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Son Excellence Monsieur Bernard KOUCHNER Ministre des Affaires étrangères Quai d'Orsay 37 F - 75007 - PARIS Commission européenne, B-1049 Bruxelles – Europese Commissie, B-1049 Brussel – Belgium Telephone: 00 32 (0) 2 299.11.11 COMMISSION EUROPÉENNE Bruxelles, le 11.III.2008 C(2008)851 final Objet : Aide d’Etat N 469/2007 – France Soutien de l’Agence de l’innovation industrielle en faveur du programme « QUAERO » Monsieur le Ministre, 1. PROCÉDURE (1) Par courrier électronique du 10 août 2007, enregistré par la Commission le même jour sous la référence COMP(2007)A/36733, les autorités françaises ont notifié le projet de soutien de l’Agence de l’innovation industrielle en faveur du programme « QUAERO ». (2) Suite à deux demandes de la Commission datées du 5 octobre et du 7 décembre 2007, les autorités françaises ont communiqué des informations supplémentaires par courriers datés du 6 novembre 2007 et du 15 janvier 2008, enregistrés par la Commission les mêmes jours sous les références COMP(2007)A/39144 et COMP(2008)A/789. 2. DESCRIPTION 2.1. Objectif de la mesure et programme de travail 2.1.1. Contexte du programme QUAERO (3) La mesure notifiée est un cas d’application du régime N 121/2006 de l’Agence de l’innovation industrielle (AII) approuvé par la Commission par décision du 19 juillet 2006 1 . Elle soutient un programme de recherche-développement (R&D) intitulé « QUAERO ». Ce programme concerne le domaine du traitement automatique des contenus numériques multimédias et des applications associées. Il vise une amélioration des technologies clés pour la création, la recherche, l’accès et l’utilisation des contenus numériques. 1 Lettre SG(2006)D/204076 du 20.7.2006 ; JO C 218 du 9.9.2006, p. 9.

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Son Excellence Monsieur Bernard KOUCHNER Ministre des Affaires étrangères Quai d'Orsay 37 F - 75007 - PARIS Commission européenne, B-1049 Bruxelles – Europese Commissie, B-1049 Brussel – Belgium Telephone: 00 32 (0) 2 299.11.11

COMMISSION EUROPÉENNE

Bruxelles, le 11.III.2008 C(2008)851 final

Objet : Aide d’Etat N 469/2007 – France Soutien de l’Agence de l’innovation industrielle en faveur du

programme « QUAERO » Monsieur le Ministre,

1. PROCÉDURE (1) Par courrier électronique du 10 août 2007, enregistré par la Commission le

même jour sous la référence COMP(2007)A/36733, les autorités françaises ont notifié le projet de soutien de l’Agence de l’innovation industrielle en faveur du programme « QUAERO ».

(2) Suite à deux demandes de la Commission datées du 5 octobre et du 7 décembre 2007, les autorités françaises ont communiqué des informations supplémentaires par courriers datés du 6 novembre 2007 et du 15 janvier 2008, enregistrés par la Commission les mêmes jours sous les références COMP(2007)A/39144 et COMP(2008)A/789.

2. DESCRIPTION

2.1. Objectif de la mesure et programme de travail

2.1.1. Contexte du programme QUAERO

(3) La mesure notifiée est un cas d’application du régime N 121/2006 de l’Agence de l’innovation industrielle (AII) approuvé par la Commission par décision du 19 juillet 20061. Elle soutient un programme de recherche-développement (R&D) intitulé « QUAERO ». Ce programme concerne le domaine du traitement automatique des contenus numériques multimédias et des applications associées. Il vise une amélioration des technologies clés pour la création, la recherche, l’accès et l’utilisation des contenus numériques.

1 Lettre SG(2006)D/204076 du 20.7.2006 ; JO C 218 du 9.9.2006, p. 9.

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Le programme QUAERO a été initialisé dans le cadre des travaux du groupe de travail franco-allemand « coopération économique », installé par les ministres de l’économie allemand et français le 26 octobre 2004, et plus particulièrement du sous-groupe « recherche et innovation ». Depuis, compte tenu de l’ampleur du sujet, d’une perception différente des priorités thématiques entre les deux consortiums (le consortium français privilégiant l’analyse et la transcription des contenus numériques non textuels et le consortium allemand souhaitant se focaliser sur la gestion de la connaissance et le web sémantique), il a été décidé de lancer deux programmes indépendants, QUAERO et THESEUS. La Commission a approuvé le régime d’aide mis en place par l’Allemagne pour soutenir le programme THESEUS le 17 juillet 20072. Pour autant, la dimension franco-allemande perdure dans QUAERO puisque le programme implique des entreprises et des organismes de recherche allemands. Les deux équipes programmes ont également convenu de maintenir une structure de concertation et de collaborer au cas par cas dès que l’opportunité se présentera.

2.1.2. Contenu du programme QUAERO

(4) Le programme QUAERO d’un montant total de 198,7 millions d’euros et d’une durée de 5,5 ans se compose de huit projets que l’on peut catégoriser de la façon suivante :

– des projets technologiques communs qui sont composés du projet de gestion d’ensemble du programme (QPM), qui est classé dans cette catégorie par proximité, et de deux projets dédiés (CTC et Corpus), apportant les briques technologiques nécessaires aux projets applicatifs suivants ;

– des projets applicatifs (MSSE, CMSE, PVAA, DMAM, TIAE) qui développent des concepts de produits ou services pour lesquels un marché potentiel est identifié, tant grand public que professionnel, et qui préfigurent les offres innovantes issues du programme, comme de nouveaux portails et moteurs de recherche, de nouveaux environnements de production ou de postproduction de contenus multimédias, des infrastructures et des services d’accès et d’échange de contenus et des bibliothèques en ligne.

(5) Les huit projets constituant QUAERO sont brièvement décrits ci-après :

– QPM QUAERO Programme Management : pilotage et contrôle de l’ensemble du programme, dissémination de l’information, promotion des standards et procédures de travail communs ;

– CTC Core Technology Cluster : projet regroupant les études amont, les technologies partagées et les évaluations technologiques ;

– Corpus : constitution de bases de contenus annotés représentatifs des applications choisies, utilisées pour d’une part développer les algorithmes d’annotation selon une approche statistique et d’autre part évaluer les technologies produites ;

2 Lettre K(2007)3543 du 17.7.2007 ; JO C 227 du 27.9.2007, p. 8.

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– MSSE Multimedia Search Services to enrich European portals & users’ home networks : développement des composants principaux d’un portail multimédia grand public […]∗ ;

– CMSE Consumer Multimedia Search Engine : développement des composants multimédias d’un moteur de recherche grand public ;

– PVAA Personalized Video Anywhere Anytime : solution pour l’agrégation et la distribution de services de vidéo personnalisés sur équipements fixes et mobiles ;

– DMAM Digital Media Asset Management : solution pour la gestion des ressources media numériques ;

– TIAE Text & Image Annotation Engine : solution pour l’ingestion et l’annotation du texte et des images de documents.

(6) Le tableau suivant indique comment les coûts du programme sont répartis entre chaque projet :

Tableau 1 : Répartition des coûts du programme QUAERO par projet

Projets technologiques communs

Projets applicatifs QUAERO

QPM CTC CORP MSSE CMSE PVAA DMAM TIAE Total

3% 35% 9% 6% 12% 7% 23% 5% 100%

2.1.3. Coûts du programme QUAERO

(7) Les projets sont constitués de recherche industrielle et de développement expérimental, tels que définis aux points 2.2 f) et g) de l’encadrement communautaire des aides d’Etat à la recherche, au développement et à l’innovation3 (ci-après désigné par « encadrement R&D&I »). Les coûts de chaque projet ont été décomposés en dépenses de personnel, frais généraux ou de structure, matériel affecté au programme, sous-traitance, achats et déplacements. Ces rubriques sont conformes aux coûts admissibles prévus par le point 5.1.4 de l’encadrement R&D&I. Le tableau suivant indique comment les coûts de chaque projet sont répartis entre recherche industrielle (RI) et développement expérimental (DE) d’une part, et entre chaque type de coût admissible d’autre part.

∗ Secret d'affaires 3 JO C 323 du 30.12.2006, p. 1.

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Tableau 2 : Répartition des coûts de chaque projet constituant QUAERO par catégorie de recherche et coûts admissibles

Catégories recherche

Coûts admissibles

RI DE Personnel Frais généraux

Matériel Sous-traitance

Autres achats

QPM 95% 5% 20% 10% 0% 69% 2%

CTC 95% 5% 67% 27% 2% 0% 4%Projets technologiques communs

CORP 89% 11% 59% 26% 2% 11% 2%

MSSE 27% 73% 53% 32% 2% 11% 2%

CMSE 47% 53% 54% 25% 13% 7% 1%

PVAA 38% 62% 65% 30% 2% 1% 2%

DMAM 35% 65% 50% 34% 6% 7% 4%

Projets applicatifs

TIAE 16% 84% 57% 38% 3% 0% 2%

QUAERO Total 62% 38% 57% 29% 4% 7% 3%

2.1.4. Etat de l’art

(8) QUAERO porte sur la conception et la réalisation de solutions nouvelles – ou aux performances fortement accrues – dans le domaine de la recherche d’informations numériques multimédias et multilingues, en se concentrant sur les technologies du traitement automatique de la parole, du langage, de la musique, de l’image et de la vidéo. QUAERO contribuera à l’élaboration d’un environnement technologique adapté à la recherche automatique et à l’interprétation d’informations multimédias et multilingues, en facilitant la navigation dans les informations et les savoirs existants sous divers formats. Si les avancées récentes en traitement du langage parlé et les prototypes d’outils de traitement automatique des médias qui en dérivent permettent désormais d’envisager les premières applications concrètes, le problème général du traitement et de la compréhension automatiques des informations multilingues et multimédias reste un domaine de recherches à long terme.

(9) Selon les autorités françaises, QUAERO se démarque de la R&D menée dans d’autres programmes de recherche à plusieurs niveaux. C’est la présence simultanée de ces différents niveaux qui donne à QUAERO son caractère spécifique et qui doit lui permettre d’atteindre des objectifs technologiques très ambitieux.

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– QUAERO inclut de nombreux travaux de développements technologiques innovants. En traitement automatique de la parole et en traduction, le nombre de langues couvertes est sans précédent4 et les performances seront accrues par rapport aux systèmes existants. Le fait de traiter des données issues des Podcasts est également nouveau, sachant que ces données sont plus difficiles à traiter que les émissions d’informations plus formatées pour lesquelles la technologie est déjà plus avancée. En traitement de la musique comme en traitement des documents papier numérisés, les travaux porteront sur des bases beaucoup plus complètes et représentatives que jusqu’à présent. En traitement d’images fixes et vidéo, QUAERO abordera la question centrale de la reconnaissance d’objets et de personnes dans tous types d’images.

– Une des principales caractéristiques de QUAERO est l’ampleur du périmètre couvert par les travaux de recherche. Le programme regroupe plusieurs applications et plusieurs technologies de base avec des relations multiples entre elles, chaque application recourant à plusieurs technologies élémentaires et chaque technologie élémentaire pouvant alimenter plusieurs applications. Cette architecture, qui suppose une certaine masse critique, permet de mutualiser les efforts et offre des opportunités de fertilisation croisée entre domaines. Elle est ouverte à l’association de nouveaux projets applicatifs susceptibles de bénéficier des technologies élémentaires ou de nouveaux développements technologiques intéressant les projets applicatifs existants.

– QUAERO est caractérisé par le rôle accordé à l’évaluation qui traduit une exigence d’excellence scientifique. En effet, l’infrastructure mise en place permet notamment de comparer les développements technologiques de base du programme à ce qui se fait ailleurs et donc de veiller à ce qu’ils aillent toujours plus loin, au-delà de l’état de l’art. Par rapport aux autres programmes de recherche, l’ampleur de l’effort consacré par QUAERO à l’évaluation est particulièrement différenciant en termes d’organisation et ne se retrouve aujourd’hui que dans les programmes conduits par la DARPA5. QUAERO va contribuer de manière très significative au développement de l’infrastructure d’évaluation des technologies de traitement automatique des contenus multimédias, qui est très insuffisante en Europe. L’efficacité de cette infrastructure va fortement bénéficier de la collaboration au sein d’un même programme de tous les acteurs impliqués dans le processus : organismes de recherche développant les technologies, entreprises pilotant les applications de ces technologies, fournisseurs de corpus, équipes d’évaluation. En outre, les activités d’évaluation du programme seront ouvertes à des partenaires extérieurs prêts à collaborer sur l’évaluation de leurs résultats avec le consortium. Ceci devrait être le cas de nombreuses équipes de recherche dans le domaine, un statut de partenaire associé a été prévu dans cette optique, et des contacts ont déjà été pris dans plusieurs pays européens.

4 Pour l’ensemble des technologies linguistiques, il est prévu de traiter neuf langues dont le français, l’anglais, l’allemand et le chinois. Pour les autres langues, le consortium prévoit d’ajuster les activités aux besoins des partenaires en général et des leaders de projets applicatifs en particulier. 5 La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) est l’organisation centrale de R&D du Département américain de la Défense. La DARPA finance notamment des projets de R&D dans le secteur des technologies de l’information et de la communication.

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– QUAERO est aussi caractérisé par l’ampleur des moyens alloués au développement de grands corpus. L’augmentation de la taille des corpus est en effet une condition nécessaire à l’amélioration des performances, en particulier parce qu’ils permettent d’utiliser des modèles plus complexes. Ces grands corpus sont, avec la qualité des logiciels permettant de les exploiter, un ingrédient indispensable à la réalisation de systèmes performants.

– QUAERO permet non seulement des développements scientifiques et technologiques, comme tout programme dans ce domaine, mais aussi des applications industrielles clairement identifiées pour lesquelles la mise en place de démonstrateurs et des études d’usage permettront de rétroagir avec la précision nécessaire sur les technologies à étudier. Les innovations applicatives qui en découleront sont prometteuses et couvrent des domaines industriels importants sur un plan économique mais aussi culturel et scientifique.

2.2. Les partenaires

2.2.1. Le consortium

(10) Le programme QUAERO est réalisé par un consortium de 23 partenaires dont le chef de file est le groupe Thomson. Le consortium reste ouvert à de nouveaux partenariats, notamment au niveau européen, sur une base de cooptation mutuelle. Plusieurs filiales du groupe Thomson, Thomson SA, Grass Valley France, Grass Valley Allemagne, Thomson STS, Thomson Telecom, Thomson R&D et Deutsche Thomson oHG, travaillent en collaboration avec :

– cinq grandes entreprises : Exalead, Jouve (représentée par Jouve SA et JSI SAS), France Télécom, LTU Technologies et Bertin Technologies ;

– deux petites ou moyennes entreprises (PME)6 – Vecsys (Vecsys et sa filiale Vecsys Research) et Synapse Développement ;

– onze organismes de recherche tels que définis aux points 2.2 d) de l’encadrement R&D&I : le LIMSI-CNRS (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur – Centre national de la recherche scientifique) qui coordonne les laboratoires publics, l’INIST-CNRS (Institut de l’information scientifique et technique), l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et automatique), l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique / musique), l’université Joseph Fourier de Grenoble 1 (Laboratoire CLIPS-IMAG), l’IRIT (Institut de recherche en informatique de Toulouse), l’ENST-GET (Ecole nationale supérieure des télécommunications – Groupe des écoles des télécommunications), le LIPN (Laboratoire d’informatique de Paris-Nord), le groupe MIG de l’INRA (Mathématique, informatique et génome – Institut national de la recherche agronomique), le département InterACT (International Center for Advanced Communication

6 Au sens de la Recommandation de la Commission du 6 mai 2003 concernant la définition des micro, petites et moyennes entreprises, JO L 124 du 20.5.2003, p. 36 – 41.

