Staline Oeuvres Tome XVI 1941 1949

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Edition lectronique ralise par Vincent Gouysse partir de louvrage publi en 1975 par le NBE (BP 97/75662 Paris cedex 14). WWW.MARXISME.FR

SOMMAIRE :PRSENTATION DE L'DITEUR (p. 5) Discours radiodiffus, 3 juillet 1941 (p. 6) Arrt du Comit d'Etat de la Dfense, Moscou, Kremlin, 19 octobre 1941 (p. 9) XXIVe anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre. Rapport prsent la sance solennelle du Soviet des dputs des travailleurs de Moscou, largie aux organisations sociales et du Parti, 6 novembre 1941 (p. 10) Discours prononc la revue de l'Arme rouge, sur la Place Rouge, Moscou, 7 novembre 1941 (p. 18) Ordre du jour du Commissaire du Peuple la Dfense de l'URSS n 55, Moscou, 23 fvrier 1942 (p. 20) Tlgramme V. Komarov, 12 avril 1942 (p. 23) Ordre du jour du Commissaire du Peuple la Dfense de l'URSS n 130, Moscou, 1er mai 1942 (p. 24) Rponses aux questions poses par le correspondant de l'agence amricaine Associated Press, 3 octobre 1942 (p. 28) XXVe anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre. Rapport prsent par le Prsident du Comit de la Dfense de l'Etat, la sance solennelle du Soviet des dputs des travailleurs de Moscou, largie aux organisations sociales et du Parti, 6 novembre 1942 (p. 29) Ordre du jour du Commissaire du Peuple la Dfense de l'URSS n 345, Moscou, 7 novembre 1942 (p. 36) Rponses aux questions poses par le correspondant de l'agence amricaine Associated Press, 13 novembre 1942 (p. 38) Ordre du jour adress par le Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes des fronts sud-ouest, sud, Don, Caucase du Nord, Voronje, Kalinine, Volkhov et Leningrad, Moscou, Kremlin, 25 janvier 1943 (p. 39) Ordre du jour adress par le Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes du front du Don, Moscou, Kremlin, 2 fvrier 1943 (p. 40) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 95, Moscou, 23 fvrier 1943 (p. 40) Rponse au Message du Prsident de la Rpublique du Mexique, M. Avila Camacho, Moscou, Kremlin, 22 avril 1943 (p. 44) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 195, Moscou, 1er mai 1943 (p. 45) Rponses aux questions poses par le correspondant du journal amricain New York Times et du journal anglais Times, 4 mai 1943 (p. 48) Rponse la question du correspondant principal de l'agence anglaise Reuter, 28 mai 1943 (p. 49) Aux membres du Prsidium du Congrs de l'Union des Patriotes Polonais en URSS, juin 1943 (p. 50) XXVIe anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre. Rapport prsent par le Prsident du Comit de Dfense de l'Etat, la sance solennelle du Soviet des dputs des travailleurs de Moscou, largie aux organisations sociales et du Parti, 6 novembre 1943 (p. 50) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 309, Moscou, 7 novembre 1943 (p. 58) Au collectif des constructeurs de la troisime tranche du Mtropolitain de Moscou, janvier 1944 (p. 61) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 16, Moscou, 23 fvrier 1944 (p. 61) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 70, Moscou, 1er mai 1944 (p. 65) Rponse la question pose par le correspondant de la Pravda, juin 1944 (p. 67) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 152, Moscou, Kremlin, 20 aot 1944 (p. 68)

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XXVIIe anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre. Rapport prsent par le Prsident du Comit de Dfense de l'Etat la sance solennelle du Soviet des dputs des travailleurs de Moscou, largie aux organisations sociales et du Parti, 6 novembre 1944 (p. 68) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 220, Moscou, 7 novembre 1944 (p. 76) Discours en l'honneur de la rception de la dlgation des habitants de Varsovie, 15 novembre 1944 (p. 78) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 225, Moscou, Kremlin, 19 novembre 1944 (p. 78) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 5, Moscou, 23 fvrier 1945 (p. 79) Rponse au Message de M. P. Groza et M. G. Tatarescu, Moscou, 29 mars 1945 (p. 81) Discours prononc lors de la signature du Trait d'amiti, d'assistance mutuelle et de collaboration aprsguerre, entre l'Union Sovitique et la Rpublique Polonaise, 21 avril 1945 (p. 82) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes combattantes n 346, 27 avril 1945 (p. 83) Adresse du Commandant en chef des forces armes de l'URSS, Marchal de l'Union Sovitique, l'Arme rouge et aux troupes allies, 27 avril 1945 (p. 83) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 20, Moscou, 1er Mai 1945 (p. 84) Ordre du jour l'Arme rouge et la Marine de guerre, 2 mai 1945 (p. 86) Adresse au peuple, 9 mai 1945 (p. 87) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes de l'Arme rouge et la Marine militaire n 369, 9 mai 1945 (p. 88) Lettre M. Ralph Parker correspondant du Times Moscou, 18 mai 1945 (p. 89) A la rdaction du journal Komsomolskaya Pravda, mai 1945 (p. 89) Discours la rception organise au Kremlin en l'honneur des commandants des troupes de l'Arme rouge, 24 mai 1945 (p. 90) Lettre au gnral de Gaulle propos du retour en France de Normandie-Nimen, juin 1945 (p. 90) A la rdaction du journal Pionerskaya Pravda, juin 1945 (p. 91) A l'usine d'artillerie de l'Oural, J.-V. Staline, juin 1945 (p. 91) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 370, 22 juin 1945 (p. 91) Discours prononc une rception au Kremlin, 25 juin 1945 (p. 92) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes de l'Arme rouge et la Marine militaire n 371, 22 juillet 1945 (p. 92) Au Prsident du Gouvernement National de la Rpublique Chinoise, le gnralissime Tchiang Ka-chek, 19 aot 1945 (p. 93) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS n 51, Moscou, 19 aot 1945 (p. 94) Au Premier ministre de la Rpublique Populaire de Mongolie, le Marchal Tchaibalsan, aot 1945 (p. 95) Au Prsident du Gouvernement National de la Rpublique chinoise, le gnralissime Tchiang Ka-chek, 31 aot 1945 (p. 95) Adresse au peuple, 2 septembre 1945 (p. 95) Ordre du jour du Commandant en chef des forces armes de l'URSS aux troupes de l'Arme rouge et de la Marine militaire n 373, 3 septembre 1945 (p. 97) Discours prononc l'Assemble des lecteurs de la circonscription Staline de Moscou, 9 fvrier 1946 (p. 98) Rponse la lettre du camarade Razine, 23 fvrier 1946 (p. 106) Ordre du jour du Commissaire la Dfense de l'URSS n 8, 23 fvrier 1946 (p. 108)

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Dclaration du Prsident du Conseil des Commissaires du Peuple de l'URSS, 15 mars 1946 (p. 110) Interview au sujet du discours de M. Churchill Fulton, mars 1946 (p. 110) Rponses aux questions de M. Gilmore reprsentant de l'Associated Press, 22 mars 1946 (p. 114) Rponse au tlgramme de M. Hugh Baillie, prsident de l'agence amricaine United Press, 25 mars 1946 (p. 115) Rponse au Message du Premier ministre de l'Iran, avril 1946 (p. 116) Ordre du jour du ministre des Forces armes de l'URSS n 7, 1er mai 1946 (p. 116) Ordre du jour du ministre des Forces armes de l'URSS n 11, 9 mai 1946 (p. 118) Rponses aux questions poses par M. A. Werth, correspondant du Sunday Times Moscou, 17 septembre 1946 (p. 118) Rponses aux questions du Prsident de l'agence amricaine United Press, M. Hugh Baillie, reues le 23 octobre 1946 (p. 120) Tlgramme au Congrs Slave runi Belgrade, 8 dcembre 1946 (p. 123) Interview accorde N. Elliot Roosevelt, 21 dcembre 1946 (p. 123) Ordre du jour l'occasion de la journe de l'Arme sovitique n 10, 23 fvrier 1947 (p. 125) Compte rendu de l'entretien avec M. Harold Stassen, 9 avril 1947 (p. 127) Pour le huit-centime anniversaire de Moscou, septembre 1947 (p. 134) Discours prononc au djeuner en l'honneur de la dlgation gouvernementale finlandaise, 7 avril 1948 (p. 135) Rponse la lettre ouverte de M. Wallace, 17 mai 1948 (p. 136) Au Comit Central du Parti Communiste italien, 14 juillet 1948 (p. 137) Lettre Kim Il Sung, Prsident du Cabinet des Ministres de la Rpublique Dmocratique Populaire de Core, 12 octobre 1948 (p. 138) Rponses aux questions du correspondant de la Pravda, octobre 1948 (p. 138) Rponses aux questions de M. Kingsbury Smith, directeur gnral pour l'Europe de l'agence amricaine International News Service, 30 janvier 1949 (p. 139) Au camarade Marcel Cachin, septembre 1949 (p. 140) Tlgramme Wilhem Pieck et Otto Grotewohl, 13 octobre 1949 (p. 140) Annexe - Correspondence avec Churchill, Roosevelt, Truman et Attlee I. 1941 : Documents 1-13 (p. 141) II. 1942 : Documents 14-62 (p. 147) III. 1943 : Documents 63-137 (p. 160) IV. 1944 : Documents 138-251 (p. 184) V. 1945 : Documents 252-358 (p. 215) Notes (p. 244) Chronologie (p. 259)

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Prsentation de l'diteurCe volume XVI des uvres de J.-V. Staline est indit en tant que recueil, la publication originale des uvres par l'Institut Marx-Engels-Lnine de Moscou ayant t interrompue au volume XIII. (La Hoover Institution on War, Rvolution, and Peace de l'Universit de Stanford (Californie, EU), a fait paratre en 1967 trois volumes de complments en langue russe l'dition de Moscou des uvres de J.-V. Staline. Le tome I (XIV) comprend des textes de 1934-1940, le tome II (XV) ceux de 1941-1945, et le tome III (XVI) ceux de 1946-1953. Pour la priode considre ici, 1941-1949, l'dition amricaine n'a retenu que 62 textes. Pour cette dition franaise des uvres de J. Staline, le volume XIV comportera les textes de 1934-1940, le volume XV l'Histoire du Parti Communiste (bolchevik) de l'URSS, enrichie d'lments d'tude, le volume XVI les textes de 1941-1949 et le volume XVII les textes de 1950-1953. Un dix-huitime volume sera consacr aux Index, dont celui des matires.) La premire partie de ce volume regroupe 79 textes, en grande majorit publis dans la Pravda. Pour la priode concerne, 1941-1949, n'ont t omis des textes signs J.-V. Staline, que ceux concernant des attributions de dcorations, des promotions ou des remerciements adresss en ce qui concerne l'effort de guerre et les contributions patriotiques : ils sont trs nombreux (plusieurs centaines) et auraient alourdi cette dition dmesurment, n'offrant d'autre part qu'un intrt mineur. Pour la publication effectue ici les traductions officielles des Editions de Moscou ont t prfres chaque fois que cela se rvlait possible. On trouvera ainsi dans la majeure partie des cas une double mention la fin de chaque texte : la source de l'original en langue russe, et celle de la traduction originale. Quand cette dernire manque c'est qu'il s'agit d'une traduction indite ou d'une traduction rvise, ceci par nos soins. En Annexe cette premire partie, et constituant la deuxime partie de ce volume, ont t runis 358 Messages adresss par J.-V. Staline, de 1941 1945, au Premier ministre britannique W. Churchill, au Prsident des Etats-Unis F. Roosevelt, et leurs successeurs C. Attlee et H. Truman. (C'est sous le titre Correspondance secrte de Staline avec Roosevelt, Churchill, Truman et Attlee, 1941-1945, que ces messages ont t publis en 1959 en langue franaise par la librairie Pion. L'dition originale est parue Moscou en 1957.) Les Messages identiques, envoys aux uns et aux autres, ont t omis, mais mention est faite de leur existence. (Soit par des renvois en bas de page, soit par des renvois aux notes. La mention de date, quand elle suit le message, se trouve dans l'original, quand la date est indique en haut gauche c'est qu'elle est fournie par les rdacteurs de l'dition russe. Un certain nombre d'en-ttes manquent sur les documents originaux, ils ont t galement rtablis pour la publication. C'est le cas pour les Messages numrots : 2, 6, 7, 12-29, 31-33, 36-41, 48, 94, 289-291, 358. La numrotation des Messages pour cette dition est de notre fait.) Pour les notes de la premire et de la deuxime parties, qui sont de notre fait, la source principale est la Grande Encyclopdie Sovitique (1948) et les notes de l'dition originale de la Correspondance. Pour la Chronologie galement on a eu recours la Grande Encyclopdie. Patrick Kessel

