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INTRODUCTION Ce numĂ©ro d’INFOACTION fait le survol d’une histoire ponctuĂ©e de hauts et de bas, laquelle a dĂ©butĂ© en 1969 par l’adoption de la Loi sur les langues officielles. Ce bilan des 35 derniĂšres annĂ©es nous rappelle combien le chemin parcouru a Ă©tĂ© long, tortueux et semĂ© d’embĂ»ches. Il souligne aussi les nombreux progrĂšs qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s au profit des communautĂ©s linguistiques dans divers domaines, comme l’éducation, les communications, la culture et, plus rĂ©cemment, la santĂ©, l’immigration et l’économie. La dualitĂ© linguistique n’a pas livrĂ© ses promesses d’un seul coup : elle a Ă©voluĂ© au grĂ© du leadership exercĂ© par le gouvernement du Canada et des pressions soutenues des citoyens et des citoyennes. La situation du français s’est affermie au QuĂ©bec et s’est gĂ©nĂ©ralement maintenue dans le reste du Canada. Le pays n’a jamais comptĂ© autant de gens bilingues. Un plus grand nombre de services du gouvernement du Canada sont offerts dans les deux langues officielles et, au sein de la fonction publique fĂ©dĂ©rale, anglophones et francophones sont reprĂ©sentĂ©s Ă©quitablement. Les grandes institutions culturelles nationales incarnent et soutiennent la dualitĂ© linguistique. Il n’y a plus de dĂ©bats stĂ©riles sur la pertinence de rendre bilingues les Ă©tiquettes des produits de consommation, pas plus que sur celle de dĂ©penser annuellement une fraction du budget de l’État pour rĂ©pondre aux attentes lĂ©gitimes des deux communautĂ©s linguistiques. La volontĂ© politique Ă  l’endroit de la dualitĂ© linguistique est cependant toujours aussi imprĂ©visible que les conditions mĂ©tĂ©orologiques. Les belles journĂ©es ensoleillĂ©es sont trop souvent suivies par du temps nuageux et gris. Pourtant, aucune tempĂȘte ne s’annonce Ă  l’horizon. Le temps est donc venu, pour le gouvernement, de prendre acte et de multiplier ses efforts afin que la dualitĂ© linguistique fasse partie intĂ©grante de la culture organisationnelle de toutes les institutions fĂ©dĂ©rales, ce qui, en retour, favorisera le dĂ©veloppement des communautĂ©s linguistiques. Introduction 1 L’ossature linguistique du Canada 3 Le visage du Canada 6 Se gouverner 9 Grandir et apprendre 12 Communiquer et crĂ©er 14 Vivre en santĂ©, produire et circuler 16 Le Plan d’action 18 Nos recommandations : quelques-unes suivies; d’autres, ignorĂ©es 19 Le bulletin de rendement : place Ă  l'amĂ©lioration 20 Prix LĂ©on du Leadership 21 EnquĂȘtes et vĂ©rifications 23 Conclusion 26 Septembre 2005 Volume 11, n o 1 Loi sur les langues officielles

Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

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Page 1: Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

INTRODUCTION

Ce numĂ©ro d’INFOACTION fait le survold’une histoire ponctuĂ©e de hauts et de bas,laquelle a dĂ©butĂ© en 1969 par l’adoption de laLoi sur les langues officielles.

Ce bilan des 35 derniĂšres annĂ©es nous rappellecombien le chemin parcouru a Ă©tĂ© long,tortueux et semĂ© d’embĂ»ches. Il souligne aussiles nombreux progrĂšs qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s au profit des communautĂ©s linguistiques dans divers domaines, comme l’éducation, les communications, la culture et, plus rĂ©cemment,la santĂ©, l’immigration et l’économie. La dualitĂ©linguistique n’a pas livrĂ© ses promesses d’un seulcoup : elle a Ă©voluĂ© au grĂ© du leadership exercĂ©par le gouvernement du Canada et des pressionssoutenues des citoyens et des citoyennes.

La situation du français s’est affermieau QuĂ©bec et s’est gĂ©nĂ©ralementmaintenue dans le reste du Canada.Le pays n’a jamais comptĂ© autant degens bilingues. Un plus grand nombrede services du gouvernement duCanada sont offerts dans les deux languesofficielles et, au sein de la fonction publiquefĂ©dĂ©rale, anglophones et francophones sontreprĂ©sentĂ©s Ă©quitablement. Les grandesinstitutions culturelles nationalesincarnent et soutiennent ladualitĂ© linguistique.

Il n’y a plus de dĂ©bats stĂ©riles sur la pertinencede rendre bilingues les Ă©tiquettes des produitsde consommation, pas plus que sur celle dedĂ©penser annuellement une fraction du budgetde l’État pour rĂ©pondre aux attentes lĂ©gitimesdes deux communautĂ©s linguistiques.

La volontĂ© politique Ă  l’endroit de la dualitĂ© linguistique est cependant toujours aussiimprĂ©visible que les conditions mĂ©tĂ©orologiques.Les belles journĂ©es ensoleillĂ©es sont trop souvent suivies par du temps nuageux et gris.Pourtant, aucune tempĂȘte ne s’annonce Ă l’horizon. Le temps est donc venu, pour le gouvernement, de prendre acte et de multiplierses efforts afin que la dualitĂ© linguistique fassepartie intĂ©grante de la culture organisationnellede toutes les institutions fĂ©dĂ©rales, ce qui, en retour, favorisera le dĂ©veloppement des

communautés linguistiques.

Introduction 1

L’ossature linguistique du Canada 3

Le visage du Canada 6

Se gouverner 9

Grandir et apprendre 12

Communiquer et créer 14

Vivre en santé, produire et circuler 16

Le Plan d’action 18

Nos recommandations :quelques-unes suivies;d’autres, ignorĂ©es 19

Le bulletin de rendement :place à l'amélioration 20

Prix LĂ©on du Leadership 21

EnquĂȘtes et vĂ©rifications 23

Conclusion 26

Septembre 2005 Volume 11, no 1

Loi sur les langues officielles

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Le bulletin de rendement en matiĂšre de langues officielles,publiĂ© pour la premiĂšre fois cette annĂ©e dans le rapportannuel, donne une juste mesure du chemin Ă  parcourir.AprĂšs 35 annĂ©es de rĂ©gime linguistique, aucune des 29 institutions fĂ©dĂ©rales dont les services ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s n’aobtenu une note globale exemplaire, et sept d’entre ellesprĂ©sentent une faible note. Que faut-il en penser?

Le Plan d’action pour les langues officielles est ce qui est arrivĂ©de mieux depuis longtemps en matiĂšre de dualitĂ©

linguistique. Malheureusement, sa mise en Ɠuvren’est pas Ă  la hauteur des attentes. Le leadershippolitique bat de l’aile et s’essouffle; il n’est pas assezfort pour bien enclencher le renouveau annoncĂ©en 2003.

Le prĂ©sent numĂ©ro d’INFOACTION est un trĂšscourt rĂ©sumĂ© d’une longue histoire dont certainschapitres ont Ă©tĂ© Ă©crits, en partie, par leCommissariat. Peut-ĂȘtre y en aura-t-il, parminos lecteurs, qui rĂ©digeront un jour les suivants.

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

Coordination : Stéphanie CÎté

RĂ©daction : Yves Lusignan

Traduction : Solaris

Révision française : Kipoza

RĂ©vision anglaise : Lexitech

Infographie : MĂ©lissa Leduc

344, rue Slater, 3e Ă©tageOttawa (Ontario) K1A 0T8

Téléphone sans frais : 1 877 996-6368Télécopieur : (613) 993-5082

Courrier Ă©lectronique : [email protected] Web : www.ocol-clo.gc.ca

ISSN : 1203-0996

Dyane Adam

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

L’OSSATURE LINGUISTIQUE DU CANADA

GOUVERNANCE COMMUNAUTAIRE DES LANGUES OFFICIELLESProvince ou territoire Organismes porte-parole des minorités de langue officielle

(date d’origine)Nouveau-Brunswick SociĂ©tĂ© des Acadiens et Acadiennes

du Nouveau-Brunswick (1973)Nouvelle-Écosse FĂ©dĂ©ration acadienne SociĂ©tĂ© nationale

de la Nouvelle-Écosse (1968) de l’Acadie (1881)Île-du-Prince-Édouard SociĂ©tĂ© Saint-Thomas-d’Aquin (1919)Terre-Neuve-et-Labrador FĂ©dĂ©ration des francophones

de Terre-Neuve et du Labrador (1973)QuĂ©bec Alliance Quebec (1982), Quebec Community Groups Network (1995)Ontario AssemblĂ©e des communautĂ©s franco-ontariennes (1910)Manitoba SociĂ©tĂ© franco-manitobaine (1916)Saskatchewan AssemblĂ©e communautaire fransaskoise (1912)Alberta Association canadienne-française de l’Alberta (1926)Colombie-Britannique FĂ©dĂ©ration des francophones de la Colombie-Britannique (1945)Territoires du Nord-Ouest FĂ©dĂ©ration franco-tĂ©noise (1978)Yukon Association franco-yukonnaise (1982)Nunavut Association des francophones du Nunavut (1997)Canada (francophone) FĂ©dĂ©ration des communautĂ©s francophones et acadienne du Canada (1975)

Note : Nous utilisons les noms contemporains des organisations.

Il aura fallu une longue dĂ©marche sociale et politique, semĂ©e d’embĂ»ches, avant d’en arriver progressivement Ă  une reconnaissanceconcrĂšte et rĂ©elle des droits linguistiques au Canada. DĂšs la crĂ©ation du pays, le pacte entre les deux peuples fondateurs serarapidement mis Ă  rude Ă©preuve par une succession de crises scolaires.

PREMIERS PAS DES SERVICESBILINGUES AU GOUVERNEMENTDU CANADA1927 Le français prend place aux cÎtés de

l’anglais sur les timbres-poste.1936 Et sur les billets de banque. 1945 Les chĂšques fĂ©dĂ©raux d’allocations

familiales sont libellés dans les deuxlangues officielles pour les bénéficiairesdu Québec.

1959 L’interprĂ©tation simultanĂ©e est offerteĂ  la Chambre des communes.

1962 Les chĂšques fĂ©dĂ©raux d’allocationsfamiliales sont libellĂ©s dans les deuxlangues officielles partout au Canada.

LES INSTITUTIONS FÉDÉRALESPIONNIÈRES AU REGARD DE LADUALITÉ LINGUISTIQUE1934 Le Bureau de la traduction1936 La SociĂ©tĂ© Radio-Canada1939 L’Office national du film1952 Le CollĂšge militaire royal de Saint-Jean1957 Le Conseil des arts du Canada1964 L’École des langues1967 TĂ©lĂ©film Canada

L’existence des Ă©coles francophones est menacĂ©e, et les minoritĂ©s francophones rĂ©agissent en crĂ©ant leurs premiĂšres organisations collectives dĂšs 1881. À la mĂȘme Ă©poque, le gouvernement du Canada commence Ă  offrir des services bilingues,qui demeurent modestes.