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Technologies) de l’université de Karlsruhe, le RWTH (Rheinisch-Westfälische Technische Hochschule) de l’université d’Aix-la-Chapelle ;

– quatre établissements publics : la DGA (Direction générale de l’armement) qui est attachée au Ministère de la Défense, est impliquée dans QUAERO au travers de sa direction en charge des programmes et de la DET (Direction de l’expertise technique), le LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais) et l’INA (Institut national de l’audiovisuel) qui sont deux établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), et enfin la BNF (Bibliothèque nationale de France) qui est un établissement public à caractère administratif.

(11) Les coûts du programme se répartissent entre les partenaires comme suit :

Tableau 3 : Répartition des coûts de chaque projet par partenaire (k€) Partenaires QPM CTC CORP MSSE CMSE PVAA DMAM TIAE Total

Thomson […] […] […] […] […] […] […] […] 63 269

Exalead […] […] […] […] […] […] […] […] 19 223

Jouve […] […] […] […] […] […] […] […] 14 154

France Telecom […] […] […] […] […] […] […] […] 13 004

Vecsys […] […] […] […] […] […] […] […] 8 344

LTU Tech. […] […] […] […] […] […] […] […] 5 811

Bertin Tech. […] […] […] […] […] […] […] […] 3 070

Synapse Dév. […] […] […] […] […] […] […] […] 1 531

LIMSI-CNRS 1 056 12 842 3 242 568 17 708

Aix-la-Chapelle 8 837 1 439 10 276

Karlsruhe 9 045 1 226 10 271

INRIA 6 968 1 653 8 621

IRCAM 1 978 658 468 234 3 338

Grenoble 1 1 545 1 284 2 829

INRA 1 413 373 381 2 167

IRIT 1 911 149 2 060

LIPN 1 475 329 1 804

ENST-GET 1 228 164 369 1 761

INIST-CNRS 770 158 928

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INA 150 1 226 4 683 6 059

DGA 641 713 100 1454

BNF 84 500 584

LNE 418 418

Total 5 501 70 410 17 778 12 386 23 329 14 561 45 295 9 424 198 684

2.2.2. Le management

(12) Les entreprises partenaires du programme ont convenu de sous-traiter à Thomson la gestion opérationnelle du programme. Ainsi Thomson a un rôle clé dans le management de QUAERO. Toutefois, Thomson agit en liaison étroite avec d’une part la direction en charge des programmes de la DGA qui est responsable de la conduite technique de QUAERO et d’autre part, avec le LIMSI-CNRS qui organise les échanges internes et externes. Les trois acteurs se sont regroupés au sein d’une équipe intégrée qui prépare les réunions du consortium et assure d’une part l’autonomie dont doivent bénéficier les projets technologiques, d’autre part la coordination nécessaire entre les projets technologiques et applicatifs. Les responsables des projets applicatifs assurent la gestion interne de ces projets. Tous les responsables désignés par ces entités constituent l’équipe de management opérationnel de QUAERO (« Management Core Team »). Plus particulièrement, Thomson, la DGA et le LIMSI-CNRS ont les missions suivantes :

– Thomson anime les travaux destinés à établir et mettre à jour la feuille de route du programme en accord entre les développeurs de technologies et les intégrateurs. Il est responsable des comptes rendus d’avancement à l’AII. Il assume l’ensemble des tâches administratives, juridiques et financières liées à la mise en place et à la gestion du programme, ainsi que le suivi de la qualité.

– La direction en charge des programmes de la DGA se concentre sur les tâches de management liées aux aspects techniques du programme de recherche (analyse de l’information technique, évaluation de la conformité aux objectifs globaux, …)

– Le LIMSI-CNRS prend en charge les communications techniques internes et externes ; il gère l’intranet et l’archivage électronique des documents, et coordonne les actions vers les organismes de normalisation. Le LIMSI-CNRS assure en outre la direction scientifique du programme et la DET de la DGA est responsable de la mise en place de l’infrastructure d’évaluation scientifique et technique des résultats fournis par le CTC et de la conduite de ces évaluations.

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(13) Les activités de management sont réparties entre le projet QPM d’une part et le premier lot de chacun des autres projets d’autre part. En effet, les projets constituant QUAERO se décomposent en lots et l premier lot de chacun des projets regroupe les activités de management spécifique à ce projet. Ces activités de management sont attribuées au responsable de chaque projet. Les travaux effectués dans QPM sont quant-à-eux consacrés à la coordination au niveau du consortium. Les coûts de management cumulés représentent 4,5% des coûts totaux du programme. Leur répartition entre RI et DE est la même que celle au niveau de l’ensemble du programme (62% - 38%).

2.3. La mesure

2.3.1. Montant et répartition de la mesure

(14) Le soutien total de l’AII s’élève à 99,0 millions d’euros dont 67,8 millions d’euros en subvention et 31,2 millions d’euros en avance, remboursable uniquement en cas de succès (avance récupérable au sens de la définition 2.2.h) de l’encadrement R&D&I).

(15) Les grandes entreprises à l’exception de Bertin Technologies et LTU Technologies reçoivent des avances remboursables pour leurs travaux de développement expérimental (DE). L’AII accorde une subvention à hauteur de 35% à LTU Technologies pour ses coûts de DE car l’entreprise est fortement minoritaire dans le projet (elle réalise 2,9% des travaux totaux) et une subvention à hauteur de 40% à Bertin Technologies pour ses coûts de DE car elle est encore plus minoritaire (elle réalise 1,5% des travaux totaux) et elle est fortement impliquée dans une collaboration transfrontalière avec les universités allemandes.

(16) Les dépenses engagées par les organismes de recherche sur leur financement statutaire, sont exclues de l’assiette de l’aide. Il s’agit de dépenses engagées par l’INIST-CNRS, le LIMSI-CNRS, l’INRA, l’INRIA, le LIPN, l’université Joseph Fourier de Grenoble 1, l’université de Karlsruhe et l’université d’Aix-la-Chapelle pour un montant total de 26,8 millions d’euros. Les autres coûts, d’un montant de 171,9 millions d’euros, sont soutenus par l’AII.

(17) Les intensités d’aide en fonction du type de bénéficiaire et des catégories de recherche sont présentées dans le tableau suivant :

Tableau 4 : Intensité des aides aux partenaires du programme QUAERO

RI DE

Grandes entreprises à l’exception de Bertin Technologies et LTU Technologies

Subvention 50% Avance remboursable 50%

Bertin Technologies Subvention 50% Subvention 40%

LTU Technologies BNF, INA, LNE

Subvention 50% Subvention 35%

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PME Subvention 50% Subvention 45%

Organismes de recherche déclarant les coûts complets7 et la DGA

Subvention 50% Subvention 50%

Organisme de recherche déclarant les seuls coûts additionnels8 et le DET-DGA

Subvention 100%

Subvention 100%

(18) L’application de ces intensités aux coûts endossés par chaque partenaire conduit aux montants d’aide suivants :

Tableau 5 : Répartition du soutien de l’AII par partenaire (k€)

Coûts Soutien de l’AII

Partenaires RI DE Exclus Subvention RI

Subvention DE

Avance DE

Aide totale

Thomson 23 950 39 324 11 975 19 662 31 637

Exalead 10 172 9 052 5 086 4 526 9 612

Jouve 6 694 7 460 3 347 3 730 7 077

France Telecom 6 456 6 548 3 228 3 274 6 502

Vecsys 2 902 5 442 1 451 2 449 3 900

LTU Techn. 4 062 1 751 2 031 613 2 644

Bertin Tech. 1 776 1 293 888 517 1 405

Synapse Dév. 1 012 520 506 234 740

LIMSI-CNRS 9 382 8 326 9 382 9 382

Aix-la-Chapelle 5 138 5 138 5 138 5 138

Karlsruhe 5 136 5 135 5 136 5 136

INRIA 4 311 4 310 4 311 4 311

IRCAM 3 338 1 669 1 669

Grenoble 1 1 414 1 415 1 414 1 414

7 IRCAM, IRIT, ENST-GET 8 LIMSI-CNRS, université d’Aix-la-Chapelle, université de Karlsruhe, INRIA, Université Joseph Fourier de Grenoble 1, INRA, LIPN, INIST-CNRS

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INRA 1 084 1 083 1 084 1 084

IRIT 2 060 1 030 1 030

LIPN 902 902 902 902

ENST-GET 1 761 881 881

INIST-CNRS 464 464 464 464

INA 3 326 2 734 1 663 957 2 620

DGA 1454 999 999

BNF 84 500 42 175 217

LNE 418 209 209

Total 97 296 74 624 26 764 62 836 4 945 31 192 98 973

2.3.2. Les avances remboursables

(19) Les remboursements des avances sont indexés sur les chiffres d’affaires cumulés des produits et/ou services de référence suivants :

– Thomson Grass Valley commercialisera d’une part les produits issus du projet PVAA. Grâce à ce projet, Thomson Grass Valley enrichira son offre dans deux domaines permettant le déploiement de nouveaux types de services de vidéo : les plateformes de vidéo à la demande (VOD), qui sont mises en place et déployées par des opérateurs de ces services et les plateformes de services de distribution de contenus multimédias en entreprise, notamment pour l’affichage d’information, la publicité numérique, et la diffusion d’informations institutionnelles. Les technologies étudiées dans le cadre de QUAERO impactent exclusivement les sous-ensembles logiciels de ces plateformes. Thomson estime la contribution de ces sous-ensembles logiciels à environ 40 % des ventes de plateformes. Les retours financiers vers l’AII sont indexés sur le chiffre d’affaires tiré directement de la vente de produits de Thomson issus des travaux réalisés dans le cadre du programme, incluant, d’une part les licences et la maintenance des « middlewares » des plateformes de distribution de contenus vidéo destinées aux serveurs et d’autre part les revenus d’intégration de ces logiciels dans les environnement des clients « B2B » (professionnel).

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– Thomson Grass Valley commercialisera d’autre part les produits issus du projet DMAM. Les produits concernés sont des logiciels et systèmes de DMAM pour les marchés suivants : les chaînes de télévision et les professionnels du secteur du Media & Entertainment, les marchés institutionnels et entreprises, la postproduction cinématographique numérique. Les solutions DMAM issues de QUAERO permettront à tous ces acteurs d’optimiser leurs processus de production et de diffusion, et de faciliter la gestion de leurs ressources numériques multimédias.

– Exalead exploitera les briques techniques issues du projet CMSE. Exalead est davantage focalisé sur un service de moteur de recherche type Google que sur celui d’un portail de services en ligne comme France Télécom. Mais l’enjeu est le même que pour France Télécom : obtenir le maximum de trafic sur son site Internet grâce à des services attractifs. A priori, les services de recherche purs, moins rémunérateurs que ceux d’un portail d’opérateur, peuvent en revanche être étendus à des zones géographiques plus étendues. La technologie de moteur de recherche d’Exalead, en développement depuis plus de 8 ans, a atteint aujourd’hui un niveau élevé de maturité. Sa réputation va croissante dans la presse spécialisée et auprès des utilisateurs, en particulier grâce à ses outils additionnels de recherche contextuelle. La dimension multimédia qui sera apportée par QUAERO, peut permettre à Exalead d’enrichir progressivement son offre, marquer une différenciation lisible et prendre une part dans la compétition mondiale sur les moteurs en ligne. Exalead tirera des revenus complémentaires d’accords OEM (Original Equipment Manufacturing) avec des opérateurs ou avec les partenaires de QUAERO comme Thomson, ainsi que de ventes de licences via des intégrateurs à valeur ajoutée, voire directement via Internet comme pour le produit actuel one:search pour poste de travail. Les retours financiers sont indexés sur le chiffre d’affaires correspondant aux liens sponsorisés générés par le site Exalead.com (ou son équivalent futur).

– Jouve commercialisera les produits et/ou services issus du projet TIAE. La plateforme d’annotation « texte & image » de QUAERO vise les acteurs principaux des domaines du patrimoine culturel, de l’information scientifique et technique et de la propriété industrielle dans un modèle économique B2B. La plateforme permet aux détenteurs de contenus imprimés de les valoriser dans le cadre de leurs marchés, partiellement professionnels mais essentiellement « grand public ». Elle concerne également les acteurs Internet distributeurs de contenus qualifiés. Enfin, elle vise l’ensemble de ces acteurs et en particulier les entreprises spécialisées, au travers de la fourniture de modules spécifiques de la plateforme ou d’une chaîne complète de transformation, du papier au document électronique le plus finement annoté. Les retours financiers sont indexés sur le chiffre d’affaires tiré de l’ensemble des prestations et/ou des ventes de licences incluant l’utilisation de la plateforme issue des travaux réalisés dans le cadre du programme sur les marchés de la propriété intellectuelle, des bibliothèques, des fournisseurs d’information en ligne et de l’édition privée et académique.

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– France Télécom exploitera les briques techniques issues des projets MSSE et CTC. Le marché de référence est celui des liens sponsorisés sur Internet. Actuellement, seul le contenu textuel est indexé. La part future « recherche multimédia sponsorisée » de ce marché est celle qui sera la plus impactée par les résultats de QUAERO (indexation à partir des contenus multimédias eux-mêmes). D’autres déclinaisons sur d’autres marchés, avec éventuellement d’autres modèles d’affaires, pourraient compléter ces revenus mais ne sont pas prises en compte aujourd’hui, considérant que le marché de référence est suffisamment représentatif comme base pour le calcul des retours financiers sur l’avance remboursable. Le calcul relatif au remboursement des avances remboursables s’appuiera sur un territoire précis facilement mesurable […]. Les retours financiers sont donc indexés sur le chiffre d’affaires des liens sponsorisés multimédias des portails internet fixes, […], dont la mise en production et l’exploitation commerciale reposent sur les briques techniques développées dans le cadre des projets MSSE et CTC du programme.

(20) La définition exacte des produits et services visés, et des moyens pratiques de mesure des résultats économiques de QUAERO, sera précisée par l’AII au cours du programme, après discussion avec les entreprises, de manière à prendre en compte exactement les produits et services qui découleront du programme.

(21) Les projets PVAA et DMAM ont pour objet deux plateformes différentes visant des marchés distincts. Ils sont gérés de manière distincte. Il n’y a pas solidarité entre les revenus considérés pour le remboursement des avances accordées à Thomson Grass Valley pour le projet PVAA et pour le projet DMAM.

