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Numéro 3, août 2014
Point fortL’exploitationdans le mondeBrésilRetour sur le Mondial Le magazine de
Esther MaurerDirectrice de Solidar Suisse
2 éDITORIAL
Chère lectrice, cher lecteur,Ne nous voilons pas la face! Pour certaines personnes, la mondia lisation reste un gros mot et la cause de tout ce qui va mal sur notre planète. Pourtant, même celles et ceux qui le pensent profitent de nos aéroports internationaux et des multiples facettes du tourisme, de possibilités de consommation variées et de produits importés à bas prix, ainsi que de l’accès avantageux et quasi permanent à l’information et à la technique de communication que cela suppose. Tout cela fait aussi partie de la mondialisation.
Et nous, en Suisse, nous trouvons, pour la plupart, du côté des gagnants. Alors que la mondialisation offre de nouvelles chances aux personnes bien formées, une majorité de nos emplois non qualifiés disparaît, car les sites de production de nombre de grandes entreprises sont délocalisés vers des pays à bas salaires. Les marchandises, la maind’œuvre et le capital sont mobiles.
Trop souvent, le respect de l’être humain et de l’environnement ne suit pas. Et même si davantage d›entreprises s’engagent pour un développement durable et assument leurs responsabilités sociales, pas uniquement pour des raisons de marketing
mais aussi par discernement et sens de l’éthique, il y a toujours dans le monde une multitude de personnes morales et physiques qui rabaissent sans scrupules, et par pure cupidité, d’autres personnes – en les exploitant de manière abjecte.
Solidar Suisse milite en faveur d'une société civile forte, ainsi que pour des structures démocratiques protégeant les ci toyennes et garantissant une stabilité institutionnelle.
Avec votre soutien, nous luttons pour un travail décent couvrant les besoins vitaux,
afin que la mondialisation ne soit pas synonyme de pauvreté dans le Sud, mais d’opportunité de nouveau départ. Esther Maurer
29.05.2014Une ONG suisse proteste contre la FIFAAfin de dénoncer la décision de la FIFA d’interdire aux vendeurs de rue d’écouler leurs produits aux abords des stades, Solidar Suisse a lancé une campagne.La FIFA a réagi contre ces critiques. Elle a annoncé un «dispositif d’accré ditation» en faveur des vendeurs de rue. Selon elle, jusqu’à 3000 vendeurs de vraient prendre part à ce programme. Ils ne pourront toutefois vendre que des produits autorisés et sponsorisés.Pour Solidar, ces mesures «symboliques» ne suffisent pas. Environ 100 000 vendeurs de rue restent bannis du Mondial.Source: ATS – Agence télégraphique suisse.
25.05.2014Blatter tacle les vendeurs de rueLe point commun entre Zinédine Zidane et Sepp Blatter?Ils ont tous les deux commis de très vilaines fautes sur leurs adversaires. Un coup de boule devenu légendaire pour le premier et un tacle assassin, les deux pieds en avant, sur un vendeur de rue brésilien, pour le président de la FIFA. C’est en tout cas le point de vue de l’ONG Solidar Suisse, dans une vidéo mise en ligne hier.L’ONG dénonce les contrats d’exclusivité de la FIFA avec des grandes marques de sport, de sodas et de bières. Ils priveront près de 100 000 vendeurs de rue de gagnepain durant la compétition.
03.06.2014Brésil: peur sur le Mondial?Le Mondial estil menacé? A 10 jours du coup d’envoi, les infrastructures brésiliennes font peur: stades inachevés, transports publics chaotiques et télécommunications défectueuses. A cela s’ajoute une colère populaire et des manifestations pour dénoncer les milliards dépensés pour la compétition. Estil décent d’organiser le Mondial dans un pays où les inégalités sont si criantes?Débat demain soir avec notamment Mathias Reynard (conseiller national PS), Alexandre Mariéthoz (porteparole de Solidar Suisse), Philippe Leuba (conseiller d’Etat VD) et Michel ZenRuffinen (ancien secrétaire général de la FIFA).
srf 1
REvUE DE pREssE
Editeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, Email: [email protected], www.solidar.ch CP 10147399 Lausanne. Membre du réseau européen SolidarRédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Eva Geel, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger
Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil VoicesTraduction:Carol Le Courtois, Interserv SA Lausanne, JeanFrançois ZurbriggenCorrection: Jeannine Horni, Carol Le CourtoisImpression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 SchaffhausenParaît quatre fois par an. Tirage 37 000 ex.
Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé et respectueux de l’environnement.
Page de titre: Ouvrière dans une fabrique de tabac au Mozambique. Photo: Jürg Gasser. Dernière page: Signez la pétition pour interdire un produit cancérigène en Chine! Photo: Ming Pao.
pOINT DE vUELes investissements chinois en Afrique contribuent à l’essor économique et à l’exploitationdes travailleuses et des travailleurs. 13
pORTRAITAu Burkina Faso, Germaine Ouedraogo apprend le français à des adultes. Elle les rend ainsi plus autonomes. 18
ACTUALITé Solidar part en campagne contre les tacles de la FIFA lors du Mondial. Au Brésil, un passionné de foot ne reconnaît plus son pays.
pOINT FORTBas salaires, horaires démentiels, graves périls pour la santé:les ouvriers et ouvrières du Sud paient le prix fort pour nos produits bon marché. 4
IMpREssUM
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pOINT FORT Conditions de travail dans une économie mondialisée 4 Délocalisation de la production: produits bon marché au Nord, exploitation dans le Sud 6 El Salvador: dans les zones de libreéchange, la lutte syndicale peut aboutir à un licenciement 8 Chine: les intoxications au benzène sont fréquentes. Et les victimes ne sont pas indemnisées. 10 pOINT DE vUE Eddie Cottle, du syndicat international IBB, sur le rôle des entreprises de construction chinoises en Afrique 13 ACTUALITé Comment un Brésilien fou de foot a vécu le dernier Mondial 14 Campagne réussie de Solidar contre les tacles de la FIFA 15 CHRONIQUE 11 CONCOURs 16 BRÈvEs 12+17 pORTRAIT Burkina Faso: Germaine Ouedraogo aide les paysannes à participer à la vie publique 18
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4Aucune protection contre les vapeurs toxiques: une réalité quotidienne dans les petits ateliers au Pakistan.
