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Dossiers historiques Si Woluwe m’était conté ... Woluwe-Saint-Lambert

Si Woluwe m’était conté · 2015. 4. 3. · du nom, les auteurs se rejoignent sur un point : pour eux les anciens ont dénommé la rivière d'après des critères d'ordre naturel

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D o s s i e r s h i s t o r i q u e s

Si Woluwe m’était conté ...

Woluwe-Saint-Lambert

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Rédaction : Marc Villeirs, Musée communalMise en page : Ariane Gauthier, service Information-Communication 2002.

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Les originesD O S S I E R H I S T O R I Q U E N ° 1

De Woluwe à Saint-Lambert,ou l'histoire du nom de notre commune

Qui s'intéresse un tantsoit peu à la toponymie(la science qui étudie lesnoms de lieux) ne serapas surpris de constaterla diversité surprenantede significations querevêtent les noms de noscommunes. Certaines dénominationssont aisément explica-bles. Pour mémoire, citons :Aigremont, Blankenberge,Petite-Chapelle, Sint-Ulriks-Kapelle, etc.D'autres sont loin d'êtrelimpides : on y retrouvela majorité des localitésde nos régions. Il en estenfin qui relèvent desdeux catégories préci-tées. Tel est le cas deWoluwe-Saint-Lambert.

Nos Woluwe, Saint-Lambert, Saint-Pierre, Saint-Étienne, voire unhypothétique Saint-Rombaud citéfurtivement au XIIIe siècle, tirenten effet leur identité de la rivièresur les bords de laquelle ils sontnés, phénomène commun dansnos régions.

Le problème s'épaissit lorsqu'il s'a-git de retrouver l'origine du nomdu cours d'eau. Plusieurs topony-mistes s'y sont attelés depuis ledébut du XXe siècle avec plus oumoins de bonheur. Ils ont appli-qué la méthode classique quiconsiste à rassembler le maximumde graphies issues des actes etmanuscrits anciens.

Au-delà de 1203, les documentsnous livrent indifféremment lesformes WOLUE (1238, 1282, 1352,1372, …) ou WOLUWE (1309,1329, 1394, 1440,...). Cette derniè-re s'impose toutefois progressive-ment au cours des temps et c'estelle qui devient la graphie officiel-le du nom de lacommune (demême que pourSaint-Étienne etSaint-Pierre) àl'époque fran-çaise.

On remarquequ'une graphiee x c e n t r i q u e ,Wilewe apparaîten 1163. Elle estisolée et n'in-fluence doncpas les autresformes dont lesradicaux se présentent à l'unissonsous les types Wole- et Wolu-.Quant à la graphie Wiluwa, autre-fois mise fréquemment en éviden-ce, elle provient de la lecture troprapide de l'acte faux de 1047 etdoit se lire Wolewe. La confusionréside dans le fait qu'une graphie

RÉCAPITULATIF DES FORMES ANCIENNESDU XIe AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE :

XIe siècle WILUVA (= Woluwe-Saint-Etienne)1047 WOLEWE (et non pas WILUWA)

(acte faux composé vers 1185) 1117 WOLEWE1129 WLEWE (forme contractée)vers 1140 WLUA (forme contractée) 1163 WILEWE1168 WOLEWA1173 OBWOLUWA (= Woluwe-Saint-Pierre)vers 1180 WOLUWE1186 WOLUWA1187 WOLUVE et WOLUVA1190 WOLUVIA 1203 WOLUE et WOLUWIA

S i W o l u w e m ’ é t a i t c o n t é . . .

La Woluwe à hauteur du parc desSources vers 1930. Plus large

qu’aujourd’hui mais loin de donnerune image de rivière

“impétueuse”, “agrippeuse” …(© A. C. L., Bruxelles)

apparentée, Wiluva, existe dansun manuscrit du milieu du XIe siè-cle mais qui désigne sans ambiguï-té Woluwe-Saint-Étienne. Des rai-sons similaires nous forcent àrejeter Wileuwa et Wuluwa erro-nément cités en 1146 et 1186.

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En ce qui concerne la significationdu nom, les auteurs se rejoignentsur un point : pour eux les anciensont dénommé la rivière d'aprèsdes critères d'ordre naturel.Réminiscence d'un terme celtiquegermanisé voulant dire "l'eau vive"(LINDEMANS); nature humide duterrain traversé qui en fait un "préaux sources" (CARNOY et MAN-SION), où l'on retrouve le termegermanique ahwjo (ewe, uwe)apparenté au latin aqua (eau), trèsfréquent en Wallonie sous laforme -effe (Floreffe, Haneffe,Seneffe,...) avec le sens de prairiemarécageuse,...

Plus récemment, une nouvelleexplication a été proposée par letoponymiste J. DEVLEESCHOU-WER. D'après ce dernier, il fau-drait voir dans le nom de laWoluwe le reliquat d'une traduc-tion germanique, antérieure à laconquête romaine, du nom cel-tique primitif de l'Escaut Gandasignifiant "agrippeuse" et subsis-tant aujourd'hui dans le nom de laville de Gand. Délaissée au profitd'une autre traduction, celle-ciserait passée aux affluents, leRupel d'abord, ensuite la Senne,pour finir par désigner la Woluwe.La graphie originelle devait res-sembler à Welwon (" ravisseuse ")et serait parvenue à se maintenirgrâce à la présence d'un importantîlot germanophone dans la valléede la Woluwe. Les Francs auraientconservé cette forme ancienne lors

de leur installation dans nosrégions à partir du Ve siècle et lenom aurait alors connu l'évolutionque l'on sait. Cette étymologieintéressante semble néanmoinsfort complexe, tortueuse même, cequi laisse entendre que l'on nedonnera probablement jamais uneexplication définitive du nom deWoluwe.

Durant près de huit siècles a co-existé une forme parallèle à celleque l'on vient de décrire. Il s'agitde Op-Woluwe, littéralement"Woluwe du dessus".Cette appellation s'opposait àWoluwe-Saint-Etienne, quelque-fois appelé Neer- ou Neder-Woluwe car situé plus en aval surle cours de la rivière.Des cas similaires foisonnent dansla toponymie tant en pays flamandqu'en pays wallon. A titre d'exem-ples citons pour le BrabantNeerijse et Overijse, Neder-Heembeek et Over-Heembeek,Dion-le-Val et Dion-le-Mont,Houtain-le-Val et Houtain-le-Mont.

Le terme Op-Woluwe est attestépour la première fois dans un actede 1173 et s'applique alors àWoluwe-Saint-Pierre. On peut ima-giner qu'originellement cetteappellation recouvrait sans distinc-tion les deux noyaux villageois,Saint-Lambert et Saint-Pierre, dis-tants l'un de l'autre d'à peine qua-tre cents mètres. Dans la suite, parun phénomène de glissement

toponymique, Op-Woluwe s'iden-tifia uniquement avec Woluwe-Saint-Lambert, le village géogra-phiquement le plus proche deWoluwe-Saint-Etienne. De nosjours, le terme se retrouve encoredans le langage des anciens deWoluwe sous sa forme patoisanteOp-Eule, qu'attestent égalementdes formes manuscrites anciennestelles Oppeulene (1623).

La première mention de Saint-Lambert, le saint titulaire de laparoisse, associé au nom deWoluwe remonte à 1187 (ecclesiasancti Lamberti in Woluva) maisc'est en 1237 que ces deux termessont proprement réunis en un seultoponyme (parrochia de Woluasancti Lamberti). On se doute qu'ils'agissait de distinguer Woluwe-Saint-Lambert de ses deux homo-nymes.

Saint-Lambert s'identifia si bienavec sa commune que cela luivalut de figurer en bonne placesur le sceau et les armoiries com-munales. Mais ceci est une autrehistoire.

Rédaction : Marc Villeirs, Musée communalMise en page : Ariane Gauthier, service Information-Communication 2001.

L’acte faux daté de 1047. La mention “Wolewe” se trouve à la sixième ligne(© Archives générales duRoyaume, Bruxelles)

Saint-Lambert. Statue en bois du XVIIIe siècle, église Saint-Lambert

(© A. C. L., Bruxelles)

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Origines agraires

D O S S I E R H I S T O R I Q U E N ° 2

Woluwe-Saint-Lambert : des originesagraires à l’urbanisation.

Aux origines deWoluwe

Woluwe-Saint-Lambert vit le jourle long de la Woluwe au sein dumassif forestier de Soignes quioccupait alors ses rives jusqu’au-delà de Zaventem. Sa création,vraisemblablement due à l’initia-tive des comtes de Louvain, futursducs de Brabant, remonte au10ème au 11ème siècle. C’est ceque laisse entendre un acte fauxdaté de 1047, en réalité rédigé auxenvirons de 1185, mais dont lecontenu semble se rapporter au11ème siècle. Il s’agit d’une chartede donation selon laquelle l’églisede Woluwe-Saint-Lambert etquelques terres sont cédées auxchanoines de la collégiale des SS.Michel-et-Gudule de Bruxelles parun pseudo comte de Louvain,Baldéric, inventé pour la circon-stance.Le premier centre agricole deWoluwe apparaît en expansiondès le 12ème siècle, ce qui luivalut de devenir le centre d’uneparoisse consacrée au saintévêque de Liège. L’existence decette entité est virtuellement prou-vée en 1187 par une charte del’abbaye de Forest.

L’essaimage

Dès 1117, il est fait mention d’unsecond centre agricole à l’Hof tenBerg, formé de terre et de présvendus ou octroyés en guised’aumône par des propriétairesfonciers locaux à l’abbaye deForest. Au même moment appa-raît également la seigneurie deWoluwe qui semble être uneinféodation d’un territoire, situéessentiellement sur la rive gauchede la Woluwe, par les ducs deBrabant à une famille noble locale

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qui portera le nom de Woluwe.L’organisation juridique de cedomaine était légèrement dif-férente de celle du vieux centre deWoluwe, soumis directement àl’autorité du duc de Brabant. En effet, la seigneurie de Woluwejouissait, dans les faits, d’une plusgrande autonomie même si, dedroit, elle relevait des ducs deBrabant. Il est à noter égalementque le noyau primitif de cetteseigneurie pourrait être à l’originedu Slot.Les seigneurs de Woluwe seront àla base de la création d’un qua-trième centre d’exploitation agri-cole situé à Stockel, centre quedétiendront, les Norbertins de l’ab-baye de Park, près de Louvainjusqu’à l’annexion de nosprovinces par la France en 1794. Ces mêmes Norbertins recevrontdès le 12ème siècle la propriété dumoulin dit de Stockel que l’onpeut identifier à l’actuel moulin deLindekemale.Le dernier centre agricole impor-tant du 12ème siècle se situait àRoodebeek.

L’Hof ten berg au XVIIIe siècle, d’après un ancien plan. (Coll Mus.com)

Le terme « Roodebeek » est carac-téristique de cette époque degrands défrichements : « roode » nesignifie pas « rouge », comme onaurait pu le croire, mais « essarte-ment » (défrichement).

Henri VerheyleneghenBourgmestre de WSL (1875-1888),gros fermier à Roodebeek(Coll Mus.com)

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Le hameau de Roodebeek, essen-tiellement constitué de fermes étaitpartagé entre différents proprié-taires, à savoir les Crainhem, lesWoluwe, les ducs de Brabant, l’ab-baye de Forest et peut-être aussiles châtelains de Bruxelles.

Créé après woluwe, roodebeekrestera toujours un hameau et nesera jamais doté d’une structureparoissiale. Seule y subsisteaujourd’hui la ferme « TerCauwerschueren » aménagée enhabitation.Les siècles suivants furent placéssous le signe de la continuité : lescéréales demeurent la culturedominante. Woluwe-Saint-Lambert, à l’instar des campagnesenvironnantes, s’affirme commelieu d’approvisionnement en den-rées alimentaires de la ville deBruxelles.

Vers l’urbanisation

Dans nos régions, le deuxièmetiers du 18ème siècle correspond àune forte augmentation de popu-lation. Le besoin croissant en pro-duits alimentaires amène l’agran-dissement des exploitations agri-coles existantes telle l’Hof terMusschen dont le noyau primitifremonte au moins au 15ème siècleou la création de nouvelles fermesde dimensions généralement plusréduites.

La Révolution française et lesévènements qui y sont liés n’ap-portèrent pas de modificationssensibles aux structureséconomiques de Woluwe-Saint-Lambert. Ce n’est que plus tard,dans le courant du 19ème siècle,qu’intervint une diversification descultures. Une série d’étangs de lavallée de la Woluwe furentasséchés et transformés en prairies(extension de l’élevage). L’élevagede porcs apparut également surune échelle plus vaste quoique lescultures aient malgré tout con-servé une grande importance(extension de la culture du fro-ment).

On notera également undéveloppement des culturesmaraîchères, et tout particulière-ment de la culture du chicon. Petit à petit, à l’extrême fin du19ème siècle, l’expansion urbainesuivant son cours entraîna unediminution de la superficie des ter-res cultivées. La vallée de laWoluwe qui a conservé trèslongtemps un cadre champêtre neconnaît plus à l’heure actuelleaucune ferme en exploitationdepuis l’arrêt des activités de ladernière ferme de la rue Neervelden 1986.

Woluwe entouré de champs et deprés (Coll F. Frankignoul)

Cour intérieure de l’Hof ter Musschen, vers 1950 (Photo Mus.com)

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Eglise Saint-Lambert

D O S S I E R H I S T O R I Q U E N ° 3

L’église Saint-Lambert : huit siècles d’histoire

Des origines très nébuleuses

Si l’on observe avec attention lesite actuel de l’église Saint-Lambert, on peut sans peinereconnaître les caractéristiquespropres aux noyaux villageoisanciens de nos régions.

Par sa position topographique, lesite, établi à flanc de colline domi-nant de près la Woluwe, possédaitautrefois le double avantage d’of-frir à ses occupants une positionde défense tout en les faisantbénéficier de la présence de l’eau,facteur essentiel au maintien d’unhabitat permanent.L’élévation du terrain permettaitd’éviter les désagréments inhé-rents au fond de la vallée : insalu-brité et inondations.Enfin, son implantation au carre-four de quatre anciens cheminsmettait Woluwe-Saint-Lambert encommunication directe avec lesvillages environnants : Woluwe-Saint-Pierre et Auderghem (par larue Sombre), Saint-Josse etSchaerbeek d’une part, Etterbeeket Bruxelles d’autre part (par lesrues Tomberg et de la Cambre),Evere d’une part, Woluwe-Saint-Etienne et Kraainem d’autre part(par la rue Vervloesem), Stockel etWezembeek (par la rue Voot et lachaussée de Stockel).

C’est à ce croisement de cheminsque s’installèrent autrefois lescomposantes du pouvoir local, àsavoir le spirituel : église, cure etgrange aux dîmes, et le temporel :centre d’exploitation agricole liéeà une structure juridique – en l’oc-currence l’actuel Hof van Brussel– auquel se substituera la maisoncommunale au XIXè siècle.

Les origines du centre paroissialsont des plus nébuleuses. Une tra-dition fort suspecte rapportée parquelques auteurs anciens, assureque Saint-Hubert en personneaurait consacré l’église au débutdu VIIIe siècle à la mémoire deson illustre prédécesseur l’évêqueLambert, assassiné à Liège en 708.Toute aussi douteuse- du moinsdans son aspect formel – est lacharte de 1047 par laquelle leschanoines de la collégiale des SS.Michel- et Gudule de Bruxellesreçoivent en don du comte deLouvain Lambert II Baldéric l’égli-se de " Wolewe " (1), les droits quis’y attachent et sept bonniers.