(22) Les remboursements s’échelonneront sur trois phases définies suivant deux seuils de ventes (V1 et V2). Aucun versement ne sera demandé par l’AII au-delà du 31 décembre 2019. Au total, le montant des retours financiers vers l’AII ne pourra pas dépasser deux fois le montant initial (principal) des avances remboursables. Les différentes phases de remboursement sont décrites ci-après :

– Dans la première phase où les ventes cumulées demeurent inférieures au premier seuil V1, aucun remboursement n’est réalisé. Les remboursements démarrent au-delà. Le seuil V1 est établi à une valeur correspondant à 20 % des chiffres d’affaires cumulés estimés en 2014. Les autorités françaises estiment qu’à ce niveau de revenu, le marché est réellement établi.

– Dans la deuxième phase, lorsque les ventes cumulées sont comprises entre V1 et V2, les entreprises versent un pourcentage de leur chiffre d’affaires, en appliquant un taux 1. V1 et taux 1 sont définis dans le tableau suivant. Le paramètre V2 est calculé afin qu’au terme de cette deuxième phase, les entreprises aient remboursé le principal de l’avance.

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Tableau 6 : Paramètres pour le remboursement des avances

V1 Taux 1

Grass Valley PVAA […] […]

Grass Valley DMAM […] […]

Exalead […] […]

Jouve […] […]

France Télécom […] […]

– Dans la troisième phase, lorsque les ventes cumulées sont comprises entre V2

et V3, les entreprises appliquent un taux 2 égal à la moitié du taux 1. Le montant total des versements au titre de cette troisième phase ne pourra dépasser celui de la deuxième phase, c’est-à-dire à nouveau le montant du principal de l’avance. Le démarrage de la troisième phase aura lieu à l’ouverture de l’exercice suivant celui ayant produit le dernier remboursement au titre de la deuxième phase.

2.3.3. France Télécom

(23) France Télécom a perçu une aide d’Etat au sujet de laquelle la Commission a prononcé un ordre de récupération encore en suspens. Les autorités françaises s’engagent à ne verser aucune aide à France Télécom tant que la décision de la Commission du 20 juillet 2004 visant l’aide d’Etat C13/B/20039 n’aura pas été exécutée10.

2.3.4. Cumul

(24) QUAERO ne fait l’objet d’aucune autre aide publique que le financement apporté par l’AII. Dans le cadre du suivi réalisé par l’AII, les entreprises déclarent tout financement supplémentaire qui pourrait être reçu sur ce programme. Le montant de l’aide est réajusté par l’AII en cas de cumul.

9 Décision de la Commission du 20.7.2004 dont la version définitive a été adoptée le 2.8.2004 et publiée au JO L 269 du 14.10.2005, p. 30. 10 Cet engagement ne produira plus d’effet si les recours juridictionnels engagés par l’Etat français et France Télécom conduisent à une annulation de ladite décision.

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3. ANALYSE

3.1. Existence d’aides d’Etat

3.1.1. Aides d’Etat directes

3.1.1.1. Aides aux entreprises, à la BNF, à l’INA et au LNE

(25) Les soutiens financiers octroyés par l’AII aux entreprises participant au programme QUAERO, à savoir Thomson, Exalead, Jouve, France Télécom, Vecsys, LTU Technologies, Bertin Technologies et Synapse Développement ainsi qu’à la BNF, à l’INA et au LNE constituent des aides d’Etat au sens de l’article 87, paragraphe 1 du traité CE :

– La mesure provient de la dotation budgétaire accordée par l’Etat français à l’AII. Il s’agit donc de ressources d’Etat.

– Elle est sélective puisqu’elle accorde à quelques entreprises et établissements publics un soutien financier.

– En contribuant à leurs dépenses de R&D, la mesure procure un avantage aux entreprises bénéficiaires, à la BNF, à l’INA et au LNE. Il est en effet établi que ces trois établissements publics réalisent des activités économiques. En ce qui concerne LNE, la Commission se réfère à sa décision finale C24/200511 où elle a conclu que le LNE conduit une activité économique et que la France a accordé des aides d’Etat à cet établissement. L’INA qui est un EPIC comme le LNE, vend des archives audiovisuelles en France et à l’international. La BNF, établissement public à caractère administratif, exerce des activités économiques. Elle commercialise plusieurs services et produits.

– Les entreprises bénéficiaires, la BNF, l’INA et le LNE opèrent dans des secteurs économiques ouverts au commerce intracommunautaire, la mesure affectera les échanges commerciaux entre les Etats membres.

– Les entreprises bénéficiaires renforçant leur position par rapport à leurs concurrents du fait de l’avantage octroyé, la mesure faussera la concurrence.

3.1.1.2. Absence d’aide à la DGA

(26) La DGA est une direction du Ministère de la Défense qui a pour principales missions :

– d’équiper les forces armées en pilotant la réalisation de matériels militaires, en les acquérant, en les évaluant et en les testant ;

– de préparer l’avenir en garantissant la disponibilité des technologies et des savoirs et en développant la base industrielle et technologique nationale et européenne de défense ;

11 Décision de la Commission du 22 novembre 2006 concernant des aides d’État mises à exécution par la France en faveur du Laboratoire national de métrologie et d’essais (JO L 95, 5.4.2007, p. 25-36).

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– de promouvoir les exportations d’armements par des actions de soutien à l’exportation ;

– de conduire la politique industrielle en matière de défense ;

– de favoriser l’émergence de programme de coopération notamment en contribuant au développement de l’agence européenne de défense.

(27) Les activités de la DGA qui résultent de ces missions ne sont pas économiques et le financement par l’AII de cette direction ne constitue donc pas une aide d’Etat au sens de l’article 87, paragraphe 1 du traité CE.

3.1.1.3. Absence d’aide aux organismes de recherche

(28) Les organismes de recherche participant au programme QUAERO, à savoir le LIMSI-CNRS, l’INIST-CNRS, l’INRIA, l’IRCAM, l’université Joseph Fourier de Grenoble 1, l’IRIT, l’ENST-GET, le LIPN, l’INRA, l’université de Karlsruhe, l’université d’Aix-la-Chapelle répondent à la définition du point 2.2.d) de l’encadrement R&D&I. L’AII leur accorde un soutien financier pour des activités non économiques de R&D qu’elles conduisent en collaboration dans le cadre de QUAERO. Le soutien financier octroyé par l’AII à ces organismes de recherche ne constitue donc pas une aide d’Etat d’après le point 3.1.1 de l’encadrement R&D&I car les éventuelles activités économiques de ces organismes peuvent être clairement distinguées de leurs activités non économiques ainsi que leurs coûts et leurs financements. Ceci évite, le cas échéant, toute subvention croisée en faveur des éventuelles activités économiques.

3.1.2. Aides d’Etat indirectes accordées aux entreprises par le biais de la contribution de partenaires faisant l’objet d’un financement public

3.1.2.1. Absence d’aide indirecte accordée par le biais de modalités de coopération favorable

(29) Aucune aide d’Etat indirecte supplémentaire n’est octroyée aux entreprises par l’intermédiaire des partenaires publics. En effet, les modalités de coopération ne sont pas favorables aux entreprises puisque les conditions 2) et 3) du point 3.2.2 de l’encadrement R&D&I sont respectées :

– L’accord de consortium liant les partenaires du programme QUAERO inclut des accords de propriété industrielle. Les résultats du programme appartiennent aux partenaires qui les ont développés, ils peuvent être détenus par un seul partenaire ou conjointement par plusieurs d’entre eux. Les résultats ne donnant pas lieu à des droits de propriété intellectuelle pourront être largement diffusés par le biais de conférences techniques et scientifiques ou par des publications dans des revues.

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– En cas d’exploitation commerciale par une entreprise d’un résultat appartenant en tout ou partie à un partenaire public, le versement d’une redevance ou d’un prix convenu aux conditions du marché sera effectué. Les licences concédées de quelque manière que ce soit par les partenaires publics aux entreprises et les éventuelles clauses d’exclusivité seront rémunérées aux conditions du marché.

(30) Par ailleurs, si les entreprises sont amenées à sous-traiter une partie de leurs travaux de R&D à des organismes de recherche, ces organismes fourniront leurs services de recherche contractuelle au prix du marché. La condition 1) du point 3.2.1 de l’encadrement R&D&I est donc respectée.

(31) En outre, l’AII veillera à ce que les activités civiles objet du programme QUAERO ne bénéficient pas d’avantages supplémentaires dus à des financements de travaux intéressant la Défense. La présence de la DGA dans le consortium contribue à garantir l’application de cette disposition chez les bénéficiaires concernés.

3.1.2.2. Aides indirectes accordées par le biais du Corpus

(32) Dans le cadre de QUAERO, les partenaires vont réaliser un très grand corpus de données multimédias annotées de différents types : paroles, musiques, images, vidéos et documents composites. Les données brutes utilisées pour constituer le corpus proviendront de multiples sources :

– la majorité des données brutes proviendront de documents publics disponibles librement sur Internet,

– pour les domaines liés au traitement vidéo d’une part et à la linguistique d’autre part, il est prévu d’utiliser des corpus spécialisés mis à disposition par certains partenaires,

– enfin, pour certains corpus ciblés, les membres concernés feront l’acquisition de données auprès de détenteurs de droits externes (ce mécanisme est notamment prévu pour les données musicales).

(33) L’examen des données mises à disposition par les partenaires pour constituer le Corpus a révélé que celles fournies par l’INA ont une valeur commerciale estimée à 45 000 euros. Les entreprises qui bénéficient de ces données sont Thomson, France Télécom et LTU Technologies. Ces bénéficiaires n’utiliseront chacun qu’un tiers du corpus. Sans QUAERO, le coût d’acquisition serait donc de 15 000 euros pour chacun. Cette contribution en nature de l’INA constitue une aide supplémentaire accordée à ces trois entreprises pour leurs activités de recherche industrielle (RI). Le montant d’aide et le taux pour ces bénéficiaires devient donc :

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Tableau 7 : Aides totales accordées à Thomson, France Télécom et LTU Technologies pour leurs activités de recherche industrielle

Bénéficiaire Coûts RI (k€)

SubventionAII (k€)

Contribution INA (k€)

Aide totale RI (k€)

Intensité de l’aide RI

Thomson 23 950 11 975 15 11 990 50,063%

France Télécom 6 456 3 228 15 3 243 50,232%

LTU Tech. 4 062 2 031 15 2 046 50,369%

(34) En ce qui concerne France Télécom, les plans de développement ne prévoient

pas l’usage des données du corpus de l’INA avant le deuxième cycle contractuel qui débutera au plus tôt au second semestre 2008. Si à cette date, la décision de la Commission du 20 juillet 2004 visant l’aide d’Etat C13/B/2003 référencée au considérant (23) n’a pas été exécutée, les autorités françaises s’engagent à ce que France Télécom retire les tâches qui nécessitent l’emploi du corpus INA du plan de R&D. France Télécom n’exécutera donc pas ces tâches et ne recevra pas d’aide pour les dépenses liées à ces activités.

(35) En outre, les autorités françaises indiquent qu’éventuellement certaines données du corpus pourraient être valorisées après le programme, en utilisant des agences de type ELRA (European Language Resource Association) mais que cette valorisation aurait pour objectif principal le progrès scientifique. Toutefois, il n’a pas été possible de construire de modèle économique permettant d’envisager des revenus substantiels directs issus de la production de corpus annotés. Si jamais le Corpus générait à terme des revenus, les règles de propriété intellectuelle et les conditions de cession de licences seront identiques à celles appliquées aux autres connaissances acquises par les partenaires au cours du programme. Ceci garantit qu’aucune aide indirecte supplémentaire ne sera générée par l’exploitation ultérieure du Corpus.

3.1.3. Base de l’analyse de la compatibilité des aides d’Etat

(36) Au vu des objectifs de la mesure, la Commission a analysé dans la partie 3.3 de la présente décision la compatibilité des aides accordées aux entreprises bénéficiaires et au LNE, au regard de l’article 87, paragraphe 3, sous c) du traité CE, plus particulièrement au regard des dispositions de l’encadrement R&D&I.

(37) Toutefois, compte tenu de la nature particulière des activités de la BNF et de l’INA dans QUAERO, l’aide qui est leur est octroyée par l’AII contribue par ses effets à la promotion de la culture et de la conservation du patrimoine. En conséquence, les aides apportées par l’AII à la BNF et à l’INA au titre du programme QUAERO peuvent être examinées au regard de l’article 87, paragraphe 3, sous d) du traité CE. La Commission a analysé la compatibilité de ces aides dans la partie 3.4 de la présente décision.

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(38) La contribution de la BNF au programme QUAERO porte en effet sur la constitution d’un corpus annoté de documents numérisés, à la spécification et à l’évaluation des outils d’annotation automatiques. Grâce à cette contribution, les partenaires de la BNF dans QUAERO pourront améliorer leur offre future vis-à-vis de ce type de clients. Ainsi la BNF, comme les autres bibliothèques, pourra bénéficier d’une offre nouvelle du marché, adaptée à ses besoins, lui permettant in fine de faciliter l’accès aux collections et leur utilisation dans le cadre de ses missions12.

(39) La contribution technique de l’INA dans QUAERO, est comparable à celle de la BNF pour les contenus audiovisuels : création d’un large corpus de contenus annotés et participation à la définition et à l’évaluation des solutions DMAM. En exploitant la connaissance acquise dans QUAERO, l’INA a également l’intention d’améliorer le service public prévu dans sa mission13, mais aussi d’enrichir à terme son offre de service de distribution en ligne de contenus audiovisuels. L’accroissement d’information et l’amélioration des capacités de recherche se feront au bénéfice de tous les usagers du service.

3.2. Légalité des aides d’Etat

(40) Le cas a été notifié individuellement en application des dispositions de l’encadrement R&D&I. En effet, le projet consiste à titre principal en de la recherche industrielle (62% des coûts admissibles du projet relèvent de la recherche industrielle) et l’aide accordée à un bénéficiaire, à savoir Thomson, est supérieure à 10 millions d’euros.

(41) Le soutien du programme a été approuvée par l’AII le 19 avril 2006 mais la convention d’aide n’a pas été signée et n’est a fortiori pas encore entrée en vigueur. Aussi, conformément à l’article 88, paragraphe 3 du traité CE, la mise en œuvre de l’aide notifiée est conditionnée à l’approbation de la Commission.

(42) Enfin, France Télécom, l’un des bénéficiaires potentiels de la mesure a perçu une aide d’Etat au sujet de laquelle la Commission a prononcé un ordre de récupération encore en suspens. A cet égard, les autorités françaises s’engagent à ne verser aucune aide à France Télécom tant que l’aide d’Etat C13/B/2003 déclarée illégale et incompatible par décision de la Commission du 20 juillet 2004 n’aura pas été totalement remboursée de manière satisfaisante pour la Commission. En effet, toute nouvelle aide accordée à France Télécom avant la parfaite exécution de la décision de la Commission du 20 juillet 2004 pourrait être illégale et incompatible au regard de la jurisprudence Deggendorf14.