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Discours radiodiffus 3 juillet 1941Camarades ! Citoyens ! Frres et Surs ! Combattants de notre arme et de notre flotte ! Je m'adresse vous, mes amis ! La perfide agression militaire de l'Allemagne hitlrienne, commence le 22 juin, se poursuit contre notre Patrie. Malgr la rsistance hroque de l'Arme rouge, et bien que les meilleures divisions de l'ennemi et les units les meilleures de son aviation aient trouv la mort sur les champs de bataille, l'ennemi continue se ruer en avant, jetant sur le front des forces nouvelles. Les troupes hitlriennes ont pu s'emparer de la Lituanie, d'une grande partie de la Lettonie, de la partie ouest de la Bilorussie, d'une partie de l'Ukraine occidentale. L'aviation fasciste tend l'action de ses bombardiers, en soumettant au bombardement Mourmansk, Orcha, Moguilev, Smolensk, Kiev, Odessa, Sbastopol. Un grave danger pse sur notre Patrie. Comment a-t-il pu se faire que notre glorieuse Arme rouge ait abandonn aux troupes fascistes une srie de nos villes et rgions ? Les troupes fascistes allemandes sont-elles vraiment invincibles comme le proclament sans cesse cor et cri les propagandistes fascistes fanfarons ? Non, bien sr. L'histoire montre qu'il n'a jamais exist et qu'il n'existe pas d'armes invincibles. On estimait que l'arme de Napolon tait invincible. Mais elle a t battue successivement par les troupes russes, anglaises, allemandes. L'arme allemande de Guillaume, au cours de la premire guerre imprialiste, tait galement considre comme une arme invincible ; mais elle s'est vu infliger mainte dfaite par les troupes russes et anglo-franaises, et elle a t finalement battue par les troupes anglo-franaises. Il faut en dire autant de l'actuelle arme allemande fasciste de Hitler. Elle n'avait pas encore rencontr de srieuse rsistance sur le continent europen. C'est seulement sur notre territoire qu'elle a rencontr une rsistance srieuse. Et si la suite de cette rsistance les meilleures divisions de l'arme fasciste allemande ont t battues par notre Arme rouge, c'est que l'arme fasciste hitlrienne peut galement tre battue et le sera comme le furent les annes de Napolon et de Guillaume. Qu'une partie de notre territoire se soit nanmoins trouve envahie par les troupes fascistes allemandes, cela s'explique surtout par le fait que la guerre de l'Allemagne fasciste contre l'URSS a t dclenche dans des conditions avantageuses pour les troupes allemandes et dsavantageuses pour les troupes sovitiques. En effet, les troupes de l'Allemagne, comme pays menant la guerre, avaient t entirement mobilises. 170 divisions lances par l'Allemagne contre l'URSS et amenes aux frontires de ce pays se tenaient entirement prtes, n'attendant que le signal pour se mettre en marche. Tandis que pour les troupes sovitiques, il fallait encore les mobiliser et les amener aux frontires. Chose trs importante encore, c'est que l'Allemagne fasciste a viol perfidement et inopinment le pacte de non-agression conclu, en 1939, entre elle et l'URSS, sans vouloir tenir compte qu'elle serait regarde par le monde entier comme l'agresseur1. On conoit que notre pays pacifique, qui ne voulait pas assumer l'initiative de la violation du pacte, ne pouvait s'engager sur ce chemin de la flonie. On peut nous demander : comment a-t-il pu se faire que le Gouvernement sovitique ait accept de conclure un pacte de non-agression avec des flons de cette espce et des monstres tels que Hitler et Ribbentrop ? Le Gouvernement sovitique n'a-t-il pas en l'occurrence commis une erreur ? Non, bien sr. Le pacte de non-agression est un pacte de paix entre deux Etats. Et c'est un pacte de ce genre que l'Allemagne nous avait propos en 1939. Le Gouvernement sovitique pouvait-il repousser cette proposition ? Je pense qu'aucun Etat pacifique ne peut refuser un accord de paix avec une puissance voisine, mme si la tte de cette dernire se trouvent des monstres et des cannibales comme Hitler et Ribbentrop. Cela, bien entendu, une condition expresse : que l'accord de paix ne porte atteinte, ni

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directement ni indirectement, l'intgrit territoriale, l'indpendance et l'honneur de l'Etat pacifique. On sait que le pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS tait justement un pacte de ce genre. Qu'avons-nous gagn en concluant avec l'Allemagne un pacte de non-agression ? Nous avons assur notre pays la paix pendant un an et demi et la possibilit de prparer nos forces la riposte au cas o l'Allemagne fasciste se serait hasarde attaquer notre pays en dpit du pacte. C'est l un gain certain pour nous et une perte pour l'Allemagne fasciste. Qu'est-ce que l'Allemagne fasciste a gagn et qu'est-ce qu'elle a perdu, en rompant perfidement le pacte et en attaquant l'URSS ? Elle a obtenu ainsi un certain avantage pour ses troupes pendant un court laps de temps, mais elle a perdu au point de vue politique, en se dmasquant aux yeux du monde comme un agresseur sanglant. Il est hors de doute que cet avantage militaire de courte dure n'est pour l'Allemagne qu'un pisode, tandis que cet immense avantage politique est pour l'URSS un facteur srieux et durable, appel favoriser les succs militaires dcisifs de l'Arme rouge dans la guerre contre l'Allemagne fasciste. Voil pourquoi toute notre vaillante arme, toute notre vaillante flotte navale, tous nos aviateurs intrpides, tous les peuples de notre pays, tous les meilleurs hommes d'Europe, d'Amrique et d'Asie, enfin tous les meilleurs hommes de l'Allemagne fltrissent l'action perfide des fascistes allemands et sympathisent avec le Gouvernement sovitique, approuvent la conduite du Gouvernement sovitique et se rendent compte que notre cause est juste, que l'ennemi sera cras, et que nous vaincrons. La guerre nous ayant t impose, notre pays est entr dans un combat mort avec son pire et perfide ennemi, le fascisme allemand. Nos troupes se battent hroquement contre un ennemi abondamment pourvu de chars et d'aviation. L'Arme et la Flotte rouges, surmontant de nombreuses difficults, se battent avec abngation pour chaque pouce de terre sovitique. Les forces principales de l'Arme rouge, pourvues de milliers de chars et d'avions, entrent en action. La vaillance des guerriers de l'Arme rouge est sans exemple. La riposte que nous infligeons l'ennemi s'accentue et se dveloppe. Aux cts de l'Arme rouge le peuple sovitique tout entier se dresse pour la dfense de la Patrie. Que faut-il pour supprimer le danger qui pse sur notre Patrie et quelles mesures faut-il prendre pour craser l'ennemi ? Il faut tout d'abord que nos hommes, les hommes sovitiques, comprennent toute la gravit du danger qui menace notre pays et renoncent la quitude et l'insouciance, l'tat d'esprit qui est celui du temps de la construction pacifique, tat d'esprit parfaitement comprhensible avant la guerre, mais funeste aujourd'hui que la guerre a chang radicalement la situation. L'ennemi est cruel, inexorable. Il s'assigne pour but de s'emparer de nos terres arroses de notre sueur, de s'emparer de notre bl et de notre ptrole, fruits de notre labeur. Il s'assigne pour but de rtablir le pouvoir des grands propritaires fonciers, de restaurer le tsarisme, d'anantir la culture et l'indpendance nationales des Russes, Ukrainiens, Bilorussiens, Lituaniens, Lettons, Estoniens, Ouzbeks, Tatars, Moldaves, Gorgiens, Armniens, Azerbadjans et autres peuples libres de l'Union Sovitique; de les germaniser, d'en faire les esclaves des princes et des barons allemands. Il s'agit ainsi de la vie ou de la mort de l'Etat sovitique, de la vie ou de la mort des peuples de l'URSS ; il s'agit de la libert ou de la servitude des peuples de l'Union Sovitique. Il faut que les hommes sovitiques le comprennent et cessent d'tre insouciants ; qu'ils se mobilisent et rorganisent tout leur travail selon un mode nouveau, le mode militaire, qui ne ferait pas quartier l'ennemi. Il faut aussi qu'il n'y ait point de place dans nos rangs pour les pleurnicheurs et les poltrons, les semeurs de panique et les dserteurs ; que nos hommes soient exempts de peur dans la lutte et marchent avec abngation dans notre guerre libratrice pour le salut de la Patrie, contre les asservisseurs fascistes. Le grand Lnine, qui a cr notre Etat, a dit que la qualit essentielle des hommes sovitiques doit tre le courage, la vaillance, l'intrpidit dans la lutte, la volont de se battre

