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- 1 - Sommaire du CHAPITRE 12 Les bananes et plantains (Musa sp.) et les palmiers Les bananes et plantains (Musa sp.) Description du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Taxonomie, évolution et dispersion de la culture du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Écologie, méthodes de culture et utilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Utilisation des bananes, variétés et amélioration génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Statistiques de production (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Les palmiers Introduction: les Arécaceae (Palmiers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Description morphologique-anatomique des palmiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Le cocotier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Écologie et condition de culture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Statistiques de production pour 2001 (FAOSTAT, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Palme à huile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Statistiques de production de la palme à huile (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . 17 Le dattier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Statistiques de production du dattier (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Autres espèces de palmiers utilisés dans différentes régions du mond e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Sommaire du CHAPITRE 12 - Université de Montréal...M. acuminata diploïdes ont été mises en contact avec des plantes de M. balbisiana lors de la diffusion de la culture du bananier

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Sommaire du CHAPITRE 12

Les bananes et plantains (Musa sp.) et les palmiers

Les bananes et plantains (Musa sp.)

Description du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Taxonomie, évolution et dispersion de la culture du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Écologie, méthodes de culture et utilisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Utilisation des bananes, variétés et amélioration génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Statistiques de production (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Les palmiers

Introduction: les Arécaceae (Palmiers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Description morphologique-anatomique des palmiers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Le cocotier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Écologie et condition de culture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Statistiques de production pour 2001 (FAOSTAT, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Palme à huile. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Statistiques de production de la palme à huile (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . 17 Le dattier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Statistiques de production du dattier (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Autres espèces de palmiers utilisés dans différentes régions du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

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Les bananes et plantains (Musa sp.)

La banane est considérée comme le plus important fruit tropical. Comparé à la production mondiale de tous les fruits, la production de bananes n’est surpassée que par celle du raisin. Dans les régions tempérées on connaît surtout la banane de dessert sucrée qui est consommée crue, mais près de la moitié de la

production de bananes provient des plantains, riches en amidon, qui doivent être cuits et qui sont consommés localement comme légumes. Dans beaucoup de régions tropicales, particulièrement en Afrique de l’Est, la banane, en particulier sous forme de plantain, est l’aliment principal des populations locales. Cette plante herbacée, qui a l’allure d’un petit arbre, est originaire du sud-est de l’Asie où elle a été l’une des premières plantes à être domestiquée. Deux espèces de la famille des Musacées (Monocotylédones) sont impliquées dans l’évolution des bananes et des plantains, Musa acuminata Colla et Musa balbisiana Colla. Les variétés de bananes sucrées sont issues de la domestication de M. acuminata, tandis que les plantains sont originaires des croisements entre les deux espèces de Musa. La culture du bananier s’est étendue à toutes les régions tropicales du globe. A partir du 19e siècle la banane est devenue une denrée d’exportation importante pour l’économie des pays des régions tropicales, en particulier ceux d’Amérique et d’Asie. En 2001, la production globale de bananes (dessert) était estimée à 68,9 MTM, à laquelle s’ajoutait près de 30 MTM de plantains destinés à l’alimentation locale. Environ 45 % de la production de bananes sucrées est exportée pour être consommée principalement dans les pays industrialisés des régions tempérées. Les principaux producteurs étaient l’Inde, le Brésil, l’Équateur, l’Indonésie, les Philippines et la Chine. Près de 31 MTM de bananes de desserts étaient exportées par plusieurs pays asiatiques (Philippines, Indonésie, Thaïlande) et américains (Brésil, Équateur, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Panama, El Salvador).

Description du bananier Bien que ressemblant à un arbrisseau, le bananier cultivé soit une espèce herbacée vivace de grande taille pouvant atteindre entre 2 et 9 mètres de hauteur (Figure 1). Sa culture est établie par propagation végétative à partir de bougeons adventifs situés sur la vraie tige (corme) qui est souterraine. La tige aérienne (pseudo-tronc ou pseudo-tige) n’en est pas une, mais elle est formée par l’emboîtement spiralé des pétioles des feuilles qui naissent directement du rhizome. Le système racinaire est peu développé latéralement ou en profondeur. La croissance des jeunes feuilles se fait en traversant le tube composé par les pétioles des feuilles plus âgées. Les feuilles arrangées en spirale forment une couronne foliaire terminale. Elles sont longues, larges, lises et simples, mais frangées. Les centaines de nervures parallèles partent d’une nervure médiane proéminente. Le nombre de feuilles fonctionnelles permanentes par bananier varie entre 10 à 15 et celles-ci peuvent atteindre des dimensions va-riant entre 1 m et 2 m de longueur. Suite à la croissance végétative qui se déroule sur une période de 7 à 9 mois, une inflorescence se développe verticalement d’un méristème situé à l’apex du corme souterrain. Cette inflorescence éventuellement émergera de l’apex de la pseudo-tige et se recourbera vers le sol entraînée par son poids et par un géotropisme positif (Figure 1).

L’inflorescence est un épi complexe constitué d’un pédoncule bien développé et solide sur lequel les fleurs sont arrangées en grappes nodales, chaque grappe étant protégée par une feuille modifiée (bractée) qui se détache éventuellement, le tout formant une “main” de bananes. Le nombre de fleurs par nœud varie de 5 à 15 et le nombre de nœuds par inflorescence peut varier entre 5 et 20. Les 5 à 15 premiers nœuds produisent des fleurs zygomorphes qui sont structurellement hermaphrodites, mais fonctionnellement femelles. Les nœuds distaux produisent des fleurs qui sont aussi structurellement hermaphrodites mais fonctionnellement mâles. Certains nœuds en position intermédiaire peuvent porter des fleurs hermaphrodites, qui sont stériles. Toutes les fleurs possèdent un périanthe fortement zygomorphe composé d’un tépale composé, abaxiale, à 4 lobes qui est formé de 4 tépales soudés (dont deux de dimensions très réduites) et d’un tépale adaxiale libre réduit. Les fleurs “femelles” d’une longueur de 8-12 cm possèdent un ovaire infère triloculaire plus long que le périanthe, un style et 3 stigmates lobés et 5 staminoïdes dépourvus de pollen fertile. Lors de la maturation du fruit, qui se développe sans pollinisation (parthénocarpie), l’ovaire persiste et se développe alors que le périanthe et le stigmate se détachent laissant une cicatrice à l’extrémité libre du fruit mâture. Les fleurs “mâles” d’une longueur de 4-6 cm possèdent 5 étamines et de longues anthères, contenant rarement du pollen viable chez les variétés cultivées,

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et un ovaire réduit ainsi qu’un style et un stigmate minces. Le fruit, qui est le résultat du développement de l’ovaire infère, est une baie charnue allongée comportant trois rangées d’ovules avortés et trois zones de suture qui délimitent les trois locules de l’ovaire et qui opposent une moindre résistance lorsque l’on “pèle” la banane. La pulpe du fruit, riche en glucides, se développe à partir de la paroi de l’ovaire qui devient éventuellement la “peau” de la banane. Les baies, contrairement à l’axe de l’inflorescence, se développent par un processus de géotropisme négatif (et non par un processus de phototropisme positif), recourbant le fruit et pointant l’extrémité libre du fruit en position opposée au sol. Le bananier produit généralement une inflorescence par plant et l’infructescence qui se développe, le régime, peut être composée de 60 à 120 baies avec un poids qui peut atteindre les 40-80 Kg (Figure 1).

Les baies de la banane se différencient de celles des plantains par leurs dimensions plus réduites et par la coloration jaune de leur peau (méso et exocarpe) à maturité, ce qui contraste avec la couleur verte à mauve de la peau des plantains qui est beaucoup plus épaisse. La distinction la plus marquée est le fait que la ‘’pulpe’’ mûre des bananes de dessert est composée d’amidon fortement hydrolysé et d’une proportion importante de sucres non-crystallisables (6-9 % du poids de la pulpe) ce qui permet qu’elle puisse être consommée crue. Par contre, la pulpe du plantain est formée d’une forte proportion d’amidon non hydrolysée et ne contient que des traces de sucres à maturité ce qui la rend inconsommable, à moins d’être soumise à une cuisson préalable.

A

B

C

D E F G H

I

J

K

L

Figure 1. Musa groupe AAB cv Mysore: Banane. A.- Jeune plante; B.- Base de la plante avec drageon; C.- Inflorescence; D.- Fleur femelle avec bractée; E.- Fleur mâle avec bractée; F.- Fleur femelle; G.- Fleur femelle avec périanthe ouvert; H.- Coupe longitudinale d’une fleur femelle; I.- Fleur mâle; J. Fleur male avec périanthe ouvert; K.- Coupe longitu-dinale d’une fleur male; L.- Régime de bananes.