Les pays industrialisés ont massivement délocalisé leur production dans des pays en développement. Les ouvriers et ouvrières y travaillent, le plus souvent pour des multinationales, dans des conditions inhumaines: salaires de misère, semaine de 70 heures, graves périls pour la santé. La plupart d’entre eux n’ont ni contrat, ni couverture sociale.Plongée dans cet enfer, au Salvador, en Chine et dans plu sieurs pays africains. Photo: Usman Ghani
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pOINT FORT
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Délocalisation et précaritéQue s’estil donc passé en trois décennies? A une vitesse inouïe, la production industrielle a été délocalisée des pays industrialisés prospères vers les pays en développement. Aujourd’hui, 80% des salariées de l’industrie travaillent dans les pays à bas revenus et dans des conditions très précaires.Il suffit de penser au Rana Plaza, au Bangladesh. Construit à peu de frais, le bâtiment s’est effondré en 2013, ensevelissant plus d’un millier d’ouvriers et d’ouvrières du textile sous ses décombres. Cette catastrophe, causée par la cupidité humaine, a fait la une des journaux même dans notre pays. En effet, les consommateurs et consommatrices comprennent, peu à peu, que les produits bon marché vont de pair avec des salaires de misère et des conditions de travail inhumaines.
En 1980, j’avais sept ans. Pour mon anniversaire, j’ai demandé une tenue de mon club de football fétiche: les Young Boys. A l’époque, les vêtements devaient être fabriqués en Europe, car la moitié de la maind’œuvre industrielle mondiale se répartissait entre l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon. A présent, c’est mon fils de sept ans qui est fan de foot. Avant la Coupe du monde, il nous a demandé le maillot de l’équipe d’Allemagne et nous avons volontiers exaucé son vœu. Bien entendu, son cadeau provenait d’un pays du Sud, d’Indonésie en l’occurrence. J’ai demandé à la vendeuse si le magasin proposait aussi des articles portant un label bio, équitable ou excluant le travail des enfants. A son regard aussi surpris qu’interrogatif, j’ai compris que les conditions dans lesquelles un Tshirt était produit lui importaient peu. Je me suis donc empressé de payer et de partir.
Hit-parade de l’horreurLa palette des problèmes est vaste: absence de normes du travail, nonrespect de la liberté d’association, conditions de travail dangereuses, malsaines, voire mortelles, travail des enfants, harcèlement sexuel, etc. Dans son indice des droits dans le monde, qui analyse la situation des travailleurs et des travailleuses sur toute la planète, la Confédération syndicale internationale (CSI) a récemment attiré l’attention sur les revers de la mondialisation. Le bilan est éloquent: dans 35 pays, des salariées ont été arrêtés ou jetés en prison pour avoir osé revendiquer des droits démocratiques, des salaires décents, la sécurité au travail et la sécurité de l’emploi. Dans neuf pays, l’assassinat et les déplacements forcés ont figuré dans la panoplie utilisée pour intimider la maind’œuvre. Dans 53 pays, les salariées ont été soit licenciés,
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ContrE laPaUvrEté, Untravail DéCEntDepuis environ 30 ans, les entreprises délocalisent leur production. Le Nord profite ainsi de produits bon marché. Au détriment des salariées du Sud.Texte: Felix Gnehm. Photos: Jürg Gasser, Désirée Good, Usman Ghani
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soit suspendus, pour avoir voulu négocier de meilleures conditions de travail. Enfin, dans 87 pays, les lois et les pratiques excluent certains groupes d’employées du droit de grève.A l’inverse, les entreprises jouissent d’un pouvoir sans pareil. Le chiffre d’affaires d’IBM, de Sony ou de General Motors, par exemple, dépasse les résultats économiques des pays de taille moyenne. Ces sociétés sont, dès lors, en mesure de modifier le cadre général à leur propre avantage. En l’absence de dispositions légales protégeant la maind’œuvre, les viola tions des normes du travail prennent des proportions graves, comme l’illustre l’indice du CSI. Ce constat contredit d’ailleurs nettement les louanges que la Banque mondiale tresse, dans son récent rapport Doing Business, à des «paradis de l’investissement» comme la Malaisie, les Philippines ou le Cambodge.
Lutte pour un travail décentSolidar Suisse s’engage pour un travail décent, car c’est le meilleur moyen pour sortir de la pauvreté et de l’exploitation. Nous nous fondons en cela sur la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT): «Le travail décent signifie l’accès des femmes et des hommes à un travail productif, dans des conditions de liberté, d’égalité, de sécurité et de dignité
humaine. Il suppose des possibilités de travail productif qui fournissent un revenu juste, il implique la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale des travailleurs et de leurs familles.»Pour atteindre cet objectif, Solidar collabore avec diverses organisations: mouvements sociaux, syndicats, coopératives, organisations non gouvernementales (ONG) locales, mais aussi avec les patrons et leurs associations. Des entreprises suisses qui appliquent des normes exigeantes, dont Switcher, Remei SA, Hess Nature et workfashion.com, prouvent d’ailleurs qu’il est possible de fonctionner autrement. Les initiatives de groupes à intérêts multiples constituent aussi une solution. Syndicats, ONG et groupements locaux collaborent alors pour définir des codes de conduite et des plans d’action destinés à améliorer les conditions de travail.
ONG et patrons visionnairesReprésentant la société civile, Solidar Suisse demande non seulement le respect de normes minimales, mais aussi la mise en place d’une économie soucieuse des droits de la personne humaine et de
l’environnement. Dans ce sens, il incombe aux pouvoirs publics de soumettre leurs achats à certaines règles. Nos campagnes les y encouragent depuis des années.Dans les initiatives regroupant plusieurs acteurs, ce sont les ONG qui placent la barre le plus haut. Des directeurs gé
néraux visionnaires ont toutefois compris que, loin de vouloir nuire aux entreprises, elles visent plutôt à partager les responsabilités et à construire un avenir durable. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’émulation entre entreprises et ONG fasse avancer les choses. Mon rêve à moi, c’est de pouvoir un jour acheter, partout, des ballons et des chaussures de foot, ainsi que des maillots, qui auront été produits par des ouvriers et des ouvrières traités décemment: salaire suffisant pour vivre, sécurité au travail, horaires décents et absence de pollution.
Les gens commencent à comprendre que bon marché rime avec conditions de travail inhumaines.
Au Mozambique, en Bolivie ou au Pakistan, les conditions de travail sont des plus précaires dans l’industrie mondialisée.