12 La BNF, comme les autres bibliothèques, devra investir ultérieurement pour acquérir ces outils. Ces investissements n’étant pas couverts par le programme QUAERO. 13 La conservation du patrimoine audiovisuel, consistant à collecter les programmes audiovisuels, à préserver et restaurer les fonds, à renforcer l’accessibilité aux images et aux sons dans l’environnement Internet est l’une des missions essentielles de l’INA. 14 Par l’arrêt du 15 mai 1997 dans l’affaire C-355/95 TWD/Commission (Rec. I-2549, par. 25-26), la Cour de justice a statué que « lorsque la Commission examine la compatibilité d’une aide d’État avec le marché commun, elle doit prendre en considération tous les éléments pertinents, y compris, le cas échéant, le contexte déjà apprécié dans une décision antérieure, ainsi que les obligations que cette décision antérieure a pu imposer à un État membre ». Selon la Cour de justice, de nouvelles aides ne

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3.3. Compatibilité des aides accordées aux entreprises et au LNE

(43) La Commission analyse la compatibilité des aides accordées aux entreprises bénéficiaires et au LNE au regard des dispositions de l’encadrement R&D&I. Cet encadrement distingue deux niveaux d’analyse de la compatibilité pour les projets de R&D :

– Les chapitres 5, 6 et 8 décrivent les conditions formelles de la compatibilité des projets de R&D. Ceux-ci correspondent au premier niveau d’analyse.

– Les coûts éligibles du programme QUAERO sont composés à 62% par de la recherche industrielle. Le point 7.1 de l’encadrement R&D&I indique que les aides en faveur de tels projets, dont le montant excède 10 millions d’euros par entreprise, doivent faire l’objet d’un examen approfondi. Celui-ci doit garantir que les montants élevés d’aides à la R&D ne faussent pas la concurrence dans une mesure contraire à l’intérêt commun, mais qu’elles contribuent bien à ce dernier. La Commission procède à l’examen approfondi de l’aide suivant les éléments positifs et négatifs décrits respectivement dans les sections 7.3 et 7.4 de l’encadrement R&D&I. Ceux-ci correspondent au second niveau d’analyse.

(44) Dans le cas d’espèce, Thomson reçoit plus de 10 millions d’euros d’aide. Il fait donc l’objet d’un examen à deux niveaux d’analyse. Les aides accordées aux autres entreprises et au LNE sont inférieures à 10 millions d’euros. Elles ne sont donc soumises qu’au premier niveau d’analyse.

(45) Cette partie de la présente décision s’articule selon le second niveau d’analyse, c’est-à-dire suivant les sections 7.3 et 7.4 de l’encadrement R&D&I. Le premier niveau d’analyse, correspondant aux chapitres 5, 6 et 8 de l’encadrement R&D&I, est inséré dans le raisonnement de la façon suivante : le respect de la section 5.1 (aides en faveur des projets de R&D) est vérifié aux paragraphes 3.3.4.1, 3.3.4.2 et 3.3.4.3 ; celui du chapitre 6 (effet d’incitation et nécessité de l’aide), au paragraphe 3.3.3 et enfin celui du chapitre 8 (cumul) au paragraphe 3.3.4.5.

3.3.1. Existence d’une défaillance de marché

(46) L’encadrement R&D&I indique que les aides d’Etat peuvent se révéler nécessaires pour renforcer la R&D dans l’économie uniquement dans la mesure où le marché seul ne génère pas un résultat optimal. L’encadrement R&D&I établit par ailleurs que certaines défaillances du marché entravent le niveau global de R&D dans la Communauté et c’est dans cette optique que la Commission a approuvé le 19 juillet 2006 le régime d’aide mis en œuvre par l’AII.

peuvent être considérées comme compatibles avec le marché commun tant que les aides antérieures illégales n’ont pas été restituées, parce que l’effet cumulé de ces aides peut produire de graves distorsions de la concurrence dans le marché commun. Sur la base de cette jurisprudence, la Commission procède donc à l’évaluation d’une nouvelle aide en vérifiant si le bénéficiaire de la nouvelle aide a ou non remboursé intégralement toute aide antérieure qui devrait être remboursée en application d’une décision négative adoptée par la Commission.

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(47) Néanmoins, l’encadrement R&D&I indique que toutes les entreprises ne sont pas confrontées de la même façon aux dites défaillances. L’encadrement R&D&I précise qu’en ce qui concerne les aides soumises à un examen approfondi, il convient d’établir les défaillances de marché spécifiques rencontrées par les bénéficiaires. Dans le cas d’espèce, les autorités françaises ont identifié plusieurs défaillances de marché limitant l’effort de R&D de Thomson et de ses partenaires. La Commission retient les problèmes de coordination au sein du programme qui lui paraissent particulièrement pertinents.

3.3.1.1. Problèmes de coordination

(48) QUAERO est conduit par un consortium regroupant 23 partenaires sur une période de temps relativement longue (5,5 ans) au regard des cycles de développement habituels pour les technologies de l’information et de la communication (2 à 3 ans au maximum). Selon les autorités françaises, QUAERO fédère des entreprises et des organismes de recherche qui n’auraient certainement pas coopéré sans le cadre proposé par l’AII. Le nombre, la durée et l’importance des collaborations entre les acteurs, impliquerait l’existence d’une défaillance de marché liée à des problèmes de coordination et de réseau.

(49) La Commission note que le consortium est très hétérogène. Thomson, le chef de file, endosse 31,8% des coûts totaux ce qui apparaît modeste au regard des autres programmes aidés par l’AII et sur lesquels la Commission a été amenée à se prononcer à ce jour15. Les organismes de recherche assument quant à eux 31,1% des coûts et les 37,1% restants sont pris en charge par les autres entreprises et établissements participant au programme. Ces groupes de partenaires ont des intérêts divergents.

(50) Les organismes de recherche ont pour but premier d’exercer des activités de R&D et de diffuser leurs résultats par l’enseignement, la publication ou encore le transfert de technologie. La participation des organismes de recherche fait qu’une partie des résultats de QUAERO sera diffusée par le biais de conférences techniques et scientifiques ou par des publications. Les organismes de recherche vont diffuser leurs connaissances et engendrer un effet multiplicateur de ces connaissances. Les organismes de recherche conduisent leur R&D en vue de connaissances plus étendues et d’une meilleure compréhension scientifique qui sera partagée par l’ensemble de la Communauté alors que les entreprises réalisent de la R&D dans un but économique. Il s’agit pour elles de mettre au point des produits, services ou procédés innovants afin de conquérir des marchés. La large diffusion de leurs résultats n’est pas leur but ; au contraire, elles cherchent à protéger leurs résultats afin de prendre un avantage compétitif sur leurs concurrents. Afin de coordonner ces intérêts divergents, il a été nécessaire de doter le programme d’une structure de management aussi complexe que celle décrite au paragraphe 2.2.2 de la présente décision. L’implication dans cette structure de management de la DGA, experte dans le pilotage de programmes militaires,

15 Aides d’Etat N708/06 (programme BioHub), N674/06 (programme NeoVal), N854/06 (programme TVMSL), N89/07 (programme HOMES), N185/07 (programme NanoSmart), N349/07 (programme OSIRIS), N435/07 (programme MINimage)

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indique certainement que les acteurs de marché ont rencontré des difficultés de coordination.

(51) Dans un domaine technologique où l’horizon des programmes de R&D dépasse rarement 2 ou 3 ans, QUAERO lie le consortium sur une durée de 5,5 ans. Or QUAERO présente des incertitudes techniques et commerciales élevées, ce qui constitue un frein à la décision des acteurs de s’engager contractuellement au sein d’un consortium. QUAERO est un programme risqué et les partenaires disposent donc d’une information imparfaite quant à la réalisation des résultats escomptés. Il est ainsi possible d’identifier un risque de concurrence technologique : par exemple, les thématiques abordées par QUAERO sont au cœur des préoccupations de grands acteurs de l’Internet. Google, Yahoo ! et MSN disposent de laboratoires de recherches travaillant sur des technologies similaires d’indexation par le contenu. Le risque apparaît si l’un de ces acteurs déploie avant QUAERO une technologie d’analyse automatique d’images, à grande échelle. Il existe aussi un risque de concurrence fonctionnelle : il est envisageable par exemple, que des services basés sur l’annotation humaine textuelle d’images et le partage de ces annotations (la « folksonomy ») prennent une importance plus grande que prévue, si jamais les technologies d’annotation automatique s’avéraient inutilisables en pratique (pour cause d’un taux d’erreur trop grand notamment). Afin de maîtriser ces risques, il est prévu d’une part, pour un même thème de recherche, d’explorer plusieurs solutions technologiques différentes afin de stimuler une compétition en interne au sein du consortium et d’aboutir aux solutions les plus performantes. Il est aussi prévu d’autre part d’organiser une procédure d’évaluation rigoureuse décrite au considérant (9). Il s’agit de conduire des analyses comparatives périodiques auxquelles participent tous les partenaires d’un même domaine. Les résultats de ces analyses, et leur comparaison avec les meilleurs résultats mondiaux, permettent d’évaluer les progrès réalisés en vue de l’objectif établi par les projets applicatifs, et d’établir un classement différenciant les approches choisies. Au sein de QUAERO, des ressources substantielles sont allouées à l’encadrement de ces campagnes d’évaluation. Il est prévu que ces campagnes soient ouvertes à des tiers. Selon les autorités françaises, de nombreuses équipes de recherche dans le domaine devraient y prendre part. Un statut de partenaire associé a été prévu dans cette optique, et des contacts ont déjà été pris dans plusieurs pays européens. Le LNE et la DGA seront impliqués dans la réalisation des ces évaluations. Le département DET de la DGA assurera la coordination de cette organisation.

(52) La Commission note aussi que les problèmes de coordination entre les acteurs sont accentués par l’existence d’une collaboration transfrontalière. La participation des acteurs allemands représente 17,6% de l’ensemble du programme QUAERO. Elle atteint même 29,2% au niveau de l’élaboration des technologies communes (projet CTC). Les filiales allemandes de Thomson ainsi que les organismes de recherche allemands (les universités d’Aix-la-Chapelle et de Karlsruhe) bénéficient d’un financement total de l’AII s’élevant à 17,5 millions d’euros. Cette aide octroyée par les autorités françaises à des acteurs allemands est remarquable. Elle indique certainement que des problèmes de coordination transfrontaliers ont été rencontrés par les

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partenaires. Les autorités françaises soulignent en outre que dans le sillage du programme QUAERO, un institut franco-allemand s’est construit autour de trois partenaires : le LIMSI-CNRS, l’université d’Aix-la-Chapelle et celle de Karlsruhe. Cet institut se focalisera sur les recherches liées aux technologies de la langue, écrite et orale, nécessaires pour le traitement des documents multimédias et multilingues.

3.3.1.2. Externalités positives

(53) En plus de la diffusion de connaissances déjà identifiée au considérant (50), les autorités françaises estiment que QUAERO génèrera aussi un autre type d’externalités positives en termes de promotion de la culture et de conservation du patrimoine, c’est-à-dire des effets bénéfiques pour la société que l’investisseur n’est pas en mesure de s’approprier en rétribution de son action. Avec QUAERO, la Communauté disposera de moyens innovants pour préserver l’identité de son patrimoine écrit, comme envisagé dans le cadre de la Bibliothèque Numérique Européenne16, de son patrimoine audiovisuel et cinématographique ainsi que pour l’enrichissement des contenus scientifiques et techniques. Les enjeux du programme QUAERO se situent donc aussi bien au niveau économique que culturel.

3.3.1.3. Conclusion sur la défaillance de marché

(54) La Commission constate que Thomson et ses partenaires rencontrent une défaillance de marché reconnue par le point 7.3.1 de l’encadrement R&D&I, à savoir des problèmes de coordination, qui limite la réalisation du programme QUAERO. Ces problèmes de coordination sont certainement suscités par les intérêts divergents des partenaires dont en particulier la volonté des organismes de recherche de diffuser leurs connaissances, par une information imparfaite des partenaires qui limite leur capacité à s’engager sur un programme d’une telle ampleur, et enfin par la nécessité d’une collaboration transfrontalière pour atteindre les objectifs visés.

(55) En plus de cette défaillance de marché, la Commission note que QUAERO engendrera des externalités positives en termes de diffusion de connaissances, de promotion de la culture et de la conservation du patrimoine. Le point 1.3.2 de l’encadrement R&D&I ajoute à ce propos que des projets qui sont dans l’intérêt commun pourraient ne pas être mis à exécution sans l’intervention des pouvoirs publics car ils peuvent avoir un taux de rendement insuffisamment attrayant du point de vue d’un investisseur privé. Les entreprises mues par la recherche du profit négligent les effets externes de leurs activités lorsqu’elles décident du volume de R&D qu’elles doivent entreprendre.

(56) Enfin, la Commission souligne qu’elle finance elle-même des travaux sur les mêmes thématiques de recherche dans le cadre des 6ème et 7ème programmes cadres de recherche et développement.

16 http://ec.europa.eu/information_society/activities/digital_libraries/index_en.htm

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3.3.2. Moyen d’action adapté

(57) Les autorités françaises estiment que l’aide d’Etat constitue un instrument adapté pour remédier à la défaillance de marché identifiée. Elle répond aux problèmes de coordination en encourageant les partenaires à s’engager ensemble dans un programme ambitieux, pour d’une part accroître l’efficacité technique et industrielle de leurs produits, services et procédés et pour d’autre part diffuser leurs résultats pour le bénéfice de l’ensemble de la Communauté. L’aide compense l’éventuel découragement des entreprises associé aux transferts de connaissances dont bénéficieraient leurs concurrents grâce au programme. L’aide répond aussi au problème d’information imparfaite et permet aux bénéficiaires d’accepter le niveau d’incertitude et de risque liés à un programme aussi ambitieux que QUAERO.

(58) Le Commission n’envisage pas d’autres moyens d’action ayant un effet de distorsion moins important qui permettent d’obtenir le même résultat. La Commission estime donc elle aussi que le recours à une aide d’Etat apparaît comme un moyen d’action adapté pour inciter Thomson et ses partenaires à réaliser ce programme de R&D.

3.3.3. Effet d’incitation de l’aide

(59) Les aides d’Etat doivent avoir un effet d’incitation, c’est-à-dire, dans le cas d’espèce, déclencher chez les bénéficiaires un changement de comportement les amenant à intensifier leurs activités de R&D. Le chapitre 6 de l’encadrement R&D&I prévoit des conditions formelles démontrant l’effet d’incitation des aides inférieures à 10 millions d’euros. Le respect de ces conditions est analysé dans le paragraphe 3.3.3.1 de la présente décision, concernant la date de démarrage du projet, ainsi que dans le paragraphe 3.3.3.2, concernant l’aide attribuée à Exalead, Jouve, France Télécom, LTU Technologies, Bertin Technologies et le LNE. L’encadrement R&D&I précise que les indicateurs de son chapitre 6 peuvent être insuffisants pour démontrer l’effet d’incitation des aides supérieures à 10 millions d’euros. La Commission analyse donc dans le paragraphe 3.3.3.3 l’effet d’incitation de l’aide accordée à Thomson conformément aux critères additionnels prévus par le point 7.3.3 de l’encadrement R&D&I.

3.3.3.1. Date de démarrage du projet

(60) Le chapitre 6 de l’encadrement R&D&I indique que l’aide est dépourvue d’effet d’incitation lorsque les activités de R&D ont démarré avant la demande d’aide adressée par le bénéficiaire aux autorités nationales.