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Taxonomie, évolution et dispersion de la culture du bananier :

Les bananiers cultivés proviennent de l’évolution de deux espèces de monocotylédones placées dans la famille des Musacées. La famille des Musacées est divisée en deux genres, Ensete et Musa comportant des espèces herbacées vivaces. Le genre Musa est divisé en quatre sections (tableau 1). Bien que plusieurs espèces spontanées de Ensete et de Musa sont utilisées pour leurs fibres, comme plantes ornementales et pour leurs cormes souterrains comestibles, seulement trois espèces de Musa sont impliquées dans l’évolution des bananes

cultivées pour leurs fruits comestibles. Musa fe’i, dont les fruits parthénocarpiques sont comestibles, est utilisée localement à petite échelle en Asie du Sud-Est, particulièrement en Indonésie et en Malaisie. Musa acuminata et M. balbisiana, placées dans la section Eumusa, sont impliquées dans l’évolution des bananes et plantains cultivés (Figure 2). Les formes spontanées de ces deux espèces sont originaires de l’Asie du Sud-Est. Musa acuminata est distribuée dans les régions tropicales humides et l’on considère que son évolution sous culture a commencé dans la péninsule malaysienne. L’espèce spontanée produit des fruits non-comestibles peu charnus et pourvus de très nombreuses graines dures. Les cormes de cette plante étaient probablement utilisés comme aliment par les peuples préhistoriques habitant les régions côtières de la Malaisie, mais une mutation fortuite déterminant une stérilité des fleurs femelles et le développement des fruits sans fertilisation par un processus de parthénogenèse a rendu les fruits attrayants pour la consommation humaine. Les premiers bananiers qui ont été sélectionnés et cultivés étaient probablement diploïdes (2n = 22), mais par la suite un processus de polyploïdisation accidentel a produit des plants triploïdes stériles (2n = 33), dont les fruits étaient plus développés, plus charnus et sucrés que ceux des formes diploïdes cultivées. Ces formes triploïdes de Musa acuminata ont très certainement été sélectionnées et propagées végétativement par la suite et les variétés traditionnelles et modernes de bananes sucrées de dessert sont dérivées de cette espèce. Plus récemment, des variétés tétraploïdes (2n = 44) ont été produites au cours des programmes d’amélioration génétique établis à partir de 1920. Bien que la plupart des variétés tétraploïdes n’aient pas donné des résultats escomptés, quelques variétés commerciales issues de ces programmes, tels que la variété “Jamaica 1242”, ont remplacé des variétés commerciales triploïdes dans certaines régions d’Amérique centrale et d’Asie.

La deuxième espèce, Musa balbisiana (2n=22), originaire des régions subtropicales (régions des moussons) du sud de l’Asie et tropicales du sud-est de l’Asie, des Philippines à la Nouvelle-Guinée, est impliquée dans l’évolution des plantains. Les formes spontanées de cette espèce produisent des fruits grenus issus de la pollinisation croisée assistée par les insectes et chauves-souris. Il est probable que des formes cultivées de

Tableau 1.

Famille des Musacées (Monocotylédonées):

Genres et sections du genre Musa

Genre Chromosome Section Distribution # espèces Utilisation

# de base

Ensete 9 - Afrique de l’Ouest 7-8 Fibres,”légume”

à N. Guinee (corme)

Musa 10 Australimusa Queensland aux 5-6 Fibres, fruit

Philippines (banane fe’i)

10 Callimusa Indochine à 5-6 ornementale

Indonésie

11 Rhodochlamys Inde->lndochine 5-6 ornementale

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M. acuminata diploïdes ont été mises en contact avec des plantes de M. balbisiana lors de la diffusion de la culture du bananier dans des régions subtropicales du sous-continent indien. Les formes diploïdes de M. acuminata n’étant que partiellement stériles, il y aurait eu au moins un épisode d’hybridation spontanée et accidentelle qui aurait généré des hybrides inter-spécifiques naturels diploïdes (2n = 22) entre cette espèce et M. balbisiana. Par la suite, un processus de polyploïdisation aurait permis le développement de formes triploïdes (2n = 33) de ces hybrides comportant deux compléments génomiques de M. acuminata et un complément de M. balbisiana (AAB)(Figure 2). Les programmes d’hybridations contrôlées établis plus récemment ont produit des hybrides triploïdes de combinaisons génomiques ABB et des hybrides tétraploïdes (2n = 44; AABB) qui ont l’avantage d’introduire une résistance à une maladie fongique provoquée par Fusarium oxysporum, la maladie de Panama. Cette maladie s’est avérée très destructrice dans les plantations de bananiers d’Amérique au cours des 19-20e siècles.

Bien que les premières preuves archéologiques de la présence de bananes cultivées en Asie (découvertes dans le centre de l’Inde) ne remontent qu’au 6ème siècle avant notre ère, l’on considère que la culture de cette plante a commencé plusieurs milliers d’années auparavant dans les régions tropicales de l’Asie. Le géographe Carl Sauer a même proposé que cette plante ait été une des premières à être cultivée en Asie du Sud-Est, qui

Figure 2. Évolution des bananes et plantains

Non cultivées

Musa acuminata AA(2n=22)

Climat tropical humide

Cultivées

Musa acuminata AA(2n=22)

Cultivées

Musa acuminata AAA(3n=33)

Musa balbisiana BB(2n=22)

Musa acuminata AAAA(2n=44)

Hybrides interspécifiques (Plantains)

AB (2n=22); hybrides ˙naturels˙

AAB (2n=33): plantains commerciaux,adaptés aux climats de moussons

ABB; AABB (2n=33; 44); plantainsaméliorés à partir de 1945; résistance

à

Diploïdie(pollen)

ParthénocarpieFleurs stériles

Sans parthénocarpie

adapté aux climats de moussons

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serait, d’après lui, le berceau du développement agricole. Bien que ces propositions ne soient pas appuyées par les recherches et découvertes archéologiques récentes, il n’y a pas de doutes que le bananier était une plante d’importance pour les peuples ayant développé dans ces régions une agriculture primitive basée sur la propagation végétative.

Il est probable que le bananier a été introduit indépendamment en Afrique de l’Est, en Chine et dans les régions de la Mélanésie et du Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Elle fut introduite dans l’île de Madagascar vers 500 AD. Par la suite, la culture du bananier fût établie sur la côte ouest de l’Afrique. La culture du bananier fût aussi introduite dans la région méditerranéenne de l’Afrique et de l’Espagne à partir de 650 A.D., lors de la conquête arabe. Au début du 16e siècle, les Portugais l’implantèrent dans les îles Canaries. Dès 1516, des plants de bananiers issus des plantations des îles Canaries furent transportés dans les îles des Caraïbes et servirent par la suite d’aliment aux esclaves africains utilisés pour les travaux agricoles des plantations de canne à sucre en Amérique centrale. À partir de la fin du 19e siècle, la culture du bananier joua un rôle important dans le développement économique et la politique internationale des pays d’Amérique centrale. En 1870, les premières importations de bananes aux États-Unis à partir des pays tropicaux d’Amérique centrale furent tellement populaires et économiquement rentables qu’elles suscitèrent la convoitise d’entrepreneurs américains qui décidèrent d’investir dans la culture industrielle des bananes. En 1871, le milliardaire américain Minor Cooper Keith construisit un chemin de fer au Costa Rica et établit les premières plantations de bananes à grande échelle dans ce pays. En 1899, il créa la ‘’United Fruit Company ‘’ qui eu une influence considérable (et pas toujours positive) sur l’économie et la politique des pays d’Amérique centrale au cours des 70 années suivantes. Plusieurs coups d’état, dont celui contre le Président Jacobo Arbenz du Guatemala en 1954, furent dirigés par les États-Unis, sous le couvert du combat contre le communisme, pour protéger les intérêts économiques de la United Fruit Company. Entre 1930 et l940, la United Fruit Company et ses filiales élargirent leurs activités pour inclure la Colombie et l’Équateur, qui devinrent des producteurs et exportateurs importants de bananes sucrées.

Écologie, méthodes de culture et utilisation

Le bananier est adapté aux conditions des régions tropicales humides retrouvées entre les latitudes 35o N et S. Il peut aussi être cultivé, avec l’aide de l’irrigation artificielle, en dehors de cette zone, sous des conditions de microclimats possédant des températures minima de 24oC et libres de gels. La productivité du bananier est optimale sous des conditions de températures comprises entre 26 et 32o C. Les sols de pH 6.0-6.5 sont préférés et doivent être de textures loameuses à argileuses pourvu que le drainage soit adéquat. Le bananier ne tolère pas l’eau stagnante, le manque d’aération des sols et la salinité ou l’alcalinité excessive (en équivalents Na+).

Les plantations sont établies par propagation végétative à partir des rhizomes (cormes) plantés à 4-5 m de distances les uns des autres. Dans les plantations commerciales, établies sur des champs plats, le sol est labouré avant d’être planté. Sous certaines conditions où l’érosion est un facteur limitant, les cormes ou portions de rhizomes souterrains sont plantés directement dans les sols sans labourage préalable. Une période de croissance végétative de 5-7 mois est nécessaire avant l’apparition et le développement de l’inflorescence. Pendant cette période, il est nécessaire d’éliminer constamment les drageons latéraux qui se développent à partir des rhizomes et qui ont un effet négatif sur la croissance des bananiers. Le développement du régime de fruits requiert de 1 à 2 mois supplémentaires et les régimes doivent être soutenus par des poteaux en bois pour éviter que la plante casse sous leurs poids. Le régime de bananes est coupé quand les bananes sont bien développées, mais encore immatures. Suite à la récolte des régimes, les plants de bananiers sont coupés au ras du sol et un nouveau plant se développe à partir d’un bourgeon végétatif latéral du corme souterrain. Dépendant des conditions des sols et de la situation phytosanitaire de la plantation, un champ de bananiers peut être cultivé pendant 5 à 20 ans avant que l’on mette fin à la culture et que l’on laboure le terrain pour une nouvelle plantation, pour une rotation avec une autre culture ou pour le placer en jachère. En cas d’infestation des racines de bananiers par le nématode Heliocotylenchus multicinchus, il est coutume d’inonder les terrains et de planter du riz pendant un an ou deux. Dans ce cas, il faudra éviter de planter des bananiers sur ce même terrain pendant au moins 5 ans.