La multinationale AVX/Kyocera fabrique des composants électroniques dans la zone franche de San Bartolo. Sise aux EtatsUnis, la société approvisionne des marques connues, comme Motorola, Nokia ou Robert Bosch, dont les produits sont également en vente en Suisse. Carolina Sagastume, 44 ans, est chargée de vérifier le bon fonctionnement des condensateurs. «Je travaille plus de huit heures par jour, avec une seule pause d’une demiheure. En travaillant 44 heures par semaine, je touche 250 dollars par mois. Les heures supplémentaires sont payées un dollar.»Carolina travaille depuis 23 ans pour l’entreprise qui s’est établie au Salvador en 1977 et n’a cessé de s’agrandir depuis: «Quand j’ai commencé, la maquiladora comptait un seul bâtiment. Aujourd’hui, il y en a sept, expliquetelle. Les employées n’ont cependant pas profité de ce succès économique.» Leonor Delgado travaille depuis 19 ans chez AVX/Kyocera pour un salaire de 250 dollars, dont elle consacre 1,50 dollar par jour pour les transports et le repas de midi. «L’ancienneté ne joue aucun rôle. Une personne qui a commencé ici il y a un mois gagne autant qu’une ouvrière qui a 30 ans d’expérience.»
Leonor compte parmi les femmes qui ont fondé en 2007 le syndicat SITRAVX (Syndicato de las trabajadoras de AVX), afin de lutter contre cette injustice et d’autres encore. «La seule chose que l’on nous a dite, c’est ‹Pensez à produire! Vous devez produire!›»
syndicat interditEn 2011, le Ministère du travail a abrogé l’autorisation accordée à SITRAVX. Sa décision a suscité de telles réactions qu’il l’a révoquée à la fin de l’année. AVX a interjeté un recours et, en 2013, un arrêt judiciaire a ordonné la dissolution de SITRAVAX, sous prétexte que le syndicat ne comptait pas assez de membres. Le juge compétent étant le père de l’avocat d’AVX, on peut supposer que la justice a été manipulée. Ce fut un coup terrible pour les quelque 2000 employées – surtout des femmes. Dans les zones franches du Salvador, les syndicats sont mal vus. Caméras et gardes armés exercent une étroite surveillance sur les lieux. Nul ne peut entrer ou sortir sans s’identifier et sans disposer de l’autorisation d’une des sociétés de la place. Seuls les récits des salariées
rendent compte des conditions de travail; aucune instance officielle ne vérifie le respect des normes du travail.Employant 81 000 personnes, le plus souvent non qualifiées, les maquiladoras constituent un facteur économique de poids et l’unique chance d’emploi pour nombre de femmes. Le Salvador ayant conclu plusieurs accords de libreéchange depuis le début du millénaire, sa production destinée à l’exportation, surtout dans le textile, a quadruplé. Le
secteur textile représente 44% des exportations nationales.
Chaleur sidéranteMelvin López, 30 ans, travaille depuis neuf ans pour AVX et œuvre au sein du syndicat, afin d’améliorer les conditions de travail dans l’usine. Parmi les principales revendications, il évoque les hausses salariales, car le salaire actuel ne suffit
pOINT FORT8
«Les conduites sont corrodées… qu’en est-il dans notre propre corps?»
Au Salvador, les multinationales sises dans les zones franches emploient surtout des femmes. Les conditions de travail y sont très précaires. Se syndiquer, c’est risquer le licenciement. Texte et photos: Raquel Cañas. Dessin: Alecus.
«voUs DEvEZ ProDUirE! ProDUirE!»
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pas pour couvrir les besoins de base. Selon une étude, il devrait en effet avoisiner 580 dollars. L’entreprise devrait par ailleurs se doter d’une crèche. Aux yeux du syndicaliste, les mauvaises conditions de travail sont dues à la volonté de faire des économies: «Comme il faut toujours réduire les coûts, un minimum de personnel doit produire un maximum. Je travaille dans l’atelier où les condensateurs sont durcis. L’opération se fait dans des fours et il fait très chaud. Comme il faut utiliser au mieux la place disponible, nous n’avons pourtant guère d’espace et la climatisation ne suffit pas pour rafraîchir l’air. C’est surtout en fin de journée que c’est pénible, car les moteurs des machines dégagent aussi de la chaleur.»
Tracasseries incessantesComme les chefs d’atelier touchent un bonus lorsqu’ils parviennent à réduire les coûts et à atteindre les objectifs de production, ils poussent les ouvrières et les ouvriers à bout: «Le syndicat a au moins obtenu qu’ils ne nous insultent plus. Mais si nous ne faisons pas ce qu’ils veulent, ils s’arrangent pour que nous perdions notre emploi», raconte Melvin López.En 2007, Marielos de Léon a ainsi été licenciée après 15 ans de service pour
avoir participé à la fondation du syndicat SITRAVX. «Nous nous sommes regroupés, car la protection de la santé fait défaut chez AVX, expliquetelle. Comme nous respirons divers produits chimiques, utilisés pour laver les composants électroniques, plusieurs collègues sont morts d’un cancer. Mais les maladies diagnostiquées ne sont pas reconnues comme professionnelles. Dans l’entreprise, nombre de conduites et d’appareils présentent des traces de corrosion et nous nous demandons ce qu’il en est dans notre corps. Nous voulons que l’entreprise mette à notre disposition des moyens de protection appropriés, tels des gants, des masques et des protègeouïe.»La syndicaliste critique le fait que l’entreprise n’investit que dans ses infrastructures, mais pas dans les salaires ni dans la protection des travailleurs et des travailleuses. «La société se porte on ne peut mieux. Elle alimente un vaste marché très rentable, est solvable et active dans le monde entier, s’indigne Marielos de Léon, qui n’est pas près de baisser les bras. Nous avons contesté la dissolution de SITRAVX en 2013. Nous poursuivons nos activités et revendiquons le droit des travailleuses et des travailleurs de s’organiser.»
Marielos de Léon et Melvin López veulent améliorer les conditions
de travail. Malgré les menaces de licenciement, Marielos poursuit
la lutte.
Le Salvador compte 16 zones franches, qui réunissent 200 entreprises étrangères exonérées de l’impôt et employant une maind’œuvre bon marché. Environ 70% d’entre elles sont des usines de textile, les 30% restants se répartissant entre les secteurs suivants: électronique, plastique, papier, chimie, agroindustrie et centres d’appel. Avec un appui financier de Solidar Suisse, FUNDASPAD (Fundación Salvadoreña para la Democracia y el Desarrollo Social) propose formation continue et assistance juridique aux syndicalistes, comme ceux de SITRAVX, afin de les aider à regrouper les salariées en vue d’améliorer les conditions de travail. www.solidar.ch/el-salvador-liste-des-projets.html
Zones franches
au salvador
* Une maquiladora, parfois abrégée maquila, désigne une usine en Amérique centrale qui produit des marchandises destinées à l’exportation à partir de composants importés, tout en bénéficiant d’une exonération d’impôts et de coûts salariaux minimaux.
