La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS SPECIAUX www.eric-genevelle.fr 1 Sous-marins – Traditions Eric Genevelle – Mai 2021 Le célèbre écrivain Rudyard Kipling, auteur du Livre de la jungle a dit un jour à propos des sous-marins : « Les sous-marins ont créé des officiers et des jawans (militaires) de leur propre espèce, dont la langue et les traditions sont différentes de celles des autres branches navales, mais ils ont le cœur de la marine ». De son côté, Jules Renard disait « La tradition, c'est la personnalité des imbéciles ». Prenant le parti que je suis un crétin et que je ne suis pas le seul, je vous propose donc de faire un petit tour du monde des traditions que l’on peut rencontrer dans les sous -marins du monde. Autant les équipages des Forces françaises ne seront pas surpris de ce qui se déroule dans leurs propres bateaux (mais tous les lecteurs ne sont pas tous sous-mariniers), autant j’espère qu’ils seront amusés, curieux et respectueux des traditions des autres. Certains d’entre vous trouveront peut-être ces traditions désuètes, mais beaucoup constateront qu’elles perdent de leur vigueur (à regret). La peur des réseaux sociaux, des procès éventuels, les restrictions financières, la professionnalisation des armées font que les équipages ont dû mettre un bémol à ces manifestations. De là à dire que nous sommes nostalgiques, il n’y a qu’un pas ! Baptiser le bateau La première tradition est tout naturellement le baptême du bateau lors de son lancement. Je passerai sur les personnalités qui ont sacrifié à cette tradition (comme ici Jackie Kennedy), mais plutôt sur son origine. Pendant l’antiquité, les Grecs, les Romains et les Égyptiens offraient des libations de vin et invoquaient les dieux pour les protéger lors de leurs voyages. Le vin a été moins utilisé à mesure que le christianisme se répandait et que les prêtres bénissaient le navire et le saupoudraient d'eau bénite. Les marins se rattrapaient après. La tradition de casser une bouteille de champagne (première référence de ce vin en 1890) contre le flanc d'un navire est une continuation de l'ancien rite de sacrifice, qui a été transformé en un rituel inoffensif. Depuis le naufrage du Titanic en 1912, il est clair qu'aucun navire ne doit être lancé sans être baptisé. Avant le voyage inaugural du Titanic, les responsables de la compagnie maritime britannique White Star Line auraient ignoré le baptême avec l'argument de la fiabilité technique et banni la tradition au royaume de la superstition. Tout le monde sait comment s'est terminé le voyage du plus grand paquebot de l'époque. L’image cultivée dans le bris de la bonne bout eille est « l'acceptation du sacrifice », ce qui est évident pour tout le monde en particulier dans les Forces sous-marines. La marraine reçoit généralement le goulot de la bouteille sur une planche de bois en cadeau après la cérémonie. Si la bouteille ne se brise pas, le navire est considéré comme condamné. Mais comme on est tolérant, on a le droit à trois tentatives (après, c’est désespérant). On se remémorera toujours l’histoire de la bouteille qui refusa de se briser sur le K-19 soviétique, que l’on nommera plus tard Hiroshima ou pour le paquebot Costa Concordia (qui est devenu un submersible par la suite). Il y a aussi Mme Melvin R. Laird, épouse du secrétaire à la Défense, qui en 1969, balance la bouteille et rate l’USS Trepang (SSN-674). Ce même sous-marin fera l’objet d’une tentative de vol par des malfrats en 1978. Traditionnellement, les sous- marins soviétiques étaient baptisés par des femmes. Pour le K-19, c’était un homme… De nos jours, les constructeurs de navires superstitieux déposent des bottes ou d'autres types chaussures dans les cloisons ou dans les entrailles inaccessibles afin que le navire puisse naviguer en mer sans problème. Pourquoi des tatanes ? Dans certains pays, on n’utilise pas le champagne pour baptiser les bateaux. En témoigne le Type 209/1400 allemand S44 qui a été vendu à l’Egypte et baptisé à Kiel en 2020 avec une bouteille contenant de l’eau du Nil ou encore une bouteille de bière locale pour le HMS Artful (Classe Astute). En Espagne, le vin rouge est très apprécié. En Inde, on lance une noix de coco sur la poupe du sous-marin. Dans les pays arabes, on opte pour l’eau de la Mecque. En Russie, on utilise le Champagne ou de la Vodka, mais le plus important, c’est de faire bénir le bateau et la bouteille de baptême par un ecclésiastique orthodoxe (comme en Grèce) ou un catholique dans les pays latins. En Chine et au Japon, en revanche, le baptême et le lancement du navire symbolisent tous deux la naissance du navire. On tend alors une ligne (représentant le cordon ombilical) entre le navire et le rivage, Lorsque cette ligne est coupée (voir hachette ci-dessus), une grosse boule de papier éclate, d'où s'élèvent des guirlandes et des ballons. En Corée du Sud, c’est le ballon, les confettis et la bouteille. La totale ! Au Brésil et dans d'autres pays d'Amérique du Sud, on utilise parfois des canons à confettis (bien que pour le Riachuelo, on a préféré une bonne bouteille de champagne). En France, lors du lancement du Suffren, le Président de la République a baptisé Oups, raté !
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Sous-marins – Traditions
Eric Genevelle – Mai 2021
Le célèbre écrivain Rudyard Kipling, auteur du Livre de la jungle
a
dit un jour à propos des sous-marins : « Les sous-marins ont créé
des
officiers et des jawans (militaires) de leur propre espèce, dont la
langue et les traditions sont différentes de celles des autres
branches
navales, mais ils ont le cœur de la marine ».
De son côté, Jules Renard disait « La tradition, c'est la
personnalité
des imbéciles ». Prenant le parti que je suis un crétin et que je
ne suis pas le seul, je vous propose donc de faire un petit tour du
monde des
traditions que l’on peut rencontrer dans les sous-marins du
monde.
Autant les équipages des Forces françaises ne seront pas surpris
de
ce qui se déroule dans leurs propres bateaux (mais tous les
lecteurs ne sont pas tous sous-mariniers), autant j’espère qu’ils
seront
amusés, curieux et respectueux des traditions des autres.
Certains d’entre vous trouveront peut-être ces traditions
désuètes,
mais beaucoup constateront qu’elles perdent de leur vigueur (à
regret). La peur des réseaux sociaux, des procès éventuels,
les
restrictions financières, la professionnalisation des armées font
que
les équipages ont dû mettre un bémol à ces manifestations. De là
à
dire que nous sommes nostalgiques, il n’y a qu’un pas !
Baptiser le bateau
La première tradition est tout
naturellement le baptême du bateau lors de son lancement. Je
passerai sur
les personnalités qui ont sacrifié à
cette tradition (comme ici Jackie
Kennedy), mais plutôt sur son origine. Pendant l’antiquité, les
Grecs, les
Romains et les Égyptiens offraient des
libations de vin et invoquaient les
dieux pour les protéger lors de leurs voyages. Le vin a été moins
utilisé à
mesure que le christianisme se
répandait et que les prêtres bénissaient le navire et le
saupoudraient
d'eau bénite. Les marins se rattrapaient après. La tradition de
casser une bouteille de champagne (première référence de ce vin en
1890)
contre le flanc d'un navire est une continuation de l'ancien rite
de
sacrifice, qui a été transformé en un rituel inoffensif. Depuis
le
naufrage du Titanic en 1912, il est clair qu'aucun navire ne doit
être lancé sans être baptisé. Avant le voyage inaugural du Titanic,
les
responsables de la compagnie maritime britannique White Star
Line
auraient ignoré le baptême avec l'argument de la fiabilité
technique
et banni la tradition au royaume de la superstition. Tout le monde
sait comment s'est terminé le voyage du plus grand paquebot
de
l'époque. L’image cultivée dans le bris de la bonne bouteille est
«
l'acceptation du sacrifice », ce qui est évident pour tout le monde
en
particulier dans les Forces sous-marines. La marraine reçoit
généralement le goulot de la bouteille sur une planche de bois
en
cadeau après la cérémonie. Si la bouteille ne se brise pas, le
navire
est considéré comme condamné. Mais comme on est tolérant, on
a
le droit à trois tentatives (après, c’est désespérant). On se
remémorera toujours l’histoire de la bouteille qui refusa de se
briser
sur le K-19 soviétique, que l’on nommera plus tard Hiroshima
ou
pour le paquebot Costa Concordia (qui est devenu un
submersible
par la suite). Il y a aussi Mme Melvin R. Laird, épouse du
secrétaire
à la Défense, qui en 1969,
balance la bouteille et rate
l’USS Trepang (SSN-674). Ce même sous-marin fera l’objet
d’une tentative de vol par des
malfrats en 1978.
baptisés par des femmes. Pour
le K-19, c’était un homme… De
nos jours, les constructeurs de navires superstitieux déposent des
bottes ou d'autres types
chaussures dans les cloisons ou dans les entrailles inaccessibles
afin
que le navire puisse naviguer en mer sans problème. Pourquoi
des
tatanes ?
209/1400 allemand
S44 qui a été vendu à l’Egypte et baptisé à
Kiel en 2020 avec une
bouteille contenant de l’eau du Nil ou encore une bouteille de
bière
locale pour le HMS Artful (Classe Astute). En Espagne, le vin rouge
est très apprécié. En Inde, on lance une noix de coco sur la poupe
du
sous-marin. Dans les pays arabes, on opte pour l’eau de la
Mecque.