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Les régimes de bananes encore vertes sont coupés et suspendus à l’ombre dans un entrepôt bien aéré en prenant soin de ne pas endommager les bananes qui sont très fragiles aux pressions et aux coups et qui, lorsqu’elles sont endommagées, produisent des quantités de dioxyde de carbone et d’éthylène qui accélèrent le processus de maturation des fruits. Une période de quelques jours est allouée pour “conditionner” les régimes et uniformiser leur maturation. Les bananes sont ensuite transportées aux marchés ou exportées dans les pays consommateurs. Le transport à longue distance est effectué par bateaux, trains ou avion à une température contrôlée de 10oC, à 90 % d’humidité et à l’obscurité. Sous ces conditions la maturité des bananes est retardée, car la production d’éthylène et de dioxyde de carbone issus du métabolisme des bananes sont réduites au minimum. Deux à trois jours avant la vente des bananes, le régime est placé dans un sac de plastique transparent à une température de 25o C, afin d’induire la production d’éthylène et de CO2 qui aura, cette fois, un effet positif sur la maturation des fruits.

Utilisation des bananes, variétés et amélioration génétique

Une grande proportion de la production de plantains est produite dans des jardins privés et est consommée sur place. Très peu de cette production est exportée dans les pays des régions tempérées pour satisfaire les demandes des marchés spécialisés destinées aux immigrants provenant des régions tropicales. Les plantains sont cuits, frits ou préparés en farines et accompagnent les plats traditionnels d’une façon semblable à celle de la pomme de terre dans les régions tempérées. La valeur nutritive des bananes et des plantains est similaire à celle de la pomme de terre. Comme nous l’avons mentionné, plus de la moitié des bananes sucrées produites est destinée à l’exportation. La plupart de ces bananes seront consommées crues lorsqu’elles seront mûres, bien qu’une certaine partie de la production soit utilisée pour la confection de confiseries (tranches de bananes séchées, mélangés avec du lait de noix de coco, etc.), ainsi que pour la confection de farines et de poudres pour la préparation de gâteaux et de mélanges pour boissons rafraîchissantes. Dans plusieurs régions d’Afrique de l’Est, les bananes sont utilisées pour la fabrication d’une bière ou sont broyées et ajoutées à des boissons alcoolisées préparées à partir de la sève de palme. Les cormes et rhizomes souterrains, les pétioles foliaires internes de la pseudo-tige, les bractées florales ainsi que les jeunes grappes de fleurs “mâles” sont consommées cuites comme légumes.

Les fibres extraites des pseudo-tiges et des feuilles de plusieurs espèces de Musa, dont la plus importante commercialement est Musa textilis (abaca, chanvre du bananier ou fibre de Manile), servent à confectionner des cordes et divers produits et matériaux des habitations et enclos. Les feuilles et leurs pétioles sont aussi utiles pour renforcer la solidité des murs d’adobe, pour la confection de toits et de parapluies provisoires et comme matériel d’emballage.

Plusieurs espèces des genres Ensete et Musa sont appréciées pour leur port et leur beauté ornementale et sont utilisées dans les centres urbains pour apporter une touche verte et exotique aux centres d’achat et aux portiques d’hôtels. Les graines des fruits d’espèces d’Ensete sont appréciées comme bijoux à cause de leurs colorations vives. Le jus extrait de baies de certaines espèces de Musa et d’Ensete sont utilisées comme teintures pour les textiles et panneaux muraux.

Les programmes d’amélioration génétique développés depuis 1922 dans les stations expérimentales des Caraïbes (en Jamaïque, aux Barbades et à Trinidad) ont permis de produire des espèces plus productives et plus résistantes à un grand nombre de maladies fongiques, bactériennes et virales qui ont décimé au cours des siècles les variétés traditionnelles de bananiers. La variété traditionnelle “Gros Michel” introduite à l’île Dominica au début du 18ème siècle était la variété principale cultivée en Amérique jusqu’au début du 20e siècle. Vers la fin du 19e siècle, elle était devenue très susceptible à la maladie de Panama, provoquée par l’infestation du champignon Fusarium oxysporium qui est favorisée dans les sols acides. Vers 1955, elle a été remplacée par des variétés améliorées issues de sélections provenant de croisements entre des formes spontanées et cultivées diploïdes de M. acuminata et de M. balbisiana en utilisant les variétés Gros Michel (susceptible) et Highgate (résistante) comme parents femelles. A partir de sélection de ces progénitures hybrides, de nouvelles variétés, telles que la Lacatan, la Cavendish et la Valery se sont avérées résistantes, non seulement à la maladie de Panama, mais aussi à la maladie de Sigatoka, provoquée par l’infestation du champignon Mycosphaerella musicola, et

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à la maladie de Moko, provoquée par Xanthomonas solanacearum. Présentement plus de 300 variétés de bananes et de plantains sont cultivées dans diverses régions du monde bien que seulement 5 à 6 variétés de bananes, destinées à l’exportation, soient utilisées massivement dans les plantations commerciales destinées à la production de bananes de dessert (groupes de variétés des types Lacatan, Cavendish, Grand nain, Valery et Robusta). Par contre, les plantains sont représentés par une diversité plus grande de variétés locales. Parmi celles-ci, les variétés Mysore, Silk, Pisang raja, Pisang awak et Bluggoe sont les plus cultivées, particulièrement en Asie et en Afrique. Le rendement moyen des variétés améliorées dans les plantations commerciales varie entre 45 et 70 TM par hectare, alors que la production des variétés traditionnelles comme la Gros Michel atteignait rarement plus de 30 TM par hectare sous les meilleures conditions de culture.

Statistiques de production (FAOSTAT 2001, révisée)

La production mondiale de bananes sucrées (de dessert) en 2001 était estimée à 68,7 MTM, répartie dans 125 pays sur une superficie d’environ 4,2 millions d’hectares. Les principaux pays producteurs et exportateurs de bananes étaient, par ordre décroisant: l’Inde (16 MTM), l’Équateur (7,6 MTM), le Brésil (5,7 MTM), la Chine (5,4 MTM), les Philippines 5,1 MTM), l’Indonésie (3,6 MTM), le Costa Rica (2,3 MTM), le Mexique (2,0 MTM), la Thaïlande (1,7 MTM) et la Colombie (1,4 MTM). Le rendement moyen par hectare était de 16,3 TM; certains pays comme le Costa Rica, Israël et le Honduras produisaient jusqu’à 53 TM/Ha, tandis que d’autres n’atteignent que 3 à 5 TM/Ha (Cambodge, Guinée, Nouvelle-Calédonie). La production globale de plantains en 2001 était estimée à 29,1 MTM répartie dans 51 pays sur une superficie d’environ 4,7 millions d’hectares. Les principaux pays producteurs étaient: l’Ouganda (9,5 MTM), la Colombie (2,8 MTM), le Rwanda (1,6 MTM), le Ghana (1,9 MTM), le Nigeria (1,9 MTM), la Côte d’Ivoire (1,5 MTM), le Cameroun (1,4 MTM), le Pérou (1,4 MTM) et la République Démocratique du Congo (0,6 MTM),. La production moyenne par hectare était de 6,0 TM. Certains pays affichaient un rendement entre 15 et 25 TM/Ha (Honduras, Martinique) d’autres pays avaient des rendements aussi bas que 3 TM/Ha (République Centre Africaine, Guinée-Bissau, Nouvelle-Calédonie).

Introduction sur les Arécaceae (Palmiers)

Les palmiers sont reconnus comme des arbres et arbustes de grande beauté esthétique, mais un grand nombre d’espèces ont aussi une importance économique. Leurs fruits et leurs parties végétatives sont utilisés pour l’alimentation humaine et pour l’extraction d’huiles et de graisses végétales*. Leur sève sucrée peut être

concentrée pour en extraire le sucre et est aussi utilisée comme source fermentable pour la préparation de boissons alcoolisées. Les parties non comestibles de la plante donnent des fibres et matériaux pour la confection de cordages, d’ustensiles de cuisine et servent comme supports pour la construction domiciliaire, d’enclos, de toits, de pirogues et d’autres moyens de transport marin.

