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1 Sociologie politique de l’éducation au Maroc Abdesselam Mili Professeur agrégé Docteur en sciences de l’éducation CRMEF Casablanca-Settat Février 2017 La contextualisation interpelle le formateur 1 en formation à traiter les acquis reçu dans les situations où il va agir. Elle permet de faire le lien entre les acquis et leur utilisation dans un contexte bien déterminé. Il s’agit d’une interaction entre le formateur agissant et le contexte de sa mise en œuvre ; d’où l’intérêt de ce cours, qui, en abordant cette discipline, permet de mettre en évidence le rapport entre la formation et le contexte. Aussi, l’appellation « sociologie politique de l’éducation », constituée de trois mots phares de différents champs, permet -elle cette contextualisation. De plus, le formateur, en qualité d’ingénieur et de chercheur, est amené à concevoir, à élaborer et à mettre en œuvre un contenu de formation à l’échelle nationale ou locale. Cette compétence nécessite la maîtrise d’une ingénierie adaptée au contexte de sa mise en œuvre. 1- la sociologie politique de l’éducation La sociologie politique de l’éducation est l'étude des relations, des pratiques, des faits, des représentations sociales et des décisions politiques par lesquelles se constitue le système éducatif d’un gouvernement, d’un Etat ou d’une société. Elle a pour but d’étudier : - Les finalités et les objectifs assignés par la société et le gouvernement par le choix des différentes entrées : politiques, culturelles, religieuses, morales, civiques, éthiques et économiques ; - La sélection des savoirs, des savoir-faire, et des savoir-être organisés et hiérarchisés en fonction des caractéristiques et des besoins des apprenants des niveaux de scolarité (contenu de formation et d’évaluation); - La mise en place des conditions d’apprentissage et du travail des apprenants et leur maitre (conditions matérielles et humaines) dans les écoles (socialisation). Elle vise à comprendre comment les systèmes éducatifs fonctionnent et se transforment. 2- Le système d’éducation : apport théorique Un système éducatif est un dispositif structuré visant l’organisation et le mode de fonctionnement de l’enseignement et son interaction avec l’éducation à différents niveaux. Il est constitué de toutes les composantes et de tous les acteurs 1 L’utilisation du masculin dans ce cours a pour but l’allégement du texte. Elle n’a aucune intention discriminatoire.

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Sociologie politique de l’éducation au Maroc

Abdesselam Mili

Professeur agrégé

Docteur en sciences de l’éducation

CRMEF Casablanca-Settat

Février 2017

La contextualisation interpelle le formateur1en formation à traiter les acquis

reçu dans les situations où il va agir. Elle permet de faire le lien entre les acquis et

leur utilisation dans un contexte bien déterminé. Il s’agit d’une interaction entre le

formateur agissant et le contexte de sa mise en œuvre ; d’où l’intérêt de ce cours,

qui, en abordant cette discipline, permet de mettre en évidence le rapport entre la

formation et le contexte. Aussi, l’appellation « sociologie politique de

l’éducation », constituée de trois mots phares de différents champs, permet-elle

cette contextualisation. De plus, le formateur, en qualité d’ingénieur et de

chercheur, est amené à concevoir, à élaborer et à mettre en œuvre un contenu de

formation à l’échelle nationale ou locale. Cette compétence nécessite la maîtrise

d’une ingénierie adaptée au contexte de sa mise en œuvre.

1- la sociologie politique de l’éducation

La sociologie politique de l’éducation est l'étude des relations, des pratiques,

des faits, des représentations sociales et des décisions politiques par lesquelles se

constitue le système éducatif d’un gouvernement, d’un Etat ou d’une société. Elle

a pour but d’étudier :

- Les finalités et les objectifs assignés par la société et le gouvernement par le

choix des différentes entrées : politiques, culturelles, religieuses, morales,

civiques, éthiques et économiques ;

- La sélection des savoirs, des savoir-faire, et des savoir-être organisés et

hiérarchisés en fonction des caractéristiques et des besoins des apprenants

des niveaux de scolarité (contenu de formation et d’évaluation);

- La mise en place des conditions d’apprentissage et du travail des apprenants

et leur maitre (conditions matérielles et humaines) dans les écoles

(socialisation).

Elle vise à comprendre comment les systèmes éducatifs fonctionnent et se

transforment.

2- Le système d’éducation : apport théorique

Un système éducatif est un dispositif structuré visant l’organisation et le

mode de fonctionnement de l’enseignement et son interaction avec l’éducation à

différents niveaux. Il est constitué de toutes les composantes et de tous les acteurs

1 L’utilisation du masculin dans ce cours a pour but l’allégement du texte. Elle n’a aucune intention discriminatoire.

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interagissant dans l’enseignement et la formation. C’est « un choix socio-éducatif

et socio-économique avant d’être un choix éducatif » (Lamrani, 2016). Il est le

résultat des recommandations annoncées par les experts en ingénierie de

l’éducation, par les acteurs et les décideurs. Généralement, ces recommandations

sous forme d’études et de rapports nationaux ou internationaux sur l’état des lieux,

sur les évolutions et les dévolutions motivent le besoin de rénover un système

éducatif.

L’éducation se réalise à travers la famille, l’école et la société. Nous nous

intéressons, ici, à son insertion scolaire à travers le système éducatif instauré.

L’analyse de ce dernier permet de comprendre la sociologie politique d’un pays.

1. Terminologie usuelle

L’éducation : C’est « l’ensemble de valeurs, de concepts, de savoirs, et de

pratiques dont l'objet est le développement de l'être humain et de la société ».

Dictionnaire actuel de l'éducation, Québec, Guérin, 1993. Selon l’encyclopédie

électronique Wikipédia, l'éducation « est, étymologiquement, l'action de « guider

hors de », c'est-à-dire développer, faire produire. Ce terme signifie maintenant plus

couramment l'apprentissage et le développement des facultés intellectuelles,

morales et physiques, ainsi que les moyens et les résultats de cette activité de

développement. L'éducation humaine inclut des compétences et des éléments

culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique ».

La sociologie : « La sociologie traite du fonctionnement et de la

transformation des groupes et ensembles humains. Elle étudie les normes, codes et

croyances qui organisent une société ; les hiérarchies, rôles et rites qui la

structurent ; les signes et symboles à travers lesquels elle s'exprime ; les conflits et

contradictions qui la transforment ou la déchirent. » (Fricker, 2002).

La sociologie de l’éducation : « La sociologie de l’éducation a pour objectif

d’étudier les processus de socialisation scolaire, les déterminants sociaux des

résultats et des destins scolaires, les rapports pédagogiques, les caractéristiques des

institutions et du personnel éducatif, les relations entre les diplômes et les postes. »

(Leandro , 2016)

ALPE (ALPE, 2015) distingue trois grands domaines de recherche abordés

généralement par les chercheurs :

- la sociologie de l’institution scolaire, en s’inspirant des travaux Durkheim ;

elle s’intéresse aux déterminants sociaux des situations scolaires.

- la sociologie des contenus de l’éducation ; elle étudie l’organisation du

savoir scolaire (concepts, curriculum, ingénierie…) et son appropriation par

les acteurs d’un point de vue sociologique.

- la sociologie des acteurs scolaires et de leurs expériences, de leurs stratégies,

en plaçant le « sujet » au centre de l’analyse.

La politique est un « énoncé général ou énoncé de principes indiquant la

ligne de conduite adoptée par un organisme privé ou public, dans un secteur donné,

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pour la gestion de ses affaires ». Elle peut se définir comme l’« ensemble des

ambitions, des principes et des objectifs fournissant la base de la planification

détaillée et de l'action effective, constituant le guide de la prise de décision »

Dictionnaire actuel de l'éducation, Québec, Guérin, 1993.