Il a été par trois fois démontré quece document était un acte fauxcomposé vers 1185 pour remédierau manque de preuve écrite justi-fiant les possessions des chanoi-nes à Woluwe. Par contre, le fondde l’acte semble réel. Les chanoi-nes ont bien détenu le pouvoirspirituel à Woluwe-Saint-Lambertjusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

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La place du Sacré-Coeur et l’égliseSaint-Lambert vers 1930.

(Coll Mus.com)

L’église Saint-Lambert en 1712, d’après un ancien plan

(col.Mus.com).

Note 1 : Et non pas " Wiluwa ", formefantaisiste provenant d’une erreur delecture et qui n’a été relevée dansaucun document ancien !

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Il est d’autre part exact que la mai-son des comtes de Louvain, deve-nue maison ducale en 1106 de parla volonté de l’empereur d’ Alle-magne, a été détentrice primitivedes terres de la région, même si l’i-dentification du donateur, que lacharte de 1047 appelle simplementBaldéric, avec le comte Lambert IIreste hasardeuse.L’initiative du développement agri-cole du cours supérieur de laWoluwe par défrichement et l’ins-tallation de communautés villa-geoises bientôt dotées d’une struc-ture paroissiale leur est redevableau moins à partir du XIe siècle. Parla suite ce vaste domaine ducal vase fragmenter par inféodation àdes seigneurs laïcs (par exemple lafamille de Woluwe) et cession àdes institutions religieuses commeles abbayes de Forest et Parc-lez-Heverlee.

Une chose sûre est que leschanoines détiennent

l’église Saint-Lambert dès lafin du XIIe siècle.

Un document de 1328 définit enoutre les possessions et droits trèsétendus du chapitre à Woluwe :nomination du curé, perception dela majeure partie des dîmes, dont

une portion non négligeable estattribuée au curé, produit desoffrandes,… ainsi que neuf bon-niers de terre arable. Notons qu’àpartir de 1187, l’abbaye de Forestperçoit également une dîme àWoluwe-Saint-lambert.

Où il est questiond’impérialismeparoissial !

Beaucoup de questions se posentencore sur l’étendue primitive dela paroisse Saint-Lambert. Il sem-ble qu’à l’origine, elle se limitait engros à la rive gauche de laWoluwe. La rive ouest, allant del’Hof ter Musschen à l’institut de laProvidence en passant par la cité-jardin du Kapelleveld, relevait,elle, de Woluwe-Saint-Pierre.

La délimitation des deux paroissesn’était en fait pas stricte. De nom-breuses enclaves existaient, ce quirendait difficile la collecte desdîmes. Cette confusion des limites,combinée à d’autres facteurs, pro-voqua au début du XVIIIe siècleune polémique autour de la réuni-fication potentielle des deuxWoluwe. L’instigateur en était lecuré de Saint-Lambert. Ses argu-

ments tenaient en plusieurs points,non dénués de bon sens il est vrai.

Le curé constatait que lui-même etses prédécesseurs avaient assuré lacharge pastorale à Woluwe-Saint-Pierre de manière quasi continuedepuis 150 ans.Il considérait aussi cette paroissecomme non viable car trop petite.

En outre les habitations des deuxentités se mêlaient de manièretelle qu’elles n’en formaient enréalité qu’une, les deux centresparoissiaux étant fort peu éloignésl’un de l’autre.Enfin, certaines bâtisses dépen-dant de Saint-Pierre étaient beau-coup plus proches de Saint-Lambert, à commencer par le châ-teau.L’opposition des habitants deWoluwe-Saint-Pierre, soucieux deconserver leur identité, suffit àmodérer les ardeurs du curé dansses projets annexionistes. Néanmoins l’affaire paraît avoirsuscité certains remous entraînantla recherche d’une solution afin derésoudre un problème devenuinextricable. Des modifications delimites semblent avoir été opéréesau profit de la paroisse Saint-Lambert.Vers 1775 on constate que la rivedroite de la Woluwe est entière-ment passée sous sa tutelle.

Vers l’époque contemporaine

Les premières années de la domi-nation française furent difficilespour la paroisse. La fuite du curéVan Der Belen la laissa sans pas-teur de 1797 à 1803 et les curés deWoluwe-Saint-Etienne, Kraainemet Schaerbeek, prirent temporaire-ment la relève. Notons que le curéVan Der Belen avait curieusementfait parler de lui en 1784 lors de lavente publique des biens duprieur de Rouge-Cloître àAuderghem, supprimé par un éditde Joseph II. Ami d’un certainGuillaume-Emmanuel Francolet,ancien intendant du prieuré de ValDuchesse qui lui facilita la tâche,notre curé s’était alors adjugé unepart importante des plus beauxornements liturgiques dispersés.

L’église Saint-Lambert en 1831. Gravure de Paul Vitzthumb (coll. Mus.com.)

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A partir de 1795, le territoireparoissial se confond avec celui dela commune de Woluwe-Saint-Lambert nouvellement créée. Cettesituation perdurera jusqu’au débutdu XXe siècle. L’érection de laparoisse Saint-Henri en 1901 dansle haut de Woluwe en consacre lemorcellement. La division se pour-suivra par la création des paroissesde Notre-Dame de l’Assomptionau Kapelleveld en 1925 et de laSainte-Famille à Roodebeek en1930.

Une architecture séculaire

L’église Saint-Lambert porte en ellela marque des différents agrandis-sements et transformations qu’ellea subis depuis son origine. Classéspar arrêté royal en date du 27 avril1942, les éléments les plusanciens, notamment la partie cen-trale de l’ancienne nef et la tour,remontent au XIIe siècle.

Ils gardent quelques caractéris-tiques architecturales propres à l’é-poque romane comme la petitefenêtre et les ouïes de la tour.

Malheureusement le plan initial del’église est perdu. Celle-ci n’ayantjamais fait l’objet de fouilles systé-matiques, on peut se borner qu’àfaire une reconstitution conjectura-le.A l’instar de la phase originelled’édifices semblables bâtis vers lamême époque, telles les églises St-Lambert de Heverlee et St-Pierrede Bertem ainsi que la chapelleSainte-Anne d’Auderghem, l’égliseaurait développé un plan basilicalavec tour de façade et nef uniqueà trois ou quatre travées suivied’un chœur à chevet plat.

La première figuration connue del’église (1553) donnerait uneimage, toutefois altérée, de ceplan: tour occidentale et nef à trois(?) travées flanquée d’un porched’entrée dans sa partie sud. Lechœur, lui, ne se voit pas.

L’église fut l’objet par la suite detransformations importantes :agrandissement de la nef et duchœur, adjonction de bas-côtés,construction d’une chapelle consa-crée à Notre-Dame (qui aurait puêtre selon certains la patronne pri-mitive du sanctuaire), percement

Le porche de l’église, datant de la fin duXVIIe siècle (coll. Mus.com)

d’une porte dans la face sud de latour. C’est sous cet aspect qu’ellenous apparaît en 1712.

Quelques années plus tard, elle estune nouvelle fois agrandie sous lepastorat de Philippe Van derZypen. Nef et bas-côtés sont pro-longés et réunis sous un mêmetoit. La raison majeure de ces tra-vaux résidait dans l’accroissementnotoire de population que connu-rent nos régions, et en particulierWoluwe-Saint-lambert, durant toutle XVIIIe siècle.

Au XIXe siècle le chœur futreconstruit et doté d’une décora-tion intérieure néo-gothique. En1938, enfin, une nouvelle église destyle néo-roman, beaucoup plusvaste, fut accolée à l’ancien édifi-ce. Œuvre de l’architecte Guillaume-Chrétien Veraart (1872 – 1951),elle reflète par l’ampleur de sesdimensions l’image d’un petit villa-ge devenu partie intégrante d’unecapitale européenne.

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Le Slot

D O S S I E R H I S T O R I Q U E N ° 4

LE SLOT : Quand l’archéologie vient au secours de l’histoire

L’ancêtre d’un fer à repasser –une boule de verre que l’onchauffait et passait sur lelinge – un insigne de pèlerina-ge de Notre-Dame d’Aerschoot,un méreau – médaille commé-morative – en cuivre, l’armatu-re métallique d’une bourse, unpetit cadran solaire en plomb,des jetons monétaires, descuillers, des épingles et des tes-sons de céramique.

Quel lien entre ces objets hété-roclites, direz-vous ?Cet inventaire – non exhaustif– rassemble tout simplementquelques-unes des récentesdécouvertes réalisées au Slot –

l’ancien château des seigneursde Woluwe – par la sociétéroyale d’Archéologie deBruxelles.Tout commence en 1980, après les tra-vaux du métro. Dans le cadre duréaménagement du carrefour du boule-vard de la Woluwe et des avenuesHymans et Vandervelde, le Plan vert,qui dépend du Ministère des Travauxpublics, creuse le sol pour y recréer unpetit étang. Il met à jour les fondationsd’un mur. Quelques jours plus tard, unétudiant en histoire de l’ULB découvreune série de tessons de céramique des17e et 18e siècles. Prélude aux fouillesréalisées durant l’année 1984 : lesentrailles du Slot sont loin d’avoir livrétous leurs secrets.

Petit flash-back historique. Au 12èmesiècle, le Slot (ensemble fortifié) consti-tue fort probablement le centre doma-nial des Woluwe : lieu d’habitation duseigneur et siège de son autorité,auquel s’adjoint une série de dépendan-ces (moulin, brasserie…)A l’époque, trois grands propriétairesfonciers se partagent les deux territoi-res paroissiaux formés par Woluwe-Saint-Pierre et Saint-Lambert : l’ab-baye bénédictine de Forest, l’abbaye

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Le Slot (Het audt Casteel) en 1611 (photoMs.com d’après un plan conservé à l’abbayede Park près de Louvain)

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prémontrée de Park, près d’Heverlee,et la seigneurie laïque, dont le premierreprésentant connu est Gérard deWoluwe.

Ce n’est qu’indirectement que se décè-le cependant le premier indice d’exis-tence du château. Le 13ème siècle estune période de prodigieux développe-ment économique pour nos régions.S’en suit une croissance démogra-phique remarquable. Beaucoup decadets de familles nobles voient leuravenir compromis au sein du domainepatrimonial : le morcellement des ter-res entre les héritiers aurait inévitable-ment correspondu à un affaiblissementfatal. C’est pourquoi ils émigrent versla ville où bon nombre d’entre euxjouent un rôle prédominant. C’est lecas d’Everwin de Woluwe, mentionnécomme échevin de la ville de Bruxellessuccessivement en 1254 et 1264.

La branche rurale des Woluwe va,quant à elle, porter le surnom de " duchâteau " pour se démarquer de labranche urbaine : Jean de Woluwe estsurnommé en 1295 sous la forme lati-ne de "de Castello " et en 1302 de " deCastro ". Léon de Woluwe, sans doutele fils de Jean, porte, lui, le surnom fla-mand de " Van den Borch ".

Une prison ?

Aux 16ème et 17ème siècles, la sei-gneurie de Woluwe se morcelle. Lesbâtiments sont reconstruits et affectés àde nouvelles fonctions : siège de la courde justice ou prison en plus de la fonc-tion résidentielle ? Aucune des hypo-thèses n’est aujourd’hui prouvée.

Au 19ème siècle, le Slot devient pro-priété de la famille de Thiennes. Vers1850, l’ancienne demeure des sei-gneurs de Woluwe est transformée enferme.

Occupé par Jean-Baptiste Nagels de1896 à 1905 et par la famille Elsen de1905 à 1923, le Slot est racheté en1924 par Victor Everaerts, éleveur etmarchand de bétail. Ses descendantsl’habiteront jusqu’en 1967. C’est cetteannée-là qu’il est mis en ventepublique et acquis par L. Van deMughel, un agent de publicité. Celui-ci revend le Slot à la commune en1975, date de son classement comme

monument historique.

Rares, voires uniques !

Les objets trouvés lors des fouillesmenées par la société royaled’Archéologie de Bruxelles, dans ce quidevait être les douves du château,datent des 14ème, 15ème et 16ème siè-cles. Véritable mine de renseignementssur la vie du passé.

A la base des fondations, on a retrouvédeux caissons formés de tuiles imbri-quées. Ils abritaient des pots de céra-mique contenant des vestiges de nour-riture : au Moyen Age, lors de la cons-truction d’un édifice, on avait coutu-me, semble-t-il, de présenter desoffrandes pour conjurer le mauvais sort.

La richesse des découvertes réalisées estincontestable : presque tous les objetssont des pièces rares, voire uniques. Ilsvont être scrupuleusement étudiés parMme Françoise Jurion, archéologue, etseront ensuite déposés au musée com-munal de Woluwe-Saint-Lambert.

Le Slot au 17ème siècle (Coll.privée M.V.)

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Marie-la-Misérable

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La chapelle de Marie-la-Misérable : histoire et légende

Woluwe-Saint-Lambert s’enor-gueillit à juste titre de possé-der un petit joyau de l’artgothique brabançon sur sonterritoire. Admirablement encadrée dansson écrin de verdure, la cha-pelle Notre-Dame-des Septs-Douleurs, mieux connu sousl’appellation populaire de cha-pelle de Marie-la-Misérable,domine la vallée de la Woluwedepuis plus de six siècles.Mais sait-on qu’elle est le sièged’une légende tout à la foisdramatique et merveilleuseque nous a légué le Moyen Agefinissant.

Une légende dramatique

La légende de Marie-la-Misérablenous dit ceci : aux confins desXIIIe et XIVe siècles vivait àWoluwe-Saint-Pierre une jeunefille prénommée Marie, uniqueenfant de parents déjà âgés etremarquable tant par sa beautéque par la pureté de son cœur.Pourtant, plutôt que devenir épou-se et mère, elle préféra se retireren un ermitage établi près d’unoratoire consacré à la vierge oùelle n’eut de cesse d’honorer laMère de l’Humanité par la prièreet l’apport d’un soutien matériel etmoral aux déshérités. Séduit par sagrâce naturelle, un jeune seigneurdes environs – on ne précise pasle lieu – voulut l’avoir à lui. Écon-duit à plusieurs reprises, il résolutde contraindre Marie à lui céderen exerçant sur elle un odieuxchantage que seuls l’impuissanceet le désespoir sont capables d’en-gendrer. Lorsque Marie vint quêterchez un grand personnage, fami-lier du jeune homme, ce dernierintroduisit subrepticement dans sabesace une coupe de valeur. Il lui

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La Chapelle dessinée par PaulVitzthumb, 4 avril 1831.

(Coll. Mus. com.)

serait donc facile d’accuser Mariede vol si elle lui résistait encore. Etc’est ce qui arriva. La jeune femmeeut beau se défendre d’avoir com-mis pareil crime, tous les argu-ments se mirent contre elle, à lagrande joie du jeune seigneur quitrouva ainsi dans la vengeance unexutoire à ses frustrations. Mariefut arrêtée, hâtivement jugée etexécutée.Enterrée vive, elle eut la poitrinetranspercée par un pieu. Lorsqu’elle rendit le dernier souf-fle, treize vierges éclatantes debeauté seraient apparues dans leciel pour honorer son martyr. Surle coup, le jeune homme fut prisde folie furieuse qu’aucun lieusaint du Brabant, réputé guérir cemal, ne put apaiser. Il ne retrouvala raison qu’en venant se recueillirdans la chapelle érigée sur le lieudu supplice de la jeune femme.

Réalité ou fiction ?

