermination quand il sagit dun territoire ayant des liens an-trieurs avec un autre Etat et dont les habitants ne sont pas considrs comme un peuple. Dans ce type de cas, la formule considre comme la plus approprie est celle des ngociations entre la puissance administratrice et lautre Etat, dans les-quelles il faudra tenir compte des intrts mais non de la volont de la population.

    Depuis 1975 lAssemble Gnrale approuve chaque anne une Dcision de consensus sur Gibraltar dans laquelle elle prie instamment les parties de continuer les ngocia-tions en vue de la solution du contentieux. Conformment la plus rcente, lAssem-ble Gnrale Prie instamment les Gouvernements dEspagne et du Royaume-Uni ,

    tenant compte des intrts et des aspirations de Gibraltar qui soient lgitimes selon le droit international, de parvenir une solution dfinitive du problme, conformment

    aux rsolutions pertinentes de lAssemble Gnrale et des principes applicables.

    Malgr tout cela, le contentieux colonial de Gibraltar reste sans solution, en raison de la ngative du Royaume-Uni de reprendre les ngociations. A plusieurs reprises, on a avanc sur des propositions, mais aucune dentre elles na abouti. Je ne rappellerai que

    le dialogue loccasion de ladhsion de lEspagne aux Communauts Europennes, qui a donn lieu la Dclaration de Bruxelles de 1984, par laquelle on sest mis dac-cord sur ltablissement dun processus de ngociation qui serait le cadre pour traiter des questions de souverainet; de mme, les ngociations qui ont eu lieu en 2001-2002, lors desquelles on avait voqu une souverainet partage, ont chou.

    En 2004, le Gouvernement du Prsident Rodrguez Zapatero avait essay une for-mule diffrente, spare des ngociations sur la souverainet, travers le Forum Tripartite de Dialogue, qui a donn lieu aux Accords de Cordoba de 2006. Le bilan de cette nouvelle formule, de mon point de vue, cest que lEspagne a beaucoup concd en change de presque rien. Le plus contestable cest que lEspagne a admis que ce Forum Tripartite Gibraltar puisse avoir une voix propre et spare. Ctait la premire fois quun gouvernement espagnol consentait une coop-ration directe avec Gibraltar. Le Forum ne sest pas runi depuis 2010, car il na pas install un climat de confiance qui aurait pu, hypothtiquement, permis de reprendre les ngociations sur la souverainet et, en plus, parce que le gouver-nement de Gibraltar a intensifi ses actes inamicaux envers lEspagne. A lheure actuelle, on a commenc parler dinstaller un mcanisme de coopration locale auquel participeraient les autorits rgionales et locales espagnoles et celles de Gibraltar, mais ce mcanisme ne sest pas encore matrialis.

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    Le processus ouvert par le Royaume-Uni dans son Livre Blanc de 1999 afin dac-tualiser sa relation avec les territoires dpendants, qui a donn lieu de nouveaux textes constitutionnels dans chacun dentre eux, a ajout un obstacle important aux tentatives de solution du contentieux colonial avec lEspagne. Le Dcret Constitutionnel de 2006 et le rfrendum auquel il a donn lieu, sont voqus aussi bien par Royaume-Uni que par le gouvernement de Gibraltar pour mettre un point final au statut colonial. Tous les deux ritrent leurs positions chaque fois que les organes des Nations Unies interviennent. Selon le Royaume-Uni, cette Constitution fut accepte par la population lors dun rfrendum qui a constitu un acte dmocratique lgitime de libre dtermination et fixe une relation mature entre Gibraltar et le Royaume-Uni, qui nest pas base sur le colonialisme. A son avis, le Comit Spcial de Dcolonisation utilise de vieux critres dpasss pour liminer des territoires de sa liste, qui ne reconnaissent pas la relation mutuelle-ment accepte entre le Royaume-Uni et Gibraltar, raison pour laquelle ils devraient tre rviss et, en outre, le principe dintgrit territoriale na jamais t applicable la dcolonisation de Gibraltar. Finalement, le Royaume-Uni raffirme toujours son engagement quil appelle double lock selon lequel il ne signera jamais des

    accords impliquant que la population de Gibraltar passe sous la souverainet dun autre Etat contre ses dsirs, et nengagera jamais de processus de ngociations de souverainet avec lequel Gibraltar ne serait pas daccord.