Les palmiers sont des monocotylédones, classés dans l’ordre des Arécales (anciennement Palmales) et sont tous regroupés dans la famille des Arécaceae (anciennement Palmacées), l’unique famille de cet Ordre. Quelques 3 500 espèces, assignées à 210 genres, ont été décrites et sont représentées par des arbres, des arbrisseaux et des arbustes de formes et dimensions très diverses. Avec de rares exceptions, les palmiers sont distribués naturellement dans toutes les régions du globe délimitées par les latitudes 30o N et 25o S, bien que la culture de certaines espèces se soit étendue dans des périodes historiques récentes à des régions subtropicales en dehors de cette zone.

_________________________________________________________________________________________ * pour des huiles végétales qui ne deviennent liquides qu’à des températures supérieures à 25oC.

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Quelques 210 espèces de palmiers ont été répertoriées comme étant utilisées pour l’alimentation humaine, à divers degrés d’intensité dans différentes régions tropicales et subtropicales du globe. Parmi celles-ci, trois espèces se détachent comme étant plus importantes du point de vue de leur production et de leur impact sur l’économie et le développement de populations humaines habitant de vastes régions du globe. Ces espèces sont le cocotier, la palme à huile et le dattier. Elles ont contribué et contribuent encore de façon importante à l’économie et au développement régional et local dans les zones tropicales et subtropicales de plusieurs continents et d’archipels marins.

Description morphologique-anatomique des palmiers

Les palmiers sont représentés par des espèces ligneuses vivaces qui sont variables quant à leurs croissances et formes. Certains, comme le cocotier et le dattier, peuvent atteindre les 30 m de hauteur, d’autres comme le sago, ont un port arbustif et leur croissance est de 1 à 2 m au maximum. Tous les palmiers se caractérisent par une anatomie particulière du tronc. Celui-ci est composé des bases des feuilles qui sont produits chaque année et qui se détachent de l’arbre deux ans après leur développement (Figure 3). La croissance apicale de l’arbre est donc déterminée par la production annuelle de 12-14 feuilles qui se développent en verticille à l’apex du tronc. Ces grandes feuilles pinatiséquées, mesurant jusqu’à 6 m de longueur et pesant jusqu’à 18 kg chacune, sont composées de nombreux folioles allongés qui s’insèrent parallèlement sur un pétiole ligneux épais de base généralement triangulaire. Certaines espèces de palmiers possèdent des feuilles composées bi-

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B

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KL

Figure 3. Cocos nucifera (L.): Noix de coco. A.- Palme; B.- Portion du rachis de la feuille; C.- Bout d’une feuille; D.- Inflorescence; E.-. Fleur mâle et bourgeon; F.- Fleur mâle ouverte; G.- Fleur femelle; H.Coupe longitudinale d’une fleur femelle; I.- Inflorescence avec fruits; J.- Fruit en germination; K.- Coupe longitudinale d’un fruit en germination; L Fruit en germination avec le mésocarpe retiré.

I

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pinnatiséquées, comprenant un pétiole central et un pétiole secondaire, perpendiculaire ou en angle au premier, sur lequel s’insèrent les folioles. Dépendant des espèces, les palmiers fleurissent et fructifient 5 à 15 ans après la germination des graines. Les jeunes plantules produisent deux à trois feuilles simples au cours de la première année après la germination (Figure 3). La majorité des palmiers sont monoïques, comme c’est le cas pour le cocotier et la palme à huile, et portent des fleurs femelles et mâles regroupées séparément sur des rachis primaires et secondaires sur des parties différentes d’une inflorescence appelée, le spadice. Quelques espèces, dont le dattier, sont dioïques, produisant des inflorescences composées de fleurs exclusivement femelles ou mâles sur des arbres différents. Entre 12 à 14 spadices, chacune enveloppée dans une ou parfois plusieurs bractées (spathes), sont produites chaque année. Les fleurs femelles sont de dimensions réduites (5-12 mm) et comportent 3 sépales et 3 pétales qui ne sont pas très différenciés entre eux et un ovaire supère tricarpellaire comportant 3 ovules dont un seul est fonctionnel, à l’exception du dattier qui ne contient qu’un seul ovule par ovaire.. Chaque spadice peut produire entre 30 et 100 fleurs femelles, mais une proportion importante de celles ci, 70-80 %, avorteront et ne formeront pas de fruits. Les fleurs mâles sont plus réduites (3-4 mm) et beaucoup plus nombreuses que les fleurs femelles et sont enfoncées dans des alvéoles dans les rachis secondaires de l’inflorescence. Elles sont constituées de 3 sépales, 3 pétales et de 6 étamines fonctionnelles. La fécondation des fleurs des palmiers monoïques est en partie inter-spadicielle et en partie résulte de la fécondation par le pollen provenant d’un autre arbre, car les fleurs mâles ont tendance à libérer le pollen avant que les fleurs femelles du même spadice ou du même arbre soient réceptives. La pollinisation croisée est assistée par les insectes et par le vent (et par l’homme dans les plantations de dattiers). Le fruit produit par les fleurs femelles fécondées est une drupe ou, plus rarement, une baie, dépendant du type de développement. Le fruit peut atteindre de grandes tailles (noix de coco) ou être de dimension plus réduite (dattes, noix de la palme à huile). Prenant comme exemple la noix de coco, la germination de l’unique graine peut commencer dès que le fruit est mâture, car les graines n’ont pas de période de dormance. Dans un premier temps, l’embryon se développe rapidement à l’intérieur du fruit et l’extrémité du cotylédon perce l’opercule constitué de tissu mou. Le fruit est formé de trois carpelles soudés dont les joints sont bien visibles sur la surface du mésocarpe. Chaque carpelle présente un opercule (“oeil”) à son extrémité distale, mais seulement un des trois opercules est constitué de tissu mou. La base de l’embryon se développe rapidement à l’intérieur du fruit en digérant l’albumen (endosperme) tandis qu’une première feuille allongée et simple et un système radiculaire primaire se développent à l’extérieur du fruit en poussant à travers le tissu de l’opercule “mou” (Figure 3).

Le cocotier

Le cocotier (Cocos nucifera L.) est considéré “l’arbre le plus utile à l’homme”, “le grand pourvoyeur des tropiques” et « l’un des plus grands cadeaux que la nature aient fournis à l’homme » par les peuples habitant les îles du Pacifique et les régions du sud-est de l’Asie. Ceux-ci sont dépendants du cocotier depuis des temps préhistoriques, non seulement en dépendent-ils pour se nourrir, mais aussi pour bien d’autres usages associés à la cons-truction d’habitations, confection d’ustensiles et pour l’extraction de fibres utilisées à la fabrication de cordages destinés aux pratiques de navigation et de pêche en mer ou en rivière. Un vieux proverbe perpétué par les habitants de Samoa reflète bien l’importance de cette plante pour le développement de la région “Celui qui plante un cocotier, plante des aliments et des boissons, des ustensiles de cuisine et vêtements, une habitation pour sa famille et un héritage pour ses enfants “.

L’origine de la domestication du cocotier est encore un sujet de grande controverse du fait que cette espèce était présente sur les côtes de l’océan Pacifique, en Amérique du Sud et centrale, en Asie du Sud, dans un grand nombre d’îles du Pacifique Sud incluant la Polynésie, la Nouvelle Zélande et les îles de la Mélanésie avant que les Européens établissent des contacts entre ces régions. De plus, le cocotier était aussi bien implanté sur la côte est de l’Afrique et à Madagascar lorsque les premiers explorateurs européens se sont aventurés dans ces régions. La situation est compliquée du fait que les espèces de cocotier qui sont morphologiquement plus proche à Cocos nucifera se retrouvent en Amérique du Sud. Pour expliquer cette dispersion, certains géographes ont proposé que des noix de coco aient été transportées par des navigateurs pré colombiens qui auraient traversé le Pacifique (et l’océan indien) bien avant 1492. D’autres chercheurs, constatant que les noix de coco peuvent

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flotter pendant plus de 100 jours dans de l’eau de mer sans perdre leur pouvoir de germination, ont proposé que la dissémination de cette plante sur les côtes du Pacifique serait due au déplacement passif des fruits au grès des courants marins. Bien que cette hypothèse ait été sujet de controverse par le passé, les analyses et expérimentations faites récemment semblent l’appuyer. Un article recent (Zizumbo-Villareal, D. & Quero, H. J. (l998) Re-evaluation of early observations on coconut in the New World. Economic Botany 52: 68-77) mentionne que la variabilité des cocotiers observée par les premiers explorateurs espagnols de la côte pacifique de l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud au cours du 16ème siècle suggère que cette espèce aurait été introduite, non seulement de façon naturelle (courants marins), mais aussi transportée par l’homme qui aurait ainsi introduit des formes ‘’cultivées’’ d’autres régions du Pacifique. Ceci ne règle pas pour autant les interrogations sur le lieu et l’époque de l’origine de la culture de cette plante pour laquelle, contrairement aux céréales et légumineuses, il n’y a pas de signes distinctifs qui peuvent démarquer de façon précise les formes “cultivées” des formes “spontanées”. Plusieurs preuves circonstancielles appuient l’hypothèse que le cocotier aurait été cultivé en premier en Asie du Sud et dans les îles du Pacifique Sud bien avant qu’il se soit dispersé sur les côtes américaines et africaines. L’hypothèse Indo-Pacifique est appuyée par diverses preuves telles que la plus grande diversité de formes de cocotiers dans cette région par comparaison à l’Amérique du Sud et l’utilisation plus diversifiée qu’en font les habitants de la région indo-pacifique. De plus, une plus grande richesse dans le vocabulaire et le folklore dési-gnant les différentes utilisations, phases de développement et les parties du cocotier et de son fruit a été rapporté en Asie et en Polynésie. Le nom malaysien “Nyiur’’ pour désigner le cocotier est utilisé dans beaucoup de régions du Pacifique même si, étymologiquement ce mot ne correspond pas à la langue parlée dans les régions les plus éloignées. Un très grand nombre d’insectes spécialistes associés au cocotier (74) est observé dans la région indo-pacifique, ce qui n’est pas le cas pour les cocotiers des côtes de l’Amérique du Sud qui n’en possèdent que très peu. Finalement, la découverte récente de fossiles de Cocos, proches à Cocos nucifera, en Nouvelle Zélande et en Inde, datant du tertiaire récent, prouve que cette espèce était présente dans cette région bien avant que l’Homme colonise cette région.