Que penser de ce récit ? On a, àvrai dire, beaucoup glosé sur lavéracité du personnage de Mariequi, rappelons-le, n’a jamais étéreconnue comme sainte. La toutepremière transcription de sa vieremonte à la deuxième moitié duVXe siècle, soit grosso modo unsiècle et demi après son décès pré-

sumé. Elle est l’œuvre du sous-prieur du Rouge-Cloître JeanGillemans, décédé en 1487. A sasuite, de nombreux érudits (parmilesquels les figures connues deJean Molanus, Augustin Wichmanset Aubert Le Mire) ont repris lalégende en l’amplifiant de détailsmerveilleux, tout en essayant de lareplacer dans un cadre chronolo-gique et géographique plausible.Tous sont d’accord pour faire deMarie un personnage historique.

Marie-la-Misérable : image pieuse

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Ce ne fut plus le cas à la veille dela seconde guerre mondiale,lorsque le docteur Jan Lindemansaffirma qu’il ne pouvait s’agir qued’une pure légende. Selon lui, elleaurait été forgée à l’aide d’élé-ments populaires pour justifier unpèlerinage local qui s’était déve-loppé autour d’une image de lavierge de provenance étrangère,peut-être même byzantine !L’historien Jean Helbig répliquepar une volée d’arguments tendantà modérer l’audacieuse hypothèsede Lindemans. Les deux éruditsrestèrent sur leurs positions. À cejour le mystère de Marie laMisérable n’a toujours pas trouvéd’explication définitive. On enreste donc à émettre trois possibi-lités : soit les événements relatésont effectivement eu lieu ; soit lalégende se base sur des faits réelsmais ont été enrobés de mer-veilleux ; soit elle relève de l’ima-ginaire le plus total.

Conflits d’intérêt etreligion

L’histoire de la chapelle présentebeaucoup plus de certitudes, hor-mis la date exacte de son érection.Les caractéristiques du style archi-tectural tendent à faire penserqu’elle a été bâtie dans la premiè-re moitié du XIVe siècle.

Dès 1363, la chapelle apparaîtdans un document émanant dupape Urbain V qui accorde desindulgences aux visiteurs de l’ora-toire. Dix-sept ans plus tard, en1380, Jean et Guillaume deMeldert, petit-fils de Léon Vander-borch, seigneur de Woluwe, y fon-dent un bénéfice, la confirmantdans son rôle de lieu de pèlerina-ge.

Un lieu fréquenté, en particuliers’il est d’essence religieuse, a tou-jours excité les convoitises par les

revenus matériels et l’ascendantpsychologique qu’il conférait.Il n’est donc nullement éton-nant de constater que la déten-tion de l’autorité spirituelle dela chapelle fit l’objet de conflitsincessants entre les seigneurset le curé de la paroisse, cedernier agissant pour le comp-te des chanoines de la collé-giale Sainte-Gudule deBruxelles, possesseurs desdroits ecclésiastiques àWoluwe-Saint-Lambert. La der-nière, la plus cruciale, de ces

luttes dans laquelle fut mêlée lacongrégation des Carmes deBruxelles, échauffa les espritsdurant la toute première moitié duXVIIIe siècle. Dans les années 1920, la famille dela Boëssière, descendante des der-niers seigneurs de Woluwe, cédala chapelle aux Pères assomption-nistes qui prirent également encharge les destinées de la nouvel-le paroisse de Notre-Dame del’Assomption au Kapelleveld.Restaurée au début des années1970, la chapelle conserve unbeau mobilier (clôture, chaire devérité, retable illustrant la vie deMarie-la-Misérable,…) remontantau XVIIe siècle. On peut y voirégalement la pierre tombale deGeorges Kieffelt, seigneur deStockel, et de son épouse AnneVan Asseliers. Un tronc, curieuse-ment sculpté en forme de pieu,remonte à 1574. Regrettons toute-fois que cette restauration n’aitconservé que des œuvres devaleur artistique, confinant la cha-pelle dans un rôle étroit de muséed’art religieux. Tous les élémentscaractéristiques de la ferveur reli-gieuse populaire (notamment lesex-voto), part intégrante du patri-moine folklorique de nos régions,ont été purement et simplementgommés.

La Chapelle dans l’entre-deux-guerres. (Mus. com)

La pierre tombale de GeorgesKieffelt et Anne Van Asseliers,XVIIe siècle (Mus.com)

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Château Malou

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le Château Malou,où l’Histoire le dispute à la Culture

L’acte de naissance du châ-teau, une mention laconiquegravée dans une pierre de l’an-gle nord-est du bâtiment,signale sans ambages qu’il futconstruit en 1776. Cela fait delui un des seuls édifices d’inté-rêt historique de la communedont la construction soit datéeavec précision.Pourtant – et c’est un para-doxe - il faut encore remonterde plus d’un siècle pour mettreen lumière la genèse de cesuperbe domaine où le châ-teau fut construit et dontWoluwe-Saint-Lambert tire au-jourd’hui une légitime fierté.

Les Jésuites et le banquier

Les archives nous reportent aubeau milieu de ce XVIIème sièclequ’une certaine historiographie acru bon de désigner comme étantun « siècle de malheurs ». Cetteappellation n’aurait certes pas étédésavouée par les propriétaires dumoment, Albert Preud’homme etson gendre Jean de Costere. En1654, endettés pour des raisonsqui nous sont inconnues, ils serésignent à céder leur domaine ausurintendant général des monts-de-piété, Charles Coeberger, enl’échange de la coquette sommede 19.000 florins. Coeberger s’em-presse de revendre le bien au cou-vent des jésuites de Bruxelles dontla compagnie connaît dans nosrégions une forte expansiondepuis le règne des archiducsAlbert et Isabelle (1598 – 1621).L’origine des biens de Woluwedont les Jésuites entrent en pos-session est difficile à déterminermais il n’est pas exclu qu’ils aient

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autrefois fait partie del’ancienne seigneuriede Woluwe dont lafamille d’Armstorff, liéeaux Preud’homme paralliance matrimoniale,assumait la destinéedepuis le milieu duXVIème siècle.Toujours est-il qu’aumoment de leur expul-sion de nos régions en1773, les Jésuitesdétiennent à Woluweun solide patrimoinede plus de 37 ha deterres, prés et étangs, en ce com-pris une ferme à Roodebeek.Quant à leur propriété située enbordure de la chaussée de Stockel,elle se compose d’une petitedemeure à un étage, dénommée« Speelgoet », dressée au centred’une pièce d’eau, et qui leur sertde maison de campagne.Mis en vente publique, le domainedes Jésuites est acquis dans satotalité par un banquier fraîche-ment anobli (1769), originaire dela principauté de Liège, Lambertde Lamberts, le bien nommé !D’emblée, celui-ci fait raser le petitcastel et le remplace dès 1776 parune splendide demeure néoclas-sique, toute à la mesure de sesambitions. Après son décès, ledomaine est une nouvelle fois misen vente publique et racheté parun obscur propriétaire foncier,Charles-Louis Kessel qui le conser-ve de 1812 à 1829.

Le ministre et la danseuse

D’une toute autre envergure, lesuccesseur de Kessel, Pierre VanGobbelschroy, apparaît commeune personnalité marquante de laBelgique d’avant 1830. Né àLouvain en 1787, il entame des

études de droit qui l’amènent àoccuper des postes à responsabili-tés sous le régime français. Il com-plètera sa carrière par l’exerciced’importantes fonctions ministé-rielles (Intérieur, Colonies etIndustrie) sous le régime hollan-dais entre 1825 et 1830.D’inclination orangiste, il ne pour-ra que s’effacer de la vie politiqueaprès la révolution. Désormais, savie se partagera entre les affaireset sa compagne, Marie Lesieur(dite Lesueur). D’origine française,ancienne danseuse étoile du théâ-tre de la Monnaie, elle lui donne-ra une fille.Domiciliés à Paris mais résidantdurant l’été à Woluwe-Saint-Lambert, Pierre Van Gobbelschroyet Marie Lesueur auront à cœur detransformer leur bien en un cadregrandiose mais accueillant. Le parcet l’étang subiront une série deretouches encore perceptibles denos jours. Le 3 octobre 1850, lesuicide de Pierre VanGobbelschroy, provoqué par degraves déboires financiers, inter-rompt tragiquement cette « vie dechâteau ». La situation précairedans laquelle se trouve brutale-ment plongée Marie Lesueur laforce, en 1851, à aliéner le châteauet le parc au notaire woluwéenVan Keerbergen.

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Jules Malou, «seigneur» de Woluwe

Deux ans plus tard (1853), ledomaine devient possession d’undes géants du monde politique etfinancier de la Belgique duXIXème siècle. Il est inutile derevenir en détail sur la fulgurantecarrière de Jules Malou (1810 –1886), tour à tour ministre et chefde cabinet catholique quand iln’occupe pas le poste de vice-gou-verneur de la Société Générale deBelgique !

Contrairement à ses prédéces-seurs, Malou va porter un intérêtévident à sa commune d’adoption.Woluwe-Saint-Lambert lui doit enparticulier la fondation en 1879, enpleine lutte scolaire, d’une écolecatholique pour filles. Elle serainstallée dans les locaux de l’an-cienne « Chancellerie » et dirigéepar les Sœurs de la Providence deChampion.

D’autre part, Edmond Mesens,natif de Woluwe-Saint-Lambert, luidoit d’avoir été efficacement pro-pulsé dans la vie publique.Successivement député puis séna-teur catholique, Edmond Mesensen vint à exercer la fonction hono-rable de bourgmestre de la com-mune d’Etterbeek de 1884 à 1896et de 1907 à 1918. Ce n’est donc

pas par hasard si l’on trouve uneavenue Jules Malou à Etterbeek.Rien d’étonnant non plus à ce quecette commune ait pu sans peineinstaller son orphelinat (la futureécole Van Meyel) et son nouveaucimetière sur le territoire deWoluwe-Saint-Lambert dans lesannées 1890 – 1895.

Enfin, attentif à la vie locale, JulesMalou favorise la principale socié-té d’agrément de Woluwe, l’har-monie de l’Alliance qui occupeune place prépondérante dans lavie sociale du village pendant unsiècle.

On n’est pas surpris de constaterque Woluwe-Saint-Lambert aretrouvé en la personne de JulesMalou un «maître» qui a exercé unascendant psychologique certainsur ses habitants. Il a comblé unvide séculaire en jouant enquelque sorte le rôle des seigneursde l’Ancien Régime, rôle d’autantplus effectif que son lieu de rési-dence était beaucoup plus proche,géographiquement parlant, ducentre du village que ne l’étaitl’ancien château Kieffelt. Il estcompréhensible que le nom deMalou soit resté au château à unpoint tel qu’il s’est perpétué dansles mémoires jusqu’à nos jours.Les descendants de Jules Malouont conservé le domaine jusqu’en1952, date à laquelle il a été cédéà la commune. Profondémentréaménagé au début des années70, il constitue aujourd’hui unhavre de culture, particulièrementmarqué sur le plan artistique par laprésence de la Galerie de Prêtd’œuvres d’Art.

Le Chateau malou en 1831, par Paul Vitzthumb (Coll Mus.com)

Jules Malou. (Coll.Mus.com)

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Les moulins

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Quatre moulins à eau pour Woluwe-Saint-Lambert

A l’heure des technologies depointe, des centrales nuclé-aires et de la conquête de l’es-pace, il est difficile d’imaginerà quel point l’apparition desmoulins, en particulier ceuxactionnés par l’eau, a révolu-tionné voici quinze siècles lavie économique de l’Europeentière. En remplaçant la seuleforce animale dont il disposaitjusqu’alors par l’énergiehydraulique, l’homme a démul-tiplié son potentiel énergé-tique. Il en fera usage durantdes siècles. Le déclin desmoulins à eau naîtra avec l’ex-tension de la machine àvapeur et le développement del’électricité, principalement àpartir du XIXe siècle.

Aujourd’hui, il subsiste un certainnombre de ces moulins qui, s’ilsne sont pas à l’abandon, tiennentlieu d’entrepôts ou de restaurants.

Il ne fait aucun doute que laWoluwe connut jadis la présencede moulins le long de ses rives. Atitre d’exemple, on signala unmoulin à Diegem en 1208.

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Par ailleurs, d’anciens documentsaccordent à la Woluwe le qualifi-catif de «Maelbeek», terme géné-rique propre à bien des coursd’eau du pays flamand. Ils furentmême nombreux. Au milieu duXIXe siècle on n’en compte pasmoins de 18 répartis entreBoitsfort et Diegem.Le chiffre monte à 27 si l’on prenden compte les quelques affluentsde la Woluwe dotés de moulins :le Roodklootserbeek (ruisseau duRouge-Cloître) à Auderghem, leKleine Maelbeek à Kraainem et leKleine beek à Zaventem. La proxi-mité de Bruxelles, capitale d’unétat en pleine croissanceéconomique explique cette pro-lifération de moulins aux affecta-tions très variées. A côté des sim-ples fabriques de farine, l’on trou-ve une multitude de petites tein-tureries, papeteries et fabriquesd’huile fonctionnant grâce à l’én-ergie hydraulique.

Aux origines dumoulin deLindekemale

Le moulin de Lindekemale, dontl’appellation fort ancienne pro-vient d’un lieu-dit voisin, est leseul moulin à eau subsistant sur leterritoire de Woluwe-Saint-Lam-bert. On peut sans aucun doute leconsidérer comme le plus ancien.Originellement propriété deplusieurs membres de famillesseigneuriales des environs (lesWezembeek, les Duffel et lesWoluwe), il passe dès 1129 sous lecontrôle de l’abbaye de Park,récemment fondée à Heverlée(près de Louvain) sous les aus-pices de la maison ducale deBrabant.Etabli à quelques encablures de larésidence seigneuriale connueplus tard sous le nom de Slot, ildevait jouer le rôle de moulinbanal. En 1661, il est mentionnéen tant que moulin à grains.

Le vellemolen en 1831 (Coll Mus.com)

Le moulin de Lindekemaelepar Léon Tombu (copyrightBibli. Royale de Bruxelles)

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Il resta certainement dans le patri-moine de l’abbaye de Park jusqu’àl’occupation de nos régions par lestroupes françaises en 1794. Venducomme bien national, on le retrou-ve au XIXe siècle dans les mainsde la famille Devis dont l’un desreprésentants, Jean Devis présidaaux destinées de la communeentre 1819 et 1861, l’année de sondécès. Successivement moulin àpapier (sous les Devis) puis fab-rique de chicorée, il sera rachetépar la commune de Woluwe-Saint-Lambert en 1952. Son cadreéminemment pittoresque a abriténaguère les rêveries musicales ducompositeur Henri Thiébaut. En1954, s’y installait l’Atelier Libre deDessin de Woluwe avant qu’il nesoit converti en restaurant en1970.

Moulin à papier etdépôt d’armes

Au XVIe siècle, apparaissent deuxautres moulins situés en aval dumoulin de Lindekemale.Possessions d’un certain JeanDannoot, ils servent de moulin àpapier, indice de la consommationimportante de papier qui se faitalors à Bruxelles, notamment dansle domaine de l’édition.

Le premier de ces moulins dis-parut au XVIIIe siècle. Il céda laplace au cabaret du Kwak, situéen bordure du vieux chemin deWezembeek.Le deuxième moulin, le Velle-molen, fut démoli pour cause devétusté il y a une trentaine d’an-nées. Son nom, qui signifie« moulin à peau », indique qu’ilactionna en son temps les foulonsd’une tannerie exploitée au XVIIIesiècle par la famille Ledoux alaquelle succéda le gantier bruxel-lois Jean De Garnier.En 1789, lors des événements dela révolution brabançonne, il abri-ta un dépôt clandestin d’armes etde munitions que son locataire,Van Hove, avait rassemblé avecl’aide du fermier de l’Hof ten Berg,François De Clerck.