La politique éducative : « consiste à tenter la conciliation entre les besoins

d’une nation et l’épanouissement individuel de chacun. C’est définir un projet, les

moyens de le réaliser, définir autant d’étapes validant, chacune, la procédure et qui,

à chaque fois, nécessitent un choix, une volonté » (Marcou, Costa, & Durand-

Prinbo, 1992, p. 188). Selon (Any-Gbayere, 2006), la politique éducative peut se

définir comme « une "ré- écriture" des grandes idées tracées par les tenants d’un

régime politique et/ou les fondateurs d’un système scolaire particulier en

collaboration avec l’Etat».

L’enseignement : « Action, manière d'enseigner, de transmettre des

connaissances » Dictionnaire Français Larousse. Plusieurs définitions sont

proposées selon le courant où elles sont situées (Dessus, 2008). Ces définitions

s’accordent à dire que l’enseignement est un acte qui met en interaction

l’enseignant, l’élève (ou les élèves) et les savoirs dans un contexte bien déterminé.

La socialisation scolaire se définit comme l’ensemble des apprentissages

réalisés dans le cadre du système éducatif ; savoirs explicitement inculqués mais

aussi toutes les expériences réalisées dans le cadre scolaire. La socialisation

scolaire implique un rapport pédagogique, une soumission à un certain nombre de

règles. Les comportements et interrelations entre enfants et adultes socialisateurs

peuvent aussi produire des changements ou un ethos particulier. Les élèves co-

construisent les situations scolaires dans un processus de subjectivation de

l’expérience scolaire. Acquisition du « métier d’élève » (Perrenoud, 2010 ).

2. Les fonctions de l’école

L’école, considérée comme la société en miniature, a pour rôle d’assurer

l’appropriation du savoir, du savoir-faire et du savoir-être par l’apprenant. C’est un

lieu de culture, d’éducation, et de socialisation. Bien que les finalités attribuées à

l’école diffèrent d’un pays à un autre, les fonctions de l’école restent presque les

mêmes :

La fonction d’instruction et d’apprentissage : C’est à l’école qu’on apprend

à lire, à écrire et à compter.

La fonction de qualification : apprendre pour décrocher un métier, un statut

social.

Une fonction de socialisation : intégration sociale, apprentissage des

normes, des mœurs, des habitus….

Une fonction éducatrice (ou éducative) et culturelle: construction d’une

personne.

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3. Les entrées de l’éducation

Entrée anthropologique : Cette entrée repose sur les besoins suivants :

un besoin langagier : le langage dans ses différentes formes

constitue un moyen de communication, une transmission d’une

culture, d’une idéologie.

un besoin de citoyenneté : C’est apprendre à respecter autrui, les

règles, les normes et à être acteur de développement.

un besoin social : pour répondre aux exigences au niveau de

l’intégration et de l’épanouissement social.

Entrée par l’apprentissage : Cette entrée repose sur l’apprentissage

instantanée à travers la transmission de l’expérience des autres (habitudes,

les mœurs…) ou à travers l’école par l’enseignant en tant que médiateur

choisi par la société.

Entrée politique : L’éducation est l’affaire de l’Etat. Il en est responsable

en définissant le profil de citoyen souhaité, le système éducatif adapté qui

tient compte des conjonctures socio-économiques, politiques et des moyens

déployés pour atteindre les finalités attendues.

3- Les systèmes éducatifs internationaux

Comparaison entre les systèmes éducatifs

La classification internationale type de l’éducation (CITE) est un instrument

qui permet de compiler et de présenter les statistiques relatives à l’éducation tant

au niveau national qu’international.

CITE 0: Éducation de la petite enfance

Les programmes du niveau 0 de la CITE, ou «éducation de la petite enfance», ont généralement une approche

holistique et visent essentiellement à encourager le développement cognitif, physique, social et émotionnel précoces

des jeunes enfants et à les préparer à un enseignement organisé en dehors du contexte familial. Le niveau 0 de la

CITE regroupe les programmes de la petite enfance qui possèdent une composante éducative volontaire.

CITE 1: Enseignement primaire

Les programmes du niveau 1 de la CITE, ou «enseignement primaire», sont généralement conçus pour donner aux

élèves des aptitudes fondamentales en lecture, écriture et mathématiques (c’est-à-dire l’alphabétisme et le calcul) et

établir une base solide pour l’apprentissage et la compréhension des connaissances de base, le développement

personnel et social et la préparation au premier cycle de l’enseignement secondaire.

L’âge est normalement le seul critère d’admission dans ce niveau. L’âge habituel ou légal d’admission n’est

généralement ni inférieur à 5 ans, ni supérieur à

7 ans. Ce niveau dure généralement 6 ans, même si sa durée peut aller de 4 à 7 ans.

CITE 2: Premier cycle de l'enseignement secondaire

Les programmes du niveau 2 de la CITE, ou «premier cycle de l’enseignement secondaire», sont généralement

destinés à compléter les acquis scolaires du niveau 1 de la CITE.

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Les élèves accèdent généralement au niveau 2 de la CITE lorsqu’ils ont entre 10 et 13 ans.

CITE 3: Deuxième cycle de l'enseignement secondaire

Les programmes du niveau 3 de la CITE, ou «deuxième cycle du secondaire», sont généralement conçus pour

compléter l’enseignement secondaire et préparer à l’enseignement supérieur, et/ou pour enseigner des compétences

pertinentes pour exercer un emploi.

L’âge d’admission à ce niveau est normalement de 14 à 16 ans.

CITE 4: Enseignement post-secondaire non-supérieur

L’enseignement post-secondaire non-supérieur fournit des expériences d’apprentissage qui viennent compléter

l’enseignement secondaire et préparent à l’entrée sur le marché du travail ainsi qu’à l’enseignement supérieur. Il

vise l’acquisition individuelle de connaissances, aptitudes et compétences dont le niveau de complexité est inférieur

à celui de l’enseignement supérieur. Les programmes du niveau 4 de la CITE, ou «enseignement post-secondaire

non supérieur», sont généralement conçus pour fournir aux individus qui ont achevé le niveau 3 de la CITE des

certifications exigées pour accéder à l’enseignement supérieur ou à l’emploi lorsque leur certification de niveau 3

de la CITE ne leur donne pas cet accès. L’achèvement d’un programme du niveau 3 de la CITE est exigé pour

l’admission dans les programmes du niveau 4 de la CITE.

CITE 5: Enseignement supérieur de cycle court

Les programmes du niveau 5 de la CITE, ou «enseignement supérieur de cycle court», sont conçus principalement

pour enseigner aux participants des connaissances, aptitudes et compétences professionnelles. Habituellement, ils

sont fondés sur la pratique, professionnellement spécifiques et ils préparent les étudiants à entrer sur le marché du

travail. Toutefois, ces programmes peuvent aussi représenter une passerelle vers d’autres programmes de

l’enseignement supérieur. L’admission aux programmes de niveau 5 de la CITE exige l’achèvement complet d’un

programme du niveau 3 ou 4 de la CITE donnant accès à l’enseignement supérieur.

CITE 6: Niveau licence ou équivalent

Les programmes du niveau 6 de la CITE, ou «licence ou équivalent», sont souvent destinés à enseigner aux

participants des connaissances, aptitudes et compétences académiques et/ou professionnelles intermédiaires

conduisant à un premier diplôme ou une certification équivalente.