Page 4: Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

En 1963, la crĂ©ation de la Commission royale d’enquĂȘte sur le bilinguisme et le biculturalisme marque un rĂ©el tournantdans l'Ă©volution du rĂ©gime linguistique. En effet, laCommission recommande une sĂ©rie de mesures en matiĂšre delangues officielles visant Ă  redresser les torts qui ont Ă©tĂ© faitsaux minoritĂ©s de langue officielle du pays. Suivront des gainsimportants, au rythme de l’évolution et de la comprĂ©hensiondu dossier linguistique et grĂące Ă  de nombreux jugements destribunaux et des luttes Ă©piques menĂ©es par les communautĂ©slinguistiques et des individus engagĂ©s.

‱ Adoption de la Loi sur les langues officielles, en 1969, etrefonte de la Loi en 1988.

‱ Mise en Ɠuvre du Programme des langues officielles dansl’enseignement (PLOE), en 1970.

‱ CrĂ©ation, en 1978, du Programme de contestation judiciaire.

‱ Entente entre le QuĂ©bec et le gouvernement du Canada surl’immigration, en 1978.

‱ CrĂ©ation du Programme national d’administration de lajustice dans les deux langues officielles, en 1981.

‱ EnchĂąssement des droits scolaires et des droits linguistiquesdans la Charte canadienne des droits et libertĂ©s qui confirme l’égalitĂ© du français et de l’anglais au Canada etl’accĂšs Ă  l’instruction dans la langue de la minoritĂ©.

‱ Reconnaissance du droit d’ĂȘtre entendu et compris par unjuge dans sa langue officielle, en 1985.

‱ Confirmation, en 1990, par la Cour suprĂȘme du Canada,que l’article 23 de la Charte vise Ă  redresser les injustices du passĂ© dans le domaine scolaire et que les minoritĂ©s linguistiques ont le droit de gĂ©rer leurs Ă©coles (arrĂȘt MahĂ©).

‱ PrĂ©cision, en 2000, des pouvoirs des conseils scolaires et desobligations des gouvernements par la Cour suprĂȘme duCanada (arrĂȘt Arsenault-Cameron).

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

CRÉATION DES CONSEILS SCOLAIRES DES MINORITÉS DE LANGUE OFFICIELLE1846 – QuĂ©bec. Une loi garantit la confessionnalitĂ© des conseils scolaires au QuĂ©bec, octroyant

ainsi la gestion scolaire à la minorité anglophone de cette province. En 1997, unamendement constitutionnel abolit la confessionnalité du systÚme scolaire et crée desconseils scolaires anglophones.

1978 – Nouveau-Brunswick. Mise en place des conseils scolaires homogĂšnes.1986 – Ontario. CrĂ©ation du premier conseil Ă  Toronto, suivi d’un conseil Ă  Ottawa, en 1988, et

Ă  Prescott-Russell, en 1992. Depuis 1997, les conseils francophones sont au nombre dehuit catholiques et quatre publics.

1990 – Île-du-Prince-Édouard. Un conseil scolaire couvre l’ensemble de sa population acadienne.1991 – Yukon. Le ComitĂ© scolaire de l’École Émilie-Tremblay est transformĂ© en conseil scolaire,

mais la vĂ©ritable Commission scolaire francophone du Yukon (no 23) est crĂ©Ă©e en 1995. 1993 – Alberta. CrĂ©ation des trois premiers conseils francophones, et d’un quatriĂšme en 2000. 1994 – Territoires du Nord-Ouest. CrĂ©ation du Conseil scolaire francophone de Yellowknife. 1994 – Manitoba. La Division scolaire franco-manitobaine (no 49) est crĂ©Ă©e.1994 – Saskatchewan. Le Conseil scolaire fransaskois de la Vieille est crĂ©Ă© Ă  Gravelbourg, suivi

de sept nouveaux conseils scolaires francophones en 1995, ramenés à une seule Divisionscolaire en janvier 1999.

1995 – Colombie-Britannique. Le Conseil scolaire francophone est crĂ©Ă©.1996 – Nouvelle-Écosse. CrĂ©ation du Conseil scolaire acadien provincial, bien qu’il ait Ă©tĂ©

prĂ©cĂ©dĂ© d’un conseil administrĂ© en français dans la rĂ©gion Clare-Argyle, en 1982.1997 – Terre-Neuve-et-Labrador. CrĂ©ation du Conseil scolaire francophone provincial.–––– – Le Nunavut est toujours en attente d’une vĂ©ritable gestion scolaire pour les francophones.

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‱ Une formule de gouvernance paritaire, entre des reprĂ©sentantsd’institutions fĂ©dĂ©rales et de la francophonie canadienne, estcrĂ©Ă©e dans le domaine des ressources humaines, en 1996.Cette formule est reprise dans les domaines de la santĂ©, en 2000, et de l’immigration, en 2002. Des modĂšlessemblables ont Ă©tĂ© appliquĂ©s Ă©galement dans les domaines dela santĂ© et des ressources humaines auprĂšs de la communautĂ©minoritaire anglophone.

‱ La Cour suprĂȘme prĂ©cise, en 1999, que l’égalitĂ© des languesofficielles signifie « l’accĂšs Ă©gal Ă  des services de qualitĂ© Ă©gale »(arrĂȘt Beaulac).

‱ Le gouvernement nomme, en 2001, pour la premiùre fois,un ministre responsable des langues officielles.

‱ La nouvelle Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s, promulguĂ©e en 2002, ajoute la connaissance des languesofficielles comme critĂšre dans la sĂ©lection des immigrants.

‱ Le gouvernement annonce, en 2003, son Plan d’action pourles langues officielles. Ce dernier a pour objectif de corrigerles effets nĂ©gatifs des transformations gouvernementales surla promotion des langues officielles et le dĂ©veloppement desminoritĂ©s de langue officielle, en particulier dans ledomaine de l’éducation.

‱ Le Conseil du TrĂ©sor adopte une politique qui impose defaçon gĂ©nĂ©rale l’embauche de personnes bilingues pour despostes dĂ©signĂ©s bilingues.

Il faut ajouter Ă  ce bilan l’adoption de lois et de politiques enmatiĂšre de langues officielles par certaines provinces et territoires : l’Ontario, le QuĂ©bec, le Nouveau-Brunswick,l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba,les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et le Nunavut.

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LE VISAGE DU CANADA

MĂȘme si l’origine ethnique de la population canadienne tendĂ  se diversifier, le français et l’anglais demeurent les languesles plus parlĂ©es au pays. En 2001, seulement 10 p. 100 de lapopulation parlait le plus souvent une langue autre que lefrançais ou l’anglais Ă  la maison.

En 2001 :

‱ pas moins de 5,2 millions de personnes se disent bilingues,ce qui reprĂ©sente 18 p. 100 de la population;

‱ 41 p. 100 des QuĂ©bĂ©cois parlent les deux langues officielles;

‱ 34 p. 100 des citoyens et des citoyennes du Nouveau-Brunswick sont bilingues;

‱ au cours des 30 annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, le taux de bilinguismea doublĂ© chez les jeunes anglophones hors QuĂ©bec de 15 Ă 24 ans, pour atteindre 14 p. 100. En tout, prĂšs du quart desjeunes Canadiens et Canadiennes sont bilingues.

La sociĂ©tĂ© civile canadienne adhĂšre de plus en plus au bilinguisme, et plusieurs grandes organisations nationalesfonctionnent dans les deux langues officielles. Le dialogueentre les communautĂ©s francophones et anglophones s’estrenforcĂ©, grĂące notamment au travail de l’organismeCanadian Parents for French.

La dualité linguistique fait aussi son chemin au sein dusecteur privé, surtout parmi les grandes entreprises nationaleset celles qui font des affaires au Québec.

CE QUE J’EN PENSE
Entrevue avec John Stanton, prĂ©sident-fondateur, Running Room Ltd, Edmonton

« Notre arrivĂ©e dans la province de QuĂ©becnous a obligĂ©s Ă  ĂȘtre – et Ă  devenir – uneentreprise entiĂšrement bilingue. Le fait detravailler dans les deux langues a contribuĂ©Ă  l’évolution de notre entreprise.

« En offrant nos divers formulaires dans lesdeux langues Ă  Ottawa, nous avons constatĂ©qu’entre 20 et 30 p. 100 de ceux qui disparaissaient Ă©taient en français. Nous noussommes rendu compte tout Ă  fait par hasardque jusque-lĂ  nous avions contraint nosclients francophones Ă  lire en anglais.

« La prestation de services dans les deuxlangues au QuĂ©bec et dans des villes commeOttawa, Moncton et Sudbury constituait pournous au dĂ©part un Ă©norme dĂ©fi Ă  relever. Noussommes maintenant en mesure d’offrir nos produitset nos services en français et en anglais.

« Les détaillants doivent penser langues enfonction de ce que les clients veulent. Nousdevons respecter nos clients.

« La rĂ©action publique Ă  notre dĂ©cision dedevenir bilingue a Ă©tĂ© trĂšs positive. Nousavons reçu des tas de compliments, parexemple, pour notre site Web et notremessage d’accueil bilingues.

« Quelle aide le gouvernement pourrait-ilapporter? Un important domaine serait celuide la traduction. Il serait trÚs utile de mettreà la disposition des entreprises une ressourcede consultation quelconque pour les aider àtrouver la bonne terminologie en français danscertaines spécialités telles que la nÎtre. »[Traduction]

— Entrevue rĂ©alisĂ©e le 13 janvier 2005

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

L’appui au bilinguisme reste fort chez les Canadiens et lesCanadiennes sur les questions de principe, mais il faiblitlorsqu’il est question des coĂ»ts de son application.

‱ Prùs de 80 p. 100 de la population reconnaissent le droit detous les citoyens à des services du gouvernement duCanada dans les deux langues officielles.

‱ Quelque 91 p. 100 des anglophones appuient le financement public des Ă©coles de langue françaisesituĂ©es Ă  l’extĂ©rieur du QuĂ©bec.

‱ Selon 70 p. 100 des Canadiens, le bilinguisme rend le paysplus accueillant pour les immigrants.

‱ Entre 40 et 50 p. 100 des Canadiens estiment que tropd’efforts sont consacrĂ©s au bilinguisme.