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aux cts du peuple contre les ennemis de notre Patrie. Il faut que cette excellente qualit bolchevique devienne celle des millions et des millions d'hommes de l'Arme rouge, de notre flotte rouge et de tous les peuples de l'Union Sovitique. Il faut immdiatement rorganiser tout notre travail sur le pied de guerre, en subordonnant toutes choses aux intrts du front et l'organisation de l'crasement de l'ennemi. Les peuples de l'Union Sovitique voient maintenant que le fascisme allemand est inexorable dans sa rage furieuse et dans sa haine contre notre Patrie qui assure tous les travailleurs le travail libre et le bien-tre. Les peuples de l'Union Sovitique doivent se dresser pour la dfense de leurs droits, de leur terre, contre l'ennemi. L'Arme et la Hotte rouges ainsi que tous les citoyens de l'Union Sovitique, doivent dfendre chaque pouce de terre sovitique, se battre jusqu' la dernire goutte de leur sang pour nos villes et nos villages, faire preuve de courage, d'initiative et d'esprit d'-propos, toutes qualits propres notre peuple. Il nous faut organiser une aide multiple l'Arme rouge, pourvoir au recrutement intense de ses rangs, lui assurer le ravitaillement ncessaire, organiser le transport rapide des troupes et des matriels de guerre, prter un large secours aux blesss. Il nous faut affermir l'arrire de l'Arme rouge, en subordonnant cette uvre tout notre travail ; assurer l'intense fonctionnement de toutes les entreprises ; fabriquer en plus grand nombre fusils, mitrailleuses, canons, cartouches, obus, avions ; organiser la protection des usines, des centrales lectriques, des communications tlphoniques et tlgraphiques ; organiser sur place la dfense antiarienne. Il nous faut organiser une lutte implacable contre les dsorganisateurs de l'arrire, les dserteurs, les semeurs de panique, les propagateurs de bruits de toutes sortes, anantir les espions, les agents de diversion, les parachutistes ennemis en apportant ainsi un concours rapide nos bataillons de chasse. Il ne faut pas oublier que l'ennemi est perfide, rus, expert en l'art de tromper et de rpandre de faux bruits. De tout cela il faut tenir compte et ne pas se laisser prendre la provocation. Il faut immdiatement traduire devant le Tribunal militaire, sans gard aux personnalits, tous ceux qui, semant la panique et faisant preuve de poltronnerie, entravent l'uvre de la dfense. En cas de retraite force des units de l'Arme rouge, il faut emmener tout le matriel roulant des chemins de fer, ne pas laisser l'ennemi une seule locomotive, ni un seul wagon ; ne pas laisser l'ennemi un seul kilogramme de bl, ni un litre de carburant. Les kolkhoziens doivent emmener tout leur btail, verser leur bl en dpt aux organismes d'Etat qui l'achemineront vers les rgions de l'arrire. Toutes les matires de valeur, y compris les mtaux non ferreux, le bl et le carburant qui ne peuvent tre vacus, doivent tre absolument dtruites. Dans les rgions occupes par l'ennemi il faut former des dtachements de partisans cheval et pied, des groupes de sabotage pour lutter contre les units de l'arme ennemie, pour attiser la gurilla en tous lieux, pour faire sauter les ponts et les routes, dtriorer les communications tlphoniques et tlgraphiques, incendier les forts, les dpts, les convois. Dans les rgions envahies il faut crer des conditions insupportables pour l'ennemi et tous ses auxiliaires, les poursuivre et les dtruire chaque pas, faire chouer toutes les mesures prises par l'ennemi2. On ne peut considrer la guerre contre l'Allemagne fasciste comme une guerre ordinaire. Ce n'est pas seulement une guerre qui se livre entre deux armes. C'est aussi la grande guerre du peuple sovitique tout entier contre les troupes fascistes allemandes. Cette guerre du peuple pour le salut de la Patrie, contre les oppresseurs fascistes, n'a pas seulement pour objet de supprimer le danger qui pse sur notre pays, mais encore d'aider tous les peuples d'Europe qui gmissent sous le joug du fascisme allemand. Nous ne serons pas seuls dans cette guerre libratrice. Nos fidles allis dans cette grande guerre, ce seront les peuples de l'Europe et de l'Amrique y compris le peuple allemand qui est asservi par les

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meneurs hitlriens. Notre guerre pour la libert de notre Patrie se confondra avec la lutte des peuples d'Europe et d'Amrique pour leur indpendance, pour les liberts dmocratiques. Ce sera le front unique des peuples qui s'affirment pour la libert contre l'asservissement et la menace d'asservissement de la part des armes fascistes de Hitler. Ceci tant, le discours historique prononc par le Premier ministre de Grande-Bretagne, Monsieur Churchill, sur l'aide prter l'Union Sovitique3, et la dclaration du gouvernement des Etats-Unis se disant disposs prter assistance notre pays4, ne peuvent susciter qu'un sentiment de reconnaissance dans le cur des peuples de l'Union Sovitique ; ce discours et cette dclaration sont parfaitement comprhensibles et significatifs. Camarades, nos forces sont incalculables. L'ennemi prsomptueux s'en convaincra bientt. Aux cts de l'Arme rouge se lvent des milliers d'ouvriers, de kolkhoziens et d'intellectuels pour la guerre contre l'agresseur. On verra se lever les masses innombrables de notre peuple. Dj les travailleurs de Moscou et de Leningrad, pour appuyer l'Arme rouge, ont entrepris d'organiser une milice populaire forte de milliers et de milliers d'hommes. Cette milice populaire, il faut la crer dans chaque ville que menace le danger d'une invasion ennemie ; il faut dresser pour la lutte tous les travailleurs qui offriront leurs poitrines pour dfendre leur libert, leur honneur, leur pays, dans notre guerre contre le fascisme allemand, pour le salut de la Patrie. Afin de mobiliser rapidement toutes les forces des peuples de l'URSS pour organiser la riposte l'ennemi qui a attaqu perfidement notre Patrie, il a t form un Comit d'Etat pour la Dfense, qui dtient maintenant la plnitude du pouvoir dans le pays. Le Comit d'Etat pour la Dfense a commenc son travail ; il appelle le peuple entier se rallier autour du Parti de Lnine et de Staline, autour du Gouvernement sovitique, pour soutenir avec abngation l'Arme et la Flotte rouges, pour craser l'ennemi, pour remporter la victoire. Toutes nos forces pour le soutien de notre hroque Arme rouge, de notre glorieuse Flotte rouge ! Toutes les forces du peuple pour craser l'ennemi ! En avant vers la victoire ! Pravda, 3 juillet 1941. J. Staline, Sur la Grande Guerre de l'Union Sovitique pour le salut de la Patrie, Moscou, 1952, Ed. en langues trangres, p. 5-12.

Arrt du Comit d'tat de la Dfense Moscou, Kremlin, 19 octobre 1941Par ceci il est port la connaissance que la dfense de la capitale sur les lignes de dfenses situes 100-120 kilomtres l'ouest de Moscou est confie au gnral d'arme camarade Joukov, commandant le front Ouest; le lieutenant gnral camarade Artmiev, chef de la garnison de la ville de Moscou, est charg de dfendre Moscou sur ses abords. Afin d'assurer l'arrire la dfense de Moscou, de renforcer les derrires des troupes dfendant Moscou, et aussi afin de rprimer les menes des espions, des saboteurs et autres agents du fascisme allemand, le Comit d'Etat de la Dfense dcide : 1 De proclamer, dater du 20 octobre 1941, l'tat de sige dans la ville de Moscou et la rgion adjacente ;

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2 D'interdire la circulation dans les rues, tant des personnes que des transports, de minuit 5 heures du matin, exception faite pour les transports et les personnes munis de laisser-passer spciaux dlivrs par le commandant de la ville ; en cas d'alerte, le dplacement de la population et des transports doit s'effectuer conformment au rglement tabli par la DCA de Moscou et publi dans la presse ; 3 De charger le commandant de la ville de Moscou, le major gnral camarade Sinilov, d'assurer l'ordre le plus strict dans la ville et les rgions avoisinantes; et cet effet de mettre sa disposition les troupes de la garde intrieure du Commissariat du Peuple de l'Intrieur, la milice et des dtachements d'ouvriers volontaires ; 4 De traduire immdiatement devant le Tribunal militaire arrt du Comit d'Etat de la Dfense les infracteurs de l'ordre et de fusiller sur place les provocateurs, les espions et autres agents de l'ennemi exhortant troubler l'ordre. 5 Le Comit d'Etat de la Dfense invite tous les travailleurs de la capitale observer l'ordre et le calme, et apporter tout leur concours l'Arme rouge qui dfend Moscou. Le Prsident du Comit d'Etat de la Dfense J. Staline Pravda, 20 octobre 1941. France-URSS, dcembre 1944, n 3, nouvelle srie.

XXIVe anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre 6 novembre 1941(Rapport prsent la sance solennelle du Soviet des dputs des travailleurs de Moscou, largie aux organisations sociales et du Parti de cette ville, le 6 novembre 1941.) Camarades, Vingt-quatre ans ont pass depuis que la Rvolution socialiste d'Octobre a triomph chez nous et que le rgime sovitique a t instaur dans notre pays. Nous voici au seuil de l'anne suivante, la 25 anne d'existence du rgime sovitique. D'ordinaire, aux sances solennelles consacres l'anniversaire de la Rvolution d'Octobre, nous tablissons le bilan de nos succs dans l'uvre de construction pacifique pour l'anne coule. Nous avons en effet la possibilit d'tablir un tel bilan, puisque nos succs dans ce domaine se multiplient non seulement d'anne en anne, mais encore de mois en mois. Quels sont ces succs et quel est leur degr d'importance, c'est ce qui est connu de tous, de nos amis comme de nos ennemis. Mais l'anne coule n'est pas seulement une anne de construction pacifique. Elle est en mme temps celle de la guerre contre les envahisseurs allemands qui ont perfidement attaqu notre pays attach la paix. Ce n'est qu'au cours des six premiers mois de l'anne coule qu'il nous a t possible de poursuivre notre uvre de paix. La seconde moiti de l'anne, plus de quatre mois, se passe dans les conditions d'une guerre acharne contre les imprialistes allemands. C'est ainsi que la guerre marque un tournant dans le dveloppement de notre pays pour l'anne coule. Elle a sensiblement rduit et, dans certains domaines, compltement arrt notre uvre de construction pacifique. Elle

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nous a obligs rorganiser tout notre travail sur le pied de guerre. Elle a fait de notre pays un vaste, un unique arrire au service du front, au service de notre Arme rouge et notre Marine militaire. La priode de construction pacifique a pris fin. Et voil que s'est ouverte la priode de la guerre libratrice contre les envahisseurs allemands. Il est donc parfaitement opportun de poser la question du bilan de la guerre pour la seconde moiti de l'anne coule, plus exactement pour les quatre mois et plus de la seconde moiti de l'anne, et d'envisager les tches que nous nous proposons dans cette guerre libratrice. LA MARCHE DE LA GUERRE DEPUIS QUATRE MOIS J'ai dj dit, dans un de mes discours du dbut de la guerre, que celle-ci a cr une menace grave pour notre pays, qu'un srieux danger pse sur lui, qu'il faut se rendre compte de ce danger, en prendre conscience et rorganiser tout notre travail sur le pied de guerre. Maintenant, aprs quatre mois de guerre, je tiens souligner que ce danger, loin de diminuer, s'est encore aggrav. L'ennemi s'est empar d'une grande partie de l'Ukraine, de la Bilorussie, de la Moldavie, de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie et de diffrentes autres rgions ; il a pntr dans le bassin du Donetz ; il reste, telle une sombre nue, suspendu sur Leningrad ; il menace Moscou, notre glorieuse capitale. Les envahisseurs fascistes allemands ravagent notre pays, dtruisant les villes et les villages crs par le travail des ouvriers, des paysans et des intellectuels. Les hordes hitlriennes assassinent et violentent les habitants pacifiques de notre pays, sans pargner femmes, enfants, vieillards. Dans les rgions de notre pays envahies par les Allemands, nos frres gmissent sous le joug de l'oppresseur. Les combattants de notre arme et de notre flotte font couler des flots de sang ennemi en dfendant l'honneur et la libert de la Patrie, en repoussant courageusement les attaques de l'ennemi froce ; ils offrent des exemples de vaillance et d'hrosme. Mais l'ennemi ne recule devant aucun sacrifice, il ne mnage pas le moins du monde le sang de ses soldats; il jette sur le front des dtachements toujours nouveaux la place de ceux qui sont mis hors de combat, et il tend toutes ses forces pour s'emparer de Leningrad et de Moscou avant la venue des froids, car il sait que l'hiver ne lui promet rien de bon. En quatre mois de guerre nous avons perdu 350 000 hommes tus, 378 000 disparus ; nous comptons 1 020 000 blesss. Dans le mme temps, l'ennemi a perdu plus de 4 millions et demi d'hommes tus, blesss et prisonniers. Il est hors de doute qu'aprs quatre mois de guerre l'Allemagne, dont les rserves en hommes s'puisent dj, se trouve beaucoup plus affaiblie que l'Union Sovitique, dont les rserves ne font que se dployer maintenant dans toute leur ampleur. ECHEC DE LA GUERRE-ECLAIR En attaquant notre pays, les envahisseurs fascistes allemands comptaient pouvoir en finir coup sr avec l'Union Sovitique en un mois et demi ou deux mois, et pousser, dans ce court espace de temps, jusqu' l'Oural. Il faut dire que les Allemands ne dissimulaient pas ce plan de victoire- clair . Au contraire, ils l'exaltaient par tous les moyens. Les faits ont montr cependant toute la lgret et la fragilit de ce plan- clair . Maintenant ce plan insens doit tre considr comme dfinitivement avort. (Applaudissements.) Comment expliquer que la guerre-clair , qui a russi dans l'Ouest europen, n'a pas russi, a avort l'Est ? Sur quoi comptaient les stratges fascistes allemands en affirmant qu'ils en auraient fini en deux mois avec l'Union Sovitique et pousseraient, en ce bref dlai, jusqu' l'Oural ?