L’admission à ces programmes exige normalement l’achèvement complet d’un programme du niveau 3 ou 4 de la

CITE donnant accès à l’enseignement supérieur. L’admission peut dépendre du choix du sujet et/ou des notes

obtenues au niveau 3 ou 4 de la CITE. Il peut aussi être exigé de passer et de réussir des examens d’entrée.

CITE 7: Niveau master ou équivalent

Les programmes du niveau 7 de la CITE, ou «niveau master ou équivalent», sont souvent destinés à enseigner aux

participants des connaissances, aptitudes et compétences académiques et/ou professionnelles conduisant à un

deuxième diplôme ou une certification équivalente. Les programmes de ce niveau peuvent avoir une composante

importante de recherche mais ils ne conduisent pas encore à l’obtention d’une certification de doctorat. Les

programmes de ce niveau se fondent généralement sur la théorie mais ils peuvent inclure un cursus pratique; ils se

fondent également sur des travaux de recherche de pointe et/ou les meilleures pratiques professionnelles. Ils sont

traditionnellement dans des universités et d’autres établissements d’enseignement supérieur.

L’admission aux programmes de niveau 7 de la CITE conduisant à un deuxième diplôme ou à un diplôme

supplémentaire exige normalement l’achèvement complet du niveau 6 ou 7 de la CITE. Dans le cas des programmes

de longue durée préparant à un premier diplôme équivalent à un master, l’admission exige l’achèvement complet

d’un programme du niveau 3 ou 4 de la CITE donnant accès à l’enseignement supérieur. L’admission à ces

programmes peut dépendre du choix du sujet et/ou des notes obtenues au niveau 3 et/ou 4 de la CITE. Il peut aussi

être exigé de passer et de réussir des examens d’entrée.

Classification Internationale type de l'Éducation CITE 2011 UNESCO

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.

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Les évaluations internationales TIMSS, PIRLS, PIZA

1. TIMSS

En anglais : «Trends in international Mathematics and Science Study».

En français: «Tendances internationales dans l’enseignement des mathématiques

et des sciences».

TIMSS, depuis 1995, permet de mesurer les performances des élèves en

mathématiques et en sciences du primaire et du collège. Il s’appuie sur les

programmes d’enseignement pour évaluer les élèves des pays participants.

Bien que le Maroc occupe des positions loin de la norme, il a portant

amélioré sa performance par rapport aux années passées. En effet, le niveau des

acquis des élèves en 4ème année du primaire, entre 2003 et 2011, a reculé, passant

du score 347 à 335 en mathématiques et de 304 à 264 en sciences. En 2016, le score

a augmenté pour atteindre 377 points en mathématiques.

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2. PIRLS

En anglais : « Progress in International Reading Literacy ».

En français: «Programme international de recherche en lecture scolaire».

Depuis sa création en 2001, PIRLS est un programme organisé par l’IAE2 ;

il permet d’évaluer les compétences des élèves en lecture à la fin de leur quatrième

année de scolarité obligatoire. L’évaluation porte sur les capacités de la

compréhension et de l’utilisation de la langue et de ses symboles dans les

différentes typologies du texte écrit (informatif, narratif). Il se déroule tous les cinq

ans (2001, 2006, 2011, 2016…). Le Maroc a participé à toutes les sessions. Les

résultats de ces enquêtes 2001, 2006, 2011 montrent que les niveaux de

connaissances et de compétences des élèves marocains sont très pauvres, en

particulier chez les élèves des zones rurales et chez les filles. Ceux de 2016 ont

connu une amélioration par rapport à 2011, mais n’atteignent le seuil défini par le

programme.

1. PISA

En anglais : « Program for International Student Assessment ».

En français: « Programme international pour le suivi des acquis des élèves ».

PISA est un ensemble d’enquêtes et d’études réalisées par l'OCDE3 afin de

mesurer, durant tous les trois ans, la performance et la qualification des jeunes de

15 ans des pays membres (34 pays) et non membres. PISA a pour objectif de «

déterminer dans quelle mesure les élèves de quinze ans sont préparés à relever les

défis des sociétés dans lesquelles ils vivront demain. L’approche retenue est une

évaluation portant sur des connaissances et des compétences qui, au-delà des

programmes d’enseignements disciplinaires, reflètent la capacité des jeunes à

utiliser leurs acquis dans des situations de la vie courante. Les compétences

évaluées doivent rendre compte de la capacité des jeunes à appliquer ce qu’ils ont

appris, à poursuivre leur formation tout au long de la vie, à prendre des décisions »

(Levasseur, 2006).

Trois domaines d’évaluation sont proposés dans ce programme : la

compréhension de l’écrit, de la culture mathématique, de la culture scientifique

(physique, chimie, sciences de la vie et de la terre).

2 Association internationale pour l’évaluation des compétences scolaires 3 Organisation de coopération et de développement économiques

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4- Organisation et fonction du système éducatif marocain

1. Aperçu historique sur l’enseignement et l’éducation scolaire au Maroc

1. la politique coloniale française et espagnole au Maroc

Le but de cette partie est de montrer l’organisation de l’enseignement et de

l’éducation à l’époque coloniale de 1912 jusqu’à l’indépendance par les français et

les espagnols. Ces derniers suivaient presque la même politique que les français

dans la mise en place des instruments éducatifs et l’instauration des écoles. Les

systèmes éducatifs instaurés au Nord par les espagnols et dans le reste du pays par

les français repose sur l’aspect linguistique-éducatif, la ségrégation sociale et

ethnique ayant pour objet la domination des colons sur le plan politique,

économique et social. Toutefois, les espagnols trouvent des difficultés pour

instaurer cette vision dues sans doute à la présence française sur tout le territoire et

l’influence des écoles alliées à la culture française. L’exemple des centres de

l’Alliance Israélite Universelle en est un exemple.

Les systèmes éducatifs français et espagnol sont mis en place pour assurer

un enseignement aux enfants des colons et créer une population marocaine élite

francophile et hispanophile. Les écoles instaurées, à cette époque, sont les écoles

européennes, les écoles indigènes, les écoles avancées (privées), les écoles

coraniques, les marocaines musulmanes, les écoles marocaines, les écoles juives

(hébraïques). Il s’agit de moderniser le système éducatif marocain basé sur

l’apprentissage de la langue arabe et l’appropriation du Coran. L’école des notables

à caractère makhzénien permet d’assurer un enseignement des fils des dirigeants et

des personnes choyées par les colons.

2. La politique coloniale française au Maroc depuis 1912 jusqu´à

l’indépendance du pays en 1956

L’enseignement lors de la période coloniale est caractérisé par l’élitisme, le

favoritisme et l’éclectisme (ségrégatif et discriminatif) dans l’instauration des

écoles. En effet les écoles ont été conçues et dirigées par la conception de

l’homme ; à l’époque, il s’agissait du général Lyautey. Elle repose sur les idées

suivantes :

- Un favoritisme à l’égard des européens qui sont favorisés plus que les élèves

marocains ;

- La ségrégation entre la population marocaine pour l’accès aux écoles. Ce qui

a pour conséquence la création des écoles de fils de notables, les écoles

franco-musulmanes et les écoles professionnelles ;

- L’apparition du dahir berbère4 en 1930 par « lequel la population de cette

origine pouvait s’organiser autour du droit coutumier et non pas par les

normes dictées par le Makhzen ». Louis Massignon cité par (Lafuente, 1984)

« …l’école franco-berbère c’est donc l’école française par l’enseignement et

4 Le dahir berbère du 16 mai 1930.

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la vie, berbère par les élèves. Donc, pas d’intermédiaire étranger. Tout

enseignement de l’arabe, toute intervention du « fquih », toute manifestation

islamique seront rigoureusement écartées. »le collège berbère d’Azrou en

1927.