Au moment d’intégrer son poste, Yi Yiting a été assailli par la puanteur qui allait marquer ses journées de travail. Un mélange insupportable de diluants et de peintures qui, combiné à la fumée et aux poussières des travaux de soudage, allait rendre chacune de ses respirations éprouvante. «Mais personne ne nous avait jamais parlé des risques pour la santé liés à notre activité», se rappelle Yi Yiting. Il a commencé à travailler en 2003 à Xiamen, comme machiniste pour China International Marine Containers (CIMC). Deux ans plus tard, du sang coulait dans sa bouche et des taches bleues apparaissaient sur sa peau. Une leucémie lui a été diagnostiquée. Yi Yiting n’a plus jamais été en mesure de travailler. Il avait alors tout juste 25 ans.
Un leurre totalLorsque Yi Yiting a pris conscience que sa maladie pouvait être liée à son travail, il a demandé un diagnostic au service compétent. Labour Action China (LAC), une organisation partenaire de Solidar, engagée depuis une décennie contre les
intoxications au benzène (voir page 20), l’a soutenu dans ses démarches. Car la leucémie de Yi Yiting est provoquée par le benzène, un solvant. Par le passé, le benzène était utilisé dans de nombreux secteurs d’activité, comme solvant et détergent; dans l’intervalle l’Europe et les EtatsUnis l’ont remplacé par des substances moins toxiques. Mais il reste très répandu dans l’Empire du Milieu. LAC s’engage donc pour interdire le benzène en Chine.Yi Yiting ne travaillait certes pas lui même avec des peintures et des solvants, mais son poste était à proximité immédiate de l’installation de peinture. Il n’y avait pas de paroi de séparation, ni de système d’aération, dans la halle de l’usine. Il a vécu une seule inspection officielle durant la période de deux ans où il a occupé ce poste. «La visite avait été préalablement annoncée et le management l’avait préparée en conséquence: lors du contrôle, il n’y avait pas de produits chimiques toxiques dans la halle et, au lieu des 140 containers produits normalement chaque jour, seuls 30 sortaient de l’usine.» On a ainsi fait croire aux autorités que les dispositions du droit du travail étaient respectées.
Lutte pour un dédommagementUne fois sa leucémie diagnostiquée, Yi King a dû lutter durant 22 longs mois avant la confirmation officielle que sa maladie était due à ses anciennes conditions de travail. Il a alors découvert que
CIMC avait soudoyé le service sanitaire compétent afin d’éviter que sa maladie soit reconnue comme professionnelle. Car cette reconnaissance est absolument nécessaire pour que Yi Yiting ait droit à un traitement et puisse exiger un dédommagement.LAC le soutient, tant financièrement que sur le fond, dans sa lutte pour des indemnités. C’est impératif, car un tel combat exige beaucoup de force et d’énergie. Une énergie que Yi Yiting n’a pas toujours: il a dû se soumettre à 28 chimiothérapies et, entretemps, les médicaments n’ont plus d’effet sur lui. Il apporte néanmoins son soutien à d’autres personnes aussi tombées malades à cause de leur travail, afin qu’elles obtiennent reconnaissance et dédommagement.Au grand dam des autorités chinoises. En mai dernier, elles ne l’ont pas laissé partir à Genève, où il voulait s’exprimer, dans le cadre d’une audition du comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, sur la situation du travail en Chine. Ce n’était pas une première: Yi Yiting subit de continuels harcèlements et pressions.
victimes invisiblesYi Yiting a enregistré 200 cas de travailleuses et travailleurs souffrant d’une intoxication au benzène. Des statistiques officielles sur les maladies dues à ce composé ne sont pas disponibles. Suki Chung, directrice de LAC: «Cinq millions d’ouvriers et ouvrières sont quotidienne
Yi Yiting souffre d’une leucémie, suite à une intoxication au benzène. Il continue de lutter pour obtenir une indemnisation.Texte: Swati Jangle. Photo: Jason Chan
QUanD lE travail tUE
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Votre contribution de 60 francs permet à l’organisation partenaire de Solidar, Labour Action China, de conseiller une ouvrière tombée malade afin qu’elle obtienne le droit d’être soignée.www.solidar.ch/chine
votre don compte
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ment exposés à des produits chimiques dans la province de Guangdong, le poumon industriel de la Chine. Le problème tient au fait que la plupart d’entre eux ne
sont pas conscients des dangers. Ils ignorent ce qu’est le benzène et les risques sanitaires qu’il fait encourir. Nombre d’employées concernés viennent des campagnes et sont très peu instruits. Lorsqu’ils tombent malades, ils ne pensent absolument pas à mettre leur travail en cause. Seules quelques personnes se font diagnostiquer. Les autres restent invisibles – et n’ont droit ni à un traitement ni à une indemnisation.»
Familles détruitesDans la plupart des cas, cette maladie du travail porte un coup terrible aux familles. Yi Yiting n’a, soudainement, plus été en
mesure de travailler; il a en outre reçu la facture astronomique de ses traitements. Sa famille a dû s’endetter. Pour pouvoir l’assister, sa femme a abandonné son emploi. «Ma mère s’est fait beaucoup de
souci après le diagnostic de ma maladie et a contracté une affection cardiaque», raconte Yi Yiting. «Mais nous n’avions pas d’argent pour la faire soigner dans un hôpital. Elle est décédée moins d’un mois plus tard.» La leucémie de Yi Yiting a détruit les moyens d’existence de toute sa famille. Mais il n’a pas perdu son énergie vitale pour autant. De victime, il est devenu militant.
An der WM sollen StrassenhändlerInnen ihre Waren rund um die Stadien nicht verkaufen dürfen.
«Les ouvriers et ouvrières ignorent ce qu’est le benzène et sa toxicité.»