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C'est que, tout d'abord, ils espraient srieusement pouvoir crer une coalition gnrale contre l'URSS, y faire participer la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, aprs avoir agit devant les milieux dirigeants de ces pays lpouvantail de la rvolution ; ils espraient ainsi pouvoir isoler entirement des autres puissances notre pays. Les Allemands savaient que leur politique consistant spculer sur les contradictions entre les classes sociales de certains Etats, et entre ces Etats et le pays des Soviets, avait dj donn des rsultats en France, pays dont les gouvernants, s'tant laiss effrayer par l'pouvantail de la rvolution, avaient dans leur frayeur jet leur patrie aux pieds de Hitler et abandonn la rsistance. Les stratges fascistes allemands pensaient qu'il en serait de mme de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. C'est en somme dans ce but que les fascistes allemands envoyrent en Angleterre le fameux Hess, lequel devait dcider les hommes politiques anglais se joindre la croisade gnrale contre l'URSS5. Mais les Allemands se sont cruellement tromps. (Applaudissements.) Malgr les efforts tents par Hess, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, loin de se joindre la croisade des envahisseurs fascistes allemands contre l'URSS, se sont trouvs dans le mme camp que l'URSS, contre l'Allemagne hitlrienne. L'URSS, loin de se trouver isole, a acquis de nouveaux allis : la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, ainsi que les pays occups par les Allemands. Il s'est avr que la politique allemande consistant spculer sur les contradictions et agiter l'pouvantail de la rvolution a fait son temps, et n'est plus de mise dans la nouvelle situation. Bien plus : cette politique est grosse de graves dangers pour les envahisseurs allemands, car dans les nouvelles conditions cres par la guerre elle aboutit des rsultats diamtralement opposs. Les Allemands comptaient ensuite sur la fragilit du rgime sovitique, sur la fragilit de l'arrire sovitique; ils prsumaient que ds le premier choc srieux et les premiers insuccs de l'Arme rouge, des conflits clateraient entre ouvriers et paysans, les peuples de l'URSS en viendraient aux mains, il y aurait des soulvements, et le pays se dcomposerait en ses lments constituants, ce qui favoriserait la progression des envahisseurs allemands jusqu' l'Oural. Mais l encore les Allemands se sont cruellement tromps. Les insuccs de l'Arme rouge, loin d'affaiblir, ont renforc encore l'union des ouvriers et des paysans, ainsi que l'amiti des peuples de l'URSS. (Applaudissements.) Bien plus, ils ont fait de la famille des peuples de l'URSS un camp unique, indestructible, qui soutient avec abngation son Arme et sa Flotte rouges. Jamais encore l'arrire sovitique n'a t aussi solide qu' prsent. (Vifs applaudissements.) Il est fort probable que tout autre Etat, avec des pertes de territoires comme celles que nous avons subies jusqu' prsent, n'aurait pas rsist l'preuve et aurait priclit. Si le rgime sovitique a support avec cette facilit l'preuve et renforc encore plus son arrire, c'est que le rgime sovitique est, l'heure actuelle, le rgime le plus solide. (Vifs applaudissements.) Les envahisseurs allemands comptaient enfin sur la faiblesse de l'Arme et de la Flotte rouges ; ils prsumaient que l'arme et la flotte allemande russiraient, ds le premier choc, culbuter et disperser notre arme et notre flotte, s'ouvrir la route pour pntrer sans obstacle dans l'intrieur de notre pays. Mais l encore les Allemands se sont cruellement tromps, car ils surestimaient leurs forces et sous-estimaient celles de notre arme et de notre flotte. Certes, notre arme et notre flotte sont encore jeunes, elles ne combattent que depuis quatre mois; elles n'ont pas encore eu le temps de s'aguerrir, alors qu'elles ont devant elles la flotte et l'arme allemande qui, rompues ce mtier, font la guerre depuis deux ans dj. Mais d'abord, le moral de notre arme est suprieur celui de l'arme allemande, car elle dfend sa Patrie contre les envahisseurs trangers et croit en la justice de sa cause, alors que l'arme allemande mne une guerre de conqutes et met au pillage un pays tranger ; elle ne peut avoir foi, mme un instant, en la justice de sa cause ignominieuse. Il est hors de doute que l'ide de la dfense de la Patrie, au nom de laquelle nos hommes combattent, doit donner naissance et donne effectivement naissance dans notre arme des hros qui cimentent l'Arme rouge, alors que l'ide de conqute et de spoliation d'un pays tranger, au nom de quoi les Allemands font la guerre, doit donner naissance et donne effectivement naissance dans l'arme allemande des pillards de profession dpourvus de tout principe moral, qui dsagrgent l'arme allemande. En second lieu, en progressant vers l'intrieur de notre pays, l'arme allemande s'loigne de son arrire allemand, elle est oblige d'oprer dans une ambiance hostile, de se crer en pays tranger un nouvel arrire que dsagrgent d'ailleurs nos partisans, ce qui dsorganise fond le ravitaillement de l'arme allemande, lui fait craindre son arrire et tue en elle sa foi en la stabilit de sa situation. Cependant que notre arme opre dans son propre milieu, jouit de l'appui incessant de son arrire, est pourvue rgulirement en hommes,

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munitions, vivres, et a une ferme confiance dans son arrire. Voil pourquoi notre arme s'est trouve plus forte que ne le pensaient les Allemands, et l'arme allemande plus faible que ne le laissait prsumer le battage soulev par les envahisseurs fascistes. La dfense de Leningrad et de Moscou, au cours de laquelle nos divisions ont extermin rcemment une trentaine de divisions rgulires allemandes, tmoigne que dans le feu de la guerre pour le salut de la Patrie se forgent et se sont dj forgs de nouveaux combattants et commandants, pilotes, artilleurs, servants de mortiers, hommes de chars, fantassins et marins sovitiques qui, demain, seront la terreur de l'arme allemande. (Vifs applaudissements.) Nul doute que toutes ces circonstances prises ensemble n'aient dtermin d'avance l'chec invitable de la guerre-clair l'Est. CAUSES DES ECHECS TEMPORAIRES DE NOTRE ARMEE Tout cela est exact, videmment. Mais ce qui l'est aussi, c'est qu' ct de ces conditions favorables il existe encore pour l'Arme rouge des conditions dfavorables qui font que notre arme essuie des checs temporaires, est oblige de reculer, d'abandonner l'ennemi certaines rgions de notre pays. Quelles sont ces conditions dfavorables ? O chercher les causes des checs militaires temporaires de l'Arme rouge ? Une des causes des checs de l'Arme rouge, c'est l'absence d'un deuxime front en Europe contre les troupes fascistes allemandes. En effet, il n'existe point l'heure actuelle, sur le continent europen, d'arme de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis menant la guerre contre les troupes fascistes allemandes. Ce qui fait que les Allemands n'ont pas besoin de fragmenter leurs forces et de faire la guerre sur deux fronts, l'ouest et l'est. Et c'est ainsi que les Allemands, estimant que leur arrire est assur l'ouest, peuvent lancer contre notre pays toutes leurs troupes et celles de leurs allis en Europe. La situation prsente est telle que notre pays mne seul la guerre libratrice sans l'aide militaire de qui que ce soit, contre les forces coalises des Allemands, Finlandais, Roumains, Italiens et Hongrois. Les Allemands se prvalent de leurs succs temporaires, et sans mesure ils chantent louange leur arme en affirmant qu'elle peut toujours venir bout de l'Arme rouge dans des combats livrs seule seule. Or ces affirmations des Allemands ne sont que pure vantardise, car on ne comprend plus alors pourquoi les Allemands ont recours l'aide des Finlandais, des Roumains, des Italiens, des Hongrois, contre l'Arme rouge qui combat exclusivement avec ses propres forces, sans une aide militaire du dehors. Nul doute que l'absence d'un deuxime front en Europe contre les Allemands n'allge considrablement la situation de l'arme allemande. On ne saurait douter non plus que la formation d'un deuxime front sur le continent europen, et il doit absolument se former bref dlai (vifs applaudissements), allgera sensiblement la situation de notre arme au dtriment de l'arme allemande. Une autre cause des checs temporaires de notre arme, c'est le manque de chars et, en partie, le manque d'avions. Dans la guerre actuelle, il est trs difficile l'infanterie de combattre sans chars et sans tre suffisamment appuye par l'aviation. Par sa qualit, notre aviation est suprieure l'aviation allemande, et nos glorieux pilotes ont acquis la renomme de combattants intrpides. (Applaudissements.) Mais pour le moment nous avons moins d'avions que les Allemands. La qualit de nos chars est suprieure celle des chars allemands, et nos glorieux hommes de chars et artilleurs ont plus d'une fois mis en droute les troupes allemandes tant vantes, avec leurs nombreux chars de combat. (Applaudissements.) Cependant la quantit de chars que nous possdons est de beaucoup infrieure celle des Allemands. L est le secret des succs temporaires de l'arme allemande. On ne peut pas dire que notre industrie des chars travaille mal et en livre peu notre front. Non, elle travaille trs bien et fabrique quantit de chars excellents. Mais les Allemands en produisent beaucoup plus, car l'heure actuelle ils disposent non seulement de leur propre industrie de chars, mais de celle de la Tchcoslovaquie, de la Belgique, de la Hollande, de la France. Autrement, l'Arme rouge aurait depuis