En réaction contre la politique éducative française, les marocains

revendiquent la création des écoles dites « écoles libres » privées. Elles sont

caractérisées par l’introduction des mathématiques, les lettres modernes et/ou le

sport. L’enseignement des matières scientifiques et techniques est dispensé en

langue française. Cette création est motivée par le Comité d’action marocain

(CAM), crée en 1934, qui a présenté une liste de revendications, y compris

celles relatives à l’enseignement, en réclamant la généralisation, l’islamisation

et l’unification des programmes à l’échelle nationale. Ce comité sera dissous en

1937 suite aux meetings organisés dans les grandes villes dénonçant

l’exploitation du dahir berbère dans l’enseignement. Ce comité sera remplacé

par le Parti National pour la réalisation des réformes. Ce dernier réclame la

réforme de l’école el Quaraouyne, la scolarisation des filles et des adultes,

l’octroi des bourses aux étudiants marocains et l’enseignement de la langue

arabe dans les écoles berbères. Cette période est marquée par l’appel aux

revendications via l’enseignement.

3. la politique coloniale espagnole au nord du Maroc depuis la fin du XIXème

siècle jusqu´à l’indépendance du pays en 1956

Les espagnols, quant à eux, ont instauré un système éducatif répondant à

deux objectifs : l’insertion des enfants espagnols et l’éducation des enfants

marocains élites à la culture hispanique ou hispanophone. (González González,

2014) précise que « les diverses écoles existant sous le Protectorat avaient des

finalités idéologiques définies, dont on pouvait distinguer trois types : l’école

coloniale, l’école nationaliste et l’école traditionnelle »…

La période coloniale était caractérisée par un enseignement élitiste,

ségrégatif et imposé. Le Maroc a hérité un système d’éducation catastrophique avec

un taux d’analphabétisme de 82% en 1956. Ce taux est plus important dans les

régions colonisées par les espagnols (95%). « Durant la dernière année du

Protectorat en 1955, environ 187000 élèves étaient inscrits dans les écoles

coloniales, 23000 dans les écoles «libres» nationalistes, et 2500 dans les institutions

traditionnelles d’éducation, tandis que plus d’1,5 million enfants n’étaient pas

scolarisés. A l’indépendance, le nombre d’étudiants marocains dans

l’enseignement supérieur ne dépassait pas 350, parmi lesquels se trouvaient

seulement deux femmes ». (Tawil, Cerbelle, & Alama, 2010, pp. 25-26)

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4. L’enseignement après l’indépendance

Après l’indépendance en 1956, quatre principes fondamentaux, organisant

la vision de l’instauration d’une politique éducative adaptée aux conjectures

politiques et socio-économiques du pays ont été formulés par la « Commission

Royale pour la Réforme de l’enseignement » en 1957, conduite par Mehdi Ben

Barka. Cette commission est remplacée par la Commission nationale de

l’éducation et de la culture, sous la conduite d’Abdellah Ibrahim, Président du

conseil du gouvernement qui a instauré quatre principes5 qui sont :

1. la généralisation de l’enseignement : dans les meilleurs délais, un

enseignement de base doit être reçu par tous les Marocains, et l’accès à

l’éducation doit être ouvert à tous

2. l’unification des structures éducatives : le système doit devenir

homogène, sous le contrôle de l’État

3. l’arabisation des programmes : l’arabe doit devenir la seule langue

d’enseignement

4. la marocanisation du corps enseignant : les Marocains doivent

rapidement remplacer les coopérants

L’enseignement dans les écoles marocaines est devenu obligatoire pour les

enfants âgés de 6 à 13 ans en 1963. L’arabisation a touché toutes les matières dans

les deux premières années de l’école, alors que les matières scientifiques et les

mathématiques sont enseignées en langues françaises.

L’enseignement, entre les années 60 et 90, a vécu des moments de crise et

d’opposition entre le pouvoir politique et les acteurs sociaux. Cela se traduit par

des grèves (année blanche en 1968) et des tensions.

Les années 70 ont été marquées par une demande croissante des enseignants

du cycle secondaire. Ce qui a conduit à faire appel à des enseignants des pays de

l’EST (Bulgarie, Roumanie, Pologne) pour enseigner les matières scientifiques et

des enseignants des pays arabes et musulmans (Jordanie, Egypte…) pour enseigner

l’arabe, l’histoire géographie… En 1979, le Maroc a procédé à l’arabisation des

matières enseignées en langues françaises. Cependant, l’enseignement techniques

et l’enseignement supérieur a gardé la langue française comme langue

d’enseignement. Les colloques de dialogue, de conciliation et de réforme (Ifrane

1970, 1982) étaient décisives dans la politique éducative du Maroc.

Les années 80 étaient marquées par un déséquilibre économique à l’échelle

nationale et internationale (sécheresse, baisse du coût du phosphate, cours élevé du

pétrole, flambée du dollar, hausse des taux d'intérêt...). Pour faire face à cette

situation, le Maroc a adopté en 1983/1984 un programme d'ajustement structurel.

Ce programme appuyé par le fond monétaire et la banque mondial a eu un impact

négatif sur les dépenses du secteur social (moins d’école, moins d’hôpitaux…) et

5 « elle ne fait que reprendre les termes et les principes de la charte de 1946 élaborée par Moulay Larbi Alaoui,

avec ses quatre points cardinaux : la marocanisation, l’arabisation, la généralisation et l’unification. Seule la

formulation a été quelque peu adaptée à l’air du temps ».

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sur le revenu. Le système a été fortement touché par cette crise marquée par une

baisse accentuée des inscrits en milieu urbain et rural (filles et garçons).

En 1988, la situation économique s’améliore. On parle du « nouveau

dragon » : la croissance était de l’ordre de 10.1%, l’inflation est de l’ordre de 2.3%.

La relance économique des années 90 affectera le secteur de l’enseignement surtout

l’expansion des inscriptions dans les écoles primaires.

En 1997, la Commission spéciale éducation et formation(COSEF) a été créée

par feu sa majesté Hassan II. Après la visite et la concertation d’experts et de

décideurs pour un benchmarking, le Maroc met au point la Charte Nationale de

l’Education et de la Formation en 1999. Cette charte sera la feuille de route pour

l’organisation du système éducatif marocain pour une « décennie de l’éducation »,

système instauré par le roi Mohammed VI de 1999 à 2009. La charte s’inscrit dans

« la volonté de doter le Maroc d’un système performant, conformément aux

orientations royales et aux dispositions de la charte nationale d’éducation et de

formation; ce qui a placé le secteur de l’éducation et de la formation dans une

position qui lui permet de jouir d’une attention particulière de la part de l’Etat, des

collectivités territoriales et de l’opinion publique…Il s’agit d’atteindre l’objectif

d’éducation pour tous en 2010, d’adapter le curriculum aux besoins des individus

et de la société et d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage. »

(CEI, 2010) . Ainsi, « les enseignements préscolaires et primaires seront intégrés

pour constituer un socle éducatif cohérent d’une durée de 8 ans. L’objectif

poursuivi est de faire acquérir à l’enfant les mécanismes fondamentaux de

l’expression orale et écrite, de la lecture et du calcul, de lui donner une éducation

religieuse et civique et de contribuer au développement de son intelligence pratique

et de ses capacités techniques, sportives et artistiques de base. »

En 2001, les premières réflexions portaient sur la révision des curricula qui

ont abouti en 2003 à la production du cahier blanc. Ce document est constitué de

8 volumes produits dans le cadre de la révision des curricula. Ils reposent sur trois

entrées principales :

Le livre blanc est un document de 8 volumes produit dans le cadre de la

révision des curricula. Ils reposent sur trois entrées principales :

1) Entrée par les compétences : Cinq compétences retenues par la

Commission des choix et des Orientations Pédagogiques (les compétences

communicatives, les compétences méthodologiques, les compétences

stratégiques, les compétences culturelles, les compétences technologiques).