Lorsque les élites économiques ont toute latitude pour appliquer les lois du marché, elles rabotent au maximum les coûts de production. Elles paient des salaires de misère et renoncent à préserver l’environnement. Lorsque les élites au pouvoir régissent les peuples en faisant fi des règles démocratiques, elles recourent à l’évasion fiscale pour amasser autant d’argent que possible sur des comptes étrangers. Dans nombre de pays du Sud, ces deux phénomènes s’additionnent, engendrant de lourdes conséquences: pauvreté généralisée et destruction rapide de l’environnement. Face à ces vents contraires, la coopération au développement est vouée à l’échec. L’ONU a compris qu’il ne sera possible d’atténuer la pauvreté, d’assurer à toutes et tous un accès à l’eau potable, d’éradiquer le travail des enfants et le travail forcé, qu’en changeant radicalement la donne. En élaborant l’agenda de l’après2015, elle tente, dès lors, de concilier les objectifs du développement avec des objectifs sociaux et environnementaux. Si les patrons versent des salaires décents à leurs employées, si les Etats touchent les impôts qui leur sont dus pour investir dans la formation, la santé et les infrastructures et, enfin, si l’Etat et les milieux économiques respectent les ressources naturelles, alors la coopération au développement aura le vent en poupe.L’après2015 mise sur ce changement. Reste à savoir s’il aura lieu, car il inquiète les tenantes du pouvoir…
Changer la donne
Yi Yiting fait partie des centaines de milliers de victimes d'une intoxication au benzol.
HansJürg FehrPrésident deSolidar Suisse
CHRONIQUE
une activité en lien avec l’économie informelle, par exemple comme employées de maison ou marchandes de rues. Ils n’ont, pour la plupart, aucune assurance sociale et travaillent dans des conditions très précaires. La recommandation de l’OIT constitue un pas substantiel dans la bonne direction.»En outre, l’OIT a réformé la convention de 1930 relative au travail forcé, afin de l’adapter aux défis actuels. «C’est un signal fort, déclare Zoltan Doka, en vue d’abolir cette forme particulièrement inhumaine d’exploitation.»www.solidar.ch/news
Kosovo: paiements directsgrâce au dialogueLe 4 avril 2014, le Ministère de l’agriculture kosovare a annoncé la mise en place d’un système de paiement direct pour les producteurs de lait. Ils bénéficieront chaque année de subventions à hauteur de 1,5 million d’euros, afin notamment d’améliorer la qualité du lait.La réussite du dialogue dans le secteur laitier, initié par Solidar en 2009, est à l’origine de ce nouveau système. Après des débuts laborieux, les efforts pour mettre d’accord les associations de laiteries, les producteurs de lait et le gouvernement ont conduit au développement d’une
stratégie sectorielle commune. Dans un premier temps, un contrôle de qualité a été établi. L’objectif consistant à instaurer des paiements directs est désormais atteint.www.solidar.ch/dialoguelaitier
12 BRÈvEs
Bolivie: le travaildécent se fait rareD’après les données officielles, le taux de chômage en Bolivie est tombé sous la barre des 5% au cours des dernières années. Cependant, malgré la croissance économique, les conditions de travail sont de plus en plus précaires, les écarts salariaux augmentent et les nouveaux emplois créés exigent peu de qualifications. Les petites et moyennes entreprises, en particulier, cherchent constamment à réduire le coût de la maind’œuvre grâce à la délocalisa tion de certaines activités.Environ 80% de la population active en Bolivie travaillent de manière informelle et dans des conditions précaires. 60% travaillent même dans des conditions très précaires, c’estàdire sans contrat en bonne et due forme, pour un salaire dérisoire et sans protection sociale. Rien que dans les agglomérations de La Paz/ El Alto, Cochabamba et Santa Cruz, le travail informel a augmenté de 30% au cours des 15 dernières années. Les femmes et les jeunes adultes sont particulièrement touchés par le chômage et la précarité.Solidar Suisse intervient en Bolivie en faveur de conditions de travail décentes. Notre ONG lutte aussi pour la création de nouveaux emplois garantissant un revenu suffisant pour vivre et incluant des prestations sociales.www.solidar.ch/travaildigne
L’Afrique à RiehenLe 24 mai 2014, Solidar a présenté, à Riehen, son travail au Burkina Faso. La place de la maison paroissiale a accueilli une trentaine de stands sur un marché africain, animé et coloré, organisé par la commune. Sur son stand, Solidar Suisse a exposé des tissus colorés, des coupe papier en bois, des nappes et des mangues séchées (voir prix du jeu en page 16). De nombreuses personnes sont venues flâner et observer les stands. Certaines ont fait des achats, tandis que d’autres ont voulu en savoir plus sur nos projets.
Depuis plusieurs années, Riehen apporte un soutien financier à l’éducation plurilingue au Burkina Faso. Solidar se réjouit de pouvoir présenter ses projets aux personnes qui nous soutiennent par le biais de leurs impôts.
Un signal fortcontre le travail forcéLe 11 juin 2014, deux documents décisifs ont été adoptés lors de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), à Genève.Pour la première fois de son histoire, l’OIT a voté une recommandation relative à l’économie informelle. Le document présente les mesures que les Etats membres peuvent prendre pour améliorer la situation professionnelle des personnes concernées. Zoltan Doka, directeur adjoint de Solidar Suisse: «Nous sommes très satisfaits de cette décision novatrice prise par l’OIT. La majorité des employées exerce
ZooM sUr lE rÔlE DE la CHinE En afriQUEL’action de la Chine en Afrique va du soutien à la lutte anticoloniale aux pires formes d’exploitation.Texte: Eddie Cottle, responsable de la campagne de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB)
Le nouveau quartier général de l’Union africaine, construit par une maind’œuvre chinoise, domine Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Un symbole du rôle grandissant de la Chine en Afrique. Les liens entre la Chine et l’Afrique sont profonds. La Chine a en effet grandement soutenu la lutte anticoloniale et a été le premier pays à encourager la mise en place de nouveaux Etats africains.
prise d’indépendanceLa Chine, dont l’économie connaît une croissance rapide, fournit des ressources énergétiques fiables. L’Afrique revêt donc une importance stratégique pour la Chine. En juillet 2012, le président Hu Jintao a garanti un crédit de 20 milliards de dollars pour les investissements et les infrastructures dans les pays africains. La Chine ne soumet ses crédits à aucune condition. Cela provoque des inquiétudes, notamment quant à l’éventuelle fin de la dépendance des pays africains, notamment visàvis des crédits de la Banque mondiale et du FMI – et donc visàvis de l’Europe et des EtatsUnis.
principal partenaire commercialEntretemps, plus de 2000 entreprises publiques chinoises se sont établies en Afrique. En 2011, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains
représentent 166 milliards de dollars et font de la Chine le principal partenaire commercial du continent africain. Il s’agit là d’un pas de géant puisqu’en 1999, ces échanges représentaient moins de deux milliards de dollars. Combinés à des investissements massifs, ils ont directement contribué à l’essor économique sans précédent de l’Afrique.Les entreprises chinoises publiques et privées s’imposent dans les secteurs de la construction et de l’infrastructure, aux dépens des entreprises européennes et sudafricaines. Il n’est pas rare que les offres des entreprises chinoises soient inférieures de 75% à celles des entreprises occidentales. Les ingénieures chinois perçoivent 130 dollars par mois, soit un sixième des salaires versés à leurs homologues angolais employés par des entreprises de construction européennes. En 2009, la part de marché des entreprises chinoises dans le secteur de la construction africain était supérieure de 36,6% à celle de la France, de l’Italie et des EtatsUnis réunis.