En Russie, on utilise le
Champagne ou de la Vodka, mais le plus
important, c’est de faire
bénir le bateau et la
bouteille de baptême par un ecclésiastique
orthodoxe (comme en
dans les pays latins. En Chine et au Japon, en
revanche, le baptême et le
lancement du navire
symbolisent tous deux la naissance du navire. On tend alors une
ligne (représentant le cordon
ombilical) entre le navire et le rivage, Lorsque cette ligne est
coupée
(voir hachette ci-dessus), une grosse boule de papier éclate,
d'où
s'élèvent des guirlandes et des ballons. En Corée du Sud, c’est le
ballon, les confettis et la bouteille. La
totale ! Au Brésil et dans d'autres pays
d'Amérique du Sud, on utilise parfois
des canons à confettis (bien que pour le Riachuelo, on a préféré
une bonne
bouteille de champagne). En France,
lors du lancement du Suffren, le
Président de la République a baptisé
Oups, raté !
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notre dernier fleuron en abaissant
une manette de gaz. Tristounet. L’idée était peut-être de le
mettre
« en marche ! ». Il est vrai que casser une bouteille sur une
coque
de sous-marin devient de plus en
plus difficile en raison du
revêtement anéchoïde. Les organisateurs placent donc au
niveau de l’impact calculé un objet
métallique permettant à coup sûr
de réussir son coup. Plus aucun
suspens !
marraines. En France,
ce sont des
honneur. Chaque
parrainage se déroule
dans le cadre fixé par l’Association des villes marraines des
forces armées (AVMfa). Louis Giscard d’Estaing, président de
l’AVMfa et
résident du Loir-et-Cher rappelle que « Pour être marraine,
une
collectivité doit remplir deux conditions : Elle ne doit pas avoir
de
lien territorial avec l’unité militaire et pour que ce soit une
décision consensuelle, il faut un vote à l’unanimité des élus de la
collectivité
». Une même unité militaire ne peut avoir qu’un seul parrain ou
une
seule marraine, et ce, pour toute sa durée d’existence ». Ces
parrainages revêtent à la fois une dimension symbolique et
concrète
pour incarner le lien « nation-défense » dans les territoires et
les faire
vivre dans la durée. Il arrive que d’autres types
d’institution
endossent ce rôle de parrain. En témoigne la Légion étrangère qui
parraina le SNLE l’Indomptable dès 1974. Ce lien a été établi
en
souvenir du contre-torpilleur l’Indomptable qui avait été lancé
en
1934. Son premier commandant avait demandé au Général Rollet
de
prendre la légion étrangère pour marraine de son bâtiment.
C'est
pourquoi le fanion de l’Indomptable a toujours été aux couleurs
vert
et rouge. Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins n’a fait
que
reprendre le flambeau. L’occasion de fêter Camerone à bord le
30
avril !
On retrouve cette tradition dans beaucoup de pays avec des
subtilités
comme en Allemagne où comme désormais il y a huit équipages
pour six bateaux, chaque équipage a son parrain désigné.
La devise
Chaque bateau à sa devise. Cette tradition existe dans tous les
pays
au grand bonheur des collectionneurs d’écussons, tapes,
insignes,
etc. Parfois, il y a une devise par bateau et une autre pour
l’ensemble
de la flotte sous-marine. Pour créer une devise, la règle est
simple : vous mettez dans un sac des petits papiers avec les mots «
honneur,
profond, mer, silencieux, navire, combat, marine, patrie, peur,
tueur,
terrifiant, force, attaque, sous-marin, loup, volontaire,
arsenal,
nation, acier, mal, cible, mission, tradition, valeur, noir,
défenseur, vague, liberté, courage, secret, etc. », vous en tirez
trois au hasard et
vous les mettez dans le bon sens pour faire une devise. Je
blague
évidemment !
Le poisson
L'objectif principal de tous les sous-mariniers est de gagner son
poisson. Cette décoration signifie qu'ils sont pleinement qualifiés
sur
les sous-marins. Le terme « poisson » est un surnom pour le
nom
officiel de l'insigne de la force sous-marine, qui est représenté
par
des dauphins. Une fois qu'un marin est qualifié pour porter
ses
dauphins, un SS est ajouté à son rang, ce qui signifie «
Spécialiste
Sous-marin ». L'insigne de la force sous-marine américaine est
un
sous-marin flanqué de deux dauphins. Les dauphins étaient les
assistants de Poséidon, le dieu grec de la mer et la divinité
protectrice
des marins. Ils ont également été choisis en raison de leur
caractéristique commune de plongée et de retour en surface.
L'insigne est entré en vigueur en 1923 après qu'un commandant ait
suggéré que ceux qui s'étaient qualifiés sur un sous-marin aient
un
insigne pour reconnaître cet accomplissement. Aux Etats-Unis,
le
sous-marinier à bord qui n’a pas encore ses dauphins est un « NUB
»
(Non Useful Body). Après sa formation, il passe en Conseil avec ses
parrains et il doit présenter un bol
de bonbons Jolly Rancher pour amadouer le jury.
On dit que le marin « vire de bord » et la tradition l’autorise de
le porter à la poitrine (même si les
autorités réfutent ce droit). A une certaine époque,
le marin devait cracher sur chaque partie du navire
(une tradition idiote pour le coup). Une fois son dauphin acquis,
il devient alors soit un « Nuke » (référence à Star
Trek - s’il travaille en salle des machines), soit un « Coner
»
(référence au Cône - pour les autres zones du bateau).
Le baptême du sous-marinier
certainement celle du baptême en
mer. Celui-ci se déroule dès lors que le marin franchit pour la
première
fois la profondeur limite de son
sous-marin. On ne parle pas ici de la
profondeur maximale que le bateau puisse atteindre car dans ce cas,
peu
de baptisés pourraient témoigner.
On comprend cependant qu’un
marin puisse être baptisé plusieurs fois. Une fois à 200 m sur un
Narval
de 1.200 tonnes puis une autre fois à
300 m sur un Daphné de 800 tonnes.
Il n’est pas rare qu’un officier soit
Général Marcel Bigeard fêtant son immersion à 300
m sur la Flore en 1975 - Photo Norbert Bourhis)
La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS
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200 ou 300 mètres, le baptême reste le même et
a le même goût. La
tradition est de boire une
bonne quantité d’eau de mer qui a été puisée à la
profondeur désirée, suivi
d’un bol de vin rouge. Pour les officiers (donc plus rare), les
invités
de marque et les premières femmes marin à bord du Vigilant, ce sera
un verre de champagne, mais après le bol d’eau de mer. Pour
d’autres, moins chanceux ou plus téméraires, ce sera un lait de
hibou.
C’est un savant mélange de lait concentré, d’œufs, de cannelle,
de
sucre de canne, de vanille liquide, de Nesquik et surtout de rhum.
Enfin, on fait selon les moyens du bord, mais le Rhum est
essentiel.
Rien à voir avec le cocktail « Lait de hibou » servi sur la côte
d’azur
qui consiste à mélanger dans un verre de la Téquila, de la bière et
de
faire plein de manipulations savantes avant de le boire
tranquillement.
Cette tradition du baptême est semble-t-il organisée dans toutes
les
sous-marinades, mais on note quelques petites subtilités dans
certains pays. En Russie, le baptisé doit embrasser une masse
(marteau) couverte de graisse qui est suspendue au plafond. Le
plus
drôle est évidement que les marins
aient les mains dans le dos et que
le sous-marin effectue un balancier. Lorsque le marin se
bousille les gencives, c’est une
chance. Pour certains, ce sont les dents qui trinquent. A l’issue
de ce
petit moment de franche rigolade,
le sous-marinier reçoit son
Mais il y a parfois des dérapages.
Pas forcément lors du baptême,
mais lors des buzutages. En 2012,
à bord de l’USS Florida (SSGN- 728), un marin a déclaré avoir
subi
une tentative de viol dans le port
de Diego Garcia à l’occasion d’un
bizutage. Il était alors menacé d’un couteau et obligé de se
contraindre à l’acte. Il s’en suivit des blagues homosexuelles
de
mauvais goût lors de son retour à bord. Le Master Chief
Machiniste
Charles Berry a été démis de ses fonctions pour ne pas avoir
dénoncé
la scène au commandant. Le rapport d’enquête a indiqué qu'il y
avait une culture de bizutage et de harcèlement sexuel à bord du
sous-
marin et qu'il y avait une connaissance insuffisante des conduites
à
mener pour éviter de tels comportements.
Le passage de la ligne
Une autre tradition populaire dans beaucoup de marines de
monde
est le « passage de la ligne ». Mais attention, il n’y a pas qu’une
seule
ligne. Nous y reviendrons plus tard. La ligne la plus importante
est
celle de l’équateur.
Le récit le plus ancien est celui d'un marin britannique en 1708.
