8
141 RUE DE JAVEL 75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00 16 JAN 12 Hebdomadaire Paris OJD : 4569 Surface approx. (cm²) : 3084 Page 1/8 DUPIRE 4277711300507/XBF/OTO/3 Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations Sommaire 1. Les caractères actuels du droit des contrats A - L'ordre public B - La standardisation des contrats 2. La formation du contrat A - Les éléments constitutifs du contrat Droit des contrats 8-13 8-10 1 ° Le consentement 2° L'objet ( ) 3° La cause 11-13 B - Les sanctions des conditions de formation du contrat 14 15 1° La mise en oeuvre de la nullité 14 2° Les effets de la nullité 15 3. Les effets du contrat A - La force obligatoire du contrat 17-18 1° Le contenu du contrat 17 2° La durée d'exécution du contrat ( ) 3° L'inexécution du contrat 18 B - Le domaine des effets du contrat 19 1° L'opposabihte du contrat ( ) 2° La relativité du lien obligatoire 19 sous la direction de Jacques Ghestin, professeur emente de I université de Paris I Pantheon-Sorbonne avec Anne-Sophie Barthez, professeur a l'université de Cergy Pontoise Paul Grosser, professeur a la faculté de droit de l'université Paris XII Grégoire Loiseau, professeur a l'école de droit de la Sorbonne (Paris I) Mustapha Mekki, professeur a I université Paris Nord (Paris XIII) Natacha Sauphanor-Brouillaud, professeur a l'université de Versailles-Saint-Quentin Yves-Marie Serinet, professeur a l'université Paris Sud 11 La chronique couvre la période du 1 er août au 30 novembre 2011. Une pro- position de règlement du Parlement européen et du Conseil porte sur un droit commun européen de la vente. La Cour de cassation et les textes européens ont précisé le champ d'application de la législation protectrice applicable aux contrats standardisés. Le 4 et le 20 octobre la chambre com- merciale et la première chambre civile ont précisé les conditions de l'annula- tion pour erreur. La chambre commerciale, le 25 octobre, a retenu la validité d'une transaction en relevant que la contrepartie, fusse-t-elle indirecte, des concessions du demandeur en annulation avait été fournie à la société tierce, acquise par ce dernier. La première chambre civile, le 4 novembre, a admis la validité d'un contrat de courtage matrimonial conclu par un homme en instance de divorce. Le même jour elle s'est prononcée sur l'application à des prêts entre particu- liers de l'exception de jeu de l'article 1965 du Code civil. Deux arrêts de la chambre commerciale du 8 novembre et du 6 septembre traduisent la vigueur de la transmission universelle. La troisième chambre civile a rendu plusieurs arrêts importants. Le 3 no- vembre elle a confirmé les conditions de la substitution du bénéficiaire d'un pacte de préférence au tiers acquéreur. Le même jour elle a admis la validité d'une clause de renonciation anticipée à la résolution du contrat. Le 21 sep- tembre elle a déclaré relative la nullité pour vileté du prix. Deux arrêts des 23 et 30 novembre portent sur les restitutions après annulation d'un contrat. Le 19 octobre elle a fait application de la notion d'ensemble contractuel, pour ajouter aux qualifications originelles, celle de crédit-bail. 1. Les caractères actuels du droit des contrats A. - L'ordre public i - La proposition de règlement du Par- lement européen et du Conseil relatif a un droit commun européen de la vente (Communique 11 oct. [ndlr Etude G Paz sant a paraître]) La proposition de règle ment, fondée sur l'article 114 du traite sur le fonctionnement de I Union européenne vise a instaurer « un droit commun euro- péen de la vente qu'il convient de considérer comme un second régime de droit contrac- tuel au sein du droit national de chaque Etat membre » (V J S Berge, Le droit national des contrats, nouveau complexe du droit européen des contrats ? m / -5 Berge, J-P Marguenaud, A Tenebaum chron Dr européen des contrats (CEDH-UE) RDC 2012-2, a paraître), « qui peut être utilise dans les transactions transfrontieres en vertu d'une convention valable des par- ties » (expose des motifs, 3, Base juridique) II s'agit d'un texte qui sera directement ap- plicable dans les Etats membres (art 16) et d'harmonisation totale, mais dont l'apph-

Sommaire 1. Les caractères actuels du Droit des contrats droit des …data.over-blog-kiwi.com/0/57/30/82/201312/ob_40c9e1_la... · 2013-11-30 · 3° La cause 11-13 B - Les sanctions

Embed Size (px)

Citation preview

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 1/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

Sommaire1. Les caractères actuels dudroit des contrats

A - L'ordre public

B - La standardisation des contrats

2. La formation du contrat

A - Les éléments constitutifsdu contrat

Droit des contrats

8-138-101 ° Le consentement

2° L'objet ( )

3° La cause 11-13

B - Les sanctions des conditions deformation du contrat 14 15

1° La mise en œuvre de la nullité 14

2° Les effets de la nullité 15

3. Les effets du contrat

A - La force obligatoire du contrat 17-18

1° Le contenu du contrat 17

2° La durée d'exécutiondu contrat ( )

3° L'inexécution du contrat 18

B - Le domaine des effets du contrat 19

1° L'opposabihte du contrat ( )

2° La relativité du lien obligatoire 19

sous la direction deJacques Ghestin, professeur emente de I université de Paris I Pantheon-SorbonneavecAnne-Sophie Barthez, professeur a l'université de Cergy PontoisePaul Grosser, professeur a la faculté de droit de l'université Paris XII

Grégoire Loiseau, professeur a l'école de droit de la Sorbonne (Paris I)

Mustapha Mekki, professeur a I université Paris Nord (Paris XIII)

Natacha Sauphanor-Brouillaud, professeur a l'université de Versailles-Saint-Quentin

Yves-Marie Serinet, professeur a l'université Paris Sud 11

La chronique couvre la période du 1er août au 30 novembre 2011. Une pro-position de règlement du Parlement européen et du Conseil porte sur undroit commun européen de la vente. La Cour de cassation et les texteseuropéens ont précisé le champ d'application de la législation protectriceapplicable aux contrats standardisés. Le 4 et le 20 octobre la chambre com-merciale et la première chambre civile ont précisé les conditions de l'annula-tion pour erreur. La chambre commerciale, le 25 octobre, a retenu la validitéd'une transaction en relevant que la contrepartie, fusse-t-elle indirecte, desconcessions du demandeur en annulation avait été fournie à la société tierce,acquise par ce dernier.La première chambre civile, le 4 novembre, a admis la validité d'un contratde courtage matrimonial conclu par un homme en instance de divorce. Lemême jour elle s'est prononcée sur l'application à des prêts entre particu-liers de l'exception de jeu de l'article 1965 du Code civil. Deux arrêts dela chambre commerciale du 8 novembre et du 6 septembre traduisent lavigueur de la transmission universelle.La troisième chambre civile a rendu plusieurs arrêts importants. Le 3 no-vembre elle a confirmé les conditions de la substitution du bénéficiaire d'unpacte de préférence au tiers acquéreur. Le même jour elle a admis la validitéd'une clause de renonciation anticipée à la résolution du contrat. Le 21 sep-tembre elle a déclaré relative la nullité pour vileté du prix. Deux arrêts des 23et 30 novembre portent sur les restitutions après annulation d'un contrat. Le19 octobre elle a fait application de la notion d'ensemble contractuel, pourajouter aux qualifications originelles, celle de crédit-bail.