CE QUE J’EN PENSE
Entrevue avec Beverly Nann (Order of British Columbia), prĂ©sidente, Vancouver Asian HeritageMonth Society

« Plus vous connaissez de langues, mieux vous vous porterez. La connaissance d’une autre langueouvre la porte Ă  une autre culture.

« Le bilinguisme est une de nos caractĂ©ristiques distinctives. Il nous diffĂ©rencie des États-Unis.Le bilinguisme ne comporte aucun inconvĂ©nient. Le dĂ©fi consiste Ă  en faire une rĂ©alitĂ©, Ă  le rendreinclusif, non exclusif. Le dĂ©fi consiste Ă  convaincre tout le monde de ses bienfaits.

« Si nous voulons vraiment ĂȘtre un pays bilingue, nous devons commencer par les enfants dansles Ă©coles. Pourquoi n’est-ce pas ainsi?

« Nous devons crĂ©er des occasions pour nous exposer au français et pour le parler. Une façon d’yarriver serait de multiplier les rapports avec la communautĂ© francophone de Vancouver.

« Le bilinguisme contribue Ă©normĂ©ment Ă  notre sociĂ©tĂ© multiculturelle. Si vous connaissez unedeuxiĂšme langue, l’apprentissage d’une troisiĂšme ou mĂȘme d’une quatriĂšme langue sera d’autantplus facile.

« La rĂ©sistance ici n’est pas au bilinguisme ou au fait d’avoir deux langues officielles. Elle vientde la frustration de ne pas avoir la possibilitĂ© d’apprendre le français et de le parler. Les genssavent qu’il est essentiel d’ĂȘtre bilingue pour faire carriĂšre dans la fonction publique. Toute rĂ©action indĂ©sirable de leur part dĂ©coule d’un manque d’occasion. » [Traduction]

— Entrevue rĂ©alisĂ©e le 11 janvier 2005

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

Au fil des ans, les minoritĂ©s francophones et anglophones sesont organisĂ©es pour protĂ©ger et faire valoir leurs intĂ©rĂȘts en se regroupant au sein d’organismes. Elles reçoivent un soutien financier de Patrimoine canadien pour favoriser leur Ă©panouissement, soutien qui s’est avĂ©rĂ© nettement insuffisant pour financer la mise en Ɠuvre de leur plan dedĂ©veloppement global.

UNE GOUVERNANCE PARTAGÉE

RĂ©cemment, on a crĂ©Ă© de nouvelles façons de travailler deconcert avec la dualitĂ© linguistique, en formant notammentdes comitĂ©s conjoints formĂ©s de reprĂ©sentants des institutionsfĂ©dĂ©rales et des communautĂ©s francophones et anglophones.Cette collaboration existe dans les domaines des ressourceshumaines, de la santĂ©, de l’immigration, du dĂ©veloppementĂ©conomique et de l’employabilitĂ©.

‱ La formule de gouvernance paritaire, ou de comitĂ©s conjoints, doit ĂȘtre reproduite dans les autres secteurs d’activitĂ© gouvernementale, lĂ  oĂč ils peuvent contribuer Ă l’épanouissement des minoritĂ©s de langue officielle. Il fautpoursuivre les partenariats avec les communautĂ©s.

L’IMMIGRATION FRANCOPHONE EN SITUATION MINORITAIRE

L’immigration sert surtout Ă  grossir les rangs des anglophonesau pays. Le QuĂ©bec a Ă©tĂ© en mesure de rectifier le tir en partie,grĂące Ă  une entente fĂ©dĂ©rale-provinciale conclue en 1978, quilui permet de gĂ©rer ses programmes d’immigration.

La minoritĂ© francophone de l’extĂ©rieur du QuĂ©bec commenceĂ  peine Ă  avoir un mot Ă  dire au chapitre de l’immigration.La nouvelle Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©sprĂ©cise que l’immigration doit favoriser le dĂ©veloppementdes deux communautĂ©s linguistiques.

‱ Le ministĂšre de la CitoyennetĂ© et de l’Immigration a pourobjectif de faire passer de 3,4 Ă  4,4 p. 100 en 2008 le nombre d’immigrants dans les communautĂ©s francophonesdu pays.

‱ Le gouvernement du Canada a signĂ© une entente sur l’immigration avec la Colombie-Britannique, laSaskatchewan, le Manitoba, l’Île-du-Prince-Édouard, leNouveau-Brunswick et le Yukon, mais la clause linguistiqueinscrite Ă  l’entente est trĂšs vague.

Les choses semblent tourner au ralenti Ă  CitoyennetĂ© etImmigration. Il faudra donner un solide coup de barre afinde faire en sorte que le MinistĂšre puisse atteindre les objectifsqu’il s’est fixĂ©s.

TÊTES D’AFFICHE ISSUES DE L’IMMIGRATIONDes personnalitĂ©s issues d’une immigration au Canada s’imposent de plus en plus dansleur domaine, signe d’une intĂ©gration au seinde la dualitĂ© linguistique canadienne. À titred’exemple, mentionnons les noms de :

‱ Corneille, du Rwanda, chanteur‱ MichaĂ«lle Jean, d’HaĂŻti, gouverneure

gĂ©nĂ©rale dĂ©signĂ©e‱ Wajdi Mouawad, du Liban, homme

de thĂ©Ăątre‱ Adrienne Clarkson, de Hong Kong,

gouverneure gĂ©nĂ©rale‱ Atom Egoyan, d’Égypte, cinĂ©aste‱ Michael Ondaatje, du Sri Lanka, auteur

Dans sa 38e lĂ©gislature, le Parlement du Canadacompte trente-huit dĂ©putĂ©s (12 p. 100) etdouze sĂ©nateurs (11 p. 100) nĂ©s Ă  l’étranger.

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LANGUE DE SERVICE ET LANGUE DE TRAVAIL

Les postes de service au public dĂ©signĂ©s bilingues au sein dela fonction publique fĂ©dĂ©rale ont augmentĂ© entre 1978 et 2004, passant de 14 Ă  25 p. 100. D’autre part, la proportion des employĂ©s qui satisfont aux exigences linguistiques de leur poste est passĂ©e de 70 Ă  86 p. 100 durantla mĂȘme pĂ©riode.

Les transformations gouvernementales des annĂ©es 90, dansun contexte de compressions budgĂ©taires, ont toutefois mis encause les acquis du bilinguisme. Ces transformations nĂ©gativesont cependant favorisĂ© l’innovation en matiĂšre de service aupublic, avec la crĂ©ation de centres de service bilingues.

Le volet service au public est celui qui fait l’objet du plusgrand nombre de plaintes au Commissariat. Bon an mal an,80 p. 100 des plaintes portent sur ce volet des langues officielles.Exceptionnellement, ce pourcentage a chutĂ© Ă  69 p. 100 en 2004-2005.

Toutes les Ă©tudes menĂ©es par le Commissariat depuis 1994soulignent que plusieurs bureaux fĂ©dĂ©raux dĂ©signĂ©s bilinguessont toujours incapables d’offrir des services dans les deuxlangues officielles. MĂȘme si le gouvernement a adoptĂ© en 2004une nouvelle politique d’embauche qui prĂ©cise qu’un candidatĂ  un poste bilingue devra, gĂ©nĂ©ralement, ĂȘtre immĂ©diatementbilingue, il n’en reste pas moins qu’un changement de culture s’impose.

Il faut en effet davantage qu’une bonne capacitĂ© bilinguepour rĂ©pondre au public. Il faut une offre active, par tĂ©lĂ©phoneou en personne. La crĂ©ation de centres de services gouverne-mentaux bilingues, ou guichets uniques, est peut-ĂȘtre la solution de l’avenir au chapitre des services bilingues.

Le RĂšglement sur les langues officielles – Communications avec le public et prestation des services prend de l’ñge et prĂ©senteplusieurs faiblesses. Il doit ĂȘtre repensĂ© afin de le simplifier etde rendre son application utile aux citoyens et aux citoyennes.

LA LANGUE DE TRAVAIL

MarginalisĂ©e Ă  ses dĂ©buts, la question de la langue de travailrevĂȘt maintenant une plus grande importance au sein de lafonction publique fĂ©dĂ©rale, en raison des progrĂšs importantsqui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s entre 1978 et 2004. Une plus grande proportion de fonctionnaires qui occupent des postesdĂ©signĂ©s bilingues aux services administratifs internes et Ă  la surveillance possĂšdent les compĂ©tences linguistiques nĂ©cessaires. L’amĂ©lioration est particuliĂšrement perceptibleparmi les dĂ©tenteurs de postes de surveillance. En outre, lesemployĂ©s disposent gĂ©nĂ©ralement des outils de travail dans lalangue de leur choix.

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

SE GOUVERNER

Saviez-vous que
Offre active. Un bureau désigné

bilingue offre un bon service lorsqu’il s’assureque les services offerts sont de qualitĂ© Ă©galedans les deux langues. Le bureau reconnaĂźt etrespecte l’individu dans sa spĂ©cificitĂ©, dans salangue et sa culture.

‱ La signalisation, l’affichage et la documentationindiquent que les services sont disponibles enfrançais et en anglais.

‱ D’emblĂ©e, le service au tĂ©lĂ©phone est offertdans les deux langues.

‱ L’accueil du public se fait de vive voix dansles deux langues officielles et se poursuitdans la langue du client.

‱ La qualitĂ© linguistique du service estadĂ©quate.

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Toutefois, l’anglais prĂ©domine toujours dans la cultureorganisationnelle des ministĂšres situĂ©s dans la rĂ©gion de lacapitale nationale, et bon nombre des membres de la hautedirection communiquent rarement en français avec lesemployĂ©s francophones. Dans les rĂ©gions bilingues duQuĂ©bec, c’est le français qui domine comme langue de travail.

La culture de travail au sein de la fonction publique fédéralene pourra changer en profondeur sans un engagement clairdes dirigeants et des hauts fonctionnaires. La langue de travail reste, pour le moment, un chantier inachevé.

PARTICIPATION ÉQUITABLE

AprĂšs avoir diminuĂ© de moitiĂ© entre 1918 et 1946, la participation des francophones au sein de l’administrationfĂ©dĂ©rale a suivi une courbe ascendante, pour atteindre 21 p. 100 en 1966 et 27 p. 100 en 2004.