    Les interventions successives des principaux ministres de Gibraltar sorientent dans cette mme direction, tout en signalant que les habitants de Gibraltar ont exerc ce quils appellent la quatrime option de celles prvues dans la rsolu-tion 2625 de lAssemble Gnrale. Lactuel Ministre Principal est arriv dire que Gibraltar se propose de rester avec la Couronne britannique perptuit, fournis-sant de la sorte un bon exemple de colonialisme consenti. Il a dit galement que, de son point de vue, ce nest pas vrai que certaines situations coloniales seraient spciales et particulires en raison des disputes de souverainet comme cest le cas de lEspagne avec Gibraltar et de lArgentine avec les Malouines, en ajoutant que les deux Etats font des efforts pour crer une doctrine qui na aucune base sur les rsolutions des Nations Unies ni sur dautres normes du droit international.

    Cependant, le processus de modernisation du statut juridique des British Overseas Territories na pas altr la position de lAssemble Gnrale des Nations Unies en ce qui les concerne, car elle entend quil sagit dun type de mesures qui touche la structure interne de la gouvernance dans le cadre du statut territorial actuel. Elle la dit dans plusieurs rsolutions.

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    Par consquent, la tentative de connecter le cas de Gibraltar avec le contexte gnral de la dcolonisation pour bnficier de lapplication du principe de libre dtermination sous-jacent aux positions du Royaume-Uni et de Gibraltar, na pas trouv daccueil favorable jusqu prsent aux Nations Unies. Ni la quatrime op-tion invoque, ni la relation moderne et mature ne sont acceptes par lOrgani-sation comme solution pour ce cas concret, qui continue dtre compris comme une situation spcifique dont la solution passe par les ngociations entre Espagne et le Royaume-Uni. En rsum, la doctrine consolide des Nations Unies exclut lapplication du droit la libre dtermination externe Gibraltar, comme elle fait galement en ce qui concerne les Iles Malouines.

    En tout cas, et bien que jinsiste on ne peroit pas de changements dans la posi-tion des organes des Nations Unies, il convient de rester vigilant sur les risques de voir prvaloir cette lecture en biais anglo-gibraltarienne de la libre dtermination, dans laquelle sinfiltrent de faon intresse la dimension interne de ce principe, constitue par le droit la dmocratie et la participation la prise de dcisions.

    Or, il faut dire que bien que cette dimension interne est reconnue dans les Pactes de Droits Humains de 1966, les obligations du Royaume-Uni de procder la dco-lonisation de Gibraltar conformment aux prescriptions des Nations Unies restent cependant intactes et que par consquent cet Etat doit ngocier de bonne foi en vue datteindre une solution qui tiendrait compte du principe dintgrit territo-riale, sans pouvoir se servir au niveau international de lopposition interne de la population de Gibraltar. En ce sens, la seule chose exige par les Dcisions de Na-tions Unies sur Gibraltar est que dans les ngociations entre les deux Etats soient pris en compte les intrts et les aspirations des habitants du territoire, ce que lEspagne et lArgentine en ce que concerne les Malouines, acceptent clairement. En dfinitive, le droit la libre dtermination interne interfre dans la solution du contentieux de Gibraltar mais ne le fait que dans le sens dobliger le Gouver-nement britannique dans sa sphre domestique dintervention, sans que soient touchs les droits de lEspagne.