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longtemps cras l'arme allemande, qui ne va au combat qu'appuye par des chars et ne rsiste pas au choc de nos units quand elle n'a pas la supriorit en chars. (Applaudissements.) Il n'est qu'un seul moyen de rduire nant la supriorit des Allemands en chars et d'amliorer ainsi, foncirement, la situation de notre arme. Ce moyen consiste pousser fond dans notre pays non seulement la production des chars, mais aussi celle des avions antichars, des fusils et canons, des grenades et mortiers antichars ; creuser le maximum de fosss et dresser toutes sortes d'autres obstacles antichars. L est notre tche aujourd'hui. Cette tche, nous pouvons et devons l'accomplir tout prix ! CE QUE SONT LES NATIONAUX-SOCIALISTES D'ordinaire on donne chez nous aux envahisseurs allemands, c'est--dire aux hitlriens, le nom de fascistes. Les hitlriens, ce qu'il parat, estiment que cela n'est pas juste et ils persistent s'intituler nationaux-socialistes . Ainsi les Allemands veulent nous faire croire que le parti des hitlriens, le parti des envahisseurs allemands, qui pille l'Europe et a organis une agression sclrate contre notre Etat socialiste, serait un parti socialiste. La chose est-elle possible ? Que peut-il y avoir de commun entre le socialisme et les froces envahisseurs hitlriens qui dpouillent et oppriment les peuples d'Europe ? Les hitlriens peuvent-ils tre considrs comme des nationalistes ? Non, bien sr. En ralit, les hitlriens ne sont pas prsent des nationalistes, mais des imprialistes. Tant que les hitlriens s'occupaient de rassembler les terres allemandes et de runir leur pays la Rhnanie, l'Autriche, etc., on pouvait les regarder avec certaine raison comme des nationalistes. Mais depuis qu'ils se sont empars des territoires d'autrui et ont asservi des nations europennes : Tchques, Slovaques, Polonais, Norvgiens, Danois, Hollandais, Belges, Franais, Serbes, Grecs, Ukrainiens, Bilorussiens, Baltes et autres, et qu'ils visent la domination mondiale, le parti hitlrien a cess d'tre un parti nationaliste, car ds ce moment-l il est devenu un parti imprialiste, un parti d'envahisseurs et d'oppresseurs. Le parti des hitlriens est un parti d'imprialistes, d'imprialistes les plus rapaces, les plus spoliateurs entre tous les imprialistes du monde. Peut-on considrer les hitlriens comme des socialistes ? Non, bien sr. En ralit, les hitlriens sont les ennemis jurs du socialisme, les pires ultra-ractionnaires, qui ont ravi la classe ouvrire et aux peuples de l'Europe les liberts dmocratiques lmentaires. Pour masquer leur nature ultraractionnaire, les hitlriens traitent le rgime intrieur anglo-amricain de rgime ploutocratique. Mais en Angleterre et aux Etats-Unis, il existe des syndicats d'ouvriers et d'employs, il existe des partis ouvriers, il existe un parlement ; tandis qu'en Allemagne toutes ces institutions ont t supprimes sous le rgime hitlrien. Il suffit de mettre en parallle ces deux sries de faits pour comprendre la nature ractionnaire du rgime hitlrien et toute la fausset des bavardages des fascistes allemands sur le rgime ploutocratique anglo-amricain. Dans le fond, le rgime hitlrien a t calqu sur le rgime ractionnaire de la Russie des tsars. On sait que les hitlriens foulent aux pieds les droits des ouvriers, les droits des intellectuels et les droits des peuples, aussi volontiers que le faisait le rgime tsariste ; qu'ils se livrent des pogroms moyengeux contre les Juifs, aussi volontiers que le faisait le rgime tsariste. Le parti des hitlriens est le parti des ennemis des liberts dmocratiques, le parti de la raction moyengeuse et des pogroms du plus sombre fanatisme.

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Et si ces imprialistes dchans et ces pires ractionnaires continuent se draper dans la toge de nationalistes et de socialistes , ils le font pour tromper le peuple, abuser les nafs et couvrir du drapeau du nationalisme et du socialisme leur nature de brigands imprialistes. Des corbeaux qui se parent des plumes du paon... Mais ces corbeaux peuvent se parer des plumes du paon, ils n'en resteront pas moins des corbeaux. Il faut tout mettre en uvre, dit Hitler, pour que le monde soit conquis par les Allemands. Si nous voulons fonder notre grand empire germanique, nous devons avant tout chasser et exterminer les peuples slaves : Russes, Polonais, Tchques, Slovaques, Bulgares, Ukrainiens, Bilorussiens. Il n'y a aucune raison de ne pas le faire. L'homme, dit Hitler, pche de naissance, on ne peut le gouverner que par la force. Tous les moyens sont permis avec lui. Lorsque la politique l'exige, il faut mentir, trahir et mme tuer. Tuez, dit Gring, tous ceux qui sont contre nous ; tuez, tuez, ce n'est pas vous qui en portez la responsabilit, c'est moi, donc tuez ! J'affranchis l'homme, dit Hitler, de cette chimre humiliante que l'on nomme conscience. La conscience comme l'instruction estropie l'homme. J'ai cet avantage de n'tre retenu par aucune considration d'ordre thorique ou moral.

Dans un ordre du commandement allemand adress au 489e rgiment d'infanterie, en date du 25 septembre, ordre qui a t trouv sur un sous-officier allemand tu, il est dit : J'ordonne d'ouvrir le feu sur tout Russe ds qu'il paratra une distance de 600 mtres. Le Russe doit savoir qu'il a contre lui un ennemi rsolu, dont il ne peut attendre aucune indulgence.

Dans un des appels adresss par le commandement allemand aux soldats et trouv sur un tu, le lieutenant Gustav Ziegel, de Francfort-sur-le-Main, il est dit : Tu n'as ni cur, ni nerfs, la guerre ils sont inutiles. Etouffe en toi la piti et la compassion, tue tout Russe, tout Sovitique, ne t'arrte pas si tu es en prsence d'un vieillard ou d'une femme, d'une fillette ou d'un petit garon, tue, c'est ainsi que tu auras la vie sauve, que tu assureras l'avenir de ta famille et acquerras une gloire ternelle.

Tels sont le programme et les directives des leaders du parti hitlrien et du commandement hitlrien, programme et directives d'hommes qui ont perdu toute face humaine et sont tombs au rang des btes froces6. Et ces gens sans conscience ni honneur, ces gens morale de bte fauve, ont l'impudence d'appeler exterminer la grande nation russe, la nation de Plkhanov7 et de Lnine, de Blinski8 et de Tchernychevski9 de Pouchkine10 et de Tolsto11, de Glinka12 et de Tchakovski13, de Gorki14 et de Tchkhov15, de Stchnov16 et de Pavlov17, de Rpine18 et de Sourikov19, de Souvorov20 et de Koutouzov21 !... Les envahisseurs allemands veulent une guerre d'extermination contre les peuples de l'URSS. Qu' cela ne tienne, si les Allemands veulent une guerre d'extermination, ils l'auront. (Vifs applaudissements prolongs.) Dsormais notre tche, la tche des peuples de l'URSS, la tche des combattants, des commandants et des travailleurs politiques de notre arme et de notre flotte, consistera exterminer jusqu'au dernier tous les Allemands qui auront pntr dans le territoire de notre Patrie en qualit d'envahisseurs. (Vifs applaudissements. Cris : C'est juste ! Hourra ! )

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Pas de quartier pour les envahisseurs allemands ! Mort aux envahisseurs allemands ! (Vifs applaudissements.) L'ECRASEMENT DES IMPERIALISTES ALLEMANDS ET DE LEURS ARMEES EST CERTAIN Le fait seul que dans leur dgradation morale les envahisseurs allemands, ayant perdu toute face humaine, sont tombs depuis longtemps au rang de btes froces, ce fait seul dit qu'ils sont vous une perte certaine. Mais la perte certaine des envahisseurs hitlriens et de leurs armes n'est pas dtermine seulement par des facteurs d'ordre moral. Il existe trois autres facteurs essentiels, dont la force s'accrot de jour en jour et qui doivent amener, dans un proche avenir, l'crasement invitable de l'imprialisme de brigandage hitlrien. (Applaudissements.) C'est d'abord la fragilit de l'arrire europen de l'Allemagne imprialiste, la fragilit de l' ordre nouveau en Europe. Les envahisseurs allemands ont asservi les peuples du continent europen, de la France aux Pays baltes sovitiques, de la Norvge, du Danemark, de la Belgique, de la Hollande et de la Bilorussie sovitique aux Balkans et l'Ukraine sovitique. Ils leur ont ravi leurs liberts dmocratiques lmentaires, le droit de disposer de leur sort; ils leur ont pris le bl, la viande, les matires premires ; ils en ont fait leurs esclaves ; ils ont crucifi les Polonais, les Tchques, les Serbes et ont dcid que, ayant conquis la domination en Europe, ils peuvent dsormais, sur cette base, asseoir la domination de l'Allemagne dans le monde. Cela s'appelle chez eux l' ordre nouveau en Europe. Mais quelle est cette base , quel est cet ordre nouveau ? Seuls les bents hitlriens, qui sont en admiration devant eux-mmes, ne voient pas que cet ordre nouveau en Europe et la fameuse base de cet ordre sont un volcan prt exploser tout moment et ensevelir le chteau de cartes des imprialistes allemands. On invoque Napolon, en assurant que Hitler agit comme lui et qu'il ressemble en toutes choses Napolon. Mais d'abord il ne faudrait pas oublier quel fut le sort de Napolon. En second lieu, Hitler ne ressemble pas plus Napolon qu'un petit chat ressemble un lion (rires, applaudissements) ; car Napolon combattit les forces de raction en s'appuyant sur les forces de progrs, tandis que Hitler, au contraire, s'appuie sur les forces de raction pour combattre les forces de progrs. Seuls les bents hitlriens de Berlin ne peuvent comprendre que les peuples asservis d'Europe lutteront et se soulveront contre la tyrannie hitlrienne. Qui peut douter que l'URSS, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n'apportent leur appui entier aux peuples d'Europe dans leur lutte libratrice contre la tyrannie hitlrienne ? (Applaudissements.) C'est ensuite la fragilit de l'arrire des envahisseurs hitlriens en Allemagne. Tant que les hitlriens s'occupaient de rassembler l'Allemagne, brise en morceaux en vertu du trait de Versailles, ils pouvaient bnficier de l'appui du peuple allemand qu'inspirait un idal : le rtablissement de l'Allemagne. Mais cette tche une fois accomplie et les hitlriens engags dans la voie de l'imprialisme, ayant entrepris de conqurir des terres d'autrui et de subjuguer d'autres peuples, en faisant des peuples de l'Europe et de ceux de l'URSS les ennemis jurs de l'Allemagne actuelle, un profond revirement s'est opr dans le peuple allemand contre la continuation de la guerre, pour la liquidation de celle-ci. Plus de deux annes d'une guerre sanglante, dont on ne voit pas encore la fin; des millions de vies humaines sacrifies ; la faim ; la misre ; les pidmies ; partout une atmosphre hostile aux Allemands ; la sotte politique de Hitler qui a fait des peuples de l'URSS les ennemis jurs de l'Allemagne actuelle : tout cela ne pouvait manquer de dresser le peuple allemand contre cette guerre inutile et ruineuse. Seuls les bents hitlriens ne peuvent comprendre que non seulement l'arrire europen, mais aussi l'arrire allemand des troupes allemandes est un volcan prt exploser et ensevelir les aventuriers hitlriens.