Le Moulin de l’Hof ten Berg

En contrebas de l’Hof ten Bergexista également un moulin à eauappelé « den molen ten berge »,probablement construit au XIVesiècle par l’abbaye de Forest. En1404, il fut loué à Henri deZuerbroec. On l’utilisait alorscomme moulin à céréales.Converti vers 1665 en papeterie, ilne survécut qu’une trentaine d’an-nées, la faiblesse de la chute d’eauayant entravé son bon fonction-nement. Transformés en fermeannexée à l’Hof ten Berg, les bâti-ments furent démolis il y aquelques décennies.

Le moulin de Lindekemaele vers1965 (Coll Mus.com)

Plan de 1661 donnant l’emplacement et la qualité desmoulins situés le long de laWoluwe (Coll Mus.com)

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Moulin à vent

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Du Tournaisis au Brabant : l’histoire de notre moulin à vent

Le 2 mai 1964, Woluwe-Saint-Lambert célébrait l’installationsur son territoire d’un moulinà vent. Cet événement s’ins-crivait dans le cadre d’unvaste programme destiné àfaire de la vallée de la Woluwe,partiellement défigurée par laconstruction récente du boule-vard, une zone à la fois his-torique et éducative. Malgrédes débuts prometteurs, leprogramme ne fut pas pour-suivi. Et le moulin connut parla suite le sort malheureuxque l’on sait. Il ne méritaitpourtant en rien cette fatalitécar il possédait d’incontesta-bles lettres de noblesse qui luiconféraient son ancienneté etune vie mouvementée qui vautd’être contée.

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Esplechin

L’histoire du moulin à vent débuteà nos yeux en 1767, date à laque-lle il fut construit – ou rebâti – àEsplechin, petite bourgade sise àsept kilomètres au sud-ouest deTournai, en une région, leTournaisis, qui vit naître de nom-breux moulins à vent dès le milieudu Moyen-Age. Pour sa part,Esplechin compta au moins dès1279 un moulin, propriété de l’ab-baye de Saint-Martin à Tournai,que des troupes anglaises,assiégeant cette ville en 1340,mirent à mal. Restauré par la suite,il fut peut-être le prédécesseur denotre moulin. Ce dernier était édi-fié sur le flanc d’une colline àquelque treize cents mètres aunord-ouest de l’église. On y accé-

dait en ligne directe par unchemin dénommé comme il sedoit « bas chemin du Moulin ». Vers1830, il était décrit comme moulinà farine, doté de deux couples demeules. Trente ans plus tard, ilétait la possession de la veuveCharles Dorchin qui exerçait elle-même la profession de meunière,succédant probablement à sondéfunt époux. En 1899, il devint lebien de la famille Demeulier. Aulendemain de la première guerremondiale, en 1919, il subit unesérieuse restauration entreprisesous la direction du réparateur demoulins Wilfried Cornu, deMourcourt (est de tournai). Sonpropriétaire de l’époque, CharlesDemeulier, le louait au meunier G.Masquet qui l’utilisait encore detemps à autre. En fait, l’abandonétait proche. La menace de dis-parition planait de plus en plus surle moulin d’Esplechin comme surtous ses semblables, vaincus parles minoteries, si ce n’est par laguerre.

Arc-Ainières (1935 – 1964)

Dès les années 1920, l’hécatombesystématique des voilures tour-nantes émut un certain nombred’esprits éclairés séduits par l’élé-gance et la technique à la fois sim-ple et géniale de ces superbescapteurs d’énergie éolienne,gigantesques machines à broyerqui émaillaient les plaines et bas-plateaux de l’Europe entièredepuis près de mille ans. Le doc-teur Raoul Duthoit était de ceux-là. Ce pédiatre, chargé de cours àl’Université de Bruxelles, et, choseremarquable, fondateur en 1911de l’œuvre de la Préservation del’Enfance contre la Tuberculeuse,venait d’installer en 1935 unpréventorium pour enfants dans lale moulin à Arc-Ainières peu avant son démontage (Photo adm.com)

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petit localité d’Arc-Ainières, situéeà mi-chemin entre Leuze etRenaix. L’immeuble qui hébergeaitce nouvel institut avait été bâti àproximité d’une colline que gar-nissaient encore vers 1830 deuxmoulins à vent. L’un d’eux dis-parut un jour dans les flammes, cequi laissa au lieu l’appellationpopulaire de « Moulin Brûlé ». Ledocteur Duthoit décida d’acquériren cet endroit une parcelle deterre afin d’y réédifier un moulin.Son choix se porta sur celuid’Esplechin qu’il fit restaurer parWilfried Cornu, déjà cité.

Préoccupé de réserver à sonmoulin le meilleur avenir, il intro-duisit en 1939 une demande declassement auprès de laCommission royale des Monu-ments et des Sites qui fut entérinéepar arrêté royal quatre ans plustard. Mais un arrêté de classementn’est hélas pas forcément syn-onyme de pérennité pour un édi-fice en bois. Les cas de déclasse-ment de moulins, souvent trèsanciens, furent à ce momentlégion. Et notre moulin d’Arc-Ainières était à la fin des annéescinquante en passe d’être déclassépour cause de délabrement.

Woluwe-Saint-Lambert(depuis 1964)

Sur ces entrefaits, le docteurDutoit décéda au début de l’année1960. Sa veuve ne désirant pasconserver le moulin, vu la charged’entretien énorme qu’il représen-tait, fut heureuse de l’offrir lamême année à la commune deWoluwe-Saint-Lambert par l’inter-médiaire Albert Marinus, vieilleconnaissance des Duthoit. Lemoulin fut démonté, restauré etreconstruit à Woluwe-Saint-Lam-bert au début de l’année 1964.Grâce à l’intervention efficaced’Albert Marinus, il fut décidé desurseoir au déclassement.

Vue de la chambre des meules

Albert Marinus et Mme Duthoitlibérant les ailes du moulin lorsde son inauguration

On pensa d’abord placer le moulinau point le plus élevé de la rueThéodore De Cuyper (face au closdes Bouleaux) mais on se décidafinalement pour un terrain situé àquelques encablures de laWoluwe, à fond de vallée, endroitpeu propice au fonctionnementd’un moulin à vent.

Pendant un temps, il constitua uneattraction fort goûtée du public,d’autant plus qu’on le désignaitvolontiers comme seul moulin àvent de l’agglomération bruxel-loise. Il eut été plus juste de pré-ciser qu’il était le seul moulin enétat de tourner. La communed’Evere conservait en effet tou-jours à ce moment un moulin enmaçonnerie, situé près de lachaussée de Haecht, mais privé deses ailes et converti en dépôt deproduits alimentaires.

Vint ensuite un temps de désin-térêt qui s’acheva aux petitesheures du 7 février 1980 par unincendie dont les causes réelles neseront jamais éclaircies. Après sixannées de quêtes financières, denégociations et de contactslaborieux, le moulin a été une foisde plus restauré par une firmespécialisée de la région deCourtrai. Sur suggestion duBourgmestre Georges Désir, il futréédifié en un site plus adapté.

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Château Kieffelt

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Histoire d’un monument disparu :le château Kieffelt

Quiconque promène un regardattentif dans la vallée de laWoluwe peut observer queWoluwe-Saint-Lambert est unecommune riche en édificesanciens. Certains ont mêmefait l’objet d’une mesure declassement, ce qui doit enbonne logique leur assurer lapérennité. Tels sont notammentl’église Saint-Lambert, laChapelle de Marie-la-Misé-rable, le Slot ou encore lemoulin à vent.

On se prend pourtant à regret-ter la disparition, dans l’entre-deux-guerres, d’un fleuron del’architecture brabançonne duXVIe siècle, qui se dressaitdans notre commune : lechâteau Kieffelt. Nul doute ques’il avait subsisté, il serait àl’heure actuelle efficacementprotégé par une mesure declassement.

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La seigneurie deStockel

Le château Kieffelt formait sousl’Ancien Régime de centrejuridique de la seigneurie dite deStockel. La création de celle-ciétait antérieure à l’édificationmême du château. En effet, elleparaît trouver son origine au XIVesiècle, à une époque où lespartages successoraux et la ventede nombreux domaines seigneuri-aux, conséquences de l’appau-vrissement de la noblesse ruralede vieille souche, ont provoquéun morcellement important desterres. A ce moment, il devait déjàexister une ferme autour de la-quelle se répartissaient terres cul-tivées, prés et bois. Ce domaineagricole, complété par une juridic-tion locale, prit le nom du hameaude Stockel, ce qui donne à penseque ce dernier en dépendait aumoins en partie bien qu’il en futassez éloigné d’Hof Allome.

Le porche d’entrée du chateauKieffelt (Coll Mus.com)

Vue globale avant transformationde la partie centrale du corps delogis

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La seigneurie de Stockel sembleavoir acquis son autonomie parrapport à la seigneurie de Woluwelorsque la famille Van Coelen laprit en charge dans la secondemoitié du XIVe siècle. Parmi sessuccesseurs on trouve les Bauw,originaires de Malines.

Les premiers Kieffelt

C’est au milieu du XVIe sièclequ’une branche de la familleKieffelt entra en possession dubien. Les Kieffelt formaient unebrillante lignée de juristes et hautsfonctionnaires issus de la villed’Anvers. Un de leur représen-tants, Barthélémy « Van Kieffelt »,fourier du futur roi d’EspagnePhilippe II, fut amené, de par sesfonctions, à se rapprocher de laCour de Bruxelles. Désireux des’installer dans les environs de laville, il fit ériger à proximité immé-diate de la ferme de la seigneuriede Stockel un très bel édifice àcaractère résidentiel auquel lenom de sa famille resteralongtemps attaché.

Entré par la suite en possession duconseiller de la Chambre desComptes du Brabant, Jean dePennant, le domaine réintégra lesein de la famille Kieffelt au débutdu XVIIe siècle. Durant un siècle,elle n’aura de cesse de valoriserses biens. La chapelle de Marie-la-Misérable, lieu de culte privé com-pris dans le patrimoine de laseigneurie, sera embellie etremeublée par Georges Ier Kieffelt(décédé en 1635) qui s’y feraensevelir aux côtés de son épouseAnne Van Asseliers. Leur pierretombale, autrefois placée dans lechœur de la chapelle, se trouvemaintenant dans le vestibule d’en-trée.

Enrichissement etextension

Les Kieffelt vont accroître leursdomaines de manière remarquableen acquérant biens fonciers etdroits de justice à Kraainem,

Woluwe-Saint-Etienne et Woluwe-Saint-Pierre. A Woluwe-Saint-Lambert, cetteextension se fait au détriment dela famille d’Armstorff qui, ruinée,se voit contrainte de céder peu àpeu son patrimoine, dont la rési-dence familiale, le Slot.

Au début du XVIIIe siècle, Agathe-Clémence Kieffelt, fille unique deGeorges III (mort en 1675) se trou-ve à la tête de plusieurs villages.La fille qu’elle aura de son unionavec Henri-Antoine Van Berchem(mort en 1729) transmettra sonpatrimoine à son époux Françoisde Hinnisdael, membre d’unefamille noble de la Principauté deLiège. Celui-ci sera élevé au titrede comte en 1723.

Le petit-fils de François, Henri-Antoine-Bernard, verra ses terresde Kraainem et de Woluwe érigéesen un éphémère comté dans laseconde moitié du XVIIIe siècle.

Page de couverture du Globe illustré (Coll Mus.com)

L’époque des Jésuites

L’ancien domaine des Kieffelt vanpasser sans encombre le cap de laRévolution française. Le patri-moine foncier, détenu à partir desannées 1820 par le beau-fils dudernier des Hinnisdael deWoluwe, le comte Charles deThiennes de Lombize, ne subiraaucune amputation. Seuls y serontsoustraits le titre de comte etl’exercice de la justice locale, placésous juridiction publique, depuisle début de l’occupation française.

Avec les Thiennes et leurs suc-cesseurs par alliance, les LaBoëssière-Thiennes, le châteauKieffelt est délaissé par ses maîtresqui résident de préférence dansleur hôtel particulier de Bruxellesou sur leurs terres ancestrales deLombize en Hainaut. La gestion dudomaine est confiée à des régis-seurs. Parmi eux, l’avocat bruxel-lois Van Der Auwera, le notaireVan Keerbergen, de Woluwe etJean Théodore Decuyper quiassumera une fonction d’échevindans notre commune de 1896 à

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1915. Quant au château, plutôtque de le laisser inoccupé, les LaBoëssière le mettront à la disposi-tion des Jésuites de Bruxelles. Cesderniers en feront avant 1850 unemaison de campagne pour lesélèves de leur collège.

L’ère des Pères Blancs

En 1883, après le départ desJésuites, le château est remis àneuf et partiellement transformé.L’année suivante, il est loué par lecomte de la Boëssière à la congré-gation des Pères Blancs d’Afriquedésireuse d’ouvrir en Belgiqueune école préparatoire pour lesnovices issus de nos régions. Il senomme alors «Institut apostoliquebelge pour les Missions d’Afrique».La chapelle de Marie-la-Misérableest également confiée aux bonssoins des Pères qui bénéficierontde la récolte des troncs.

Le château n’abritera les élèvesque durant six années. Les diffi-cultés d’accès (mauvais chemins,gare de Woluwe éloignée,…), l’ab-sence d’infrastructures suffisantesmais surtout le nombre croissantd’élèves, forceront les PèresBlancs à transférer l’école àMalines en 1891, puis à quitterdéfinitivement le château en 1893.

Derniers feux. La fin

Plutôt que de devoir faire face àune nouvelle inoccupation, lecomte de la Boëssière se résout àvendre l’immeuble. Il est acquis en1896 par la famille Lambert. L’unde ses membres, l’avocat EdmondLambert, détiendra le mandat debourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert de 1921 à 1932. LesLambert apporteront eux aussi desmodifications au château et à sonenvironnement. La vieille ferme« Hof Allome » sera démolie en1905 et de nouveaux bâtimentsannexes se substitueront rapide-ment à elle. Le parc entourant lechâteau, lui, sera totalementremodelé.

Cette nouvelle période faste ne

sera que de courte durée. Ruinéeau début des années trente, lafamille Lambert se verra obligéede vendre le château. Il seraracheté par la Société anonyme« L’immobilière de Crainhem » dontle siège est situé à Schoten-Anvers.Plutôt que de le conserver, cettesociété préférera raser l’immeubleen 1935, faisant disparaître dumême coup un élément essentielde l’héritage historique et architec-tural de Woluwe-Saint-Lambert etde la région bruxelloise touteentière.

Comment on entretient le souvenir

Le terrain ainsi dégagé fut rapide-ment loti et l’opération immobil-ière s’avéra fructueuse, les travauxd’aménagement de l’avenue EmileVandervelde ayant rendu l’endroitaisément accessible dès 1938 –1939. Sur l’emplacement duchâteau, on traça deux rues. Lapremière se vit dénommée rue duchâteau Kieffelt, histoire de ne paslaisser son souvenir s’évanouirtotalement. Quant à la seconde,on l’affubla du nom saugrenu derue des Créneaux. Pourtant, lechâteau, conçu dès l’originecomme demeure à caractère rési-dentiel, n’en posséda jamais.Une manière bien singulière d’en-tretenir la mémoire des lieux !

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Hof van Brussel

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Le souvenir de Charles-Quintplane encore sur l’Hof van Brussel

Le hennissement des chevauxcaracolant au milieu de lacour, le vacarme de leurssabots rebondissant sur larondeur des pavés, mêlés auxaboiements nerveux deschiens excités par les pi-queurs: le «Hof van Brussel»,bâti à l’ombre de l’église Saint-Lambert à Woluwe, s’éveille, cematin, pour la chasse.