(61) La demande d’aide a été adressée le 24 février 2006 à l’AII. L’AII a autorisé les partenaires qui le souhaitaient à engager par anticipation, à partir de la date de dépôt du dossier de demande d’aide, les travaux afférents à QUAERO, à leurs propres risques, et à présenter les dépenses associées, dans le cadre du suivi de programme prévu, après l’entrée en vigueur de la convention d’aide, pourvu que ces activités correspondent bien à celles prévues dans la convention. Certaines activités préliminaires de QUAERO ont ainsi démarré le 1er mars 2006 à l’initiative de certains partenaires, avant même le 19 avril 2006

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date à laquelle le programme a été sélectionné par l’AII. Toutefois, QUAERO a bien été lancé après le dépôt de la demande d’aide auprès de l’AII, ce qui est en ligne avec l’encadrement R&D&I.

3.3.3.2. Grandes entreprises recevant moins de 10 millions d’euros et LNE

(62) Le chapitre 6 de l’encadrement R&D&I ajoute que pour toutes les mesures inférieures au seuil de l’examen approfondi, bénéficiant à de grandes entreprises, le changement de comportement doit être démontré par l’Etat membre par une évaluation ex ante de l’augmentation de l’activité de R&D&I. Les PME, à savoir Vecsys et Synapse Développement, ne sont pas visées par cette provision. En revanche Exalead, Jouve, France Télécom, LTU Technologies, Bertin Technologies et le LNE le sont. L’évaluation se fonde sur une comparaison de la situation avec et sans octroi d’aide. Différents critères peuvent illustrer l’effet d’incitation. La Commission considèrera que l’aide a un effet d’incitation, compte tenu du comportement normal d’une entreprise du secteur concerné, si un effet significatif peut être démontré pour au moins un de ces critères.

(63) En ce qui concerne Exalead, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’entreprise aurait mené des travaux de R&D sur le texte et ne serait pas en mesure d’investir vigoureusement le champ du multimédia. L’entreprise aurait probablement intégré des composants élémentaires pour produire des solutions de recherche spécialisées dont la portée est sans commune mesure avec l’objectif global du projet CMSE. Les effectifs et dépenses de R&D de l’entreprise sont affectés positivement par QUAERO de la manière suivante :

Tableau 8 : Impact de QUAERO sur les effectifs et dépenses de R&D d’Exalead

Exalead 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO Croissants dans l’intervalle [10 – 70]

avec QUAERO Croissants dans l’intervalle [50 – 130]

Dépenses R&D sans QUAERO (M€)

Croissantes dans l’intervalle [1 – 7]

avec QUAERO (M€) Croissantes dans l’intervalle [5 - 12]

(64) En ce qui concerne Jouve, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’entreprise ne pourrait pas réaliser les investissements dans le domaine visé par TIAE car ils représentent un taux de dépenses au-delà des capacités du groupe. Sans aide, Jouve adopterait une politique d’investissement plus mesurée et aurait recours à une main-d’œuvre délocalisée assurant une rentabilité à court terme et une réduction des risques.

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Tableau 9 : Impact de QUAERO sur les effectifs et dépenses de R&D de Jouve

Jouve 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO Croissants dans l’intervalle [50-80]

avec QUAERO Croissants dans l’intervalle [60-90]

Dépenses R&D sans QUAERO (M€) Croissantes dans l’intervalle [4-8]

avec QUAERO (M€) Croissantes dans l’intervalle [6-10]

(65) En ce qui concerne France Télécom, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’entreprise n’aurait pas investi dans les technologies Speech-To-Text multilingue sur la bande son des vidéos et aurait fait comme ses concurrents (indexation de vidéos par textes associés à la vidéo : sous-titre, descriptions,… ) ou technologie de word spotting. Sans aide, l’entreprise n’aurait pas non plus engagé les travaux prévus dans QUAERO de recherche multimédia, de traduction, de protection contre les contenus illicites et de services innovants d’accès aux contenus. L’entreprise aurait cherché à conclure un partenariat avec un acteur majeur sur le secteur. Les dépenses de R&D de l’entreprise sur le domaine concerné sont affectées positivement par QUAERO de la manière suivante :

Tableau 10 : Impact de QUAERO sur les dépenses de R&D de France Télécom dans le domaine de l’indexation de contenu multimédia

France Télécom 2007 2008 2009 2010 2011

Dépenses R&D sans QUAERO (M€) Dans l’intervalle [6 - 9]

avec QUAERO (M€) Dans l’intervalle [10 - 12]

(66) En ce qui concerne LTU Technologies, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’entreprise aurait développé des technologies d’annotation et clustering d’image ainsi que de reconnaissance et filtrage vidéo à échelle réduite. Les effectifs et dépenses de R&D de l’entreprise sont affectés positivement par QUAERO de la manière suivante :

Tableau 11 : Impact de QUAERO sur les effectifs et dépenses de R&D de LTU Technologies

LTU Technologies 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO Dans l’intervalle [5-8]

avec QUAERO Croissants dans l’intervalle [8-11]

Dépenses R&D sans QUAERO (k€) Croissantes dan l’intervalle [500-900]

avec QUAERO (k€) Croissantes dans l’intervalle [900-1500]

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(67) En ce qui concerne Bertin Technologies, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’entreprise n’aurait pas investi le champ de la traduction automatique et n’aurait pas développé de fonctionnalités complémentaires pour l’édition de corpus. Les effectifs et dépenses de R&D de l’entreprise sont affectés positivement par QUAERO de la manière suivante :

Tableau 12 : Impact de QUAERO sur les effectifs et dépenses de R&D de Bertin Technologies

Bertin Technologies 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO Croissants dans l’intervalle [40-80]

avec QUAERO Croissants dans l’intervalle [50-90]

Dépenses R&D sans QUAERO (M€) Croissantes dans l’intervalle [5-10]

avec QUAERO (M€) Croissantes dans l’intervalle [6-11]

(68) En ce qui concerne le LNE, les autorités françaises considèrent que sans aide, l’établissement n’aurait lancé aucune activité d’évaluation dans le domaine logiciel. Les effectifs de R&D du LNE sont affectés positivement par QUAERO de la manière suivante :

Tableau 13 : Impact de QUAERO sur les effectifs de R&D du LNE

LNE 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO Dans l’intervalle [3-6]

avec QUAERO Dans l’intervalle [4-7]

(69) L’effet d’incitation de l’aide attribuée aux grandes entreprises recevant moins de 10 millions d’euros et au LNE est donc démontrée conformément au chapitre 6 de l’encadrement R&D&I.

3.3.3.3. Thomson

(70) Pour Thomson, les autorités françaises ont soumis les renseignements supplémentaires requis par le point 7.3.3 de l’encadrement R&D&I. Thomson est impliqué dans les projets technologiques communs et les projets applicatifs PVAA et DMAM.

Analyse contradictoire

(71) Les autorités françaises indiquent que pour le projet PVAA, aucun projet alternatif ne serait prévu à ce stade dans la mesure où, en l’absence d’aide, Thomson ne prévoirait pas le développement d’une plate-forme générique telle

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que définie dans QUAERO. Thomson continuerait de développer ses activités dans les secteurs de la télévision sur protocole Internet (IPTV) d’une part, et dans celui du Digital Signage d’autre part, mais ces développements se feront sur des plateformes distinctes.

(72) Les autorités françaises indiquent que pour le projet DMAM, QUAERO permet de donner une ambition et une dimension technologique décuplée à un projet de base « ContentShare2 », d’ores et déjà lancé et qui donnera ses premiers résultats commerciaux début 2008 (une première version serait commercialisée en mars 2008, puis une version améliorée en fin d’année 2008). En l’absence d’aide, Thomson se concentrerait donc sur le seul développement de ContentShare2. ContentShare2 vise à développer une infrastructure réduite qui traite la partie automatisation de la production de contenu au sein des régies de diffusion. Par la mise en place de mécanismes de « workflow » adaptés, ContentShare2 se focalise sur la gestion automatisée des processus de fabrication. Le lancement de ContentShare2 est jugé stratégique par Thomson afin de contrer les initiatives des concurrents […] qui cherchent à conquérir le marché. Le projet ContentShare2 est réalisé avec la contribution d‘équipes de R&D situées en Inde et en Allemagne.

Précision du changement visé

(73) Le tableau ci-dessous présente l’impact de QUAERO sur les effectifs de R&D de Thomson et sur les dépenses de R&D affectées aux projets technologiques communs et aux projets applicatifs PVAA et DMAM. Ces effectifs et dépenses de R&D sont obtenus en agrégeant les indicateurs des entités de Thomson impliquées dans le programme. QUAERO n’a pas d’impact direct sur les autres entités de Thomson. Le tableau présente aussi le chiffre d’affaires (CA) de Grass Valley qui commercialisera les produits issus de QUAERO ainsi que le ratio entre les dépenses de R&D susmentionnées et le CA de Grass Valley. Ce tableau montre que :

– les effectifs de R&D sont positivement affectés puisqu’en moyenne sur la période 2007 – 2011, ces effectifs représenteraient 811 postes sans QUAERO, alors qu’avec le programme, ils atteindront 882 postes, soit 71 postes de R&D supplémentaires qui seront créés par Thomson avec QUAERO ;

– les dépenses engagées par Thomson dans le domaine visé sont décuplées puisque sur la période 2007 – 2011, ces dépenses représenteraient un montant total de 12,0 millions d’euros sans QUAERO, alors qu’avec le programme, elles atteindront 78,5 millions d’euros, soit une augmentation de 66,5 millions d’euros avec QUAERO ;

– les dépenses en R&D représenteront une portion plus importante du CA de la filiale de Thomson qui commercialisera les produits correspondants puisque sur la période 2007 – 2011, elles représenteraient 0,24% du CA de Grass Valley sans QUAERO, alors qu’avec le programme, elles atteindront 1,52%, soit une multiplication par un facteur 6,3 avec QUAERO.

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Tableau 14 : Impact de QUAERO sur les effectifs de R&D, les dépenses de R&D et le chiffre d’affaires des entités de Thomson impliquées dans QUAERO

Thomson 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO 837 823 809 798 789

avec QUAERO 884 893 888 877 869

Dépenses projets sans QUAERO (M€) 2,0 2,5 2,8 2,5 2,2

avec QUAERO (M€) 16,5 15,0 15,9 15,8 15,3

CA Grass Valley sans QUAERO (M€) Croissance comprise entre 8% et 10% par an

avec QUAERO (M€) Croissance comprise entre 11% et 13% par an

Dépenses projets / CA sans QUAERO Compris entre 0,2 % et 0,3 %

avec QUAERO Compris entre 1% et 2 %

(74) A ce stade de son analyse, la Commission constate prima facie que QUAERO a un effet significatif sur les efforts de R&D de Thomson. Dans le cadre de son examen approfondi, la Commission doit vérifier si l’aide versée à Thomson est à l’origine de ces indicateurs positifs. En d’autres termes, la Commission doit vérifier si Thomson n’aurait pas entrepris le programme QUAERO même en l’absence d’aide. Pour cette raison, elle a examiné si QUAERO sans aide répond aux critères de décision utilisés par Thomson pour lancer un projet de R&D.

Processus de décision du bénéficiaire

(75) Selon les autorités françaises, les décisions de lancement et de suivi des développements de nouveaux produits et services sont gérées chez Thomson au niveau des unités opérationnelles (« Business Units »). Pour l’étude de projets de nouveaux développements de produits ou lignes de produits, le comité d’investissements compétent a en particulier pour objectif de vérifier la conformité du projet aux objectifs financiers. Grass Valley, filiale de Thomson qui commercialisera les produits issus de QUAERO, applique des vérifications élémentaires, appelées « obstacles » (hurdles), sur un plan d’affaires pro-forma des projets de développement de nouveaux produits établi sur […] ans. Les conditions suivantes doivent être remplies :

– le ratio ventes sur investissements sur la période doit être supérieur à […],

– la valeur actuelle nette (VAN) appliquée avec un taux d’actualisation de […]% doit être positive,

– la marge brute doit excéder […]%,

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– le besoin en fonds de roulement ne doit pas excéder […]% des ventes.

(76) Cependant, le comité n’applique pas mécaniquement ces règles. Si l’intérêt stratégique global le justifie, le comité est amené à titre exceptionnel à autoriser des dérogations à ces objectifs.

Niveau de rentabilité

(77) Les autorités françaises ont remis les plans d’affaires des projets PVAA et DMAM ainsi que du scénario contrefactuel que suivrait Thomson en l’absence d’aide (le projet PVAA ne serait pas lancé alors que le projet « ContentShare2 » remplacerait le DMAM). Les coûts des projets technologiques communs (QPM, CTC et Corpus) ont été proportionnellement intégrés dans ces plans d’affaires.

Tableau 15 : Rentabilité pour Thomson de QUAERO et du scénario contrefactuel

VAN17 en 2012M€

Ventes / Investissements

PVAA sans aide [-10;-5] [0;5]

avec aide [-5;0] [5;10]

ContentShare2 contrefactuel du DMAM

[0;5] [5;10]

DMAM sans aide [-5;0] [0;5]

avec aide [5;10] [5;10]

(78) Ces calculs montrent que même avec l’aide, les projets PVAA et DMAM ne répondent pas aux conditions de décision de Grass Valley : le ratio ventes sur investissements est inférieur à […] pour les deux projets et la VAN est négative pour le PVAA. Toutefois, Thomson accepte de conduire QUAERO avec aide ; il déroge à la règle. Pour étayer la motivation de cette dérogation et à la demande de la Commission, Thomson a essayé de quantifier l’intérêt stratégique du projet PVAA. Thomson est très prudent quant à cette démarche. L’entreprise a estimé que les résultats de PVAA pourraient éventuellement être utilisés dans le cadre de nouvelles initiatives. Selon les autorités françaises, ces opportunités, non validées, existent mais ne sont à ce stade ni explicitables, ni quantifiables. De même, il n’est pas encore possible de définir les mécanismes de transferts potentiels qui permettraient la mise en pratique de ces synergies (licences de logiciels, participation aux spécifications de services, séminaires internes, etc.). Toutefois, la sensibilité du plan d’affaires à la réalisation de ces hypothèses de synergies est notable. A titre d’illustration

17 Un taux d’actualisation de […]% est utilise de 2007 à 2012. Pour pouvoir prendre en compte les travaux entamés en 2006, avant la notification de la mesure, les dépenses de cette année ont été actualisées avec le facteur de […]%, standard chez Thomson.

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uniquement, Thomson a produit un plan d’affaires hypothétique faisant apparaître l’impact de revenus additionnels dérivés de ces nouvelles initiatives. Ce plan d’affaires montre que la prise en compte des retombées éventuelles de développements connexes à QUAERO dans des applications encore incertaines à ce jour influent de façon positive sur les indicateurs décisionnels. […] avec l’aide, compte-tenu de la sensibilité du plan d’affaires présenté aux hypothèses d’implémentations de synergies potentielles entre PVAA et d’autres projets de Thomson, le lancement d’une activité PVAA devient envisageable. La décision par Thomson d’entreprendre le projet PVAA avec l’aide résulte d’une combinaison d’analyse financière et d’analyse stratégique.