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Enfin la coalition de l'URSS, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis d'Amrique contre les imprialistes fascistes allemands. C'est un fait que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Union Sovitique ont form un camp unique, qui s'assigne pour but d'craser les imprialistes hitlriens et leurs armes d'invasion. La guerre d'aujourd'hui est une guerre de moteurs. La gagnera qui aura une supriorit crasante dans la fabrication des moteurs. Si l'on runit la fabrication des moteurs aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en URSS, nous aurons par rapport l'Allemagne au moins trois fois plus de moteurs. C'est l un des lments de la dbcle certaine de l'imprialisme de brigandage hitlrien. La rcente confrence des trois Puissances Moscou, laquelle participrent M. Beaverbrook, reprsentant de la Grande-Bretagne et M. Harriman, reprsentant les Etats-Unis, a dcid d'aider systmatiquement notre pays en chars et en avions22. Comme on sait, nous recevons dj, en vertu de cette dcision, des chars et des avions. Un peu avant, la Grande-Bretagne s'est charge de ravitailler notre pays en matires dficientes comme l'aluminium, le plomb, ltain, le nickel, le caoutchouc23. Si l'on ajoute cela que ces jours-ci les Etats-Unis ont dcid de consentir l'Union Sovitique un emprunt d'un milliard de dollars24, on peut dire en toute certitude que la coalition des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'URSS est une chose relle (vifs applaudissements) qui grandit et continuera de grandir au profit de notre uvre commune de libration. Tels sont les facteurs qui dterminent la perte certaine de l'imprialisme fasciste allemand. NOS TACHES Lnine distinguait deux genres de guerres : les guerres de conqute et, par consquent, injustes, et les guerres libratrices, les guerres justes. Les Allemands mnent prsent une guerre de conqute, une guerre injuste, qui vise s'emparer de territoires d'autrui et subjuguer les autres peuples. C'est pourquoi tous les hommes honntes doivent se dresser contre ces ennemis que sont les envahisseurs allemands. A la diffrence de l'Allemagne hitlrienne, l'Union Sovitique et ses allis mnent une guerre libratrice, une guerre juste, qui vise librer de la tyrannie hitlrienne les peuples asservis de l'Europe et de l'URSS. C'est pourquoi tous les hommes honntes doivent soutenir les armes de l'URSS, de la Grande-Bretagne et des autres allis, en tant qu'armes libratrices. Nous ne nous proposons ni ne pouvons nous proposer des buts de guerre tels que l'annexion de territoires d'autrui et l'asservissement de peuples trangers, qu'il s'agisse des peuples et territoires en Europe ou des peuples et territoires en Asie, y compris l'Iran25. Notre premier but est de librer notre territoire et nos peuples du joug fasciste allemand. Nous ne nous proposons ni ne pouvons nous proposer des buts de guerre tels que : imposer notre volont et notre rgime aux peuples slaves et aux autres peuples asservis d'Europe, qui attendent notre aide. Notre but est de venir en aide ces peuples dans leur lutte libratrice contre la tyrannie hitlrienne, et de leur permettre ensuite de s'organiser sur leur sol en toute libert, comme bon leur semble. Aucune ingrence dans les affaires intrieures des autres peuples ! Mais pour atteindre ces buts, il faut anantir la puissance militaire des envahisseurs allemands, il faut exterminer jusqu'au dernier tous les envahisseurs allemands qui ont pntr dans notre Patrie pour l'asservir. (Vifs applaudissements prolongs.) Il faut pour cela que notre arme et notre flotte aient l'appui actif et efficace de tout notre pays; il faut que nos ouvriers et employs, hommes et femmes, travaillent dans les entreprises sans rpit et fournissent au front toujours plus de chars, de fusils et pices antichars, d'avions, de canons, de mortiers, de mitrailleuses, de fusils, de munitions ; il faut que nos kolkhoziens, hommes et femmes,

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travaillent dans leurs champs sans rpit et fournissent au front et au pays toujours plus de bl, de viande, de matires premires pour l'industrie ; il faut que tout notre pays et tous les peuples de l'URSS forment un seul camp militaire, menant de pair avec notre arme et notre flotte la grande guerre libratrice pour l'honneur et la libert de notre Patrie, pour l'crasement des armes allemandes. (Vifs applaudissements.) L est notre tche aujourd'hui. Cette tche nous pouvons et devons l'accomplir. Ce n'est qu'aprs avoir accompli cette tche et cras les envahisseurs allemands que nous pourrons obtenir une paix durable et juste. Pour l'crasement total des envahisseurs allemands ! (Vifs applaudissements.) Pour l'affranchissement de tous les peuples opprims qui gmissent sous le joug de la tyrannie hitlrienne ! (Vifs applaudissements.) Vive l'amiti indestructible des peuples de l'Union Sovitique ! (Vifs applaudissements.) Vive notre Arme et notre Flotte rouges ! (Vifs applaudissements.) Vive notre glorieuse Patrie ! (Vifs applaudissements.) Notre cause est juste, nous vaincrons ! (Applaudissements en rafale. Toute la salle se lve. Acclamations : Au grand Staline, hourra ! Vive le camarade Staline ! Longue ovation enthousiaste, on chante l'Internationale .) Pravda, 7 novembre 1944. Sur la Grande Guerre... , p. 13-29.

Discours prononc la revue de l'Arme rouge le 7 novembre 1941 sur la place Rouge MoscouCamarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, ouvriers et ouvrires, kolkhoziens et kolkhoziennes, travailleurs intellectuels, frres et surs qui, l'arrire de notre ennemi, tes tombs momentanment sous le joug des bandits allemands, nos glorieux partisans et partisanes qui dtruisez les arrires des envahisseurs allemands ! Au nom du Gouvernement sovitique et de notre Parti bolchevik, je vous salue et vous flicite l'occasion du 24e anniversaire de la Grande Rvolution socialiste d'Octobre. Camarades, nous clbrons aujourd'hui le 24e anniversaire de la Rvolution d'Octobre en une heure trs grave. L'agression perfide des bandits allemands et la guerre qu'ils nous ont impose mettent en pril notre pays. Nous avons perdu temporairement une srie de rgions. L'ennemi est aux portes de Leningrad et de Moscou. Il comptait qu'au premier choc notre arme serait disperse et notre pays mis genoux. Mais l'ennemi s'est cruellement tromp. Malgr les insuccs temporaires, notre arme et notre flotte repoussent hroquement les attaques ennemies sur toute la ligne du front, lui infligeant de lourdes pertes ; et notre pays tout notre pays, a form un seul camp militaire pour assurer, de concert avec notre arme et notre flotte, la dbcle des envahisseurs allemands. Il y a eu des jours o notre pays connut une situation encore plus pnible. Rappelez-vous l'anne 1918, date laquelle nous clbrions notre premier anniversaire de la Rvolution d'Octobre. Les trois quarts de notre pays se trouvaient alors aux mains de l'intervention trangre. Nous avions momentanment perdu l'Ukraine, le Caucase, l'Asie centrale, l'Oural, la Sibrie, l'Extrme-Orient. Nous n'avions pas

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d'allis, nous n'avions pas d'Arme rouge, nous tions seulement en train de la crer; nous manquions de bl, d'armements, d'quipements. Quatorze Etats enserraient notre pays, mais nous ne nous laissions pas dcourager, ni abattre. C'est dans le feu de la guerre que nous organisions alors notre Arme rouge et avions chang notre pays en un camp retranch. L'esprit du grand Lnine nous inspirait alors pour une guerre contre l'intervention trangre. Et qu'est-il advenu ? Nous avons battu l'intervention, rcupr tous les territoires perdus et obtenu la victoire. Maintenant la situation de notre pays est bien meilleure qu'il y a vingt-trois ans. Notre pays est de beaucoup plus riche maintenant en industrie, en denres alimentaires et en matires premires, qu'il y a vingt-trois ans. Nous avons maintenant des allis qui forment avec nous un front unique contre les envahisseurs allemands. Nous jouissons maintenant de la sympathie et du soutien de tous les peuples d'Europe tombs sous le joug de la tyrannie hitlrienne. Nous possdons maintenant une arme remarquable et une remarquable flotte, qui font un rempart de leurs corps pour sauvegarder la libert et l'indpendance de notre Patrie. Nous n'prouvons pas un srieux manque de produits alimentaires, ni d'armement, ni d'quipements. Tout notre pays, tous les peuples de notre pays soutiennent notre arme, notre flotte ; il les aident battre les hordes d'invasion des fascistes allemands. Nos rserves en hommes sont inpuisables. L'esprit du grand Lnine et son victorieux drapeau nous exaltent aujourd'hui, comme il y a vingt-trois ans, dans la guerre pour le salut de la Patrie. Peut-on douter que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands ? L'ennemi n'est pas aussi fort que le reprsentent certains intellectuels apeurs. Le diable n'est pas si noir qu'on le fait. Qui peut nier que notre Arme rouge a plus d'une fois mis en fuite les fameuses troupes allemandes prises de panique ? Si l'on en juge non pas d'aprs les dclarations fanfaronnes des propagandistes allemands, mais d'aprs la situation vritable de l'Allemagne, on comprendra sans peine que les envahisseurs fascistes allemands sont la veille d'une catastrophe. La famine et la misre rgnent actuellement en Allemagne ; en quatre mois de guerre l'Allemagne a perdu 4 500 000 soldats, son sang coule flots, ses rserves en hommes sont prs de s'puiser, l'esprit d'indignation s'empare non seulement des peuples de l'Europe tombs sous le joug des envahisseurs allemands, mais aussi du peuple allemand lui-mme, qui n'aperoit pas la fin de la guerre. Les envahisseurs allemands tendent leurs dernires forces. Il est hors de doute que l'Allemagne ne peut soutenir longtemps une tension pareille. Encore quelques mois, encore six mois, peut-tre une petite anne, et l'Allemagne hitlrienne devra crouler sous le poids de ses forfaits. Camarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes ! Le monde entier voit en vous une force capable d'anantir les hordes d'invasion des bandits allemands. Les peuples asservis de l'Europe, tombs sous le joug des envahisseurs allemands, vous regardent comme leurs librateurs. Une grande mission libratrice vous est dvolue. Soyez donc dignes de cette mission. La guerre que vous menez est une guerre libratrice, une guerre juste. Puisse vous inspirer dans cette guerre le glorieux exemple de nos grands anctres Alexandre Nevski26, Dimitri Donsko27, Kouzma Minine, Dimitri Pojarski28, Alexandre Souvorov, Mikhal Koutouzov ! Que le drapeau victorieux du grand Lnine vous rallie sous ses plis ! Pour l'crasement complet des envahisseurs allemands ! Mort aux usurpateurs allemands ! Vivent notre glorieuse Patrie, sa libert, son indpendance ! Sous le drapeau de Lnine, en avant vers la victoire ! Pravda, 8 novembre 1941. Sur la Grande Guerre... , p. 30-32