Au QuĂ©bec, le taux de participation des anglophones au seinde la fonction publique fĂ©dĂ©rale a commencĂ© Ă  diminuer Ă partir des annĂ©es 1960. Ces derniers n’occupent maintenantque 7,6 p. 100 des postes au QuĂ©bec Ils sont toutefois bienreprĂ©sentĂ©s si l’on tient compte de l’ensemble des institutionsde l’administration fĂ©dĂ©rale avec un taux de 14 p. 100. Dansl’ensemble, on peut toutefois dire que la reprĂ©sentation des communautĂ©s francophones et anglophones au sein de l’administration fĂ©dĂ©rale correspond environ Ă  leur poids dĂ©mographique.

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1918 1946 1966 2004

Figure 12Participation des francophones Ă 

l’administration fĂ©dĂ©rale

Sources : Canada. Rapport de la Commission royale d’enquĂȘte sur le bilinguisme et le biculturalisme. Livre III [
] 1969, p. 103, 426; Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, Rapport annuel sur les langues officielles 2003-2004. Tableaux 12 et 14.

%

0

5

10

15

20

25

30

% administration fédérale

22

13

21

27

1966 2004

Figure 13Participation des anglophones Ă 

l’administration fĂ©dĂ©rale au QuĂ©bec

Sources : Canada. Rapport de la Commission royale d’enquĂȘte sur le bilinguisme et le biculturalisme. Livre III [
] 1969, p. 103, 426; Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, Rapport annuel sur les langues officielles 2003-2004. Tableaux 12 et 14.

%

0

10

20

30

40

% administration fédérale au Québec

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14

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11

Septembre 2005 Volume 11, no 1

LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE LANGUE OFFICIELLE

En vertu de la Loi sur les langues officielles, les institutions fĂ©dĂ©rales ont la responsabilitĂ© d’appuyer l’épanouissement desminoritĂ©s linguistiques et de favoriser la promotion de la dualitĂ© linguistique. Elles ont aussi l’obligation de faire la promotionde l’anglais et du français, obligation trop souvent oubliĂ©e.

Depuis l’entrĂ©e en vigueur de la nouvelle Loi, en 1988, les institutions et ministĂšres fĂ©dĂ©raux semblent rĂ©ticents Ă  assumer leursobligations et les relĂšguent trop souvent Ă  Patrimoine canadien, qui agit comme chef de file dans ce domaine.

LA PARTIE VII DE LA LOI SUR LES LANGUES OFFICIELLES : VISION DE L’HONORABLE JEAN-ROBERT GAUTHIEROn associe Ă  juste titre la promotion de la dualitĂ© linguistique Ă  l’honorable Jean-Robert Gauthier,sĂ©nateur Ă  la retraite et homme politique qui en a fait son cheval de bataille au cours d’une carriĂšrepolitique exceptionnelle. M. Gauthier fut dĂ©putĂ© de la circonscription d’Ottawa-Vanier Ă  la Chambredes communes de 1972 Ă  1994 et sĂ©nateur de 1994 Ă  2004. Auparavant, il avait Ă©tĂ© conseillerscolaire durant 12 ans.

Avant de prendre sa retraite du SĂ©nat en 2004, l’honorable Jean-Robert Gauthier a consacrĂ© unebonne partie de ses Ă©nergies Ă  tenter de convaincre les parlementaires de clarifier l’ambivalence ausein de l’appareil fĂ©dĂ©ral au sujet de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Il a dĂ©posĂ©plusieurs projets de loi visant Ă  donner un caractĂšre exĂ©cutoire Ă  cette partie de la Loi qui engagele gouvernement du Canada Ă  favoriser l’épanouissement des communautĂ©s francophones etanglophones du Canada et Ă  promouvoir la pleine reconnaissance et l’usage du français et del’anglais dans la sociĂ©tĂ© canadienne.

Les dĂ©marches de l’honorable Jean-Robert Gauthier avaient pour objectif :

‱ d’obliger les institutions fĂ©dĂ©rales Ă  prendre des mesures positives pour assurer la mise en Ɠuvrede l’engagement du gouvernement du Canada;

‱ de permettre l’adoption d’un rĂšglement dĂ©finissant les obligations prĂ©cises des institutionsfĂ©dĂ©rales;

‱ de garantir le recours devant les tribunaux Ă  quiconque saisit le commissaire aux languesofficielles d’une plainte visant une obligation ou un droit prĂ©vu, entre autres, par la partie VII.

Le SĂ©nat a adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© les deux derniers projets de loi du sĂ©nateur Gauthier dont le premierest mort au feuilleton Ă  la dissolution de la Chambre des communes en 2003. Le dernier-nĂ© du sĂ©nateur,Ă  savoir le projet de loi S-3, a passĂ© l’étape de la 2e lecture Ă  la Chambre des communes et il a Ă©tĂ©envoyĂ© au ComitĂ© permanent des langues officielles de la Chambre des communes pour Ă©tude auprintemps 2005.

Dans nos deux derniers rapports annuels, nous avons recommandĂ© que le Parlement canadien trouvele moyen de clarifier par voie lĂ©gislative ou rĂ©glementaire la portĂ©e juridique de la partie VII de laLoi. Un renforcement de la Loi s’inscrirait dans la vision de l’honorable Jean-Robert Gauthier, infatigable dĂ©fenseur des droits des minoritĂ©s linguistiques.

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Le dĂ©veloppement des communautĂ©s minoritaires de langueofficielle repose en grande partie sur l’éducation dans leur langue.

La reconnaissance du droit des communautĂ©s minoritairesanglophones et francophones Ă  l’instruction dans leur langueest jalonnĂ©e d’évĂ©nements plus ou moins marquants. Il fautreconnaĂźtre par ailleurs que la trajectoire empruntĂ©e par cescommunautĂ©s a reprĂ©sentĂ© un degrĂ© de difficultĂ© variableselon les Ă©poques et les besoins particuliers de chacune.

Les droits de la minoritĂ© francophone en matiĂšre d’éducationont Ă©tĂ© acquis au fil de nombreuses luttes. Au cours des 35 derniĂšres annĂ©es, nous avons assistĂ© Ă  des progrĂšs trĂšsimportants au chapitre de l’éducation. À partir des annĂ©es1990, les tribunaux ont veillĂ© Ă  faire respecter le droit des parents Ă  la gestion de leurs Ă©coles. Parmi lesprogrĂšs rĂ©alisĂ©s, mentionnons :

‱ Les droits Ă  l’instruction dans la langue de la minoritĂ© et Ă la gestion scolaire sont enchĂąssĂ©s dans la Constitutiondepuis 1982.

‱ La Cour suprĂȘme du Canada a rendu, en faveur de laminoritĂ© linguistique, trois dĂ©cisions clĂ©s qui interprĂštentles droits scolaires dans une perspective de droits collectifs.

‱ Dans les annĂ©es 1990, on a assistĂ© Ă  la crĂ©ation de conseilsscolaires de langue française.

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LES PARENTS FRANCOPHONES ALBERTAINS ET L’AFFAIRE MAHÉ : UN COMBAT POUR L’ÉCOLE FRANÇAISEAu dĂ©but des annĂ©es quatre-vingts, un groupe de parents francophones rĂ©unis dans l’AssociationGeorges-et-Julia-Bugnet et incluant Jean-ClaudeMahĂ© entreprend un combat Ă©pique pour la reconnaissance de l’école française Ă  Edmonton. « Mais que voulions-nous? Que veulent les parentsdans leurs revendications? Une Ă©cole française de qualitĂ©. Seulement et entiĂšrement. », affirmeM. MahĂ© quelques annĂ©es plus tard en recevant le prix BorĂ©al au nom de l’association de parents.

Au dĂ©but, ni la communautĂ© majoritaire ni la communautĂ© francophone n’étaient acquises auprojet. Ce sont les victoires devant les tribunauxqui ont soulagĂ© les parents. L’arrĂȘt de la CoursuprĂȘme dans le cas MahĂ© c. Alberta, en 1990,est une dĂ©cision phare dans la jurisprudence enmatiĂšre de droits linguistiques. La Cour a Ă©tabli que l’article 23 de la Charte canadienne des droitset libertĂ©s confirme le droit constitutionnel Ă l’instruction et Ă  la gestion des Ă©tablissementsd’instruction par la minoritĂ©. « De toute Ă©vidence,l’article 23 renferme une notion d’égalitĂ© entre lesgroupes linguistiques des deux langues officiellesdu Canada », a dĂ©clarĂ© la Cour suprĂȘme.

GRANDIR ET APPRENDRE

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MINORITÉ FRANCOPHONE

Encore aujourd’hui par contre, le systĂšme scolaire de laminoritĂ© francophone ne recrute que la moitiĂ© des Ă©lĂšvesayant droit Ă  une Ă©ducation en langue française, ce qui freineson dĂ©veloppement. En outre, les communautĂ©s francophoneset acadiennes du pays ne disposent pas des ressources et desservices pour la petite enfance et cette situation nuit Ă  latransmission de la langue.

Au chapitre de l’enseignement postsecondaire, les besoinsrestent importants malgrĂ© les Ă©normes progrĂšs des 35 derniĂšresannĂ©es, grĂące Ă  la mise en place de rĂ©seaux collĂ©giaux et universitaires. Le financement des Ă©tablissements demeureinadĂ©quat dans plusieurs provinces et territoires; dans certainesrĂ©gions, la minoritĂ© linguistique ne dispose d’aucun Ă©tablissement postsecondaire.

MINORITÉ ANGLOPHONE

Dans les annĂ©es 1970 et 1980, la minoritĂ© anglophone duQuĂ©bec a dĂ» relever un dĂ©fi diffĂ©rent lorsque l’effectif scolairea chutĂ© d’environ 60 p. 100. Depuis 1991 toutefois, le nombred’élĂšves inscrits aux Ă©coles anglophones connaĂźt une lĂ©gĂšrecroissance.

Les efforts de recrutement du rĂ©seau scolaire anglophone duQuĂ©bec portent leurs fruits : la presque totalitĂ© des ayantsdroit anglophones frĂ©quentent les Ă©coles de langue anglaise.Maintenir en vie ces Ă©coles se rĂ©vĂšle cependant beaucoupplus difficile hors des centres urbains, en raison de l’exoderural. L’enseignement Ă  distance est peut-ĂȘtre une solution Ă envisager pour les petites collectivitĂ©s. Par ailleurs, le rĂ©seauscolaire anglophone doit s’adapter Ă  une clientĂšle de plus enplus diversifiĂ©e.

LANGUE SECONDE

L’apprentissage de la langue seconde connaĂźt beaucoup desuccĂšs depuis 35 ans. L’immersion française a suscitĂ©l’enthousiasme chez les parents anglophones du pays. Pasmoins de deux millions d’élĂšves apprennent leur langue seconde Ă  l’école.