Au
début, les marins pratiquaient la cérémonie avec beaucoup de
sérieux. Bien avant les années 1700, les marins croyaient que
Neptune - le dieu de la mer - était assez inconstant. Afin de
l'apaiser,
ils sacrifiaient des chèvres et des bœufs. Au XVIIIème, alors que
plus
personne ne croyait aux dieux marins, les traditions et les
pratiques
pour les honorer sont restées en
place. Lors du voyage du HMS
Endeavour vers le Pacifique en
1768, dirigé par James Cook, Joseph Banks a décrit comment
l'équipage avait dressé une liste de
tous les passagers à bord, y
compris les chats et les chiens. Ils les ont ensuite interrogés
pour
savoir s'ils avaient traversé
l'équateur. S'ils ne l'avaient pas
fait, ils devaient choisir entre renoncer à leur allocation de
vin
pendant quatre jours, ou de subir
une cérémonie d'évitement au
cours de laquelle ils étaient plongés trois fois dans
l'océan.
Selon Banks, certains passagers «
souriaient et se réjouissaient de leur robustesse à l’épreuve »,
quand
d'autres « se seraient presque noyés ».
La marine américaine a des rituels de passage de la ligne bien
établis.
Les marins qui ont déjà
traversé l'équateur sont
Pollywogs, ou Slimy
canadienne, ceux qui
n'ont pas encore franchi l'équateur sont surnommés Tadpoles,
ou
Dirty Tadpoles et les initiés les Ours de Neptune. En Inde, c’est
la cour du Roi Varuna. Au XIXème siècle, la cérémonie de
franchissement de ligne était un événement assez brutal,
impliquant
souvent de battre des Pollywogs avec des planches et des
cordes
mouillées et parfois de jeter les victimes par-dessus le bord du
navire, traînant le Pollywog dans les vagues de la poupe. Dans
plus
d'un cas, des marins auraient été tués alors qu'ils participaient à
ce
type d’intronisation.
Aujourd'hui la cérémonie peut durer jusqu’à deux jours (sur les
navires de surface). Les membres d'équipage précédemment
intronisés sont organisés dans la Cour de Neptune et introduisent
les
Slimy Pollywogs dans « les mystères de l'abîme ». Les
épreuves
physiques, conformément à l'esprit de l'initiation, sont tolérées,
et chaque Pollywog est
censé endurer un rite
équatoriale s'appelle
on inverse les rôles. Les
Wogs (les non-initiés)
sont autorisés à capturer et à interroger tous les Shellback pour
leur faire subir des sévices (par exemple, les attacher, casser des
œufs ou
verser de la lotion après-rasage sur leur tête). Mais comme ils
savent
que le lendemain viendra leur tour, ils se méfient des
représailles
futures.
assignations à comparaître devant le roi Neptune et sa cour
Les ingrédients du « lait de hibou »
La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS
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Altesse Amphitrite et souvent divers dignitaires, tous représentés
par
les marins les plus hauts gradés). Cette étape est souvent
précédée
d'un concours de beauté d'hommes déguisés en femmes, chaque
département du navire devant présenter un concurrent en maillot
de
bain. Par la suite, certains peuvent être interrogés par le roi
Neptune
et son entourage, et l'utilisation de « sérum de vérité »
(sauce
piquante et après-rasage) et d'œufs entiers non cuits mis dans la
bouche. Au cours de la cérémonie, les Pollywogs subissent un
certain nombre d'épreuves de plus en plus embarrassantes. Une
fois
la cérémonie terminée, le Pollywog reçoit un certificat déclarant
son
nouveau statut.
Le franchissement de la ligne équatoriale n’est pas la seule à
donner
lieu à une petite fête :
• L'Ordre du Nez Bleu pour les marins qui ont traversé le
cercle polaire arctique.
• L'Ordre du nez rouge pour les marins qui ont traversé le
cercle antarctique.
• L'Ordre Impérial du Dragon d'Or pour les marins et les marines
qui ont franchi la Ligne de Date Internationale.
• L'Ordre Sacré du Dragon d'Or pour les marins et les
marines qui ont traversé en même temps Lat. 00-000°,
long. 180,00°
• L'Ordre du fossé pour les marins qui ont traversé le canal
de
Panama.
• L'Ordre du Rocher pour les marins qui ont transité par le détroit
de Gibraltar.
• Le Safari à Suez pour les marins qui ont traversé le canal
de
Suez.
• Le Golden Shellback pour les marins qui ont franchi le
point
où l'équateur traverse la ligne de date internationale.
• L'Ordre du calmar des sables pour les marins qui ont été
attachés à des unités de l'armée ou stationnés au Moyen-
Orient.
• L'Emerald Shellback ou Royal Diamond Shellback pour
les marins qui traversent à 0 degré au large des côtes de
l'Afrique de l'Ouest (là où l'équateur croise le méridien
principal).
• Le Royaume des tsars pour les marins qui ont traversé la
mer
Noire.
• L'Ordre de Magellan pour les marins qui ont fait le tour de
la
Terre.
• L'Ordre des lacs pour les marins qui ont navigué sur les
cinq
Grands Lacs.
• L'Ordre du Main d'Espagne pour les marins qui ont navigué
dans les Caraïbes.
• L'Ordre du Moineau pour les marins qui ont navigué sur les sept
mers. (Atlantique Nord, Atlantique Sud, Pacifique Nord,
Pacifique Sud, Océans Indien, Arctique, Antarctique)
On parle aussi de faire une offrande à Cthulhu, le dieu qui attend
à R’lyeh, la
cité sous-marine du Pacifique sud. Ce
dieu aurait une tête de pieuvre et de grandes ailes filandreuses,
il est vénéré
par des créatures dégénérées, thème
récurrent dans l'œuvre de Howard
Phillips Lovecraft.
Parmi tous ces autres franchissements, celui du Cercle Arctique,
au-
dessus du 66° 34′N, est le plus connu (Nez bleu). On y fait
allégeance à Frigolus tout en mettant son postérieur dans une
bassine
remplie de glaçons. On termine la cérémonie par une
boisson digne de
l’événement.
Si ces célébrations semblent bien sympathiques, tout ne se passe
pas toujours comme prévu. Heureusement, aucun cas n’est répertorié
au
sein des Forces Françaises !
En Australie, en 1995, une cérémonie de franchissement de ligne
a
eu lieu à bord du sous-marin HMAS Onslow. Cette déclinaison du
rite, connu sous le nom de « Sump the rump » n’a pas amélioré
la
réputation de la Royale Australian Navy (RAN). Ceux qui
avaient
auparavant « franchi la ligne », les Ours de Neptune portaient
des
masques pour cacher leur identité. Traditionnellement, en
Australie, Neptune est joué par le commandant, bien qu'il n'ait pas
été révélé si
c'était le cas sur ce bateau. Les Pollywogs ont été
maltraités
physiquement (déshabillés et écartelés sur le pont pour être
torturés)
et verbalement avant d'être soumis à un acte appelé « puisard sur
la croupe ». On a enduit d’un liquide sombre (chocolat ?) l'anus et
les
organes génitaux de chaque marin. Un marin a ensuite été
agressé
sexuellement avec un long bâton avant que tous les marins soient
forcés de sauter par-dessus bord et de « marcher au fond de la mer
»
jusqu'à ce qu'ils soient autorisés à remonter à bord du
sous-marin.
Une bande vidéo de la cérémonie a été obtenue par le média
Nine
Network et diffusée à la télévision australienne.
La vidéo a provoqué de nombreuses critiques, en particulier
lorsque
l’on montrait certains des officiers du sous-marin observer la
scène
en haut du massif. Ces agressions sont parfois (et à regret)
tolérées
par les officier qui considèrent ces agissements comme un processus
de « durcissement » et les victimes sont censées « assumer
comme
des hommes ». L'un des dénonciateurs ayant fourni la vidéo a
été
ostracisé après s'être plaint. Il a finalement reçu une lettre
d'excuses
de la marine, mais sa vie était devenue impossible à bord et il a
démissionné des Forces sous-marines. Cette histoire a délié
les
langues dans la RAN. On a cité une agression anale avec une
bouteille de bière sur le HMAS Flinders suivi d’une tentative
de
suicide, des cas d’agression sexuelle, de marins retrouvés
recroquevillés en position fœtale dans un conduit de
climatisation,
de nourriture putride et des concoctions de piment rouge
spécifiquement destinées à brûler les jeunes peaux sensibles,
etc.
Mais le comble fut atteint lorqu’un ancien médecin de la marine, se
décrivant comme un « chasseur de croûtes », a écrit aux
médias
australiens en juillet pour critiquer le jeune marin pour son
intolérance. Il a dit que son principal regret à propos de ce
genre
d'affaires était d'avoir pas été assez pris suffisamment en charge
par les Ours de Neptune… Cela étant, la RAN n'a pas interdit
la
cérémonie.
Selon une histoire non officielle récemment publiée par des
sous-
mariniers américains dans la « guerre froide », une partie du
traitement d'humiliation infligé aux membres d'équipage sur
des
sous-marins nucléaires impliquait de les forcer à manger des
concoctions révoltantes du ventre nu du Roi Neptune.
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franchissement de ligne n'ont commencé que dans les années
1980,
lorsque plusieurs rapports de bizutage flagrant ont commencé
à
circuler concernant la cérémonie de franchissement de ligne, et
au
moins un décès a été attribué à ces abus.