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Ordre du jour du Commissaire du peuple la Dfense de l'URSS N 55 Moscou, 23 fvrier 1942Camarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes ! Les peuples de notre pays clbrent le 24e anniversaire de l'Arme rouge, en cette heure grave de la guerre pour le salut de la Patrie, contre l'Allemagne fasciste qui attente lchement et sans vergogne la vie et la libert de notre Patrie. Sur toute l'tendue d'un front immense, qui va de l'ocan Glacial la mer Noire, les combattants de l'Arme et de la Flotte rouges livrent des combats acharns pour chasser hors de notre pays les envahisseurs fascistes allemands, pour sauvegarder l'honneur et l'indpendance de notre Patrie. Ce n'est pas la premire fois que l'Arme rouge a dfendre notre Patrie contre l'agresseur. L'Arme rouge a t cre, il y a vingt-quatre ans, pour lutter contre les troupes d'intervention trangre qui voulaient dmembrer notre pays et dtruire son indpendance. Les jeunes dtachements de l'Arme rouge, qui pour la premire fois taient entrs en campagne, battirent plate couture les envahisseurs allemands devant Pskov et Narva, le 23 fvrier 1918. C'est pourquoi le 23 fvrier 1918 a t proclam jour anniversaire de la naissance de l'Arme rouge. Celle-ci a grandi depuis, et elle s'est renforce dans la lutte contre l'intervention trangre. Elle a dfendu et sauvegard notre Patrie en se battant, en 1918, contre les envahisseurs allemands qu'elle a chasss d'Ukraine et de Bilorussie. Elle a dfendu et sauvegard notre Patrie en se battant, en 1919-1921, contre les troupes de l'tranger, celles de l'Entente, et les a boutes hors de notre pays. La mise en droute de l'intervention trangre pendant la guerre civile a assur aux peuples de l'Union Sovitique une paix durable et la possibilit de travailler l'uvre de construction pacifique. Ces vingt annes de construction pacifique ont vu natre dans notre pays une industrie socialiste et une agriculture kolkhozienne, s'panouir la science et la culture, se resserrer l'amiti des peuples de notre pays. Mais le peuple sovitique n'a jamais oubli que l'ennemi pouvait de nouveau attaquer notre Patrie. C'est pourquoi, paralllement au progrs de l'industrie et de l'agriculture, de la science et de la culture, montait aussi la puissance militaire de l'Union Sovitique. Cette puissance, certains amateurs de terres d'autrui l'ont dj prouve leurs dpens. Et c'est ce dont se rend compte aujourd'hui la fameuse arme des fascistes allemands. Il y a huit mois l'Allemagne fasciste attaquait perfidement notre pays ; elle violait ainsi brutalement et lchement le trait de non-agression. L'ennemi pensait qu'au premier choc l'Arme rouge serait battue et perdrait sa capacit de rsistance. Mais il s'est lourdement tromp. Il n'a pas tenu compte de la solidit de l'arrire sovitique; il n'a pas tenu compte de la volont de vaincre qui est celle des peuples de notre pays ; il n'a pas tenu compte de la fragilit de l'arrire europen de l'Allemagne fasciste ; il n'a pas tenu compte, enfin, de la faiblesse intrieure de l'Allemagne fasciste et de son arme. Au cours des premiers mois de la guerre, l'agression des fascistes allemands s'tant faite par surprise et de faon imprvue, l'Arme rouge a d se replier, abandonner une partie du territoire sovitique. Mais, ce faisant, elle harcelait les forces ennemies et leur portait des coups rudes. Ni les combattants de l'Arme rouge, ni les peuples de notre pays n'ont dout que ce repli ne ft momentan, que l'ennemi serait arrt et ensuite cras. Au cours de la guerre, l'Arme rouge acqurait de nouvelles forces vitales, recevait des renforts en hommes et en matriel ; de nouvelles divisions de rserve venaient son aide. Et l'heure est venue o l'Arme rouge a pu passer l'offensive dans les principaux secteurs de ce front immense. En peu de temps, elle a port des coups successifs aux troupes fascistes allemandes devant Rostov-sur-Don et devant Tikhvine, en Crime et devant Moscou. En des combats acharns livrs devant Moscou, elle battit les troupes fascistes allemandes que menaaient de cerner la capitale sovitique. Elle a rejet l'ennemi loin de Moscou et continue le refouler vers l'ouest. Les rgions de Moscou et de Toula, des

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dizaines de villes et des centaines de villages dans d'autres rgions, qui avaient t momentanment envahis par l'ennemi, sont entirement librs de l'invasion allemande. Maintenant les Allemands n'ont plus cet avantage militaire qu'ils avaient aux premiers mois de la guerre, grce leur agression faite de perfidie et de surprise. L'lment de surprise et d'imprvu, en tant que rserve de guerre des troupes fascistes allemandes, est dsormais entirement puis. Et c'est ainsi que l'ingalit des conditions de guerre due la surprise de l'agression fasciste allemande, se trouve abolie. Maintenant l'issue de la guerre ne sera plus dtermine par ce facteur de contingence qui est la surprise, mais par des facteurs dont l'action s'exerce de faon constante : la solidit de l'arrire, le moral de l'arme, le nombre et la qualit des divisions, l'armement, les capacits d'organisation des cadres de l'arme. Une chose est noter ce propos : il a suffi que le facteur surprise disparaisse de l'arsenal des Allemands pour que l'arme fasciste se trouve place devant une catastrophe. Les fascistes allemands estiment que leur arme est invincible; que dans une guerre seule seule, elle battrait incontestablement l'Arme rouge. Aujourd'hui l'Arme rouge et l'arme fasciste font la guerre seule seule. Bien plus : l'arme fasciste des Allemands est directement seconde sur le front par des troupes venant d'Italie, de Roumanie et de Finlande. L'Arme rouge ne bnficie pas pour le moment d'une aide de ce genre. Et cependant la fameuse arme allemande essuie des dfaites, tandis que l'Arme rouge connat d'importants succs. Sous les coups vigoureux de l'Arme rouge, les troupes allemandes reculent vers l'ouest, subissant des pertes normes en hommes et en matriel. Elles s'accrochent chaque position, s'efforant de diffrer le jour de leur dbcle. Mais l'ennemi aura beau faire, prsent l'initiative est entre nos mains, et tous les efforts tents par la machine de guerre hitlrienne, rouille et dtraque, ne peuvent contenir la pousse de l'Arme rouge. Le jour n'est pas loign o celle-ci, d'un coup vigoureux, rejettera l'ennemi forcen loin de Leningrad, le chassera hors des villes et des villages de Bilorussie et d'Ukraine, de Lituanie et de Lettonie, d'Estonie et de Carlie, dlivrera la Crime sovitique ; le jour n'est pas loign o, de nouveau, sur toute la terre sovitique, les drapeaux rouges flotteront victorieux. Ce serait cependant faire preuve d'une myopie impardonnable que de s'endormir sur les succs remports et de s'imaginer que c'en est fait des troupes allemandes. Ce serait l pure vantardise et prsomption indignes de l'homme sovitique. Il ne faut pas oublier que bien des difficults nous attendent encore. L'ennemi subit des dfaites, mais il n'est pas encore battu, et encore moins achev. L'ennemi est encore fort. Il tendra ses dernires nergies pour obtenir des succs. Plus il sera battu, et plus il sera froce. Il nous faut donc que la formation des rserves pour aider le front ne faiblisse pas un instant dans notre pays. Il faut que des units toujours nouvelles partent au front pour y forger la victoire sur l'ennemi dchan. Il faut que notre industrie, notre industrie de guerre surtout, travaille avec une nergie redouble. Il faut que chaque jour le front reoive une quantit toujours plus grande de chars, d'avions, de canons, de mortiers, de mitrailleuses, de fusils, de pistolets-mitrailleurs, de munitions. L est une des sources principales de la force, de la puissance de l'Arme rouge. Mais sa force n'est pas l seulement. Ce qui fait la force de l'Arme rouge, c'est avant tout qu'elle ne mne pas une guerre de conqute, imprialiste, mais une guerre pour le salut de la Patrie, une guerre libratrice et juste. L'Arme rouge a pour mission de librer notre territoire sovitique des envahisseurs allemands, de dlivrer de leur joug les citoyens de nos villages et de nos villes, qui taient libres et vivaient humainement avant la guerre, et qui aujourd'hui sont opprims, spolis, ruins et affams; la mission de l'Arme rouge consiste enfin dlivrer nos femmes de la honte et des outrages que les brutes fascistes allemandes leur font subir. Est-il rien de plus noble et de plus lev qu'une telle mission ? Aucun soldat allemand ne peut dire qu'il fait une guerre juste, car il ne peut pas ne pas voir qu'on le force se battre pour piller et opprimer d'autres peuples. Pour le soldat allemand, la guerre n'a point de but noble et lev, capable de l'exalter et dont il pourrait s'enorgueillir. Tandis que, au contraire, tout combattant de l'Arme rouge peut dire

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avec fiert qu'il mne une guerre juste, libratrice, une guerre pour la libert et l'indpendance de sa Patrie. L'Arme rouge poursuit dans la guerre un but noble et lev, qui la pousse faire des exploits. Voil pourquoi la guerre pour le salut de la Patrie engendre chez nous des milliers de hros et d'hrones, prts mourir pour la libert de leur pays. L est la force de l'Arme rouge. L est aussi la faiblesse de l'arme des fascistes allemands. Il est des bavards, dans la presse trangre, qui parfois prtendent que l'Arme rouge a pour but d'exterminer le peuple allemand et de dtruire l'Etat allemand. C'est l videmment un mensonge absurde et une calomnie peu intelligente contre l'Arme rouge. Celle-ci ne se propose pas et ne peut pas se proposer des buts aussi stupides. L'Arme rouge a pour mission de chasser de notre pays les occupants et de librer la terre sovitique des envahisseurs fascistes allemands. Il est fort probable que la guerre pour la libration de la terre sovitique aboutisse au bannissement ou la destruction de la clique de Hitler. Nous nous fliciterions d'un pareil dnouement. Mais il serait ridicule d'identifier la clique de Hitler avec le peuple allemand, avec l'Etat allemand. L'histoire montre que les Hitlers arrivent et passent, tandis que le peuple allemand, l'Etat allemand demeurent. Ce qui fait la force de l'Arme rouge, c'est enfin qu'elle ne nourrit pas et ne saurait nourrir la haine de race envers les autres peuples, y compris le peuple allemand ; qu'elle est forme dans l'esprit de l'galit des droits de tous les peuples et de toutes les races ; forme dans le respect des droits des autres peuples. La thorie raciste des Allemands et la pratique de la haine des races ont fait de tous les peuples pris de libert les ennemis de l'Allemagne fasciste. La thorie de l'galit des races en URSS et la pratique du respect pour les droits des autres peuples ont fait que tous les peuples pris de libert sont devenus les amis de l'Union Sovitique. L est la force de l'Arme rouge. L est aussi la faiblesse de l'arme des fascistes allemands. Il est des bavards, dans la presse trangre, qui parfois prtendent que les citoyens sovitiques hassent les Allemands, prcisment parce qu'ils sont Allemands ; que l'Arme rouge extermine les soldats allemands, prcisment parce qu'ils sont Allemands, en haine de tout ce qui est allemand ; que pour cette raison l'Arme rouge ne fait pas prisonniers les soldats allemands. C'est l encore un mensonge absurde et une calomnie peu intelligente contre l'Arme rouge. Celle-ci est exempte de toute haine de race. Elle ne connat point ce sentiment subalterne, parce qu'elle est forme dans l'esprit de l'galit des races et le respect pour les droits des autres peuples. Il ne faut pas oublier non plus que dans notre pays toute manifestation de la haine des races est punie par la loi. Evidemment, l'Arme rouge se voit oblige de dtruire les envahisseurs fascistes allemands qui veulent asservir notre Patrie, ou qui, cerns par nos troupes, refusent de mettre bas les armes et de se rendre. L'Arme rouge les dtruit, non point parce qu'ils sont Allemands d'origine, mais parce qu'ils veulent asservir notre Patrie. L'Arme rouge, de mme que l'arme de tout peuple, a le droit et le devoir de dtruire les asservisseurs de sa Patrie, quelle que soit leur nationalit. Dernirement, dans les villes de Kalinine, Kline, Soukhinitchi, Andrapol, Toropetz, nos troupes avaient cern les garnisons allemandes qui s'y trouvaient ; on leur avait propos de se rendre et promis, dans ce cas, de leur conserver la vie. Les garnisons allemandes ont refus de mettre bas les armes et de se rendre. On conoit qu'il ait fallu les dloger de force et que nombre d'Allemands aient t tus. A la guerre comme la guerre !