Le Plan d’action pour les langues officielles a l’objectifambitieux de porter de 24 Ă  50 p. 100, d’ici Ă  2013, le nombre de diplĂŽmĂ©s des Ă©coles secondaires ayant une connaissance fonctionnelle des deux langues officielles. Lamise en Ɠuvre du Plan d’action accuse toutefois un ralentissement, en raison d’un retard dans la signature desententes avec les provinces et les territoires, ce qui met enpĂ©ril l’atteinte des objectifs du gouvernement du Canada.

La formation linguistique des employĂ©s de la fonctionpublique fĂ©dĂ©rale a connu bien des hauts et des bas.Aujourd’hui, dans la seule rĂ©gion de la capitale nationale,plus de 5 000 fonctionnaires suivent des cours de langue seconde. Malheureusement, les rĂ©sultats ne sont pas Ă  la hauteur, car les Ă©tudes dĂ©montrent que les apprenants utilisentpeu leurs nouvelles compĂ©tences linguistiques au travail.

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LES COMMUNICATIONS

Les communautĂ©s minoritaires de langue officielle ont faitdes pas de gĂ©ant dans le domaine des communications.Outre la SociĂ©tĂ© Radio-Canada (SRC), qui diffuse ses Ă©missionsd’un ocĂ©an Ă  l’autre, il existe aujourd’hui des rĂ©seaux deradios et de journaux communautaires qui informent leurauditoire des enjeux locaux, rĂ©gionaux et mĂȘme nationaux.

RĂ©guliĂšrement confrontĂ©e Ă  des contraintes budgĂ©taires, laSociĂ©tĂ© Radio-Canada doit constamment dĂ©fendre sesacquis. Il demeure impĂ©ratif de lui assurer un financementadĂ©quat si l’on tient vraiment Ă  ce qu’elle continue, grĂące Ă ses stations rĂ©gionales, d’informer les communautĂ©s delangue officielle aux quatre coins du pays, de produire et dediffuser leurs Ă©missions culturelles, d’y couvrir les Ă©vĂ©nementsspĂ©ciaux, bref, de marquer concrĂštement leur existence.

Il faut aussi noter la prĂ©sence de quelques chaĂźnes Ă©ducativespubliques au pays. Par contre, il n’existe pas de rĂ©seau nationalde tĂ©lĂ©vision Ă©ducative, ni en français ni en anglais.

Les mĂ©dias communautaires, les journaux notamment, ontde la difficultĂ© Ă  obtenir des institutions fĂ©dĂ©rales qu’ellesachĂštent de l’espace publicitaire, comme elles le font dans lesgrands mĂ©dias. La publicitĂ© est le nerf de la guerre dans cesecteur oĂč la survie est difficile, et les plaintes Ă  ce chapitresont encore nombreuses. La prĂ©caritĂ© de la situation des mĂ©diascommunautaires s’est accentuĂ©e lorsque le gouvernement duCanada a imposĂ©, pendant un certain temps, un moratoiresur la publicitĂ©.

LA CULTURE

Il existe aujourd’hui un vaste rĂ©seau d’institutions publiquesnationales qui soutient la crĂ©ation artistique et culturelle

dans les deux langues officielles. Qu’on pense Ă l’Office national du film, Ă  TĂ©lĂ©film Canada, au

Conseil des arts du Canada, à Culture.ca et,bien sûr, à la Société Radio-Canada.

Une communautĂ© artistique prolifique, enanglais et en français, a favorisĂ© la naissance d’une

industrie culturelle dans les deux langues officiellesdans les domaines de l’édition, du cinĂ©ma, de la musique,de la chanson, du thĂ©Ăątre et de la tĂ©lĂ©vision. À l’échellenationale, les dĂ©penses publiques consacrĂ©es au secteur des

RADIODIFFUSION PRIVÉE AUCANADA, 2002Stations radio de langue française 199

Stations radio de langue anglaise 597

Services de télévision 109de langue française

Services de télévision 484de langue anglaise

Source : Canada. Comité permanent du Patrimoinecanadien. Notre souveraineté culturelle. Le deuxiÚme siÚcle de la radiodiffusion canadienne, 2003, p. 286 et 302.

COMMUNIQUER ET CRÉER

RADIODIFFUSEURS ÉDUCATIFSPUBLICS PROVINCIAUX

En français :‱ TĂ©lĂ©-QuĂ©bec, depuis 1968‱ TFO, Ontario, depuis 1987

En anglais :‱ TVO, Ontario, depuis 1970‱ Access, Alberta, depuis 1974‱ Knowledge Network, Colombie-Britannique,

depuis 1981‱ Saskatchewan Communications Network,

depuis 1991

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arts et de la culture avoisinaient les 7,5 milliards de dollars en2002-2003. Les industries culturelles dans les deux languesofficielles faisaient vivre 61 100 personnes en 2001.

Les communautĂ©s minoritaires francophones ont rĂ©ussi Ă tirer leur Ă©pingle du jeu en crĂ©ant, entre autres, des troupesde danse et de thĂ©Ăątre et des maisons d’édition. Les artistes sesont regroupĂ©s au sein d’associations culturelles dans lesprovinces. Un organisme national, la FĂ©dĂ©ration culturellecanadienne-française, se fait leur porte-parole depuis 25 anset offre des services de formation et de promotion.

MalgrĂ© les investissements et la crĂ©ation d’une infrastructurepour soutenir le milieu culturel, il reste encore des enjeuximportants dont il faut tenir compte si l’on veut reflĂ©ter ladualitĂ© linguistique dans les communications et la fairevivre dans la production culturelle.

‱ Il faut s’assurer qu’Internet tĂ©moigne de la dualitĂ© linguistique.

‱ Le CRTC doit crĂ©er des marchĂ©s « bilingues » pour mieuxrendre compte de la rĂ©alitĂ© canadienne. Les diffuseursseraient ainsi tenus d’offrir une programmation minimaledans les deux langues officielles.

‱ Il faudrait ajouter au Plan d’action pour les langues officiellesun soutien financier pour favoriser l’épanouissement de laculture au sein des communautĂ©s minoritaires.

‱ Il faut encourager les interactions entre les milieux culturelset artistiques des deux communautĂ©s linguistiques.

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CE QUE J’EN PENSE
Entrevue avec Jean Malavoy, directeur gĂ©nĂ©ral, ConfĂ©rence canadienne des arts

Dans le domaine des arts, le Canada a connu, au cours des derniĂšres dĂ©cennies, une Ă©volutionremarquable. Une infrastructure et une Ă©cologie des arts, Ă  peu prĂšs inexistantes il y a cinquanteans, se sont crĂ©Ă©es de toute piĂšce. Les organismes artistiques se comptent par milliers. Il y a auCanada Ă  peu prĂšs 130 000 artistes professionnels. L’intĂ©rĂȘt du public est trĂšs vif.

Les artistes sont les meilleurs ambassadeurs du pays. Il suffit de penser au Cirque du Soleil, Ă l’Orchestre symphonique de MontrĂ©al, Ă  nos chanteurs d’opĂ©ra, Ă  nos danseurs et Ă  nos auteursqui sont en demande partout dans le monde. La qualitĂ© de nos artistes et de nos compagniesartistiques est reconnue internationalement.

La langue française favorise grandement la vitalitĂ© artistique francophone. Les francophoness’intĂ©ressent Ă  leurs vedettes et aux produits culturels de langue française, comme le cinĂ©ma oule thĂ©Ăątre. Le spectacle L’écho d’un peuple, montĂ© dans l’est ontarien, en est un exemple. Lafrancophonie est quelque peu marginalisĂ©e dans le contexte nord-amĂ©ricain. Les artistes luidonnent un rayonnement et crĂ©ent un sentiment d’appartenance.

Certains artistes francophones ont fait des percĂ©es Ă©blouissantes dans le Canada d’expressionanglaise. Michel Tremblay, Robert Lepage et Denys Arcand sont largement connus et apprĂ©ciĂ©s Ă l’extĂ©rieur du QuĂ©bec. Les francophones dĂ©couvrent de plus en plus les grands auteurs canadiens-anglais, comme Margaret Atwood et Alice Munro.

Mais la barriĂšre linguistique demeure rĂ©elle. On mĂ©connaĂźt les vedettes de l’autre communautĂ© :Daniel Lavoie, Luc Plamondon sont peu connus des anglophones; Rick Mercer et This Hour HasTwenty-Two Minutes ne sont pas connus des francophones. Les solitudes linguistiques sont encoregrandes, malheureusement.

— Entrevue rĂ©alisĂ©e le 17 fĂ©vrier 2005

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VIVRE EN SANTÉ

Depuis quelques annĂ©es, les prĂ©occupations des communautĂ©slinguistiques ne se limitent plus Ă  l’éducation et Ă  l’obtentionde services fĂ©dĂ©raux en anglais et en français. D’autres prĂ©occupations urgentes ont vu le jour au nom de la dualitĂ©linguistique, et on rĂ©clame maintenant des services de santĂ©dans sa langue.

La santĂ© est au centre des discussions depuis la criseentourant l’avenir de l’HĂŽpital Montfort, Ă  Ottawa. La luttemenĂ©e entre 1997 et 2001 pour empĂȘcher sa fermeture et lesdeux victoires de la communautĂ© franco-ontarienne devant lestribunaux ont propulsĂ© la santĂ© au rang de prioritĂ© nationalepour les communautĂ©s minoritaires de langue officielle.

Il faut toutefois se rappeler que la santĂ© relĂšve de la compĂ©tenceprovinciale. Cinq provinces ont inscrit, dans des lois, le droitde la minoritĂ© linguistique Ă  des services de santĂ© dans sa langue : le Nouveau-Brunswick, le QuĂ©bec, l’Ontario, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse. Leurs rĂ©glementationsrespectives permettent la crĂ©ation d’établissements ou derĂ©gions bilingues, ou garantissent des services dans la languede la minoritĂ©, lĂ  oĂč la demande le justifie.

Le gouvernement du Canada envisage, lui aussi, la santĂ© sousl’angle des langues officielles et se prĂ©occupe davantage des besoins particuliers des minoritĂ©s linguistiques. SantĂ©Canada a crĂ©Ă© deux comitĂ©s consultatifs formĂ©s de reprĂ©sentants de communautĂ©s francophones et anglophonesen situation minoritaire pour conseiller le ministre de laSantĂ© sur leurs prioritĂ©s respectives. L'Ă©tablissement derĂ©seaux de santĂ© rĂ©gionaux constitue l’un des premiers rĂ©sultats du travail de ces comitĂ©s consultatifs.

Dix institutions francophones d’enseignement postsecondaireont Ă©tabli, en 2003, le Consortium national de formation ensantĂ©, lequel projette, d’ici Ă  2008, de former 2 500 nouveauxprofessionnels pouvant offrir des services en français dans ce secteur.