Du fait de l’absence de signes distinctifs pour caractériser les fruits ou parties de fruits de cocotiers “cultivées” issus des fouilles archéologiques, il est aussi très difficile de placer une date sur l’origine de l’utilisation du cocotier par l’homme. La preuve la plus ancienne, confirmée par les écrits et non par les fouilles archéologiques, indique que le cocotier était planté en Inde il y a 3000 ans. Il est cependant généralement accepté que cette plante aurait déjà été cultivée depuis quelques millénaires avant cette date dans les régions du sud de l’Asie.

Écologie et conditions de culture

Comme les bananes, les cocotiers ont besoin de chaleur, d’humidité et d’un bon drainage pour leur croissance et ne poussent pas à l’ombre d’autres arbres. Les régions équatoriales, où le cocotier est bien implanté, sont délimitées par les latitudes 20o N et 20o S, généralement sur les terres à moins de 300 m d’altitude. Les températures optimales pour sa croissance et sa production sont de 27-32oC et une pluviométrie de 1300-1700 mm par an est nécessaire. Il pousse dans toutes sortes de sols, tourbeux, volcaniques sablonneux, aux pH allant de 5 à 8 et la potasse est un élément nutritif important pour sa croissance. Le système radiculaire est très développé chez cette espèce. Il y a en permanence 2000 à 3000 racines disposées horizontalement dans le sol qui ont la capacité de réduire par filtration sélective l’absorption de cations excédentaires de l’eau de mer, en particulier le sodium. Cette adaptation permet aux cocotiers de croître sur les plages des régions côtières et d’utiliser l’eau de mer en circulation souterraine. Des plantations peuvent être établies à l’intérieur des terres pourvu que l’apport d’eau soit élevé, soit par une pluviométrie adéquate, soit par l’irrigation artificielle. Le cocotier est aussi cultivé dans certaines régions subtropicales avec l’aide de l’irrigation artificielle, comme par exemple en Floride, qui représente la zone de culture la plus éloignée de l’équateur pour cette plante. La plupart des palmiers ne sont pas issus de plantations commerciales, mais celles-ci ont été développées au cours du 20e siècle dans plusieurs pays de l’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est (Philippines, Inde, Sri Lanka, Indonésie, Malaisie, Vietnam, Myanmar), ainsi que dans certains pays américains et africains situés dans les régions tropicales (Mexique, Jamaïque, Tanzanie, Kenya, Malawi). Bien que toutes les parties du cocotier soient utiles à l’homme pour différents usages, le fruit est celle qui est de plus grande importance économique et qui contribue à l’alimentation des peuples des régions tropicales. Cette drupe de grande taille, arrondie ou légèrement ovoïde, peut atteindre jusqu’à 30 cm de longueur et peser

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jusqu’à 2 kg à maturité (Figure 4). Quelques 50 à 100 fruits sont produits par chaque arbre à chaque saison et les arbres sont productifs pour un période de temps qui peut excéder les 100 ans. L’exocarpe peut être de différentes couleurs, allant du vert au jaune et au brun. Le mésocarpe, épais de 4 à 8 cm, est fibreux est constitue le “coir”. Les fibres sont séparées de la masse du mésocarpe en le plaçant dans de l’eau de mer pendant 6-12 mois ou, plus rapidement, par brassage mécanique. Ces fibres servent à la confection de cordes, d’amarres ou de filets de pêche qui sont appréciés par les pécheurs du fait de leur résistance à l’action de l’eau de mer. Les fibres sont aussi utilisées pour la confection de meubles, tapis, paravents, filtres et comme matériel de rembourrage des matelas. L’Inde et le Sri Lanka sont les principaux producteurs de “coir”, mais ce produit a été, et est encore, uti-lisé localement dans toutes les régions indo-pacifiques depuis des périodes préhistoriques. Les noix de coco, qui sont exportées vers les pays producteurs, sont généralement dépourvues du mésocarpe afin de réduire le coût du transport et utiliser localement le coir pour les besoins des habitants de la région.

L’endocarpe du fruit, d’une épaisseur de 1-2 cm est très endurci et protège l’unique graine qui est considérée comme la plus volumineuse rapportée parmi les plantes*. Suite à la fertilisation d’un des trois ovules de l’ovaire, celui-ci développe une graine qui contient un seul embryon (germe) de petite taille situé près de la portion pédonculaire du fruit. L’ovaire produit aussi le testa, qui est composé d’une couche mince et qui délimite le périmètre de la graine. L’albumen est aussi issu du développement de l’ovaire. Cet albumen est liquide pendant les premières phases de développement du fruit et contient des noyaux libres. Ce liquide nutritif, le “lait” de noix de coco, est extrait des fruits verts et est utilisé comme boisson dans les régions tropicales (Figure 4).

A mesure que le fruit se développe, des parois cellulaires se forment autour des noyaux libres de l’albumen et celui-ci se solidifie dans une couche riche en huiles qui “colle” au testa de la graine et qui devient de plus en plus épais à mesure que le fruit approche la maturité. Cette couche d’albumen solidifié et celle qui est consommée directement ou qui est utilisée pour la confection de différents mets culinaires et desserts, lorsque les fruits n’ont pas encore atteint la maturité.La consommation directe de l’albumen (liquide ou solide) de la noix de coco est importante dans certains pays producteurs. On a calculé, qu’en moyenne, un Sri Lankais consomme plus de 160 noix par an tandis que la consommation annuelle dans certaines îles polynésiennes dépasse les 350 noix par capita. Dans certaines îles d’Océanie, la masse de tissu interne de l’embryon en expansion lors de la germination de la graine est cuisinée comme un légume et reçoit le nom de “pomme de noix de coco”. L’albumen solidifié des noix de coco mâtures est composé de près de 60 à 70 % d’huile végétale formée de triglycérides qui solidifient à des températures inférieures de 24o C (pour cette raison il serait plus approprié d’appeler cette huile une graisse végétale). L’albumen huileux extrait des noix de coco et qui est séché au soleil est le copra.

Le copra constitue le produit le plus rentable de l’utilisation de cette plante. L’extraction de l’huile de copra était connue des peuples préhistoriques en Asie du Sud, car des outils pour séparer l’albumen des fruits et des grattoirs employés pour extraire l’huile étaient utilisés par les peuples polynésiens visités par les premiers explorateurs européens.

Jusqu’au 19e siècle, la production d’huile de noix de coco était utilisée presque exclusivement au niveau

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_____________________________________________________________________________________________________________* Le record appartient à la graine d’un autre palmier, le “coco de mer” ou coco des Seychelles, (Lodoicea maldivica ), une espèce endémique des îles Maldives situées au sud est de l’Inde dans l’océan indien. Ce palmier produit un fruit qui est deux à trois fois plus gros que la noix de coco et peut peser jusqu’à 18 kg. Ce fruit comporte deux graines du fait que deux des trois ovules sont fertiles contrairement à la noix de coco qui ne possède qu’un seul ovule fertile.

Embryon

Exocarpe

Mésocarpe fibreux

Endocarpe

Tégument de l'ovule

Albumen

Albumen liquide(lait de coco)

Figure 4 . Les différentes parties de fruit du cocotier (modifiée de Simpson & Ogorzaly 1995).

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local. A partir de 1841, un brevet fut déposé en Europe pour la fabrication de savons à partir de cette huile et la production destinée à l’exportation augmenta de façon importante. Les savons “flottants” préparés à base d’huile de noix de coco sont encore considérés comme étant les meilleurs sur le marché et une partie importante de la production d’huile exportée vers les pays industriels est utilisée à cette fin.