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L'Arme rouge fait prisonniers les soldats et les officiers allemands quand ils se rendent, et leur conserve la vie. L'Arme rouge dtruit soldats et officiers allemands s'ils refusent de mettre bas les armes et tentent d'asservir militairement notre Patrie. Rappelez-vous les paroles du grand crivain russe, Maxime Gorki : Si l'ennemi ne se rend pas, on l'anantit. Camarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes ! Je vous flicite l'occasion du 24e anniversaire de l'Arme rouge ! Je vous souhaite la victoire totale sur les envahisseurs fascistes allemands. Vivent l'Arme et la Flotte rouges ! Vivent les partisans et les partisanes ! Vivent notre glorieuse Patrie, sa libert, son indpendance ! Vive le grand Parti bolchevik qui nous conduit la victoire ! Vive le drapeau invincible du grand Lnine ! Sous le drapeau de Lnine, en avant ! Ecrasons les envahisseurs fascistes allemands ! Le Commissaire du peuple la Dfense de l'URSS J. Staline Pravda, 23 fvrier 1942. Sur la Grande Guerre... , p. 31-36.

Tlgramme V. Komarov29 12 avril 1942J'espre que l'Acadmie des Sciences de l'URSS se mettra la tte du mouvement des novateurs dans le domaine de la science et de la production, et deviendra le centre de la science sovitique d'avantgarde dans la lutte de grande envergure contre l'ennemi le plus froce de notre peuple et de tous les peuples pris de paix. [Incomplet dans l'original en langue russe (N. Ed.)] Le gouvernement de l'Union Sovitique exprime sa certitude que dans le sombre moment de la grande guerre patriotique du peuple sovitique contre les occupants allemands, l'Acadmie des Sciences de l'URSS, sous votre direction, remplira avec honneur son haut devoir patriotique devant la patrie. Le Prsident du Conseil des Commissaires du Peuple J. Staline Iossifu Vissarionovichu Stalinu, Akademia Nauk SSR, Moskva, Izdanie Akademia Nauk SSSR, 1949, p. 356.

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Ordre du jour du Commissaire du peuple la Dfense de l'URSS N 130 Moscou, 1er mai 1942Camarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes, ouvriers et ouvrires, paysans et paysannes, travailleurs intellectuels, frres et surs qui, au-del du front, l'arrire des troupes fascistes allemandes, tes momentanment tombs sous le joug des oppresseurs allemands ! Au nom du Gouvernement sovitique et de notre Parti bolchevik, je vous salue et vous flicite l'occasion du 1er Mai ! Camarades, les peuples de notre pays clbrent cette anne la journe internationale du 1er Mai dans les conditions de la guerre pour le salut de la Patrie, contre les envahisseurs fascistes allemands. La guerre a laiss son empreinte sur tous les cts de notre vie. Elle a galement laiss une empreinte aujourd'hui sur la fte du 1er Mai. Les travailleurs de notre pays, tenant compte de la situation cre par la guerre, ont renonc au repos fri, afin de consacrer cette journe un travail intense pour la dfense de notre Patrie. Vivant de la mme vie que les combattants de notre front, ils ont chang cette fte du 1er Mai en une journe de travail et de lutte, pour apporter au front le maximum d'aide et lui donner un nombre encore plus grand de fusils, de mitrailleuses, de canons, de mortiers, de chars, d'avions, de munitions, de pain, de viande, de poisson, de lgumes. C'est dire que le front et l'arrire forment chez nous un camp de guerre un et indivisible, prt triompher de toutes les difficults dans la voie conduisant la victoire sur l'ennemi. Camarades, plus de deux annes se sont coules depuis que les envahisseurs fascistes allemands ont plong l'Europe dans le gouffre de la guerre, subjugu les peuples pris de libert, sur le continent europen la France, la Norvge, le Danemark, la Belgique, la Hollande, la Tchcoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie, la Grce, dont ils sucent le sang pour enrichir les banquiers allemands. Plus de six mois se sont couls depuis que les envahisseurs fascistes allemands ont lchement et perfidement attaqu notre pays, dont ils pillent et dvastent les villages et les villes ; ils violentent et assassinent la population pacifique de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Bilorussie, de l'Ukraine, de la Moldavie. Plus de dix mois se sont couls depuis que les peuples sovitiques, dfendant l'honneur et la libert de leur pays, mnent contre un ennemi forcen la guerre pour le salut de la Patrie. Dans cet intervalle de temps nous avons pu observer de bien prs les fascistes allemands, comprendre leurs vritables intentions, connatre leur vritable physionomie, non point sur la foi de dclarations verbales, mais sur la foi de l'exprience de la guerre et de faits universellement connus. Qui sont-ils donc, nos ennemis, les fascistes allemands ? Quels sont ces hommes ? Que nous apprend ce sujet l'exprience de la guerre ? On dit que les fascistes allemands sont des nationalistes qui sauvegardent l'intgrit et l'indpendance de l'Allemagne contre les atteintes des autres pays. C'est l videmment un mensonge. Seuls des menteurs peuvent prtendre que la Norvge, le Danemark, la Belgique, la Hollande, la Grce, l'URSS et autres pays pris de libert voulaient attenter l'intgrit et l'indpendance de l'Allemagne. En ralit, les fascistes allemands ne sont pas des nationalistes, mais bien des imprialistes qui s'emparent des pays d'autrui et en sucent le sang pour enrichir les banquiers et les ploutocrates allemands. Gring, chef des fascistes allemands, est lui-mme, comme on le sait, un des premiers banquiers et ploutocrates qui exploite des dizaines d'usines et de fabriques. Hitler, Gbbels, Ribbentrop, Himmler et autres gouvernants de l'Allemagne actuelle sont les chiens de garde des banquiers allemands. Ils font passer les intrts de ces derniers avant tous les autres intrts. L'arme allemande est aux mains de ces messieurs un instrument aveugle ; elle est appele rpandre son propre sang et celui d'autrui, se mutiler et mutiler les autres non pas pour assurer les intrts de l'Allemagne, mais pour enrichir les banquiers et les ploutocrates allemands. C'est ce qu'atteste l'exprience de la guerre.

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On dit que les fascistes allemands sont des socialistes qui s'appliquent dfendre les intrts des ouvriers et des paysans contre les ploutocrates. C'est l videmment un mensonge. Seuls des menteurs peuvent prtendre que les fascistes allemands qui ont instaur le travail d'esclaves dans les usines et les fabriques et rtabli le rgime du servage dans les villages d'Allemagne et des pays subjugus sont les dfenseurs des ouvriers et des paysans. Seuls des menteurs cyniques peuvent nier que le rgime d'esclavage et de servage instaur par les fascistes allemands est avantageux aux ploutocrates et aux banquiers allemands, et dsavantageux aux ouvriers et aux paysans. En ralit, les fascistes allemands sont des fodaux et des ractionnaires, et l'arme allemande une arme de fodaux qui rpand son sang pour enrichir les barons allemands et rtablir le pouvoir des hobereaux. C'est ce qu'atteste l'exprience de la guerre. On dit que les fascistes allemands sont les porteurs de la culture europenne, qui mnent la guerre pour propager cette culture dans les autres pays. C'est l videmment un mensonge. Seuls des menteurs de profession peuvent prtendre que les fascistes allemands, qui ont couvert l'Europe de potences, qui pillent et violentent la population pacifique, qui incendient et font sauter villes et villages et dtruisent les valeurs culturelles des peuples de l'Europe, peuvent tre les porteurs de la culture europenne. En ralit, les fascistes allemands sont les ennemis de la culture europenne, et l'arme allemande est une arme de l'obscurantisme mdival, appele dtruire la culture europenne afin d'instaurer la culture esclavagiste des banquiers et des barons allemands. C'est ce qu'atteste l'exprience de la guerre. Telle est la physionomie de notre ennemi, comme la fait apparatre et l'expose au grand jour l'exprience de la guerre. Cependant l'exprience de la guerre ne se borne pas ces conclusions. L'exprience de la guerre montre en outre que, depuis que les hostilits sont engages, de srieux changements se sont produits aussi bien dans la situation de l'Allemagne fasciste et de son arme, que dans la situation de notre pays et de l'Arme rouge. Quels sont ces changements ? Il est certain avant tout que durant cette priode, l'Allemagne fasciste et son arme sont devenues plus faibles qu'elles ne l'taient il y a dix mois. La guerre a apport au peuple allemand de grandes dceptions, des millions de victimes, la famine, la misre. On ne voit pas la fin de la guerre, et les rserves humaines sont prs de s'puiser, de mme que le ptrole, de mme que les matires premires. Le peuple allemand prend de plus en plus conscience de la dfaite invitable de l'Allemagne. Il se rend de plus en plus nettement compte que l'unique issue la situation ainsi cre est de dbarrasser l'Allemagne de la clique d'aventuriers Hitler-Gring. L'imprialisme hitlrien a occup de vastes territoires en Europe, mais il n'a point bris la volont de rsistance des peuples europens. La lutte des peuples asservis contre le rgime des brigands fascistes allemands commence se gnraliser. Dans tous les pays occups, le sabotage dans les usines de guerre, les dpts allemands qui sautent, les trains militaires allemands qui draillent, la mise mort de soldats et d'officiers allemands sont devenus des faits coutumiers. La Yougoslavie d'un bout l'autre, de mme que les rgions sovitiques occupes par les Allemands, sont embrases par la guerre des partisans. Toutes ces circonstances ont abouti affaiblir l'arrire allemand, et donc l'Allemagne fasciste en gnral. En ce qui concerne l'arme allemande elle est, malgr son opinitret se dfendre, devenue beaucoup plus faible qu'il y a dix mois. Ses vieux gnraux expriments, tels que Reichenau, Brauchitsch, Todt

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et autres, ont t ou tus par l'Arme rouge ou chasss par l'quipe des dirigeants fascistes allemands. Ses cadres officiers ont t en partie extermins par l'Arme rouge, en partie ils se sont corrompus la suite des pillages et des violences commis sur les populations civiles. Ses effectifs, srieusement affaiblis au cours des oprations militaires, sont de moins en moins re-complts. Il est certain, ensuite, qu'au cours de la priode coule de la guerre, notre pays est devenu plus fort qu'il n'tait au dbut de celle-ci. Non seulement nos amis, mais aussi nos ennemis sont obligs de reconnatre que notre pays est plus que jamais uni et group autour de son Gouvernement ; que l'arrire et le front de notre pays ne forment qu'un seul camp militaire qui frappe sur un but commun ; que les hommes sovitiques l'arrire fournissent notre front un nombre toujours plus grand de fusils et de mitrailleuses, de mortiers et de canons, de chars et d'avions, de vivres et de munitions. En ce qui concerne les relations internationales de notre Patrie, elles se sont ces derniers temps affermies et dveloppes comme jamais. Tous les peuples pris de libert se sont unis contre l'imprialisme allemand. Leurs regards sont tourns vers l'Union Sovitique. La lutte hroque que mnent les peuples de notre pays pour leur libert, leur honneur et leur indpendance, soulve l'admiration de toute l'humanit progressive. Les peuples de tous les pays pacifiques considrent l'Union Sovitique comme une force capable de sauver le monde de la peste hitlrienne. Parmi ces pays pris de libert, la premire place revient la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, auxquels nous rattachent des liens d'amiti et d'alliance, et qui apportent notre pays une aide militaire toujours plus grande contre les envahisseurs fascistes allemands. Tous ces faits tmoignent que notre pays est devenu beaucoup plus fort. Il est certain, enfin, que dans la priode coule, l'Arme rouge est devenue mieux organise et plus forte qu'au dbut