    Il faut galement noter que le travail des lobbies stimuls par Gibraltar est de plus en plus intense et omniprsent, et saccompagne de campagnes politiques, comme la visite en juillet dernier de Fabin Picardo Madrid, durant laquelle il sest entretenu avec des reprsentants de certains groupes politiques, lintrieur mme de limmeuble du Congrs des Dputs, faisant tout cela la publicit cor-respondante. Cest galement possible que tout ceci puisse expliquer le rcent Rapport de la Commission des Affaires Etrangres de la Chambre des Communes,

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    galement de juillet, dans lequel est critiqu le Gouvernement britannique pour ce qui est considr comme des interventions peu fermes ou lentes, et dans lequel galement on lui demande en urgence de dissuader le gouvernement espagnol dappliquer les mesures de contrle quil est en train dadopter sur le passage par

    la grille et lutilisation des eaux. Dans le document de rponse prsent en sep-tembre, le Gouvernement de M. Cameron insiste sur la garantie que suppose le double lock. Il est intressant de signaler que dans ce document, le Gouvernement

    britannique reconnat quil croit que le Comit des 24 ne changera pas sa position sur le retrait de la liste dans un avenir prochain.

    A mon avis, le vritable obstacle la solution du contentieux de Gibraltar rside dans lintrt stratgique et de scurit britannique et donc dans lusage de Gibraltar comme base militaire et dintelligence. Cest la principale raison qui a fait chouer la formule de ngociation en 2002, alors quil semblait quelle allait prosprer. En ce qui concerne le Royaume-Uni, tout le reste y compris les intrts de la population de Gibraltar- est secondaire, cest juste un cran utile cachant le fond de laffaire. En sachant que les Gibraltariens prfrent rester Britanniques, le Royaume-Uni ne risque rien en invoquant pour eux le droit la libre dtermination et russit en mme temps se procurer un bouclier protecteur dapparence moderne et dmocratique.

    Ainsi poses les choses, je vais terminer sur deux rflexions. La premire cest que, comme je lai dit au dbut, bien que le traitement juridique par les Nations Unies des cas de Gibraltar et des Malouines soit le mme, il y a une diffrence importante, car lArgentine compte avec lappui explicite de nombreux Etats latino-amricains et des Carabes, aussi bien de faon individuelle qu travers diffrentes organisa-tions internationales du domaine rgional et sous-rgional et cet appui se manifeste habituellement devant les organes comptents des Nations Unies, par le biais din-terventions, ou des textes communs qui sont prsents. Par ailleurs, les documents approuvs font rfrence expresse lexistence dune controverse de souverainet.

    Inversement, nous ne pouvons pas dire la mme chose par rapport lEspagne et Gibraltar: les documents nincluent pas des avertissements sur lexistence dune controverse de souverainet; lors des sessions consacres la cette question au sein des organes avec comptence en matire de dcolonisation, ninterviennent que les reprsentants dEspagne et du Royaume-Uni en plus de ceux du Gouver-nement de Gibraltar et des groupes dappui aux positions de celui-ci, les projets de Dcision manent de la prsidence des organes comptents et leur contenu na pas le poids contondant qui caractrise les rsolutions sur les Iles Malouines.

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    De ces constatations, on pourrait dduire des suggestions politiques, mais ce nest plus mon domaine.

    La deuxime rflexion est que, de mon point de vue, Gibraltar devrait faire lobjet dune politique dEtat, au-del des intrts partisans. Je crois que contre cette n-cessit joue le fait que le contentieux a t utilis comme lment de distraction durant la dictature franquiste, ce qui porte certains considrer que de maintenir une position ferme sur cette question est une preuve de patriotisme dmod. Ce-pendant, je pense que quand un Etat dfend ses intrts lgitimes et que la lgalit internationale est de son ct, on ne peut pas laccuser de patriotisme dmod; au

    contraire, il remplit ses obligations.