2) L’éducation aux valeurs :

Cette dimension est très importante dans le dispositif pédagogique. Elle

constitue les finalités recherchées par l’Etat. Les valeurs retenues dans le livre blanc

sont : la foi musulmane, l’identité civilisationnelle et ses principes moraux et

culturels, la citoyenneté, les droits humains et leurs principes universels.

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3) L’éducation aux choix :

L’éducation au choix est retenue comme entrée principale de la révision des

curricula. Elle porte sur la mise en place de passerelle et des filières permettant à

l’élève de choisir son processus scolaire en fonction de ses compétences et de ses

motivations.

Place des langues dans le système éducatif

Le débat du choix de la langue d’enseignement est un débat politique et social.

Il suscite régulièrement la polémique des décideurs et des acteurs. Le choix

linguistique dans l’enseignement trouve des justifications controversées des uns et

des autres :

la langue en tant qu’identité sociale, culturelle et religieuse (la langue

est une idéologie). Elle est l’objet d'une bataille idéologique entre les

élites ;

la langue en tant que moyen de communication entre les habitants des

régions marocaines (la langue a pour vocation la communication) ;

la langue en tant qu’outil d’apprentissage et de compréhension (la

langue d’enseignement) ;

la langue en tant que moyen d’ascension socio-professionnelle (la

langue pour l’emploi et gestion de carrière) ;

Rappelons le mémorandum adressé par Noureddine Ayouch, en 2013, au Roi

pour plaider pour la promotion de la darija en tant que langue d’enseignement et

les réactions des défenseurs de l’arabe classique. Le débat aussi au niveau du

conseil supérieur entre les défenseurs de la langue arabe et les défenseurs des

langues étrangères au niveau du choix de la langue d’enseignement. L’instauration

du baccalauréat international (français ou anglais) et la réaction du premier ministre

en ignorant les dispositions prises par le ministère de l’éducation nationale à ce

propos dans la chambre parlementaire.

Quant à la charte, elle mentionne uniquement deux langues d’une façon

explicite : d’un côté l’arabe (sans adjectif) et de l’autre l’Amazighe (Montserrat

Benítez , Miller, Jaap de Ruiter, & Tamer, 2013). On perçoit ainsi une certaine

reconnaissance de l’amazighe en tant que langue nationale dans le document de la

charte nationale d’Education et Formation (COSEF, 1999). La nouvelle

constitution marocaine (Royaume du Maroc, 2011) stipule que « l’arabe demeure

la langue officielle de l’Etat. L’Etat œuvre à la protection et au développement de

la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De même, l’amazighe

constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les

Marocains sans exception ».

Selon le Haut-commissariat au plan, la quasi-totalité de la population

communique en dialecte arabe « Darija » avec 89,8% (96% en milieu urbain et

80,2% en milieu rural), la langue Amazigh se situe en 2014 à 27% (20,1%en milieu

urbain et 36,6% en milieu rural). La population alphabétisée sait lire et écrire la

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langue arabe (99,4%) suivi de la langue française avec 66,0%, et l’anglais avec

18,3%.

2. Les soubassements et réformes du système éducatif marocain

Le système éducatif prend sa référence de :

1. la Constitution marocaine, approuvé par un referendum le juillet 2011, est la

norme juridique suprême du Royaume (1962, 1970, 1972, 1992, 1996 et 2011).

Elle stipule dans son article 32 que « l’enseignement fondamental est un droit de

l'enfant et une obligation de la famille et de l'État ». L’article 31 précise que « l'Etat,

les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation

de tous les moyens à disposition pour faciliter l'égal accès des citoyennes et des

citoyens aux conditions leur permettant de jouir des droits :

aux soins de santé ;

à la protection sociale, à la couverture médicale et à la

solidarité mutualiste ou organisée par l'État ;

à une éducation moderne, accessible et de qualité ;

à l'éducation sur l'attachement à l'identité marocaine et aux

constantes nationales immuables ;

à la formation professionnelle et à l'éducation physique et

artistique ;

à un logement décent ;

au travail et à l'appui des pouvoirs publics en matière de

recherche d'emploi ou d'auto-emploi ;

à l'accès aux fonctions publiques selon le mérite ;

à l'accès à l'eau et à un environnement sain ;

au développement durable.

2. la charte nationale de l’éducation et de la formation (CNEF)

La charte parue en 1999 est le produit d’une consultation large et un consensus

des différentes composantes de la société (parti politique, groupement syndical et

associatif) au début de l’année 2000. Elle avait pour objet de « remédier aux

dysfonctionnements du système, à travers une vision pédagogique nouvelle

déclinée autour d’une série d’espaces de rénovation, appuyée par des leviers de

changement touchant à l’ensemble des aspects de la vie du système d’éducation-

formation » (Abdelaziz Meziane Belfkih, 2000). C’est la feuille de route du

système éducatif actuel qui « vise à former un citoyen vertueux, modèle de

rectitude, de modération et de tolérance, ouvert à la science et à la connaissance et

doté de l’esprit d’initiative, de créativité et d’entreprise » (COSEF, 1999) . Il

précise aussi que l’éducation a pour rôle de « cultiver les valeurs de citoyenneté qui

permettent à tous de participer pleinement aux affaires publiques et privées en

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parfaite connaissance des droits et devoirs de chacun » (COSEF, 1999). La charte

présente deux volets :

Le premier volet précise les fondements du système éducatif ;

Le deuxième volet montre la vision et la manière par laquelle le système

éducatif va être rénové. Il regroupe six espaces de rénovation6 déclinés

en dix-neuf leviers de changement.

La période 2000-2009 fut déclarée décennie nationale de l’éducation et de la

formation à l’issue de laquelle l’objectif de réforme du système éducatif devrait

être atteint (MENESFCRS, 2004). La période 2001-2006 est marquée par la

révision des curricula (le livre blanc en 2002 et les orientations pédagogiques

2005), la réforme du livre scolaire, la réorganisation des examens et l’intégration

de nouvelles technologies de l’information et de la communication. . En parallèle,

des forums d’évaluation de l’instauration de la réforme sont organisés à l’échelle

nationale et régionale. Ils étaient pessimistes de la lenteur de la mise en place de la

réforme.

3. Le plan d’urgence 2008

Les critiques adressées au système éducatif par le Conseil supérieur de

l’enseignement en 2008 donnent naissance à la proposition du programme

d’urgence par le ministère de l’Education Nationale dans la même année. Ce

dernier a été conçu pour " donner un second souffle" à la réforme préconisée par la

Charte Nationale d’Education et de Formation (CNEF) à travers la consolidation

des acquis et les réajustements nécessaires. Ce programme, d’une durée de trois

ans (2009-2012), vise « à consolider ce qui a été réalisé, et procéder aux

réajustements qui se posent, en veillant à une application optimale des orientations

de la Charte Nationale de l’Education et de Formation »7. La généralisation de la

scolarisation et l’amélioration de la qualité de l’enseignement et du rendement du

système éducatif sont au cœur du programme. 23 projets ont ainsi été identifiés

pour accélérer la mise en œuvre de la réforme sur les 4

espaces déterminants identifiés par le CSE :

6 Les six espaces de rénovation concernent l’extension de l’enseignement et son ouvrage à l’environnement

économique, l’organisation pédagogique, l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation, les ressources

humaines, la gouvernance, et le partenariat et le financement.