En France, la médecine du travail met en garde les marins sur
le
caractère cancérigène ou allergène de certains de ces produits
donc
ils sont moins utilisés… Un sous-marinier raconte « C’est un rite
traditionnel. Je ne me suis jamais senti humilié. Alors que
quand
j’étais en prépa à Metz et qu’on m’a demandé de défiler à poils
dans
les rues, c’était dégradant ! ».
Le Cap des 20.000
est le Cap des 20.000 heures de
plongée. Il vient couronner le
marin d’une carrière longue à bord. L’occasion d’une petite
fête. Les plus vieux atteignent
parfois les 30.000, avec la
reconnaissance (ou pas) de la
Marine…
Je précise, aucun rapport avec le point précédent !
Le Président, choisi par le commandant parmi ses membres les
plus
anciens, a la lourde tâche de faire fonctionner harmonieusement,
à
la fois dans le respect des traditions et dans celui des
règlements, un
ensemble de dix à trente officiers, parfois plus, et souvent
d'origines, d'âges et de préoccupations différentes. En ce sens et
nonobstant la
cordialité des relations qui existe normalement entre les membres
du
carré, le président est dépositaire d'une autorité réelle vis à vis
de ceux-ci afin d'assurer en souplesse la parfaite cohésion
de
l'ensemble. Il s'efforce notamment de combattre la formation
de
« clans », les exclusions et de favoriser l'émergence d'un
véritable
esprit de corps dénué de tout corporatisme. Pour y parvenir, le
Président de carré est souvent obligé de faire preuve de fermeté,
ce
qui fait souvent dire que la présidence est une dictature. Mais
c'est
bien plus parce que les autres membres aimeraient bien, eux
aussi,
être Président à la place du Président et jouir de ses
nombreux
privilèges.
Pour exercer son office, le Président est pourvu d'un
ensemble
conséquent d'attributs :
- La cloche : Agité par le Président dans les cas suivants :
lecture
du menu, fin de repas, attribution d'un huitième (voir plus loin),
ou selon son bon vouloir.
- La gaffe : est disposée par le Président en face d'un membre
en
ayant commis une, ou sur le point de la faire.
- Le mur : …de la vie privée est utilisé lorsque son franchissement
est imminent. Il manque toujours une brique
dans le mur, car ne l'oublions pas, le Midship n'a pas de vie
privée.
- L'échelle : sert à indiquer à un membre qu'il est temps pour lui
de redescendre de l'arbre dans lequel il vient de grimper si
vite.
- Le balai : permet d'inviter un membre à balayer devant sa
porte.
- Le puits (sans fond) : pour ne pas tomber plus bas.
- La pince : du menteur (comme un arracheur de dents). - Le
cercueil : qui contient des mots ou des noms dont l'usage est
interdit au carré.
Le Midship se situe à l'autre extrémité du carré car il s'agit
de
l'officier le moins ancien, parfois le moins âgé mais ce n'est pas
une règle obligatoire. Le rôle essentiel du Midship, est de veiller
à ce que
les traditions soient respectées et vivantes à l'intérieur du
carré. Dans
cette optique, il possède une autorité officieuse, mais
généralement
reconnue, sur le Président et peut le sanctionner si l'esprit des
traditions n'est pas respecté. En plus de cet aspect « Garant de
la
constitution », il se voit confier bien entendu d'autres tâches
utiles
comme la lecture du menu, l'accueil des invités, la rédaction
des
cartes de vœux ou des lettres de remerciement, la tenue des
documents du carré ou, lorsqu'un ange passe, le choix d'un sujet
de
conversation. Le Midship n'est pas pour autant le « larbin »
des
autres membres du carré et possède malgré tout quelques privilèges
dont celui de pouvoir choisir son dessert avant tout le monde.
Mais
surtout il est partie intégrante du carré, son rôle est essentiel
et de sa
vivacité, de son imagination et de sa volonté de l'assurer avec
bonne
humeur dépendent beaucoup l'atmosphère rafraîchissante que
peut
connaître un bon carré.
Le Midship possède lui aussi des instruments qui lui permettent
de
tenir son rôle :
- Le cahier des huitièmes : Ouvert à l'intention de chaque membre,
il recueille les huitièmes (punitions) infligés par le
Président aux membres, ou, par le Midship au Président, ou
par
le Vice-président au Midship. Le libellé des motifs est
libre,
donc injuste et bien sûr humoristique. - Le cahier des fortes
paroles : recueil de bons mots.
- Un stylo : indispensable
Le vice-président
Le Midship peut sanctionner le Président s'il estime que ce dernier
manque à ses obligations à l'égard des traditions, le Président lui
ne
peut en faire de même vis à vis du Midship. Pour empêcher
toutes
collusions entre ces deux membres éminents, il est donné au
Vice-
président le pouvoir de rappeler au Midship ses devoirs. Ceci a
pour effet d'apporter un léger parfum de démocratie au sein
de
l'épouvantable dictature qu'est la présidence.
Le chef de gamelle
Seule fonction définie par des textes réglementaires, le chef de
gamelle a la lourde tâche de gérer les finances du carré. Les
améliorations dans les repas sont souvent du fait de la gamelle.
En
général, choisi par le Président parmi les enseignes de vaisseau
de
1ère classe, le chef de gamelle change tous les six mois.
La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS
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Les autres membres
En fonction de leur situation à bord, certains membres se
voient
attribuer des appellations particulières :
- Le Colonel : c'est l'officier fusilier ou protection du bord - Le
Directeur : souvent oublié, c'est le canonnier qui est aussi
l'officier tradition du carré, consulté en cas de doute en
matière
de doctrine.
confession est « Monseigneur », alors que le Commandant
reste le Commandant.
Comment vivre ensemble, parfois pendant de longs mois, avec
pour
seul lieu de détente, ou presque, ce carré toujours trop exigu
d'un
mètre. A vrai dire, il faut reconnaître que les longues périodes de
mer et les surcharges réelles de travail qui sont le flot de tout
le
monde à bord font qu'il est facile et tentant de céder à l'envie de
jeter
par-dessus bord ces traditions jugées alors d'un autre âge. Il
est
souvent impossible de faire autrement, il faut en convenir, mais
le
calme revenu, quel plaisir aussi de se laisser aller au charme du
repas
présidé, surtout si à ce plaisir s'ajoute celui d'être accompagné
de « nobles invités ». Quel plaisir, à l'issue d'une longue
campagne ou
d'une affectation, de relire ces cahiers qui nous permettent de
revivre
tant de moments forts, de revoir ou de réentendre ces visages et
ces
rires qui nous ont accompagnés quelques mois. Quel plaisir aussi,
de pouvoir évoquer ces plaisanteries de « premier embarquement »,
nos
souvenirs de victime comme ceux, plus tard, des rôles tenus.
Tous
ces souvenirs que nous pouvons évoquer, ces moments que nous
avons vécus comme ceux que nous vivrons encore, c'est un peu
cela
l'esprit de carré. Mais il faut aussi que chacun y mette un peu du
sien.
Le repas présidé
Le repas présidé est certainement la composante de la vie du carré
la
plus connue, tant dans la Marine qu'à l'extérieur, et s'il est une
tradition qui doit subsister, c'est bien celle-ci en raison de
l'attrait
qu'elle suscite toujours chez les personnes étrangères à la Marine
qui
ont la chance d'y assister. Empreinte d'un charme un peu
désuet,
cette tradition qui a ainsi pu traverser de nombreuses époques est
un témoin vivant du savoir vivre et du savoir-faire de notre Marine
en
matière de réception et de représentation. Même en l'absence
de
« nobles invités », le repas présidé représente un des
moments
privilégiés de la vie du carré, et de son déroulement, il est
toujours
possible de déduire la qualité des relations entre ses
membres.
Il commence toujours par la lecture du menu par le Midship.
Le
Midship se lève sous les hués pour lire le menu conformément à
la
formule suivante, pouvant comporter quelques variantes :
« Nobles invités (en présence d'invités), Président (ou
commandant), Monseigneur (en présence de l'aumônier), Directeur (si
le canonnier
est présent), Mon colonel (si le fusilier est présent), Messieurs
(pour
les autres membres), le menu de ce jour …. de l'an de grâce …
sera
… ». A ce moment, le Midship est généralement arrêté dans son élan
par les membres du carré qui s'écrient « dégueulasse comme
d'habitude ! ». Puis suit une rédaction libre, humoristique, et
sans
lien obligatoire avec le repas proposé, qui se conclue par : « le
tout
arrosé de … » chambré/glacé/tiède comme il se doit. « Le saint du
jour est … la fête à souhaiter est … (bonne fête Président !). Il
est
exactement midi à la montre en or massif du Président (et non
du
Président massif). Bon appétit nobles invités, bon appétit
Messieurs ». Ce à quoi l'assistance répond d'une seule voix : « Bon
appétit Midship » en y ajoutant parfois une courte phrase
affectueuse
: « et que le cul te pèle en large plaques scrofuleuses, que
Belzébuth
te sodomise jusqu'à la septième génération au moins, sous les
palétuviers roses (bleus)… ». Il y a également une version avec
un
« baobab géant de l'Afrique Equatoriale Française... ».
Au cours de ce repas, qui peut alors commencer, la bonne
humeur
est de règle et le goût du petit blanc apprécié. Le Président à
toute
latitude pour exercer sa dictature, tempérée toutefois par la
promptitude du Midship à sanctionner ses infractions
éventuelles.