Un tableau très contrastéL’aspect positif de l'engagement économique de la Chine en Afrique se voit opposer une grande critique: la Chine se comporterait comme une puissance coloniale. L’absence de normes de travail,
notamment, est critiquée: contrats écrits inexistants, prestations sociales et salaires inférieurs au minimum légal. Mal gré les difficultés, les syndicats africains du bâtiment ont réussi à négocier des conventions collectives et à recruter des employées sur les chantiers de multinationales chinoises. Ainsi, début 2013, le syndicat ghanéen du secteur du bâtiment a conclu huit conventions collectives avec différentes entreprises chi noises; l'année précédente, en Ouganda, le syndicat idoine a recruté 200 femmes et 1600 hommes dans des filiales chinoises. La situation n’est pas identique dans tous les pays: en Tanzanie, les en treprises chinoises portent atteinte à la liberté d’organisation et au droit du travail, alors qu’en Namibie et en Zambie, les syndicats peuvent recruter des membres et conclure des conventions collectives. Dans ces deux pays, les activités syndicales sont soutenues par Solidar Suisse.Les syndicats africains du secteur du bâtiment ont, avec un certain succès, recruté des employées et entamé des négociations avec les entreprises de construction chinoises. Il reste cependant beaucoup à faire afin que toutes les entreprises chinoises respectent les droits syndicaux et du travail. www.bwint.org
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CoMME si lE MonDial n’avait Pas liEU
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Dans l'Etat fédéral du Piauí, Jessé Barbosa dirige le projet «Jeunes journalistes de radio en région semiaride» de l'institut Comradio Brasil – une initiative épaulée par l’ONG suisse Brücke • Le pont. La formation proposée doit permettre aux participantes d'aborder des sujets en rapport avec leur cadre de vie et d’en débattre, contribuant ainsi au développement socioéconomique de la région. Solidar collabore ponctuellement avec Brücke • Le pont. www.bruecke-lepont.ch
Comradio
Je me laisse gagner, moi aussi, par l’euphorie que suscite le Mondial. Mais ici, dans la région semiaride du Piauí, dans le Nordeste du Brésil, les standards que la FIFA a exigés pour ses stades sont délirants. Partout, je vois des hôpitaux mal équipés, un système éducatif défaillant à tous les niveaux, quasiment aucune offre culturelle et des quartiers d'habitation entiers privés d’électricité et d’eau potable. Cette réalité n'a rien à voir avec le Brésil montré à la télévision durant la Coupe du monde. C'est comme si ce Mondial n’avait pas lieu ici.
Un autre BrésilLe football provoque des émotions et peut rapprocher les cultures. Le peuple brésilien aime le football. Et la facette positive de ce sport, c'est de réunir les êtres humains et de procurer de la joie.Mais maintenant, alors que notre pays accueille le Mondial, il est encore plus évident que nous vivons ici dans un autre Brésil, proche et pourtant si éloigné du Brésil prospère. La pauvreté que nous
vivons dans notre région est le fait de l'être humain. Elle résulte de décisions de politiques animés par la cupidité. La pauvreté dans laquelle la population brésilienne est forcée de vivre – absence de services de base, prix exorbitant de l’eau – ne devrait pas exister. C’est frappant quand nous voyons le Brésil du Mondial.
Hommes «riches»Nous aurions les moyens de lutter contre la misère. Nous vivons dans une région chaude, peu arrosée et produisant peu de céréales. Mais on peut résoudre ces problèmes en stockant adéquatement
l'eau, en cultivant des variétés de céréales adaptées et en pratiquant un élevage d'animaux supportant le climat. On peut vivre ici: les hommes sont «riches», ils ont une culture solidement enracinée et vivante. Le Mondial les met en joie, mais ils se posent des questions: si le Brésil est capable de remplir les exigences de la Fifa, pourquoi n'avonsnous pas d’hôpitaux et d’écoles qui fonctionnent, avec un corps enseignant bien formé? Et pourquoi n’avonsnous pas de sécurité, d’accès à l'eau, à la terre et à l’électricité?Tout cela serait possible – si la volonté politique ne faisait pas défaut.
A Recife, des fans de foot passent devant
Rivaldo Barboza (45 ans), mendiant
depuis 10 ans. Photo réalisée par de
jeunes Brésiliens: www.solidar.ch/
photosimpressions
Comment un Brésilien, passionné de football et formant des jeunes à la communication sociale, atil vécu le Mondial dans son pays?Texte: Jessé Barbosa, Comradio. Photo: Carmerindo João
ACTUALITé 15
«La Fifa doit réagir. Faute de quoi, un désastre humain plus affreux frappera le Qatar.»
Les fautes brutales se suivent. Et, finalement, le président de la Fifa, Sepp Blatter, tacle si fort un vendeur de rue que sa marchandise vole dans tous les sens. C’est avec ce clip que Solidar a protesté contre les dérapages de la Fifa au Brésil. Car les préparatifs du dernier Mondial ont été marqués par des expulsions forcées et des atteintes aux droits humains. La Fifa a notamment interdit aux vendeurs de rue toute présence aux abords des stades, afin que les sponsors du Mondial, comme Budweiser et Adidas, puissent écouler leurs produits en toute quiétude. En revanche, les vendeurs de rue ont été expulsés, parfois très violemment, de leurs stands.
protestations massivesPeu avant le Mondial, Solidar Suisse a donc exhorté, une fois encore, la Fifa à lever cette interdiction. Notre campagne
de protestation a bien fonctionné: près de 16 000 personnes ont soutenu cette revendication en envoyant un courriel de protestation à Sepp Blatter; la vidéo de son tacle a été visionnée 100 000 fois en quelques jours; sur Facebook et Twitter, la campagne a touché un million de personnes environ.Mais les effets bénéfiques ont, malheureusement, été modestes. La Fifa a certes légèrement assoupli son interdiction: 3000 marchandes de rue environ ont pu vendre leurs produits. C’est, hélas, largement insuffisant, car 100 000 petits commerçants au moins étaient touchés par l’interdiction initiale de la Fifa. Une raison suffisante pour lancer une action de protestation supplémentaire: Solidar a donné la possibilité de pousser des huées sur son site
web. Près de 2000 personnes ont, ainsi, donné libre cours à leur colère. Nous avons transmis ces huées à l’organisation de M. Blatter, basée à Zurich.