Toutefois, mĂȘme si le Plan d’action pour les langues officiellesconsacre une somme importante Ă  la santĂ©, il n’y a aucunegarantie de renouvellement du financement aprĂšs lacinquiĂšme et derniĂšre annĂ©e de cette initiative. En outre, lesprogrĂšs rĂ©alisĂ©s dans les provinces demeurent fragiles et sontparfois Ă  la merci des rĂ©organisations des rĂ©seaux de santĂ© oudes changements aux mandats des Ă©tablissements, commec’est le cas en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

Le sport constitue un autre volet important d’une vie saine.La minoritĂ© francophone a crĂ©Ă© plusieurs Ă©vĂ©nementssportifs Ă  sa mesure qui lui permettent de pratiquer les sportsdans sa langue : les Jeux de l’Acadie, les Jeux franco-ontarienset les Jeux de la Francophonie canadienne.

Les organismes de sport nationaux ont cependant toujourseu de la difficultĂ© Ă  offrir aux athlĂštes amateurs de hautniveau des services de qualitĂ© en français. Toutes rĂ©centes, lapolitique nationale du sport et la Loi sur l’activitĂ© physique etle sport prĂ©cisent les attentes en matiĂšre de bilinguisme.

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LES CENTRES DE SANTÉCOMMUNAUTAIRES FRANCOPHONES EN ONTARIOLes usagers franco-ontariens dirigent leurs propresservices de santĂ© dans 14 localitĂ©s desservies pardes centres de santĂ© communautaires. C’est en1989 que s’est concrĂ©tisĂ© en Ontario le conceptde centres de santĂ© communautaires comprenantune clinique mĂ©dicale et des programmes deprĂ©vention de la maladie et de promotion de lasantĂ©. Dans le rĂ©seau de 65 centres en Ontario,ceux de la rĂ©gion d’Ottawa sont bilingues et cinqautres situĂ©s Ă  Toronto, Hamilton, Sudbury, NewLiskeard et Cornwall sont de langue française.Tous ont des succursales desservant les petiteslocalitĂ©s environnantes. En Ontario, les centres desantĂ© communautaire constituent un pas de gĂ©antdans la prestation de services en français dans ledomaine de la santĂ©. Ils contribuent Ă  l’instaurationde collectivitĂ©s saines.

VIVRE EN SANTÉ, PRODUIRE ET CIRCULER

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L’ÉCONOMIE

Depuis l’adoption de la Loi sur les langues officielles, qui oblige le gouvernement Ă  favoriser l’épanouissement et ledĂ©veloppement des minoritĂ©s francophones et anglophonesau pays, le volet Ă©conomique est devenu un autre dossierimportant pour les minoritĂ©s linguistiques.

La crĂ©ation du ComitĂ© national des ressources humaines dela francophonie canadienne, formĂ© de reprĂ©sentants du gouvernement et des communautĂ©s francophones et acadiennes,a suscitĂ© une nouvelle dynamique. Onze institutions fĂ©dĂ©ralessont maintenant partenaires des communautĂ©s francophonesen matiĂšre de dĂ©veloppement Ă©conomique. Les RĂ©seaux dedĂ©veloppement Ă©conomique et d’employabilitĂ©, qui ont parla suite Ă©tĂ© instituĂ©s un peu partout au pays, permettent aux communautĂ©s de mettre en Ɠuvre des projets de dĂ©veloppement Ă©conomique visant Ă  stimuler ledĂ©veloppement rural, l’économie du savoir, l’intĂ©gration desjeunes et le tourisme.

La communautĂ© anglophone du QuĂ©bec et le gouvernementcanadien se sont inspirĂ©s du mĂȘme modĂšle de concertationpour former un ComitĂ© national de dĂ©veloppement desressources humaines, qui chapeaute un rĂ©seau de comitĂ©srĂ©gionaux d’employabilitĂ© et de dĂ©veloppement Ă©conomiqueet communautaire.

LANGUE ET ÉCONOMIE

Le bilinguisme canadien n’est pas seulement affaire de coĂ»ts.Toute une industrie s’est dĂ©veloppĂ©e autour de la dualitĂ© linguistique dans les domaines de la traduction et de la formation linguistique. L’industrie de la langue au CanadagĂ©nĂšre aujourd’hui plus de 900 millions de dollars en bienset services. Elle regroupe plus de 1 300 entreprises qui crĂ©ent28 000 emplois dans le domaine des services langagiers.

Le Plan d’action pour les langues officielles tient compte decet important secteur d’activitĂ©s et a favorisĂ© la formationde l’Association de l’industrie de la langue du Canada, de mĂȘme que la crĂ©ation d’un Centre de recherche en technologies langagiĂšres.

LE TRANSPORT

Le transport a Ă©tĂ© pendant longtemps un dur champ debataille pour les dĂ©fenseurs et les promoteurs du bilinguismeau Canada. Le combat Ă©pique des « Gens de l’air », dans lesannĂ©es 1970, pour permettre l'usage du français dans lescommunications aĂ©riennes en demeure le plus bel exemple.

Historiquement, Air Canada et VIA Rail ont Ă©tĂ© pendantlongtemps trĂšs peu coopĂ©ratifs par rapport au bilinguisme.La compagnie aĂ©rienne fait l’objet d’une multitude deplaintes depuis 30 ans et, tour Ă  tour, les commissaires auxlangues officielles ont dĂ©noncĂ© les manquements de la sociĂ©tĂ©face Ă  ses obligations.

Air Canada a finalement soumis, en 2002, son propre pland’action pour les langues officielles, dont la mise en Ɠuvre est cependant conditionnelle Ă  l’obtention de fonds du gouvernement du Canada pour la formation linguistique.Depuis le dĂ©pĂŽt de ce plan, la compagnie a vĂ©cu une crisefinanciĂšre, puis a changĂ© de mains. Tout reste donc Ă  faire. Legouvernement doit maintenant faire adopter un projet de loiafin de s’assurer que la nouvelle entreprise respectera lesdroits linguistiques du public voyageur et des employĂ©s d’AirCanada. On s’attend toutefois Ă  ce que la sociĂ©tĂ© fasse preuvede leadership Ă  cet Ă©gard.

VIA Rail est une autre sociĂ©tĂ© d’État qui a fait l’objet denombreuses plaintes de la part du public voyageur depuis sa crĂ©ation, en 1978, en particulier au sujet des services dans le corridor MontrĂ©al-Ottawa-Toronto. L’entreprise aconsidĂ©rablement amĂ©liorĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es sesservices aux voyageurs dans les deux langues officielles Ă  lasuite d’un recours judiciaire envers elle.

Compte tenu de tous les changements survenus et à venirdans le monde du transport, il est urgent, à notre avis, que le gouvernement réexamine sa politique en matiÚre de transport à la lumiÚre de la Loi sur les langues officielles.

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Le Commissariat est prĂ©occupĂ© par la façon dont le gouvernementdu Canada administre le Plan d’action pour les langues officielles,qu’il a rendu public en mars 2003, tout comme il s’inquiĂšte des retards qu’accusent certains ministĂšres dansla rĂ©alisation de ses objectifs.

La mise en Ɠuvre du Plan d’action, qui prĂ©voit des investisse-ments de 751,3 millions de dollars sur une pĂ©riode de cinqans, arrive bientĂŽt Ă  mi-parcours, et les rĂ©sultats sont mitigĂ©s.

‱ Sur les 65 millions de dollars qui Ă©taient prĂ©vus pour la premiĂšre annĂ©e du Plan d’action, 50 ont Ă©tĂ© utilisĂ©s par lesministĂšres participants.

Patrimoine canadien dispose Ă  lui seul de 381,5 millions dedollars, un peu plus de la moitiĂ© de l’enveloppe du Plan d’action,pour atteindre deux objectifs ambitieux : doubler, d’ici Ă 2013, la proportion de diplĂŽmĂ©s des Ă©coles secondairesconnaissant leur seconde langue officielle et porter Ă  80 p. 100la proportion d’ayants droit inscrits dans les Ă©coles de languefrançaise, Ă  l’extĂ©rieur du QuĂ©bec.

‱ Patrimoine canadien a mis du temps Ă  finaliser, de concertavec les provinces et les territoires, les modalitĂ©s du prochainProtocole d’entente relatif Ă  l’enseignement dans la languede la minoritĂ© et Ă  l’enseignement dans la langue seconde.

Le dĂ©marrage a Ă©tĂ© lent dans le domaine de la petite enfance.MalgrĂ© la bonne collaboration entre le ministĂšre duDĂ©veloppement social et certains organismes communautaires,les projets-pilotes en service de garde ne dĂ©buteront qu’aucours de la troisiĂšme annĂ©e du Plan d’action.

Il existe aussi un sĂ©rieux problĂšme en ce qui concerne l’imputabilitĂ©. En effet, plus de deux ans aprĂšs la mise enƓuvre du Plan d’action, le gouvernement n’a pas encore misau point le cadre de mesure du rendement nĂ©cessaire, unelacune qui ne cesse d’étonner la commissaire.

Il demeure toutefois que certaines percĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©esdepuis le lancement du Plan d’action.

‱ SantĂ© Canada appuie efficacement des rĂ©seaux communautaires et des rĂ©seaux de formation de professionnelsde la santĂ© dans les communautĂ©s minoritaires.

‱ CitoyennetĂ© et Immigration poursuit son travail visant Ă favoriser l’immigration dans les communautĂ©s francophonesen situation minoritaire.

‱ Industrie Canada a renouvelĂ© son programmeFrancommunautĂ©s virtuelles et a crĂ©Ă© un rĂ©seau de conseillers rĂ©gionaux en plus d’entreprendre des projets-pilotes en tĂ©lĂ©apprentissage et en tĂ©lĂ©information.

‱ L’Association de l’industrie de la langue a vu le jour, et uncentre de recherches dans ce domaine est en construction Ă l’UniversitĂ© du QuĂ©bec en Outaouais.

‱ Patrimoine canadien et le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) ont amĂ©liorĂ© le Programme debourses d’étĂ© de langues officielles et le Programme desmoniteurs de langues officielles.

La mise en Ɠuvre du Plan d’action souffre toutefois d’unmanque de cohĂ©sion et de coordination. Le gouvernementdoit y mettre bon ordre, car il risque de compromettre larelance de la dualitĂ© linguistique.

LE DÉVELOPPEMENT DE LA PETITE ENFANCEDANS LES COMMUNAUTÉS LINGUISTIQUES

La commissaire a rencontrĂ© le ministre du DĂ©veloppementsocial, M. Ken Dryden, au dĂ©but de 2005 et elle lui a Ă©critpour souligner l’importance d’assurer que le projet nationalsur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants rĂ©pond auxbesoins des communautĂ©s linguistiques.