1. Les caractères actuelsdu droit des contrats

A. - L'ordre public

i - La proposition de règlement du Par-lement européen et du Conseil relatif aun droit commun européen de la vente(Communique 11 oct. [ndlr Etude G Pazsant a paraître]) La proposition de règlement, fondée sur l'article 114 du traite surle fonctionnement de I Union européennevise a instaurer « un droit commun euro-péen de la vente qu'il convient de considérer

comme un second régime de droit contrac-tuel au sein du droit national de chaqueEtat membre » (V J S Berge, Le droitnational des contrats, nouveau complexe dudroit européen des contrats ? m / -5 Berge,J-P Marguenaud, A Tenebaum chronDr européen des contrats (CEDH-UE)RDC 2012-2, a paraître), « qui peut êtreutilise dans les transactions transfrontieresen vertu d'une convention valable des par-ties » (expose des motifs, 3, Base juridique)II s'agit d'un texte qui sera directement ap-plicable dans les Etats membres (art 16) etd'harmonisation totale, mais dont l'apph-

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 2/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

cation facultative dépendra d'un accord effectif des parties étant précise que « dans lescontrats entre professionnels et consommaleurs, la convention d'application du droitcommun européen de la vente n'est valableque si le consentement du consommateur estdonné par une déclaration expresse distinctede celle exprimant son accord pour conclureun contrat » (art 8)

2 - L'expose des motifs rappelle la genèsede la proposition En juillet 2010, la Commission européenne a propose dans un« livre vert » diverses options en vue d'harmoniser le droit des contrats La consulta-tion publique a pris fin le 31 jaiwier 2011Le 3 mai 2011, un groupe d'experts crée parla Commission a remis une étude de faisa-bilité sur le droit européen des contratsLe 8 juin 2011, le Parlement européen ensession plemere, sur l'avis favorable desa Commission des affaires juridiques, adonne son soutien a un droit européen descontrats a caractère facultatifFinalement le champ d'application de laproposition de règlement a été limite a lavente et aux prestations de service acces-soires de celle ci Cependant les 187 articlesde la proposition de règlement maigre lamention du \endeur et de l'acquéreur,gardent la marque de leur origine et expnment un véritable droit des contrats, dontla vente, selon une pratique séculaire, seraitle modèle C'est ainsi que les conditionsrequises pour la conclusion du contratn'ont rien de spécifiques a la vente Desdispositions propres a ce contrat spécialn'apparaissent qu'a partir de I article 91 eta la détermination des obligations du ven-deur (V / Hueteta Les contrats spéciaux,m Traite de droit civil, ss dir } GhestinLGDJ, 4' ed, 2012, n° 11711) Sur le terrainspécifique de la vente, l'accent est fortement mis sur « la fourniture d'un contenunumérique », placée sur le même plan quela vente d'un bien en général

3 - Celte harmonisation est motivée parles besoins du commerce entre les Etatsmembres notamment électronique, quiseraient affectes par la diversité des droitsapplicables, spécialement par des coûtssupplémentaires, ce qui est conteste et restea démontrer (V / Huet, op cit n° 11710)Elle vise également a assurer un niveauélevé de protection des consommateursen élargissant leur choix , mais il ne peuts'agir, comme d'habitude que d'un niveau

moyen au regard des législations nationalesqui, comme en France, semblent globalement plus protectrices Elle vise égalementa aider les PME, ce qui conduit a permettreaux professionnels de choisir le droit europeen lorsque l'un des contractants est unePMEL'application du règlement étant faculta-tive, les usagers trancheront 11 est probablequ'au cours d'une inévitable période derodage junsprudentiel les coûts de Iransaction ne seront pas diminues A longterme, la situation peut évoluer plus favorablement, ce qur dépendra de l'aptitudedu texte a reunir un consensus européensuffisant

4 - L'expose des motifs ne mentionne pasque les livres II (Contrat et autres actesjuridiques) et 111 (Obligations et droits correspondants) du Projet de cadre communde référence (DCFR) ont fourni environla moitié du contenu de ce droit européende la vente Une simple comparaison dela version française avec la traduction duDCFR suffit a le montrer (J Ghestin, Tra-duction française des trois premiers livres duDCFR,prefC Von Bar RDC 2010, p 213et s) La Convention de Vienne sur la venteinternationale de marchandises et les directives européennes ont été les principalesautres sourcesL'importance de la recherche compara-tive initiale (V DCFR Full Edition, Sellier, 2009, vol I livres I a III, 1010 pagesss dir C Von Bar et E Clive) et la qualitédes universitaires qui ont rédige le DCFRautorisaient sans doute ce choix Force esttoutefois de constater que les solutions ontété largement conformes aux conceptionsde l'Europe du Nord En outre, le fond dudroit a été influence par la contrainte duvocabulaire utilise, résultant de l'usage exclusif de l'anglais comme langue de travailUn tel choix, sans doute nécessaire, n a pasété sans conséquence (V / Ghestin, L'elaboratwn du Cadre commun de référenceméthode et obstacles éventuels RDC 2009,p 808 a 813), maigre la volonté déclarée deles corriger au stade des traductions ulté-rieures (C Von Bar, What légal policy forthé Cornmon Frame of Référence ? RDC2009 p 822ets,spec n°8et9) L'influencede la Common Lawdans I élaboration d undroit commun propose a une Europe régieessentiellement par un droit civil contmental, s'en trouve ainsi augmentée, à l'heuremême ou la Grande-Bretagne semble

prendre ses distances a l'égard de l'Unioneuropéenne

5 - Quant au contenu, on se bornera a troissolutions qui intéressent des points sen-sibles de la reforme (en cours ?) du droitcommun des contratsL'article 73 admet qu'a défaut de prixdétermine celui ci « est, sauf indicationcontraire, celui normalement facture dansdes circonstances comparables au momentde la conclusion du contrat ou a défautd'un tel prix, un prix raisonnable »Un chapitre 8 traite longuement de l'eradi-cation des « clauses contractuelles abusives »(art 79 a 86) dont un article 86 étend I application aux contrats entre professionnelssi la clause n'a pas «fait l'objet à une negodation individuelle » et si « son applications'écarte manifestement des bonnes pratiquescommerciales, contrairement au principe debonne foi et de loyauté »Enfin, selon l'article 89, un « changementexceptionnel de circonstances » impose auxparties « d'engager des négociations en vued'adapter le contrat ou d'y mettre fin » et,a défaut d'accord, autorise un tribunal, ycompris arbitral, a « mettre » le contrat « enconformité avec ce que les parties auraientraisonnablement convenu au moment de laconclusion du contrat si elles avaient tenucompte du changement de circonstances »ou a « mettre fin au contrat a une date etselon des modalités que le tribunal fixera »