Chevauchant fièrement leursmontures parées d’étoffesluxuriantes, les seigneurspassent la porte d’entrée duchâteau, en compagnie deleurs dames. En tête, l’empereur Charles-Quint, faucon au poing. A sescôtés, le châtelain Philibert deBrouxelles. Le cortège deschasseurs se dirige lentementvers la forêt de Soignes.

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N’en déplaise à certains, cettescène de chasse sort tout droit dela fiction. Au 16ème siècle, lafamille de Brouxelles, de par seshautes fonctions – Philibert deBrouxelles, propriétaire, àl’époque, du « Hof van Brussel »,siège au Grand Conseil deMalines, cour de justice suprêmede ce que l’on nomme alors lesPays-Bas – est familière de la Cour.En 1555, à Bruxelles, Philibert al’insigne honneur de lire le texte

La chambre de Charles Quint

L’ Hof van Brussel et l’église Saint-Lamberta au début du siècle (Coll M.V)

d’abdication de l’empereurCharles-Quint. C’est probablementde cet événement que provient lalégende qui veut que l’Empereurait séjourné à maintes reprises au« Hof van Brussel » et qui aujour-d’hui encore, l’une des pièces duchâteau soit toujours appelée« chambre à coucher de Charles-Quint ». D’autre part, il est à peuprès sûr également que lesseigneurs de Brouxelles n’ontjamais habité la demeure. Undessin à la plume, exécuté en 1553sur peau de chèvre, nous montrel’édifice tel qu’il apparaissait alors :un simple bâtiment de ferme, cen-tre d’exploitation agricole. Et nonun logement seigneurial, commenous le présente la légende.

« Hommes de robes »

L’origine de l’immeuble n’est pasconnue. On pressent son exis-tence au 14ème siècle. Au débutdu 15ème, l’ «Hof van Brussel»passe aux mains des Vander-meeren seigneurs de Sterrebeek. Il devient, au 16ème, propriété de

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la famille de Longueville qui letenait des Vandernoot.

Les de Brouxelles entrent ensuiteen possession du bien. Philibertcède le château à sa fille, dameMarie Middelton (née deBrouxelles) dont la pierre tombalearmoriée se trouve encore à l’in-térieur de la tour de l’église Saint-Lambert.

Au cours des siècles suivants, l’«Hof van Brussel» connaît une sérieimpressionnante de propriétaires.Les citer tous serait fastidieux.Curieusement – c’est presque unetradition – la plupart d’entre euxsont «hommes de robe». Et nom-breux furent appelés à siéger auGrand Conseil de Malines.

Sauvé de justesse !

Au fil du temps, l’aspect architec-tural primitif du « Hof van Brussel »évolue. Le mur d’enceinte estplusieurs fois démoli et recons-truit, suivant les besoins. Vers 1880, une aile supplémen-taire, flanquée de deux petitestourelles, agrandit l’immeuble.

Le Hof van Brussel vers 1945 (Coll M.V)

Au début de ce siècle, la familleSloors est propriétaire du bien. Il sera mis en vente publique, aulendemain de la Première Guerremondiale. Paul Frison, restaurateurbruxellois, le rachète.

En 1943, le notaire Gérard endevient propriétaire. Il restaure leravissant castel et réaménage leparc.

Aujourd’hui, la famille Gérard esttoujours propriétaire. Et, si lechâteau est connu à Woluwe sousle nom de « Hof van Brussel », c’estparce que ses propriétaires ontvoulu rendre hommage à lafamille de Brouxelles.

Le “Hof van Brussel” en 1985

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Musée communal

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Esprit es-tu là ?Ou la maison de l’antiquaire

Une nuit sans étoiles.Les nuages étirent nonchalam-ment leur silhouette indécisesur le ciel aubergine. Parinstant, ils voilent le visageplacide de la lune. Le vent, vio-lent ce jour-là, secoue rageuse-ment les branches des arbres,ombres fugaces sur les mursde la demeure.

Deux points lumineux crèventl’opacité de la nuit : derrièreles fenêtres de la rotonde, desformes se devinent. Tous lesassistants encerclent la table,les mains posées à plat sur l’a-cajou, les yeux rivés au visagedu spirite.

Le silence, pesant. Tout à coup,la table se met à osciller. Unpeu. Plus fort. Et encore plusfort. Non, nous ne sommes pasà Hydesville, dans la maisonde deux petites américainescélèbres, Katle et MargaretFox, premiers médiums mo-dernes. Mais, à Woluwe-Saint-Lambert, dans la propriétéd’Emile Jean-Baptiste Devos et

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de son épouse. Une demeuremystérieuse, à l’architecturehybride et pittoresque, quiabrite aujourd’hui le muséecommunal.

Propriétaire de son état, passionnéde céramiques – surtout de Delft –Emile Devos habite Koekelberg,lorsqu’il décide de construire, àpartir de 1886, une propriété àWoluwe-Saint-Lambert, en bor-dure de la rue de la Charrette.

La salle des renards (Photo Fondation Marinus)

Le Musée communal vers 1950 (CollM.V)

En 1778, les parcelles du terrainqui forment l’actuel parc deRoodebeek appartiennent auxjésuites de Bruxelles. La parcellesur laquelle Emile Devos édifie sademeure se trouve, vers 1808, auxmains des héritiers Lambert deLamberts, qui rachetèrent égale-ment le domaine du ChâteauMalou. Trois propriétaires se suc-cèdent ensuite. En 1816, MariaBarbara Vanderelst ; en 1847, PaulErnest Vandevelde, notaire àBruxelles et en, 1860, Jean-François Cuelens, propriétairefoncier à Saint-Josse.

La maisonnette construite parEmile Devos ne comporte toutd’abord que deux ou trois pièces.C’est là qu’il installe sa premièrecompagne, Caroline Van Hooste.Pendant une trentaine d’années, ilagrandit sa demeure, y adjoignantplusieurs ailes, en 1893 et 1924-1925, notamment. Quant à lafameuse rotonde, témoin desséances de spiritisme, elle dateprobablement de l’année 1912.

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Veuf, Emile Devos, épouse en1899, Lydie Bricoult. De 1909 à1944, le couple aura un voisincélèbre, le peintre ConstantMontald.

Un trésor dans la cave

Petit bois de sapins, bouleaux ethêtres, un magnifique parcentoure petit à petit la maison. Lesfours à briques des environsinquiètent Emile Devos : ilscausent d’irrémédiables détériora-tions à ses plantations.

Déroutante et insolite, la maisonDevos ? Sans aucun doute. Lespièces s’enchevêtrent au gré descaprices du propriétaire. Mouluresdes boiseries, des portes et descheminées, plafonds à caissons,tout a été dessiné par lui et exé-cuté par deux ébénistes exclusive-ment à son service.

Oiseaux et fleurs multicolores oumoulins à vent et canaux gelés despaysages hollandais, les cérami-ques envahissent la demeure, dela rotonde à la verrerie, preuveirréfutable du goût passionné deDevos pour le vieux Delft. Autrerichesse de la maison, une armoiredu XVIIe siècle, de pure marque-terie hollandaise.

Le 5 mars 1942, Emile Devosmeurt. Madame Devos le suit troisans plus tard. Dans son testament,elle lègue sa fortune aux bonnesœuvres, sa maison et les trésorsqu’elle renferme à la commune deWoluwe-Saint-Lambert, à la condi-tion que cette dernière en fasse unmusée communal. Ce que la mai-son Devos devint dès 1950.

En 1972, le Musée communalrevient sous les feux de l’actualité.

En aménageant leur local, lesscouts de Woluwe découvrentdans la cave des pièces d’or etd’argent de la seconde moitié du19e siècle.Effrayé par la guerre, peut-êtreEmile Devos a-t-il enfoui là sa col-lection ?

Aujourd’hui, outre le musée com-munal, l’ancienne maison Devosabrite sous son toit la FondationAlbert Marinus et la ConfederateHistorical Association of Belgium(1).

Curieux ou tout simplementamoureux des vieilles pierres,pourquoi ne pas venir passerquelques heures dans l’anciennemaison Devos ? Elle mérite ledétour (2)

Mme Devos(Cliché Mus.com.)

(1) La fondation Albert Marinus étudieles traditions populaires et le folklore. LaC.H.A.B., elle, étudie l’histoire des Etats-Unis à l’époque de la guerre de séces-sion. Toutes deux organisent des con-férences, des débats, des expositions etpossèdent un centre de documentation.

(2) Le musée communal est accessibleau public sur demande. Pour tout ren-seignement complémentaire tél02.761.27.57

M. Devos(Cliché Mus.com.)

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Maison communale

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Naissance d’une “maison communale”

Une naissance, un mariage, undépart à l’étranger, un change-ment de domicile, un décès…Où s’adresser pour obtenir lesdocuments officiels ?

A la maison communale.Symbole du pouvoir commu-nal, elle est au centre desévénements marquants dechaque administré.

Depuis 1938, les services com-munaux de Woluwe-Saint-Lambert occupent les bâti-ments – le long de l’actuelavenue Paul Hymans – con-struits par Joseph Diongre,l’architecte de l’I.N.R. (InstitutNational de Radio-diffusion) àla place Flagey et de plusieurscités-jardins de l’aggloméra-tion bruxelloise.

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Et avant cette date ?

Jean-Baptiste Claes, le premiersecrétaire communal après larévolution de 1830, habitechaussée de Roodebeek, à l’anglenord de la rue des Deux-Maisons.Les sabots des chevaux réson-nèrent autrefois dans sa demeure,ancien relais de diligence etauberge à l’enseigne de l’hôtel deBavière. C’est là que l’administra-tion communale établit toutd’abord son siège.

L’Ancienne maison communale, actuellement le Shalom Center

Carrefour de la Chaussée deRoodebeek vers 1950. A gauche lamaison de J.B. Claes qui servit demaison communale au 19ème siècle(Coll Mus.com)

La maison de Jean-Baptiste Claesdevait s’appeler par la suite« ferme des Pères blancs. Ce quisemblerait indiquer qu’à la fin duXIXè siècle et au commencementdu XXème, elle aurait dépendu duChâteau Kieffelt, alors séminairedes Pères Blancs.

Trop exigus

En 1852, l’administration achèteune maison – avec jardin – rue del’Eglise, derrière l’église Saint-Lambert, pour la somme de 4.640BEF (115,02 euro). On y installeun bureau communal, une salled’école et l’habitation de l’institu-teur. Ce n’est cependant qu’en1854 que le siège de l’administra-tion communale y fut transféré.

Très vite, les bâtiments s’avèrenttrop exigus pour les besoinsadministratifs d’une commune enpleine expansion. En 1909, unconcours est organisé pour

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désigner l’architecte de la nouvellemaison communale que l’on a l’in-tention de construire.

Le premier prix est remporté parJoseph Diongre pour son projet« Stilte ». Le projet « Cachet rouge »du Dumont et le projet « InVlaanderen Vlaamsch » de Marcqobtiennent respectivement les2ème et 3ème prix. Ce projet ini-tial de Diongre est de style néo-renaissance flamande, semblable àcelui de l’hôtel communal deSchaerbeek. Il ne sera jamais réalisé.

La première pierre

Ce n’est qu’au mois d’août 1937,qu’on procède aux premiersdéblaiements pour l’édification dunouvel hôtel communal, sur leplateau sablonneux du Tomberg.Le baron Houtart, alors gou-verneur du Brabant, lebourgmestre Servais et tout le con-seil communal assistent, le 7novembre 1937, à la pose de lapremière pierre. Et, à la fin de l’an-née suivante, les services commu-naux prennent déjà possessiondes nouveaux locaux. Il restait àfignoler le travail : les derniersouvriers quittent la maison com-munale en septembre 1939.

Édifiée à la veille du conflit mon-dial, la nouvelle maison commu-nale de Woluwe-Saint-Lambert nefut jamais inaugurée officielle-ment. On se contenta du souvenirde la cérémonie de la pose de lapremière pierre.

D’une esthétique parfois discutée,l’hôtel communal est un fidèlereflet du temps où l’utilitarismeprévalait. Il fallait donc le con-

cevoir pratique, bien éclairé etd’une ordonnance intérieurerationnelle.Deux caractéristiques dubâtiment : la tour élancée de 30mètres de haut, munie d’unequadruple horloge électrique, et laspacieuse rotonde au pavement demosaïques représentant la rosedes vents.

Projet de maison communale nonréalisée. (Architecte J. Diongre1910)(Coll Mus.com)

Maison communale actuelle vers 1950. Architecte Diongre (Col privée)

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Parc de Roodebeek

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Historique du parc de Roodebeek

Il y a quatre décennies quenotre commune se voyait dotéede ce superbe espace vert cou-vrant plusieurs hectares. Sonhistoire est néanmoins plusancienne. Elle commence bienavant que le sol sur lequel ildresse ses frondaisons ne soitrecouvert d’arbres.

Aux origines du parcde Roodebeek

Selon toute vraisemblance – maisseule une étude locale appro-fondie pourra le confirmer – lesterrains qu’occupe aujourd’hui leparc de Roodebeek dépendaientautrefois de la ferme « Ten Steen »,qui subsista jusqu’au lendemainde la seconde guerre mondiale,en bordure de la chaussée deRoodebeek (à hauteur du n°65).La ferme Ten Steen devait êtreune création assez ancienne bienque l’on ignore la date de sa fon-dation. L’abbaye de Forest, déten-trice de vastes domaines àWoluwe, la posséda au moinsjusqu’à la fin du XVIe siècle. En1606, les jésuites, récemmentinstallés à Bruxelles, l’achetèrent àJean de Wanzyn, receveur del’hôpital Saint-Jean de Bruxelles.Pas moins de soixante bonniersde terres et de prés (soit un peumoins de 50 hectares) y étaientannexés.L’année 1773 marque la suppres-sion de la compagnie de Jésusdans les Pays-Bas autrichiens. Lesbiens que les jésuites détenaient àWoluwe furent confisqués etinventoriés par l’administrationdomaniale. Le géomètre-juréBodumont en dressa les plans en1778 et 1779. Exécutés en couleuravec un soin minutieux, ils four-nissent des indications précieuses,bien que partielles, sur la topogra-phie des environs de Roodebeekdans la seconde moitié du XVIIIesiècle. En examinant l’un deux, on

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n’est pas peu surpris de constaterqu’un groupe de quatre parcellesde terres dessinent les contoursexacts de l’actuel parc communal,mises à part les deux allées d’ac-cès donnant sur la chaussée deRoodebeek qui sont de créationplus récente.

C’est vers 1780 que Lambert deLamberts, banquier tout justeannobli originaire du pays deLiège, constructeur de l’actuelchâteau Malou, acquit les quatreparcelles précitées que ses héri-tiers conservèrent apparemmentjusqu’au début du XIXe siècle.Plusieurs propriétaires, dont on neretiendra pas le nom, vont ensuitese succéder.En 1879, l’un deux, une certaineMélanie Vanden Abeele permettraà un cultivateur de Roodebeek,Pierre Jacobs, d’exploiter pour unepériode illimitée, le sable et lespierres sur l’une des deux par-celles contiguës à l’actuelle rue dela Charrette. C’est à la présence decette carrière que la partie bassedu parc (comprise entre le Muséecommunal et la section flamandede l’école Princesse Paola) doit seconserver des pentes fort raidesque l’on peut encore observer denos jours.