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    PrsentationVI

    Sergio Coronado

    La France a t un Empire colonial et une grande puissance coloniale, et puis peut-tre ce quil faut souligner cest que le rve des lumires et le rve rvolutionnaire se sont panouis dans cette aventure coloniale. Jai toujours en mmoire quand jinterviens sur ce type de sujet ce trs beau livre dAlejo Carpentier racontant lhis-toire de Sofia et dEsteban qui sont des Voltairiens, des amoureux de la France des Lumires et de la Rvolution et qui meurent sopposant lentre des troupes de la Rvolution en Espagne au nom des grands idaux de la Rvolution et protes-tant contre cette premire aventure coloniale conduite par la France.

    Et puis regarder de plus prs, les rapports entre Paris et ses anciennes puissances restent marqus du sceau de cette relation asymtrique et de domination puisque la France, en tout cas je veux croire que cela a chang depuis llection de Franois Hollande, a longtemps perptu une stratgie de domination au nom de la dfense de ses intrts. Cest lingrence dans les affaires africaines, cest parfois le main-tien des tats africains dans la dpendance travers laide au dveloppement, cest une exploitation dsquilibre des richesses du continent et puisque la polmique a abord dernirement le rle de Total cest parfois les agissements de certaines grandes entreprises dans les maux qui ont pu svir en Afrique (coup dtats, rvo-lutions de palais, grande rpression et captation des ressources). Donc laffiliation entre la politique de la France en Afrique depuis les annes 60 et la colonisation qui la prcd est de fait une trs grande vidence. La premire prend incontes-tablement ses racines dans la seconde. linstar des puissances europennes, la France a une histoire coloniale, elle a t un Empire et la colonisation est dune certaine faon un des piliers de son rcit National. Jai toujours en mmoire ces phrases non pas en faveur de lducation et de lalphabtisation des jeunes filles

    VI. La prsente intervention a t ralise par Monsieur le Dput Sergio Corona-do (EELV Les Verts, IIe circonscription des Franais tablis hors de France) lors de sa participation la Table ronde concernant Les les Malouines, le colonialisme et le no-colonialisme au XXIe sicle, au cours de la Semaine des les Malouines organise par lAmbassade de la Rpublique Argentine en France, la Maison de lAmrique Latine, Paris, le jeudi 23 octobre 2014.

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    mais en faveur au contraire de la domination coloniale. Ces fortes phrases de Jules Ferry qui ont eu des consquences dramatiques sur certains peuples: les races suprieures ont sur les races infrieures un droit quelles exercent, ce droit pour une transformation particulire et dans le mme temps un devoir de civilisation. Cest la France du 19e, des aventures coloniales et aussi paradoxalement ce qui a longtemps anim le dbat public. Les conservateurs ntaient pas ncessairement ce que lon pense puisque les amis de Pierre sopposaient laventure coloniale au nom des conomies ncessaires. Alors que le camp progressiste ou gauche rpublicaine taient des ardents dfenseurs de cette aventure au nom du principe de civilisation. Donc J. Ferry correspond cette image et tradition coloniale qui a accompagn le rcit national et qui a permis la France de devenir ce quelle est et de tisser les relations quelle entretient aujourdhui avec un nombre de pays extrmement important. En effet, les oppositions colonialistes prsentes dans la classe politique cette poque ntaient pas franchement dordre humaniste mais plutt dordre conomique et financier. Ctait donc tout fait dautres logiques que celles qui ont pu se manifester aprs la guerre.