Bien que l’huile de coco soit naturellement saturée à 90 % et requière très peu d’hydrogénation additionnelle, le développement du processus d’hydrogénation des huiles vers 1908 a facilité son utilisation pour la fabrication des margarines. L’arôme subtil et délicat dégagé par l’huile de noix de coco est très apprécié pour la préparation de nombreux aliments, desserts et confiseries du fait qu’il s’associe bien à celui de nombreux produits culinaires. L’huile est aussi utilisée comme émulsifiant, surfactant et agent de flexibilité dans la préparation de détergents et résines synthétiques, mais est peu employée dans la préparation de laques, vernis et peintures. Dans des périodes plus récentes, l’huile de noix de coco est devenue un produit en demande pour la fabrication de cosmétiques (crèmes solaires, lotions pour la peau), savons et shampoing, car elle est réputée pour augmenter l’efficacité de protection ou de nettoyage de ces produits. Dans l’industrie du “fast-food”, l’huile de noix de coco est utilisée dans la confection des mélanges substituts aux produits laitiers qui sont utilisées pour la confection de crèmes artificielles, mélanges de gâteaux, etc. La préférence pour ces substituts est due à leur bas prix et leur capacité de conservation plutôt qu’à leur qualité nutritionnelle. De fait, l’huile de noix de coco est aussi saturée que celle du lait et des graisses animales. Les études médicales récentes ont démontré que la consommation même modérée de cette huile induisait la production du “mauvais” cholestérol (LDL) chez l’Homme. À cause de ce facteur négatif, l’utilisation alimentaire de l’huile de noix de coco dans les pays industrialisés est en régression constante depuis 1970 au profil d’autres huiles végétales dont le degré de saturation est moindre, telles que celles extraites du soja, du maïs, de l’arachide, du colza et du tournesol qui ne posent pas ce problème. Les résidus solides issus de l’extraction de l’huile, riches en protéines de bonne qualité et en carbohydrates, sont uti-lisés comme suppléments nutritifs pour l’alimentation des animaux de ferme, en particulier les porcs et la volaille.

La sève du cocotier, comme pour la plupart des autres espèces de palmiers, contient entre 7 et 9 % de sucres lorsqu’elle est extraite de la base du rachis principal des jeunes spadices immatures. Jusqu’à 2 litres par jour de cette sève sucrée, appelée le ‘’toddy’’, peut être extraite à partir d’entailles légères sur le rachis de l’inflorescence sans affecter l’arbre. Une production de 200-270 litres de toddy par saison et par arbre peut être utilisée pour la préparation d’une pâte humide de sucre, partiellement cristallisable, appelé le “jaggeri”. La confection du jaggeri est ancienne ayant été rapportée en Inde 4 000 années A.P. Certains experts affirment que la préparation du jaggeri à partir de la sève de palme est plus ancienne que l’extraction et la cristallisation du sucre de la canne et que cette dernière aurait été développée en employant les pratiques utilisées pour la préparation du jaggeri. Contrairement à la canne à sucre et à la betterave à sucre qui produisent un parenchyme contenant presque exclusivement de la saccharose, une proportion élevée (60-70 %) du sucre de palme est constituée de sucres non-cristallisables tels que le glucose, mannose, rhamnose, fructose, etc. Une proportion importante de la production de toddy est fermentée pour préparer des bières locales et d’autres boissons alcoolisées comme l’”arrack”, une sorte d’eau de vie à haute concentration d’alcohol. Au Sri Lanka près de 30 millions de litres d’arrack sont produits annuellement et cette production est consommée sur place.

L’endocarpe du fruit a été et est encore utilisé pour la confection de nombreux ustensiles de cuisine, tasses, récipients pour soupes, pipes traditionnelles et divers objets artisanales remontant aux périodes préhistoriques dans toutes les régions de l’Indo-Pacifique. L’endocarpe est aussi utilisé pour alimenter les feux des cuisines et, après être réduit en poudre, est ajouté lors de la préparation de plastiques afin de les renforcer.

Les larges feuilles du cocotier sont utilisées dans la construction des toits, d’enclos et sont rajoutées dans les mélanges d’adobe pour consolider les murs des habitations. Elles servent aussi à confectionner des paniers tressés et des chapeaux. Bien que de qualité médiocre, le bois de cocotier est utilisé pour la construction de meubles et le méristème (cœur de palmier) des jeunes palmiers est parfois consommé en salade bien que cette pratique soit peu commune, car elle provoque la mort de l’arbre. La noix de coco est aussi offerte comme offrande religieuse dans certaines régions du Sud de l’Asie. Cette pratique est probablement associée au fait que le coco-tier est considéré “l’arbre du ciel” ou “l’arbre de la vie” dans certaines régions. Certains peuples aborigènes de

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la Nouvelle-Guinée considèrent que le cocotier est sacré, car ils croient que le tout premier cocotier poussa de la tête de la première personne qui mourut sur la terre.

Pour ceux qui sont intéressés au développement de la culture de tissus comme technique associée aux premières étapes de la biotechnologie végétale moderne, l’on doit mentionner la contribution du “lait” (albumen liquide) de la noix de coco au succès des premières expériences de cultures cellulaires. Ce lait, qui est un liquide aqueux, riche en éléments nutritifs et, en particulier, en vitamines essentielles et en hormones de croissance (auxines), fut ajouté en certaines proportions dans les premières solutions nutritives (e.g. solution nutritive de Nitch) développées au cours des années 50 et 60. La présence de cet extrait d’albumen favorisa la croissance et la différenciation cellulaire des cultures et eu une influence marquante sur le succès des premières expériences dans ce domaine.

Deux groupes principaux de palmiers sont reconnus, les palmiers traditionnels de port élevé et les palmiers “nains”. De nombreuses variétés de chaque groupe existent et elles diffèrent par la forme, la dimension et la couleur de leurs fruits. Des variétés “naines”, qui produisent des arbres de 6 à 12 m de hauteur, ont été sélectionnées depuis 1960 au Sri Lanka. Ces variétés, ayant une bonne production, sont maintenant favorisées lors de nouvelles plantations commerciales de cette espèce. L’amélioration génétique du cocotier est difficile du fait que, comme pour toutes les espèces arborescentes, les délais et les coûts nécessaires pour développer de nouvelles variétés à partir de programmes d’hybridation et de sélection sont très longs et élevés. De plus, cette espèce continue à être cultivée sur une échelle réduite par de petits producteurs et les agences gouvernementales n’ont pas autant d’intérêt à investir dans des programmes d’amélioration qui sont longs et coûteux. Le cocotier est un arbre qui n’a pas été modifié de façon substantielle par l’homme et son système reproductif allogame permet le maintien de taux élevés de variabilité génétique parmi les individus d’une variété. Ceci explique pourquoi les variétés de cette espèce présentent un bon niveau de rusticité et de résistance aux maladies, même s’il y a un certain manque de synchronisation autant dans la maturation des fruits que dans l’uniformisation de la production des arbres individuels.

Statistiques de production pour 2001 (FAOSTAT, révisée)

La production mondiale de noix de coco en 2001, provenant de 93 pays, était estimée à approximativement 50,9 MTM sur une superficie évaluée très approximativement à 10,9 millions d’hectares. Les 8 pays producteurs les plus importants étaient l’Indonésie (14,3 MTM), les Philippines (13,2 MTM), l’Inde (9 MTM), le Sri Lanka (2,3 MTM), la Thaïlande (l,4 MTM), le Mexique (l,2 MTM), le Viêt-nam (0,9 MTM) et la Malaisie (0,7 MTM). Le rendement moyen de noix de coco produites dans des plantations commerciales de ces pays en 2001 était de 4,7 TM par hectare et, dépendant des pays, variait entre 15 TM et 1 TM par hectare. Si l’on considère la production de coir (fibres du mésocarpe du fruit), un total de 631,790 TM ont été produits en 2001 dans 6 pays, dont 450,000 TM par l’Inde et 134,000 par le Sri Lanka.

Palme à huile, dattier et autres palmiers d’importance secondaire

La palme à huile

La palme à huile (Elaeis guineensis Jacq.) (2n = 32) se distingue de toutes les autres plantes et palmiers producteurs d’huiles végétales du fait que deux sortes d’huiles de constitutions différentes sont extraites de son mésocarpe et de ses graines. Cette espèce monoïque, est représentée par des arbres qui peuvent

vivre au-delà de 200 ans et qui atteignent à maturité entre 6-10 m (variétés dites “naines”) et 30 m de hauteur. Cette palme est plus trapue que le cocotier, mais le développement et la croissance des feuilles pinnatiséquées et des spadices ressemblent à ceux du cocotier (Figure 5). Par contre, les fruits (drupes) ovoïdes issus des fleurs femelles sont compactés en plus grand nombre sur le rachis et sont de dimensions plus réduites, mesurant tout au

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plus 2,5-3 cm dans leur axe le plus long (Figure 5). La graine est protégée par un endocarpe dur et un mésocarpe charnu et passablement fibreux. Elle contient des huiles dans des pourcentages oscillant entre 44-53 % de leur poids dans la graine et environ 50 % dans l’endocarpe. Ces huiles se différencient par leur taux d’insaturation qui est trois fois plus élevée dans l’huile extraite de l’endocarpe. Pour ces raisons, l’extraction de ces huiles est faite séparément et l’huile des graines est préférée comme source alimentaire, tant pour la cuisson que la friture et pour la fabrication de margarine. L’huile issue de la graine est de qualité comparable à celle de la noix de coco. Elle est de plus en plus utilisée en mélanges avec l’huile de noix de coco dans la préparation de margarines et des graisses végétales (“shortenings”) utilisées pour la friture. L’huile de l’endocarpe, bien qu’elle contienne une quantité appréciable de β-carotènes, est de moins bonne qualité à cause de son taux élevé d’insaturation. Elle est utilisée principalement pour la fabrication de chandelles et de savons et aussi comme agent de lubrification des équipements industriels de précision et des moteurs de combustion, en particulier les moteurs d’avion à réaction.