JACQUES GHESTIN

B. - La standardisation descontrats

6 La Cour de cassation a été de nouveauamenée a préciser le champ d'applicationrations personce de la législation protec-trice applicable au contrat standardiséque constitue le contrat de prestationsde service tacitement reconductible Elleavait déjà juge que l'obligation d information sur la faculté de ne pas reconduirece type de contrat, qui est réservée selonl'article L 136 I du Code de la consommation « aux consommateurs et aux non-professionnels », devait être délivrée a unsyndicat de copropriétaires La solutionse fondait sur le principe selon lequel « lespersonnes morales ne sont pas excluesde la catégorie des non professionnels »(Cass r cw, 23 juin 2011, n° 10-30 645JunsData n° 2011-012279 , JCP G 2011,doctr 1141, n° 3, nos obs , JCP G 2011,

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 3/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

note 1080, G Puisant) II en résultait quela personne morale n'exerçant pas d'acti-vité professionnelle telle qu un syndicatde copropriétaires, pouvait être assimi-lée a un non professionnel (V nos obsprec ) Cette interprétation se confirmea la lecture de deux arrêts de la chambrecommerciale qui cassent pour violationpar fausse application de l'article L 136 Ideux décisions assimilant a un non professionnel une SARL contractant en dehors de sa compétence (Cass com , 6 sept2011, n° 10-21 583 JunsData n° 2011-01828e; JCP G 2011 note 1203 G Faisant

Cass com., 6 sept 2011, n° 10-21 584,inédit) La Cour de cassation énonce quele texte « qui s applique exclusn ementau consommateur et au non-profession-nel, ne concerne pas les contrats conclusentre sociétés commerciales » On savaitdéjà qu une société commerciale ne pouvait être assimilée a un consommateurcette notion visant exclusivement les personnes physiques (Cass I" cw, 15 mars2005 n° 02 13 285 JurisData n° 2005027573) On sait désormais qu'une sociétécommerciale, même lorsqu'elle agit endehors de sa spécialité, ne peut recevoirla qualification de non professionnel Acet égard le raisonnement des juges dufond avait peu de chance de prospérerla jurisprudence ayant depuis longtempsabandonne l'élargissement du bénéfice dela protection au professionnel « non compètent » A ce critère subjectif, elle avaitsubstitue un critère objectif Elle étendaitainsi l'application des textes au professionnel ayant conclu un contrat n ayantpas de rapport direct avec son activité,sans distinguer suivant que la personne encause était physique ou morale (Cass I"civ, 24 janv 1995, n° 92 18 227) Le critere du rapport direct est cependant vouea disparaître lorsque celui qui s en prévaut est une société commerciale et pluslargement une personne morale exerçantune activité professionnelle Si tant estqu'elle ne soit pas exclue ratwne personœdu bénéfice de la législation (V en matièrede démarchage C consom, art L 12121), la personne morale n'étant m unconsommateur, ni un non professionnel,il est vain de rechercher si elle a ou noncontracte dans son domaine d'activité Entout état de cause, le principe de spécialitédes personnes morales rendait déjà illu-soire I applicabilité de la protection auxsociétés commerciales Leur exclusion,

déjà affirmée (Cass com , 10 mai 1994,n° 92 22 075 JunsData n° 1994 001764- Cass J'e civ, 11 dec 2008 n° 07 18 128JurisData n° 2008-046239 JCP E 2009,1278 note G Raymond), du droit de laconsommation se justifie Seuls les syndicats des copropriétaires, les associationsdépourvues d'activité professionnelle,les fondations et les comités d'entrepriseont vocation a être protèges en qualité de« non professionnels »

7 - Cette catégorie de droit interne n est pasmenacée par la directive relative aux droitsdes consommateurs dont un texte provi-soire avait été publie lors de la précédentelivraison de cette chronique (JCP G 2011doctr 1141) Elle a depuis été defimtrv ementadoptée (PE et Cons UE,dtr 2011/83/UE,25 oct 2011 ]OLE n° L 304, 22 nov 2011,p 64, V supra JCP G 2012, doctr, étude GFaisant) La directive, qui concerne exclusivement les contrats a distance et hors éta-blissement, même lorsqu'ils portent sur uncontenu numérique (constd 19), abrogeles directives 8S/577/( FF du 20 décembre1985 et 97/7/CE du 20 mai 1997 Elle regît, par des dispositions d'harmonisationmaximale, les obligations d information(art 6 a 8), le droit de retractation (art 9a 16) ainsi que quelques « autres droits desconsommateurs », notamment en matièrede livraison et de transfert des risques(art 17 a 22) dans les contrats relevant deson champ d application Seul l'article 5,d harmonisation minimale présente undomaine d'application plus large puisqu ildresse la liste des informations precontractuelles qui devront être fournies auconsommateur avant qu'il « ne soit lie parun contrat autre qu'un contrat a distanceou hors établissement, ou par une offre demême type » Le bénéfice de I ensemble deces dispositions pourra donc être étendua « des personnes morales ou physiques quine sont pas des consommateurs ' » (consid13) parmi lesquels figurent les « non pro

fessionnels »Ces derniers bénéficient d'ores et déjà,aux cotes des consommateurs, d'un grandnombre de droits Outre l'information surla non reconduction (V supra), ils sonteligibles a la protection contre les clausesabusives Ainsi, les syndicats de copropnetaires pourront-ils s inspirer de la recommandation relative aux contrats de syndicsde copropriété (Recomm n° 11 01 15 sept2011 BOCCRF a paraître) pour tenter, le

cas échéant, de faire ]uger non écrites desstipulations figurant dans ces contrats LaCommission recommande la suppressionde 24 clauses qui sont soit abusives, en cequ elles déséquilibrent les droits et obliga-tions des parties au sens de I article I 132-1 du Code de la consommation soit présu-mées abusives puisqu elles figurent dans laliste grise de l'article R 132-2, soit illicitesdes lors qu'elles sont répertoriées dans laliste noire de l'article R 132 I

NATACHA SAUPHANOR BROUILLAUD

2. La formation ducontrat

A. - Les élémentsconstitutifs du contrat

1° Le consentement

a) L'accord des volontés

8 - Le pacte de préférence. - Pour qui pen-sait que la position adoptée par la chambremixte le 26 mai 2006 (n° 03-19 376 n" 03-19 495 JunsData n° 2006-033690), ren-dant possible la substitution du beneficiaire d un pacte de préférence, était entrompe I œil, reposant sur une preuveinaccessible, I arrêt rendu le 3 novembre2011 apporte un double démenti (Cass 3e

civ, 3 nov 2011, n° 10-20936 JunsDatan° 2011-023709)D une part il reconnaît que les conditionsrequises étaient en l'espèce satisfaites ens'en remettant, comme de coutume aupouvoir souverain des juges du fond Ona déjà suffisamment insiste sur les difhcultes de preuve posées par la seconde de cesconditions, a savoir la connaissance que letiers avait lorsqu il a contracte de I mtention du bénéficiaire de se prévaloir dupacte Mais on a aussi justement souligneque cette exigence se justifie non pas encontemplation d'une simple faute du tiersqui a conclu le contrat malgré sa connais-sance du pacte, mais en considération de lafraude aux droits du bénéficiaire du pacte,sciemment empêche d en profiter ce quisuppose que le tiers et le promettant aientété conscients de sa volonté de s'en prevaloir Au cas présent, il a aide pour estimercette preuve rapportée que le promettant etle tiers acquéreur étaient deux sociétés re-présentées, lors des opérations litigieuses,par la même personne physique, de sorte