Chaque manquement aux règles est ainsi punissable d'un
huitième,
et l'accumulation de huit d'entre eux par un membre est signalée
par
le Midship qui procède alors à leur lecture. Le fautif doit alors
faire amende honorable en offrant au carré une bonne bouteille (ou
tout
autre objet à la discrétion du Président). Les manquements les
plus
fréquents sont :
généralement démasqué aussitôt grâce au civisme de ses
camarades qui s'empressent de lui souhaiter un excellent
appétit. Ceux-ci sont d'ailleurs également passible d'un huitième
pour dénonciation.
- Arriver en retard sans présenter ses excuses à l'assemblée par
la
formule « service Président ».
- Parler de service à table. - Evoquer une personne « enterrée »
(voir plus loin).
- Evoquer certains sujets « anatomiques » avant le fromage.
- Manipuler avec concupiscence les attributs du Président.
- Déplaire au Président, mais attention car le Président peut
aussi
déplaire au Midship, lequel peut agacer le Vice-président…
Enfin pour marquer l'intronisation d'un nouveau membre, il
est
d'usage de lui infliger d'emblée un huitième de bienvenue
(pour
ouverture de compte).
Lorsqu'en fin de repas le Président, souvent en raison de son
grand
âge et miné par les pesantes responsabilités qui sont les siennes,
est
victime d'une absence de conscience ou se laisse aller à la
somnolence, prolongeant de ce fait le repas, il est de bon ton
qu'un membre du carré entonne un chant communément appelé
« L'Espagnole ».
Le midi sonné à la montre en or massif du Président marque la
fin
de la pause du déjeuner. Dans certains carrés particulièrement
sensibles à l'art musical, il peut arriver que le président demande
le
« Solo, Midship ». Celui-ci doit alors entonner d'une voix suave
et
caressante pour les oreilles des anciens les paroles suivantes d'un
air
bien connu : « Plaisir d'amour ne dure qu'un instant -
Chagrin
d'amour dure toute la viiiiie »
Après le Solo Midship, le coryphée dans son ensemble peut
aussi
entonner le Chœur des vierges, mais ce n'est pas obligé.
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Un enterrement en grande pompe
Parmi les nombreuses traditions qui colorent la vie du carré, celle
du
repas présidé est la plus vivace. Mais le repas n'est pas la
seule
occasion qui se présente aux membres de manifester son attachement
aux traditions, et à la
vérité, pour un carré uni et actif,
tous les prétextes, ou presque, sont
bons. Des évènements comme les embarquements, les
débarquements ou les
membre sont autant d'opportunités. Ainsi, la
promotion d'un lieutenant de
corvette, s'accompagne souvent de son transfert du carré
officiers
subalternes au carré officiers
supérieurs ou au carré
l'heureux élu. Cérémonie
emmener en grande pompe un cercueil contenant le promu vers
sa destination future.
Le problème, dans les sous-marins, c’est que les cercueils
prennent
de la place et qu’il est impossible de le sortir à l’horizontal. Le
mort doit donc souvent s’extraire de la boite lors du passage du
sas de
sortie pour y retourner l’écoutille passée. Un grand moment !
Le ménage à bord
En soi, ce n’est pas une tradition. Sauf quand la règle devient
un
enfer comme en Russie. Tous les jours, tout le monde est appelé
au
« petit ménage ». Chacun est chargé du nettoyage d'une partie
du
sous-marin. Quelqu'un reçoit le panneau de commande à épousseter,
quelqu'un d'autre les toilettes (à la proue du navire), la chambre,
etc.
Le problème, c'est que la zone à nettoyer qui vous est assignée
ne
change pas pendant toute la durée de la patrouille. Donc, si vous
avez
commencé par nettoyer les toilettes, vous la nettoierez jusqu'au
bout.
Les traditions culinaires
Italie. Dans tous les sous-marins
(et les bateaux de surface), on sert la « Pizza de minuit ».
Un
rite incontournable !
Au Japon, le vendredi, c’est riz
au curry. Impossible d’y déroger selon la tradition. Mais
chaque
sous-marin possède sa propre
internet de la JMSDF.
marin touche 100 ml de vin rouge,
du chocolat et de la vodka. A
l'époque soviétique, il y avait eu des débats pour choisir
l’alcool
qui motiverait le plus les marins.
Il fallait choisir entre la bière
et le vin rouge. Après un vote
officiel, le vin a gagné). Mais
étrangement, la vodka est restée. Chaque jour, le marin
a droit à des œufs de saumon
ou d’esturgeon, un filet de
poisson séché, en plus de ses
100g de chocolat.
En Chine, on interdit les radis, l’ail et le soja. L’hygiène est
tellement
aléatoire à bord et la ventilation insuffisante que les
dégagements
induits par la digestion de ces aliments rendraient l’air
vite
irrespirable.
Jour Maigre (Canada) et BBQ
Un exemple de coutume qui continue d'évoluer ou de changer
avec
les années est celui du « Jour maigre » (ou Banyan), fête
spéciale
particulière à la marine canadienne. Malgré la nature changeante
de
cette fête, on y retrouve trois constantes : c'est toujours une
partie de
plaisir, elle a lieu à l'extérieur et l'accent est mis sur la
bonne
nourriture, la boisson et la camaraderie, quelque chose, en
somme,
qui ressemble à un bon vieux pique-nique.
Dans la marine, le Banyan était à l'origine un jour maigre, donc
peu
populaire. Ce terme de marine remonte au XVIIème siècle. Les
lundis, mercredis et vendredis étaient des jours maigres dont le
but était de conserver les tonnelets de « cheval salé »,
c'est-à-dire de
bœuf salé, pendant les
voyages en mer qui
des jours maigres
consistait en une espèce de bouillie de pois secs. Le
mot Banyan vient des
Les jours maigres se sont transformés graduellement en jours
plus
plaisants, notamment à bord des navires privés ou des
escadres
détachées lors de longs voyages. On y encourageait la pêche et
cette diversion de la routine était vivement appréciée. Aussi, les
marins
prirent l’habitude de mettre de côté des aliments plus agréables
au
goût qu'ils acquéraient
pendant leurs séjours à terre ou qu'ils troquaient avec les
propriétaires de bateaux au
port. Ces « gâteries » se
agrémenter les repas qui,
autrement, eussent été assez
ternes. À vrai dire, le Banyan moderne est si populaire que
même les équipages des sous-
marins, avec leur pont
supérieur limité, ne s'en privent pas. À condition que la
mer soit assez calme pour
éviter que quelqu'un ne glisse
par-dessus bord, un demi-baril de pétrole peut griller les
Enterrement à l’été 1975 sur le Terrible – Equipage rouge
(Photo Marc Boyer)
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beefsteaks les plus savoureux qu'on peut enfiler avec une bière
bien
fraiche sous un ciel ensoleillé. Cette tradition du barbecue n’est
plus
limitée au Canada bien sûr.
Mais barbecue ou pas, ce qui manque le plus à bord, surtout après
deux mois de mission en SNLE, ce sont des fruits frais. Quand
le
sous-marin arrive à quai, l'équipe qui prend le relais sur le
bateau
attend parfois avec une corbeille de fruits. C'est une tradition,
pas
toujours respectée, mais c'est superbe de manger une poire
juteuse
ou une mandarine après deux mois de yaourts.
En Allemagne, ce n’est pas une coupe de fruit
qui attend le commandant après qu’il ait remis
son bateau en ordre, mais une bonne bière pour se rincer le gosier.
Elle porte le nom traditionnel
de « Bière de lavement ». Elle est offerte que la
mission ait duré un mois ou une journée. Pour
la petite histoire, il existe en Allemagne un cocktail nommé «
U-boot » qui consiste à
plonger un petit verre de vodka au fond d’une
pinte de bière.
Dans l’US Navy, l’alcool est interdit depuis 1899. Un sondage en
1933 a montré l’inutilité de changer la donne. Il y a des
exceptions
à la règle. Une ration de deux bières par jour est autorisée
depuis
1980 si la patrouille excède 45 jours. De même, les navires
conservent un petit stock d'alcool à des fins dites médicinales,
par
exemple lorsqu'un membre d'équipage est secoué par un
accident.
La tradition du cochon grillé (Russie)
On a tous vu ces photos d’équipages soviétiques ou russes
être
accueillis par les officiels accompagnés d’un cochon grillé.
On pense que cette
Seconde Guerre
interpellé le commandant de la
base, le capitaine Modenko (qui était un peu grassouillet) pour
la
piètre qualité du ravitaillement à bord. « Vasya, comment ça va
?
Nous à la mer, on ne se lave pas, on ne se rase pas, on coule des
bateaux, on évite les mines, on brave les attaques aériennes, mais
on
ne choisit pas ce que l’on mange. Soyons d'accord : si je reviens
avec
une victoire, vous m’offrez un cochon rôti ». Modenko haussa
les
épaules et dit : « Eh bien, chiche ». Et en effet, Utkin est revenu
avec une victoire et le commandant de la base n'avait rien d'autre
à faire
que de préparer un gros cochon pour l’équipage. A partir de
ce
moment, c’est devenu une tradition. A chaque victoire, un cochon
!