Tableau 16 : Rentabilité pour Thomson du projet PVAA en intégrant son intérêt stratégique

VAN17 en 2012M€

Ventes / Investissements

PVAA + intérêt stratégique sans aide

[-5;0] [5;10]

avec aide [-5;0] [5;10]

(79) Le Tableau 15 montre par ailleurs que sans aide, il est préférable pour Thomson de conduire le scénario contrefactuel « ContentShare2 » plutôt que le projet DMAM. Le projet PVAA, quant à lui, demeure défavorable sans aide, en dépit de son intérêt stratégique quantifié dans le Tableau 16.

Niveau de risque

(80) Dans son processus de décision, Thomson tient compte des risques inhérents aux projets de nouveaux développements de produits en utilisant un taux d’actualisation de […]%, supérieur de […] points de pourcentage (pp) à son facteur d’actualisation standard de […]%. La Commission a vérifié que Thomson ne surpondérait pas les risques de QUAERO en intégrant une prime de risque de […] pp. La Commission a calculé qu’une prime de risque au moins égal à […]pp suffirait pour rendre QUAERO moins intéressant que le scénario contrefactuel sans aide. Au regard des risques du programme QUAERO, illustrés au considérant (51) de cette décision, la Commission considère qu’une quantification précise de ces risques conduirait certainement à une prime de risque supérieure à […] pp. La Commission conclut donc que les risques de QUAERO sont de nature à dissuader Thomson de le poursuivre sans aide.

Evaluation continue

(81) La Commission considère comme positif au regard de l’effet d’incitation qu’une évaluation continue de l’avancement du programme soit prévue. Pour QUAERO, cette évaluation interviendra à plusieurs niveaux : évaluation des technologies étudiées et mises au point, évaluation des applications développées, et évaluation du programme lui-même (avancement, gestion, dépenses, exploitation) :

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– L’évaluation des technologies a été décrite aux considérants (9) et (51) : les objectifs scientifiques et techniques seront établis annuellement pour chaque domaine technologique générique ou spécifique à une application. Ils seront déterminés en fonction des applications visées, de l’état de l’art et du rythme de progrès prévisible. Les travaux seront évalués sur la base des progrès techniques observés en regard des investissements consentis.

– L’évaluation des applications : l’AII apportera un soin particulier à l’évaluation des applications à finalité économique. Les revues internes de qualification seront auditées et des experts seront mandatés pour assister aux essais et démonstrations avec les équipes de R&D des partenaires. Les projets applicatifs mettront en place des procédures d’évaluation basées sur les procédures de qualité internes des entreprises et rapporteront les résultats à l’AII.

– L’évaluation du programme : en dehors des comptes rendus et réunions d’avancement, une revue périodique est prévue annuellement. Elle impliquera des experts extérieurs et portera sur l’avancement technique, l’ensemble des dépenses, et la gestion du programme. L’AII envisage de mobiliser à cet effet un budget total de 4 millions d’euros environ à sa charge, soit 2% du coût du programme.

Conclusion sur l’effet d’incitation de l’aide accordée à Thomson (82) L’analyse de la Commission montre que la rentabilité de QUAERO est trop

médiocre pour Thomson pour que celle-ci lance le projet en l’absence d’aide. Cette faible rentabilité dérive certainement de la défaillance de marché identifiée plus haut : les problèmes de coordination impliquent des coûts additionnels en termes de management et d’évaluation du projet. La diffusion des connaissances exercée par les organismes de recherche détériore aussi les revenus de l’entreprise puisqu’elle ne pourra pas s’approprier la totalité des résultats du programme. Enfin, les incertitudes sur le succès du programme constituent un obstacle dans le processus décisionnel de Thomson. L’ensemble de ces considérations permet à la Commission de conclure que Thomson n’aurait effectivement pas entrepris le programme QUAERO en l’absence d’aide.

3.3.4. Proportionnalité de l’aide

(83) L’analyse de la proportionnalité des aides d’Etat à la R&D est réalisée tout d’abord au moyen des conditions formelles prévues par la section 5.1 de l’encadrement R&D&I. Le respect de ces conditions est analysé dans le paragraphe 3.3.4.1 de la présente décision, concernant les catégories de recherche et les coûts éligibles, dans le paragraphe 3.3.4.2, concernant les intensités d’aide et dans le paragraphe 3.3.4.3, concernant les modalités de remboursement des avances. L’encadrement R&D&I précise qu’indépendamment des critères visés au chapitre 5, des informations complémentaires sont nécessaires pour démontrer la proportionnalité des aides supérieures à 10 millions d’euros. En conformité avec le point 7.3.4 de l’encadrement R&D&I, la Commission analyse donc dans le paragraphe 3.3.4.4 de la présente décision, dans quelle mesure l’aide accordée à Thomson

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est limitée au minimum nécessaire. Enfin, le respect des règles de cumul précisées au chapitre 8 de l’encadrement R&D&I est vérifié au paragraphe 3.3.4.5.

3.3.4.1. Catégories de recherche et coûts éligibles

(84) Conformément au point 5.1.1 de l’encadrement R&D&I, la Commission s’est référée à sa propre pratique pour vérifier la répartition des activités de R&D entre les catégories de recherche industrielle et de développement expérimental. L’examen de la description détaillée des travaux réalisés dans chacun des projets du programme permet à la Commission de conclure que la répartition proposée par les autorités françaises correspond bien aux définitions données aux points 2.2 f) et g) de l’encadrement R&D&I.

(85) La Commission a aussi vérifié que les coûts éligibles proposés par les autorités françaises sont bien conformes aux coûts identifiés par le point 5.1.4 de l’encadrement R&D&I :

– les dépenses de personnel correspondent aux chercheurs, techniciens et autres personnels d’appui dans la mesure où ils sont employés pour le programme de recherche QUAERO ;

– les frais généraux ou de structure se liment aux frais généraux additionnels supportés directement du fait du programme de recherche QUAERO ;

– le matériel affecté au programme est retenu, dans la mesure où et aussi longtemps qu’il est utilisé pour le programme de recherche QUAERO. Si ce matériel n’est pas utilisé pendant toute la durée de vie pour le projet, seuls les coûts d’amortissement correspondant à la durée du projet, calculés conformément aux bonnes pratiques comptables, sont jugés admissibles ;

– la sous-traitance couvre les coûts de la recherche contractuelle, coûts des services de consultants et des services équivalents utilisés exclusivement pour le programme de recherche QUAERO ;

– les achats et déplacements relèvent des autres frais d’exploitation supportés directement du fait du programme de recherche QUAERO.

3.3.4.2. Intensité des aides

(86) Les intensités d’aide égales à 50% ou légèrement supérieures à 50% du fait de la contribution de l’INA au Corpus (voir Tableau 7) accordées pour les travaux de recherche industrielle réalisés par les entreprises bénéficiaires et le LNE sont conformes aux points 5.1.2 et 5.1.3 de l’encadrement R&D&I. L’encadrement R&D&I autorise en effet une intensité maximale de 65% pour les grandes entreprises, de 75% pour les moyennes entreprises et de 80% pour les petites entreprises compte tenu de l’intensité de base de 50% prévue par le point 5.1.2, de la prime de 10 ou 20 pp pour les entreprises moyennes ou petites prévue par le point 5.1.3.a) et de la prime de 15 pp pour les coopérations effectives. A ce dernier égard, QUAERO répond aux conditions i) et ii) du point 5.1.3.b) :

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– La coopération effective implique au moins deux entreprises indépendantes ; aucune entreprise ne supporte seule plus de 70% des coûts admissibles du projet de coopération ; le projet prévoit une coopération avec au moins une PME et présente un caractère transfrontalier, c’est-à-dire que les activités de R&D sont effectuées dans au moins deux Etats membres différents.

– La coopération effective implique au moins une entreprise et un organisme de recherche ; les organismes de recherche en question supportent plus de 10% des coûts admissibles du projet ; les organismes de recherche ont le droit de publier les résultats des projets de recherche dans la mesure où ils sont issus de recherches qu’ils ont eux-mêmes effectuées.

(87) Les intensités de 35, 40 et 45% pour les subventions soutenant les travaux de développement expérimental réalisés respectivement par LTU Technologies d’une part, Bertin Technologies d’autre part et enfin par les deux PME Vecsys et Synapse Développement sont conformes aux points 5.1.2 et 5.1.3. L’encadrement R&D&I autorise en effet une intensité maximale de 40% pour les grandes entreprises, de 50% pour les entreprises moyennes et de 60% pour les petites entreprises compte tenu de l’intensité de base de 25% prévue par le point 5.1.2, de la prime de 10 ou 20 pp pour les entreprises moyennes ou petites prévue par le point 5.1.3.a) et de la prime de 15 pp pour les coopérations effectives prévue par le point 5.1.3.b).

3.3.4.3. Modalités de remboursement des avances

(88) L’intensité de 50% pour les avances remboursables soutenant les travaux de développement expérimental réalisés par Thomson, Exalead, Jouve et France Télécom est, quant à elle, conforme au point 5.1.5 de l’encadrement R&D&I, dans la mesure où elle respecte d’une part, le taux maximum de 55% autorisé par l’encadrement (40% de taux de base + 15 pp de prime pour coopération effective) et d’autre part, les règles suivantes concernant les modalités de remboursement :

– La définition de l’issue favorable, déclenchant le remboursement de l’avance, est établie sur la base d’une hypothèse prudente et raisonnable.

– En cas d’issue favorable du projet, le prêt est remboursé à un taux d’intérêt au moins égal au taux applicable résultant de l’application de la communication de la Commission concernant la méthode de fixation des taux de référence et d’actualisation18.

– Dans l’hypothèse d’une réussite allant au-delà de l’issue favorable définie, l’Etat membre concerné doit pouvoir continuer d’exiger des versements au-delà du remboursement du montant de l’avance, y compris des intérêts au taux de référence prévu par la Commission.

– En cas d’échec du projet, l’avance ne doit pas être intégralement remboursée. En cas de succès partiel, la Commission demandera généralement que le remboursement soit proportionnel au degré de réussite du projet.

18 JO C 273 du 9.9.1997, p. 3.

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(89) Les modalités de remboursement des avances sont décrites au paragraphe 2.3.2 de la présente décision. Pour chaque bénéficiaire d’avance remboursable, les autorités françaises ont remis des prévisions de ventes et donc de remboursement des avances. Les autorités françaises ont démontré que ces prévisions avaient été établies sur la base d’une hypothèse prudente et raisonnable. Pour cela, elles ont justifié avec des études de marché19 et des données internes aux entreprises bénéficiaires les hypothèses retenues en termes de tailles de marchés et de parts de marchés visées par chaque bénéficiaire. Elles ont aussi mis en évidence la sensibilité de ces prévisions de ventes médianes à plusieurs paramètres.

(90) En actualisant les avances et leurs remboursements avec un taux de 4,36%, taux de référence en vigueur en France au moment de l’attribution de l’aide20, les valeurs actualisées des remboursements dépassent celles des avances.

Tableau 17 : Remboursement des avances dans un scénario médian de ventes (M€)

Avance Remboursement Scénario médian Ventes cumulées

2006 – 2019 nominale actualisée nominal actualisé

Grass Valley PVAA […] 4,260 3,597 5,163 3,696

Grass Valley DMAM

[…] 15,400 13,091 22,279 15,737

Exalead […] 4,525 3,897 9,050 6,255

Jouve […] 3,730 3,060 6,196 4,160

France Télécom […] 3,270 2,818 6,540 4,505

19 Thomson Grass Valley utilise les sources suivantes : InfoTrend Cap Venture – The North American Commercial Display Market – décembre 2004, OECD – Information Technology Outlook 2006, Cleverdis – SmartReport – mars 2006, Interconnection consulting – Public extracts from The Large Display Market analysis – 2005, Frost & Sullivan 2004 et North American Digital Signage markets – 2005, Forrester study – Residential Broadband By Country And Technology, 2004 To 2010, MRG Inc – System Integration & Professional Services in IP TV Networks – mars 2005, Asiel Securities – Channel Surfing: the implication of FFTx Chy this time could be different – décembre 2004, Bernstein Research Call – Cable Satellite and Telecom: Fiber Rollouts give Bell an Estimated 6% of US multichannel video market by 2010 – novembre 2004. Exalead fait référence à Ovum (2005), IDC (2005) et à l’étude « Technologie de la langue en Europe : marché et tendances » réalisée par le Bureau Van Djik dans le cadre du programme Technolangue. France Télécom se base sur : JupiterResearch 2005, comScore World Metrix (juillet 2006), Forrester, Nielsen rating (décembre 2005, avril 2006), médiamétrie/NetRating (juin 2005). 20 Le 19 avril 2006, le Conseil de surveillance de l’AII a approuvé le principe d’un financement de QUAERO. Le 4 juillet 2006, il a confirmé cette décision et fixé les modalités de cette aide d’un montant de 90 millions d’euros au maximum, dont une subvention maximum de 60 millions d’euros. Le 21 novembre 2006, il a approuvé une extension du programme pour permettre le financement des partenaires allemands nécessaires au programme. L’aide proposée par l’AII n’excèdera pas 105 millions d’euros, dont un maximum de 71 millions d’euros de subventions. Des adaptations du plan de travail ont conduit ensuite à une réduction du budget prévisionnel et de l’aide totale prévue (99 millions d’euros). Le taux de référence en vigueur en France le 4 juillet et le 21 novembre 2006 était de 4,36%. Ce taux est consultable à l’adresse suivante : http://ec.europa.eu/comm/competition/state_aid/legislation/reference.html.

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(91) Les modalités prévues par l’AII conduisent à un remboursement encore supérieur en cas de réussite allant au-delà du scénario nominal. En outre, en cas de succès partiel, le remboursement sera proportionnel au degré de réussite du programme. Aussi, toutes les conditions prévues par le point 5.1.5 de l’encadrement R&D&I sont respectées.

3.3.4.4. Thomson

(92) Les points précédents permettent de conclure que les aides attribuées aux grandes entreprises recevant moins de 10 millions d’euros et au LNE respectent les conditions formelles prévues par la section 5.1 de l’encadrement R&D&I. Elles sont donc proportionnées. Dans le cadre de l’examen approfondi de l’aide attribuée à Thomson, les autorités françaises ont présenté des informations complémentaires garantissant que l’aide octroyée à ce bénéficiaire est limitée au minimum nécessaire, tel que requis par le point 7.3.4 de l’encadrement R&D&I.

(93) En premier lieu, Thomson reçoit une aide totale de 31,6 millions d’euros qui se répartit entre 12,0 millions d’euros sous forme de subvention pour ses travaux de recherche industrielle et 19,7 millions d’euros sous forme d’avance remboursable pour ses travaux de développement expérimental. La Commission prend note du choix des autorités françaises de privilégier l’instrument des avances remboursables, plutôt que des subventions, pour les activités de R&D les plus proches du marché.

(94) A cet égard, les avances remboursables induisent par construction, moins de distorsions que les autres formes d’aides utilisées. En effet, dans un scénario de succès commercial médian, le bénéficiaire rembourse la totalité de l’avance, y compris les intérêts d’actualisation. Si le succès commercial du produit issu du programme de R&D dépasse l’issue favorable définie sur base d’une hypothèse prudente et raisonnable, le bénéficiaire verse à l’Etat membre un intéressement en complément. En revanche, si le programme de R&D ne débouche pas sur un succès commercial, soit en raison d’un échec technologique, soit pour des raisons commerciales, le bénéficiaire ne rembourse qu’une partie de l’avance, proportionnée au succès partiel. Dans ce cas, les distorsions de concurrence seront aussi plus limitées puisque le projet n’aura que partiellement abouti à la commercialisation de nouveaux produits et donc le marché aura été moins perturbé. En tout état de cause, le remboursement de l’avance limite la distorsion de concurrence induite.