En avril et en mai 2005, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a concludes accords de principe sur l’apprentissage et la garde desjeunes enfants avec cinq provinces : Manitoba, Saskatchewan,Nouvelle-Écosse, Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador. Enjuillet, l’Alberta a signĂ© aussi un accord avec le gouvernement du Canada.

Toutes les ententes bilatĂ©rales renferment des dispositionsparticuliĂšres visant Ă  assurer l’accĂšs des communautĂ©s francophones Ă  des services dans leur langue, Ă  tenir comptede leurs besoins dans l’élaboration des programmes et Ă  rendrecompte des progrĂšs accomplis en matiĂšre de disponibilitĂ© enfrançais de services d’apprentissage et de garde d’enfants.

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

LE PLAN D’ACTION

Page 19: Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

Des mesures ont Ă©tĂ© prises cette annĂ©e, ou sont en voie del’ĂȘtre, pour donner suite Ă  plusieurs des recommandations formulĂ©es dans le rapport annuel 2003-2004 du Commissariat.

‱ En rĂ©ponse aux prĂ©occupations exprimĂ©es par des fonctionnaires, l’École de la fonction publique du Canadaet la Commission de la fonction publique examineront lamĂ©thode d’évaluation linguistique de mĂȘme que l’efficacitĂ©et l’accessibilitĂ© de la formation linguistique.

‱ Au printemps, le gouvernement a dĂ©posĂ© un projet de loi visant Ă  modifier la Loi sur la participation au capitalpublic d’Air Canada. Il reste Ă  voir si les amendements proposĂ©s protĂšgeront les droits linguistiques du publicvoyageur et du personnel d’Air Canada, peu importe les changements qui ont Ă©tĂ© apportĂ©s Ă  la structure du transport aĂ©rien.

Par contre, le gouvernement fait preuve de timiditĂ© Ă  l’égardde certaines autres recommandations.

‱ Le gouvernement s’est engagĂ© Ă  ne pas toucher au budgetallouĂ© au Plan d’action pour les langues officielles, mais n’a pas pris un tel engagement en ce qui concerne lesressources allouĂ©es au Programme des langues officiellesdans son ensemble.

‱ L’Agence de gestion des ressources humaines de la fonctionpublique du Canada a prĂ©cisĂ© les critĂšres d’évaluation durendement des institutions en matiĂšre de langues officielles.Toutefois, elle n’a pas revu le cadre de responsabilisationafin de faire du bilinguisme un Ă©lĂ©ment fondamental desservices axĂ©s sur les citoyens et les citoyennes.

‱ Patrimoine canadien a demandĂ© aux institutions tenuesde produire un plan en vertu de la partie VII de prĂ©voir davantage d’activitĂ©s consacrĂ©es Ă  la promotion de la dualitĂ© linguistique. Cette nouvelle orientation ne touchecependant qu’une trentaine d’institutions dĂ©signĂ©es.

Dans d’autres cas, nos recommandations tardent toujours Ă ĂȘtre mises en Ɠuvre.

‱ Le gouvernement se fait tirer l’oreille pour clarifier la portĂ©ejuridique de la partie VII.

‱ Le gouvernement demeure fermĂ© Ă  l’idĂ©e d'une rĂ©vision du processus de nomination des juges des courssupĂ©rieures, laquelle permettrait de remĂ©dier Ă  la pĂ©nurie dejuges bilingues.

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NOS RECOMMANDATIONS : QUELQUES-UNES SUIVIES; D’AUTRES, IGNORÉES.

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Pour la premiĂšre fois, le Commissariat a publiĂ© un bulletinde rendement d’institutions fĂ©dĂ©rales qui sont assujetties Ă  laLoi sur les langues officielles. Le bulletin vise Ă  mieux faireconnaĂźtre les rĂ©ussites et les manquements Ă  la mise en Ɠuvrede la Loi. Il fait partie des efforts pour assurer une meilleureresponsabilisation et pour mesurer les progrĂšs accomplis.

Aucune des 29 institutions Ă©valuĂ©es ne s’est vu attribuer unenote parfaite, ni trĂšs faible d’ailleurs. Onze ont obtenu unbon rĂ©sultat; onze autres, un rĂ©sultat moyen, et sept, unrĂ©sultat faible.

De façon gĂ©nĂ©rale, les institutions Ă  caractĂšre social ou culturel prĂ©sentent un meilleur rendement que celles quiappartiennent aux secteurs de l’économie, du transport et de lasĂ©curitĂ©. L'Ă©valuation rĂ©vĂšle, Ă  l’échelle du pays, une stagnationdans la qualitĂ© des services bilingues offerts au public.

‱ Le service a Ă©tĂ© dispensĂ© dans la langue de la minoritĂ© troisfois sur quatre.

‱ L’offre active de services bilingues par le personnel a Ă©tĂ© faiteseulement une fois sur quatre.

‱ Il y a une amĂ©lioration dans la prestation du servicebilingue au Nouveau-Brunswick et dans la rĂ©gion de la capitale nationale.

‱ La prestation du service bilingue affiche une baisse enAlberta et elle demeure trĂšs bonne au QuĂ©bec.

L’an prochain, le bulletin de rendement portera sur lesmĂȘmes 29 institutions; d’autres agences et organismes assujettis Ă  la Loi feront Ă©galement l’objet d’une Ă©valuation.Les bulletins de rendement sont prĂ©sentĂ©s dans le chapitre 3 du volume II du Rapport annuel 2004-2005 que vous pouvez consulter sur le site Web du Commissariat auwww.ocol-clo.gc.ca/publications/ar_ra.asp?Lang=Francais.

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LE BULLETIN DE RENDEMENT : PLACE À L'AMÉLIORATION

RÉSULTATS PAR RÉGION DES OBSERVATIONS SUR LE SERVICE EN PERSONNE

OffreOffre active active par le Service

Région visuelle personnel adéquat

Alberta 74,4 % 7,9 % 50,5 %

Colombie-Britannique 69,9 % 6,2 % 88,0 %

Manitoba et Saskatchewan 59,0 % 37,5 % 43,6 %

Nouveau-Brunswick 99,1 % 15,3 % 89,9 %

Nouvelle-Écosse 52,1 % 25,5 % 68,7 %

Territoires du Nord-Ouest* 25,8 % 0,0 % 42,9 %

Terre-Neuve-et-Labrador* 57,3 % 20,1 % 49,5 %

Ontario 87,8 % 36,9 % 78,1 %

Île-du-Prince-Édouard* 93,3 % 0,0 % 31,8 %

Québec 93,8 % 25,8 % 90,4 %

Yukon* 84,5 % 0,0 % 67,8 %

RĂ©gion de la capitale nationale 98,4 % 55,3 % 100,0 %

* Il faut utiliser avec rĂ©serve les rĂ©sultats indiquĂ©s pources provinces et ces territoires puisqu’ils ne sont pasnĂ©cessairement reprĂ©sentatifs, compte tenu du volumeinsuffisant d’observations recueillies, selon l’échantillonĂ©tabli. Par ailleurs, aucune observation n’a Ă©tĂ© faite auNunavut cette annĂ©e.

Page 21: Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

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PRIX LÉON DU LEADERSHIP

Le Prix Léon du Leadership pour2004-2005 a été décerné à MarcelBeaudry, président de la Commission

de la capitale nationale (CCN).

M. Beaudry a su intĂ©grer, d’une maniĂšre exemplaire, leslangues officielles au sein de la CCN et faire la promotion dubilinguisme dans la rĂ©gion de la capitale nationale. Voiciquelques exemples d’initiatives louables mises en Ɠuvre parla CCN, au cours de la derniĂšre annĂ©e.

‱ SĂ©ances de formation linguistique, Ă  l’heure du midi, pourles employĂ©s;

‱ Protocole sur la prĂ©sidence de rĂ©unions bilingues;

‱ Offre active des services dans les deux langues officielles;

‱ Plan d’action visant à s’assurer que les locataires commerciauxconnaissent et respectent leurs obligations en matiùre delangues officielles;

‱ Collaboration Ă  l’organisation de l’émission de tĂ©lĂ©visionLes trophĂ©es de la langue française, de Bernard Pivot, laquellerend hommage aux francophones qui se sont illustrĂ©s dansdivers domaines;

‱ Coordination d’un festival de films français projetĂ©s Ă  labelle Ă©toile.

LES BELLES RÉUSSITES

Il y a plusieurs exemples, cette année, de belles réussites dans le domaine de la formation linguistique. En voiciquelques-uns :

‱ Agriculture et Agroalimentaire Canada a mis sur pied unprogramme volontaire de perfectionnement linguistique,dans le cadre duquel sont offerts des cours de langue seconde aux employĂ©s occupant des postes unilingues.

‱ Agence du revenu du Canada a lancĂ© un centre virtuel pourle maintien des acquis linguistiques dans le but d’aider lesemployĂ©s Ă  conserver ou Ă  recouvrer leurs aptitudes dansleur langue seconde.

‱ Statistique Canada a conçu un programme de formationlinguistique en français qui permet aux employĂ©s ayantatteint le niveau intermĂ©diaire en français oral de passer Ă un niveau supĂ©rieur.

Mentionnons aussi quelques réussites au chapitre de la promotion des langues officielles et du développement descommunautés de langue officielle.

‱ Les Services fiscaux de Toronto-Centre, de l’Agence durevenu du Canada, ont organisĂ©, Ă  l’occasion des Rendez-vous de la francophonie et de la fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste, des festivitĂ©s visant Ă  sensibiliser leursemployĂ©s Ă  la culture et Ă  la langue françaises.

‱ Le ComitĂ© sur les langues officielles du Conseil fĂ©dĂ©ral del’Île-du-Prince-Édouard a Ă©tudiĂ© un plan pour ledĂ©veloppement communautaire quinquennal pour lesAcadiens et les francophones de la province.

Page 22: Septembre 2005 Volume 11,n 1 INTRODUCTION

Certaines initiatives encourageantes dans d’autres secteurs dela sociĂ©tĂ© canadienne mĂ©ritent aussi d’ĂȘtre soulignĂ©es.

‱ La Nouvelle-Écosse a adoptĂ©, Ă  l’automne 2004, un projetde loi sur les services en français.

‱ Le ministĂšre de la Justice du Manitoba a inaugurĂ©, Ă  Saint-Pierre-Jolys, la premiĂšre cour provinciale bilingue.