Après la guerre (faute de bateaux allemands coulés), la tradition
s’est perpétuée à chaque retour de mission au sein de la flotte du
Nord.
Avant le départ, l’indicatif du sous-marin était peint sur le dos
des
cochons des fermes de Kuzbasslak (une forme de mécénat). Pour
la
CIA, ce pouvait être un moyen d’identifier les déplacements
des
sous-marins.
Mais il y eu des moments où les sous-mariniers ont été très
offensés
par cette offrande. Petites anecdotes : Un jour, posé sur la table,
sur
un plateau, gisait ce qui devait être autrefois un assez gros
cochon.
Seule la tête reposait sur le plateau, coupée exactement derrière
les oreilles et le cul collé
dessus, coupé
exactement derrière
le commandant de
même et le cochon est balancé à la baille. Une autre fois, un
porcelet est donné entier,
mais toute la viande est retirée sous la peau. Nouveau scandale et
le
commandant prévient qu’il n’est plus responsable de la
vengeance
probable de l’équipage. Une autre fois, le porcelet est présenté en
entier. Mais les cuisiniers ont découpé toute la viande et recousu
la
peau sur les côtes. Le commandant a averti que la prochaine fois,
il
ne serait pas responsable de l'équipage et ne retiendrait pas sa
juste
colère.
Il y a aussi des subtilités dans la décoration du porcelet. Si
toutes les
missions étaient parfaitement remplies, la carotte était insérée
dans
la bouche du porcelet. Et s'il y avait des manques, alors elle
serait
logée dans son cul.
La crème glacée
Les sous-mariniers du monde entier adorent se délecter d’une petite
glace bien
rafraichissante. Des études démontrent que
la crème glacée est un aliment «
réconfortant » qui se classe au-dessus de tous les autres. Cette
tradition remonte à
1914 aux Etats-Unis où, avec la nouvelle
interdiction de l'alcool sur les navires de la
Marine, l’amirauté avait cherché des
méthodes alternatives
plus haut. Ils ont trouvé la crème glacée. En plus
d'être un aliment capable
d’apaiser les hommes,
nostalgie qui rappelle
aux individus - en
déploiements exigeants - l'innocence de l'enfance, la sécurité et
les
vacances en famille - des souvenirs qui peuvent être
relaxants.
Généralement, ce sont les commis ou les infirmiers qui ont sous
leur responsabilité une sorbetière pour livrer des glaces à la
demande
24/24 et 7/7.
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Guerre, de nombreux soldats et leurs
familles passèrent commande de ce fameux pâté breton auprès de la
maison
Hénaff pour améliorer la pitance des
Poilus.
Les équipages de la Marine nationale déployés en Orient
connaissaient
également l’existence de ce délicieux pâté. En mai 1917, un
certain
Joseph Le Douce, quartier maître canonnier à bord du cuirassé
Justice mouillant dans le port du Pirée, envoie un courrier à la
famille Hénaff « Avant mon départ j’ai reçu de mes parents
quelques
boites de votre excellent pâté. L’ayant donné à goûter à ses
camarades, ils ont été unanimes pour affirmer qu’il est très bon
et
qu’ils désireraient en avoir constamment. » La commande est
expédiée, mais elle arrive malheureusement trop tard, le
cuirassé
ayant déjà levé l’ancre vers une nouvelle destination.
Il faudra attendre 1920 pour
avoir une première commande officielle de la
Marine nationale. Dans son
courrier de commande le
article nouveau qui n’est
pas connu de la Marine, et qui remplacerait avantageusement
les
pâtés de foie achetés dans les charcuteries, mais pour le faire
adopter par les tables de bord, il faut que le prix auquel nos
magasins doivent
le revendre soit inférieur à celui du commerce local ». Ainsi
progressivement au cours des décennies suivantes, le pâté Hénaff
est adopté par la Marine nationale et gagnera ainsi ses galons de
pâté du
mataf !
Rien de tel qu’un petit dîner gastronomique à bord de la Flore
en
compagnie d’anciens du bord pour vous raconter la vie du Mataf’
ou
d’un encas de retour de mission pour reprendre goût à la vie.
Le Cochon d’Or
Qui a grossi le plus ? Tout l'équipage
passe à la pesée du « cochon d'or » dans une ambiance de franche
rigolade.
Certains se planquent... « A une époque,
c'était carrément un jeu de grossir »,
raconte un ancien. Le record serait de plus de 20 kg pour une seule
patrouille de
deux mois.
Les toasts
En Angleterre, la Royal Navy a institué un rituel pour ses toasts
:
- Dimanche : « A nos amis absents »
- Lundi : « A nos navires en mer » - Mardi : « A nos marins »
- Mercredi « A nous-mêmes »
- Vendredi : « A un ennemi volontaire »
- Samedi : « A nos partenaires »
En juin 2013, les toasts du mardi et du samedi ont été changés
sous
les ordres du Second Sea Lord, le vice-amiral David Steel,
pour
refléter le fait que les femmes naviguent dans la Royal Navy
depuis
près de deux décennies. Le toast du mardi était « A nos hommes » et
le toast du samedi était « Sweethearts and Wives – A nos
chéries
et nos épouses (et qu'elles ne se rencontrent jamais) ». Les mots
entre
parenthèses sont compris mais non prononcés, bien que souvent
ceux qui ne portent pas de toast les diront en réponse.
Alors que la plupart de ces toasts sont explicites, « une
guerre
sanglante ou une saison maladive » se réfère au désir et à la
probabilité d'être promu si par malheur une personne venait à
mourir et donc à laisser sa place vacante (guerre ou maladie). La
Marine fait
traditionnellement le toast en restant assis, en raison du
danger
évident des plafonds bas sur les bateaux. La tradition dit
qu’après
s'être fêlé le crâne une fois debout pour porter un toast à son
père, George III d’Angleterre a décrété que, à moins qu'un membre
de la
famille royale ne soit présent, le toast pouvait être fait
assis.
Les sous-mariniers russes cultivent d’autres toasts. Pour un
sous-
marinier, le toast le plus important est sans conteste : « Pour que
le nombre de plongées coïncide avec le nombre de remontées ».
Mais
il existe d’autres toasts très populaires comme : « Service calme
et
paisible ! Endurance et endurance ! N'oubliez pas qu'ils vous
attendent chez vous ! », « Je vous souhaite des plongées faciles,
des montées douces, des courants justes et aucun obstacle dans
votre vie
! Sept pieds sous la quille ! » ou encore « Vous êtes l'honneur et
la
fierté de la Russie, vous protégez la paix du pays. Chacun de
vous
est un héros ! Revenez à la maison vivant ! »
La Pelle
célèbre Pelle a circulé dans
les communautés sous- marines d'au moins cinq
marines. Elle a navigué à
bord de plus de 21 navires et
sous-marins différents et a parcouru plus de miles
nautiques que le sous-
marinier moyen. La voler,
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apporter la gloire... ou une ou deux nuits en prison.
Mais d’où venait cette pelle ? En 1961, conformément à une
tradition, une pelle commémorative avait été utilisée pour créer
le
premier gazon d’une base de la marine canadienne. Sur la
planche
où avait été fixée la pelle, on y avait collé des petites plaques
de métal retraçant les travaux de jardinage et on avait exposé le
superbe
objet au mess. Et un jour, la pelle a disparue.
La pelle était considérée par de nombreux sous-mariniers comme
un
trophée, au même titre que la Coupe Stanley ou à l'Or olympique.
Les différents équipages ont passé leur temps à la voler, à la
cacher,
à l’emmener sous les flots, à lui faire traverser plusieurs
fois
l'Atlantique et le Pacifique.
Le jour du sous-marinier
Aux Etats-Unis, la Journée du sous-marin est généralement
célébrée
le 11 avril, car le 11 avril 1900, le gouvernement des États-Unis
a
acheté son premier sous-marin, l'USS Holland. Mais il y a débat
sur
cette date. En effet, deux ans plus tôt, le 17 mars 1898, John
Phillip Holland avait présenté son invention, le sous-marin Holland
VI,
devant l'US Navy. Finalement, la date retenue a été celle du 11
avril
pour célébrer la naissance des Forces sous-marines de la
marine
américaine.
En Inde, la marine célèbre le Jour des sous-mariniers le 8
décembre. C'est en effet le 8 décembre que le « Indian Naval
Ensign » a été déployé sur l’INS Kalvari , premier sous-marin à
être
intronisé dans la marine indienne, à Riga en Lettonie, ancienne
URSS, en 1967. Kalvari est le nom malayalam du requin tigre,
célèbre prédateur dans l'océan Indien.
En Russie, le jour commémoratif des sous-mariniers disparu (en
mémoire de la disparition du Komsomolet) est fixé le 7 avril.
Pour
eux, « les sous-mariniers ne meurent pas. Ils vont à la mer et
ne
reviennent pas ». C’est très proche de la citation américaine qui
dit
« qu’ils sont toujours en patrouille ».
En dehors de ce jour de deuil, il existe heureusement une autre
date
pour fêter la Flotte sous-marine. C’est le 19 mars (soit deux
jours
plus tard que les autres). C’est à cette date qu’en 1906, le
premier
sous-marin Dolphin a été officiellement ajouté au solde de la
flotte russe par un décret de l'empereur Nicolas II. Cette fête a
été célébrée
pendant seulement 11 ans et a été abolie à l'époque soviétique.