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 4/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

que ce qui était connu de l'un Fêtait necessairement de l'autre

D'autre part, l'arrêt favorise la constatationdes conditions de la substitution en ap-prouvant la cour d'appel de les avoir appré-ciées a la date de la réitération de la ventepar acte authentique quand celle-ci avaitantérieurement donne lieu a la conclusiond'une promesse synallagmatique de venteLe déroulement des faits doit être a ce sujetprécise Une promesse synallagmatique devente est conclue le 8 janvier relatrvementa un local a usage commercial sur lequelun bail commercial est consenti le 11 marsa effet au 1er janvier, stipulant un droit depréférence au profit du locataire Avec rai-son, la troisième chambre civile estime quela promesse passée le 8 janvier ne pouvaitpriver d'effet le pacte de préférence des lorsque le contrat de bail prenait effet au 1er

janvier L'anticipation de la prise d'effetsdu contrat donnait effectivement l'ante-rionte au pacte de préférence par rapporta la promesse de vente Mais, a moins decéder a la fiction, il demeure que, lorsqueles parties ont conclu la promesse de vente,elles ne pouvaient connaître le pacte quia été stipule dans un acte postérieur aveceffet a une date antérieure Pour appréciersi les conditions de la substitution étaientréunies, les juges n'ont donc pu se placerqu'a la date de la vente authentique, datea laquelle le tiers acquéreur avait contracteen connaissance de l'existence du pacteet de l'intention du bénéficiaire de s'enprévaloir Sous une apparente logique, lasolution revient toutefois sur le sens d'unarrêt prescrivant que la connaissance dupacte de préférence et de l'intention de sonbénéficiaire de s'en prévaloir soit appréciéea la date de la promesse de vente, qui vautvente, et non a celle de sa réitération par acteauthentique (Cass 3e civ, 25 man 2009,n° 07-22 027 lumData n° 2009 047548 ,Bull av 2009, III, n° 68) C'est en effet acette date que les parties doivent être consi-dérées comme ayant contracte lorsqu'ellesn'ont pas entendu faire de la reitération paracte authentique un élément constitutifde leur engagement Faut-il des lors voir,dans le présent arrêt, un changement deligne junsprudentielle avec l'idée que, dela promesse ou de l'acte authentique, c'estl'acte frauduleux qu'il faut empêcher deproduire ses effets ? Ou doit-on considérerqu'il s'agit d'une simple inflexion casuellede la jurisprudence tenant a l'impossibilité

pour le tiers de connaître l'existence dupacte lors de la souscription de la promesseet a la conscience qu'il avait tout de mêmeeu, en concluant l'acte authentique, d'em-pêcher le bénéficiaire de tirer avantage deson droit de priorité? C'est en tout cas unejurisprudence plus douce qui rassurera lespartisans de la substitution

GRÉGOIRE LO1SEAU

b) La protection du consentement

9 - L'erreur sur la rentabilité économiquede l'opération. - Alors que dans un arrêtremarque (Cass 3e av, 31 mars 2005, n°03 20 096 JunsData n° 2005-027809 ,Bull av 2005, III, n° 81), la troisièmechambre civile avait juge que « l'apprecia-tion erronée de la rentabilité économiquede l'opération n'était pas constitutive d'uneerreur sur la substance de nature a vicier leconsentement », la chambre commerciale,a propos d'un contrat de franchise, vient decensurer au visa de l'article 1110 du Codecivil une décision qui avait écarte la nullité« après avoir constate que les résultats del'activité du franchise s'étaient révèles trèsinférieurs aux prévisions et avaient entraine rapidement sa mise en liquidation judi-ciaire, sans rechercher si ces circonstancesne révélaient pas, même en l'absence demanquement du franchiseur a son obhgation precontractuelle d'information, que leconsentement du franchise avait été déter-mine par une erreur substantielle sur larentabilité de l'activité entreprise » (Cass.com., 4 oct. 2011, n° 10-20.956 JunsDatan° 2011-021604, JCP G 2012, note J Ghes-tin a paraître)

10 - Authenticité, transformation etvolonté d'acquérir un meuble d'époque.- L'affaire désormais fameuse de la com-mode Boulle achetée aux enchères par lesconsorts Pinault a trouve son dénouement(Cass. r av., 20 oct. 2011, n° 10-25.980JunsData n° 2011-022298 , JCP G 2011,note 1350, Y M Serinet) La Cour de cas-sation, appelée une seconde fois a statuer,se range cette fois a la manière de voir dela cour d'appel de Pans qui avait refusel'annulation, « après avoir constate quel'installation de la marqueterie incontestéeBoulle sur ce meuble d'époque Louis XVIet l'estampille C I B .. constituaient sonoriginalité », en jugeant « que les époux Zs'en étaient portes acquéreurs en considé-ration de ces éléments, comme de la pro-

venance du meuble issu de la collectionSalomon de Rothschild »

YVES MARIE SERINET

2° L'objet

3° La cause

a) L'absence de cause

il - Validité d'une transaction dont lesconcessions réciproques étaient suffi-santes, fussent-elles indirectes, ayantété fournies a la société tierce, acquisedu défendeur par le demandeur en an-nulation. - La chambre commerciale,le 25 octobre 2011 (n° 10-23.538 Juns-Data n" 2011-023399) a situe la sanctionde l'absence de concessions réciproquesdans la transaction, non pas sur le terrainde la seule qualification de celle-ci, maisexpressément sur celui de « la validité de latransaction » Elle a ainsi adopte la solutionadmise depuis longtemps par la chambresociale (V Ch Boittot, La transaction etle juge PL Clermont-Ferrand, 2003, prefP Le Cannu, n° 846, p 439) et retenue parla première chambre civile dans deux arrêtsdu 3 mai 2000 (n° 98-12 819 JunsData n°2000-001686 , Bull av 2000, I, n° 130) etdu 9 juillet 2003 (n° 01-11 963 JunsData n"2003-019815 , Bull av 2003, I, n° 174 - V/ Ghestin, Cause de l'engagement et validitédu contrat LGDJ, 2006, n° 607 ets,p 389et s , spec n° 614 et s , sur la portée de cesdeux arrêts et sur la controverse quant a ladisqualification ou l'annulation du contrat,comme sanction de l'absence de conces-sions réciproques)La chambre commerciale ne se prononcepas sur le fondement d'une annulationqu'elle écarte en l'espèce Elle aurait pucependant faire application de la nullitépour absence de cause, autrement dit pourabsence de la contrepartie convenue Ellefonde expressément, en effet, le rejet dupourvoi sur la constatation que « la re-nonciation par la société Effikassocies a lagarantie d'actif et de passif consentie parM X n'était pas dénuée de contrepartie » enraison des « concessions financières signifi-catives consenties directement par M X »,qui « profitaient directement a la sociétéAteliers herbe mais également et nécessai-rement a la société Effikassocies puisqu'elleétait cessionnaire de la totalité des actions