Allée menant vers la villa Montaldvers 1950 (Coll D.Frankignoul)

La propriété Devos

Quelques années plus tard, en1884, Emile Devos, rentier bruxel-lois, domicilié rue Pachéco, en cequartier populeux de la porte deSchaerbeek aujourd’hui remplacépar la trop imposante « cité admin-istrative de l’Etat », entre en pos-session de la partie orientale duterrain partiellement exploité parla carrière. Attiré par le cadrechampêtre qu’offrait il y a un siè-cle les coteaux de Roodebeek,Emile Devos y construisit unemaisonnette qui fit d’abord officede maison de campagne. En 1893,de concert avec sa premièreépouse Caroline Van Hooste, ilentreprit d’agrandir sa maison. Dèsce moment, il lui donnera l’aspectextérieur d’un édifice rural bra-bançon éminemment pittoresqueavec ses pignons à gradins.L’intérieur sera orné de boiseriesfinement ouvragées (lambris, pla-fonds, cheminées,…) et les mursrecouverts de carreaux decéramique hollandais.Emile Devos ne tarde pas à enfaire sa résidence permanentecomme le démontre sa domicilia-tion dans notre commune en jan-vier 1896.

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Entre-Temps, devenu veuf, il seremarie en 1899 à Bruxelles avecLydie Bricoult, jeune artiste lyriqued’origine furnoise. C’est avec ellequ’il achèvera la construction de ladécoration de sa maison. C’estpour elle qu’il édifiera vers 1910l’étonnante petite rotonde,attenante à la maison, et visible duparc, où se pratiqueront régulière-ment des séances de spiritisme.Car, conforme à un passe-tempsen vogue dans les milieux aisés dela Belle Epoque, Lydie Bricoult estune adepte fervente des tablest o u r n a n t e s .Emile Devos étoffe sa propriétépar des achats successifs de ter-rains. Il crée un jardin superbe,dont toute trace a aujourd’hui dis-paru, et plante de nombreuxarbres qu’il dispose ici en allées, làen bosquets. On y trouve de mul-tiples essences, certaines com-munes à nos régions, tel le hêtre,et d’autres, plus rares. Il n’aura decesse de préserver ce splendidemassif arboré, notamment contreles émanations néfastes émises parles briqueteries toutes proches etque les vents dominants chassentsur sa propriété.

La propriété Montald

Au début du siècle, ConstantMontald, peintre de renom et pro-fesseur à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, réside avenuede la Renaissance en compagniede son épouse, Gabrielle Canivet,elle aussi artiste peintre.Originaires de Gand, ils sontvenus se fixer à Bruxelles etcherchent à acquérir une rési-dence définitive. En 1906, alorsqu’il se promène à Woluwe encompagnie d’Emile Verhaeren,Montald est séduit par le caractèreagreste d’un coteau situé en bor-dure de la chaussée deRoodebeek. Il y retourne fréquem-ment car il se plaît à le dessiner etil finit par prendre contact avec lepropriétaire, Pierre Schyven, fac-teur d’orgues établi à Etterbeek,ainsi qu’avec le gestionnaire, l’ar-chitecte Van Massenhoven. Unarrangement est conclu et bientôtVan Massenhoven offre à Montaldnon seulement de lui céder le ter-rain mais aussi d’y ériger une spa-cieuse villa-atelier. Verhaerenpousse Montald à accepter. Au

mois d’août 1910, les Montald s’in-stallent dans leur nouvelle maisonde Roodebeek. Ils feront de leurmaison un véritable havre de cul-ture, accueillant tour à tour lareine Elisabeth, Philippe Berthelot,ambassadeur de France, StefanZweig, les sculpteurs CharlesVander Stappen et GeorgesMinne,… Le terrain acheté parMontald correspond à l’une desparcelles, autrefois détenue par lesjésuites. Il devient ainsi le voisind’Emile Devos.

Le parc communal

Un curieux hasard va réunir lespropriétés Montald et Devos aprèsla guerre. Les deux familles n’onaucun héritier direct. Par testa-ment, Lydie Bricoult, veuved’Emile Devos depuis 1942, faitdon de ses biens à la commune deWoluwe-Saint-Lambert à la condi-tion expresse que celle-ci fasse dela maison un musée et qu’elleouvre le parc au public. Les claus-es du testament prennent cours en1945, date du décès de LydieBricoult.Constant Montald, veuf depuis1942, meurt d’un accident de lacirculation. Son seul héritier, JeanGoffin, neveu de sa femme, finitpar vendre la propriété (villa, parcet jardins compris) à la communede Woluwe-Saint-Lambert qui sevoit ainsi dotée d’en ensembleremarquable d’intérêt à la foisartistique et naturel. Elle mettrarapidement cette occasion à profit.

L’ouverture du parc de Roodebeekaura lieu le 17 juillet 1948 et seramarquée par des festivités qui s’é-tendront sur près de quinze jours :réception officielle en présencedes ministres de la Santé publiqueet de l’Intérieur, concerts desociétés d’harmonie, démonstra-tions sportives, célébrations patri-otiques, séances de cinéma enplein air, bals champêtres, attrac-tions et concours divers, dont denombreuses prestations en noc-turne.

Depuis 1948, l’image globale duparc s’est assez bien modifiée. Sile massif boisé n’a quasiment passubi de modification, hormis l’évo-lution naturelle des végétaux, lesespaces dégagés et les bâtimentsont fait l’objet de multiples trans-formations. La maison Devos estdevenue musée en 1950 et aconnu des avatars divers ; la villaMontald, d’abord convertie enécole, est actuellement occupéepar des ateliers créatifs et desgroupements de jeunes néerlando-phones ; deux pavillons scolairesont été érigés dans les annéessoixante ; une piste de ski artifi-cielle, aujourd’hui disparue, y aété aménagée ; le pavillon despensionnés, reconstruit après unincendie qui le ravagea en 1971, asuccédé à d’anciennes annexes dela propriété Montald. Une plainede jeux et un parc pour animauxcomplètent ce cadre de loisirs etde détente que forme aujourd’huile parc de Roodebeek.

La maison Devos en cours de cons-truction 1893 ((Coll Mus.com)

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av. Georges henri

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L’avenue Georges Henri a aussi son histoire

L’image qui nous vient d’em-blée à l’esprit lorsqu’on évoquel’avenue Georges-Henri estcelle d’une artère particulière-ment animée, caractère que luiconfère la présence dedizaines d’entreprises com-merciales concentrées pour laplupart dans sa partie cen-trale, entre le square deMeudon et le boulevard BrandWhitlock. Peu d’endroits deWoluwe-Saint-Lambert peuventrivaliser avec cette avenue dupoint de vue vitalité. Pourexpliquer cette position privi-légiée, il faut, comme presquetoujours, jeter un regard sur lepassé.

Le bois de Linthout

Il y a un peu plus de centcinquante ans, toute la partieouest de Woluwe-Saint-Lambertétait couverte par le bois deLinthout dont les frondaisons s’é-talaient de l’actuelle rue deLinthout au square de Meudon.Vestige de cette masse forestièrequi couvrit l’est de la région bruxelloise durant des siècles et queles défrichements médiévauxépargnèrent partiellement, le boisde Linthout succomba sous lahache des bûcherons en 1835,laissant à nu un plateau de plusde 70 hectares. Sa détentrice, laSociété Générale, avait décidé demettre son patrimoine en valeur etle terrain ainsi libéré fut morceléen une vingtaine de parcellesrevendues en majorité à des bru-xellois.Actuellement, seule la rue du Boisde Linthout nous rappelle à sonsouvenir.

La ville à Woluwe

Une quarantaine d’années plustard, l’extension de Bruxellesaidant, on vit se construirequelques grosses propriétés sur leterritoire de Woluwe-Saint-

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Lambert, à la limité d’Etterbeek.L’une d’entre elles, qui formerapar la suite le noyau de l’Institutdu Sacré-Cœur de Linthout, étaitoccupée par un certain AugusteBeckers, avocat de profession etprésident du Cercle catholique deBruxelles. Désireux de venir enaide à la Congrégation des Frèresde la Charité qui cherchait un nou-vel endroit pour y installer sonInstitut pour Sourds-Muets etAveugles, il lui offrit un terrain dedeux hectares situé en pleinschamps, ce qui rendait nécessairel’établissement d’une voie d’accèsjusqu’aux futurs bâtiments. Ce futchose fait dès 1876. La nouvelleartère, dont on ne sait si elle por-tait déjà le nom de Georges-Henri,s’amorçait au niveau de l’actuellerue de Linthout et s’arrêtait à l’em-placement de la place Degrooff. Il faudra attendre près de vingt anspour voir s’opérer le prolonge-ment de l’avenue. Vers 1893 –1894, de nouveaux facteurs vontinciter les autorités communales àpoursuivre l’expropriation des ter-rains environnants. En moins d’unquart de siècle, la poussée de l’ur-banisation va transformer lequartier de Linthout, encoreappelé le « Haut de Woluwe » parle fait de la proximité du point cul-minant de la commune situé ausquare Vergote.

Vers 1925 (Coll D. Frankignoul)

Lorsque Etterbeekdéborde sur Woluwe

Dès 1893, la «Tuinbouw-maat-schappij van Linthout» (sociétéhorticole du Linthout) se charged’élaborer un plan d’aménage-ment destiné au lotissement desabords de l’avenue Georges Henri.Cette société est dirigée par FirminLambeau qui possèdera durantquelque quinze ans un vastedomaine non loin de là. C’est leplan en damier que l’on adoptepour le tracé des artères du nou-veau quartier. Ce modèle, couranten Europe et en Amérique duranttout le 19ème siècle, prend pourbase l’avenue Georges Henri et lefutur boulevard Brand Whitlock,aménagé en 1906.Vers 1894 - 1895, la communed’Etterbeek, dont le territoire estdéjà fortement urbanisé, cherchede nouveaux lieux d’implantationpour ses services. Sa commissiondes hospices, détentrice depuispeu d’un don important en argentde la famille Van Meyel destiné àla fondation d’un orphelinat, est àla recherche d’espaces quireprésenteraient un coût d’acquisi-tion négligeable. Au mêmemoment, Etterbeek, dont l’ancien

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cimetière situé derrière lescasernes du Boulevard militaire(actuel boulevard GénéralJacques) a été exproprié, décided’acquérir un terrain propice à laconstruction d’un autre champ derepos. Ces seules raisons justifientla prolongation de l’avenueGeorges Henri.On peut s’interroger sur laprésence d’Etterbeek à Woluwe-Saint-Lambert. Géographiquement parlant, la se-conde forme une continuiténaturelle de la première. Par ailleurs, comme on l’a vu dansun dossier précédent consacré auChâteau Malou et à son illustreoccupant, Etterbeek fut dirigé de1884 à 1896 par Edmond Mesens,originaire de Woluwe et parrainéau niveau politique par JulesMalou. Ceci explique cela.

Un axe de pénétration

L’avenue Georges Henri et lequartier de Linthout ont pris unetelle extension que l’on décide en1901 d’y fonder une nouvelleparoisse sous les auspices d’HenriDietrich, gros financier et futurbaron de Val-Duchesse, qui résidedans l’ancienne propriété Beckers.On ne sera donc pas surpris devoir l’église, érigée en 1910 – 1911,porter la dédicace de Saint-Henri.L’étoffement du haut de Woluwe,la présence de l’Institut desSourds-Muets et Aveugles, de l’or-phelinat (future école) Van Meyel,du cimetière d’Etterbeek,… vontpetit à petit consacrer l’avenueGeorges Henri dans un rôle d’axede pénétration de la ville sur leterritoire de Woluwe - Saint -Lambert.Et lorsque, en 1913, l’administra-tion communale obtient l’exten-sion d’une ligne des « Tramwaysbruxellois » (le 28) sur son sol,c’est en toute logique qu’elle passepar l’avenue Georges Henri, pro-longée depuis peu jusqu’auhameau de Roodebeek. Les 20, 22,27, 80, 81, 82 et 83 feront demême avant la création de l’ave-nue de Broqueville dans la se-conde moitié des années trenten’ouvre une autre voie de pénétra-tion qui assurera plus tard l’essordu quartier du Tomberg. Quant àla fonction commerciale de l’ave-nue, elle s’est développée paral-lèlement à la croissance duquartier. À titre d’exemple, dès

avant 1914, on rencontre sur lecoin de l’avenue Georges Henri etdu boulevard Brand Whitlock,restaurants et brasseries quidémontrent sans ambiguïté le car-actère bourgeois des environs. Laprospérité de Woluwe-Saint-Lambert, commune résidentielle,est en marche.C’est en grande partie à l’avenueGeorges Henri qu’elle le doit !

Qui était GeorgesHenri ?

Aussi paradoxal que cela puisseparaître, aucune explication satis-faisante n’a été fournie jusqu’àprésent. Plusieurs solutions ont été

proposées tant par les auteurs quepar des témoignages oraux. La plus folklorique et la moinscrédible, faut-il le dire, voudraitqu’à un certain moment (peut-êtreau début du siècle), l’avenue aitété pourvue de deux cafés instal-lés à chacune de ses extrémités,l’un dénommé « Chez Georges »l’autre « Chez Henri » !L’union des deux appellationsaurait ainsi formé celle de l’artère.Une autre hypothèse y voit lesprénoms accolés des deux filsd’un propriétaire foncier local. Cedernier aurait accepté de céder lesterrains nécessaires à l’établisse-ment de l’avenue à conditionqu’elle soit baptisée du nom deses fils ! Affaire à suivre…. !

Carrefour avec le boulevard BrandWhitlock vers 1935 (Coll M.V)

L’orphelinat Van Meyel et laMétairie au début du siècle (Coll M.V)

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enseignement

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Petit aperçu de l’histoire de l’enseignement primaire à

Woluwe-Saint-Lambert des origines à 1914Les 18 et 19 septembre 1987 s’estdéroulée l’opération « L’école àBruxelles depuis 150 ans « patron-née par la Fondation RoiBaudouin et la R.T.B.F. Pour lespromoteurs de cette manifesta-tion, il s’agissait de mettre en évi-dence un certain nombre de bâti-ments scolaires de la région bru-xelloise, bâtiments remarquablestant par leur architecture que parles conceptions pédagogiques quiprésidèrent à leur érection entreen 1800 et 1940.L’école Vervloesem constituaitl’une des étapes du circuit n° 1 etle Musée communal y a présentéà cette occasion une expositionrelative à l’histoire de l’enseigne-ment primaire à Woluwe-Saint-Lambert des origines à 1914. Cechapitre de « Si Woluwe m’étaitconté » en est en quelque sorte latransposition écrite.

L’enseignement communal

Si l’on compte déjà une cinquan-taine d’écoles primaires recon-nues à Bruxelles et dans ses envi-rons à la veille de l’annexiondéfinitive de nos régions par laRépublique Française en 1794, onne trouve rien de semblable àWoluwe-Saint-Lambert. Commedans bien d’autres petits bourgsruraux, c’est encore le curé, ou àdéfaut le sacristain, qui se chargede dispenser un semblant d’ins-truction aux jeunes paroissiens :notions de lecture, d’écriture etsurtout catéchisme. Il n’y ad’ailleurs pas de scolarité obliga-toire. Bien que le régime françaisait établi les premières lois enmatière de scolarité dès 1795, ilfaut attendre la période hol-landaise, sous le mayorat de JeanDevis en 1824, pour voir le con-seil communal de Woluwe-Saint-

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Lambert prendre la décision delouer l’ancienne maison du sa-cristain-organiste (située à côté del’église Saint-Lambert et disparuevers 1930) afin d’y installer unlocal de classe adapté.

Lorsqu’en 1852, la communeachète l’immeuble qui deviendrapar la suite maison communale(l’actuel Shalom Center), elle enaffecte une partie à l’usage provi-soire de classe. Quatre ans plustard (1856), elle fait bâtir l’écoledéfinitive, située un peu en con-trebas, rue Madyol, aujourd’huiconvertie en bibliothèque. Cettenouvelle école, où l’on dispensel’enseignement conjointement auxfilles et aux garçons, restera enfonction durant plus d’un demi-siècle.