‱ Le ministĂšre de l’Éducation de l’Ontario a mis en Ɠuvreune politique d’amĂ©nagement linguistique pour aider lesĂ©lĂšves francophones Ă  conserver leur culture, Ă  amĂ©liorerleur rendement scolaire et Ă  accroĂźtre leur estime de soi.

‱ Plusieurs organisations du Nouveau-Brunswick ont crĂ©Ă© unorganisme permanent destinĂ© Ă  assurer la progression versl’égalitĂ© des deux communautĂ©s linguistiques officielles.

‱ La Chambre de commerce de QuĂ©bec a lancĂ© un portailInternet Ă  l’intention des nouveaux arrivants anglophonesde la ville, qui les informe sur la gamme de services offertsen anglais dans la grande rĂ©gion de la Vieille Capitale.

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Le nombre de plaintes du public dĂ©coulant de l’applicationde la Loi sur les langues officielles a beaucoup fluctuĂ© au fil des ans. Il a augmentĂ© progressivement de 1970 Ă  1986,pour connaĂźtre par la suite une forte hausse pendant cinq ans et se maintenir, jusqu’en 1990, Ă  plus de 2 000plaintes annuellement.

La quantitĂ© de plaintes a ensuite diminuĂ© en 1991 et s’est stabilisĂ©e pendant toute la dĂ©cennie, atteignant un peu moinsde 1 700 plaintes en moyenne par annĂ©e. À compter de l’an2000, leur nombre a chutĂ© Ă  environ 1 250 par annĂ©e.Durant la premiĂšre annĂ©e de son existence, le Commissariaten avait reçu 181. Le plus grand nombre de plaintes formulĂ©es en une seule annĂ©e fut de 2 743, en 1989.

Le plus souvent, les hausses de plaintes correspondent Ă  des Ă©vĂ©nements ponctuels qui viennent stimuler et nourrirl’intĂ©rĂȘt de la population Ă  l’endroit des langues officielles : ledĂ©bat sur l’Accord du lac Meech, la promulgation de la nouvelle Loi sur les langues officielles et la question de la languede travail, ou l’attention soutenue qu’accordent les mĂ©dias Ă un dossier linguistique particulier.

En 35 ans, les plaintes sont devenues un moyen pour lesCanadiens et les Canadiennes de se faire entendre et de fairerespecter leurs droits. En fait, celles-ci sont un outil importantpermettant d’atteindre l’égalitĂ© des droits linguistiques pourtous les citoyens.

Historiquement, les plaintes portant sur les services offerts aupublic ont toujours été les plus nombreuses et représentaient,de façon générale, un peu moins des trois quarts de celles quiétaient recevables.

2004-2005 : UNE HAUSSE DE 12 P. 100

En 2004-2005, le Commissariat a reçu 1 151 plaintes, ce quireprĂ©sente une hausse de 12 p. 100 par rapport Ă  l’exerciceprĂ©cĂ©dent. La plupart, 81 p. 100, provenaient de francophones.Chez les anglophones, le nombre a presque doublĂ©.

L’augmentation du nombre de plaintes est en partieattribuable Ă  la question de la participation Ă©quitable desfonctionnaires d’expressions française et anglaise Ă  tous lesĂ©chelons des institutions fĂ©dĂ©rales. En effet, elle s’expliqueraitpar les nouvelles directives du Conseil du TrĂ©sor, Ă©mises le

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

ENQUÊTES ET VÉRIFICATIONS

1970

-197

119

71-1

972

1972

-197

319

73-1

974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

-200

020

00-2

001

2001

-200

220

02-2

003

2003

-200

420

04-2

0050

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

* AnnĂ©e (annĂ©es civiles jusqu’en 1999, annĂ©es financiĂšres de 1999 Ă  2005)** (1973-1974 : pĂ©r iode de 21 mois, 1999-2000 : pĂ©r iode de 15 mois)

BILAN HISTORIQUE DES PLAINTES

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1er avril 2004, selon lesquelles la dotation doit se faire sur unebase impĂ©rative Ă  moins qu’on puisse la justifier autrement. La dotation impĂ©rative signifie que les candidats doivent satisfaire aux exigences linguistiques de leur poste dĂšs leurentrĂ©e en fonction. Il y a Ă©galement eu une hausse marquĂ©edes plaintes Ă  l’endroit d’Élections Canada et d’Air Canada.

Plus de la moitié des 847 plaintes recevables mettent en causedix institutions qui, pour la plupart, sont en contact étroitavec le public.

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Septembre 2005 Volume 11, no 1

NOMBRE DE PLAINTES RECEVABLES À L’ENDROIT DES DIX INSTITUTIONS LES PLUS VISÉES ET ÉTAT DE CES PLAINTES

Du 1er avril 2004 au 31 mars 2005

Total des plaintes Non Sous

MinistĂšre ou institution recevables FondĂ©es fondĂ©es enquĂȘte Autres

Air Canada 84 5 1 77 1

Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 51 11 1 39 0

Service correctionnel Canada 49 3 6 40 0

Société canadienne des postes 49 24 4 21 0

Ressources humaines et Développement des compétences Canada 46 18 1 26 1

Élections Canada 46 0 1 45 0

Patrimoine canadien 35 5 6 24 0

Administration canadienne de la sûreté du transport aérien 35 5 0 30 0

Agence du revenu du Canada 32 7 4 19 2

MinistĂšre de la DĂ©fense nationale 25 7 3 14 1

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Les plaintes concernant le service au public portent sur lesĂ©changes verbaux, la correspondance Ă©crite, les communicationsdans les mĂ©dias et les conversations tĂ©lĂ©phoniques, ainsi quesur les services au sol pour les voyageurs d’Air Canada.

PrĂšs de la moitiĂ© des plaintes recevables concernant la languede travail proviennent de la rĂ©gion de la capitale nationale; 23 p. 100, des provinces de l’Atlantique; 15 p. 100, du QuĂ©bec.Elles portent sur les communications internes, le perfectionnement professionnel et la correspondance Ă©crite.

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NOMBRE DE PLAINTES RECEVABLES PAR PROVINCE ET TERRITOIRE ET PAR CATÉGORIE PRINCIPALE

Promotiondu français

Plaintes Service Langue de Exigences et de ParticipationProvince ou territoire recevables au public travail linguistiques l’anglais Ă©quitable Autres

Terre-Neuve-et-Labrador 3 3 0 0 0 0 0Île-du-Prince-Édouard 17 13 0 1 0 0 3Nouvelle-Écosse 71 49 0 8 0 1 13Nouveau-Brunswick 91 43 27 15 0 5 1QuĂ©bec 76 48 17 6 1 1 3RĂ©gion de la capitale nationale (QuĂ©bec) 58 33 17 4 2 2 0RĂ©gion de la capitale nationale (Ontario) 233 134 39 18 8 28 6Ontario 129 110 10 2 2 5 0Manitoba 37 36 0 1 0 0 0Saskatchewan 19 17 0 0 1 1 0Alberta 43 37 5 0 0 0 1Colombie-Britannique 52 48 0 1 0 2 1Yukon 10 8 0 0 2 0 0Territoires du Nord-Ouest 1 1 0 0 0 0 0Nunavut 0 0 0 0 0 0 0À l’extĂ©rieur du Canada 7 7 0 0 0 0 0

TOTAL 847 587 115 56 16 45 28

Nota : Environ 74 p. 100 des plaintes sont recevables. Les plaintes qui ne font pas l’objet d’une enquĂȘte sont renvoyĂ©es Ă une institution appropriĂ©e ou refusĂ©es parce qu’elles ne relĂšvent pas de la compĂ©tence de la Loi sur les langues officiellesou de son RĂšglement.

La catĂ©gorie « Autres » comprend principalement des plaintes concernant les avis, l’administration de la justice et desmesures discriminatoires suivant le dĂ©pĂŽt d’une plainte.

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Il y a 35 ans, la Loi sur les langues officielles a dĂ©clenchĂ© au seinde la sociĂ©tĂ© une suite de changements qui, ensemble, ontcontribuĂ© Ă  façonner une identitĂ© canadienne moderne quis’efforce d’ĂȘtre respectueuse du caractĂšre et des aspirations desdeux principales communautĂ©s linguistiques.

Il aura ensuite fallu la Charte canadienne des droits et libertés,des luttes continues entre les communautés de langue officielle, divers jugements des tribunaux, des modificationsà des lois fédérales et une multitude de programmes du gouvernement du Canada pour confirmer et renforcer lesdroits linguistiques des citoyens et des citoyennes.

Aujourd’hui, la dualitĂ© linguistique n’est plus une hĂ©rĂ©sie ouune fabulation. Le temps a finalement fait son Ɠuvre, et lesenfants du bilinguisme marquent, Ă  leur façon, le visage duCanada de demain. Un nombre croissant de pays, oĂč lescitoyens de langues et de cultures diverses vivent une cohabita-tion difficile, se tournent vers le modĂšle canadien.

De plus en plus de services du gouvernement du Canadasont offerts dans les deux langues officielles, et la reprĂ©sentationdes francophones et des anglophones est plus Ă©quitable ausein de l’administration fĂ©dĂ©rale. L’importance du droit Ă l’obtention des soins de santĂ© dans la langue officielle de sonchoix fait son chemin, et les Ă©quipes de sport au pays s’ouvrent aux athlĂštes des deux communautĂ©s linguistiques.Imaginez ce qu’il en sera dans 35 ans!

La plupart des provinces et des territoires ont aussi adoptédes régimes linguistiques qui tiennent compte des deuxlangues officielles. Il en aura fallu du temps, de la patience etde la volonté, mais les grandes tensions issues des différenceslinguistiques se sont grandement atténuées.

Cela ne veut pas dire qu’il ne reste pas de dĂ©fis Ă  relever, bienau contraire. Lorsque le leadership du gouvernement est fort,la dualitĂ© linguistique progresse; Ă  l’inverse, lorsque celui-cirelĂąche sa vigilance, les acquis s’érodent petit Ă  petit, commenous l’avons maintes fois constatĂ© dans les annĂ©es 1990.

L’État est capable de beaucoup plus. On ne peut pas dire,aujourd’hui, que nous Ă©voluons dans une vĂ©ritable sociĂ©tĂ©bilingue, pleinement outillĂ©e pour le multilinguisme quidĂ©coule de la mondialisation. Nous avons l’expertise et lesmoyens d’obtenir des rĂ©sultats plus probants, plus tangibles,plus spectaculaires.

Pour relever les dĂ©fis Ă  venir, le gouvernement doit entreprendreune sĂ©rieuse rĂ©flexion sur l’état du rĂ©gime linguistique et sursa volontĂ© de faire de la dualitĂ© linguistique le cƓur et l’ñmede ce pays.

CONCLUSION