    Je voulais aussi revenir sur un cas qui me semble particulirement emblmatique de cette relation asymtrique: celui dHati. Premier tat noir de lhistoire moderne qui proclame son indpendance en Janvier 1804. Je rappelle que la France expuis-sance coloniale exige un ddommagement de 150 millions de francs pour compen-ser les colons. Cest un dbat qui a rcemment ressurgi au travers de la dette et des ddommagements ncessaires pour les victimes de cette priode. Hati alors Saint Domingue cde la France aprs un blocus maritime et un conflit arm et la perte des Antilles doit alors emprunter pour acquitter la dette de lindpendance, une dette rduite par Louis Philippe 90 millions quivalente 17 milliards deuros actuels. Daprs de nombreux historiens, cette dette a considrablement handica-p le dveloppement de ce pays. Jaurais mme t un peu plus loin que les propos de N. Sarkozy qui tait le premier chef dtat Franais a se rendre sur lle et qui avait dclar: Notre prsence ici na pas laiss que de bons souvenirs. Elle a lais-s une langue, une culture mais aussi de trs mauvais souvenirs. Il y a donc dans lhistoire franaise une forme de prennit dans la constitution de ce que nous sommes aujourdhui mais continuum colonial vrai dire et plus de 50 ans aprs les indpendances qui ont t difficiles. Rappelez vous les tentatives de De Gaulle pour maintenir lEmpire dans une forme dassociation et finalement les difficults aprs les conflits arms, les guerres pouvoir passer un stade de ngociation et passer un stade de paix (Algrie, pays du Sud Est asiatique). Cest une longue marche aprs la seconde guerre mondiale qui conduit la France se sparer de ses

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    anciennes colonies et en mme temps on ne peut pas dire que ces dcolonisations mettent un terme la pratique coloniale ou cette tendance quont les Empire garder une main sur les anciens territoires. Je voudrais rappeler comment la rela-tion asymtrique entre la France et ces pays prend une autre tournure avec ce que lon appelle toujours la France-Afrique. Ces relations de domination, dingrence, de dpendance entre la mtropole, Paris, et les anciennes colonies/territoires do-mins. La France-Afrique cest un systme qui sest longtemps caractris par des pratiques de soutien aux dictatures par des coups dtat, des assassinats politiques mais aussi par des dtournements de fond ou financements illgaux de partis poli-tiques. Cest une relation dans les 2 sens qui est aussi une intervention dans la vie politique franaise et un systme occulte et discrtionnaire qui a longtemps relev du pouvoir dtat de la prsidence de la Rpublique. Des personnages clbres ont marqus cette histoire, une cellule africaine au palais de llyse avec une in-grence dans les affaires intrieures dans diffrents pays africains et des biens financiers entre les rgimes africains, les entreprises, les partis et ltat franais. Ctait cette volont maintenue de la France de dfendre les intrts sur les plans stratgiques et conomiques car laccs des ressources naturelles aux multinatio-nales est stratgique et tait un objectif capital pour les diffrents pouvoirs qui se sont succds depuis les indpendances. Comme certains le disent aujourdhui, mme si on a limpression que cette France-Afrique nest plus tout fait ce quelle tait, cette relation permet toujours danalyser et de comprendre cette pratique trs franaise dintervention dans les anciennes colonies mme si les justification et la ralit des interventions sont diffrentes, comme cest le cas au Mali. On ne peut finalement faire lconomie de cette rflexion sur lactualit de la question coloniale quand on voit le dploiement militaire franais ltranger. Cest vrai nous mme, reprsentants franais, ont du mal se sortir de cette Histoire. Je rappelle une anecdote, lorsque nous sommes alls en dlgation officielle avec le premier Ministre lors de la runion de la celac, en priode dintervention au Mali, un certain nombre de pays ont protest contre ce type dintervention qui tait pour le Brsil empreinte de traditions imprialiste et colonialiste. On a parfois eu du mal comprendre un type dintervention si muscl dans une enceinte qui a lhabitude dtre plus feutre.

    Je crois quil y a un troisime point qui parat important et polmique. Je crois que le continuum colonial est une espce dvolution de ce concept l en no-colonia-lisme. Il se retrouve dans les dbats franais sur lidentit, cest que cette question na pas t solde. Et cest dune certaine faon la place que lon fait aux immigra-tions issues des colonies, la manire dont la France a du mal se vivre comme une