Halte aux lois spéciales!Solidar maintient le cap: nous exigeons de la Fifa qu'elle intègre enfin une clause de durabilité dans les contrats passés avec les nations organisatrices, afin qu’elles soient tenues, d’une part, de respecter les droits humains et du travail et, d’autre part, de traiter décemment les marchandes de rue. La Fifa ne doit, en ou tre, plus faire adopter de lois spéciales
– autorisant par exemple la vente de bière. Joachim Merz, expert de la Fifa auprès de Solidar: «La Fifa doit enfin agir autrement. Faute de quoi, un plus grand désastre est à prévoir en 2018 en Russie, puis en 2022 au Qatar.» www.mondial-responsable.ch
Plus de 15 000 personnes ont participé à la campagne de Solidar contre les tacles de la Fifa au Brésil. Nous maintenons la pression.Texte: Eva Geel. Photos: Sabine Rock et Kampaweb
HUéEs ContrEla fifa
La vidéo de Solidar a montré le tacle terrible de la Fifa (en haut). 2000 huées, en partie enregistrées sur la Paradeplatz (à gauche), ont traduit l'exaspération des gens.
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16 CONCOURs
LE jEU DE sOLIDAR
1. En Afrique du Sud, des syndicats de la construction ont pu négocier de tels contrats avec quelques entreprises chinoises.
2. Production qui, durant les 30 dernières années, a été délocalisée dans des pays en développement.
3. Une liberté syndicale essentielle, souvent bafouée par des multinationales et des Etats.
4. Syndicat qui, malgré des tentatives de criminalisation, est actif dans la zone de libreéchange de San Bartolo.
5. La Chine a soutenu ce mouvement de libération en Afrique.
6. Les ouvriers et ouvrières utilisent leur salaire pour assurer cette dernière.
7. En Chine, les travailleurs et travailleuses sont exposés – avec des conséquences fatales – à ce produit interdit depuis longtemps en Europe.
8. La Chine n’en associe aucune à ses crédits en faveur des pays africains.
9. Au Salvador, les entreprises en sont exemptées dans les zones de libreéchange.
10. Nom du village où se trouve une école, sur le Plateau central du Burkina Faso.
11. Nombre de pays où des travailleurs et travailleuses ont été enlevés et tués, afin de les empêcher de défendre leurs droits.
12. Prénom de la personne qui rédige l’éditorial du journal Solidarité.
Envoyez la solution à Solidar Suisse – sur une carte postale ou par email à [email protected], sujet «jeu». Chaque réponse correcte participera au tirage au sort.
1er prix Un ouvrelettre2e prix Six sousverre3e prix Un sac
Les prix sont issus du centre de formation pour femmes «Père Celestino», soutenu par Solidar Suisse au Burkina Faso.
La date limite d’envoi est le 19 septembre 2014. Le nom des gagnantes sera publié dans Solidarité 4/2014. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucun recours. Le personnel de Solidar Suisse n’a pas le droit d’y participer.
La solution de l’énigme de Solidarité 2/2014 était «Fair play svp». Frédéric Radeff, de Genève, a gagné un foulard; Marlies Grob, de Männedorf, un tablier et des gants de cuisine; Raymonde Gaume, du Noirmont, un portemonnaie.Nous remercions le centre de formation «Père Celestino», soutenu par Solidar Suisse au Burkina Faso, pour les prix offerts. Merci également à toutes les participantes.
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17BRÈvEs
philippines: une aided’urgence efficaceAprès le passage dévastateur du typhon Haiyan aux Philippines en novembre 2013, Solidar s’est mobilisé sur l’île de Panay (voir Solidarité 1/14). La première phase du projet a pu être achevée avant le début de la saison des pluies, vers mijuin.2435 familles de 18 villages différents ont à nouveau un toit sur la tête, grâce à des kits de réparation comprenant de la tôle ondulée, des clous, des matériaux d’étanchéité, des câbles et des outils. Des kits de réparation ont également été distribués à six écoles et à trois dispensaires de village. La population s’est naturellement empressée d’en faire bon usage. Depuis fin janvier, huit tronçonneuses professionnelles servent à fabriquer des matériaux de construction à partir de bois d’abattage. A ce jour, 353 familles ont pu en bénéficier.Dès le mois de mars, Solidar a fourni du bois de construction prédécoupé aux familles monoparentales, ainsi qu’aux personnes âgées et handicapées. Notre ONG a aussi mis des charpentiers qualifiés à leur disposition afin de construire des logements provisoires. Enfin, les cocotiers arrachés par le typhon ont servi de bois de construction.La phase suivante implique de transformer les logements provisoires en habitations permanentes et de reconstruire des toilettes. En outre, Solidar forme les artisans à des méthodes de construction résistant aux tempêtes et favorise l'édification des nouvelles habitations dans des zones sûres.www.solidar.ch/philippines
Assemblée de solidar:résolution contre EcopopLa modification des statuts, l’élection du nouveau comité et une résolution contre l’initiative Ecopop étaient au cœur de l’Assemblée générale de Solidar Suisse, le 3 juin dernier. Les nouveaux statuts, approuvés à l’unanimité, prévoient une cotisation un peu plus élevée et définissent plus clairement le rôle des différentes commissions et fonctions. Dieter Bolliger, du syndicat syndicom, a été élu comme nouveau membre du comité directeur. Il remplace Michael von Felten, qui a démissionné après de longues années d'engagement. Enfin, l’assemblée s’oppose clairement, via une résolution, à Ecopop (voir www.solidar.ch/news).La partie officielle a été suivie d'une conférence publique. Martin Dahinden, directeur de la DDC, souhaite renforcer l'engagement de la Suisse dans les
Afrique du sud:victoire de l'ANCDébut mai, pour la cinquième fois consécutive depuis la fin de l'apartheid, l’African National Congress (ANC) a remporté les élections en Afrique du Sud. Et ce, malgré un taux de chômage élevé, des scandales liés à la corruption, des manifestations de la population contre un service public déficient, le massacre de Marikana en août 2012 (34 mineurs tués par les forces de l'ordre), ou encore les conflits au sein de la coalition gouvernementale qui ont incité plusieurs syndicats à ne plus soutenir l’ANC.Les élections de 2014 étaient les premières depuis le décès de Nelson Mandela – et auxquelles les personnes nées après l’apartheid pouvaient participer. Hélas, seul un tiers d’entre elles s'est inscrit sur les listes électorales.Vingt ans après la chute de l’apartheid, l’Afrique du Sud est toujours confrontée à de nombreux problèmes. Reste à voir si l’ANC profitera de ce nouveau mandat pour s'en occuper avec davantage de détermination que par le passé.