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 5/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

composant le capital social de la sociétéAteliers herbe » Elle en déduit l'existencede « concessions réciproques, fussent ellesindirectes fondant la validité de la transac-tion » La jurisprudence, qui écarte la nul-lité pour absence de cause dans des espècestrès voisines, lorsque la contrepartie conve-nue existe au profit d'une société tierce alaquelle les intérêts du demandeur en an-nulation sont étroitement lies, aurait puainsi être appliquée, au moins par analogie(V / Ghestm, op at, n° 359 et s, p 238 ets spec, pour « la cession de droits sociauxd'entreprises en difficulté », Cass com, 22fevr 1983 n° 81-11432 Bull civ 1983,1V,n° 72 Cass I" civ, 12 dec 1984, n° 83-13 350, cite m/ Ghestm, op at, n°363 - etpour « la cession d'un terrain indivisibled'une cession d'entreprise en difficulté »,Cass 3e civ, 3 mars 1993, n° 91-15613]unsData n° 1993-000443 , Bull civ 1993,III, n° 28, ou « le bénéficiaire immédiat dela prise en charge du passif n'est pas la per-sonne physique qui cède les actions, mais lapersonne morale de la société »)

JACQUES GHESTIN

b) La cause illicite

12 - Un contrat de courtage matrimonialpeut être valablement conclu par unepersonne mariée (Cass. I" av., 4 nov.2011, n° 10-20114 JunsUata n" 2011024371 , JCPG2012, note 9, D Bakouche)- Un contrat de courtage avait été conclule 10 mai 2007 par un homme qui était en-core marie II avait coche sur le contrat decourtage la case de divorce En effet, bienqu'une ordonnance constatant la non-concihation ait été rendue le 24 avril 2007,son drvorce n a été prononce que le 22 avril2008 La cour d'appel a annule le contratet condamne le contractant au paiementde dommages et intérêts aux motifs quece contrat était pourvu d'une cause immoraie contrariété avec les bonnes moeurs

et illicite - violation de I ordre public deprotection « un homme encore mariene pouvant légitimement convoler en unenouvelle union » Sur pourvoi de l'exépoux, l'arrêt est casse pour violation de laloi, au visa de l'article 1133 du Code ci\il,aux motifs que « le contrat propose par unprofessionnel, relatif a I offre de rencontresen vue de la réalisation d'un mariage oud'une union stable, qui ne se confond pasavec une telle réalisation, n'est pas nul,comme ayant une cause contraire a l'ordre

public et aux bonnes mœurs du fait qu'ilest conclu par une personne mariée »Cet arrêt se situe, a priori a contre courantd une série de décisions rendues par lesjuges du fond prononçant, dans les mêmesconditions, la nullité de ce type de contratpour cause illicite ou pour cause immorale(ÇA Dijon, l'ech, 2esect, 22 mars 1996 Ju-nsData n° 1996 042020, RTD civ 1996, p880 obs } Hauser, RTD av 1997, p 115,obs } Mestre , JCP G 1997, II, 22774 noteM Douchy - ÇA Pans, I" dec 1999 D2000, p 415, obs J J Lemouland.RlDav2000 p 296, obs J Hauser) Cette solutionapparaît comme une illustration supplementaire du déclin des bonnes mœurs (DFenouillet, Les bonnes mœurs sont mortes 'Vive l'ordre public philanthropique ', m Ledroit prive français à la fin du XXe siècle,Ftudes offertes a P Catala LexisNexis,2001 p 487) se situant dans la continuitédes arrêts rendus en matière de libéralités(Cass ass plen,29oct 2004 n° 03-11 238JunsData n° 2004 025408, Bull civ 2004,ass plen , n° 12 , JCP G 2005, II, 10011,note F Chabas) Des lors que le mari n'apas encore entretenu une relation adultèremais envisage de le faire, il n'y a pas lieude le sanctionner D'aucuns pourraientconsidérer qu'il n'en est pas moins question d une infidélité intellectuelle (Cass 1K

civ, I" mai 2005, n° 04 13 745 JunsDatan°2005 028425, Bull civ 2005,1, n°213,Dr famille 2005, comm 185, note V Larnbau Terneyre) constituant par ailleursun manquement au devoir de respect del'article 212 du Code civil Tel n a pas été leraisonnement de la Cour de cassationL'arrêt aurait pu également se fonder surla situation qui existait au jour ou le juge astatue Si la non contrariété a I ordre publicet aux bonnes mœurs s'apprécie au jourde la formation du contrat alors la nullitéaurait pu être justifiée (V en ce sens, CassI"civ, 10fevr 1998, n° 96 15275 D 2000,p 442, note L Cannage) En revanche, enappréciant la validité du contrat au jour oule juge statue, l'arrêt aurait pris une autredimension II aurait fait prévaloir, a Tinstar du droit international prive, le principed'actualité de l'ordre public (Cass I" civ,23 nov 1976 Marret Grands arrêts DIP, 3e

ed, n° 57 - H Batiffol et P Lagarde, Droitinternational prive LCD], 1993, n° 364,p 585) La hceite et la moralité du contratseraient ainsi appréciées au ]our ou le jugestatue Cette appréciation aurait été d'autant plus fondée en l'espèce que le futur ex

époux était en instance de divorce et quel'ordonnance de non-conciliation avait étérendue avant la signature du contrat htigieux Quel intérêt social (bonnes mœurs)ou intérêt particulier (ordre public de protection) protege-t-on si le contrat ne produit plus d effets illicites au moment ou lejuge statue ? Les juges distinguent alors lecontrat de ses effets, la formation de sa rcahsation Ce principe d'actualité s'imposed'autant plus lorsquil est question desbonnes mœurs qui sont déterminées parle juge au jour ou il statue Or, en l'espèce,au jour de sa décision le contractant étaitdivorce et pouvait légitimement envisagerune relation « hors mariage »En définitive la Cour de cassation s'estlivrée a une appréciation plus objectivede la cause immorale et illicite privilégiantl'acte sur les intentions Elle aurait pu éga-lement transposer au droit cml le principed'actualité de l'ordre public bien connu dudroit international prive

MUSTAPHA MEKKI

13 - L'exception de jeu de l'article 1965 duCode civil peut être efficacement opposéedes lors que, pour des prêts entre particuliers, il est établi, a partir de simples présomptions, que le prêteur « ne pouvaitprétendre avoir ignore la destination dessommes litigieuses » ce qui est un élémentconstitutif de Filliceite (Cass I" civ., 4 nov.2011, n° 10 24.007 JunsData n° 2011024372 V / Ghestm, Cause de l'engagement et validité du contrat, préc, n° 1260,p 821-822)

JACQUES GHESTIN

B. - Les sanctions desconditions de formation ducontrat

1° La mise en œuvre de la nullité

14 Prescription de l'action en nullitépour vileté du prix. - On signalera, pourmémoire cette décision importante et déjàcommentée (Cass. 3e av., 21 sept. 2011,n° 10-21 900 JunsData n° 2011 019517,JCP G 2011 note 1276 J Ghestm) danslaquelle la Cour de cassation approuveune cour d'appel d'avoir « retenu a bondroit que le contrat de bail a construc-tion conclu pour un prix dérisoire ou viln'était pas inexistant mais nul pour défautde cause et en a exactement déduit queI action en nullité de ce contrat, qui rele