80
ans plus tard, la célébration de la Journée du sous-marin russe a
été
de nouveau célébrée. L'ordonnance correspondante a été signée par
Felix Gromov, qui occupait le poste de commandant en chef de
la
marine en 1996.
À cette date importante, il est d'usage de féliciter tous les
marins
servant dans la flotte sous-marine : marins et amiraux, capitaines
et adjudants. C'est un jour férié partagé par les hommes courageux,
les
amiraux aux cheveux gris, les officiers courageux et les
vétérans
héroïques qui ont consacré leur vie à la protection des
frontières
sous-marines du pays. Elle est également célébrée par les cadets et
les enseignants des écoles spécialisées et même par les
personnes
liées à la conception, construction et réparation des
sous-marins.
Traditionnellement, le commandant en chef de la marine félicite
lui-
même les sous-
qui se sont
extraordinaires. Dans les écoles navales, des formations
cérémonielles et des défilés sont organisés. Dans les villes où la
flotte sous-marine est basée, des rassemblements, des concerts,
des
exercices de démonstration et des reconstitutions de
batailles
navales ont lieu. Des rencontres sont organisées avec des
vétérans
de la flotte sous-marine qui partagent leurs souvenirs.
Traditionnellement, à cette date importante, des fleurs et
des
couronnes sont déposées sur les mémoriaux des sous-mariniers
russes, rendant hommage aux héros tombés au combat. Dans les
églises, des prières et des liturgies spéciales sont organisées
pour la santé des vivants et des services commémoratifs pour les
sous-
mariniers décédés. En l'honneur des victimes, une minute de
silence
est respectée, des salves de fusils retentissent, des couronnes et
des
bougies allumées sont déposées sur l'eau.
Ailleurs dans le monde, la Journée du sous-marin est célébrée
généralement le 17 mars. Dans d'autres pays, il n'y a pas de jour
des
sous-mariniers parmi les jours fêtés ou combinée avec le Jour
des
Forces navales.
Le bal d'anniversaire des sous-mariniers célèbre l'anniversaire de
la
force sous-marine américaine. Chaque base aime faire les choses à
sa manière, mais il y a généralement le « Color Guard » et
l'hymne
national, la « cérémonie du péage des bateaux », des toasts et
un
maître de cérémonie qui anime le tout. Il y a aussi un dîner
composé
de plusieurs plats suivi d'une cérémonie de coupe des gâteaux avant
que se n’ouvre la piste de danse. Parfois, il y a une compétition
pour
confectionner le meilleur dessert dans laquelle les sous-mariniers
de
chaque bateau fabriquent leur propre pièce maîtresse.
Le « péage des bateaux » est peut-être la partie la plus importante
du bal d'anniversaire des sous-mariniers. Il honore ceux qui ont
fait le
sacrifice ultime et qui servent encore silencieusement sous la
mer.
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On vous demandera de vous lever pendant que les noms de
chacun
des sous-marins perdus, ainsi que le sort de son équipage, sont lus
à
haute voix et que la cloche d'un navire sonne pour chacun
d’entre
eux.
Le bal du sous-marinier existe également dans les autres marines
et
laisse des souvenirs impérissables (sauf pour ceux qui ne se
souviennent plus de rien).
Tous les sous-mariniers connaissent cette fête qui célèbre la
moitié
de la mission, le moment où l’on décide rentrer à la maison (si
tout
se passe bien). Evidemment, la date est plus facile à fixer pour
les
SNLE que pour les SNA, mais on s’accommode.
Pendant toute la première partie du voyage (et même bien avant
de
partir pour préparer les déguisements), on organise la festivité
à
venir, le tout sous la directive du « comité des distractions »
(parfois
présidé par le médecin du bord). Cela passe par des petites pièces
de théâtre où on se permet de singer les officiers, des concours,
des
chants, des jeux. Bref, tout ce qui peut permettre de se détendre.
Les
dérapages sont peu nombreux car l’ambiance est bon-enfant. On
ne
signale qu’un seul accident au sein des Forces Françaises. Un
accident involontaire dans les années 80 raconté par le médecin
en
chef Hubert : Un marin déguisé en Dracula s’est pris un coup
de
couteau dans le dos (la planche de bois qui devait le protéger pour
le
simulacre d’assassinat n’a pas rencontré la lame).
Dans certaines marines, on organise des jeux très amusant
comme
les courses EAB. Les EAB sont des masques respiratoires
alimentés
par un tuyau d’air que l’on connecte à des différents
endroits
stratégiques du bateau. Le candidat doit sortir
de la cuisine, gifler un
tube lance-torpilles sur la partie avant du
bateau, toucher un objet
désigné dans la salle
des machines et revenir
en arrière. Le plus
Quand le tuyau est
débranché, le coureur est en apnée. A chaque fois que vous vous
branchez, vous perdez du temps et l'air ne pénètre pas
instantanément dans le masque, vous devez donc pomper comme
un
fou alors que vous êtes à bout de force.
La porte du second
Dans la Royal Navy, le XO (Executive Officer) est le numéro
deux
à bord. Cela signifie deux choses. Premièrement, qu'il doit faire
tout
ce que le commandant ne veut pas faire, et deuxièmement, qu'il
n'est
toujours pas le patron. Peu de
temps avant l’arrivée d’un
nouveau XO, il est de tradition que l'équipage lui fasse une
farce
impliquant la porte de sa cabine.
C'est extrêmement important car
seules personnes à bord qui n'ont
pas à partager leur chambre.
Donc, le fait que le XO ait hérité
d’une porte est un grand luxe. Les farces qui s'ensuivent
peuvent
prendre un certain nombre de formes, allant du blocage de la
porte
pour que le XO ne puisse pas l'ouvrir tout seul, à la sortir de
ses
gongs ou même de la cacher dans les entrailles du bateau. Tout est
fait de manière bienveillante, tout comme les représailles que le
XO
inflige aux farceurs une fois la porte remise en place.
La tenue vestimentaire
Au Canada, la tenue vestimentaire de tous les jours s'appelle le «
gréement du pirate ». C’est un savant mélange de vêtements
délabrés, parfois le fruit d’une grande imagination, souvent des
jeans
ou des T-shirts arborant des dessins et slogans pittoresques. Un
autre
vêtement favori du sous-marinier, notamment lorsqu'il est de
service sur la partie extérieure à la coque épaisse, est le « Poopy
Suit » sorte
de couvre-tout qui colle aux chevilles et aux poignets, et qui
est
appelé ainsi à cause de la nécessité de l'enlever pour faire
ses
besoins. Enfin, toujours au sujet de l'habillement du
sous-marinier, il faut assister à un dîner de gala dans le carré
des officiers d'un sous-
marin canadien pour s'en faire une idée. Au premier coup d'œil,
il
semble incongru que dans cet espace réduit, non seulement
sept
officiers vivent et dînent, mais à l'occasion organisent un dîner
de gala, convenablement servi dans de beaux verres de cristal, et
dans
de la vaisselle de porcelaine. Mais encore une fois, c'est
son
accoutrement qui distingue le sous-marinier. À un dîner de
gala,
toutes les tenues vestimentaires sont tolérées, à condition que le
convive porte une cravate. Et l'on peut imaginer facilement
les
formes étranges et merveilleuses de cravates confectionnées par
le
toujours ingénieux sous-marinier.
Dans la sous-marinade indienne, cela reste très rudimentaire : On
ne lave pas ses vêtements. On les porte 4 ou 5 jours et on les
jette. On
ne se rase pas non plus car toutes les lames sont interdites et on
se
lave tous les 10 jours (sous réserve que le reste de l’équipage
donne son accord). L’eau est aussi limitée puisque chaque marin ne
reçoit
que 3 ou 4 tasses d’eau par jour.
En Allemagne, seul le commandant à le droit de porter un
bonnet
blanc (ou casquette de la même couleur) quand il est sur le
pont.
La chaussette de croisière
Le plus simple sera de laisser la parole à un vétéran de 12 ans
de
l’US Navy : « C'était une chaussette sale que vous cachiez sur le
côté
de votre étagère, entre le cadre et le matelas. La plupart des mecs
qui voulaient se branler dans leur lit utilisaient cette technique.
À la fin
d'une patrouille (généralement de 45 à 90 jours), cette
chaussette
était rigide comme du carton. Parfois, une même chaussette
servait
à plusieurs… D'autres fois, il y avait des chaussettes
individuelles,
stockées à différents endroits le long du matelas… ».
Les superstitions
Les marins, et en particulier les sous-mariniers, sont très
superstitieux. On ne s’étendra pas sur l’animal à grandes oreilles
ni la corde, qui sur un bateau ne sert qu’au suicidé
(évènement
heureusement rare mais survenu en février 1992 quand le
commandant du K-335
(Akula II) est retrouvé pendu dans sa cabine). En Grèce
antique, pour se protéger d’un
mauvais sort, pour provoquer
une navigation tranquille ou
La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS
SPECIAUX
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divinités marines, Priape, dieu ithyphallique, était désigné
comme
l’un des protecteurs des marins. On n’hésitait donc pas à orner
son
bateau d’un phallus disproportionné et en érection.