(95) En cas de succès médian du programme, l’aide conservée in fine par Thomson sera de 8,1 millions d’euros, à comparer au 31,6 millions d’euros attribués initialement. Ce montant portera uniquement sur des activités de recherche industrielle d’un coût total de 24,0 millions d’euros qui, par définition, aboutissent à la création de connaissances. Cette recherche industrielle constitue la part des travaux pour laquelle la diffusion des résultats est la plus importante et dont les communautés scientifiques et économiques européennes tirent le plus grand bénéfice.

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(96) En outre, l’impact de l’aide sur la rentabilité des projets PVAA et DMAM semble limité au minimum nécessaire pour rendre les indicateurs financiers favorables dans le scénario médian de ventes. Avec l’aide, la VAN agrégée des deux projets devient positive (la VAN atteint […]), ce qui répond à l’un des critères décisionnel de Thomson. En revanche, le ratio ventes / investissements est de […] ce qui demeure inférieur au seuil de […]. La valeur positive de la VAN est donc atténuée par le faible ratio ventes / investissements ce qui permet de conclure que l’impact de l’aide sur les indicateurs financiers de QUAERO n’est pas exagéré.

(97) En conclusion, la Commission estime que l’aide accordée à Thomson est proportionnée.

3.3.4.5. Cumul

(98) Enfin, les règles de cumul définies au chapitre 8 de l’encadrement R&D&I sont respectées. A ce stade, les bénéficiaires ne reçoivent aucune autre aide publique pour QUAERO que le financement apporté par l’AII. Dans l’hypothèse d’aides supplémentaires, le soutien de l’AII serait réajusté pour que les interventions cumulées respectent les montants et intensités d’aide autorisés par la présente décision.

3.3.5. Distorsion de la concurrence et effets sur les échanges

(99) Le point 7.1 de l’encadrement R&D&I précise que l’examen approfondi des aides d’un montant élevé a pour objet de garantir qu’elles ne faussent pas la concurrence dans une mesure contraire à l’intérêt commun, mais qu’elles contribuent bien à ce dernier. L’encadrement R&D&I ne prévoit pas d’analyse de l’impact sur la concurrence et les échanges des aides à la R&D dont le montant est inférieur à 10 millions d’euros et qui sont conformes aux critères de compatibilité des chapitres 5, 6 et 8. A ce titre, la Commission n’est tenue d’identifier les potentielles distorsions de la concurrence et des échanges que sur les marchés affectés par les aides attribuées à Thomson.

3.3.5.1. Identification des marchés affectés

(100) Thomson Grass Valley commercialisera les produits issus des projets PVAA et DMAM. Le projet PVAA résultera en une offre enrichie de Thomson sur deux marchés : les plateformes de distribution de contenus audiovisuels sur réseaux IP destinées aux opérateurs de réseau et celles destinées aux entreprises. Le projet DMAM résultera en une offre enrichie de Thomson sur trois marchés : les systèmes de gestion de contenus multimédia numériques pour les chaînes de télévision et les professionnels du secteur Media & Entertainment d’une part, pour les institutionnels et entreprises d’autre part, ainsi que pour la postproduction cinématographique numérique.

(101) Les plateformes de distribution de contenus audiovisuels sur réseaux IP à destination des opérateurs de réseau sont utilisées pour gérer des services de télévision sur protocole Internet (IPTV) et de vidéo à la demande (VOD). Ces systèmes réalisent tout ou partie des fonctions suivantes : gestion et protection du contenu, identification des abonnés, insertion des métadonnées, interaction

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avec les systèmes de facturation, mise en œuvre du guide de programmes, applications interactives à valeur ajouté, etc. Les plateformes de distribution de contenus audiovisuels en entreprise sont utilisées pour l’affichage d’information, la publicité numérique, et la diffusion d’informations institutionnelles.

(102) En ce qui concerne les systèmes de gestion de contenus multimédia numériques, Thomson prévoit de réaliser une suite de produits DMAM qui puissent satisfaire les besoins des marchés diffuseurs d’une part et des entreprises et institutions d’autre part. Le marché des diffuseurs constitue actuellement le cœur des activités du groupe Thomson ; le ciblage du marché des entreprises et institutions nécessitera l’extension des canaux de distribution de Thomson à ces clients.

(103) Enfin, le marché de la postproduction cinématographique ciblé par Thomson désigne les équipements et logiciels destinés aux acteurs de la chaîne de production de films de cinéma. A ce jour, cette chaîne de production est encore en grande partie structurée autour de procédés analogiques. Les modules de traitement numérique existants, tels que la réalisation des effets spéciaux ou le mixage de la bande son, sont réalisés sur des systèmes hétérogènes faiblement interopérables. Les observateurs du marché s’accordent pour prédire la transition vers le tout numérique dans les années à venir. Ce passage au tout numérique entraînera la disparition des produits et services liés au traitement analogique de la postproduction de films. Cette disparition annoncée se fera avec ou sans QUAERO, elle ne peut être imputée à l’aide en objet. Dans ce contexte pré-numérique, il n’existe pas encore de marché identifié pour les solutions de gestion de contenus multimédia numériques à destination des acteurs de la chaîne de postproduction. Le marché de la postproduction accessible par le DMAM est aujourd’hui composé d’un ensemble de logiciels et matériels spécialisés (3D design et effets spéciaux, digital ingestion et scanners, édition, correction couleurs,…). L’ensemble de ces logiciels et matériels spécialisés était estimé au niveau mondial à 300 millions de dollars en 2007, avec un taux de croissance de 4%. Ces logiciels et matériels spécialisés ne seront pas affectés par QUAERO car ils concernent des travaux déjà réalisés aujourd’hui qui ne seront pas remis en cause par QUAERO. Les principaux fournisseurs d’équipements de postproduction sont actuellement Avid, Sony/Panasonic, Filmlight/Imagica, Thomson, Autodesk, Davinci et Quantel.

(104) Selon les autorités françaises, les technologies étudiées dans le cadre de QUAERO impactent exclusivement le segment logiciel des cinq marchés identifiés précédemment. La Commission a examiné dans quelle mesure l’impact de QUAERO, qui sera direct sur le segment logiciel des marchés visés, pourrait avoir des effets indirects sur les autres segments (équipements et services) de ces marchés. Thomson ne pratique pas de « bundling » de son offre, il ne commercialise pas ses logiciels, équipements et service au sein de lots. La Commission note en particulier que pour le DMAM, grâce à la mise en œuvre d’interfaces et formats standards, il n’y a pas de lien direct entre les systèmes logiciels et les équipements et services associés. En ce qui concerne les services, seulement 12% du chiffre d’affaires de service réalisé par

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Thomson en Europe en 2006 était directement lié à des ventes de l’ensemble du portefeuille de logiciels de l’entreprise, dont environ 20% spécifiquement liés au DMAM. Aussi, la Commission estime que les segments logiciels seront principalement affectés par l’aide accordée à Thomson. La Commission ne peut conclure que les autres segments seront totalement préservés des effets de l’aide mais elle considère toutefois que ces éventuels effets indirects seront limités et diffus. La Commission focalise donc son analyse sur les segments logiciels des marchés visés. Le tableau suivant décrit brièvement la structure de ces segments :

Tableau 18 : Structure des marchés affectés par l’aide accordée à Thomson

Segments logiciels des marchés visés

Principaux acteurs Taille monde en 2006

Croissance Taille monde en 2014

Distribution vidéo pour opérateurs

Alcatel-Lucent (15%), Thomson (15%), UTStarcom, …, Microsoft (7ème)

123 M€ 4% 163 M€

Distribution vidéo pour entreprises

Scala (29%), Mercury Online (14%), Sony (12%), Webpavement (12%), Thomson (10%)

127 M€ 20% 424 M€

Systèmes DMAM pour diffuseurs

125 M€ 15% 333 M€

Systèmes DMAM pour entreprises

Artesia (15%), Harris (12%), EMC (12%), Northplains (12%) 198 M€ 15% 528 M€

Systèmes DMAM pour postproduction numérique

N/A, le marché n’existe pas encore

0 M€ ~10 M€/an entre 2007

et 2012

48 M€

(105) Thomson Grass Valley est leader mondial des équipements professionnels de production et de diffusion TV et de solutions pour réseaux. Sur les marchés affectés par l’aide accordée au groupe Thomson, les parts de marché de la filiale Grass Valley, actuelles et à venir, au niveau de l’espace économique européen (EEE) et au niveau mondial, sont décrites ci-après. La concordance entre les parts de marché EEE et mondiale confirme que la dimension géographique de ces segments est mondiale.

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Tableau 19 : Part de Thomson sur les marchés affectés par l’aide

Parts de marché détenues en 2006

Parts de marché visées en 2014

Segment logiciel des marchés visés

EEE Monde EEE Monde

Distribution vidéo pour opérateurs

[10;20] [10;20] [10;20] [10;20]

Distribution vidéo pour entreprises

[10;20] [10;20] [10;20] [10;20]

Systèmes DMAM pour diffuseurs

[0;5] [0;5] [10;20] [10;20]

Systèmes DMAM pour entreprises

[0;5] [0;5] [0;5] [0;5]

Systèmes DMAM pour postproduction numérique

[…] […] [10;20] [10;20]

(106) Conformément au point 7.4 de l’encadrement R&D&I, l’aide accordée à Thomson est susceptible de fausser la concurrence sur chacun des marchés affectés de trois manières distinctes :

– elle peut fausser les incitants dynamiques des opérateurs à investir ;

– elle peut créer ou maintenir des positions de pouvoir de marché ;

– elle peut perpétuer une structure de marché inefficace.

3.3.5.2. Distorsion des incitants dynamiques

(107) L’encadrement R&D&I indique que la principale préoccupation que soulèvent les aides à la R&D en faveur des entreprises concerne leur capacité à fausser les incitants dynamiques des entreprises concurrentes à investir. En effet, la probabilité de succès des activités de R&D augmentant avec l’octroi d’une aide, l’entreprise pourrait accroître sa présence sur le marché visé et, de ce fait, inciter les concurrents à réduire leurs plans d’investissements initiaux sur ce marché (effet d’assèchement). Dans son analyse, la Commission considère les éléments suivants :

Montant de l’aide

(108) L’aide à Thomson, d’un montant total de 31,7 millions d’euros se répartit entre les différentes applications de la manière suivante : 24,0 millions d’euros affecteront les applications DMAM et 7,7 millions les applications PVAA. Elles seront versées sur une durée de cinq ans, ce qui conduit à une aide annuelle moyenne de 4,8 millions d’euros pour le DMAM et 1,5 millions d’euros pour le PVAA. Sur la base d’un échantillon représentatif des acteurs actifs dans les marchés visés, les efforts de R&D consentis dans les secteurs en

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cause peuvent être estimés à 12% du chiffre d’affaires total soit en 2006, 38,8 millions d’euros pour le DMAM et 30,0 millions d’euros pour le PVAA. Au regard de ces estimations, l’aide accordée à Thomson sera susceptible d’induire plus de distorsion des incitants dynamiques sur les marchés relatifs au DMAM (l’aide correspondante représente 12,4% des dépenses annuelles en R&D) que sur les marchés relatifs au PVAA (l’aide correspondante représente 5,0% des dépenses annuelles en R&D).

Proximité du marché / catégorie d’aide

(109) Bien que QUAERO consiste principalement en de la recherche industrielle (62%), les travaux de R&D conduit par Thomson portent essentiellement sur du développement expérimental (62%). Les travaux aidés réalisés par Thomson ne sont donc pas trop éloignés des marchés ciblés et par conséquent, l’impact sur les incitations des concurrents à investir pourrait être significatif.

Procédure de sélection ouverte

(110) L’AII sélectionne ses projets dans le cadre d’un appel à projets permanent. […] QUAERO est un programme particulier puisqu’il est issu des travaux du groupe de travail franco-allemand « coopération économique » […].

Barrières à la sortie

(111) Le point 7.4.1 de l’encadrement R&D&I indique que l’existence de barrières à la sortie peut atténuer la distorsion des incitants dynamiques. Cette caractéristique ne semble pas particulièrement cruciale dans les marchés affectés. Par conséquent, la Commission estime qu’elle n’est pas pertinente dans le cas d’espèce.

Incitations à se disputer un marché futur

(112) Selon de multiples études de marché mentionnées dans la notification21, l’aide accordée vise des marchés en très forte croissance, à l’exception du marché de distribution vidéo pour opérateurs dont la croissance attendue est tout de même de 4% par an. La taille totale des marchés affectés par l’aide était de 573 millions d’euros en 2006 et elle devrait atteindre selon les études de marché 1 469 millions d’euros en 2014. Aussi tous les acteurs sont incités à se disputer ces marchés futurs qui devraient offrir des perspectives de rentabilité pour chacun.

(113) En ce qui concerne les marchés relatifs au DMAM pour lesquels le montant de l’aide est le plus significatif, Thomson va fournir une plateforme fonctionnant

21 InfoTrend Cap Venture – The North American Commercial Display Market – décembre 2004, OECD – Information Technology Outlook 2006, Cleverdis – SmartReport – mars 2006, Interconnection consulting – Public extracts from The Large Display Market analysis – 2005, Frost & Sullivan 2004 et North American Digital Signage markets – 2005, Forrester study – Residential Broadband By Country And Technology, 2004 To 2010, MRG Inc – System Integration & Professional Services in IP TV Networks – mars 2005, Asiel Securities – Channel Surfing: the implication of FFTx Chy this time could be different – décembre 2004, Bernstein Research Call – Cable Satellite and Telecom: Fiber Rollouts give Bell an Estimated 6% of US multichannel video market by 2010 – novembre 2004.

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sur des standards existants, ouverts et libres de droit, ce qui la rendra interopérable avec les systèmes ou sous-systèmes en provenance de concurrents. Ainsi, Thomson ne s’appropriera pas la totalité des innovations générées par QUAERO mais elle permettra à ses concurrents d’en tirer parti. En introduisant une plateforme ouverte, Thomson devrait contribuer au maintien des incitants dynamiques de ses concurrents pour investir sur les technologies de DMAM.

Différenciation des produits et intensité de la concurrence

(114) Le Tableau 18 montre que les marchés affectés comptent un grand nombre de concurrents sans qu’aucun ne se détache véritablement. La Commission a calculé que les indices de Herfindahl-Hirschman (IHH) correspondants étaient inférieurs à 2 000, ce qui signifie une faible concentration. La concurrence sur les marchés affectés apparaît donc intense ce qui atténue la distorsion des incitants dynamiques.