7 Discours Royal d’octobre 2007, cité dans CSE (2008 : 50).

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Espace 1 : Rendre effective l’obligation de scolarité jusqu’à l’âge de 15 ans

• Projet 1 : Développement du préscolaire • Projet 2 : Extension de l’offre d’enseignement obligatoire • Projet 3 : Mise à niveau des établissements • Projet 4 : Egalité des chances d’accès à l’enseignement obligatoire • Projet 5 : Lutte contre le redoublement et le décrochage • Projet 6 : Développement de l’approche genre dans le Système d’Education et de Formation • Projet 7 : Equité en faveur des enfants à besoins spécifiques • Projet 8 : Amélioration du dispositif pédagogique • Projet 9 : Amélioration de la qualité de la vie scolaire

• Projet 10 : Mise en place de « l’école du respect » Espace 2 : Stimuler l’initiative et l’excellence au lycée et à l’université

• Projet 11 : Mise à niveau de l’offre du secondaire qualifiant • Projet 12 : Promotion de l’excellence • Projet 13 : Amélioration de l’offre d’enseignement supérieur

• Projet 14 : Promotion de la recherche scientifique Espace 3 : Affronter les problématiques transversales du système

• Projet 15 : Renforcement des compétences des personnels de l’enseignement • Projet 16 : Renforcement des mécanismes d’encadrement, de suivi et d’évaluation • Projet 17 : Optimisation de la gestion des ressources humaines • Projet 18 : Parachèvement de la mise en œuvre de la décentralisation/déconcentration

et optimisation de l’organisation du Ministère • Projet 19 : Planification et gestion du Système d’Education et de Formation • Projet 20 : Maîtrise des langues

• Projet 21 : Mise en place d’un système d’information et d’orientation efficient Espace 4 : Se donner les moyens de réussir

• Projet 22 : Optimisation et pérennisation des ressources financières

• Projet 23 : Mobilisation et communication autour de l’école

4. La vision stratégique 2015-2030 :

La vision stratégique 2015-2030 constitue une nouvelle vision stratégique de

la réforme éducative. Elle est impulsée par les « dysfonctionnements chroniques

que le Conseil a relevés dans le rapport établi par l’Instance Nationale d’Evaluation

à propos de « la mise en œuvre de la Charte Nationale d’éducation, de formation et

de recherche scientifique 2000 – 2013 : les acquis, les déficits et les défis.»

(CSEFRS, 2014).

Avant la création du CSEFRS8 en 16/05/2014 conformément au nouveau

statut du conseil, les deux ministères (MENFP9, MESRSFC10) ont lancé les

consultations élargies (101 785 Participants au niveau du MENFP) auprès des

acteurs au niveau central et régional. Ces consultations ont permis de dégager les

idées et les recommandations souhaitées pour une école répondant aux besoins de

la société sur le plan équité, qualité et promotion. Comme ces recommandations

sont nombreuses, il fallait procéder à leur classification et priorisation. Ce qui a

8 Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique 9 Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle 10 Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation des Cadres

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abouti à la proposition des axes des projets à mettre en œuvre pour atteindre les

objectifs tracés par la vision stratégique.

Les projets approuvés de la vision stratégiques 2015-2016 sont :

Source (MENFP, 2016)

5- Les structures et les instances

a. Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche

scientifique

Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche

scientifique est créé conformément à l’article 168 de la Constitution marocaine

2011. Il constitue « une instance consultative chargée d'émettre son avis sur toutes

les politiques publiques et sur toutes les questions d'intérêt national concernant

l'éducation, la formation et la recherche scientifique, ainsi que sur les objectifs et

le fonctionnement des services publics chargés de ces domaines. Il contribue

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également à l'évaluation des politiques et programmes publics menés dans ces

domaines » Article 168. Cette instance indépendante et consultative a pour

vocation d’approfondir la réflexion sur les différents aspects de l’éducation, de la

formation et de la recherche scientifique et d’aider les décideurs et les acteurs à

travers des évaluations. Le conseil est composé des membres ayant la qualité

experts et spécialistes et des membres représentant le gouvernement, les

organismes, du parlement et des établissements de l’éducation et de la formation.

Le conseil est présidé par un président nommé par le roi pendant 5 ans non

renouvelables.

b. Ministère de l’éducation nationale et de la formation des cadres

Le Ministère de l’éducation nationale et de la formation des cadres est

chargé, selon le premier article, d’élaborer et de mettre en œuvre de la politique du

gouvernement dans tous les cycles de l’enseignement (préscolaire, primaire,

secondaire collégial, secondaire qualifiant, les BTS, les classes préparatoires, les

CRMEF11. Il est chargé du contrôle des établissements privés et de l’élaboration

des politiques de l’éducation pour les enfants non scolarisés ou déscolarisés.

L’organisation du ministère en organigramme permet la répartition des tâches

administratives, pédagogiques et financières au niveau central (directions

centrales), régional (les académies régionales de l’éducation et de la formation),

provincial (les directions régionales) et local (les établissements scolaires).

Académies Régionales d’Education et de Formation (AREF)

L’Académie Régionale d’Education et de Formation est un établissement

public, régit par la loi 07.00, doté de la personnalité morale et de l’autonomie

financière. Elle est placée sous la tutelle de l’Etat qui est exercée par l’autorité

gouvernementale chargée de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de

la formation des cadres et de la recherche scientifique. Elle est également soumise

au contrôle financier de l’Etat applicable aux établissements publics conformément

à la législation en vigueur. Il existe 12 AREF à raison d’une AREF par région du

Royaume.

11 Les CRMEF (Centres Régionaux des Métiers de l’Education et de la Formation)

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Les directions provinciales constituant les services provinciaux des

AREF,

La direction provinciale est un service déconcentré de l’AREF. Elle participe

à la mise en œuvre et au suivi de la politique de l’Etat et de des directives de l’AREF

dans les domaines de l’enseignement préscolaire, de l’enseignement fondamental,

de l’enseignement secondaire, de la lutte contre l’analphabétisme et de l’éducation

non formelle…les services dépendants de la direction provinciale ont pour

mission :

- la gestion des ressources humaines ;

- les affaires pédagogiques assurées par les inspecteurs ;

- la planification et l’orientation ;

- les affaires administratives et financières ;

- les bâtiments, équipements et patrimoine ;

- l’alphabétisation et l’éducation non formelle.

Les établissements scolaires et les conseils

L’enseignement scolaire public (95% des effectifs scolarisés) comprend le

cycle préscolaire et primaire (6 ans), le cycle secondaire collégial (3 ans) et le cycle

secondaire qualifiant (3ans). La gestion de l’établissement est assurée par le

directeur aidé par un staff administratif et les conseils d’établissements scolaires

(le conseil de gestion, le conseil pédagogique, les conseils d’enseignement, les

conseils de classes).