Jules Malou, l’enseignement libreet la lutte scolaire.

Quand, en 1875, il décide defonder une école confessionnellepour filles à Woluwe-Saint-Lambert, Jules Malou est fixé dansnotre commune depuis plus de

Woluwe vers 1890. Au centre l’é-glise, l’ancienne maison du sacris-tain (Coll Mus.com)

vingt ans. Au faîte de sa gloire, iloccupe les fonctions de chef decabinet et de ministre desFinances. Il est alors le chef de fileincontesté des catholiques belges.Pour diriger l’institution, il sollicitele concours de la Congrégationdes Sœurs de la Providence dontla maison-mère se trouve àChampion, dans la banlieue nordde Namur. En 1879, l’école prendpossession de la « Chancellerie »,vieille demeure vraisemblable-ment érigée au XVIe siècle par unmembre de la célèbre familleVander Noot qui détenait l’honora-ble fonction de chancelier duBrabant. L’institut de la Providencel’occupe toujours à l’heureactuelle. Lorsqu’ils prennent lesrênes du pouvoir au détriment deslibéraux qui ont gouverné laBelgique de 1878 à 1884, lescatholiques votent une nouvelleloi sur l’enseignement primairequi permet aux communes dechoisir entre l’adoption d’uneécole confessionnelle et le main-

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tien d’une école officielle neutre.La commune de Woluwe-Saint-Lambert, dirigée par lebourgmestre Henri Verheylewe-ghen et son conseil d’obédiencecatholique, adopte l’école librefondée par Malou et prend la déci-sion de supprimer l’école commu-nale. Elle est toutefois rapidementrouverte sous la pression deslibéraux. La guerre scolaire batalors son plein !

Essor de l’enseigne-ment après 1900

Au début du siècle, les locaux dela petite école de la rue Madyoldeviennent insuffisants, la popula-tion scolaire, liée à l’essor démo-graphique, ne cessant de croître.C’est ainsi que le 3 juin 1905, leconseil communal approuvel’achat d’un terrain de près de 45ares situé en bordure de ce qu’onappelle alors la « Petite Chaussée »(Kleine Kasseide), l’actuelle rueVervloesem. La somme de 493,31EUR consacrée à cet achat est cou-verte par un emprunt auprès duCrédit Communal de Belgique. En1909, la nouvelle école n°1 estouverte aux élèves. A ce moment,l’enseignement libre connaît égale-ment un développement sansprécédent dans le quartier duLinthout, en cours d’urbanisation.Chassées de France par les dispo-

sitions de la Loi Combes (1903),les religieuses du Sacré-Cœur deLille s’installent en 1904 dans lapropriété que le baron HenriDietrich met à leur disposition,avenue des Deux Tilleuls. Quantaux chanoinesses du Roule,réfugiées en Belgique pour lesmêmes raisons, elles acquièrentun terrain rue Vergote en 1906 et yérigent un pensionnat. Ces deuxinstituts sont réservés aux filles.Par ailleurs, l’enseignement librepour garçons possède son écoledès 1901. Il s’agit de l’actuelleécole Saint-Henri, située avenuedes Cerisiers.

Maître Jean-FrançoisVervloesem

Cet article serait incomplet sansl’évocation d’une figure éminentedu « Woluwe-Village » d’avant1914, celle de l’instituteur Jean-François Vervloesem. Né àKeerbergen le 2 octobre 1850,Vervloesem sort diplômé del’Ecole Normale de Lierre. Il enseigne d’abord à Jette entre1870 et 1879 avant d’être désignépar Jules Malou pour donner coursà l’école des Sœurs de laProvidence. Vervloesem n’y feraqu’une courte apparition, le tempsd’opter pour l’école communalen° 1 dès 1880. Il en deviendrainstituteur en chef en 1895 et lerestera jusqu’à sa mort en 1917.

De son vivant, cet homme robuste,à la carrure impressionnante, étaitestimé de la population touteentière. L’ampleur des festivitésorganisées en son honneur en1907 dans tout Woluwe démontreà merveille l’importance de laplace que tenait le « maître » ausein de la petite communauté vil-lageoise et l’ascendant psy-chologique qu’il exerçait sur elle,au même titre que le châtelain, lecuré ou le notaire.En 1930, ses anciens élèves com-mandèrent au sculpteur woluwéenJoseph-Gérard Van Goolen lebuste qui orne le préau de l’écoleà laquelle il a donné son nom.

Jusqu’au début du 20ème siècle, ilest certain que l’activité éco-nomique dominante à Woluwe-Saint-Lambert était l’agriculture.Elle est d’ailleurs fort probable-ment à l’origine de l’apparition dela plupart des villages du plateaubrabançon.

La Chancellerie (institut de la pro-vidence) vers 1965 (Coll Mus.com)

Maitre Jean-François Vervloesem(Coll Mus.com)

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noms de rues

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Personnalités et noms de rues de Woluwe-Saint-Lambert

Il est une question que bien desgens se posent lorsqu’ilsarpentent les trottoirs d’uneville ou en consultent le plan :quel visage mettre sur le nomdes personnalités qui figurentsur d’innombrables plaques derues ? Qui étaient elles ?Qu’ont-elles réalisé de si méri-toire et louable pour avoir vuleur nom ainsi placardé etporté au firmament d’unegloire bien relative ?

Voici une ébauche de réponseproposée pour Woluwe-Saint-Lambert

Vers 1845, seuls trois petitschemins de Woluwe portent unnom de personne : la Vanhoven-straet, le Vanderporrenweg et laKloetensstraet dont les longueursrespectives n’excèdent pas 254,88et 43 mètres ! Un total insignifiantde 385 mètres alors que le réseaucomplet des voies de communica-tion publiques de Woluwe –chemins et sentiers confondus –dépassent le chiffre de 38 kilo-mètres ! Leurs dénominations serapportent aux patronymes deriverains dont les familles sem-blent y habiter depuis des généra-tions. La Vanhovenstraet, en parti-culier, évoque le nom des VanHove qui occupèrent à la fin duXVIIIe siècle et au XIXè siècle leVellemolen, ancien moulin situéface à l’école Singelijn et disparu àla fin des années 1950.

Georges Henri

Le premier nom de personnalité àavoir été attribué officiellement àune artère de Woluwe-Saint-Lambert remonte aux années1870, au moment où les premiersindices visuels de l’urbanisationatteignent la commune. Il s’agit de

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l’avenue Georges Henri (prénomsaccolés des fils d’un propriétairefoncier local) dont le tracé – inter-rompu à cette époque à hauteurde l’institut des Sourds-Muets etAveugles – servira de base à l’érec-tion de tout un quartier dans le« Haut de Woluwe » entre 1893 et1913. Jusqu’en 1914, c’est exclu-sivement aux rues de ce quartiermis en valeur par la société immo-bilière « Tuibouwmaatschappij vanLinthout » que seront donnés desnoms de personnes. Ceux-ci fontréférence aux membres de laMaison royale qui ont gratifiéWoluwe d’une visite princière en1902 et dont le règne est en coursdès 1909 (avenue Albert-Elisabeth)ou à de gros propriétaires desenvirons : Henri Dietrich, occu-pant le château de Linthout, futurinstitut du Sacré-Cœur, FirminLambeau, administrateur de la «Tuinbouwmaatschappij», AugusteVergote.

Les mois

Le mouvement d’expansionurbaine se poursuit sans disconti-nuité durant l’entre-deux-guerres.Woluwe-Saint-Lambert, localité au

Avenue de Broqueville vers 1930(Coll Daniel Frankignoul)

caractère champêtre et auxcharmes agrestes, se voit confir-mée dans son rôle de communerésidentielle. Elle accueille unepopulation socialement aisée et deplus en plus nombreuse sedétachant du centre de la ville etdes quartiers plus anciens qui sedépeuplent, et dont le caractèreadministratif se précise. De nou-velles rues, regroupées en vérita-bles quartiers, sont tracées. Il enva ainsi du quartier des mois (del’avenue de Janvier à la rue deDécembre), de l’avenue deBroqueville et de ses abords et dela cité-jardin du Kapelleveld, sièged’une expérience sociale et archi-tecturale chère à un groupe d’ur-banistes progressistes influencéspar les réalisations britanniques ence domaine.

La famille royale

Le choix des dénominations con-cernant les personnalités aquelque peu changé par rapport à

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la veille de la première guerremondiale. La famille royale deBelgique reste à l’honneur avecpas moins de sept appellationsrelatives aux règnes d’Albert Ier etde Léopold III et à leurs proches :Roi Chevalier, Roche Fatale (rap-pelant Marches les Dames), PrinceHéritier (anciennement PrinceLéopold), Couronnement (deLéopold III), Marie José (filled’Albert), Bonne Reine (Astrid) etJoséphine Charlotte (petite-filled’Albert).Sont également honorées deuxgrandes figures américaines ayantagi de manière déterminante ausein de la « Commission for Reliefin Belgium », organisme chargé defournir à la population de laBelgique occupée le ravitaillementnécessaire : Brand Whitlock etHerbert Hoover.Quelques victimes de la premièreguerre mondiale apparaissent àleurs côtés : Louis Jasmin et lesfrères Martin, habitants deWoluwe-Saint-Pierre, présents surune plaque à Saint-Lambert par lehasard d’un prolongementd’artère.Les quatre dénominations préci-tées, dont deux fortuites, sont lesseules marques du souvenir de laguerre 1914 – 1918 transmises parla toponymie locale.

Les personnalités politiques

L’apport nouveau concerne lespersonnalités politiques du lieu :les bourgmestres, Jean-FrançoisDebecker, brasseur de son état etson beau-fils François Delbeder ;les échevins Théodore Decuyper,Jean-Baptiste Timmermans etEgide Fabry ; les famillesVerheyleweghen et Vandenhovenqui ont compté plusieurs man-dataires communaux dans leursrangs. Signalons encore deux émi-nences du cru : le notaireMoonens, natif de l’endroit et l’in-stituteur Jean-François Vervloe-sem, glorifié pour avoir instruit lamoitié de Woluwe pendant prèsd’un demi-siècle.On relève enfin certaines person-nalités difficilement classables –

pour autant que l’on puisse établirun classement systématique en lamatière ! Il en va ainsi de Charlesde Broqueville et de Jean-JosephCrocq qui eurent de multiplesactivités, notamment dans ledomaine politique. Il est toutefoisprobable qu’on leur fit honneurpar le fait qu’ils détenaient unimportant patrimoine foncier dansla commune.

Les victimes de laguerre

Plus de quarante appellations sontvenues garnir les plaques de ruesdepuis la fin de la deuxièmeguerre mondiale.Une bonne douzaine de victimesde ce conflit (résistants, déportésou fusillés) ont été immortalisées.Parmi celles-ci, six habitaient larue qui depuis porte leur nom(Dalechamp, Devienne, Jonnart,Maerckaert, Mélard et Wampach).Les autres ont été attribués auterme des années quarante à desrues proches de leur domicile(Heymans, Hoton, Lartigue,Servais-Kinet) ou à des artèrestracées lors de la création de nou-veaux quartiers (Abeloos, Bastin).

La culture

Les autres appellations se rappor-tent presque toutes à l’univers dela culture. Dans les annéescinquante et soixante, l’administra-tion communale a mis un point

d’honneur à donner à ses nou-velles rues et avenues le nomd’artistes qui séjournèrent àWoluwe, en particulier ceux quiexercèrent leurs talents au sein del’Atelier Libre de Dessin et du fugi-tif cercle « Les Artistes de Woluwe-Saint-Lambert » Des hommes de lettres (le séna-teur Lafontaine, Marinus, Mounier,Rency, auxquels est venu s’ajouterMarcel Thiry en 1977) ont étéinclus dans cette louable initiativevisant à sauvegarder le souvenird’un temps où la commune consti-tuait une véritable pépinièred’artistes, séduits par le caractèreéminemment pittoresque de la val-lée. Quelques personnalités locales(Crabbe, Van Muylders) ontencore trouvé droit de cité ainsique des figures politiques connuessur le plan national et résidant àWoluwe-Saint-Lambert (Pauwels,Mullie).Enfin le grand médecin del’Antiquité grecque, Hippocrate, etson lointain successeur Jean-Baptiste Carnoy, doivent leurprésence récente à Woluwe à l’ins-tallation des Facultés Universi-taires Saint-Luc sur le plateau duKapelleveld.(Ce texte est extrait de la brochure« Une rue de WSL porte leur nom »publiée par le Musée communal deWSL en 1986)

Avenue Marie-José vers 1930 (CollDaniel Frankignoul)

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Harmonie l’Alliance

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Un siècle de vie musicale à Woluwe-Saint-Lambert : la société

royale d’harmonie l’AllianceEn 1938, Woluwe-Saint-Lambert est une petite com-mune rurale où l’on compte àpeine mille habitants.Pourtant, à l’instar de localitésbeaucoup plus peuplées de larégion bruxelloise, commeUccle et Saint-Josse, il s’yforme une société musicale.Les raisons de cette précocitérestent inexpliquées. Mais l’onconstate que de grosses local-ités voisines, telles Etterbeek etSchaerbeek, attendront plus-ieurs années avant de se voirdotées d’un ensemble instru-mental similaire.

Les fondateurs de l’Alliance appar-tiennent à la classe aisée des habi-tants de Woluwe-Saint-Lambert.On y rencontre les gros fermiers :les VERHEYLEWEGHEN et lesCLAES (Roodebeek), les DRAECK(Hof ter Musschen), lesDECLERCK (Hof ten Berg), ainsique le DEBECKER, brasseurs deleur état et Jean DEVIS, papetier,propriétaire du moulin deLindekemale et bourgmestre. Tousces noms se retrouvent au sein ducomité.

Ils se donnent pour but de formerune société au sein de laquellefraternisation et bonne ententesont les maîtres mots. Tout élé-ment de discorde est proscrit. Acette fin un règlement extrême-ment rigide accompagné d’unrecrutement sélectif offrent desgaranties suffisantes pour justifierle nom donné à la société.

Sélectif selon les normes morales,le recrutement l’est aussi au pointde vue financier. Ces riches pos-sédants imposent aux candidatspotentiels un droit d’entrée exor-bitant de dix francs (de l’époque !)complété par une cotisation men-suelle de deux francs pour les

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membres honoraires. A titre de comparaison, une grossesociété bourgeoise comme l’har-monie de Saint-Josse-ten-Noode,fondée en 1862, n’impose (unquart de siècle plus tard !) qu’undroit d’entrée de deux francs etune cotisation mensuelle d’unfranc. Rien d’étonnant à ce quel’Alliance connut durant plus dequinze ans des crises régulièresmarquées par un déficit chroniquede la trésorerie.En 1854, la cotisation annuelle estréduite à un franc et l’on solliciteles premières demandes de sub-sides auprès des autorités, en l’oc-currence la commune. Cesmesures ne suffisent pourtant pas.

La société se voit contrainte dedéménager au hameau deRoodebeek où elle est hébergéedans un local au loyer moinsélevé. Cette période de purgatoiredurera dix ans.

La société d’harmonie l’Alliance devant son ancien local, rue Voot, audébut du siècle. (Coll Mus.com)

L’Alliance doit encore subir en1860 les effets d’une épidémiegénéralisée de choléra qui n’é-pargne ni les villes ni les cam-pagnes. Le nombre des membreshonoraires est réduit à sept et,trois ans plus tard, débute unepériode de coopération avec unesociété de Woluwe-Saint-Etienne.« Les Carabiniers Belges » (DeBelgische Carabiniers »), créée encette même année 1860.La précarité de la situation force lecomité à abolir le droit d’entrée dedix francs. Du coup l’Alliance s’ou-vre à de nouveaux membres. En1865, ils sont 39.