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 6/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

vait d'intérêt prive, était, s'agissant d'unenullité relative, soumise a la prescriptionquinquennale de l'article 1304 du Codecivil »

2° Les effets de la nullité

15 Effet rétroactif et droit aux restitu-tions. - La troisième chambre civile vientde rendre un important arrêt relatif a lanullité de la stipulation d'un bail commercial faisant obligation au preneur d'adhérerà une association de commerçants (Cass3e av, 23 nov 2011, n° 10-23 928 Juns-Datan°2011 025888) Apres avoir rappeléau visa de l'article 1304 du Code civil que« la nullité emporte l'effacement rétroactifdu contrat et a pour effet de remettre lesparties dans la situation initiale » elle a eneffet censure une décision qui avait jugeque l'effectivite de la sanction de la nullitéabsolue affectant la clause litigieuse et l'adhesion elle même, interdisait a l'association de prétendre a une restitution en equi\alent des prestations dont I associe auraitbénéficie de sa part alors que « l'annulationa raison de I atteinte a la liberté fondamen-tale de ne pas s associer ne fait pas échec auprincipe des restitutions réciproques quepeut impliquer I annulation d'un contratexécute »Un rapprochement s'impose de toute evidence a\ec la décision très remarquée rendue par la Cour de cassation dans I affaireVal d'Europe Eurodisneyland Pans (CassI" av, 20 mai 2010 n°09 65045 JunsDatan°2010-006588, Bull av 2010 I, n° 118,JCPG2010 doctr 983 n° I, obs M MekkiJCP G 2010 note 925, F Planckeel) On sesouvient qu'a I époque la cassation, pro-noncée au visa des articles 6, § I 11 et 13de la Convention EDH, avait frappe unarrêt qui < après avoir constate la nullité deplein droit de la clause du bail et de la clausedes statuts de I association faisan i obhgation au preneur d adhérer et de maintenirson adhésion a cette association jusqu auterme du bail > avait cependant condamnele preneur a paver a l'association toutes lescotisations, passées et a \ enir, mais cette fois« sur le seul fondement de l'article 1371 duCode civil et des principes qui gouvernentI enrichissement sans cause » La premièrechambre civile avait considère que les jugesdu fond violaient les textes conventionnelspuisque leur décision aboutissait « a unereconnaissance théorique, dénuée de touteeftectivite de la liberté du preneur de ne pas

adhérer a I association » Par la voie plus radicale des droits et libertés fondamentaux,on parvenait ainsi a des résultats voisinsde ceux que la théorie des nullités auraitconsacres Lorsqu une clause contractuelleest déclarée nulle, elle ne peut plus en effetetie exécutée pour I avenir et l'action de mrem verso n'a aucune vocation subsidiaire ala supplanter sauf a pmer l'annulation detoute portéeL'arrêt ici rapporte s'intéresse a la liquidation de la période antérieure au jugementd'annulation Si l'association ne sauraitprétendre conserver une somme équiva-lente aux cotisations versées qu il lui appartient de restituer a I adhèrent elle peut enrevanche reclamer compensation pour lesservices fournis au preneur avant l'annulation L atteinte a une liberté fondamentalene permet pas, en soi la paralysie des restitutions par I adage nemo auditur et laprestation fournie doit donner lieu a resti-tution pour sa valeur objective

16 - Modalités de calcul de la restitutionen valeur d'une prestation - Le principeen étant aujourd hui acquis la question dela méthode d'évaluation des restitutions env aleur, bien qu elle soit au cœur des difficultes pratiques que suscite le retour austatu quo ante, donne rarement heu a desmises au point junsprudentielles Aussiprendra t on soin de tirer les enseignenients d'un arrêt récemment rendu parla troisième chambre civile en matière desous-traitance (Cass 3e av, 30 nov 2011,n° 10-27.021 JunsData n° 2011 026722)La nullité relative du sous traite fondéesur la non fourniture, par l'entrepreneur,des garanties qu'exigé I article 14 de la loidu 31 décembre 1975 présente souventpour le sous-traitant un intérêt tactique etéconomique puisqu'elle l'autorise a ne paspoursuivre I exécution d un contrat nul eta solliciter le paiement de la contre valeurdes travaux qu il a réalises (Cass 3e av18 nov 2009, n° 08 19355 JunsData n°2009 050352 , Bull av 2009 III, n° 252)Une jurisprudence constante de la Cour decassation décide alors que « si en raison dela nature des obligations il est ( ) impossible » aux parties « de se restituer reciproquement ce qu'elles ont reçu il y a heu detenir compte de la valeur des prestations dechacune d'elles et de I avantage que I autreen a retire » (Cass soc, 8 avr 1957 D1958, junspr p 221 note Ph MalauneCass soc, 3 oct 1980 D 1982, junspr p

68, note E Agostim Cass I" av 8 det,1987 Bull av 1987,1 n° 326 et 327)Mais comment apprécier la valeur objec-tive de la prestation de service fournie ?

Si la tentation est grande de se référer aucontrat (Cass soc, 7 nov 1995 Bull civ1995 V, n° 292 , JCP G 1996, II 22626note B Petit et M Picq) pour quantifier larestitution due au prestataire de services(M Malaune, Les restitutions en droit civil,lhei,e Pans H, pref G Cornu Cujas, 1991,p 66) cet élément d'appréciation ne devraitpas s imposer au juge (C Guelfuca Thibierge, Nullité, restitutions et responsabihtes, thèse Pans I, pref ] Ghestin LGDJ,1992, n° 831) En pratique l'évaluation despeines et charges directement liées a l'exé-cution du contrat annule imposera une expertise (Ph Malaune, L Aynes et Ph Stof-fel-Munck, Droit civil Les obligationsDefrenois, 2011, 5e ed n° 726, note 50)C est ce qui était advenu dans la présenteespèce ou une cour d appel après avoir annule des contrats de sous traitance portantsur des travaux d installation thermique etde création d'un reseau de circulation deproduits dans des laboratoires pharmaceutiques a\ait ordonne une expertise a l'effetde procéder a « une estimation du justecout de l'ensemble des travaux exécutes »par le sous traitant « sans égard pour lesprix convenus par les parties » La Courde cassation rejette le pourvoi qui faisaitgrief aux juges du fond de s'être fondes,pour écarter ses demandes de restitution,sur les résultats de l'expertise qui prenaiten compte la valeur de l'ouvrage réalisépar le sous traitant au heu de le tenir quittedes sommes qu il avait réellement deboursees Elle retient que « la cour d'appel, quia exactement retenu que la [demanderesse] ne pouvait prétendre que sa créancedevait être déterminée par référence a sesdépenses réelles telles qu'elles ressortaientde sa seule comptabilité analytique et quin a pas procède a une évaluation purement théorique ni donne effet au contratde sous traitance déclare nul, a pu considerer que le travail de l'expert était susceptible de servir de base a la détermination dujuste prix des prestations fourmes pour lemarche Parke Davis Climatisation et a, enl'absence de preuve par la société Boccardd un prix distinct de celui règle au titre dumarche Parke Davis Process, souverainement apprécie le montant représentant lejuste cout des travaux exécutes par [le soustraitant] » Rendu sur le terrain probatoire,