La FEDEvACO souffleses 25 bougiesPour ses 25 ans, la FEDEVACO fait la fête, le samedi 13 septembre, à Morges, de 13h à minuit.La FEDEVACO emmène petits et grands à la découverte de la solidarité avec le Sud. Dès 13h00, le cirque Coquino ouvre les feux avec un spectacle interactif. Les ados sont à la fête avec la troupe de breakdance Nuncha Crew. Théâtre, mode de deuxième main, affiches BD et courtsmétrages permettent de s’en mettre plein les mirettes. Des concerts sont prévus en soirée. Le chanteur K fera notamment partager au public son univers poétique. Entrée libre.La FEDEVACO regroupe plus de 40 associations actives dans la coopération au développement, dont Solidar Suisse.www.fedevaco.ch
zones de conflit. Il plaide pour une politique de développement qui tienne davantage compte des risques internationaux, tels que la pénurie de ressources. Le directeur d'Alliance Sud, Peter Niggli a, quant à lui, critiqué les flux financiers internationaux qui font perdre d’énormes sommes d’argent aux pays émergents et en développement. Peter Niggli n'a pas épargné la Suisse: «Nous donnons d'une main une petite part et, de l'autre, nous reprenons une grosse part.»
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PartiCiPEr À la viE PUBliQUEAu Burkina Faso, Germaine Ouedraogo enseigne le français à des adultes fraîchement alphabétisés. Elle accroît ainsi leurs possibilités de se faire entendre.Texte et photo: Sandrine Rosenberger
«pas de problème»Lorsque je l’interroge sur les principaux problèmes que les gens rencontrent, Germaine s’étonne: «Il n’y a pas de problème.» Au Burkina Faso, il est en effet impoli et indigne d’évoquer des ennuis. Ce n’est que sur mon insistance qu’elle finit par me parler des difficultés à accéder aux services publics, comme la santé et la formation.C’est l’une des raisons qui ont poussé les élèves à suivre les cours ALFAA (voir encadré) de Germaine Ouedraogo. Sans savoir le français, il est en effet impossible de se faire soigner au dispensaire ou d’aider ses enfants pour les devoirs scolaires. Lorsque je lui demande comment son enseignement contribue à résoudre le problème, mon interlocutrice s’anime enfin: «Les gens se débrouillent mieux, car ils comprennent leur environnement. Ils peuvent ainsi participer à la vie publique. Les communes et les écoles diffusent beaucoup de leurs informations uniquement en français. Les gens doi vent donc maîtriser suffisamment cette langue pour décrire leurs symptômes (ou ceux de leur enfant) au dispensaire, comprendre les informations obtenues et suivre les recommandations reçues. En sachant le français, ils peuvent aussi vendre leurs produits sur les marchés où leur langue maternelle n’est pas parlée.»Les cours servent aussi à améliorer leurs compétences en calcul et à leur transmettre des informations sur l’hygiène, le droit foncier et le changement climatique. Et Germaine d’ajouter: «Les paysannes savent ensuite calculer précisément les dépenses et les recettes de leur exploitation. Ils ne se font plus gruger en vendant leurs pro duits.»
Eloignée de sa familleGermaine Ouedraogo anime des cours ALFAA depuis sept ans. Ce travail lui plaît, car il lui permet d’aider les gens à améliorer leurs conditions de vie. «Ce qui me motive, c’est de les entendre vraiment parler français une fois le cours
Germaine Ouedraogo est heureuse lorsque ses cours aident les élèves à
mieux se débrouiller dans la vie.
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Les cours ALFAA (Apprentissage de la langue française à partir des acquis de l’alphabétisation en langues nationales) sont destinés à des femmes et à des hommes de plus de 15 ans qui n’ont pas fréquenté l’école, savent néanmoins lire et écrire leur langue maternelle et souhaitent apprendre le français. La méthode a été introduite au Burkina Faso en 1991 par Solidar. Actuellement, 91 centres ALFAA, regroupant plus de 2500 élèves, sont répartis dans dix régions du pays.www.solidar.ch/burkina-faso
Méthode ALFAA
terminé!» Ayant animé des cours d’alphabétisation, elle est très bien placée pour apprécier les progrès de ses élèves. D’autant plus qu’elle a ellemême suivi l’enseignement qu’elle dispense aujourd’hui. Pour s’acquitter de sa tâche, Germaine accepte de lourds sacrifices: les trois mois que dure le cours, elle les
passe seule à Lemnogo sans voir sa famille, car son domicile est trop éloi gné.Les femmes reviennent à présent en classe, car la leçon suivante va commencer. «Nous n’avons hélas pas de crèche. Les femmes doivent prendre leurs enfants avec elles et ne peuvent pas se concentrer entièrement sur la matière à apprendre, regrette Germaine Ouedraogo. Quand les enfants sont malades, elles ne viennent pas du tout et n’arrivent plus à suivre.» Mais la pause est finie et Germaine retourne à sa vocation: transmettre aux gens un savoir qui les aidera à progresser dans l’existence.
Germaine Ouedraogo, 43 ans, n’a pas l’habitude de parler d’ellemême ni de son travail. L’animatrice a néanmoins accepté de s’entretenir avec moi lors d’une pause dans ses cours. Nous nous sommes installées au fond de la case en paille où elle enseigne le français à des adultes. Il fait très chaud.La classe se trouve à Lemnogo, un petit village du PlateauCentral burkinabé. Les élèves sont principalement des paysannes et paysans qui n’ont appris à lire et à écrire leur langue maternelle qu’une fois parvenus à l’âge adulte. Parmi les vingt personnes présentes, il n’y a qu’un homme. Pratiquement chaque femme a un enfant avec elle, dont elle s’occupe pendant la pause, à moins qu’il ne continue à dormir sur son dos.
«Beaucoup de services officiels diffusent leurs informations en français.»
intErDisons lE BEnZÈnE!Même s’il est hautement toxique, cancérigène et depuis longtemps interdit en Europe,
le benzène est utilisé à large échelle en Chine. Les travailleuses et travailleurs ne sont pas
protégés, ou de façon inadaptée, contre ses vapeurs mortelles.
signez la pétition de notre organisation partenaire chinoise LAC pour interdire
le benzène: www.solidar.ch/news