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Scolarisation des enfants

Selon le Haut-commissariat au plan, le taux de scolarisation des élèves âgés

de 7 à 12 ans a augmenté ces dernières années passant de 80,4% en 2004 à 94,5%

en 2014. Cette progression « est plus marquée en milieu rural et parmi les filles. En

effet, il est passé de 68,9% à 91,4% dans ce milieu et de 77,5% à 93,9% parmi ces

dernières. A noter à cet égard, l’augmentation remarquable de la scolarisation des

filles rurales avec un taux qui est passé de 63% à 90% entre 2004 et 2014 ». (Haut-

Commissariat au Plan, 2014) .

Niveau d’étude de la population âgée de 25 ans et plus

Selon les données du recensement de 2014, le niveau d’instruction de la

population âgée de 25 ans et plus est :

Niveau d’instruction Total Urbain Rural

Aucun 45,00% 32.6% 66.4%

Niveau d’enseignement primaire 21.20%

Niveau d’enseignement collège 12.30%

Niveau d’enseignement lycée 10.20% 26.2% 4.3%

Niveau d’enseignement supérieur 8.00%

Au niveau régional, des disparités sont constatées : la région Laayoune-

Sakia Hamra dépasse la moyenne nationale (30.4%) avec un taux (40,1%), suivi du

Grand Casa-Settat (39,3%), puis Rabat-Salé-Kenitra (37,1%). Ce taux est plus

faible dans les régions de Marrakech-Safi (23,3%), Sous Massa (23,5%), Daraa-

Tafilalt (24,4%) et Béni Mellal-Khénifra (24,7%).

Famille et éducation

La famille et le quartier joue un rôle déterminant dans l’éducation des enfants

marocains. Les changements qui ont affectés la société marocaine, et qui sont dus

à l’urbanisation moderne, à la participation de la femme à la vie active, à la

croissance de la scolarisation surtout des filles, au mode de vie…etc. ont pour

conséquence l’institution de la famille nucléaire. L’éducation moderne se

développe au détriment de l’éducation traditionnelle et un mode de relation sociale

s’installe. A ceci s’ajoute l’introduction des médias (les programmes de télévision

en prennent 43,6% avec une moyenne de 3h00 par jour) dans les foyers où presque

tous les membres de la famille sont connectés ailleurs (5% destinés aux échanges

sur les réseaux sociaux). Et pourtant, le modèle d’éducation répandu se réfère aux

habitudes et rapports sociaux dominants dans la société traditionnelle : les familles

nucléaires fonctionnent en réseaux, le rôle central du père et les tâches assignées à

la mère dans le foyer, la recherche de la proximité parentale, le rôle du quartier

dans l’éducation et la socialisation des enfants. « L’éducation et la socialisation de

nos enfants (7 à 14 ans) sont dominées par le rôle de la famille et des lieux publics

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dont l’espace prend respectivement 60,6% et 22% de leur vie, en dehors du

sommeil. Le rôle de l’éducation formelle en occupe 15,7% renforcé par un

accompagnement parental pour 20% des enfants à raison d’1h04mn par jour en

moyenne. » (Haut Commisariat au Plan, 2014).

Source MEN 2004

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Les établissements scolaires privés :

Le secteur scolaire privé est composé des établissements nationaux scolaires

et des établissements des missions culturelles étrangères

o des établissements nationaux scolaires ou universitaires12

o des établissements des missions culturelles étrangères,

notamment françaises, belges et espagnols…

L’Etat encourage le développement du secteur privé car il offre un service que

l’Etat est incapable d’assurer intégralement. Le pourcentage des inscrits au cycle

primaire est de l’ordre de 81%, 8% dans l’enseignement collégial et 11% dans

l’enseignement secondaire qualifiant. Toutefois, les élèves inscrits appartiennent à

des familles aisées, ou par un sacrifice familial pour assurer la scolarité de leur (s)

enfant (s). Les établissements sont financés par des fonds privés et à but

exclusivement lucratif. « Le fait que les écoles publiques dispensent trop souvent

une éducation de faible qualité conjugué avec le fait que les écoles privées sont

coûteuses mais permettent de donner beaucoup plus de chances de réussite scolaire

et sociale, met en relief le degré d’iniquité éducative et sociale existante.

L ́existence d ́un système éducatif dual aux différences tellement marquées n ́est

pas seulement une injustice sociale mais un réel handicap au développement

économique et social national, à la cohésion sociale, et à la démocratisation.

L ́expansion du secteur privé que préconise le Plan d ́Urgence en consacrant des

fond publics à celui-ci doit être faite en prenant soin de ne pas circonvenir le

concept d’égalité des chances car, sinon, elle ne fera que perpétuer et accentuer la

polarisation déjà existante. » ». (Tawil, Cerbelle, & Alama, 2010, p. 49)

Les CRMEF (Centres régionaux des métiers de l’Education et de la

Formation)

Les Centres Régionaux des Métiers de l’Education et de la Formation

(CRMEF)13 sont des établissements de formation des cadres supérieurs sous la

tutelle du Ministère de l’Education Nationale et de la formation Professionnelle

(MENFP). Actuellement, ils sont au nombre de 11, répartis sur les 12 régions du

Royaume. Dans chaque CRMEF existe des annexes et des antennes (Fusion : Ex-

12 Les textes qui prévoient la création et le mode de gestion de ces écoles sont les suivants :

Dahir portant statut fondamental de l'Enseignement scolaire privé

Décret d'application de la loi 06.00 relatif au statut fondamental de l'Enseignement scolaire privé

Décret N° 1538.03 fixant la liste des documents à fournir par les directeurs et les enseignants exerçants

dans les établissements de l'Enseignement scolaire privé

Arrêt du Ministre de l'Education Nationale N°1539.03 fixant les modalités d'octroi de l'autorisation

d'ouverture d'un établissement du préscolaire à distance et par correspondance

13 Les CRMEF sont créé selon le décret 2.11.672 du 27 Moharram 1433 (23 décembre 2011) concernant la

création et l’organisation des centres régionaux pour les métiers de formation et d’éducation et publié dans le

Bulletin officiel numéro 6018 du 9 rabii 1er 1433 (2 février 2012).

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CPR, Ex-CFI). Les CRMEF fonctionnent en réseaux à l’échelle nationale et

régionale.

Les missions des CRMEF sont selon le décret qui les organise :

La qualification des professeurs (es) stagiaires (es) dans les différents

cycles de l'enseignement ;

La préparation des candidats et des candidates, ayant un master, au

concours d’agrégation ;

La Formation des cadres administratifs (es) pédagogiques et des cadres

d’appui pédagogique et social ;

La formation continue du personnel du Ministère de l’Education Nationale

et la Formation Professionnelle (MENFP);

La recherche scientifique pédagogique ;

L’établissement des conventions de partenariat et de coopération dans le

domaine de la formation des cadres avec des organismes et des

établissements publics ou privés, nationaux ou internationaux.

Centre de Formation des Inspecteurs de l’Enseignement (CFIE)

Le CFIE, créé en 1969 à Rabat, est un établissement placé sous tutelle du

ministère de l’éducation nationale a pour mission la formation et la qualification

des inspecteurs du cycle primaire et du cycle secondaire. La formation dure deux

ans et le recrutement se fait par concours destinés aux cadres du MEN.

Centre d’Orientation et de Planification de l’éducation (COPE)

Le COPE, créé en 1961 à Rabat, est un établissement placé sous tutelle du

ministère de l’éducation nationale a pour mission la formation et le

perfectionnement des cadres de l’orientation et de la planification de l’éducation.

Selon le profil souhaité par le candidat, deux cycles de formation, d’une durée de

2 ans, sont proposés au cadres du MEN après la réussite du concours d’entrée :

Un cycle de formation des conseillers en orientation ou en planification de

l'éducation.