Cette espèce est bien adaptée aux climats des régions tropicales humides et sa culture est concentrée entre les latitudes 16o N et 15o S. La palme à huile est une espèce héliophyle qui a besoin d’un ensoleillement constant et qui ne peut être cultivée sous le couvert d’autres arbres. Dans les conditions naturelles, les palmiers sont retrouvés près des rivières où les sols sont pourvus d’une humidité constante. Par contre, la palme à huile n’est pas adaptée aux conditions de mauvais drainage des sols ou à des situations d’inondation prolongée. L’humidité adéquate et constante des sols et plus importante pour la croissance des palmes que la qualité de ceux-ci en éléments nutritifs. Cette espèce peut croître dans des régions tropicales saisonnières possédant une période “sèche” de 2-4 mois,

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Figure 5. Elaeis guineensis (Jacq.): Palme à huile. A.- Palme; B.- Portion du rachis de la feuille; C.- Base du rachis; D.- Inflorescence mâle; E.- Pointe mâle; F.- Coupe transversale d’une pointe mâle; G.- Coupe longitudinale d’une fleur mâle; H.- Portion d’une inflo-rescence femelle; I.- Fleur femelle; J.- Bouquet de fruit; K.- fruit; L.- Coupe longitudinale d’un fruit.

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mais la quantité de fruits produits est réduite par rapport à celle obtenue dans des régions au climat tropical humide. Les lieux d’origine et de domestication de la palme à huile sont incertains. La plupart des experts opinent que la palme à huile est d’origine africaine, car c’est dans les régions équatoriales de l’Afrique de l’Ouest où l’on retrouve le plus d’usages et la plus grande diversité de noms et d’expressions pour nommer et caractériser les différentes parties de cette plante et les étapes de sa culture et de sa récolte. C’est aussi dans cette région tropicale de l’Afrique que l’on a déterré des restes fossiles ressemblant à Elaeis guineensis qui datent du Miocène et des preuves archéologiques, remontant à 4 000-4 500 années A.P., suggèrent que la palme à huile était probablement cultivée dans la région du delta du Niger (territoire du Niger actuel) à cette période. Finalement, la présence d’un vautour (Gyphohierax angolensis) originaire d’Afrique qui s’alimente presque exclusivement de fruits de la palme à huile, semblerait renforcer cette hypothèse, car elle démontre une présence ancienne (et une co-évolution à long terme) de cette palme avec un herbivore dans les régions tropicales de l’ouest de l’Afrique.

Il existe pourtant certains spécialistes qui notent la grande ressemblance entre une espèce sud-américaine de palmier, Elaeis melanococca Gaertn. (syn. = Corozo oleifera ), qui est endémique aux régions côtières du bassin de l’Amazonie et de l’Orénoque et dont les fruits étaient et sont encore utilisés comme source d’huile et d’aliment par les tribus amérindiennes de cette région. Étant donné que la plupart des espèces taxonomiquement proches de la palme à huile se retrouvent en Amérique du Sud, il a été suggéré que l’origine de la palme à huile, et même sa “domestication”, auraient eu lieu initialement en Amérique du Sud. Les détracteurs de cette hypothèse argumentent que les études les plus récentes ne retrouvent pas de traces de l’utilisation de la palme à huile en Amérique du Sud lors de l’arrivée des premiers explorateurs portugais et espagnols dans les régions tropicales de ce continent. Ils proposent que la distribution dichotomique des espèces du genre Elaeis en Afrique et en Amérique du Sud peuvent s’expliquer par le phénomène plus ancien de la dérive des continents.

La palme à huile fut introduite il y a 3 500 ans dans l’est de l’Afrique par des marchands d’esclaves égyptiens et soudanais. Elle se retrouva sous culture à Madagascar il y environ 3 000 ans. Les Portugais l’introduisirent en 1560 au Brésil dans la région côtière de Bahia et les Espagnols l’apportèrent à partir de 1760, conjointement avec les esclaves provenant de l’Afrique de l’Ouest, dans les diverses îles des Caraïbes sous leur contrôle. La culture de la palme à huile fut implantée aux îles Maurice en 1820, en Inde en 1836, en Indonésie en 1848 et en Malaisie à partir de 1911. Actuellement la production du sud-est asiatique est trois fois plus importante que celle de l’Afrique Équatoriale.

Dans plusieurs régions de l’Afrique et de l’Asie, la palme à huile est semi-cultivée. Les fruits sont cueillis mûres et sont vendus dans des marchés locaux. Ces fruits sont laissés en tas pendant 3-4 jours afin de permettre une fermentation initiale. Par la suite, ils sont bouillis et réduits en pulpe. L’huile est séparée en trempant la pulpe dans de l’eau et en récupérant l’huile qui flotte à la surface. Cette huile, d’une coloration rouge-orange à cause de la présence de carotènes, est débarrassée des traces d’eau par ébullition. Ces huiles doivent être consommées rapidement, car elles deviennent rances et libèrent des odeurs et des arômes désagréables quand elles sont entreposées pour plus de quelques semaines.

Le procédé d’extraction commercial utilise des presses hydrauliques modernes et des bouilloires où la température d’extraction est contrôlée afin d’accélérer le processus de séparation des huiles. La rapidité du processus d’extraction est nécessaire, car les fruits contiennent des lipases naturelles qui catalysent la transformation des acides gras des huiles dès que les fruits sont ramassés sur l’arbre. Les graines ou mésocarpes sont stérilisés à la vapeur avant d’être pressées et l’huile produite est filtrée et entreposée sous vide afin de minimiser son oxydation. Les plantations commerciales de palme à huile sont de conception relativement récente et, à l’exception du Nigeria et du Brésil, sont principalement concentrées dans les pays producteurs d’Asie. Des variétés améliorées de cette palme ont été développées pour être cultivées dans ces plantations. Comme pour le cocotier, des variétés “naines” ont été sélectionnées, dont les arbres à maturité mesurent entre 6 et 10 m de hauteur. Dans ces plantations les arbres sont espacés de 5 à 6 m entre eux ce qui permet des densités d’environ 300 arbres par hectare et des

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rendements qui peuvent atteindre, dans des conditions favorables, 50-60 TM de fruits entiers par hectare. Comme c’est le cas pour le cocotier, la sève sucrée riche en glucose, obtenue d’entailles du rachis des spadices en développement, est utilisée dans plusieurs régions équatoriales de l’Afrique et de l’Asie pour la préparation de bières traditionnelles et d’un vin de palme. Les sucres de cette sève sont aussi concentrés par ébullition pour produire un sirop épais semblable au “jaggeri” issu de la canne à sucre. Les feuilles de la palme à huile sont utilisées en construction pour les toits, pour renforcer les murs d’adobe et pour en extraire des fibres destinées à la fabrication de tapis, mats, vêtements, cordages et autres objets divers.

Statistiques de production de la palme à huile (FAOSTAT 2001, révisée)

La production mondiale de fruits (‘’noix’’) de palme à huile en 2001 était estimée à 118,8 MTM répartie à travers 43 pays des régions tropicales occupant une superficie totale de 9,7 millions d’hectares. Les pays producteurs les plus importants étaient la Malaisie (56,6 MTM), l’Indonésie (34,7 MTM), le Nigeria (8,0 MTM), la Thaïlande (3,3 MTM) et la Colombie (2,6 MTM). La production mondiale d’huile provenant du mésocarpe du fruit de la palme à huile était estimée à près de 10 MTM. Les principaux producteurs étaient la Malaisie (3.4 MTM), l’Indonésie (1.2 MTM), le Nigeria (0.9 MTM) et la Colombie (0,4 MTM). La production d’huile extraite des graines était estimée à 3,1 MTM; la Malaisie (1.1 MTM), le Nigeria ( 0.9 MTM), le Brésil (0.8 MTM) et l’Indonésie (0.04 MTM) en étaient les principaux producteurs.

Le dattier

Contrairement au cocotier et à la palme à huile, le dattier (Phoenix dactylifera L.; 2n=36) est une espèce dioïque dont les arbres produisent individuellement des inflorescences qui sont exclusivement femelles ou mâles. Le dattier peut atteindre les 30 m de hauteur et ses grandes feuilles composées pinnatiséquées, produites chaque année au nombre de 12 à 14, persistent pendant deux ans en couronne terminale à l’apex du tronc (Figure 6a,b). Les arbres femelles produisent chaque année, à partir de l’âge de 8 à 10 ans, 10 à 14 spadices comportant de 10 à 30 rachis pendants sur chacun produisant 40-80 fleurs mesurant 1,2 à 1,6 cm de longueur.