Heureusement,
les choses ont évolué et Priape n’a pas voyagé en sous-marin.
Les sous-mariniers russes sont très superstitieux. Par conséquent,
le
meilleur cadeau pour eux sera un talisman fait de pierres
semi-
précieuses. Il est important que les pierres soient liées à
l'élément
marin (cristal de roche, malachite, l'ambre, aigue-marine). Les
amulettes en métal sous la forme de poignards, d'ancres, de
haches
et de divers animaux marins sont très
populaires parmi les sous-mariniers. On
pense que de tels talismans protègent les marins des tempêtes et
des attaques
ennemies. Les marins ne se rasent pas avant
la plongée, ne sortent pas en mer le
vendredi 13. On pense qu’un numéro de série se terminant par un 9
porte malheur au
sous-marin. Je me demande bien
pourquoi… (K219, K19, K429, K159,
K129, etc.).
touchent pas aux oiseaux, en
particulier les mouettes, car ils croient
que le dieu de la mer leur transmet les âmes des camarades décédés.
Pendant
de nombreuses années, sortir en mer
lundi, en particulier le 13, est resté un
mauvais présage pour la flotte russe. Et les marins aux jambes
arquées étaient toujours volontairement
embauchés sur les navires, en particulier aux yeux multicolores -
on
croyait que cela portait chance.
La superstition était dans
qui dictait les rythmes à bord et
sauvait souvent la vie de certains bateaux. Un cas
étonnant concerne le U-
48. Son commandant allemand
bord : l'itinéraire qu'il assignait
basé sur un multiple de sept, aucune exception n'était
autorisée. Et lorsqu'un autre
commandant a pris la barre, il a failli passer en cour martiale
car,
non informé de la coutume, il a essayé à tout prix d'imposer un
itinéraire non conventionnel au timonier. Le U-48 a été l'un des
rares
sous-marins allemands à terminer la guerre.
Dans la sous-marinade norvégienne, c’est Solveig Krey, 1ère
femme
commandant d’un sous-marin qui en parle le mieux. Cette descendante
des fiers et redoutables Vikings a conservé une part de
superstition comme tous les sous-mariniers qui composent ce
corps
d’élite. Evitez de siffler à bord, le sifflement correspond à une
fuite
d’eau, tout comme d’embarquer avec des bottes en caoutchouc, ou un
parapluie, qui évoquent l’eau et les voies d’eau. Les roses
coupées sont également interdites. Surtout pas de sacs à dos,
ce
dernier représente un rocher, donc un écueil potentiel.
Il peut y avoir également des superstitions dans le nom donné aux
sous-marins. En effet, dans beaucoup de marines, le nom d’un
sous-
marin se perpétue dès lors qu’un bateau est déclassé. C’est la
raison
pour laquelle on trouve plusieurs sous-marins avec le même
nom.
Mais parfois, on rompt la tradition. Comme en Turquie où on a
décidé d’arrêter le donner le nom de « Dumlupinar » à un
bateau.
On a décidé en effet qu’avec deux naufrages en 1953 et 1976
sur
deux bâtiments de ce nom, il fallait arrêter les dégâts.
Il y a aussi des superstitions inventées, comme celle qui dit
qu’une
femme sur un bateau, ça porte malheur ! Ses ruses pourraient
jouer
des tours aux marins. Et les légendes associent volontiers les
monstres marins à des figures féminines, comme les sirènes
par
exemple. Il y aurait également un soupçon de jalousie entre
les
véritables épouses et les bateaux que l’on nomme « elle » et en
lui
donnant un nom féminin (La Doris, la Galathée, la Sisyphe, etc.) …
Enfin, pour le marin, la femme symbolise la maison, la
sécurité,
alors qu’il est loin de chez lui. Elle est associée à la terre
ferme et
non à la mer. Transmises de générations en générations, ces
idées
ont créé un monde d’hommes… Et là, grande surprise chez nos voisins
turcs où les sous-marins sont appelés « Karakz » (les filles
noires).
Les ordres impossibles
Dans un sous-marin, les hommes sont entrainés à réagir au moindre
ordre émanant d’un supérieur. Ils doivent obéir sans réfléchir et
c’est
bien souvent la seule solution pour que l’équipage ait une chance
de
survivre en cas d’accident. Les actes sont répétés, répétés et
répétés
pour ne plus avoir à réfléchir. Une véritable tradition, une
bible
diraient certains. Mais parfois, cela tourne à l’absurde.
Par exemple, d’après l’article 33 du règlement l’armée russe,
les
soldats ne doivent commencer à obéir qu’après que le
commandant
ait prononcé l’ordre « Begom marsi ! » (En avant… Marche !). Un
jour, un commandant adjoint de division voulait aller à la
poulaine,
mais la porte était fermée. Il ordonne donc au second du bord :
«
Monsieur le commandant en second, ouvrez la poulaine ». Mais
le
second ne réagit pas et ne tourne même pas son visage vers le
commandant. Ce dernier commence bien évidemment à s’énerver :
« Monsieur le commandant en second, je vous ordonne de
m’apporter la clé, begom ». De nouveau, pas de réaction. « Je
vous
dis, begom ! Vous ne m’avez pas entendu ? Begom ! Vous attendez
quoi ?! ». Le second ferme donc le livre qu’il était en train de
lire
(c’était bien sûr le règlement, qu’il lisait durant tout son temps
libre)
et répond : « Monsieur le commandant, j’attends l’ordre
d’exécution
– le mot marsi ».
La véritable histoire des bateaux sous-marins _______ CAHIERS
SPECIAUX
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bateau à environ 80
côte d'Hawaï. Sur le micro général, il
annonce « Swim
Call ». Une occasion
de plus en plus rare en raison de son risque inhérent. Ce qu'il
faut savoir, c'est que le bateau avance encore très lentement car
la vis
(hélice) doit rester en mouvement sous peine d’endommager les
joints d'arbre. Si vous nagez hors du pont de missiles et que vous
ne
faites pas attention, le bateau pourrait simplement s'éloigner très
lentement, ce qui vous
obligerait à nager comme
un abruti pour le rattraper.
Le problème, c’est que le sous-marinier n’est pas un
grand sportif et que
pas son fort. En Russie, le « Swim Call » n’est
réservé qu’aux
Généralement, quand on est en
patrouille à Noël, ça se cumule avec le nouvel an. C’est la faute à
pas de
chance ! Mais la tradition n’est pas
oubliée, que l’on soit croyant ou non.
Parfois, l’équipage installe des petites guirlandes lumineuses dans
le
réfectoire et un petit sapin de noël. Un
mélange d’excitation et de déprime
de se sentir loin de sa famille. Généralement, après un repas
très
amélioré servi sur des
nappes blanches, on ouvre
les cadeaux que les familles
ont préparé avant le départ et qui sont distribués par un
marin parfois déguisé en
père noël, on regarde les
petites vidéos (de la famille
et celles de l’Etat major), on reçoit des familis un peu plus longs
pour
l’occasion, on verse une larme devant les dessins des enfants.
C’est
aussi le moment de partager avec le reste de l’équipage des
souvenirs, d’apprendre les traditions de noël d’une autre région,
d’une autre religion. Aux Etats-Unis, le commis sert une soupe
à
base de noix, prépare une tarte à la citrouille et une boisson à
base
de lait de poule (boisson traditionnelle à base de lait, de
cannelle,
noix de muscade et rhum en option).
Le Jolly Roger
L’origine du drapeau pirate, le
Jolly Roger, provient d’un symbole utilisé par les Chevaliers de
l’Ordre
de Malte dans leurs tombes.
Symbole qui a été ensuite adopté
par les corsaires. Mais à cette époque, pas de sous-marins.
Son
utilisation dans le contexte qui nous
intéresse trouve son origine dans
une intervention de Sir Arthur Wilson amiral tristement célèbre
au
sein de la Royal Navy pour être
d’un tempérament irritable.
Pourtant, dans un discours prononcé en 1901, il a donné
naissance à l’une des traditions les
plus appréciées et profondément enracinées du Service des
sous-
marins - le fait de battre le drapeau Jolly Roger pour marquer le
retour victorieux d’une patrouille réussie. Et pourtant, il y
était
farouchement opposé ! Il avait critiqué l'innovation des
sous-marins,
qualifiant leur manière secrète de « sournois, injuste et damné
anti- anglais ». Il est même allé jusqu'à dire : « Ils ne serviront
jamais à la
guerre et je vais vous dire pourquoi. Je vais demander au
Premier
Lord d'annoncer que nous avons l'intention de traiter tous les
sous-
marins comme des navires pirates en temps de guerre et que nous
allons suspendre tous les équipages ». Les sous-mariniers
britanniques se sont mordu les dents. Et ils ne l'ont jamais
oublié.
Peu de temps après le
début de la Grande Guerre, le sous-marin
britannique HMS E9 a
envoyé deux torpilles à
escarmouche au large de
première mise à mort,
de lancer une attaque
surprise sur un ennemi.
l'amiral Wilson, a dit à un
de ses hommes de coudre
un drapeau pirate Jolly Roger pour le placer fièrement au bout de
son périscope à son retour vers Harwich. La tradition navale
était
née, le crâne et les os croisés so