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 7/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

I arrêt n'en est pas moins instructif d autantqu'en l'occurrence l'expert avait procède aune estimation précise et décomposée de lasomme due au titre du chantier

de le soumettre au régime du crédit bail(C monet et fin , art L 313 7 et s )

ANNE SOPHIE BARTHEZ

YVES MARIE SERINE! 2° La durée d'exécution du contrat

3. Les effets du contrat

A. - La force obligatoire ducontrat

1° Le contenu du contrat

17 - Un ensemble contractuel « contrac-tualisé ». - Si la reconnaissance d'unensemble contractuel a pour fonctionpremière de faire gagner en cohérenceles régimes applicables aux contrats quile composent, la Cour de cassation vientde lui faire jouer un rôle un peu moinsconnu (Cass. 3f av., 19 oct. 2011, n° 10-13.651 JunsData n° 2011 022315) Enl'espèce, un contrat de bail avait été offertà une société qui, un an plus tard, s'étaitégalement \u consentir sur ces mêmeslocaux une promesse unilatérale de venteOr, I acte authentique qui contenait laditepromesse comprenait également le dépôt,aux fins de publication, du contrat de bail,offrait a son bénéficiaire la possibilité dese substituer un tiers a condition qu'il respecte les termes de la promesse et du bail,soulignait que le prix de vente devait tenircompte des loyers déjà acquittes et, enfin,stipulait que bail et promesse étaient mdissociables La Cour de cassation en déduisitque l'acte « présentait les traits essentielsd'un contrat de crédit-bail immobilier »La décision retient l'attention a un doubletitre D'une part la Cour de cassation faitdu bail, de la promesse et de leur indivisi-bilité « les traits essentiels » du crédit bailPeu importe que bail et promesse n'aientpas été conclus simultanément et quele bien n'ait donc pas été loue pour per-mettre ensuite sa vente L'indivisibilité estsuffisamment rapportée par d'autres elements de fait D'autre part, la Cour de cassation ne substitue pas une qualificationunique a deux qualifications originelles(V par ex Cass corn , 29 nov 1971 Bullav 1971, IV, n° 286 «qualification deplusieurs cessions d'actions en une venteunique de fonds de commerce) Elle ajouteune qualification nouvelle aux qualihcations originelles afin, en quelque sorte, decontractualiser I ensemble contractuel et

3° L'inexécution du contrat

18 - Clause de renonciation anticipée ala resolution. - Dans une très importantedécision, relative a une clause de renoncianon d'un vendeur a demander la resolutionde la vente d'un immeuble pour défaut depaiement du prix (V M Dagot La renondation anticipée a l'action résolutoire de lavente, d'immeuble JCP N 1986, I, p 361,soulignant que, en pratique, le vendeurrenonce a I action résolutoire, soit en fa\eurd'un créancier hypothécaire, soit au profitde I acquéreur qui s engage généralementa fournir alors une autre garantie de paiement, et notamment un cautionnement),la troisième chambre civile de la Cour decassation vient d'affirmer « qu'ayant retenuà bon droit que I article 1184 du Code civiln'est pas d'ordre public et qu'un contractant peut renoncer par avance au droit dedemander la resolution judiciaire du contratet rele\e que la clause de renonciation, redigee de manière claire, précise non ambiguëet compréhensible pour un profane, étaitnon équivoque, la cour d'appel en a exacte-ment déduit que la demande (de resolution)était irrecevable » (Cass 3e av, 3 nov 2011,n° 10-26203 JunsData n° 2011-023715JCP G 2011, act 1272 obs C Delobel, JCPG 2012, note a paraître Ph Stoffel Munck)La question de la validité d'une clause derenonciation anticipée a la resolution atoujours été discutée en doctrine et n avait,jusqu a présent, jamais été aussi claire-ment tranchée par la Cour de cassation(V P Croiser Les remèdes a l'inexécutiondu contrat essai de classification, th PansI, dactyl, n° 499 et s) La thèse de la liceitedes clauses excluant pour l'un des contractants le droit d'agir en resolution a été logi-quement défendue par les anciens auteursqui, a l'instar des rédacteurs du Code civilvoyaient dans la resolution de l'article 1184du Code civil l'application d'une conditionrésolutoire sous entendue En approuvantla cour d'appel d avoir affirme que I article1184 n'était pas d'ordre public, la troisieme chambre civile semble faire un clind œil aux grands auteurs du XIXe siècle

L'argument nous semble cependant unpeu court En effet, il était jusqu'à présentinvoque en doctrine et en jurisprudencepour justifier la validité et l'efficacité desclauses résolutoires L'absence de caractèred'ordre public concernait donc le caractèrejudiciaire de la resolution et non la résolunon elle même ce qui n'est pas exactementla même chose Une partie importante dela doctrine contemporaine considère aucontraire qu'une renonciation anticipéea la resolution ne saurait être admise aumoins lorsque le créancier ne disposeraitd'aucune autre solution pour sanctionnerle débiteur défaillant, au motif qu'elle « pri-verait le contrat de sa fonction d'échange »(/ Ghestm, Ch Jamm, M Billiau, Les effetsdu contrat, n° 451 - V surtout, Ph Delebecque, Les clauses allégeant les obligationsdans les contrats, th Aix Marseille III, 1981,n° 169 et s, spec n° 172 , JCP G 1985 II,20407, note Ph Delebecque) II se peut ainsique le créancier ne puisse pas exercer efficacément son droit de demander l'exécutionforcée du contrat soit parce que le débi-teur, tenu d'une obligation de somme d'ar-gent, est insolvable , soit parce que l'exécu-tion de son obligation en nature se heurtea une impossibilité matérielle, juridique oumorale, soit, tout simplement parce qu'unetelle exécution a perdu tout intérêt pourle créancier (hypothèse du retard, notamment) Certes soulignent les auteurs favorâbles a la validité d'une renonciation anti-cipée a la résolution, il reste la possibilitépour le créancier d'obtenir des dommages-intérêts (V M -E Pancrazi-Tian I a protection judiciaire du lien contractuel PUAM1996, n° 313) II nous semble cependantque cet argument ne peut être admis dèslors que l'on considère que ces dommages-intérêts ont une fonction de réparation dupréjudice cause par l'inexécution et nonl'exécution par équivalent du contrat Eneffet, le contrat demeure alors bien sans« sanction » puisque ni l'exécution forcée(on suppose par exemple que celle-ci estimpossible) m la resolution ne pourrontêtre obtenues par le contractant qui n'a pasreçu la prestation attendue, contractant quiresterait quant a lui tenu d'exécuter ses obli-gations et se retrouverait ainsi prisonnierd'un contrat qui aurait perdu tout caractèresynallagmatiqueLa Cour de cassation a cependant juge quela clause d'un contrat stipulant que le débi-teur s'engageait a exécuter ses obligationssous peine de dommages intérêts, et donc