Tableau 20 : Concentration sur les marchés affectés (indice IHH)

Segment logiciel des marchés visés IHH

Distribution vidéo pour opérateurs 1300

Distribution vidéo pour entreprises 1570

Systèmes DMAM pour diffuseurs

Systèmes DMAM pour entreprises 890

Systèmes DMAM pour postproduction numérique N/A

Conclusion sur la distorsion des incitants dynamiques

(115) Au regard de la forte croissance et de l’intensité de la concurrence sur les marchés affectés, ainsi que de l’interopérabilité des plateformes DMAM développées par Thomson, la Commission estime que l’aide accordée à cette entreprise ne devrait pas induire de forte distorsion des incitants dynamiques, et ce en dépit du montant d’aide significatif injecté sur les marchés relatifs au DMAM. Les multiples concurrents de Thomson devraient donc maintenir leurs plans d’investissement en R&D sur les marchés affectés par l’aide.

3.3.5.3. Création de pouvoir de marché

(116) Les aides à la R&D peuvent avoir un effet de distorsion en renforçant ou en entretenant le degré de pouvoir de marché d’un opérateur. Ce pouvoir de marché peut se traduire dans une capacité à influencer les prix, la production, la variété ou la qualité des biens pendant une période significative au détriment des consommateurs. Thomson vise des parts de marché significatives sur les marchés affectés (voir le Tableau 19) qui demeurent toutefois inférieures au seuil de 25% prévu par le point 7.4.2 de l’encadrement R&D&I. Dans son analyse, la Commission considère les éléments suivants :

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Pouvoir de marché du bénéficiaire et structure de marché

(117) Les parts de marchés actuelles de Thomson, au niveau de l’EEE et au niveau mondial sont inférieures au seuil de 25%. C’est sur le marché de la distribution vidéo pour opérateurs que Thomson détient aujourd’hui la plus grosse part de marché au niveau de l’EEE (18%). Sur ce marché, trois gros opérateurs européens Orange, Deutsche Telekom et Telefonica ont déployé leur service, chacun avec une solution différente (respectivement Thomson, Microsoft et Alcatel-Lucent). Orange et donc Thomson ont été les plus prompts à s’élancer et c’est pourquoi Thomson apparaît parmi les leaders du marché, essentiellement européen aujourd’hui. Mais cette position est menacée. Le marché a en effet subi des évolutions significatives en 2007. Plusieurs nouveaux accords ont été conclus (Singapore Telecommunication Ltd a débuté le déploiement commercial de son service basé sur la plateforme Microsoft, Portugal Telecom a choisi Alcatel-Lucent incluant aussi la plateforme Microsoft). Ainsi en 2007, Alcatel-Lucent a détrôné Thomson de la première position en termes d’abonnés, et Microsoft a progressé de sept places en six mois pour s’installer à la septième place. Les autorités françaises estiment que ces changements ne sont que les prémisses des évolutions à venir. La Commission note qu’en termes de nombre de clients, seul Orange est actuellement déployé avec la solution de Thomson, alors que pour Microsoft, quatre déploiements sont annoncés. Ainsi, il est probable que Thomson perdra à brève échéance sa position de leader. Thomson ne bénéficiera certainement pas de pouvoir de marché.

(118) En ce qui concerne le DMAM, l’interopérabilité des plateformes développées par Thomson est une nécessité pour que l’entreprise puisse maximiser son déploiement. Elle confirme l’absence de pouvoir de marché de Thomson sur les marchés relatifs au DMAM. En effet, si l’entreprise détenait un pouvoir de marché, elle serait encline à utiliser des interfaces propriétaires afin de maîtriser la chaîne de valeur et de maximiser ses profits.

Niveau des barrières à l’entrée

(119) L’utilisation de standards ouverts pour les plateformes de DMAM assure que Thomson ne construira pas de barrière à l’entrée sur ces marchés. Cette caractéristique ne semble pas particulièrement cruciale pour les marchés relatifs au PVAA.

Puissance d’achat

(120) Plusieurs produits développés par Thomson sont destinés à des acheteurs puissants comme les opérateurs de réseau, les diffuseurs ou les producteurs de cinéma. Tout pouvoir de marché de Thomson sur les marchés correspondants serait limité par la position de ces acheteurs qui devraient chercher à préserver un degré suffisant de concurrence.

Processus de sélection

(121) Les projets de R&D sont sélectionnés par l’AII suivant l’examen d’experts indépendants. Les membres du Conseil de surveillance de l’AII ne prennent

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pas part au vote décisif lorsque les projets examinés sont du ressort de leurs activités (voir décision sur le régime N 121/2006). L’influence des bénéficiaires sur le processus de sélection de l’AII apparaît aussi limitée que possible. Toutefois et comme déjà évoquée au considérant (110), le contexte politique de QUAERO est très spécifique et la Commission n’est pas en mesure de confirmer que l’AII n’ait pas été influencée dans son processus de sélection.

Conclusion sur la création de pouvoir de marché

(122) Au regard de la position de Thomson sur les marchés affectés, de la puissance d’achat de certains de ses clients et du recours à des standards ouverts, la Commission est en mesure de conclure que Thomson ne devrait pas acquérir de pouvoir de marché.

3.3.5.4. Maintien de structures de marché inefficaces

(123) Si elles ne sont pas bien ciblées, les aides à la R&D peuvent entretenir des structures de marchés inefficaces. Dans le cas d’espèce, la Commission doit examiner le dynamisme des marchés visés par l’aide. Comme souligné précédemment, l’aide accordée vise à introduire de nouvelles technologies dans des marchés destinés à une forte croissance. L’aide ne fige donc pas les marchés et n’entretient vraisemblablement pas de structure inefficace.

3.3.5.5. Conclusion sur la distorsion de la concurrence et les effets sur les échanges

(124) En dépit du montant significatif de l’aide affectant les marchés relatifs à la gestion de contenus multimédia numériques, les concurrents de Thomson devraient maintenir leurs efforts en R&D. En outre, Thomson n’est pas en mesure d’acquérir un quelconque pouvoir de marché et l’aide n’entretient pas de structure inefficace. En conséquence, la Commission considère que les distorsions induites par l’aide accordée à Thomson pour le programme QUAERO devraient perturber le fonctionnement concurrentiel des marchés affectés dans une proportion limitée.

3.3.6. Mise en balance

(125) Les aides d’un montant inférieur à 10 millions d’euros accordées à Exalead, Jouve, France Télécom, Vecsys, LTU Technologies, Bertin Technologies, Synapse Développement et au LNE répondent aux critères de compatibilité prévus par les chapitres 5, 6 et 8 de l’encadrement R&D&I.

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(126) L’aide d’un montant supérieur à 10 millions d’euros accordée à Thomson vérifie elle aussi les critères des chapitres 5, 6 et 8 mais ce n’est pas suffisant pour conclure. A l’issue de son examen approfondi, la Commission note que le programme QUAERO sera porteur d’externalités positives pour l’ensemble de la Communauté. La Commission reconnaît que QUAERO souffre d’une défaillance de marché, à savoir des problèmes de coordination induits par la diffusion des connaissances inhérente à la participation significative d’organismes de recherche ainsi qu’à l’information imparfaite des partenaires du programme. De plus, l’aide d’Etat notifiée se révèle un moyen d’action adapté, ayant un réel effet d’incitation, et dont le montant demeure proportionné. Enfin, la Commission estime que les distorsions induites par l’aide devraient perturber le fonctionnement concurrentiel des marchés visés dans une proportion limitée. Au regard de ces éléments, la Commission considère que les effets positifs de l’aide attribuée à Thomson l’emportent sur les effets négatifs en conformité avec les critères du chapitre 7 de l’encadrement R&D&I. Elle estime que cette aide n’affectera pas la concurrence et les échanges dans une mesure contraire à l’intérêt commun.

3.4. Compatibilité des aides accordées à l’INA et à la BNF

(127) Les contributions de l’INA et de la BNF au programme QUAERO ainsi que les aides qu’elles reçoivent en contrepartie sont rappelées dans le tableau suivant :

Tableau 21 : L’INA et la BNF dans QUAERO Coûts Subvention

Répartition entre projets Catégories de recherche

Total DMAM TIAE CTC QPM RI DE Total RI DE

INA 6 059 4 683 1 226 150 3 326 2 734 2 620 1 663 957

BNF 584 500 84 84 500 217 42 175

(128) La Commission a estimé au paragraphe 3.1.3 de la présente décision, que les aides accordées par l’AII à la BNF et à l’INA dans QUAERO, pouvaient être examinées au regard de l’article 87, paragraphe 3, sous d) du traité CE. Les aides octroyées par l’AII contribuent par leurs effets à la promotion de la culture et de la conservation du patrimoine. En l’absence de lignes directrices en la matière, les aides en objet, peuvent être considérées comme compatibles avec le marché commun si elles n’altèrent pas les conditions des échanges dans une mesure contraire à l’intérêt commun. Pour apprécier si une mesure d’aide peut être jugée compatible avec le marché commun, la Commission met en balance, d’une part, les effets positifs de la mesure d’aide pour atteindre un objectif d’intérêt commun et, d’autre part, ses effets potentiellement négatifs de distorsion des échanges et de la concurrence. La mise en balance des effets positifs et négatifs de la mesure est appliquée de la manière suivante :

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(a) La mesure d’aide vise-t-elle un objectif d’intérêt commun bien défini (par exemple : croissance, emploi, cohésion, environnement) ?

(b) L’aide est-elle correctement conçue pour réaliser l’objectif d’intérêt commun, c’est-à-dire le projet d'aide vise-t-il à remédier à la défaillance du marché ou à atteindre un autre objectif ?

– L’aide d’Etat constitue-t-elle un moyen d’action adapté ?

– L’aide a-t-elle un effet d’incitation, c’est-à-dire modifie-t-elle le comportement des entreprises bénéficiaires ?

– La mesure d’aide est-elle proportionnelle, c’est-à-dire le même changement de comportement pourrait-il être obtenu avec moins d’aide d’Etat ?

(c) Les distorsions de concurrence et les effets sur les échanges sont-ils limités, de sorte que le bilan global est positif ?

(129) Dans le cas d’espèce, l’objectif d’intérêt commun est bien défini, à savoir la promotion de la culture et de la conservation du patrimoine et l’aide d’Etat apparaît un moyen d’action adapté comme déjà vu au paragraphe 3.3.2.

3.4.1. Effet d’incitation

(130) L’effet d’incitation de l’aide octroyée à la BNF est justifié par le caractère éloigné des retombées du programme. La contribution de la BNF au programme va avant tout profiter à ses partenaires, et en particulier Jouve qui pourra améliorer son offre future vis-à-vis de ce type de clients. Les véritables retombées de QUAERO dont profitera la BNF seront indirectes et ultérieures quand la bibliothèque pourra bénéficier d’une offre nouvelle du marché adaptée à ses besoins. L’aide d’un faible montant (217 000 euros sur 5,5 ans) apparaît comme une compensation accordée à la BNF pour la dédommager de sa contribution au programme QUAERO. A ce titre, elle l’incite à participer au projet.

(131) L’INA est dans la même situation que la BNF : Thomson améliorera son offre future en termes de système de DMAM, et l’INA, comme les autres conservateurs d’archives audiovisuelles, bénéficiera d’une offre nouvelle du marché adaptée à ses besoins. En ce qui concerne l’INA, l’effet d’incitation est encore plus clair que pour la BNF car l’établissement va devoir renforcer les moyens humains et financiers qu’il consacre à la recherche de 20% pour participer à QUAERO. Par analogie avec le chapitre 6 de l’encadrement R&D&I, l’évolution de ces indicateurs permet de démontrer que l’aide a un effet d’incitation sur l’INA. Sans aide, l’INA aurait entrepris moins de R&D.

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Tableau 22 : Impact de QUAERO sur les effectifs et dépenses de R&D de l’INA

INA 2007 2008 2009 2010 2011

Effectifs R&D sans QUAERO 40 40 40 40 40

avec QUAERO 48 48 48 50 50

Dépenses R&D sans QUAERO (M€) 3,9 4,0 4,0 4,0 4,0

avec QUAERO (M€) 4,7 5,0 5,0 5,0 5,0

3.4.2. Proportionnalité

(132) Selon les autorités françaises, l’AII a déterminé l’aide qu’elle a octroyée sur la base de coûts déclarés par la BNF et l’INA. Une décomposition des coûts horaires a été demandée pour pouvoir évaluer un niveau de compensation strictement nécessaire. Cette décomposition a montré pour ces deux établissements, que les taux horaires pratiqués pour effectuer la prestation de R&D du programme étaient comparables à ceux des autres entreprises participant au PMII QUAERO pour des activités similaires. De plus, les volumes des travaux prévus ont fait l’objet d’une négociation afin de déterminer le niveau d’aide juste nécessaire. En ce qui concerne l’INA, l’AII n’a pas retenu dans l’assiette formant la base de calcul de l’aide les coûts relatifs aux travaux nécessaires à la valorisation des contenus de l’INA. Au regard de ces explications, la Commission considère que les coûts aidés sont réduits au minimum nécessaire à la réalisation de l’objectif d’intérêt commun.

(133) L’aide de l’AII a une intensité de 50% pour les travaux de recherche industrielle et de 35% pour ceux de développement expérimental. Comme vu au paragraphe 3.3.4.2, ces intensités sont en ligne avec les exigences de l’encadrement R&D&I. Par analogie avec cet encadrement, la Commission peut conclure que l’aide est proportionnée.

3.4.3. Mise en balance des distorsions de concurrence et effets sur les échanges

(134) Comme expliqué précédemment, l’INA et la BNF ne profiteront des retombées de QUAERO qu’au travers des offres futures du marché qui répondront à leurs besoins. Toutefois, ces offres nouvelles ne leur seront pas réservées. L’INA et la BNF y auront accès dans les mêmes conditions que les autres bibliothèques et conservateurs d’archives audiovisuelles. Les distorsions de concurrence et effets sur les échanges sont ainsi minimisés.

(135) Il ressort de l’analyse précédente que les aides d’Etat accordées à l’INA et à la BNF n’altèrent pas les conditions des échanges dans une mesure contraire à l’intérêt commun. La mesure d’aide vise un objectif d’intérêt commun bien défini ; elle est correctement conçue pour réaliser cet objectif d’intérêt commun ; enfin, les distorsions de concurrence et les effets sur les échanges sont limités, de sorte que le bilan global est positif.

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4. DÉCISION

(136) La Commission a décidé de considérer l’aide comme compatible avec le traité CE en application de son article 87, paragraphe 3, sous c) et d).

(137) Cette appréciation positive comporte néanmoins l’obligation de notifier à la Commission un rapport annuel sur l’application de l’aide et de lui notifier les changements éventuels du projet.

Dans le cas où cette lettre contiendrait des éléments confidentiels qui ne doivent pas être divulgués à des tiers, les autorités françaises sont invitées à en informer la Commission, dans un délai de quinze jours ouvrables à compter de la date de réception de la présente. Si la Commission ne reçoit pas une demande motivée à cet effet dans le délai prescrit, elle considérera que les autorités françaises sont d’accord avec la communication à des tiers et avec la publication du texte intégral de la lettre, dans la langue faisant foi, sur le site Internet : http://ec.europa.eu/community_law/state_aids/index.htm.

Cette demande devra être envoyée par lettre recommandée ou par télécopie à :

Commission européenne Direction générale de la Concurrence Greffe Aides d’Etat Rue Joseph II, 70 B-1049 BRUXELLES Fax : + 32.(0)2.29.61.242

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma haute considération.

Par la Commission

Neelie KROES

Membre de la Commission

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