Figure 6.- a) dattier âgé d’environ 70 ans b) spadices d’un dattier femelle montrant les grappes de dates mûres prêtes à être cueillies

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Les arbres mâles produisent le même nombre de spadices que les arbres femelles, mais ceux-ci sont érigés et développent de 100 à 150 rachis sur lesquels s’insèrent des centaines de petites fleurs mâles à 6 étamines mesurant 6-8 mm de longueur. Les fruits (baies) se développent à la suite d’une pollinisation croisée (allogame) assistée par des insectes et par le vent, et par l’homme dans le cas de plantations commerciales de dattiers. Les fruits, les dattes, sont cylindriques et allongés, mesurent entre 2,5 et 7,5 cm de longueur et de 1.5 à 3 cm de diamètre et sont de couleurs variées qui vont du jaune au rouge et au marron dépendant des variétés. Les fruits, dont le développement est lent (4-6 mois), sont composés d’un exocarpe et d’un endocarpe membraneux fin, d’un mésocarpe charnu contenant plus de 65 % de sucres et d’une graine cylindrique à albumen très endurcie. La qualité nutritive des dattes est élevée du fait que non seulement elles contiennent des concentrations élevées de sucres, mais en plus, 2 % de protéines, 2 % d’huile ainsi que des teneurs élevées en vitamines et minéraux essentiels. La qualité nutritionnelle des dattes est, de ce fait, supérieure à celle de plantes cultivées pour leurs racines et tubercules.

Son centre d’origine et peu connu, mais se situe probablement au Moyen-Orient dans la région de l’ancienne Mésopotamie (l’Irak actuel) aux confluents des fleuves Tigres et Euphrate (qui se combinent en formant le fleuve Shat-el-Arab) dans la côte nord du Golfe persique. Le dattier fût probablement exploité et cultivé dans ces régions il y a au moins 5 500 ans. Des fresques provenant des civilisations sumériennes et hittites (5200-4000 A.P.) montrent la pratique de la pollinisation artificielle assistée des palmiers femelles effectuée par les agriculteurs de l’époque. Sa culture fut, par la suite, répandue dans différentes régions de l’Ouest de l’Asie ainsi qu’en Afrique du Nord. Les dattes étaient un aliment de base important au Moyen-Orient pendant les périodes classiques et bibliques. Les musulmans, qui le nomme “ l’Arbre de la vie”, considèrent que le premier dattier fût généré par la poussière qui s’accumula après que le Créateur eu modelé à partir de l’argile le premier homme sur terre. Les anciens peuples persans ont décrit quelques 360 utilisations différentes du dattier et de ses fruits. Il est évident que la qualité nutritive des dattes était reconnue par les peuples musulmans qui en firent un aliment de base très apprécié dans le milieu hostile des déserts de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord. Psychologiquement, le dattier devait aussi être très important dans ces régions, car il indiquait l’emplacement d’oasis et donc, la présence d’eau souterraine et de puits. Dans des périodes plus récentes, le dattier fut introduit en Californie et en Arizona par les Espagnols entre 1720 et 1730. Le dattier est adapté aux régions subtropicales aux climats désertiques ou semi-désertiques. Il requiert d’un climat très sec et ensoleillé. Il devient stérile quand il est planté dans des régions tropicales humides. Il tolère bien les sols alcalins, mais a besoin d’une source d’eau souterraine pour son développement ce qui explique sa présence dans les oasis et en bordure de cours d’eau. La qualité des fruits et le contenu en sucres de ceux-ci dépendent de la température qui existe pendant leur développement. Il faut une moyenne journalière de 30o C pendant cette période et l’apport d’eau souterraine ou d’irrigation artificielle aide à augmenter la productivité de ce palmier. À cause des hauts taux d’hétérozygotie des dattiers, il est nécessaire d’utiliser la propagation végétative en utilisant des segments de tiges sélectionnés à partir d’arbres choisis pour leur grande productivité et pour la qualité de leurs fruits. Cette pratique permet d’établir des plantations commerciales où les arbres produisent et se développent uniformément. Des portions de rameaux comprenant un certain nombre de bourgeons végétatifs, qui ont préalablement développé des racines dans une pépinière, sont plantés équidistants de 9 m l’un de l’autre. Généralement, un plant mâle est disposée au centre pour un groupe de 25-50 plantes femelles. Les arbres deviennent fertiles 5 à 8 ans après l’implantation et la pollinisation des arbres femelles est aidée en plaçant et en secouant une portion de l’inflorescence issue des arbres mâle (au moment de l’anthèse) au-dessus des spadices de l’arbre femelle qui contient des fleurs au pistil réceptif. La source de pollen influence la grandeur du fruit, en particulier le développement des tissus qui se trouvent en dehors du sac embryonnaire, dont le mésocarpe charnu, la principale source alimentaire.

De nombreuses variétés de dattiers ont été sélectionnées en Asie mineure et en Afrique du Nord au cours des millénaires. Certaines variétés ont été développées au cours du 20e siècle aux États-Unis. En particulier la variété californienne “Jumbo” produit des fruits qui sont quelques 5-8 fois plus volumineux que ceux des variétés traditionnelles. Les sélections ont aussi eu comme objectif de produire des arbres qui deviennent producteurs plus jeunes (3-5 ans au lieu de 5-8 ans après l’implantation), d’augmenter la production de fleurs fertiles des

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spadices et de synchroniser les phases de développement des fleurs et de la maturation des fruits des spadices produits annuellement. La production annuelle des dattiers, hors des plantations commerciales, est encore très aléatoire et est rarement supérieure en moyenne à 20-30 kg par arbre. Les arbres des plantations commerciales du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, par contre, peuvent produire en un an entre 60 à 160 Kg de dattes par arbre, donnant quelques 7 à 20 TM de dattes par hectare. En Californie, les variétés à dattes géantes peuvent produire annuellement quelques 250-500 Kg de dattes par arbre, donnant 30 à 60 TM par hectare.

Statistiques de production du dattier (FAOSTAT 2001, révisée)

La production mondiale de dattes en 2001 était estimée à 5,4 MTM provenant de 34 pays. Les pays producteurs les plus importants étaient l’Égypte (1,1 MTM), l’Iran (0,90 MTM), l’Arabie Saoudite (0,72 MTM), le Pakistan (0,55 MTM), l’Algérie (0,37 MTM), l’Irak (0,4 MTM) et les Émirats Arabes Unis (0,32 MTM). Le rendement moyen par hectare de la production de dattes était d’environ 5,7 TM par hectare et, dépendant des pays, variait entre 24 TM et 2,1 TM.

Autres espèces de palmiers utilisés dans différentes régions du monde

Plusieurs espèces de palmiers sont utilisées pour leurs fruits et pour l’extraction d’huiles. Parmi les espèces sud-américaines nous devons mentionner le “Babacù” (Orbignya cohune), le “Mbocayà” (Acrocomia sclerocarpa) et Oenocarpus bacama, dont les petits fruits sont utilisés par les Amérindiens de l’Amazonie et de l’Orénoque pour l’extraction de leur huile. D’autres espèces centre-américaines sont utilisées pour la construction de maisons et d’enclos, parmi eux le palmeto (Sabal parviflora ) qui a servi et sert encore à la construction des ‘’bohios’’, habitations rurales à Cuba et dans d’autres îles des Caraïbes. Certaines espèces asiatiques comme le palmier betel (Areca catechu ) et le palmier rattan (plusieurs espèces du genre Daemonorops ) sont utilisées pour leurs fruits et leurs fibres. Le méristème apical (coeur) du sagoutier (sago, Metroxylon sagus ) est préparé comme un légume par les Mélanésiens qui en sont très friands. Plusieurs espèces des genres Ceraxylum et Copernicia, originaires des régions montagneuses des tropiques de l’Amérique du Sud, produisent une cire qui est utilisée en ébénisterie. Près de 200 espèces de palmiers sont utilisées comme plantes ornementales et les espèces de certains genres comme Arenga, Butia, Caryota, Thrinax et Washingtonia sont très appréciées pour la décoration de musées, salles de réceptions, centres d’achats et portiques d’hôtels. Des pépinières ont été établies dans les régions où ces espèces sont natives et l’exportation de ces plantes vers les pays industrialisés et les milieux urbains a un impact économique favorable pour les populations locales.

Pour conclure, nous devons mentionner une exception à la distribution géographique des palmiers. Nous avons indiqué que les palmiers sont des plantes tropicales et que leur distribution générale est délimitée par les latitudes 30o N et 25o S. Une espèce endémique du centre-sud du Chili, Jubaea chilensis, distribuée dans les contreforts de la Cordillère de la Côte dans la Vallée centrale du Chili, échappe à cette distribution. Des populations de cette espèce se retrouvent entre les latitudes 33o et 37o S et sont soumises à de nombreux périodes de gels nocturnes et matinaux au cours des hivers et des printemps. Ces palmiers endémiques et peu nombreux sont aujourd’hui protégés, mais la sève sucrée issue des spadices immatures et les petites drupes ont été, et sont encore, utilisées pour la préparation d’un sirop et d’un “beurre” de palme (‘’miel de palma’’) par un procédé semblable à celui employé pour obtenir le sirop d’érable en Amérique du Nord.

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