Un cycle de formation des inspecteurs en orientation ou en planification de

l'éducation ouvert aux conseillers.

c. Ministère de l’enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de

la Formation des Cadres

Le Ministère de l’enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de

la Formation des Cadres est chargé, selon le premier article organisant

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l’enseignement supérieur, d’élaborer et de mettre en œuvre de la politique du

gouvernement dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche

scientifique. Il est chargé d’élaborer des plans et des projets relatifs au

développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans les

cycles de l’enseignement supérieur basé sur le système L.M.D (Licence, Master et

Doctorat). Le nombre d’années par cycle est comme suit : Licence: Bac + 3 ans,

Master : Bac + 5 ans, Doctorat: Bac + 8 ans.

L’enseignement supérieur est composé de deux principales entités :

les universités et les établissements dépendants (facultés et institutions

spécialisées) ;

les établissements non dépendants de l’université (les écoles

d’ingénieurs, les institutions de la formation des cadres)

L’enseignement universitaire est caractérisé par une la formation modulaire (6

modules par semestre).

d. L’éducation non formelle

Selon le Haut-Commissariat au Plan « en 2014, le Maroc compte 8,6 millions

d’analphabètes contre 10,2 millions en 2004, ce qui correspond à une baisse de

18,7%. Le taux d’analphabétisme s’établit ainsi à 32% contre 43% dix ans plus

tôt. Cette baisse a été plus marquée en milieu rural et parmi les hommes. En effet,

entre 2004 et 2014, ce taux a baissé de 6,9% en milieu urbain et de 21,2% en milieu

rural. De même, il a baissé de 17,5% pour les hommes et de 14,6% pour les

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femmes. » (Haut-Commissariat au Plan, 2014). Les régions les plus touchées sont

Béni Mellal-Khénifra (38,7%), Marrakech-Safi (38,0%), Fès-Meknès (35,2%),

Draa-Tafilalet et Souss-Massa Draa (34,0%). Par contre ce taux est inférieur dans

d’autres régions : Layoune-Sakia El Hamra (20,3%), Dakhla-Oued Eddahab

(23,9%) et du Grand Casablanca-Settat (25,4%).

Pour donner une deuxième chance aux enfants non scolarisés ou déscolarisés

d’être (ré) insérés dans l’école formelle, ou dans la formation professionnelle, ou

dans la vie active, le ministère de l’éducation nationale a créé la direction de

l’Education Non Formelle en 1997. Le programme de formation est assuré par les

organisations gouvernementales et non gouvernementales, les collectivités locales,

les institutions économiques et sociales signataires du partenariat avec le ministère

de l’Education Nationale. Le programme est conçu pour répondre aux besoins des

élèves tenant compte de leur profil d’entrée. Le volume horaire hebdomadaire est

de 6 H à 24 H, avec une durée d’une à trois ans. Au début de son lancement, le

programme ciblait les enfants de 8 à 15 ans. Actuellement, il a évolué « pour

répondre aux changements tant au niveau socioéconomique qu’au niveau des

caractéristiques démographiques (prédominance des 13 ans et plus parmi les non

scolarisés), des besoins et attentes des enfants et jeunes (insertion dans la formation

professionnelle et initiation aux métiers) pour favoriser leur employabilité »

(FARIBI & WAFI, 2016).

Evolution des effectifs des bénéficiaires et des partenaires 2009/2014 (MENFC, 2014)

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7. Situation sociale et enseignement en chiffre

1. Statistiques (Haut-commissariat au plan 2016)14 sur la vie sociale

Population légale au Maroc : 33 848 242.00

Taux d'activité15 : 70.90% Homme, 23.40% Femme / 41.00% (Urbain),

54.70% (Rural). 4.30% Sans diplôme, 15.30% ayant un diplôme : niveau

moyen, 21.80% Ayant un diplôme : Niveau supérieur.

Emploi : 37.7% Agriculture et forêt et pêche, 21.3% Industrie (y compris

bâtiment), 40,9 % services.

Taux de chômage16 : 9,6 %Masculin 11,2 % Féminin / Ensemble 10,0%.

14,60 % (Urbain), 4,50% (Rural)/ Ensemble 10,0%.

Analphabétisme (population âgée de 10 ans)

o 30,80 % Masculin, 54,70 % Féminin (2004) / Ensemble : 43.00 %

o 41,00 % Masculin, 67,00% Féminin (1994) / Ensemble : 55.00 %

o 51,00 % Masculin, 78,00% Féminin (1982) / Ensemble : 65.00 %

Ratios économiques en pourcentage (Base 1998)

o Taux d’investissement : 23,4% (1998), 27,50% (2005), 30.9% (2010)

o Taux d'épargne : 24,8% (1998), 28,7% (2005), 29,2% (2010)

o Dépenses de consommation finale des ménages /PIB : 61,00% (1998),

57,5% (2005), 57,3% (2010)

o Dépenses de consommation finale des Administrations Publiques

/PIB : 16,7 % (1998), 19,4% (2005), 17,5% (2010)

o Importations des biens et services/PIB: 28,1 % (1998), 37,9% (2005),

42,9% (2010)

o Exportations des biens et services/PIB: 24,4 % (1998), 32,3% (2005),

33,00% (2010)

14 Site du Haut-commissariat au plan Maroc : http://www.hcp.ma/ 15 Le taux d’activité indique la part des personnes actives dans la population totale. Il est calculé en rapportant

l'effectif des actifs à celui de la population totale. 16 Le taux de chômage exprime la part des chômeurs dans la population active âgée de 15 ans et plus. Ce taux est

obtenu par le rapport de l'effectif des chômeurs à celui des actifs âgés de 15 ans et plus.

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2. Statistique scolaire (MEN 2014/2015 et 2015/2016) en %

Préscolaire Milieu Sexe 2014-15 2015-16

Taux spécifique de scolarisation

(4-5 ans)

Urbain Garçons 61,60 55,70

Filles 59,30 54,00

Total 60,30 54,90

Rural Garçons 45,80 35,70

Filles 24,30 19,90

Total 35,30 27,90

Total Garçons 54,30 46,90

Filles 43,90 38,90

Total 49,20 43,00

Cycle primaire

Taux spécifique de scolarisation

(6-11 ans)

Milieu Sexe 2014-15 2015-16

Urbain Garçons 93,60 96,20

Filles 92,70 95,60

Total 93,10 95,90

Rural Garçons 98,70 100,10

Filles 95,40 97,30

Total 97,10 98,70

Total Garçons 95,90 97,90

Filles 93,90 96,30

Total 94,90 97,10

Part des élèves enseignement. privé Total 15,20 15,90

Cycle secondaire collégial

Taux spécifique de scolarisation

(12-14 ans)

Milieu Sexe 2014-15 2015-16

Urbain Garçons 96,50 98,30

Filles 95,90 97,50

Total 96,20 97,90

Rural Garçons 80,60 82,30

Filles 67,20 68,80

Total 74,10 75,70

Total Garçons 89,40 91,30

Filles 83,30 84,90

Total 86,40 88,20

Part des élèves enseignement. privé Total 8,50 8,90

Cycle secondaire qualifiant

Taux spécifique de scolarisation

(15-17 ans)

Milieu Sexe 2014-15 2015-16

Urbain Garçons 96,40 87,60

Filles 88,40 86,20

Total 92,40 86,90

Rural Garçons 52,30 47,80

Filles 29,90 29,50

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Total 41,20 38,80

Total Garçons 77,10 70,00

Filles 63,00 61,20

Total 70,10 65,60

Part des élèves enseignement privé Total 8,80 9,10

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