Ce regain de vie est le prélude àdes activités de plus grande enver-gure. Jusqu’alors la société se limi-tait à quelques sorties annuelles età l’accompagnement des proces-sions à Woluwe-Saint-Lambert etdans les communes avoisinantes

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dépourvues d’harmonies ou fan-fares. A ses débuts, elle avait par-ticipé à deux ou trois festivals :ceux de Bruxelles en 1841 et deLouvain en 1844. Hormis undéplacement à Saint-Gilles en1858, elle n’avait plus fait depuisque des prestations purementlocales.

En 1869, les choses changent.L’Alliance participe au festival deMalines et se dote d’un nouveaudrapeau (le premier datait de1847). De nombreuses villes dupays sont visitées : Anvers, Gand,Louvain, Mons, Huy, Seraing,Dinant.

Enfin le festival de 1892 réunit àWoluwe pas moins de 18 sociétésmusicales et chorales. La sociétéconnaît désormais une période deplus grande stabilité au cours delaquelle la qualité des exécutionss’améliore graduellement.

Au début du XXe siècle, l’Alliancecompte parmi ses 80 membres despersonnalités prestigieuses :Edmond Mesens, woluwéen d’origine, sénateur, administrateur àla Société Générale et bourgmestred’etterbeek de 1881 à 1896 et de1907 à 1918 ; le baron deWyckerslooth de Rooyesteyn,beau-fils de Jules Malou, le ban-quier Henri Dietrich de Val-Duchesse,… De concert avec leBourgmestre Jean-Baptiste DeCock, ils s’adressent à la Cour envue d’obtenir le titre de sociétéroyale. Cet honneur leur estaccordé le 14 juin 1904.L’année suivante, l’harmonie fêteson 75e anniversaire de l’indépen-dance de la Belgique et inaugureson troisième drapeau. En 1913,elle célèbre le 75e anniversaire desa création par l’organisation d’ungrand cortège de chars fleuris.

La guerre de 1914 – 1918 passée,l’Alliance reprend ses activités Ellea alors à sa tête des chefs demusique de talent et participe mal-gré de nouvelles difficultés à denombreuses manifestations, notamment le grand défilé du cen-tenaire de l’indépendance qui se

déroule le 20 juillet 1930 à traversles rues de Woluwe. Le centièmeanniversaire de son existence missur pied en 1938 ne peut, malgréun certain faste, dissimuler desfaiblesses latentes.L’éclatement de la guerre en 1940lui portera un coup fatal. Une ten-tative de reconstitution au lende-main du conflit, vers 1945-1946sera un échec complet.

Aujourd’hui, seuls subsistentquelques vestiges de cette sociétéqui durant un siècle marqua deson empreinte la vie du vieuxWoluwe : trois drapeaux conservésau musée communal et le nom, enpartie effacé, sur la façade d’uncafé, rue Voot.

Le drapeau de l’alliance de 1872(Coll Mus.com)

Les présidents de l’Alliance :1838-1854 : J. Beeckmans1854-1858 : D. Brunard1858-1861 : Jean Devis,bourgmestre1861-1863 : AntoineVerheyleweghen, bourgmestre1863-1872 : Fr. Denies, échevin1872-1888 : HenriVerheyleweghen, bourgmestreà partir de 18751888…1892… : Jean-Baptiste-Aloys Vandenhoven, échevin…1904… : Antoine-JosephSlegers, secrétaire communal1927-1936 : G. Verhofstadt1936-1940 : Jean Van Muylders,échevin.

Les chefs de musique :1838-1841 : ?1841-1858 : M-C. Baudelet1858-1860 : S’Jongers1860-1874 : M-C. Baudelet1874-1880 : Schreurs1880-1925 : Fr. Vandooren1925-1930 : J. Pauwels1930-1937 : Lieutenant Spoel1937-1940 : Adolphe Andre

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Cercle fétis

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Harmonie Royale : « Cercle Fétis »

Roodebeek est un simplehameau agricole dominé parquelques grosses fermeslorsqu’en septembre 1872 ungroupe d’habitants décide d’ymettre sur pied une fanfare.

L’événement se passe dans lecabaret que tient, rue Dries, uncertain François Verheyden, com-munément désigné par le sobri-quet « Susse de Zot » ! Cette pha-lange s’intitule d’abord « Sociétéde Fanfares de la commune deWoluwe-Saint-Lambert » avant deprendre en 1873 la dénominationplus locale de « Société deFanfares de Roodebeek ».Elle s’est constituée dans un butde « moralisation et d’agrémentpour la classe ouvrière » et dès

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1874 elle paraît compter une petitevingtaine de musiciens. Sur le planfinancier, elle dit se suffire à elle-même, mais sollicite auprès de laCour en date du 23 mai 1874, l’ac-quisition d’un drapeau. Un refusnet et catégorique s’en suit, laqualité de ses prestations musi-cales étant considérée par lesautorités comme « en dessous dumédiocre ».Ces maigres données sont tout ceque l’on sait de l’origine du CercleFétis.

Le quart de siècle de silence quisuit n’est pas fait pour éclairer leschoses. Toujours est-il qu’en 1897nous apparaît une société aumieux de sa forme. Elle s’est muéeen harmonie et a pris le nom

Premier drapeau duCercle Fétis 1897.(Coll Mus.com)

d’une des gloires nationales enmatière musicale, François-JosephFétis. Elle se fait offrir en date dudix juillet de cette année unsuperbe drapeau de velours parson président du moment, HenriDe Niet, par ailleurs sous-chef demusique au Cercle Musical deSaint-Josse-ten-Noode. L’annéesuivante les statuts de lasociété sont énoncés.

En 1899, elle organise un festival àRoodebeek cette date et 1914, l’onpeut suivre le Cercle Fétis à traversune grande partie de ses déplace-ments. Il visite les communesenvironnantes à l’occasion de fes-tivals ou autres manifestations :Stockel, Auderghem, Woluwe-Saint-Etienne, Laeken, Zellik,Anderlecht, Zaventem. Il va plusloin et participe à des concoursdans toute la Belgique : Leefdael,Kampenhout, Anvers, Namur,Antoing et aux Pays-Bas àBoisschot en 1908.Au lendemain de la premièreguerre mondiale, le Cercle aligne186 membres honoraires et 39musiciens. Il forme également unedizaine d’élèves.

En 1921, il introduit auprès de laCour une demande afin d’êtreautorisé à porter le titre de sociétéroyale. C’est chose faite dès le 24janvier 1922. Réitérant ses butsfondamentaux, à savoir l’encoura-gement de l’art musical, la forma-tion des jeunes et l’union de sesmembres dans un esprit de frater-nisation, le Cercle se garde biende vouloir s’attacher à des ques-tions d’ordre politique ou confes-sionnel. Il est alors considérécomme un des meilleurs ensem-bles musicaux de la région. Et c’estavec optimisme qu’il célèbre encette année 1922 l’obtention deson nouveau titre et ses cinquante

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ans d’existence. Deux ans plustard, en 1924, le Cercle se produitbrillamment au festival d’Ostende.En 1925, il aménage dans de nou-veaux locaux plus vastes situés aunuméro 1, place Verheyleweghen,tandis que l’ancienne auberge desdébuts est cédée au peintre Jean-Roch Collon, de retour d’un voya-ge en Italie.La déclaration de la secondeguerre mondiale force le comitédu Cercle à interrompre touteactivité à partir de 1941.Contrairement à l’Harmonie del’Alliance, l’autre grosse société deWoluwe-Saint-Lambert, il survit auconflit.

S’il ne compte plus qu’une petitenonantaine de membres à laLibération, il voit l’avenir avec unoptimisme relatif. Dans l’enthou-siasme qui fait suite aux terriblesévénements, un regain d’intérêt semanifeste pour les phalangesmusicales.En 1948, le cercle réunit 145 per-sonnes mais ce nombre s’effritevite. En 1952, le niveau de l’après-guerre est quasiment rejoint avec97 membres.Malgré cela, le cercle ne manqueaucune fête, cérémonie ou proces-sion.

En 1951, fait d’importance, lesfemmes sont admises au tradition-nel banquet annuel de la Sainte-Cécile, peut-être par esprit delibéralisation, plus sûrement pourregonfler les effectifs appauvris.Les festivités du 90è anniversaire,en principe prévues pour 1962, setiennent en 1963. L’échevin Jean-Frans Debecker accroche à cetteoccasion une médaille au drapeau(la première depuis 1928 !) et l’onpose pour la photo de groupe.

Festivités du 50ème anniversairedu Cercle 1922 (Coll Mus.com)

Les présidents du CercleFétis :1872-1897 : ?1897- ? : Henri De Niet? – 1919 : Pierre Octaef1919-1922 : Joseph Abeloos1922-1935 : Victor Decraen1935-1947 : Auguste DidierA partir de 1947 : GustaveDuwelzEn 1955 … : Jacques PauwelsJusqu’en 1970 : Jean Demey

On sent pourtant que le cœur n’yest plus, et pour cause ! Sept ansplus tard, en 1970, le cercle Fétisse dissout. Il était à l’avant-veillede célébrer le centenaire de sonexistence.

Evolution du nombre de membres honoraires du Cercle Fétis entre 1919 et1952 (Coll Mus.com)

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fanfares

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Harmonies et Fanfares de Woluwe-Saint-Lambert (III et fin)

Le présent dossier historiqueconstitue le troisième etdernier volet relatif à l’histoiredes sociétés musicales deWoluwe-Saint-Lambert.Après avoir retracé la vie desdeux plus importantessociétés, l’Alliance et le CercleFétis, qui plongent leursracines en plein dix-neuvièmesiècle, on s’attache ici à desensembles instrumentaux nésdurant notre siècle mais euxaussi tous disparus aujour-d’hui.

L’Harmonie Royaledes Aveugles

Mise sur pied à la Saint-Cécile1901, l’harmonie fut officialisée en1902 lors de la visite des princesAlbert et Elisabeth à l’Institut royaldes Sourds Muets et Aveugles. Les promoteurs de l’harmonie sedonnèrent pour premier but derehausser musicalement les fes-tivi-tés de l’Institut musicalementles festivités de l’Institut notam-ment lors de la distributionannuelle des prix.La création d’une harmonie dansle cadre d’un organisme d’en-seignement spécialisé n’était paschose banale. Pourtant, une sec-tion musicale y existait déjàdepuis plusieurs décennies et unensemble symphonique cumulaitles prix d’excellence.La direction de l’harmonie futconfiée à Victor Van Hoegaerden,musicien de première classe à lamusique du régiment desgrenadiers et par la suite chef demusique du Cercle Fétis.D’emblée l’harmonie remportasuccès sur succès. La qualité del’enseignement conféré – à l’aidede la méthode Braille – par lesFrères de la Charité, dont la répu-tation en la matière n’a jamais dû

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être démontrée, des facultés audi-tives plus développées chez lesaveugles et un répertoire de pre-mière catégorie sont à mettre aucompte de cette réussite. L’harmonie des «pauvres aveu-gles», selon une expression dudébut du siècle non dépourvued’une certaine pitié forcée, empor-ta l’enthousiasme des foules quedeux guerres mondiales n’ébré-chèrent pas. Pour s’en convaincreil suffit de se pencher sur l’éton-nant palmarès de 800 concertsdonnés entre 1902 et 1968 à tra-vers la Belgique entière mais aussien Hollande et dans le nord de laFrance. L’institut national de radio-diffusion lui ouvrit également sesportes.Non contente de ces perfor-mances, l’harmonie des Aveuglesprit une part active à l’accompag-nement de processions, notam-ment celle de Saint-Guidon àAnderlecht et, bien entendu cellede la paroisse Saint-Henri àWoluwe-Saint-Lambert. Elle animaen outre de nombreuses fêtes dequartier et s’adjoint pour l’occa-

L’Harmonie des Aveugles vers 1952(Coll Mus.comd’après documentIRSR)

sion un ensemble de joueurs declochettes dénommé « carillonsuisse ». Ce dernier exerçait égale-ment des prestations en solo. Lefrère Albéric, de l’Institut, le mit aupoint au début du siècle. Plus tard,un ancien élève, Victor VanAnderlecht s’employa à former lesjeunes joueurs qui enregistrèrentun disque au début des annéessoixante.L’harmonie des Aveugles qui accé-da au titre de société royale en1927 fut dissoute vers 1968.Plusieurs grands musiciensl’avaient dirigée. Parmi ceux-cil’on relève les noms du frèreVictor, dans l’entre-deux-guerres,et le trompettiste de réputationmondiale André Marchal.

Le « Kleine Woluwe’sVermaak »

Cette fanfare, dont la dénomina-tion française s’intitula tour à tour« Petit Woluwe Mon Plaisir » et« Agrément du Petit Woluwe »(traduction plus conforme au nom

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flamand), prit naissance en 1910dans le quartier de l’ancienne garede Woluwe, à cheval sur les com-munes de Woluwe-Saint-Lambertet Woluwe-Saint-Pierre. Elle avaitson siège rue de la Station. On saitfort peu de choses à son sujet si cen’est qu’en 1920 elle organise ungrand festival, subsidié par lesdeux Woluwe, à l’occasion de laremise d’un drapeau par son prési-dent d’honneur Hector de Waele.On en trouve encore mention en1930 lorsqu’elle participe au granddéfilé qui se déroule dans les ruesde Woluwe lors du centièmeanniversaire de l’indépendance dela Belgique.

Elle ne paraît pas avoir survécu àla seconde guerre mondiale.

La symphonie deLinthout

Cet ensemble musical sembleavoir eu une existence éphémèredans les années trente.Son siège se trouvait rue Saint-Henri, à l’Amicitia ».

L’Harmonie duMouvement NationalBelge

L’harmonie du MouvementNational Belge fut créée en 1945par six musiciens issus du réseaude résistance du même nom. Elledevint rapidement l’harmonie dumouvement pour tout le pays.Elle s’installe au café du« Linthout » avenue Georges Henri,et prit pour uniforme la salopettede résistance avec béret, guêtres etceinture blanche, moyennantquelques modifications mineures.Le répertoire était avant tout com-posé de musiques militaires, l’har-monie prenant part aux manifesta-tions patriotiques : célébration dela fête nationale le 21 juillet, lasonnerie aux morts le 1er novem-bre et la cérémonie au Soldatinconnu le 11 du même mois.Depuis elle participa égalementaux fêtes locales.

L’harmonie du Mouvement NationalBelge 1945 (Coll Mus.com d’aprèsphoto MNB)

A l’origine, l’orchestre comptajusqu’à 60 musiciens. Par la suite,il varia entre 25 et 30 musiciensselon les manifestations. En 1985,l’harmonie qui en était à sa qua-rantième année d’existence setrouvait placée sous la direction deM. Jean Demey, ancien présidentdu Cercle Fétis. Ce fut ensuite M.Antoine Devleeschouwer quiprésida aux destinées du groupe-ment. L’harmonie vient d’être dis-soute récemment.

L’Harmonie du « BonPetit White »

L’harmonie du Bon Petit Whiteavait principalement son siège rueKelle, dans l’ancien local des sup-porters du White Star. Dans lesannées cinquante, elle avait pourprésident M. Noël et comptait unetrentaine de musiciens. En 1960,elle participa aux festivités d’instal-lation du White Star au Stade com-munal de Woluwe-Saint-Lambert.