141 RUE DE JAVEL75747 PARIS CEDEX 15 - 01 45 58 90 00

16 JAN 12Hebdomadaire Paris

OJD : 4569

Surface approx. (cm²) : 3084

Page 8/8

DUPIRE4277711300507/XBF/OTO/3

Eléments de recherche : GREGOIRE LOISEAU : avocat, toutes citations

qui laissait subsister la responsabilité dudébiteur, « constituait une renonciationvalable au bénéfice de l'action résolutoireprévue par l'article 1184 du Code civil »(Cass com,20fevr 19V Bull civ 1952,III, n° 85 - Cass corn, 14 man 1950 Bullav 1950, IL n° 104) C est donc plutôt leprincipe de la hcerte d'une renonciationanticipée a la resolution qui semblait pre-\aloir en jurisprudence (V également,Cass corn, 2 dec 1974, n° 73-12843Bull av 1974, IV, n° 306 - En revanche,un arrêt souvent cite en ce sens ne noussemble pas significatif car le contrat contenaît une clause de résiliation unilatéraleCass corn 7 mars 1984 Bull ctv 1984,IV, n° 93), excepte en droit des sociétés oula Cour de cassation a affirme que le droitde tout associe de demander la dissolutionjudiciaire de la société pour mésentente (Cav, art 1844 7) était un droit d'ordre public auquel aucune convention ne pouvaitfaire obstacle (Cass I" av, 18 jwll 1995,n° 95-11410 Bull av 1995 I, n° 328)Avec I arrêt commente, le doute n est pluspermis « un contractant peut renoncerpar avance au droit de demander la reso-lution judiciaire du contrat » (comp , Cass3' civ, 29 nov 2011, n° 10-21 759, inédit)Nous voudrions cependant souligner, enquelques lignes les nombreuses questionsque soulevé cette affirmation de la Courde cassation Tout d abord la clause derenonciation ferme t elle aussi la voie dela resolution unilatérale pour manque-ments ou comportement graves ? Ensuite,une telle clause même « rédigée de manièreclaire, précise, non ambiguë et comprehenwble pour un profane » (a la lecture de laclause il n est pas certain que celle-ci me-nte ces qualificatifs ) est elle vraimentvalable lorsque le débiteur est un professionnel (V C consom, art R 132-1, 7°) 'Enfin, a l'instar des clauses limitatives ouexoneratoires des responsabilités, la clausede renonciation ne serait elle pas privéed'effet dans certaines circonstances ' Dansson pourvoi, le vendeur invoquait ainsi lecaractère essentiel de l'obligation mexe-cutee et la mauvaise foi de l'acheteur Surla notion d'obligation essentielle, la Courde cassation se contente d'affirmer quele moyen n'est pas fonde, alors pourtantque cette notion, abstraction faite de sesincertitudes, paraît plutôt bien adaptée ala clause de renonciation qui pourrait êtreanalysée comme une forme de clause allégéant les obligations ou de non obligation

(V l'article R 132 I 7°, prec , qui vise bienles obligations essentielles du professionnel même s'il n'utilise pas ce qualificatif)Quant a la mauvaise foi du débiteur se prévalant de la clause de renonciation la question reste ouverte car le vendeur ne l'avaitpas invoquée devant les juges du fond Defait, s'agissant d'un moyen nouveau, il a étéjuge irrecevable car mélange de fait et dedroit \u delà de la mauvaise foi contraireaux exigences de I article 1134, alinéa 3 duCode civil, limite bien connue a l'efficacitédes clauses résolutoires (lorsqu'elle émanedu créancier) il nous semble que la fautedolosive du débiteur (inexécution volontaire) devrait toujours le priver de la faculte d'invoquer la clause de renonciationQuant a la faute lourde, la question mented'être posée

PAULGROSSER

B. - Le domaine des effetsdu contrat

1° L'opposabilité du contrat

2° La relativité du lien obligatoire

19 - De la vigueur de la transmissionuniverselle. - Qu'elle soit successorale ouconsécutive a une opération de restructuration de société la transmission univer-selle est a la fois générale et automatiqueun ensemble d'éléments actifs et passifsest transmis a un ayant cause qui se trouvede plein droit substitue dans les droits etobligations de son auteur (et, notamment,dans les actions en justice que son auteuravait préalablement engagées - solutionrécemment rappelée par Cass corn., 8 nov.2011, n° 10-24.593, médit)Pour vigoureuse qu'elle soit, la transmisMOU universelle est cependant tenue enéchec lorsqu'un contrat est par natureteinte â'mtuitusper<;onae, légalement excludes conventions librement cessibles oucomprend une clause restrictive ou prohibitive de circulation Pour cette dernièreraison et faute d accord du bailleur, la Courde cassation vient de refuser la transmis-sion universelle d un contrat de crédit-bailqui prévoyait que le locataire ne pouvait< céder son droit de location sans I accordpréalable et écrit du bailleur » (Cass. com.,6 sept. 2011, n° 10-21 079, médit) Cetteprimauté de la volonté des parties sur

rautomaticite de la transmission universelle est bien naturelle Car, outre l'article1134 du Code civil que la Cour de cassanon prend soin de viser pour la faire triom-pher, l'article 1122 du même code disposeégalement que l'on « stipule » pour seshéritiers et ayants cause « a moins que lecontraire ne soit exprime ou ne résulte dela nature de la comention » Toutefois, etparce qu elle tient lieu d'exception, cettemise en échec de la transmission universelle ne peut être que strictement admiseOn regrettera alors que, pour la Cour decassation, la « cession » visée par la clauserecouvre l'hypothèse, bien plus énergiquepourtant, de la transmission universelle dupatrimoineSans illustrer a proprement parler unelimite a la transmission universelle unedernière décision mente cependant quel'on s'y arrête En l'espèce, un droit d'usageavait été concède sur des parcelles de terredont la propriété avait ensuite été acquisepar la fille de l'usager Vingt ans plus tard,et au mépris de I article 631 du Code civilqui le lui interdisait, l'usager consentit unbail rural sur ces terres A son décès, lapropriétaire des terres devint son héritièreet se vit alors opposer par le preneur lecontrat de bail conclu par le père usagerAussi revenait-il a la Cour de cassation detrancher entre deux textes qui menaçaientl'héritière de schizophrénie d'un cote,l'article 1122 du Code crvil qui énonce quel'on stipule pour soi et ses héritiers et subs-titue donc l'héritière dans le bail conclupar son père et, de I autre, l'article 631 dumême code qui dispose que l'usager nepeut louer son droit a un autre et autoriseainsi l'héritière, par ailleurs propriétairedes terres louées, a reclamer la nullité dubail Rendu sous le visa du second, la Courde cassation décide a juste titre que « MmeX était rece\able, quand bien même elleaurait accepte la succession de son père,a poursuivre, sans que les dispositionsde l'article 1122 du Code civil y fassentobstacle, la nullité d'un bail consenti parle titulaire d un droit d'usage en dépassement de ses droits » (Cass 3e civ, 9 nov2011, n° 10-18.473 funsData n° 2011024519) En effet, on voit mal pourquoi, enl'absence de confusion, la transmission dupatrimoine du défunt éteindrait l'actionen justice qui appartenait a son héritière etpermettrait indéfiniment le maintien d'uncontrat entache de nullité

ANNE SOPHIE BARTHEZ