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    Nation multiculturelle avec des apports tout fait divers, cest parfois les ractions excessives, violentes et stigmatisantes lgard de ce qui est devenu la deuxime religion dans ce pays. Un rapport de lancien directeur de cabinet du ministre de lidentit nationale fait tat dune majorit de prisonniers musulmans potentielle-ment djihadistes dont je crois en effet que la manire avec laquelle sorganise le dbat autour des questions didentit, autour de la place de ceux qui sont franais depuis plusieurs gnrations mais qui sont toujours vus comme venant dailleurs est une forme de consquence dune histoire qui na pas tout fait t solde. En mme temps, je crois que des progrs considrables ont t faits. En tout cas je lespre et je le constate dune faon, une plus grande transparence, une moins grande tolrance, des questions qui font dsormais parties du dbat publique mme si la politique trangre franaise ne fait pas partie des prrogatives du Parlement et cest une situation tout fait regrettable et condamnable. Je crois en effet que ces pratiques asymtriques, de domination ne sont plus tout fait tolres. Dans les annes qui viennent, ce qui relevait du pr carr en Afrique sera une Histoire passe. Cest la condition pour solder cette histoire coloniale qui a maill lhistoire rcente. En 1991, les accords de Nouma mettent provisoirement fin une situation dune trs grande violence sans mettre fin au statut mme de lle et la situation de domination que nous exerons sur une srie de territoires.

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    Les les Malouines, le colonialisme et le no-colonialisme au XXIe sicleVII

    Bernard McGuirkTraduction non officielle

    nous de construire des ponts

    Larrive de Madame lAmbassadrice Alicia Castro lAmbassade de la Rpublique

    Argentine Londres, dbut 2012, a inspir, aprs un vide de quelque quatre ans,

    une dimension remarquable de dialogue et dinfluence dans le domaine et dans la

    perspective depuis laquelle jcris. En tant que Directeur du International consor-

    tium for the study of post conflict reconstruction and reconciliation (ICSP-CRR), mon

    but est de rflchir non seulement aux dveloppements dans les relations poli-

    tiques et diplomatiques entre lArgentine et le Royaume-Uni, comme lon pourrait

    sy attendre, mais aussi aux questions et aux dfis intellectuels et culturels dans

    un contexte en constant mouvement de stratgies communicationnelles et de dis-

    cours et dbats multidisciplinaires caractre international.

    Les troits couloirs du pouvoir et du non-pouvoir, parfois convenablement spars,

    dans lesquels et avec lesquels dveloppent leurs activits des entits telles que les

    partis politiques, les gouvernements, les ambassades, les forces armes, le pouvoir

    judiciaire et dautres autorits lgales, ont t parcourus, voire peupls, ncessai-

    rement mais non pas de manire consistante, par des spcialistes suffisamment

    malins pour chercher et enquter au-del de leurs domaines de spcialisation par-

    VII. La prsente intervention du Dr. Bernard McGuirk, de lUniversit de Nottin-gham, Royaume-Uni, a eu lieu lors de la Table ronde concernant Les les Ma-louines, le colonialisme et le no-colonialisme au XXIe sicle, au cours de la Se-maine des les Malouines, organise par lAmbassade de la Rpublique Argentine en France, la Maison de lAmrique Latine, Paris, le jeudi 23 octobre 2014.

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    ticuliers et rangs. De nos jours, ces professionnels doivent aussi faire attention au

    pouvoir mdiatique implacable et lInternet, rseau de moins en moins contr-

    lable, avec ses immatrisables rseaux sociaux, soit dans ou, de plus en plus, hors

    du pouvoir et de la porte des lgislations nationales et internationales.

    Attentive, nous y croyons, la pluralit dintrts, de points de vue, dapproches

    et de connaissances techniques au moyen dune vaste gamme de disciplines et de

    spcialistes, Madame lAmbassadrice Alicia Castro a laiss des traces non seule-

    ment dans le mode traditionnel de mettre lessai les eaux de la diplomatie, mais

    aussi en plongeant dans les courants assez souvent insondables de lacadmie et de

    ses affluents. Auteur de Falklands-Malvinas: an Unfinished Business [Falklands-Ma-

    louines : une affaire inacheve] (2007), je me suis soudain retrouv moi-mme non

    seulement invit des runions avec des acadmi